+ All Categories
Home > Documents > Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

Date post: 22-Feb-2018
Category:
Upload: taghrout-mohamed
View: 217 times
Download: 0 times
Share this document with a friend

of 52

Transcript
  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    1/52

    LESFRACTURESFRANAISESAprs lunion nationale, les questions.

    La presse trangre salarmedes tensions qui minent la socit

    LES MANIFESTATIONSANTI-CHARLIEDANS LE MONDE

    GRCE LA GAUCHE RADICALE FAVORITEBOKO HARAM MASSACRESDANS LINDIFFRENCEBEATLES CHRONIQUE DUNE ADOLESCENCE

    N 1217 du 27 fvrier au 5 mars 2014courrierinternational.comFrance : 3,70

    AfriqueCFA2800FCFAAlgrie450DA

    Allemagne4,20Autriche4,20

    Canada6,50$CAND

    OM4,40

    Espagne4,20E-U6,95$USG

    -B3,50

    Grce4,20Irlande4,20Italie4,20

    Japon750Maroc32D

    H

    Norvge52NOKPays-Bas4

    ,20

    Portugalcont.4,20Suisse6,20CHF

    TOM740CFPTunisie5DTU

    AfriqueCFA2800FCFAAlgrie450DA

    Allemagne4,20Andorre4,20

    Autriche4,20Canada6,50

    $CAN

    DOM4,40Espagne4,2

    0

    E-U6,95$USG-B3,50Grce4,20

    Irlande4,20Italie4,20

    Japon750Maroc32D

    H

    Norvge52NOKPays-Bas4

    ,20

    Portugalcont.4,20Suisse6,20CHF

    TOM740CFPTunisie5DTU

    N1264 du 22

    au 28 janvier 2015courrierinternational.comFrance : 3,70

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    2/52

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    3/52

    Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015 3

    DITORIALRIC CHOL

    Attentionfragile !

    Le 8 janvier au matin, quelquesheures aprs le massacre CharlieHebdo,des Italiens en deuildposaient un drapeau franais au pieddu majestueux Davidde Michel-Ange,

    install devant le Palazzo Vecchio deFlorence, et ornaient son bras droit dunbrassard noir. Magnifique hommage auxvictimes parisiennes et formidable imagedune Rpublique franaise transformeen David, le David qui sapprte allercombattre Goliath. Mais si le marbre blanctincelant et la fronde porte la mainconfrent au chef-duvre de laRenaissance un prestige et une forceincomparables, les petites fissures dcelesrcemment dans la statue tmoignent

    dune fragilit cache inquitante, au pointque les spcialistes sinterrogent : et si,aprs cinq sicles dexposition, Davidvacillait sur son pidestal ? Les mmesdoutes tourmentent notre pays. En juin2004, un rapport* command par leministre de lEducation nationale faisaitdj ce constat proccupant : Pour lapremire fois dans notre pays, la questionreligieuse se superpose au moins en partie la question sociale et la question nationale ;et ce mlange, lui seul dtonant, entreen outre en rsonance avec les affrontementsmajeurs qui structurent dsormais la scneinternationale.Une dcennie aprs, il fautrelire ce rapport, dune actualitdconcertante. Il faut lire aussi cequcrivent les journalistes de la pressetrangre sur la France : le miroir peutsembler dformant, mais les maux sontbien l. Il faut surtout sinterroger surce temps perdu par nos gouvernants pourrparer la Rpublique. Selon le servicede protection de la communaut juive,qui sappuie sur les donnes du ministre

    de lIntrieur, le nombre dactes antismitesa augment de 91 % au cours des septpremiers mois de 2014. Et, depuis le dbutde lanne, les actes antimusulmansont plus que doubl par rapport au moisde janvier 2014. Cette flambe de violencenest que le reflet des fractures franaises luvre depuis des annes. Aprs lacompassion est venu le temps de laction.Pour viter de voir le pays vaciller.

    * Les signes et manifestations dappartenance

    religieuse dans les tablissements scolaires,

    Jean-Pierre Obin, juin 2004 (http://urlz.fr/1lMg)

    En couverture :Dessin de Dario,Mexique.

    p.28 laune

    360 p.40 Le jour oMiao a disparuLe 2 octobre, la Chinoise Zhang Miao est arrte Pkin alors quellerevient de Hong Kong. Elle tait lassistante dune journaliste allemandedu quotidien Die Zeitavec qui elle a couvert les manifestationsdOccupy Central. Aujourdhui, Angela Kckritz a choisi de raconterses dmarches restes vaines pour la faire librer. Enqute.

    FABER,LUXEMBOURG

    SCHNEIDER,SUISSE

    SUR NOTRESITE

    www.courrierinternational.comAprs Charlie. Libert dexpression, loisantiterroristes, djihadistes en Europe :

    tous les dbats de la presse internationale.

    Grce. Des lections risque pour lEuropedans la presse grecque et europenne.

    Webdoc. Un tat du monde et du cinma.En partenariat avec le Forum des images.

    Retrouvez-nous aussi sur Facebook,

    Twitter, Google+ et Pinterest

    Sommaire

    TRANSVERSALESp.39

    Signaux. Ma citva craquerLes densits de population compares de HongKong Mexico, de Bombay Istanbul.

    LES FRACTURESFRANAISESDix jours aprs les attentats qui ont frapp Paris,

    la presse trangre sinterroge sur la fragilit de lunionnationale affiche depuis.El Paset The Daily Beast sontalls la rencontre de ceux qui nont pas dil le 11 janvier.Musulmans stigmatiss, Juifs inquiets les mdias trangersinsistent sur les tensions dans la socit franaise.

    NIGERIA. P.18

    Boko Haram :boucherie

    humaine ciel ouvertLes insurgs de la secteont transform lEtatde Borno, dans lenord-est du pays,en cimetire. Rcitsdu Daily Mavericket du site AfricanArguments.

    Chez votre marchand dejournaux, retrouvez notrehors-srie Le Monde en 2015vu par lhebdomadairebritannique Te Economist.

    GRCE. P.10

    La gauche radicalefavoriteLe parti Syriza est favori auxlections lgislatives du 25 janvier.

    RUBEN,PAYSBAS

    ULIKNRZER,ZEI

    TONLINE,HAMBOURG

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    4/52

    4. Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015

    VENDREDI 23 ET SAMEDI 24 JANVIER2015 : 10H00 - 20H00Sorbonne - Malesherbes

    Image:TheNationalGallery,Londres,Dist.RMN-GrandPalais

    L'EUROPE ET SES DIEUXHistoire religieuse de l'Europe, du Bas-Empire romain nos jourS

    Vierge l'Enfantavec un ange,

    saint Georges

    et un donateur.

    Hans MemlingInformation : www.association-des-historiens.com +33 (0)1 48 75 13 16

    34 confrences dHistoire,

    dHistoire de lArt et dHistoire de la Musique

    Prix du Livre dHistoire de lEurope

    Salon Europen du Livre dHistoire

    LES 12ES JOURNESDE LHISTOIRE DE LEUROPE

    CHRISTINEOCKRENTE

    TLESMEILLEURSEXPER

    TSNOUSRACONTENTLE

    MONDE

    CHAQUESAMEDI,12H4

    5-13H30 francecu

    lture.fr

    en partenariatavec

    SommaireEdit par Courrier international SA,socit anonyme

    avec directoire et conseil de surveillance au capitalde 106 400 . ActionnaireLa Socit ditrice du Monde.Prsident du directoire, directeur de la publication : Arnaud Aubron.Directeur de la rdaction, membre du directoire: Eric Chol.Conseil de surveillance:Louis Dreyus, prsident.Dpt lgalJanvier 2015. Commission paritaire n 0717c82101.ISSN n1154-516X Imprim en France/Printed in France

    Rdaction6-8, rue Jean-Antoine-de-Ba , 75212 Paris Cedex 13 Accueil33 (0)146 46 16 00 Fax gnral33 (0)1 46 46 16 01 Fax rdaction33 (0)1 46 46 16 02 Sitewebwww.courrierinternational. [email protected] Directeur de la rdactionEric Chol Rdacteurs en chefJean-HbertArmengaud (16 57), Claire Carrard (Edition, 16 58), Rdacteur en chef adjoint Raymond Clarinard Rdactrice en chef techniqueNathalie Pingaud (16 25)Direction artistiqueSophie-Anne Delhomme (16 31) Conception graphiqueJavier Errea Comunicacin

    7 jours dans le monde Caroline Marcelin (che des inos, 17 30), IwonaOstapkowicz (portrait) EuropeGerry Feehily (che de servi ce, 1970), Danile

    Renon (che de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse al-manique, 1622), Laurence Habay (che de service adjointe, Russie, est delEurope, 16 36), Judith Sinnige (Royaume-Uni, Irlande, 16 95), Lucie Ge ffroy(Italie, 1686), Nathalie Kantt (Espagne, A rgentine, 16 68), Hugo dos Santos(Portugal, 1634), Iwona Ostapkowicz (che de rubrique, Pologne, 16 74),Emmanuelle Morau (che de rubrique, France, 19 72), Iulia Badea-Gurite(Roumanie, Moldavie, 19 76), Wineke de Boer (Pays-Bas), Solveig GramJensen (Danemark, Norvge), Alexia Kealas (Grce, Chypre), KristinaRnnqvist (Sude), Agns Jaras (Hongrie), Miro Miceski (Macdoine),Kika Curovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herzgovine), MarielleVitureau (Lituanie), Katerina Kesa (Estonie), Alda Engoian (Caucase, Asiecentrale), Larissa Kotelevets (Ukraine) AmriquesBrangre Cagnat (chede service, Amrique du Nord, 16 14), Gabriel Hassan (Etats-Unis, 16 32),Sabine Grandadam (Amrique latine, 16 97), Paul Jurgens (Brsil) AsieAgns Gaudu (che de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39), ChristineChaumeau (Asie du Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asie du Sud, 16 51),Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chine, 17 47), Elisabeth D.Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores) Moyen-OrientMarc Saghi(che de service, 16 69), Ghazal Golshiri (Iran), Pascal Fenaux (Isral), Phi-lippe Mischkowsky (pays du Gole), Pierre Vanrie (Turquie)AfriqueOusmaneNdiaye (che de rubrique, 16 29), Hoda Saliby (che de rubrique Maghreb,

    16 35) TransversalesPascale Boyen (che des inormations, Economie,16 47), Catherine Guichard (Economie, 16 04), Virginie Lepetit (che de rubriqueSciences et Innovation, 16 40), Caroline Marcelin (Mdias, 16 95), VirginieLepetit (Signaux) Magazine 360Marie Bloeil (che des in ormations, 17 32),Corentin Pennarguear (Tendances, 16 93), Raymond Clarinard (Histoire),Catherine Guichard

    Site InternetHamdam Mostaavi (che des inormations, responsable du web,17 33), Carolin Lohrenz (che dditio n, 19 77), Clara Tellier Savary (che ddition),Carole Lyon (rdactrice multimdia, 17 36), Paul Grisot (rdacteur multimdia,17 48), Laura Geisswiller (rdactrice multimdia), Pierrick Van-Th (webmestre,16 82), Marie-Latitia Houradou (responsable marketing web, 16 87), PatriciaFernndez Perez (marketing) TraductionRaymond Clarinard (rdacteur enche adjoint), Isabelle Boudon (anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), Caroline Lee (anglais, allemand, coren), FranoiseLemoine-Minaudier (chinois), Julie Marcot (anglais, espagnol, portugais),Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais,espagnol), Danile Renon (allemand), Hlne Rousselot (russe), MlanieLiffschitz (anglais, espagnol) RvisionJean-Luc Majouret (che de service,16 42), Marianne Bonneau, Philippe Czerepak, Fabienne Grard, FranoisePicon, Emmanuel Tronquart (site Internet) Photographies, illustrationsLucBriand (che de service, 16 41) Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (1653)MaquetteBernadette Dremire (che de service, 16 67), Catherine Doutey,Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, Denis Scudeller, Jonnathan Renaud-Badet,Alexandre Errichiello, Cline Merrien (colorisation) CartographieThierryGauth (16 70) InfographieCatherine Dou tey (16 66) InformatiqueDenis Scu-deller (1684), Rollo Gleeson (dveloppeur) Directeur de la productionOlivierMoll FabricationNathalie Communeau (directrice adjointe), Sarah Trhin(responsable de abrication) Impression, brochageMaury, 45330 Malesherbes

    Ont particip ce numro : Alice Andersen, Gilles Berton, Jean-BaptisteBor, Isabelle Bryskier, Monique Devauton, Camille Drouet, Nicolas Gallet,Rollo Gleeson, Thomas Gragnic, Marion Gronier, Chlo Groussard, LaurentLaget, Marc-Antoine Paquin, Polina Petrouchina, Diana Prak, Leslie Talaga,Isabelle Taudire, Zaplangues.

    PublicitMPublicit, 80, boulevard Blanqui, 75013 Paris, tl. : 01 57 28 2020Directrice gnraleCorinne Mrejen Directeur dlguDavid Eskenazy ([email protected], 38 63)Directeurs de clientleLatitia de Clerck ([email protected], 38 11) Chef de publicitMarjorie Couderc (marjorie.couderc @mpublicite.r, 37 97) Assistante commerciale Carole Fraschini(carole.raschini @mpublicite.r, 3868) RgionsEric Langevin ([email protected], 38 04) Annonces classesCyril Gardre (cyril. [email protected], 38 88)Site InternetAlexandre de Montmarin ([email protected], 38 07)Agence CourrierMarie-Latitia Houradou (16 87)

    Gestion AdministrationBn dicteMenault-Lenne(responsable,1613)AssistantesCamille Cracco, Sophie Jan DroitsEleonora Pizzi(16 16) Comptabi-lit01 48 88 45 51 Ventes au numro Responsable publicationsBrigitte BilliardDirection des ventes au numro Herv Bonnaud Chef de produit Jrme Pons(0 805 05 01 47, ax : 01 57 28 21 40) Diffusion internationale Franck-OlivierTorro (01 57 28 32 22) PromotionChristiane Montillet MarketingSophie Ger-baud (directrice, 16 18), Vronique Lallemand (16 91), Vronique Saudemont(17 39), Kevin Jolivet (16 89)

    Modifications de services ventes au numro, rassortsParis 0805 05 01 47, province, banlieue 0 805 05 0146

    Service clients AbonnementsCourrier international, Service abonnements,A2100 - 62066 Arras Cedex 9. Tl.03 21 13 04 31 Fax01 57 67 44 96 (du lundiau vendredi de 9 h 18 h)[email protected]

    danciens numros Boutique du Monde, 80, bd Auguste-Blanqui, 75013 ParisTl.01 57 28 27 78

    Les journalistesde Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sourcesdu monde entier. Voici la liste exhaustive des sources que nous avons utilises cette semaine :

    African Arguments (aricanarguments.org) Londres, en ligne. El CorreoBilbao, quotidien. The Daily Beast(thedailybeast.com) New York, en ligne.Daily Maverick(dailymaverick.co.za) Johannesburg, en ligne. Financial TimesLondres, quotidien Foreign PolicyWashington, bimestriel. O GloboSo Paulo, quotidien. Kapitalis (kapitalis.com) Tunis, en ligne. I KathimeriniAthnes, quotidien. KnackBruxelles, hebdomadaire. KommersantMoscou, quotidien. Kyiv PostKiev, quotidien. Los Angeles Review of Books (lareviewofooks.org/index.php) Los Angeles, en ligne. New Scientist

    Londres, hebdomadaire. The New York TimesNew York, quotidien. LOrient-Le Jour Beyrouth, quotidien. El PasMadrid, quo-tidien. Politico Arlington, quotidien. Le Sahel Niamey, quotidien. Southeast Asia Globe Phnom Penh, mensuel. Der SpiegelHambourg, hebdomadaire. The Sunday LeaderColombo, hebdomadaire. The Wall Street JournalNew York, quotidien. Die ZeitHambourg, hebdomadaire.

    Toutes nos sources Chaque ois que vous rencontrez cette vignette, scannez-la et accdez un contenu multimdiasur notre site courrierinternational.com (ici la rubrique Nos sources).

    Courrier international, USPS number 013-465, is published weekly 49 timesper year (triple issue in Aug, double issue in Dec), by Courrier InternationalSA c/o USACAN Media Corp. 123A Distribution Way. Building H-1, Suite 104,Plattsburgh, NY 12901. Periodicals Postage paid at Plattsburgh, NY and atadditional mailing Offi ces. POSTMASTER: Send address changes to CourrierInternational c/o Express Mag, P.O. box 2769, Plattsburgh, NY 12901-0239.

    Ce numro comporte un encart Philosophie Magazinesur les abonnsde France mtropolitaine.

    7 jours dans le monde6. Niger. Le summum de la haine

    8. Colre dans le mondemusulman

    Dun continent lautre EUROPE10. Grce. La gauche radicale favorite

    14. Ukraine.La bataille pourlaroport de Donetsk torpille la trve

    MOYEN-ORIENT

    16. Opinion.Malgr tout, des raisonsdesprer

    AFRIQUE18. Nigeria. Boko Haram : boucheriehumaine ciel ouvert

    ASIE20. Sri Lanka. Nouveau prsident,nouvel espoir

    22. Vietnam. La psychiatrie laveuglette

    AMRIQUES

    25. Brsil. Embellie pourles riverains de lAmazone

    26. Etats-Unis. Guantnamo

    se videau compte-gouttes

    A la une28. Les fractures franaises

    Transversales

    37. Economie.Polar, le groupe

    qui na pas peur du chavisme38. Sciences.Domestiqueset mignons

    39. Signaux.Densit dans ma cit

    36040. Enqute.Le jour o Miao a disparu

    46. Culture.Les Beatles, chronique

    dune adolescence50. endances.Paie-moi un clin

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    5/52

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    6/52

    6. Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015

    7joursdans

    lemonde. Manifestation contre Charlie Hebdo,

    le 17 janvier, prs de la grande mosquede Niamey. Photo Boureima Hama/AFP

    SOURCE

    LE SAHELNiamey, Niger

    Quotidien, 5 000 ex.

    http://www.lesahel.org/

    Fond au lendemain delindpendance (1960), cest

    le seul quotidien paraissant

    rgulirement au Niger. Edit par

    lOffice national ddition et de

    presse (Onep), dirig par lauteurde larticle ci-dessus, il accorde

    une place prpondrante

    linformation gouvernementale.

    Le Sahel Niamey

    D ix morts, dix innocentesvies arraches laffec-tion des leurs et de laNation nigrienne. Une vingtainedglises incendies et saccages,des dbits de boissons brls,des htels particuliers partis enfume, des femmes violes etviolentes. Voil le triste bilan

    des deux jours denfer qua vcusnotre pays [les 16 et 17 janvier].Ce dferlement dune violenceinoue et ingale fait suite ce quil est convenu dappelerlaffaire Charlie Hebdo, et lin-terprtation errone du dplace-ment du chef de lEtat, IssoufouMahamadou, Paris [le 11 janvier]pour tmoigner la solidarit dupeuple nigrien au peuple franais.Notre pays a connu le pire pen-dant ces deux jours daffronte-ments et de destruction. Notrepays a atteint le summum dela haine. Des Nigriens ont tudautres Nigriens par gare-ment, obscurantisme ou mau-vaise foi. Dans tous les cas, ils ontcommis lirrparable, car la foi

    lislam que le chef de lEtat sest

    rendu Paris, non pas pour caution-ner ou soutenir les agissements ana-chroniques dun journal, mais pourprendre part une marche, intitu-le marche pour la Rpubliqueet la lutte contre le terrorisme.Et le chef de lEtat a bien rappelle fondement de sa participation cette marche : Depuis bienttquatre ans, je tente de mettre notre

    pays labri dune terrible menace,celle du terrorisme. Depuis quatre ans,

    je tente de prserver les Nigriens dece qui se passe au Mali, en Libye et auNigeria, car lislam cest la paix, lareligion du juste milieu, cest lamourdu prochain, le pardon et la tolrance.Cest en rfrence ces valeurs que,tout en tant pour la libert dexpres-

    sion, nous rprouvons les caricaturesqui insultent la foi des musulmans.Je comprends, en tant que musul-man, le sentiment de dgot et dervolte qui anime de bonne foi lesmusulmans qui se sont sentis offen-

    ss par les caricatures blasphma-toires de notre prophte Mahomet,

    faites par le journalCharlie Hebdo.Je considre que la libert dexpres-sion ne saurait signifier la libertdinsulter ce que les autres ont de

    plus cher, leur foi en loccurrence.Au Niger, le fanatisme nous esttranger, il est tranger galement lislam, il ne peut tre que le faitde groupuscules qui voluent endehors de lislam.

    Mahamadou AdamouPubli le 19 janvier

    NigerLe summum de la haineDes manifestations anti-Charlie Hebdoont dgnr en meutes meurtrires contre des chrtiens.Rien ne peut justifier cette violence, pas mme un journal impie qui insulte la foi dautrui.

    FOCUS CHARLIELire aussi :Colre dansle monde

    musulmanp.8

    au nom de laquelle ils disent agir,lislam, condamne le meurtre quilclasse parmi les pchs capitaux.Pourquoi cette tuerie au Niger ?Comment un peuple si tolrantet si pacifique, pris de paix etde solidarit, vivant en parfaitessymbiose et harmonie avec sesfrres de toutes les confessionsreligieuses depuis des gnrations,sest-il subitement transform en

    loup pour son prochain ? Commentle Nigrien, dhabitude bien-

    veillant, accueillant et affable, est-ildevenu malveillant et destructeur ?Perplexe et boulevers face cettemtamorphose inexplicable, face ce sisme qui a branl les fon-dements de notre socit, le prsi-dent de la Rpublique sest adress la nation samedi (17 janvier).

    Dans son allocution solen-nelle, Issoufou Mahamadoua tent de calmer la situation.Je lance,a-t-il dit, un appel au calme tous ! Je vous demande de conti-nuer lexercice de votre foi dans latolrance, cest--dire dans le res-pect de celle des autres, comme jedemande aux autres de respecternotre foi. Cest, au demeurant, dans

    cet esprit que jai ordonn linter-diction de vente et de diffusion dujournalCharlie Hebdo.Je vousdemande de vous mobiliser der-rire le gouvernement et les forcesde dfense et de scurit contre le ter-rorisme qui dfigure notre religion.Cependant, cet appel au calmene doit pas occulter lurgence de

    condamner vigoureusement cesattaques barbares contre de pai-sibles citoyens, leurs lieux de culteet leurs biens. Le journal CharlieHebdonest pas chrtien et lEtatfranais encore moins ; cest unjournal impie qui a t vivementcondamn par le pape Franois,lequel a estim que sexprimerlibrement est un droit fondamen-tal, mais nautorise pas insulterla foi dautrui. Devant cette prisede position claire et prcise, pour-quoi sattaquer alors aux chr-tiens et leurs lieux de culte ?

    Les jeunes badauds qui taient la tte des cortges des mani-festations, aussi bien Zinderqu Niamey, et qui ont commisces crimes abominables doiventrpondre de leur forfaiture. Rienne justifie cette colre aveugleet ce massacre dinnocents.A Zinder, on a enregistr cinqmorts dont lun retrouv cal-cin dans une glise. A Niamey,

    le bilan est de cinq morts, touscivils, dont quatre tus dans desglises ou des bars. Une enquteest ouverte.

    Que cela soit alors clair pourtout un chacun, lislam, la reli-gion de 99 % des Nigriens, necautionne ni ne commande lescrimes. Ceux qui ont brl desglises, ceux qui pillent ces lieuxde culte, qui les profanent, quiperscutent et tuent leurs com-patriotes chrtiens ou les tran-

    gers qui vivent sur le sol de notrepays nont rien compris lislam.

    Lislam est une religion de tol-rance, douverture sur autrui, quiencourage le dialogue civilisationnel.Cest donc pour ne pas donner dugrain moudre aux dtracteurs de

    Ceux qui tuent leurscompatrioteschrtiens nont riencompris lislam

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    7/52

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    8/52

    8. Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 20157 JOURS FOCUS CHARLIE.

    Au Pakistan

    Quelque 8 000 personnes ontmanifest le week-end du 16 jan-vier dans les grandes villes du

    Pakistan pour protester contrela publication dune caricaturedu prophte Mahomet en une dunumro Tout est pardonndeCharlie Hebdo.The Nationsaluela participation de la minoritchrtienne, victime dune trsforte discrimination, aux mani-festations Peshawar en signede solidarit avec les musulmansdu monde entier.Pour le quoti-dien, ce soutien est paradoxal

    car les chrtiens sont frquem-ment attaqus par les islamistes.Mais il est important de se sou-venir que, pour les chrtiens dePeshawar, une communaut si for-tement ostracise et discrimine,il ne sagit pas de protester contreCharlie Hebdo. Leurs manifes-tations sont motives par le dsirde trouver un terrain dententecommun, une cause qui dpasseles clivages dans une socit qui lesexclut. Cest une faon de tendre la

    main et de demander tre inclusdans un rcit national commun,dappartenir la communautdes c itoyens.

    Au MaliOui la guerre contre le terro-risme, non la croisade contrelislam,ont dclar les leadersreligieux maliens en tte decortge Bamako, le 16 janvier,

    selon Le Rpublicain.Ils taientplusieurs milliers de manifestants,

    environ 5 000 selon la scuritet plus de 7 000 selon dautressources, prendre dassaut lemonument de lindpendance du

    Mali aprs la prire de 16 heures,raconte le quotidien.

    En AlgrieLa colre estvive. Noussommes tousMa ho me t,

    criaient laplupart desm a n i f e s -tants dansles grandes

    villes du pays le 16 janvier.Mais le reporter du quotidienEl-Watanrapporte dautresscnes qui se sont droules Alger, quil trouve extrme-ment effrayantes. Des dizaines,voire des centaines de citoyens,

    trs jeunes pour la plupart, sontsortis [dans les rues dAlger] pour

    manifester contre la publicationpar la presse occidentale de nou-velles caricatures du prophteMaho met .Certes, dit-il, lamajorit des manifestants ontscand des slogans favorables auProphte, mais dautres nervis,dont certains portaient la tenueafghane, ont fait lapologie du ter-rorisme. Et la manifestation atourn lmeute.Des jeunes ontmme appel la cration dunEtat islamique en Algrie, pour-

    suit le journal. Des scnes quirappellent la dcennie noire,les annes 1990, commente-t-il.

    Au Moyen-OrientQuelque 2 500 personnes, trsencadres par la police, sontgalement descendues dansles rues dAmman, en Jordanie.Tout comme au Ymen ou auKowet, o des manifestations

    ont clat devant lambassadede France, o des douzaines deKowetiens staient rassembls,avant de se disperser dans lecalme, rapportait le site ArabTimesle 17 janvier.

    En TchtchnieUne manifestation anti-Charliesest droule le 19 jan-vier au matin Grozny, capitalede la Rpublique tchtchne.Au nom de Lamour pour leprophte Mahomet,au moins500 000 personnes ont dfilentre la place Minoutka etla mosque centrale, arbo-

    rant des banderoles o lonpouvait lire : Non aux cari-catures du Prophte, Lislam,religion de bont et de cra-tion,relate le quotidien russeMoskovski Komsomolets.Les journalistes et les politicienseuropens offensent trivialementles sentiments des croyants. Nousaffirmons la face du monde queles musulmans ne permettrontjamais quon les utilise pour d-stabiliser la Russie. Nous avons

    toujours t les dfenseurs de laRussie et aujourdhui encore nous

    sommes en mesure de faire barrage tous les ennemis de notre patrie,a dclar Ramzan Kadyrov lorsde son intervention pendant lamanifestation. Le leader de laRpublique tchtchne a ga-lement annonc le chiffre de1 million de manifestants, venusde toutes les Rpubliques duCaucase du Nord.

    Colredans le monde musulmanDu Pakistan la Tchtchnie en passant par lAlgrie et le Mali, des milliers de personnesont protest contre les reprsentations du Prophte et contre Charlie Hebdo.

    ILS PARLENTDE NOUS

    JOLLE MESKENS, correspondante Paris du quotidien belge Le Soir.

    Une unionqui ne durera pasSelon vous, le regain de popularitde Franois Hollande sera-t-ildurable ?Non, car je pense que cette remontedans les sondages (rebond de 21 points,

    40 % dopinions favorables) est lie une situation exceptionnelle. Quandun pays est confront des vnementstrs forts, le premier rflexe estde se ressouder autour du prsidentde la Rpublique. Ctait dautant plusprvisible que Franois Hollandea justement les qualits pour incarnerce rassemblement. On lui a jusquicireproch dtre trop consensuel, de tropchercher la synthse. Ses faiblessesdeviennent des qualits. Elles lui

    ont permis de fdrer et de rebondir.Mais cela ne durera pas. Des lectionsdpartementales se tiendront dans deuxmois, et lunion nationale pourrait clater ce moment-l. Les Franais reviendrontsur leur demande principale, savoirun meilleur climat conomique et social.

    La voix de Marine Le Pen est-elleamplifie par les attentats de Paris ?La prsidente du Front nationalne profite pas dans limmdiat deces vnements. Comme lors de laffaire

    Merah, en 2012, elle a eu lintelligencepolitique de ne pas surferimmdiatement sur ceux-ci. Tandis queson pre a, la suite des attentats, fait dela provocation, Marine Le Pen est restedans la retenue. Hormis la squencede la marche rpublicaine quelle a, monsens, compltement rate, elle reste pourlinstant en retrait, mais les choses vontse dcanter. Une fois la priode de deuilpasse, elle pourra dire ouvertementce quelle pense et cest probablement

    ce moment-l quelle rebondira.Les attentats rapprochent-ilsla France et la Belgique ?Le choc des attentats a t normeen Belgique, lmotion a t trs forte.La coopration policire entre les deuxpays est trs ancienne. Alors que les28 membres de lUnion europenne sonten train de saccorder pour amliorerla lutte contre le terrorisme, la Franceet la Belgique travaillent dores et djen troite coopration. Et les attentatsde Paris vont renforcer cette volontde collaborer. La France a t durementfrappe par le terrorisme islamique, maisla Belgique arrive juste derrire : il y a eu,en mai dernier, la tuerie au Muse juif deBruxelles, et le pays compte le plus grandnombre de djihadistes partis en Syrie.

    Ceux qui dfendent Charlie La couverture de Charlie Hebdo,

    Tout est pardonn,na rien derprhensible. Elle est touchante

    et courageuse, affirme Hussein Ibish

    sur le site libanais Now.Alors quele sang de ceux qui taient

    le cur du journal est encore humide

    sur le sol, Charlie Hebdose heurtecomme toujours la pit et

    la morale, se dsole lditorialiste

    dans Now.,lun des seuls mdias du

    Moyen-Orient avoir publi la premireune de Charlieaprs lattentat du

    7 janvier. Pour ce chercheur de

    lAmerican Task Force on Palestine,

    cette couverture est sans doute lune

    des meilleures de lhebdomadairesatirique franais. Loin de la purilit

    et de la mchancet dlibredont

    le journal a parfois fait preuve, elle

    montre un tat desprit magnanime. La

    colre contre le journal franais na paslieu dtre, explique lauteur : dabord, il

    ny a pas de consensus sur linterdiction

    de reprsenter le prophte. Ensuite,

    de nombreux commentaires ont

    soulign le fait que le problmene venait pas tant des reprsentations

    du prophte que du fait quelles taient

    perues comme insultantes. Enfin, il ny

    a rien dans limage de la une Tout est

    pardonnqui lidentifie de faoncertaine comme une reprsentation du

    prophte Mahomet. Il ne peut y avoir

    de libert de parole, ni de conscience,

    ni de religion, sil ny a pas la libert

    de blasphmer, dtre iconoclaste etirrvrencieux envers la foi,conclut-il.

    En Turquie, o plusieurs dessinateurs

    ont rendu hommage leurs confrres

    franais assassins, le quotidien laque

    CumHuriyeta publi une slectiondu numro Tout est pardonn.Depuis,

    certains ditorialistes du journal ont t

    menacs de mort.

    Manifestation contre Charlie Hebdodevantle consulat franais Karachi, le 18 janvier.

    Photo Akhtar Soomro/Reuters

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    9/52

    LE DESSINDE LA SEMAINE

    7 JOURS.Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015 9

    Les vieux ennemis se rabibochent

    CUBA TATSUNIS Les premires mesures concrtes du rapprochement entre les Etats-Unis

    et Cuba sont entres en v igueur sur lle le 16 janvier. Elles assouplissent notamment lesconditions de voyage des Amricains Cuba, dans la limite toutefois des motifs de sjourdj prvus, tels que les visites familiales, les dplacements professionnels ou pour le compte

    des ONG, les changes culturels, etc. Les visiteurs amricains auront en outre le droit

    demporter jusqu 10 000 dollars sur lle et pourront, sur place, utiliser leur carte bancaire.

    Il leur sera permis de rapporter de Cuba des marchandises dune valeur maximale

    de 400 dollars. De surcrot, ils auront dsormais le droit denvoyer de largent Cuba, avecun plafond de 2 000 dollars par trimestre (contre 500 auparavant). Non moins ngligeable

    pour lle, limplantation de services commerciaux detlcommunicationssera

    autorise, note Caf Fuerte,un blog cubain de Miami. Le site dissident 14ymedio remarqueque les journaux nationaux relguent la nouvelle au second plan. Et pourtant,

    constate 14ymedio, leuphorie sempare des Cubains lannonce de ces mesures.

    Nous sommesDresdeALLEMAGNE Linterdictiondes manifestations et contre-manifestations du mouvementPegida le lundi 19 janvier,dcrte par la police en raisondes menaces de mort profrescontre le leader du mouvement

    anti-islam, Lutz Bachmann, asuscit de nombreuses ractionscritiques dans les mdias.Faut-il dsormais passer du

    slogan Je sui s Charlie Noussomm es Pegi da ?sinterroge laFrankfurter Allgemeine Zei-tung (FAZ). Les mmes rgles

    sap pli que nt aux init iate urs dePegida et aux manifestants deDresde quaux caricaturistes deCharlie Hebdo : attaquer leurdroit la libert dexpression estune attaque contre nous tous. Si desislamistes ont effectivement projetdattaquer leur manifestationoulun de leurs organisateurs, alorsils ont projet dattaquer le curdenotre socit. Soulignant queces rflexions ne sont en rien

    une forme de solidarisation avecPegida,la FAZnote que dansce contexte menaant les deuxbords [Pegida et anti-Pegida] sont

    souda in dans l e mme b ateau.

    Un papeauverbe dsinhib

    VATICAN Aprs avoir soulevlenthousiasme, Manille, de6 millions de catholiques (soitun million de plus quelors du passage deJean-Paul II, en1995), le 18 janvier,le pape Franoisa exhort, danslavion le rame-nant Rome, lescatholiques avoirune paternit res-

    ponsabl eet nepas se reproduirecomme des lapins.Le discours dulapin succde dequelques jours audiscours du coup de

    enquter sur cet attentat. Desmobilisations pour demanderjustice se sont org anises danstout le pays via les rseauxsociaux. #YoSoyNisman (Jesuis Nisman) a vite t cr surFacebook et Twitter. La justicencarte pas la possibilit dunsuicide masqu concernant cettemort, qui a provoqu une ondede choc dans le pays.

    The Sunabandonneles seins nusMDIAS Cest une petitervolution en Grande-Bretagne : The Sunne montrera plus de

    jeunes femmes seins nusen page 3. Il abandonne

    ainsi discrtementlune des traditionsles plus controver-

    se s du jour nali smebritannique,explique The Times,qui appartient au mme groupede presse que TheSun, dtenupar Rupert Murdoch. Ce der-nier avait qualifi la page 3 desurannelanne dernire, notele quotidien. La page 3, qualifiede sexiste par ses dtracteurs,tait devenue un symbole, au

    moment o The Sun rinventaitle journalisme populaire,dansles annes 1970, juge TheTimes.The Sun continuera nanmoins publier des photos de pin-upseins nus sur son site.

    poing [rpondant sur la libert dela presse et loffense quelle peutsusciter, le pape a affirm quilnhsiterait pas lever le poingcontre ceux qui insulteraientsa mre], note lditorialisteMassimo Gramellini. Je dois direque le verbe dsinhib du souverain

    pontife men bouche un coin,critlauteur dans La Stampa.Avantde sinterroger : Le pape ne pense-t-il pas qu terme ce langage simple

    et empli de bon sens, pourtantjamais suiv i dan s le s fa its, finirapar lui faire perdre son autorit etsa crdib ilit ?

    Mort mystrieusedun magistratARGENTINE Des milliersdArgentins ont manifest le

    19 janvier aprs avoir apprisle dcs du procureur AlbertoNisman. Retrouv mort dans sabaignoire, ce magistrat sappr-tait exposer devant le Congrsles preuves selon lesquelles laprsidente Cristina Kirchner etses proches couvraient de hautsfonctionnaires iraniens soupon-ns dtre impliqus dans latten-tat contre lAssociation mutuelleisralo-argentine de Buenos Aires(Amia), qui avait fait 85 victimes

    en 1994, rapporte La Nacin.Laprsidente aurait ainsi souhaitngocier des accords ptrolierset agroalimentaires avec lIran.Alberto Nisman avait consacrses quatorze dernires annes

    Dessin dAntonioparu dans Expresso,Lisbonne.

    DARO,ELIMPARCIAL,MEXIC

    O

    AJUBEL,ELMUNDO,MADRID

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    10/52

    OPINION

    10. DUN CONTINENT LAUTRE Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015

    Moyen-Orient..... 16Afrique .......... 18Asie ............. 20Amriques ........ 25

    duncontinent

    lautre.europe

    I KathimeriniAthnes

    Les paroles et les actes des prota-gonistes ont brouill la questioncentrale de lenjeu des lgislativesdu 25 janvier : lappartenance de la Grce la zone euro est-elle garantie en toutescirconstances ? Sil ny a aucun risque,nous pouvons nous rendre auxurnes en nous rjouissant

    lide de choisir entre chan-gement et maintien de lorien-tation actuelle sans que celaengendre une nouvelle aggra-vation de la situation. Dans lecas contraire, nous devons trepleinement conscients du risque. Aprs ledluge darticles et de commentaires sou-tenant en Grce comme ltranger quune victoire de Syriza, le parti de lagauche radicale, compromettrait notreposition dans la zone euro, une instanceinvisible semble avoir dcid que cela pour-

    rait avoir des consquences trs ngatives.Soudain, tout le monde sest mis mini-miser la probabilit dune sortie de leuro.Ni les prophtes de malheur de NouvelleDmocratie, le parti conservateur, ni lesdclarations de Syriza selon lesquelles lescritiques contre sa politique ne sont quedes propos alarmistes nont russi clair-cir la question. Si ce clivage peut aider lesdeux grands partis grecs rcolter dessuffrages, il occulte le fait que deux cer-titudes contraires signifient pas de certi-

    tude du tout. Notre raction aux extrmesdans chacun de ces discours ne doit pasnon plus nous aveugler sur les dangersrels auxquels nous sommes confronts.

    Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, adclar quil ne souhaitait pas que la Grceabandonne leuro et quil sefforcerait derduire la dette du pays. Mais, lors du congrsfondateur de Syriza, en 2013, les dirigeantsdu parti ont annonc clairement leur inten-tion dabroger les mmorandums et les loisdapplicationet dannuler les rformes impo-ses par nos cranciers. La premire tapeconsistera rtablir les conditions de t ravail,les conventions collectives, le salaire minimum,le minimum vieillesse, les indemnits chmageet les allocations familiales au niveau davantles mmorandums,ont-ils annonc. Avantdajouter : Le secteur public tant nos yeuxun levier de reconstruction, tous les employs

    Grce.Lagauche radicale

    favoriteDans un contexte daustrit extrmeet dincertitude quant son avenirdans la zone euro, la Grce se rend

    aux urnes le 25 janvier. Malgr les

    doutes mis par Athnes et Berlin sur la viabilit

    de son programme conomique, le parti Syrizasemble sur le point de prendre le pouvoir.

    FOCUS

    Die Zeit Hambourg

    Cest LA question de lhiver : dis donc,et si la Grce sortait de leuro ? Voilplusieurs jours que le gouvernementallemand se rpand en scnarios contra-dictoires ; tantt la chancelire AngelaMerkel et Wolfgang Schuble, le ministredes Finances, envisagent la chose avec unerelative dcontraction, tantt ils sinquitentdes risques conomiques.

    Si les spculations vont bon train sur unesortie (trs peu probable) de la Grce de lazone euro, cest cause dun homme quisemble aujourdhui le candidat au poste de

    Alexis Tsiprassauveur du pays ?Souvent diabolis commelhomme qui fera sortir la Grcede leuro, le programmedu chef de file de Syriza

    commence pourtant faireflchir Berlin et Bruxelles.

    qui ont t licencis sont ncessaires et serontdonc rembauchs.

    En bref, la position de Syriza est quil ne res-pectera pas les conditions de laccord de sau-vetage et rtablira de nombreuses dpenses leur niveau davant laustrit tout en pro-mettant un budget quilibr. Comme il sestgalement engag annuler des rformes,il se retrouvera avec un norme trou dansses finances. Nos cranciers et partenairesde lUnion europenne ne sont toutefois pasaussi optimistes que Syriza voudrait nous lefaire croire. Le Premier ministre finlandais,

    Alexander Stubb, a dclar que toute tenta-tive de remise de la dette grecque se heur-terait un non retentissantde son pays.Les autorits allemandes et la Banque cen-trale europenne ont fait savoir que toutesles ngociations seraient maintenues dansle cadre des accords existants. Ici aussi,nous sommes confronts deux positionsopposes sans le moindre signe de rappro-chement. Le fait quon ait dj vu des partis

    politiques grecs changer de posi-tion une fois au pouvoir est assez

    rconfortant. Mais lorsque deslections sont gagnes sur defausses promesses, il faut pasmal de temps pour que la ra-lit impose une politique plusrationnelle. Et la Grce ne peut

    se permettre de perdre du temps. La plu-part dentre nous ne souhaitons toujourspas tudier les consquences des effortsde Syriza pour imposer sa volont notreconomie, nos cranciers et aux marchs.

    Nikos KonstandarasPubli le 15 janvier

    Les faussespromessesdeSyriza

    Sil remporte les lections,la ralit du pouvoirlobligera tt ou tard modifier un programmebas sur lanti-austrit.

    Dessin de Schneider,Suisse.

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    11/52

    EUROPE.Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015 11

    en Allemagne. Les A llemands nauraient pasla patience des Grecs.

    Tsipras a lanc un dbat ncessaire, mmesil est trs peu probable quil puisse appli-quer ses promesses la lettre. Berlin a prisconscience quil tait moins agressif depuisquelques mois et nexclut pas quil soit ouvert des ngociations.

    3. Dette impayableTsipras ne compte pas rembourserla dette grecque dans son intgralit.Indpendamment de la moralit de ce pro-cd vis--vis des bailleurs de fonds, qui ontpromis leur propre population quelle rcu-

    prerait sa mise, la Grce ne pourra selontoute probabilit pas rembourser ses dettes,du moins dans un avenir proche. Berlin etBruxelles ne peuvent donc ignorer le dbatque Tsipras vient de lancer.

    Le gouvernement allemand ne sou-haite pas ouvrir ce front pour le moment.LAllemagne rpond de 50 milliards deurosrpartis sur deux plans de sauvetage. Lesconomistes jugent cependant de plus enplus vraisemblable que ces fonds ne serontpas rembourss en totalit. Lconomiste

    Thomas Straubhaar a rcemment plaidpour quon envisage froidementce scna-rio : Il ne sagit plus ds lors que dviter desdommages supplmentaires et en particulierdassurer le paiement des intrts.

    Plusieurs propositions circulent actuel-lement sur le moyen dappliquer les projetsde Tsipras. Lconomiste Hans-Werner Sinnplaide pour une confrence internationalesur la dette. La Grce ne pourra de toutefaon jamais rembourser ses emprunts,argumente-t-il, il vaut donc mieux briserla spirale. Le DIW propose une variante

    modre : la dette demeurerait officielle-ment, mais les intrts seraient lis au tauxde croissance. Sil ny a pas de croissance, ilny aura que peu ou pas dintrts. Si lco-nomie se relve, les intrts augmenteront.

    Axel HansenPubli le 8 janvier

    Financial Times Londres

    Les grands patrons grecs sont aussiadmirs que dtests pour leur colos-

    sale richesse et leurs solides accoin-tances politiques. Si lhomme de la rue lesqualifie de diaplekomenoi(compromis) ou dedavatzides(maquereaux), les conomistesles appellent oligarques en raison de leuremprise sur la vie conomique du pays.Quelle que soit leur dnomination, le rlequils jouent dans la politique et la socitgrecques suscite une grande attention laveille des lections lgislatives anticipes du25 janvier. Syriza, le parti de la gauche radi-cale, a promis, une fois au pouvoir, de faire

    la guerre aux oligarques. George Stathakis,ministre du Dveloppement du cabinet fan-tme, a dclar dbut janvier notre journalque Syriza romprait avec lhabitude quontles gouvernements daccorder gratuitementdes concessions audiovisuelles leurs amispolitiques et rexaminerait les privatisationslitigieuses. Les mesures contre la mainmisedes oligarques sur lconomie seront une

    priorit,a-t-il affirm.De telles dclarations marquent dores et

    dj un changement en Grce, o le pouvoirdes oligarques est ressenti depuis longtemps

    mais rarement discut, du moins publique-ment.Le vritable ennemi de la libre concur-rence en Grce est loligarchie, mais cest un sujettabou ; les politiciens nen discutent pas et lesmdias vitent de sexprimer sur cette ques-tion,dplore Aristides Hatzis, professeur dedroit et dconomie luniversit dAthnes.

    Lune des raisons de ce phnomne estque les chanes de tlvision prives dupays ainsi que les principaux sites dinfor-mation et les grands quotidiens sont trssouvent contrls par des oligarques, quiexercent une influence sur leur contenu di-torial. Dans une dpche de lambassade desEtats-Unis diffuse par WikiLeaks, on pou-vait lire : Les mdias privs de la Grce sontdtenus par un petit groupe de gens qui ontbti eux-mmes leur fortune ou en ont hrit[] et qui sont lis par le sang, le mariage ouladultre aux responsables politiques et aux

    pouvoirs publics et/ou aux magnats de la presseet des affaires.

    Il ne sera pas facile de matriser de telspersonnages : aucun membre de cette oli-garchie trs soude na encore t terrasspar les sept annes de crise de lconomiegrecque, mme si, daprs certains ana-lystes, leurs mdias ont accumul prs de2 milliards deuros de dettes en prts nonrembourss des banques locales en raisonde leffondrement des revenus publicitaireset de la suppression des aides dentreprises

    publiques.Cependant, ces oliga rques semblentavoir t affaiblis par la grave rcessionque connat le pays et par les contraintesbudgtaires imposes par les cranciersinternationaux. Ils sont encore puissants,mais leurs activits ont t affectes par lesrcentes mesures de lutte contre lvasion fis-cale via, notamment, la cration dentreprisesoffshore,explique M. Hatzis.

    Linfluence politique des oligarques risqueelle aussi de ptir des nouvelles lois exigeantdes partis quils fournissent des comptes

    vrifis. Un conomiste bas Athnes, quina pas souhait que son nom soit publi,estime qu lavenir il sera plus difficile, pourceux qui apportaient un soutien financier des politiciens, de continuer les pauler.

    Exercice dinfluence. La Grce a unelongue tradition dentreprises comptant surleurs relations politiques pour faire abou-tir des contrats et de politiciens en qutedaides financires des entreprises pour ren-forcer leurs chances lectorales. M. Hatzis

    prsente la Grce comme un petit pays orgne un manque de confiance et o lEtat dedroit nest pas vraiment respect.

    Les arrangements entre la classe poli-tique et les milieux daffaires ont pris delampleur dans les annes 1990, poque olconomie du pays a dcoll grce la l ib-ralisation du march requise par lUnioneuropenne et un accroissement des fondsverss par Bruxelles pour financer des pro-jets dinfrastructures et de technologie.Les gros contrats lis aux projets financspar Bruxelles ont t partags au sein dun

    petit groupe de soumissionnaires. Mais ilest arriv que des querelles autour de ceslargesses gagnent la sphre politique, avecparfois des consquences dsastreuses.Ainsi, le Premier ministre rformateurConstantinos Mitsotakis a accus SocratesKokkalis, fondateur de lentreprise 12

    La Grce va-t-elle sortirde leuro ? En fait, cest pas si

    mal. Dessin de Schneider,Suisse.

    La lutte contre

    les oligarquesSyriza a dclar la guerre aupetit groupe de ceux qui, malgrla crise, gardent la mainmisesur lconomie et les mdias.

    Premier ministre le mieux plac : le chef de

    la coalition de partis de gauche Syriza, quipasse Berlin et Bruxelles pour un homme lesprit confus et aux revendications radi-cales. Leffacement de la dette et la fin dela rigueur quil prne y sont soit diaboli-ss, soit purement et simplement ignors.

    Or Tsipras pourrait davantage contribuer rgler la tragdie grecque que ne veulentbien le croire nombre de responsables poli-tiques. Sa radicalit peut faire frmir sesrevendications sont justifies.

    1. Rupture avec lestablishmentTsipras serait le premier chef de gou-vernement grec ne pas appartenir aucercle des partis tablis qui grent le payscomme un self-service depuis des dcennies.Lincapacit de la classe politique grecque mener bien des rformes, y compris contresa propre clientle, et mettre sur pied uneadministration fiscale efficace, par exemple,est lune des causes principales de la crisepersistante. La Grce est gouverne depuisdes gnrations par une petite lite qui juge

    plus important de conserver le pouvoir et desassurer des prbendes que de mettre en placedes institutions efficaces et dimpliquer large-ment les citoyens,crit Marcel Fratzscher,conseiller du gouvernement allemand etdirecteur de lInstitut de recherche co-nomique DIW, dans un article paru dansla Sddeutsche Zeitung.

    Tsipras nincarne pas seulement la finde lancien systme, il lui dclare ouverte-ment la guerre. Une de ses annonces : encas de victoire aux lections, il rduira lin-fluence des oligarques qui contrlent des

    pans entiers de lconomie en lien avec uncertain nombre de politiciens corrompus.Mme Bruxelles et Berlin commencent yvoir un bienfait. Les bailleurs de fonds esti-ment quavec Tsipras on aurait enfin quelquunqui ne fait pas partie des vieilles lites qui ont

    plong la Grce dans cette pagaille, relate lequotidien de Munich.

    2. Austrit non bnfiqueTsipras veut rompre avec une politiquede rigueur qui a entran la rduction des

    dpenses publiques, le licenciement desemploys de la fonction publique et la baissedrastique des retraites et des salaires. Cequi tait une ncessit absolue jusqu uncertain degr constitue cinq ans plus tardlune des principales raisons de la persis-tance de la crise. Mme si lconomie repartlgrement depuis quelque temps, la majo-rit des conomistes sont davis que la ri-gueur contribue la rcession.

    Depuis 2010, lconomie a chut de 20 %et le taux de chmage a doubl. Selon lesestimations de Hans-Werner Sinn, direc-

    teur de linstitut de recherche IFO [de luni-versit de Munich], lconomie grecque est mille lieuesdtre comptitive sur leplan mondial. Pour lancien commissaireeuropen Gnter Verheugen, une choseest sre : Ce que supportent les Grecs pro-

    voquerait un chaos total en trs peu de temps

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    12/52

    Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015EUROPE FOCUS GRCE.

    dquipements de tlcommunica-tions Intracom, davoir provoqu la chute deson gouvernement, en 1993, en cherchant vendre OTE, lentreprise nationale de tl-communications, un groupe franais quiaurait utilis son propre fournisseur dqui-pements une accusation dmentie parM. Kokkalis. Intracom a continu vendredes milliards deuros dquipements OTE,tandis que sa socit sur, Intralot, four-nissait des systmes de jeux informatiques Opap, le monopole grec des jeux. Et lin-fluence de M. Kokkalis sest encore accrue

    avec le lancement dune station de radio parsa femme et lacquisition de lOlympiakos,la meilleure quipe de football du pays.

    Georges Papandrou, lancien Premierministre socialiste qui a dmissionn en2011, attribue lui aussi la chute de son gou-vernement des oligarques, une campagnede son ministre des Finances contre letrafic de carburant ayant rvl lexistencedun rseau lchelle des Balkans qui afait perdre 3 milliards deuros de taxes laGrce.Plusieurs banquiers et industriels de

    premier plan figuraient parmi ceux qui sou-haitaient mon dpart,nous a-t-il confi.

    Lactuelle gnration doligarques, quia dpass depuis longtemps lge normal

    du dpart la retraite, cde peu peu lagestion des affaires courantes aux jeunesmembres de leurs familles mais conserveson influence auprs des hommes poli-tiques en continuant assurer le finance-ment de leurs campagnes lectorales et enleur garantissant laccs du temps dan-tenne la tlvision.

    Costas Bacouris, prsident de labranche grecque de lONG anticorruptionTransparency International, est convaincuque les oligarques chercheront, comme tou-

    jours, sadapter lvolution de la situa-tion. Ils continuent dexercer leur influence,mais ils restent dans lexpectative quant lorientation politique du pays,dit-il.A monavis, un certain nombre dentre eux ont pri scontact avec Syriza, mais nul ne sait encorece quil va en ressortir.

    Kerin HopePubli le 12 janvier

    Vu dEspagne

    Podemosregarde versla Grce Les lections en Grce ne vont

    pas seulement dterminer lavenirdun pays au bord du prcipice, lconomie sous perfusion depuis2010 et dont la population a tbrusquement appauvrie par uneavalanche de coupes budgtaires.Le verdict des urnes grecques aurainvitablement un impact sur lepaysage politique tourment duneEspagne qui se trouve quatre moisdes lections municipales et un andes gnrales, et conditionnerala stratgie des partis. Surtout si,comme le prdisent les sondages,Syriza le parti dont sest inspirPodemos accde pour la premirefois au pouvoir. La conjoncturepolitique et conomique de la Grcena rien en commun avec celle delEspagne mais, si Syriza prend lepouvoir, sa politique et son discoursne manqueront pas dtre brandisdans notre pays comme armelectorale. Les premiers moisaux commandes de la Grce seront

    une sorte de test qui montrerasi une autre politique que cellesprofesses ces dernires annespar les grands partis traditionnelsest possible (ou pas) en Europe.Si Tsipras parvient conjuguer unepoigne de clins dil gauchistes etun accord avec lUnion europennepermettant son pays de respirer(mme sil doit pour cela modrerson discours initial), les aspirationsde Pablo Iglesias [figure de proue de

    Podemos] en seront renforces.Podemos qui, selon diverssondages, talonne dj les partistraditionnels et prtend les doubler pourra dire que lexpriencegrecque prouve que son programmeest viable et quil ny a aucuneraison den avoir peur. Ses chances

    de gagner seront considrablementaugmentes, sauf sil commet unegrosse erreur de stratgie ou si sesadversaires sortent un as de leurmanche la dernire minute.A linverse, si, comme laffi rment sesrivaux et de nombreux leaderseuropens embarqus sans pudeurdans la stratgie du vote de la peurpour maintenir le statu quo actuel ,le radicalisme de la nouvelle gauchefait sortir la Grce de leuro (ou laplace prs de la sortie) et fait planersur lUE la menace dune crise auxconsquences imprvisibles, lediscours du Parti populaire (PP), droite, et du Parti socialisteespagnol (PSOE) pourra sappuyersur un atout puissant. Le PP pourramobiliser plus facilement seslecteurs dsenchants,

    qui grossissent aujourdhui parcentaines de milliers les rangsde labstention, en les persuadantque leur voix est indispensable pourempcher Pablo Iglesias de gagneret lEspagne de connatre le mmetype de catastrophe que la Grce.Ct socialiste, si un populismesimilaire celui que reprsentece jeune parti inexprimentquest Podemos choue en Grce,on sefforcera probablement de faire

    valoir que le PSOE compte delongues annes de gouvernement son actif. Les lections du25 janvier et lvolution de la Grcedans les prochains mois vont rejaillirsur le dbat politique espagnol.Mais elles ne dtermineront pas elles seules les lections gnrales.

    Vu dItalie

    Lissue du rendez-vous desEspagnols avec les urnes dpendraentre autres de la sant delconomie, de la capacit des partishistoriques rcuprer la crdibilitquils ont perdue, et de celle dePodemos articuler une stratgiecrdible et nourrir lespoir que sondiscours a fait natre dans certainssecteurs. En dautres termes :la russite dun ventuelgouvernement Syriza nouvrirapas automatiquement les portes

    du pouvoir Pablo Iglesias,et son chec ne lui coupera pasobligatoirement les ailes. Mme dansce dernier cas, Podemos aura encoreassez de marge de manuvre pourchanger de cap et ajuster son plandaction afin de le rendre compatibleavec la nouvelle ralit.

    Manuel Arroyo,El Correo, Bilbao.Publi le 13 janvier

    11

    Le vritableennemi de la libreconcurrence en Grceest loligarchie, maiscest un sujet tabou

    Tsipras lItalienAu dpart, ils pensaient ntrequune trentaine, larriveils taient plus de 200. La brigataKalimera a fini par fdrerde nombreux militants ouparlementaires italiens issus des

    rangs du Parti dmocrate, de SEL(Gauche, cologie et libert)et de lancienne liste LAutre Europeavec Tsipras, ne au moment deslections europennes de 2014.Leur point commun : une fascinationnon dissimule pour Alexis Tsipras laquelle fait cho le soutienaffi ch de diverses personnalitsou intellectuels italiens (notammentle philosophe Toni Negri). Le rvede cette dlgation htrogne :

    donner vie une Syriza italienne,rapporte le Huffi ngton Post Italie,alors que le renzisme a mis lindexune gauche radicale en berne dansles sondage. La brigade se rendra Athnes pour observer de prsles rsultats des lections en Grceet tenter den tirer quelques leons.

    Dessin de Falco,Cuba.

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    13/52

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    14/52

    EUROPE14. Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015

    son tour les sparatistesdavoir attaqu des positionsukrainiennes au lance-roquettes, lartillerie et au mortier. Lasemaine dernire, un des chefsde la R PD, Denis Pouchiline,avait voqu lventualit dunecontre-offensive au cas olarme ukrainienne lanceraitune opration militaire.

    Aucun compromis.Les expertsukrainiens que nous avonsinterrogs expliquent cetteaggravation du conflit par unchangement de contexte politique Kiev, o le ton est aujourdhui

    donn par les partisans de laradicalisation. En Ukraine, le

    parti de la guerre gagne du terrain.Selon lui, seules les actions armes

    pourront faire voluer la situation.Le fait que Kiev ait dcrt queles rpubliques populaires deDonetsk et de Louhansk taient desorganisations terroristes montreque le gouvernement ukrainien nestpas prt faire des compromi s,explique le politologue Andriy

    Ermolaev. Cet expert est formel :La bataille pour laroport deDonetsk, la tragdie de Volnovakha[ville au sud-ouest de Donetsk o, le15 janvier, un bus transportant descivils a t attaqu larme lourde.Douze passagers sont morts. Kievaccuse les sparatistes, ces derniersrenvoient les torts sur larmeukrainienne] et la Marche pour la

    paix, qui sest droule le 18 janvier Kiev, sont les jalons ncessaires laconstruction de limage de lennemi.

    Il pense en effet que lun desobjectifs de larme ukrainienneest denvenimer la situation lintrieur des rpubliquesautoproclames. Les habitantsdu Donbass naiment pas le nouveau

    pouvoir ukrainien, mais ils perdent

    Kommersant Moscou

    De Kiev

    La nouvelle escalade duconflit lEst, depuisla semaine dernire,

    entrane inexorablement larmeukrainienne et les sparatistesvers une reprise totale des com-bats. Le 18 janvier, Iouri Birioukov,conseiller du prsident ukrainien,a annonc que lUkraine avaitrompu, pour la premire fois, lecessez-le-feu prvu par les accordsde Minsk. Toutes nos troupes du

    secteur B ont reu lordre douvrirle feu massivement contre les posi-

    tions sparatistes,a-t-il crit sursa page Facebook.

    Cette dclaration a t confirmepeu de temps aprs par le porte-parole du Conseil de scurit etde dfense ukrainien, AndriyLyssenko :Notre commandement a

    pris la dcision de lancer une attaquemassive.Selon lui, lobjectif deKiev est de reprendre le contrlede laroport de Donetsk, occupde faon prdominante par les

    sparatistes. A Kiev, on prciseque cette reprise des combats nepeut tre considre comme uneinfraction aux accords de Minsk[signs le 25 novembre 2014],puisquil sagit dune zone qui setrouve du ct ukrainien de laligne de dmarcation tablie dansles accords.

    Le 18 janvier, en marge de lareprise des combats autour delaroport, les quartiers Petrovsky,Kirovsky et Kouibichevsky de

    la ville de Donetsk ont t lacible de tirs dartillerie massifs.Larme ukrainienne a galementintensivement arros Gorlovkaet Avdeevka, localits tenuespar la rpublique populaire deDonetsk (RPD). Kiev a accus

    UKRAINE

    La bataillepour laroportde Donetsktorpille la trveKiev a offi ciellement rompu le cessez-le-feu

    et lanc une attaque sur Donetsk. Son objectif :faire de la prise de laroport le symbolede lhrosme de larme ukrainienne.

    pour librer laroport. Pour blo-

    quer leur avance, les sparatistesont fait sauter un pont, barrantainsi laccs la ville par le nord.Cet incident na pas t confirmpar des sources offi cielles.

    Nous navons pas pour missiondentrer dans Donetsk, mais seu-lement de dgager laroport, qui,dans le cadre des accords de Minsk,doit tre ukrainien,nous a dclarAndriy Lyssenko, porte-parole delopration antiterroriste ukrai-

    nienne. Or, dans un communiqudat du 18 janvier, le ministrerusse des Affaires trangres aaffi rm que laroport devait treconfi aux sparatistes, confor-mment aux accords de Minsk.

    Les combats se poursuivent.Toujours en croire AndriyLyssenko, ils seraient particuli-rement violents autour du villagede Pisky, 1,5 kilomtre de laro-port, qui, depuis des mois, sert debase de dploiement pour les ren-forts, les vivres et les munitionsdestins aux dfenseurs de laro-port. Un volontaire du bataillonDnipro 1 nous a assur que sescamarades, qui dfendent un pontprs de Pisky, seraient dans unesituation dsespre, sous les obusde blinds russes. Les chars tirentdirectement sur le pont et nos garsnont que des lance-roquettes,a-t-ildit. Il nous faut des renforts.

    Volontaires. Selon Alla Meguil,porte-parole du 5ebataillon duSecteur de droite [ lorigine uneformation politique dextrmedroite], un autre groupe de volon-taires qui se bat prs de laroport,la situation serait trs tendue Pisky et dans le village voisinde Tonenk. Ici, le pilonnage estincessant,nous a-t-elle expliqu.

    Ces terribles vnements sesont produits au moment o des

    diplomates ukrainiens se prpa-raient assister une nouvellesrie de pourparlers de paix avecla partie russe, qui devaient avoir

    lieu Berlin le 21 janvier enprsence de mdiateurs desministres franais et alle-

    mand des Affaires trangres.Mais cette escalade, qui sag-grave encore, pourraitmenacer

    de compromettre dfinitivementle cessez-le-feu sidurement acquis en

    septembre 2014,a misen garde Ban Ki-moon,

    secrtaire gnral desNations unies, dans uncommentaire le 18 janvier.

    Oksana GrytsenkoPubli le 19 janvier

    aussi confiance dans les dirigeants

    sparatistes. Les gens sont fatigus, lafaim et la dsolation jouent beaucoupsur leur tat desprit. Voil le contextedans lequel le pouvoir ukrainien alanc son offensive massive,conclutAndre Ermolaev.

    Un autre expert kivien,Igor Kogout, met en lumirela composante idologique dela bataille pour laroport deDonetsk. Ce combat symbolisedsormais, aux yeux de la socit,

    lhrosme de larme ukrainienne,et le prside nt Porochenko sestdailleurs exprim en ces termesdans son discours sur la placeMadan, lors de la Marche pourla paix, explique-t-il.

    Quartiers dhabitation. Lapremire raction de Moscou faceau durcissement de la situationdans le Donbass est venue deDmitri Peskov, le porte-parolede Vladimir Poutine, qui a faitpart de sa grande inquitude face la reprise complte des combats Donetsk.Selon lui, cela nefavori se ni la mise en uvre desaccords de Minsk ni les efforts ven ir de rgl ement du conf lit .Il a galement fait savoir queVladimir Poutine avait adressle 15 janvier un courr ier PetroPorochenko, dans lequel ilproposait un plan de retrait delartillerie lourde par les deux

    parties. Mais Kiev a rejet saproposition sans rien avanceren retour.

    Enfin, le ministre desAffaires t rangres russe a faitune dclaration importante :Conformment aux accordsde Minsk, laroport de Donetskdoit tre remis aux mains dessparati stes. Cet te que sti on estreste longtemps en suspens cause de discussions concernant

    certains autres points de la lignede dmarcation, les forces armesukrainiennes continuant pourtantde tirer depuis laroport sur la

    ville de Donetsk et dautres zoneshabites. Pour mettre fin cesactes criminels, les forcesde la RPD ont pris lecontrle de laroport, maisles troupes ukrainiennes,

    sans gard pour les victimesciviles, ont dploy uneopration militaire denvergure

    afin de reprendre cette zone auxsparatis tes et continuer tirer sur les quartiersdhabitation de Donetsk.Sergue Strokan,Ianina SokolovskaaPubli le 19 janvier

    The Kyiv Post (extraits)Kiev

    L a guerre mene par laRussie contre lUkrainesintensifie. Le 17 janvier,larme ukrainienne a dploy deschars pour briser lencerclementde laroport international deDonetsk et des hlicoptres pourvacuer les blesss. Toutefois,chaque fois que les troupes russeset leurs allis subissent des reversdans lest de lUkraine, le Kremlinrenforce leurs positions. Le 19 jan-vier na pas fait exception largle. Daprs le Conseil de scu-rit nationale ukrainien (RNBO),deux groupes tactiques russes dela taille dun bataillon [environ700 hommes] auraient franchi lafrontire orientale du pays. Un

    peu plus tt, les autorits ukrai-niennes ont affi rm que plus de7 000 soldats russes se bat taientdj en Ukraine. La contre-offen-sive lance par larme ukrai-nienne lui a permis de reprendrele contrle du nouveau terminalde laroport de Donetsk.

    Le 18 janvier, 20 heures, lestroupes ukrainiennes ont pro-gress de 2 kilomtres dansDonetsk, selon une de nos sources

    membre de la 95e

    brigade aro-porte, qui participe aux combats

    Une spiralepeut-treirrversible

    Combattants sparatisteset arme ukrainienne serejettent la responsabilitde lescalade. Le journalukrainien Te Kyiv Postlivre sa version.

    Dessin de Kazanevsky,Ukraine.

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    15/52

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    16/52

    16. DUN CONTINENT LAUTRE Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015

    Face au pessimisme ambiant, Foreign Policyestime quun accord sur le nuclaire avec lIran,une stabilisation de lIrak ou un changementpolitique en Isral pourraient sortir le Moyen-Orient du marasme.

    pourrait ouvrir de nouvelles perspectives

    en vue de la solution deux Etats ; etla stabilisation de la situation en Irakpourrait mettre un coup darrt auxavances provisoires de lEtat islamique(EI) et lui infliger des revers durables.Chimres doptimistes indcrottables ?Peut-tre. Toutes valent nanmoins lapeine dtre envisages.

    Jusqu prsent, les pourparlers entreles Etats-Unis et lIran ont tantt surpris,tantt du. Mais lanne 2015 seradcisive. Pour faire court, le processus

    de ngociation na plus assez de temps,despace politique ni dexcuses pour sepermettre de nouveaux atermoiements.La conclusion dun accord politique surles principaux enjeux avant lchancede mars permettrait de gagner le tempsncessaire, aprs juillet, pour finaliserles nombreux dtails techniques quidoivent tre rgls avant un accord depaix denvergure. Mais ne vous y trompezpas, lanne 2015 dcidera du succs ou dela mort de cette initiative diplomatique.Mais alors, quelles sont les raisons de serjouir ? Manifestement, les divergencesconcernant les capacits denrichissement[de luranium] et la leve des sanctions sontprofondes, tout comme la mfiance entrelIran et les Etats-Unis. Et les Amricains,dsormais entravs par un Congrs majorit rpublicaine, ont sans douteatteint les limites de leur propre flexibilit.

    Etat paria.Or ce pourrait tre enralit une trs bonne nouvelle pourles ngociations en cours, car rien ne

    stimule plus efficacement lintellect quele manque de temps et la perspectivedtre confront de cruelles alternatives.En labsence daccord sur la table lafin de lanne, lIran ira it sans douteau-devant dun accroissement destensions, voire dune opration militaireconduite par Isral ou par les Etats-Unis,selon que le pays acclrera ou non sonprogramme nuclaire. Pour viter de tellesconsquences, il convient de trouver unaccord, et vite.

    En dautres termes, labsence daccordsur le nuclaire se traduirait par un dur-cissement des sanctions et de nouveauxdboires conomiques dautant plusnfastes que le cours du ptrole sesteffondr. Pour les Etats-Unis, cela pourraitdboucher sur une guerre par procurationdans la rgion, lIran jouant les fauteurs detroubles en Irak et en Afghanistan, voiresur une nouvelle guerre entre Isral et leHezbollah, dans le cas o lEtat hbreusen prendrait Thran.

    En Isral, sil est bien trop tt pour fa ire

    des pronostics valables [des lectionsau ront lieu en mars], le sentimentcroissant qui rgne est que le temps fileentre les doigts du Premier ministreNtanyahou, qui se classe deuxime delHistoire par sa longvit au pouvoir.Pour lheure, ce nest quune impression.

    Lopinion publique isralienne ne sest

    pas vraiment encore implique dans lacampagne. Contrairement nombre degrandes figures israliennes qui voientdans cette lection un choix limpide entre,dun ct, la transformation dIsral en unEtat paria et, de lautre, la prservationde ses valeurs juives et dmocratiques, laplupart des Israliens nont sans doutepas une vision aussi tranche de lavenir.Ce que laissent entendre les sondages, enrevanche, cest que la majorit dentreeux (54 %) ont le sentiment que le pays

    fait fausse route aprs six annes deNtanyahou, et pour 53 % des sonds ilne devrait pas tre reconduit.

    Quant savoir si le centre gauche quienglobe aujourdhui le Par ti travailliste,sous la houlette dIsaac Herzog, etlancienne ministre de la Justice TzipiLivni, chef de file dHatnuah [particentriste] est en mesure de prsenterune alternative crdible et de crer ungouvernement de coalition oprationnel,cest une autre histoire. Les sondagesmontrent que ce bloc de centre gauchetient dsormais tte la droite. Maisles inconnues restent nombreuses. Unnouveau gouvernement isralien pluscentriste relancerait certainement unprocessus de paix aujourdhui danslimpasse. La question cl est de savoirsi un tel gouvernement serait capable deprendre des dcisions sur les grands enjeuxdu processus de paix : les frontires, lascurit, et mme Jrusalem.

    Et, bien videmment, les progrs duprocessus de paix ne dpendent pas

    que dIsral. Un mouvement nationalpalestinien divis peut-il produire desdirigeants capables de prendre des dcisionsqui tiendront compte des demandesisraliennes en matire de frontire etde scurit ?

    En Irak, lanne qui vient de scoulerfut celle de toutes les peurs. Cet t, onaurait dit que lEtat islamique tait surle point de conqurir le monde ou toutau moins une bonne partie de lIrak. Ona craint que Bagdad ne soit menac et,

    face au blocage politique engendr par leprogramme prochiite de lancien Premierministre irakien, Nouri Al-Maliki, on a eulimpression que les Kurdes et les sunnitesfaisaient cavaliers seuls.

    LIrak voit-il le bout du tunnel ? A moinsde croire dur comme fer aux contes de fes,la rponse est assurment non. LIrak nesera sans doute jamais vraiment organis,ni matre de ses frontires, ni dot dunaccord rgissant le partage des pouvoirspolitiques et conomiques et encoremoins dune identit nationale clairement

    Opinion.Malgr tout, des

    raisons desprer

    Foreign Policy (extraits)Washington

    V

    ous en avez assez dentendre parlerdun Moyen-Orient dliquescent,inflammable et dysfonctionnel ?

    Vous nen pouvez plus des analyses sempi-ternellement ngatives ? Vous tes persuadque la situation ne peut pas samliorer etne samliorera pas ? Je vous comprends. LaFondation Carnegie pour la paix internatio-nale [un think tank amricain] a demand ses experts quelle tait la rgion en crise

    qui ferait le plus de unes dans le mondeen 2015. La rponse ? Le Moyen-Orient,pour 75 % des sonds.

    Mais attendez de lire la suite. Optimistesinvtrs, tenez-vous prts. Car cette annea des chances dtre moins noire que la

    prcdente. De fait, 2015 pourrait bientre une anne charnire dans plusieursdomaines de premier plan. Un accord entreles Etats-Unis et lIran sur le nuclairepourrait amorcer un rquilibrage despouvoirs dans la rgion ; en Isral, laformation dun nouveau gouvernement

    Le temps fileentre les doigtsdu Premier ministreNtanyahou

    Dessin de Maykparu dans Sydsvenskan,Malm.

    moyen-

    orient

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    17/52

    #twitter

    #fluxrss

    Lappli dinfo sociale et connecte

    qui vous ressemble

    MOYEN-ORIENT.Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015 17

    dfinie et partage. Pour lIrak, lan-ne 2014 sest bien mieux termine quellenavait commenc. Al-Maliki est parti. Lenouveau Premier ministre semble attachau rassemblement, au moins dans unecertaine mesure. Le dernier accord en datedu gouvernement central avec les Kurdes,un gouvernement peu prs oprationnel Bagdad, le fa it que la progression de lEIsemble avoir t provisoirement enrayesont autant de signes encourageants. Etmalgr ces dfis, qui consistent notamment donner aux tribus sunnites les moyens decombattre lEI, encourager un vritable

    partage du pouvoir entre les chiites, lessunnites et les Kurdes et former larmeirakienne, la stratgie des Etats-Unispermettra de consolider les avances etde commencer faire reculer lEI.

    Les vnements de 2014 pourraient aussivous amener croire que cest tout le mondearabe qui est en crise. En ralit, seuls 20 %environ des pays arabes sont aujourdhui enpleine dliquescence la Libye, la Syr ie etle Ymen. Mme si lon y ajoute lIrak, lEtatputatif de Palestine, aux allures dArche deNo (entre le Fatah et le Hamas, tout est endouble : les Constitutions, les services de

    scurit, les chefs de file, etc.), et le non-Etat

    libanais, la majorit du monde arabe resteencore oprationnelle. La Tunisie, bien sr,sort du lot, avec dj deux scrutins post-transition derrire elle. On jugera larbre ses fruits, mais le pays est suffi sammentsolide pour construire dans le monde arabequelque chose que nous pourrions sansrire qualifier de rgime dmocratiquestable et oprationnel en devenir.

    Lgitimit.Les rois et les mirs (dArabieSaoudite, du Qatar, des Emirats arabes

    unis, du Maroc, de Jordanie, du sultanatdOman, de Bahren et du Kowet) ont tous relever des dfis de taille notamment,pour les puissances ptrolires, celuide la chute du prix du ptrole en 2015.Mais une combinaison de facteurs quisappliquent diversement selon les pays comme les revenus du ptrole, lalgitimit islamique, la mise en uvrede rformes modestes, leffi cacit desservices de scurit leur a permis derester stables et oprationnels dans u nergion secoue par des turbulences. Lefait que lEgypte ne soit plus dirige parles Frres musulmans et nait pas sombrdans lanarchie est u ne bonne nouvellepour 2015. Mais lincapacit de larme

    rsoudre les problmes conomiques etpolitiques augure de toute vidence unavenir troubl.

    Au cas o cette liste vous semblerait untantinet trop positive, ne vous en faitespas. Le Moyen-Orient devrait rester

    dliquescent, inflammable et dysfonctionnelpour quelque temps encore. Je vous faisgrce de la liste des calamits en cours,notamment la monte et lincrustation delEI, les conflits qui ensanglantent la Syrie,les dfaillances de lEgypte, la descente auxenfers de la Libye, lavenir compromis duYmen, lingalit des sexes, le non-respectdes droits de lhomme et le musellementde la libert dopinion, qui ont fait de cesinfortunes contres la rgion du monde lamoins susceptible daller de lavant en 2015.Mais assez de pessimisme noir pourlinstant. Levez vos verres et rjouissez-vous, car les choses pourraient tre pires.

    Aaron David MillerPubli le 30 dcembre 2014

    Une combinaisonde facteurs a permis certains paysde rester stables

    Dessin de Hajoparu dans As-Safir,Beyrouth.

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    18/52

    Daily MaverickJohannesburg

    Il y a massacre et massacre.Le massacre de Paris esttragique, mais ce nest pasvraiment la pire chose qui se soitpasse cette semaine-l. Et deloin. Pour cela, il faut se rendreau Nigeria, dans la ville de Baga,ou du moins au point o Baga setrouvait jadis sur la carte, parcequil nen reste plus grand-chose

    maintenant.Les informations sur le mas-sacre sont ncessairement vagues :les journalistes les plus prochesse trouvent des centaines dekilomtres de l (et ne sont pasparticulirement en scur itnon plus) et linformation vientpresque exclusivement de rfu-gis traumatiss et de sourcesgouvernementales peu fiables.Il y a toutefois suffisamment defaits qui ont merg pour savoirquil sest pass l-bas quelquechose de terrible, dapocalyptique.

    Baga se trouve dans le nord-estdu Nigeria, la frontire avec leCameroun. En avril 2013, prs de200 personnes, pour la plupartdes civils, ont t massacres parles forces armes nigrianes lorsdune offensive militaire destine chasser Boko Haram. Le meilleurde lhorreur tait venir.

    Samedi 3 janvier, les combat-

    tants de Boko Haram sont entrsdans la ville en repoussant lessoldats nigrians devant eux etlont dtruite, avec tous ceux quitaient trop lents fuir hommes,femmes, enfants , en lespace decinq jours. Toute la ville tait en

    feu,dclare un tmoin oculaire,tandis que dautres voquent desroutes bordes de cadavres. Leschiffres varient, mais AmnestyInternational cite des rapportslaissant entendre que le nombredes victimes pourrait atteindre2 000, soit en gros 117 fois celuides attentats de Paris.

    Quel que soit le nombre exact,cest lattaque la plus mortellemene par Boko Haram. Et lunedes plus importantes : en prenantBaga et sa base militaire, BokoHaram contrle de fait lensemblede lEtat de Borno. Ce ne sont passeulement des terroristes : cesgens sont en train de former un

    Etat de fait.Cette attaque nest pas la seule

    tragdie que lhomme ait provo-que dans le pays. Samedi 10 jan-vier, une jeune fil le on croyaitau dbut quelle avait 10 ans maison pense maintenant quelle tait

    Nigeria.Boko Haram :

    boucheriehumaine ciel ouvertDes massacres se droulentdans le nord-est du pays

    dans la quasi-indiffrence du monde,sindigne un quotidien sud-africain.

    afriqueun peu plus ge sest rendue

    sur un march de Maiduguri, lacapitale du Nord-Est, couvertedexplosifs. Quand les forces descurit se sont approches delle,ceux-ci ont explos et tu au moins16 personnes. On ignore si cestelle qui a dclench la bombe etmme si elle savait quelle portaitun gilet-suicide. Boko Haram napas directement revendiqu lat-tentat, mais il ny a pas dautressuspects crdibles.

    Dans des circonstances normales,nous trouverions cet acte duneviole nce stupf iante. Il ny acependant rien de stupfiant l-dedans. Tout cela est tristementfamilier et montre une fois de plusle peu de protection que lEtatnigrian est en mesure doffrir ses citoyens.

    Les attentats du Nigeria nesont pas non plus particulire-ment dignes de faire linfo. Lemassacre de Baga a peine tvoqu au milieu de lnormecouverture mdiatique consa-cre Charlie Hebdo.Il na passuscit de unes spciales ni ddi-toriaux passionns. Mme au

    Nigeria, la honte de la frater-nit mdiatique, les 17 morts deParis ont plus t couverts queles centaines et les centaines depersonnes tues dans le pays,selon le spcialiste des mdiasEthan Zuckerman, qui relve ga-lement que le prsident GoodluckJonathan a exprim sa sympathieau gouvernement franais maisna rien dit propos de Baga.

    Nous sommes peut-tre auXXIesicle, mais les vies afri-caines sont toujours considrescomme moins importantes pourlinformation et donc moins pr-cieuses que les v ies occidentales.

    Il y a bien sr plusieurs explica-tions cela. Il ny a pas dimagesspectaculaires de Baga. La situa-tion est difficile comprendreet nentre pas nettement danscette thse du choc des civilisa-tions, qui reprsente un sujet tel-lement fascinant (il est gnant de

    reconnatre que les musulmanssont les plus grandes victimes dufondamentalisme islamique). Lacible ntait pas le journalisme lui-mme, comme ltait Charlie Hebdo,et na donc pas touch le curdes rdactions du monde entier.

    Mais quand mme. Plus de

    2 000 personnes sont mortes etle monde a gard le silence. Pire,lAfrique a gard le silence. Il y a

    beaucoup dhypocrisie sur le conti-nent, mais lexemple rcent le plusflagrant en est la prsence du prsi-dent gabonais Ali Bongo Ondimba lnorme marche de solidaritqui sest droule Paris le 11 jan-vier. On avait donc un dictateurafricain faisant campagne pourla libert dexpression en France

    alors quil rprime fermement etparfois violemment la libert dela presse dans son pays. On avaitun dirigeant africain prenant letemps de montrer son soutien auxvictimes franaises tout en igno-rant celles, bien plus nombreuses,qui meurent sur son continent.

    O sont les dirigeants africainsqui condamnent le massacre deBaga ? O sont les journalistesafricains qui lanalysent et enparlent de faon obsessionnelle ?

    O sont les marches de solidaritafricaines ?

    Alors oui, oui, nous sommesCharlie. Mais, tant que nous neserons pas Baga aussi, notre indi-gnation et notre solidarit proposdu massacre de Paris montrentgalement que nous, les Africains,nous ngligeons nos propres trag-dies et faisons passer les vies occi-dentales avant les ntres.

    Simon Allison

    Publi le 12 janvier

    Dessin de Ruben,Pays-Bas.

    Plus de 2000personnes sont

    mortes et le mondea gard le silence

    Jonathan,un candidataccul Le 8 janvier,la campagne pour

    la prsidentielle du 14 fvrier

    a dbut Lagos, la capitale

    conomique. Le prsident

    sortant, Goodluck Jonathan,au pouvoir depuis 2010,

    critiqu de toutes parts

    pour son inefficacit face

    Boko Haram, veut rempiler.

    Pari difficile,selonle quotidien This Day,de Lagos. Jonathan

    affrontera lex-prsident

    Muhammadu Buhari,

    qui joue sa dernire carte,crit le quotidien. Une

    campagne sous tension.Dans un raid dans le nord du

    Cameroun voisin le 18 janvier,

    Boko Haram a ras deuxvillages. Bilan : 3 morts et

    une cinquantaine dotages.

    18. Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015

  • 7/24/2019 Courrier International Ndeg1264 Du 22 Au 2 - Inconnu(e)

    19/52

    AFRIQUE.Courrier international n1264 du 22 au 28 janvier 2015 19

    African Arguments

    (extrait) Londres

    Politiquement parlant,linsurrection est locale.Si le dfi violent que Boko

    Haram lance Abuja [capitale poli-tique du Nigeria] est national, legroupe extrmiste nigrian estgalement engag dans un conflitplus rgional centr sur lEtat deBorno et apparemment motiv pardes rivalits locales alimentes pardes tensions de classe, gnration-

    nelles et, dans une moindre mesure,ethno-religieuses. Les Kanuris,lethnie majoritaire de Borno, sontles principaux protagonistes decette guerre intestine, puisquilssont en position dominante lafois au sein de Boko Haram et dupouvoir politique rgional, qui sop-pose en grande partie au groupedjihadiste.

    LEtat de Borno comprend deuxzones culturelles distinctes. Les

    territoires du Nord et du Centresont majoritairement peupls deKanuris, avec des communautsdArabes Shuwas et de Fulanis[plus connus sous lappellation dePeuls] dissmines sur lensembledu secteur. La seconde zone, leSud, abrite une srie minoritsethniques. Certaines sont musul-manes, mais beaucoup, y comprisdans le voisinage de la tristementclbre ville de Chibok [o ont tenleves 237 lycennes en avrildernier], sont chrtiennes ou pra-tiquent une religion ancestrale.Niches dans les contreforts desmonts Mandara, proximit dela frontire avec le Cameroun, cespopulations ont conserv leur auto-nomie jusqu lpoque coloniale enrsistant farouchement aux incur-sions des marchands desclavesmusulmans kanuris et fulanis.Les retombes de ces affronte-ments continuent faonner les

    relations ethno-religieuses danslEtat de Borno, les populations duSud dplorant ce quils considrentcomme leur marginalisation poli-tique par les Kanuris.

    Malgr la prdominance de leurethnie au sein du gouvernement

    de Borno, la plupart des Kanuris

    sestiment eux aussi privs de leursdroits. Au sommet de la socitkanuri se trouve une oligarchie dontles membres doivent leur richesseaux activits commerciales lucra-tives exerces par leur famille lpoque coloniale. Un peu moinsinfluents sont les chefs traditionnelsde Borno, descendants de laristo-cratie qui rgnait sur le vieil empirede Borno (1380-1893) et dominaitla majeure partie du nord-est duNigeria actuel. Puis viennent les

    roturiers kanuris (talaaou tala-kawa), dont la vaste majorit taientdes paysans jusquau boom ptrolierdes annes 1970 et qui, en raisonde la stagnation du secteur agricoledans le nord-est du pays, ont com-menc affl uer vers la capitale delEtat, Maiduguri, et vers dautresvilles pour tenter de trouver du

    travail. Si cette recherche demploi

    a parfois t couronne de succs,elle a le plus souvent chou, cequi a dbouch sur la formationdune classe de citadins exclus etmcontents.

    La dstabilisation conomiquede lEtat de Borno a bouleverslordre social en place. Les chefstraditionnels autrefois vnrs ont

    vu leur influence dcliner, tandisque des mouvements de renou-veau islamique tels que le sala-

    fisme ont commenc faire desadeptes, en particulier au sein desjeunes gnrations. Mme si la plu-part des salafistes de Borno nontpas particip aux violences et ontreconnu la lgitimit de lEtat nig-rian, nombre dentre eux ont tattirs par les enseignements radi-caux de Mohamed Yusuf, le chefspirituel du mouvement, abattuen 2009. Cet attrait reposait surles critiques incessantes de cethomme lencontre dun systme

    sociopolitique qui semblait avoirabandonn eux-mmes de largespans de la socit locale.

    Ce sont ces positions rvolution-naires qui ont conduit Boko Haram laffrontement avec le pouvoir enplace Borno. Des tensions exis-taient dj peu aprs lmergence dumouvement, au dbut des annes

    2000, quand il est apparu quAli

    Modu Sheriff, gouverneur de lEtatde 2003 2011, apportait son sou-tien Mohamed Yusuf. Lanciengouverneur, qui nie toute relationavec Boko Haram, souhaitait susci-ter ladhsion des populations kanu-ris en soutenant leur chef spirituelmais il ntait nullement dispos appliquer les rformes socialesprconises par le mouvement.Et si Mohamed Yusuf dirigeait sacolre vers le gouvernement nig-

    rian et ses allis du Nord, ses appels peine voils une redistributiondes ressources allaient lencontredes intrts des lites locales. Cedsaccord a gnr des tensionsentre le chef de Boko Haram et legouverneur, ce qui a conduit, en juil-let 2009, lexplosion de violencequi a cot la vie Mohamed Yusuf

    lui-mme et des centaines demembres de Boko Haram. Unefois que le mouvement a t ras-sembl sous la direction dAbuba-kar Shekau, la classe dirigeante delEtat de Borno est devenue lunede ses principales cibles. Parmi lesvictimes connues de Boko Haramfigurent le cousin de lancien gou-

    verneur Ali Modu Sheriff, que celui-ci avait dsign comme son hritierpolitique, le frre du principal cheftraditionnel de Borno et des res-ponsables de districts ruraux.

    La classe politique de Borno nestpas reste sans ragir. Lactuel gou-

    verneur, Kashim Shettima, soutientactivement la Force dinterven-tion civile conjointe (Civilian JointTask Force, CJTF), une milice anti-Boko Haram qui monte en puis-sance depuis la fin du printemps2013. Ayant grandement contri-bu contrler les agissementsde Boko Haram Maiduguri, laCJTF est accuse demployer lesmmes mthodes muscles queles forces de lordre nigrianes, ycompris les excutions sommairesdindividus souponns dappar-tenir Boko Haram. Lentre enactivit de cette milice a engen-dr un pic de violence parmi lesKanuris : en guise de reprsailles,

    les combattants de Boko Haramont massacr des villageois accu-ss de soutenir la CJTF et affrontdes groupes de miliciens.

    Simultanment, Boko Haramsest retranch dans les secteursdu sud de Borno qui jouxtent la

    frontire avec le Cameroun, o

    sont concentrs les chrtiens etles polythistes de lEtat. Commeil fallait sy attendre, cet affl ux aentran une srie de massacreset denlvements, les exactions desmilitants salafistes rappelant lesincursions sanglantes commisesau XIXesicle par des prdateursmusulmans dans des villages demontagne. Les attaques sont simeurtrires que, selon un anthro-pologue qui connat bien la rgion,

    un exode massif de non-musul-mans est en cours. Longtempsconsidre comme un haut lieu dela rsistance lexpansionnismemusulman, cette rgion est para-doxalement devenue lun des bas-tions du califat autoproclam deBoko Haram.

    Par ailleurs, les violences infli-ges par des combattants kanurismajoritairement musulmans auxminorits de la rgion risquentdengendrer des haines ethno-reli-

    gieuses appeles durer. Enfin, il ya les jeunes de Borno qui ont com-

    battu pour Boko Haram ou pour lesmilices dautodfense organisespar les lites. Mme si les forces delordre nigrianes parvenaient un

    jour lemporter sur Boko Haram,Abuja nen devrait pas moins faireface ces jeunes militariss, dontla plupart se seront trs probable-ment marginaliss du fait de leursaffi liations respectives. Privs de

    leur rseau familial et ayant peude chances de trouver un emploi,ils vont presque invitablementformer un vivier de candidatspour de futures actions armes.Malheureusement pour les habi-tants de Borno, ces sombres pers-pectives donnent penser que leurEtat restera pendant longtempsencore la proie de conflits.

    Michael BacaPubli le 12 dcembre 2014

    Borno,picentrede la secteCet Etat du Nigeria est la base du groupe djihadiste.Explications dun spcialiste de la rgion.

    Un vivierde candidats

    pour de futuresactions armes

    SOURCE

    AFRICAN ARGUMENTS

    Londres, Royaume-Uni

    africanarguments.org

    Cette revue en ligne est ddie

    lanalyse des enjeuxde lAfrique contemporaine.

    Lance en 2007 et ditepar la Royal African Society,

    une fondation britannique

    qui promeut le continent,elle est lune des plateformes

    de dbat sur lAfrique les

    plus bouillonnantes.

    Retrouvez sur Tlmatin la chroniquede Marie Mamgioglou sur les massacressans prcdent de la secte Boko Haramdans lmission de William Leymergie,vendredi 23 janvier 7 h 38.

    Confront la diffi


Recommended