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Le magazine Art & Essai de vos salles
CINÉMOVIDAdu 9 septembre au 27 octobre 2015
Édito
FlashbackSalles Films
SAUF INDICATION CONTRAIRE ET FILMS “JEUNE
PUBLIC”, TOUS LES FILMS ÉTRANGERS SONT PROJETÉS
EN VERSION ORIGINALE SOUS-TITRÉE EN FRANÇAIS
ART’CINE - Cinemovida est une publication de la SAS Cap CinémaDirection : Philippe Dejust ([email protected])–Directeur d’exploitation : Cyril Audineau ([email protected]) Programmation : Christelle Bréquel ([email protected])–Art & Essai / Jeune public : Vanessa Ode ([email protected]) Réalisation : COTÉ CINÉ GROUP–32 avenue Georges Clémenceau 34000 Montpellier–04 30 78 68 92–[email protected] Rédaction : Aysegul Algan, Bertrand Morane, Cécile Vargoz–PAO : Philippe Cosqueric–Impression : ROTIMPRES
ALBI • Le Lapérouse 60 rue Séré de Rivières
81000 Albi
Alexandre Kloeckner : 09 64 15 69 85
APT • Le César Rue Scudéry
84400 Apt
Tél. : 04 90 74 16 46
Victoria Vinciguerra-Andreani
CASTRES • Le Lido24 quai Miredames
81100 Castres
Tél. : 05 63 71 23 65
Pascal Humbert
CHÂTEAUROUX • Cinémovida86 av. Charles De Gaulle
36000 Châteauroux
Tél. : 02 54 22 55 80
Stéphane Castro
DOLE • Les Tanneurs 12 rue du 21 janvier
39100 Dole
Tél. : 03 84 82 63 75
Amélie Jeantou
LAON • Le Forum17 av Carnot
02000 Laon
Tél. : 03 23 79 09 59
Valérie Vaugoyeau
MANOSQUE • Le Lido2 av St Lazare
04100 Manosque
Tél. : 04 92 72 00 85
Williams Hourantier
SOISSONS • Le Clovis12-14 rue du Beffroi 02200 Soissons
Tél. : 03 23 59 31 42
Tony Waeghe
www.cinemovida.com
Jeune PublicANINA ..............................................................P. 30
LES CONTES DE LA MER .................................P. 28
LES FABLES DE MR RENARD ...........................P. 29
GROS POIS ET PETIT POINT ............................P. 29
LILLA ANNA .....................................................P. 28
MINOPOLSKA 2 ...............................................P. 29
PHANTOM BOY ...............................................P. 31
LE PETIT MONDE DE LEO ................................P. 30
PETITES CASSEROLES......................................P. 31
PIERRE ET LE LOUP ..........................................P. 28
QUI VOILÀ ? ....................................................P. 30
LES TROIS BRIGANDS......................................P. 31
LE VOYAGE DE TOM POUCE ..........................P. 29
ASPHALTE ........................................................P. 23
AU PLUS PRÈS DU SOLEIL .................................P. 8
BELLES FAMILLES ............................................P. 26
LA BELLE SAISON ..............................................P. 5
CEMETERY OF SPLENDOUR ..............................P. 6
LES CHANSONS QUE MES FRÈRES M’ONT APPRISES ..P. 8
LES DEUX AMIS ...............................................P. 15
DHEEPAN ...........................................................P. 5
FATIMA ............................................................P. 23
FOU D’AMOUR ................................................P. 19
L’HOMME IRRATIONNEL .................................P. 27
JE SUIS À VOUS TOUT DE SUITE ....................P. 21
LAURETTE 1942 ...............................................P. 14
LIFE ....................................................................P. 7
MARGUERITE.....................................................P. 9
LES MILLE ET UNE NUITS ..................................P. 4
MON ROI .........................................................P. 27
MUCH LOVED ....................................................P. 9
NI LE CIEL NI LA TERRE ...................................P. 15
LA NIÑA DE FUEGO.........................................P. 20
L’ODEUR DE LA MANDARINE .........................P. 22
THE PROGRAM ................................................P. 13
LES ROIS DU MONDE ......................................P. 13
LES SECRETS DES AUTRES ..............................P. 11
SICARIO ...........................................................P. 24
SUMMER..........................................................P. 25
TAJ MAHAL .....................................................P. 25
LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT .....................P. 6
UNE ENFANCE .................................................P. 19
LA VANITÉ .......................................................P. 11
VERS L’AUTRE RIVE .........................................P. 21
YOUTH ...............................................................P. 7
Édito1-Castres : Christelle Maury, universitaire tou-
lousaine, spécialiste du film noir américain et
Madhura Joshi des Cinglés du Cinéma, lors de
la projection du film de David Miller, Seuls sont
les indomptés.
2-Castres : Christian Viala des Cinglés du Ciné-
ma, débattant sur les questions informatiques
autour du film, Citizen Four de Laura Poitras.
3-Castres : Marie-Laure Coquelet des Cinglés
du Cinéma, sur les problèmes journalistiques
autour du film, Citizen Four de Laura Poitras.
1
2
3
Ni le ciel ni la terre
Les films à découvrir commenceront avec l’humour décalé et décapant de la dernière comédie
jouée par Benoît Poelvoorde, Le tout nouveau testament.
Il étonnera par sa présence en salle Art et Essai, mais les comédies intelligentes et drôles sont assez
rares, alors, autant en profiter. Asphalte est assez complémentaire du Tout nouveau testament,
par ses personnages en quête d’une vie meilleure, ses situations burlesques et surréalistes.
Le film Marguerite fera découvrir une personne atypique et attachante par sa naïveté, son ob-
session de l’opéra.
Continuons dans les prénoms avec Fatima, l’héroïne de tous les jours, se battant avec dignité au
quotidien, contre les absurdités de la vie. Film sobre et poignant offert par le délicat Philippe
Faucon, qui a le don de conter des histoires simples et émouvantes.
Les perles cannoises de l’ACID seront La vanité, huis clos original, pimenté par la présence de trois
comédiens exceptionnels. Le sujet est sombre, mais le côté théâtral l’emporte et nous pousse vers
un sentiment d’humanité, d’optimisme. Le secret des autres est une œuvre singulière sur la famille.
Patrick Wang, le réalisateur avait déjà amorcé cette thématique, avec brio, via In the family.
Ni le ciel ni la terre, sera pour moi, la découverte du moment. Clément Cogitore réalise un premier
film très abouti sur la guerre, mais surtout sur les croyances des hommes et leur possible disparition.
Les images captées avec des caméras thermiques et des viseurs infrarouges, nous immergent dans
une sorte d’œuvre artistique, renforcée par le traitement très plastique de l’image.
Il est impossible d’évoquer tous les films (Much Loved, Fou d’amour, Life, Les deux amis, Les chan-
sons que mes frères m’ont apprises, Summer ) : à vous de les découvrir dans nos salles.
Belles séances.
Vanessa Ode
Ni le ciel ni la terre
32
DHEEPANde Jacques Audiard, France, 2015, 1h50avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, Marc Zinga...❯ Festival de Cannes 2015 : Palme d’or
Après des années de combat pour l’indépendance
tamoule au Sri Lanka, Dheepan rend les armes et
s’exile en Europe, accompagné de la jeune Yalini
et de la petite orpheline Illayaal. Ces trois-là, qui ne
se connaissaient pas, endossent avec maladresse
leurs rôles du papa, de la maman et d’enfant afin
de se faire une place en France. Mais la vie dans
la cité où Dheepan a trouvé un boulot de gardien
n’a rien d’un conte de fées. Pris en étau entre le
trafic de drogue et la guerre des gangs, l’ancien
“Tigre” va petit à petit retrouver ses instincts de
guerrier pour protéger ceux qui, désormais, sont
devenus les siens...
Après Un prophète et De rouille et d’os, Jacques
Audiard débarque des réfugiés tamouls dans la
violence des banlieues françaises. Entre chronique
de l’immigration, film de genre et histoire d’amour,
le cinéaste se penche sur des destins “étrangers”
qui en disent long sur la France d’aujourd’hui. Une
Palme d’or âpre mais éminemment cinégénique,
sans stars mais avec trois inconnus au teint sombre
et aux regards perçants... qui nous font le récit sans
concession d’une famille qui se construit dans une
société qui se déconstruit.
A.A.
LES MILLE ET UNE NUITS3 films de Miguel Gomes, Portugal, Fr/All/Suisse, 2015avec Crista Alfaiate, Dinarte Branco, Carloto Cotta, Adriano Luz, Rogério Samora, Miguel Gomes, Maria Rueff, Cristina Carvalhal, Luisa Cruz, Américo Silva, Diogo Dória, Bruno Bravo, Tiago Fagulha, Teresa Madruga...Volume 1 : L’Inquiet (2h05) - Volume 2 : Le Désolé (2h11) - Volume 3 : L’Enchanté (2h05)
C’est le cinéma le plus audacieux et le plus libre
que l’on ait vu depuis longtemps : en trois films
fleuves fous, le réalisateur de Tabou filme le Portugal
en crise avec un élan poétique inédit, et signe une
œuvre monumentale sans aucun équivalent, et
produite en toute indépendance.
Miguel Gomes veut raconter son pays : des guêpes
asiatiques tueuses d’abeilles au sort des dockers
de Viana do Catelo, il commence le premier volet
comme un documentaire. Mais comment captiver,
faire rêver les spectateurs ? En proie au doute et à
la panique, le cinéaste laisse la place... à Schéhérazade !
Passant de l’inquiétude à la désolation et de la
désolation à l’enchantement, de la réalité la plus
dure à l’imaginaire le plus pur, des mythes fondateurs
à la troïka castratrice, des vrais chômeurs aux folles
chimères, de la Révolution des Œillets aux éleveurs
de pinsons de Lisbonne, de l’animisme au
capitalisme, Schéhérazade-Gomes déroule alors
ses récits foisonnants, s’affranchissant de tous les
codes narratifs et visuels pour inventer une fresque
poétique et politique sur le monde contemporain,
qui oppose la lucidité des rêves à la tristesse de
l’austérité. Sans régler de comptes, mais en nous
régalant de contes.
C.V.
LA BELLE SAISONde Catherine Corsini, France, 2015, 1h45avec Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Kévin Azaïs, Laetitia Dosch...
1971, Delphine, 23 ans, travaille avec volonté les
terres de son père. Envie de planter du maïs ? Elle
le demandera plus tard à son mari, quand elle en
aura un... Alors Delphine, qui préfère son indépen-
dance et les femmes, monte à Paris. Elle ne va
pas tarder à y croiser une étonnante bande de
nanas qui ne se laissent pas dicter ce qu’elles
doivent faire ni faire pousser. Parmi elle, la belle
et impétueuse Carole, en couple avec Manuel,
chavire le cœur de Delphine...
Catherine Corsini (Partir, Les Trois mondes...) rend
un hommage joyeux aux MLF des années 70, et
aux homosexuelles qui ont beaucoup fait pour
l’émancipation des femmes en général. Or sa Belle
saison, qui mêle avec finesse le politique et l’intime,
fait avant tout le récit d’une histoire d’amour
confrontée au clivage social, entre la France urbaine
et rurale. Delphine et Carole vont s’aimer, du
bouillonnement de Paris à la quiétude de la cam-
pagne, jusqu’à être rattrapées par leurs propres
limites. Carole qui se bat pour être libre, mais
s’enferme dans sa passion amoureuse ; Delphine
qui mène des actions politiques courageuses,
mais n’ose affronter sa mère (Noémie Lvovsky,
impressionnante en austère paysanne)... Optimiste
sur l’époque, le film devient plus sombre en s’ap-
prochant de l’intériorité des personnages. Mais
reste, jusqu’au bout, irradié par l’inépuisable énergie
de Cécile de France et Izïa Higelin.
B.M.
54 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
LE TOUT NOUVEAU TESTAMENTde Jaco Van Dormael, Belgique/France/Luxembourg, 2015, 1h52avec Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve, François Damiens, Pili Groyne...
Dieu est notre per(vers). La preuve : il prend plaisir
à allumer des incendies, à crasher des avions ou
abattre des ouragans sur de pauvres humains qu’il
incite à s’entre-tuer en son nom... Et en plus il habite
Bruxelles, avec sa petite famille dysfonctionnelle
qui, tous les jours, fait les frais de son humeur ab-
jecte. Alors un jour pour se venger, sa fille cadette
Éa, 10 ans, balance par SMS son secret le mieux
gardé : les dates de décès de chacun des habitants
de la planète ! Elle va dès lors bouleverser la vie de
quelques perdants magnifiques (les six nouveaux
apôtres), dont une manchote, un obsédé sexuel,
un tueur, une femme délaissée...
Il est fou ce Tout Nouveau Testament qui sort de
la tête de Jaco Van Dormael. Le cinéaste belge à
la filmographie parcimonieuse (Toto le héros, Le
Huitième jour, Mr. Nobody) s’est lancé dans une
entreprise irrévérencieuse, mais pas blasphématoire.
Son Testament de non-croyant prend la forme
d’aventures picaresques, qui fonctionnent en sections
autonomes, bercées par Haendel, Rameau, Purcell...
Un conte surréaliste nourri d’inventions visuelles
(le tunnel reliant le lave-linge de l’appartement de
Dieu au lavomatic, la main amputée qui danse sur
la table, la Deneuve sacrée au lit avec un gorille...)
et pétri de libertés (dramatique, économique, morale).
La fantaisie profane ne s’en prend pas tant à la
religion qu’à nos vies contemporaines techno-gui-
dées, pour remettre sur le chemin du paradis, au-
trement dit de l’amour. Ici... et maintenant. Ainsi
soit-il.
A.A.
YOUTHde Paolo Sorrentino, Italie/France/Suisse/G-B, 2015, 1h58avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda...❯ Cannes 2015 : Sélection Officielle
Après la splendeur décadente de sa Grande bellezza
romaine, Paolo Sorrentino nous donne rendez-vous
dans le décor majestueux d’un grand hôtel suisse
alpin, où l’on peut croiser des couples bourgeois
en crise, des acteurs californiens, des Miss Univers
à la répartie insoupçonnée, des légendes du foot
échouées comme des baleines... C’est ici que les
(très) vieux amis Fred et Mick ont posé leurs valises.
Le premier est un ancien compositeur et chef
d’orchestre retraité, l’autre a du mal à raccrocher
sa carrière de cinéaste à succès. Et tandis que l’un
préfère faire écouter le chant des vaches plutôt que
de revenir sur scène, même pour Sa Majesté, l’autre
s’échine encore à brainstormer avec une bande de
scénaristes paumés sur la scène finale de son film
testamentaire. Rien de tel que des balades au jardin
ou des expéditions dans les boutiques de coucous,
les bassins chauffés et les check-ups complets
pour philosopher sur les chefs-d’œuvre que l’on
n’a pas réalisés, les enfants que l’on n’a pas élevés,
les femmes avec lesquelles on n’a pas couché... et
voir, au détour d’un bilan prostate, le temps qui
passe vous dépasser. Dans Youth, tout n’est que
luxe, calme et volupté... Mais pourtant y guettent
aussi l’indigence humaine, l’ennui et les regrets. Le
cinéaste y utilise les corps comme des décors,
filmant autant la beauté que l’abject, les grandes
stars anglo-saxonnes que les inconnus complets.
Et si cette Dolce vita porte encore et toujours
l’empreinte de Fellini, sa poésie sous forme de
démonstration de style perpétuelle est d’une nature
résolument... sorrentinienne.
A.A.
LIFEd’Anton Corbijn, G-B, 2015, 1h51avec Robert Pattinson, Dane DeHaan, Ben Kingsley, Joel Edgerton...
En 1955, un jeune photographe cherchant la recon-
naissance rencontre un acteur débutant, qui feint
de la mépriser. À l’Est d’Eden n’est pas encore sorti,
La Fureur de vivre n’est pas tourné, mais face à ce
jeune rebelle en jeans qui semble se foutre de tout,
Dennis Stock perçoit l’emblème d’une époque. Il
décide de lui consacrer un reportage et part avec
lui sur les routes des États-Unis. Il en rapportera des
images qui, publiées dans le magazine Life, vont
changer sa vie et imprimer la légende.
Life n’est pas un biopic sur James Dean ; et ces 15
jours qui vont marquer la culture populaire sont
d’abord abordés du point de vue de Stock, racontant
la relation artiste/photographe avec une rare lucidité.
Sujet sur-mesure pour Anton Corbijn, le photographe
“rock” révélé au cinéma avec Control, sur la courte
vie torturée de Ian Curtis, chanteur de Joy Division.
La photo du film retrouve l’essence de celles de
Dennis Stock, et “reconstitue” l’époque et les lieux
avec une élégance méticuleuse. Mais sa plus belle
idée, c’est que la superstar Robert Pattinson incarne
ici l’homme de l’ombre, effacé, fasciné mais vampire,
tandis que Dane DeHaan (The Amazing Spider-
Man, The Place Beyond The Pines...), qui ne res-
semble pas vraiment à James Dean, révèle au-delà
du “cliché” la personnalité narcissique et vulnérable
d’un gamin... qui allait, quelques mois plus tard, se
crasher connement au volant de sa Porshe.
C.V.
CEMETERY OF SPLENDOURde Apichatpong Weerasethakul, Thaïlande, 2015, 2h02avec Jenjira Pongpas, Banlop Lomnoi...
Jenjira est vieillissante et boiteuse, mais enjouée
comme une jouvencelle. Dans son ancienne école
transformée en hôpital de fortune pour accueillir
des soldats atteints d’une étrange maladie narco-
leptique, elle se porte volontaire pour veiller sur Itt,
à qui personne ne rend visite. Elle va découvrir que
l’esprit du jeune homme, qui ne s’éveille que quelques
heures par jour, est retenu par d’anciens rois belli-
queux qui habitent de l’autre côté du sommeil...
La nouvelle invitation au voyage de Weerasethakul
émerge du même monde mystique que ses Tropical
Malady et Oncle Boonmee (la palme d’or 2010).
Ici, le cinéaste et plasticien thaïlandais tend vers
une perception encore plus terrestre du supra-réel,
où les possessions spirituelles et les apparitions
divines sont indiscernables de la réalité la plus
ordinaire. Des déesses que l’on croise dans une
aire de pique-nique, une jeune médium à laquelle
on demande des nouvelles des endormis, une
balade au parc où les salles d’un ancien palais se
superposent aux arbres... Ici, tout est à la fois in-
tensément tangible et invisible.
Cemetery of Splendour a été tourné à Khon Kaen,
la ville natale du cinéaste au cœur de la Thaïlande.
Quand on n’y est pas sous l’hypnose des néons
thérapeutiques, on découvre les étals d’un marché
nocturne, les escalators d’un multiplexe, le terrain
de foot d’où est excavé un cimetière... Weerasethakul
donne à ces moments-là un aperçu très concret
de ce qui fait le cœur de son pays – en état de
sommeil sous le joug de rois-tyrans d’hier... de la
junte militaire d’aujourd’hui –, faisant retentir son
Splendour d’un écho politique inédit. A.A.
76 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
MARGUERITE de Xavier Giannoli, France, 2015, 2h07avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret...
Dans le Paris des années 20, la riche Marguerite
Dumont, passionnée d’opéra, donne un récital dans
son château, devant son cercle d’habitués. Comme
toujours son public l’acclame... avant de rire sous
cape. Car Marguerite a non seulement une voix de
crécelle, mais elle chante “divinement faux”, comme
le disent ses proches et son mari, qui l’entretiennent
dans ses illusions. Au point que la Diva répète pour
se produire à l’Opéra...
C’est la soprano américaine Florence Foster Jenkins,
célèbre dans les années 1930-40 pour son chant
calamiteux, qui a inspiré à Xavier Giannoli sa
Marguerite. Sans chercher à faire un biopic, le ré-
alisateur de Quand j’étais chanteur transpose son
histoire dans la France des années folles pour en
approcher, au-delà du rire, toute la complexe hu-
manité. Car sa Castafiore pathétique a quelque
chose de profondément émouvant. Une femme qui
vit sa passion dans l’obsession, dans l’illusion
– comme pouvait l’être le personnage de François
Cluzet dans À l’origine – mais une femme raillée,
trompée, confrontée à l’hypocrisie des cyniques
qui l’entourent. Catherine Frot est une Marguerite
irrésistible, mais dont la folie fragile est troublante.
Un personnage que l’on pourra bientôt comparer
à celui qu’interprétera Meryl Streep dans le biopic
intitulé Florence, réalisé par Stephen Frears.
B.M.
MUCH LOVEDde Nabil Ayouch, Maroc, 2015, 1h44avec Loubna Abidar, Halima Karaouane, Asmaa Lazrak, Sara El Mhamdi Elaaloui, Abdellah Didane...
En 2012, son film Les Chevaux de Dieu s’inspirait
de la radicalisation des jeunes des bidonvilles de
Casa ayant mené aux attentats du 16 mai 2003.
Puisant encore son inspiration dans les réalités les
plus âpres de son pays, Nabil Ayouch aborde cette
fois-ci l’un des grands tabous du Maroc contem-
porain, la prostitution, à travers le destin de quatre
putes... insoumises.
Leur argent, Noha, Randa et Soukaina ne le volent
pas. Ou si, un peu aussi, dans les poches des riches
Saoudits venus s’acoquiner en terre amie. Mais
elles le valent bien, ces reines des nuits de Marrakech,
qui ne ménagent pas leur peine pour satisfaire leurs
clients... Pour subvenir aux besoins de leurs familles
qui les nient... Pour servir d’exutoire à toute une
société qui les méprise.
Parti à la rencontre de centaines de prostituées,
Ayouch s’approprie leur réalité avec de formidables
jeunes actrices – qui ne sont pas des profession-
nelles, ni de la comédie, ni de la prostitution.
Beaucoup basé sur l’improvisation et la gouaille de
ses “nanas”, Much Loved chronique leurs nuits
agitées comme leur journées lascives avec un
naturel déconcertant, balayant au passage le spectre
quasi-exhaustif des clients d’amours tarifées du
royaume, entre les Européens, les Arabes du Golfe
et les “locaux” moins fortunés qui paient en fruits
et légumes.
Chez ces filles trop (et mal) aimées, il n’y a pas de
concession ni de fausse pudeur. Chez le cinéaste
non plus, qui restitue leur intimité autant que leur
solidarité et leur rayonnante bonne humeur, dans
un film qui peut aussi être très noir. Pour ne pas
sombrer, elles rient, elles dansent, elles s’amusent
des hommes, et d’elles-mêmes. Ni blâmables, ni
formidables, simplement des femmes maîtresses
de leur destin. A.A.
LES CHANSONS QUE MES FRÈRES M’ONT APPRISESde Chloé Zhao, USA, 2015, 1h34avec John Reddy, Jashaun St John, Travis Lone Hill...
Johnny est né et a grandi dans la réserve indienne
de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Le lycée
fini, il voudrait partir avec son amoureuse à Los
Angeles pour y chercher du travail. Mais son père
meurt soudainement, laissant 25 orphelins, dont
Jashaun, la petite sœur de Johnny, qu’il hésite à
abandonner...
C’est après 4 ans d’immersion à Pine Ridge chez
les indiens Lakotas que Chloé Zhao – qui a grandi
à Pékin – a commencé à tourner, en écrivant son
scénario au jour le jour, s’inspirant de la vie des
habitants de la réserve, dont beaucoup jouent leur
“propre” rôle. Aussi ce qui pourrait être un récit
d’apprentissage “classique” s’inscrit dans l’univers
très particulier de cette communauté de misère,
isolée dans des Badlands aussi belles que déser-
tiques, où l’on vit entre culture pop contemporaine
et rituels amérindiens, entre christianisme et poly-
gamie, entre pow wow et rodéo. Le film (produit
par Forest Whitaker) décrit avec finesse l’automne
de cet ado rêvant d’ailleurs comme l’attachement
de sa sœur à son clan, dans une mise en scène à
la fois brute et contemplative qui exalte la beauté
sauvage de ses paysages. B.M.
AU PLUS PRÈS DU SOLEILde Yves Angelo, France, 2015, 1h43avec Sylvie Testud, Gregory Gadebois, Mathilde Besson...
Sophie est une juge expérimentée et consciencieuse.
Mais le jour où elle découvre que Juliette, dont elle
instruit le dossier pour abus de faiblesse sur un
malheureux amant, est la mère biologique de son
fils adopté, elle perd son sens de l’impartialité. Et
tandis que la magistrate s’acharne impunément
contre la prévenue, Olivier, son mari avocat qui
désapprouve son attitude, s’approche dangereu-
sement de la jeune femme, sans lui révéler sa véritable
identité...
Alternant les postes de chef op (Tous les matins
du monde, Germinal, Mon Âme par toi guérie) et
de metteur en scène (Le Colonel Chabert, Les
Âmes grises), Yves Angelo réalise un troisième long
métrage, coscénarisé avec son complice François
Dupeyron. Ensemble, ils ont imaginé une emprise
à la Simenon, filmée en plans séquences et caméra
à la main, jouée par des personnages pitoyables
dans leur arrogance et l’exercice (ou l’abus) de leur
pouvoir. Une tragédie en 5 actes qui transforme les
notions de justice et de vérité en autant de dilemmes
personnels, entre actes cachés et pensées secrètes,
qui, une fois exposés, ne pourront que se consumer
avec violence.
B.M.
98 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
Albi Le Lapérouse
Bonjour cher(e) ami(e),Le cinéma est un endroit de partage où peuvent
se mêler rires et larmes. C’est pour cela que nous
proposerons, ces sept prochaines semaines, des
moments uniques.
Pour la rentrée, le cinéma Lapérouse et l’asso-
ciation septième Toile ont réservé plein de
surprises.
Á commencer par la nouvelle formule de la carte
d’abonnement. Cette carte permettra d’avoir
une réduction sur les films de l’association, soit
un film par semaine (voir conditions en caisse
du cinéma).
L’association va présenter ces prochaines semaines :
la trilogie Les Mille et une nuits, film réalisé par
Miguel Gomes ; le film Le secret des autres, réalisé
par Patrick Wang ; le film Dior et moi, réalisé
par Frédéric Tcheng, et plein d’autres.
Ces films seront présentés, sur une semaine, à
raison de huit séances. À savoir : les mercredi,
vendredi, samedi, dimanche, à 18h30 ; les jeudi,
lundi , à 21h, et le mardi, à 14h et 21h.
Á noter sur les agendas, également, la semaine
du lundi 12 au samedi 17 Octobre, consacrée à
une icône «Marylin Monroe». Pendant cette
semaine, ses plus grands succès seront prpjetés.
Sept ans de réflexion, La rivière sans retour,
Niagara, et Les désaxés.
Je vous souhaite de beaux moments de partage
et d’émotion dans votre salle obscure
À très vite !
Alexandre Kloeckner
La 7ème Toile propose
Marguerite de Xavier Gianolli,
avant-première en partenarait avec la mairie d’Albi
❯ samedi 12 septembre à 21h
Les mille et une nuits : L’inquietLes mille et une nuits : Le désoléde Miguel Gomes❯ Du 13 au 15 septembre
Les mille et une nuits : L’inquietLes mille et une nuits : Le désoléLes mille et une nuits : L’enchanté❯ Du 16 au 22 septembre
❯ Du 23 au 29 septembreLes secrets des autresde Patrick Wang
Dior et moi de Frédéric Tcheng
débat le dimanche 27 septembre à l’issue de la
projection de 18h30
❯ Du 30 septembre au 6 octobreLa vanitéde Lionel Baier
❯ Du 7 au 13 octobreLes chansons que mes frères m’ont apprisesde Chloé Zhao
❯ Du 14 au 20 octobreLes deux amisde Louis Garrel
❯ Du 21 au 27 octobreNous venons en amisde Hubert Sauper
débat le dimanche 25 octobre à l’issue de la
projection de 18h30
Summerd’Alanté Kavaité,
❯ Du 7 au 13 octobreSemaine Marilyn MonroeSept ans de réflexionde Billy Wilder
La rivière sans retourde Otto Preminger
Les désaxésde John Huston
Niagarade Henry Hathaway
LES SECRETS DES AUTRESde Patrick Wang, USA, 2014, 1h43avec Wendy Moniz, Trevor St. John, Oona Laurence, Jeremy Shinder, Sonya Harum...
C’est l’histoire d’une famille américaine qui a traversé
un événement douloureux. Une pierre est jetée au
milieu d’une mare et ses vagues douces et monotones
remuent une vie paisible. Le film porte sur ces ondes
imperceptibles qui bougent lentement et fragilisent
les relations que l’on imagine pourtant stables, pé-
rennes et indestructibles. Un père, une mère et des
enfants, désireux de se comprendre…
Ce film permet de voir notre monde, si simple et si
banal, dans son étrangeté. Cette réalité est tellement
proche de nous, au milieu de nos vies, qu’il est
étonnant de s’en distancier et de le voir tel un miroir,
dans un film. Dans les interstices de ces relations
simples et ordinaires que nous vivons tous, il y a
quelque chose de singulier, étrange et précieux que
l’on ne perçoit plus.
Patrick Wang est libre. Libre d’interroger un quotidien
que nous vivons et que le cinéma n’interroge que
trop peu, tellement il tend à être obnubilé par l’ailleurs
et l’extra-ordinaire. Libre de réinventer la forme du
récit qui semble dans un premier temps linéaire.
Créant ainsi des ruptures temporelles, des poches
de temps qui viennent se glisser au milieu d’un récit
pour l’étirer, le déplier. Libre de ne pas se laisser
tenter par le pessimisme qu’engendrent des situations
de souffrance et de laisser émerger l’espoir, le désir
de continuer à vivre ensemble.
Mehran Tamadon, cinéaste membre de l’ACID
LA VANITÉde Lionel Baier, Suisse/France, 2015, 1h15avec Patrick Lapp, Carmen Maura, Ivan Georgiev...
Un vieil architecte hautain et orgueilleux prend une
chambre dans un motel quasi désert. Une femme
le rejoint. Un jeune homme se prostitue dans la
chambre mitoyenne.
Sur un mur se trouve la reproduction des
Ambassadeurs d’Holbein le Jeune, double portrait
de deux amis dans lequel figure une forme étrange :
un crâne en anamorphose qui n’est visible qu’à la
faveur d’un déplacement permettant de regarder
l’image de biais. C’est une Vanité – une peinture
qui exprime la vacuité de la vie.
La jubilation du film tient au même déplacement de
regard progressif qu’opère la mise en scène, précise,
virtuose et inspirée de Lionel Baier. De rebondis-
sements en retournements, où chacun se révélera
à lui même et aux autres, où les lourds rideaux
ouvriront sur un ailleurs utopique, le film forme un
trio improbable et uni, et mène une variation médi-
tative et ironique sur l’existence.
Les éléments visuels et les motifs des Ambassadeurs
se déploient dans l’univers du film qui emprunte
aussi explicitement à Hitchcock et à Lynch : nulles
citations pour initiés, mais une matière filmique que
Lionel Baier agence avec gourmandise pour produire
son propre cinéma.
Il parvient ainsi à composer une « Vanité en cinéma »,
où l’amitié redevenue possible, la foi envers la
création et les puissances du cinéma sont une
affirmation souveraine face à la vacuité de
l’existence.
Christophe Cognet, cinéaste membre de l’ACID
1110 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
Apt Le César
Une rentrée riche
En plus de notre programmation Art & Essai
habituelle, nous offrirons, tout au long de
l’année, pour les plus petits, une programme
de films classés Jeune Public, avec, tous les quinze
jours, un nouveau film à découvrir.
En septembre, la palme d’or 2015 du Festival
de Cannes, Dheepan, de Jacques Audiard, ouvrira
le bal, avec, ensuite, Au plus près du soleil, d’Yves
Angelo, avec Sylvie Testut ; Marguerite, le dernier
film de Xavier Giannoli, avec Catherine Frot ;
Les trois volets Des Mille et une nuits, de Miguel
Gomes, qui mêle poésie et politique pour traduire
le chaos d’une Europe en crise ; Cemetery of
Splendour, de Apichatpong Weerasethakul,
présenté au Festival de Cannes.
Et, en octobre, il y aura L’homme irrationnel,
le dernier Woody Allen, mais aussi Mon roi, de
Maiwenn, avec Emmanuelle Bercot, qui a
obtenu le prix d’interprétation pour son rôle
au dernier Festival de Cannes et, également,
Life, d’Anton Corbijn ou un biopic sur le pho-
tographe Dennis Stock qui réalisa une série de
photos iconique sur la star en devenir, James
Dean.
Le jeudi 15 Octobre, séance unique de Lamb,
de Yared Zeleke, pour la conférence de presse
du 13ème Festival des cinémas d’Afrique du
Pays d’Apt.
Le mardi 3 Novembre, à 18h00, une séance
sera organisée, en partenariat avec Camera
Lucida, dans le cadre d’Eureka des rencontres
scientifiques et cinématographiques en pays
d’Apt, avec plus d’informations à venir…
À bientôt dans nos salles
Victoria Vinciguerra-Andreani
LES ROIS DU MONDEde Laurent Laffargue, France, 2015, 1h40avec Sergi Lopez, Céline Sallette, Éric Cantona, Romane Bohringer, Guillaume Gouix...
À Casteljaloux, petit village du sud-ouest, cet été
promet d’être plus brûlant que les autres. L’indomptable
Jeannot, qui vient de purger trois ans de prison à
la suite d’un coup de sang, est rentré au bercail
avec une seule idée en tête : récupérer la belle
Chantal, qui vit désormais avec Jacky le
boucher...
Homme de théâtre et d’opéra (fondateur de la
Compagnie du Soleil Bleu), Laurent Laffargue réalise
un premier long qui se place comme l’ultime volet
d’un triptyque entamé au théâtre. Ses deux
“Casteljaloux” montées sur les planches, librement
inspirées par son enfance passée dans le Lot-et-
Garonne et certains de ses habitants, trouvent ainsi
une extension cinématographique aux références
multiples, où Achille affronte Hector... où Pagnol
croise Tarantino... où le Tartuffe de Molière cède la
place à une corrida impitoyable.
Sergi Lopez et Eric Cantona s’y défient, tour à tour
magnifiques ou pathétiques seigneurs de Gascogne
que tout oppose... si ce n’est leur amour pour
Chantal – interprétée par la muse et compagne de
Laffargue, Céline Sallette (L’Apollonide, Geronimo).
C’est à travers elle aussi que le néo-cinéaste établit
la jonction entre plusieurs mondes : celui des adultes
et celui des ados (auxquels Chantal donne des
cours de... théâtre), celui de la fiction et celui de
l’autobiographie (par laquelle le créateur raconte
son propre chemin vers l’art dramatique). Ces deux
générations-univers, que Laffargue filme avec le
même engouement, renforcent l’effet-miroir de son
cinéma qui donne à la fois à voir des gens ordinaires
se transformer en héros tragiques, et la naissance
d’un artiste que ceux-là n’auront de cesse d’inspirer.
A.A.
THE PROGRAMde Stephen Frears, G-B/France, 2015, 1h43avec Ben Foster, Chris O’Dowd, Guillaume Canet, Jesse Plemons, Lee Pace, Dustin Hoffman...
Une victoire sur le cancer, une irrésistible ascension
sportive, et pas moins de sept consécrations au
Tour de France : Lance Armstrong a bien roulé...
son monde. Quant à la course contre la montre de
son biopic, c’est Stephen Frears qui la remporte !
Le cinéaste anglais (The Queen, Philomena) passe
ainsi devant de nombreux projets de studios US,
et montre que l’affaire Armstrong donne plus matière
à un thriller européen qu’à un blockbuster
américain.
La légende du cycliste texan restera finalement
dans l’Histoire comme celle d’une hallucinante
imposture, que le scénariste expert en substances
illicites John Hodge (Trainspotting) – inspiré de
l’enquête du journaliste David Walsh qui a révélé
le scandale en 2012 – dope de détails glaçants.
Les trafics de poches de sang frais et de cartes
SIM, les transfusions clandestines, mais aussi
l’enfermement, la pression et bientôt, le clivage de
la personnalité : The Program décortique un men-
songe érigé en système, capable de broyer ses
propres rouages. Au passage, il reconstitue de
célèbres étapes du Tour (L’Alpe-d’Huez, Sestrières)
avec des cyclistes pro dans le peloton, des foules
numériques au bord de la route, et même, parmi
les seconds rôles, Dustin Hoffman... que Cimino a
tant rêvé faire rouler pour son film sur le Tour de
France jamais réalisé. Mais la grande star reste bien
entendu Armstrong, interprété par un Ben Foster
bluffant. Miraculé, adulé, déchu, il apparaît comme
un héros shakespearien, hallucinant avide de gloire
et de pouvoir, plus fascinant que jamais. Tout le
mystère Armstrong. B.M.
SOIRÉE DÉBAT DANS LE CADRE D’EUREKA, RENCONTRES SCIENTIFIQUES ET CINÉMATOGRAPHIQUES EN PAYS D’APTEn présence d’Emmanuel Ethis, président de l’université d’Avignon et des pays du vaucluse et de Damien Malinas maitre de conférence de l’université d’Avignon
❯ mardi 3 novembre à 18h
13ÈME FESTIVAL DES CINÉMAS D’AFRIQUE DU PAYS D’APTPendant une semaine, découvrez le meilleur de la cinématographie du continent africain. Plus de trente films seront projetés, longs et courts métrages, fictions et documentaires, avec la présence d’une vingtaine de réalisateurs, invités pour échanger et discuter avec le public.
❯ du 6 au 13 Novembre
LAMBde Yared ZelekeConférence de presse du 13ème Festival
des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt
❯ jeudi 15 octobre à partir de 18h
13
Les Films du mois
12 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
LES DEUX AMISde Louis Garrel, France, 2015, 1h40avec Golshifteh Farahani, Vincent Macaigne, Louis Garrel...
Clément, figurant de cinéma, est fou de Mona,
vendeuse dans une sandwicherie de la gare du
Nord. Mais difficile de faire la cour à une jeune fille
qui disparaît tous les soirs dans un train, pour ne
réapparaître que le lendemain, derrière son comptoir ;
car la belle brune a un secret, qui l’oblige à retrouver
ses “quartiers” à la nuit tombée. L’affaire va finir de
se compliquer avec l’entrée en scène d’Abel, venu
aider son meilleur ami Clément à obtenir les faveurs
de la belle...
Pour son premier long métrage – inspiré de son
court, et co-écrit avec l’ami Christophe Honoré –,
Louis Garrel transforme (très) librement le marivau-
dage des “Caprices de Marianne” de Musset en
un cinéma délicieusement truffaldien. Un film tourné
en 35mm où l’on fait de la figuration pour d’autres
films, où l’on narre ses états d’âme intimes, où l’on
sert de l’essence à des blondes platine... Pendant
deux jours et deux nuits, les deux garçons et la fille
vont vivre de nombreuses péripéties... et autant de
possibilités. Mais plus qu’une histoire d’amour, Les
Deux Amis est, comme l’indique son titre, avant
tout une histoire d’amitié. Entre Jules et Jim... ou
Laurel et Hardy, Macaigne le rêveur maladroit et
Garrel le ténébreux rhétorique forment un irrésistible
duo comique, et plus que de tomber amoureux,
donnent envie de se faire, ou de se réconcilier avec
un ami ! A.A.
Les cinglés du cinéma proposent :
❯ Du 9 au 15 septembre
Microbe et Gasoilde Michel gondry
❯ Du 16 au 22 septembre
Le soufflede Alexander Kott
❯ Du 23 au 29 septembre
Une seconde mèrede Anna Muylaert
❯ Du 30 septembre au 6 octobre
Summerde Alanté Kavaité
Placidode Luis Garcia Berlanga
❯ Du 14 au 20 octobre
Le prince de Hombourgde Marco Bellocchio
Laurette 1942de Francis Fourcou
❯ Du 21 au 27 octobre
Les mille et une nuits : L’inquietde Miguel Gomes
Sorcererde William Friedkin
❯ Du 7 au 13 octobre
Semaine Hispanique
La Isla Minimade Alberto Rodríguez (Espagne)
Los Hongos de Oscar Ruiz Navia
Gente de Biende Franco Lolli
Les nouveaux sauvagesde Damián Szifron
Placido (du 30 septembre au 6 octobre)
de Luis Garcia Berlanga
Castres Le Lido
Amis cinéphiles,
Une nouvelle saison commence, largement
ouverte sur le monde : Russie, Brésil, Lituanie,
Espagne, Colombie, Argentine, Italie, Portugal
Quel art permet mieux que le cinéma de com-
prendre les autres peuples, les autres civilisations ?
La France est un des rares pays à ne pas s’être
laissé enfermer dans un tête-à-tête entre cinéma
national et cinéma américain. Grâce à quelques
distributeurs passionnés, nous avons accès à des
films du monde entier. Profitons-en pour aiguiser
notre curiosité et aller à la découverte d’artistes
inconnus qui réalisent, souvent dans des condi-
tions très difficiles, des œuvres magnifiques.
Début octobre, Les Cinglés du Cinéma et La Casa
de España organisent la 19ème édition du Mi-
ni-festival de cinéma hispano-américain avec, en
ouverture, le mardi 6 octobre, Placido, réalisé, en
1961, par le grand Luis Garcia Berlanga.
Soirée émotion et mémoire, le mardi 20 octobre,
avec le réalisateur Francis Fourcou, qui sera à
Castres pour présenter Laurette 1942, film consa-
cré à Laurette Monet qui, jeune étudiante de 19
ans, s’est engagée, en 1942, dans la Cimade et a
découvert la terrible réalité des camps d’inter-
nements du sud de la France.
Enfin, nous nous attaquerons au fabuleux trip-
tyque de Miguel Gomez, Les Contes des 1001
nuits. Le jeune réalisateur portugais, qui nous
avait éblouis avec Tabou, couvre, en six heures
stupéfiantes, la crise portugaise racontée par
Shéhérazade.
Petit cinéphile deviendra grand à condition de
lui proposer, dès l’enfance, le meilleur du cinéma.
Brendan et le secret de Kells, de Tom Moore, et
Pierre et le Loup, de Suzie Templeton, font partie
des très grands films d’animation du XXIème siècle.
Tous les cinéphiles de plus de huit ans devraient
les voir et/ou les revoir.
Belle saison cinématographique à tous !
Pierre Klein pour Les Cinglés du Cinéma
LAURETTE 1942Une volontaire au camp du Récébédoude Francis Fourcou, France, 1h37avec Anna Labeuf, Patrice Teâsso, Francis Azéma, Maurice Sarrazin...
Témoin des rafles et des déportations de l’été 1942,
Laurette Alexis-Monet a 19 ans lorsqu’elle s’engage
avec la CIMADE pour porter assistance aux internés
du camp du Récébédou, à 8 km de Toulouse. Elle
plongera dans l’inhumain, le 2 août 1942, au moment
où l’on passe de l’exclusion à... la déportation.
Francis Fourcou porte à l’écran le témoignage écrit
par Laurette Monet (“Les Miradors de Vichy”) sur
les camps du Midi gérés non pas par les nazis, mais
bel et bien par les autorités françaises. Beaucoup
de spectateurs seront interloqués en découvrant
des femmes et des hommes traités par des uniformes
français comme un vil troupeau, pour reprendre
l’expression de l’inoubliable archevêque de Toulouse
Saliège (incarné par un extraordinaire Maurice
Sarrazin). Beaucoup seront émerveillés par la
fraîcheur intacte des survivantes, lorsqu’elles
évoquent avec une sérénité et une modestie presque
surhumaines, le drame qui les a si profondément
meurtries.
Bien qu’un simple film de mémoire, Laurette 1942
est bien, et pleinement, un film d’actualité.
NI LE CIEL NI LA TERREde Clément Cogitore, France/Belgique, 2015, 1h40avec Jérémie Renier, Swann Arlaud, Marc Robert, Kevin Azaïs...
En 2014, dans une vallée perdue d’Afghanistan,
le capitaine Antarès et ses hommes sont affectés
à une mission de surveillance en attendant le
retrait des troupes. Une nuit, des soldats com-
mencent à disparaître mystérieusement. Antarès
rationalise, apaise ses troupes ou menace les
rares talibans en haillons et quelques éleveurs
de moutons qui errent dans ce désert. Mais aucune
arme ne fait taire le doute, et aucune caméra
infra-rouge ne peut filmer l’absence... Clément
Cogitore, lui, filme le visible de ces hommes
confrontés à l’invisible et à la déraison. Jeune
plasticien issu de l’école du Fresnoy, il prolonge
ici ses travaux expérimentaux sur les croyances
et rituels, mais en l’incarnant dans un “désert des
Tartares” où l’on sent la chaleur et la sueur, l’attente
et la peur, et le deuil comme une hallucination
nocturne. Comme ces Afghans silencieux face à
ces soldats surarmés, ou comme ces soldats
face à l’inexplicable, le film lui-même place le
spectateur dans une perception étrange des
choses. Ce que l’on croyait être un film de guerre
passe par l’intrigue policière puis glisse vers le
fantastique, voire le métaphysique... tout en restant
très physique. C’est assez fascinant et sans
équivalent dans le jeune cinéma français, bien
qu’écrit par l’omniprésent Thomas Bidegain
(co-scénariste d’Audiard et réalisateur des
Cowboys). Ce n’est Ni le ciel ni la terre, mais un
mystère entre le visible et l’invisible.
C.V.
1514 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
CalendrierALBI
7ème toileAPT
CASTRESLes Cinglés de cinéma Petits cinglés du ciné
CHÂTEAUROUXCinéma et psychanalyse
DOLE LAON MANOSQUE SOISSONS
9SEPT
La belle saison Au plus du près du soleil Amy Umrika Le tout nouveau testament Coup de chaud Au plus du près du soleil Coup de chaud
La niña de fuego Dheepan Coup de chaud La vanité La belle saison Les mille et une nuits : L'inquiet Coup de chaud Les mille et une nuits : L'inquiet
Marguerite AP Microbe et gasoil Les fables de Monsieur Renard
Les mille et une nuits : L'inquiet Les contes de la mer
Les mille et une nuits : Le désolé
16SEPT
Marguerite Marguerite La belle saison Marguerite Les mille et une nuits : L'inquiet La belle saison Marguerite La belle saison
Much Loved Les mille et une nuits : L'inquiet Le souffle The program VF/VOSTF Les mille et une nuits : Le désolé Les mille et une nuits : Le désolé Dheepan Les mille et une nuits : Le désolé
Les mille et une nuits : L'inquiet Les mille et une nuits : Le désolé Les contes de la mer Michel Petrucciani Le tout nouveau testament Le petit monde de Leo
Les mille et une nuits : Le désolé Les nouvelles aventures de Gros-poiset Petit-point
Les fables de Monsieur Renard La niña de fuego
Les mille et une nuits : L'enchanté
Les fables de Monsieur Renard
23SEPT
Une enfance Les rois du monde La niña de fuego Une enfance Dheepan Dheepan Les rois du monde Dheepan
Cemetery of splendour Les mille et une nuits : L'enchanté Une seconde mère Au plus pres du soleil Les mille et une nuits : L'enchanté Les mille et une nuits : L'enchanté Les mille et une nuits : L'inquiet Le tout nouveau testament
Le secret des autres Le tout nouveau testament Pierre et le loup Snow Therapy Les mille et une nuits : Le désolé Les mille et une nuits : L'enchanté
Dior et moi Les nouvelles aventures de Gros-poiset Petit-point
Qui voilà? Le petit monde de Leo
Les fables de Monsieur Renard
30SEPT
L'odeur de la mandarine M Cemetery of splendour Youth (Sous réserve) L'odeur de la mandarine Les chansons que mes frères… Youth L'odeur de la mandarine Youth
Je suis à vous tout de suite Youth (Sous réserve) Summer Youth Au plus près du soleil Le tout nouveau testament Les mille et une nuits : L'enchanté Les chansons que mes frères…
Youth (Sous réserve) Petites casseroles Placido La belle endormie Les fables de Monsieur Renard
Life Pierre et le loup Qui voilà?
La vanité
Le voyage de Tom Pouce
7OCT
Sicario M Life Life Sicario (Sous réserve) Much Loved Life Life Life
Fatima Much Loved La Isla Minima Life Life The program VF/VOSTF Youth Much Loved
Asphalte Petites casseroles Los Hongos Fou d'amour Les fables de Monsieur Renard
Les chansons que mes frères... Gente de Bien Les trois brigands
Le voyage de Tom Pouce Les nouveaux sauvages
Marilyn Monroe Lilla Anna Sept ans de réflexionLa rivièreNiagaraLes désaxés
14OCT
Belles familles M Belles familles Belles familles (Sous réserve) Belles familles Belles familles (Sous réserve) Belles familles (Sous réserve) Belles familles Belles familles (Sous réserve)
L'homme irrationnel L'homme irrationnel Marguerite Les deux amis Marguerite Marguerite L'homme irrationnel Marguerite
Fou d'amour Une enfance Much Loved Les chansons que mes frères m'ont… Une enfance Une enfance Much Loved Une enfance
Les deux amis Lamb Le prince de Hombourg Libres! Petites casseroles
Phantom Boy Anina Laurette 1942 Les trois brigands
Lilla Anna
21OCT
Mon roi Mon roi Asphalte Mon roi L'odeur de la mandarine Much Loved Mon roi Les deux amis
Vers l'autre rive Asphalte Les mille et une nuits : L'inquiet Je suis à vous tout de suite Asphalte L'odeur de la mandarine Une enfance L'odeur de la mandarine
Ni le ciel ni la terre Anina Sorcerer MinoPolska 2 Petites casseroles
Taj Mahal
Summer / Nous venons en amis
Phantom Boy
Film en sortie nationale - (M) : Multiplexe - Programmation Art & Essai - Jeune Public - Programmation associations
1716 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
À vos agendas !
Vous avez fait le plein d’énergie pendant ce bel
été ? Alors, on attaque la rentrée… et son lot
de bonnes résolutions : être à l’heure au bureau,
reprendre le sport, aller au ciné... Pour ça, nous
pouvons vous aider : la sélection de cette gazette
va forcément vous donner des envies de ciné.
Notre programme hebdomadaire dévoilera, au
fil des semaines, les horaires de chacun de ces
films, mais, d’ores et déjà, affûtez vos crayons,
sortez vos agendas et notez quelques rendez-vous
à ne pas manquer.
Commençons par nos petits cinéphiles (dès 2, 3
ans). À chaque semaine, son film : Les fables de
M. Renard, Minopolska 2, Qui voilà ?, Les trois
brigands. Et, pour ces deux derniers, les premières
séances « Mes 1ers Cinés » de la saison (avec
animation, diplôme « Mes 1ers Cinés » et goûter
offert !).
C’est aussi la reprise des séances «Ciné Senior»,
en collaboration avec l’association «55 et plus» :
le vendredi 18 septembre, à 14h15, rires et
émotions seront au rendez-vous dans Marguerite,
avec Catherine Frot, en cantatrice détonante.
Musique, toujours, le mardi 22 septembre, à
partir de 20h, avec la soirée d’ouverture du 3ème
Festival Jazz en Berry : le film Michel Petrucciani
sera suivi d’un moment musical en compagnie
de Pascal Lacore au piano et Thierry Lieutaud
au saxophone !
Enfin, programme dense et varié pour nos
séances (Contre) Champs Libres :
Samedi 26 septembre, à 14h, Snow therapy
ouvre la 2ème saison du cycle cinéma et psycha-
nalyse, avec Hélène Girard et Damien Guyonnet,
psychanalystes de l’école de la cause
freudienne.
Vendredi 2 octobre, à 20h30, rencontre avec le
CODESPA 36, autour du film La belle endormie,
à l’occasion de La journée mondiale des soins
palliatifs.
Vendredi 16 octobre, à 20h30, Jean-Paul Jaud
lui-même sera présent pour échanger avec la
salle après la projection de son film Libres !
Stéphane Castro
Châteauroux Cinémovida
MARGUERITEde Xavier Giannoli
Ciné Senior (en partenariat avec l’association 55
et plus)
❯ vendredi 18 septembre, à 14h15
Ouverture du Festival de Jazz de Châteauroux
MICHEL PETRUCCIANIde Michael Radford
Ouverture du 3ème Festival de Jazz en Berry.
Pascal Lacore, directeur de la classe de jazz du
Conservatoire de musique de Châteauroux, et
Thierry Lieutaud, proposeront une évocation
musicale du monde de Petrucciani, à l’issue de
la projection
❯ mardi 22 septembre à partir de 20h
(Contre) Champs LibresSNOW THERAPY de Ruben Ostlung
Cycle Cinéma et Psychanalyse.
Hélène Girard et Damien Guyonnet, psychanalystes
de l’école de la cause freudienne, animeront la
discussion d’après film sur le thème « Faire couple
et liaisons inconscientes ».
❯ samedi 26 septembre à 14h
LA BELLE ENDORMIE de Marco Bellocchio
À l’occasion de La Journée Mondiale des Soins
Palliatifs, le CODESPA 36 proposera d’échanger à
l’issue de la projection.
❯ vendredi 2 octobre à 20h30
LIBRES ! de Jean-Paul Jaud
En présence du réalisateur.
❯ vendredi 16 octobre à 20h30
UNE ENFANCEde Philippe Claudel, France, 2015, 1h40avec Alexi Mathieu, Angélica Sarre, Pierre Deladonchamps, Jules Gauzelin, Patrick D’Assumçao...
Une petite ville industrielle de Lorraine. Jimmy, élève
de CM2, a déjà redoublé deux fois. L’an prochain,
ce sera enfin la 6ème. Mais avant, il y aura le long
été, fait d’ennui et de solitude, avec son demi-frère
Kevin, 8 ans. Deux enfants qui “poussent” comme
ils peuvent, entre leur mère qui vient de récupérer
leur garde après un séjour en prison, et son nouveau
compagnon de circonstance qui n’aide pas aux
retrouvailles familiales...
Après Il y a longtemps que je t’aime, Tous les
soleils et Avant l’hiver, Philippe Claudel redistribue
les cartes de son cinéma. Et c’est avec une équipe
réduite et sans entraves techniques, des visages
inconnus ou méconnus (dont Pierre Deladonchamps,
césarisé pour L’Inconnu du lac) qu’il se lance dans
son film le plus personnel. Car si cette enfance
n’est pas la sienne, cette petite ville l’est : Dombasle-
sur-Meurthe, une cité industrielle de l’extrême
banlieue de Nancy, où l’on passe sans transition
d’un quartier prolétaire à des maisons bourgeoises,
d’un champ à un entrepôt industriel, de rives bu-
coliques aux haut-fourneaux... Dans ce décor singulier,
tout cohabite, tout s’interpénètre, comme les
sentiments de Jimmy. Responsable de son petit
frère, témoin de la dérive d’adultes influençables
ou abusifs, Jimmy encaisse avec mutisme leur autorité
et sautes d’humeur, mais va lui aussi passer de
l’innocence à la violence. Claudel dessine un portrait
impressionniste de son petit cow-boy à vélo, à
travers une chronique à la fois sociale et poétique,
pudique et tragique. Et déclare redonner rendez-vous
à son héros dans trois et six ans !
B.M.
FOU D’AMOURde Philippe Ramos, France, 2015, 1h40avec Melvil Poupaud, Dominique Blanc, Diane Rouxel, Lise Lamétrie, Jean François Stévenin...
Un homme est guillotiné. Tombée dans son panier,
sa tête nous raconte alors son histoire : il ne nie
pas être coupable, mais se sent innocent. La voix
de Melvil Poupaud ne nous quittera plus, aussi
délectable que la vie de ce jeune curé qu’il était,
fraîchement muté dans un village idyllique au bord
d’une rivière. Un curé amoureux du Christ comme
des femmes, qui s’en va les cueillir comme les fruits
mûrs d’un jardin d’Eden. “Comment ne pas remercier
le ciel pour tant de grâce accordée ?”, s’extasie
l’amant en soutane, éclairé par Shakespeare et
Victor Hugo... mais bientôt aveuglé par la grâce
d’une apparition divine... Une nature panthéiste
filmée avec la sensualité d’un Guiraudie, des mots
qui évoquent les frères Larrieu, pour un film qui ne
ressemble qu’à du... Philippe Ramos. Après avoir
revisité les mythes du Capitaine Achab et de Jeanne
Captive, le réalisateur (qui est aussi auteur, opérateur
et monteur de son film) s’inspire cette fois d’un fait
divers sordide, qu’il transcende en conte savoureux.
Construit en plans fixes superbement cadrés, le
film est pourtant animé d’un mouvement constant.
Chaque tableau est comme un petit théâtre où
entrent et sortent les personnages, mais regorge
d’une vie ensoleillée, jusque dans ses hors-champs
champêtres. Ce Fou d’amour, raconté à la première
personne, ne sombre jamais dans l’étude psycho-
logique ou le discours moral. Même si l’amour fou,
du Ciel ou de la Terre, finit mal, en général...
C.V.
1918 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
Chers cinéphiles,
C’est la rentrée et nous sommes heureux de
pouvoir retrouver notre public dans cette nou-
velle édition. Ainsi que de partager de nouvelles
sensations.
Ce mois-ci sera rythmé par les drames qui auront,
chacun, un goût diffèrent. Nous retrouverons
La belle saison, relation d’une romance avec
Cécile de France et IzÏa Higelin qui découvrent
un amour qui va faire basculer leurs vies.
Ensuite, nous aurons le nouveau film de Jacques
Audiard, Dheepan, qui va nous faire s’évader.
Nous aurons trois films, Les mille et une nuits :
L’inquiet, le désolé et l’enchanté, qui vont nous
envoyer faire un tour dans l’Histoire, et, enfin,
ce drame familial avec Les chansons que mes
frères m’ont apprises, de Chloé Zao. Malgré ce
mois dramatique, nous allons, quand même,
pouvoir faire travailler nos zygomatiques, grâce
à Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau et Catherine
Deneuve, dans Le Tout nouveau testament, de
Jaco Van Dormael. Ce dernier livre une comédie
fantastique où la fille de Dieu lui-même nous
raconte son histoire. Paraît-il que celui-ci viendrait
de Bruxelles... J’aimerai, quand même, vous
préciser que, ce mois-ci, nous offrons une pro-
grammation de choix, car tous ces films ont été
nominés et/ou récompensés par un festival. Des
films à ne pas manquer, à venir voir entre amis
ou en famille.
Passez un mois de septembre agréable et, bien
sûr, cinématographique.
Amélie Jeantou.
Dole Les Tanneurs LA NIÑA DE FUEGOde Carlos Vermut, Espagne/France, 2h07avec Bárbara Lennie, José Sacristán, Luis Bermejo, Israel Elejalde...❯ Festival de San Sebastian 2014 : Coquillage d’or du Meilleur Film, Coquillage d’argent du Meilleur Réalisateur❯ Goya 2015 de la meilleure actrice
Luis, qui a urgemment besoin de blé, fait chanter la belle Bárbara, psychologiquement instable... qui, pour
se venger, demande l’aide de Damiàn, prof de maths... qui sort à peine de prison. Mais à trop jouer avec
le feu... L’intrigue est simple, mais les personnages complexes. Carlos Vermut, nouvelle coqueluche du
cinéma d’auteur espagnol (et chouchou d’Almodóvar), déroule des rebondissements haletants et un style
visuel sophistiqué, pour parler d’amour, de désir, d’obsession et de la part d’ombre de l’être humain, et
transformer le quotidien banal en un phénomène vénéneusement exotique.
VERS L’AUTRE RIVEde Kiyoshi Kurosawa, Japon, 2h07avec Fukatsu Eri, Asano Tadanobu, Komatsu Masao...❯ Cannes 2015, sélection Un Certain Regard : prix de la mise en scène
Après une longue absence, Yusuke revient au domicile
conjugal pour convier sa compagne Mizuki à un voyage
au cœur du Japon, à la rencontre de ceux qu’il a
croisés depuis ce jour où... il est mort, il y a trois ans.
Si le voyage qui mène le couple d’étape en étape,
comme la musique du film, sont d’une posture très
hollywoodienne, les situations mises en scène par
Kiyoshi Kurosawa (Cure, Tokyo Sonata) sont on ne
peut plus... japonaises. Le maître du “fantastique
étrange” au pays du Soleil-Levant nous embarque
dans un paisible périple peuplé de revenants. Yusuke
et Mizuki vont rendre visite à un vieux distributeur de
journaux, un couple de restaurateurs, un paysan...
Des morts qui attendent leur heure ou ceux qui les
regrettent parmi les vivants. Ici, on est loin des fantômes
vengeurs des “kaidan” d’épouvante, dans un quotidien
pétri de spiritualité extrême-orientale. Emporté par
une mort provisoire (sa mort physique), Yusuke se
prépare doucement à son véritable départ (la disparition
de son esprit). Que cet homme reste en ce monde
n’est que tout naturel dans cette culture nippone dans
laquelle il existe un verbe pour désigner le fait de
veiller et d’accompagner un mourant jusqu’à son
trépas : le mitoru. Vers l’autre rive – adapté du roman
“Kishibe no tabi” de Kazumi Yumoto – ne fait qu’étirer
ce concept dans l’espace et dans le temps, transfor-
mant la mort en un paisible commencement. Pour
peu que l’on ait su dire adieu.
A.A.
JE SUIS À VOUS TOUT DE SUITE de Baya Kasmi, France, 2015, 1h40avec Vimala Pons, Agnès Jaoui, Ramzy Bedia, Laurent Capelluto...
De mère “psy au foyer” française et de père “épicier
social” algérien, Hanna et Hakim expriment la mixité
de leur identité de manière diamétralement opposée.
La sœur, DRH malgré elle, a une vie sexuelle dé-
bridée et pour meilleure amie une prostituée. Le
frère, lui, a choisi la rigueur musulmane et rêve
d’immigrer dans la “mère-patrie” Algérie. Une né-
cessité médicale va obliger Hakim et Hanna, qui
font tout pour s’éviter, à “refaire corps”.
Fille d’un Algérien musulman et d’une Française
(elle-même issue de parents communistes, convertie
à la chrétienté... puis au bouddhisme et et à l’hin-
douisme), Baya Kasmi avait déjà célébré la France
des mélanges avec le scénario du Nom des gens,
réalisé par son compagnon Michel Leclerc. Elle
passe à la réalisation en transformant les angoisses
et obsessions de la France d’aujourd’hui en une
délicieuse matière à comédie. L’immigration, l’Islam,
le voile, le halal... Cette histoire de frère et sœur
fâchés rassemble sans complexe tous les sujets
qui fâchent, en faisant beaucoup d’allers et retours
dans le temps. Il y a dans le regard que Baya Kasmi
pose sur ses personnages et les situations qu’elle
pousse dans leurs paradoxes, à la fois de la critique
et de l’empathie. Et surtout, un humour à toute
épreuve qui donnera du grain à moudre aux intolé-
rants de tout poil, tout en répartissant du poil à
gratter sur les bien-pensants.
B.M.
LE TROUVÈREMusique : Giuseppe Verdi
Mise en scène : Sir David McVicar
Direction musicale : Marco Armiliato
Distribution : Anna Netrebko, Dolora Zajick,
Yonghoon Lee...
❯ samedi 3 octobre à 18h55
GISELLEMusique : Adolphe Adam
Chorégraphie : Youri Grigorovitch
Livret : Théophile Gautier & Jean-Henry Saint-
Georges
Distribution : Les Étoiles, les Solistes et le Corps
de ballet du Bolchoï
❯ dimanche 11 octobre à 17h – inéditEn direct de Moscou
OTELLOMusique : Giuseppe Verdi
Mise en scène : Bartlett Sher
Direction musicale : Yannick Nézet-Séguin
Distribution : Aleksandrs Antonenko, Sonya
Yoncheva, Željko Lučić...
❯ samedi 17 octobre à 18h55Nouvelle ProductionEn direct de New York, Opéra en italien sous-titré en français.
Dans toutes les salles CinémovidaLe Ballet du Bolchoï de Moscou & Metropolitan Opera en Direct de New York
2120 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
ASPHALTEde Samuel Benchetrit, France, 2015, 1h40avec Isabelle Huppert, Gustave Kervern, Valeria Bruni Tedeschi, Jules Benchetrit, Tassadit Mandi, Michael Pitt...
Non mais pourquoi, Monsieur Sternkowitz, qui habite
au 1er, paierait-il pour l’ascenseur de la copropriété ?
Il préfère encore ne jamais l’utiliser ! Une décision
qu’il risque fort de regretter le jour où, suite à un
excès de vélo d’appartement, il se retrouve en
fauteuil roulant. Pendant ce temps-là, plus haut
dans les étages, Charly, ado esseulé, observe sa
nouvelle voisine déboussolée, tandis que Madame
Hamida, reine du couscous, recueille un astronaute
dans sa cuisine...
Une barre d’immeuble de 10 étages, perdue dans
une ville en friche et peuplée de personnages qui
ont tous l’air de tomber – du ciel, d’un vélo, d’un
piédestal... Samuel Benchetrit réunit et enchérit ses
“Chroniques de l’asphalte”, écrites en 2005, dans
un film choral qui conte, sans naturalisme, la nature
de la banlieue.
Après Chez Gino et Un voyage, le cinéaste reprend
la structuration en sketchs de son J’ai toujours rêvé
d’être un gangster, formant des couples irrésisti-
blement décalés dans un cadre 1:33, devant une
caméra qui sait, au gré des situations, se faire
discrète, empathique ou sarcastique. Nourri de ses
contraintes de production et de tournage, renforcé
de son casting béton, Asphalte combine le concret
et l’absurde, le quotidien et le surréel pour filmer
les habitants de la cité, leur solidarité et leur solitude.
Sans angélisme ni gouaille feinte, mais un sens de
l’humour et de la récupération “pur banlieue”.
A.A.
Laon Le Forum
FATIMAde Philippe Faucon, France, 2015, 1h19avec Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche...
Fatima élève seule ses deux filles nées en France,
Souad, ado rebelle, et Nesrine, qui prépare le
concours de médecine. Elle trime pour payer
leurs études, s’efface pour maintenir leur cohésion
familiale, et suit des cours d’alphabétisation entre
ses heures de ménage. Car Fatima maîtrise mal
le français, ce qui la confronte au mépris plus ou
moins affiché des patrons, des proprios, et la
décale de ses filles qui ne parlent pas la même
langue qu’elle. Alors ce qu’elle ne peut pas leur
dire, elle va se mettre à l’écrire en arabe...
Philippe Faucon s’est inspiré du livre “Prière à la
lune” de Fatima Elayoubi, mais surtout de son
auteure qui devient le personnage de son si beau
film. Une anti-héroïne de cinéma, qu’il suit dans
un intime et infime quotidien, avec une pudeur
extrême et un respect immense. Chez Faucon,
rien n’est démonstratif. Sans aucun sentimenta-
lisme et sans plus simplifier qu’il ne le faisait dans
son film précédent, La Désintégration, il suit cette
fois le parcours de trois femmes qui “s’intègrent”,
chacune, peu à peu, s’affirmant comme elle le
peut.
La vérité de ses actrices – Fatima est une
non-professionnelle, ses deux filles sont des
apprenties comédiennes –, la justesse de son
regard et l’épure de la mise en scène font que
l’émotion est d’autant plus profonde. Le film est
comme son personnage ; sa discrétion fait sa
beauté, et son apparente simplicité recèle toute
sa subtilité. C.V.
L’ODEUR DE LA MANDARINEde Gilles Legrand, France, 2015, 1h51avec Olivier Gourmet, Georgia Scalliet, Dimitri Storoge, Hélène Vincent, Michel Robin...
À l’été 1918, Charles, officier de cavalerie, revient
du front où il a perdu une jambe, mais aussi tous
ses chevaux. Dépérissant dans son château, il
rencontre Angèle, une jeune infirmière qui, elle, vient
de perdre son grand amour, le père de sa fille. Ils
nouent une amitié complice qui les ramène à la vie,
et peu à peu vers un amour qu’ils n’osent s’avouer.
Mais le désir est-il possible lorsqu’on est amputé,
dans sa chair et son âme ?
En situant son histoire à une époque mortifère,
Gilles Legrand (Tu seras mon fils, La Jeune fille et
les loups...) ne rend que plus vibrante la passion
contrariée qui s’empare de ses deux éclopés, et
d’autant plus vitale leur relation au désir. Pour le
militaire dépossédé de sa virilité comme pour la
fille-mère au cœur blessé, il faudra entrer en guerre
pour reconquérir le plaisir. Comme l’évoque son
titre, le film est aussi sensoriel que sensible et réussit
à évoquer notre part d’animalité dans tout son
environnement – la relation au cheval, l’appel de la
forêt environnante où résonne le brame du cerf...
Il fallait pour cela la subtilité de deux comédiens
exceptionnels : Olivier Gourmet, aussi parfait en
officier qu’en ouvrier, et la jeune Georgia Scalliet,
de La Comédie-Française, pour la première fois au
cinéma. B.M.
Cher(e)s cinéphiles,
Les mois d’été viennent de s’écouler. Alors « Vive
la rentrée » avec une nouvelle édition de votre
mensuel Art & Essai.
Coup de chaud, de Raphaël Jacoulot, navigue
habilement entre drame et polar.
Les mille et une nuits : L’inquiet
Les mille et une nuits : Le désolé
Les mille et une nuits : L’enchanté, de Miguel
Gomes.
Le réalisateur portugais a choisi la forme de la
trilogie pour raconter la société portugaise en
temps de crise dans toute sa complexité.
La belle saison, de Catherine Corsini.
Un joli film, gai et triste.
Dheepan, de Jacques Audiard, est très prenant
comme film.
Le tout nouveau testament, de Jaco van
Dormael, se révèle hilarant et très tendre.
Youth, de Paolo Sorrentino, est à la fois malin
et doté d’un pas léger, sérieux et enivrant, vif
bien que luxuriant, mature et exubérant…
Life, d’Autan Corbijn.
Dane DeHaan jouera James Dean face à Robert
Pattinson.
The program, de Stephen Frears.
C’est la folle histoire vraie de Lance Armstrong,
le champion cycliste sept fois...
Marguerite, de Xavier Giannoli.
Un chef-d’œuvre absolu !
Une enfance, de Philippe Claudel, est le plus
abouti de ses films.
Much loved, de Nobil Ayouch.
Interdit au Maroc, les prostituées sont des
guerrières.
L’odeur de la mandarine, de Gilles Legrand.
Une étonnante histoire d’amour durant l’année
1918.
Bonne rentrée cinématographique à tous !
Valérie Vaugoyeau
2322 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
SUMMER D’Alanté Kavaité, Lituanie/France, 1h28Avec Julija Steponaityté, Aisté Dirziùté...
Sagaïlé, 17 ans, est éprise d’aviation. Mais lorsqu’en
cet été passé dans la campagne loin de Vilnius,
son regard croise celui de la belle et indépendante
Austé, ce sont d’autres sensations qui vont lui
donner le vertige.
“Bien que le film traite aussi des turbulences et
du comportement autodestructeur de l’adolescence,
dès l’écriture j’ai imaginé un film clair et léger car
avec le recul, les obstacles qui semblaient insur-
montables à cet âge-là se relativisent. En revanche,
les joies de l’adolescence restent aussi intenses.
Les moments d’angoisse et de souffrance
apparaissent aujourd’hui comme des étapes
nécessaires pour trouver l’équilibre, s’émanciper
et grandir.
Parlant d’adolescence, j’avais envie d’un film à la
fois très musical et d’une histoire d’amour avec
son aspect sensoriel, sensuel et sa force émotion-
nelle. Évacuer la question du genre et mettre en
avant la symétrie des corps m’a paru indispensable
pour concentrer le récit sur l’être humain en con-
struction qui est au cœur de cette histoire. J’ai
passé mon adolescence en Lituanie, un pays qui
a un rapport particulier, presqu’obsessionnel, à
l’aviation. Durant mes étés, j’assistais comme tous
à de nombreuses fêtes aériennes. Cet élément du
vécu lituanien tout à fait courant m’est apparu
comme une métaphore juste pour Sangaïlé.
La voltige aérienne, ce sport extrême, exige une
vraie maîtrise de soi et c’est justement ce qui
semble manquer à l’adolescente. Ainsi c’est contre
elle-même qu’elle devra se battre pour se libérer
et accéder à son rêve.” Alanté Kavaité
Manosque Le Lido
Chers cinéphiles,
Ce nouveau numéro ne manquera pas de vous
ravir à nouveau.
Avec, tout d’abord, la sortie nationale du film
d’Yves Angelo, Au plus près du soleil, avec Sylvie
Testud. La même semaine, vous pourrez retrouver
Jean-Pierre Darroussin, dans Coup de chaud, de
Raphaël Jacoulot, qui va permettre, à tous, à
coup sûr, de profiter encore un peu de la chaleur
estivale.
Dès le mercredi 16 Septembre, arrive la Palme
d’Or du Festival de Cannes 2015, Dheepan, de
Jacques Audiard. Vous découvrirez un film au-
dacieux et politique, non seulement parce qu’il
mélange les genres et n’est finalement pas là où
on l’attend, mais également parce qu’il ne cesse
d’agiter l’imaginaire de l’époque.
Ensuite, Xavier Giannoli mènera le public dans
le Paris des années 20 avec Marguerite ; Laurent
Laffargue, lui, vous conduira dans le sud-ouest
de la France, avec son dernier film Les rois du
monde. Nous proposons également, le dernier
film de Woody Allen, L’Homme irrationnel.
Vous aurez l’opportunité de voir la trilogie des
films de Miguel Gomes, Les mille et une nuits :
L’inquiet, puis Le désolé, et, enfin, L’enchanté.
Il s’agit d’un film en trois parties, dont chacune
sort séparément. Un défi pour le réalisateur,
étant donné la polémique qui enfle autour de
son œuvre.
Et bien d’autres films qui feront voyager le spec-
tateur au rythme des semaines…
À vos Agendas.
Williams Hourantier
TAJ MAHALde Nicolas Saada, France, 2015, 1h30avec Stacy Martin, Louis-Do de Lencquesaing, Gina McGee, Alba Rohrwacher...❯ Mostra de Venise 2015 : Sélection Orizzonti
Louise, 18 ans, suit sa famille en Inde où son père
vient d’obtenir un poste. En attendant d’emménager
dans une maison, la famille est logée dans une
suite du palace Taj Mahal. Un soir, pendant que
ses parents dînent en ville et qu’elle est restée
seule dans sa chambre, l’hôtel devient la cible
d’une attaque terroriste. Avec son téléphone
comme seul lien avec l’extérieur, Louise va traverser
une longue nuit...
Nicolas Saada prolonge le chemin qui l’a mené
des colonnes des Cahiers du Cinéma à la réalisation
d’Espion(s) avec un nouveau thriller, qui reconstitue
l’attaque terroriste de 2008 sur l’hôtel Taj Mahal
de Mumbai. L’événement, exclusivement restitué
du point de vue de la jeune héroïne (et de ses
parents perdus dans le chaos de la ville), donne
lieu à un film-catastrophe intime. À la fois réaliste
et stylisé, reposant sur la gracieuse intensité de
la jeune Stacy Martin, révélation de Nymphomaniac.
B.M.
SICARIOde Denis Villeneuve, USA, 2015, 2h01avec Emily Blunt, Benicio del Toro, Josh Brolin, Jon Bernthal...
Drogue, immigration clandestine, corruption, enlèvements, assassinats... Kate, agent du FBI, n’est qu’un
témoin impuissant des boucheries commises par les cartels mexicains au cœur même du territoire amé-
ricain. Elle n’hésite donc pas longtemps avant de rejoindre l’équipe de l’agent spécial Matt Graver et de
son mystérieux collègue colombien Alejandro, chargée d’exfiltrer un haut nom de la pègre. Une mission
qui va les placer autant hors de la loi que les hors-la-loi qu’ils traquent...
Sur un scénario du comédien Taylor Sheridan (le policier David Hale de la série Sons of Anarchy), le
Canadien Denis Villeneuve (Incendies, Prisoners, Enemy) rend compte implacablement de l’évolution
des cartels dans le Nord du Mexique et de la manière dont les autorités américaines traitent le “problème”
de leur côté, quitte à déplacer les frontières géographiques et morales. La fin justifie-t-elle tous les moyens ?
Jusqu’où peut-on aller pour éradiquer le mal avant de finir par l’incarner ?
Entre les maisons de la mort des lotissements bourgeois du Texas et les villes frontières poussiéreuses
du désert de Chihuahua, la candide mais pugnace Kate se retrouve au cœur d’un champ de bataille où
la guerre contre la drogue est devenue une guerre “pour” la drogue. Pour en rendre compte, Sicario,
thriller organique aux personnages shakespeariens, se transforme progressivement en un western où,
comme la nuit américaine de ses caméras thermiques, l’ombre finit par remplacer la lumière. A.A.
11ÈMES RENDEZ-VOUS DU CINÉMA D’ANIMATION
du 14 au 23 octobre 2015, en par-tenariat avec la MJC de Manosque.
Six films seront à l’affiche. La pro-grammation est en cours, merci de consulter votre cinéma pour plus d’informations.
Phantom Boy
2524 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
L’annonce d’une belle saison,
Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle édition
de votre magazine «Art’Ciné».
Au programme ces prochaines semaines :
Coup de chaud, de Raphaël Jacoulot
Le scénario est inspiré d’un fait divers qui s’est
déroulé dans la région d’origine de Raphaël
Jacoulot.
La belle saison, de Catherine Corsini
La Belle saison rend un très bel hommage à ces
femmes qui, en plein cœur des années 70, ont
su se faire entendre avec courage et détermi-
nation.
Dheepan, de Jacques Audiard
Dheepan est un drame sur fond de rédemption.
L’évocation de cette fausse famille, recomposée
sur des traumatismes, est le cœur même du récit
qui prend le temps de s’attarder sur ses deux
principaux personnages.
Le tout nouveau testament,
de Jaco van Dormael
Il regorge d’originalité. Benoît Poelvoorde y
joue à merveille le rôle de dieu alliant humour
et sérieux.
Life, d’Anton Corbijn
Anton Corbijn a été choisi pour réaliser Life,
d’abord en raison de son expérience personnelle
de photographe, mais surtout parce qu’il a vécu
cette amitié qui naît entre l’artiste et celui qui
le photographie ou le filme.
Marguerite, de Xavier Giannoli
Marguerite marque le retour de Catherine
Frot au cinéma après trois ans d’absence depuis
la sortie de la comédie, Les Saveurs du palais, de
Christian Vincent, en 2012.
Et bien d’autres films encore...
En vous souhaitant de bonnes projections.
Tony Waeghe
Soissons Le Clovis L’HOMME IRRATIONNELde Woody Allen, USA, 2015, 1h36avec Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey, Jamie Blackley...
Un prof de philo en pleine déprime existentielle
arrive dans sa nouvelle université, précédé d’une
réputation brillante et sulfureuse, mais aussi impuis-
sant face aux avances torrides d’une collègue qu’à
l’avidité intellectuelle de sa meilleure étudiante.
Jusqu’au jour où, ayant surpris une conversation
qui le révolte, il décide de se rendre enfin utile... en
commettant un meurtre. Il retrouve alors toute sa
vigueur...
Le Woody Allen de l’année est aussi noir que jubi-
latoire ! C’est un conte (im)moral dans la lignée de
Crimes et délits et de Match Point, dont on retrouve
le subtil équilibre entre comédie romantique et polar,
stimulé par une mécanique diabolique qui mène la
démonstration intellectuelle jusqu’à... l’irrationalité
criminelle. Rien de fondamentalement nouveau chez
le cinéaste, qui poursuit ses variations sur le sens
de l’existence et le rôle du hasard dans nos vies,
mais avec une maestria de chaque instant. Menant
son récit avec un suspense hitchcockien, des
dialogues jouissifs et ce qu’il faut de références
littéraires – sans prise de tête ni prétention méta-
physique –, Woody semble filmer comme il respire,
avec une fluidité, une légèreté jusque dans le cynisme,
qui procure un pur plaisir... coupable.
C.V.
MON ROIde Maïwenn, France, 2015, 2h08avec Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel, Louis Garrel, Isild Le Besco...❯ Cannes 2015 : Prix de la meilleure interprétation féminine pour Emmanuelle Bercot
Lorsque Tony est admise dans un centre de réé-
ducation et de convalescence près de l’océan, il
n’y a pas que son genou qui est en morceaux. Dans
sa retraite douloureuse, la jeune femme va convoquer
les souvenirs de cet homme qui a été son roi... et
son tyran.
Un règlement de comptes familial (Pardonnez-moi),
des tribulations d’actrices (Le Bal des actrices) et
le quotidien d’une brigade des mineurs (Polisse) :
toutes les réalisations de Maïwenn ressemblent à
des expériences intimes transposées avec spon-
tanéité sur grand écran. Mon roi ne déroge pas à
la règle. Et pourtant, si ce récit intro et rétrospectif
semble tant parler d’elle, c’est peut-être tout sim-
plement parce qu’il nous parle à tous...
La rencontre, le coup de foudre, le bonheur :
Mon roi débute par la description de l’amour sincère
qui lie Tony et Georgio, qui expliquera pourquoi ces
deux-là n’auront de cesse de revenir l’un vers l’autre.
Car aux temps heureux succèdent les conflits, les
névroses, la manipulation, la maltraitance
psychologique... Tony peut être émotive, jalouse,
violente. Mais Georgio, lui, est cruel. Maïwenn
déroule les 10 ans et multiples étapes de leur
passion toxique, qu’elle aère régulièrement des
paysages et de la légèreté des jeunes du centre
de rééducation auprès desquels Tony sort progres-
sivement de sa torpeur douloureuse. Vincent Cassel
et Emmanuelle Bercot (consacrée par le prix d’in-
terprétation féminine au Festival de Cannes) figurent
magistralement cette intimité singulière qu’est le
couple, royaume à topographie changeante de
construction et de destruction, où le seul être qui
sait vous faire autant de mal est aussi le seul capable
de vous consoler. A.A.
BELLES FAMILLES de Jean-Paul Rappeneau, France, 2015, 1h53avec Mathieu Amalric, Marine Vacth, Gilles Lellouche, Nicole Garcia, Karin Viard, Guillaume de Tonquedec, André Dussollier...
Installé depuis plus de 10 ans à Shangai, Jérôme
profite d’un voyage d’affaires en Europe pour
résoudre une affaire privée dans la campagne
française : son ancienne maison de famille semble
être devenue le centre névralgique d’un conflit
local dans sa petite ville natale d’Ambray. Mais à
son grand désarroi, l’échappée provinciale n’en
finit pas de se prolonger, de se compliquer, et
de déterrer les secrets de famille les mieux
gardés...
Jean-Paul Rappeneau derrière la caméra, c’est
toujours un événement : de La Vie de château au
Hussard sur le toit, en passant par Le Sauvage
et Cyrano de Bergerac (ou encore le scénario
oscarisé de L’Homme de Rio), le réalisateur de
83 ans aujourd’hui peut se vanter d’une filmo-
graphie restreinte, mais incontournable. Et ce
n’est pas moins de douze ans après son Bon
voyage qu’on le retrouve enfin aux commandes
d’un de ces films élégants dont il a le secret, qu’il
co-scénarise ici avec son fils Julien (l’autre fils,
Martin, est à la musique) et Philippe Le Guay
(Alceste à Bicyclette, Floride). Un film au casting
étincelant et au rythme enlevé, qui parle, entre
comédie chorale et fresque romanesque, de la
France ancienne et du monde moderne...
tout autour. B.M.
2726 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Les Films du mois
Jeune Public
LES FABLES DE MONSIEUR RENARDprogramme de 6 courts métrages d’animation, de Lena Von Döhren, Yawen Zheng, Evan Derushie, Lisa Matuszak, Fatemeh Goudarzi, Sabrina Cotugno, 2015, 39mm, à partir de 3 ans
Explorant les bois ou la ville, six renards partent en quête de nourriture, d’amis et d’aventures. Un pro-
gramme de 6 films courts autour de l’animal le plus rusé et malicieux : Monsieur Renard.
LE VOYAGE DE TOM POUCE3 courts métrages d’animation de Bretislav Pojar, Frantisek Vasa, Bara Dlouha, République Tchèque, 57 mn, à partir de 5 ans
Un Roi qui promet la main de sa fille à la personne qui réussira à la faire rire ; un pêcheur qui se voit
proposer par le Poisson Roi de lui exaucer un vœu ; et enfin les aventures périlleuses d’un garçon de très
petit taille... Trois contes animés enchantés (marionnettes, plastique ou papier découpé), par les studios
producteurs du Jardinier qui voulait être roi.
LES CONTES DE LA MERde Aleksandra Zareba, Ignacio Ruiz, Gabriela Salguero et Partel Tall, Allemagne/Chili/Estonie, 2013, 45 mn, à partir de 3 ans
Le Petit Bateau en Papier Rouge, Enco - Une
Traversée à Vapeur, Le Bonhomme de Sable : trois
courts métrages en techniques d’animations diffé-
rentes, pour découvrir le monde de la mer.
PIERRE ET LE LOUPde Suzie Templeton, GB, 2006, 33 mnen avant-programme : Le Loup blanc de Pierre-Luc Granjon, France, 2006, 8 mn, durée totale : 41 mn, à partir de 7 ans
Le conte musical de Prokofiev (1936) revit à travers de
magnifiques marionnettes animées, entre réalisme et
poésie. Oscar du Meilleur court métrage et Grand Prix
au Festival d’Annecy.
LILLA ANNAde Per Åhlin, Lasse Persson et Alicja Björk, Suède, 47 mnavec les voix françaises de Dominique Besnehard, Anna Tessier, Isabelle Brocal, à partir de 3 ans
Petite Anna (Lilla Anna en suédois) est aussi petite
que son Grand Oncle est grand, mais elle est
beaucoup plus débrouillarde et courageuse que
lui ! C’est ensemble qu’ils cueillent des pommes,
partent à la pêche ou font un gâteau, croqués avec
malice par les créateurs de Laban le petit fantôme.
LES NOUVELLES AVENTURES DE GROS-POIS ET PETIT-POINTde Uzi et Lotta Geffenblad, Suède, 2013, 44 mn, à partir de 3 ans
Gros-pois et Petit-point savent transformer le
quotidien en situations cocasses et rigolotes. Un
nouveau programme de courts métrages qui évoquent
la découverte de soi et des autres, avec une sen-
sibilité qui s’adresse aux tout-petits.
MINOPOLSKA 2programme de 5 courts métrages, Pologne, 1958-67, 46 mn, à partir de 3 ans
Cinq courts métrages de divers auteurs, témoignant
de toute la créativité et de la diversité de l’animation
polonaise des années 60 : dessin animé, papiers
découpés, marionnettes et pâte à modeler.
Jeune Public
2928 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]
Jeune PublicJeune Public
PETITES CASSEROLESprogramme de 6 courts métrages d’animation de Uzi et Lotta Geffenblad, Connor Finegan, Eric Montchaud, Anna Kadykova, Beatrice Alemagna, Giuseppe Bianchi, 41 mn, à partir de 4 ans
Dougal rêve de voler, Aston de fêter son anniversaire
et Anatole de se faire des copains mais, pour eux,
les choses ne sont pas toujours aussi simples.
Avec courage et humour, nos héros vont pourtant
trouver le moyen de dépasser leurs peurs ou leurs
singularités qu’ils traînent... comme des petites
casseroles. Un joli programme international qui
raconte l’aventure quotidienne de l’enfance.
ANINAde Alfredo Soderguit, Uruguay/Colombie, 2013, 1h18, à partir de 5/6 ans
La petite Anina Yatay Salas n’aime pas son nom
car c’est un palindrome – on peut le lire dans les
deux sens – ce qui lui vaut moqueries et bagarres
dans la cour d’école. Un jour, en guise de punition,
la directrice lui remet une étrange enveloppe scellée...
Adapté d’un roman pour enfants de Sergio Lopez
Suarez par un jeune illustrateur uruguayen acharné
(8 ans de travai), ce long métrage inventif et coloré
sait recréer avec finesse le monde, les rêves et les
émotions d’une gamine de 10 ans, tout en l’inscrivant
dans la vie quotidienne à Montevideo. Belle
découverte.
PHANTOM BOYde Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, France, 2015, 1h24Avec les voix de Audrey Tautou, Jean-Pierre Marielle, Édouard Baer, Gaspard Gagnol, Jackie Berroyer..., à partir de 5/6 ans
Blessé par un mystérieux gangster au visage cassé,
Alex l’inspecteur de police fulmine. Comment
coincer le hors-la-loi maintenant qu’il est lui-même
coincé à l’hôpital ? Léo, petit malade de 11 ans
qui possède l’étrange faculté de sortir de son
corps pour s’envoler à travers la ville, va l’aider à
reprendre son enquête. Après le succès d’Une
vie chat, Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli inter-
nationalisent leur nouveau polar pour enfants avec
un décor new-yorkais, dessiné avec des craies à
la cire sur papier. Pour une enquête policière
mâtinée du fantastique propre aux Comics, où Léo
remportera une victoire à la fois contre un dangereux
malfaiteur et... sa maladie.
QUI VOILÀ ?de Jessica Lauren, Suède, 2013, 32 mnavec la voix d’Hippolyte Girardot, à partir de 3 ans
Dans un univers aux couleurs pastels, 8 histoires animées pour aborder le
quotidien des tout petits : dormir pour la première fois chez un copain, être
malade, être le meilleur, faire le ménage, avoir un petit frère...
LE PETIT MONDE DE LEOde Giulio Gianini, Suisse, 30 mn, à partir de 3 ans
Un crocodile debout sur deux pattes, trois grenouilles bavardes, un mulet
paresseux, un petit poisson au fond de son étang... Venez découvrir le monde
de Leo Lionni, peintre et auteur de livres pour enfants aussi poétiques que
philosophiques, dans 5 contes adaptés par son ami Giulio Gianini, pionnier
du cinéma d’animation italien.
LES TROIS BRIGANDSde Hayo Freitag, Allemagne, 2007, 1h15, à partir de 4 ans
Quand la diligence de la petite Tiffany est attaquée par trois brigands patibu-
laires, elle est ravie ! L’univers délicieusement épouvantable de Tomi Ungerer,
dans sa première adaptation en long métrage.
Châteauroux :Mes 1ers Cinés !1 film, 1 diplôme, 1 animation et 1 goû-ter (offert par La Mie Câline)
QUI VOILÀ ?de Jessica Laurén.❯ samedi 26 septembre à 16h et mercredi 30 septembre à 15h30
LES TROIS BRIGANDS de Hugo Freitag.❯ mercredi 14 octobre à 15h30 et samedi 17 octobre à 16h
3130 [du 9 septembre au 27 octobre 2015]