Dr KENDILI Imane Dr El Kouhène Ahad

I.INTRODUCTION II.OBJECTIFS

III. CONDITIONS D'EXPERIMENTATION IV.POINT DE VUE ET METHODOLOGIE DE LA

RECHERCHE V.RESULTATS VI.DISCUSSION DES RESULTATS VII.DISCUSSION GENERALE :Revue

bibliographique VII.CONCLUSION

Il n’existe pas d’explication simple sur les multiples significations ou sur les fonctions de la virginité. Ce concept est ancien grec, romain, égyptien. C’est un concept plus ancien que les religions.

La conservation de l’hymen est symbole de la virginité féminine dans toutes les cultures sans exception, témoin de la pureté de la filiation.

L’importance donnée à la virginité n’est pas un phénomène marginal; de l’Afrique jusqu’au Japon avec des relais en Europe et en Amérique du nord. Le retour de la valeur virginale est une tendance dans la société américaine encouragée par des principes religieux, idéologiques, et sanitaires (peur du sida, des maladies sexuellement transmissibles et des relations sexuelles extra-maritales).

L'idée de la virginité hyménale continue à être présente dans le monde mais en perte de vitesse. Construisant une représentation de la pureté et de la souillure (Douglas, 1998), l’impératif de préservation de la virginité des filles avant l’alliance conjugale se retrouve, sous des modalités variables, dans les trois religions monothéistes (Bardet, 1981). Mais en matière de sexualité, les prescriptions et interdits culturels prennent rarement l’apparence simple de règles juridiques formelles, ou même de normes religieuses claires et explicites. La construction de la virginité n’y déroge pas.

Elle apparaît au moins autant culturelle et sociale que religieuse, ainsi que le souligne la sociologue Soumaya Naamane Guessous à propos du Maroc : « Dans nos sociétés, les traditions sont beaucoup plus sacrées que le religieux »

Qu’en est-il de la perception de la virginité dans la société marocaine du 21ème siècle ?

Quelle est la part de l’hétérogénéité socio-économique et des us dans cette perception ?

Quelle place tient-elle encore dans le conditionnement sociétal et quelles-en sont les conséquences sur l’éducation sexuelle des nouvelles générations ?

Mieux connaître l'attitude conceptuelle concrète marocaine face à la notion de virginité soit donc à mettre en relief la perception de celle-ci aujourd’hui auprès d’un échantillon de personnes disparate de la société casablancaise soit 60 sujets des deux sexes aux origines diverses et de catégories sociales différentes.

Aborder la virginité suivant trois piliers : Celui de la représentation, qui consiste à évaluer la perception que

se fait l’individu de la virginité en général Celui de l’utilisation, qui consiste à déterminer les connotations de

cette perception pour l’individu Celui de l’appropriation, qui cherche à préciser le degré et le type

d’intégration du concept dans la vie de l’individu et du couple ; et d’évaluer les conséquences sur l’éducation sexuelle des enfants.

Faire émerger les controverses, évaluer la nécessité d’une mise en place d’une éducation sexuelle sanitaire voire scolaire et approfondir la réflexion sur la virginité en abordant les volets socio-anthropologiques et culturels afin de lever les fausses croyances, les amalgames entre religieux et traditionnel, et mettre en relief les dérives d’une virginité consacrée et ses conséquences.

Enquête effectuée dans 2 sites de consultation distincts à population moyenne hétéroclite soit le CHU IBN ROCHD et un cabinet du secteur libéral. 

Critères de sélection : l'un devait correspondre à un site dont la population répond à une certaine homogénéité et à une identité culturelle forte ; l'autre devrait correspondre au profil métropolitain dont la population est caractérisée par davantage d'hétérogénéité culturelle et sociale. 

Les personnes interrogés ont plus de 25 ans et sont en couple ou pas. L’entretien se faisant après consentement éclairé de ceux-ci.

Questionnaire anonyme pour l'ensemble des sujets en entretien individuel et non en présence du partenaire.

La dimension quantitative de l'analyse permet de dresser un portrait du sujet suivant ses perceptions et leurs conséquences éducatives sur la future génération.

La dimension qualitative de l'analyse permet de croiser et de vérifier les données, d’approfondir la perception individuelle de la perception sociétale et filiale, mais également de dresser un comparatif entre les perceptions d’individus selon les données socio-démographiques et des disparités stratifiées.

Analyse des données suivant le logiciel Epi-info 6 fr.

Sexe: 38 F / 22 H Age moyen: 37ans (rappelons que nos

sujets devaient avoir 25 ans ou plus) Origine géographique à prédominance

métropolitaine avec 53% des sujets originaires de Casablanca (Rabat et régions) pour 30% originaires du nord et 23% du sud

90% d’urbains Niveau d’instruction: prédominance

précaire pour le CHU Vs plus élevé en cabinet libéral

Niveau socio-économique disparate: (revenu mensuel)

Profession:

Habitudes toxiques: 33% des sujets dont tabagisme chronique et consommation occasionnelle d’alcool

60% des sujets avaient des enfants avec un nombre excédant trois pour 39% d’entre-ceux ayant des enfants

Question 1: La virginité a-t-elle un rôle important dans notre société ?

Les femmes semblent intransigeantes sur le sujet puisque seulement 2 répondent non.

Question 2: motif?

La préservation de la virginité jusqu’au mariage est préconisée par notre échantillon pour 67% de ceux qui considèrent qu’elle est importante dans notre société.

Nous avons ensuite voulu explorer le pourquoi qui nous aurait semblé à prédominant religieux avant notre étude et il s’avéra qu’il fut sociétal avant tout pour 87% soit pour 52 sujets.

Question 3: Pour qui la virginité est-elle importante : garçon ou fille ou les deux ?

A aucun moment l’opinion exprimée n’a épargné la fille au profit du garçon seul.

Le profil des sujets pensant que la virginité doit être l’apanage de la fille comme du garçon s’inscrivent dans un profil religieux très imprégné particulier.

Question 4: En ce qui concerne vos enfants, leur inculquerez-vous la virginité comme principe ?

Question 5: Si oui, concernerait-elle les filles, garçons ou les 2 ?

Question 5: Si non, comment considérez-vous la virginité ? Un tabou à dépasser? Un choix personnel ?

Ceci dénote une certaine sévérité des femmes envers elles-mêmes qui transparait même à ce stade du questionnaire pour les plus instruites, les plus ouvertes, les récalcitrantes au conditionnement.

Question 6: Hyménoplastie en cas de non-virginité la veille des noces ?→ Les avis convergent toutes origines et appartenances socio-économiques confondues pour avoir 93% des sujets pour celle-ci avec un pourquoi à connotation sociale d’honneur et de dignité pour la jeune fille voire pour sa famille pour des appartenances culturelles fortes et moins instruites à revenu socio-économique moyen à bas surtout.

Question 7: N’encouragerait-on pas alors le dévergondage dans une société musulmane ?Oui à

l’éducation sexuelle à l’école

18 sujets

(sous conditions)

30%

Non à l’éducation sexuelle à l’école

24 sujets 40%

ABSTENTION-Pas de réponse

18 sujets 30%

Les résultats sont probants en faveur d’un conditionnement social encore très présent et souligné par les 85% de sujets qui lui donnent une hégémonie due à la société, ses us et ses normes avec un faible pourcentage qui renvoie au religieux ; lequel spécifions-le impose une virginité jusqu’au mariage aux deux sexes.

Or, les us traditionnels affilient la virginité masculine à une non virilité voire impuissance et autres connotations péjoratives.

On doit avoir un fils viril mais une fille vierge ceci ne trouvant aucunement racine dans la religion puisque notons que la virginité existe depuis toujours à travers les âges et les civilisations souvent symbole d’honneur tribal familial avec une dignité portée par la fille.

Par ailleurs, il est intéressant de voir comment les femmes qui considèrent que la virginité n’est pas un principe à inculquer aux enfants pensent plus que ce soit un choix et non un tabou à dépasser et donc ne l’écartent aucunement, contrairement aux hommes.

Nous retrouvons une différence significative d’opinions corrélée aux données sociodémographiques qui nous permettent de dire que pour une tranche d’âge similaire de même sexe d’instruction et de revenu différents nous aurons des réponses différentes: deux jeunes femmes de 28 ans, l’une sans profession ,de niveau d’instruction primaire et de revenu faible ; l’autre cadre supérieur et de revenu correct auront des opinions à l’opposé avec un habitus culturel manifeste chez les personnes les moins instruites, de catégorie ouvrière ou de revenus faibles à moyens.

On aurait pensé que l’âge serait un facteur important à prendre en considération mais il s’avère qu’un couple sexagénaire de 68/70 ans se montra le plus calomnieux envers des us qu’il trouve dépassés. Ce couple insista sur la dimension du tabou et répondit non à l’hyménoplastie qui introduirait l’hypocrisie dans le couple dès sa genèse.

A cette même question d’hyménoplastie, les sujets les plus malléables intellectuellement, réfléchis et contre le tabou qui sévit, souvent par ailleurs de niveau d’instruction secondaire à supérieur, se montrent mitigés et pour une hyménoplastie tout comme le reste de l’échantillon puisque 93% étaient pour.

Cependant, pour des motivations différentes à savoir protéger leurs filles de la société et des répercussions négatives pouvant en découler.

Afin d’étayer et d’enquérir les données de notre étude, nous nous sommes proposés de sillonner les données de la littérature à travers une revue bibliographique embrassant la perception de la virginité suivant divers aspects du socio-anthropologique au religieux abordant les perceptions juridiques sans oublier les manifestations artistiques des femmes maghrébines qui se sont soulevées et se soulèvent à l’encontre de certains rites et habitus les cantonnant à une identité sexuelle seule et les emprisonnant dans un rôle traditionnel sexiste.