La communion

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Evolution des rapports Dieu/homme : de la présence à la communion.

(Etude Diachronique)

Recherche présentée par : Samia Edouard BARSOUM

Sous la direction du Révérend PERE : Henri BOULAD

« Porte donc celui avec qui tu marches, pour parvenir à Celui avec

qui tu désires demeurer. » Saint Augustin.

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L’homme équilibré et réussi est celui qui œuvre pour la réalisation d’un rêve, si humble

soit-il mais un rêve capable de colorer toute sa vie lui donnant but et sens. L’être

humain conscient de sa place et de son rôle dans le monde rêve haut, rêve loin. Et tant

qu’il transforme chaque jour un détail ou une fraction de ce rêve en réalité, sa vie mérite

d’être vécue, et il devient un exemple édifiant pour ceux qui l’entourent.

Le peuple juif avait un projet issu du projet de Dieu sur lui. Ce projet fut communiqué

par Dieu à Abraham, puis à Moise .Les rois et les prophètes poursuivaient la

réalisation du projet de Dieu, dans l’espace, par les prophéties et dans le temps, par

l’édification de signes traduisant la présence de Dieu parmi son peuple. Ainsi l’Arche de

l’alliance, la tente de la réunion et plus tard le temple de Salomon furent-t-ils considérés

dans l’Ancien Testament, comme demeures de Dieu parmi un peuple bien déterminé,

choisi et préféré à tant d’ autres sur terre..

Le grand désir de Dieu exprimé depuis les toutes premières lignes de la Genèse est

d’habiter parmi un peuple choisi comme héritier de ses lois et prédisposé à recevoir un

Messie issu de la race de David. Le nom de ce Messie sera Emmanuel qui veut dire Dieu

avec nous... (Is 7 :14/ Mt 1 :23 )

C’est le sens de ce nom qui nous mène au concept de communion entre Dieu et les

hommes, communion qui a évolué et muri à mesure que l’humanité avançait sur l’axe

du temps. En effet le peuple de Dieu dans la totalité de son histoire est comparable à un

enfant qui avance en âge et découvre avec le temps la réalité de son père : ce n’est pas un

sacrifice sanglant qui plait à Dieu, mais plutôt un cœur rempli de pitié et d’amour pour

les autres. (Os 6 :6-Mt 9 :13. Mt 12 :7.)

Cette meilleure compréhension de l’essence du Créateur va parallèlement avec un

changement de la stratégie de Dieu quant à l’édification de son peuple de prédilection.

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Dorénavant sa loi ne sera pas inscrite sur des tablettes de pierre mais dans les âmes de

ceux qui auront cru en Lui. Ainsi Dieu s’intériorise dans l’homme, devient partie

intégrante de ses facultés, de son essence première.

Le prophète Ezéchiel a salué d’avance le temps ou la communion de Dieu avec son

peuple allait devenir une étreinte éternelle :

(Ez 19 :9-12---- 20 :35-38 )

Avec le Nouveau Testament, qui proclame la réalisation des prophéties en Jésus-

Christ, commence une ère nouvelle consacrée par le sermon sur la montagne ou les

béatitudes. La loi de Moise et les dix commandements sont ainsi dépassés par une

nouvelle conception dans les rapports avec Dieu et le prochain. Cette conception fait de

l’autre une image de Dieu et de Dieu, l’image d’un Père aimant, tête d’une famille

nombreuse. Qui dit famille dit membres égaux en droits et en devoirs et surtout unis entre

eux par les liens indélébiles du sang et de la race.

L’essence de ce changement est plus de communion avec le prochain et plus d’intimité

avec Dieu. Les relations se resserrent donc, chacun se penche vers l’autre et ensemble ils

se tournent vers Dieu. Cette mutation dans les rapports hommes/hommes et

hommes/Dieu, entraine deux mouvements : un mouvement horizontal qui réduit l’espace

entre les hommes pour les transformer en frères dans le Christ-Jésus ; et un autre vertical

qui permet aux hommes formant église, de lever les yeux vers le ciel pour revendiquer

leur place légitime en tant qu’enfants de Dieu et héritiers du royaume selon la promesse

évangélique. (Jn 17 : 22-23 )

Pour étudier le thème de la communion ou de l’union de plus en plus profonde et intime

entre Dieu et les hommes nous projetons de focaliser sur les multiples alliances conclues

entre Dieu et les hommes à travers les Saintes Ecritures.

Pour ce nous envisageons deux parties :

I – L’alliance dans l’Ancien Testament :

A- Concept et Historique des Alliances.

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1- L’alliance conclue entre Dieu et Noé après le Déluge.

2- L’alliance conclue entre Dieu et Abraham.

3- L’alliance du Sinaï conclue entre Dieu et Moise.

B- Signes concrets de ces Alliances :

1- L’arche de l’alliance.

2- La tente de la réunion.

3- Le temple de Salomon.

II- L’Eucharistie, signe de la nouvelle et éternelle alliance :

1- Notion du sacrifice.

2- La communion de l’homme à Dieu.

3- Communion de l’homme aux autres.

Une lecture même rapide de l’Evangile montre que les frontières entre l’Ancien et le

Nouveau testament existent mais qu’elles sont fortement poreuses .En fait le texte de la

nouvelle alliance fait en transparaitre les anciennes donnant une preuve de vérité et

d’enchainement logique entre deux ères à savoir, l’ancienne ère des commandements et

la nouvelle ère de la grâce. Les évangélistes, surtout Saint Paul dans ses épîtres, font

référence directe à l’Ancien Testament considéré comme le fondement du Nouveau.

Même si la référence n’est pas explicite, l’esprit du texte évoque celui de l’Ancien

Testament .Le passage évangélique devient un croisement de plusieurs textes où on lit au

moins un texte. Ce procédé d’intertextualité enrichit l’écriture du N.T. qui devient

absorption et transformation d’un autre texte et nous permet de poser les questions de

notre problématique : ces multiples alliances entre Dieu et les hommes visent réellement

à légiférer une vie entre deux entités si inégales (Dieu/les hommes) ou préparent – elles

une autre étape eschatologique entre ces mêmes entités mentionnées ?

Un chrétien fort de sa foi, peut-il considérer les promesses de la Sainte Parole de

l’Evangile, comme autant d’alliances entre Dieu et lui ?

Notre développement qui commence par le concept de l’alliance et son historique pourra

nous rendre apte à répondre aux questions de notre problématique.

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I- L’Alliance dans l’Ancien Testament.

A- Concept historique de l’Alliance

La Vierge du Magnificat dit que Dieu « s’est souvenu de son amour et de la promesse

faite en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »(Lc 1 :54-55). Et le contexte de cette

prière de louange, évoque le genre de promesse ou de parole divine donnée de façon

irrévocable à un peuple fidèle : « Il comble de biens les affamés et renvoie les riches les

mains vides, il renverse les puissants de leur trône et élève les humbles… ». (Lc 1 :52-53)

Ainsi Dieu promet de seconder son peuple et de garantir la réalisation de son projet porté

sur lui. Mais cette promesse survient comme conséquence directe et fruit tangible d’un

contrat conclu entre Dieu et les hommes à la façon des contrats déjà existants et

opérationnels dans la société du temps. :

Le livre de la Genèse ( 31 :44-46), évoque des contrats entre des communautés décidées

d’établir la paix entre elles. Le livre d’Amos (1 :9) parle d’alliance conclue pour

consolider une amitié. Même genre d’alliance entre individus se retrouve dans le premier

livre de Samuel (23 :18.)

Le mariage était lui aussi basé sur une alliance entre les familles intéressées : Malachie,

(2 :14.)

Rappelons à ce sujet que certaines alliances étaient injustes puisque conclues entre deux

entités inégales en force et poids social, telles les alliances entre Seigneurs et petites gens

du peuple. Le grand promettait la protection au faible et ce dernier se reconnaissait

comme son serviteur et subalterne. (Jos 9 : 11-15.)

Qu’elles soient justes ou injustes les alliances étaient toutes performées selon un rituel

conventionnel axé sur un serment fait par les deux signataires : les sacrifices étaient

coupées en deux, les intéressés passaient entre les deux parties exposées et clamaient les

malédictions sur ceux qui se permettraient de transgresser les clauses de l’alliance.

(Je 34 : 18.) . En fin de rituel, ils édifiaient un mémorial de pierre comme témoignage de

cet événement. (Gn 21 : 23 — 31 )

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Essayons de passer en revue les plus importantes alliances conclues entre Dieu et ses élus

dans l’Ancien Testament vu que l’esprit de notre analyse est diachronique.

Nous nous attardons sur trois alliances qui sont les suivantes :

1- L’Alliance conclue entre Dieu et Noé.

Noé avait cinq cents ans quand il reçut de Dieu l’ordre de bâtir l’Arche pour s’y refugier

avec les membres de sa famille (8 membres) et quelques animaux tout le temps du

déluge. Ila mis cent ans à le construire et ne donnait aucune importance aux remarques

ironiques de ses concitoyens. Sa confiance en Dieu était inébranlable.

Quand le ciel arrêta ses pluies torrentielles qui frappèrent les hommes ancrés dans le mal,

aussitôt a été conclue une alliance entre Dieu et .Noé, le croyant fidèle.

L’alliance a respecté le modèle des alliances qui se font entre les hommes de ce temps..

Comme clause essentielle du contrat nous avons la bénédiction que Dieu donne à Noé et

à ses fils, tous vertueux et respectueux de ses ordres. Il leur promet qu’ils seront craints

et redoutés par « toutes les bêtes de la terre et tous les oiseaux du ciel » (Gn 9 :2.)

Dieu fit serment de ne plus soumettre la terre au malheur du déluge et comme devoir de

mémoire, il donne le signe de l’arc en ciel, souvenir et rappel de la réconciliation entre

Dieu et les hommes :

« Quand je ferai apparaître des nuages sur la terre et qu’on verra l’arc dans la nuée, je

me souviendrai de mon alliance entre moi, vous et tout être vivant quel qu’il soit »

(Gn, 9 :14-15. )

Effectivement depuis cette date, l’Histoire Sainte n’a plus connu de pluies diluviennes

aussi destructrices. Et le signe de l’arc en ciel a été retenu par la tradition chrétienne

orientale comme étant l’image de la Vierge Marie, trait d’union entre le ciel et la terre.

Passons à la deuxième alliance objet de notre commentaire.

2- L’Alliance conclue entre Dieu et Abraham.

L’alliance conclue avec Abraham resserre encore plus les liens entre Dieu, Abraham et

toute sa descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel .Genèse 15:5

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Dieu promet d’être pour Abram « son bouclier »(Gn 15 :1), et lui demande de ne rien

craindre. Il lui promet de faire de lui « le père d’une multitude de nations »( Gn 17 :4) et

de donner à sa descendance la terre qui va « du fleuve d’Egypte au grand fleuve, le

fleuve Euphrate » (Gn 16 :18.)

Brahma sceptique veut s’assurer de cette promesse alors Dieu lui demande de mettre à sa

disposition les éléments d’une alliance accomplie à savoir :

« …une génisse de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et un pigeonneau ».

(Gn 15 :9)

Braham coupa les animaux par le milieu et plaça les parties, l’une en face de l’autre.

A la nuit tombante « un four fumant et une torche de feu passèrent entre les

morceaux. »(Gn 15 :17.)

L’alliance est ainsi scellée par le feu du Ciel et plus important encore, Dieu réclame de

son peuple et de ses serviteurs, même étrangers, un signe corporel pour les distinguer des

autres hommes affranchis de cette alliance. Il s’agit de la circoncision qui prépare le

peuple choisi, au concept de la pureté et de l’intimité entre l’homme et Dieu.

A Braham devenu Abraham Dieu déclare catégoriquement :

« Voici mon alliance que vous garderez entre moi et vous, c’est-a-dire ta descendance

après toi : tous vos mâles seront circoncis {…} ce qui deviendra le signe de l’alliance

entre moi et vous. »(Gn 17 :10-11.)

N.B. Ce signe extérieur durera tant que Christ n’est pas encore descendu des cieux pour

le salut du genre humain. Mais avec l’avènement des temps nouveaux en Jésus Christ ce

même signe aura une acception différente et le corps cédera la place à l’âme en quête de

sainteté et de vie nouvelle dans la liberté des enfants de Dieu, enfants régénérés par le

pardon de leurs fautes toujours en Jésus Christ, l’Agneau de Dieu qui efface les péchés

du monde.

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3- L’Alliance du Sinaï conclue entre Dieu et Moise

Respectant l’ordre chronologique des événements nous évoquons dans cette troisième

division l’alliance fort importante et essentiellement explicite conclue toujours entre Dieu

et les hommes. Il s’agit de l’alliance du Sinaï où Moise devient le représentant du peuple

juif et le responsable du grand exode vers la terre promise.

A l’issue de l’alliance du Sinai, le peuple de Dieu conclut une alliance avec Yahvé dont

le culte se transforme en religion nationale pour tous les descendants de Jacob.

Cette alliance non conclue entre deux membres égaux en droits, positions et essence,

rappelle les contrats de dépendance entre Seigneur et vassal : oui c’est Dieu qui décide en

toute liberté de soumettre sa chartre à Israël lui imposant ses conditions afin d’expliciter

et de circonscrire le projet qu’il a sur lui. Mais c’est ce projet qui aura la faculté de

transformer, au temps voulu, le vassal épuisé par ses péchés, en un enfant de Dieu,

ragaillardi par l’Esprit Saint et héritier du de la joie éternelle.

Le projet Dieu se formule à l’Horeb, la montagne de Dieu, devant le buisson ardent.

C’est là que Dieu dévoile à Moise son identité et ses intentions :

« Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob [….] J’ai vu

la misère de mon peuple en Egypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses gardes-

chiourme [...] Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire

monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de

miel[…] » (Ex 3 : 6- 8)

Cette promesse de Dieu se traduit par le grand exode du pays d’Egypte et Israël est fier

de son Seigneur qui l’a choisi parmi tant de nations sur terre et qui maintient sa parole

donnée sur le mont Horeb. Voilà pourquoi les fils d’Israël proclament leur foi

inconditionnelle à ce Dieu qui les a sauvés de l’humiliation dans le pays d’Egypte.

« Israël vit avec quelle main puissante le Seigneur avait agi contre l’Egypte. Le peuple

craignit le Seigneur, il mit sa foi dans le Seigneur et en Moise son serviteur. »

(Ex14 :31.)

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Les liens se resserrent entre Dieu et son peuple et Moise est convoqué sur la montagne

sainte pour discuter avec le Seigneur, une nouvelle étape basée sur une alliance dont les

clauses constituent les dix commandements. Vivre selon la loi de Dieu n’est plus une

affaire optionnelle mais la condition sine qua non pour exister en tant que nation

importante aux yeux des autres nations de la terre et en tant que peuple saint aux yeux de

Dieu du ciel et de la terre :

« […] Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon alliance, vous serez ma

part personnelle parmi tous les peuples-puisque c’est à moi qu’appartient toute la terre –

et vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte » (Ex 19 :5,6.)

Deux rituels furent performés pour conclure l’alliance du mont Horeb :

Le facteur important dans le premier rituel est le sang des sacrifices offerts au Seigneur.

Moise mit la moitie du sang dans des coupes et avec l’autre moitie il aspergea l’autel.

(Ex 24 :6).

Le deuxième rituel se passe sur le mont Horeb et met en scène Dieu et les soixante-dix

des anciens d’Israël précédés par Moise, Aaron, Nadav et Avihou. Tous virent Dieu, le

contemplèrent, mangèrent et burent. Un repas sacrificiel aurait ainsi conclu la cérémonie

de l’alliance, annonçant la Cène du Jeudi Saint. (Ex 24)

Du concept de l’alliance passons à ses signes extérieurs qui, jour et nuit, de

génération en génération, rappellent au peuple choisi que Dieu est au milieu de lui, qu’Il

désire vivre intimement lié à lui et qu’Il a conçu pour lui un projet de sanctification. Ces

signes dans l’Ancien Testament sont au nombre de trois et représentent la fonction

d’Israël parmi les autres nations de la terre .En effet Israël témoignait grâce à ces signes

que l’unique Dieu existe, qu’il est au milieu d’elle et qu’elle est de par son caractère de

peuple choisi par Dieu, l’unique lien qui unit le Ciel à la terre. Les louanges d’Israël

montent au Dieu unique et les bénédictions couvrent tous les peuples de la terre.

(Is 44 :8, 45 :14-15,23-24) (Jr 4 :2) (Gn 12 :3)

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B- SIGNES de L’ALLIANCE.

1- L’Arche de l’alliance.

L’alliance conclue se concrétise en une charte donnée à Moise par le Seigneur. Pour

assurer à cette charte tout son caractère sacré et pour en faire le signe visible de l’alliance

et de la présence du Tout Puissant parmi son peuple, Dieu ordonne la fabrication d’une

arche où elle reposera

(cf Lv 18 + Ex 25 :10-22).

Le Seigneur révéla à son prophète, les mesures et dimensions de l’arche de la charte ou

de l’alliance, précisant la nature des pierres de la construction, les formes et couleurs de

la décoration.

Preuve du caractère sacré de l’Arche est la mort subite d’ Ezeya qui l’a touché lors d’une

cérémonie .Il voulait simplement le soutenir pour éviter sa chute. Mais Dieu a voulu dire

aux hommes qu’Il est le Tout Puissant, le Saint des Saints et qu’Il n’a pas besoin de

l’homme pour résoudre les situations difficiles. Celui qui donne la vie n’a pas besoin

d’une créature pour se maintenir en

Vie. Seul le Dieu incarné pourra, au temps voulu, se laisser toucher, voire manger par les

fidèles.

Juste avant la mort de Moise, l’arche de l’alliance est enrichie par le sublime cantique que

Dieu dicta à son serviteur pour que ce dernier l’apprenne à son peuple :

« Et maintenant, écrivez pour vous ce cantique ; enseignez-le aux fils d’Israël, mets-le

dans leur bouche, afin que ce cantique me serve de témoin contre les fils d’Israël. »

(Dt 31 :19)

Dans ce cantique, Dieu supplie les siens d’abandonner les idoles pour n’adorer que

Lui et demeurer son « apanage […] sa part d’héritage. ». Dieu s’insurge contre la

volonté de son peuple désireux de ressembler aux autres nations sans intelligence et dont

« les projets s’écroulent.» (Dt 32 :9-10-28) .Il leur assure que la vie de l’Israélite ainsi

que la vie de sa nation dépend du respect inconditionnel de tous les impératifs de sa

parole divine.

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Devant le peuple réuni autour de lui, Moise lit ce cantique aux accents paternels, rappelle

aux infidèles l’alliance du Mont Horeb et l’assemblée de répondre « amen » à tous les

impératifs de la charte qu’elle avait négligée. (Cf. Lv 26 + Dt).

L’Arche de l’alliance reposait au sein d’une demeure appelée la Tente de la Réunion,

demeure considérée comme le second signe tangible de la présence de Dieu parmi les fils

d’Israël.

2- La tente de la réunion.

La tente de la réunion appelée aussi la tente de la rencontre, fut construite au désert du

Sinai, par Moise, sur l’ordre de Dieu. (Ex 40 :22) Son dessin architecrural, la qualité du

bois utilisé pour sa construction, les décorations, la répartition de l’espace intérieur, ainsi

que les différents objets de l’ameublement, furent révélés par le Seigneur avec une

précision remarquable. Les artistes reçurent de Dieu sagesse et intelligence et leur

performance fut remarquable. (Ex 35 :30-35 + 36 :1-29)

Moise devait se plier aux multiples détails du lieu puisque tous les constituants avaient

un caractère symbolique et explicitaient le grand et saint projet de Dieu. La tente était par

sa structure et par la précieuse arche de l’alliance ou de la charte qu’elle abritait,

l’équivalent d’un des livres de la loi. Dieu nomma des prêtres pour servir l’autel d’or de

cette demeure de bois recouverte d’une tente.

L’arche de l’alliance était masqué par « un voile de séparation » (Ex 40 :20) ; c’est ainsi

que fut installé le sanctuaire. En face du voile Moise mit l’autel d’or et « y fit fumer le

parfum à bruler » (Ex 40 :27) A l’extérieur du voile, Moise posa, toujours sur l’ordre de

Dieu, la table où était disposée « une rangée de pains devant le Seigneur » (Ex 40 :23)

En face de la table, Moise mit le chandelier en or pur à sept branches, il alluma les

lampes devant le Seigneur. Un autre autel celui de l’holocauste et de l’offrande, était

érigé à l’entrée de la demeure de la tente de la rencontre. Entre la tente et l’autel toujours

selon les ordres du Seigneur, Moise posa une cuve remplie d’eau pour les ablutions.

Autour de la demeure et de l’autel, Moise dressa le parvis et plaça le rideau de la porte

du parvis.

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Soulignons que la demeure n’avait qu’une seule porte ouverte en direction de l’orient.

L’espace intérieur comportait deux partitions séparées par un rideau polychrome en

pourpre violette, en pourpre rouge et en pourpre cramoisi. Ce rideau était suspendu sur

quatre colonnes en or dont le socle était en argent. La partition extérieure était appelée le

sanctuaire et la partition intérieure le saint des saints. Aucune ouverture n’était percée

dans le sanctuaire et le saint des saints, voila pourquoi une lampe était allumée à

perpétuité. (Ex.27 :16+20)

Quand la nuée remplissait la tente et que la gloire du Seigneur se manifestait devant les

fils d’Israël, la marche dans le désert était suspendue jusqu'à l’ instant où la nuée s’élevait

au-dessus de la demeure.

Pendant le jour, la présence du Seigneur au milieu de son peuple empruntait le signe de la

nuée élevée au-dessus de la demeure et pendant la nuit, cette même présence se

manifestait par un feu émanant de la demeure et visible aux yeux de tous.

(Ex 40 :34-38).

La Tente de la Réunion était démontée par les prêtres lors de l’avancée dans le désert et

tous les objets étaient précieusement emballés et emportés par le peuple en marche.

A chaque pause, la tente était dressée au milieu du camp des israélites. Ce camp avait

une forme carrée et était de deux milles coudées éloigné de la tente. Par contre Moise,

son frère Aron, les prêtres et les Lévites résidaient au centre du camp tout autour de la

tente.

Essayons de connaître le symbolisme que recèle les différentes parties de cette

construction afin de goûter à l’essence de l’enseignement divin et savoir ce que le

Créateur attend de l’homme :

Le Saint des Saints représente le Ciel et l’Arche le trône de Dieu.

Le sang des sacrifices et la bonne odeur de l’encens annoncent, le Christ, le prêtre par

excellence qui au temps voulu, entrera au ciel au prix de son propre sang versé pour le

salut des hommes. (He 9 : 24+25)

Le rideau qui séparait le Saint des Saints du Sanctuaire voulait dire que le chemin de la

sainteté n’est pas encore révélé. Il le sera à la mort du Christ sur la croix. C’est alors que

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les croyants pourront accéder avec assurance aux lieux saints et entrer en contact direct

avec Dieu par l’intermédiaire de Jésus-Christ, l’agneau de Dieu qui a enlevé les péchés

de l’homme. (He 10 :19)

Le sanctuaire est l’image de la communauté des croyants en exil dans ce monde ici-bas.

Les prêtres qui représentaient ces croyants avaient seuls accès au sanctuaire et avant d’y

pénétrer, ils passaient par l’autel de l’holocauste et la cuve remplie d’eau tous deux

placés non loin de l’unique entrée de la tente. Cet itinéraire s’explique par le mystère de

l’incarnation : l’homme racheté doit offrir sa vie à celui qui l’a sauvé et se purifier par

l’eau du baptême et du mystère de la réconciliation pour être digne de s’unir à son Dieu

dans le saint des saints de son cœur. L’entrée est unique car Jésus est l’unique voie du

salut.

La lampe allumée nuit et jour devant le sanctuaire représente l’Esprit Saint, Esprit de

Dieu donc de Jésus sans lequel la parole de Dieu resterait lettre morte et toute prière se

réduirait à une activité corporelle. Jésus a bien declaré être la lumière du monde et a

demandé à son église d’être lumière pour les hommes perdus dans l’océan du péché.

L’encens qui brulait sans cesse devant le sanctuaire est la concrétisation de l’impérieux

besoin de l’homme d’avoir un intercesseur auprès de Dieu. Cet encens nous rappelle

l’offrande offerte à Jésus enfant par l’un des mages, à savoir l’offrande de l’encens image

de la prière de Jésus élevée à Dieu en faveur des hommes et aussi l’image de la prière des

croyants offerte à Dieu au nom de Jésus-Christ, unique intercesseur entre le Ciel et la

terre.

Les prêtres qui servent le sanctuaire de Dieu représentent les futurs croyants en Jésus

Christ ou la future église composée de prêtres, de rois et de prophètes (1Pierre, 2:9)

Quant à la table ou le pain est rangé, elle est l’image de la parole de Dieu nécessaire à la

vie de l’âme et la Parole n’est autre que Jésus, parole de Dieu et pain de vie éternelle.

Tout comme les prêtres qui ne pouvaient approcher le sanctuaire sans passer par l’autel

de l’offrande pour présenter un sacrifice et par la cuve remplie d’eau pour se purifier, les

croyants en l’œuvre salvatrice de Jésus-Christ ne pourront se purifier de leurs péchés et

vivre leur chrétienté qu’à travers le sacrifice de Jésus devenu à la fois l’offrande, ,l’autel

et le prêtre par excellence.( He : 8 :1-6)

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Quant au parvis de la tente ou le grand espace extérieur, il nous semble être le symbole

des hommes réunis en simple spectateurs à proximité des lieux saints, dans l’attente des

manifestations divines. Oui ils sont intéressés aux festivités sacrées, oui ils sont fiers du

Seigneur mais non encore investis dans le projet divin. Rappelons que l’ange a demandé

en songe, à l’évangéliste Jean, de ne pas mesurer le parvis extérieur « car il a été livre aux

nations qui fouleront aux pieds la cité sainte pendant quarante deux mois. » (AP 11 :2)

3- Le temple de Salomon.

Le peuple arrive à la terre promise et pendant de longues années Dieu habita au milieu

des siens dans la Tente de la Réunion. Mais David apprenant que Dieu avait choisi

Jérusalem comme sa cité sainte, décide de Lui construire un temple digne de sa grandeur.

Il refusait le fait de vivre, lui créature dans de luxueuses demeures, et de laisser le

Créateur vivre sous une tente. (Ps 132 :3-5)

La réponse de Dieu fut claire et catégorique : « Ton fils, celui que je mettrai à ta place

sur ton trône, c’est lui qui bâtira cette Maison pour mon nom. »(1 R 5 :19)

Dieu octroya l’honneur de construire le temple à Salomon vu que David avait les mains

remplies du sang des victimes succombées lors des multiples combats menés tout au

long de son règne.

Salomon bâtit le temple du Seigneur à Jérusalem sur la montagne de Moriyya et y plaça

l’Arche de l’alliance dans le Saint des Saints. Ce temple a rempli les fonctions de la

Tente de la Réunion et les prêtres servaient le Seigneur dans un espace de loin plus grand

et plus fastueux que celui de la Tente. Le Nouveau Testament souligne l’admiration voire

l’ébahissement des disciples devant cet édifice majestueux qui nécessita quarante deux

ans pour sa construction (Mc 13 :1-2).

La célèbre prière que fit Salomon devant le peuple, le jour de l’inauguration du temple,

annonce déjà et officiellement l’esprit universel du Nouveau Testament Ce sera un

temple pour toutes les nations de la terre y compris la nation juive, un lieu de culte où le

Dieu d’Israël sera à l’écoute de la plus humble prière élevée en son nom.

Ce temple fut restauré et des fois rebâti à plusieurs reprises .Evoquons les travaux

performés lors du règne du roi Josias, roi de Juda dont le grand prêtre trouva le livre de la

loi « dans la maison du Seigneur » en cours de restauration. (2 Rois 22 :8)

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Les préceptes de Dieu et les clauses de son alliance avec le peuple d’Israël furent lus aux

Israélites rassemblés devant le temple. Le roi Josias renouvela avec tout son peuple

l’alliance conclue entre Moise et Dieu.

La question qui s’impose à ce stade de notre recherche est de savoir si la présence de

Dieu parmi son peuple a réussi à faire des fils d’Israël des hommes obéissants à la parole

révélée et en étroit rapport avec leur Seigneur.

Malheureusement la Bible rapporte les multiples infidélités du peuple quant à son Dieu

et l’incident du veau d’or fabriqué et adoré par les Israelites pendant que Moise

s’entretenait avec Dieu sur la montagne, montre jusqu'à quel point la foi des descendants

d’Abraham est précaire et laisse sans cesse à désirer. De façon globale nous pouvons dire

que l’Ancien Testament est une Histoire qui raconte la série des infidélités des fils

d’Israël envers leur Créateur, infidélités qui provoquent l’indignation de Dieu, sa colère

.puis sa vengeance en les abandonnant aux mains de leurs ennemis. La réconciliation n’a

lieu qu’après maintes péripéties qui révèlent à Israël l’absurdité de la vie sans Dieu.

Le peuple rebelle se tourne vers le sanctuaire, implore le Dieu de ses Pères toujours

présent parmi les siens et déplore son malheur sans le Rocher qui l’abrite. Aussitôt

descendent grâces, miséricorde et secours du trône où siège le Père aimant, toujours prêt

à pardonner et à renouveler son alliance avec ses élus. Non seulement il pardonne et

redonne force et vie mais il condamne et frappe les peuples qui ont humilié ses enfants :

(Jr 31 :10-11)

Plus on avance sur l’axe du temps biblique, plus on constate un net changement dans les

rapports de Dieu avec son peuple. Les prophètes parlent toujours de lois divines, de

commandements immuables, mais ils ajoutent un détail nouveau et crucial : la loi ne sera

plus une valeur extrinsèque, venant du dehors mais une valeur intrinsèque émanant du

plus profond de leur cœur. Et ce changement de perspective sera l’œuvre cachée de Dieu

dans l’âme humaine. Le psaume 102 :19, parle d’un « peuple recréé qui louera le

Seigneur ».Et la loi sera désormais incrustée par Dieu dans le cœur de l’homme qui

n’aura plus besoin de maitre.

Avec le prophète Osée, Dieu veut conquérir le cœur de son peuple pareil à un homme

décidé de séduire une femme. Il oublie les infidélités du passé et commence une nouvelle

16

page dans ses relations avec les fils d’Israël. Il œuvre à les combler de joie et à les faire

vivre d’espérance. « Tu m’appelleras « mon mari » […] Je te fiancerai à moi pour

toujours, je te fiancerai à moi par la justice et le droit, l’amour et la tendresse. »

(Os : 2 :18-21-22).

Ainsi l’image de l’époux se dresse, un tendre époux qui offre à sa bien-aimée une

existence où la notion de guerre sera exclue. Cette promesse de vie sereine

où la terre sera fertile et les bêtes des champs seront dociles à l’homme, Dieu la formule

sous forme d’alliance (Os 2 :20)

Dans les rapports de l’homme avec son prochain Dieu focalisera désormais sur la

miséricorde qui englobera les autres dimensions potentielles.

Osée déclare au nom de Dieu « Je veux la miséricorde non les sacrifices ».Et

David dans le psaume 50 :18-19, reconnaît, grâce à son esprit visité par la lumière de

Dieu, que le sacrifice qui plait au Ciel est « un esprit brisé …un cœur brisé et broyé. »

L’image de l’époux, les sentiments de miséricorde et le nouveau concept de l’essence du

sacrifice qui plait à Dieu, nous introduisent dans l’esprit du Nouveau Testament et

annoncent la figure du Christ, époux du peuple recréé par Dieu.

Le sang du Christ versé sur la croix jusqu'à la dernière goutte va remplacer le sang des

sacrifices offerts à Dieu par l’intermédiaire du prêtre consacré. Jésus sera à la fois et en

même temps l’offrande, l’autel et le prêtre selon l’ordre de Melchisedek.

(Ps 110 :4, He 5 :6 )

Rappelons que ce prêtre païen d’origine inconnue avait offert à Dieu au temps

d’Abraham un sacrifice de pain et de vin. Le sens de ce nom est « roi de la paix »,

appellation qui qualifie Jésus-Christ.

Ainsi après une longue préparation des esprits, Dieu conclut avec l’humanité croyante en

Jésus-Christ Sauveur, une nouvelle et éternelles alliance fondée sur le corps et le sang du

Christ. Le souper du jeudi saint est le sommet du christianisme, l’heureux moment de

son couronnement.

17

II- L’Eucharistie, signe de la nouvelle et éternelle alliance.

Il est essentiel de développer la notion du sacrifice tel conçu par l’humanité et par Dieu

avant d’analyser la présence de Dieu parmi son peuple au stade de l’incarnation donc

selon la dimension du Nouveau Testament.

I- Notion du sacrifice.

Le sacrifice et l’humanité sont des notions co- occurrentes depuis l’aube des temps,

depuis que l’homme éprouva le désir de se mettre en contact avec Dieu pour le louer, le

remercier, demander sa bénédiction ou obtenir le pardon de ses péchés. Les premiers

chapitres de la Genèse nous informent du crime de Caïn perpétré contre son frère Abel

parce que Dieu accepta l’offrande d’Abel et refusa la sienne. L’Epitre aux Hébreux

explique le pourquoi du refus de Dieu :

« Par la foi Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Cain.Grâce à elle, il reçut

le témoignage qu’il était juste et Dieu rendit témoignage à ses dons. »(He 11 :4)

L’instinct du sacrifice est inné en l’homme et les religions primitives étaient toutes

fondées sur le principe du sacrifice sanglant.

« Le sacrifice, selon le Révérend Père Henri Boulad, est un acte de consécration totale à

Dieu. C’est un acte religieux par lequel la créature rejoint sa source, son créateur.»

Cassette 6 « L’Eucharistie, synthèse cosmique, Si le grain ne meurt. »

A travers le récit d’Abraham décidé d’immoler son fils Isaac pour obéir à Dieu, La

Bible nous apprend que les sacrifices pouvaient être une offrande humaine chez les

peuples païens, fait condamné par Dieu dans plusieurs séquences des Saintes Ecritures.

Rappelons qu’Abraham provient d’une communauté païenne et que le sacrifice humain

18

était une réalité de son contexte social. Mais Dieu mit fin explicitement à ce genre de

sacrifice depuis qu’il demanda à Abraham de gracier son fils Isaac qu’il avait demandé

en sacrifice pour mettre sa foi à l’épreuve: « Abraham ! Abraham ! […] n’étends pas la

main sur le jeune homme .Ne lui fais rien, car maintenant je sais que tu crains Dieu, toi

qui n’as pas épargné ton fils unique pour moi. »(Gn 22 :11-12.)

Soulignons que tout sacrifice comprenait les phases suivantes :

1- La phase de l’offrande ou les prémices des meilleurs fruits de la terre et les

meilleurs animaux étaient présentes à Dieu.

2- La phase de l’immolation ou l’animal est égorgé pour Dieu et le son sang répandu

sur terre pour la revigorer.

3- La phase de l’holocauste ou l’offrande animale était en partie brulée afin que sa

fumée puisse monter au trône de Dieu dans l’espoir de lui plaire.

4- Le repas ou la chaire restante du sacrifice était donnée au peuple pour fêter

l’union de l’homme à Dieu : le Tout Puissant n’avait-Il pas accepté la fumée du

sacrifice….Ainsi en mangeant une chaire bénie par Dieu l’homme communiait au

repas de Dieu.

Ces quatre phases pratiquées par le peuple de Dieu étaient une copie des phases déjà

existantes dans les sacrifices des religions primitives :

« Dans les anciens sacrifices, il ya une vérité très profonde qui peut jeter une lumière

sur le sacrifice chrétien » assure le Révérend conférencier précité. (Si le Grain ne

Meurt. Cassette 6 de la série L’Eucharistie, synthèse cosmique)

Le sang du sacrifice se retrouvera dans le Nouveau Testament dans le sacrifice de Jésus

Christ sur la croix. La mort et la résurrection du Christ ont neutralisé le principe du

sacrifice sanglant offert à Dieu pour lui plaire. Ne demeure que le sacrifice non sanglant

de Celui qui « fut offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude »

(He 9 :28.)

19

La notion du sacrifice continue à œuvrer dans l’âme humaine. On peut assurer que la base

de la philosophie djihadiste de l’islam fondamentaliste d’aujourd’hui est bien le concept

du sacrifice de soi pour la cause de Dieu, dans l’espoir de gagner le paradis.

Certains pays musulmans dont l’Arabie Saoudite ont dans leurs législations le principe du

dédommagement, ou de la somme payée à la victime par l’agresseur afin de racheter sa

faute. Donc l’idée du sacrifice et du rachat depuis l’aube des temps anime les esprits et

les cœurs et peut être considérée comme l’œuvre du Saint Esprit.

De manière générale, l’homme éloigné de tout esprit intégriste ou excessif, bref

l’homme dans sa simplicité première ne se sent pleinement homme que dans la mesure

où il se donne, où il sort de lui-même pour se consacrer entièrement à une cause digne et

transcendante : Dieu, la progéniture, les principes, la patrie, les êtres chers… La

moindre activité est une valeur qui nécessite pour sa réalisation le sacrifice d’autres

valeurs telles : le temps.la quiétude, la liberté….

A ce stade apparaît la force du sacrement de l’eucharistie qui rassemble dans son essence

première et la notion du sacrifice et le facteur qui permettra à l’homme devenu personne

d’accéder à l’homme fidèle à Dieu et fidèle aux autres hommes.

Par la communion Dieu n’est plus parmi les hommes mais dans les hommes faisant un

avec eux et devenant partie intégrante de leur essence .Dieu incarné en Jésus se réincarne

par l’Eucharistie en chaque fidèle de l’église de la terre qui se sent déjà liée aux saints de

l’église triomphante du Ciel.

« Le mystère de Dieu est incompréhensible et au-dessus de toute philosophie. »

Le Père Boulad in « La Messe Communion à Dieu. »

20

II- Communion de l’homme à Dieu.

Les alliances dans l’Ancien Testament se faisaient entre Dieu et certains hommes élus

tels Noé, Abraham, Moise… mais dans le Nouveau Testament, l’unique et dernière

alliance fut conclue, le Jeudi Saint, entre Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme et ses

disciples qui représentent l’humanité dans sa totalité passée présente et à venir.

La cène du Jeudi Saint constitue l’apogée des rapports entre Dieu et son peuple

puisque la consécration des espèces du pain et du vin en corps et sang du Christ, nous

permet de nouer avec Jésus « des liens plus personnels, plus profonds, plus intimes,

plus indestructibles que les liens qui unissent les parents à leurs enfants et les époux à

leur conjoint »

( Maurice Zundel Vie, mort résurrection , in Le lavement des pieds, révélation de

l’amour infini de Dieu Ed. Anne Sigier 1995,)

La communion nous donne le Christ et nous fait adopter sa vie. Désormais nous

buvons au même calice que Jésus ou en d’autres termes nous communions à ses

souffrances et nous acceptons de suivre son itinéraire, sûrs qu’un jour nous jouirons de

sa gloire.

Communier au Fils veut dire communier à la Sainte Trinité et aussi à Marie, la mère de

Dieu qui enfante encore et toujours notre vie éternelle et nous apprend que rien n’est

impossible à Dieu. Le miracle de Cana nous rappelle chaque jour que nous avons une

Mère céleste attentive aux besoins de ses enfants, qui sont en fait le corps mystique de

son Fils Jésus. Encore une fois c’est la réalité du sang qui parle : nous sommes fils de

Dieu et enfants de Marie en Jésus-Christ. Ainsi le symbolisme du sang se perpétue dans

le Nouveau Testament. Il s’agit du premier et dernier sacrifice non sanglant du Fils de

Dieu, sacrifice qui durera jusqu'à la venue de Jésus-Christ à la fin des temps.

21

Nous communions tous au même corps et au même sang de Dieu fait homme, tout

comme le peuple de Dieu communiait à Dieu à travers la chair restante des sacrifices ou

la phase de l’holocauste.

Comme tout sacrement est ouverture à plus d’intimité avec l’Esprit Saint et comme

l’Esprit Saint révèle Dieu au-dedans du fidèle, la communion qui est le sacrement des

sacrements, nous permet de nous ouvrir aux plans de Dieu et d’entrer en dialogue avec

Jésus-Christ tout comme Moise et les prophètes le faisaient avec le Père.

Ce fait est confirmé dans la deuxième lettre de Saint Pierre qui décrit les membres de

l’église comme formant une nation sainte, un peuple d’élus, et une communauté de

prophètes. (1 P 2 :9)

L’effet bienfaisant de la communion sur celui qui s’approche de la Sainte Table est

incontournable dans ses rapports avec son Dieu :

- La communion à Jésus Christ et à son Esprit Saint, écarte de l’homme l’image négative

et désespérante qu’il se fait de lui-même et la remplace par celle que Dieu se fait de lui.

Il réalise enfin qu’il a du prix aux yeux de Dieu et qu’il est aimé malgré ses fautes

puisque Jésus est mort pour les pécheurs et qu’Il est descendu du Ciel guérir les malades

et transformer en bénédictions toutes les malédictions de leurs vies.

- Grâce à l’hostie, l’image que l’homme se faisait de Dieu change et la parabole du fils

prodigue, illuminée dans son âme par l’Esprit Saint, lui apprend que Dieu est un père

aimant puisque loin de réprimander son fils, enfin de retour, le couvre de baisers,

l’enveloppe d’une tunique royale et met dans son doigt une bague, signe de puissance et

de pouvoir retrouvés. Il permet ainsi au fils repentant de reconquérir son identité de fils

de Dieu, de frère de Jésus-Christ et d’héritier du royaume des cieux .

Cette belle parabole montre clairement que Dieu a besoin de nous autant qu’on a

besoin de lui. « L’homme cherche Dieu parce que Dieu cherche l’homme »assure le Père

Boulad , dans une de ses conférences consacrées à l’Eucharistie et titrée,

22

« La messe communion à Dieu ». Tout comme Eve est sortie du cœur d’Adam, symbole

de l’humanité, l’homme sort du cœur de Dieu.

Et toute l’histoire de l’humanité se résume dans cette recherche de l’homme par Dieu et

la recherche de Dieu par l’homme.

L’homme recherche Dieu car il est marqué par le sceau de Dieu qui est la soif de

l’absolu. La tragédie de l’homme provient du fait qu’il aspire à l’absolu malgré la

petitesse de son cœur et de son corps car il fut crée à l’image de Dieu. Le fini et le

relatif auxquels il se heurte, causent toute sa souffrance qui peut tourner à la dépression

et au désir du suicide. Echappe à cette triste condition celui qui aura dit non à l’esprit

néo-positiviste pour accueillir le dynamisme et l’élan de vie donnés par Jésus-Christ

présent dans le très Saint Sacrement de l’autel.

« Ah ! Ce n’est pas de la littérature ! S’il n’y avait pas derrière le visage humain cette

possibilité d’une révélation divine, nous pourrions tranquillement nous suicider ce soir, la

vie n’aurait aucun sens. »Maurice Zundel, Vie, mort, résurrection. Ed. Anne Sigier 1995.

- En plus, Le Saint Esprit sensibilise le fidèle à tout ce qui intercepte l’effusion de la

grâce divine. Voilà pourquoi un chrétien uni à Jésus par l’eucharistie ne fuit pas le péché

mais il en est écœuré et à jamais détourné. Sans Jésus l’homme court après le péché mais

avec Jésus, c’est le péché qui court après l’homme, sans l’atteindre .En effet la grâce de

Dieu prodiguée à la Sainte Table donne force, dynamisme et vigueur morale au

communiant au corps et au sang du Christ. La vie du repenti n’est pas une vie d’homme

austère qui flirte de loin avec ses anciens plaisirs de pécheur et qui en souffre la nostalgie.

Non, avec l’Esprit Saint, il a une vie de lumière qui lui donne la joie et la paix que nul ne

pourra ravir et que le monde ignore et ignorera tant qu’il ne se remettra pas entre les

mains du Fils de l’homme.

- La communion donne à l’homme le sentiment que cette grâce dont il jouit ne lui sera

jamais ravie, et que sa nouvelle vie de paix et de lumière sera à jamais protégée par le

Seigneur. Cette protection a été annoncée par Dieu dès l’Ancien Testament lorsqu’Il

23

promet de protéger Lui-même ses fidèles qu’Il compare à « une vigne délicieuse » dont

Il est « le gardien et qu’Il arrose en tout temps de peur que l’ennemi y fasse irruption.

« Je la garde nuit et jour. » dit le Dieu d’Israël. (Es27 :2-3.) .

Cette idée de protection est explicitée toujours par Essaie au chapitre 54 :17, quand le

Seigneur déclare par la bouche du prophète :

« Toute arme fabriquée contre toi ne saurait aboutir,

toute langue levée contre toi en jugement,

tu la convaincras de culpabilité.

Tel sera le lot des serviteurs du Seigneur,

telle sera leur justice, qui vient de moi-oracle du Seigneur

L’ennemi de la « vigne délicieuse »n’est pas nécessairement un envahisseur qui attaque

du dehors, il est surtout et d’abord le potentiel de faiblesses constituant la nature humaine

que Saint Paul dans ses lettres, qualifiera de « vieil homme ». Ephésiens 4 :22

C’est avec le Christ présent dans l’Eucharistie que l’homme pourra goûter la joie de la

victoire sur ses penchants mauvais, victoire sans cesse à reconquérir mais devenue réalité

possible et non idéal inaccessible comme ce fut le cas avec les lois de l’Ancien

Testament. Celles ci révélaient à l’homme toute sa faiblesse mais ne pouvaient pas lui

permettre d’en triompher réellement. Les hommes avant Le Christ vivaient dans l’attente

de la paix avec Dieu et avec eux-mêmes et pour l’avoir ils aspiraient à la naissance du

Seigneur.

«La vision de la paix divine nourrit toute l’attente messianique de l’ancienne alliance »

dit le Pape Jean Paul II dans Mes prières pour chaque jour (Ed. Plon /Mame1996, p.23)

Jésus-Christ réalise en sa personne cristallisée dans l’Eucharistie, la prophétie de la paix :

l’homme assoiffé d’infini trouve en Lui sa pleine satisfaction car les paroles du Prince de

la paix sont source de vie et sa personne est l’unique chemin qui mène vers l’absolu de

l’éternité heureuse.

- En Jésus-Christ l’homme retrouve son unité et son harmonie avec lui-même. Il est

enfin apaisé et clôture sa course vers le plus de plaisir et le plus de divertissement. En

effet, il n’a plus besoin de chercher la joie en dehors de lui-même, il n’a qu’à

entrer au plus profond de son être pour retrouver Jésus et vivre sur terre, le royaume

24

des cieux.

« Le royaume de cieux est en vous »déclare Jésus dans sa bonne nouvelle.

Saint Augustin, buvait des plaisirs de ce monde et n’en était jamais repu, mais quand il a

rencontré Jesus, il prononça ces paroles célèbres :

« Tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en

toi. »

- Avec Jésus dans l’Eucharistie, le fidèle arrive à vivre la joie de cette intimité avec

Dieu, même si la réalité de sa vie est difficile et que les épreuves assombrissent son

présent. Sa vérité en Jésus c’est -à- dire le fait de se savoir enfant de Dieu et frère de

Jésus-Christ, lui permet de regarder avec un sage détachement tout ce qui constitue la

réalité d’un quotidien parcimonieux dans ses joies, et généreux dans ses souffrances.

Saint Paul apprend aux baptisés que toutes leurs peines ici bas ne sont rien part rapport

à la gloire qui les attend dans l’éternité, gloire dont ils ont déjà un avant goût sur terre,

malgré les désespérants messages de leur réalité. (2Co 4 : 14-15) )

L’évangile devient aux yeux de l’homme uni à Jésus-Christ, un livre où chaque

promesse constitue à elle seule une sorte d’alliance .Le fidèle peut faire de toutes les

promesses qui tissent les textes bibliques une matière de réflexion et de prière de très

grande portée. L’Esprit Saint l’aidera à considérer l’histoire de l’homme, telle relatée

dans la Bible, comme étant l’histoire de Dieu car « tout ce qui touche l’homme, touche

Dieu » (Père Boulad : La messe, communion à Dieu.).

Ainsi verra-t-il dans la bonne nouvelle une lettre personnelle que Dieu lui adresse

chaque matin en adaptant le sens aux sollicitations du quotidien.

- Nous pouvons assurer qu’à chaque fois qu’on communie, un miracle se produit :

Dieu se fait dépendant de l’homme et l’homme dépendant de Dieu. Oui, le fidèle cesse

d’être le centre de sa vie, sort de lui-même pour laisser la Sainte Trinité vivre et respirer

librement en lui. Saint Paul avant nous avait bien lancé ce cri de joie :

« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi. » (Ga 2 :20)

25

III- Communion de l’homme à son prochain.

L’humanité est le sujet de la doctrine sociale de l’église qui œuvre pour dégager les liens

entre justice et paix, pour trouver aux pauvres une place dans la société, garantir la

dignité de l’homme et maintenir intacte la cellule familiale L’église rappelle l’image de la

mère qui rassemble autour d’elle ses enfants et se consacre à leur croissance corporelle et

spirituelle. Elle évoque aussi le personnage de la Mère de Dieu qui a reçu de Jésus-Christ,

à la croix, la mission d’être mère des hommes. Dans l’institution de l’église, la

Providence instaure des liens de parenté, des liens de sang entre Jésus sauveur, sa mère et

les membres de l’église. Comme Jésus est la parole de Dieu, et qu’il a pour mission de

dialoguer avec les hommes et leur donner la sagesse de Dieu, les disciples de Jésus-Christ

eux aussi se donnent pour vocation d’établir et de tisser des liens de respect et de charité

avec le prochain surtout avec celui qui serait dans la détresse, le besoin matériel ou

spirituel. Soulignons que la charité des chrétiens convaincus de leur foi est fondée sur la

vérité que tout homme est à l’image de Dieu et que leur communion à lui est la

condition sine qua non de leur communion à Dieu. En retour toute parole de charité et de

réconfort adressée au prochain vient de Dieu puisqu’elle le fruit d’une longue prière et

d’un long dialogue avec Dieu. Cette charité, fruit de l’Esprit Saint, diffère de certains

élans humanitaires qui prônent orgueilleusement voire frénétiquement, et pour un certain

temps, le bien et le bonheur de l’homme pour tomber ensuite dans la froideur et le

détachement. Le Saint Père Jean Paul II donne comme illustration à ce fait, les apports

de la Révolution Française de 1789 qui font la gloire des Français. L’homme est ravi

des valeurs humaines de liberté, de fraternité et d’égalité mais, sans l’aide de Dieu, il s’en

détache facilement, car les intérêts personnels et les mauvais penchants triomphent des

bonnes intentions. Le Fils de l’homme a bien déclaré que sans lui on ne peut rien faire.

Oui sans Jésus-Christ l’homme est admirateur du bien mais victime de ses faiblesses.

26

« La Révolution française a abattu les autels consacrés au Christ ; elle a jeté les crucifix

dans les rues et elle a introduit à leur place le culte de la déesse Raison. Et c’est sur la

base de ce culte qu’ont été reformulés les idéaux de la liberté, de l’égalité et de la

fraternité. Du coup, le patriotisme spirituel, et en particulier moral, constitué par le

christianisme a été arraché à son fondement évangélique. C’est à ce fondement qu’il faut

le ramener aujourd’hui afin qu’il retrouve toute sa vitalité. »

(Jean Paul II, Entrez dans l’Espérance, Ed. Plon MAME1994, Page 93)

Oui, la vitalité des fondements de la Révolution semble déserter les cœurs et les esprits.

D’ailleurs plusieurs hommes de bonne volonté sont devenus sceptiques quant aux

valeurs de la Révolution Française.

A présent, essayons de voir l’impact de la communion au corps et au sang du Christ sur

les rapports que maintiennent les hommes entre eux

- La personne qui a compris que Dieu est amour et qui a goûté sa bonté, ne peut pas

demeurer indifférente aux sollicitations de ses frères dans le Christ-Jésus, quelque soit

leurs races, religions, couleurs ou positions sociales. Jésus-Christ lève toutes les barrières

entre les hommes puisqu’ils sont tous des enfants d’un même Père et invités à la

même gloire céleste. Les fous de Dieu n’ont pas craint et ne craignent pas encore d’aller

évangéliser des hommes d’autres cultures même si c’est au prix de leur vie. Que de fois

des missionnaires ont été agressés sérieusement et jusqu’au martyr par des indigènes

inconscients de leurs actes. Le fait est que la communion au Christ donne l’esprit de

résurrection, l’esprit de force et de courage qui neutralise la peur et pousse à la réalisation

de grands exploits pour le salut du prochain. Le messager de Dieu tout comme Jésus-

Christ met sa joie à parcourir monts et vallées pour proclamer la bonne nouvelle et dire

la grande merveille de Dieu qui a assumé notre nature et s’est fait homme pour diviniser

tous ceux qui croient en Lui.

- Parce que l’homme communie à Dieu, il réussit à s’accepter, à unifier son moi et par

conséquent, devient capable d’accepter l’autre tel qu’il est avec ses défauts et faiblesses.

Le Christ, par la communion à son corps et à son sang, fait de notre vie sa propre vie,

27

nous devenons chair de sa chair et os de ses os. La communion performe un mouvement

dans les deux sens .Nous Le prenons et aussitôt Il nous prend et lentement nous fait adopter

sa façon de voir le monde, sa façon de vivre les événements et d’interagir avec les

hommes. Il nous apprend avec douceur à supporter nos défauts dans l’espoir de nous en

libérer graduellement, sous l’effet de la grâce. En même temps, et par l’œuvre de la

même grâce, Il nous fait aimer l’autre malgré ses défauts et peut être aussi à cause de ses

défauts. Un changement radical s’opère dans l’esprit du communiant, son caractère, son

tempérament, voire dans l’essence de son moi. Il acquiert les traits de l’âme de Jésus-Christ

et finit par lui ressembler (Rm 12 :2) Désormais la loi de l’amour remplace celle de la haine

dans les rapports sociaux de ceux qui sont à l’image de leur maitre Jésus-Christ, Roi de la

paix.

- Et parce que la communion nous réconcilie avec nous-mêmes et avec les autres, nous

devenons capables d’aimer, de prier pour le salut des hommes et de pardonner à nos

ennemis . En fait, la communion nous donne assez de lucidité pour reconnaître que

notre unique ennemi est le Mauvais qui insuffle ses idées exécrables à ceux qui

partagent notre quotidien et ont un impact direct sur notre vie. C’est la communion à la

Sainte Table qui nous apprend que les membres de l’église sont le prolongement de notre

famille. Nous reconnaissons que les liens de la chair existent mais que les liens de

l’esprit ne sont pas moins réels ni moins vrais.

- D’ailleurs Jésus-Christ a bien promis à ses fidèles qui ont quitté enfants, familles et parents

pour le suivre dans le renouveau, une compensation non négligeable : sur terre, de nouveaux

parents, enfants et familles et au ciel, le bonheur éternel. Le Pape Paul VI, dans son livre

« Pensées sur la mort » parle de l’église avec des accents qui rappellent le cantique des

cantiques donc l’amour si tendre qui unit l’époux à l’épouse :

« Je pourrai dire que je l’ai toujours aimée…et c’est pour elle, et pour rien d’autre, qu’il

me semble avoir vécu [….] Je voudrais l’embrasser, la saluer, l’aimer, dans tous les êtres

qui la composent, dans chaque évêque et prêtre qui l’assiste et la guide, dans toutes les

28

âmes qui la vivent et l’illustrent ; la bénir ». (In La Rose de Lisieux Janvier – Février

2010 P.10)

A notre sens, l’église dont parle le Pape mentionné supra, concerne l’humanité entière.

- La notion de l’amour entre époux et épouse, nous conduit vers le dernier point dans

cette division sur la communion de l’homme à son prochain, à savoir la relation de

l’homme avec la femme dans le contexte de la vie conjugale. Celui qui a compris que le

Christ et lui font un grâce à la sainte communion, réalise que le courant d’amour qui

l’unit à Jésus favorise et sanctifie son union à son épouse. Deux actes d’arrachement vont

désormais présider les rapports des époux. Le premier est celui qui arrache Adam du

cœur de Dieu, le second est celui qui arrache Eve du cœur d’Adam. L’effort de l’homme

sera de réintégrer le cœur de Dieu, main dans la main avec sa conjointe. L’effort

déployé par les époux pour se rejoindre est de même nature que l’effort déployé pour les

unir à Dieu puisqu’il s’agit dans les deux cas d’amour libre et désintéressé. Rappelons

que Saint Paul a comparé l’amour de Jésus – Christ pour l’église à celui de l’époux pour

son épouse.

(Ep 5 :21-28)

Pour clôturer ce chapitre, nous soulignons que l’esprit de communion totale et réelle

avec Dieu est donné à toute personne de bonne foi et de bonne conscience quelque soit sa

confession. L’auteur Aicha Abdel Mohsen Abou El Nour intitule son article« Faire Un »

( Wehdaneya,en arabe) et le publie à la page 2 sous la rubrique « …Et sept jours » dans

le quotidien El-Masri El Youm du mardi 12 janvier 2010.

L’auteur trouve que la solution aux malheurs de l’humanité divisée en exploiteurs et

exploités, en forts et en faibles, en assassins et en victimes , en chrétiens, musulmans juifs

ou autres confessions…la solution donc serait dans l’union, voire la communion totale

entre l’homme et son Créateur ,en premier lieu, puis entre l’homme et les autres

hommes ,en second lieu, enfin entre tous les hommes et l’environnement ou la nature

avec ses multiples créatures en dernier lieu. Elle se réfère à une école soufie dont le

maitre mot est « Le Tout dans l’un et l’un dans le Tout ». (taalekat@hotmail.com)

29

Si nous prenons ce point de vue d’une femme musulmane comme tremplin à notre

réflexion sur la communion entre les hommes, l’élan de notre esprit se heurtera aussitôt

au mur de plus en plus grand, élevé entre les églises de l’Orient et celles de l’Occident et

une question s’imposera aussitôt : qu’as-tu fait, église de Dieu, de la prière de Jésus

adressée au Père pour que tu sois une seule église avec en tête un seul berger représentant

le Christ lui-même… ? (Jn 17 : 11-12)

Pour échapper à cette note triste, consacrons le monde aux deux cœurs unis de Jésus et de

Marie, ainsi pourrions-nous vaincre le mal de la division qui menace de fermer les

voies de l’avenir.

Nous réitérons, en clôture de la recherche, que le bienfait de l’eucharistie, signe de la

nouvelle alliance, englobe tous les hommes de tous les temps, même ceux des temps

avant l’avènement de Jésus-Christ. En effet la notion du temps dans ses trois volets

présent, passé et avenir, n’existe pas chez Dieu qui est un éternel présent. Le Père

Boulad trouve que l’expression liturgique « pour les siècles des siècles » n’est pas

vraiment exacte…

(Idée exprimée oralement le 10 Mars 2010 lors d’un cours magistral d’enseignement

théologique donné au Patronage d’Héliopolis. Cours enregistré sur CD)

En effet puisque le temps pour Dieu est un éternel présent, point de siècles à mentionner

mais une infinie de temps ponctuels donc présents, éternellement renouvelables. Preuve

en est la vérité biblique qui rappelle que le Fils de Dieu, avant la formation de la terre,

trouvait ses délices parmi les enfants des hommes. (Pr 8 :32).

Quant à la présence de Dieu parmi les hommes, cette recherche diachronique si rapide

soit-elle nous a permis de répondre aux questions de la problématique démontrant que

Dieu est présent dans le monde dès l’instant de sa création, voire même des l’instant de sa

conception dans l’esprit et le cœur du Créateur. L’humanité dont la maturité traverse des

30

phases, se rend compte de Dieu présent auprès d’elle et s’ouvre à Lui, à mesure qu’elle

grandit dans ses rapports avec l’Esprit Saint. Les alliances ne sont que les mutations de

ces rapports que Dieu désire de plus en plus intimes entre Lui et les hommes. Nul besoin

de déplorer le sort des générations privées de révélations divines car le principe

fondateur de l’union intérieure avec le Créateur n’a jamais fait défaut ni à Adam ni à sa

progéniture. La vérité immuable est que Dieu parle dans les consciences et que chaque

phase de l’histoire dialogue à sa façon avec son Créateur .La bible déclare qu’à la fin

des temps l’Esprit de Dieu comblera petits et grands, jeunes et vieux, sans omettre

maitres et serviteurs, fait qui n’existait pas dans les autres temps de l’histoire. (Jl 3 :1,2)

Cette idée révélée constitue l’articulation entre l’Ancien et le Nouveau Testament.

En effet, ce plus d’intimité avec Dieu, et ce plus d’union avec les autres, ne sont pas une

évidence pour l’homme naturel porté vers l’individualisme, voire l’égoïsme et la vie

dominée par le joug des sens. Les croyants de l’Ancien Testament n’ont pas réussi à vivre

les commandements et les lois révélées par Dieu aux prophètes. Quant aux scribes et

pharisiens, ils se contentaient de quelques apparences et se nourrissaient d’hypocrisie. A

cause de ces mauvais pasteurs, le peuple de Dieu vivait sans rapports réels avec son

Créateur et dans nos oreilles retentissent toujours les cris de lamentations proférés par le

prophète Jérémie sur son peuple en état de perdition :

« Lamentez- vous. Hululez ! Non, elle ne se détourne pas de nous, L’ardente colère du Seigneur. » ( Jr. 4 :8.) Mais le lecteur attentif, ne désespère pas des cœurs les plus détournés du Seigneur, car

quelques versets plus hauts et précisément au chapitre 3 des versets 16 à 18, le même

prophète annonce une vérité tenue du Seigneur, lors de la déportation de Jérusalem, vérité

qui ouvre un nouvel horizon dans les rapports de Dieu avec son peuple et qui s’approche

du concept de Dieu Roi de toutes les nations de la terre :

« En ce temps-là, quand vous aurez abondamment proliféré dans le pays,-oracle du Seigneur-, on ne dira plus : « Arche de l’alliance du Seigneur ! » Elle ne viendra à la pensée de personne ; on ne l’évoquera plus, on ne remarquera pas son absence ; elle ne sera pas refaite. A ce moment- là, on appellera Jérusalem « Trône du Seigneur » ; toutes

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les nations conflueront vers elle à cause du nom du Seigneur donné à Jérusalem ; elles ne persisteront pas dans leur entêtement exécrable. »

Jérémie a bien prédit que l’Arche de l’Alliance supplanté par le temple de Salomon sera à

jamais effacé de la vie des hommes. Jésus-Christ reprenant l’essence de cette prophétie

annonce la destruction du temple et sa reconstruction selon de nouvelles normes

correspondant à l’ère de la grâce, l’ère de la Trinite présente au cœur de l’homme pour en

faire un sanctuaire, un Tabernacle vivant. Le temps des temples de pierres est révolu

puisque Dieu a décidé de faire de l’homme sa propre habitation, abolissant le culte où le

rideau du temple Le séparait de son peuple. Maurice Zundel nous rappelle que Saint

Augustin nous l’avait bien dit dans les termes les plus formels : « C’est Dieu qui est

dedans .C’est nous qui sommes dehors. Et quand nous cessons d’être dehors, c’est parce

que, à ce moment là, à travers lui et en lui, aimantés et délivrés par lui, immensifiés par

lui, nous sommes devenus une intimité inviolable. »

(Zundel Maurice, op.cit, titre de l’article : Vaincre la Mort)

C’est cette « intimité inviolable »que la présente recherche a essayé d’expliciter passant

en revue les jalons de l’histoire sainte d’un peuple en marche vers le ciel, à travers

l’immense désert de la vie.

Samia Barsoum. Héliopolis le 21/3/2010

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Bibliographie

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- Axelle, Aime –les tous ! Recueil 1 Ed. Du Parvis, Hauteville / Suisse. Février 2003.

- Boulad, Henri, s.j. L’Eucharistie, synthèse cosmique.(cassettes audio)

- Chouraqui, André, Ce Que Je Crois. Ed. Grasset et Fasquelle, 1979.

- Jean Paul II ;

▪ Mes prières pour chaque jour de l’année. Plon Mame 1996.

▪ Entrez dans l’Espérance. Ed. Plon Mame Octobre 1994.

- Girard René, Celui Par Qui Le Scandale Arrive, Ed.Desclée De Brouwer 2001.

- Zundel, Maurice Vie, mort, résurrection.Bibliothèque nationale du Québec et du

Canada.

3ème trimestre 1995.Ed. Anne Sigier.

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