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Collection Voie d'Accès dirigée par Pascal Chipotexcerpts.numilog.com/books/9782869551312.pdf ·...

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Collection Voie d'Accès dirigée par Pascal Chipot

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Coordination : Rémy Knafou Avec le concours de : Mireille Bruston, Florence Deprest et Philippe Duhamel.

Illustrations : Patricia Welinski

EDITIONS DE L'EST

s a i n t ◢

D E S V O S G E S

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La photo de couverture reproduit l'affiche du 2e Festival de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges conçue pa r PM Conseil-Epinal

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PREFACE

Actua l i t é d u t h è m e

des villes géantes

Le jour même où le deuxième Festival international de géographie de Saint-Dié- des-Vosges s'ouvrait, se terminait à Montréal le troisième sommet des grandes villes du monde.

A l 'ouver ture de ce sommet, M.

Shunichi Suzuki, maire de Tokyo, avait notamment déclaré : « Le vingtième siècle a été celui de l 'urbanisation. Le vingt et unième siècle sera celui des mégapoles.».

En consacrant ses débats aux

« Mégalopoles et villes géantes », le Festival international de géographie de Saint-Dié- des-Vosges avait, à l 'évidence, choisi un thème majeur de notre époque. Et en déci- dant de mettre l'accent plus particulièrement sur les relations entre la ville géante et son environnement, en sous-titrant le thème de

l'année « Pour une écologie urbaine », nous souhaitions clairement ne pas nous can- tonner dans des débats historiques ou uni- quement constatifs mais nous engager éga- lement sur la voie de la recherche de solu-

tions. Car le défi majeur de la croissance urbaine des villes géantes, qu'elle soit désor- mais lente dans les pays riches ou encore très rapide dans le Tiers Monde, réside bien dans les liens entre la société et l'environ- nement.

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En retenant ce thème, nous souhaitions également faire la démonstration que la géo- graphie, science profondément renouvelée mais à l'image encore souvent poussiérieu- se, savait aborder les questions importantes de notre époque, au côté des autres sciences de l'homme et de la société.

C'est ainsi que le Festival internatio- nal de géographie de Saint-Dié-des-Vosges a pu permettre, à la fois, de mettre en valeur les très nombreuses recherches des géo- graphes sur les terrains de la ville géante, dans les pays industriels comme dans le Tiers Monde, et de confronter, selon une formule déjà éprouvée la première année, leurs analyses à celles d'autres scientifiques, mais également à celles d'acteurs de la vie urbaine et de décideurs, qu'ils appartiennent au monde politique, au champ de l'admi- nistration ou au domaine de l'économie.

Un l ieu e t u n h a u t l ieu

Dire que cette confrontation a été faci- le et toujours réussie serait évidemment excessif, car nous n'avons pas encore suf- fisamment en France l'habitude de rassem-

bler des compétences appartenant à des ordres aussi différents et, donc, de trouver

immédiatement un langage commun tout en abordant le fond de vraies questions.

En tout cas, il est important de savoir que le Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges a, aussi, l'ambi- tion d'être l'un des lieux de cette confron-

tation des idées et des expériences sans laquelle nous ne progressons pas.

Le lieu, pour des géographes, c 'es t important. On sait que, pour Paul Vidal de la Blanche, la géographie était « la science des lieux ». Pour les géographes d'aujourd'hui, le lieu a au moins une double signification : c 'es t un élément, parmi d'autres, d 'une structuration de l'espace; mais c'est aussi, lorsqu'il est « haut », un symbole à valeur territorialisée.

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Saint-Dié, au coeur des Vosges, où, en 1507, des savants baptisèrent le Nouveau Monde « America », répond bien à cette double définition : lieu de la France de l'Est,

à laquelle Vidal de la Blache consacra peut- être son livre le plus novateur, la ville, par son festival de géographie qui renoue avec cette filiation négligée pendant près de cinq siècles, est également un « haut lieu » de la géographie vers lequel pendant trois jours, désormais, convergent des géographes de nombreux pays, à la rencontre de multiples publics.

U n é v é n e m e n t e t u n ou t i l

Car le Festival international de géo- graphie de Saint-Dié-des-Vosges est aussi un événement d'un genre nouveau : un fes- tival scientifique, c'est-à-dire un rassem- blement important autour d'une science, la géographie.

Pendant trois jours, à travers de mul- tiples sources et formes d'information (ate- liers, expositions, conférences, projections de films et documentaires, grandes et petites tables rondes, etc.), le Festival a permis la rencontre d 'un vaste public - trente mille personnes selon les organisateurs - et d'une science méconnue en plein renouveau.

Depuis de nombreuses années, les géo- graphes regrettaient de ne pouvoir avoir ce contact avec le grand public. Avec ce Festival, c'est maintenant chose faite. En

outre, parallèlement aux activités destinées au grand public, se mettent en place des ren- contres professionnelles et l 'événement devient ainsi un outil au service de tous les

partenaires de la géographie qui sont inté- ressés, soit à mieux la connaître, soit à mieux la faire connaître: administrations, classes

préparatoires aux Grandes Ecoles, collecti- vités territoriales, enseignement secondai- re, entreprises, recherche scientifique et uni- versités.

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Un lieu, un événement et un outil, voilà

l'ambition du Festival international de géo- graphie de Saint-Dié-des-Vosges, où, durant trois jours, spécialistes et grand public par- lèrent de mégalopoles et de villes géantes, d 'environnement et d 'écologie urbaine, d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Ce livre en est l'écho assourdi.

Rémy Knafou Directeur de recherche au C.N.R.S.

Directeur du laboratoire INTERGEO Directeur scientifique

du

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DISCOURS INAUGURAL

La sixième planète était une planète dix fois plus vaste. Elle était habitée par un vieux monsieur qui écrivait d'énormes livres.

« Tiens voilà un explorateur » s'écria-t- il quand il aperçut le petit prince. Le petit prince s'assit sur la table et souffla un peu. Il avait déjà tant voyagé ! « D'où viens-tu » lui dit le vieux monsieur. Quel est ce gros livre ? dit le petit prince. Que faites-vous ici ? Je suis géographe dit le vieux monsieur.

Qu'est ce qu'un géographe ?

C'est un savant qui connaît où se trou- vent les mers, les fleuves, les villes, les mon- tagnes et les déserts.

Ça, c'est intéressant, dit le petit prince. Ça, c'est enfin un vrai métier.

Et il jeta un coup d'oeil autour de lui sur la planète du géographe, il n'avait jamais vu encore une planète aussi majestueuse... »

Et bien, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs, cette introduction, tirée d'un de nos livres d'enfants nous conduit direc- tement aux raisons qui ont conduit la ville de Saint-Dié-Des-Vosges, l'an dernier, cette année, au cours des prochaines années bien sûr, à organiser ce Festival International de Géographie.

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Notre ville est, toute entière, heureuse

de vous accueillir pour ce deuxième Festival international. Après le premier, consacré aux partages du monde, celui ci évoquera, avec force, animation, récréation, récréation

et surtout contenu scientifique de très haut niveau, les mégalopoles et l'écologie, la ville monstre.

Je voudrais remercier à nouveau pour sa présence et pour le travail remarquable qu'il a déjà accompli pour ce festival, Joël de Rosnay, notre président. Nous qui le connaissons par ses nombreuses émissions

de radio, par ses articles de presse, par l'ani- mation (aussi, je devrais le préciser d 'emblée) qui est la sienne à la Cité des Sciences de la Villette où il tient un rôle tout

à fait prépondérant dans le domaine scien- tifique, ...

Merci à vous tous, savants du monde

entier, de tous les continents, qui, au cours de ces trois jours, allez montrer que la géo- graphie est une science universelle, et bien vivante.

Merci à tous les membres du Comité

scientifique, réuni autour de Rémy Knafou, à qui je fais aussi une mention tout à fait particulière, car il est la cheville ouvrière de ce Festival International de Géographie. Il a, depuis des mois et des mois, contribué à organiser les colloques, conférences, les réflexions qui seront les nôtres au cours de ce festival. Merci à Rémy Knafou et au labo- ratoire Intergéo. Merci à Hubert Curien, Ministre de la recherche scientifique, que vous représentez ici Monsieur le Préfet, puisque le soin constant du Ministère de la recherche scientifique et d'un certain nombre d'autres ministères, qui figurent au rang de nos mécènes, a été précieux, là aussi, pour organiser ce festival.

Merci à nos mécènes très nombreux et

très généreux, qui permettent d'organiser des expositions, et le déroulement de notre festival. Leur nom, et ceci est important, est gravé sur tous les documents qui vous seront distribués pendant ces trois jours.

Notre ville a en effet, une légitimité par- ticulière à se préoccuper de géographie et à être, en quelque sorte, une militante de la

géographie. 1507, pour la première fois dans l'histoire du monde, le mot « america » est écrit sur une carte et comme le disait

Antoine Bailly, tout à l'heure, la première délimitation, parce que la géographie c'est aussi délimiter des territoires, qui marquaient entre Terre Incognita, Terra Ultra Incognita, et « America » la limite du monde connu.

Quelle aventure humaine !...

Merci, devrais-je dire, à Vautrin Lud et à son équipe d'avoir donné ses lettres de noblesse à la Géographie de Saint-Dié-des- Vosges et, par là, à la culture de Saint-Dié- des-Vosges et à la région Lorraine toute entière.

La légitimité, c'est aussi, bien sûr, le

fait que Jules Ferry ait été député de cette circonscription. La fondation de l 'école laïque, mais également l'aventure coloniale, le Tonkin présent dans les salles de classes sur les cartes anciennes, que nous avons tous certainement en souvenir, nous le devons à

Jules Ferry. Je devrais dire qu'il y a égale- ment une légitimité contemporaine, puisque le contrat de ville, Monsieur le Préfet, que nous avons signé avec l 'Etat , est une réflexion sur l ' espace urbain, est une réflexion sur le rôle de la ville dans son envi-

ronnement ; est une réflexion sur l'équilibre

que représente la cité dans le développement économique et social, et notre contrat de ville, est une certaine manière, une façon de

faire de la géographie. Nous sommes géo- graphes quand nous nous penchons sur l'urbanisme de la cité, quand nous voulons mieux équilibrer l'emploi industriel, quand nous nous préoccupons de communication, quand nous repensons le rôle de l'eau et du fleuve dans la ville, quand nous abordons les problèmes très complexes de l'équilibre écologique de la cité et de son développe- ment.

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Pendant ces trois jours, nous n'allons pas parler des villes moyennes, nous n'allons pas parler des villes que j'appellerais « ville d'équilibre », comme l'est Saint-Dié-des- Vosges. Nous allons plutôt parler d'un cer- tain nombre de déséquilibres. Nous allons approfondir les sources et la nature des désé- quilibres, déséquilibres profonds que ren- contrent les villes géantes contemporaines. Elles ont pour nom Mexico, 22 millions d 'habi tants , 26 mill ions en l ' an 2000, « Kinsasha, connu au cours de ces dernières

heures pour avoir été le théâtre d'émeutes extrêmement graves, 5 millions d'habitants, plus 10% par an, c'est à dire grosso modo, un doublement en dix ans », Sao Paulo, 20 millions d'habitants, 24 millions en l 'an 2000 ; Le Caire et tant d'autres cités... Il fau-

drait, peut être, en citer une cinquantaine qui, par leur développement extrêmement rapide, peuvent être qualifiées soit de méga- poles, soit de mégalopoles et la discussion en elle-même est porteuse d'analyses et de réflexions scientifiques.

Comme apparaît, tout petit au fond, parmi ces mégalopoles, notre Paris, un peu plus de 2 millions d'habitants, 9 millions avec sa banlieue. Comme apparaît dérisoire cette capitale, si connue dans le monde et qui est une des rares à voir décroître sa population. Entre les deux recensements, Paris perd 30 000 habitants, tandis que la couronne, la grande banlieue parisienne gagne 521 000 habitants. Comme apparais- sent, au fond, petites nos mégalopoles euro- péennes : qu 'el les s 'appellent La Ruhr, Milan, Turin et l 'ensemble de l'Italie du

nord, qu'elles s'appellent la toute petite, la microville de Lyon, Marseille, qui sont pour- tant pour nous à notre échelle, des villes très importantes.

Comme il faut relativiser les choses,

quand nous réfléchissons sur les mégalo- poles, comme il faut replacer aussi les pro- blèmes. Nous avons en tête ces dysfonc- tionnements, comme on dit aujourd'hui, de la ville européenne : il y a quelques années,

les émeutes à caractère racial, à Manchester,

à Birmingham, dans les villes anglaises, les émeutes ou la violence plus exactement dans les banlieues françaises, la région lyonnaise, Vaulx-en-Velin, Mantes, au mois de mai-

juin. Bref, nous avons présent à l'esprit un certain nombre d'événements mais qui doi- vent, eux aussi, être replacés en perspecti- ve dans la réflexion que nous allons mener ensemble. Car, que sont nos problèmes ? - ils sont graves - mais que sont-ils par rap- port à l'ampleur, à l'intensité au caractère inhumain, écrasant, des problèmes des villes que je viens de citer, les problèmes des villes de la pauvreté, des villes de la solitude, des villes de la drogue ? J'étais à Montréal, il y a deux ans, et un colloque entier était consa- cré au problème de la lutte contre la drogue et de ses conséquences sur la violence, le déracinement, l'exclusion, dans les villes américaines.

La représentante des maires américains était là pour nous dire que, pour eux, c'était le problème principal du mauvais fonction- nement de la ville. Il n'était pas maîtrisable à leurs yeux, et nous réfléchissions, à plu- sieurs centaines de maires du monde entier,

à la manière, aux moyens, qu'il fallait mettre en oeuvre pour lutter contre cette pauvreté, cette solitude, cette drogue, cet écartèlement du tissu humain, des mégalopoles, des très grandes villes.

Et puis, nous avons, bien sûr, présents à l'esprit, tous les problèmes de cohabitation des communautés d'origines ethniques dif- férentes. Nous avons, présents aussi, la gan- grène de la haine et du racisme qui sont hélas, parfois, (pas toujours, ne généralisons pas), le quotidien de certaines de ces méga- lopoles.

Alors que la ville a représenté pendant des siècles, le foyer, le centre, l'aiguillon du progrès. De la Grèce au Moyen Age, la ville a constitué le vecteur par lequel le progrès de la civilisation, le progrès de l'homme, est passé ; aujourd'hui serait-elle devenue, à l'inverse, le lieu de l'exclusion, le lieu de la

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contradiction, le lieu de la démolition de l'homme.

François Mitterrand, président de la République, disait il y a quelques mois à Bron, « On a voulu industrialiser la ville, les conséquences en sont l'ennui, le déses- poir, la révolte. Il faut casser partout le mécanisme de l'exclusion, sans quoi il n'y aura pas d'identité, pas de dignité, pas de citoyenneté. »

Je crois, j'y reviendrai dans un instant à propos de la géographie, qu'il y a là comme la définition d'un vrai travail humain

et scientifique sur la ville.

La ville qui est aussi le lieu de la crois- sance économique, le lieu de l'innovation, le lieu de la science, le lieu de la communi- cation. Que ne nous a-t-on pas raillé de vou- loir organiser un colloque de ce niveau, lorsque nous avons il y a deux ans mainte- nant, décidé de réfléchir sur la géographie ?

Quoi, un colloque scientifique à voca- tion internationale, dans une ville qu'on ne voit même pas sur la carte et qui s'appelle Saint-Dié-des-Vosges ? Et bien, grâce à vous tous, nous avons relevé ce défi, nous avons fait en sorte que cette ville soit aussi, mal- gré sa taille, le lieu de l'innovation, de la réflexion, de la communication. Qu'elle soit le lieu où l'on peut vivre à l'aise, vivre plus heureux, qu'elle soit le lieu où l'on peut aussi, à contrario, réfléchir sur les autres problèmes des autres villes nous qui trai- tons, je l'indiquais en commençant mon pro- pos, globalement des problèmes de la cité.

Nous qui savons qu'une des principales définitions de la ville mégalopole, de la ville monstre contemporaine, est que l'on habi- te très loin du lieu où l'on travaille. Et, qu'entre ces deux lieux de résidence et de travail, il y a d'énormes problèmes qui ne sont pas simplement des problèmes de trans- port, mais qui sont des problèmes de nature de civilisation.

Et le grand mot est jeté. Et le grand mot fait presque peur tellement il engage de réflexions, d'inquiétudes et d'interrogations. Civilisation, oui, car la ville c 'est aussi

l'expression de la culture contemporaines ; c'est l'expression d'une culture urbaine qui devient mondiale. Culture urbaine qui a pro- bablement très internationalisé ces formes

tout en gardant l'identité des individus.

Ce qui me frappe en visitant une ville, une grande ville, une mégalopole, c'est que tout est différent en passant de l 'une à l 'autre. Il n 'y a pas d'uniformité malgré l'internationalisation des problèmes ; il n'y a pas d'uniformité malgré la présence par- tout de la pauvreté, partout de l'exclusion, partout hélas, de la drogue, partout des phé- nomènes racistes, il y a en vérité une diver- sité de construction, une diversité de langa- ge, la ville ne nous parle pas à Prague comme elle nous parle à Budapest, et pour- tant elles sont si proches. La ville ne nous parle pas à Bombay comme elle nous parle à Tokyo, et pourtant il s 'agit de grandes mégalopoles de l'Asie, de l'Extrême Orient. La ville a son langage, la ville a ses odeurs, la ville a son rythme, la ville a sa construc- tion, la ville a son architecture, la ville a ses

hommes et ses femmes qui l'ont construite. La ville a son histoire. Nous qui, en Europe, aimons bien appuyer nos réflexions sur l'Histoire, nous sommes certains, puisque nous sommes à Saint-Dié-des-Vosges, qu'en faisant référence à ce que les hommes de la cité ont construit, en faisant référence à la

ville porteuse de progrès à travers l'histoi- re, nous allons mener une réflexion forte sur

le monde contemporain, puisant nos grilles de réflexion, et par là même, faisant pont entre l'histoire et la géographie, dans ce qui a fondé le véritable territoire d'investigation

de la géographie et de l'histoire au cours des siècles.

L'an dernier, nous avons dit beaucoup

de choses sur l'importance de la géographie, qu'elle n'avait pas à être défendue, que cette science devenait conquérante. Que cette

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science croyait en elle même. Que cette science était militante. Que cette science de synthèse, de rapprochement, de la géologie, de la sociologie, de la cartographie, de la géonomie, (comme le disait tout à l'heure notre président), et bien que cette science était bien vivante, et que nous démontrions comme nous l'avons fait l 'an dernier, que la géographie était science de la vie, car science de l'homme.

Je voudrais ici vous proposer en conclu- sion, de nous arrêter quelques instants sur le statut de cette science. Sur le statut peut- être philosophique de cette géographie que nous aimons. J 'ai acheté il y a quelques semaines, (c'est une coïncidence heureuse), un livre qui vient de paraître de deux philo- sophes, très connus, Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui s'intitule « Qu'est-ce que la philosophie ? ». Et sans vraiment le savoir, j 'ai découvert le chapitre IV, qui s'intitule Géophilosophie. Et, dans cette Géophilo- sophie, j ' a i pris conscience que dans sa démarche, le philosophe avait besoin, par- fois, de l ' image, de la représentation, du mode de pensée de la méthode de réflexion de la Géographie. Et je ne résiste pas au plai- sir de vous lire deux ou trois lignes de ce texte qui concerne la philosophie et qui vient de la géographie.

« Le sujet et l'objet, disent Deleuze et Guattari, donnent une mauvaise approxi- mation de la pensée. Penser n'est ni un fil tendu entre un sujet et un objet, ni une révo- lution de l 'un autour de l'autre. Penser se

fait plutôt dans le rapport du territoire et de la terre. » Déjà Husserl : « la pensée exige un sol qui serait comme la terre en tant qu'el le ne se meut pas, n 'est ni en repos comme intuition originaire ». D'où une ana- lyse de la philosophie fondée sur les mou- vements de territorialisation et de déterrito-

rialisation de la pensée, définissent, selon ces philosophes, la philosophie.

Et voilà que ces géographes qui se disaient : « Est-ce que l'on ne passe pas un peu derrière tout le monde ? Est-ce que,

lorsque nous réfléchissons, il n 'y a pas d'abord l'historien ? » (On est professeur d'histoire - géographie en France).

Et voilà que ces géographes s'aperçoi- vent que finalement leur science sert de guide, sert de méthode, à la science des sciences qui s'appelle la philosophie.

Je trouve qu ' i l y a là comme une revanche, et je trouve qu'il y a de notre part à tous, si vous le voulez bien, comme une

sorte d'engagement, de considérer que la géographie, ou la géonomie, (comme nous préférerions peut-être davantage l'appeler), est le fondement d 'un nouvel humanisme.

Car lorsque tout à l'heure, Antoine Bailly faisait son cours, il nous disait : « au fond,

quand on vous demande de vous représenter le monde, vous faites une carte, et tout

dépend de l'échelle à laquelle vous dessi- nez cette carte ».

Il n 'y a pas de juste et de faux en géo- graphie, il y a simplement un problème d'échelle ; je vous propose que, au cours de ces trois jours (comme fondement de réflexion de beaucoup d'autres journées pas- sées à défendre et à promouvoir la géogra- phie), nous, nous placions tout simplement l'échelle sur l'homme.

Et que notre échelle soit la dimension de l 'homme. Et que la géographie, parce qu 'e l le prendra cette échelle là, soit à l'échelle des problèmes de l'homme dans la ville, de l 'homme dans la mégalopole, de l'homme dans la ville monstre, et que, par conséquent, nous avons d'abord comme idée de centrer notre démarche de géographe, notre démarche de réflexion sur la science

de la géographie, sur l'humanisme de cette fin de X X siècle.

Laissez-moi terminer par quelques mots encore tirés de ce philosophe qu'était le petit Prince. Je crois qu'il résume bien ce que nous souhaitons faire de la géographie. Ce qu'est cette éthique de la géographie, ce qu'est cette logique des sciences que nous défendons à travers le fait de placer l'homme

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et l 'humanisme en tête de nos préoccupa-

tions. Ma conclusion, c'est le petit Prince

qui vous la donne.

« Les géographies, dit le géographe,

sont les livres les plus précieux de tous les

livres, elles ne se démodent jamais. Il est

très rare qu'une montagne change de place.

Il est très rare qu'un océan se vide de son eau. Nous écrivons des choses éternelles ».

Merci à la géographie.

Christian Pierret, Député Maire de Saint-Dié-des-Vosges

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DISCOURS D' INTRODUCTION

Monsieur le Député Maire, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs, je suis très heureux d'avoir l'occasion de présider ce Festival International de Géographie et je remercie Christian Pierret de m'avoir demandé de le faire. J'ai aussitôt accepté, pour plusieurs raisons : La première, c'est que j 'ai toujours été passionné par la géo- graphie depuis les petites classes. Les cartes de géographie étaient autant de représenta- tions mentales du monde en exploration et en construction. Il n 'est pas impossible d'ailleurs que cette passion pour la géogra- phie ait un peu déterminé mes études scien- tifiques et mon travail, puisqu'après je suis devenu chimiste organicien et vous savez à quel point la représentation de la matière par les formules développées des chimistes, joue un rôle important dans la construction des molécules par les synthèses.

Synthèse, voilà une importante expres- sion de la chimie, mais aussi un concept fon- damental de la pensée d'aujourd'hui. C'est une des autres raisons pour laquelle j ' a i accepté de présider ce festival. La Cité des Sciences qui se préoccupe de synthétiser les connaissances, pour permettre de mieux comprendre le monde de demain, choisit

tous les ans un grand thème pour ses expo- sitions, débats, séminaires, et colloques. L'année prochaine notre grand thème sera « L'Homme et la santé », à l'occasion des

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Jeux Olympiques. En 1993, nous avons choisi pour grand thème les mégalopoles, le développement des villes.

C'est pourquoi la rencontre avec les scientifiques, les professeurs, les socio- logues, participant au Festival de Saint-Dié- des-Vosges va être tout à fait intéressante pour le « président-étudiant » que je vais être dans le cadre des colloques et des dif- férents débats. On a parlé précédemment de « géophilosophie », et de « géonomie », un mot que j 'avais proposé en disant que si la géographie est l'écriture de la terre, la géo- nomie, (le « nomos ») est la règle d'étude de la « géo », de la terre. La géoscopie c'est la macroscopie de la terre, la capacité de la regarder sous différents angles en intégrant de nombreux éléments interdépendants.

Nous avons là un exemple frappant de représentation mentale du monde, sous un angle géoscopique ou géonomique, qui est la manière de voir le monde, comme chacun

se représente mentalement les cartes et les territoires. On voit ici s'introduire la notion

fondamentale de relativité du point d'obser- vation et d'intégration des concepts, essen- tielle à la prise de conscience géographique et territoriale. Il me semble que nous vivons en ce moment, (et la géographie et son évo- lution le symbolisent) un changement (les philosophes diraient un changement de para- digme), le passage d'une conception analy- tique de la connaissance à une conception plus globale. Certains disent systémique, c'est à dire qui implique les relations entre les éléments d'un tout, qui introduit la durée et l'évolution comme éléments essentiels de

la dynamique des systèmes que l'on étudie. La biologie, pendant longtemps, s'est can- tonnée à la classification. On a classé les

espèces de la manière la plus rigoureuse pos- sible. La géologie, qu'on enseigne dans nos classes, étudie, bien entendu, les stratifica- tions des différentes couches géologiques et les fossiles qui s'y trouvent. On pourrait dire que la relation entre la biologie et la géologie se fait par les fossiles, c'est à dire

par ce qui est mort, par des squelettes ou des coquillages. Mais le souffle du temps s'est glissé entre les strates de la biologie et de la géologie, et cela s'appelle l'évolution. On doit à Darwin de nous avoir ouvert la voie

de l'évolution biologique en nous montrant comment les espèces descendaient les unes des autres. Et comment la variété des

espèces pouvait être produite au cours du temps.

Je crois que nous revenons maintenant à une phase nécessaire d'intégration et de synthèse de notre vision du monde à laquel- le contribue la géographie. Une intégration dans l 'espace et une intégration dans le temps. Une intégration dans l'espace parce que la physique de la terre est inséparable de ceux qui ont façonné cette terre. (Les agriculteurs, les cueilleurs, les chasseurs de la préhistoire). Inséparable aussi des grands réseaux qui tissent leurs trames à travers les territoires et créent des rapports de forces entre les différents espaces séparés par leur frontière inséparable aussi de l'écologie, de l'éco-système, de la vie des réseaux, et des grands cycles du vivant. Inséparable, évi- demment, du développement humain repré- senté par les villes et les campagnes. Nécessité donc d'intégrer ces savoirs et ces connaissances dans des systèmes. Mais attention, non dans des « systèmes » au sens de « l'esprit de système », qui est exclusif, mais dans une « approche-système » qui est une logique de la complémentarité, des inter- dépendances et des relations. La géographie, la géoscopie, ou la géonomie, selon l'angle sous lequel on la regarde, intègre ces diffé- rentes notions et ces différents éléments en

créant une vision des relations et de la dyna- mique des évolutions.

Dynamique, c'est à dire l'intégration du temps. A la fois l'histoire, le passé, mais aussi la projection vers le futur.

Projection vers le futur. Il est nécessai- re de considérer l'évolution par laquelle sont passées les sociétés humaines. Il y a eu d'abord une phase de survie, qui a duré des

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millénaires, axée principalement sur la conquête des énergies naturelles, du soleil, piégé par les plantes et l'agriculture, et per- mettant grâce à cette alimentation conden- sée (du soleil en conserve) de nourrir les ani- maux et les hommes. Les animaux utilisés

comme machines, et les hommes, pour sur- vivre et aménager l'espace autour d'eux. Et puis, très rapidement, dans l 'histoire de l'humanité, à la suite de la découverte des

combustibles fossiles, (principalement le charbon et le pétrole), nous avons dévelop- pé nos industries, notre économie, créé de nouveaux produits. Nous nous sommes éten- dus dans l'espace, nous avons abordé une phase de conquête territoriale, et de crois- sance économique et industrielle très cour- te dans l'histoire de l'humanité.

Nous venons de découvrir que cette phase de croissance, mettait en danger les équilibres planétaires, qu'elle créait des inégalités, entre les pays, entre les personnes, inégalités se traduisant par des conflits, des chocs aux frontières, des rivalités de plus en plus fortes, et des ruptures avec les espèces vivantes, et l ' environnement dont nous

sommes partie et partenaires.

Nous avons ainsi compris qu'il fallait entrer dans une 3 phase, une phase de sur- vie à nouveau, pour laquelle nous n'avons plus devant nous des millénaires ou même des siècles, mais seulement quelques dizaines d'années. Une phase où l'écologie, l'économie, la biologie et les communica- tions humaines, devront coopérer pour tis- ser la trame du monde à venir.

Cette trame va se construire en grande partie dans les grandes villes d'où l'impor- tance du thème qui a été choisi pour ce fes- tival : les mégalopoles. Ces villes de mil- lions d'habitants dans lesquelles se concen- trent l'ensemble des enjeux et des tensions de l'humanité. Tension physique, l'entas- sement, la densité, le béton ; tension de com- municat ion, la circulation, les embou-

teillages, mais aussi embouteillages infor- mationnels, nouvelle pollution par l'infor- mation, et nécessité de hiérarchiser ces infor-

mations, d'apprendre à trier, d'apprendre à apprendre, de parvenir à une sorte de « dié- tétique de l'information », au coeur de la pléthore informationnelle dans laquelle nous vivons aujourd'hui. Concentration aussi des rivalités, des affrontements dont Christian

Pierret a parlé. Nécessité vitale de résoudre les grands problèmes que sont la violence et la drogue dans les villes d'aujourd'hui et dans les villes de demain. Dans les villes coexistent aussi les deux structures de base

de nos sociétés développées et en dévelop- pement : la structure pyramidale (centrali- sée, taylorisée, hiérarchisée), issue de l'ère de conquête et de distribution de l'énergie et la société en réseau, (distributive, au pou- voir partagé), issue de la conquête et du trai- tement de l'information.

Voilà donc les enjeux. La géographie se situe avec sa force d'intégration comme un des éléments essentiels de compréhen- sion de ces territoires en mouvement, dans

la dynamique de la planète Terre nécessi- tant la participation et la responsabilité de chacun. Je pense que l 'environnement a ouvert la voie à ce nouveau paradigme sys- témique dans lequel nous entrons. Il sou- ligne l'importance du rôle de chacun, de la responsabilité personnelle. Il nous permet de passer du statut d'égo-citoyen, (égoïste, chacun pour soi), au statut d'éco-citoyen, (chacun pour tous). Je crois que la ville sera le théâtre de la réussite ou de l'échec, de ce

passage de l'égo-citoyen à l'éco-citoyen. En tout cas nous allons beaucoup y travailler et y réfléchir pendant ces trois jours du festi- val.

Joël de Rosnay

Président du 2 Festival Mondial de géographie de Saint-Dié-Des-Vosges.

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MEGAPOLES ET MEGALOPOLES E N IMAGES

U n e e x p é r i e n c e p é d a g o g i q u e a u lycée J u l e s F e r r y de Saint-Dié-des-Vosges

Les mégapoles étaient le thème du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges. Une chance unique de réfléchir aux problèmes posés par les mégalopoles à l 'aube du troisième millénaire et saisir les représentations que s'en font les hommes.

Lors d'un cours expérimental au Lycée Jules Ferry, la possibilité fut fournie d'abor- der le thème « mégapoles et mégalopoles du monde en images » avec, parmi les par- ticipants, outre les élèves de la classe de Terminales de M. Mangin, professeur dans cet établissement, des géographes, des jour- nalistes, des hommes politiques, des scien- tifiques, etc.

Une occasion qu'il ne fallait pas man- quer pour poser, après le cours sur les villes mondiales de l'Antiquité à nos jours, la question : « Sur une feuille de format A 4, dessinez votre représentation des mégapoles et mégalopoles du monde », expression d'une méthode courante en géographie qui s'appuie sur l'élaboration de « cartes men- tales ».

Les cartes mentales obtenues lors de ce

cours pas tout à fait comme les autres furent à la hauteur de nos espérances ; d'où la sélection de quatre types principaux de représentations : deux synthétiques et deux sur la trame mondiale.

Pour un élève (carte 1) et un journalis- te (carte 2), point n'est besoin de délimiter les continents ; les problèmes des villes géantes se révèlent par de véritables pein- tures ; la composition à partir de la Terre et de monuments célèbres complète celle de la mégalopole source de pollutions mul- tiples. Elles illustrent expériences et pra- tiques différentes de deux auteurs : un élève qui découvre l'attrait des mégalopoles et un journaliste qui désire évoquer un message, celui de la pollution.

Sur le fond de carte mondiale, une fois explicite par ses limites détaillées (carte 3), l'autre fois non explicite (carte 4) mais indi- qué par la répartition soigneuse des méga- lopoles par continent, deux oeuvres com- plémentaires : celle d'un scientifique, Joël de Rosnay, soucieux des détails du systè- me-monde urbain et celle d'un élu, Christian Pierret, organisant les mégapoles en rec- tangles proportionnels à leur poids démo- graphique. La connaissance, l'expérience débordent alors l'intuition pour se matéria- liser dans des cartes bien organisées, avec une vision du futur qui montre l'inquiétude

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des hommes politiques face à l'évolution du monde et leur désir de trouver des solutions.

Notre objectif, dans cet exercice, n'est pas de juger du vrai ou du faux - car la géo- graphie des représentations s 'a t tache à comprendre le pourquoi de nos images men- tales -, mais de révéler, par le dessin, la variété des représentations humaines, autant que les mégalopoles, ces cartes mentales véhiculant ce que nous sommes, nos amours comme nos haines.

La conception, le dessin, sont les média- teurs d'un « moi » profond, que la géogra- phie - parmi d'autres disciplines - permet de faire surgir et, le cas échéant, de corri- ger, pour apprendre aux hommes à mieux se connaître et à vivre en société.

Antoine Bailly Professeur à l'Université de Genève

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Achevé d'imprimer en octobre 1992

sur les presses de Vagner Impr imeur

à Jarville-La Malgrange pour Editions de l'Est

Dépôt légal : 3 trimestre 1992 ISBN 2-86955-131-2

Maquette : Pascal Deloyes

EDITIONS DE L'EST

Zone d'activités Gabriel-Fauré - B.P. 50 - 54140 Jarville-La Malgrange - Téléphone : 83.56.76.77

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