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Excerpt of the full publication › cantookhub-media...Beaulieu, Alain Le Solo d’André (Titan...

Date post: 31-Jan-2021
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Excerpt of the full publication
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  • Excerpt of the full publication

  • TITANJ E U N E S S E E

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  • Le Solo d’André

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  • Du même auteur

    JeunesseSous le soleil de Port-au-Prince, coll. Gulliver, Montréal, 2007.Aux portes de l’Orientie, coll. Gulliver, Montréal, 2005.

    • Prix du Salon international du livre de Québec 2006

    AdulteLa Cadillac blanche de Bernard Pivot, coll. «Mains Libres»,

    Montréal, 2006.• Prix littéraire Ville de Québec – Salon international du

    livre de Québec 2006

    Le Joueur de quilles, coll. Littérature d’Amérique, 2004.Le Fils perdu, roman, coll. Littérature d’Amérique, 1999.Le Dernier Lit, roman, coll. Littérature d’Amérique, 1998.Fou-Bar, roman, coll. Littérature d’Amérique, 1997.

  • Le Solo d’André

    ALAIN BEAULIEU

  • Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Beaulieu, AlainLe Solo d’André(Titan jeunesse ; 50)ISBN 978-2-7644-0151-4 (version imprimée)ISBN 978-2-7644-1378-4 (PDF)ISBN 978-2-7644-1728-7 (EPUB) I. Titre. II. Collection.PS8553.E221S64 2002 jC843’.54 C2002-940107-0PS9553.E221S64 2002PZ23.B42So 2002

    Québec Amérique329, rue de la Commune Ouest, 3e étage Montréal (Québec) H2Y 2E1Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

    Dépôt légal : 2e trimestre 2002Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

    Révision linguistique: Diane MartinMise en pages : Andréa Joseph [PageXpress]Conception graphique : Isabelle LépineRéimpression : octobre 2008

    Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

    © 2002 Éditions Québec Amérique inc.www.quebec-amerique.com

    Imprimé au Canada

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canadapar l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industriede l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pourl’édition de livres – Gestion SODEC.

    Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subventionglobale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également àremercier la SODEC pour son appui financier.

  • pour Évelyne,ma « préférée de la vie »

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  • Le frère de ma mère est mort dans unaccident de voiture. Il avait seize ans.Ma mère en avait douze. Et, encoreaujourd’hui, elle est incapable de penserà lui sans se mettre à pleurer.

    Il suffit parfois d’un rien – un mot,une chanson, une odeur – pour que lesécluses s’ouvrent toutes grandes.

    L’autre jour, par exemple, je lui aijuste dit que j’étais allé flâner dans levestibule du secrétariat, que j’y avaisépluché le répertoire des élèves et cons-taté avec surprise que je suis le seulAndré de toute mon école.

    Le déluge !J’avais oublié que c’est pour honorer

    la mémoire de son frère que ma mèrem’a donné ce prénom-là. Une promessequ’elle s’était faite.

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  • Après un moment, elle s’est ressaisie,elle m’a embrassé sur la joue et elle m’adit : « Y a tellement de Simon, deWilliam, de Charles et de Jean-Sébastienqu’André, c’est plutôt original, non ? »

    Elle n’a pas compris qu’à quinze anson n’a pas nécessairement le goût d’être« original ». C’est vrai qu’à travers lesMyrtille, les Dieudonné et les Caillou (ilfaut le faire !), je préfère encore André.

    Mais depuis que le grand niaiseux deDupuis s’est mis à m’appeler Dédé, toutle monde en a pris l’habitude.

    Dédé Desgagnés. On dirait quel-qu’un qui bégaye. Dédé Desgagnés. Çasonne comme une bouteille de verre quitombe sur l’asphalte et qui rebondit uneou deux fois avant de se casser. Oucomme un gars qui déboule un escalier.Dédé Desgagnés.

    Je n’ai pas beaucoup d’amis. Il y abien Antoine, mais lui, ça ne comptepas, c’est mon voisin. On se connaîtdepuis qu’on est bébés. Même avec lui,ce n’est plus pareil. Il me trouve « rejet »parce que je ne fume pas. C’est pas mafaute, chaque fois que j’ai essayé, je mesuis étouffé. En plus, ça pue !

    Au primaire, on revenait de l’écoleensemble. Mais au début du secondaire,

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  • il s’est mis à fumer dans la ruelle avec lesfrères Bélanger, le grand Dupuis etPhong Twin Ly.

    Quand Dupuis volait un paquet depetits cigares à sa mère, ils étaient là-dessus pendant trois jours.

    Je leur ai demandé si je pouvais lessuivre, même si je ne fume pas. Ils ontdit : « Si tu viens, tu fumes ! » Bon.

    Mon autre amie s’appelle Alice. Samère est une amie de la mienne. Il y aquelques années, quand Alice venaitchez moi, on avait beaucoup de plaisir.Maintenant, c’est à peine si on seregarde. On ne sait pas trop pourquoi,mais c’est comme ça. Elle a ses amies,une bande de filles tissée serré. Uneforteresse imprenable. De toute manière,même si elle m’invitait, je ne me tien-drais jamais avec sa gang. Des plans pourque tous les gars de ma classe metraitent de jerk.

    À l’école, les filles restent avec lesfilles et les garçons, avec les garçons. Etquand ça se mélange, c’est pour sechicaner. Moi qui pensais qu’au secon-daire ce serait différent. Pas du tout, dumoins pas avant le secondaire trois. Là,des petits couples commencent à seformer. Y a même une fille de ma classe

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  • qui est enceinte. J’ai hâte de me faireune blonde, mais je ne voudrais pas êtreà la place de Samuel. Père à quinze ans !

    Parce que je suis plutôt timide, jepréfère me tenir avec les gars, même sije les trouve souvent colons, énervés,idiots et menaçants.

    Le grand Dupuis, par exemple.Quand il me voit, il me donne toujoursdes taloches. Rien de grave, un coup depoing sur l’épaule, un coup de coudedans le ventre, une claque derrière latête. Mais ça devient fatigant à lalongue. Quand je me fâche, ça l’exciteet il m’écœure encore plus. Alors je lelaisse faire.

    Si au moins j’avais un grand frèrepour me défendre. Mais non. Ni père nigrand frère. Et ma mère ne se mêlejamais de mes histoires. Elle a biend’autres chats à fouetter, qu’elle dit.Avec son boulot et notre logement àentretenir, c’est vrai qu’elle est pas maloccupée. Surtout depuis que son Marcelrôde autour d’elle.

    Je ne sais pas pourquoi, mais il nem’inspire pas confiance, celui-là. Il a unpetit quelque chose de malhonnête dansle regard. C’est peut-être son sourireépais qui ne me revient pas. Je ne le

  • trouve pas clair, ce gars-là. On diraittoujours qu’il cache quelque chosederrière son dos et que ce n’est pas unbouquet de fleurs.

    Quand il vient chez nous, j’aisouvent l’impression de le déranger.C’est le genre à faire tout ce qu’il peutpour prendre le plus de place possible. Ilparle fort, il rit fort, il rote fort. Et, enplus, il est fort !

    L’autre jour, je l’ai vu déplacer lefrigo tout seul pour que ma mère puisselaver le plancher. On aurait dit qu’il sepromenait avec un sac d’épicerie. Il aquasiment fait trois fois le tour de lacuisine avec le frigo dans les bras justepour m’impressionner. Et je l’ai été.

    J’ai compris ce jour-là que Marcel mevoyait comme un compétiteur, celui quil’empêchait d’être plus souvent avec sablonde, ma mère, et qu’il était prêt àrégler ça par la force s’il le fallait.Comme je ne suis pas de taille, je mesuis effacé et je lui ai laissé toute laplace.

    Il s’est installé chez nous le moisdernier. Depuis ce temps-là, c’est l’enferà la maison. Monsieur fait la loi.

    Nos vies sont réglées comme dansl’armée, avec une heure pour chaque

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  • chose, souper à dix-sept heures trente,devoirs à dix-huit heures avec interdic-tion de lever le nez de nos cahiers avantdix-neuf heures. Puis collation, brossagedes dents, bain et dodo à vingt heures auplus tard pour mon petit frère de septans. Marcel n’a pas encore osé m’impo-ser un couvre-feu, mais je sens que ças’en vient.

    Maman dit qu’il nous apporte ladiscipline qui nous manquait, à monpetit frère et à moi, pour devenir debonnes personnes. Moi, je dis que c’estun gros con.

    Mais je le dis tout bas pour qu’iln’entende pas. Car si Marcel ne m’ajamais touché, c’est juste parce que je nel’ai jamais contredit. Je sais que le jouroù je vais riposter, le gros coco n’hési-tera pas à m’en saprer une sur le nez.

    Moi, j’y peux rien. C’est ma mère quine devrait pas sortir avec un gars commeça. Je ne vois vraiment pas ce qu’elle luitrouve. J’imagine qu’il est plus gentilavec elle. Il est toujours en train d’es-sayer de l’embrasser. Moi, à la longue, çafinirait par m’énerver. Mais elle, ondirait que ça lui fait plaisir.

    Souvent, la nuit, mon petit frère semet à brailler. Quand je lui demande ce

  • qui ne va pas, il se lève et vient se cou-cher dans mon lit.

    Collant, je te dis…J’ai à peine le temps de me retourner

    qu’il s’est déjà rendormi. Je me confec-tionne une barrière avec les couverturesparce que j’aime pas ça dormir avec monfrère. Ça fait « twitt ». Mais quand je lerepousse, il chiale jusqu’au matin, sansdire pourquoi.

    Je pense qu’il a peur de Marcel. Il ena parlé à maman l’autre jour, mais avecelle, on ne s’éternise pas en palabresinutiles. « Va falloir t’y habituer, monpit, parce que Marcel est ici pour lavie. »

    C’est ce qu’elle a dit : Pour la vie !Depuis ce jour-là, le petit braille

    toutes les nuits, et je me lève le matinplus fatigué que la veille. C’est pasnormal. Il va falloir que ça change avantque je tombe malade.

    Si Marcel nous laissait un soir derépit, j’en profiterais pour en parler àmaman, mais il est toujours là. La plu-part du temps dans le salon, avachi surle divan, capable d’échapper vingt« Oh ! Eh ! Awoye ! » à la minute enécoutant ses parties de football.

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  • Heureusement, il y a Mylène.Mylène Tremblay, mon professeur deguitare. Une soie.

    Quand j’en ai trop sur le cœur, c’estelle qui me console. Elle me dit d’êtrepatient, qu’un jour je pourrai me libérerde tout ça et fouler ma propre route.Puis elle me parle de la musique quisoulage bien des maux, surtout ceux quisont difficiles à guérir, les maladies ducœur, de l’amour.

    Un jour, Mylène m’a raconté que lamusique lui avait sauvé la vie. Je n’ai pascompris comment ni pourquoi, mais ellem’a juré que, si elle n’avait pas eu lamusique pour lui permettre de surmon-ter ses épreuves, elle serait sans doutedisparue aujourd’hui.

    C’est à partir de ce jour-là que je mesuis mis à jouer de plus en plus, jusqu’àme faire une bonne croûte de corne surles doigts.

    Il ne faut pas le dire, mais je suis leseul de ses élèves qui ne paie pas sesleçons. C’est que, après la premièresession, ma mère n’avait plus d’argentpour payer les cours. Mylène a acceptéde m’enseigner quand même. « À causede ton talent », qu’elle a dit.

    Il paraît que je ne suis pas mauvais.Mylène dit même que je suis très bon,

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  • qu’elle n’a jamais rencontré un jeuneaussi doué, que c’est rare et que ce seraitun crime de ne pas continuer.

    Alors pour moi, c’est gratuit ! À lacondition que je travaille fort.

    Avant que Marcel débarque dansnos vies, je jouais sans arrêt. J’apportaisma guitare à la maison et je passais messoirées à enfiler des accords et desarpèges. Et Mylène applaudissait quandje lui faisais écouter mes progrès.

    Maintenant, je répète à peine deuxheures par jour, toujours à l’école. Lemidi et parfois en fin de journée.

    Marcel n’aime pas la guitare, alors jela laisse dans mon casier. Et pour expli-quer mes absences du mardi soir, je disque je suis des cours de rattrapagescolaire.

    Marcel ne sait pas que j’aime lamusique. En fait, il ne sait rien de moiparce qu’il ne m’a jamais rien demandé.Y a qu’une chose qui l’intéresse, leschiffres que je vais réussir à aligner surmon bulletin. Le reste, il s’en fiche.Souper, devoirs, bain, dodo. Voilà toutce à quoi il pense quand il me voit,comme si j’avais encore dix ans ! Et plusvite ce sera fait, mieux ça ira.

    Le jour où je rentrerai à la maisonavec ma guitare, j’imagine que je peux

  • dire adieu à mon instrument. En moinsde dix minutes, je vais le retrouver casséen deux dans la poubelle de métal duhangar.

    Pour lui, tout ce qui risque de nousdistraire de nos études est mauvais.

    Marcel aime les équations simples :1 + 1, ça donne 2. On ne mélange pasles pommes et les oranges. Quand ungars veut se changer les idées, il joue auhockey. Et s’il est capable de se battreune couple de fois dans la saison, c’esttant mieux.

    Parce que la vie est un éternel com-bat qu’il vaut mieux gagner le plussouvent possible. Parce que les perdantsont toujours tort. Ça ne sert à riend’avoir bien joué si tu n’as pas gagné.

    Et ce qui fait gagner, c’est l’argent.Parce qu’avec de l’argent tu peux toutacheter. Pas de niaisage avec les arts ettoutes ces bébelles-là. Les études, c’estprimordial, pour avoir une profession,pour faire de l’argent, pour tout acheter.C’est simple, la vie, au fond : 1+1, çadonne toujours 2.

    Mais dis donc, Marcel, pourquoi t’aspas étudié plus longtemps, toi, alors ?

    Je n’ai jamais osé le lui demander,parce que je devine que la réponse qu’il

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  • va me donner ne sera rien d’autre qu’unpaquet de menteries.

    ▲ ▲ ▲

    La lumière de ma chambre vient des’éteindre et tu ne peux pas savoir le bienque ça me fait. Mon petit frère ronfledéjà. J’ai donc tout mon temps pourréfléchir à ce qui s’est passé aujourd’hui.

    En fin d’après-midi, Mylène avaitorganisé pour tous ses élèves une visiteguidée dans un studio d’enregistrement.

    Un vrai.La plupart des artistes connus ont

    enregistré là. Sur les murs, y avait desmilliers de photos de chanteurs, demusiciens et de techniciens. Et passeulement du monde de chez nous. Yavait une photo de Sting et une autre dePhil Collins.

    Quand j’ai aperçu la bouille sympa-thique de Steve Ray Vaughan, je suisdevenu tout excité. Ce gars-là jouait dela guitare comme un dieu. Je dis« jouait » parce qu’il est mort après unspectacle quand l’hélicoptère danslequel il voyageait s’est écrasé. C’estmon idole. J’ai tous ses disques et je lesécoute à répétition.

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  • La régie à elle toute seule est grandecomme notre logement au complet.Robert, un ingénieur du son, nous aexpliqué la fonction de chaque machine.L’immense console occupe tout un murde la pièce. Ce mur est vitré pour que letechnicien puisse voir ce qui se passedans le studio.

    Entre deux explications, un autretype est entré et s’est assis sur le coin dela console. Il a écouté Robert unmoment avec nous puis il s’est levé enfrappant des mains.

    — On va vous montrer ce que çadonne ! qu’il a dit. J’aurais besoin d’unbon guitariste.

    — Ils sont tous excellents, a réponduMylène avec un sourire.

    — Ça me prend un volontaire. Jesais pas… toi, tiens, a-t-il fait en memontrant du doigt.

    J’ai rougi aussitôt et j’ai reculé d’unpas.

    — Vas-y, a dit Mylène. T’as qu’ànous jouer la suite que tu m’as inter-prétée hier soir.

    — Viens ! a dit le gars en ouvrant laporte du studio.

    Je l’ai suivi jusqu’au centre de lapièce où il a installé un tabouret et unmicro sur pied.

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  • Fiches d’exploitation pédagogique

    Vous pouvez vous les procurer sur notre site Internet

    à la section jeunesse / matériel pédagogique.

    www.quebec-amerique.com

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