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COMENIUS...Comenius y apportent une plus-value non négligeable. Elle ne se prétend nullement...

Date post: 04-Sep-2020
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APPRÉHENDER LA DIFFÉRENCE : ÉDUCATION INCLUSIVE ET PROJETS EUROPÉENS COMENIUS Impact des projets scolaires Comenius sur les publics à besoins éducatifs spécifiques Étude réalisée par Alexia SAMUEL Agence Europe-Education-Formation-France Bordeaux, juillet-août 2010
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APPRÉHENDER LA DIFFÉRENCE :ÉDUCATION INCLUSIVE

ET PROJETS EUROPÉENS

COMENIUS

Impact des projets scolaires Comenius sur les publics à besoins éducatifs spécifiques

Étude réalisée par Alexia SAMUELAgence Europe-Education-Formation-France

Bordeaux, juillet-août 2010

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Sommaire

Introduction

L’année européenne 2010

Démarche

I) Adapter les structures d’apprentissage p. 9

A) Les programmes d’enseignement p. 9

Gérer la diversité des besoins et des acquis p. 9

L’adaptation des contenus : l’inclusion en milieu ordinaire

◘ La plus-value Comenius : l’indifférence face au stigmate p. 12

L’adaptation des supports d’apprentissage : l’accessibilité p. 13

◘ La plus-value Comenius : observer différents supports matériels p. 13

Des activités qui promeuvent la diversité p. 14

◘ La plus-value Comenius : la diversité intrinsèque p. 14

Elaborer des pratiques fédératrices p. 15

La dynamique des projets

◘ La plus-value Comenius : l’aspect ludique p. 15

L’interdépendance des élèves p. 16

◘ La plus-value Comenius : un premier rôle dans un projet européen p. 17

Un mode de communication adapté à tous les besoins : les NTICE p. 18

◘ La plus-value Comenius : la communication comme ciment du projet p. 18

Individualiser les trajectoires

La diversité comme une multitude d’individualités p. 20

◘ La plus-value Comenius : une personnalité, une réponse p. 21

Soutenir pour atténuer les inégalités p. 21

◘ La plus-value Comenius : réfléchir sur les ressources humaines p. 22

B) Les évaluations p. 23 Trouver une alternative plus équitable à l’évaluation classique

◘ La plus-value Comenius : l’évaluation plus originale p. 24

C) L’environnement d’apprentissage p. 24 Créer un espace interactif

◘ La plus-value Comenius : l’observation des salles de classe p. 25

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II) Prendre en compte le développement personnel de l’enfant p. 25

Gérer le développement personnel de l’élève p. 26

Répondre à la problématique de l’estime de soi

◘ La plus-value Comenius : l’altérité banalisée p. 26

Inculquer les valeurs de l’inclusion p. 27

◘ La plus-value Comenius : une leçon de tolérance p. 27

Favoriser l’aspect relationnel entre élèves ; entre élèves et éducateurs p. 29

◘ La plus-value Comenius : vers une relation éducateurs/élèves moins formelle ? p.29

Gérer les troubles comportementaux p. 30

Contractualiser le comportement, rechercher la cause du mal-être

◘ La plus-value Comenius : différentes cultures, différentes normes p. 31

Gérer le développement professionnel p. 31

Accompagner le projet de vie, favoriser l’autonomie p. 31

◘ La plus-value Comenius : une réflexion commune sur le projet de vie p. 32

III) Former les enseignants p. 33

Enrichir la formation initiale et continue

Eduquer les jeunes, inspirer les anciens p. 33

◘ La plus-value Comenius : l’échange de pratiques, le maître-mot p. 34

Adopter l’éthique de l’éducation inclusive p. 35

◘ La plus-value Comenius : une émulation de principes inclusifs p. 36

IV) Coopérer p. 37

Coopérer pour une action concertée et une culture scolaire commune

Au sein de l’équipe pédagogique p. 37

◘ La plus-value Comenius : accroitre la coopération dans l’équipe éducative p. 38

Entre les établissements p. 39

◘ La plus-value Comenius : créer des réseaux, diffuser les bénéfices p. 39

Donner un rôle prépondérant aux familles p. 40

Valoriser l’éducation formelle

◘ La plus-value Comenius : impliquer les parents dans un projet valorisant p. 41

V) Restructurer l’établissement p. 43

Modifier l’architecture organisationnelle pour promouvoir l’éducation inclusive

◘ La plus-value Comenius : s’inspirer de la politique des établissements partenaires p. 44

Adopter et diffuser une politique de la diversité p. 44

◘ La plus-value Comenius : le volet européen du projet d’établissement p. 45

Associer les partenaires locaux p. 46

◘ La plus-value Comenius : insuffler une dynamique européenne régionale p. 46 Conclusion p. 49

Annexes pp. 50-60

Bibliographie p. 68

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Introduction

Lorsque l’on parle de public à besoins éducatifs spécifiques, la terminologie est vague

et englobe un nombre considérable d’enfants en difficulté scolaire. Ainsi la Conférence

mondiale de l’UNESCO sur « l’Education et les besoins éducatifs spéciaux : accès et qualité »

en 1994 qui aboutira à la Déclaration de Salamanque peine-t-elle a définir le terme de manière

concise et s’exprime de la sorte : sont concernés « tous les enfants, quelles que soient leurs

caractéristiques particulières d'ordre physique, intellectuel, social, affectif, linguistique ou

autre. Elle devrait recevoir aussi bien les enfants handicapés que les surdoués, les enfants des

rues et ceux qui travaillent, les enfants des populations isolées ou nomades, ceux des

minorités linguistiques, ethniques ou culturelles ainsi que les enfants d'autres groupes

défavorisés ou marginalisés. […] Le terme "besoins éducatifs spéciaux" renvoie à tous les

enfants et adolescents dont les besoins découlent de handicaps ou de difficultés

d'apprentissage. »

La définition consensuelle mondiale n’est elle-même guère satisfaisante. Peut-on

catégoriser les enfants selon leur handicap ou leurs difficultés d’apprentissage ? Ces

difficultés ne sont-elles pas conséquentes au handicap et à d’autres sortes de stigmates ?

L’étude présente a tout d’abord été pensée dans une logique de problem-solving : quelles

réponses du système éducatif en général et du programme Comenius en particulier pour quels

profils d’enfants ? Il semble que ceux-ci peuvent être grossièrement catégorisés selon leur

handicap (physique : moteur ou sensoriel, cognitif : mental ou intellectuel) et leur origine

socio-culturelle (milieux défavorisés, immigration), qui eux-mêmes engendrent des difficultés

scolaires au niveau de l’apprentissage, des troubles du comportement et des troubles

psychologiques nuisant à leur développement personnel. Qui sommes-nous cependant pour

étiqueter les troubles, diagnostiquer leur origine et leurs conséquences ? Dans quelle case

devraient être « rangés » les polyhandicapés, les enfants souffrant de déficience à cause d’un

mauvais traitement familial ?

L’approche instinctive semblait bien archaïque après réflexion mais, à vrai dire en

France et ailleurs en Europe, pas si lointaine dans le temps. Identifier le stigmate de l’élève et

doter notre Education Nationale d’une mission salvatrice, quasi-messianique. Cloisonner et

ségréguer les cursus pour une évolution optimale de ces élèves « spéciaux ». Soigner et guérir

dans une démarche sociétale plus proche du processus médical que des problématiques

d’inclusion. Conséquemment, l’effet pervers de cette prise en charge individualisée induit

plus d’exclusion sociale (thème de cette Année Européenne 2010) puisque la réponse donnée

par le système éducatif à la diversité des élèves pendant des décennies n’a peut-être pas été la

bonne, ou du moins n’a pas engendré une société inclusive. Un système d’éducation inclusif,

dont les institutions internationales redécouvrent depuis quelques années les bienfaits

idéologiques, ne raisonne pas en considérant l’élève comme un problème à résoudre,

indépendamment de la classe et de la structure. Il considère que le problème est là où la

structure ne sait pas répondre à la diversité des besoins de l’enfant, quels qu’ils soient, en

admettant que chacun se retrouve à un moment ou à un autre de sa scolarité confronté à des

difficultés d’apprentissage pour une multiplicité de raisons qu’il n’est pas nécessaire de

catégoriser.

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P. NICOLON : « Pour moi, un élève à besoins spécifiques, c’est un élève de sixième de 1m10

qui va devoir vivre du jour au lendemain, lorsqu’ il entre dans cet établissement, avec un

élève de troisième d’1m80. Il y a des enfants qui souffrent d’anorexie, d’autres d’obésité, il y

a des garçons, des filles, des blancs, des noirs, des gitans, des élèves qui courent vite,

d’autres qui ont des béquilles parce qu’ils sont handicapés moteur… Il y a les élèves qui

réussissent très bien leur scolarité, d’autres qui sont en difficulté, il y en a qu’on dit

handicapés… des différences comme cela, sur 282 élèves, je pourrais dire qu’il y en a 282. »

Ainsi les établissements spéciaux, les classes spéciales disparaissent progressivement

et les élèves sont disséminés dans les cursus classiques sous l’appellation « intégration en

milieu ordinaire ». La loi « pour l’égalité des droits et des chances, pour la participation et

pour la citoyenneté des personnes handicapées » promulguée le 11 février 2005 en France

concrétise la volonté gouvernementale de leur rendre accessible tous les domaines de la vie

sociale, dont l’éducation. L’une des mesures phares : inverser la logique de scolarisation des

enfants handicapés en faisant de l’intégration en milieu ordinaire la règle et non plus

l’exception. D’aucuns diront qu’il s’agit d’une véritable révolution de l’enseignement où la

différence bénéficie enfin de la considération dont elle a besoin pour s’épanouir (nouveaux

dispositifs Ulis en 2010) ; d’autres d’un manque de moyens toujours croissant qui jette les

élèves à besoins spécifiques dans le bain de la vie réelle sans plus d’adaptations

supplémentaires de la part du système. Si notre objectif n’est sûrement pas de trancher ce

débat, nous présenterons les points de vue successifs de la part des intervenants de l’éducation

interrogés.

Cette loi est un bon exemple de la démarche d’éducation inclusive vers laquelle

s’oriente aujourd’hui beaucoup de pays européens, dont la France. Un tel changement de

conception du système éducatif ne concerne pas seulement le décloisonnement des formations

mais également le contenu et la forme de l’apprentissage, une formation et une concertation

accrue des acteurs de l’éducation formelle et informelle, un environnement propice à

l’inclusion et un changement des mentalités. L’accès à l’éducation pour les publics à besoins

spécifiques tels que nous les mentionnerons ci-après, ou disons les publics ayant des besoins

plus importants que les autres enfants, ne suffit pas : encore faut-il que cette éducation soit de

qualité. Les mauvaises orientations et le décrochage scolaire représentent toujours un lourd

problème à éradiquer partout en Europe et les méthodes doivent désormais s’adapter à

l’enfant, non l’inverse, pour que l’on puisse parler véritablement d’inclusion et non

simplement d’intégration.

Les projets Comenius, de par leur diversité intrinsèque, constituent une plus-value

européenne qui s’inscrit dans cette démarche qualitative pour les cursus. Parties intégrantes du

programme pour l’éducation et la formation tout au long de la vie de la Communauté

européenne lancé en 2007, ils ont notamment pour objectif de promouvoir la coopération et la

mobilité et de renforcer la dimension européenne de l’éducation. Englobant la totalité des

actions de ce type entre les écoles et leurs enseignants en Europe, de la maternelle au lycée, le

programme a pour objectif l’implication de trois millions d’élèves sur la période 2007-2013.

Si l’éducation inclusive a vocation à reprendre les piliers de l’éducation du XXIe

siècle définis par la communauté internationale, à savoir l’acquisition du savoir et du savoir-

être, le programme Comenius remplit pleinement ces missions. Ainsi l’échange de pratiques

entre enseignants, les activités proposées aux élèves (intrinsèquement liées aux compétences-

clés) construisent-ils le savoir. Les mobilités, le contact avec les homologues étrangers

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toujours plus diversifiés favorisent-ils l’acquisition d’un véritable « savoir-être » citoyen

européen.

Cette étude a été commandée par l’Agence 2e2f parmi les actions réalisées pour

l’Année Européenne 2010 de la Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. La

problématique de départ portait sur les bénéfices potentiels des projets Comenius pour les

publics à besoins spécifiques. Elle porte donc sur le rappel dans les grandes lignes de ce

que pourrait être un système éducatif idéalement inclusif en supposant que les projets

Comenius y apportent une plus-value non négligeable. Elle ne se prétend nullement

exhaustive ni dictatrice de normes en matière d’éducation mais tente de percevoir l’apport de

ce type de projets pour les élèves, leurs enseignants et leur établissement en général. Etant

limitée dans ses ressources temporelles, financières et académiques, l’étude n’aspire pas non

plus à une vocation scientifique mais ne constitue qu’un camaïeu de projets menés à bien par

divers enseignants français dans des établissements pour « publics à besoins spécifiques »

(voir la liste en annexe), l’auteure espérant qu’il puisse inspirer nombre de structures du

même type à concrétiser des expériences européennes aux bénéfices inestimables pour toute

la communauté éducative.

Photo de couverture : « Les oursons voyagent », projet « Différents mais égaux » auquel participe Nathalie

BRUINAUD de l’école élémentaire Pierre et Marie Curie de Confolens (16) ; photo extraite du site web de

l’école partenaire de Windmill, Irlande du Nord

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L’année européenne 2010

Depuis 1983, le Parlement européen et le

Conseil de l’Union Européenne (Conseil des Ministres)

orchestrent conjointement la mise en place de l’Année

européenne pour donner l’impulsion politique nécessaire à

la réalisation des grands défis que l’Europe se doit de relever

aujourd’hui. L’année 2010 est placée sous le signe de la

« Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale » dans

l’optique de sensibiliser les gouvernements des Etats-membres

et les citoyens européens à la marginalisation de certains

groupes d’individus et de les faire réfléchir sur la manière d’y

remédier, au niveau institutionnel et au sein de la société

civile.

Doté d’un budget de dix-sept millions d’euros, le projet annuel s’inscrit parmi les

réponses apportées à la lourde crise économique de 2008 dont les répercussions se firent plus

particulièrement sentir pour 13,2% de la population française (2006), victime de pauvreté.

Les jeunes sont parmi les plus durement touchés par l’exclusion sociale et le domaine de

l’éducation compte, à titre d’exemple, 11,8% de jeunes présentant des difficultés de lecture et

12% sortant du système scolaire avec un faible niveau d’études (2008).

Lancée officiellement le 18 février 2010 par Martin Hirsch avec la bienveillance de son

ambassadeur François Soulage, président du Secours Catholique, l’Année Européenne 2010

est placée sous la tutelle conjointe des ministères du Travail, de la Famille, de la Ville, des

Relations sociales et de la Solidarité. Son comité de pilotage s’appuie sur le CNLE (Conseil

national des politiques de Lutte contre la Pauvreté) et l’ONPES (Observatoire National de la

Pauvreté et de l’Exclusion Sociale) et son exécution est prise en charge par la DGAS

(direction générale des affaires sociales) et l’ASP (agence de services et de paiement).

Axée en France sur les parcours d’insertion, la citoyenneté et la gouvernance territoriale,

l’Année Européenne se veut concrète sous un gouvernement qui souhaite avant tout garantir

l’accès de chacun aux droits fondamentaux, répondre plus rapidement aux urgences

sociales et entretenir une logique de prévention à plus long-terme – ce, en mobilisant tous

les acteurs européens de l’institution au citoyen et en routinisant les pratiques

de benchmarking .

Douze ans après la loi d’orientation française relative à la lutte contre l’exclusion

(1998), l’Année européenne 2010 dont le thème a été convenu sous la Présidence Française de

l’Union Européenne insuffle un regain d’activité politique en matière d’intégration sociale

dont 7,9 millions de citoyens français ont besoin.

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Démarche

L’étude qui suit s’est basée sur la lecture de nombreux rapports nationaux et

internationaux des acteurs de l’éducation formelle et informelle (institutions internationales,

textes de lois, rapports d’associations, synthèses de conférences…). Suite à ce temps de

familiarisation au sujet, les publics à interroger pour donner corps et authenticité à l’étude ont

été ciblés dans la base de données des projets Comenius de l’Agence 2e2f selon le thème

abordé, en privilégiant ceux qui traitaient d’inclusion sociale et des thématiques connexes

(majoritairement des projets de partenariats multilatéraux). Puis deux questionnaires ont été

élaborés : le premier à renvoyer par email à l’Agence et le second destiné aux entretiens au

sein-même de la structure visée. Les deux questionnaires traitaient essentiellement des mêmes

sujets, plus approfondis en entretien, à savoir le quotidien dans les établissements (profils

d’élèves, méthodes pédagogiques…) et le déroulement du projet Comenius engendré

(activités, apport…). Cinq entretiens ont été organisés en juin et juillet 2010 dans les

académies de Nantes, Poitiers et Bordeaux. Sept enseignants ont retourné le questionnaire par

email.

Si les intervenants sont peu nombreux, le public dont ils ont la charge est représentatif

des besoins éducatifs spécifiques visés par cette étude. Les établissements et classes évoqués

ci-après (CLIS, UPI, SEGPA, RSS, lycées professionnels, établissements-ressources…) sont

tous confrontés à la diversité, qu’il s’agisse d’enfants déficients, venant d’un milieu difficile,

ayant des troubles psychologiques ou comportementaux… Voici les premiers extraits de

témoignage des porteurs de projet Comenius interrogés au sujet du profil de leurs élèves :

Nicolas ROSSI : « Pratiquement tous nos élèves sont de milieux sociaux défavorisés. […]

Nous avons aussi des jeunes qui ont été victimes de maltraitances, d'autres qui vivent mal la

séparation de leurs parents, nous avons aussi parfois des jeunes sans papiers. »

Nadine HENO : « Ce sont des déficiences intellectuelles, innées ou acquises : nous avions pas

mal d’enfants qui avaient plutôt des déficiences socio-économiques, familiales, pas

exactement une déficience intellectuelle ou mentale telle qu’on l’entend mais petit à petit,

parce qu’ils avaient vécu des choses difficiles, parce qu’ils avaient été dans un milieu très peu

porteur, parce qu’ils avaient été abandonnés ou autre, ces enfants devenaient déficients. »

S’il est donc délicat pour l’équipe éducative d’identifier la raison exacte pour laquelle

leurs élèves ont besoin de plus d’attention que les autres, il est clair pour tous que la

différence de chacun ne doit pas être problématisée individuellement mais contextualisée dans

la dynamique d’un groupe hétérogène, aux capacités d’apprentissage variées et aux

sensibilités différentes. L’éducation inclusive représente pour ces enseignants confrontés à la

diversité l’évidence d’une approche globale, à travers une prise en charge centrée sur le

rythme, la perception, la sociabilité de chacun.

Un système inclusif ne se résume donc guère à l’adaptation du programme

d’enseignement classique mais également à ses supports, son évaluation et son environnement

(I). Et puisque le savoir ne peut se concevoir sans le savoir-être pour produire les membres

d’une société pleinement inclusive, le développement personnel est également l’une des

facettes essentielles de la formation de l’élève dont le système doit se préoccuper du bien-être,

des valeurs, de l’estime de soi, de l’autonomie… (II) Pour répondre à ces défis, il semble

indispensable que les acteurs de l’éducation qui encadrent ces élèves soient formés aux grands

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principes de l’éducation inclusive, initialement et en continu. (III) Il ne s’agit cependant pas

de faire reposer l’intégralité du système sur les enseignants et la coopération avec le reste de

l’équipe éducative est indispensable, de même qu’avec les familles et les intervenants

extérieurs. (IV) Enfin, un système inclusif ne peut se concrétiser sans le soutien de la structure

d’accueil, à savoir la gouvernance de l’établissement qui constitue une véritable interface

entre la société et ses jeunes éléments et doit faire preuve de volontarisme politique en matière

d’inclusion sociale en son sein. (V)

I) Adapter les structures d’apprentissage

♫ Compétences-clés 1 à 4

La première mesure à laquelle on pense pour tendre vers un système éducatif inclusif

est bien sûr l’adaptation des structures d’apprentissage, à commencer par les contenus. Selon

le modèle souvent révolu des enseignements dispensés par les classes ou établissements

spécialisés, l’idée de se baser sur des contenus moins intenses demeure la norme pour la prise

en charge des élèves à besoins spécifiques et les obstacles de leur intégration dans les cursus

ordinaires n’en deviennent que plus grands. Pourtant, l’adaptation des programmes s’effectue

parfois simplement à l’aide d’activités qui promeuvent la diversité, démocratiques et ludiques.

Parfois également, le contenu peut s’avérer parfaitement abordable si le support de travail est

lui seul adapté, par exemple une méthode de communication propice à l’attention de tous. De

même l’adaptation de l’enseignement doit être conçue en parallèle avec une adaptation des

évaluations proposées aux élèves, sans oublier l’environnement de travail qui doit être propice

à l’évolution intellectuelle de l’élève. Sur tous ces aspects de l’apprentissage, le projet

Comenius est un atout de poids en ce qu’il constitue un support de travail original et inédit

pour les élèves, un environnement où ils peuvent tous apporter leur contribution créative en

sortant du carcan scolaire.

A) Les programmes d’enseignement

Gérer la diversité des besoins et des acquis

L’adaptation des contenus : l’inclusion en milieu ordinaire

En France, l’inclusion en milieu ordinaire n’est pas sans poser quelques difficultés

méthodologiques aux enseignants des cursus classiques confrontés à des élèves aux capacités

amoindries et aux enseignants spécialisés qui doivent désormais jongler avec des élèves

dispersés dans nombre d’établissements différents. La loi de 2005 mentionne entre autres

choses la création des Maisons Départementales pour les Personnes Handicapées (MDPH)

dont celle de Charente-Maritime où nous avons été reçus par Nadine HENO (ancienne

enseignante dans une CLIS aujourd’hui disparue), dont l’équipe pluridisciplinaire a été

chargée de plusieurs nouvelles missions par le législateur. Les MDPH n’ont pas cessé d’être

en relation avec les unités pédagogiques spécialisées dans les établissements, à la différence

près que ces dernières sont désormais créées selon un modèle d’enfants épars dans les classes,

comme l’UPI de l’établissement de Philippe NICOLON. Surtout, les établissements

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spécialisés tels que celui de Philippe BELSEUR (Institut Montéclair pour jeunes déficients

visuels) sont devenus suite à cette loi des centres-ressources, mettant à disposition de ces

établissements classiques les moyens humains et matériels nécessaires pour accompagner les

élèves dans leur nouvel environnement.

Nadine HENO : « Je suis tout à fait pour ce système-là (celui de l’intégration dans les cursus

ordinaires), avec des limites ceci dit. Même s’il ne fait pas partie des cas très lourds, un

enfant qui a un déficit cognitif fatigue lorsqu’il est en classe ordinaire toute la journée.

L’enseignement n’est pas adapté et l’enseignant spécialisé ne peut pas être avec lui

constamment. Le principe du travail des enfants qui ont des déficiences, c’est de travailler

autrement, ce que l’enseignant ne peut pas faire véritablement quand on les place dans une

classe ordinaire. « Adapter » est le maître-mot et c’est très bien, mais il y a déjà plusieurs

groupes de niveaux dans la classe et l’enseignant doit non seulement s’adapter à cela mais

également à un enfant qui ne peut pas vraiment suivre le cursus. […] On ne peut pas

demander aux enseignants qui ont trente élèves dans la classe et un programme assez strict et

très lourd de faire quelque chose de vraiment intéressant et adapté aux enfants handicapés,

surtout lorsqu’il sont deux dans la classe avec des handicaps différents. »

Ainsi l’adaptation des programmes semble assez compromise dans la mesure où

l’enseignant fait déjà face à une classe largement hétérogène et ne dispose pas du temps

nécessaire pour élaborer un enseignement adéquat pour tous les besoins des élèves dont il a la

charge. « Adapter » semble demander une charge considérable de travail en amont lors de la

préparation du cours et une énergie non négligeable à fournir dans l’enceinte de la classe pour

capter et retenir l’attention des plus faibles. Certains établissements cependant comme celui

de P. NICOLON, devant les défis de l’élaboration d’un projet pédagogique pour ces enfants,

s’y attèlent et formalisent un programme individualisé qui doit être bâti selon des normes

précises pour favoriser la réussite et qui peut même s’avérer stimulant pour la prise en charge

des autres élèves en difficulté. C’est précisément le type d’émulation sur lequel l’éducation

inclusive doit s’appuyer : construire un programme plus personnalisé pour les élèves les plus

faibles et réaliser qu’il peut également s’appliquer à tous les autres, puisqu’il y a autant de

« besoins spécifiques » qu’il y a d’enfants.

P. NICOLON : « Le coordinateur de l’UPI fait des propositions aux collègues pour que

l’accueil en classe ordinaire se fasse le mieux possible, de manière progressive, parce qu’il

ne s’agit pas de lancer comme cela un élève handicapé dans le grand bain, sans précautions.

Il ne suffit pas de l’accueillir en classe ordinaire, il faut aussi s’occuper de lui ; donc nous

travaillons sur ses compétences, cela demande au professeur ordinaire de sortir de son cours

standard, pour pouvoir personnaliser, individualiser par rapport à cet élève. Nous verrons

que par la suite cela lui est très utile pour individualiser par rapport aux autres élèves en

difficulté qui ne relèvent pas de l’UPI. Sortir du cours standard, ce n’est déjà pas une mince

affaire pour le professeur. Quand c’est bien construit, précis, qu’il y a des objectifs

formalisés à travers un document, et quand il y a une communication régulière, permanente -

et c’est aussi l’avantage du petit établissement, on peut discuter de manière formelle mais

aussi informelle, très souvent – on peut tendre vers la réussite. »

Si donc la transformation des programmes semble encore être un processus

relativement délicat, elle semble pourtant être le pilier de l’éducation inclusive qu’il faut bâtir

avec acharnement. L’adaptation des apprentissages, comme l’explique ci-après P. NICOLON,

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est précisément ce qui distingue l’intégration de l’inclusion. Dans un processus d’intégration,

l’enfant à besoins spécifiques doit effectuer lui-même la démarche d’adaptation requise pour

ingérer les informations diffusées et se socialiser, ce qui par ailleurs peut s’avérer intéressant

(bien que considérablement éprouvant), y compris parce que cela stimule les autres

élèves selon P. BELSEUR. Mais l’intégration, contrairement à l’inclusion, est une dynamique

trop unilatérale pour favoriser l’insertion véritable du jeune. L’inclusion, comme la loi de

2005 semble l’avoir fait comprendre aux établissements français, passe non seulement par

l’amélioration de la sociabilité des élèves mais également et avant tout par un accent sur

l’apprentissage, qui reste primordial.

Philippe BELSEUR : « L’intégration est une bonne chose parce que d’un côté, cela permet

aux jeunes de se confronter au milieu ordinaire, ce qui sera leur condition de vie lorsqu’ils

seront adultes. D’un autre côté, cela permet aussi à des jeunes sans déficience particulière de

se confronter au handicap et à la différence. En termes de tolérance, d’acceptation de l’autre,

c’est très important. […] Mais le milieu ordinaire est aussi forcément un peu « sauvage », il

n’y a pas de méchanceté mais il y a forcément l’absence d’un milieu protégé de la vie réelle.

La personne se confronte forcément à toutes les difficultés de l’intégration ordinaire. Donc

celle-ci est très bien mais l’on s’aperçoit en tant que centre-ressource aujourd’hui qu’il faut

un accompagnement qui permette au jeune de pouvoir intégrer tout ça, de gagner en

autonomie. »

P. NICOLON : « Dans le projet de l’UPI, on a vraiment voulu se distinguer de l’intégration.

On ne voulait pas que l’élève participe à la vie de classe, point final. On voulait vraiment que

l’objectif prioritaire, ce soit les apprentissages. Evidemment, la socialisation a une part

importante et on s’appuie dessus ; c’est pour cela que l’élève handicapé passe autant que

faire se peut du temps avec son groupe de référence. L’élève est dans une classe de sixième

par exemple qui le suit toute l’année. Peut-être qu’avant la loi de 2005, on aurait dit « on

intègre » pour qu’il soit avec son groupe d’âge, qu’il ait des copains, qu’il joue. Là on a

déplacé le curseur vers les apprentissages et on essaye de mettre en œuvre cette démarche

différente ».

Aucun enseignant spécialisé ne considère donc l’intégration en milieu ordinaire sans

accompagnement plus ou moins conséquent de l’élève pour procéder en douceur à sa plongée

dans un monde moins aseptisé que celui dont il avait l’habitude en établissement spécialisé.

Tous cependant reconnaissent que mêler ces enfants aux autres est une initiative importante

pour développer chez eux les capacités d’adaptation nécessaires à leur vie d’adulte et chez les

autres des valeurs inclusives telles que la tolérance. Les enseignants qui ont encore la

possibilité de moduler l’intégration en milieu ordinaire font preuve d’inventivité, comme

Nathalie BRUINAUD en école élémentaire avec sa classe de CLIS ; certains amoindrissent le

stigmate des élèves en les mêlant aux autres seulement lors des activités les plus ludiques et

les moins conventionnelles ; les échanges entre les élèves n’en sont que plus riches :

Nathalie BRUINAUD : « Ce que l’on a fait l’année dernière avec ma collègue de CLIS, c’est

du décloisonnement. Comme elle a un petit effectif, on a mélangé nos deux classes en faisant

deux groupes : elle prenait les enfants en arts plastiques et moi en informatique. Il y avait un

réel échange avec les enfants, c’était vraiment très enrichissant. Le but était de montrer aux

autres que les enfants de la CLIS étaient des enfants comme eux, qu’ils étaient aussi forts

qu’eux en arts ou en informatique. »

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◘ La plus-value Comenius : l’indifférence face au stigmate

Ainsi l’inclusion des élèves à besoins spécifiques en milieu ordinaire, malgré toutes

les embûches qu’il faut surmonter, est un processus enrichissant pour tous les enfants qui leur

fait intégrer des valeurs égalitaires au sujet de la différence Dans cette continuité, le projet

Comenius a fait prendre conscience à certains porteurs de projets que le cloisonnement des

élèves à besoin spécifiques étouffait leur sociabilité et leur adaptabilité. Si le regroupement de

ces enfants s’avère bénéfique lorsqu’il est ponctuel pour qu’ils profitent encore parfois d’un

temps de récupération après l’immersion en milieu ordinaire, il engendre l’exclusion sociale

sur le long terme :

Nadine HENO : « Je pense qu’il faut vraiment aller dans le sens de l’intégration ordinaire.

Nous avons vu les deux extrêmes avec l’Italie où c’est toujours le cas et l’Allemagne dans une

école du Bade-Wurtemberg avec un institut très clos sur lui-même (cas particulier à ce Land-

là) où étaient regroupés des enfants qui avaient différents types de handicap ; c’était une

structure extrêmement bien équipée et subventionnée mais qui pratiquement n’incluait pas

d’enfants dans les classes ordinaires. […] Les Allemands avaient beaucoup de moyens, parce

qu’il y avait une grosse usine qui finançait l’établissement où étaient ces enfants. C’est aussi

un Land riche. Mais tout n’était pas rose car les enfants étaient trop repliés sur eux-mêmes.

Certains enseignants disaient même qu’ils ne pouvaient pas continuer comme ça, qu’ils

devaient aller en classe ordinaire. »

C’est justement ce qui fait la force des projets Comenius ; en élaborant les

questionnaires à l’adresse des acteurs éducatifs, l’hypothèse a été formulée que les partenaires

européens des français présenteraient un profil d’élèves relativement similaires au leur. L’on

en déduisait facilement que l’une des raisons principales pour lesquelles les établissements

spécialisés ne se lançaient pas dans le projet était que les homologues étaient trop difficiles à

trouver. Or il n’en est rien puisque certains porteurs de projets décrivent naturellement les

élèves de leurs partenaires comme totalement différents de leurs propres élèves :

Nathalie BRUINAUD : « Lorsque l’on parlait du handicap, on ne visait pas seulement la

CLIS mais aussi les élèves en grande difficulté. […] Ce projet était intéressant car les

collègues qui venaient de l’étranger avaient d’autres enfants en difficulté, d’autres types

d’enfants en quelque sorte. Nous avions une population de nomades, eux avaient plutôt des

enfants d’immigrés ou venant de milieux sociaux défavorisés. En Irlande du Nord, il y avait

des enfants de toutes confessions. »

Nicolas ROSSI : « Les Siciliens ont un public local, tout le monde est issu du même village

mais ils sont aussi beaucoup confrontés aux problématiques d’immigration. Les Allemands

ont un public handicapé, c'est assez lourd. Les Finlandais ont plutôt un public victime de

handicap social, psychologique. Les Tchèques ont un public tout à fait classique. »

Ce qui semble ainsi caractériser les projets Comenius montés dans ces établissements, c’est

donc leur cécité vis-à-vis des stigmates des élèves impliqués dans les partenariats. Peu

importe leurs besoins spécifiques pour les porteurs de projets qui ont mené à bien des

expériences tout à fait réussies avec une grande diversité de jeunes participants. Les projets

Comenius, qui valorisent par essence la différence, s’axent plus volontiers sur une diversité

culturelle, géographique, linguistique et amoindrissent l’hétérogénéité des élèves dont la

caractéristique première devient leur rôle d’ambassadeur national. L’étiquetage de longue date

des plus faibles est amenuisé, chacun apporte une contribution inédite au projet et la synergie

entre les élèves n’en est que meilleure.

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L’adaptation des supports d’apprentissage : l’accessibilité

Pour que tous les élèves et surtout ceux ayant des besoins spécifiques puissent se

reconnaitre dans les activités proposées et y participer, il est nécessaire de s’attaquer non

seulement à l’adaptation des contenus mais aussi de leur forme, qui doit sortir de l’ordinaire et

constituer une alternative aux supports classiques d’enseignement. C’est ainsi que

fonctionnent au niveau matériel, bien sûr, P. BELSEUR avec ses jeunes aveugles mais aussi

N. HENO pour stimuler ses élèves de CLIS et même N. ROSSI dans son lycée professionnel,

sur un plan plus didactique, qui reconnait que sortir du carcan scolaire y compris dans la

forme est essentiel pour motiver les jeunes :

P. BELSEUR : « Globalement, il n’y a pas d’adaptation particulière du programme mais une

adaptation de l’environnement du jeune déficient visuel avec du matériel adéquat, de la

documentation en braille ou en gros caractères, l’accompagnement d’un enseignant

spécialisé dans les matières qui sont un peu plus difficiles pour le jeune comme les matières

scientifiques – ce qui va permettre à ces jeunes-là de pouvoir suivre comme les autres en

classe ordinaire. »

N. HENO : « J’avais aussi fait un projet sur l’écriture. Nous étions partis de l’origine de

l’écriture jusqu’à comment créer du papier. Nous avions utilisé des outils scripteurs

particuliers, nous avions commencé à écrire comme les anciens sur de la terre avec des

calames… »

N. ROSSI : « Nous mettons aussi en pratique les projets PPCP spécifiques aux lycées

professionnels (projet pluridisciplinaire à caractère professionnel). Deux semaines de l’année

sont banalisées en janvier et en mai sur un thème proposé aux jeunes de tous cursus réunis en

atelier de quinze. Puis un prof de cuisine va par exemple travailler avec une prof de français.

Nous n’avons pas l'habitude de travailler ensemble même si nous nous côtoyons beaucoup en

salle des profs. Si nous travaillons sur l'ouverture à l'Europe, nous allons organiser la venue

d'intervenants (du Conseil Régional par exemple), la réalisation d'expositions… Nous

produisons quelque chose de concret avec ces jeunes, et nous travaillons d'une manière

différente des autres jours. Nous sommes dans une grande salle, nous faisons du découpage,

des panneaux, nous mangeons ensemble...puis nous exposons nos travaux lors de la journée

de l’amitié de fin d’année. »

◘ La plus-value Comenius : observer différents supports

matériels

Une nouvelle fois sur le sujet des supports, c’est l’échange de pratiques et

d’observations qui fait comprendre à certains enseignants, comme Nathalie BRUINAUD,

qu’une amélioration de la forme sous laquelle sont présentés les enseignements peut décupler

les opportunités d’apprentissage. Si nous étudions ci-après le support d’enseignement ayant

davantage trait à la méthodologie, c’est bien l’aspect matériel d’une classe d’Irlande du Nord

qui frappe l’enseignante, constatant que les moyens financiers sont loin d’être attribués de la

même manière d’un pays à un autre :

N. BRUINAUD : « Au niveau pédagogique, l’aspect matériel était incroyable en Grande-

Bretagne. Ils avaient une salle informatique semblable à la nôtre mais eux bénéficiaient de sa

gestion constante par une personne compétente. Ainsi ils ont pu mettre en place un réseau

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dans leur école, les enfants pouvaient jouir d’une vraie communication avec Internet sans

avoir de souci avec l’extérieur. Ils avaient aussi un tableau numérique dans toutes les classes

avec ses avantages : accès Internet, travail sur tableau blanc, vraie recherche en art visuel

avec les œuvres projetées sur le mur… »

Des activités qui promeuvent la diversité

Que les valeurs inclusives transparaissent ici dans les contenus ou dans la forme,

l’orientation clairement donnée dans les établissements cités semble être l’élaboration

d’activités qui font avec la diversité, et même la promeuvent. Certains se proposent d’axer

ouvertement le programme sur la valorisation d’une différence quelconque, comme N. HENO

avec les divers types d’écriture selon les civilisations. Il a déjà été vu cependant que ce type

d’initiative demeure particulièrement difficile pour les classes les plus âgées tant le

programme établi laisse peu de place à l’innovation à mesure que les élèves grandissent. Il

demeure ceci dit habile d’étayer un aspect des enseignements d’une leçon sur la diversité

selon le type de stigmate qui se trouve dans la classe :

N. HENO : « Pour le projet sur l’écriture, j’avais fait venir à l’école un enseignant marocain

pour nous montrer l’écriture arabe. C’était extraordinaire parce que j’avais un petit

marocain dans la classe. Cela l’avait beaucoup porté, lui qui avait plus de difficultés

socioculturelles que de déficiences, parce qu’il connaissait un peu d’arabe. Nous avions fait

venir un intervenant chinois pour l’écriture chinoise …cela nous permettait de voir du monde.

Du coup, ils ont voulu apprendre l’anglais ! Cela était très drôle parce que le français était

déjà un problème. Mais cela les motivait énormément. »

◘ La plus-value Comenius : la diversité intrinsèque L’intérêt des projets Comenius est bien sûr, une nouvelle fois, d’apporter leur pierre à

l’édifice de la promotion de la diversité que les enseignants essaient tant bien que mal

d’insérer dans leurs programmes. Les partenariats européens, s’ils demandent autant de temps

voire plus que la réflexion sur les possibilités d’étoffer les programmes pour les rendre plus

inclusifs, ont au moins l’avantage d’être approuvés par les structures productrices de normes

si strictes sur les enseignements. Comenius, c’est l’occasion légitime de construire un projet

valorisant la différence, voire complètement axé sur elle. Non seulement ces projets donnent

l’opportunité d’effacer l’étiquetage des enfants à besoins spécifiques et d’accentuer plutôt

leurs spécificités culturelles, mais ils permettent aussi de se familiariser avec l’altérité et de se

trouver des points communs ; autant de valeurs inclusives.

N. BRUINAUD : « Pour nous, ce qui était intéressant, c’était de montrer aux enfants que

nous étions certes habitants de pays différents mais que les écoles étaient semblables, que

l’on étudiait quasiment les mêmes matières, que l’on avait tous des frères et sœurs…des

choses qui peuvent paraitre évidentes pour quelqu’un qui a l’habitude de voyager. […] Ce

sont des choses qui les ont beaucoup intéressés parce que nous avons ramené des films et des

diaporamas après chaque voyage et les enfants voyaient que leurs homologues européens

s’amusaient dans la cour, jouaient au football, mangeaient à la cantine…nous avons donc

mis l’accent sur les ressemblances, mais aussi les différences comme les uniformes ou les

grands mouvements religieux en Irlande du Nord… {…] Ce qui m’a beaucoup plus, c’est

l’album photo des élèves « Différents mais égaux », à feuilleter dans les classes. Je trouve que

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c’est important de montrer aux enfants que l’on fait tous partie d’une même planète. C’est

bien de le percevoir et de l’appliquer tous les jours avec les gens du voyage que l’on a ici.

Pour moi, c’était une évidence.

Elaborer des pratiques fédératrices

La dynamique des projets

Ainsi l’important dans une classe qui se veut inclusive est de promouvoir la diversité

mais aussi et surtout d’élaborer des pratiques fédératrices, pour que nul ne se sente délaissé et

que chacun ait conscience de sa ressemblance avec les autres, bien plus que du stigmate qui

les sépare. L’un des supports didactiques phares pour fédérer la classe et stimuler les élèves

semble être l’initiation de projets. Tout d’abord, travailler sous forme de projet permet bien

évidemment de faire s’atteler les élèves à leur tâche de manière plus ludique par rapport aux

méthodes d’enseignement classiques. Mais avant tout, le projet permet de lancer une

dynamique de groupe où le collectif est le maître-mot et où l’interdépendance des élèves est

renforcée par un but commun à atteindre. Le projet permet, dans le cas de N. HENO, de

donner du sens à l’apprentissage des compétences classiques et montrer aux enfants qu’ils

peuvent contextualiser leurs connaissances et les instrumentaliser. Pour N. ROSSI, c’est aussi

l’occasion de découvrir certaines valeurs comme la persévérance et la solidarité.

N. HENO : « Je ne travaillais pratiquement que sous la forme de projets. J’en définissais

deux ou trois pour l’année autour desquels j’articulais tous mes enseignements. C’était

extrêmement varié, par exemple ce projet de correspondance avec des écoles anglaises,

australiennes…qui s’appelait le « Potatoe Trap ». Cela permettait aux enfants de

communiquer avec les autres enfants. Il fallait mettre une pomme de terre dehors au

printemps dans un endroit humide et l’on photographiait les insectes qui y venaient, nous les

retrouvions sur un livre et nous faisions un montage photo-texte à échanger avec d’autres

pays. Les enfants apprenaient à lire et un peu à écrire. Là, la lecture prenait un sens. »

N. ROSSI : « Dernièrement, nous avons participé à un projet Lacoste : nous avons initié des

jeunes au tennis durant leur pause-déjeuner. Ils ont été à Roland Garros voir la finale. Nous

avons aussi participé au Trophée des Lycées, qui est une compétition de régates de bateaux à

voile à Vannes. Un certain panel de jeunes volontaires a été sélectionné pour des

entrainements tout au long de l’année. C'était dur car il fallait s'entrainer l'hiver ; ce sont des

jeunes qui ne sont pas très travailleurs donc il fallait les motiver pour partir affronter la mer,

le froid. A la vie scolaire, nous avons deux éducatrices très sportives qui mènent les jeunes

sur ces projets. Nous organisons aussi des journées sportives qui rassemblent tous nos jeunes.

Cette année, nous avons fait du char à voile. »

◘ La plus-value Comenius : l’aspect ludique

Privilégier l’aspect ludique et créatif semble être particulièrement stimulant pour les

élèves qui sont considérés comme ayant des besoins spécifiques lorsque l’on parle

d’éducation ordinaire. Les domaines moins orthodoxes comme les arts ou les sports sont

l’occasion pour ce type de profil d’exercer un talent qui est plus susceptible de relever de

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l’inné que de l’acquis. Ce sont également des domaines où même les meilleurs élèves dans les

matières classiques ne peuvent pas toujours exceller et peuvent être surpassés. Bref, ce sont

les matières idéales pour valoriser les élèves différents et les plus faibles car elles font appel à

des compétences moins rebattues, plus subjectives, plus originales. Les projets Comenius

auxquels les élèves participent activement s’axent en général sur ces thèmes fédérateurs :

M. BOZEC (enseignante dans un Institut Médico-Educatif) : « Les constats de départ font

apparaître que les modes d’expression de nos jeunes ne favorisent pas la communication, la

valorisation et le sentiment de bien être. Il est apparu à l’équipe thérapeutique, éducative et

pédagogique que la médiation par les Arts plastiques serait l’outil idéal pour travailler avec

eux les difficultés repérées. Le geste créateur qui sollicite l’imaginaire, la pensée et les

émotions pourrait avoir un effet cathartique et thérapeutique. Nos élèves, à travers le projet

« Special artist through Europe », retrouvent donc un sentiment de bien être, d’estime de soi

car nous sommes dans la pédagogie de la réussite sans jugement. Ils peuvent exprimer leurs

émotions et leur plaisir de créer et de découvrir des matériaux nouveaux. Ils ont envie de

communiquer et d’exposer leur travail. De plus, ils sont reconnus par les autres à travers les

échanges dans l’établissement, dans les pays, ce qui leur apporte un grand enrichissement

culturel à travers les mobilités. »

P. ZANON : « On a préparé tous ensemble un grand jeu de Trivial Pursuit : ce n’était pas

une mince affaire. Puis on y a joué avec des équipes mixtes, pas seulement filles/garçons mais

aussi avec des nationalités différentes. Trois triangles car on avait trois pays, des cerceaux de

couleur, un lancement de dé pour faire avancer les élèves. S’ils échouaient à répondre à la

question – et ils devaient répondre en équipe, pas individuellement, pour les faire parler

anglais et communiquer – ils pouvaient se rattraper par une épreuve sportive. La rencontre

sportive est un lieu de socialisation et de communication particulièrement intéressant à

travers le sport, les passes, les règles à suivre et le jeu, puisque le sport, c’est ludique. C’est

vraiment un moment privilégié pour nouer des relations. Aujourd’hui le jeu est opérationnel

et prêt à être rejoué par plein de monde. »

D. POULAT (enseignant dans un collège doté de classes de consolidation) : Dans ces classes

de consolidation, les élèves sont très demandeurs d’activités « non purement scolaires ». Il

faut savoir détourner les apprentissages et trouver les moyens de faire passer les notions par

des projets pluridisciplinaires, des découvertes et qui utilisent les techniques modernes qui

sont les leurs : informatique, vidéo, numériques… Dans l’établissement une classe par niveau

regroupe ces élèves et la plupart de leurs enseignants sont volontaires pour ce genre de

travail. […] Pour l’établissement, il est important de pouvoir faire connaitre ce projet auprès

des parents et des écoles primaires qui nous envoient des élèves en 6ème

et montrer comment

on peut « travailler autrement ».

L’interdépendance des élèves

Plus que l’aspect ludique donc, ce qui est important dans la dynamique du projet (y

compris du projet Comenius) et la manière dont il crée une interdépendance du but chez les

élèves : il s’agit de définir une tâche commune à accomplir par la collectivité et de penser

ensemble aux défis que pose son achèvement. Cet exercice à lui-seul requiert une certaine

attitude sociable. Pour la réalisation du travail en lui-même, il est nécessaire de se répartir

équitablement le travail et de rassembler les élèves en groupes pour produire la synergie

adéquate à la productivité. Cette tâche éradique d’emblée les pratiques de cours magistrales,

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vecteurs d’exclusion. Par contre, elle demande également une interdépendance en termes de

moyens et ressources disponibles pour la mettre en œuvre : il faut prendre en compte les

compétences et les savoirs de chacun, identifier de quelle manière ils seraient utiles au

groupe. Ainsi les élèves reconnaissent en chacun d’eux un élément indispensable à la bonne

marche du projet et identifient des talents jusque là insoupçonnés chez leurs camarades. Enfin,

l’interdépendance du mérite et de la reconnaissance après un projet réussi développe des

valeurs solidaires, pur produit de la dynamique de ce type de méthode de travail inclusive.

E. HUE (travaille au sein d’une équipe de maîtres E): « C’est une stratégie d’enseignement

efficace dans laquelle de petites équipes utilisent des techniques d’apprentissage en vue

d’améliorer leur compréhension et leur connaissance d’un sujet. Chaque membre d’une

équipe est responsable non seulement d’apprendre mais aussi d’aider ses coéquipiers à

apprendre, créant ainsi une atmosphère de réussite. Les élèves travaillent ensemble jusqu’à

ce que tous les membres du groupe réussissent. Il y a une interdépendance (ou interaction)

positive parmi les élèves car ils sont mis en situation de partager (la tâche, les outils, les

informations…) et ils ont des rôles différents (1 est secrétaire, 2 est dessinateur, 3 est

rapporteur…) […] On reconnaît et récompense les efforts de chacun. Ils sont ravis et

réclament ce type de séance (qui n’est pas automatique et convient mieux à certains groupes

d’élèves plus âgés), car c’est ludique, agréable, très cadré (gestion du temps et de l’espace),

et ils se sentent toujours valorisés malgré leurs difficultés. »

◘ La plus-value Comenius : un premier rôle dans un projet

européen

Dans un projet Comenius, l’interdépendance des rôles est d’autant plus importante que

tous les élèves qui se sentent plus faibles à l’ordinaire doivent participer concrètement à un

projet exceptionnellement valorisant. Un travail d’envergure européenne est encore

relativement inhabituel dans un établissement classique et se teinte forcément d’une

connotation positivement inédite susceptible de mettre en avant ceux qui se font moins

remarquer que les autres au quotidien pour leurs compétences. Faire partie d’un tel projet

gonfle de fierté ce profil d’élèves (et leurs parents) qui ont dès lors l’impression qu’ils sont

assez estimables pour contribuer à cette expérience de grande envergure.

N. ROSSI : « C'est une classe de vingt-deux élèves. Six sont partis en République Tchèque, six

autres partiront en Italie. Ils travaillent avec leur prof d'anglais sur les travaux qui sont mis

sur le blog. Quand ils sont à l'étranger, ils doivent tous les jours le compléter en français et

en anglais avec photos et textes. Certains vont participer au séminaire à Paris et ceux qui ne

se seront pas déplacés seront plutôt responsables des partenaires lorsqu’ils viendront ici.

Nous faisons en sorte que tout le monde participe concrètement. »

G. BADUFLE (enseigne dans une zone rurale où l’immigration est forte) : « Le but du projet

est de mettre en valeur des élèves du lycée professionnel socialement défavorisés. Ces élèves

se sentent souvent exclus du système scolaire et de la société. Ils vivent en zone rurale reculée

mais également dans des quartiers difficiles où se concentrent des populations d'origine

immigrée. […] Ils sont très fiers de participer à ce projet et se sentent valorisés. »

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P. NICOLON : « Il ne fallait pas que les élèves participant à ces mobilités soient tous des

élèves de catégorie sociale favorisée. Quand on met en place des projets particuliers, si on

n’y prend pas garde, même sans le vouloir - cela se fait souvent de manière automatique et

non volontaire - on se retrouve avec des projets qui concernent les élèves de familles

favorisées. Donc je veillais à ce que les élèves qui participent soient surtout issus de familles

défavorisées. Moi j’admets l’injustice seulement si elle favorise les plus pauvres. C’est comme

cela qu’en République Tchèque sont partis des élèves de la SEGPA qui à 99% est constituée

d’élèves issus de familles très défavorisées.

Un mode de communication adapté à tous les besoins : les

NTICE

En matière de support pédagogique, les nouvelles technologies de l’information et de

la communication semblent être un outil majeur pour faire office de vecteur de ces projets de

groupe. Favorisant l’interaction parfois instantanée entre les éléments d’une même

dynamique, les NTIC permettent la coordination des objectifs et des moyens et la mise en

commun des produits finaux de manière spectaculairement ludique et accessible. De plus, ces

technologies fournissent des opportunités d’adaptation miraculeuses pour les élèves à besoins

spécifiques, comme l’explique P. BELSEUR. Les NTIC semblent donc constituer un support

parfaitement adéquat à l’éducation inclusive, étant un mode de communication adapté à tous.

P. BELSEUR : « Il y a également des formations sur les aides techniques puisque la

déficience visuelle est très liée à l’utilisation de matériel adapté, sur le plan scolaire et dans

la vie quotidienne. Donc ce sont des logiciels tactiles, des logiciels de synthèse vocale ou

d’agrandissement de caractères…tout ce matériel adapté, cette aide technique va permettre à

ces jeunes déficients d’être plus autonome dans leur quotidien pour saisir des documents,

utiliser l’outil informatique tout simplement, accéder à Internet, même si l’on sait très bien

qu’il y a un grand nombre de sites web qui ne sont pas encore accessibles avec l’aide

technique. Mais le but est de pouvoir au moins rendre l’enfant plus autonome dans tout le

champ des NTIC ».

◘ La plus-value Comenius : la communication comme ciment

du projet

N. ROSSI et P. ZANON nous parlent ici de tous les avantages que confère l’outil

informatique dans un projet Comenius. Indispensables bien sûr pour la coordination des

actions entreprises sur deux ans entre les établissements, les NTIC sont également un moyen

privilégié des élèves pour communiquer avec leurs partenaires puisque l’ordinateur fait

aujourd’hui naturellement partie de leur vie sociale et de leurs loisirs. Associer

développement du projet et plaisir permet également de muscler ses compétences en

informatique et de se socialiser avec ses homologues européens. Les NTIC, énormément

sollicitées dans les projets de ce type, semblent donc être le vecteur idéal pour un

développement personnel et même professionnel car ils sont pleinement parties de l’éducation

inclusive.

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N. ROSSI : « Le projet final, c’est le blog consultable en ligne depuis septembre 2009. Tous

les échanges effectués on été relatés sur le blog que nous avons créé en France. Nous avons

discuté pendant le deuxième séminaire de la manière dont il fonctionnait et de comment nos

partenaires devaient l'utiliser. Il comporte une rubrique, un lien, un logo pour chaque lycée,

les logos de l’Europe...et l’on peut y voir tout ce qu'ont fait les jeunes par pays. Quant au

projet eTwinning, ma collègue qui enseigne l'anglais a réalisé en début d'année avec la classe

participant à Comenius un projet sur ce que les jeunes consomment, font de leurs loisirs...et

nous avons demandé à tous nos partenaires de faire de même. »

P. ZANON (collaboratrice de P. NICOLON) : « Certains élèves ne voyaient pas pourquoi ils

faisaient de l’anglais à l’école, maintenant ils sont sur MSN avec le dictionnaire à côté d’eux

pour mieux communiquer avec leurs partenaires. Donc au niveau des élèves et de quelques

enseignants qui ne maitrisaient pas forcément l’anglais, tout le monde s’y est mis. Cela a

vraiment initié une dynamique au niveau de la langue. »

Visite du Lycée Brottier de Bouguenais par les Tchèques

Projet 2009 « Fluvial and Seaside Influences in our European Countries » (N. ROSSI)

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Individualiser les trajectoires

La diversité comme une multitude d’individualités

Si l’éducation inclusive doit concevoir l’ensemble des élèves et tâcher de répondre à

leur diversité vue comme un tout, l’on ne peut toutefois faire abstraction de certains besoins

spécifiques qui nécessitent plus d’attention que ceux des autres. Il s’agit ici d’individualiser

les parcours, les différents passés scolaires, les trajectoires de vie et les projets d’avenir, les

capacités, les difficultés et les sensibilités de chacun. Toutes ces composantes s’articulent

autour d’un projet individuel, formalisé par exemple pour les enfants handicapés dans

l’Education Nationale française sous le label « projet personnalisé de scolarisation » (PPS)

depuis la loi de 2005. Nombre de mesures existent parallèlement sous les appellations PEI

(projet éducatif individualisé), PAI (projet d’accueil individualisé, pour les enfants malades),

ou encore PAS (programme d’aménagement scolaire, pour les petits dyslexiques par exemple)

et également les Contrats d’Intégration Scolaire pour les enfants qui ont des troubles

comportementaux.

La plupart de ces documents contractualisés identifient les caractéristiques de l’enfant

et ses besoins spécifiques puis définissent, en accord conjoint avec l’équipe éducative, les

parents et l’enfant, des objectifs à atteindre et les actions qui doivent être mises en place pour

les réaliser. Ces objectifs sont modulables selon l’évolution de l’élève au fil de sa scolarité. Il

ne s’agit pas ici de stigmatiser davantage l’élève par rapport à ses camarades et de

diagnostiquer ses faiblesses tout en voulant y remédier, comme l’exigeait l’ancienne

démarche de la spécialisation toujours plus accrue des cursus. Il s’agit plutôt d’admettre la

que l’enfant, s’il est capable d’être intégré en milieu ordinaire, a cependant toujours besoin

d’une attention spécifique de la part de l’équipe éducative pour que son inclusion se déroule

au mieux. C’est considérer la diversité comme un tout mais ne pas pousser le raisonnement

jusqu’à l’universalisme républicain, l’égalitarisme aveugle qui veut à tout prix lisser la

différence. C’est plutôt percevoir les particularités de chacun et prendre les mesures

nécessaires pour les faire rimer avec une égalité réelle. Les enseignants, sans pousser le débat

sur les notions que chacun mettra derrière des mots si importants, expliquent pourquoi il est

essentiel d’individualiser les parcours et de prêter attention à la trajectoire de chaque

individu :

P. NICOLON : « Dès le départ, il y a eu une équipe de suivi de scolarisation, avec le

professeur référent de la MDPH qui a permis de construire un PPS qui indique les objectifs

précis fixés pour cet élève pour les apprentissages à court terme (« doit savoir lire, doit

savoir compter… ») et les moyens d’y parvenir : temps de scolarisation, temps de soin…Ce

document a été signé par les parents et présenté aux professeurs qui accueillent l’élève. Donc

le professeur ordinaire sait quels objectifs on a pour cet élève et ce que l’on attend de lui. »

M. BOZEC : « Toutes les activités proposées aux élèves sont adaptées à la pathologie et aux

possibilités de chacun. Un projet personnalisé est mis à jour chaque année par l’équipe

multidisciplinaire. Il s’articule autour de 5 objectifs :

- accueillir, éduquer, scolariser, dispenser une formation préprofessionnelle socialisante,

héberger des enfants et adolescents polyhandicapés mentaux (internat), moyens et profonds

ou souffrant de handicaps surajoutés

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- intégrer des polyhandicapés avec les autres groupes dans un même milieu tout en respectant

les rythmes individuels,

- placer les jeunes dans les conditions les plus proches de celles des classes ordinaires tout en

adaptant la pédagogie aux rythmes individuels et aux troubles spécifiques

- organiser les prises en charge et de soutien par les équipes de soin (médicales et

paramédicales) en relation étroite avec les équipes éducatives et les familles

- respecter les vœux des familles confiant leurs enfants à l’Institution. »

◘ La plus-value Comenius : une personnalité, une réponse

La personnalisation des prises en charge par l’équipe éducative est sans nul doute un

atout pour les jeunes concernés lorsqu’il s’agit d’orchestrer un projet Comenius. La cécité

précitée des partenariats à l’égard du stigmate de l’enfant permet de sélectionner des élèves à

qui le projet pourrait être plus particulièrement bénéfique. Il s’agit de faire profiter de

l’expérience un maximum d’élèves et en particulier les plus défavorisés comme nous l’avons

vu dans la partie précédente. Mais l’idée est également de cibler les participants qui font face

à des problématiques auxquelles Comenius apporterait le plus de réponses. Ainsi, si comme

dans les établissements de P. NICOLON et N. ROSSI, P. BELSEUR s’axe sur la motivation

des élèves pour le choix des mobilités, il veille également à ce que ses jeunes soient les

candidats adéquats pour ce type de projet, dans leur propre intérêt :

P. BELSEUR : « Nous avons sélectionnés les élèves participants sur des critères d’âge et de

déficience visuelle : seuls les jeunes aveugles étaient concernés. Ensuite, il s’agissait de

demander aux jeunes s’ils avaient un intérêt particulier à participer à un projet sur cette

thématique-là, à des ateliers, à créer des échanges avec des jeunes européens Il s’agissait

d’avoir de l’appétence pour aller à la rencontre de ses homologues et travailler sur

l’expression corporelle. Peut-être également avons-nous choisi des jeunes qui avaient des

problèmes particuliers sur ce sujet-là »

Soutenir pour atténuer les inégalités

Lorsque l’on discute de la personnalisation des parcours des jeunes, il apparait donc

que dans l’intention générale d’accorder plus d’attention à chacun, il faille surtout compenser

les inégalités des besoins en encadrant plus fortement les plus faibles pour leur meilleure

inclusion. Ce processus passe par diverses mesures de soutien scolaire (et affectif et

psychologique comme nous le verrons par la suite) qui impliquent des aménagements du

temps, de l’espace et des ressources éducatives. Les enseignants se révèlent bien souvent

impuissants pour adapter de façon optimale le rythme de la classe selon les besoins de chacun,

comme nous avons pu le constater précédemment lors de l’évocation du débat sur l’inclusion

en milieu ordinaire. Il s’agit donc de déléguer aux collègues ordinaires, spécialisés, aux

professionnels et même parfois aux autres élèves la charge du soutien scolaire, ce qui

nécessite comme nous l’évoquerons par la suite une coopération maximale entre les acteurs de

l’éducation. N. ROSSI notamment est familier avec différents types de tutorat, parfois peu

orthodoxes.

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N. ROSSI : « Nous pouvons faire du tutorat. En enseignement général, les élèves les plus forts

aident les plus faibles, cela peut arriver. Nous travaillons beaucoup sous la forme de projets,

en petits groupes. Les inégalités se voient mais il y a toujours quelqu'un qui vient compléter

ou compenser. […] Nous avons également le projet STAR. Si l’on détecte un jeune en

décrochage, nous allons le sortir de la classe mais le garder dans le lycée. Il va être

accompagné par la vie scolaire, c'est-à-dire le CPE, avec ses trois membres du personnel. Il

va s'occuper de lui, lui donner des cours individuels dans une classe spéciale, surveillée par

les gens de la vie scolaire. Le planning hebdomadaire est fixé avec le jeune et il inclut un peu

de pratique à l'intérieur du lycée avec nos menuisiers à demeure, ou une travail au self, etc.

Le but du STAR est de réintégrer le jeune dans la classe au bout d'une semaine ou deux. De

lui faire prendre conscience qu'il a besoin de l'école. […] Nous avons également une

structure qui s'appelle le Panama : c’est une maison en campagne dotée d’un éducateur

sportif, un éducateur technique, une musicothérapeute et un bénévole qui fait du soutien

scolaire. Le jeune est placé dans cette structure car il ne supporte plus le cadre du lycée, les

autres. Là-bas il est dans la nature, dans une maison, avec un petit noyau d'adultes autour de

lui, il est en autonomie car il doit se faire à manger, etc. Et à travers la musique, le bricolage,

le sport...il va reprendre le goût de se regarder le matin dans la glace.»

N. HENO quant à elle déplore un manque de moyens et étudie la situation

problématique des Auxiliaires de Vie Scolaire individuels (AVS-I) ou collectifs (AVS-Co).

Un rapport d’information du Sénat français de 2006-2007 fait notamment état des progrès

réalisés par la fameuse loi de 2005 qui consacre le droit des enfants handicapés d’être

accompagnés dans leur scolarité. Il déplore que le recrutement des AVS demeure largement

« artisanal » avec des statuts très différents et des contrats précaires. Si l’Education Nationale

semble avoir ouvert 4500 postes d’AVS depuis 2008, l’emploi demeure peu attractif du fait

du peu de perspectives ultérieures de carrière, la professionnalisation de ces métiers est

urgente et leur formation doit pour cela être largement approfondie.

N. HENO : « Nous essayons de mettre des AVS mais elles coûtent très cher et à l’heure

actuelle, elles ne sont pas formées et ne peuvent pas remplacer un enseignant spécialisé. […]

Nous manquons de structures intermédiaires, de classes-relais. On ne le dit pas toujours

honnêtement, mais si nous avions vraiment les moyens, nous pourrions faire du bon travail.

Nous pourrions mettre les élèves en milieu ordinaire le plus possible, avec des gens qui

seraient formés à cela, des possibilités de les regrouper à certains moments pour leur

permettre de se reprendre, de se recaler, de retrouver le goût du travail… »

◘ La plus-value Comenius : réfléchir sur les ressources

humaines

En matière de soutien scolaire, l’apport des projets Comenius transparait une fois de

plus dans l’échange de pratiques des enseignants qui ont témoigné pour cette étude. De même

que N. BRUINAUD avait admiré l’équipement matériel dans l’établissement partenaire

d’Irlande du Nord, elle constate dans la même école que des moyens supplémentaires ont été

alloués en vue d’assurer un encadrement optimal pour les enfants à besoins spécifiques. Outre

le fait que ces moyens ne soient pas gérés de la même manière dans les deux pays et que

l’établissement d’Irlande du Nord semble à même de mener sa propre politique en matière

d’accompagnement, N. BRUINAUD mentionne les deux ans de formation de l’auxiliaire

irlandaise qui ont sans doute contribué à l’excellente intégration de l’enfant trisomique en

classe.

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N. BRUINAUD : « Pour chaque enfant en très grande difficulté, il y avait un adulte

supplémentaire dans la classe. Nous avons vu l’intégration d’une enfant trisomique en milieu

ordinaire et la dame qui était avec l’enfant avait eu deux ans de formation. Ensuite il y avait

l’équivalent d’une ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) dans chaque

classe en primaire qui en gérait tout l’aspect matériel. Quand j’en ai parlé avec mes

collègues irlandais, elles m’ont dit que c’était une vraie politique de l’établissement. »

Visite en Irlande du Nord pour l’équipe de Nathalie BRUINAUD (devant)

B) Les évaluations

Trouver une alternative plus équitable à l’évaluation classique

L’on ne peut parler des apprentissages sans mentionner la manière dont le système

vérifie que les acquis sont bel et bien intégrés par les élèves. Si les méthodes pour intégrer le

programme doivent être modifiées selon les principes de l’éducation inclusive, l’évaluation

doit elle aussi être jugée quelque peu archaïque et remise en question dans ses fondements.

Certains rapports prônant les valeurs de l’éducation inclusive analysent les défauts de

l’évaluation classique dans son contenu et dans sa forme. Ainsi, la vérification des

compétences et connaissances s’avèrerait trop fragmentaire et subjective et ressemblerait plus

à une évaluation-sanction qui marginalise les plus faibles et accentue les préjugés selon les

taux d’échecs (sexe, appartenance sociale). L’évaluation serait également trop ponctuelle et

parfois inadaptée aux besoins de l’élève. Les propositions de redoublement qu’elle induit

parfois auraient tendance à dévaloriser l’élève par rapport aux autres et constitueraient un

échec de l’adaptation du système aux problématiques de l’élève, même si l’objet de cette

étude n’est pas de débattre sur les bienfaits et méfaits potentiels de telles mesures éducatives.

Ainsi une évaluation équitable, en comparaison, intègrerait les valeurs de l’éducation

inclusive. Elle constituerait non pas une sanction mais une manière d’éduquer, en identifiant

les forces et les faiblesses de chacun pour constituer des groupes de travail hétérogènes et

équilibrés et instaurer une meilleure dynamique de travail. Elle devrait être axée sur le

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contrôle des connaissances et des compétences mais aussi sur d’autres indicateurs moins

formels comme l’épanouissement personnel et les compétences sociales.

◘ La plus-value Comenius : l’évaluation plus originale

Pour ce faire, le système devrait élaborer des mesures de soutien pour l’élève en

situation d’évaluation classique : disposer de plus de temps ou d’une aide personnalisée,

travailler sur des supports d’évaluation adaptés, espacer les examens…Il s’agirait également

d’imaginer des alternatives crédibles à cette évaluation classique pour plus d’objectivité en

changeant de perspective (faire plus de place à l’observation, construire un dossier annuel des

meilleurs travaux…) et d’évaluateur (auto-évaluation, correction par d’autres élèves…). En

cela, les projets Comenius constituent les mises en situation idéales pour tester de nouveaux

outils d’évaluation informels, ou tout du moins les bases pour voir les élèves sous un angle

différent, diagnostiquer leurs forces et leurs faiblesses selon un point de vue original :

D. POULAT : « La participation de ces classes d’élèves en difficultés à un projet Comenius

permet de les valoriser aux yeux des autres mais aussi de leurs parents et de certains

collègues enseignants. Certains reprennent confiance en eux puisqu’ils voient qu’ils sont

capables de produire, de retenir et d’obtenir de bons résultats, ce qu’ils n’ont pas toujours

lors d’exercices traditionnels. C’est pour eux une manière d’apprécier l’école où ils ne

subissent plus un cours mais deviennent acteurs de la séance. »

N. ROSSI : « Toutes les semaines, nous donnons à nos élèves une note de savoir-être sur un

carnet. Un jeune qui sème le désordre, qui n'est pas volontaire...ne partira pas. Nous

demandons qui est volontaire pour partir avec un CV et lettre de motivation, et suivant la note

de savoir-être, nous lui accordons sa mobilité ou pas. »

C) L’environnement d’apprentissage

Créer un espace interactif

Enfin, après avoir pris en compte les contenus de l’apprentissage, leur forme et leur

évaluation, il convient d’examiner la manière dont l’espace éducatif est agencé.

L’organisation de la classe semble être un point crucial de l’éducation inclusive en ce sens

que ces quatre murs constituent le cadre journalier de l’équipe éducative et des enfants. La

classe comme le reste mérite d’être repensée, optimisée de manière à stimuler les élèves et

améliorer leur bien-être. Plus qu’une simple décoration des murs de la classe avec des cartes

géographiques et des frises historiques, il s’agit ici véritablement de créer un espace interactif

spécifique, par exemple un coin « ressources » ou les élèves ayant fini leur travail plus

rapidement que les autres pourraient venir s’auto-éduquer et se distraire de manière ludique

pendant que leurs camarades terminent l’exercice demandé. C. KOVARSKI, professeure

certifiée dans le domaine de la vision et auteure de plusieurs ouvrages sur le sujet, s’exprime

sur l’importance d’un environnement d’apprentissage adéquat :

C. KOVARSKI : « Dans une communauté inclusive, l’un des éléments clé pour garantir la

réussite de tous les apprenants est une considération avancée et minutieuse de la conception

de l’environnement d’apprentissage. La plupart des aménagements de milieux scolaires ne

prennent pas en considération les résultats de la recherche impliquant des adaptations

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appropriées pour les personnes handicapées. Il est reconnu que 80% de l’information est

assimilée au travers de la vision, donc, les besoins spécifiques des apprenants d’âge scolaire

déficients visuels, sont d’une importance particulière. En outre, une salle de classe adaptée

aux besoins spécifiques d’élèves déficients de la vue, peut avoir un impact positif sur le

processus d’apprentissage ainsi que la performance de tous les jeunes apprenants. »

◘ La plus-value Comenius : l’observation des salles de classe

Un espace d’apprentissage inclusif ne doit donc pas être conçu comme statique mais

comme un lieu dynamique de collaboration, d’interaction, d’expérimentation. Il doit bien sûr

adapter le matériel d’assistance aux élèves à besoins spécifiques comme l’expliquent

notamment C. KOVARSKI et P. BELSEUR au sujet des jeunes déficients visuels, mais aussi

être agencé de manière à favoriser la liberté de mouvement et d’expression. Comenius est une

nouvelle fois le cadre propice à l’échange de pratiques au sujet de l’organisation des classes

dans les différents pays d’Europe. La plupart des enseignants interrogés ont eu l’occasion de

voir des salles de classes étrangères et ont été marqués par les différences singulières

d’agencement ou d’équipement. Ces visites d’établissement sont l’occasion de réfléchir sur

ses propres moyens mais aussi sur l’inventivité et l’ingéniosité dont il faut faire preuve pour

concevoir un espace ludique et convivial, comme l’explique C. KOVARSKI :

C. KOVARSKI : « Notre projet Comenius OPTIC montre à quel point un environnement

éducatif adapté aux besoins spécifiques des élèves déficients visuels peut être bénéfique pour

tous les élèves. Les résultats du projet, accessibles par le web ainsi que par la diffusion d’une

brochure et d’un CD, contribueront à majorer l’approche globale et détaillée de

l’aménagement d’une salle de classe pour tous. Par exemple, des rampes d’escalier et des

bords de marches bien contrastés renforcent davantage la sécurité pour tous les enfants,

surtout pour ceux avec des déficits comme les troubles d’attention. »

II) Prendre en compte le développement personnel

de l’enfant ♫ Compétences-clés 4 à 8

L’éducation inclusive met certes l’accent sur les apprentissages en priorité puisqu’il

s’agit avant tout de réformer un système pour éviter l’exclusion sociale. Mais ceux qui

prônent les valeurs inclusives insistent longuement sur le fait que l’équipe éducative doit être

tout aussi attentive au développement personnel de l’élève, sa psychologie, sa sensibilité, ses

émotions et son vécu. Le bien-être à l’école, surtout lorsqu’il peut être inexistant à la maison,

fait partie de la mission du pédagogue qui aurait intégré les principes de l’inclusion. Outre les

problématiques classiques de l’adolescence auxquelles un jeune doit faire face, l’élève à

besoins spécifiques, de par ses difficultés, devra s’accommoder d’une charge supplémentaire

de sentiments à gérer, et en particulier dans sa relation à l’altérité et ses interactions avec les

enfants ordinaires.

Gérer le développement personnel de l’élève

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Répondre à la problématique de l’estime de soi

De ces expériences houleuses peuvent résulter une perception aigüe de la différence,

une relation plus conflictuelle avec ses pairs, sa famille, et donc beaucoup de souffrance et

parfois une certaine agressivité. C’est pourquoi l’équipe éducative, à travers les divers

témoignages recueillis, parle si souvent du développement personnel, du bien-être et de la

confiance en soi comme des priorités, y compris par rapport aux apprentissages. Cette mission

demande de l’enseignant qu’il change de point de vue sur son élève, voie ses potentialités

plutôt que ses échecs, le félicite plutôt que l’encourage, lui donne l’opportunité de s’exprimer

sur ses points forts et écoute son opinion.

N. ROSSI : « Pour nous, c'est très important d'éduquer […] Former l'élève à un métier, je

dirais que c'est facultatif. Avant tout, c'est lui rendre sa dignité, lui redonner confiance. Il y

avait une phrase de nos dirigeants qui disait qu’il fallait en faire « des hommes debout »

(« standing men »), avant toute chose, que ces jeunes repartent avec une confiance en eux et

puissent affronter le monde extérieur. »

N. HENO : « Le premier travail en CLIS pour moi c’est retrouver le goût de l’école. C’est la

première chose. Il faut que l’enfant reprenne une place d’élève, qu’on lui dise « c’est bien ce

que tu as fait ». J’avais une petite fille avec qui on avait eu des débuts difficiles mais qui

comptait tous les jours ses « très bien » sur le cahier, lorsqu’il n’y avait aucune faute.

C’est primordial pour des enfants qui n’ont eu de cesse d’être en échec jusque là. C’est très

bien de les mettre en cycle ordinaire, mais il faut qu’ils aient des plages où ils puissent

reprendre confiance en eux. »

◘ La plus-value Comenius : l’altérité banalisée

Bien sûr, faire partie d’un projet Comenius est, nous l’avons vu, une expérience

extrêmement valorisante qui permet aux élèves participants de retrouver une certaine estime

de soi de par leur contribution effective au partenariat. La différence des profils d’élèves au

sein du même projet a également été évoquée et cet aspect de l’expérience permet tout autant

de reprendre confiance en soi après examen de ses jeunes homologues européens : voir qu’ils

sont complètement différents de soi-même fait réaliser au jeune que ses besoins spécifiques

n’ont pas d’importance mais que seuls ses talents et sa motivation sont pris en compte. Voir à

l’inverse au sein d’un projet spécifique que tous ses pairs européens sont affectés par le même

trouble, la même déficience, permet sans nul doute de relativiser son stigmate et de se rendre

compte qu’il est même facteur de rapprochement avec les autres : étant tous dans la même

situation, les particularités physiques, sociales, intellectuelles peuvent être mises de côté pour

ne s’intéresser qu’aux différences culturelles.

P. BELSEUR : « Nous savons que chez les jeunes non-voyants, il y a un problème important

qui est lié à l’expression corporelle : tout ce qui est lié à l’appropriation, la maitrise de son

corps est un souci important surtout quand on est dans la relation avec l’autre. […] Je pense

que le projet un stimulant très important pour ces jeunes-là : s’apercevoir qu’ils ne sont pas

les seuls dans ce cas-là, vivre des choses entre pairs, pour leur permettre d’améliorer toute

leur attitude corporelle, leur relation avec l’autre. Même si dans ce cas on est dans une

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relation entre semblables et non avec le milieu ordinaire, c’est important de se sentir d’abord

à l’aise avec eux avant d’affronter la suite. »

Inculquer les valeurs de l’inclusion

Tout comme l’évolution des apprentissages et la prise en compte du développement

personnel de l’enfant sont les deux faces de l’éducation inclusive, la méthodologie et la

mentalité sont indissociables pour éradiquer l’exclusion sociale du système éducatif. S’il est

important de mettre en pratique les valeurs de l’inclusion en se demandant concrètement

comment les appliquer au quotidien en classe, il est essentiel de transmettre aux élèves les

raisons éthiques d’un tel bouleversement et leurs fondements, comme les notions de tolérance

et de solidarité.

◘ La plus-value Comenius : une leçon de tolérance

En cela évidemment, les projets Comenius en tant que porte ouverte sur l’Europe sont

les vecteurs de la tolérance à l’échelle universelle. Ces projets à la fois alimentent une

réflexion approfondie sur ce que les systèmes éducatifs européens et les cultures du continent

ont de différents, et en même temps fournissent les bases d’un édifice commun à bâtir autour

d’un thème défini, exigeant une coopération fournie sur le long terme. La tolérance est bel et

bien l’outil premier dont doivent disposer les élèves, l’équipe éducative et même les parents

pour s’engager dans un tel projet et ne peut qu’avoir des répercussions positives sur

l’acceptation de la différence au quotidien. Parfois même comme avec le projet de P.

ZANON, le projet est spécifiquement centré sur des problématiques liées à la tolérance et il

constitue l’occasion de parler des différentes notions que les nations mettent derrière le mot.

G. BADUFLE : « Ces élèves issus de milieux défavorisés n'ont pas la chance de voyager et de

s'ouvrir à l'Europe. La plupart d'entre eux ne sont même jamais allés dans les grandes villes

voisines… […] L’ouverture culturelle (les élèves sont acteurs du projet) et à l'Europe : rien

de tel que de voyager et de vivre quinze jours dans une famille européenne pour détruire tous

les préjugés et prendre goût à l'Europe... »

R. BRACQ (collège situé en RRS avec une SEGPA et une UPI) : « Comenius permet surtout

aux élèves de se rendre dans un pays et de rencontrer d’autres enfants de leurs âges. Ainsi,

cela favorise l’ouverture et donc la tolérance, dans la mesure où la plupart de nos élèves ne

sont jamais sortis de leur environnement proche, voire de leur quartier ! C’est pour cela que

nous tentons d’envoyer le plus d’élèves possibles à l’étranger, comme les dix-neuf élèves à

Malte en mars dernier. […] A leur retour, ils ont été très marqués par les découvertes faites

dans le pays et l’école partenaires et ils semblent relativiser davantage les expériences

négatives et positives de leur existence. »

E. HUE : « Nos élèves sont fiers de voir (vidéos, photos, site web) les autres élèves qui

travaillent de la même façon, dans un pays lointain, et bientôt ils rencontreront les

professeurs en visite ; pour les petits Domiens si éloignés de la métropole, c’est une vraie

découverte de la réalité européenne. »

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P. ZANON : « Nous avons bien vu qu’on ne mettait pas les mêmes notions derrière les

mots. Avec la pièce de théâtre cela a été assez frappant, la manière de traiter les choses sous

des angles différents, même si nous avions parlé de la même tolérance. A plusieurs nous

n’étions pas forcément d’accord : même si nous choisissions la même chose, nous ne la

traitions pas de la même manière. C’est vrai que la Turquie, pays musulman, n’a pas les

mêmes approches sur la femme par exemple. Cela a été clair pour les adultes et les enfants

quand nous étions là-bas. En République Tchèque, il y avait moins d’appréhension mais je ne

dirais pas qu’il n’y en avait pas parce que pour certains parents, on amenait leurs enfants au

beau milieu de la Russie ! Nous avons donc aussi travaillé sur les parents. »

Rencontre en Turquie

Projet 2008 « Let’s play to go beyond the differences » (P. ZANON, P. NICOLON)

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Favoriser l’aspect relationnel entre élèves/entre élèves et éducateurs

L’épanouissement personnel de l’enfant tel qu’il peut se concevoir dans l’enceinte

éducative passe aussi par de bonnes interactions sociales, avec ses semblables et les adultes

qui l’entourent. Ainsi plus les contacts positifs entre élèves sont nombreux dans le cadre d’une

activité, plus la dynamique de groupe est productive et chaleureuse, ce qui contribue au

développement scolaire et personnel de l’enfant. La solidarité du groupe s’en trouve renforcée

et si les professeurs prennent part à ce rapprochement, cela peut leur permettre comme

l’explique D. POULAT d’identifier chez leurs élèves le meilleur de ce qu’ils peuvent tirer

d’eux-mêmes.

E. HUE : « La pédagogie coopérative est un des aspects de la pédagogie du mouvement

Freinet. C'est le choix de l'entraide plutôt que la compétition. C'est inscrire l'individu dans le

collectif au service du collectif. C'est reconnaître les compétences de chacun au service des

autres. Ainsi, les apprentissages peuvent bénéficier aux autres. Nous permettons aux élèves de

comprendre comment ils peuvent expliquer à un camarade les stratégies pour résoudre le

problème posé ; ils sont mis en situation de conflit sociocognitif en permanence, ils

découvrent qu’ils peuvent aider leurs pairs même s’ils sont en difficulté. C'est une pédagogie

de l'entraide. »

N. ROSSI : « Nous commençons toujours l'année avec un projet de rassemblement. Puisque la

mission de la fondation d'Auteuil est d'accompagner, nous organisons une randonnée au

Mont St Michel avec tous les jeunes et les profs sur la journée, pour fédérer. »

D. POULAT : « Pour les professeurs de ces classes, cela a permis de connaitre les élèves

autrement et trouver ce qui pouvait être mieux exploité et valorisé chez eux. »

◘ La plus-value Comenius : vers une relation

éducateurs/élèves moins formelle ?

N. ROSSI garde la relation enseignants/élèves de son partenaire sicilien comme son

meilleur souvenir de l’expérience Comenius : il déplore la rigidité de cette relation qui existe

encore en France et espèrerait pouvoir éradiquer les crispations hiérarchiques dans son propre

établissement pour produire des interactions moins formelles et plus saines avec ces élèves de

lycée. En discutant avec N.BRUINAUD, il semble cependant qu’en primaire, établir une

proximité moins martiale avec les élèves ne fonctionne pas d’après son observation de petits

élèves suédois qu’elle trouve trop autonomes et par conséquent trop dissipés. L’équilibre

d’une relation moins formelle étant plus mature, il est peut-être à trouver dans un âge plus

adulte où la conscience des limites est plus vive.

N. ROSSI : « En Sicile, les profs et les élèves sont très soudés les uns aux autres et ont une

manière très particulière de communiquer. Ils sont issus du même village et tout le monde se

connait. Les jeunes sont très proches de leurs profs et cela, c’est très beau à voir. L’image qui

me reste est dans une salle de classe : l’enseignante est à son bureau et les élèves viennent

naturellement s’asseoir devant elle. Chez nous, nos élèves se mettent naturellement au fond…

C’est une des choses que j’ai exposé à mes collègues : il faut comprendre comment ils font ça.

Est-ce le fait de la Sicile, de son insularité ? Nous ne savons pas mais nous voudrions nous en

servir car en France, nous sommes en quelque sorte individualistes, un peu martiaux, très

rigoureux dans la relation profs-élèves. Nous avons cette réserve qui n’existe pas en Sicile. »

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Nicolas ROSSI (à gauche) et les jeunes élèves siciliens en 2009

Gérer les troubles comportementaux

Contractualiser le comportement, rechercher la cause du

mal-être

Les difficultés comportementales sont étudiées ici dans la mesure où elles sont bien

souvent une résultante des troubles psychologiques et du mal-être de ces élèves à besoins

spécifiques qui, nous l’avons dit, doivent faire face à plus de problématiques existentielles que

leur congénères du fait de leur différence. Les troubles comportementaux sont par ailleurs

eux-mêmes généralement traités comme des besoins spécifiques face à des jeunes qui ne

supportent plus le cadre scolaire, l’autorité, les règles civiques…Il s’agit donc pour

l’enseignant ayant intégré les valeurs inclusives de prendre des mesures : élaborer des

activités pour la gestion des émotions, savoir capter l’attention de l’élève, savoir

ponctuellement faire preuve d’autorité et lui donner un sens ; en amont, comprendre la cause

du mauvais comportement de l’élève et tenter d’y remédier dans la mesure du possible.

Il est nécessaire pour cela d’agir de manière concertée avec le reste de l’équipe

éducative, les professionnels (psychologue, assistants sociaux) et la famille tant que faire se

peut puisque ces problématiques ont bien souvent trait à l’absentéisme et au décrochage

scolaire, dont la lutte reste une priorité mondiale dans les directives actuelles. Renforcer,

personnaliser et systématiser l’encadrement de l’élève qui ne respecte pas les normes

comportementales de la vie scolaire (par exemple en contractualisant son attitude avec les

Contrats d’Intégration) est le préalable essentiel à tout processus d’apprentissage.

N. HENO : « La violence est quelque chose qui revient souvent. C’est un problème énorme.

Dans les dossiers que nous avons, souvent, le déficient intellectuel a souvent des troubles

associés puisqu’il ne se sent pas bien… Il y a aussi tous ces enfants qui ont vécu des choses

difficiles au niveau familial, social, et qui répercutent cela par de la violence. »

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N. ROSSI : « Il y a des réunions tous les vendredis entre tous les professeurs de

l'enseignement technique et général plus les éducateurs des foyers. Nous faisons le point sur

tous les cas lourds de la semaine. Il y a un suivi hebdomadaire intense. Comme dans toutes

les écoles, chaque classe a un professeur principal et sa mission est énorme car il doit

communiquer avec les éducateurs de tous ses élèves pour élaborer les rendez-vous éducatifs

lorsqu'il y a besoin ; c'est-à-dire pour s’occuper d’un jeune dont on s'aperçoit qu'il se sent

mal sur le moment, qui a un souci dans sa famille, qui décroche...et si la famille est présente,

on fait des réunions à trois. […] Si un jeune « décroche » malgré toutes les mesures mises en

œuvre, nous allons l'envoyer en stage, sur le terrain avec des professionnels. Nous l'écartons

de la classe car il la met en danger ou se met en danger lui-même. La mission des professeurs

est alors de faire le bilan avec ces professionnels pour savoir comment évolue le jeune, si

c'est vraiment ce dont il avait besoin : une partie pratique, ne plus être en contact avec

l'école, le bureau, le tableau...Car souvent les jeunes viennent ici parce qu'ils en ont assez de

l'école. Ici, nous reproduisons le schéma scolaire mais nous lui donnons des limites. »

◘ La plus-value Comenius : différentes cultures, différentes

normes

Lorsque l’on se demande quelle aide substantielle un projet Comenius pourrait

apporter à un élève ayant des troubles de comportement, l’idée première est éventuellement le

fait que les élèves d’habitude « difficiles » s’avèrent plus motivés et attentifs au sein d’une

dynamique de projet en général et d’un Comenius en particulier, dans la mesure où le

programme d’envergure européenne les valorise comme nous l’avons mentionné plus haut.

L’hypothèse de l’atténuation des troubles comportementaux grâce au projet n’ayant pas été

vérifiée par les témoignages recueillis, elle restera à l’état d’utopie bien que les enseignants

encouragent vivement ces projets avec des élèves aux problèmes psychologiques, sociaux,

familiaux pour les extirper de leur condition et les valoriser ; pour remédier finalement à ce

qui bien souvent est la cause des problèmes comportementaux. Le projet de R. BRACQ sur le

civisme montre par ailleurs que la politesse requise pour la communication avec les jeunes

européens incite sans doute les Français à ne pas faire d’écarts. De plus, l’on peut supposer

que les standards culturels de comportement n’étant pas les mêmes d’une société européenne

à une autre, il faille dans ce cas pour les élèves réinventer une norme comportementale inédite

et faire preuve de tact de peur de froisser ses partenaires (rituels de conversation…).

R. BRACQ : « Le thème étant celui du traitement des incivilités, dans le cadre de notre projet

d’établissement, des actions seront proposées pour y remédier grâce en partie aux échanges

avec les élèves des autres pays (visioconférence, échanges physiques, questionnaires…). Le

projet Comenius nous a donc permis d’alimenter une réflexion avec nos partenaires

européens sur nos difficultés et des moyens de les résoudre. »

Gérer le développement professionnel

Accompagner le projet de vie, favoriser l’autonomie

Si l’équipe éducative s’occupe à la fois d’élever ses élèves dans les domaines de

l’intellect et du bien-être, elle se trouve quelque par impliquée dans le projet de vie personnel

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et professionnel de l’enfant qu’elle influence grandement. En tant que microcosme sociétal,

l’école prépare indéniablement à la vie d’adulte et arme de jeunes gens pour affronter la vie

quotidienne. Le socle européen des huit compétences clés a par ailleurs bien pris en compte

cette dimension puisque que l’une d’entre elles a pour but l’autodidaxie (« apprendre à

apprendre »), une autre cherche à développer « l’esprit d’initiative et d’entreprise ». Ces deux-

là traduisent explicitement le souci de la Commission Européenne de former des jeunes élèves

au marché du travail qu’ils affronteront bientôt. Le rôle des éducateurs est bien entendu de les

aider dans ce cheminement et cela commence par l’inculcation de l’autonomie, de

l’indépendance et de l’auto-évaluation, qualités plus nécessaires aux enfants à besoins

spécifiques qu’aux autres (comme il semble évident avec les jeunes aveugles de l’Institut

Montéclair).

N. ROSSI : « Ce que l'on apprend à l'internat, c'est l'autonomie. Se débrouiller tout seul,

gérer ses comptes, ses démarches administratives... »

P. BELSEUR : « Nous élaborons également des activités dans le champ de la rééducation

pour nos jeunes déficients visuels, des AVJ (activités de la vie journalière) : ce sont des

interventions de professionnels pour permettre au jeune d’être plus autonome dans la vie

quotidienne pour réaliser ces tâches-là. Cela va de la cuisine à la reconnaissance de pièces

de monnaie, au classement des fiches et documents sur le plan scolaires… Il y a aussi la

rééducation en locomotion : tout ce qui est lié au déplacement avec l’apprentissage de

l’usage de la canne blanche au quotidien. »

◘ La plus-value Comenius : une réflexion commune sur le

projet de vie

Au sein des projets Comenius organisés par les participants de cette étude, il semble

que l’avenir personnel et professionnel des jeunes soit largement pris en compte et que les

professeurs y voient l’occasion pour les élèves de développer des compétences importantes

pour le futur, comme l’esprit de groupe. Les émulations sont cependant très différentes d’un

projet à un autre. E. HUE qui a travaillé sur la pédagogie coopérative en vante les mérites

pour les valeurs acquises par ses élèves. P. BELSEUR souhaite se tourner davantage vers une

réflexion européenne sur la formation professionnelle à travers le réseau ENVITER. J.

ANDREA, enseignant en UPI, est heureux d’avoir pu échanger avec ses partenaires sur le

projet de vie des jeunes handicapés.

E. HUE : « Les élèves apprennent à s’auto-évaluer dans leur comportement, à respecter les

autres, à écouter, à aider ; toutes ces valeurs que sont la tolérance, l’esprit de camaraderie,

l’entraide, l’encouragement, l’effort, doivent être enseignées à l’école et la pédagogie

coopérative de notre projet en est un bon moyen. »

P. BELSEUR : « Le réseau ENVITER (European Network on Visual Impairment : Training

Education and Research) dont nous faisons partie et dont a découlé le partenariat européen

va nous permettre de travailler en commun avec les autres établissements français inscrits et

de déposer des projets avec d’autres pays sur des questions liées à l’accès à l’emploi, la

formation professionnelle, plus que l’éducation.

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J. ANDREA : « Les échanges avec nos collègues italiens et portugais nous ont permis de

découvrir des systèmes différents du nôtre. La réflexion sur la place de l’Ecole dans la

construction du projet de vie de l’élève handicapé a suscité de la part de tous les participants

un vif intérêt qui se poursuivra et se développera dans nos pratiques quotidiennes.

L’ensemble de ce travail sera publié sur un site avec nos partenaires à destination d’un grand

public et dans un document écrit plus spécifiquement à l’intention des professionnels.

III) Former les enseignants

Après avoir listé l’ensemble des mesures à prendre au niveau du développement

scolaire et personnel de l’élève pour rendre le système éducatif plus inclusif, il est désormais

temps de se demander comment répondre aux exigences de l’instauration de telles valeurs. La

plupart des actions à entreprendre découle de la volonté de l’équipe éducative et ce que les

projets Comenius apportent passe bien souvent par un échange de pratiques puisque les

enseignants constituent le vecteur privilégié de l’inclusion dans la classe et dans

l’établissement. S’il ne doit pas porter la charge du changement du système sur ses épaules

seules, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, il est l’interlocuteur direct des enfants

et joue un rôle primordial dans leur évolution intellectuelle et psychique.

Enrichir la formation initiale et continue

Eduquer les jeunes, inspirer les anciens

Les jeunes professeurs en formation doivent être les premiers à intégrer les valeurs de

l’inclusion, pour que la future génération d’enseignants soit une génération active en matière

de lutte pour l’équité et la tolérance à l’école. Cela signifie concrètement qu’il faut donner des

directives à leurs formateurs et les former eux-mêmes à ce type de philosophie ; qu’il faut

faire prendre conscience à ces jeunes étudiants de leur rôle de pivot en matière d’inclusion

sociale ; qu’il faut décloisonner, enfin, les formations pour publics spécialisés et ordinaires,

modifier la structure exclusive à la base pour que le schéma ségrégatif ne se reproduise pas à

l’avenir :

N. BRUINAUD : « L’on m’avait demandé d’intervenir à l’IUFM d’Angoulême pour présenter

le projet Comenius mais j’étais en mobilité, donc c’est le directeur qui a représenté l’école,

M. Guinot. C’était très bien qu’il soit amené à en parler à des étudiants, mais il m’a expliqué

qu’il n’en avait parlé qu’à des étudiants qui avaient pris une option particulière, et j’ai trouvé

cela dommage, parce que je pense que tout le monde pourrait être intéressé à l’IUFM par ce

genre de projet, surtout et justement parce que nous sommes enclavés dans des zones très

rurales. »

Et s’il faut bien compter sur les jeunes, c’est parce que les anciens modifient leurs

pratiques très lentement…ou ne les modifient que très sommairement une fois sortis de

l’école. Si le décloisonnement des cursus ordinaires et spécialisés ne se fait pas encore dans

les IUFM de France, la frontière est d’autant plus marquée au fer rouge dans les esprits des

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enseignants avec quelques années voire quelques décennies d’expérience, qui bien souvent

ont des lacunes dans l’un ou l’autre domaine et comptent sur leur vécu pour faire face à des

situations inédites :

N. HENO : « Quand je suis arrivée dans le primaire, j’ai tout de suite fait une spécialisation

pour le handicap intellectuel. Je n’y connais donc pas vraiment la classe ordinaire. J’étais la

seule à avoir une formation spécialisée à l’école d’Angoulins. ».

N. BRUINAUD : « Je n’ai pas de formation spécifique pour les enfants à besoins spécifiques.

J’ai fait l’IUFM de façon tout à fait ordinaire. Je crois que la prise en charge se fait aussi en

fonction de notre expérience. L’on s’aperçoit de plus en plus que l’on a affaire dans nos

classes à des enfants en difficulté, quelle qu’elle soit, ce n’est pas forcément d’ordre scolaire.

Nous avons beaucoup de chance parce que notre psychologue scolaire qui a son bureau à

l’école. Lorsque nous avons la moindre difficulté, il y a quelqu’un sur qui l’on peut

s’appuyer. »

N. BRUINAUD mentionne ici la psychologue de l’école qui lui fournit les éléments

nécessaires pour pouvoir comprendre la situation de certains de ces élèves. Outre

l’introduction qu’offre ce témoignage à la quatrième partie de cette étude basée sur la

coopération entre acteurs éducatifs, il est surtout l’illustration du conseil suivant : un système

inclusif se base sur la formation continue des enseignants exerçant depuis longtemps qui

doivent perpétuellement remettre en cause leurs pratiques et la vision de leur métier. Bien

souvent comme nous le verrons ensuite, ce sont des collaborateurs externes qui viennent

apporter un angle nouveau aux méthodes pédagogiques du corps enseignant, comme c’est le

cas dans l’établissement de N. ROSSI. Les sources d’informations consultées doivent alors

être caractérisées par leur régularité, leur exhaustivité et leur proximité pour une formation

« tout au long de la vie » de l’enseignant.

N. ROSSI : « Nous travaillons aussi avec l'Institut Psychiatrique parce que nous avons de

plus en plus de jeunes ayant des troubles psychologiques. Ils nous offrent des formations qui

sensibilisent nos professeurs. Nous suivons également des formations face au suicide pour

détecter les signes annonciateurs. »

◘ La plus-value Comenius : l’échange de pratiques, le maître-

mot

S’il est un apport des projets Comenius sur lequel les personnes interrogées sont

unanimes, c’est bien l’échange de pratiques qu’ils occasionnent. A travers beaucoup de

thèmes abordés jusqu’ici dans cette étude, l’observation, la discussion et la réflexion entre

acteurs de l’éducation sont les phénomènes qui de loin ont le plus nourri le débat sur les

meilleures méthodes pédagogiques européennes. Il en est ainsi des ressources matérielles et

humaines et donc bien sûr de budget ; des contenus, des supports et des évaluations des

enseignements, de l’organisation des salles de classes ; de la relation enseignants-élèves et de

la manière de répondre aux différents besoins spécifiques ; de la conception même des

besoins spécifiques et de la tolérance, du vivre-ensemble.

Echanger diverses pratiques agréées au niveau national et des documents de travail,

échanger de manière plus informelle autour des moments plus conviviaux offerts par le projet,

sont autant d’opportunités de prendre du recul sur son propre travail et sa conception du

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métier et d’enrichir cette vision par comparaison avec ses homologues européens. Sans

compter que l’apport des projets Comenius n’est pas seulement didactique mais également

linguistique, culturel, humain, et que bien souvent il se diffuse à tout l’établissement

concerné. E. HUE nous explique comment ses collègues européens et elle-même ont élaboré,

expérimenté et diffusé ensemble les méthodes de la « pédagogie coopérative » à la base de

leur projet.

E. HUE : « Au sein de notre projet de « pédagogie coopérative », nous profitons de

l’enrichissement culturel, pédagogique, humain lors de chaque meeting réunissant les

participants ; nous avons là une occasion de formation tout au long de la vie. […] Nous

avons mis en place des séances basées sur les techniques de pédagogie coopérative et nous

avons fait connaître à nos collègues dans les écoles la teneur de notre projet. Nous sommes

sept pays partenaires et nous sommes tous impliqués dans cette recherche commune :

comment améliorer les apprentissages grâce aux techniques et méthodes de la « cooperative

learning » ? Nous avons proposé à nos élèves dans les sept pays les mêmes bases et

techniques de la « cooperative learning » ; nous en sommes à échanger nos séances, et nous y

arrivons malgré la barrière de la langue commune (l’anglais) pas toujours bien maitrisée

surtout en ce qui concerne le jargon pédagogique. Mais les professeurs impliqués ont

amélioré leur pratique de la langue, ce qui leur permet d’accéder aux recherches dans cette

langue. »

Adopter l’éthique de l’éducation inclusive

Aussi exhaustive et régulière soit la formation initiale et continue dispensée tout au

long de la vie aux éducateurs, ses effets demeurent limités si l’enseignant n’a pas intégré les

valeurs de l’éducation inclusive à propager chez ses collègues et surtout chez ses élèves.

S’imprégner d’une (nouvelle) philosophie de l’éducation nécessite des principes et des

manières de les mettre en pratique au quotidien dans la classe. Il s’agit tout d’abord de la

concevoir comme un ensemble diversifié, une dynamique hétérogène d’autant plus riche en

opportunités de par ses différences, et non comme une somme de problèmes. Croire en le

potentiel de chaque élève, élaborer des pratiques qui les mettent tous en valeur et engendrent

un processus d’apprentissage égalitaire sont les bases d’un système inclusif. Cela implique le

bon diagnostic des capacités et des faiblesses des élèves à besoins spécifiques comme nous

l’avons évoqué précédemment, et certains profils demandent bien entendus plus d’attention

que d’autres.

Ainsi N. HENO et N. BRUINAUD nous parlent des enfants du voyage. Outre les

difficultés culturelles auxquelles se heurtent les enseignants devant n’importe quelle

population migrante, la nomadité de ces enfants pose problème pour assurer la continuité de

l’enseignement parce qu’ils ont bien souvent de grandes lacunes, sont donc plus âgés que

leurs camarades de la classe, ont parfois des comportements difficiles et souffrent

d’absentéisme. La prise en charge de ces enfants s’avère donc délicate, particulièrement

lorsqu’il s’agit de leur orientation. Les enseignantes ont toutes deux vu l’intégration d’enfants

du voyage dans les CLIS de leur établissement et, tandis que ce placement semblait quelque

peu anarchique et « faute de mieux » dans celui de N. HENO, il était mûrement réfléchi par

l’équipe pédagogique dont fait partie N. BRUINAUD pour que l’apprentissage de tous se

déroule au mieux, indistinctement de leur origine sociale.

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N. HENO : « Nous avons mis en place des structures pour les gens du voyage. C’est un

problème à part parce qu’ils sont beaucoup absents. Ils n’ont pas les mêmes références que

nous. On les mettait en CLIS parce qu’on n’avait pas de solutions, parce que parfois la CLIS

c’était un peu la classe « poubelle ». Ils étaient en difficulté, ils étaient parfois violent, ils ne

savaient pas lire… J’en avais beaucoup qui n’étaient pas déficients mais on ne savait plus

quoi en faire. »

N. BRUINAUD : « Lorsque l’on parlait du handicap dans le projet, on ne visait pas

seulement la CLIS mais aussi les élèves en grande difficulté. Nous avons des enfants du

voyage et ce sont des enfants qui ont des difficultés scolaires, qui ont souvent un ou deux ans

de retard, qui sont intégrés, quelquefois en CLIS pour certaines matières et dans les classes

ordinaires pour l’apprentissage de la lecture ou des mathématiques. […] Quand on les

intègre, c’est donc ponctuel. Nous ne les plaçons pas en CLIS parce que ce sont des enfants

du voyage, cela ne fonctionne pas comme ça. Ce n’est pas du tout notre objectif, on ne

s’occupe pas de leur origine, c’est vraiment pour aider les enfants dans leur apprentissage. »

◘ La plus-value Comenius : une émulation de principes

inclusifs

A travers l’échange de pratiques et d’idées, les professionnels de l’enseignement

peuvent effectivement amorcer la réflexion sur leurs méthodes pédagogiques. Si quelques

bonnes techniques et traits d’inventivité dans les méthodes pédagogiques surgissent çà-et-là

dans l’esprit des collègues européens, les rencontres sporadiques d’une semaine dans le cadre

des projets s’avèrent bien souvent, pourtant, trop courtes pour instaurer durablement des

pratiques différentes dans les établissements qui seraient inspirées de leurs pairs européens.

Les projets Comenius constituent donc l’étincelle qui permet de réfléchir sur l’enrichissement

de l’enseignement de chacun ; il s’agit moins d’une refonte des pratiques que d’une ouverture

d’esprit, d’un changement d’attitude subreptice, comme l’explique P. BELSEUR qui demeure

prudent sur les effets de long terme dans l’esprit de ses collègues.

P. BELSEUR : « Les échos sont surtout venus des professionnels et des chefs de service qui

m’ont fait savoir que pour certains d’entre eux, il y avait eu un changement dans leur attitude

et leur comportement ; à savoir si cela va être vrai sur le long terme. […] Je ne peux pas dire

que les professionnels aient changé radicalement. Ils se sont aperçus dans les ateliers mis en

place qu’ils permettaient à des jeunes d’améliorer leur comportement, la relation avec

l’autre. Cela ne va pas changer leurs habitudes et pratiques professionnelles du tout au tout.

Par contre, c’est la réflexion qu’ils peuvent avoir autour de cela qui leur permet de

développer des concepts, d’intégrer des notions particulières dans leurs pratiques

professionnelles qu’ils n’avaient pas forcément jusque là. C’est parce qu’ils ont vécu cela

dans le cadre du projet qu’ils pourront le mettre en place demain. »

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IV) Coopérer

Si le pilier de l’éducation inclusive est bel et bien l’enseignant, il est essentiel de

comprendre que celui-ci n’est que le vecteur d’une démarche pédagogique concertée d’après

une consultation très régulière de l’ensemble des acteurs éducatifs qui gravitent autour de

l’enfant à besoins spécifiques. Tous se doivent d’adopter le même comportement basé sur un

socle de valeurs inclusives pour impulser à l’établissement un processus d’inspiration

mutuelle pour une vision objective des difficultés de l’enfant et une prise en charge efficiente.

Coopérer pour une action concertée et une culture scolaire

commune

Au sein de l’équipe pédagogique

Il s’agit de coopérer entre enseignants des matières du tronc commun, enseignants

professionnels : en s’observant les uns les autres ; en prodiguant et en recevant des conseils

tout en respectant la vision du métier de ses homologues et en acceptant la critique ; en

visitant et en faisant visiter les classes ; en suivant des formations ensemble.

Il s’agit aussi bien sûr de coopérer avec les enseignants spécialisés désormais présents

ponctuellement dans les établissements à titre de personnel-ressource : en s’inspirant de leur

expertise ; en les tutorant et les assistant selon leur rôle avec les élèves ; en mêlant les élèves

ordinaires et ceux à besoins plus particuliers le plus souvent possible.

N. ROSSI : « La force de nos établissements c'est que sur le même site, nous sommes des

professeurs issus d'un cursus classique de l'Éducation Nationale mais qui sont habitués à ce

genre de public. Nous travaillons avec des éducateurs spécialisés qui sont également sur

place, et avec les parents quand ils sont là. Nous sommes donc vraiment dans l'encadrement

maximum. C'est-à-dire que durant la journée, le jeune est au lycée et nous avons des

conditions de travail qui font que nous pouvons gérer au cas par cas (10 élèves par classe).

Tandis que le soir, ils se retrouvent dans un foyer, dans un internat où ils sont suivis par

d'autres éducateurs spécialisés. […] Lorsque l'on a des jeunes avec des troubles

psychologiques, les jeunes ont besoin d'un suivi, d'un cadre très fort, il faut qu'ils soient

encadrés la journée et le soir. Tout le monde se connait ici, nous sommes une petite équipe

donc il y a une grosse communication entre tout le personnel. Cela facilite l'encadrement du

jeune à tout moment de la journée.

J. ANDREA : « Le collège de L’Archet à Nice a une longue tradition d’accueil des élèves

handicapés (vingt ans). L’enseignement pour ces élèves est assuré par un directeur

coordonateur titulaire du DDEEAS, cinq professeurs des écoles spécialisés titulaires du

CAPA-SH option D, deux AVS-Sco rattachés à la structure et à la vie scolaire, des

professeurs du collège qui enseignent en intégration collective (classe d’UPI en entier) en

EPS, Education musicale et SVT. De plus, certains élèves sont intégrés individuellement dans

les classes de collège dans le cadre d’un contrat d’intégration. Une quinzaine de professeurs

du collège interviennent dans ce dispositif dans sept champs disciplinaires différents. Depuis

5 ans, certains professeurs ont suivi une formation spécialisée et sont titulaires du 2CA-SH (7

professeurs). »

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Enfin, la coopération doit inclure les autres professionnels de l’établissement qui

interviennent dans le développement scolaire et personnel de l’enfant comme les

psychologues et les assistantes sociales. Les RASED (réseaux d’aides spécialisées pour les

élèves en difficulté) tels qu’en parle E. HUE, créés en 1990 et actuellement menacés de

disparaitre dans le cadre des réformes actuelles au grand dam des professionnels, incarnent

bien cette coopération institutionnalisée lorsqu’il s’agit d’enfants à besoins spécifiques : ils

comportent en effet des maîtres E (centrés sur l’apprentissage) et G (sur l’adaptation à l’école)

ainsi que des psychologues scolaires. Il est primordial de connaître l’expertise de ces

spécialistes pour se faire une idée précise des troubles médicaux et psychologiques de

l’enfant, comme l’explique N. HENO qui regrette quelque peu que ces secteurs soient encore

trop cloisonnés en France. Coopérer sous-entend donc communiquer très régulièrement dans

une ambiance conviviale et respectueuse pour assurer au mieux le suivi de tous les enfants de

manière continue et effective.

E. HUE : « Voilà comment cela se passe dans un RASED en France : les enfants en difficulté

sont dans les classes « ordinaires », puis sont repérés par les maitres qui mettent en place un

soutien, une aide en groupe ou individuelle ; quand les maitres ne viennent pas à bout des

difficultés, ils font appel à des maitres spécialisés (demandes d’aides). Puis les maitres E, G

ou le psychologue décident avec le maitre quelle orientation donner à l’aide concernant

chaque enfant, et mettent en place une remédiation pédagogique ou rééducative ou un suivi

psychologique. »

N. HENO : « Les terrains de la médecine, de la psychologie sont tout de même des chasses

gardées là où je travaille. Nous nous entendons très bien et nous échangeons énormément de

choses, il n’empêche qu’il y a dans les dossiers des parties auxquelles je n’ai pas accès. Ce

n’est pas grave parce que nous travaillons réellement en équipe et elle fonctionne très bien, je

sais à peu près ce qu’il se passe, mais c’est vrai qu’il y a tout de même un secret médical en

France auquel on ne touche pas. »

◘ La plus-value Comenius : accroitre la coopération dans

l’équipe éducative

Si donc la coopération semble être aux enseignants interrogés un élément fondamental

de la vie éducative de leur établissement, le projet Comenius a été pour eux l’occasion

d’approfondir ce travail en équipe, de lui donner un nouvel essor, dans le prolongement

naturel de la dynamique initiée au quotidien comme au collège supervisé par P. NICOLON.

E. HUE explique quant à elle que c’est cette implication commune dans la réussite de leurs

élèves que ses collègues et elle-même qui a influencé la sélection du thème du projet.

P. NICOLON : « Un peu toutes les disciplines ont été mobilisées pour le projet. C’est un petit

établissement (25 profs, 282 élèves) donc ici, à chaque fois que l’on monte une action, elle est

pluridisciplinaire et elle concerne tout le monde, comme l’UPI qui a été créé cette année :

pour accueillir des élèves handicapés, il faut que tout le monde s’y mette et tous les

professeurs ont joué le jeu. Je pense qu’il n’y a pas de groupes d’enseignants qui font des

petits projets dans leur coin, c’est le fait d’une équipe entière. »

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E. HUE : « Nous intervenons selon un calendrier défini dans neuf écoles différentes, de gros

systèmes scolaires de 200 à 400 élèves ; nous ne sommes pas en nombre suffisant pour

répondre à la demande (sans compter la politique ministérielle actuelle pour réduire nos

effectifs) mais nous avons établi des priorités en accord avec notre hiérarchie. Nous sommes

impliqués dans la réussite de nos élèves, c’est pourquoi nous avons choisi le thème de la

« pédagogie coopérative » qui nous parait capable d’apporter des solutions à certains

problèmes.»

Entre les établissements

Elargir toujours plus le cercle éducatif autour de l’enseignant sous-tend non seulement

la coopération au sein de l’établissement mais également entre établissements voisins dans

une même région. Créer un réseau de ressources éducatives en échangeant des informations

au niveau local, ouvrir son propre environnement de travail à celui des autres, voire échanger

des professionnels ou des élèves pour un temps donné comme certains établissements le font

parfois : telle est la clé d’un pôle inclusif régional dont tous les moyens ont été mis en

commun pour disséminer les bénéfices de l’intégration de telles valeurs.

Ceci est particulièrement vrai depuis la loi française de 2005 en matière d’inclusion

des élèves handicapés dans la mesure où ceux-ci ont été transférés des établissements

spécialisés aux structures ordinaires. La collaboration ponctuelle entre les deux cursus est

donc devenue intensive et régulière dans la mesure où les établissements comme celui de P.

BELSEUR sont devenus des centres-ressources comme nous l’avons observé précédemment,

et les enseignants spécialisés qui n’intervenaient que pour des expertises ou des

enseignements sporadiques viennent désormais très régulièrement encadrer ces jeunes dans

leur établissement d’accueil.

P. BELSEUR : « L’établissement accueille des jeunes de 0 à 20 ans mais nous ne sommes pas

un établissement d’enseignement. Nous sommes un Institut médico-social. Aujourd’hui,

surtout depuis la loi de 2005, l’enseignement est dispensé par l’Education Nationale dans les

établissements d’enseignement. La dernière classe au sein de l’Institut a fermé au début des

années 2000. Aujourd’hui, surtout depuis la loi de 2005, tous les enfants que l’on

accompagne sont scolarisés en milieu ordinaire. Ce sont des écoles, collèges et lycées

d’Angers et du département, la majorité des jeunes que l’on accompagne sont issus du

département du Maine-et-Loire même si certains viennent ici pour des raisons liées à

l’Internat et l’aspect éducatif et rééducatif qu’il y a autour. […] L’Institut Montéclair est

devenu de plus en plus un centre de ressources dans le champ de la déficience visuelle. »

◘ La plus-value Comenius : créer des réseaux, diffuser les

bénéfices

L’on perçoit aisément les avantages de la dissémination des apports du projet

Comenius aux établissements alentour. La plupart des témoignages s’accordent sur le fait

qu’il serait dommage de limiter les bénéfices retirés de cette expérience européenne aux seuls

murs de leur établissement et sont prêts à les faire partager à leur commune, voire leur région

autant que possible. Parfois, la diffusion s’effectue même naturellement de par la différence

de niveau scolaire des partenaires européens qui souhaiteraient rencontrer des classes

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françaises de leur âge, et vice-versa, comme c’est le cas pour le projet de N. BRUINAUD qui

s’inscrit dans une véritable politique de la commune pour unir les forces des structures

éducatives et mettre en valeur une localité rurale. Parfois également, les établissements

voisins font la démarche eux-mêmes pour profiter de la dynamique du projet, voire en initier à

leur tour, comme ceux qui ont été inspirés par le projet de P. ZANON.

N. BRUINAUD : « Même si officiellement les collègues de maternelles ne sont pas inclus

dans le projet, nous nous sommes dit que ce ne serait peut-être pas mal qu’il y ait un échange

avec eux aussi puisque notre collègue d’Irlande du Nord a une maternelle ; donc un atelier de

danse avec les Suédois a été organisé à l’école maternelle. Concernant les collègues de

Suède, ce sont plutôt des enseignants du secondaire donc nous avons fait appel au collège de

Confolens dans lequel il y aura peut-être un accueil. A la rentrée, je vais voir le proviseur du

lycée pour demander s’il serait d’accord pour accepter les collègues partenaires dans une

classe et peut-être avoir un échange avec les collègues français intéressés. C’est un peu notre

politique ici à Confolens. Nous avons un gros projet musical pour l’année prochaine et l’on

travaille beaucoup en partenariat avec le collège. Si l’on peut aussi associer le lycée sur ce

projet…nous trouvons que c’est important. »

P. BELSEUR : « L’implication supplémentaire envisageable, ce serait l’action du directeur

de l’établissement vis-à-vis de ses collègues pour les lier au réseau ENVITER, où depuis cette

année nous avons réussi à intégrer deux partenaires français (un Centre d’adaptation

professionnelle à Villejuif et le Centre régional pour déficients visuels de Clermont-Ferrand).

Aujourd’hui nous sommes donc trois partenaires français avec la volonté de travailler

ensemble sur les projets européens. Le réseau va nous permettre de travailler en commun et

de déposer des projets avec d’autres pays. »

P. NICOLON : « On a senti comme un intéressement particulier des établissements voisins

qui ont sollicité Patrizia ZANON pour qu’elle explique la manière de s’y prendre pour monter

un projet Comenius. Les trois établissements du bassin d’Albret ont déposé un projet. »

Donner un rôle prépondérant aux familles

Valoriser l’éducation informelle Faire contribuer tous les acteurs de la vie éducative au développement de l’enfant

implique bien sûr sa famille et en particulier les personnes responsables de son éducation, le

plus souvent les parents. Le milieu socioculturel dans lequel évolue l’élève en-dehors de

l’école, les valeurs familiales qu’on lui a inculqué, l’influence de ses amis, de son quartier,

des associations qu’il fréquente, de la religion, des loisirs, des sports qu’il pratique, en bref

l’éducation informelle est une part primordiale du développement de l’enfant que les

pédagogues ne peuvent négliger et se doivent de mettre en valeur dans un système inclusif,

car elle constitue le prolongement de l’éducation formelle prodiguée à l’école, et vice-versa.

C’est pourquoi les familles doivent être impliquées autant que faire se peut dans la vie

quotidienne de leur progéniture au sein de l’école et la coopération avec elles passe par une

communication très régulière : il s’agit de créer des canaux d’information bilatéraux de sorte

que l’équipe éducative soit tenue informée de la situation de l’enfant à la maison et que les

parents soient au courant de ce qui se passe dans la vie de leur enfant dans les murs de

l’établissement. Lorsqu’il s’agit d’élèves à besoins spécifiques, comme les enfants déficients

et handicapés dont s’occupe N. HENO, le dialogue avec les parents est institutionnalisé de

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longue date puisque la prise en charge des élèves s’opère à leur initiative et toujours avec leur

accord, qu’il s’agisse d’orientation ou de suivi. Pour les profils d’élèves venant d’un milieu

défavorisé, il s’agit davantage d’inciter les parents à s’intéresser à la vie scolaire de leur

enfant et de valoriser ces familles, d’établir une relation de confiance réciproque puisque bien

souvent, elles ne sont sollicitées que pour parler des difficultés de leur enfant.

N. HENO : « Je fais partie d’une équipe pluridisciplinaire qui étudie des dossiers. Ils sont

montés par les écoles, ce sont les parents qui sont décideurs. Nous demandons quand il y a

une requête d’orientation ou d’aménagement à ce que l’école fasse partie du projet, et au-

delà de cela, l’enseignant référent de secteur. Ces enseignants-là sont sur le terrain, assurent

le suivi dans les écoles, rencontrent les parents…personnellement, je le fais très rarement

mais j’ai un lien avec eux et j’ai un lien avec l’école. Toute l’équipe travaille sur les dossiers

pour voir si la demande est recevable et ce que l’on peut proposer. Une fois que nous avons

donné notre avis, le dossier est transmis à la CDAPH (Commission des Droits et de

l’Autonomie des Personnes Handicapées), une commission qui va prendre les décisions. »

N. BRUINAUD : « Le placement en CLIS des enfants du voyage est une décision du Conseil

des Maîtres en accord avec les parents. C’est à chaque fois quelque chose que l’on décide

ensemble parce que c’est important que la famille soit concernée par le travail de l’enfant,

surtout avec ces familles qui ont un rapport à l’école qui n’est pas toujours évident, donc on

les implique beaucoup. Il y a beaucoup d’équipes éducatives qui sont faites pour discuter

avec les parents de comment on fait travailler l’enfant et comment il évolue au sein de

l’école. »

◘ La plus-value Comenius : impliquer les parents dans un

projet valorisant

Les parents étant ordinairement très impliqués dans la vie scolaire de l’élève à besoins

spécifiques, le projet Comenius constitue pour eux une formidable opportunité donnée à leur

enfant de voyager et de s’ouvrir à l’Europe, ce qui bien souvent s’est avéré impossible tout le

long de leur éducation formelle et informelle par manque d’initiative, de moyens ou d’estime

de soi. Beaucoup de témoignages évoquent le fait que ces enfants n’avaient jamais voyagé et

ne voyageront sûrement plus que très peu dans leur vie future. C’est ainsi que les élèves mais

aussi leurs familles se sentent impliqués dans un projet valorisant qui individualise pour une

fois les enfants non pas pour leur stigmate, mais dans le cadre d’une expérience unique et

positive. Les familles s’investissent même volontiers pour aider à concrétiser le projet

Comenius dans beaucoup de cas et la coopération entre enseignants et parents s’avère plus

vive que jamais. De plus, l’établissement bénéficie d’une bonne publicité auprès des futurs

parents d’élèves qui doivent choisir une structure où scolariser leur enfant.

P. NICOLON : « Un voyage en Turquie pour un élève de SEGPA dont les parents ne peuvent

pas payer la demi-pension, c’est un évènement non seulement pour lui mais aussi pour sa

famille. Les parents nous ont transmis de la reconnaissance, de la grande joie pendant tout le

voyage et l’absence de leur enfant, c’était une grande excitation, on ne les a jamais vu autant

au collège. Ce sont les parents que nous n’arrivons pas à avoir tout au long de l’année ! Et

pour cause : on les convoque le plus souvent pour parler des difficultés de leur enfant. Donc

il y a comme un « ras-le-bol » qui fait qu’ils n’ont plus envie de venir au collège et on ne les

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voit jamais. Depuis que ce projet a été mis en place, on a vu les parents qui étaient à chaque

fois présents et très impliqués dans ce projet. […] Nous n’avons pas hésité à leur demander

de l’aide, nous avons voulu les faire participer jusqu’au bout, y compris dans les mobilités.

Leur association « La Buissonnière » avait été inscrite dans le projet Comenius qui a été

accepté. C’est la présidente de cette association qui est partie accompagner les élèves en

République Tchèque. »

N. ROSSI : « Les familles réagissent très bien. Elles ont assisté à une réunion d'information

avant, nous leur avons présenté un diaporama, des photos de la ville, l'organisation du

voyage, son contenu, les contacts... Les parents adhèrent totalement au projet et ont été

prévenus à l'avance car quand les parents viennent aux portes ouvertes, nous leur parlons

déjà des projets européens. »

Dans le cas du projet de P. BELSEUR spécifiquement centré sur les déficients visuels,

l’expérience a beaucoup intéressé les parents qui étaient heureux qu’un projet de cet

envergure soit centré sur les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien avec leurs enfants, y

compris à la maison. N. HENO, qui a également axé son projet sur la scolarité des enfants à

besoins spécifiques, observe que l’impact sur la communauté des parents a même été

beaucoup plus large puisque les familles des enfants ordinaires ont gagné en tolérance, bel

exemple de l’impact conjugué d’une politique inclusive et d’un projet Comenius. J. ANDREA

envisage même un projet multilatéral sur le thème de la coopération avec les parents.

P. BELSEUR : « Il y a quelques jours, mes collègues ont reçu les parents des jeunes

impliqués dans ce projet pour leur en expliquer tout l’intérêt, ce qu’ils allaient y faire, qui ils

allaient rencontrer pendant cette semaine-là. Les parents sont très intéressés par le thème de

l’expression corporelle car elle pose problème chez les non-voyants. Je ne vais pas dire que

le projet européen va arranger toutes ces questions mais cela peut permettre aux jeunes de se

sentir beaucoup plus à l’aise, y compris dans la relation à l’autre ; et pour les parents, c’est

important car cela concerne le quotidien. »

N. HENO : « Cela a apporté énormément dans l’acceptation du handicap et des déficiences

en tous genres auprès des parents des élèves ordinaires. Cela a été un très grand pas : d’une

part auprès des enseignants qui n’avaient pas participé au projet, ils ont pris la mesure de ce

que c’était d’inclure des enfants différents. La commune d’Angoulins a bien fait les choses,

cela a eu un écho très large, et cela a vraiment permis d’autre part aux parents qui disent

quelquefois « je n’ai pas envie que mon enfant soit en classe avec un handicapé, cela va

retarder le niveau, les acquis… » de se dire que cet enfant avait les mêmes droits que tous les

autres. Parler de ce projet dans les classes a montré que la différence devait être intégrée et

que c’était bien que l’on soit tous différents… Du coup, les parents étaient porteurs du projet,

l’association de parents a également pris en charge financièrement le projet. »

J. ANDREA : Sur le thème du partenariat des familles dans la construction du projet de vie de

leur enfant, nous envisageons de poursuivre cette étude en engageant une recherche-action

avec l’Université de Nice et l’INS-HEA de Suresnes. Nous pourrions dès février 2011, faire

acte de candidature à un projet multilatéral COMENIUS avec d’autres établissements

européens et des associations de parents afin de pouvoir travailler et développer ce thème de

recherche.

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V) Restructurer l’établissement

Cette étude a déjà évoqué les grandes lignes pédagogiques de l’éducation inclusive et

la manière dont l’enseignant et ses collègues peuvent appliquer ces principes au quotidien

dans leur travail. Il faut désormais rappeler que leur environnement de travail, à savoir

l’établissement qui les accueille, joue un rôle essentiel de supervision en apportant sa pierre à

l’édifice d’un système plus inclusif.

Modifier l’architecture organisationnelle pour promouvoir

l’éducation inclusive

Cadrer les changements opérés en ce sens dans sa propre enceinte de vie scolaire,

poser un regard bienveillant sur les acteurs de cette transformation, leur fournir les moyens

nécessaires, voici la mission de l’établissement inclusif qui commence par créer un

environnement adapté à tous les besoins. Cette mesure concerne bien sûr les infrastructures

pour enfants déficients ou handicapés par exemple, dont P. BELSEUR nous décrit toutes les

subtilités :

P. BELSEUR : « C’est le jeune avec l’aide de nos établissements qui s’adapte en milieu

ordinaire, mais la loi de 2005 précise que les établissements doivent être rendus accessibles.

Un établissement d’enseignement, c’est aussi un lieu public. Il y a une différence entre

l’accessibilité des bâtis (salles de classe…) et l’accessibilité de l’enseignement, des

manuels…où là il y a besoin d’intervention parce que l’Education Nationale n’a pas

aujourd’hui les compétences pour le faire. Par exemple un document en braille demande de

l’anticipation, que ce soit pour les examens, la documentation donnée par les enseignants ou

les manuels. »

Nous ne reviendrons pas sur l’adaptation des programmes, des évaluations et des

supports pour élèves à besoins spécifiques, sujet délicat, mais il faut s’attarder un moment sur

le coût qu’elle engendre, problématique qui relève pleinement du ressort de l’établissement et

à laquelle il doit s’intéresser sérieusement. L’inclusion contrairement aux idées reçues ne

coûte pas si cher si l’on utilise l’éventail de ressources déjà disponible et si l’on fait preuve

d’un minimum d’inventivité, comme l’initiative d’installer des salles de classe en rez-de-

chaussée pour les handicapés moteurs. Il semble nécessaire de plus de rationaliser et surveiller

l’allocation des ressources supplémentaires pour ces élèves de sorte qu’elles soient

correctement utilisées, dans leur intérêt seul.

Enfin, il faut privilégier une vision de long terme et à plus grande échelle : l’inclusion

en milieu ordinaire est moins onéreuse et mieux vaut pour la société prendre en charge un

élève à besoins spécifiques qu’un adulte qui n’aurait pas été correctement éduqué à être

autonome dans la vie quotidienne, à trouver un emploi, etc. Décloisonner et assister à moindre

coût : telle semble être la politique actuelle nationale en France qui peut s’avérer en théorie

excellente si elle est mise en pratique de manière ingénieuse, ce qui ne semble pas être l’avis

de toutes les personnes interrogées, mais telle n’est pas la question dans cette étude.

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◘ La plus-value Comenius : s’inspirer de la politique des

établissements partenaires

Les visites effectuées dans le cadre des partenariats Comenius semblent donc être les

moments idéaux pour observer la façon dont les établissements sont dirigés et agencés, et

quelles mesures sont prises pour faciliter l’intégration des élèves à besoins spécifiques.

Beaucoup d’enseignants commentent les ressources matérielles et humaines utilisées, envient

ou déplorent, réfléchissent en tous les cas à la meilleure manière de faire travailler tout le

monde dans le meilleur environnement possible. Et ceci doit être également valable pour les

enseignants dans un système inclusif qui devrait être conçu en pensant à leur bien-être sur leur

lieu d’activité, comme l’ont fait les Suédois selon N.BRUINAUD, favorablement

impressionnée :

N. BRUINAUD : « En Suède, il était très surprenant de voir que toutes les tables étaient très

hautes, même pour les petits. Quand j’ai posé la question, on m’a répondu que c’était pour

éviter aux maîtresses de se faire mal au dos. Chez nous, les tables sont toutes petites et la

maîtresse est toujours penchée ou accroupie. »

Adopter et diffuser une politique de la diversité

Si l’allocation de moyens conditionnant les ressources matérielles et humaines pour

l’encadrement de la scolarité dépend largement de structures administratives supérieures à

l’établissement, celui-ci peut en tous les cas adopter indépendamment des volontés politiques

externes une ligne de conduite éthique basée sur les principes de l’éducation inclusive. La

démarche éducative des établissements français est institutionnalisée depuis la loi

d’orientation du 10 juillet 1989 par l’instauration d’un projet d’établissement. Celui-ci définit

les modalités de mise en œuvre des objectifs et des programmes nationaux ainsi que du projet

académique via le conseil pédagogique pour assurer l’adéquation entre des valeurs et des

actions. Ce projet se décline en plusieurs volets : la pédagogie bien sûr, l’orientation, la

citoyenneté, les TICE…et les mesures adoptées dans ces domaines seront évaluées par la

suite. Cette institution s’avère plus ou moins personnalisée selon le chef d’établissement et

son équipe et peut parfois se traduire par une véritable philosophie de l’établissement, comme

il en est question dans le lycée de N. ROSSI qui dépend de la Fondation d’Auteuil, fortement

imprégnée des valeurs catholiques. C’est cependant P. NICOLON, chef d’établissement en

collège rural, qui parle le mieux du projet qu’il orchestre.

N. ROSSI : « Nous les profs dépendons de l’Education Nationale et les autres sont sous la

coupe de la Fondation d’Auteuil. Il y a des valeurs. Si l’on vient travailler ici, on doit un

minimum respecter les fondements de la Fondation qui s’appuient sur l’Evangile (respecter

l’autre, accompagner…). Il y a une culture et même une démarche qualité là-dessus. Nous

demandons bien aux gens s’ils connaissent les piliers de la fondation. »

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P. NICOLON : « Etant en milieu rural, nous sommes isolés et éloignés des grands centres

culturels, nous avons donc dans notre projet d’établissement un axe important dans le

domaine de l’ouverture culturelle. Il y a un deuxième axe important qui est d’accompagner

les élèves pour une scolarité complète au collège. Les élèves qui sont en difficulté ont

tendance à ne pas terminer leur scolarité au collège, à partir avant, à quitter le système sans

diplôme ou sans entrer dans une formation. C’est aussi un axe important du projet

académique, ne laisser personne au bord du chemin. Le troisième axe : les orienter vers une

formation ambitieuse. Parce que ce qui caractérise aussi le public que nous accueillons, ce

sont les projets de formation de faible envergure. Quatrième axe : l’éducation à la

citoyenneté et l’ouverture aux autres. Nous accueillons un public très divers, au niveau des

difficultés, des handicaps, des suivis à l’extérieur. Cela justifie que l’on mette en place

l’éducation à la citoyenneté et que l’on développe chez les élèves le regard positif vis-à-vis de

la différence, d’où notre projet Comenius. »

◘ La plus-value Comenius : le volet européen du projet

d’établissement

Depuis 2008, le projet d’établissement doit aussi être axé sur la culture et l’ouverture à

l’international et, récemment également, sur la formation tout au long de la vie. Les projets

Comenius s’inscrivent donc parfaitement dans cette démarche de qualité de l’éducation pour

lui donner une impulsion européenne et en faire un projet exemplaire aux yeux des parents et

du reste de la communauté locale. Pour la plupart des personnes interrogées, ces projets sont

une vraie plus-value en matière de publicité pour la structure dans laquelle ils travaillent.

L’établissement gagne bien souvent en prestige et en crédibilité dans la région et les projets

prennent pleinement part à sa promotion, surtout lorsque les projets sont en parfaite

adéquation avec les valeurs de l’inclusion.

M. BOZEC : « Notre établissement a pu promouvoir son ouverture sur l’extérieur, sur

l’Europe avec un échange conséquent sur les problèmes de handicap et les méthodes

pédagogiques liées. Nos élèves handicapés ont été reconnus dans notre ville et l’établissement

a pu partager le plaisir de la création avec les habitants et les artistes. »

N. ROSSI : « On parle très souvent de l'Europe ici, cela fait partie du projet d'établissement.

Quand nous recevons les parents, nous mettons en avant la dimension européenne du lycée. »

P. NICOLON : « Cela participe au rayonnement du collège, c’est certain. Lorsque je vais

dans les écoles élémentaires pour présenter l’établissement, évidemment, quand je parle de

Comenius et des rencontres européennes que nous faisons, les parents sont particulièrement

attentifs, connaissent déjà, en ont entendu parler, l’ont vu dans la presse, ou l’un de leurs

enfants y a déjà participé ou risque d’être concerné dans les années à venir. C’est vraiment

une reconnaissance pour le collège. »

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Associer les partenaires locaux

Collaborer avec les acteurs de la vie locale renvoie à la logique de coopération

mentionnée précédemment, primordiale pour assurer la mise en pratique des valeurs de

l’inclusion et garantir un enseignement de qualité aux élèves, et surtout ceux à besoins

éducatifs spécifiques. Cependant le contact avec l’extérieur relève davantage des

administrateurs de l’établissement que de l’équipe éducative : ceux-ci assurent le relais entre

la vie scolaire et les collectivités locales, associations, familles…L’on sait désormais le rôle

que les parents ont à jouer dans l’éducation inclusive. Qu’en est-il des autres acteurs

externes ? Lors de la scolarité des enfants à besoins spécifiques, la plupart sont sollicités en

tant que béquilles éducatives, comme les professionnels qui prennent les élèves en stage, ou

psychologiques, comme les structures locales spécialisées et les associations dévouées à la

jeunesse, ainsi que nous l’explique N. ROSSI.

Il s’agit ici d’identifier les soutiens potentiels pour l’éducation, matériels, financiers ou

humains, du niveau national au local, du public au privé, des grandes structures

administratives aux petits communes, des multinationales aux commerces de proximité, des

associations aux médias et solliciter leurs services. Le but avoué étant que tout le tissu local

participe à l’amélioration du système éducatif et accroisse la visibilité de l’établissement à la

source du processus.

N. ROSSI : « Nous travaillons avec d'autres acteurs locaux que les entreprises qui accueillent

nos élèves. Comme beaucoup d'écoles, nous avons des problèmes d'addiction ; donc nous

avons des structures locales à Nantes comme « Triangle » qui gère l'addiction aux drogues si

nous la détectons chez certains jeunes. […] Lors de nos portes ouvertes, toute la journée du

samedi, le lycée est ouvert aux donateurs, parce que nous en avons beaucoup, et sous forme

de kermesse, nous exposons nos travaux. Tous ceux qui nous aident peuvent voir ce que l'on a

fait. »

◘ La plus-value Comenius : insuffler une dynamique

européenne régionale

Les projets Comenius rencontrent évidemment un franc succès lors de leur initiation

dans la mesure où ils correspondent à la volonté politique de la plupart des échelons publics

français, à savoir l’ouverture du monde de l’éducation sur l’Europe et l’organisation de

projets d’envergure transnationale avec les jeunes. Les responsables de communes et de

régions, interlocuteurs habitués des acteurs de l’Europe, encouragent donc vivement ces

expériences en fournissant leur soutien tout au long des deux années. Les médias locaux

servent en général systématiquement de support en publiant quelques articles sur les mobilités

sur un ton élogieux. Assurer la liaison dans ce cadre entre les acteurs locaux et les élèves

permet également à ces derniers de découvrir leur localité comme le fait le projet de D.

POULAT.

Sans conteste, le programme Comenius permet à de petites structures de valoriser leur

position dans le système éducatif de leur région et d’y associer tous ses acteurs dans une

optique de rayonnement local en matière de pédagogie. Parfois, le programme est même

l’occasion d’impulser un véritable débat politique sur l’inclusion au sein de la communauté

locale, comme à travers le projet de N. HENO, ou d’initier un partenariat européen de plus

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long terme et de plus grande envergure, comme le projet de jumelage de la commune où

travaille P. NICOLON.

N. BRUINAUD : « Le projet a été extrêmement bien perçu par la mairie. […] Madame

l’adjointe au Maire a voulu m’accompagner en réunion à Poitiers. Suite à cette réunion, elle

en a parlé à monsieur le Maire et au Conseil municipal qui ont bien voulu mettre à notre

disposition le comptable de la commune et le percepteur. Le projet demande donc une bonne

relation entre les enseignants et la municipalité. La mairie a accueilli les collègues étrangers

quand ils sont venus avec une petite cérémonie, une remise de cadeaux, un verre de l’amitié…

C’était très intéressant, très agréable de sentir que l’on est soutenus par la municipalité. […]

De plus le projet correspondait bien aux activités estivales de Confolens qui accueille un

festival folklorique tous les étés. »

N. HENO : « A partir de tout ce que nous avons pu ramener dans nos écoles, les écoles à

côté, dans le bourg, à partir de ce que l’on a échangé avec les parents, les associations, nous

avons pu faire savoir qu’il y avait des enfants à besoins particuliers dans cette ville et que

l’on pouvait faire des tas de choses avec eux, qu’ils étaient importants. […] Des articles sont

parus dans les journaux, on nous a interviewés, il y a eu un impact et il aurait pu être bien

plus important que la seule commune si l’on avait pu demander à d’autres écoles en France

de se regrouper. J’ai eu beaucoup de chance d’aborder ce projet dans une commune, une

école qui l’ont porté, y compris les deux fois où il a échoué. »

D. POULAT : « Notre projet a pour titre « fier de ma région, j’en deviens l’ambassadeur ».

Au travers des six thèmes développés, nous avons pu donner envie à des élèves qui peinent

scolairement de découvrir leur région, rédiger des articles, des commentaires de photos,

développer leur anglais pour pouvoir communiquer avec nos pays partenaires. »

N. ROSSI : « La Maison de l’Europe de Nantes nous aide si l’on a besoin de drapeaux, de

posters… Le Conseil régional nous met à disposition des intervenants. En octobre, nous

allons partir en Sicile donc une intervenante va venir parler aux jeunes pour leur exposer les

grandes lignes culturelles de la Sicile. Nous allons aussi faire cela avec les projets Leonardo

cette année, il faut qu’ils soient « briefés » sur le lieu où ils vont aller. »

P. NICOLON : « C’est un projet qui a associé un journaliste local qui à chaque retour a fait

un petit point sur l’avancée du projet, sur les élèves pour essayer d’avoir leur sentiment sur

ce qu’ils étaient en train de vivre. Ensuite, pour les autorités locales, je pense au maire et au

conseiller général, qui se sont bien associés au projet en étant disponibles à chaque fois que

l’on a accueilli nos partenaires européens. Le projet a débuté ici et ils sont venus à la

rencontre des Tchèques et des Turcs. Lors de la rencontre finale au mois de mai, toute

l’équipe du collège a été invitée à la mairie en présence du conseiller général avec une

réception. Les parents et leur association ont aussi été associés. La mairie a même espéré

conclure un jumelage avec la ville de l’un de nos partenaires. Le maire nous a proposé cette

idée et attend notre avis là-dessus. »

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Cérémonie d’accueil

Projet 2009 « Differente but equal » (N. BRUINAUD)

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Conclusion

Ainsi la problématique de départ était-elle axée sur la plus-value hypothétique du

programme Comenius pour les publics à besoins spécifiques dans les établissements porteurs

des projets. Il apparait dans un premier temps qu’il est difficile de cibler lesdits besoins

spécifiques et que les bénéfices apportés par les projets Comenius sont présentés par les

personnes interrogées de manière générale, à destination de tous les élèves qui peuvent

chacun à leur tour, à un moment de leur scolarité, présenter des difficultés d’apprentissage.

C’est bel et bien dans cette optique qu’il faut travailler dans un système idéalement inclusif.

Il s’agit comme observé précédemment d’adapter les contenus, les supports et les

évaluations à tous les besoins ainsi que l’assistance humaine et matérielle : pour cela, il

semble que les projets Comenius soient des supports de travail ludiques et accessibles à tous

et l’occasion pour les enseignants d’échanger des pratiques sur les moyens mis en place pour

adapter les programmes. Il s’agit également de considérer l’enfant dans la globalité de son

existence et de prêter attention à son développement personnel, professionnel, son psychisme

et son comportement, de favoriser son bien-être et son estime de soi : en cela, les projets

Comenius constituent le cadre idéal pour développer des qualités et compétences cruciales

chez l’enfant comme la confiance en soi, l’autonomie, l’esprit de groupe, la tolérance et

l’ouverture à l’Europe.

Pour parvenir à mettre en pratique ces mesures, il faut que la formation initiale et

continue des enseignants soit conforme aux valeurs de l’inclusion et intègre concrètement des

pratiques pédagogiques pour faire face à la diversité. Les projets Comenius sont

principalement vantés par les personnes interrogées comme le lieu d’un échange de méthodes

européennes d’enseignement et une fraternisation positive avec leurs homologues européens,

sans compter l’acquisition de compétences linguistiques, interculturelles, humaines.

L’enseignant n’étant pas seul pour répondre aux besoins spécifiques de ses élèves, une

coopération accrue basée sur la communication et la confiance est nécessaire entre tous les

acteurs éducatifs internes et externes à l’établissement, que les projets Comenius semblent

exacerber. L’établissement enfin, se doit de créer un cadre propice à la promotion et à la

diffusion des valeurs inclusives et les projets Comenius valorisent la dimension européenne

de la structure porteuse, lui donnant le crédit nécessaire pour prôner des principes tels que la

tolérance.

P. BELSEUR : « Je souhaite vraiment continuer à travailler sur les projets Comenius parce

que quand je vois l’enthousiasme qu’il y a autour, je me dis qu’il ne faut surtout pas s’arrêter

en si bon chemin parce qu’il y a d’autres thématiques à développer sur lesquelles les jeunes

pourraient travailler avec d’autres partenaires européens. »

N. BRUINAUD : Depuis que le projet est lancé, je n’arrête pas d’en parler à tout le monde et

de dire « allez-y, vous allez voir, c’est très intéressant, ça permet d’avoir du recul sur sa

formation, de voir comment les autres font… » ; je fais beaucoup de publicité pour Comenius

maintenant.

P. NICOLON et P. ZANON : « Nous ne pouvons qu’encourager à faire des projets, c’est ce

que l’on fait quand on va dans les établissements. Il faut être sacrément motivé mais c’est une

expérience unique. C’est beaucoup plus enrichissant qu’un simple voyage à l’étranger ou

même qu’un échange scolaire, cela n’a rien à voir. Quand on en a fait un, on n’a qu’une idée

en tête c’est d’en faire un autre. »

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Annexe 1 : liste des protagonistes et de leur projet

Entretiens

BELSEUR Philippe, Institut Montéclair (Mutualité française Anjou-Mayenne) à Angers

Projet de partenariat multilatéral “L’expression corporelle et musicale comme moyen

d’intégration sociale des personnes déficientes visuelles” (2009-2011)

Partenaires : Hongrie, Roumanie

Budget accordé par l’Agence française : 25 000 €

BRUINAUD Nathalie, Ecole élémentaire Pierre et Marie Curie à Confolens

Projet de partenariat multilatéral « Différents mais égaux » (2009-2011)

Partenaires : Irlande du Nord, Suède

Budget accordé par l’Agence française : 14 000 €

HENO Nadine, Ecole élémentaire Jean Moulin à Angoulins

Projet de partenariat multilatéral « Scolarisation des enfants à besoins particuliers » (2008-

2010)

Partenaires : Allemagne, Roumanie, Italie

Budget accordé par l’Agence française : 16 000 €

ROSSI Nicolas, Lycée professionnel BROTTIER (fondation d’Auteuil) à Bouguenais-les-

Couets

Projet de partenariat multilatéral « Fluvial and Seaside Influences in our European countries »

(2009-2011)

Partenaires : Allemagne, Italie, Finlande, République Tchèque

Budget accordé par l’Agence française : 18 000 €

ZANON Patrizia, Collège La Plaine à Lavardac

Projet de partenariat multilateral « Let’s play to go beyond the differences » (2008-2010)

Partenaires : Turquie, République Tchèque

Budget accordé par l’Agence française : 20 000 €

Témoignages par Internet

ANDREA Joël, Collège l’Archet à Nice

Projet de partenariat multilatéral « Stratégies éducatives pour une insertion adaptée » (2008-

2010)

Partenaires : Portugal, Italie

Budget accordé par l’Agence française : 20 000 €

BADUFLE Guillaume, Lycée polyvalent Henri Laurens à Saint Vallier

Projet de partenariat bilatéral « Découverte d’une culture à travers Ionesco et le théâtre »

(2009-2011)

Partenaire : Roumanie

Budget accordé par l’Agence française : 25 000 €

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BOZEC Maryse et WILTZ Emilie, Institut Médico-éducatif La Ravinière à Osny

Projet de partenariat multilatéral « Special artist through Europe » (2009-2011)

Partenaires : Espagne, Grèce, Pologne, Grande-Bretagne, Finlande, République Tchèque

Budget accordé par l’Agence française : 22 000 €

BRACQ Regis, Collège François Vincent Raspail à Carpentras

Projet de partenariat multilatéral « Together against violence » (2009)

Partenaires : Espagne, Italie, Bulgarie, Roumanie, République Tchèque, Malte

Budget accordé par l’Agence française : 25 000 €

HUE Evelyne, RASED Bois de Nèfles St Paul à St Paul (La Réunion)

Projet de partenariat multilatéral « Cooperative learning: I am proud to be a teacher but I am

even prouder to be a learner » (2009-2011)

Partenaires : Allemagne, Grèce, Italie, Espagne, Pologne, Grande-Bretagne

Budget accordé par l’Agence française : 18 000 €

KOVARSKI Caroline, Lycée Fresnel à Paris

Projet de partenariat multilatéral « OPtiminzing the Inclusive Classroom » (“OPTIC”) (2008-

2010)

Partenaires : Luxembourg, Slovénie, Irlande, Royaume-Uni, Suède, Bulgarie, Norvège

Budget accordé par l’Agence française : 16 000 €

POULAT Dominique, Collège Notre Dame du Bon Conseil à Oullins

Projet de partenariat multilatéral “Fier de ma région, j’en deviens l’ambassadeur” (2009-

2011)

Partenaires : Belgique, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, Grèce

Budget accordé par l’Agence française : 25 000 €

Merci à tous pour leur engagement dans les projets européens, leur disponibilité et leur

accueil chaleureux. Merci également à M. GUINOT, directeur de l’école de Confolens, ainsi

qu’à M. NICOLON, principal du collège de Lavardac pour m’avoir reçue.

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Annexe 2 : questionnaire-type pour les entretiens

A) Quotidien dans l’établissement

Etablissement

- Quelles sont les caractéristiques de votre établissement ?

o Taille, location (urbain/rural), ordinaire/professionnel/spécialisé…

o Tranche d’âge

o Types de cursus, structure organisationnelle

o Projet pédagogique/politique en matière d’intégration/d’égalité des chances

o Mesures d’insertion

o Association avec les partenaires locaux

o Quelle relation établissements/parents ?

Formation de l’interlocuteur/des enseignants

- Quelle est votre formation ?

- Quelle est votre formation pour les élèves à besoins spécifiques ? (initiale/continue)

- Quelle est la formation de vos collègues ? (édu spé, assistantes sociales…)

Profil des élèves

- Quel est le profil des élèves avec qui vous travaillez ?

- Handicap :

o Quel est le type de handicap de vos élèves ?

o Quelle assistance matérielle est nécessaire ?

Utilisez-vous beaucoup les TICE ?

o Quelle assistance humaine est nécessaire ?

o Quelles méthodes pédagogiques employez-vous (grandes lignes) ?

o Les intégrez-vous dans les parcours ordinaires ? Que pensez-vous de cette

intégration ?

- Milieux défavorisés :

o Votre établissement est-il situé dans une zone défavorisée ?

o Quelle est la composition de vos élèves ? D’où viennent-ils ?

o Comment les élèves vivent-ils leur condition ? Leur relation aux autres ?

- Dont immigration :

o Quelles sont les nationalités les plus représentées dans l’établissement ?

o Les élèves parlent-ils bien la langue du pays d’accueil ? Le cas échéant,

comment s’en accommodent-ils ? Quelles répercussions sur l’éducation ?

o Ont-ils des problèmes d’adaptation (normes de comportement, culture) ?

o Des mesures ont-elles été prises pour faciliter leur pratique de la langue ?

- Comment répondre aux réactions des autres enfants ?

- Comment faites-vous face à une classe de niveaux hétérogènes ? Avez-vous changé

votre gestion du temps/des ressources/votre vision des choses ?

- Comment inclure les plus faibles dans le travail/la dynamique de groupe ?

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- Comment ne pas négliger les plus forts ?

- Quelles activités sportives, culturelles ?

- Comment décelez-vous les troubles de l’apprentissage dans votre propre matière ?

(écrit/oral) ?

- Comment y remédiez-vous ? Adaptez-vous vos méthodes d’enseignement ? Vos

évaluations ?

- Vos élèves bénéficient-ils d’un suivi personnalisé dans le travail ? dans l’orientation ?

- Les faites-vous participer à beaucoup de projets ? Citez en un ou deux.

- Travaillez-vous beaucoup en partenariat avec vos collègues/vos collègues spécialisés ?

- Comment décelez-vous qu’un enfant est en passe de décrochage scolaire ? Essayez-

vous d’y remédier et par quel moyen ? Comment selon vous remotiver un élève ?

- Quels sont selon vous les problèmes et les sentiments les plus fréquents dans le

développement personnel des adolescents que vous avez en classe ? Vos élèves vous

en font-ils part ? De quelle nature l’aide que vous leur apportez peut-elle être ?

Sollicitez-vous l’aide du personnel éducatif/spécialisé ?

- Outre les problèmes classiques de l’adolescence, comment vivent-ils leurs besoins

spécifiques ? La relation avec les autres élèves ?

B) Projet Comenius

Caractéristiques du projet

- Où avez-vous entendu parler de Comenius ?

- Pourquoi en avoir entrepris un ? Avez-vous déjà fait un projet de ce type ?

- Spécificités du projet :

o Date de lancement, type de projet, nombre de partenaires, qui coordonne

o Pourquoi ce thème ? Quelle réponse pour quelle situation ?

o Quelle motivation pour le choix des partenaires européens ?

o Brève description du projet

o Brève description des activités/mobilités déjà effectuées/à effectuer

o Brève description du produit final

Élèves

- Combien d’élèves sont impliqués dans le projet ?

- Quel est le profil des élèves participant ? Pourquoi eux ?

- Quel est le profil des élèves choisis pour la mobilité ? Pourquoi eux ?

- Comment ont-ils vécu cette participation ? Le contact avec les autres européens ? Leur

mobilité ?

- Leurs partenaires avaient-ils le même profil ?

- Quelle est leur contribution significative au projet ?

- Quelles matières ont été mobilisées ?

- De quelles capacités ont-ils du faire preuve pour réaliser ce projet ?

- Quelle a été la langue de travail et comment les élèves ont-ils géré la difficulté

linguistique ?

- Comment ont-ils vécu le changement d’environnement culturel dans

l’établissement/les familles ?

- Pensez-vous que vos élèves aient gagné en autonomie, en confiance en eux… ?

- Pensez-vous que vos élèves aient gagné en tolérance, prise de conscience de la

diversité culturelle et de sa richesse… ?

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- Quels autres apports personnels pour l’élève ?

- Comment les familles ont-elles réagi face au projet ?

- Handicapés :

o comment la mobilité a-t-elle été gérée au point de vue matériel ?

o comment les TICE ont-ils été utilisées pendant le projet ?

o quels défis spécifiques à la participation d’élèves handicapés ?

Apport professionnel et personnel

- Qu’avez-vous découvert de nouveau en comparant les différents systèmes éducatifs ?

o En matière de pratiques pédagogiques (exemple)

o En matière de prise en charge des élèves à besoins spécifiques (matérielle,

psycho…)

o A propos de l’idée que vous vous faites de votre métier

o A propos de l’idée que vous vous faites des stigmates de vos élèves

o A propos de l’idée que vous vous faites de la diversité et de sa gestion, de

l’inclusion

- Les établissements partenaires ont-ils une vision différente en matière d’inclusion

sociale ? D’ouverture sur l’Europe ? Vous a-t-elle profité ?

- Pensez-vous qu’il existe une vision spécifique de l’inclusion dans l’Education

nationale ?

- Que vous a apporté le contact d’autres cultures et nationalités ?

- Quel a été l’apport linguistique ?

- Quel a été l’apport pout vos collègues ?

Etablissement :

o De quelle manière votre chef d’établissement a-t-il contribué à ce projet ?

o De quelle manière vos collègues ont-ils participé au projet ?

o Comment le tissu local a-t-il participé à ce projet ? (collectivités, assos…)

o De manière générale, estimez-vous avoir été soutenu dans ce projet ?

o Quelle est la politique de votre établissement en matière d’ouverture (sur

l’Europe) ?

o Votre projet a-t-il bénéficié à d’autres établissements dans la région ? Au tissu

local ? Votre produit final va-t-il servir durablement des fins pédagogiques ?

A-t-il initié une dynamique dans l’établissement/la région ?

o Quel écho dans les médias locaux ? Quelle visibilité ? Quelle reconnaissance ?

C) Conclusion

- A qui votre projet a-t-il le plus bénéficié ? Pourquoi ?

- Quel est votre souvenir le plus marquant dans ce projet ?

- Quelles ont été les embûches les plus significatives pour mener à bien ce projet ?

- Quelles recommandations feriez-vous pour améliorer le programme ?

- Conseilleriez-vous ce programme comme une plus-value pour les élèves BES ?

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Annexe 3 : questionnaire pour témoignages Internet

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Annexe 4 : rappel du cadre de référence des huit

compétences-clé pour l’éducation et la formation tout

au long de la vie

La présente recommandation devrait contribuer au développement d’une éducation et d’une

formation de qualité, tournées vers l’avenir et adaptées aux besoins de la société européenne

en soutenant et en complétant l’action des Etats membres destinés à garantir que, d’une part,

leurs système d’éducation et de formation initiale offrent à tous les jeunes les moyens de

développer des compétences clés à un niveau qui leur permette d’être préparés à la vie

d’adulte, et qui constitue une base pour de futurs apprentissages et pour la vie

professionnelle et que, d’autre part, les adultes soient en mesure de développer et d’actualiser

leurs compétences clés grâce à un système cohérent et élaboré d’éducation et de formation

tout au long de la vie. (Recommandation du Parlement européen et du Conseil du 18

décembre 2006)

Grandes lignes des contenus :

♫ Compétence 1 : Communication dans la langue maternelle

- Faculté d’exprimer des concepts, pensées, faits, sentiments à l’oral et à l’écrit ; lire,

parler, écouter, écrire

- Connaitre les modalités d’interaction verbale, le vocabulaire et la grammaire, les

registres et styles de langage

- Adapter la communication à la situation, formuler des arguments

- Utiliser la langue d’une manière positive et responsable

♫ Compétence 2 : Communication en langues étrangères

- Mêmes compétences que pour la langue maternelle mais également compréhension

des autres cultures : conventions sociales, variabilité des langues

- Curiosité pour la diversité culturelle

♫ Compétence 3 : Compétence mathématique et compétences de base en sciences et

technologies

- Maitrise du calcul, du raisonnement dans les problèmes de la vie quotidienne

- Modes mathématiques de pensée (logique) et de représentation

- Comprendre le monde de la nature et les changements induits par l’activité humaine

- Jugement critique, curiosité, intérêt pour les problèmes éthiques

♫ Compétence 4 : Compétence numérique

- Maitrise des TIC pour stocker, échanger…connaissance suffisante pour en user dans la

vie quotidienne ; recueillir et traiter l’information avec un esprit critique

- Comprendre que collaboration en réseau peut être un support pour la connaissance,

recherche, créativité, innovation

- Etre sensibilisé aux limites et principes éthiques du web

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♫ Compétence 5 : Apprendre à apprendre

- Entreprendre et poursuivre un apprentissage par une gestion efficace du temps et de

l’information

- Connaitre ses méthodes et besoins et les offres disponibles, les mettre en adéquation et

surmonter les obstacles

- Acquérir motivation et confiance, autodiscipline

- Etre capable d’organiser son propre apprentissage et d’évaluer son propre travail

♫ Compétence 6 : Compétences sociales et civiques

- Compétences personnelles, interpersonnelles et interculturelles

- Maitrise des comportements permettant de participer de manière constructive à la vie

sociale et professionnelle

- Connaissance des structures sociales et politiques

- Etat optimum de santé mentale et physique

- Comprendre les codes sociétaux dans différents environnements

- Comprendre l’interaction culture nationale/européenne

- Tolérance, négociation, empathie, intégrité

- Compétences civiques : notions de justice, de démocratie, d’égalité, de citoyenneté

- Connaissance d’Histoire et d’actualité y compris sur l’UE

- Engagement, solidarité ; participation constructive à a prise de décision, sentiment

d’appartenance à une communauté

♫ Compétence 7 : Esprit d’initiative et d’entreprise

- Aptitude à passer des idées aux actes : créativité et innovation, capacité de gestion

d’un projet

- Sensibilisation aux valeurs éthiques/à la bonne gouvernance

- Bases d’économie et d’évaluation du risque

- Travail individuel ou en groupe

- Détermination, anticipation, indépendance

♫ Compétence 8 : Sensibilité et expression culturelles

- Importance de l’expression créatrice d’idées, d’expériences et émotions

- Musique, littérature, arts du spectacle et visuels

- Connaissance du patrimoine mondial, principales œuvres classiques et culture

populaire

- Comprendre la diversité culturelle européenne et le besoin de la préserver

- Comprendre l’importance des facteurs esthétiques

- Aptitudes d’appréciation et d’expression

- Développer sa propre créativité et participer à la vie culturelle

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Annexe 5 : Cadre législatif mondial, européen, français

sur l’éducation et l’inclusion sociale

Dans le monde

1948 : Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

- art 26 : prémices de l’inclusion dans le droit à l’éducation

o « Toute personne a droit à l’éducation. […] L’éducation doit viser au plein

épanouissement de la personnalité humaine »

1960 : Convention UNESCO pour la lutte contre la discrimination dans le domaine de

l’enseignement

- « le terme discrimination comprend toute distinction, exclusion, limitation ou

préférence qui, fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, l’opinion

politique ou tout autre opinion, l’origine nationale ou sociale, la condition économique

ou la naissance, a pour objet ou pour effet de détruire ou d’altérer l’égalité de

traitement en matière d’enseignement… »

- Les Etats s’engagent à « abroger toutes dispositions législatives et administratives et à

faire cesser toutes pratiques administratives qui comporteraient une discrimination

dans le domaine de l’enseignement » ainsi qu’à « rendre obligatoire et gratuit

l’enseignement primaire »

1969 : Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale

- « Les Etats parties s'engagent à prendre des mesures immédiates et efficaces,

notamment dans les domaines de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et de

l'information, pour lutter contre les préjugés conduisant à la discrimination raciale et

favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre nations et groupes raciaux ou

ethniques […] »

1966 : Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels

- réaffirmation du droit de toute personne à l’éducation

1989 : Convention internationale des droits de l’enfant

- art 23 : droit des handicapés aux soins spéciaux et à une aide adaptée ; cela

gratuitement et de sorte que l’enfant ait accès à l’éducation, la formation, la

préparation à l’emploi, des activités récréatives…de façon à assurer une intégration

sociale et un épanouissement personnel

1990 : Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous (déclaration de Jomtien)

- programme phare Education pour tous (EPT)

o objectifs

faire en sorte que, d’ici à 2015, tous les enfants, en particulier les filles,

les enfants en difficulté et ceux qui appartiennent à des minorités

ethniques, aient la possibilité d’accéder à un enseignement primaire

obligatoire et gratuit, de qualité et de le suivre jusqu’à son terme

améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation dans un souci

d’excellence […]

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- art 6 : améliorer le contexte de l’apprentissage

- art 8 : mettre en place des politiques d’accompagnement : « L’éducation fondamentale

pour tous suppose un engagement et une volonté politiques étayés par des mesures

budgétaires et allant de pair avec une réforme de l’enseignement et un renforcement

des institutions. »

- art 9 : mobiliser les ressources

1993 : Règles universelles pour l’égalisation des chances des personnes handicapées

- « l’égalisation des chances désigne le processus par lequel les divers systèmes de la

société, le cadre matériel, les services, les activités et les informations sont rendus

accessibles à tous, et en particulier aux handicapés »

- « Ils (les handicapés) doivent recevoir l’assistance dont ils ont besoin dans le cadre des

structures ordinaires d’enseignement, de santé, d’emploi et de services sociaux. »

1994 : Déclaration de Salamanque et cadre d’action pour l’éducation et les besoins spéciaux

- Ciblée sur l’accès et la qualité de l’éducation

- Les programmes éducatifs doivent être conçus en fonction de la diversité et les

personnes à besoins éducatifs spéciaux doivent être intégrées en cursus ordinaire

- « Les écoles ordinaires ayant cette orientation intégratrice constituent le moyen le plus

efficace de combattre les attitudes discriminatoires, en créant des communautés

accueillantes, en édifiant une société intégratrice et en atteignant l’objectif de

l’éducation pour tous ; en outre, elles assurent efficacement l’éducation de la majorité

des enfants et accroissent le rendement et, en fin de compte, la rentabilité du système

éducatif tout entier. »

- Le terme « besoins éducatifs spéciaux » renvoie à tout ce qui est handicap ou difficulté

d’apprentissage

- « L’éducation visant à répondre aux besoins éducatifs spécifiques […] a pour point de

départ que les différences humaines sont normales et que, par conséquent,

l’apprentissage doit être adapté aux besoins de chaque enfant, au lieu d’obliger

l’enfant à s’adapter à des hypothèses établies quant au rythme et à la nature du

processus d’apprentissage. »

2000 : Cadre d’action du Forum mondial sur l’éducation de Dakar

- réaffirme l’éducation comme droit fondamental pour tous (Jomtien 1990)

- corrélation établie entre exclusion du système éducatif et pauvreté ; nécessité du

soutien de la société civile et des organismes de financement pour endiguer le

phénomène

- accent mis sur les groupes marginalisés et les filles

2000 : Objectifs du millénaire

- objectif 2 : assurer l’éducation primaire pour tous

2005 : édition par l’UNESCO de principes directeurs pour l’inclusion

- nécessité de créer un outil pour identifier les groupes exclus et fournir de la matière à

réflexion sur l’éducation inclusive et la manière de la mettre en pratique

2006 : Convention relative aux droits des personnes handicapées

- 82 signataires, le nombre le plus élevé de l’histoire des conventions

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- Principes directeurs : non-discrimination, intégration pleine et effective à la société,

acceptation des handicapés comme faisant partie de la diversité humaine, égalité des

chances, accessibilité, respect du développement des capacités de l’enfant handicap

2008 : 48e session de la Conférence Internationale de l’Education à Genève

- thème : « L’Education pour l’inclusion, la voie de l’avenir »

- recommandations :

o accorder la plus haute priorité au financement de l’éducation malgré la crise

économique car vecteur indispensable pour lutter contre la pauvreté qu’elle va

engendrer

o « Promouvoir des cultures et des environnements scolaires adaptés aux enfants,

propices à un apprentissage efficace et inclusif pour tous, sains et protecteurs,

attentifs à l’égalité entre les sexes, et encourager le rôle actif et la participation

des apprenants eux mêmes, de leurs familles et de leurs communautés.»

o « Former les enseignants en leur donnant les compétences et les matériels

appropriés pour enseigner à des groupes d’élèves différents et répondre aux

divers besoins d’apprentissage des apprenants au moyen de méthodes telles

que le développement professionnel au niveau de l’école, la formation initiale

relative à l’inclusion, et un enseignement attentif au développement et aux

points forts de chaque apprenant. »

o « Doter les administrateurs des écoles des compétences nécessaires pour

répondre de manière efficace aux divers besoins de tous les apprenants et

promouvoir l’éducation pour l’inclusion dans leurs établissements. »

En Europe

Traité de Rome 1957 : traité économique dans une logique de spill-over donc pas d’aspect

politique à court terme, encore moins de volet social ou éducatif

Traité de Maastricht 1992 : instauration d’une politique communautaire pour l’éducation et la

formation professionnelle

2000 : Charte des Droits Fondamentaux de l’Union européenne (intégrée au Traité de

Lisbonne)

- art 14 : droit de toute personne à l’éducation, à la formation professionnelle et

continue

- art 21 : non discrimination

- art 26 : intégration sociale et professionnelle des handicapés

2001 : Stratégie de Lisbonne (en matière d’éducation et de formation pour 2010)

- Diminution du nombre de jeunes de 15 ans présentant des difficultés de lecture d'au

moins 20%

- taux moyen de décrochage scolaire inférieur à 10 %

- 85 % des jeunes de 22 ans doivent avoir terminé le 2e cycle de l'enseignement

secondaire

- augmentation du nombre total de diplômés en mathématiques, sciences et technologies

d'au moins 15 %, et réduction du déséquilibre entre hommes et femmes sur ces sujets

- 12,5% de participation moyenne des adultes (de 25 à 64 ans) à l'éducation et la

formation tout au long de la vie

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2007 (-2013) : Programme pour l’Education et la Formation tout au long de la vie

- et ses sous-programmes : Leonardo, Comenius, Erasmus, Grundtvig…

2007 : Conférence européenne sur les Personnes Handicapées

- Berlin, 11 et 12 juin sous la présidence allemande UE

- « Education, emploi, opportunités égales : renforcer les handicapés. »

- Inspirée de la convention des NU 2006

- Etablir une stratégie commune d’application de la convention

- Première réunion informelle historique des ministres de l’UE en charge du handicap,

en marge de la conférence

2008 : Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE, ancien TCE)

- titre 12 : éducation, formation professionnelle ; développement d’une dimension

européenne de l’éducation ; développement d’une éducation de qualité, mention de la

diversité culturelle et linguistique du système éducatif à respecter

2009 : cadre stratégique pour la coopération européenne (un des cinq piliers : « Education et

Formation 2020 »)

- Au moins 95% des enfants entre l'âge de 4 ans et l'âge pour commencer

l'enseignement primaire obligatoire devraient participer à l'enseignement préscolaire

- Le taux moyen des jeunes de 15 ans ayant des lacunes en lecture, en mathématiques et

en science devrait être inférieur à 15%

- Le taux moyen de décrochage scolaire devrait être inférieur à 10%

- Le taux moyens d'adultes entre 30 et 34 ans ayant une éducation de troisième cycle

devrait atteindre au moins 40%

- Une moyenne d'environ 15% des adultes (de 25 à 64 ans) devraient participer à

l'éducation et la formation tout au long de la vie.

En France

1998 : loi d’orientation relative à la lutte contre l’exclusion

- traitement des exclusions y compris dans l’éducation

- accès aux droits fondamentaux

1999 : plan Handiscol’

- plan de scolarisation des enfants et adolescents handicapés

- axe 1 : réaffirmer le droit et favoriser son exercice

- axe 2 : constituer des outils d'observation

- axe 3 : améliorer l'orientation et renforcer le pilotage

- axe 4 : développer les dispositifs et les outils de l'intégration

- axe 5 : améliorer la formation des personnels

2004 : plan national de cohésion sociale

- 3e pilier : égalité des chances

o Programme 15 : accompagner les enfants en fragilité

o Programme 16 : accompagner les collégiens en difficulté et rénover

l’éducation prioritaire

o Programme 19 : rénover l’accueil et l’intégration des populations immigrées

o Programme 20 : lutter contre les discriminations

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2005 : Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des

personnes handicapées

o Intégration dans les cursus ordinaires devient la règle

o Scolarisation des enfants qui doivent rester en instituts spécialisés

o Déploiement d’AVS et d’enseignants-ressources / meilleure formation des

enseignants

Objectifs actuels du gouvernement français

o garantir l’accès de tous aux droits fondamentaux (surtout logement)

o aller d’une logique d’assistance vers une logique de prévention/insertion

o répondre plus rapidement aux urgences sociales

o accroitre l’observation nationale / le benchmarking pour mieux comprendre les

phénomènes de pauvreté et les réponses à y apporter

o mobiliser les acteurs institutionnels nationaux, européens et la société civile

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Bibliographie

Publications au Journal Officiel de l’UE

« Charte des droits fondamentaux de l’UE »

Journal Officiel des Communautés Européennes (18/12/2000)

« Les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie »

Journal officiel de l’Union Européenne (30/12/2006)

Recommandation du Parlement Européen et du Conseil du 18 décembre 2006

« Mieux inclure l'orientation tout au long de la vie dans les stratégies d'éducation et de

formation tout au long de la vie »

Journal officiel de l’Union Européenne (13/12/3008)

Résolution du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres, réunis au

sein du Conseil du 21 novembre 2008

Rapports de la Commission Européenne

“Study on Access to Education and Training, Basic Skills and Early School Leavers”

Rapport final septembre 2005

GHK consultants (Ref. DG EAC 38/04)

Commission Européenne, DG Education et Culture

“Key Education indicators on social inclusion and efficiency”

Rapport final octobre 2006

par EU-RA (European Research Associates) Luxembourg

Commission Européenne DG Education et Culture

« Effets des partenariats scolaires Comenius sur les écoles participantes »

Rapport final 2007

par Gesellschaft für Empirische Studien bR, Kassel ; Zentrum für Schul- und

Bildungsforschung an der Martin-Luther-Universität in Halle-Wittenberg Halle / Saale

Commission européenne, DG Éducation et culture

« Ségrégation des enfants roms dans l’enseignement. La directive sur l’égalité raciale comme

moyen de lutte contre la discrimination sctructurelle »

Rapport 2007

par Lilla Farkas au nom du Réseau européen des experts juridiques en matière de non-

discrimination (fondée sur la race ou l’origine ethnique, l’âge, le handicap, la religion ou les

convictions et l’orientation sexuelle)

Commission européenne, DG Emploi, affaires sociales et égalité des chances

“Child Poverty and Well-Being in the EU. Current status and way forward.”

Rapport 2008

Commission Européenne, DG Emploi, Affaires Sociales et Egalité des Chances

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Rapports d’organisations soutenues par la Commission Européenne

« Intégration scolaire et pratiques pédagogiques »

Rapport de Synthèse 2003

Agence européenne pour le développement de l’éducation des personnes présentant des

besoins particuliers (soutien de la Commission Européenne)

« Education Inclusive et Pratiques de Classe dans l’Enseignement Secondaire »

Rapport de Synthèse 2005

Agence européenne pour le développement de l’éducation des personnes présentant des

besoins particuliers (soutien de la Commission Européenne)

« Diversité multiculturelle et besoins éducatifs particuliers »

Compte-rendu résumé 2009

Agence européenne pour le développement de l’éducation des personnes présentant des

besoins particuliers (soutien de la Commission Européenne)

“Development of a set of indicators for inclusive education in Europe”

Rapport de synthèse 2009

Agence européenne pour le développement de l’éducation des personnes présentant des

besoins particuliers (soutien de la Commission Européenne)

« Vers une éducation inclusive : exemple de bonnes pratiques d’éducation inclusive »

Rapport 2007

par Ingrid Körner, Présidente d’Inclusion Europe; Kay Tisdall, Université d’Edinburgh; Sonja

Uhl1mann, Fondation du Syndrome de Down de Madrid; Bernhard Schmid, Lebenshilfe

Vienne; Geert Freyhoff, Inclusion Europe; Daniela Rígrová, Inclusion Europe.

Inclusion Europe (association européenne des organisations des personnes handicapées

mentales et leurs familles) (soutien de la Commission Européenne)

Documents français

« La contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves »

Rapport n° 2006-076 ; 2006

à monsieur le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la

Recherche

Inspection générale de l’éducation nationale

Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche

Rapport d’information fait au nom de la commission des Affaires sociales sur l’application de

la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation

et la citoyenneté des personnes handicapées,

par M. Paul BLANC, Sénateur.

Annexe au procès-verbal de la séance du 3 juillet 2007

Sénat – Session extraordinaire de 2006-2007

« Gérer les transitions : l’orientation tout au long de la vie dans l’espace européen »

Compte-rendu de la conférence de Lyon, France (17, 18 septembre 2008)

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Rapport annuel 2008

Haute Autorité de Lutte contre les discriminations et pour l’Egalité (La Halde)

Site dédié du gouvernement français à l’Année Européenne 2010 :

http://www.leurope-contre-la-pauvrete.gouv.fr/

Rapports de l’UNESCO

« Déclaration de Salamanque et Cadre d’action pour l’Education et les besoins spéciaux. »

Adoptés par la Conférence mondiale sur l’Education et les besoins éducatifs spéciaux : accès

et qualité. »

Salamanque, Espagne, 7/10 juin 1994

UNESCO 1994

« L’Éducation pour tous : tenir nos engagements collectifs »

Cadre d’action de Dakar

Adopté par le Forum mondial sur l’éducation

Dakar, Sénégal, 26-28 avril 2000

UNESCO 2000

« Comprendre les besoins des enfants dans les classes intégratrices et y répondre. Un guide

pour les enseignants. »

Rapport de synthèse

par Roy McConkey

UNESCO 2003

« Vaincre l’exclusion par des approches intégratrices dans l’éducation. Un défi, une vision. »

Document de réflexion

UNESCO 2003

« Changer les méthodes d’enseignement. La différenciation des programmes comme solution

à la diversité des élèves. »

Rapport de synthèse

UNESCO 2005

« Principes directeurs pour l’inclusion : Assurer l’accès à « l’Education Pour Tous »

Rapport de synthèse

UNESCO 2005

« L’éducation pour l’inclusion : la voie de l’avenir »

Quarante-huitième session de l’UNESCO

Genève, 25/28 novembre 2008

Conclusions et recommandations / Document de référence

UNESCO 2008

« Vers une école inclusive et une amélioration de l’apprentissage. »

Synthèse des résultats d’études de cas menées dans différents pays

par R. Govinda, Université nationale de planification et d’administration de l’éducation (Inde)

UNESCO 2009


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