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Chiffrement, déchiffrement: de Paul Valéry àJean Ricardou Author(s): Michel Sirvent Source: The French Review, Vol. 66, No. 2 (Dec., 1992), pp. 255-266 Published by: American Association of Teachers of French Stable URL: http://www.jstor.org/stable/397574 . Accessed: 02/03/2014 08:17 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . American Association of Teachers of French is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to The French Review. http://www.jstor.org This content downloaded from 159.149.103.9 on Sun, 2 Mar 2014 08:17:36 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions
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  • Chiffrement, dchiffrement: de Paul Valry Jean RicardouAuthor(s): Michel SirventSource: The French Review, Vol. 66, No. 2 (Dec., 1992), pp. 255-266Published by: American Association of Teachers of FrenchStable URL: http://www.jstor.org/stable/397574 .Accessed: 02/03/2014 08:17

    Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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  • THE FRENCH REVIEW, Vol. 66, No. 2, December 1992 Printed in U.S.A.

    Chiffrement, dechiffrement: de Paul Val ry a Jean Ricardou

    par Michel Sirvent

    Un doute a disparu de l'esprit depuis quelque quarante annles. Une dimonstration definitive a rejete parmi les rives I'antique ambition de la quadrature du cercle. Heureux les gpo- metres, qui resolvent de temps a autre telle n'buleuse de leur systeme; mais les poetes le sont moins; ils ne sont pas encore assurbs de l'impossibilitf de quarrer toute pensbe dans une forme poetique.

    -Valry "Avant-propos"

    EN LITTERATURE, un cliche domine que nourrit la parcellisation des pratiques et des savoirs: il conforte certaines oppositions entre po6sie et science, inspiration et technique, forme et discours, voix et ecriture, par exemple. Des agents aux produits, ces dichotomies separent, comme dirait Barthes, les &crivains des &crivants, les texte de "jouissance" de ceux qui se reduisent au "sens". Toutefois, a relire certaines reflexions de Paul Valery sur "Le Cimetiere marin" (1920) depuis certains concepts introduits r&cemment dans les Elements de textique de Jean Ricardou', I'on pourrait essayer de montrer A la fois comment un nombre, ou un chiffre, permet de structurer un &crit, qu'il soit poeme, roman, ou "mixte" de fiction et de theorie, et comment le nombre sert A outrepasser maints cloisonnements. Ce "facteur numerique", on le verra, est en quelque sorte d'esp&ce "transcendante". D'une part, il va pouvoir porter sur diff6rents "parametres" de l'&crit, bref orchestrer ses divers plans heterogenes. D'autre part, ce sera mon ultime exemple, il permet que se combinent dans un meme ouvrage des genres ou des regimes discursifs le plus souvent penses et mis en oeuvre de fagon exclusive. Ainsi du mixte de fiction et de theorie que constitute Le Thedtre des metamorphoses. Ce livre hybride et singulier bouscule precishment par sa diversith graphique et g6nbrique maintes divisions institutionnelles. Si avec cet ouvrage on ne saurait abstraire "la thborie comme savoir" de "la fiction comme saveur" ("Le Tout-A-lire" 25), cela se fera notamment grace au

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  • 256 FRENCH REVIEW

    nombre. Dans cette perspective, mon argument sera le suivant: tout comme certains textes poetiques, une oeuvre en prose, qu'elle soit roman ou theorie, peut tre regl6e-ou dereglke-d'un bout A l'autre, que ce soit A une echelle macro-ou microscriptuelle, par des dispositifs arithmologiques qui joueront aussi bien sur son plan id6el que materiel.

    1. La Fabrique du texte

    Valery et Ricardou ont sans doute en commun le souci d'ouvrir leur atelier d'&criture au lecteur. Davantage, I'exposition autographe de la fa- brique du texte coincide avec une commune position theorique, anti- expressive, non strictement representative. Dans son essai critique, "LIm- possible monsieur Texte", Ricardou montre bien que Valery, malgre quelques resistances et contradictions, n'a cesse de retourner A des "pro- blemes de production litt&raire":

    Participant [...] a la revolution par laquelle s'annonce la modernit6, Valkry entend bien passer de l'id6e de texte expressif a une theorie du texte produc- teur. Or, sit6t abolie la croyance en un quelconque sens prealable dont le texte serait le simple v~hicule, I'immbdiate question surgit: quel est le stimulant qui, excitant le d6sir d'6criture, peut mettre le texte en route? (65)

    Dans un cahier de 1940, Valery souligne que l'emplacement des strophes du "Cimetibre marin" d6pend de "l'equilibre general, voulu aussi bien par moi que par l'ouvrage", que cette maniere de proc6der determine ce qui reste "A FAIRE". "Ainsi de la strophe 'Z~non", ajout&e aprbs coup ("Ego" 316). Selon une manibre de paradoxe, c'est l'&conomie, l'harmonie, l'architecture generales du texte qui font que le sens advient. La facture, le fatonnage convoquent la representation, et non l'inverse:

    Mais ce systhme de composition traite la "pensee" en moyen-et renverse le proces ordinaire.--Grosso modo: la forme exige du fond. L'harmonie generale, les symktries, les contrastes demandent des significats, qu'il faut trouver. ("Ego" 296)

    Dans un cahier de 1945, cette po6tique du "texte producteur" est r~affirm&e tout en 4tant, cette fois, subtilement contrebalanc&e:

    Le C[imetire] M[arin] fut [...] calcult, quant aux themes qui devaient y figurer, pour satisfaire A des conditions de plenitude que je pensais alors-(et pense encore) exighes pour Wl'quilibre intrinslque d'une ceuvre de quelque impor- tance-car l'esprit les demande-et il ne faut pas laisser quelqu'une de ses faculte s sans lui offrir quelque aliment ou-travail. Elle ruinerait rapidement l'effet du reste. I faut de l'abstrait et du sensible, de l'observ et du combine-- etc. ("Au sujet" 319)

    D'une part, les th mes surgissent en fonction d'une organicit interne A l'oeuvre ("plknitude", "oquilibre intrins que") et la composition obeit, a une

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  • CHIFFREMENT, DECHIFFREMENT 257

    facture id6ale, a l'id6alite d'une forme. Toutefois, le moddle esth6tique, fonda sur l'harmonie, la symetrie et les contrastes (en rh6torique, meta- phores, paralllismes, chiasmes, oxymores et antitheses), meme s'il est tout a fait classique, est inverse dans son fonctionnement. Les deplacements tropiques ne sont pas lA pour renforcer un sens surd6termine et pred6termine. D'autre part, selon un autre renversement, l'autot'lisme "mat&rialiste" apparent du proces d'&criture (le "calcul", le "travail"), au lieu de se reporter simplement sur celui de l'esprit (fournir aux "facultes" un "aliment"), revdle en fin de compte que toute cette machinerie abstraite et combinatoire retourne au "sensible" et a "l'observ'"-c'est-A-dire 'a l'exp6rience empirique-pour se realiser pleinement. Ce sont bien les oppo- sitions entre le sensible et l'intelligible qui explosent, mais aussi entre fiction et experience, signifiant et signifie, par exemple. Le texte est A la fois indissolublement id6alite et mat&rialite2. Le reequilibrage du rapport entre la "forme sensible" et le contenu signifie du poeme s'accompagne chez Valery d'un geste hautement strategique: le sens, comme effet produit, ou comme "effet de representation", dit Ricardou, n'est pas simplement assu- jetti A la forme: il se retrouve a galite avec d'autres composants du texte po'tique. Et le fruit de ce travail ne saurait se r6duire, ni dans une pure perfection formelle, c'est-A-dire formaliste (qui pense la production du sens dans l'autonomie de la forme), ni dans l'esth6tisme de l'"effet a produire":

    La n6cessite po6tique est inseparable de la forme sensible, et les pensees enoncees ou sugger6es par un texte de poeme ne sont pas du tout l'objet unique et capital du discours,-mais des moyens qui concourent egalement avec les sons, les cadences, le nombre et les ornements, a provoquer, ai soutenir une certaine tension ou exaltation, a engendrer en nous un monde-ou un mode deristence-tout harmonique. ("Au sujet" 1503)

    D'abord, ce qu'il s'agit de produire, ce n'est ni seulement un monde po6tique fictif, ni un pur effet rh6torique, mais un "effet de texte" sur le lecteur. Ici, la perspective valeryenne nous invite A tdlescoper en quelque sorte deux fonctions jakobsonniennes: la fonction poetique aurait ici une fonction connative. Mais il y a davantage. Ce monde "harmonique" qui veut agir sur le lecteur est moins un facteur d'4quilibre que de "tension". Ensuite, c'est moins un "monde" qu'un "mode d'existence" qu'il s'agit de susciter chez le destina- taire. Enfin, et c'est la oui je veux en venir, cette "tension", elle ne vient surtout pas d'une simple devalorisation du sens et d'une valorisation de la forme. Valery remet simplement le sens a sa place. Cause ou consequence, il en signale la relative importance: "les pensbes noncees ou sugg6r&es par un texte de poeme ne sont pas du tout l'objet unique et capital du discours". Car si le sens domine le discours, dans un "texte de poeme", il en est tout autrement: ni plus ni moins qu'un 616ment qui concourt au m~me titre que "les sons, les cadences, le nombre et les ornements" a provoquer une cer- taine "exaltation" ("Au sujet" 1503).

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  • 258 FRENCH REVIEW

    2. Le Facteur numbrique

    Qu'une poetique de la production du texte ne revienne aucunement a deprecier la representation mais au contraire a l'outrepasser, c'est ce que les Elements de textique de Ricardou nous permettent aujourd'hui de concevoir. D'une part, s'&claircit la distinction fondamentale que l'on pressentait chez Valery entre "discours" et "texte de po6sie", que d6sormais Ricardou 6tablit rigoureusement entre "&crit" et "texte": le texte3, c'est ce qui excede l'effet representatif de l'&crit par des structures supplkmentaires faisant saillir ce que la "representation subordonne, naturalise, voire oblitere" ("Elements" 5). L'effet du texte est, dans cette acception, dit "metarepresentatif"4. D'au- tre part, le concept de paramitre scriptuel parait tout A fait efficace. Ricardou distingue deux familles de parametres: les materioparametres et les ideoparametres. Ainsi, les sons relkvent d'un mat&rioparametre qui est le parametre phonique et le sens est un ideoparametre, soit un parametre semantique. Mais ce rapport, souvent privil6gie entre son et sens, n'explore qu'une seule combinaison relationnelle dans un ensemble de rapports possi- bles; la palette des parametres orchestrables est bien plus diversifi&e:

    Dans la mesure oui une formule representative comporte au moins une materioscripture et une ideoscripture, les parametres scriptuels se rangent en deux familles principales dont ils sont les immbdiates subdivisions [...] [2 regis- tres]. Les matkrioparametres: notamment phonique (certaines syllabes), gramma- tique (certaines lettres), lexical (formant certains mots), chorique (occupant une certaine place), stichique (dans certain lieu nommr ligne). Les ideoparametres: simantique (offrant un sens), syntarique (sp6cifi6 par leur rapport fonctionnel)'. (Elements" 11-12)

    Si je poursuis la citation des Mimoires du porte, se confirme que la destitu- tion de la monarchie semantique n'entraine pas n6cessairement son ren- versement par le parametre phonique. L'accent est mis sur la "composition", mais A partir d'une autre consideration materielle:

    Quant au "Cimetibre marin", cette intention [ce que j'ai voulu faire, et que ce fut l'intention de faire qui a voulu ce que j'ai dit] ne fut d'abord qu'une figure rythmique vide, ou remplie de syllabes vaines, qui me vint obseder quelque temps. J'observai que cette figure etait d&casyllabique. [...] Le demon de la generalisation suggerait de tenter de porter ce Dix A la puissance du Douze [l'alexandrin]. IH me proposa une certaine strophe de six vers et I'id&e d'une composition fondke sur le nombre de ces strophes, et assur&e par une diversite de tons et de fonctions A leur assigner. ("Au sujet" 1503)

    Ce qui vient obseder Valkry, ce n'est pas seulement une "figure rythmique vide", "remplie de syllabes vaines", ni seulement le patron du d6casyllabe, ni simplement la modulation entre celui-ci et I'alexandrin. C'est encore un souci touchant, outre la scansion du nombre de syllabes par vers, le nombre de vers par strophes et le nombre de strophes dans l'ensemble de la partition. Au delA de l'opposition entre son et sens, ce qui s'impose c'est, A l'&chelle du vers, une cadence, A l'&chelle des strophes, le principe d'une organisation

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  • CHIFFREMENT, DECHIFFREMENT 259

    numerique. On se souvient que Valkry distinguait tout a l'heure dans son Inum'ration A c6th des "sons", "les cadences, le nombre et les ornements". A travers le privilege accorde aux cadences, ressort un facteur plus "61dmentaire" dont elles participent: celui du "nombre". Le facteur numerique apparait bien comme ce dinominateur matiriel commun a ce qui fonde le rythme et ce qui rbgle la pr6sentation spatiale du pohme. I1 peut harmoniser la composition en intervenant simultandment sur divers pa- rametres, par exemple, phonique et syntaxique pour ce qui est du rythme, stichique et tomique6 pour ce qui touche la disposition graphique des vers et des strophes.

    Evidemment rien n'est bien nouveau, s'agissant de po6sie, que de se soucier du nombre de syllabes par vers ou bien de vers par strophes. Toute- fois, ce qu'il y a de singulier, avec Valbry, c'est que ce facteur numbrique semble mis au premier plan de la production du poe me. En fait, l'intorut porte au nombre rejoint celui qui touche A la "composition" d'un ouvrage, dans un double sens, dlaborationnel et musical7. I1 s'agit bien que l'oeuvre forme un tout "organique" qui ne laisse au hasard, par voie de consequence, ce qui touche A sa disposition materielle sur la page: il y a bien avec Valkry, mais certes aussi avec Ricardou, une physique, dirais-je, de la coupe et du blanc. Cette poetique du nombre aide sans doute A mieux saisir ce que Valery entendait par "po6sie pure":

    En quoi les mathematiques m'ont servi A amdliorer mes vers. Elle ne m'ont donn6 ni une plus grande sensibilite de representation et

    d'images, ni de sons. Mais elles m'ont eduque et pourvu d'idbes de rigueur qui m'ont servi grande-

    ment A me faire de la po6sie pure une id6e exacte, A isoler cette "substance" de ce que n'est pas elle, A la developper comme espece et categorie s6par&e. ("Ego" 248)

    Ce qui est particulibrement digne d'attention dans "Le Cimetiere marin", c'est le fait qu'il y a, sinon un nombre constant, du moins, un reglage numbrique de la composition dans son ensemble. Autrement dit, l'organisation du poeme est arithmologique. En effet, le poeme comporte des strophes de six vers et vingt-quatre strophes, tous chiffres multiples ou sous-multiples du douze, base de l'alexandrin contre lequel s'enlkve le d&casyllabe. A partir de la, on peut pr&ciser comment Valkry "porte" le d&casyllabe A la puissance de l'alex- andrin: en jouant sur le facteur num&rique. Au nombre 10 qui informe le vers se superpose une contre-mesure qui regle la composition g6nerale d'apres le nombre 12. Sous l'angle arithmologique, on peut dire que la composition du "Cimetiere marin" est dodicatomique alors que son vers est d6casyllabique. D'oti la "tension".

    Ainsi, un nombre r6gulier, ou bien une mesure de base peut articuler un texte A diffbrentes &chelles. D'abord, A l'6chelle du vers, un nombre (10), d6terminant le rythme, rbgle le rapport entre une unitb, 6tablie sur le pa- ramhtre phonique, la syllabe, et une longueur, 6tablie sur le param~tre sti- chique, la ligne. Le vers est, a cette &chelle micro-scriptuelle, la rbsultante de

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  • 260 FRENCH REVIEW

    ce rapport (arithmo)phono-stichique. Ensuite, A l'&chelle de la strophe, un nom- bre (6), fixe un second rapport entre une unite, 6tablie sur le pr&c6dent, le vers, et une longueur plus grande, 6tablie sur le paramrtre graphique, le dispositif sur la page. La strophe est la resultante de ce rapport (arithmo)sticho-graphique. Enfin, A l'achelle du poeme, un nombre (24), arrete un troisieme rapport entre une unite, 6tablie sur le pr&c6dent, la strophe, et une longueur plus vaste, 6tablie sur le parametre tomique, concr6tise par les "blancs", ou espacements, qui marquent la division de l'ensemble en strophes. La disposition du poeme est, A cette &chelle macro-scriptuelle, la resultante de ce rapport (arithmo)grapho-tomique. La tension, entre le rythme et la disposition, est bien ici l'effet d'une d&calage arithmologique. Ce qui est remarquable, c'est la constance numerique entre le nombre de strophes et le nombre de vers qui les composent. C'est cette alliance qui permet de sugg&rer en filigrane, face au rythme d&casyllabique fort tangible, le tempo virtuel de l'alexandrin.

    3. Rtcits chiffris

    II est un fait qu'un enonce comprend toujours, de faqon hasardeuse et sauvage, un certain nombre de syllabes, de lettres, de mots, de groupements lexicaux, de propositions, de segments ponctuatifs, de phrases, de para- graphes, de lignes, de sections, de parties, etc., bref un certain nombre d'unites, de divisions et de coupes, a quelqu'tchelle que ce soit. Mais des qu'un &crit "en tient compte", on peut alors parler de "texte chiffre" ou de "texture A base numerique".

    Ainsi, dans une perspective dlaborationnelle, le "chiffre" peut meme rem- plir le r61le d'ideo-selecteur ou de mat&rio-selecteur au depart d'un texte. Dans Le Voyeur, on sait qu'une serie d'616ments octoformes suggerent I'id6e du huit tandis que dans Les Lieux-dits sont disposes des mots-carrefours dont les signifiants litteraux, octogrammatiques exactement, comme "banniere", "cendrier" ou "hautbois", exemplifient le huit ("Revolution" 930). Dans la chapitre 2 de L'Observatoire de Cannes, tous les 616ments progressivement rev616s par la description se placent sous le signe du double: un mat&rio- s'lecteur num&rique parait issu du numero d'ordre dans l'ouvrage. Cette fois le facteur numbrique n'intervient pas A hauteur grammatique comme on vient de le voir mais sur d'autres plans, fictionnels, lexicaux et syntaxiques:

    Et les deux visages, l'un se haussant encore, I'autre A sa rencontre s'inclinant, se rapprochent. 1ls s'immobilisent au moment oz' les deux bouches vont se rejoindre, au moment oa le chignon haut coiff6-le couple ayant lentement pivot6 d'un quart de tour sur lui-mame--cache les 1evres, les sourcils, les cils poses sur la joue, tandis que les bras du jeune homme progressivement enserrent le dos de sa compagne, tandis que les deux mains de la jeune femme s'61vent et s'entrecroi- sent derribre la nuque inclin&e. (19)

    Auto-duplicative, la progression descriptive s'organise bien autour d'un chiffre. Une etude approfondie des deux premiers chapitres confirme que le

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  • CHIFFREMENT, DECHIFFREMENT 261

    recit lui-meme se d6double en redoublant systematiquement tous ses com- posants: un train devient un funiculaire; une tour d'observation comprend deux plateformes; un panorama se r6percute sur un schema tabulaire d'orientation; on distingue une ile puis deux iles; le paysage se retrouve dessin6 sur un mur de la gare, etc. Ce sont aussi bien les phases que les phrases de ce r&cit-description qui repercutent le redoublement general de la representation. Ce qui importe dans cet exemple, c'est que le chiffre, actif A une 6chelle A la fois micro- et macro-narrative, articule deux aspects materiels g6neralement oblit6res par le r6cit: le sectionnement en chapitres avec les ruptures graphiques qu'ils essaiment au cours du volume (mat&rio- parametre tomique); leur ordre, c'est-A-dire leur emplacement dans la suite qu'ils forment (mat'rio-paramNtre topique). Si l'on presume que le numbro du chapitre est bien la raison de ce reglage, l'on parlera alors d'operateur arithmo-topotomique.

    Des 1971, Heldne Prigogine dans une 6tude present&e au premier grand colloque sur le nouveau roman montrait que "les romans et nouvelles de Jean Ricardou sont construits, entre autres proc6d6s, sur un nombre pri- vilkgie, ses multiples et sous-multiples: Le huit" (355), chiffre que l'on va voir organiser aussi bien Les Lieux-dits que La Prise/Prose de Constantinople ou Le Thedtre des metamorphoses. Avec La Prise, ce chiffre ordonne le nombre de chapitres des trois parties du livre tout en d6terminant localement parfois un nombre de paragraphes. Mais ce nombre, autant que la syntaxe, peut etre sujet A variation: d'autres combinaisons apparaissent pour l'obtenir: 5 + 3. Aux trois parties du livre repondent par exemple, dans le detail un passage dont la syntaxe tourne autour du chiffre cinq:

    De nouveau, les quintes fusent, de nouveau les quintes fusent, se ramifient, de nouveau les quintes fusent, se ramifient selon des arborescences trbs varibes, interf~rent, composent des contrepoints fragmentaires, s'entrecroisent selon de savantes intersections, de nouveau les quintes fusent, se ramifient selon des arborescences tres varibes, interf rent, composent des contrepoints fragmentaires, s'entre- croisent selon de savantes intersections, se disloquent, se recomposent de nou- veau. (La Prise v.6).

    Si un nombre permet de ne pas laisser au hasard ce qui relkve de la disposi- tion d'ensemble d'une ceuvre, son d6coupage en chapitres ou sections, ce qui est remarquable, c'est qu'il infrastructure aussi le detail de la prose. A une &chelle micro-scriptuelle, un chiffre peut ainsi imposer un lexique, modeler une syntaxe. Toutefois, de quoi peut dependre le choix d'un optrateur numhrique? Dans La Prise de Constantinople, l'on sait que l'une des raisons d'61ire le nombre 5 vient de l'embleme editorial, l'6toile A cinq branches des Editions de Minuit ("La Fiction" 265-70). De meme, le privilege accord6 au sous-multiple du 8, le nombre 4, provient, entre autre, du nom- bre de lettres des nom et prinom du signataire. Bref, contre tout symbo- lisme indu, la sdlection numbrale est issue de ce que Genette appelle le pritexte iditorial (Seuils o10). C'est une falon, pour Ricardou, non seulement de "textualiser le hors-texte", mais surtout de tirer les consequences du lieu

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  • 262 FRENCH REVIEW

    materiel oa se produit et se presente le texte: il s'agit en quelque sorte d'une &criture in situ.

    Cela di~t-il surprendre, meme dans un &crit de vaste envergure; c'est le cas du roman, le facteur numbrique, peut donc aussi bien intervenir A une &chelle micro-scriptuelle. Les Gommes nous offre un autre exemple arithmo- syntaxique, comparable A ce qui est plus courant en poesie, mais cette fois a partir d'un materio-selecteur grammato-lexical. En effet, la cdlebre description "objective" de la tomate parait organisee en fonction du nombre de lettres (6) du mot "tomate". Le chiffre, ou son sous-multiple, regle les coupes syntaxiques sur le plan arithmo-lexical (le nombre de mots par coupe): "La chair peripherique (3)1, compacte et homogene (3) 1, d'un beau rouge de chimie (6)". Si dans le detail l'affaire est certes plus complexe, cette hypo- these de lecture se voit confirm&e quelques lignes plus bas lorsque l'on note qu'A ce rythme correspond dans l'historie de claires indications hyperauto- representatives (cf. "Elements" IV 200): "A la table voisine trois hommes sont installes, trois employes des chemins de fer. Devant eux, toute la place disponible est occup&e par six assiettes et trois verres de biere" (161).

    D'autres romans contemporains ne laissent pas au hasard leur dimension numerique. Si un chiffre-qu'il soit donne ou surd'termine-peut devenir un selecteur, il peut aussi ordonner un texte (c'est alors un arithmo- ordonnateur). Ainsi, dans tel lipogramme fort cdlebre de Georges Perec, le rapport du numero du chapitre disparu (5) au nombre de chapitres (26) du livre La Disparition est pris dans un rapport isologique avec le numero de la lettre disparue (la cinquieme, la lettre E) et le nombre de lettres de l'alphabet qui la contient (26). Un autre roman, cette fois policier, La Bibliotheque de Villers, propose une serie de cinq meurtres presentes dans la succession de cinq chapitres. Davantage, la solution de l'Anigme-la decouverte du nom du meurtrier qui n'est pas revdl au cours du livre-est pentagrammatique: compose de cinq lettres, ii est reconstituable avec les cinq initiales de cha- cune des cinq victimes. Ce procede rappelle bien certains romans A nigme, ceux d'Agatha Christie (Combes 173-79), mais surtout, celui utilise par Maurice Leblanc dans Les Huit Coups de l'horloge (1923). Ce recueil est d'abord forme de huit nouvelles. On remarquera ensuite que les noms des victimes dans une d'entre elles, La Dame a la hache, sont composes de huit lettres, et que l'arme du crime, la hache, est l'homophone de la huitieme lettre de l'alphabet. Le chiffre cette fois agit dans deux directions, materielle et fictionnelle. Comme pour La Disparition ou La Prise de Constantinople, c'est un ordonnateur arithmo-tomique: il regle la disposition graphique. En meme temps, c'est un arithmo-mathrio-sdlecteur diigttique. Comme mat&rio- sblecteur, il institue un paradigme de noms possibles (Hermance, Hortense, Herminie, etc.) dans une s~rie virtuelle de huit morts (se bouclant avec le suicide de l'assassin). Didgitique, le chiffre est dans l'histoire dichiffrb par le d6tective Arshne Lupin et lui permet de relier divers crimes inexpliqubs pour ensuite prevenir in extremis le septibme, celui de son amie Hortense.

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  • CHIFFREMENT, DECHIFFREMENT 263

    4. Theorie chiffr&e

    Je l'ai annonc6: le facteur numerique est un operateur "d'espece transcen- dante". Autrement dit, ii peut tre un opfrateur "trans-generique". Ainsi, avec Le Th"dtre des metamorphoses, le chiffre touche une oeuvre polylogique. Ce livre dit "mixte" est un "mi-lieu" intertextuel et interg6nerique. Il com- bine une variete d'intertextes issus des oeuvres de Proust, Jarry, Mallarme, ou Roussel. Simultandment, il tle6scope une diversite de regimes: theorie, pamphlet, piece radiophonique, dialogues, autobiographie, descriptions, sonnets, discours fictifs et narrations theoriques. Jouant sur le dialogue des genres et le m6lange des voix, ce mixte est, j'emprunte l'expression A Ricar- dou, un "poly-intra-intertexte" ("Le Tout-A-lire" 28). Or, cette juxtaposition explosive d'idiomes antagonistes est rendue possible en ce qu'ils partagent un commun denominateur materiel, un meme espace graphique et scrip- tuel. Et l'orchestration de cet ensemble composite va s'operer sur un plan arithmologique.

    Pour m'en tenir au paralldle entre Valery et Ricardou, on ne peut s'emp cher de retenir, entre autre, le sort fait A la thforie dans ce volume. Elle y subit une manibre de "po6tisation", notamment A partir de (d6)reglements numeriques. Si pour Valery, Derrida nous le rappelle, la philosophie, cela s'6crit, pour Ricardou, la thborie de la mame manibre ne peut &chapper A la formalith qui la sous-tend. La thborie est aussi "une affaire de forme" et, pourquoi pas, de rythme (Derrida 348)8. A la diff6rence d'autres theoriciens, Ricardou ne s'en tient pas au seul concept de "production" ou de "productivite " du texte. Souvent, la theorie, avancerait- elle un tel concept, passe sous silence ce qui la produit comme m tadiscours: elle oblitnre les conditions mat&rielles de sa venue. Dps lors, je duplacerai la formulation derridienne concernant la critique valeryenne du texte philoso- phique et dirai que l'une des taches du Thictre des mitamorphoses est de matirialiser tout "rigime &crit", notamment thiorique:

    dans sa structure formelle, dans son organisation rh6torique, dans la sp&cificite et la diversite de ses types textuels, dans ses modbles d'exposition et de produc- tion-au delA de ce qu'on appelait autrefois les genres-, dans l'espace aussi de ses mises en sctne et dans une syntaxe qui ne soit pas seulement I'articulation de ses signifits, de ses r6f6rences a l'tre ou A la v6rite , mais l'agencement de ses proc6d6s, et tout ce qui s'y investit. (348-49)

    Dans ce sens, le chiffre devient bien un oporateur trans-thqorique. "Trans- th orique", la formule s'entend dans le sens oi Kristeva d6finit le texte "comme un appareil translinguistique qui redistribue l'ordre de la langue" (52). Autrement dit, on pourrait dire que la thborie s'41abore A un niveau trans-scriptuel. Ainsi, outrepassant les bornes discursives, monologiques et representatives que s'impose ge6nralement un tel regime, les sections trans-thsoriques du livre se trouvent coordonn'es dans "un dispositif A base quatre". Par exemple, une section mixte du livre offre sur les pages de

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  • 264 FRENCH REVIEW

    gauche un commentaire en italiques et caracteres gras du nom de Communi- cations, sur les pages de droite, une piece radiophonique intitul&e Le Thidtre des operations. Or, sur cette partition droite, s'egrenent des numeros de tel phone multiples ou sous-multiples du quatre. Tandis qu'A gauche, un passage theorique sur l'&criture intertextuelle arithmologique, s'illustre du texte en vis-A-vis, tout en repartissant rigoureusement sa demonstration A partir des memes chiffres. Ce passage se composant de quatre paragraphes subdivis6s chaque fois en quatre points (178, 180, 182) s'dlucide en m&me temps qu'il en explique un autre9. La trans-theorie, du coup, "performa- tive", accomplit la pratique de sa theorie: son exposition se modelise sur ce qu'elle represente, A la fois sur un objet th'orique, le concept d'intertextual- ite numerologique, et d'apres un objet materiel, le texte (la piece radiopho- nique) d'en face10.

    Que l'appareil numerique serve d'intigrateur polylogique en combinant di- vers intertextes et regimes en un meme "mi-lieu", cela veut dire que c'est A de tres nombreux niveaux et pratiquement a toutes les &chelles que s'orga- nise le livre. Le chiffre y peut regler en effet le nombre des parties, de sections, de paragraphes par sections ou de fragments formant le deroulement d'un commentaire, d'espacements entre les paragraphes, de phrases semblables dans une section, de coupes par phrase, de mots par segments correspondant au nombre de coupes, de mots dans un titre ou epigraphe, de syllabes par intertitre ou de lettres par titre, de r'p'titions isolexicales ou isogrammatiques, de signes ponctuatifs dans un paragraphe, le numero de la page (page "180") oi~ figure un passage meta- arithmologique, de graphismes, d'intervalles (pair des pages) entre ces images, de signes peritextuels comme un nom de collection ou d'editeur, le numero de parution du livre dans un graphotexte ou dans une collection, par exemple.

    Prise dans cette architecture inouie, A la fois plurielle et nombree, la theorie, tel un "genre littbraire", transparait comme ceuvre &crite, et il fau- drait bien que nous la rangions "non trop loin de la po6sie""1. Fondant ce qu'on appelle communement le "rythme", la "composition", voire la "dispo- sition" d'un &crit, le facteur numerique n'invite-t-il pas des lors l'acte de lecture A devenir une activite de d6chiffrement tout A fait dynamique?

    LOYOLA UNIVERSITY (CHICAGO)

    Notes

    1Les "Elments de textique" (I, II, III et IV) sont en cours d'dlaboration dans la revue Consequences (93 quai de Valmy, F-75010 Paris). Quatre episodes sont a ce jour parus dans les numeros 10, 11, 12, 13/14 (1987-1990).

    2Si les themes sont les produits d'une necessite interne a l'oeuvre, leur d6termination materielle s'appuie, de faqon antinomique, sur une id6alite de l'ouvrage qui reste A produire. La fabrique obeit A une facture ideale, a l'idealite d'une forme. Encore ne faut-il pas confon-

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  • CHIFFREMENT, DECHIFFREMENT 265

    dre la materialite des ph6nomrnes avec celle de l'inscription, ni l'id6alite du texte (l'idee d'un texte) avec son contenu iddel. Cf. "Ego" 302-03.

    3"le rapport du texte a l'6crit releve de l'inclusion: pour s'en tenir au scriptural, tout texte est un 6crit, mais tout 6crit n'est pas un texte. Tout texte est un 6crit parce que le texte, pour s'accomplir, demande l'effective presence de caracteres sur un substrat. Mais tout &crit n'est pas forc6ment un texte parce que rien, au premier abord, n'oblige l'6crit a contenir de suppl6mentaires dispositifs synergiques". ("La Couverture decouverte [Problemes de la lecturabilite textuelle]", Protee [printemps 86]: 5-6). On trouvera les premieres formulations de la distinction entre "&crit" et "texte" dans "Ecrire en classe", Pratiques 20 (1978); "Les Legons de l'&crit" in Problemes actuels de la lecture, Colloque de Cerisy (juillet 1979), Paris: Clancier-Guenaud, 1982. 9.

    4Si la m6tarepr6sentation correspond a "toute manoeuvre qui exalte organiquement cer- tains des parametres de l'6crit que la representation oblitere" (Ricardou, "Elements" 23), elle n'en est pas moins "issue du concours de la representation et de ce qui l'outrepasse" (Ricardou, "El1ments" 28; je souligne).

    sRicardou ajoute qu'il faudrait aussi tenir compte des ideoparametres descriptif et narratif tout en insistant sur le fait que "l'ensemble des parametres scriptuels ne peut tre d6finitivement fixe, en raison de la disparite, de l'inegalite, de la mobilite des connaissances" ("Elements" 12).

    6Quelle que soit l'6chelle et I'unite prise en compte, la longueur que fixe le facteur numerique dans ce rapport a pour r6sultat la coupe, la division, le decoupage, de la ligne, de la page, de l'ceuvre, etc. Ainsi, on peut parler de paramitre tomique ("qui coupe"), pour ce qui concerne toute d coupe spatiale de l'&crit. J'appelle parametre tomique tout ce qui dans un &crit, entre ses unites, a quelque &chelle que ce soit, celle qui s6pare deux lettres, deux strophes, deux chapitres d'un livre, voire deux volumes ou deux episodes d'une meme ceuvre par exemple, dispose des espaces, des blancs.

    7"Ce fut l'un de mes d6sirs, un ideal, de temps a autre, tres present, quoique jamais je ne me sois pris A le r6duire A l'acte, que d'6crire un ouvrage de prose comme on doit, sans doute, &crire une partition d'orchestre" ("Ego" 295).

    "Poursuivons la citation tiree de "Avant-propos a la connaissance de la deesse" donn6e plus haut: "Comme les operations qui conduisent le d6sir ~ se construire une figure de langage, harmonieuse et inoubliable, sont tres secretes et tres composees, il est permis encore-il sera toujours-de douter si la speculation, l'histoire, la science, la politique, la morale, l'apolog6tique (et, en g6neral, toutes les sujettes de la prose), ne peuvent prendre pour apparence l'apparence musicale et personnelle d'un poeme. Ce ne serait qu'une affaire de talent: nulle interdiction absolue. L'anecdote et sa moralite, la description et la g6neralisation, l'enseignement, la controverse-je ne vois pas de matiere intellectuelle qui n'ait ete, au cours des ages, contrainte au rythme, et soumise par l'art A d'atranges,-A de divines exigences" (1269-70).

    9"Ainsi, d'emblie, les portions, chiffries des nume'ros tiliphoniques, faites toutes, soit de quatre et huit, soit d'une division de huit par quatre, deux: MERmoz 42-24, MAIllot 24-48, WAGram 84-42, SABlons 48-24. Ainsi. [...] Ainsi. [...] Ainsi [...]" (178-79).

    "0La trans-theorie remplit, comme "discours" theorique, une fonction mttatextuelle (son objet est un texte litteraire), comme "texte" une fonction mitarepresentative (en faisant ressortir son propre caractbre scriptuel, c'est-A-dire, la formalite qui le sous-tend) et une fonction hyper- autorepresentative (en auto-designant localement "un aspect de ce que la representation oblitere" et sans que celle-ci s'en voie pour autant renforche"). Cf. "Elements" 5, A paraitre. Ainsi, une trans-theorie du chiffrement sera mat&riellement chiffrie (cf. I'exemple dans la note precedente).

    '1Va1lry, cit6 par Derrida 349.

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  • 266 FRENCH REVIEW

    Reffrences

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    jourd'hui. Tome II: Pratiques. Paris: 10/18, 1972. 353-77. Ricardou, Jean. "Elements de textique (1)". Consequences 10 (Quatrieme trimestre 1987): 5-

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    "Avant-propos a la connaissance de la d'esse". Variete, theorie poetique et esthitique. CEuvres. 1269-80.

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    Euvres. Vol. 1. Coll. Pleiade. Paris: Gallimard, 1957. 2 vols.

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    Article Contentsp. 255p. 256p. 257p. 258p. 259p. 260p. 261p. 262p. 263p. 264p. 265p. 266

    Issue Table of ContentsThe French Review, Vol. 66, No. 2 (Dec., 1992), pp. 189-380Front MatterAbstractsTeaching French Language and Culture by Means of Humor [pp. 189-200]Gender Roles in French Advertisements in the 1980s [pp. 201-215]The (Un)naming Process in Villon's Grand Testament [pp. 216-228]Writing Letters, Telling Tales, Making History: Vatel's Death Told and Retold [pp. 229-242]Ce Cri rompit le cauchemar qui l'opprimait: Huysmans and the Politics of A rebours [pp. 243-254]Chiffrement, dchiffrement: de Paul Valry Jean Ricardou [pp. 255-266]Jean-Claude Renard: And the Word Was Made Mystre [pp. 267-274]La Tragdie d'Hamlet: Bonnefoy's (In)verse Translation Theory [pp. 275-285]Manne ou Man: o en est l'criture d'Hlne Cixous? [pp. 286-294](Dis)embodiments of the Father in Maghrebian Fiction [pp. 295-304]NotesLa Vie des mots [pp. 305-306]

    DepartmentsAnnouncements [pp. 307-310]

    Association NewsNational French Contest (Le Grand Concours) [pp. 311-316]Summer Scholarship Winners 1992 [pp. 316-317]

    ReviewsLiterary History and CriticismReview: untitled [pp. 318-319]Review: untitled [pp. 319-320]Review: untitled [pp. 320-321]Review: untitled [pp. 321-322]Review: untitled [pp. 323-324]Review: untitled [p. 324]Review: untitled [p. 325]Review: untitled [p. 326]Review: untitled [pp. 326-327]Review: untitled [pp. 328-329]Review: untitled [pp. 329-330]Review: untitled [pp. 330-331]Review: untitled [pp. 331-332]Review: untitled [pp. 333-334]Review: untitled [p. 334]Review: untitled [pp. 334-335]Review: untitled [pp. 336-337]Review: untitled [pp. 337-338]Review: untitled [pp. 338-340]Review: untitled [p. 340]Review: untitled [pp. 340-341]Review: untitled [pp. 341-342]

    CivilizationReview: untitled [pp. 342-344]Review: untitled [pp. 344-345]Review: untitled [pp. 345-346]Review: untitled [pp. 346-347]Review: untitled [pp. 347-349]Review: untitled [pp. 349-350]Review: untitled [pp. 350-351]Review: untitled [pp. 351-352]Review: untitled [pp. 352-353]

    FilmReview: untitled [pp. 353-354]Review: untitled [pp. 354-355]Review: untitled [pp. 356-357]Review: untitled [p. 357]Review: untitled [pp. 357-358]

    Creative WorksReview: untitled [pp. 358-359]Review: untitled [pp. 359-360]Review: untitled [pp. 360-361]Review: untitled [pp. 361-362]Review: untitled [pp. 362-363]Review: untitled [pp. 363-364]Review: untitled [pp. 364-365]Review: untitled [pp. 365-366]Review: untitled [pp. 366-367]Review: untitled [pp. 367-368]Review: untitled [pp. 368-369]Review: untitled [pp. 369-370]

    Textbooks, CAI Software, and MethodologyReview: untitled [pp. 370-372]Review: untitled [pp. 372-373]Review: untitled [pp. 373-374]

    LinguisticsReview: untitled [pp. 374-375]Review: untitled [pp. 375-376]Review: untitled [pp. 376-377]Review: untitled [pp. 377-378]

    Back Matter [pp. 379-380]