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10 00 26 - L'Institut Paris Region · problématique, appliqués à la Bièvre dans...

Date post: 22-Aug-2020
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JUIN 2003 INSTITUT D'AMENAGEMENT ET D'URBANISME DE LA REGION D'ILE-DE-FRANCE RESTAURATION ET AMÉNAGEMENT DE LA BIÈVRE DANS PARIS
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J U I N2 0 0 3

IAURIF 15, rue Falguière75740 Paris Cedex 15Tél. : 01.53.85.53.85Télécopie : 01.53.85.76.02 http://www.iaurif.org

10 00 26 ISBN . 2 . 7371 .

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Document et projet réalisés par Pierre-Marie TRICAUD, ingénieur agronome INAPG, architecte-paysagiste DPLG

avec la contribution de :

Fabienne PERBOST, stagiaire de l’Ecole d’Ingénieurs de la Ville de Paris, pour la recherche historique et le calage du profil

Sylvie CASTANO, infographiste, pour la maquette et la cartographie

François DUGENY, architecte DPLG, urbaniste, directeur général adjoint de l’IAURIF,pour les croquis et la participation au projet,

Véronique KARGERMAN, architecte DPLG, pour les reportages photographiques et la participation au projetFrançoise GUYON, urbaniste à l’IAURIF, pour la participation à la problématique et aux principes généraux

Restauration et aménagement de la Bièvre dans Paris

INSTITUT D’AMENAGEMENT ET D’URBANISME DE LA REGION D’ILE-DE-FRANCE15, rue Falguière. 75740 Paris Cedex 15. Tél. +33 1 53 85 77 40. Télécopie + 33 1 53 85 76 021.00.007

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris

Sommaire

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 1

Quelle restauration pour quelle Bièvre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3Rivière naturelle ou rivière vivante ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5

Rivière historique ou rivière authentique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9

Une nouvelle Bièvre dans Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17Une vraie rivière, continue et gravitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19

Un projet à long terme, qui commence aujourd'hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21

Rivière de parc, rivière encaissée, rivière souterraine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24

Un parc-promenade pour le XXIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 29

Un modèle de génie écologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 31

Une identité visible pour la Bièvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 33

La nouvelle Bièvre, du périphérique à la Seine . . . . . . . . . . . . . . . p. 39Parc Kellermann et poterne des Peupliers : une mise en scène de l'entrée dans Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 40

Ancienne gare place de Rungis : un jardin intérieur en contrebas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 44

Rues Brillat-Savarin et Wurtz : une rivière souterraine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48

Square entre rues de la Glacière et Vergniaud : un jardin creux autour d'un canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 52

Boulevard Auguste-Blanqui : une fosse sous le métro aérien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 54

Square René-Le-Gall : deux bras dans une composition géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 58

Rue Berbier-du-Mets : la Bièvre historique restituée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 62

Rue Pascal : un canal dans la rue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 64

Rue Censier : une petite rivière urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 66

Annexes du Muséum : un morceau de campagne au cœur de Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 70

Jardin des Plantes : un canal transversal, des fosses pour la ménagerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 74

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 79

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris

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IAURIFAménagement du tracé de la Bièvre dans l’agglomération parisienne 1

La Bièvre est le seul affluent parisien de laSeine. Son bassin versant s'étend sur environ2000 hectares et concerne directement plusde 750 000 habitants. Sa vallée, bien mar-quée sur la plus grande partie de son cours,va de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines au cœur de Paris, d'abord rurale entredes versants boisés, puis entièrement urbani-sée à travers la banlieue sud.

La Région d'Île-de-France agit pour faire reviv-re cette rivière, en collaboration avec les col-lectivités locales traversées, les différentsgestionnaires de l'eau et de l'aménagement :la Ville de Paris, 4 autres départements,49 autres communes, des syndicats impor-tants tels que le SIAAP et le SIAVB. Avec cespartenaires, elle a fondé en juin 2000 l'asso-ciation Bièvre rivière d'Île-de-France.

Mais si la partie amont a conservé son carac-tère rural, aujourd'hui protégé par un classe-ment de site, la Bièvre a disparu de la partieurbanisée : l'égout à ciel ouvert qu'elle étaitdevenue au XIXe siècle a été transformé enégout véritable. En banlieue, elle coule sousdes dalles de béton, installées au cours de lapremière moitié du XXe siècle. A Paris, son litlui-même a disparu presque partout entre la findu XIXe et le début du XXe ; ses eaux ont étéconduites dans le grand collecteur de la rivegauche, puis dans des déversoirs qui les rejet-tent en Seine avant même d'entrer dans Paris.

La renaissance de la Bièvre, de la source auconfluent, est donc un projet d'envergurerégionale, mettant en jeu de nombreux parte-naires et posant des problématiques trèscontrastées : préservation à l'amont, réouver-ture en banlieue, restauration à Paris.

De son côté, la Ville de Paris a identifié troissites possibles de réouverture sur son territoi-re et proposé un système hydraulique permet-tant d'utiliser une partie de l'eau de la Bièvre.

Dans ce contexte, l'Institut d'Aménagement etd'Urbanisme de la Région d'Île-de-France apréparé plusieurs documents : une étude surl'ensemble de la vallée, Bièvre, rivière d'Île-de-France, en 1999 ; une étude sur la préserva-

tion et la mise en valeur de la partie amont,réalisée pour l'Agence des Espaces Verts de laRégion, La Vallée de la Bièvre, publiée en2002 ; et en 2000, l'IAURIF a proposé de réali-ser une étude permettant de fournir auxacteurs de la réouverture à Paris des idéesconcrètes d'aménagement, avec de nombreu-ses visualisations - une démarche similaire àcelle qu'il avait entreprise dans les années1980 avec Le Verdissement de la banlieue,concrétisé ensuite par plusieurs Plans vertscommunaux. Ce travail sur la Bièvre urbaine secompose de deux volets :- Un atlas historique du tracé de la Bièvre

dans Paris, comprenant des plans et profilsen long précis de l'ancien tracé sur la basede documents du début du XXe siècle. Cettebase indispensable à tout projet n'existaitpas encore de façon synthétique, car laconfiguration est beaucoup plus complexequ'en banlieue.

- Une présentation des principes d'aménage-ment pour le tracé de la Bièvre dans l'agglo-mération parisienne, qui constitue le présentdocument.

Celui-ci cadre d'abord la problématique et lesenjeux d'un projet de renaissance de rivièreurbaine (Quelle restauration pour quelleBièvre ?) ; il propose ensuite des principesgénéraux basés sur les conclusions de cetteproblématique, appliqués à la Bièvre dans l'ag-glomération parisienne, mais valables pourbeaucoup de restaurations de rivières urbaines(Une nouvelle Bièvre dans Paris) ; enfin, ildécrit des aménagements locaux dans Parisqui déclinent ces principes généraux (La nou-velle Bièvre, du Périphérique à la Seine). Cesaménagements locaux comprennent la réou-verture de la rivière ou la possibilité de suivreson cours, son insertion dans le tissu urbain etla valorisation des espaces de circulation ouverts, publics ou privés, à ses abords.

Introduction

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IAURIFAménagement du tracé de la Bièvre dans l’agglomération parisienne2

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 3

Les projets de renaissance de la Bièvrerépondent à une forte demande, exprimée parde nombreux habitants et relayée par desassociations importantes. Il n’y a certesaujourd’hui quasiment plus personne qui aitconnu la Bièvre coulant à ciel ouvert. Mais elleimprègne encore la mémoire collective descommunes et des quartiers qu’elle baignait. Etavec le recul, elle n’apparaît plus comme «lamégissière piétinant dans sa boue» qu’é-voque Huysmans, celle qu’on a voulu couvrirpour la salubrité publique, mais comme «la fillede la campagne», cachée sous la ville d’au-jourd’hui, à qui l’on espère rendre «ses vête-ments d’herbes et ses parures d’arbres».L’amélioration considérable de la qualité deson eau, qui se poursuit, renforce cettevision ; la demande plus large de faire resurgiren ville la nature qu’elle a effacée va dans lemême sens ; tout concourt à cette demandede faire à nouveau couler la Bièvre dans l’ag-glomération parisienne.

Mais quelle Bièvre faire revivre ? Peut-onrecréer la nature ? Qu’est-ce qui autorisera àdire que c’est à nouveau la Bièvre qui coule ?Comme l’exprime le fameux fragmentd’Héraclite, le cours d’eau a toujours été lesymbole même de ce qui passe tout en sem-blant être ce qu’il y a de plus stable. C’est direla gageure que représente la restauration d’uncours d’eau disparu.

Retour aux sources et autres termes en «re»

Dès qu’on envisage un projet sur un objetdisparu, apparaissent tous les termes en «re» :retour à l’origine, restitution, reconstitution,reconstruction, restauration, réhabilitation,«renaturalisation», réouverture, renaissance,reconquête... Certains de ces termes, quiparaissent synonymes, appartiennent à deschamps différents ou présentent des nuancesimportantes, qui peuvent correspondre à desattitudes opposées.

La restitution et la reconstitution appartiennentprincipalement au domaine de l’archéologie ets’appliquent à une recherche plutôt qu’à unprojet : la restitution est un document quidonne d’un objet disparu ou altéré l’état réeld’origine, à partir de sources sûres, tandis quela reconstitution est un document conjectural.

La reconstruction est quant à elle un acte opé-rationnel, qui vise à redonner existence à unobjet réel. Elle s’applique à ce qui a été cons-truit, puis détruit, donc à un bâtiment, unouvrage, une ville, plus qu’à un jardin, unerivière ou tout autre paysage. Elle peut être ducôté de la restitution si elle est basée sur dessources sûres, et du côté de la reconstitutionsi elle est conjecturale.

Le terme de restauration est le plus complexe.La restauration vise à redonner à un objet saqualité, son essence, son esprit d’origine,quand la reconstruction, plus littérale, échoueà le rendre, voire est impossible. Il s’appliqued’abord aux œuvres d’art, mais peut s’étendreà tout objet auquel on donne du sens, que cesoit celui du message transmis par l’artiste oucelui conféré par la valeur de mémoire. Onpeut donc parler de restauration d’un paysage.Le concept de restauration a fait l’objet dethéories très développées, notamment enItalie(1), qui sont la base de nombreuses pra-tiques contemporaines et de plusieurs recom-mandations internationales.

Réhabilitation et reconquête sont largementemployés à propos d’urbanisme et depaysage, mais dans un sens figuré : à l’origine,

Quelle restauration pour quelle Bièvre ?Problématique et fondements théoriques du projet

Tu ne peux descendre deux fois dans le même fleuve ;car de nouvelles eaux coulent toujours sur toi.

Héraclite d’Éphèse (v. 550-480 av. J.-C.)

1- Citons notamment, dans le domaine des œuvres d’art engénéral, la Théorie de la restauration, de Cesare Brandi, danscelui de l’architecture (y compris celle des jardins), les travauxde Renato Bonnelli, dans celui de l’urbanisme, ceux deGustavo Giovannoni (L’Urbanisme face aux villes anciennes),Roberto Pane, Saverio Muratori (cf. bibliographie). Mais il fautnoter que dans le domaine de l’urbanisme, ces théories portentplus sur l’articulation entre le neuf et l’ancien que sur la restau-ration proprement dite, et plus sur le bâti et l’espace public dela ville que sur ses éléments naturels.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris4

réhabiliter quelqu’un, c’est lui rendre des droitsdont il a été dépossédé, et reconquérirquelque chose, c’est reprendre par la lutte unbien dont on a été dépossédé.

Dans le cas d’un milieu qui fut naturel (telqu’une rivière) et qui a été profondément altérépar l’action de l’homme, on utilise aujourd’huile néologisme de «renaturalisation» quand ils’agit de créer un nouvel état ressemblantdavantage à ce qu’on peut trouver dans lanature, sans que ce soit nécessairement l’étatd’origine.

Pour une rivière qui a été couverte, la réouver-ture est un strict retour à l’état d’origine - ou aumoins s’en rapproche. Comme la reconstruc-tion, elle s’apparente à la restitution si l’état d’o-rigine est connu de façon sûre, à lareconstitution dans le cas contraire. Pour laBièvre, la simple réouverture sera difficile, nonpar méconnaissance de l’état d’origine de larivière, mais à cause des changements surve-nus depuis dans son environnement. Elle seramême impossible là où le lit a disparu sous uneépaisse couche de remblais. C’est pourquoiplusieurs projets pour la Bièvre préfèrent parlerde renaissance, pour dire que la Bièvre existe-ra à nouveau, sans pour autant être identique àce qu’elle était avant sa couverture.

Renaissance et restauration ont des sensvoisins. Comme la restauration, la renaissancedépasse souvent le retour aux sources pours’ouvrir sur une création nouvelle. (Ce fut lecas de la période de historique ainsi nommée.)Nous préférons employer ici le terme de res-tauration, car il fait référence à un corpus théo-rique plus élaboré, dont on pourra tirer desprincipes pour l’action. Mais il faut soulignerque c’est à la même demande, formulée audépart en termes de renaissance et interprétéeici à la lumière des théories de la restauration,que ces principes d’action visent à répondre.

Nature et histoire

La demande de renaissance de la Bièvre s’ex-prime dans deux grands domaines : la Natureet l’Histoire.

La demande de retour à la Nature est celle derecréer dans un milieu urbain des milieux natu-rels, parmi lesquels une rivière est l’un des plusriches et des plus emblématiques.

La demande de retour à l’Histoire est celle defaire apparaître ce qu’a été la Bièvre avant sa

couverture, et même avant d’être devenue unégout à ciel ouvert : préservation, remise àjour, mise en valeur des traces encore présen-tes (moulins, ponceaux, quais, etc.), recons-truction d’ouvrages disparus, etc.

La suite de ce chapitre analyse ces deuxdemandes, en essayant de faire apparaître leslimites d’une demande tournée vers le passé(une rivière naturelle, une rivière historique) etde montrer qu’on peut mieux répondre à lademande implicite en se tournant vers l’avenir :une rivière vivante, une rivière authentique.

Les pages qui suivent ne prétendent pasà une démonstration rigoureuse nidénuée de subjectivité. Elles tentent decerner la problématique particulière quesoulève la restauration d’un cours d’eauet proposent quelques critères provisoi-res pour évaluer la conformité des projetsaux objectifs de la demande sociale,exprimée ou implicite.

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Le mouvement en faveur de la réouverture oude la renaissance de la Bièvre, de la «renatura-lisation» des rivières urbaines, s’inscrit dans unedemande plus générale de nature en ville. Maisqu’est-ce que la nature ? Un milieu naturel etun milieu vivant sont-ils la même chose ?

Qu’est-ce qui est naturel ?Qu’est-ce qui est vivant ?

Les qualificatifs de naturel et de vivant sontcommunément confondus : la nature est asso-ciée, surtout en ville, aux arbres, aux jardins,aux oiseaux, à l’eau - mais celle où vivent lespoissons, pas celle qui coule dans les cani-veaux. Or le qualificatif qui convient quand onparle ainsi de milieux riches en espèces vivan-tes est simplement celui de vivant. Le sens ori-ginel de naturel est différent : il signifie «non (oupeu) soumis à l’influence humaine», et s’oppo-se à artificiel. Sont donc tout aussi naturels lesoleil, le vent, la pluie, le sous-sol, les cata-strophes naturelles - même si l’homme enaggrave l’ampleur ou les conséquences.

Il s’agit donc de deux notions distinctes, corré-lées sur le long terme, mais pas toujours àcourt terme. Sur une longue période, l’évolu-tion naturelle va dans le sens du développe-ment de la vie, qui, réciproquement, est pourl’essentiel un processus naturel, quelle qu’ysoit l’intervention de l’homme. Mais à uneéchelle de temps brève, l’homme sait recons-tituer un milieu vivant (c’est bien l’objectif des«renaturalisations» de rivières) ; et à l’inverse,une catastrophe naturelle (éruption, glissementde terrain, inondation, tempête, incendie) peutdétruire de nombreuses espèces vivantes ;autre exemple, une rivière souterraine, defaible biodiversité, peut être tout à fait naturelle(en milieu karstique).

Le caractère naturel d’un milieu est défini ci-dessus comme d’autant plus élevé que cemilieu est moins soumis à l’influence humaine.On peut élargir un peu cette définition, toujourssans la confondre avec la notion de vivant, enl’étendant aux milieux reconstitués parl’homme à la ressemblance de milieux vrai-ment naturels. Dans le cas de la renaissance

de la Bièvre, si l’on s’en tenait à la définitionpremière, il ne pourrait rien y avoir de naturel,puisque une rivière coulant à nouveau dansParis sera entièrement une réalisationhumaine. On parlera donc de naturel dans lesens dérivé, celui de milieux proches de ceuxqu’on rencontre dans la nature. Il ne faut pasoublier non plus que le caractère naturel et lecaractère vivant doivent s’apprécier en valeurrelative. On ne peut éluder le problème endisant qu’en ville comme à la campagne, rienn’est naturel : il s’agit de savoir ce qui est plusnaturel et ce qui l’est moins.

Le caractère vivant d’un milieu, défini ci-dessus comme la richesse en espèces, peutlui-même s’apprécier de plusieurs façons : parla biodiversité (richesse en nombre), ou par laprésence d’espèces rares (richesse en valeur,donnée par la rareté). Et ces deux indicateursde richesse biologique ne sont pas, eux nonplus, forcément liés : l’exemple des rivièreskarstiques montre aussi un nombre réduitd’espèces, mais rares (car adaptées à unmilieu très particulier).

Si le caractère naturel et le caractère vivant nesont pas la même chose, lequel privilégier ? Lademande sociale de «nature» nous semblefondamentalement être celle d’un cadre plusvivant, d’une richesse biologique. Et si l’ondécide de privilégier le caractère vivant, doit-onpour cela privilégier la biodiversité ou la pré-sence d’espèces rares ? Entre ces deux indi-cateurs de richesse biologique, le choix estencore plus aisé : la biodiversité est le plusrecherché, car le plus directement perceptiblepar le public, et en général corrélé avec unequalité paysagère ; la présence d’espècesrares n’est perceptible que par les spécialis-tes, elle est plus difficile à obtenir et est d’unintérêt secondaire en milieu urbain.

La section suivante examine quels facteursfont qu’une rivière est plus ou moins naturelled’une part, plus ou moins vivante d’autre part,afin de voir jusqu’où ces deux caractères sontcorrélés, et quels modalités peuvent être pro-posées pour une rivière la plus vivante possi-ble (et la plus naturelle dans la mesure où celaira dans le même sens).

Rivière naturelle ou rivière vivante ?

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris6

Qu’est-ce qui fait qu’une rivière est naturelle ?

Qu’est-ce qui fait qu’elle est vivante ?

Si l’on recherche une rivière qui soit d’une partaussi ressemblante que possible à une rivièrenaturelle et d’autre part riche en biodiversité, ilfaut étudier les facteurs qui favorisent l’un etl’autre de ces caractères. Les principaux deces facteurs sont :

1 - Variation latérale du lit ;2 - Variation verticale du lit

(hauteur, le plus souvent liée au débit) ;3 - Écoulement ;4 - Ouverture ou couverture.

Ces facteurs peuvent prendre les modalitéssuivantes :1 - Variation latérale du lit ;

1.1 - Divagation ; 1.2 - Lit fixe (entre des levées ou desberges perméables, en relation avec unenappe) ; 1.3 - Lit canalisé (entre des perrés oudes quais, de matériaux relativementimperméables, cas général des rivièresurbaines).

2 - Variation verticale du lit (débit et hauteur) :2.1 - Débit et hauteur très variables(crues, étiages) ;2.2 - Débit et hauteur variables maîtri-sés ;2.3 - Débit et hauteur constants endescente ;2.4 - Débit et hauteur constants à l’ho-rizontale : biefs (entre barrages, éclusesou moulins(2)).

3 - Écoulement :3.1 - Écoulement gravitaire sanschutes ;3.2 - Écoulement gravitaire avecchutes ;3.3 - Siphon descendant ;3.4 - Siphon ascendant ; 3.5 - Relevage.

4 - Ouverture ou couverture :4.1 - Rivière à ciel ouvert ;4.2 - Rivière encaissée ;4.3 - Rivière couverte à pressionatmosphérique ;4.4 - Rivière couverte en charge.

Les tableaux suivants classent, pour chacunde ces quatre facteurs, ses modalités dansl’ordre du plus au moins naturel (c’est-à-dire,ici, du plus au moins fréquent en l’absence

d’intervention humaine, cf. 2e colonne), et duplus au moins vivant (3e colonne, en prenant labiodiversité comme indicateur principal et entenant compte, le cas échéant, de la présen-ce d’espèces rares). Une modulation un peuplus fine du classement est introduite, quireste toutefois qualitative, en indiquant si lecaractère (naturel ou artificiel, vivant ou inerte)est très ou moins marqué. Cette modulationest marquée par le signe «+ +», le signe «+» oula mention «intermédiaire» ; elle est soulignéepar la couleur (vert pour le plus naturel ou leplus vivant, rouge pour le plus artificiel ou leplus inerte, jaune pour la situation moyenne,vert olive ou orangé pour les tendances plusatténuées).

Les différentes modalités prises par ces fac-teurs peuvent être évaluées pour une sectionhomogène donnée ou pour l’ensemble de larivière. Pour un même facteur, la rivière seraévidemment d’autant plus naturelle ou vivantedans son ensemble que les sections les moinsnaturelles ou les moins vivantes seront pluscourtes. Ainsi, des sections couvertes courtesne modifient guère la biodiversité, mais si ellessont longues, elles diminuent l’oxygénation,donc la biodiversité.

Bien qu’ils n’aient qu’une valeur qualitative, cestableaux indiquent des tendances : ils mont-rent que pour les facteurs étudiés, le caractè-re naturel et le caractère vivant d’une rivièrevont, comme on peut s’y attendre, globale-ment dans le même sens – si du moins onétend la définition du naturel aux milieuxreconstitués par l’homme à la ressemblancede milieux vraiment naturels.

L’intérêt de ces tableaux ne réside bien sûr pasdans cette constatation attendue. Il est demontrer, si l’on regarde de plus près, desmodalités très artificielles qui ne sont pas tota-lement inertes (1.3, lit canalisé, et 2.4, rivièreen biefs). Il semble donc un peu plus aisé deréaliser une rivière vivante qu’une rivière natu-relle. Cela est particulièrement vrai dans unenvironnement urbain, forcément assez artifi-ciel, mais où l’on peut espérer introduire unecertaine biodiversité.

2 - Le mot bief est pris dans ce chapitre au sens propre. Maisdans le cas de la Bièvre, entièrement canalisée en plusieursbiefs avec vannes et déversoirs au cours du XIXe siècle (3 biefspour la Bièvre Morte, 3 pour la Vive, 2 pour la section commu-ne aval, cf. Mémoire, 1902, p. 10), il a fini par désigner les der-nières sections à l’air libre au début du XXe siècle.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 7

1 - Variation latérale du lit

Modalité Du + naturel Du + vivant (richesse en espèces)(fréquent dans la nature) au + inerteau + artificiel

1. Divagation + naturel + + vivant (milieux très variés, notamment zones humides)

2. Lit fixe (levées, berges...) intermédiaire intermédiaire

3. Lit canalisé (perrés, quais...) + artificiel + inerte (peut cependant abriter une vie aquatique importante)

2 - Variation verticale du lit (débit et hauteur)

Modalité Du + naturel Du + vivant (richesse en espèces)(fréquent dans la nature) au + inerteau + artificiel

1. Débit et hauteur + naturel + vivant (mais des crues et étiagestrès variables (crues, étiages...) particulièrement forts peuvent diminuer

la biodiversité)

2. Débit et hauteur intermédiaire + vivantvariables maîtrisés

3. Débit et hauteur + artificiel intermédiaireconstants en descente

4. Débit et hauteur + + artificiel + inerteconstants à l’horizontale (biefs)

3 - Écoulement

Modalité Du + naturel Du + vivant (richesse en espèces)(fréquent dans la nature) au + inerteau + artificiel

1. Gravitaire sans chutes + + naturel (le + fréquent) + + vivant (continuité biologique)

2. Gravitaire avec chutes + naturel + vivant (remontée cependant difficilede certaines espèces)

3. Siphon descendant intermédiaire + inerte (manque d’oxygène)(peut se rencontrer en milieu karstique)

4. Siphon ascendant + artificiel (se rencontre rarement + inerte (manque d’oxygène)dans la nature, car nécessite une étanchéité parfaite pour ne pas se désamorcer)

5. Relevage + + artificiel + inerte (franchissement très difficile par les espèces macroscopiques)

4 - Ouverture ou couverture

Modalité Du + naturel Du + vivant (richesse en espèces)(fréquent dans la nature) au + inerteau + artificiel

1. À ciel ouvert + + naturel (le + fréquent) + + vivant (lumière, oxygène)

2. Encaissée + naturel (gorges, canyons) + vivant (espèces moins nombreuses,mais certaines rares)

3. Couverte à pression intermédiaire (grottes, mais plus intermédiaire (faible biodiversitéatmosphérique souvent origine artificielle) mais espèces rares dans les grottes)

4. Couverte en charge + artificielle (sauf siphons naturels) + inerte (manque d’oxygène)

Facteurs influant sur le caractère naturel et sur le caractère vivant

Du plus naturel ou du plus vivant…

…au plus artificiel ou au plus inerte

Gradation des couleurs

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Quelles caractéristiques réalisables peut-on proposerpour une rivière urbaine vivante ?

Une fois définis les différents facteurs de varia-tion et leurs modalités évaluées par rapport aucaractère naturel ou vivant d’une rivière, il s’agitde voir quelles modalités assurant le caractèrele plus naturel et le plus vivant possible sontacceptables et réalisables.

Les quatre facteurs étudiés sont examinés icisuccessivement. La compatibilité entre lesmodalités prises par les différents facteurs estégalement envisagée :- Les modalités les plus naturelles ou vivantes

d’un facteur sont bien sûr compatibles avecles modalités les plus naturelles ou vivantesd’un autre facteur (divagation, hauteur trèsvariable, écoulement gravitaire, parcours àciel ouvert) ;

- De même, les modalités les moins naturellesou vivantes d’un facteur sont bien sûr com-patibles avec les modalités les moins natu-relles ou vivantes d’un autre facteur (litcanalisé, débit et hauteur constants, écoule-ment en siphon ou relevé, en charge) ;

- Les modalités intermédiaires d’un facteursont compatibles avec les modalités inter-médiaires des autres facteurs ;

- Les incompatibilités se situent entre lesmodalités extrêmes opposées : les plusnaturelles ou vivantes pour un facteur avecles moins naturelles ou vivantes pour unautre (p. ex. divagation incompatible aveccouverture).

1 - Variation latérale du lit : Un lit fixe ou canalisé

Il n’est évidemment pas possible de laisserdivaguer le lit. Dans les parcs, la rivière peutcouler entre des berges fixes plantées (maisdont elle peut déborder, cf. § 2 ci-dessous).En dehors des parcs, il s’agit d’une rivièreurbaine, coulant entre des quais minéraux.Cela n’empêche pas, au pied de ces quais,par endroits, des hauts fonds et des îlots per-mettant l’installation d’une végétation et d’unevie animale variées, comme dans d’autrespetites rivières urbaines.

2 - Variation verticale du lit : Débit et hauteur variables maîtrisés

On ne peut certes admettre de crues, ni mêmed’étiages trop bas. On peut cependant admet-tre un débit et une hauteur variables maîtrisés(allant jusqu’au débordement dans les parcs),

ce qui est tout à fait compatible avec l’encais-sement rendu nécessaire par le respect de l’é-coulement gravitaire (cf. § 3 ci-dessous) dansun terrain dont le niveau a été relevé.

3 - Écoulement : Un écoulement gravitaire

L’écoulement gravitaire (sans ou avec chutes),seule modalité existant dans la nature, estessentiel pour assurer la continuité biologique.Il peut impliquer des variations de niveau parrapport à l’état ancien. Mais on a aujourd’huiplus de latitude sur le profil en long qu’à l’é-poque où l’assainissement nécessitait unevitesse importante. Si l’eau est propre, lavitesse n’est plus nécessaire. On peut doncavoir une très faible pente. Il s’agit donc d’éviter au maximum d’avoir àrelever les eaux par pompage. Localement, onpeut admettre un siphon descendant (unsiphon ascendant risquant de se désamorcers’il n’y a pas de pompage).

4 - Ouverture ou couverture : Un parcours à ciel ouvert ou couvert sans pression

Il faut bien sûr privilégier la rivière à ciel ouvert,mais dans la mesure où cela est compatibleavec l’écoulement gravitaire. Or dans lecontexte particulier de la Bièvre à Paris, avecun terrain dont le niveau a été relevé, unerivière qui coule partout à ciel ouvert nonencaissée nécessiterait soit d’énormes terras-sements, soit un relevage, modalité que l’ons’efforce d’écarter. On admettra donc un par-cours par endroits encaissé et par endroitssouterrain, dans une galerie suffisammentlarge pour que la rivière coule sous une lamed’air.

Modalités retenues et leur compatibilité

En résumé, les modalités retenues pour unerivière la plus naturelle et la plus vivante possi-ble, mais réalisable, sont :

- Un lit fixe ou canalisé ;- Un débit et une hauteur variables maîtrisés ;- Un écoulement gravitaire (localement avec

chutes si nécessaire) ;- Un parcours à ciel ouvert ou couvert sans

pression.Ces modalités étant compatibles entre elles,elles peuvent ensemble constituer les critèrespour la réalisation d’une Bièvre aussi naturelleet vivante que possible.

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L’autre principale demande s’exprime entermes tantôt de retour à un état d’origine,tantôt d’authenticité. De même que le naturelest confondu avec le vivant, l’authenticité estconfondue avec le retour à l’état d’origine, qu’ilconviendrait mieux d’appeler historicité. Nousavons vu que le caractère naturel et le carac-tère vivant, bien que distincts, vont dans l’en-semble dans le même sens. Nous allons voirque la relation entre l’historicité et l’authenticitéest beaucoup moins évidente.

Qu’est-ce qui est historique ? Qu’est-ce qui est authentique ?

La question de l’authenticité est toujours sou-levée à propos d’une restauration, que ce soitd’une œuvre d’art, d’un monument, d’unjardin, d’un ensemble urbain, d’un paysage. Leprojet de restauration de la Bièvre n’échappepas à cette règle. Il est par exemple question,dans un document de la Ville de Paris, «d’ass-urer un minimum d’authenticité à l’opération»(SAP, 2000, p. 5).

Si cette question est soulevée, c’est aussid’une façon controversée : c’est souvent aunom de conceptions différentes de l’authenti-cité que les différentes positions s’affrontentsur un projet de restauration. Le concept d’au-thenticité, tant de fois invoqué, est en effet dif-ficile à définir. Plusieurs textes internationauxrelatifs à la conservation et à la restauration dupatrimoine émettent des critères visant à sau-vegarder l’authenticité, mais sans en donnerde définition.(3)

Ce qu’on peut au moins en dire, c’est que l’au-thenticité n’existe pas dans l’absolu : elle sedéfinit non seulement par rapport à un objet,mais aussi par rapport à la perception qu’en aun observateur. Il y a authenticité lorsque cequi paraît (aux yeux d’un observateur) d’unmonument, d’une œuvre, d’un paysage, etc.,est conforme à ce qu’est cet objet. Il n’y a pasd’authenticité lorsque l’observateur est trompé.Par exemple, les restaurations faites au XIXe

siècle sur des monuments médiévaux ont étécritiquées au siècle suivant pour leur manqued’authenticité. En effet, faire croire au public

que ces monuments sont dans leur état d’ori-gine représente un manque d’authenticité.Mais telle église restaurée par Viollet-Le-Duc,qui n’est pas une authentique église gothique,peut être considérée comme une authentiqueéglise néo-gothique. L’authenticité est respec-tée si ce qui est réalisé correspond à ce quiest annoncé.

Le respect de l’authenticité n’est donc pas leretour à un état d’origine (difficile à définir pourun monument qui a subi des ajouts succes-sifs, impossible à définir pour un élément depaysage, tel qu’une rivière). C’est d’ailleurs aunom de l’authenticité que la restauration en estvenue, au cours du XXe siècle, à refuser l’his-toricité (cf. notamment la Charte de Venise).

Une autre manière d’aborder ces questionsest celle qui est formulée en termes d’identité.C’est une notion voisine de l’historicité, maisutilisée dans un sens moins strict, contraire-ment à l’adjectif correspondant (identique). Onparle de reconstruction à l’identique (ou resti-tution) pour une réalisation strictement sembla-ble, en tout point, à l’état d’origine, mais onestime que l’identité d’une rivière – au moinsson nom et sa qualité de rivière – est préser-vée par une évolution progressive qui peut l’a-mener loin de son état historique. Pour unmonument ou un paysage, la question est pluscomplexe que pour un simple élément de géo-graphie (elle est donc plus complexe pour laBièvre en tant que paysage que pour la Bièvreen tant qu’élément de géographie). On estimeque l’identité d’un tel objet est préservé si uncertain nombre de caractéristiques qui fontson essence le sont (caractéristiques dontl’appréciation peut varier beaucoup d’un sujetà l’autre). Quand ces caractéristiques essen-tielles ne sont pas préservées, on dit quel’objet est altéré, c’est à dire devenu autre, cequi signifie littéralement que son identité estperdue.

3 - Cf. notamment (bibliographie infra) la Charte de Venise(1965), la Charte de Florence (1982), la Conférence de Nara(Japon) réunie par l’Unesco en 1994, dont les actes (Larsen etal., 1995) comprennent le Document de Nara sur l’authenticité.

Rivière historiqueou rivière authentique ?

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Il y a donc deux façons - et deux seulement -de respecter l’authenticité :- soit en respectant l’identité,- soit en admettant de ne plus donner à l’objet

altéré son nom propre (la Bièvre), voire sonnom commun (une rivière).

Et la question de l’identité pourrait se formulerainsi :- qu’est ce qui permet de donner le nom

propre de Bièvre à un écoulement d’eau ?- plus généralement, qu’est ce qui permet de

lui donner le nom commun de rivière ?

Si le caractère historique et le caractèreauthentique ne sont pas la même chose, c’estdonc bien ce dernier qui nous semble à privi-légier, en réalisant un aménagement qui nesera pas la Bièvre d’autrefois, mais qui pourralégitimement s’appeler rivière et Bièvre - oubien, si l’on n’y parvient pas, en ne prétendantpas donner ces noms à l’aménagementréalisé.

La section suivante examine quels facteursfont qu’une rivière restaurée est plus ou moinshistorique d’une part, plus ou moins authen-tique d’autre part, afin de voir jusqu’où cesdeux caractères sont corrélés, et quels moda-lités peuvent être proposées pour une rivière laplus authentique possible (et la plus historiquedans la mesure où cela ira dans le mêmesens).

Qu’est-ce qui fait qu’une rivière restaurée est historique ?Qu’est-ce qui fait qu’elle estauthentique ?

Les facteurs qui favorisent d’une part l’historici-té et d’autre part l’authenticité de la restaura-tion d’une rivière ne sont pas du même ordreque ceux qui favorisent son caractère naturelou vivant. En effet, alors que le caractèrenaturel ou vivant s’applique à un objet (site,milieu, etc.) et peut s’apprécier en un endroitdonné et à un moment donné, l’historicité etl’authenticité s’appliquent à une action exercéesur cet objet et introduisent des dimensionsplus vastes : d’une part l’évolution au cours dutemps, d’autre part l’ensemble du cours de larivière, de sa vallée et de son bassin versant.Les principaux de ces facteurs sont :

1 - Évolution historique du tracé ;2 - Évolution historique de la cote d’altitude ;3 - Continuité spatiale du tracé ;

4 - Origine des eaux ;5 - Renouvellement de l’eau.

Ces facteurs peuvent prendre les modalitéssuivantes :1 - Évolution historique du tracé :

1.1 - Tracé d’origine (ici, celui de laBièvre juste avant la couverture, soit aumilieu du XIXe siècle) ;1.2 - Tracé modifié proche (dansvallée) ;1.3 - Tracé modifié éloigné (horsvallée) ;

2 - Évolution historique de la cote d’altitude :2.1 - Cote d’origine (ici aussi, juste avantla couverture, soit au milieu du XIXe siècle) ;2.2 - Cote modifiée.

3 - Continuité spatiale du tracé :3.1 - Tracé continu ;3.2 - Tracé interrompu (tronçons séparéspar des canalisations sous pression).

4 - Origine des eaux :4.1 - Eaux pluviales de l’ensemble dubassin versant (éventuellement avec unerégulation du débit) ; 4.2 - Eaux pluviales d’une partie dubassin versant (p. ex. soit un sous-bassinplus à l’amont, soit à l’inverse les abordsimmédiats) ;4.3 - Autre réseau (eau potable, etc.) ;4.4 - Circuit fermé.

5 - Renouvellement de l’eau :5.1 - Circuit ouvert ;5.2 - Circuit fermé réalimenté (soit unepartie de l’eau recyclée, une partie d’origi-ne extérieure) ;5.3 - Circuit complètement fermé (eauentièrement recyclée).

D’une manière analogue aux facteurs influantsur le caractère naturel et sur le caractèrevivant, les tableaux suivants classent, pourchacun de ces cinq facteurs, ses modalitésdans l’ordre du plus au moins historique (c’est-à-dire du plus au moins proche de l’état d’ori-gine, cf. 2e colonne), et du plus au moinsauthentique (c’est-à-dire du plus au moinsproche de ce qu’on peut appeler la Bièvre, ouau moins une rivière, cf. 3e colonne). Unemodulation qualitative un peu plus fine du clas-sement est introduite ici aussi par la couleur(bleu clair pour le plus historique ou le plusauthentique, violet à l’opposé, bleu moyen oumauve pour les tendances plus atténuées).

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Facteurs influant sur l’historicité et sur l’autenticité

1. Évolution historique du tracé

Modalité Est-on proche Peut-on parler d’une authentique

de la Bièvre historique ? restauration de la Bièvre ?

1. Tracé d’origine Oui Oui

2. Tracé modifié proche (dans vallée) Plus ou moins Oui

3. Tracé modifié éloigné (hors vallée) Non Difficilement

2. Évolution historique de la cote d’altitude

Modalité Est-on proche Peut-on parler d’une authentique

de la Bièvre historique ? restauration de la Bièvre ?

1. Cote d’origine Oui Oui

2. Cote modifiée Plus ou moins Oui

3. Continuité spatiale du tracé

Modalité Est-on proche Peut-on parler d’une authentique

de la Bièvre historique ? restauration de la Bièvre ?

1. Tracé continu Oui Oui

2. Tracé interrompu Non Non

4. Origine des eaux

Modalité Est-on proche Peut-on parler d’une authentique

de la Bièvre historique ? restauration de la Bièvre ?

1. Eaux pluviales de l’ensemble Oui Ouidu bassin versant

2. Eaux pluviales d’une partie Peu Ouidu bassin versant

3. Autre réseau (eau potable, etc.) Non Non

4. Circuit fermé Non Non

5. Renouvellement de l’eau

Modalité Est-on proche Peut-on parler d’une authentique

de la Bièvre historique ? restauration de la Bièvre ?

1. Circuit ouvert Oui Oui

2. Circuit fermé réalimenté Non Non

3. Circuit complètement fermé Non Non

Du plus historique ou du plus authentique…

…au moins historique ou moins authentique

Gradation des couleurs

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Comme les tableaux concernant le caractèrenaturel ou vivant, ceux-ci montrent que le carac-tère historique et le caractère authentique vontglobalement dans le même sens, et - ce qui estplus intéressant -, que le deuxième caractèreest plus facile à réaliser que le premier. Demême que le caractère vivant est moins contrai-gnant que le caractère naturel, de même lecaractère authentique l’est moins que le carac-tère historique, et dans une mesure encore pluslarge : on peut en effet considérer comme par-faitement authentique une rivière recréée danssa vallée selon un tracé et une cote entièrementnouveaux, qui n’a donc rien d’historique ; onpourra l’appeler rivière, on pourra même l’appe-ler Bièvre, toujours si l’on ne prétend pas qu’ils’agit de la Bièvre d’origine.

Quelles caractéristiques réalisables peut-on proposerpour une rivière urbaine authentique ?

De même que pour le caractère naturel et lecaractère vivant, il s’agit de voir quelles moda-lités assurant le caractère le plus historique etsurtout le plus authentique possible sontacceptables et réalisables.

Les cinq facteurs étudiés sont examinés icisuccessivement. La compatibilité entre lesmodalités prises par les différents facteurs estégalement envisagée, et elle apparaît plus fré-quente qu’entre les modalités des facteursassurant le caractère naturel et vivant :- Les modalités les plus historiques ou

authentiques d’un facteur sont bien sûrcompatibles avec les modalités les plus his-toriques ou authentiques d’un autre facteur(tracé d’origine, cote d’origine, tracé continu,eaux pluviales de l’ensemble du bassinversant, circuit ouvert) ;

- De même, les modalités les moins histo-riques ou authentiques d’un facteur sontbien sûr compatibles avec les modalités lesmoins historiques ou authentiques d’unautre facteur (tracé modifié, cote modifiée,tracé interrompu, circuit fermé) ;

- Entre les facteurs 4 (Origine des eaux) et 5(Renouvellement de l’eau), les modalitésextrêmes opposées sont incompatibles : lesmodalités les plus historiques-authentiquespour l’origine des eaux (eaux pluviales dubassin versant) imposent les plus histo-riques-authentiques pour le renouvellement(circuit ouvert ou réalimenté) ; la modalité lamoins historique-authentique est la mêmepour les deux facteurs (circuit fermé) ;

- Mais les modalités extrêmes opposées desautres facteurs ne sont pas incompatiblesentre elles ni avec les facteurs 4 et 5 prisensemble : on peut par exemple avoir untracé d’origine avec une cote modifiée, avecun tracé interrompu, voire un circuit fermé ;ou bien un tracé modifié, continu ou inter-rompu, avec les eaux pluviales de l’ensem-ble du bassin versant et un circuit ouvert.

1 - Évolution historique du tracé :Tracé d’origine ou modifié à proximité,selon les endroits

L’évolution historique du tracé est l’un des fac-teurs pour lesquels le respect de l’authenticitéest le moins contraignant. En effet, puisque lecours d’une rivière fluctue considérablement aucours de l’Histoire (au moins à l’intérieur de sonlit majeur, voire de son fond de vallée), il n’y apas de raison de privilégier un tracé historiqueplutôt qu’un autre (par exemple, entre le bras deSaint-Victor, qui débouchait rue de Bièvre duXIIIe au XVIe siècle, et le débouché au niveau dupont d’Austerlitz, avant et après cette période). Iln’y a pas davantage de raison de rejeter untracé différent de tous les tracés historiques.

Il est donc parfaitement légitime de rechercherlocalement un nouveau tracé, s’il est plusaccessible, s’il est plus économique (notam-ment en évitant les grandes épaisseurs de rem-blais), et surtout s’il permet de mieux respecterles autres critères d’authenticité (notamment lacontinuité du tracé). Ce tracé s’efforcera cepen-dant de rester dans la vallée, sans s’interdire decouper un méandre et de traverser pour cela unsol plus élevé, par un passage encaissé.

2 - Évolution historique de la cote d’altitude :Cote d’origine ou modifiée, selon les endroits

Si l’on admet de modifier le tracé dans certainessections, il ne peut pas y avoir de cote d’originedans les sections concernées. Même dans letracé d’origine, il n’est pas indispensable deretrouver le profil d’origine, pourvu ici aussi quedes critères d’authenticité plus déterminantssoient respectés, surtout la continuité spatiale,ainsi que des critères tels que l’écoulement gra-vitaire, essentiel pour assurer un caractèrenaturel, et même, on le verra, pour l’authentici-té. On peut donc avoir une cote différente decelle d’origine, notamment plus haute pourlimiter le coût de creusement, si l’ensemble duprofil en long reste descendant pour assurer l’é-coulement gravitaire.

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3 - Continuité spatiale du tracé :Tracé continu, même à travers des sections couvertes

Quel que soit le tracé suivi, la continuité spa-tiale de ce tracé est une caractéristique essen-tielle d’une rivière, nécessaire à son identité. Sielle n’existe pas de façon visible, les mêmeseaux en amont et en aval de l’interruption nepeuvent plus porter le même nom. Mêmedans la nature, les rivières interrompues parune perte karstique (comme dans les Caussesdu Quercy) ne reçoivent pas le même nom enamont de la perte et en aval de la résurgence.

Les rivières urbaines recouvertes, comme laBièvre en banlieue, la Vilaine à Rennes et biend’autres, conservent le même nom dans lamesure où leur continuité spatiale est encoreperceptible à travers celle du fond de vallée (lethalweg), et souvent soulignée par une voirie(parfois même, comme à Rennes, un largecours, dont les voies latérales témoignent desanciens quais et où la présence de la rivièreest évidente sous le terre-plein). On pouvaitencore parler de Bièvre pour les derniers biefsà ciel ouvert, séparés par des canalisationssous pression, parce qu’il y avait encore unecontinuité historique. On peut à la rigueurparler encore de Bièvre pour la remise en eaude tronçons historiques disjoints, en considé-rant qu’on rétablit une continuité historique(dans ce cas, le tracé et la cote d’origine sontnécessaires, alors qu’ils ne le sont pas autre-ment). Mais quand il n’y a plus ni continuitéspatiale ni aucune continuité historique, il n’y aplus d’identité de la rivière.

Il convient d’insister sur ce point, à l’heure où ilest question de faire renaître la Bièvre sousforme de tronçons disjoints, qui n’ont encommun qu’une eau transportée par descanalisations sous pression, comme si laBièvre se réduisait à de l’eau. Si l’on pouvaitréduire une rivière à son eau, il faudrait alorsréécrire nos manuels de géographie : depuisla construction du barrage de Serre-Ponçon,la Durance ne se jetterait plus dans le Rhôneprès d’Avignon, mais dans l’étang de Berre, oùla plus grande partie de ses eaux est détour-née par le canal EDF ; la Loire ne passeraitplus au pied des châteaux auxquels elle adonné son nom, elle ne rejoindrait plus l’océanAtlantique, mais ne serait plus qu’un affluentde l’Ardèche, où la majorité de son débit estdétourné par le barrage de la Palisse, àquelques kilomètres de sa source. Et il suffiraitde remplacer dans les tronçons réouverts l’eaude Bièvre par de l’eau de Seine ou de l’Ourcq

pour que ces tronçons deviennent la Seine oul’Ourcq.

Si l’on peut encore appeler Durance le coursd’eau qui passe près d’Avignon et Loire celuiqui baigne la Touraine et l’Anjou, et si l’on nepeut pas appeler Ourcq un tronçon de Bièvrealimenté en eau de l’Ourcq, c’est qu’une rivièreest bien plus que son eau ; c’est tout unensemble – un bassin, une vallée, un coursd’eau, son lit et ses berges – caractérisé parsa continuité dans l’espace (notamment biolo-gique), lisible par delà les passages en souter-rain, et par sa continuité dans le temps, lisiblepar delà les dérivations et l’enfouissement.

Tout projet de création de cours d’eau est légi-time, mais dans les limites de la définition del’authenticité donnée plus haut (p. 14) –comme étant la conformité entre ce qu’on voitet ce qui est annoncé. Si l’on réalise un écou-lement alimenté en eau de Bièvre, mais dis-continu dans l’espace et dans le temps, ilfaudra alors renoncer à parler de renaissancede la Bièvre. Si un tel aménagement est conçucomme la première étape d’un projet quiassure à terme un tracé continu, on pourracependant parler au moins de préfigurationd’une future renaissance.

4 - Origine des eaux :Eaux pluviales d’une partie du bassin versant

L’origine de l’eau dans le bassin versant, aumoins dans une partie de celui-ci, est recon-nue comme l’un des caractères de base deson identité. Même les projets qui réduisent laBièvre à son eau respectent au moins cecritère, puisque l’eau provient dans ce cas dubassin versant à l’amont d’Antony, non urbani-sé. Un écoulement dont l’eau provient d’unautre circuit (eau de Seine, de l’Ourcq oupotable), a fortiori un circuit fermé, ne peut pré-tendre au nom de Bièvre.

L’eau peut aussi provenir d’autres sous-bassins versants que celui de l’amont, parexemple du ruissellement des espaces traver-sés. Déjà, les eaux pluviales reçues par lesespaces verts s’infiltrent en partie et rejoignentdes nappes, qui pourraient être mises en rela-tion avec la rivière réouverte. Le rétablissementdu ruissellement dans la Bièvre de surfacesaujourd’hui urbanisées ne peut pas être entiè-rement réalisé car il risquerait d’engendrer uneimportante pollution, mais certaines disposi-tions en ce sens peuvent être prises locale-ment :

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- récupération des eaux de ruissellement destoitures, avec stockage en bassins ou enciternes ;

- épuration d’eaux de ruissellement deschaussées par des lagunes situées dansdes espaces verts, ou par le sol.

Le sol joue à cet égard un rôle important, à lafois pour le stockage et pour l’épuration. Et sil’on veut être encore plus conforme à cequ’est presque toujours une rivière, la récupé-ration des eaux pluviales doit se faire par l’in-termédiaire d’une infiltration dans le sol et de lareconstitution d’une nappe qui régularise larestitution de l’eau à la rivière.

5 - Renouvellement de l’eau :Circuit ouvert

La modalité extrême du renouvellement del’eau est la même que celle du facteur précé-dent (origine des eaux) : c’est le circuit entière-ment fermé, que le respect de l’authenticitéconduit à rejeter. Même les solutions intermé-diaires, où l’eau est partiellement d’origineextérieure et partiellement recyclée, ne sontpas conformes à ce que l’on attend d’unerivière. On retiendra donc le principe d’unécoulement en circuit entièrement ouvert, sansrecyclage de l’eau.

L’écoulement en circuit ouvert pose des pro-blèmes pratiques si l’eau issue d’une section àciel ouvert doit être reprise dans une canalisa-tion étroite, qui risque d’être bouchée par leséléments flottants ou les dépôts. Mais si l’onécarte la solution d’un tracé interrompu pardes passages en canalisations sous pression,qui ne respecte pas l’authenticité, alors ce pro-blème pratique ne se pose plus.

Modalités retenues et leur compatibilité

En résumé, les modalités retenues pour unerivière la plus authentique possible, mais réali-sable, sont :- Un tracé correspondant principalement à

celui d’origine, mais localement dévié sinécessaire ;

- Une cote d’altitude correspondant autantque possible à celle d’origine dans le tracéd’origine, sans que ce critère soit détermi-nant ;

- Un tracé continu, localement à travers dessections couvertes larges ;

- Une eau provenant des eaux pluviales d’unepartie du bassin versant (amont d’Antony, et,localement et moyennant épuration, des

abords immédiats ou d’autres sous-bassinsversants urbains) ;

- Un écoulement en circuit entièrementouvert.

Ces modalités sont compatibles entre elles,les deux premières parce qu’elles sont peucontraignantes, les trois autres parce qu’ellessont liées entre elles. L’ensemble peut doncconstituer les critères pour la réalisation d’uneBièvre aussi authentique que possible.

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Relation entre le caractèrenaturel-vivant et le caractèrehistorique-authentique

Le caractère plus ou moins naturel ou vivantd’une rivière a été analysé en faisant varier lesfacteurs qui ont le plus d’influence sur lui ; demême, le caractère plus ou moins historiqueou authentique a été analysé avec d’autresfacteurs spécifiques. Examinons à présent sices deux séries de facteurs sont liées ou indé-pendantes.

Les facteurs qui ont une influence sur lecaractère historique ou authentique en ontplus ou moins sur le caractère naturel etvivant :- L’évolution historique de la cote d’altitude a

peu d’influence ;- Celle du tracé a peu d’influence également

tant qu’on reste dans la vallée (un nouveautracé hors vallée est peu naturel, mais il n’estcependant pas incompatible avec une rivièrevivante) ;

- La continuité spatiale du tracé est unecondition de certains facteurs de caractèrenaturel et vivant ; elle est notammentindispensable à l’écoulement gravitaire, àmoins d’une forte dénivellation, car les cana-lisations sous pression entre sections res-taurées entraînent des pertes de chargesqui nécessitent un relevage ;

- Les deux derniers facteurs ont une influencesur le caractère naturel et vivant : le circuitfermé, qui est leur modalité la moins histo-rique commune, est peu naturel et peu favo-rable à la vie, car il ne permet pas leséchanges biologiques ; cependant, lamodalité la plus historique pour l’origine deseaux (l’ensemble du bassin versant), si restela plus naturelle, n’est pas la plus favorable àla vie si ces eaux arrivent polluées, commec’est le cas en milieu urbain.

Inversement, les facteurs qui ont uneinfluence sur le caractère naturel ouvivant en ont sur le caractère historique ouauthentique. Pour ce qui est de l’historicité,dans la mesure où la Bièvre était naturelle à l’o-rigine, les modalités les plus naturelles sont lesplus historiques : par exemple, l’écoulement àciel ouvert correspond à l’état de la Bièvrejusqu’à la fin du XIXe siècle ; le lit fixe non cana-lisé à son état jusque vers 1840 ; la divagationà son état au Moyen-Âge.

Quant à l’authenticité, dans la mesure où unerivière est un objet essentiellement naturel, unaménagement doit, pour mériter le nom de

rivière, avoir un caractère suffisamment naturel.Certains facteurs influant sur le caractèrenaturel ou vivant ont plus d’importance qued’autres à cet égard. Les facteurs immédiate-ment visibles, qui peuvent s’apprécier locale-ment, tels que la variation latérale du lit, neposent pas de problème d’authenticité ; ainsi,une rivière canalisée et en biefs est encoreconsidérée comme une rivière. En revanche,les facteurs qui concernent l’ensemble ducours, y compris des sections non visibles,sont sujets à la question de l’authenticité, carils peuvent présenter ou non un décalageentre l’apparence et la réalité ; c’est notam-ment vrai pour le mode d’écoulement, car per-sonne n’imagine une vraie rivière coulantautrement que gravitairement (éventuellementavec chutes, exceptionnellement avecsiphon), et personne n’imagine en voyantcouler naturellement une section de rivière qued’autres sections de la même rivière passent àtravers des canalisations sous pression (pas-sages couverts en charge) ou des pompes.On peut même considérer qu’un aménage-ment d’apparence naturelle sur une section,alors que le reste du cours présente des pas-sages en charge ou des relevages, est laconfiguration qui respecte le moins l’authentici-té : en effet, un tel aménagement visible laisseà penser qu’il s’agit d’une véritable rivière, avecun écoulement gravitaire, alors qu’il n’en estrien. Une rivière canalisée coulant gravitaire-ment est donc plus authentique qu’une rivièred’apparence naturelle issue d’un relevage.

En conclusion, on peut trouver de bonnesraisons de faire une rivière d’un caractère arti-ficiel ou qui ne correspond pas à l’Histoire. Enrevanche, le public admettra difficilement quela nouvelle rivière soit inerte et que l’on parle derestauration de la Bièvre si les critères d’au-thenticité ne sont pas respectés. La biodiversi-té et l’authenticité doivent donc être les critèresles plus importants dans l’évaluation de toutprojet sur la Bièvre, et elles seront assuréespar les mêmes modalités : un écoulement gra-vitaire, une continuité de ses caractéristiques,une relation à sa vallée et à son bassin versant.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris16

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 17

Il est possible aujourd’hui d’envisager qu’uneBièvre authentique et vivante coule un jour ànouveau dans Paris. Dans un Paris profondé-ment changé depuis qu’elle fut couverte, maistoujours Paris, la Bièvre retrouvée, elle-mêmedifférente de ce qu’elle fut, mais toujours laBièvre, symbolisera à nouveau, comme touterivière, la résistance au temps de ce qui n’estpas figé.

La première partie a montré à quelles condi-tions générales une rivière urbaine restauréepeut être vivante et authentique. Il s’agit à pré-sent d’appliquer plus précisément ces critèresà la Bièvre dans Paris.

Rappelons les modalités retenues pour une riviè-re la plus naturelle et la plus vivante possible : unlit fixe ou canalisé ; un débit et une hauteur varia-bles maîtrisés ; un écoulement gravitaire (locale-ment avec chutes si nécessaire) ; un parcours àciel ouvert ou couvert sans pression. Et cellesretenues pour une rivière la plus authentiquepossible : un tracé correspondant principale-ment à celui d’origine, mais localement dévié sinécessaire ; une cote d’altitude correspondantautant que possible à celle d’origine dans lessections qui suivent ou voisinent le tracé d’origi-ne ; un tracé continu, localement à travers dessections couvertes larges ; une eau provenantdes eaux pluviales d’une partie du bassin ver-sant (l’amont d’Antony, ainsi que, localement etmoyennant épuration, les abords immédiats oud’autres sous-bassins versants urbains) ; unécoulement en circuit entièrement ouvert.

Ces critères fixent un cadre permettantd’éviter certaines erreurs ; ils ne suffisentni à justifier ni à décrire un grand projet derestauration de la Bièvre dans Paris. Au-delà de ces exigences minimales, il s’agitd’un projet urbain et paysager, une créa-tion volontaire qui ne se réduit pas aurespect de critères prédéfinis.

Les pages qui suivent développent plusieursprincipes valables pour l’ensemble du projet

de restauration de la Bièvre parisienne, grou-pés en cinq grands thèmes et qui sont doncdéclinés différemment de la première partie :on y trouvera, à l’occasion, le rappel de tel outel des critères de biodiversité et d’authentici-té, mais aussi les éléments propres au partid’aménagement décidé.

1.Une vraie rivière, continue et gravitaire2.Un projet à long terme,

qui commence aujourd’hui3.Rivière de parc, rivière encaissée,

rivière souterraine4.Un parc-promenade pour le XXIe siècle5.Un modèle de génie écologique6.Une identité visible pour la Bièvre

Une nouvelle Bièvre dans ParisPrincipes généraux d’aménagement

Le Tibre seul, qui vers la mer s’enfuit,Reste de Rome. Ô mondaine inconstance !

Ce qui est ferme, est par le temps détruit,Et ce qui fuit, au temps fait résistance.

Joachim du Bellay (Les Antiquités de Rome,1558)

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Schémas comparatifs des différentes solutions possibles de restauration de la Bièvre dans Paris

IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris18

La Bièvre

La Seine

AchèresCollecteur de Bièvre

Conduite dans le collecteur Pascal

DéversoirWatt

Kellerman

Déversoirs

Gobelins Muséum

La Bièvre

La Seine

AchèresCollecteur de Bièvre

Réseau d'eau potable

DéversoirWatt

Kellerman

Déversoirs

Gobelins Muséum

La Bièvre

La Seine

AchèresCollecteur de Bièvre

DéversoirWatt

Kellerman

Conduites dans le collecteur Pascal

Gobelins Muséum

La Bièvre

La Seine

DéversoirWatt

et sections souterraines larges

Sections à ciel ouvert (importantes)

1 - Ecoulement en parallèle à partir de la Bièvre

2 - Ecoulement en parallèle à partir d’un autre réseau

3 - Ecoulement en série à partir de la Bièvre, interrompu

4 - Ecoulement en série à partir de la Bièvre, continu

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 19

Pour définir les modalités de rétablissementrespectant le mieux les critères d’une rivièrevivante et authentique établis au chapitre pré-cédent, il est utile de passer d’abord en revue,à la lumière de ces critères, les différentessolutions qui ont pu être envisagées pour lerétablissement de l’écoulement de la Bièvre,qu’elles soient encore ou non à l’ordre du jour(schémas page suivante).

Solution (1) : Écoulement en parallèle à partir de la Bièvre

Cette solution, envisagée au départ par lesservices de la Ville de Paris, consiste à alimen-ter les biefs recréés en eau de Bièvre à partird’une canalisation, dont la capacité nécessai-re lui permettrait d’être suffisamment réduite(diamètre 40 cm) pour passer dans les collec-teurs d’eaux existants (de la Colonie etPascal). Dans cette solution, l’eau n’est pasrécupérée à la fin des sections à ciel ouvert,car elle est chargée d’impuretés solides quirisqueraient de boucher la canalisation. Elle estévacuée dans le réseau d’assainissement uni-taire. Les différents tronçons réouverts seretrouvent donc en parallèle, et non en sériecomme dans une rivière naturelle.

Solution (2) : Écoulement en parallèle à partir d’un autre réseau

Cette solution, envisagée ensuite par les servi-ces de la Ville de Paris, allait jusqu’au bout dela logique d’une rivière artificielle : à partir dumoment où il ne s’agit pas d’un écoulement ensérie comme dans une rivière, on peut aussibien éviter d’installer une nouvelle canalisationet alimenter les biefs recréés avec le réseaud’eau de l’Ourcq, existant pour les usagesmunicipaux.

Solution (3) : Écoulement en série à partir de la Bièvre,interrompu

Cette solution, proposée par le projet del’Union des Associations «Renaissance de laBièvre» (Ambroise-Rendu et al., 2000) et repri-se par le projet de la Ville soumis au concours

en 2003, consiste à conduire jusqu’auconfluent l’ensemble du débit entrant dansParis. Elle propose comme la solution (1) uneconduite de 40 cm à l’intérieur des collecteurs,mais uniquement entre les biefs à ciel ouvertrecréés, puisque chacun de ceux-ci fait pas-ser l’ensemble de l’écoulement. Il s’agit donc,à la différence des deux premières solutions,d’un écoulement en série. L’écoulement peutthéoriquement être gravitaire, mais l’étroitessede la canalisation impose une perte de chargeque la dénivellation ne compense pas : le rele-vage est donc nécessaire.

Solution (4) : Écoulement en série à partir de la Bièvre,continu

Cette solution suit le même schéma que laprécédente, mais en supprimant tout passagepar une canalisation : entre les passages à cielouvert, le plus nombreux possible, les sectionssouterraines sont suffisamment larges pourêtre à pression atmosphérique et donc assurerl’écoulement gravitaire sans perte de chargeainsi que la continuité biologique.

Une vraie rivière, continue et gravitaireModalités de rétablissement

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris20

A l’aune des critères définis au chapitre précé-dent, les solutions (1) et (2) ne peuvent enaucun cas prétendre constituer une restaura-tion de la Bièvre, même pas une recréation derivière. La solution (3) se rapproche d’une véri-table restauration, puisqu’elle fait passer lamême eau, venant de la Bièvre amont, danstous les biefs réouverts. Mais l’interruption dela continuité de la rivière par le passage encanalisation sous pression compromet forte-ment son caractère vivant et authentique.

Seule la solution (4) possède l’ensemble descaractéristiques qui respectent le mieux les cri-tères demandés tout en restant réalisables (cf.pp. 8 et 12). Seul un écoulement entièrementcontinu et gravitaire permettra de dire que l’ona restauré la Bièvre. La solution d’une réouver-ture sur quelques tronçons en série séparéspar des canalisations peut constituer une pre-mière étape, préfigurant une renaissance de laBièvre qui ne sera réalisée que plus tard.

Analyse des différentes solutions par rapport aux critères définissant le caractère vivant

Analyse des différentes solutions par rapport aux critères définissant le caractère authentique

Du plus naturel …au plus artificielou du plus vivant… ou au plus inerte

Gradation des couleurs

Du plus historique …au moins historiqueou du plus authentique… ou au moins authentique

Gradation des couleurs

1 - V° latérale

1 -

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2 -

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3 -

Lit

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1 -

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3 -

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2 - Hauteur 3 - Ecoulement 4 - Ouverture ou couverture

1 - Parallèle de Bièvre

2 - Parallèle, autre réseau

3 - Série, interrompu

4 - Série, continu

Solution(type d’écoulement)

1 Evolution du tracé

1 -

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2 -

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1 -

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2 Evolution de la cote

3 continuité du tracé

4 Origine des eaux

5 Renouvellement

des eaux

1 - Parallèle de Bièvre

2 - Parallèle, autre réseau

3 - Série, interrompu

4 - Série, continu

Solution(type d’écoulement)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 21

Un projet à long terme, qui commence aujourd’huiCoût, faisabilité, calendrier, stratégie

L’aménagement du territoire, de la ville, del’espace public, semble avoir du mal à antici-per le long terme. Peut-être à cause de la rapi-dité des changements, de l’instabilité del’économie, les politiques publiques hésitent àengager des actions dont les résultats ne peu-vent se faire sentir qu’au bout de longuespériodes d’efforts. Une échéance de quinzeans est aujourd’hui considérée comme dulong terme, vingt-cinq ans, du très long terme.Certains projets (notamment d’infrastructuresde transport) sont bien conçus sans prévoir dedélai et, même inscrits dans des schémasdirecteurs à quinze ou vingt ans, ne sont pasréellement envisagés dans ces échéances ;mais le jour où ils sont décidés (et surtoutfinancés), leur réalisation est programmée surune assez courte durée (un ou deux contratsde plan). Les projets qui doivent se mettre enplace sur une très longue durée, eux, ne sontpas envisagés.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Sans remonteraux cathédrales, les villes nouvelles, conçues ily a quarante ans, s’achèvent à peine pour cer-taines, sont loin de l’être pour d’autres, et leursconcepteurs savaient qu’elles ne se feraientpas en quelques années. Il n’en sera peut-êtrepas non plus toujours ainsi. L’exigence dudéveloppement durable oblige désormais àenvisager les conséquences des projets surune durée indéterminée. La prospectiverevient et dans son rapport Aménager laFrance de 2020, publié en 2000, la DATARentend «réintroduire le temps long» qui carac-térisait ses réflexions dans les années 1960(4).La multiplication des projets de parcs urbainsa fait prendre conscience qu’il faut plusieursdécennies pour qu’un paysage prenne forme.

Un projet de restauration d’une rivièredisparue ne peut s’envisager que sur unelongue durée. Il a fallu un peu plus dequarante ans(5) pour faire entièrementdisparaître la Bièvre de Paris intra-muros.On peut difficilement envisager de par-courir le chemin inverse sur une périodeplus brève. Et de même que la disparitionde la Bièvre s’est étalée de façon quasicontinue sur ces quarante ans, de mêmeune restauration à terme de quarante ans

ne signifie pas qu’elle devra commencerdans trente-cinq ans, mais bien se faireprogressivement sur toute cette période,en commençant à court terme.

Une vision à long terme pour étaler les coûts

Avant tout chiffrage, une hypothèse de restau-ration complète apparaît d’une complexité etd’un coût sans commune mesure avec toutautre projet. On peut même légitimement s’in-terroger sur le rapport coût-avantage d’un telinvestissement. Encore une fois, le proposn’est pas ici de justifier à tout prix une réouver-ture complète : il est seulement de montrer àquelles conditions on peut authentiquementparler de renaissance ou de restauration de laBièvre. Ces conditions sont très exigeantes, eton peut fort bien les refuser, en renonçant alorsà voir la Bièvre couler à nouveau dans Paris.

Cependant, étalé sur une quarantaine d’années(soit 6 à 7 mandatures), le coût annuel d’unerestauration complète ne serait pas d’un ordrede grandeur plus élevé que celui que prévoit laVille pour la réouverture sur trois sites en l’espa-ce d’une mandature, ou de ce qu’elle a engagépour ses derniers grands parcs (Citroën, Bercy): quelques pour mille du budget municipalannuel. De même, le coût cumulé d’aménage-ments réalisés par tranches successives(6),comme le parc de la Courneuve, les grandesbases de loisirs ou les «coulées vertes» peutapparaître considérable, mais l’étalement de cescoûts sur de longues périodes les rend suppor-tables pour les collectivités qui les ont financés.

4 - «Si 2020, ce n’est pas tout à fait l’infini, cela lui ressembledéjà un peu. Néanmoins, il est possible de l’imaginer. Cet hori-zon est même nécessaire pour agir, car une Nation qui se lais-serait porter par la force des futurs les plus immédiats finirait parne plus s’appartenir. Réintroduire le long terme dans l’actionpublique est un préalable indispensable à toute réflexion et pro-position pour un aménagement rénové du territoire : le tempslong nous indique la force des mutations en germe et le poidsde leurs conséquences. Il nous permet de comprendre et dedépasser les contraintes et les blocages du quotidien.» (op.cit., p. 4)5 - Quarante ans, de 1868 à 1912 pour la section strictementintra-muros, c’est à dire à l’intérieur des murs d’enceinte, 70ans si l’on considère l’ensemble du territoire de la ville de Paris,puisque le tronçon du parc Kellermann n’a été couvert qu’en1935.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris22

Et si en cours de route, le coût apparaît plusélevé que prévu ou les moyens plus réduits,rien n’empêche d’étaler le projet sur une duréeencore plus grande, pourvu qu’une améliora-tion progressive montre qu’on se dirige lente-ment vers un but clairement défini.

Il serait donc regrettable de déclarer trop vitequ’une option est irréaliste, quand elle n’estpas réalisable à court ou moyen terme.

Une vision à long terme pour tirer parti des opportunités

L’intérêt de ne prévoir qu’à très long terme l’a-chèvement du projet est aussi de ne réaliserles travaux que lorsque les conditions sont lesplus favorables. Des travaux très coûteuxaujourd’hui le seront beaucoup moins s’ils sontréalisés le jour où l’opportunité se présenterade les combiner avec d’autres travaux sur lesmêmes sites prévus pour d’autres raisons.

Sur l’espace public, un facteur important ducoût des projets est le déplacement desréseaux (assainissement, gaz, électricité, etc.).C’est pourquoi les phases de la restaurationde la Bièvre devraient être programmées entenant compte du calendrier des gros travauxprévus sur les réseaux.

La restauration de la Bièvre peut aussi êtreréalisée en même temps que des infrastructu-res lourdes, dont elle ne constituerait qu’un sur-coût, beaucoup moins élevé que si elle sefaisait isolément. Il y a notamment des possibi-lités de parcs de stationnement souterrains. Lerythme de leur construction sera certes moinsélevé dans l’avenir que par le passé, puisque latendance est à limiter la place de l’automobile.Mais il peut encore y en avoir, et la combinai-son d’un tel parc souterrain et d’une rivière peutêtre l’occasion d’un projet architectural majeur(cf. plus loin les références architecturales etpaysagères pour une rivière encaissée).

Sur l’espace privé, l’expropriation n’est évi-demment pas envisageable. Il s’agit donc detirer parti des opportunités de mutations fon-cières, en inscrivant au PLU des emplace-ments réservés en vue d’une préemption, oudes servitudes pour ménager la possibilité defaire passer la rivière en cas de mutation desterrains (vente ou reconstruction). Si l’on veutcréer une promenade continue, l’acquisitionest au moins nécessaire pour le lit de la rivièreet un cheminement qui la longe, mais elle peutêtre suffisante si cette bande est bordée dejardins privés, et elle peut être réalisée à un

coût raisonnable si les droits à construire sontmaintenus sur les parcelles amputées. Si l’onse donne un objectif à plusieurs décennies, laprobabilité est élevée que se présentent desoccasions de mutation sur une grande partiedu cours.

Il existe aussi sur le parcours proposé de laBièvre des terrains de statut privé mais contrô-lés par des acteurs publics, notamment lesensembles d’habitat social. La question fon-cière y est plus aisée, d’autant qu’il s’agit prin-cipalement de bâti discontinu avec desespaces ouverts importants.

Ce n’est pas seulement pour la réduction descoûts fonciers et techniques que les mutationsde terrain peuvent constituer des opportunités,c’est aussi parce qu’elles peuvent permettrede faire financer les travaux, qu’il soient sur ter-rain public ou sur terrain privé, par la plus-valueque donnera la rivière aux immeubles ayantvue sur elle. Si les travaux de restauration sonteffectués indépendamment des mutations,cette plus-value, créée par la collectivité, estdistribuée gratuitement aux riverains. Si les tra-vaux sont effectués en même temps qu’unemutation, leur coût peut être imposé au pro-moteur, qui le répercutera sur le prix de vente.Cette récupération de la plus-value peut sefaire grâce à une procédure de ZAC : parexemple, sur l’ancienne gare de Rungis (cf.plus loin les propositions localisées), si l’oncrée un jardin central traversé par la Bièvre,entièrement entouré d’immeubles, on peutvendre les appartements ayant vue sur ce jar-din à un prix qui participe au coût des travaux,tandis que les appartements sans vue sur lejardin peuvent être affectés à des logementssociaux, comme dans la plupart des ZACrécentes de Paris (Citroën, Bercy, Dupleix...).Sur des parcelles isolées, où la procédure deZAC serait trop lourde, l’utilisation du droit depréemption, s’il est permis au départ par lePLU, peut avoir le même effet. Le promoteurde la rénovation de l’îlot de la Reine Blanche,rue Berbier-du-Mets, était ainsi prêt à participerà la réouverture de la rivière au droit de sonimmeuble.

6 - Les travaux d’aménagement de la coulée verte du sud pari-sien, le long de la ligne du TGV Atlantique (12 km, 50 ha), ont

représenté 22 M€ (valeur 2002), étalés de 1985 à 2002 ; leprojet pour celle de l’interconnexion TGV (18 km, 90 ha) repré-

sente 30 M€, prévus sur 10 ans ; à chacun de ces projets, ilfaut ajouter un coût équivalent de mesures conservatoires(passerelles, prolongement de tranchées couvertes, etc.) réali-sés en même temps que le projet technique (source : Agencedes Espaces Verts de la Région d’Île-de-France).

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 23

Les opportunités peuvent se présenterdans un délai plus ou moins long, mais lesdispositions conservatoires sont à prend-re très rapidement pour ne pas compro-mettre l’avenir. La préparation du Planlocal d’urbanisme de Paris est l’occasionde prendre ces dispositions.

Une vision à long terme pour maximiser les choix

On peut fort bien décider de ne pas engager,au moins à court terme, la restauration de laBièvre. On peut décider de n’en engager qu’u-ne partie sans prévoir de délai pour la suite.Mais l’éventualité qu’un projet complet soit unjour envisagé est suffisamment sérieuse pourque l’on évite tout aménagement qui le rendraitplus difficile – que ce soit une restauration par-tielle de la rivière ou d’autres travaux (voirie,bâti...) interférant avec celle-ci. Le principe dudéveloppement durable – répondre auxbesoins des générations présentes sans com-promettre la capacité des générations futuresde répondre aux leurs – doit conduire à éviterde tels aménagements, et à peser les consé-quences de tous ceux qu’on engage auregard de l’éventualité d’une restauration com-plète.

En particulier, les projets de restauration par-tielle doivent établir le lit des tronçons de riviè-re, créés ou recréés, à une cote d’altitudecompatible avec l’écoulement gravitaire àterme. Pour cela, cette cote ne doit pas seule-ment être descendante du tronçon amont versle tronçon aval, mais aussi tenir compte dessections intermédiaires et posséder une déni-vellation d’autant plus importante que la lon-gueur qui sépare les sections réouvertes estgrande. Le plus sûr est de retrouver la coted’origine pour les sections rétablies en place etcelle de la section ancienne la plus prochepour les sections nouvelles. Certes, l’existencede deux bras – vif et mort – dont l’un était plushaut que l’autre montre que plusieurs cotessont compatibles avec l’écoulement gravitaire ;mais le bras vif comprenait des chutes et desbiefs horizontaux, qui n’autorisent un débit suf-fisant que s’ils sont suffisamment larges. Larivière restaurée ne pourra pas avoir partout unlit aussi large qu’autrefois, ce qui doit conduireà rechercher une pente aussi constante quepossible, donc un profil en long plus prochede celui de la Bièvre morte que de la vive. Ilserait regrettable de commencer la renaissan-ce de la Bièvre par des ouvrages qu’il faudraitcasser le jour où l’on voudra la poursuivre.

Inversement, ces projets doivent aussi prévoirque la restauration complète ne se fasse pas,et ne pas apparaître alors comme ces viaducsinutiles d’autoroutes jamais achevées. C’estpourquoi, avant d’être des maillons d’un grandprojet, ils doivent d’abord être conçus commedes jardins creux locaux, reliés au besoin parune promenade, baignés ou non par unepièce d’eau linéaire, courante ou non, quipourra un jour laisser place à la Bièvre, maisqui ne prétendra pas l’être tant qu’ils restentindépendants ou reliés seulement par uneconduite.

À chacune de ses étapes, le projet de restau-ration de la Bièvre doit donc être adaptable àplusieurs scénarios pour la suite, entre l’arrêt etla poursuite de la restauration jusqu’à sonachèvement sur l’ensemble du tracé.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris24

Rivière de parc, rivière encaissée, rivière souterraine

écoulement, profil en travers

Une rivière plus profonde qu’autrefois

La volonté d’assurer un écoulement gravitaire,facteur à la fois de continuité biologique etd’authenticité de la rivière, impose un profil enlong uniformément descendant, qui réduit lamarge de manœuvre pour le calage de la coted’altitude. En bien des endroits, à cause desremblaiements, le sol actuel est beaucoupplus haut que celui de l’époque où la Bièvrecoulait à l’air libre, et le nouveau lit ne peutguère être placé plus haut que l’ancien, si l’onveut éviter le relevage. La Bièvre de demainsera donc presque partout plus profonde quecelle d’hier.

En même temps, le projet est déterminé par lavolonté d’avoir une rivière à ciel ouvert, qui sejustifie d’abord par la recherche du caractèrevivant et authentique : une meilleure oxygéna-tion, donc une eau plus pure et plus vivante ;la lecture de la continuité du tracé, sans laquel-le il n’y a pas de rivière. En outre, la rivière à cielouvert devient un élément de l’espace public,et - facteur de réussite à long terme - sa qua-lité est aisément contrôlable par la population.

À ciel ouvert, mais en profondeur, la Bièvre seradonc encaissée sur une importante partie deson cours. Cette configuration présente unavantage pratique supplémentaire : la sectionmouillée sans débordement sera plus grandeque dans le cas d’une rivière peu creusée oud’une conduite souterraine, et la capacité destockage des crues sera donc plus importante.

On peut donc envisager trois principalesconfigurations selon la position du lit de larivière, c’est-à-dire non sa profondeurseule, mais son ouverture (rapport entre laprofondeur et la largeur d’ouverture) :

- Rivière accessible, quand l’ouverture per-met de réaliser des berges (talus, perrés,soutènements) de moins de 45° en moyen-ne – c’est-à-dire quand la largeur d’empriseest au moins égale à celle de la rivière plusle double de la profondeur d’encaissement(par exemple dans les trois jardins où la

réouverture est envisagée en premier, ainsique sur l’ancienne gare de la place deRungis ou au square de Bièvre près du bou-levard Auguste-Blanqui, cf. plus loin les pro-positions localisées) ;

- Rivière encaissée, quand l’ouverture nepermet pas de réaliser des berges de moinsde 45°, mais permet au moins de réaliserune tranchée (parois raides, voire verticales)pas plus profonde que large (ou, sur decourtes sections, pas plus de 2 fois plusprofonde que large) – c’est-à-dire quand lalargeur d’emprise est inférieure au double etsupérieure à la moitié de la profondeur (parexemple rue Pascal, rue Censier, cf. plusloin les propositions localisées) ;

- Rivière souterraine, quand l’ouverture nepermet même pas de réaliser une tranchéetelle que décrite ci-dessus – c’est-à-direquand la largeur d’emprise (moins celle de larivière) n’est même pas la moitié de la pro-fondeur (par exemple sous les rues Paul-Gervais et Edmond-Gondinet), voire quand iln’y a aucune emprise.

Les configurations les plus favorables n’empê-chent pas de réaliser des aménagements cor-respondant à de plus contraignantes : parexemple dans le parc Kellermann, où la coteautorisant l’écoulement gravitaire devrait être à3 m au-dessous du sol actuel, on peut, au lieude réaliser une vallée de 9 m de large, faire cir-culer la Bièvre dans des gorges rocheuses.

Une rivière de parc, la nature accessible

Les configurations qui permettent de réaliserune rivière accessible sont celles où l’on peutinstaller un lit proche du sol actuel, ou bien cel-les où l’emprise est importante, de façon àcreuser avec une ouverture suffisante. La pre-mière configuration ne se rencontre quasimentqu’au square René-le-Gall, l’endroit le moinsremblayé du parcours. La deuxième est aussila configuration du square Le-Gall, ainsi quedes deux autres principaux jardins, Kellermannet annexes du Muséum, dont la cote est plusélevée. En dehors de ces trois jardins, il n’exis-te guère actuellement d’emprises publiquesassez vastes pour offrir l’ouverture suffisante, à

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part, peut-être, le square dit «de Bièvre»,ouvert sur le boulevard Auguste-Blanqui, entreles rues de la Glacière et Vergniaud. Maisdans l’avenir, plusieurs sites pourraient êtrerécupérés à l’occasion de mutations : à relati-vement court terme, l’ancienne gare de mar-chandises du chemin de fer de ceinture, entrela poterne des Peupliers et la place deRungis ; à plus long terme, des parcellesbâties d’immeubles discontinus, avec denombreux espaces verts, entre les rues Brillat-Savarin et Boussingault.

Dans tous ces espaces, la rivière peut êtreaménagée avec un caractère aussi naturel etvivant que possible, en harmonie avec les jar-dins qu’elle traverse : berges basses accessi-bles, végétation de ripisylve...

Une rivière encaissée, la nature abritée

Dans les autres endroits où l’on pourra rouvrir,l’ouverture plus réduite ne permettra qu’unerivière encaissée. Cela n’est pas un inconvé-nient, bien au contraire. En effet, s’agissantpour la plupart, de sites dans la rue, l’encais-sement et l’inaccessibilité résultante mettrontla rivière et son milieu vivant à l’abri de l’agita-tion et des risques. Le passage de la rivièreentre des parois n’empêchera pas la présen-ce de ce milieu vivant : hauts fonds portantune végétation aquatique, sites de vie ou denidification d’oiseaux (foulques, canards...). Lecontraste sera mis en valeur entre une partiehaute très urbaine (balustrade, soutènementou perré) et une partie basse qui peut être trèsnaturelle.

L’encaissement nécessitera de créer des sou-tènements en contrebas de la voirie, mais nenécessitera pas de reprise en sous-œuvre dela plupart des immeubles anciens proches ;en effet, ceux-ci ont été bâtis au bord de laBièvre qui coulait plus bas, leur pied a été rem-blayé et il suffirait de le dégager.

Dans certains cas, l’ancien premier étage estdevenu rez-de-chaussée, avec aménagementd’une nouvelle entrée. Celle-ci ne serait enaucun cas modifiée : si la rivière est recréée aupied de l’immeuble, l’accès sera rétabli parune passerelle.

Des aménagements très variés sont possiblespour une rivière encaissée, s’inspirant de nom-breuses références que l’on peut regrouper enquelques grands modèles, naturels ou artifi-ciels :

Les gorges naturelles de petites rivières peuventfournir un modèle pour l’aménagement de sections encaissées(gorges de l’Alzou, dansles Causses du Quercy)

Une rivière accessibledans les parcs, quandl’ouverture le permet

Une rivière encaisséedans la rue, parfois dans les parcs

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Le modèle des gorges et des gouffres estcelui que l’on trouve dans la nature, et le plusévident pour une rivière. Ces formations sont leplus souvent issues de la dissolution et de l’ef-fondrement de roches calcaires sous l’effetd’une eau courante (gorges) ou s’infiltrant (gouf-fres) ; leurs dimensions sont extrêmement varia-bles, jusqu’à plusieurs centaines de mètres deprofondeur (gorges du Verdon, du Tarn, gouffrede Padirac), mais aussi, dans d’autres cas,quelques mètres seulement, comme ce pour-rait être le cas de la Bièvre. Toutes ont en com-mun la présence visible de la roche, à la foisirrégulière et cependant organisée suivant dessurfaces structurales et des plans de faille ; etune végétation (lierre, fougères, mousses...)adaptée à des conditions particulières –pénombre, faible volume de sol, compensé parl’humidité, substrat généralement calcique. Onrencontre plus rarement des défilés secs, creu-sés par de l’eau disparue depuis (comme àPétra, en Jordanie). Prisés des romantiques, lesrochers et leur milieu ont inspiré de nombreuxparcs du XVIIIe et du XIXe siècles. Les rochersartificiels sont encore utilisés dans l’architecturede paysage (notamment aux Etats-Unis), où ilspeuvent présenter toutes les formes, de l’imita-tion de la nature à la pure sculpture. Au modèledes gorges et des gouffres se rattachent d’aut-res réalisations où la végétation s’accroche surune surface verticale (comme les murs-jardinsde Patrick Blanc à l’ile Saint-Germain ou à l’hô-tel Pershing de Paris) et où, de même, unehumidité suintante compense le manque de sol.Plus simplement, on peut aussi y rattacher lesmurs de soutènement où une végétationimplantée au-dessus ou au-dessous grimpe ouretombe (lierre, vigne vierge, clématite...). Parmiles sections encaissées, le modèle des gorgesinspirera surtout celles situées dans des jardins,

mais il n’est pas à exclure dans la rue. Il peuttrouver de nouveaux usages, comme l’entraîne-ment à l’escalade dans un cadre plus naturelque celui des murs à prises préfabriquées.

Le modèle des fronts de taille est celui queproduisent les activités extractives, les tran-chées d’infrastructures, les grands chantiersurbains. À la différence des gorges et des gouf-fres, il s’agit de coupes fraîches, qui font appa-raître encore plus nettement la stratigraphie. Cetaspect est généralement transitoire, surtout si lesubstrat est meuble : les fronts de taille de car-rières avancent, et ceux qui sont abandonnéssont altérés par l’érosion ; ceux créées pour desinfrastructures ou des bâtiments sont consoli-dés par des dispositifs de soutènement qui lesmasquent. Il est cependant possible, locale-ment, de consolider un front de taille en laissantapparaître sa stratigraphie (pose de tirants, miseà l’abri de l’écoulement d’eau, traitement chi-mique du sol...). Cela peut être intéressant pourrévéler l’histoire des lieux, à travers les remblaie-ments successifs, en particulier ceux des gra-vats issus des percées haussmanniennes, quiont comblé la vallée de la Bièvre.

Le modèle des puits de lumière est le plusarchitecturé. Ce modèle est celui d’un puitscentral (ou d’une tranchée), dont les parois nesont pas des soutènements, mais les mursd’espaces souterrains, qui ne sont en généraléclairés que par les ouvertures pratiquées dansces parois. De tels aménagements ont d’abordété réalisés en creusant les espaces habitéslatéralement à partir de fosses naturelles : il s’a-git alors d’une forme particulière de troglodytes,plus rares que ceux de falaise, et dont les pluscélèbres sont sans doute ceux de Matmata, enTunisie, ou les « puits du ciel « chinois. Mais ontrouve aussi des exemples où l’ensemble estartificiel : les puits à degrés du Gujarat (Inde),ou, plus près de nous, les parcs de stationne-ment souterrain des Célestins, à Lyon, ouMarengo, à Saint-Étienne. De même, desparcs de stationnement souterrains pourraientêtre réalisés en bordure d’une tranchée ouautour d’un puits creusé pour la Bièvre (placede Rungis, rue Censier...), ce qui permettrait àla fois d’offrir un point de vue sur la rivière plusproche que d’en haut et de rentabiliser le creu-sement. Un autre exemple de ce modèle est lacour anglaise, qui permet à des sous-sols d’ê-tre éclairés en lumière naturelle et de donnersur un espace abrité de la rue, voire planté.

Le modèle des petites rivières urbainescorrespond a priori aux parties les moinsencaissées ; mais les rivières non domaniales

Dans des espacesrocheux, étroits,

ombragés et humides,une végétation particulière

(fougères, mousses, lianes, etc.) s’installe,

qui contribue à uneambiance dépaysante

(à droite, les gorges de la Falaise en Martinique

(photo S. Castano), à gauche, le gouffre

de Padirac)

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Dans le jardin de l’Hôtelde la Région d’Île-de-France, à Paris,une cour anglaise trèsplantée a été aménagéepour éclairer une salle en sous-sol.

Dada Harini Vav, à Ahmedabad (Gujarat,Inde), construit sous les souverains mogholsen 1500, un des plusspectaculaires puits à degrés indiens, dont le fond est accessible par un escalier monumental

Le parc de stationnementdes Célestins, à Lyon,conçu en rampe hélicoïdale autour d’un puits central(François Gindre, Georges Verney-Carron,Daniel Buren, 1994).

ne faisant pas partie de l’espace public, denombreux exemples existent où elles coulententre des murs (comme l’Yvette à Saint-Rémy-lès-Chevreuse ou la Salmouille à Linas) et pré-sentent donc un aspect encaissé. Il y a iciaussi une alliance entre l’urbain et le naturel,puisque dans ces exemples, les murs sontpour beaucoup en moellons assez irrégulierspour offrir prise à une végétation saxicole sem-blable à celle des gorges (mousses, petitesfougères, giroflées, ruine de Rome, etc.).

Une vraie rivière souterraine

Il ne sera pas possible avant longtemps, nimême forcément souhaitable, de faire coulerla Bièvre entièrement à ciel ouvert. En effet,une section souterraine peut aussi être un élé-ment naturel, authentique et attractif du coursd’une rivière. L’essentiel pour cela est que lasection soit suffisante pour assurer un écoule-ment libre, avec peu de perte de charge etsous une lame d’air permettant d’entretenirl’oxygénation de l’eau.

Le projet en cours pour la renaissance de laBièvre, que l’on peut considérer comme unepremière étape, prévoit, entre les sections àciel ouvert, de faire passer les eaux de laBièvre par une conduite de dimensions rédui-tes (40 cm) posée dans les égouts ou les col-lecteurs. La solution d’une vraie rivièresouterraine, qui devrait prévaloir à terme,consisterait à faire l’inverse. Cela n’est paspossible dans les collecteurs (notamment lecollecteur Pascal), dont le débit nécessitetoute leur section, mais il existe certainségouts qui sont d’anciennes sections voûtéesde la Bièvre, surdimensionnés pour leur rôleaujourd’hui purement local ; c’est le cas sousla rue Brillat-Savarin (égout supérieur, 1 m delarge sur 2 m de haut) et sous les rues Paul-Gervais et Edmond-Gondinet, où les dimen-sions atteignent 3 m de large sur 2,50 m dehaut. De même, les franchissements des ruesqui existaient au moment de la couvertureétaient voûtés et pourraient être déblayés,voire rendus visitables (rue de Tolbiac, rueDaviel). Certaines sections souterraines pour-raient être éclairées par des oculi zénithaux, àl’instar du canal Saint-Martin sous le boulevardRichard-Lenoir.

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Une rivière souterrainesous les sols remblayés :

Coupe sous le franchissement vouté

de la rue Daviel qui pourrait être rendu

visitable

Les rivières souterrainesnaturelles peuvent fournirune source d’inspiration

pour l’aménagement de salles souterraines

(gouffre de Padirac)

Certaines stations du métro de Stockholm s’inspirent

de la forme des grottes naturelles,en y ajoutant une décoration

contemporaine

Certaines sections souterraines pourraient

être éclairées par des oculi zénithaux,

à l’instar du canal Saint-Martin sous le

boulevard Richard-Lenoir

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Le dernier grand parc parisien

La fin du XXe siècle a vu se compléter le réseaudes grands parcs parisiens, avec La Villette,Citroën et Bercy. Paris n’avait pas connu deréalisations de dimensions analogues depuisle Second Empire. Durant cette période aaussi été mis en place un nouveau typed’espace vert public, la liaison verte, qui offredes promenades beaucoup plus longues queles anciens cours, mails et promenades, etpermet aux piétons et cyclistes de rejoindre lacampagne à partir du cœur de la ville : prome-nade Vercingétorix, reliée à la Coulée verte duSud parisien, promenade plantée de l’ancienchemin de fer de la Bastille, reliée au bois deVincennes et à la future Coulée verte du Sud-Est, auxquelles il faut ajouter les liaisons«bleues» sur les quais de la Seine et du canalde l’Ourcq. Ces nouveaux parcs et liaisons ontamorcé un véritable réseau d’espaces verts,tel que les Olmsted en avaient conçu au débutdu siècle dans les villes des États-Unis.

Mais aujourd’hui, alors que de nombreux quar-tiers n’ont pas encore de grand jardin proche(7),toutes les possibilités dans Paris intra-murossemblent avoir été exploitées, et il ne resteapparemment plus d’opportunités pour despénétrantes vertes, ni de terrains mutablesdont les dimensions permettraient de réaliserde nouveaux grands parcs - à part peut-êtredes emprises de Réseau Ferré de France,comme la gare des Batignolles.

Or il existe encore une autre opportunité dansParis, peut-être la dernière : la restauration dela Bièvre, qui peut devenir la prochaine grandeliaison à la fois verte et bleue entre Paris et lacouronne rurale, et, plus qu’une simple liaison,le prochain grand parc parisien. En effet, lecours de la Bièvre traverse trois jardins dedimensions moyennes, et de plus petits peu-vent être créés, le tout formant un ensembleéquivalent aux grands parcs. Ce serait un«parc-promenade», un «parc-rivière», forméd’un cheminement et d’une succession de jar-dins et de places en creux, à terme baignéspar la rivière, mais constitués progressivement.Des modèles existent : tracés de rivièresenchaînant des espaces ouverts restés plus

nombreux qu’à Paris dans un tissu urbain unpeu moins dense, comme la Bièvre d’Antony àGentilly ; le modèle peut-être le plus prochen’est pas une rivière, mais un canal : dans laplaine Saint-Denis, où était prévu un grandparc, l’absence de terrain disponible suffisam-ment vaste d’un seul tenant et la présence ducanal ont conduit au projet de réaliser ce parcsous la forme d’un «parc-canal».

Un espace de reconquête urbaine

Une rivière urbaine accessible est un élémentde l’espace public, et ses bords, bien aména-gés, peuvent être un lieu privilégié de pratiquesurbaines liées notamment (mais pas unique-ment) au loisir, qui créent une animation, favo-risent le lien social, participent à l’urbanité :promenade, pêche, jeux d’enfants, terrains deboules, restaurants, guinguettes, etc. Celavaut dans un milieu urbain dense comme pourun espace suburbain, et pour de grandes riviè-res, telle la Marne dans la banlieue parisienne,aussi bien que pour de petites, telle la Sommeà Amiens.

La remise de la Bièvre à ciel ouvert permettraitainsi une véritable réappropriation de la rivièrepar la population : non seulement un usage,mais un sentiment de responsabilité quant à laqualité du cadre et de l’eau. Enfin, l’aménage-ment d’une rivière et de ses abords pourraitêtre le germe d’une amélioration plus vaste del’espace urbain alentour, ouvert et bâti, publicet privé, comme le font d’autres projets struc-turants : grands équipements, parcs urbains,tramways, etc.

Une liaison régionale, du cœur de Paris à la campagne

La Bièvre dans Paris n’est qu’un maillon de laBièvre en Île-de-France, maillon certes déter-minant puisque c’est l’extrémité aval. Le projet

Un parc-promenade pour le XXIe siècleVie urbaine

7 - Le Plan vert régional d’Île-de-France, 1995, pp. 38 et 44,fait apparaître le XIIIe et le Ve arrondissements comme pauvresen végétation urbaine et non desservies par des espaces vertspublics de plus d’un hectare pour plus de la moitié de leur sur-face, et notamment entre les trois jardins susdits.

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de restauration de la Bièvre parisienne doitdonc s’inscrire dans un projet régional derenaissance de la rivière depuis la source jus-qu’à l’embouchure, les promenades qui l’ac-compagnent et les jardins qu’elle baignedoivent s’intégrer dans la trame verte d’agglo-mération prévue par le Plan vert régional d’Île-de-France(8).

Que la Bièvre soit un jour entièrement réouver-te dans Paris, qu’elle coule en souterrain ouqu’elle continue de n’être qu’une trace, sonparcours peut devenir le support d’une prome-

nade, du cœur de Paris jusqu’à la valléeamont. La promenade piétonne pourra êtreétablie en bordure immédiate de la rivière sur laplupart des sections à ciel ouvert. La prome-nade cycliste se fera par les rues calmes lesplus proches, aménagées en zones 30.

Un réseau de parcs le long d’un cours d’eau :Emerald Necklace, conçuà Boston de 1878 à 1896par Frederick Law Olmsted

La Bièvre dans la trameverte d’agglomération

(Plan vert régional d’Île-de-France, p. **)

8 - Plan vert régional d’Île-de-France, 1995, en particulier pp.66, 69, 77.

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Un exemple d’épuration des eaux pluviales

Le projet de restauration peut montrer l’exem-ple d’une épuration des eaux utilisant des élé-ments naturels : filtrage par le sol, oxygénationpar des chutes, décantation dans des bassinsà macrophytes. Certes, les surfaces disponi-bles interdisent une contribution qui soit plusque marginale à l’assainissement des quartierstraversés : il ne s’agit pas de traiter les eauxusées, mais seulement les eaux pluviales, etune faible partie de celles-ci. L’intérêt estpédagogique : des dispositifs d’épuration éco-logique au cœur de Paris permettraient à toutle monde d’en comprendre le fonctionnementet en feraient la promotion pour d’autres sites.

Certains des espaces encaissés décrits ci-avant (Une rivière encaissée, la nature abritée)pourraient s’élargir pour contenir des bassinsde décantation qui recevraient les eaux pluvia-les avant de les rejeter, épurées, dans laBièvre. Sous le viaduc du métro aérien duboulevard Auguste-Blanqui (cf. plus loin lespropositions localisées), des escaliers d’eaupourraient contribuer à l’oxygénation de celle-ci. Dans les jardins, et notamment au squareRené-Le-Gall, voire dans des sections encais-sées dans les rues, de petits bassins décan-teurs plantés de roseaux constitueraient deséléments visuellement très attractifs. Ils neseraient bien sûr pas accessibles, mais peu-vent être visibles de près sans risque ni odeurs’il s’agit d’eaux de ruissellement.

Outre les eaux de ruissellement des chaus-sées, très chargées et qui nécessitent unechaîne d’épuration à plusieurs étapes (bassinssuccessifs), on peut utiliser les eaux de ruis-sellement des toitures, beaucoup moinssales(9), et les stocker dans des citernes pours’en servir à l’irrigation de la végétation plantéeaux abords et au soutien du débit de la rivière.

Un champ d’expansion des crues

Le parti de restaurer la Bièvre à une cote pro-che de celle d’origine, encaissée par rapportau sol actuel, présente un grand avantage du

point de vue du risque d’inondation. Aucunespace habitable, aucune voirie ne se trouve-ra à moins de 1,50 m au-dessus du niveauhabituel de l’eau, et la plupart au-dessus de3 mètres. En cas de crue, l’encaissement per-met donc d’admettre une montée des eauximportante en toute sécurité.

Contrairement à certaines idées reçues, l’en-fermement de l’eau ne réduit pas les risquesd’inondation : lorsque les conduites sont rem-plies, l’eau trouve toujours son chemin endehors. À profondeur égale, la rivière à cielouvert offre une plus grande section mouilléeque la conduite, donc une plus grande capa-cité de stockage de l’eau. Par exemple, uneconduite circulaire de 2 m de diamètre offreune section de 3,14 m2, alors qu’une tranchéede 5 m de profondeur sur 4 m de large offreune section de 20 m2, soit six fois plus.

Il faut donc considérer comme inondables, etaménager en conséquence, tous les espacessitués entre le niveau habituel de l’eau et celuide la voirie autour : non seulement les espacesqui seront creusés dans le cadre du projet,mais aussi ceux qui existent et ne sont pasjusqu’à présent considérés comme tels, enparticulier le square René-Le-Gall, qui pourraitdevenir, moyennant quelques aménagements,un champ d’expansion des crues. Des exem-ples existent, de plus en plus nombreux,d’espaces verts à vocation à la fois récréativeet de stockage des crues, comme le golf deSevran (Seine-Saint-Denis).

Ici encore, l’intérêt est pédagogique : de telsaménagements ne prétendraient pas absorbertoute une crue de la Bièvre, mais seulementmontrer qu’une rivière peut déborder sansdanger.

Un corridor biologique

La continuité des milieux est un facteur essen-tiel de biodiversité. Elle permet aux espècesanimales d’occuper les différents milieux

Un modèle de génie écologiqueVille et nature

9 - Leur teneur en zinc sera à surveiller, mais le seuil de toxici-té de ce métal est élevé.

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répondant à leurs besoins à différentes étapesde leur vie, elle assure aux espèces animaleset végétales le brassage génétique et la dissé-mination. Les liaisons assurant cette continuitésont appelées corridors (ou couloirs) biolo-giques.

La continuité des milieux aériens peut admett-re des interruptions mineures : la plupart desespèces animales, même terrestres, franchis-sent un cours d’eau ou un espace inerte, laplupart des pollens et des semences sonttransportés sur de grandes distances par levent, les insectes ou les oiseaux. La continuitédes milieux aquatiques est plus difficile à assu-rer : dans un environnement forestier ou boca-ger, les mares sont reliées par des milieuxhumides ou ombragés qui permettent lamigration des batraciens, mais ces conditionsse rencontrent difficilement en ville ; quant auxespèces entièrement aquatiques, elles néces-sitent en général une continuité entièrementaquatique, sans seuils importants, avec uneteneur en oxygène suffisante sur tout le par-cours, et des milieux nourriciers suffisammentrapprochés. Les cours d’eau sont habituelle-ment les principaux vecteurs de cette continui-té, s’ils respectent ces conditions.

La restauration complète de la Bièvre permet-tra donc une continuité biologique, grâce à :- La continuité, assurée par l’écoulement gra-

vitaire sans chutes importantes,- L’oxygénation, assurée par le parcours

majoritairement à ciel ouvert ou couvert souslame d’air,

- L’éclairement, assuré par le parcours majori-tairement à ciel ouvert.

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Identifier l’ancien et le nouveau tracé

Pour un aménagement neuf sur l’espacepublic (place, ligne de tramway, etc.), oucréant un nouvel espace public (parc, etc.), ilest habituel de rechercher une unité de style,tant pour son identité et son harmonie d’en-semble que pour une économie de moyens :matériaux, traitement des sols, ouvrages,mobiliers, plantations, sont ainsi conçus avecune ligne commune pour l’ensemble de l’amé-nagement. La contribution de cette unité destyle à l’identité de l’ensemble est particulière-ment importante dans le cas d’un aménage-ment linéaire (avenue, entrée de ville,tramway), qui traverse des espaces hétérogè-nes. Elle l’est plus encore si cet aménagementlinéaire est une rivière, dont l’identité est sanselle d’autant plus difficile à suivre que la hau-teur des bâtiments masque la forme de la val-lée, que les remblais ont par endroits faitdisparaître celle-ci, et que la rivière restera enpartie souterraine.

On pourra donc définir un vocabulaire com-mun à tout le cours parisien de la Bièvre, voirede la source à l’embouchure. Cette dernièreoption renforcerait l’identité de la Bièvre dansParis, puisqu’elle rappellerait qu’il s’agit bien dela même rivière que celle qui coule dans lesprés quelques kilomètres en amont. L’unité detraitement se conçoit plus aisément pour unerivière de cette dimension que pour un coursd’eau plus long. Elle est cependant plus diffici-le à mettre en œuvre qu’à concevoir, car ellesuppose une entente entre toutes les commu-nes traversées ou une maîtrise d’ouvrageunique - qui pourrait être assurée par le nou-veau syndicat mixte.

Mais le cas particulier du cours parisien de laBièvre, qui sera rétabli en grande partie endehors de son ancien tracé, pose une ques-tion particulière : faut-il identifier l’aménage-ment nouveau ou la trace du passage ancien ?La réponse peut fort bien être d’identifier cha-cun, avec son propre vocabulaire, de façon àce que l’on puisse suivre et distinguer chacundes deux tracés. Il conviendra que les deuxlignes de style (notamment quant aux maté-

riaux et au mobilier) soient en harmonie entreelles, de façon à pouvoir se fondre ou sesuperposer dans les sections anciennes réuti-lisées, qui appartiennent aux deux tracés.

Quels éléments peuvent marquer l’identité del’ancien tracé et du nouveau ?- La végétation,- Le mobilier urbain,- La signalétique,- Le traitement des sols et des berges.

La végétation : une essencepour le nouveau tracé, une autre pour l’ancien

Le recours à une essence caractéristique estl’un des moyens les plus simples d’identifier unaménagement, pourvu que cette essence soitréellement caractéristique, c’est-à-dire large-ment employée dans l’aménagement et peuen dehors.

C’est ainsi que l’étude réalisée en 1991 par l’a-gence Chemetoff(10) pour la partie de la Bièvrequi traverse le Val-de-Marne choisit le ginkgo(arbre aux quarante écus) «pour ses qualitésesthétiques et techniques. C’est en effet unarbre rustique et résistant, qui est courammentutilisé en plantation d’alignement à l’étranger(...). Pour la France, c’est un arbre original. Safeuille très caractéristique (...) a inspiré le mobi-lier urbain propre à la Bièvre.» Plusieurs aligne-ments de ginkgos ont été plantés sur l’ancientracé de la Bièvre en banlieue à la suite decette étude (comme sur l’avenue de laConvention, à Arcueil).

Mais dix ans après l’étude Chemetoff, le gink-go a connu un tel succès qu’on ne peut plusle considérer comme un arbre original, spéci-fique de la Bièvre. Il faut donc, sans nécessai-rement abandonner le ginkgo, confier à uneautre essence le rôle de signature de la Bièvre,au moins pour l’ancien tracé, moins évident àlire. Ce sera soit une autre essence rare (mais

Une identité visiblepour la BièvreVocabulaire

10 - Chemetoff (Alexandre) et Gaulier (Jean-Marc), La Bièvre,une rivière du Val-de-Marne, Créteil, Conseil Général du Val-de-Marne, 1991, p. 10.

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qui risque aussi de devenir commune), soitune essence qui marque la Bièvre par d’autrescaractéristiques que sa singularité.

Pour l’ancien tracé, le peuplier d’Italie estparticulièrement intéressant :- Variété de peuplier noir apparue au XVIIIe siè-

cle, il a été largement planté durant tout le XIXe

siècle ; il était donc très présent le long de laBièvre juste avant sa couverture, comme entémoignent les photos de l’époque(11).

- Fréquent dans les fonds de vallée, il estdepuis deux siècles associé à l’image de larivière dans l’iconographie et dans l’imaginai-re collectif.

- Il est encore un peu présent aujourd’huidans le secteur, notamment à la poternedes Peupliers, dans les jardins proches dutracés (notamment ceux des immeublescollectifs discontinus, nombreux ente la ruede la Glacière et la rue Vergniaud, où il a étélargement planté après guerre), ainsi qu’enamont, dans le bassin versant : ceux duparc de Sceaux, qui n’avaient certes pasété prévus à l’origine, en sont devenus desemblèmes ;

- Il s’accorde avec la toponymie locale, nonseulement la poterne et la rue des Peupliers,mais aussi la place et de la porte d’Italie, àproximité, qui évoquent le pays d’origine decette variété ;

- C’est un arbre formant un point de repère etoccupant peu de place au sol ;

- C’est un arbre peu exigeant, qui s’adapte àdes milieux variés, pas forcément humides,et résiste bien à la pollution.

Après avoir été un arbre passe-partout dans lesaménagements d’espaces verts des années60, le peuplier est tombé en disgrâce. On l’ac-cuse de percer canalisations et revêtements desol, et aussi, de façon plus vague, d’être uneessence peu écologique, sans doute à causede l’appauvrissement des milieux humides devallées rurales que provoquent les grandespeupleraies de production. L’argument écolo-gique, qui résulte d’une confusion des contex-tes, n’a bien sûr guère de place dans les parcsurbains, où la diversité végétale est en généralassurée par ailleurs, ni sur la voirie, où quelleque soit l’essence, les alignements monospéci-fiques ne créent pas un écosystème riche.Quant aux risques liés aux racines, ils sont aisé-ment contrôlables moyennant certaines pré-cautions : ne pas planter en bordure immédiate

11 - Cf. Olivier Berger, La Bièvre dans le XIIIe arrondissement,1995, p. 16 ; Jean-Jacques Lévêque, Vie et histoire du XIIIe

arrondissement, 1987, pp. 75 et 122.

Fréquent le long des cours d’eau,

le peuplier d’Italie était très présent durant

tout le XIXe siècle le long de la Bièvre

(Source : J.-J. Lévêque,Vie et histoire du XIIIe

arrondissement, 1987, p. 75

Le peuplier d’Italie est encore présent,

physiquement ou par la toponymie, en plusieurs endroits

de Paris et de la banlieue :Antony-Fresnes

(carte M. Plessier, 2002,p. 63), Gentilly (photo

M. Plessier, 2002, p. 61)

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de rivière, poser des revêtements de sol suffi-samment épais s’il en faut à proximité, et surtoutéviter d’étêter les peupliers ; en effet, outre l’en-laidissement d’un arbre dont tout l’intérêt tient àsa silhouette élancée, cette opération, malheu-reusement fréquente, supprime la dominanceapicale, production par les bourgeon terminauxd’hormones qui bloquent la croissance des aut-res tiges.

Le fait que le peuplier ne soit plus un arbre à lamode peut au contraire être considéré commeun atout, symétrique de l’inconvénient du gink-go : s’il est peu planté en dehors de la Bièvre,le peuplier d’Italie en sera d’autant plus carac-téristique.

Des peupliers d’Italie pourraient être plantés àchaque franchissement des anciens tracéspar une rue, le cas échéant en remplacementdes arbres d’alignements correspondants.

Pour le nouveau tracé, le ginkgo sera toutindiqué, puisqu’il a commencé à êtreemployé, mais aussi certaines espècesde saules, arbre également fréquent le longde la Bièvre avant sa couverture et qui peuts’adapter à un milieu urbain.

Le mobilier et les superstructures :parapets et garde-corps

Une composante importante de l’identité d’unaménagement ou d’un élément du paysageurbain est constituée par ce qu’on appelle lemobilier urbain, terme qui désigne toutes sortesd’équipements en réalité fixes, mais cependantplus amovibles que le bâti ou la végétation.Parmi les éléments de mobilier au sens large lesplus directement liés à une rivière urbaine, figu-rent notamment les parapets et garde-corps.

La plupart des franchissements de la Bièvrejusqu’à l’époque de sa couverture étaient depetits ponceaux à une seule arche, dont lavoûte, les flancs et les parapets étaient formésd’un même appareil de pierre de taille. De telsponceaux subsistent en banlieue (commeavenue Jean-Jaurès à Gentilly) ou souterrainsà Paris (comme sous la rue Croulebarbe).Quant aux berges, aucun garde-corps ne lesséparait de la Bièvre sur la plus grande partiede son cours, même urbain.

Le principe des parapets pleins sur les fran-chissements et d’une séparation latérale laplus légère possible pourrait être repris etdécliné dans un vocabulaire contemporain.Cette parenté de motifs est importante pour

affirmer la renaissance de la rivière, et la ruptu-re de style non moins importante pour rappe-ler la discontinuité historique et ne pas créer deconfusion avec les ouvrages existant avant lacouverture. Les éléments liés à la rivière pour-raient donc être :- sur les ouvrages de franchissement, des

parapets traités en continuité avec lesflancs, massifs, sans jours, dans le mêmematériau de type maçonnerie (pierre, brique,béton, etc.) ;

- latéralement, des garde-corps métalliques,fins, ajourés, avec une dominante de ligneshorizontales.

Le tracé disparu ou souterrain pourrait être mar-qué par des bancs parallèles au trottoir, à laposition où seraient des parapets si la rivièreétait à ciel ouvert. Ces bancs seraient iden-tiques aux parapets pleins des franchisse-

Bien que leur image soit surtout associée à celle des vallées rurales,les peupliers sont aussibien adaptés que d’autresessences à une plantationsur trottoir, comme il estproposé aux abords du tracé ancien ou nouveau de la Bièvre.Peuplier d’Italie et peuplierblanc au carrefour de l’avenue de Breteuil et de la rue de Sèvres,près de la station de métro Sèvres-Lecourbe ; les arbresn’ayant pas été étêtés, on ne constate pas de rejets à partir des racines

Pour le nouveau tracé, on peut recourir à certaines espèces de saules, arbre égalementfréquent le long de la Bièvre avant sa couverture et qui peuts’adapter à un milieuurbain. (Blanchisserie sur la Bièvre à la poternedes Peupliers, gravured’A. Pequegnot, 1860)

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ments, à la hauteur près. Il s’agit d’évoquer lepassage de la rivière par un élément rappelantles parapets, mais sans confusion possible.

Parapets et bancs pourraient être accompa-gnés d’arbres, un à chacune de leurs extrémi-tés, alignés avec ceux existant le long de lavoie, le cas échéant remplaçant deux d’entreeux. Ces arbres seraient naturellement deuxpeupliers d’Italie dans les sections disparues,deux ginkgos dans les sections nouvelles (lessaules sont moins adaptés sur un trottoir), unpeuplier et un ginkgo dans les sectionsanciennes rétablies.

L’agence Chemetoff a conçu, dans le cadredu projet mentionné plus haut, une ligne demobilier urbain spécifique à la vallée de laBièvre, quasi-complète : mâts, candélabres,bornes, grilles d’arbres, etc. On peut envisagerde reprendre cette ligne pour l’ensemble dumobilier urbain le long de la Bièvre nouvelle, etde réaliser des gardes-corps en harmonie,tout en respectant les principes ci-dessus(fins, ajourés, avec une dominante de ligneshorizontales).

La signalétique : des plaquesmétalliques aux franchissements

Il convient de signaler le franchissement de laBièvre restaurée, comme on le fait de très nom-breux cours d’eau, et surtout la position de l’an-cien tracé, qui peut difficilement être connueautrement. Certes, la présence de peupliers etde bancs-parapets peut indiquer cette positionà un observateur averti, mais une signalétiqueécrite peut les compléter utilement.

Le nom d’un cours d’eau traversé est en géné-ral indiqué sur une plaque de tôle émaillée, auxlettres blanches sur un fond bleu marine outête-de-nègre, posée à l’extrémité des para-pets. Quant à l’information d’ordre historique(p. ex. le séjour d’un personnage célèbre ou laprésence d’un bâtiment disparu), elle est sou-vent donnée sur une plaque de pierre ou debronze gravée. Chaque support est adapté àsa fonction : la plaque gravée est plus chère,mais la gravure assure une lisibilité des lettressur une plus longue durée que la tôle émaillée,laquelle a plus de chances d’être remplacéepuisqu’elle a un rôle pus utilitaire.

Puisqu’il est proposé d’installer des parapets àchaque franchissement et des bancs massifslà où le tracé est souterrain ou disparu. Lesuns comme les autres pourraient porter, àleurs extrémités, des plaques métalliques

informant sur le passage de la rivière, ancienou nouveau.

Le principe serait le suivant :- Pour les sections disparues, une plaque

gravée ;- Pour les sections entièrement nouvelles, une

plaque émaillée ;- Pour les sections anciennes remises en eau,

une plaque gravée (on privilégie ici la conti-nuité avec les sections disparues, celle avecles sections nouvelles étant plus facile à lire,au moins là où la rivière est à ciel ouvert ;des différences de second ordre peuventêtre introduites, par exemple dans la typo-graphie).

Les plaques peuvent porter nombre de rensei-gnements sur l’histoire de la rivière : nom desanciens biefs, date et mode de disparition, etc

Le traitement des sols et des berges

Il conviendra que les berges soient traitéesd’une façon constante tout au long du par-cours sur voirie, avec un rebord simple en pier-re ou en béton de qualité. Le traitement dessols devra également être homogène, avecune texture qui pourra être plus riche et pluschaude que l’enrobé habituel (béton désacti-vé, etc.). Ce traitement de sol pourra éventuel-lement être repris aux franchissements de larivière souterraine ou disparue, en accompa-gnement des bancs-parapets et des planta-tions spécifiques.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 37

Principe de plaque posée sur les bancs marquant le tracé disparu

Principe de plaque posée sur les parapetsdes ponts sur les anciennes sections

remises en eau à ciel ouvert

Principe de plaque posée sur les bancs au-dessus des anciennes sections

remises en eau souterraines

Date de pose de la plaque

Rappel du passagede la Bièvre

-Indication du bras (mort, vif ou unique)

-

Nom du bief ou de la section

Sens du courantMode et date de disparition

Profondeur en mètres

Nom (la Bièvre)-

Indication du bras (mort, vif ou unique)-

Nom du bief ou de la section

Sens du courantMode et date de disparition

Mode et date de rétablissement

Nom (la Bièvre)-

Indication du bras (mort, vif ou unique)-

Nom du bief ou de la section

Sens du courantMode et date de disparition

Mode et date de rétablissementProfondeur en mètres

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris38

Principe de plaque posée sur les parapets des ponts

sur les sections nouvelles à ciel ouvert

Nom (la Bièvre)

Sens du courantIndication du nouveau cours

Date de création

Principe de plaque posée sur les bancs au-dessus des sections nouvelles souterraines

Nom (la Bièvre)

Sens du courantIndication du nouveau cours

Date de créationProfondeur en mètres

Le tracé disparu ou souterrain pourrait être

marqué par des bancsparallèles au trottoir,

à la position où seraientdes parapets si la rivière

était à ciel ouvert, semblables aux parapets

pleins des franchissements,portant une plaque gravée

à chacune de leurs extrémités et flanqués

de peupliers.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 39

Parc Kellermann et poterne des Peupliers :une mise en scène de l’entrée dans Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 40

Ancienne gare place de Rungis :un jardin intérieur en contrebas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 44

Rues Brillat-Savarin et Wurtz : une rivière souterraine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48

Square entre rues de la Glacière et Vergniaud : un jardin creux autour d’un canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 52

Boulevard Auguste-Blanqui : une fosse sous le métro aérien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 54

Square René-Le-Gall :deux bras dans une composition géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 58

Rue Berbier-du-Mets : la Bièvre historique restituée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 62

Rue Pascal : un canal dans la rue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 64

Rue Censier : une petite rivière urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 66

Annexes du Muséum :un morceau de campagne au cœur de Paris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 70

Jardin des Plantes :un canal transversal, des fosses pour la ménagerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 74

La nouvelle Bièvre : du périphérique à la Seine

Note sur le nivellement

Les cotes d’altitude sont données en mètres NGF IGN 1969 (nivellement général de la France, établi par l’IGN de 1962 à 1969).

Les documents anciens consultés peuvent utiliser d’autres nivellements : Lallemand (établi de 1884 à 1922, zéro à +0,60 m NGF

IGN 69), voire Bourdaloue (établi de 1857 à 1864, zéro à –0,30 m NGF IGN 69). L’incertitude sur la date et le nivellement de cer-

tains de ces documents peut introduire une erreur sur les cotes des ouvrages enfouis ou disparus, mais les cotes données ci-après

sont une première approximation, à + ou – 0,50 m près.

Le niveau de la Seine est mesuré différemment, par l’échelle de crue posée sur le pont d’Austerlitz, dont le zéro se trouve à la cote

25,92 m NGF IGN 69. Le niveau d’étiage minimal (retenue normale fixée par le barrage de navigation de Suresnes) est à +0,82m

de l’échelle d’Austerlitz, soit 26,74 m NGF IGN 69. Le niveau maximal atteint par la crue de 1910 est à +8,62 m, soit 34,54 m NGF

IGN 69.

Note sur les variantes de tracé

Dans les plans ci-après, là où existent des variantes, les différentes solutions sont représentées ensemble. Le texte précise laquel-

le est la solution de base et la ou lesquelles sont les variantes. Les différentes solutions ne sont d’ailleurs pas nécessairement exclu-

sives, puisque une rivière peut avoir plusieurs bras.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris40

Parc Kellermann et poterne des Peupliers

La rivière peut couler encaissée entre des rochers

artificiels portant fougères,mousses ou lianes

retombantes, restituant l’ambiance fraîche

et mystérieuse de gorge, comme les gorges de l’Alzou,dans les Causses du Quercy

(ci-contre et ci-dessous). Ses parois rocheuses

peuvent être en continuité de rochers existants

dans le parc Kellermann (ci-dessus)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 41

Le Parc Kellermann fait partie des trois empla-cements où l’étude de l’APUR de 2001 prévoitde remettre la Bièvre à ciel ouvert. Ces sitesprésentent notamment l’opportunité :- d’un niveau du sol actuel plus proche

qu’ailleurs du lit d’origine de la rivière ;- d’une emprise publique et non bâtie suffi-

sante pour avoir la place de creuser uneouverture suffisamment large ;

- d’un cadre naturel bien accordé à une riviè-re, permettant une mise en valeur réci-proque.

Comme sur les deux autres sites, le partid’aménagement reprend ici celui du pro-jet de l’APUR, avec le traitement du pas-sage de la Bièvre sous le boulevardpériphérique traité à la manière d’unerésurgence de rivière souterraine et l’utili-sation de la Bièvre morte comme limite duparc le long de la rue des Peupliers.

Toutefois, le parti de l’écoulement gravitaireimpose le creusement de la Bièvre à un niveauplus proche de celui d’origine (1 à 2 m au des-sus de l’ancien lit au lieu de 3 à 5 m), compa-tible avec la cote à l’amont (37 m NGF àGentilly).

Par ailleurs, on peut envisager, au moins dansun premier temps, de ne restaurer que laBièvre morte, car l’espace est étroit entre leterrain de sport et le pied du talus de la terras-se pour y faire passer le bras vif et le chemin ;d’autre part, comme il est très difficile prolon-ger les deux bras dans Paris, le bras vif devraitsoit rejoindre le bras mort à la sortie du parc,soit être en cul-de-sac. L’ajournement de laréalisation du bras vif permettrait de compen-ser le surcoût de la réalisation d’un bras mortplus profond (– 3 m au lieu de 0).

La rivière traverserait le parc dans un vallonencaissé, où des rochers artificiels pourraientcréer une ambiance de gorges (cf. images deréférences). Puis elle passerait en limite duparc et de la rue de la poterne des Peupliers,traverserait en diagonale le carrefour de cetterue avec la rue Max-Jacob et l’avenue Caffieri,longerait la rue de la poterne des Peupliers ducôté ouest et entrerait dans le mur de soutè-nement du boulevard Kellermann à l’ouest dela poterne.

Variante

Au lieu de passer sous le boulevardKellermann par un nouveau tunnel, la Bièvrepourrait emprunter à nouveau la poterne desPeupliers, qui serait réaménagée en poterned’eau, comme à l’origine. Cette solution auraitl’avantage d’être plus économique.Malheureusement, l’importante circulation dela rue des Peupliers (une des principalesentrées de Paris entre les portes d’Orléans etd’Italie, avec une ligne de bus) ne permet pasde réduire la chaussée. On pourrait alors envi-sager un passage sous le trottoir ouest actuel,avec le rétablissement du trottoir par un caille-botis métallique au dessus de l’eau.

Parc Kellermann et poterne des Peupliers :une mise en scène de l’entrée dans Paris

Cote moyenne du sol actuel (parc Kellermann) :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre morte :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre vive : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : . . . . . . . 38 à 40 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . largeur : 5 à 10 m ; profondeur : 3 m

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris42

Parc Kellermann et poterne des Peupliers

Soutènement du boulevardKellerman à l’ouest de la

poterne des Peupliers.

Proposition de passage de la Bièvre à l’ouest

de la poterne (dessin P.-M. Tricaud)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 43

Parc Kellermann et poterne des Peupliers

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris44

Place de Rungis

Les remblais issus des démolitions

des percées haussman-niennes atteignent jusqu’à

18 mètres de haut sur les boucles de la Bièvre

au voisinage de la rue de Tolbiac (carte extraite

de Bièvre, rivière d’Île-de-France, IAURIF, 1999)

Les escaliers et rampesnécessaires pour relier des espaces dénivelés

peuvent être intégrés sous les immeubles

afin de gagner de la place,tout en restant ouverts

et en faisant ainsi partie de l’espace public(Fumihiko Maki, Quartier

de la Terrasse du Coteau,Tokyo, phase III, 1977)

Jardin du �Luxembourg�

La MontaLa Montagne �Sainte-GeneSainte-Geneviève�

Bièvre morte��

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La Butte �La Butte �aux Cailles�aux Cailles�

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remblaiement

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 45

Entre le boulevard Kellermann (ancienneentrée dans Paris) et le boulevard Auguste-Blanqui (ancien boulevard d’Italie), la Bièvre,détournée dans deux collecteurs, a été com-blée et sa vallée a pratiquement disparu sousles remblais issus des démolitions des per-cées haussmanniennes. La hauteur de remblaiatteint jusqu’à une 18 mètres au voisinage dela rue de Tolbiac. L’absence de conduite sou-terraine rend difficilement envisageable un par-cours souterrain, et il n’y a pas d’emprisepublique suffisante pour aménager une tran-chée, qui même traitée en gorge, devrait aumoins avoir 5 à 10 mètres de large.

La solution proposée est donc un «by-pass», court-circuitant la boucle que sui-vaient les deux bras de la Bièvre entre lapoterne des peupliers et la place deRungis.

Ce nouveau tracé ne correspond à aucun tracéhistorique, mais le parti d’aménagement consis-te clairement à privilégier le caractère vivant dela rivière (donc son passage au maximum à cielouvert) et son authenticité (en évitant tout rele-vage) sur son caractère historique (cf. supra ladifférence entre historicité et authenticité et leprimat accordé à cette dernière). Il ne suit pas lefond de la vallée, mais reste dans des partiessuffisament basses (6 à 7 mètres plus haut quele fond, alors que la butte aux Cailles et la portede Gentilly sont 20 mètres plus haut).

L’intérêt principal de ce nouveau tracé estqu’il passerait par l’ancienne gare de mar-chandises de la place de Rungis, sur lechemin fer de ceinture, dont la largeurd’emprise permet une ouverture propor-tionnée au creusement. La Bièvre coule-rait ainsi dans un jardin en contrebas de laplace de Rungis.

Ce terrain étant constructible, un projet immo-bilier bien conçu permettrait à la fois :- de régler techniquement la différence de

niveau (que les immeubles peuvent absor-ber pour partie)

- et de rentabiliser la réouverture de la rivière(qui donnerait une valeur ajoutée aux loge-ments).

L’ensemble se composerait :- d’un jardin bas au centre, au niveau de la

rivière (38 m NGF), éventuellement inonda-ble,

- de terrasses autour du jardin bas, 2 m plushaut (40 m NGF),

- et d’immeubles en bordure de parcelle ayantun rez-de-chaussée sur la place de Rungis(43 m NGF) correspondant au 1er étage surla terrasse.

Le projet présenté ici est également compati-ble avec la réutilisation par un tramway du che-min de fer de ceinture, dont il laisse l’emprise,ainsi qu’avec une promenade le long de celui-ci : le pont sur la rue des Peupliers, qui portaitquatre voies, est suffisamment large pour deuxvoies d’un tramway et une promenade quidéboucherait dans le jardin.

Variantes

Autour du principe du passage de la Bièvre aumilieu d’un jardin en contrebas, de nombreu-ses variantes sont possibles, notamment dansle tracé de la rivière (qui peut être plus rectili-gne ou plus sinueuse) et dans la dispositiondes bâtiments.

Ancienne gare place de Rungis :un jardin intérieur en contrebas

Cote moyenne du sol actuel (plate-forme de l’ancienne gare) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre morte (aux abords immédiats) : . . . . . . . 34,70 à 34,30 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre vive (à proximité) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35,90 à 34 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . 38 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée : largeur : 30 m entre terrasses supérieures (50 m entre façades) ;

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . profondeur : 3 m (par rapport aux terrasses supérieures, au pied des façades).

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris46

Place de Rungis

Autour du principe du passage de la Bièvre

au milieu d’un jardin en contrebas,

de nombreuses variantessont possibles, notamment

dans le tracé de la rivièreet dans la disposition

des bâtiments

Des exemples de créations récentes à Paris peuvent donnerl’idée de ce que serait un jardin allongé entre deux façades

hautes : Le Jardin Dupleix est le plus similaire, avec des façades à R+7 ou 8 distantes d’une cinquantaine

de mètres. Le Jardin Atlantique (gare Montparnasse) est 3 foisplus large (150 m), mais avec des façades 2 fois plus hautes,

ce qui lui donne une proportion d’ouverture voisine.Projet pour l’ancienne gare de Rungis :

coupe transversale de la partie ouest,

en regardant vers l’ouest

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 47

Place de Rungis

.38.0

.38.0

.43.0.43.0

.43.0

.40.0

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(37.0)

.40.0

(37.0)

(34.0)

.44.43.5

Variante sous le boulevard

Nouvelle rue

Variante par la poterne

N

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris48

Rues Brillat-Savarin et Wurtz

Les îlots compris entre les rues Brillat-Savarin et Boussingaultprésentent par endroits des emprises larges, qui pourraient

admettre une variante à ciel ouvert, avec cependant un dénivelé important (1 : entrée de la rue des Orchidées,

dans la Cité Florale ; 2 : rue des Orchidées ; 3 : pointe entreles rues Auguste-Lançon et Vergniaud ; 4 : intérieur d’îlotentre les rues Brillat-Savarin, Boussingault et Vergniaud).

L’eau souterraine où se reflètent des voûtes peut être d’une grande force d’évocation poétique (réservoir de Montsouris).

Les passages plus larges, sous les rues de Tolbiac et Daviel, rendus visitables, pourraient restituer une telle ambiance.

Des puits de lumière de grandes dimensions,

comme au centre de la place de Rungis,

peuvent être des pointsd’attraction («Cratère d’eau»

aménagé autour d’un geyser à Bad

Oyenhausen, Allemagne.Henri Bava

et Alexander Bölk, architectes-paysagistes)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 49

Sous la rue Brillat-Savarin et la rue Wurtz,se trouve une configuration particulière,avec deux égouts :- l’un, profond, dont le radier se situe entre

34,30 et 33,30 m NGF (entre 9 et 12 msous la chaussée), est celui qui a été cons-truit en 1881 (galerie de type 14, de la sortiedu bief Paut à l’entrée du bief Lartas) pourconduire les eaux de la Bièvre, qui coulaitjusqu’alors le long de la rue, à la cote où aété placé l’égout ;

- l’autre, plus superficiel, coulant en sensinverse, dont le radier se situe entre 37 et45 m NGF (entre 1 et 6 m sous la chaus-sée), a été réalisé ultérieurement.

La présence cet égout supérieur offrel’opportunité de réutiliser l’égout inférieurpour conduire la Bièvre, sous réserve queson état le permette et que tous les branche-ments d’immeubles qui se feraient encoredans l’égout inférieur soient modifiés pour sedéverser dans l’égout supérieur.

Cette solution respecterait les principesrecherchés pour retrouver une rivièrevivante :- écoulement gravitaire (cet égout a déjà

conduit gravitairement les eaux de la Bièvre) - et sous une lame d’air assurant l’oxygéna-

tion de l’eau (la section de l’égout est de 2 mde haut sur 1 m de large), au moins endehors des périodes de crue.

Des puits de lumière pourraient être pro-gressivement creusés le long du tracé. Lesvoûtes sous les rues de Tolbiac et Daviel, deplus grandes dimensions, pourraient être ren-dues visitables par le public.

Cette solution créerait une dénivellation d’envi-ron 3 m par rapport au tronçon précédent

(ancienne gare de Rungis). Elle imposeraitdonc une chute, soit au niveau de la place deRungis (dont le terre-plein central pourraitdevenir un puits ouvert sur la Bièvre), soit à l’in-térieur du jardin proposé sur l’ancienne gare —à moins que l’ensemble de ce jardin ne soitencore abaissé de 3 m par rapport au projetprésenté ci-avant.

Variante : par la Cité Florale et des parcelles privées

On pourrait aussi envisager un nouveau tracé,empruntant une petite rue de la Cité Florale(rue des Orchidées) — que l’on peut plus faci-lement soustraire à la circulation que les ruesBrillat-Savarin et Wurtz —, puis passant à tra-vers des jardins d’immeubles modernes relati-vement espacés, entre les ruesAuguste-Lançon, Boussingault et Brillat-Savarin. Comme il n’y aurait pas dans ce casd’ouvrage à réutiliser, le niveau de la Bièvrepourrait être en continuité de celui de la placede Rungis, soit 37 m NGF à l’amont, et éviterla chute de 3 m de la solution de base. Ladénivellation de 3 m serait répartie tout au longdu tronçon, ou bien la rivière resterait à la cote37, ce qui faciliterait la mise à ciel ouvert de la section suivante (square entre la rue de la Glacière et la rue Vegniaud). Cependant,même 3 m plus haut que dans la solution debase, la Bièvre coulerait encore 6 m plus basque le sol de la rue des Orchidées et 8 à 9 mplus bas que celui des jardins, ce qui nécessi-terait d’importants soutènements.

Rues Brillat-Savarin et Wurtz : une rivière souterraine

Cote moyenne du sol actuel de la rue : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 à 46 m NGFCote moyenne du radier d’origine de la Bièvre morte (égout sous la rue) : . . . . . . . . 34,30 à 33,30 m NGFCote moyenne du radier d’origine de la Bièvre vive (à proximité) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 à 32 m NGFCote moyenne du sol proposé au dessus du nouveau tracé de la Bièvre : inchangé : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 à 46 m NGFCote moyenne du radier proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34,30 à 33 m NGF

Profondeur moyenne du radier proposé sous le sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 à 13 mProfondeur moyenne du radier proposé sous le sol proposé :pas de changement du niveau du sol : . 9 à 13 m

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris50

Rues Brillat-Savarin et Wurtz

Plans de détail de la rue Brillat-Savarin,

montrant l’égout inférieur,conduisant à l’origine les eaux de la Bièvre(hachuré), et l’égout

supérieur, plus récent

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 51

Rues Brillat-Savarin et Wurtz

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris52

Square entre les rues de la Glacière et Vergniaud

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 53

Entre la rue Wurtz et le boulevard Auguste-Blanqui, les deux bras de la Bièvre ont com-plètement disparu : non seulement la Bièvrevive (bief des héritiers Gaillard), comme plus enamont, mais aussi le bras mort (biefs Lartas etde la Glacière).

Cependant, le tronçon précédent du projet,qui réutiliserait l’ancienne Bièvre transforméeen égout, déboucherait, au croisement desrues Wurtz, Vergniaud et Daviel, non loin d’unensemble d’immeubles modernes construitsautour d’un square. Ce dernier forme un rec-tangle allongé, de 200 m sur 40, parallèle àl’ancien tracé de la Bièvre morte, situé à moinsde 50 m de celui-ci.

Le cours de la Bièvre pourrait donc êtredétourné dans ce square, où il coulerait àciel ouvert sur 200 m, dans un espace suf-fisamment large pour qu’il ne soit pasencaissé.L’espace vert central du square semble actuel-lement assez peu utilisé. Les bancs et les jeuxd’enfants qui s’y trouvent seraient rétablis surles bords du canal. La dalle au fond du squa-re, devant le supermarché et le Théâtre 13, esten revanche très fréquentée : elle serait main-tenue telle quelle.

Un problème technique se pose à la sortie dece tronçon, sur le boulevard Auguste-Blanqui,au carrefour de la rue Vergniaud : le franchis-sement du collecteur Pascal, dont le radier sesitue entre les cotes 33 et 34 NGF. La Bièvrepeut passer dessous avec un lit à la cote32,60 m, mais avec une lame d’air très rédui-te, et peu de possibilité d’expansion en cas decrue.

Variante : restauration des biefs des Héritiers Gaillard

Derrière les immeubles 11 à 29, rue Vergniaud,se trouvent des jardins qui correspondent àl’emplacement où coulaient les biefs dits desHéritiers Gaillard : un petit affluent de la Bièvremorte juste derrière les immeubles et un tron-çon de la Bièvre vive le long du mur de fond deparcelle. Le passage de la Bièvre par l’un oul’autre de ces tracés peut être étudié si l’altitu-de actuelle du sol n’est pas trop élevée. Lenouveau tracé serait ainsi plus direct, maisdevrait passer sous des immeubles pourrejoindre le boulevard Auguste-Blanqui. Mêmesous des jardins, cette variante à travers desespaces privés est plus difficile à mettre enplace que la solution par un square public.

Square entre les rues de la Glacière et Vergniaud : un jardin creux autour d’un canal

Cote moyenne du sol actuel du square : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36,50 à 41,50 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre morte (aux abords immédiats) : . . . . . . . . . . 33 à 32,60 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre vive (à proximité) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : . . . . . . . 34 à 38 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 à 32,60 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,50 à 9 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée : . . . . . . . . . . . . . . . . . largeur : 20 m ; profondeur : 2,50 à 8 m

Vue actuelle du square en regardantvers le boulevard Auguste Blanqui

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris54

Boulevard Auguste-Blanqui

Construction du métroaérien boulevard d’Italie,

en 1903. Vue du côtésud, prise du carrefour

de la rue Vergniaud, vers la rue et la station

Glacière (au fond)

Au droit des rues Paul-Gervais et Edmont-

Gondinet, une des archesdu viaduc du métro aérien,

beaucoup plus large que les autres, révèle

le passage de la Bièvre.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 55

Le boulevard Auguste-Blanqui est un des lieuxqui conservent la trace de l’ancien passage dela Bièvre. La vallée est encore sensible entre larue de la Glacière et la rue Edmond-Gondinet,où le boulevard descend puis remonte (avecun point bas au droit de la rue Vergniaud), tan-dis que le viaduc du métro aérien, plus hautqu’ailleurs puisqu’il reste proche de l’horizonta-le, est portée par des piliers de pierre massifs,comme les stations, alors qu’il est ailleurs portépar des piliers de fonte fins. Mais le principalindice se trouve au droit des rues Paul-Gervaiset Edmont-Gondinet : là, une des arches duviaduc du métro aérien est beaucoup pluslarge que les autres (40 m au lieu de 20). C’estlà que passaient les deux bras de la Bièvre. En1903, lorsque le métro fut construit, ceux-ciétaient déjà voûtés sous le boulevard d’Italie,mais l’arche fut réalisée suffisamment largepour que ses piliers soient fondés en dehorsde ces deux voûtes.

Il est proposé de tirer parti de la portée decette arche et de la largeur du terre-pleincentral du boulevard, pour creuser unefosse aussi grande que possible (30 m surla largeur du terre-plein central, soit 22 m), aufond de laquelle on retrouverait, 8 mètresen contrebas, les deux bras d’origine dela Bièvre, dans leur lit tel qu’il était aumoment de la couverture. Comme il estproposé de ne restaurer qu’un bras sur lestronçons amont, celui-ci se dédoublerait àl’entrée de la fosse. Le cheminement le longdu terre-plein central pourrait être rétabli parune passerelle axiale sous le viaduc. Plusieurspartis d’aménagement sont possibles pour lafosse (les parois perpendiculaires à la Bièvrerestant dans tous les cas verticales) :1- Les parois latérales pourraient être traités en

gradins, soit accessibles jusqu’au fond, soitportant des cascades.

2- Les parois latérales étant verticales, le fond

de la fosse pourrait porter, entre les deuxbras et de part et d’autre, des bassins ali-mentés par les eaux pluviales des chaus-sées voisines. Ces eaux y seraient épuréespar décantation et par une végétationappropriée (roselières), avant d’être rejetéesdans la Bièvre. L’aménagement contribue-rait ainsi, même pour une faible surface(environ 600 m2 de bassins), à l’épurationdes eaux pluviales.

3- Les variantes 1 et 2 pourraient être combi-nées, avec, de part et d’autre des deuxbras coulant au fond, une succession debassins d’épuration naturelle en gradins.

Les deux bras rejoindraient ensuite lesquare René-Le-Gall par leur anciencours, voûté sous les rues Paul-Gervais etEdmont-Gondinet. Ces deux passages sontlargement surdimensionnés (3 m de large sur2,50 m de haut) pour leur usage actuel d’é-gout local, qui pourrait être assuré par uneconduite plus petite posée dedans.

Variante : dégagement de l’ancien passage s’il subsiste

La voûte de la Bièvre sous le boulevard est probablement aussi ancienne que celui-ci,soit fin XVIIIe, époque de l’achèvement du murdes fermiers généraux (vers 1789, d’après leMémoire sur les modifications apportées aurégime de la Bièvre de 1902 ; d’aprèsJ. Hillairet, Dictionnaire historique, p.29, le murfut achevé en 1787, avec un chemin de rondede 12 m à l’intérieur et un boulevard de 60 mà l’extérieur). Si cette voûte et les soutène-ments à ses extrémités sont encore en placeet que leur état le permette, le projet pourraêtre revu de façon à les réutiliser et les mettreen valeur. Cette variante est compatible avecles trois partis ci-dessus.

Boulevard Auguste-Blanqui : une fosse sous le métro aérien

Cote moyenne du sol actuel du boulevard : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41,50 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre morte : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32,60 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre vive : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : . . . . . . . . 33,20 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32,20 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée : le long du bd : 30 m ; le long de la Bièvre : 22 m ; profondeur : 8 m

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris56

Boulevard Auguste-Blanqui

Vue actuelle et croquis de projet sous le viaducdu métro. Une passerlle

piétonne et cyclable au-dessus de la fosseassurerait la continuité

des circulations sur le terre-plein.

(dessin de F. Dugény)

Ci-contre : coupe le longde la Bièvre et transversaleau boulevard page suivante

(dessins de F. Dugény)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 57

Boulevard Auguste-Blanqui

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.41.5

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris58

Square René-Le-Gall

Le square René-le-Gall,ancien square des

Gobelins, achevé en 1938,est l’œuvre de l’architecte,

décorateur et architecte-paysagiste Jean-CharlesMoreux et du sculpteur

Maurice Garnier. Il est inscrit depuis 1997

à l’Inventaire supplémentairedes monuments historiques.

L’entrée sud du square, aujoud’hui assurée par un jeu

de rampe et d’escalier, serait maintenue, les allées

étant transformées en estacades au-dessus du bras vif remis à jour.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 59

Le square René-Le-Gall fait partie des troisemplacements où l’étude de l’APUR de 2001prévoit de remettre la Bièvre à ciel ouvert.

Le projet présenté ici ne diffère pas dansses grandes lignes de celui de l’APUR.D’ailleurs, le site dicte l’essentiel du partid’aménagement : la restitution des deuxbras de la Bièvre près de leur emplace-ment et de leur niveau d’origine, sur lesdeux limites principales du square,ancienne île aux Singes. Ce square offreune opportunité unique, car de tout le par-cours parisien de la Bièvre, il est l’emplace-ment où le niveau du sol actuel est le plusproche du lit d’origine de la rivière.

La principale différence concerne la position dubras vif. Le projet de l’APUR prévoit d’installer laBièvre vive environ 2 m plus haut que la coted’origine, afin qu’elle soit plus proche du soldans la rue Berbier-du-Mets. Il n’est pas incom-patible avec le parti de l’écoulement gravitaire,du moins pour la Bièvre vive. Il permettraitmême de creuser environ 2 m de moins dansles sections amont. Mais il ne permettrait pas laréutilisation des grands passages voûtés sousles rues Paul-Gervais et Edmont-Gondinet. Etle square profiterait peu d’une Bièvre vive auniveau de la rue ou à mi-hauteur. Quant au brasmort, sa position dans le square ne serait pascompatible avec l’écoulement gravitaire.

Le parti présenté ici est de faire couler laBièvre vive dans le square, à sa cote d’o-rigine, en contrebas du mur de soutène-ment de la rue Croulebarbe (avec unevariante sous la rue Croulebare, voir ci-des-sous), et la Bièvre morte le long du mur nord-ouest, comme dans le projet de l’APUR.

Le projet vise aussi à respecter au mieuxl’esprit et la composition du square René-

le-Gall, voire à en prolonger le parti d’a-ménagement. Comme beaucoup de réalisa-tions de cette époque (dont le bâtiment voisindu Mobilier national, conçu par AugustePerret), ce jardin allie une composition clas-sique rigoureuse à une stylisation modernedes formes (cf. ci-contre). Il est proposé d’ins-crire les deux bras symétriquement par rapportaux axes qui déterminent la composition dusquare.

Variante

L’écoulement de la Bièvre vive à sa cote d’ori-gine lui permettrait également de passer par lagalerie sous la rue Croulebarbe, qui existeencore et n’est utilisée que par un égout local.Cette variante est probablement moinscoûteuse que la solution de base présentéeici, dans la mesure où elle limite les travauxdans le square. Elle présente l’inconvénientd’un parcours à ciel ouvert plus réduit. Ellen’est cependant pas incompatible avec lasolution de base, si le débit permet un dédou-blement du bras vif entre les deux tracés.

Square René-Le-Gall :deux bras dans une composition géométrique

Cote moyenne du sol actuel du square : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre morte (dans le square et sous la rue Croulebarbe) : 32 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre vive (en limite nord-ouest du square) : . . . . . . . . . . . 32 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : inchangé : 33 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée : celles du square : . . . . largeur : 70 à 100 m ; profondeur : 2 m

(dessin de F. Dugény)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris60

Square René-Le-Gall

Les deux bras pourraient sortir du square, au nord-est, par deux portes existantes, ménagées pour des locaux techniques dans les deux terrasses d’angle symétriques(ici, la Bièvre morte, dessin de F. Dugény).Le décor de rocaille de la terrasse supérieurede l’escalier situé au droit de la rue des Reculettes (qui abrite un transformateurélectrique) serait mis en valeur par un bassin à son pied, où il se refléterait. Une nouvelleporte pourrait être créée plus loin pour l’accèsau transformateur (dessin de F. Dugény).

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 61

Square René-Le-Gall

38.8

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.34.0

A

B

(32.0).33.0

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.33.0

(32.0).33.0

Variante sous la rue Croulebarbe

Bras vif

Bras mort

N

La composition du square tire habilement parti de la largeurvariable du site, avec deux axes de symétrie parallèles : l’un (A) détermine la composition de l’extrémité sud-ouest,avec deux allées de part et d’autre ; l’autre axe (B), décalé,organise l’extrémité nord-est, plus large, et l’une des deuxallées latérales au sud devient l’allée centrale au nord. Le projet respecte cette double symétrie : les deux bras coulent au sud-ouest derrière deux préauxsymétriques autour de l’axe A (dont les murs de fond pourraient être ouverts sur la rivière), et au nord-est en face

de deux portes existantes, ménagées pour des locaux techniques dans les deux terrasses d’angle, symétriques par rapport à l’axe B. Le bras mort resterait rigoureusement rectiligne (l’axe de la porte sous la terrasse d’angle nord passant à environ 2 m du préau). C’est donc le bras vif qui seraitdécalé pour décaler l’axe de symétrie : le changement se ferait au pied des escaliers situés au droit de la rue des Reculettes.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris62

Rue Berbier-du-Mets

Ci-dessus,illustration du parti

proposé, de restitution de la Bièvre dans son lit

d’origine, avec un quai bas.Vue au niveau de l’abside

de la chapelle des Gobelins(dessin de F. Dugény)

Autres illustrations du parti proposé de restitution de la Bièvreavec un quai bas (info-photographies de Thibaut Granier)

Alors que le projet de l’APUR prévoit

un nouveau lit au-dessusde l’égout correspondant

à l’ancien, le parti proposéici restitue l’ancien lit,

plus bas (à d. état en 1823)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 63

La rue Berbier-du-Mets est l’une de celles quisuivent l’ancien cours de la Bièvre (ici du brasvif). Comme sous la rue Croulebarbe et en peud’autres endroits, le lit et la berge d’origineexistent encore, couverts d’une simple voûtede 1864 à 1897 et utilisés pour l’égout local.

La réouverture y est facilitée par l’altitudebasse de la rue et le petit nombre d’accès audroit de la manufacture des Gobelins. Plus enaval, les accès aux immeubles peuvent êtrerétablis par des passerelles. Au niveau de l’îlotde la Reine-Blanche (12 à 18, rue Berbier-du-Mets), les architectes de la récente rénovationavaient même prévu la réouverture.

Le projet de l’APUR prévoit ici une réouvertureà une altitude supérieure à celle d’origine, afind’avoir une rivière plus accessible de la rue. Lenouveau lit serait placé juste au dessus de lavoute qui couvre l’ancien.

Le parti proposé ici est de retrouver le litd’origine, à une cote de 32 m NGF envi-ron. La berge d’origine serait dégagéepour former un quai bas, sur une partie dutracé. La rue formerait un quai haut, com-muniquant avec le quai bas par des esca-liers.

Rue Berbier-du-Mets : la Bièvre historique restituée

Cote moyenne du sol actuel de la rue Berbier-du-Mets : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35,50 à 37 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre morte (à proximité) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre vive (sous la rue Berbier-du-Mets) : . . . . . . . . . . . . . 32 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Quai bas 33 m NGF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Quai haut (rue) 35,50 à 37,50 m NGF

Cote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGFProfondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 à 6 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée :là où il y a un quai bas : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . largeur : 5 à 6 m ; profondeur : 2,50 à 3 mlà où il n’y a pas de quai bas : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . largeur : 3 m ; profondeur : 3 à 6 m

.36.7

.36,3

.35,7

0

.36.0

(32.0)

.32.0

.33.0

.37.033.0 .

(32.0)

N

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris64

Rue Pascal

Rue Pascal, la Bièvre couleraitsur le côté est, en laissant

un quai bas ou une plateformeplantée au-dessus

du collecteur Pascal situé dans l’axe de la rue.

Dans un premier temps, un aménagement figurant

un canal pourrait être réalisé,comme ce qui s’est fait à à Vitry

(F. Mercier, ci-dessous) ou sur la Bièvre à Gentilly(A. Chemetoff, ci-contre)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 65

Après le boulevard Arago, le tracé de la Bièvrepeut encore se lire à travers le tissu urbain,grâce à quelques indices (passage entre deuximmeubles, 12 et 14 boulevard Arago, coursintérieures entre les boulevards Arago et dePort-Royal avec des façades à claire-voied’anciens séchoirs de tanneries encore enplace). Le peu de place, le statut privé des ter-rains et la surélévation du boulevard de Port-Royal rendent très difficile la réouverture enplace.

Il est donc proposé, ici encore, un nou-veau tracé, tirant parti de la proximité dela rue Pascal, parallèle à la Bièvre et à l’al-

titude la plus basse du quartier. Cette rueoffre l’avantage notoire de passer sous leboulevard de Port-Royal et d’en faciliterainsi le franchissement par la Bièvre. Ensens unique, assurant la desserte locale plusque le transit, elle peut laisser une partie de salargeur pour la rivière, plus aisément que d’au-tres (rue des Peupliers par exemple).

Le lit de la Bièvre occuperait, du côté est,une partie du trottoir, les places de sta-tionnement et une partie de la chaussée. Ilresterait ainsi à l’est du collecteur Pascal, situésous l’axe de la rue, et ne croiserait pas surcette section.

Rue Pascal : un canal dans la rue

Cote moyenne du sol actuel de la rue Pascal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 à 37 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre morte (à proximité) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre vive (à proximité) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 m NGFCote moyenne du radier du collecteur Pascal (sous la rue Pascal) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 à 29 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : inchangé : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 à 37 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 à 5 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée (dans la rue Pascal) : . . largeur : 3 à 4 m ; profondeur : 3 à 4 m

.37.0.35.4

.36.7

(32.0)

.35.0(32.0)

.40,0

.36,2

N

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris66

Rue Censier

Carrefour de la rue de la Clef,vue vers l’ouest(dessin de F. Dugény)

Carrefour de la rue de la Clef,vue vers l’est(dessin de F. Dugény)

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A partir de la rue Claude-Bernard, il n’y avaitplus de Bièvre morte ni de Bièvre vive, mais unbras unique jusqu’au confluent. Jusqu’à la rueBuffon, le cours ancien du bras unique se trou-ve en grande partie sous des parcelles bâtiesou dans des parkings souterrains. Malgré l’in-térêt historique d’une voie comme le squareAdanson, ancien bief de la photographie, iln’est pas proposé d’y refaire passer la Bièvre,car elle déboucherait dans des parcelles où ilest impossible de la rétablir.

Il est donc proposé d’utiliser la rueCensier, qui a l’avantage d’avoir une lar-geur importante entre façades (20 à 30 m,avec de petits espaces verts en deuxendroits, le long de l’église Saint-Médardet près du carrefour de la rue de la Clef) etune cote suffisamment basse au niveaude la rue de la Clef.

Se pose le problème du croisement du collec-teur Pascal. Un tracé qui ne croiserait pas lecollecteur est difficile à envisager, car il devraitrester à l’est de celui-ci, ce qui pose de nom-breux problèmes : face à l’église Saint-Médard, il coulerait le long des façades est dela rue Censier, dont les accès devraient êtrerétablis ; près de la rue de la Clef, il n’y a pasde place, car le collecteur passe au ras desfaçades est.

Le tracé proposé, plus adapté, longerait lasquare Saint-Médard et le talus planté près dela rue de la Clef : il doit donc croiser le collec-teur au droit de la rue Mouffetard et de la ruede la Clef. Dans tous les cas, le tracé de laBièvre doit aussi croiser les nombreux raccor-

dements au collecteur Pascal tout au long deson parcours, et le collecteur de Bièvre audroit de la rue Geofffroy-Saint-Hilaire.

Le collecteur Pascal ayant son radier environ àla cote 29 m NGF et son toit quelque 3 m plushaut, le nouveau lit de la Bièvre ne peut doncse situer plus bas que la cote 32 m, qui estcelle de la section immédiatement à l’amont.La même cote doit donc être maintenue toutau long de cette section, sans descente.Cette cote permet par ailleurs d’avoir la rivièreproche du sol au niveau de la rue de la Clef, etailleurs à une profondeur compatible avec sonouverture (3 à 4 m).

Rue Censier : une petite rivière urbaine

Cote moyenne du sol actuel de la rue Censier : Saint-Médard : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 m NGFRue de la Clef : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33,50 m NGFUniversité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 m NGF

Cote moyenne du lit d’origine de la Bièvre (sous la rue Censier) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 à 30 m NGFCote moyenne du radier du collecteur Pascal (sous la rue Censier) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : inchangé : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33,50 à 35 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,50 à 4 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée : Saint-Médard : . . . . . . . largeur : 6 à 10 m ; profondeur : 3 m

Rue de la Clef : . . . . . . . . largeur : 3 m ; profondeur : 1,50 mUniversité : . . . . . . . . . . . . largeur : 6 à 7 m ;profondeur : 4 m

Variante : carrefour de la rue de la Clef, vue vers l’est,avec un quai bas se prolongeant vers la faculté des SciencesHumaines. (dessin de F. Dugény)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris68

Rue Censier

Une petite rivière urbaine,même coulant entre

des murs, représente un élément de nature

dans la ville si son traitementva en ce sens : hauts fonds

permettant une végétationaquatique, berges basses

favorables aux oiseaux, murslaissant la végétation

s’accrocher, arbres ombrageant la rivière…

(en haut, l’Eure à Chartres ;en bas, le Loing

à Châtillon-Coligny, Loiret)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 69

Rue Censier

.36.7

35.2

34.6

34.6

(32.0)

.35.0

(32.0)

.36.0

(32.0)33.0 .

33.5 .

33.0 ..36,2

N

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris70

Annexes du Muséum

Quelques vues des annexes du Muséum

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Le site des annexes du Muséum nationald’Histoire Naturelle (ou «îlot Poliveau») fait par-tie des trois emplacements où l’étude del’APUR de 2001 prévoit de remettre la Bièvre àciel ouvert.

Le projet présenté ici suit celui de l’APUR,qui prévoit la restitution du bief Buffon surson tracé d’origine, sauf aux abords de la rueGeoffroy-Saint-Hilaire, où le cours serait dévié deson ancien emplacement, actuellement occupépar la cour du lycée Louise de Marillac, pour ent-rer dans l’îlot 50 m plus au sud, par la grille exis-tante au 26 de cette rue.

A la différence des deux autres sites, qui sontdes jardins publics, celui-ci n’est utilisé que parle personnel du Muséum. Entretenu de façonextensive, il présente, à côté d’arbres plantésremarquables, toute une flore spontanée ousubspontanée qui lui donne un charme rus-tique unique. Il n’existe en effet quasiment pasà Paris d’espaces aussi campagnards, dedimensions équivalentes, dans une positionaussi centrale.

Ce caractère rustique mérite d’être pré-servé avec le plus grand soin. La créationpaysagère contemporaine offre d’éminentsexemples de jardins qui guident l’évolutionspontanée des milieux naturels plutôt que dela contraindre : le Jardin en mouvement duparc André-Citroën, le Jardin naturel rue de laRéunion à Paris (XXe), ont recréé de toutes piè-ces des espaces rustiques. Les Jardinsimprévus de l’île Saint-Germain, à Issy-les-Moulineaux (Yves Deshayes, paysagiste), sontplus proches encore de la situation traitée ici,puisqu’ils valorisent un site longtemps à l’a-bandon. De tels projets, pour conserver leurcaractère sur le long terme, font intervenirautant la gestion (dite ici différenciée) que laconception de départ.

Le projet de l’APUR permet de préserver lecaractère du lieu, à condition que son cahierdes charges le prévoie expressément. Ce siteest par ailleurs convoité pour différents projetsde construction. Quelques bâtiments peuventencore être construits sur certains emplace-ments proches du bief, en respectant desconditions strictes (emplacements actuelle-ment non plantés, construction en hauteur plu-tôt que s’étalant, enlèvement de toutes lesconstructions préfabriquées). Mais des projetsimmobiliers plus lourds seraient tout à faitincompatibles avec cette préservation.

Variante

Le rétablissement de l’ancien tracé, par la courdu lycée Louise de Marillac, ne doit pas êtreécarté à ce stade de l’étude. Il présente l’a-vantage d’être plus court. La Bièvre coulerait àciel ouvert sur une partie de la cour. L’espaceainsi prélevé (150 à 200 m2) pourrait être resti-tué au lycée en élargissant la cour en rive droi-te de la Bièvre, sur le terrain contigu desannexes du Museum.

Annexes du Muséum :un morceau de campagne au cœur de Paris

Cote moyenne du sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 à 34,50 m NGFCote moyenne du lit d’origine de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30,3 à 29,7 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre : inchangé : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 à 34,50 m NGFCote moyenne du lit proposé de la Bièvre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 à 31 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 à 2,50 mDimensions moyennes de l’ouverture proposée : . . . . . . . . . . . . . . . largeur : 3 à 5 m ; profondeur : 2 à 2,50 m

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Annexes du Muséum

Vue de l’entrée des annexes,

au 43 de la rue Buffon(dessin P.-M. Tricaud)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 73

Annexes du Muséum

34.3

33.0

(31.5)

.32.5

(31.5)

.34.0

Variante parla cour du lycée

e

Variante par le tracé d'origine

N

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Jardin des Plantes

Cour anglaise sur le côté de la galerie de botanique,état actuel et projet

Vue du jardin alpin

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Après les annexes du Muséum, la dernière sec-tion de la Bièvre, appelée bief inférieur, suivait letracé de l’actuelle rue Nicolas-Houel, puis tra-versait le boulevard de l’Hôpital — au droitduquel son profil commençait à descendre plusrapidement pour rejoindre celui de la Seine,passant de 29 à 28, puis 26 m NGF. Ensuite,son tracé, couvert lors de la construction de lagare d’Austerlitz, était voisin de celui de l’actuelmétro aérien (ligne 5). Enfin, il rejoignait le litmajeur de la Seine 200 m en amont du pontd’Austerlitz, puis devenait parallèle à la Seinepour rejoindre le lit mineur au niveau du pont.

La présence aujourd’hui de la gare d’Austerlitzrend difficile la restauration sur place du biefinférieur (cependant envisagée en variante ci-après). La solution proposée ici tire parti del’opportunité offerte par le jardin des Plantes,qui touche à la fois les annexes du Muséum etla Seine. Comme les autres espaces verts lelong du tracé, le jardin des Plantes présentel’avantage d’un espace public non bâti, nonremblayé, et où une rivière peut s’inscrire har-

monieusement. C’est pourquoi le tracé pro-posé tourne à gauche à angle droit dansles annexes, coupe transversalement lesallées face à la grande galerie et tourne àdroite à angle droit dans la ménagerie. Cenouveau tracé serait voisin de celui du bras del’abbaye de Saint-Victor, qui fut en service duXIIIe au XVIe siècle.

Le jardin des Plantes comprend plusieurs par-ties, de caractère bien différencié, où le pas-sage de la Bièvre serait traité différemment :

La liaison avec les annexes se ferait lelong de l’allée qui accède à celles-ci, au 43de la rue Buffon.

Le long de la galerie de botanique, faceau 43 de la rue Buffon, se trouve une couranglaise de 3 m de large, à la cote 32 m NGFenviron (0,50 m en contrebas de la rue). Il suf-firait d’approfondir cette cour d’1 mètre pourcréer un lit compatible avec l’écoulement gra-vitaire recherché.

Jardin des Plantes : un canal transversal, des fosses pour la ménagerie

Cote moyenne du sol actuel (Jardin des Plantes) : allée des Becquerel (extrémité des serres) : 33 m NGFjardin alpin : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 à 31 m NGFménagerie, près du quai : . . . . . . . . . . . . . . 35 m NGFentrée place Valhubert : . . . . . . . . . . . . . 35,50 m NGF

Cote moyenne du lit d’origine de la Bièvre (rue Nicolas-Houel et gare d’Austerlitz) : . . . . . . 30 à 26 m NGFCote moyenne du sol proposé aux abords du nouveau tracé de la Bièvre :

allée des Becquerel : inchangé : . . . . . 33 m NGFjardin alpin : inchangé : . . . . . . . . . 30 à 31 m NGFménagerie : fosses : . . . . . . . . . . . . . 29,50 m NGF

Cote moyenne du lit proposé de la Bièvre : allée des Becquerel : . . . . . . . . . . . 31 à 30 m NGFjardin alpin : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 à 29 m NGFménagerie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 à 26 m NGF

Profondeur moyenne du lit proposé par rapport au sol actuel : allée des Becquerel : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 à 3 mjardin alpin : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,50 à 2 mménagerie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 m

Dimensions moyennes de l’ouverture proposée :allée des Becquerel : . . . . . . . . . . . . largeur : 10 à 15 m ;. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . profondeur : 3 mjardin alpin : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . largeur : 2 à 3 m ;. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . profondeur : 0,50 à 2 m

ménagerie (fosses) : . . . . . . . . . . . . . largeur : 10 à 20 m ;. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . profondeur : 6 à 9 m

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris76

Jardin des Plantes

33.0

.32.5

(31.5)

(30.0)

(30.0)

(29.0)

(29.0)(28.0)

(34.0)

(28.0)

(27.0)

(31.5)

.32.5

.34.0

30.0 à 31.0

Variante par le carré creux

Variante par le jardin alpin

Jardin alpin

.35.0

(26.0)

N

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 77

Jardin des Plantes

La grande perspective serait traverséeperpendiculairement, pour respecter lacomposition classique du jardin. L’espace estsuffisant pour creuser une fosse de largeurproportionnée à sa profondeur (3 m).

Dans le jardin alpin, le profil actuel en contre-bas (2,50 m sous le jardin botanique et laménagerie) permet de faire passer la Bièvre enfaible déblai (0,50 à 2 m). La rivière pourraitrenforcer le caractère alpin du jardin, enétant traitée comme un torrent, avec lesmilieux correspondants. Celui-ci seraitobtenu par une dénivellation plus rapide du lit,qui amorcerait la descente vers la Seine (enpassant de la cote 29 à 28 m NGF sur 20 à 50m ou par une succession de petits seuils,comme, sur l’ancien tracé, au droit du boule-vard de l’Höpital). La plus grande vitesse ducourant autoriserait une section moins large(1,50 à 2 m au lieu de 3) donc un moindreimpact sur le jardin alpin. Toutefois, le jardinalpin reste la partie la plus délicate de la tra-versée du jardin des Plantes, en raison de lafragilité des milieux qui y sont reconstitués. Cepassage doit être traité avec un soin particulier,ou bien un autre passage doit être recherché(cf. variantes ci-dessous).

Dans la ménagerie, la Bièvre doit rejoindre leniveau de la Seine, fixé au plus bas à 26,74 mNGF par le barrage de Suresnes. Le lit doitdonc descendre environ à la cote 26 m, ce quipeut se faire par une succession de petitsseuils. L’ensemble de la traversée de la ména-gerie (28 à 26 m) se trouverait donc de 5 à 9mètres en contrebas du sol de celle-ci (33 à35 m NGF). L’encaissement permettrait decréer un défilé entre des parois en rochersartificiels. Celui-ci serait divisé en fosses oùl’on pourrait placer des animaux, qui seraientainsi vus facilement, en sécurité, sans grilles etdans un cadre reconstituant leur habitat naturel— suivant la tendance des zoos contempo-rains, plus écologiques que leurs prédéces-seurs, créés notamment aux Etats-Unis (SanDiego, Santa Barbara, Los Angeles…).

Cet aménagement pourrait s’harmoniser avecla ménagerie, conçue à la fin du XIXe siècle.Les rochers du parc des Buttes-Chaumont, dela même époque, peuvent fournir une référen-

ce, à transposer à des dimensions plus peti-tes. La petite rivière artificielle qui traverse laménagerie pourrait se jeter dans la Bièvre parune cascade.

Le défilé pourrait admettre une remontée duniveau de l’eau en cas de crue de la Seine(éventuellement jusqu’à une cote à définir,fixée par une vanne mobile). Le profil en traversdu défilé devrait bien sûr être étudié de façonà ménager des refuges suffisamment hautspour être hors d’eau et suffisamment bas pourque les animaux ne s’échappent pas. On peutaussi placer des animaux de milieux tropicaux,qui seraient rentrés en hiver, à la période descrues.

La création d’un passageencaissé pour la Bièvre se prête particulièrementbien à un jardin zoologique,puisqu’il peut constituer des fosses permettant une bonne vision des animaux, en sécurité,sans grilles et dans uncadre naturel (zoo de LosAngeles, rochers artificiels)

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris78

Jardin des Plantes

Plusieurs espèces peuvent être placées dansde telles fosses : soit des animaux dangereux,puisqu’ils seraient bien isolés (félins, ours), soitdes espèces de rochers, soit des espècesvivant au bord de rivières. Parmi ces dernières,on pourrait évidemment introduire des cas-tors, symboles de la Bièvre.

Variante 1 : par la grande perspective et le Carré creux

Pour éviter le jardin alpin, espace assez fragile, le tracé pourrait tourner à droite à angledroit au milieu de la grande perspective et sui-vre celle-ci jusqu’au croisement de la principa-le allée transversale, l’allée de Jussieu. A cetendroit, le Muséum envisage la restauration du«Carré creux» qui s’y trouvait à l’origine, encontrebas de 3 m environ (soit à 31 m NGF), avec un bassin en son centre. Le niveau du solenvisagé pour le Carré creux est voisin de celuique doit avoir la Bièvre sur ce tronçon (lit à30 m) : il est donc possible de faire passer laBièvre par le bassin envisagé. Celle-ci rejoin-drait ensuite la ménagerie en tournant à gau-che à angle droit au niveau du bassin.

Variante 2 : par la gare d’Austerlitz

Les solutions passant par le jardin des Plantesprésentent un inconvénient : si la Bièvre peutpasser sous le collecteur Saint-Bernard (radierenviron 3 m plus haut), en revanche la ligne Cdu RER, dont le niveau des rails est voisin decelui de la Seine, et la ligne 10 du métro, envi-ron 2 m plus bas, imposeraient un siphon.

Le seul tracé permettant d’éviter un passageen siphon est le tracé d’origine, puisquelorsque le chemin de fer d’Orléans a été pro-longé jusqu’à la gare d’Orsay, dans les derniè-res années du XIXe siècle, ils est passé endos-d’âne au dessus de la Bièvre, alors cou-verte, mais pas encore remblayée. Le franchis-sement se trouvait sous la verrière de la gare,et le dos-d’âne est encore sensible, puisqueles trains venant du sud débouchent sous laverrière avant de replonger sous la placeValhubert.

La restauration du tracé d’origine est techni-quement possible, bien que son environne-ment soit moins favorable à une rivière que lejardin des Plantes. Le passage rue Nicolas-Houel peut difficilement être mis à ciel ouvert,puisque cette rue assure une fonction de desserte. On peut y envisager un trajet sou-terrain avec des puits de lumière. En revanche,le parking des arrivées de la gare peut êtreouvert, le long du viaduc du métro. Enfin, sousla verrière, qui pourrait devenir une serre, laréouverture de la Bièvre peut être l’occasiond’un grand projet architectural.

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IAURIFRestauration et aménagement de la Bièvre dans Paris 79

Sur la restauration et l'authenticité

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