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Dynamique de l'occupation du sol dans une communaute...

Date post: 10-Mar-2021
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Dynamique de l'occupation du sol dans une communauté agropastorale de I'altiplauo central bolivien * Dominique Hervé IRD-CIP/CONDESAN,Apt 1558, Lima 12, Pérou. E-mail : dheneQcgiar.org Stéphane Ayangma IRD, Casilla 9214, La Paz, Bolivie. E-mail : stephaneQceibomtelnetbo Introduction Les montagnes tropicales des Andes centrales restent peuplées malgré des environne- ments physiques contraignants en terme d'altitude (donc de température et de rayonne- ment) et de pente (donc d'accès, de technologies de labour, de profondeur de sols). Des activités agro-pastorales permettent aux populations résidentes de s'alimenter, d'envoyer des produits aux membres de la famille résidant en ville et de vendre parfois quelque surplus. L'élevage et les emplois extérieurs à l'exploitation sont les principales sources de revenus monétaires. Une appréciation globale de la pression exercée sur le milieu peut être donnée par le rapport d'une population sur un espace. Si la population est stable durant le temps de l'observation et l'espace homogène, cette appréciation sera juste. Mais ce n'est pas le cas dans les Andes où la main d'œuvre se déplace, même au cours de l'année, et où l'espace et son usage varient à grande échelle. On préfere donc à une approche globale, une ap- proche locale et fine des terroirs, qui permette de détailler quelle est la population active ou résidente - le second critère a été retenu -, et quelles sont les surfaces de chaque type de terrain et leurs usages. L'usage agricole du sol est dynamique, à I'échelle du cycle agricole, des successions de culture, de la durée de vie des aménagements de correction du milieu, et fonction de la reproductibilité des systèmes de culture ou de l'apparition de nouvelles cultures et tech- niques. Sur un pas de temps plus long, de 50-100 ans, les changements majeurs d'occu- pation de l'espace sont encore repérables, mais on dispose de moins de données (Smadja, 1998). Sur un pas de temps très long ou historique, les outils d'analyse ne sont plus les mêmes (géomorphologie, dendrochronologie, etc.) et les échelles sont beaucoup plus petites. Nous proposons le pas de temps intermédiaire d'une génération en compa- rant des photos aériennes espacées de 40 ans (1955, 1994), pour rendre compte des * Ces recherchesont été appuyées parle PIREVS-CNRS,comité SEAH (u Systèmes Bcologiques et actions de l'homme n). - REVUE OE GÉOGRAPHIEALPINE 2000 h"2 \ ..
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Dynamique de l'occupation du sol dans une communauté agropastorale de I'altiplauo central bolivien *

Dominique Hervé IRD-CIP/CONDESAN, Apt 1558, Lima 12, Pérou. E-mail : dheneQcgiar.org

Stéphane Ayangma IRD, Casilla 9214, La Paz, Bolivie. E-mail : stephaneQceibomtelnetbo

Introduction

Les montagnes tropicales des Andes centrales restent peuplées malgré des environne- ments physiques contraignants en terme d'altitude (donc de température et de rayonne- ment) et de pente (donc d'accès, de technologies de labour, de profondeur de sols). Des activités agro-pastorales permettent aux populations résidentes de s'alimenter, d'envoyer des produits aux membres de la famille résidant en ville et de vendre parfois quelque surplus. L'élevage et les emplois extérieurs à l'exploitation sont les principales sources de revenus monétaires.

Une appréciation globale de la pression exercée sur le milieu peut être donnée par le rapport d'une population sur un espace. Si la population est stable durant le temps de l'observation et l'espace homogène, cette appréciation sera juste. Mais ce n'est pas le cas dans les Andes où la main d'œuvre se déplace, même au cours de l'année, et où l'espace et son usage varient à grande échelle. On préfere donc à une approche globale, une ap- proche locale et fine des terroirs, qui permette de détailler quelle est la population active ou résidente - le second critère a été retenu -, et quelles sont les surfaces de chaque type de terrain et leurs usages.

L'usage agricole du sol est dynamique, à I'échelle du cycle agricole, des successions de culture, de la durée de vie des aménagements de correction du milieu, et fonction de la reproductibilité des systèmes de culture ou de l'apparition de nouvelles cultures et tech- niques. Sur un pas de temps plus long, de 50-100 ans, les changements majeurs d'occu- pation de l'espace sont encore repérables, mais on dispose de moins de données (Smadja, 1998). Sur un pas de temps très long ou historique, les outils d'analyse ne sont plus les mêmes (géomorphologie, dendrochronologie, etc.) et les échelles sont beaucoup plus petites. Nous proposons le pas de temps intermédiaire d'une génération en compa- rant des photos aériennes espacées de 40 ans (1955, 1994), pour rendre compte des

* Ces recherches ont été appuyées parle PIREVS-CNRS, comité SEAH (u Systèmes Bcologiques et actions de l'homme n).

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dynamiques d'occupation du sol dans une communauté de I'altiplano central bolivien où subsistent des jachères longues collectives (carte 1).

La durée de la jachère longue pâturée, fixée dans cette communauté à 10 ans, n'avait pas été modifiée depuis 40 ans, ni sans doute depuis beaucoup plus longtemps (Rivière et al., 1996 ; Hervé et Rivière, 2000). Les évolutions n'ont pas porté sur le temps mais sur l'espace. Le but de cet article est d'illustrer ces dynamiques spatiales dans une perspective d'orientation des municipalités chargées, depuis les lois boliviennes de décentralisation, de l'aménagement lbcal du territoire. Plutôt que de produire une carte statique de l'utili- sation du sol, nous cherchons à retracer les évolutions du contrôle de l'espace, des formes d'accès, de la localisation et l'intensité du peuplement. Deux supports sont utilisés : la comparaison entre deux dates de l'usage du sol et une reconstitution rétrospective de l'ha-

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Contexte et méthodes

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bitat. Les systèmes à jachère longue sont des systèmes durables (Hervé, 1994) ; nous nous demanderons finalement quels types de développement respectueux de l’environnement sont adaptés à ces types d‘occupation du sol et aux dynamiques évoquées.

Contexte et méthodes

DEUX DATES, UNE COMMUNAUTÉ

Nous avons utilisé la couverture aérienne au 1/50 000, faite par l’Institut Géogra- phique Militaire bolivien en 1955 ; des clichés couleur pris d‘avion en 1993 et de nou- velles photos aériennes exhaustives, mais plus précises (1/15 000), commandées à I’IGM en 1994, pour repérer les changements d‘utilisation du sol à I’échelle de grands en- sembles de parcelles ou zones de production. La comparaison des photos de 1955, 1993 et 1994, avec une enquête de terrain sur l’habitat, nous donnent des Cléments d’inter- prétation pour reconstituer un aspect de l’histoire récente de la communauté de Pu- mani. Cette communauté, accessible par route depuis Ayo-Ayo, la capitale du chef-lieu située à 150 km de La Paz (à mi-chemin entre La Paz et Oruro), correspond en fait à la partie basse de Pumani, séparée du Haut Pumani par une cordillère quartzo-schisteuse au Sud-ouest de la communauté (carte 2). À la base de cette cordillère apparaissent des collines où alternent lutites et schistes. Sur l’autre versant, ondulé, entaillé par la rivière principale au niveau de Chusiq’ani, des arènes issues de massifs intrusifs tertiaires et des argiles constituent le matériel colluvial d‘un système de collines et replats, qui aboutit en aval à des terrasses alluviales en aplomb d’une plaine inondable aux sols limono-argi- leux. Les affleurements de roches intrusives couvrent 85 ha sur un total de 4 524 ha.

O n distingue à Pumani trois catégories d’utilisation du sol : sayan’a, aynuqa et chilli- war. Une partie du territoire communal est divisée en autant de secteurs d’aynuga que d’années dans la rotation. Treize secteurs d’aynuqa sont disposés tout le long des fron- tières avec les autres communautés, dans un but initialement défensif; ils peuvent asso- cier un ou plusieurs lieux-dits. Chaque année un nouveau secteur est labouré. L)ay?zuqa est constitué de terrains éloignés des habitations, exploités en soles soumises à une rota- tion collective ; dix ans de jachère succèdent à trois années de culture, la pomme de terre en premier puis l’orge, le quinoa (Cbe?zopodium quinoa Willd.) ou le blé. Les parcelles sont en accès privé mais les intercultures sont en accès libre, ouverts à la vaine pâture. Nous désignerons par le même terme d’aynuqa l’ensemble du système et une sole en gé- néral ; nous parlerons de secteur d‘aynuqa lorsque nous aurons à désigner ce dernier par son nom local.

La s a p % est constituée de terrains proches des habitations, cultivés sans contraintes collectives même pour les intercultures qui restent privées. Dans les parties planes, la sayar?d est cultivée en orge fourragère (sayan’& cultivée) ou maintenue en prairie perma- nente humide (chilliwar = sayan’a non cultivée). Ce chilliwar, constitué essentiellement de Festtrca dololichopbylla, peut être inondé en période de pluies. Par extension, nous ap- pellerons zone de sayan’a en la nommant par son nom, un hameau regroupant les mai- sons et les terrains de sayan’a attenants.

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DYNAMIQUE DE L'OCCUPATION DU SOL DANS UNE COMMUNAUTÉ AGROPASTORALE DE L'ALTIPLANO ...

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Carte 2: Accis et topographie de la communauté de Pumani

DES MAISONS

À une tache appréciée sur les photos aériennes au 1/50 O00 et au 1/15 000, est asso- ciée une maisonnée ou un ensemble d'habitations appartenant au même groupe fami- lial. On distingue i ces échelles la présence ou non de cour intérieure autour de laquelle sont disposées les différentes habitations. Ces maisons se répartissent, selon un habitat dispersé, dans cinq hameaux localisés principalement le long des cours d'eau. Nous avons parcouru l'ensemble de la communauté pour localiser les maisons identifiées sur les photos, en leur affectant si possible le nom des familles qui les ont occupées en 1955 et en 1994, selon la mémoire de nos informateurs (Pacheco, com. pers.). Ces données démographiques ne sont pas présentées ici. La localisation et l'état des habitations (ha- bité de manière temporaire ou permanente, abandonné ou en ruine, de construction ré- cente avec un toit de tôle ondulée ou en chaume) renseignent sur leur usage.

Les maisons occupées sont la base du recensement des foyers : un (( foyer D est une per- sonne ou un groupe de personnes liées par des liens de sang, légaux ou de fait, qui réside habituellement dans une maison donnée, si elle lui sert de domicile permanent (INE, 1986). Notre approche de la maison se limite à la marque laissée sur une photo aérienne et à l'aspect extérieur recueilli par une reconnaissance de terrain. Dans le cas étudié, la maison représente à la fois l'unité de résidence de la famille (une ou plusieurs habita- tions d'une seule pièce, relevant d'une famille identifiée par le nom du chef de famille),

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DOMINIRUE HERVE, STEPHANE AYANGMA

l’unité de cuisson des aliments car elle comporte toujours une cuisine dans une habita- tion de chaume séparée des autres, et enfin le centre des activités agro-pastorales. Lors- qu’elle est habitée, on repère les dépôts de combustible (bouses de vache sèches, arbuste ligneux) et selon l’époque une meule d‘orge, le fourrage consommé par les bovins. La maison constitue l’ancrage localisé des activités d‘élevage ; les animaux sont rassemblés la nuit, les bovins attachés au piquet et les ovins dans un enclos, à proximité des habita- tions.

Deux types de (( groupes habitationnels )) sont identifiés à Pumani : - la nnnqk est constituée d‘une seule habitation (avec un toit de chaume) et un enclos de

pierre pour garder la nuit le troupeau ovin. Une nnnq’a est un abri temporaire localisé dans des a y ” éloignés où se réfugient les familles lorsque les aynuqa mises en cul- ture sont situées près de leur domicile. Elles doivent alors éloigner leurs troupeaux des parcelles cultivées pendant plusieurs mois.

- la maisonnée est constituée d’une ou plusieurs habitations, en plus de la cuisine, le plus souvent disposées autour d‘une cour centrale délimitée par un muret de pierres ou de briques de terre. Le nombre et I’état de ces habitations révèlent différentes étapes d‘agrandissement ou de succession. Certaines habitations paraissent entière- ment.abandonnées. En réalité les cas réels d‘abandon sont rares et le terme utilisé en aymara est (( maison inhabitée )) et non (( maison abandonnée v. Une habitation de- vient (( maudite )) lorsqu’elle a reçu la foudre (châtiment attribué à une faute) ou en- core lorsque des enfants atteints de malformation physique y sont nés. Lorsqu’une habitation a perdu son toit à la suite d‘un incendie ou que les murs sont menacés par une inondation dans les chilliwar, l’habitation non reconstruite se convertit progressi- vement en ruine. Lorsque toutes les habitations sont en ruine, la maison n’est pas décomptée dans les maisons habitées. Dans le reste des cas, les maisons réputées aban- données sont au moins utilisées durant les fêtes et servent souvent de lieux de dépôt ; elles ont un gardien. NOUS conserverons donc trois états des maisons pour apprécier leur évolution : habité de manière permanente, habité de manière temporaire, non ha- bité ou en ruine (tableau 1).

1955 1994

Maison Inhabitée

Inhabitée Inhabitée 55-94 Ruine 1

Maison

Anaq’a 55-94 Permanent ou temporaire

Maison

Maison

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Tableau 1 : Évolution simplifiée des groupes habitationnels (GH)

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DYNAMIQUE OE COCCUPATION DU SOL DANS UNE COMMUNAUTE AGROPASTORALE DE CALTIPLANO ...

DES LIMITES

Les limites de 1955 ont été déterminées sur une photo aérienne au 1/50 000, centrée sur la communauté de Pumani, agrandie à 1 m x 1 m, de manière à faire apparaître des Cléments du parcellaire. Ansi sont apparues les limites entre chilliwar et sayatia cultivée et entre sayatia cultivée et aynuqa en jachère. Sur cette base, les limites d'aynzqa ont été reconnues sur le terrain, pour certaines d'entre elles à la boussole, et tracées sur dires d'agriculteurs, lors d'enquêtes rétrospectives. Les limites de 1994 ont été déterminées sur une restitution des photos au 1/15 000, augmentée d'un facteur de 1.41 pour at- teindre la taille de la représentation de 1955. La superposition des deux clichés a posé des problèmes de déformation dans les zones de bordure. Ces problèmes se rencontrent sur toutes les frontières : irrégularité du trait de frontière Qhapaq'Amaya-Qullana sur la carte de 1955, léger décalage de la frontière Irupata-Sulcavi, non-correspondance du tracé de la frontière avec Alto Pumani, décalage important des tracés de la piste et de la rivière à Jisk'a Juqhu. Cependant, des relevés GPS aboutissentà une estimation rectifiée de la superficie de la communauté et des différents secteurs d'aynuqa avec une précision de +5 %.

DE LA SUPERPOSITION DES LIMITES ET DES MAISONS

L'évolution du statut des terrains et l'évolution démographique sont appréciées à pe- tite échelle par la localisation et la densité des maisonnées. L'interprétation repose sur le fait que le lieu où se trouvent les maisons d'habitation est privé et non en accès libre. Les maisons constituent alors des indicateurs de l'accès à l'espace. En conséquence, une par- celle en aynziqa change de statut si elle est construite et devient une parcelle de sayaña. Par ailleurs, des parcelles où ont été érigées des anaq'a sont transformées depuis une vingtaine d'années en saya&, devenant ainsi des lieux de résidence et de production per- manentes (Pacheco, 1994 ; Rivière et al., 1996). Par une analyse rétrospective de I'habi- tat, on superpose donc deux variables, l'usage du sol et l'accès à la terre.

La connaissance simultanée de la localisation et de l'usage actuel des habitations a per- mis de reconsidérer de manière critique l'interprétation de l'utilisation du sol : question- nement dans certains cas des limites aynuqa-sayatia, en particulier lorsque des maisons existant depuis 1955 sont localisées à l'intérieur de limites d'aynsiqa de 1955 ; localisa- tion d'anaqk ou habitations supposées telles, en sayaña ; identification, dans les aynuqa, d'enclaves de parcelles devenues sayatia etc. Plutôt que des localisations ou des superfi- cies exactes, ce qui compte sont les tendances et la réalité des dispositions spatiales dé- tectées.

La légende des cartes présentées discrimine les trois zones : rayafia dont la partie en chilliwar, aynuqa. La carte 3 présente les maisons et anaq'a de 1955 sur le fond d'usage du sol de 1955. La carte 4 présente les maisons et anaq'a construites entre 1955 et 1994, sur le fond d'usage du sol de 1994.

DOMINIQUE HEWÉ, STEPHANE AYANGMA

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DYNAMIQUE OE L'OCCUPATION OU SOL DANS UNE COMMUNAUTÉ AGROPASTORALE OE L'ALTIPIANO ...

Occupation des terres

Les variations de surface des chilliwar, des saynña cultivées et des aynuqa sont impor- tantes entre 1955 (carte 3) et 1994 (carte 4) mais très variables selon les zones de la com- munauté (tableau 2). Deux dynamiques d'utilisation du sol se dégagent : la réduction des surfaces en chilliwar au profit de sayan'a cultivées et la réduction des surfaces culti- vées en aynuqa au profit de l'extension des sayaña.

DIMINUTION DES CHILLIWAR

Les chilliwar les plus étendus, appelés ahijadiru, sont alimentés par des rivières. Ils sont localisés dans deux zones de sayuña, Jisq'a Juqhu et Qhapaq Amaya. Les autres chil- liwarsont de faible surface, dispersés dans les autres sayan'a à l'exception de Chusiq'ani. De faible pente, échelonnés en plusieurs niveaux séparés par des zones nues érodées (griffes régressives), ces chilliwar (( suspendus )) sont alimentés par les surfaces de ruissel- lement qui les entourent, bas de versants et surtout collines de lutites. Leur situation géomorphologique particulière et leur faible surface les rendent difficiles à labourer ; ils jouent un rôle important de réserve sur pied de biomasse humide à proximité des mai- sonnées, donc des troupeaux. C'est donc dans les ahzjadirzi qu'est constatée la réduction de surface la plus significative (-44 %, de 504 à 284 ha), par retournement à la charrue à disques et mise en culture d'une parr (besoin de terres cultivables, passage de prairies permanentes à cultures fourragères), par la construction de nouvelles maisons d'autre part, d'où un mitage par taches.

Le morcellement des deux ahijrrdirzi avait débuté avant 1955 pour le bénéfice des combattants de la communauté revenus de la guerre du Chaco qui opposa la Bolivie et le Paraguay (1932-1935). Mais c'est à la suite de la réforme agraire, à partir de 1953, que la communauté divisa la totalité des nh$~dirti en lots individuels (Rivière et al., 1396). Comme conséquence de la grande sécheresse de 1983, les agriculteurs qui ont pu louer les services d'un tracteur ont commencé à retourner leurs parcelles de chilliwar aux disques, poursemer d e l'orge. Des retournements ont encore eu lieu plus récemment. Des enclaves dans les ajijcldiru apparaissent lorsque l'installation de maisons a accompa- gné ces nouvelles possibilités de mise en culture.

Pour ceux qui vivaient loin des ryj~zdirzi, cela signifiait un terrain additionnel qu'ils pouvaient éventuellement échanger. Des familles jeunes ont pris l'option de venir y ins- taller leur maison, sans perdre leur accès à leur ancienne sayan'a, afin de profiter d'un accès garanti aux pâturages et, éventuellement, à la rivière de manière à irriguer (Pa- checo, 1994). L'accès à ces terres d'ah+diru a ensuite ouvert pour certaines familles la possibilité de semer de l'orge et de développer l'élevage bovin, tout en libérant de la main d 'œune pour des activités extérieures à la communauté. Les conséquences, pour la communauté, furent donc d'exclure une partie de la population d'un accès libre à des pâturages humides en période sèche, de'créer des conflits internes à propos de I'appro- priation des terres et d'augmenter, au lieu de la réduire, la différenciation sociale et éco- nomique.

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OOMINIQUE HEWÉ, STÉPHANE AYANC

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Tableau 2 : Surfaces de sayaiia et aynui

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lit un terrain additionnel qu'ils ont pris l'option de venir y ins- ie'styafid, afin de profiter d'un ière de manière à irriguer (Pa- luvert pour certaines familles la e bovin, tout en libérant de la auté. Les conséquences, pour la )pulation d'un accès libre à des ts internes à propos de l'appro- la différenciation sociale et éco-

DOMINIQUE HERVÉ, STEPHANE AYANGMA

Aynuqa

lrupata Siwiqani Titiri Parquma Tuntachawi Wachulla autaña Siwartira Kantiriya Ananta Warisunt'isiña Q'asilla aañawiri Llallawa Ch'illuma Umajaqsu Wallani Sous-total

Sayaña Jisk'a Juqhu Qhapaq'Amaya Ch'usiqani auih kallu Mik'aya Enclaves de sayafía en aynoqa Sous-total

TOTAL

Superficie (ha) en 1955

267 179 113 207 171 73 229 236 197 233 i a i 206 280 123 1 o9 167 192

3 163

403 360 92 221 285

O 1361

4 524

Superficie (ha) en 1994

21 2 131 90 172 123 65 1 27 21 5 161 114 155 171 130 i oa 90 144 127

2 335

716 576 110 321 382

a4 2 189

4 524

Tableau 2 : Surfaces de sayaña et aynuqa en 1955 et 1994

ÉV0 LUT1 ON SAYA&! -A YNUQA

Évolution 1955/1994 %

- 21 - 27 - 20 - 17 - 28 - 11 - 44 -9 - i a - 51 - 14 - 17 - 54 - 12 - 17 - 14 - 34

- 26 %

+ 78 + 60

- 419 4.45 + 34

+ 61 %

L'évolution la plus marquante est l'extension des surfaces en sayah (+ 61% en moyenne) au dépend de celle des ayynuqa (- 26 Yo en moyenne) (tableau 2).

L'extension des surfaces en rayafia, à la frontière des aynuqa, a pour conséquence une mise en continuité de sayark auparavant délimitées (Quilu kallu et Qhapaq'Amaya notamment). L'hypothèse est faite qu'elle ne modifie pas les frontières entre aynuqa. Les deux plus grandes zones de sajiafia se sont étendues de plus de 50 %, Ch'usiqani ne s'est pratiquement pas étendu sur les aynuqa voisins.

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DYNAMIQUE OE L'OCCUPATION OU SOL DANS UNE COMMUNAUTE AGROPASTORALE OE L'ALTIPIANO ...

La diminution de la surface d'aynuqa, de l'ordre du quart de la surface initiale, n'a épargné aucun secteur. Les secteurs d'aynziqa le mieux préservés sont : Wachulla et le Sud de Q'asilla, car l'exposition de la pente et la présence de terrasses les protègent du gel ; Llallawa, Ch'illuma et Parquma sur un versant, Siwartira sur l'autre versant et Uma- jaqsu le plus éloigné des habitations. Les secteurs les plus affectés sont, dans l'ordre, Qañawiri, Ananta, Qutaña. La diminution par un processus d'enclavement de groupes de maisons est, à Tuntachawi et Warisunt'isiña, de moindre amplitude. Tout enclave- ment de parcelles de qu6a en aynziqa ou de parcelles d'aynuqa en ~aya6a pose un pro- blème d'accès à la vaine pâture pour les animaux comme cela a été illustré Rivière et al. (1996), dans le cas de Qhapaq'Amaya.

La création de saya6a sur les terrains d'quzztqa se poursuit sous des formes très variées, apparemment entérinées sans difficulté apparente par les autorités traditionnelles : échange de parcelles, changement par l'habitat du statut foncier des parcelles. Par ailleurs, la sécheresse de 1983 augmenta le flux d'émigration vers différentes villes en Bolivie, principalement La Paz, et vers l'Argentine. Les jeunes poursuivant leurs études en ville ne reviennent pas dans la communauté. Le manque de main d'œuvre masculine entre 18 et 40 ans rend difficile l'exploitation des aynziqa (labour de la jachère à l'araire, éloignement des secteurs). En conséquence, les mya6a représentent une part accrue de l'exploitation et c'est sur leur espace ou à proximité que se concentrent la plupart des activités agro-pasto- rales. Ce regroupement des terres à proximité des habitations a des conséquences sur le pâturage journalier des ovins et la collecte de combustible ligneux : il favorise une spécia- lisation laitière du cheptel bovin. Par contre les risques augmentent de développement des insectes de la pomme de terre (Hervé et Rivière, 1998). Les évolutions attendues dé- pendront plus des stratégies individuelles que des arbitrages collectifs.

Évolution de l'habitat

RECENSEMENT DES HABITATIONS EN 1955 ET 1994

220 groupes habitationnels sont identifiés en 1955 dont 172 maisons avec cour inté- rieure et 48 anaqh. 80 Yo de ces maisons sont habitées de manière permanente en 1994, 12 % sont occupées temporairement, 8 Yo sont en ruines. 21 % de ces maisons ont au moins une habitation couverte d'un toit de tôle ondulée. Parmi les anaqh, entre 1955 et . 1994, 64 % ont été transformées en habitations permanentes, 21 Yo sont restées unnqh et les 15 % restantes sont abandonnées.

Les groupes habitationnels construits entre les deux dates sont au nombre de 214, dont 61 nouvelles anagh. Cela signifie que le nombre de maisons a pratiquement dou- blé en 40 ans et, fait surprenant, le nombre d'anaqh a plus que doublé. Soit le nombre d'annqh est sous-estimé en 1955 du fait de I'échelle de la photo aérienne, soit leur construction accompagne systématiquement la colonisation des aynuga. Le pourcentage élevé d'anaqh transformées en résidence permanente entre les deux dates fait pencher pour la seconde hypothèse.

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DOMINIQUE HEW, STÉPHANE AYANG

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UTÉ AGROPASTORALE OE L'ALTIPLANO ...

quart de la surface initiale, n'a préservés sont : Wachulla et le ce de terrasses les protègent du rtira sur l'autre versant et Uma- )lus affectés sont, dans l'ordre, :ssus d'enclavement de groupes Indre amplitude. Tout enclave- 'aynuqa en sayan'a pose un pro- ; cela a été illustré Rivière et al.

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DOMINIQUE HEWÉ, STEPHANE AYANGMA

Parmi les 153 maisons construites après 1955, 17 % sont habitées temporairement et 11 % sont en ruines. Ce sont donc des pourcentages supérieurs à ceux relevés pour les habitations de 1955. Le nombre de maisons en ruines est plus élevé que celui des maisons présentes en 1955 et tombées en ruines par la suite. Une maison abandonnée ou d'utilisation temporaire est le signe que le chef de famille réside en dehors de la communauté. Cela indique-t-il que les jeunes couples, et les familles installées depuis 40 ans sont plus mobiles et pour des phases de migration plus ou moins longues ? Par ailleurs, 17 % de ces nouvelles maisons ont au moins un toit en tôle ondulée. Ce pourcentage n'est pas significativement plus élevé que celui des maisons de 55 transformées en 1994. La diffusion de la tôle ondulée a touché autant les transformations de maisonnées anciennes que les nouvelles maisonnées. Les nouveaux installés n'investissent pas plus dans des toitures en tôle ondulée que les familles installées de longue date.

Ceux qui partent gardent des terres exploitées dans la communauté et également leur maison. Or, un tiers de la population de Pumani vit en dehors de la communauté. Les absents font travailler leurs terres par des parents réels ou virtuels à travers une série d'arrangements où sont pris en compte l'extension des terres, l'apport des semences ou de fertilisant animal par le propriétaire ou le bénéficiaire. Les absents doivent en retour payer des compensations à la communauté s'ils ne peuvent plus participer au système des charges. 'L'analyse de l'habitat n'est qu'un élément parmi d'autres permettant de comprendre l'impact local des phénomènes de migration.

L'analyse de l'implantation de nouvelles maisonnées depuis 1955, par zones de sayal'a, indique les priorités de peuplement : Jisk'a Juqhu (56) puis Qhapaq Amaya (32), Q'ullu Kallu (18), Mik'aya (17), Ch'usiqani (11) alors que 19 sont dispersées sur les parties d'aynuqa devenues de ce fait sayal'a, principalement à Tuntachawi et Qutaña. Les deux sayalia qui se sont le plus peuplées entre 1955 et 1994 sont celles qui ont le plus accru leurs surfaces au dépend des secteurs d'aymqa voisins. Un accès important aux zones humides de chilliwar y a facilité le développement d'une production laitière.

1

,

SUPERPOSITION DES LIMITES ET DES MAISONS

La superposition des informations concernant les limites et les maisons confirme et précise les résultats antérieurs pour chaque date d'observation.

Le panorama de répartition de l'habitat en 1955 est le suivant (carte 3). Les maisons sont localisées dans les zones les plus appropriées de chaque q a l ' a : en bordure du chilliwar et le long de la piste à Jisk'a Juqhu ; autour de l'ancienne localisation du hameau de Qhapaq Amaya, à la frontière deTuntachawi, et autour du nouveau centre, àproximité de I'école ; de part et d'autre d'une colline de lutites à Mik'aya ; de part et d'autre de la rivière à Ch'usiqani. Certains secteurs d'aynuqa étaient déjà habités en 1955 : la partie basse d 'hanta , les parties situées entre Jisk'a Juqhu et les pistes d'accès aux secteurs de Qutaña et Qañawiri. La présence de maisons en ruine dans ces deux derniers secteurs témoigne que l'occupation était déjà ancienne. Par ailleurs, le plus grand nombre d'anaq'd se trouve sur un axe allant de la partie haute et en pente d'Irupata vers le secteur de Kantiriya, en passant par le Nord de Q'asilla.

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: I DYNAMIQUE DE COCCUPATION DU SOL DANS UNE COMMUNAUTÉ AGROPASTORALE DE CALTIPLANO ...

Les secteurs les plus affectés en 1994 par l'extension de l'habitat sont Qañawiri et Qu- taña, et par un processus d'enclavement de groupes de maisons, Tuntachawi, Warisunti- sifia et Irupata (carte 4). Le long de la cordillère qui sépare Bajo de Alto Pumani, on observe une localisation préférentielle des nouveaux groupes habitationnels à proximité des points d'eau et des zones humides humides (chillizuar (( suspendus n) OLI de petites dépressions. Ainsi, des maisons se sont installées le long de la rivière, sur des chilliwar, au détriment des deux aynuqaAnanta et Llallawa.

Des maisons en ruine se retrouvent dans toutes les saya&, sans localisation préféren- tielle, sauf au lieu de l'ancienne agglomération de Qhapaq Amaya, à la frontière de Tun- tachawi, où elle sont associées à des maisons abandonnées et dans le prolongement de Ch'usiqani, à proximité de Qutaña. Une des explications peut être l'insécurité liée aux inondations, l'autre l'émigration de longue durée qui touche Ch'usiqani (émigration vers l'argentine, notamment).

L'incrustation de parcelles d'ayizziqa dans des saya6a interdit leur incorporation à la vaine pâture pour l'accès des animaux, comme l'ont décrit Rivière et al. (1996 : 101) dans le cas de Qhapaq Amaya. À terme, ces parcelles deviendront sayan'a. C'est le cas pour les enclaves de Qutaña et Ananta (carte 3). La situation inverse,.d'enclaves de par- celles de sayaea au milieu d'aynuqa, concerne les secteurs de Qañawiri, Warisuntisiña et Irupata. Cette situation présente une série de conséquences pour l'élevage. Les unités de production familiales qui ont fait ce choix augmentent, du fait de leur localisation, les opportunités d'accès de leurs troupeaux ovins aux ressources fourragères des jachères. Elles doivent, en contre partie, protéger leurs parcelles semées de l'entrée d'autres trou- peaux.

Certains secteurs 8aynziqa demeurent peu habités car ils manquent d'eau : Umajaqsu, compte tenu de son éloignement, de Llallawa à Parquma er le secteur de Siwartira.

Discussion

Trois moteurs des dynamiques d'occupation du sol ont été identifiés : (1) un échange de parcelles entre agriculteurs aboutissant au regroupement des terrains à proximité des maisons d'habitation, sans nécessité de recourirà un marché foncier ; (2) une modalité de contournement de la norme communautaire d'usage du sol : le passage d'un habitat tem- poraire en aynuqu pour le gardiennage des animaux (am+) à un habitat permanent, ce qui a pour conséquence de privatiser l'usage de la parcelle habitée ; (3) la création d'en- claves de sayak en secteurs d'aynziqa, par la construction de nouvelles habitations. L'ex- plication de ces modalités nécessiterait de plus larges développements ; elle relève en effet de stratégies foncières, des logiques de transmission héréditaire du sol et des maisons, et elle dépend de trajectoires familiales conditionnées par leur généalogie.

La diminution des surfaces en jachère entraîne une réduction des aires de collecte du combustible ligneux arbustif et des aires productrices de fourrage pour les ovins. Mais le

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DOM~NIQUE HERVÉ, STÉPHANE AYANGF

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Sduction des aires de collecte du fourrage pour les ovins. Mais le

DOMINIQUE HERVÉ, STÉPHANE AYANGMA

fait de passer en gestion privée n’entraînera pas nécessairement une fréquence de retour- nement plus élevée. Par contre la ressource ligneuse, ressource en accès libre en dehors des parcelles labourées, verra son accès limité à un usage privé. La part provenant des ayntiqa, dans la production totale de combustible ligneux, va de ce fait diminuer. Par ailleurs, la part du ligneux diminuera d‘autant plus qu’augmentera le nombre de tête de bovins et, par conséquent, la disponibilité du combustible alternatif, la bouse de vache séchée.

Pour les exploitations qui dépendent encore de parcelles en aynuqa, la situation de secteurs d’qiznqa de surface insuffisante deviendra plus fréquente, obligeant à des ajus- tements également plus fréquents par la mise en culture de Surfaces en saya6a (Hervé et Rivière, 2000). En effet, soit des reports sont effecrués sur les sayaria pour compenser le manque de terre disponible, soit des secteurs sont réunis une année donnée. Cette se- conde alce-mative, qui réduit la durée de la jachère, n’a pas été adoptée par la commu- nauté (Hervé et Rivière, 1998). La viabilité de ces ajustements n’était jusqu’à présent assurée que parce que les années de (( petites aynuqa )) étaient réparties au cours des treize années de la rotation. Tous les agriculteurs n’auront pas les mêmes possibilités de substi- tution en mobilisant des terres dans leur sayah.

-

La compréhension des dynamiques d’occupation du sol, grâce au traitement conjoint de l’usage du sol et de l’habitat, nous autorise à dessiner quelques perspectives. Toute la partie basse, en plaine, au pied de la cordillère qui sépare Bajo de Alto Pumani, devrait passer progressivement du statut d’ayrzzqa à celui de sayaGa, par grignotage à la fron- tière. La situation d‘enclave d’ayztrqa au milieu de sayalZa ne peut pas se maintenir du fait de la conduite des troupeaux, l’accès libre à la vaine pâture se trouvant en effet sé- rieusement entravé. Un axe Jisl’a Juqhu-Mik’aya, le long du chemin d‘accès aux aynuqa, et un axe Irupata-Kantiriya pourraient devenir de nouvelles zones de sayan’a, sous l’effet de trois forces conjointes : l’extension de la myaiia de Jisk’a Juqhu, l’augmen- tation du nombre et de la surface des enclaves de sayaria dans les secteurs d’aynuqa et la transformation massive d‘anaq’u en résidences permanentes. Nous avons pu constater dans les années 1996-1997 que cette évolution était en cours à la frontière entre Mik‘aya, Kantiriya et Q‘asilla. O n observe également que les parties planes de Tunta- chawi et Qutaña sont progressivement occupées par des maisons et que le secteur de Qañawiri est destiné à disparaître. I1 ne resterait alors, comme zone d’aynuqa, que des terrains en pente : sur le substrat quartzo-schisteux, à la frontière avec Alto-Pumani, sur les collines argileuses très dures à labourer de Llallawa à Tuntachawi, les pentes douces et disséquées de Kantiriya à Qutaña, enfin les pentes abritées de Wachulla et Q‘asilla, c’està dire des zones aptes à la culture de pomme de terre sans risque de gel majeur. O n s’acheminerait ainsi vers un système dual de production alimentaire de tubercules en aynziga, après jachère, même si celle-ci se réduit, et de production fourragère en sayaria (orge et secondairement luzerne), orientée selon les zones vers la production laitière ou l’embouche bovine.

Les dynamiques de l’usage du sol apparaissent surtout liées à la densité croissante et localisée de l’habitat et au développement de l’élevage bovin.

Nous avons approché la densité de population résidente par la densité de l’habitat et l’occupation des maisonnées, mais nous buttons encore sur les mécanismes en jeux lors

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DYNAMIQUE DE COGCUPATION DU SOL DANS UNE COMMUNAUTÉ AGROPASTORALE OE CALTIPLANO ...

de l'émigration pour évaluer réellement la population active. Quels sont les membres de la famille qui quittent la communauté ? Comment sont mises en valeur les terres et gar- dés les animaux de ceux qui, partis plusieurs années, résident en ville ou dans les zones basses ? Ces questions sont importantes pour déterminer qui pourrait mettre en œuvre des propositions d'intensification, les plus âgés qui sont restés dans la communauté ou les plus jeunes, qui parfois disposent d'une épargne, mais qui résident en dehors de la communauté ?

L'élevage bovin tend à prendre plus d'importance que l'élevage ovin dont la fonction principale est de concentrer les déjections d'un vaste espace pâture, vers un espace agri- cole d'extension réduite, et principalement vers la culture de pomme de terre qui est la première culture de la rotation. Le gardiennage des ovins devient d'ailleurs beaucoup plus difficile dès lors que les jachères sont devenues privées puisqu'il faut faire circuler des troupeaux entre des parcelles non plus réunies en soles et cultivées au même moment, mais pouvant porter différents couverts végétaux, naturels ou fourragers. Par contre, le fait que ces jachères soient d'usage privé rend possible le semis d'espèces fourragères en inter - culture (vesce, luzerne, légumineuses natives) puisqu'il garantit l'accès à la récolte.

.

Conclusion Nous ne disposons pas d'exemple de décision collective ayant modifié définitivement

la norme communale définissant la durée de la jachère. La connaissance des modalités de décision collective explique qu'une telle décision demeure très difficile à prendre. Si la réduction de la durée des jachères n'est pas décrétée par la communauté, elle ne pourra se faire qu'indirectement et individuellement. O n observe par contre que les prairies permanentes sont labourées, que la surface consacrée aux systèmes de culture à jachère collective se restreint et que la surface en raynña augmente, entraînant la privati- sation des ressources fourragères pâturées et des ressources combustibles prélevées. Cette situation, observée à Pumani, semble assez générale mais, comme l'indique Hervé (1994), les modalités de diminution de la surface des nynzlqn sont variables, soit par gri- gnotage ou enclavement comme nous l'avons illustré ici, soit lorsqu'un secteur d'nynuqn est extrait de la rotation collective et converti en réserve fourragère, gérée par la commu- nauté ou aliénée par une seule famille.

L'enjeu des dynamiques en cours de ce type d'occupation du sol à jachère collective, longue et pâturée, est bien, à travers la privatisation des inter-cultures, la possibilité de procéder à une véritable révolution fourragère. Les semis de luzerne se sont beaucoup développés en sayalia en bordure des chilliwar et les semis d'orge sur les cbilliiunr labou- rés. Le semis d'autres fourrages pérennes esc envisageable sur les nouvelles parcelles converties d kynuqn en suyañn (Montenegro, 1994 ; Fernandez, 1996). Une nouvelle distribution de l'emploi de la main d'œuvre doit être alors considérée car un manque de main d'œuvre peut apparaître à des moments critiques du cycle agricole. La stabulation des bovins e! leur alimentation à base de fourrages séchés, foins d'orge ou de luzerne, complétée par des sous-produits agricoles, augmenterait le travail de fauche de fourrage vert et de stockage en quantité suffisante de fourrage sec. Le fractionnement des espaces

,

,. DOMINIQUE HERVÉ, STÉPHANE AYANGMA

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L'analyse conjointe de la dynam sibilités intéressantes d'interpréta échelle. Ces interprétations sont I situation particulière, un déveloy fourragère serait le prolongement l'élevage bovin. Ces tendances pi question d'une évolution de l'usai taire.

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NAUTÉ A~ROPASTORALE DE CALTIPLANO..

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DOMINIQUE HEWÉ, STÉPHANE AYANGMA

montagnards et les modalités très diverses d‘évolution de l’occupation du sol par des ja- chères collectives conduisent à réfléchir aux conditions d‘application, nécessairement très flexibles, d’une telle révolution fourragère.

Quelles conséquences sur la durabilité des systèmes de culture aura ce transfert d’une gestion collective à une gestion individuelle des jachères ? Quels nouveaux rôles jouera l’instance communale si elle n’a plus, à l’avenir, la charge de veiller à l’usage d‘un même espace, successivement pour l’agriculture et pour l’élevage ? Une autre instance territo- riale, la municipalité, renforcée par des moyens propres à la suite des processus de dé- centralisation, se trouve de ce fait en meilleure position qhe l’instance communale affaiblie, pour canaliser des projets de développement. Cependant les compétences manquent, à ce niveau, pour comprendre les dynamiques d‘utilisation du sol et orienter en priorité l’investissement sur des programmes d‘activités productives, agricoles et pas- torales. De plus, les modalités de soumission de projets par la communauté, d’accepta- tion par la mairie, puis de mise en application, diffèrent des concertations à I’œuvre pour la gestion communale des ressources. Dans les années qui ont suivi la décentralisa- tion en Bolivie, les sommes distribuées aux municipalités ont été d’abord investies dans les édifices publics ou la réfection des places centrales des bourgades. Une première ou- verture attendue est donc la priorité donnée aux districts ruraux par rapport aux bour- gades. Un certain nombre de projets sont ainsi nés de diagnostics micro-régionaux, pluridisciplinaires et pluri-institutionnels. La seconde évolution serait la prise en compte de thématiques transversales à des besoins très locaux exprimés par chaque commu- nauté, indépendamment des autres, qui pourraient s’appliquer à des ensembles plus vastes. La proposition d’une évolution fourragère des jachères privatisées va dans ce sens.

L‘analyse conjointe de la dynamique de l’utilisation du sol et de l’habitat offre des pos- sibilités intéressantes d‘interprétation des modalités d’occupation de l’espace à grande échelle. Ces interprétations sont utiles pour adapter localement, en fonction de chaque situation particulière, un développement fourrager des jachères. Cette intensification fourragère serait le prolongement d‘une tendance lourde observée, le développement de l’élevage bovin. Ces tendances posent, dans un contexte montagnard plus général, la question d’une évolution de l’usage du sol vers une fonction plus fourragère qu’alimen- taire.

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DYNAMIQUE DE L'OCCUPATION DU SOL DANS UNE COMMUNAUTÉ AGROPASTORALE DE L'ALTIPIANO ...

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Résumé : L'évolution de l'occupation du sol encre 1955 et 1994 est retracée dans une com- munauté agro-pastorale de l'altiplano boli- vien. La gestion du terroir est collective dans les secteurs de jachkre mise cn culture tous les treize ans, elle est priv6e i proxiinit6 des habi- tirions. Trois approches ont Cc6 mcnCes de front, l'interprétation de photographies aé- riennes cspaci-es de 40 ans, Ia reconnaissance sur le terrain des limites des principaux sec- [curs du tcrroir er Ia reconsticutiorl historique

. de l'habicat. Dtirant la pdriode considCrGe, l'évolution n'est pas une r6duction de la durée dcs jachbrcs collectives mais iine réduction de leur surfiice (dc 70 Yo i 52 96 de la surface to- tale de la commiinatit&). Dans le même temps, 44 (Yo des prairies permanentes hu- mides ont été progressivement labdurées ec se- mées en orge. Ces dynamiques d'occupation du sol sont &es à la densité croissante et loca- lisée de l'habitat et au développement de l'éle- vage bovin. Le prolongement vers l'avenir de ces tendances suscite de nouvelles questions à la recherche. II fournit néanmoins des orien- tations aux municipalités chargées, dans le cadre de la décentralisation, de l'aménage- ment du territoire.

Mots-clés : dynamique, occupation du sol, habitat, ia- chère, Andes, amenagement du territoire

Abstract : Land use dynamics of an agro-pas- coral Bolivian alciplano community is studied benveen 1955 and 1994. Land management is collective in fallowing sectors, ploughed every thirteen years, and private near .houses. Three methods have been used : inrerpreta- tion of two aerial photographs forty years apart, identification of land type limits in the fields and historical reconstriiction of peasant housing. During this period, collective fallow duration has not been decreased but fallow land area has, from 70 %) to 52 % of total community land. AdditiÕnally, 44 Yo of humid permanent meadows have been pro- gressively ploughed and .sowed with barley. These land use dynamics are linked to increa- sed and localised house density and bovine breeding development. Prospecting, based on these tendencies, may give arise to new ques- rions. but furnish guidelines to local govern- ments for land use development planning.

Keywords : dynamics, land use, peasant housing, fallow, Andean, land use development planning

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