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33 Caractérisation des bovins de race Baoulé dans le ... · Côte d’Ivoire. Matériel et...

Date post: 23-Aug-2020
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111 Caractérisation des bovins de race Baoulé dans le ''Pays Lobi" de Côte d'Ivoire: rôles socioéconomiques, modes d'élevage et contraintes de production B. Soro 1* , D.P. Sokouri 1 , G.K. Dayo 2 , A.S.P. N’Guetta 1 & C.V. YapiGnaoré 2 Keywords: Baoulé cattle Bounkani region Socioeconomic functions Absorption hanging Sustainable utilization Ivory Coast 1* Université Félix HouphouëtBoigny, Abidjan, Côte d’Ivoire. 2 Centre International de RechercheDéveloppement sur l’Elevage en zone Subhumide, BoboDioulasso, Burkina Faso. *Auteur correspondant: Email: [email protected] Reçu le 7.05.14 et accepté pour publication le 19.08.14 Résumé Cette étude visait à définir les fonctions socio économiques, les pratiques traditionnelles de gestion et les contraintes relatives à la production des bovins Baoulé. Elle a été réalisée dans la région de Boukani, située dans le nordest de la Côte d’Ivoire, en utilisant un questionnaire semi structuré. Les résultats indiquent que la plupart (62,7%) des chefs d’exploitation agricole interrogés dépendent de la production végétale et de l'élevage. Les éleveurs de cette région (60%) utilisent les bovins Baoulé en raison de leurs fonctions socio économiques multiples, de leurs qualités d’adaptation et des faibles exigences de gestion. Les bovins Baoulé sont principalement élevés pour les cérémonies rituelles, les dons et comme assurance contre les vicissitudes de l’existence. Ces éleveurs (98,41%) utilisent majoritairement le pâturage naturel sans aucune complémentation. Dans le nordest de la Côte d’Ivoire, l’élevage tend à se faire en fonction de la demande de bovins zébus sur le marché, due à l’intérêt secondaire accordé à la race bovine Baoulé en tant qu’animal de rente. Ceci pousse des éleveurs à effectuer des croisements des taurins Baoulé avec les bovins zébus et à investir pour assurer la santé des animaux car les zébus et les croisés zébu x taurin sont plus sensibles que les taurins aux trypanosomoses animales. Au vu des fonctions multiples de la race Baoulé, des caractéristiques génétiques particulières et de la menace d’absorption qui pèse sur elle, cette ressource locale doit être conservée et valorisée pour son utilisation durable. Summary Characterization of Baoulé Cattle in the "Pays Lobi" of Ivory Coast: Socio economic Roles, Management Practices, and Production Constrainsts This study aimed at determining the socioeconomic roles, the traditional management practices, and the production constraints of the Baoulé cattle. It was conducted in Bounkani region of NorthEastern Ivory Coast, using a semistructured questionnaire. The results indicate that most (62.7 percent) of the respondents depended on crop and livestock production for household income and food security. Farmers of this region (60 percent) use the Baoulé cattle owing to their multiple socioeconomic functions, adaptive qualities, and low management requirements. The Baoulé cattle are primarily reared for ritual ceremonies, gifts and as security against the vicissitudes of life. Farmers (98.41 percent) use natural pasture without supplementation. In the North Eastern of Ivory Coast, livestock rearing tends to be made according to the demand of zebu cattle, due to the secondary interest given to Baoulé cattle. This leads Lobi farmers to breed Baoulé with zebu cattle and to invest in the health of animals because Zebu and crossbred Zebu x Baoulé are more sensitive than the Baoulé cattle to animal trypanosomiasis. In view of the multiple functions of Baoulé cattle, their specific genetic characteristics and the threat of absorption hanging over it, this local resource should be preserved and valued for its sustainable utilization. TROPICULTURA, 2015, 33,2,111124
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Caractérisation des bovins de race Baoulé dans le ''Pays Lobi" de Côte d'Ivoire:rôles socio­économiques, modes d'élevage et contraintes de productionB. Soro1*, D.P. Sokouri1, G.K. Dayo2, A.S.P. N’Guetta1 & C.V. Yapi­Gnaoré2

Keywords: Baoulé cattle­ Bounkani region­ Socio­economic functions­ Absorption hanging­Sustainable utilization­ Ivory Coast

1*Université Félix Houphouët­Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire.2Centre International de Recherche­Développement sur l’Elevage en zone Subhumide, Bobo­Dioulasso, Burkina Faso.*Auteur correspondant: Email: [email protected]çu le 7.05.14 et accepté pour publication le 19.08.14

RésuméCette étude visait à définir les fonctions socio­économiques, les pratiques traditionnelles degestion et les contraintes relatives à la productiondes bovins Baoulé. Elle a été réalisée dans la régionde Boukani, située dans le nord­est de la Côted’Ivoire, en utilisant un questionnaire semi­structuré. Les résultats indiquent que la plupart(62,7%) des chefs d’exploitation agricole interrogésdépendent de la production végétale et de l'élevage.Les éleveurs de cette région (60%) utilisent lesbovins Baoulé en raison de leurs fonctions socio­économiques multiples, de leurs qualitésd’adaptation et des faibles exigences de gestion. Lesbovins Baoulé sont principalement élevés pour lescérémonies rituelles, les dons et comme assurancecontre les vicissitudes de l’existence. Ces éleveurs(98,41%) utilisent majoritairement le pâturagenaturel sans aucune complémentation. Dans lenord­est de la Côte d’Ivoire, l’élevage tend à sefaire en fonction de la demande de bovins zébus surle marché, due à l’intérêt secondaire accordé à larace bovine Baoulé en tant qu’animal de rente. Cecipousse des éleveurs à effectuer des croisements destaurins Baoulé avec les bovins zébus et à investirpour assurer la santé des animaux car les zébus etles croisés zébu x taurin sont plus sensibles que lestaurins aux trypanosomoses animales. Au vu desfonctions multiples de la race Baoulé, descaractéristiques génétiques particulières et de lamenace d’absorption qui pèse sur elle, cetteressource locale doit être conservée et valoriséepour son utilisation durable.

SummaryCharacterization of Baoulé Cattle in the"Pays Lobi" of Ivory Coast: Socio­economic Roles, Management Practices,and Production ConstrainstsThis study aimed at determining the socio­economicroles, the traditional management practices, andthe production constraints of the Baoulé cattle. Itwas conducted in Bounkani region of North­EasternIvory Coast, using a semi­structured questionnaire.The results indicate that most (62.7 percent) of therespondents depended on crop and livestockproduction for household income and food security.Farmers of this region (60 percent) use the Baoulécattle owing to their multiple socio­economicfunctions, adaptive qualities, and low managementrequirements. The Baoulé cattle are primarily rearedfor ritual ceremonies, gifts and as security againstthe vicissitudes of life. Farmers (98.41 percent) usenatural pasture without supplementation. In theNorth ­ Eastern of Ivory Coast, livestock rearingtends to be made according to the demand of zebucattle, due to the secondary interest given to Baoulécattle. This leads Lobi farmers to breed Baoulé withzebu cattle and to invest in the health of animalsbecause Zebu and cross­bred Zebu x Baoulé aremore sensitive than the Baoulé cattle to animaltrypanosomiasis. In view of the multiple functions ofBaoulé cattle, their specific genetic characteristicsand the threat of absorption hanging over it, thislocal resource should be preserved andvalued for its sustainable utilization.

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IntroductionLa race bovine Baoulé a été introduite en Côted’Ivoire à Bondoukou à l’Est, et Kong, au Nord­Est,vers le début du quinzième siècle lors desmouvements migratoires des Foulbé (Peuhl). Grâceaux transactions commerciales, les troupeaux ontgagné la région Centre de la Côte d’Ivoire, régionBaoulé (1). Le bovin Baoulé est classé parmi lesbovins à courtes cornes de 1'Ouest Africain,généralement appelé en anglais "West AfricanShorthorn". C'est un animal rectiligne, bréviligne etellipométrique. L'encolure un peu courte, est plusépaisse chez le mâle et porté horizontalement; maislégère chez la femelle. La taille varie de 95 à 110cm et quelque fois 115 cm chez certains taureaux.Le poids à la naissance des veaux est en moyennede 13 kg (14).L’une des caractéristiques importantes du peuplelobi, vivant au Nord­est de la Côte d’Ivoire, est quel’élevage bovin est essentiellement composé debovins trypanotolérants, notamment la race Baoulé.Cette race est parfaitement adaptée aux zonesd’élevage infestée par les glossines, vectrices de latrypanosomose animale africaine (TAA) qui est unemaladie parasitaire majeure dans les élevages deszones subhumides et humides de l’Afriquesubsaharienne. L’ancienneté de la présence dubétail trypanotolérant dans cette zone estétroitement liée à la farouche opposition du peupleLobi jusqu’à une période très récente àl’introduction de bovins zébu et à toute innovation.Malheureusement, depuis quelques décennies, avecles changements climatiques, on observe un reculglobal des zones habitées par les glossinescorrespondant au recul des isohyètes (4) ainsi qu’àune détérioration de leur habitat provoquée par desfacteurs anthropiques et climatiques (3). Cela acomme conséquence l’arrivée de plus en plusgrande des pasteurs peuls avec leurs troupeaux dezébus peulhs trypanosensibles des zones nordiquessahéliennes vers les régions plus humides dont celledu pays Lobi de Côte d’Ivoire. Ainsi, descroisements entre bovins trypanotolérants et zébuspeuls sont de plus en plus constatés, soit dansl’espoir de transmettre le caractère trypanotolérantaux bovins zébus, soit pour l’amélioration du format

et des capacités de productions laitières des bovinstrypanotolérants. Malgré la pression de métissagequi semble s’exercer sur elles, les races taurinespures locales se distinguent nettement des Zébu etde leurs produits de croisements que sont les bovinsMéré (13). Le maintien des races trypanotolérantesest indispensable pour assurer en tant que réservoirun métissage raisonné, eu égard à leurscaractéristiques génétiques particulières qui leurpermettent de s’adapter à des modifications del’environnement et de résister à divers maladies. Ilest donc important de proposer un programme devalorisation de cette race taurine Baoulé, qui prenden considération la préservation de leur patrimoinegénétique et l’amélioration de la productivité et dela rentabilité des élevages. La définition depolitiques de gestion de cette race bovine localepasse inévitablement par la prise en compte deséléments techniques touchant aux pratiquesd’élevage (gestion des pâturages, politiques demises à la reproduction), de considérer la sociologiedes éleveurs, leur formation, leurs activitéséconomiques, leurs contraintes financière et sociale.Cette étude a pour objectif la détermination et ladocumentation sur les rôles socio­économiques, lespratiques de gestion et les défis de production del’élevage bovin de race Baoulé pour appréhenderl’évolution de cette race dans cette région et sur lesmenaces qui pèsent sur elles dans le Pays lobi deCôte d’Ivoire.Matériel et méthodesZone d’étudeSitué au Nord­Est de la Côte d’Ivoire, le pays lobi enCôte d’Ivoire se trouve dans la région administrativedu Bounkani avec une superficie de 21 470 km2. Ilcomprend les localités de Doropo, de Nassian, deTéhini et de Bouna, le chef­lieu de cette région(Figure 1). Il est limité: à l'Est par la République duGhana et la Volta Noire; au sud, par lesdépartements de Bondoukou; à l'Ouest, par lesdépartements de Dabakala et Ferkessédougou; aunord, par le Burkina Faso. Il abrite en son sein leparc National de la Comoé.

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Cette zone est caractérisée par la savane qui secouvre d’herbages et d’arbustes, puis de bosquetsd’arbres en descendant vers le sud, tandis que surles berges des fleuves se développent des forêts­galeries. Les terres sont très défrichées. Le réseauhydrographique est relativement important, mais laplupart des cours d'eau tarissent en saison sèche.Seuls les fleuves limitrophes, la Volta Noire à l'est etla Comoé à l'ouest ainsi que 1'Iringou au centre,coulent toute l'année (6). Le tapis herbacé estessentiellement constitué de graminées formant despâturages abondants en saison pluvieuse maisdétruit par les feux de brousse et la sécheresse(10). Le pays Lobi possède un climat tropical detype soudano guinéen.Les précipitations varient entre 900 et 1200 mm.Les mois de novembre, décembre, janvier, février etmars sont les mois les moins arrosés. Les raresévénements pluvieux se produisent au cours dumois d’avril à juin de l’année (10). Selon leRecensement Général de la Population (7), lapopulation de la région du Bounkani est de 178 769habitants.

A côté d'une population lobi largement majoritaire,d’autres populations autochtones vivent dans leNord­Est ivoirien: Koulango, Teguesie, Birifor. Ilssont tous agriculteurs et éleveurs de taurins. Ontrouve également des populations étrangères:Dioula et Mossi, dispersés dans toute la région etqui sont des commerçants. Le dernier courantmigratoire est composé de Peulhs, essentiellementéleveurs. Les systèmes d’élevage les plus répandusdans la région sont les élevages traditionnelsbovins, volailles, ovins, caprins et porcins.Dispositions généralesDurant les mois d’avril et octobre 2013, desenquêtes ont été menées dans trois localités de larégion du Boukani au Nord­Est de la Côte d’Ivoiredans le pays lobi, ce sont Bouna, Téhini et Doropo.A l’intérieur de chaque localité, dix villages ont étéchoisis, sauf à Bouna où vingt et un villages ont étéretenus car ce département concentre la majoritédes exploitations agricoles de cette région. Cesvillages ont été choisis en collaboration avec lesAgents des Productions Animales du Ministère desProductions Animales et des Ressources

Figure 1: Zone d’étude.

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Halieutiques (MPARH) de la zone d’étude.Dans chaque village, trois élevages ont été choisispar les agents et leurs propriétaires ont étéinterviewés par le même enquêteur suivant unquestionnaire rédigé en français et traduitoralement en langue locale si nécessaire. Lescritères de choix des élevages dans les villages ontété: l’accessibilité du parc pour faciliter sa visite, ladisponibilité de l’éleveur et la présence d’élevagesde taille suffisante.

Méthode de collecte des donnéesUn guide d'entretien semi­structuré a été utilisépour cette enquête. Le questionnaire a étéadministré par l’interviewer au propriétaire del’exploitation. On a permis à d'autres membres duménage de compléter les informations pertinentespendant l'entretien. Le questionnaire a été pré testépour vérifier la clarté et la convenance desquestions. Certaines des informations rassembléespendant les entretiens ont été attestées parl'observation sur place. Les informationsrecherchées portaient d’une part sur lescaractéristiques socio­économiques des éleveurs etd’autre part sur les pratiques dans les agrosystèmes pastoraux ainsi que les contraintes deproduction et de commercialisation. L’entretien seterminait par la visite des parcs.Traitement et analyse de donnéesLes données qualitatives de l'enquête sur le terrainont été codées et analysées pour produire lesstatistiques descriptives. L’analyse de varianceincluant la comparaison des moyennes selon le testde Newman et Keuls au seuil de 5% a été utiliséepour comparer les données quantitatives. Avantcette analyse, la normalité des distributions desvariables mesurées a été vérifiée. Toutes cesanalyses ont été réalisées à l’aide du logicielSTATISTICA 7.1.

RésultatsCaractéristiques socio­économiques des chefsd’exploitationsL’élevage de bovins est pratiqué majoritairementpar les hommes qui représentent 95% desexploitants. C’est dans les localités de Bouna (4,8%) et Téhini (10%) que les femmes sont présentesdans ce domaine d’activité (Tableau 1).Le Lobi est l’ethnie dominante des éleveurs (59,4%)ensuite viennent les Peulhs (16%) principalementdans les localités de Bouna. Des éleveurs dediverses autres ethnies (13%) sont égalementprésents. La majorité de ces éleveurs (69,1%) ontplus de 45 ans et 29,3% ont entre 30 et 45 ans. Onrencontre des jeunes propriétaires uniquement dansla localité de Bouna. Les éleveurs sont polygamespour la plupart (64,1%) contre 31% qui sontmonogames et résident en général dans les villages.L’analphabétisme touche 80,8% de ces chefsd’exploitation. La localité de Bouna est la seule oùl’on trouve des exploitants qui ont un niveausecondaire (4,7%) ou qui ont été instruit à l’écolecoranique (28,6%).D'après les résultats de l'enquête, la majorité deséleveurs pratiquent à la fois l’agriculture etl’élevage. Ils vivent principalement dans les localitésde Doropo et Téhini. Cependant, dans la localité deBouna; 47,62% des personnes enquêtées seconsacrent uniquement à l’élevage (Tableau 1).Dans cette région, les bovins de race Baoulé sontles plus utilisés dans les élevages (82,3%)notamment dans les localités de Doropo et Téhinioù les éleveurs possédant ses animauxreprésentaient respectivement 90% et 100%(Tableau 2).Toutes les personnes enquêtées ont en plus desbovins d’autres espèces animales telles que lesovins (66,98%), les caprins (57,15%), la volaille(71,9%) et les porcins (28,09%) (Tableau 1). Cesproportions ne sont pas significativement différentesd’une localité à l’autre (p> 0,05).

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Tableau 1Répartition des éleveurs (%) par localité en fonction des caractéristiques socio­économiques.

n: nombre d’éleveurs enquêtés.

( ) Nombre de répondants.

Sur la même ligne, les moyennes suivies par les mêmes lettres (a, b ou c) ne sont pas différentes.

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Tableau 2Répartition des éleveurs par localité (%) en fonction des races bovines élevées.

n: Nombre d’éleveurs enquêtés( ) Nombre de répondants

Tableau 3Répartition des éleveurs par localité (%) en fonction du mode d’acquisition du noyau initial.

n: Nombre d’éleveurs enquêtés.

( ) Nombre de répondants.

Sur la même ligne, les moyennes suivies par les mêmes lettres (a, b ou c) ne sont pas différentes.

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Tableau 4Répartition des éleveurs par localité (%) en fonction de la gestion des pâturages.

n: Nombre d’éleveurs enquêtés.

( ) Nombre de répondants.

Historique des fermes et Acquisition du noyauinitialLes fermes visitées sont d’âges variables (Tableau3). C’est dans la localité de Téhini que l’onrencontre les fermes les plus récentes. La moyenned’âge des fermes est de 21 ans dans la zoned’étude. Le mode d’acquisition des fermes a étél’héritage dans 62,7% des cas et le don dans 29,2%des cas. La majorité des éleveurs (72,2%) estpropriétaire unique de son cheptel contre 27,8%des fermes qui sont des élevages communautaires.L’achat du noyau d’élevage a représenté 70,64% dumode d’acquisition dans cette zone et l’héritage,26,03% des cas (Tableau 3). La taille des différentscheptels a été obtenue sur information de l’éleveur.Toutefois, la grande majorité des éleveurs neconnait pas le nombre exact d’animaux de soncheptel ou encore certains d’entre eux considèrent

cette information confidentielle. L’enquête réaliséefait état de 2233 bovins dont 622 bovins de raceBaoulé, 773 Mérés et 841 zébus.Conduite de l’élevage bovin en Pays lobiGestion des pâturagesDans les localités de Bouna et Doropo, 57,1% et60% respectivement d’éleveurs utilisent la maind’œuvre salariée alors que dans la localité de Téhini,80% d’éleveurs utilisent la main d’œuvre familiale(Tableau 4). La grande majorité de ces éleveurs(88,9%) disent pratiquer la divagation durant lasaison sèche et presque tous disent que les zonesde pâtures ne dépassent pas les limites de l’espacenational. Les éleveurs utilisent essentiellement despâturages naturels dans 98,41% des cas. Un seuléleveur à Bouna a dit posséder un pâturage cultivéne représentant que 1, 59% des élevages. Dans

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Tableau 5Répartition des éleveurs par localité (%) en fonction de lagestion de la reproduction.

n: Nombre d’éleveurs enquêtés.

( ) Nombre de répondants.

cette région, l’abreuvement des animaux se faitgénéralement à partir de trois sources: barrages(63,8%), rivière et/ou marigot (28,1%), sur placeau campement ou au village (8,1%). Les sourcesd’abreuvement sont proches des fermes dans 72,22% des cas (Tableau 4).Gestion de la reproductionAu sujet de la reproduction, la monte naturelle estle mode d'accouplement rencontré dans la régionsemi­aride du pays Lobi. Cette pratique a étéobservée chez 98,4% des éleveurs enquêtés(Tableau 5). Seulement 1,6% des exploitantspratiquaient la monte contrôlée tandis qu’aucuneexploitation ne pratiquait la technique del’insémination artificielle. Dans toutes lesexploitations, la reproduction est assurée par laprésence d’un taureau choisi à l’intérieur du

troupeau dans 58,9% des cas et à l’extérieur dutroupeau dans 41,1% des cas. Toutefois, il fautnoter qu’à Doropo, ce mâle reproducteur provientd’un autre élevage dans 80% des élevages. Engénéral, les éleveurs effectuent des opérations demétissage entre la race taurine Baoulé et le Zébudans le but d’obtenir des animaux qui répondent àleurs besoins. Tous les élevages étaient concernésdans les localités de Bouna et Doropo. Par contre,cette pratique n’était pas courante dans 70% desélevages dans la localité de Téhini (Tableau 5).

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Tableau 6Répartition des éleveurs par localité (%) en fonction de la destination des produits d’élevage.

n: Nombre d’éleveurs enquêtés.

( ) Nombre de répondants.

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Tableau 7Répartition des éleveurs par localité (%) en fonction des contraintes d’élevage.

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n: Nombre d’éleveurs enquêtés.

( ) Nombre de répondants.

Caractéristiques de production desexploitationsDestination des produits d’élevageEn général, dans le pays Lobi de Côte d’Ivoire, laproduction bovine n’est pas faite pourl’autoconsommation principalement dans leslocalités de Doropo (70%) et Téhini (100%).Cependant, à Bouna; 47,6% des éleveurs disentutiliser le lait pour l’autoconsommation. Leséleveurs interrogés tirent profit généralement de lavente d’animaux sur pied. La principale race vendueest le bovin de race Baoulé (64,3%). Toutefois, leszébus et les animaux métis Méré sont bien vendus àBouna (23,8%). Les ventes se font en général à laferme. Quelques éleveurs (22,4%) acheminent leursanimaux au marché à bétail. Les éleveurs vendentgénéralement leurs produis d’élevage auxcommerçants démarcheurs et aux bouchers(49,2%). Parfois, ils les vendent aux bouchers et àd’autres éleveurs (39,5%) (Tableau 6).

Contraintes majeures à l’élevage dans le Pays LobiLes contraintes majeures auxquelles sont confrontésles éleveurs dans la conduite de leurs activités sontles conflits sociaux entre agriculteurs et éleveursdans 76% des cas. D’autres difficultés toujours liéesà la production ont été évoquées, notamment lesmaladies, l’alimentation, l’accès à l’eau, ladisponibilité des produits vétérinaires, les soins etsuivi sanitaires. En ce qui concerne, les contraintesliées à la commercialisation; 74,45% des éleveursont dénoncé les prix défavorables de leurs produitsd’élevage tandis que certains (25,55%) ont évoquéla mévente des produits (Tableau 7).

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DiscussionCaractéristiques socio­culturelles etéconomiques des éleveursL’enquête réalisée auprès des éleveurs dans le paysLobi en Côte d’Ivoire a révélé que l’élevage bovinest pratiqué par les hommes. Selon Sokouri (12)dans une étude réalisée dans le nord et le centre dela Côte d’Ivoire, cette activité est majoritairementréservée aux hommes. Cependant, chez le peupleLobi, femme ou homme dépendant ou indépendantéconomiquement confie ses animaux à unepersonne qui a en charge la gestion de l’élevage.Celui­ci peut être l’époux, le frère ou l’onclematernel. La majorité des éleveurs enquêtés(69,1%) ont plus de 45 ans et 29,3% ont un âgecompris entre 30 et 45 ans. Il apparaît que l’élevageen pays Lobi est pratiqué par les personnes âgéesqui se baseraient beaucoup plus sur leur savoir faire(expériences personnelles) que sur les techniquesmodernes. Cette activité qui se rencontreprincipalement en milieu villageois et parfois enzone périurbaine est une activité secondaire car62,7% des éleveurs se considèrent d’abordagriculteurs. Il est important de noter que cerésultat confirme le fait que l’agriculture,essentiellement de subsistance reste l’activitéprincipale du peuple lobi (6, 8). Toutefois dans lalocalité de Bouna; 47,62% des exploitants ont ditvivre de l’élevage. Ce constat serait intimement liéà la présence de la communauté (38,1%) originairedu Burkina Faso, du Mali et du Ghana et qui ontpour activité principale l’élevage.La grande partie des éleveurs est polygame etillettrée (80,8%); et cette proportion reflète le faibletaux (49%) d’alphabétisation de la populationivoirienne (5). Cet indicateur nous informe sur lefait que l’analphabétisme, constitue une réelleentrave à l’amélioration de la productivité du bétailtrypanotolérant. En effet, la plupart des éleveursillettrés qui ont été interviewés ne font ni de laprévention ni de traitements contre les maladies,même quand ils reconnaissent l’efficacité destraitements sanitaires, ils ne le pratiquent pasrégulièrement. Tandis que les chefs d’exploitationspossédant un niveau d’étude élémentaire ousécondaire, investissent pour la santé des animaux.

Outre, les bovins, les éleveurs pratiquent égalementd’autres types d’élevage.La volaille particulièrement a une importancerelative car elle est partout présente dans la vierituelle et sociale lobi.Les pratiques traditionnelles de l’élevage debovins BaouléSur l’ensemble de la zone d’étude, les bovins derace pure Baoulé sont appelés «Méré» ou «MéréYêrê Yêrê» ou encore «boeuf Lobi» par les éleveurset ces bovins étaient plus répandus (82,3%) dansles exploitations visitées (Tableau 2). Dans cetteétude, le terme «Méré» désigne les bovins métisissus des croisements entre taurins Baoulé et leszébus en général de type Peulh soudanais. Parailleurs, le terme «Méré wolosso» est utilisé par leséleveurs pour identifier ces mêmes croisés. Le PaysLobi doit aujourd’hui son qualificatif de berceau desbovins trypanotolérants Baoulé à cause du caractèreconservateur des bovins de race Baoulé (9).Cependant, ce type d’élevage concerne aujourd’huide petits troupeaux de 15 têtes en moyenne. Ceteffectif est inférieur à celui obtenu par Hoffmann (6)qui était de 33 têtes par parc. La majorité desexploitations a un statut privé (72,2%) et a étéacquis par héritage. En effet, le bétail en pays lobibien qu’individuel est néanmoins principalementdestiné à la création de la richesse collective et setransmet donc par lignée utérine (6). En plus de cesanimaux hérités d’un défunt ou reçus encompensations matrimoniales (66,2% des cas)l’éleveur en achète avec le gain provenant del’agriculture pour accroître son cheptel. Ces mêmessources d’acquisition du noyau d’élevage ont étérapportées par Sokouri (12) suite à une enquête surl’exploitation des bovins au centre et au nord de laCôte d’Ivoire.Contrairement à ce qui se fait dans dans le centre etle nord de la Côte d’Ivoire (12), la complémentationen fourrage ou en sel n’est pas pratiquée de façontraditionnelle en pays Lobi. Les animaux sontgardés dans des parcs rudimentaires, construitsavec des matériaux de fortune. Durant la saison despluies, les animaux restent généralement sur placeet consomment les feuilles des arbres autour desparcs.

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Pendant la saison sèche, ils sont conduits à larecherche de pâturage et vers les points d’eau(barrages et fleuves) très tôt le matin pour enrevenir l’après midi. Les parcours les plus longs sontobservés dans la localité de Bouna avec lestroupeaux zébus appartenant aux éleveurs peulhs.Ce sont les enfants qui assurent la conduite destroupeaux à Téhini. C’est dans les localités deBouna et Doropo que les éleveurs lobi ont recours àdes bergers peulhs; 60 et 57,1% respectivement etqui sont rémunérés par mois. Ces résultats sontcontraires à ceux de Hoffman (6) où le pourcentagede bergers peulhs était faible (24%) dans tout lepays lobi et le mode de rémunération était différent.Les bergers peulhs étaient payés par tête d’animaladulte et par an. C’est souvent ces derniers quidéterminent ou influencent la conduite quotidiennedu troupeau et les grandes directions de pâture. Laprésence de ces éleveurs et bergers peulhs à Bounaet Doropo expliquerait les opérations de métissagedes taurins Baoulé avec les zébus dans ces localitésavec l’introduction d’un mâle reproducteur de racezébu dans le troupeau. C’est une situation àcraindre en ce qui concerne les taurins Baoulé dansle pays lobi. Surtout que dans le nord et le centrede la Côte d’Ivoire, Sokouri (13) a observé que lesélevages de la région Nord étaient métissés à 86%et ceux de la région Centre à 40%. La montenaturelle est le mode d'accouplement le plusprivilégié et la reproduction est effectuée par untaureau sélectionné soit à l’intérieur du troupeau enpermanence, soit il est prêté de l'une desexploitations avoisinantes. Par contre à Téhini, lerenouvellement du troupeau se fait par descroisements taurins Baoulé x taurins Baoulé(Tableau 4). Les troupeaux dans cette localité sontdonc relativement importants avec 21 bovins baoulépar propriétaire (Tableau 3).La traite du lait est peu pratiquée en pays Lobi deCôte d’Ivoire, seulement dans 25,8% des cas. Lesparcs en général sont gardés dans les localités deBouna et Doropo par les peulhs, dont le lait est leproduit de base de consommation et decommercialisation. De plus, les vaches de raceBaoulé sont de mauvaises laitières selon certainsauteurs (2, 12, 14). Selon Hoffmann (6), la traiten’est pas refusée mais les éleveurs lobi y trouvent

de nombreux obstacles, l’indocilité des animaux, leparc trop boueux en saison des pluies. Quoiqu’il ensoit dans le pays lobi, la production des animauxconcerne l’abattage des bêtes pour des cérémoniesrituelles et sacrificielles ou encore pour desfunérailles, les dots et les festivités en relation avecla tradition mais sans prise en compte de critèreszootechniques ou économiques. La vente desanimaux sur pied tient donc une placeprépondérante dans cette zone pour répondre à cesexigences culturelles (Tableau 6). Exceptésquelques éleveurs lobi qui ont dit pratiqué l’élevageà des fins commerciaux à Bouna et Doropo, lesanimaux sont utilisés également comme épargnepour avoir du numéraire lors des périodes desoudure, notamment dans la localité de Téhini. Leséleveurs lobi vendent aux commerçantsdémarcheurs et aux bouchers ou parfois à d’autreséleveurs. Ces ventes se font directement à la fermecar les éleveurs lobi ne maîtrisent pas lesmécanismes propres à la commercialisation desproduits d’élevage.Contraintes relatives à la production et lacommercialisationLes contraintes sur la production dans la zoneétudiée sont la maladie, l’alimentation, mais surtoutle conflit entre agriculteurs et éleveurs. Le conflitagriculteur Lobi et éleveur Lobi ou Peulh est d’unegrande importance dans la zone enquêtée. Larecherche de la bonne herbe ou de points d’eauconduit souvent les animaux sur des parcellescultivées où ils détruisent des cultures. Ce conflit aengendré la destruction de villages, des arrestationset même des morts d’hommes. En ce qui concernela commercialisation des produits d’élevage, lesmarchés à bétail de Doropo et Bouna sont contrôléspar la communauté d’éleveurs peulhs. Lestransactions au niveau de ces marchés se font avecune forte implication de courtiers dans lanégociation et la garantie des transactions. Lescourtiers gèrent les transactions entre les différentsacteurs au niveau du marché. Ils assurent le rôle decommissaire priseur au niveau du marché enservant d’intermédiaire dans la transaction entreéleveurs et commerçants.

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4 Courtin F., Jamonneau V., Duvallet G., Garcia A.,Coulibaly B., Cuny G. & Solano P., 2008, Sleepingsickness in West Africa (1906­2006): Changes inspatial repartition and lessons from the past, Trop.Med. & Int. Health, 13, 1­11.

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Au niveau du marché, l’éleveur confie ses animauxà un courtier qui se charge de trouver des acheteurset de conduire les transactions. Le courtier estrémunéré de ce service à la vente de l’animal. Ilreçoit 1000 FCFA par animal vendu de la part del’éleveur et 2000 à 2500 FCFA de la part del’acheteur. Quelquefois les courtiers serventégalement d’intermédiaires pour la recherche decamions de transport. Les acheteurs préfèrentpresqu’exclusivement les zébus et les bovins métisMéré. Cette situation explique les méventes et lesprix défavorables parfois dénoncés par les éleveurslobi qui sont dus au délaissement des bovinstrypanotolérants Baoulé qui souffrent de leur petitgabarit au profit des zébus et des bovinsmétis Méré.

ConclusionLa présente étude a montré que le bétailtrypanotolérant Baoulé remplit plusieurs fonctionssocio­économiques et socio­culturelles, lors descérémonies matrimoniales et coutumières, ainsi quel'accumulation du capital pendant les périodesdéfavorables. Malheureusement, face à l’évolutiondu marché, cette race bovine souffre à tort depréjugé au sujet de sa faible productivité et donc sarentabilité. Ceci pousse des éleveurs à effectuer descroisements avec des zébus et à investir pour lasanté des animaux car la zone agro­écologique estpropice aux maladies surtout à transmissionvectorielle comme les trypanosomes auxquelles leszébus et les croisés zébu x taurin Baoulé sont plussensibles que les taurins. Alors que les mauvaisesperformances du bovin Baoulé par rapport auxZébus et du métis Méré pourraient trouver leurexplication dans les modes de conduite destroupeaux encore traditionnelles. Au regard doncdes potentialités certaines, de la grande utilitéautre qu'économique et de la menace d’absorptionde cette race taurine Baoulé, la définitiond'importants axes de recherche et dedéveloppement pour la valorisation de cetteressource génétique locale s'impose.

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B. Soro, Ivoirien, DEA, Université Félix Houphouët­Boigny, Unité de Formation et de Recherche Biosciences / Laboratoirede Génétique, Abidjan , Côte d’Ivoire.D.P. Sokouri, Ivoirien, Doctorat, Maître Assistant , Université Félix Houphouët­Boigny, Unité de Formation et de RechercheBiosciences / Laboratoire de Génétique, Abidjan, Côte d’Ivoire.G.­K. Dayo, Togolais, Doctorat, Centre International de Recherche­Développement sur l’Elevage en zone Subhumide(CIRDES), Bobo­Dioulasso, Burkina Faso.A.S.P. N’Guetta, Ivoirien, PhD, Professeur, Université Felix Houphouët­Boigny, Unité de Formation et de RechercheBiosciences / Laboratoire de Génétique, Abidjan , Côte d’Ivoire.C.V. Yapi­Gnaoré, Ivoirienne, PhD, Centre International de Recherche­Développement sur l’Elevage en zone Subhumide(CIRDES), Bobo­Dioulasso, Burkina Faso.

10. Maillard J.C., Congo, Bassinga A. & Cuveillier J.F.,1992, Immunogénétique du taurin Baoulé en paysLobi (Burkina Faso). 1. Environnement de cettepopulation trypanotolérante, Rev. Elevage Méd. Vét.des Pays Trop., 41, 63­68.

11. METEOSAT, 2012, L’Analyse des données climatiques.12. Sokouri D.P. 2008, Caractérisation des populations de

bovins domestiques (Bos taurus L et Bos indicus L)dans les systèmes d’élevage des régions Centre etNord de la Côte d’Ivoire. Thèse Unique de Doctorat.Université de Cocody­Abidjan (Côte d’Ivoire), 119 p.

13. Sokouri D.P., Yapi­gnaoré C.V., N'Guetta A.S.P.,Loukou N.E., Kouao B.J., Touré G., Sangaré A. &Kouassi A., 2009, Utilisation et gestion des racestaurines locales sous la pression des croisementsavec les zébus dans les régions Centre et Nord de laCôte d’Ivoire J. Anim. & Plant Sci., 50, 2, 456­465.

14. Yapi­Gnaoré C.V., Oya B.A. & Ouattara Z., 1996,Revue de la situation des races d’animauxdomestiques de Côte d’Ivoire, Anim. Genet.Res. Inf., 19, 99­118.

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