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EXPLORATION DE LA FOCALISATION SUR SOI...

Date post: 14-Sep-2018
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Master en Sciences Cognitives, spécialité Neurosciences Cognitives EHESS/ENS/Université PARIS 5 Année scolaire 2011-2012 EXPLORATION DE LA FOCALISATION SUR SOI CHEZ DES SUJETS DÉPRIMÉS UNIPOLAIRES ET BIPOLAIRES ÉTUDE COMPORTEMENTALE ET ÉTUDE PAR IMAGERIE PAR RÉSONANCE MAGNÉTIQUE FRÉDÉRIC BRIEND Stage effectué au Centre Emotion (CNRS USR 3246) Sous la direction du Pr. Philippe Fossati
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Master en Sciences Cognitives, spécialité Neurosciences Cognitives

EHESS/ENS/Université PARIS 5

Année scolaire 2011-2012

EXPLORATION DE LA FOCALISATION

SUR SOI CHEZ DES SUJETS DÉPRIMÉS

UNIPOLAIRES ET BIPOLAIRES

ÉTUDE COMPORTEMENTALE ET ÉTUDE PAR IMAGERIE PAR

RÉSONANCE MAGNÉTIQUE

FRÉDÉRIC BRIEND

Stage effectué au Centre Emotion (CNRS USR 3246)

Sous la direction du Pr. Philippe Fossati

«A celui qui pense pour le plaisir de penser s’oppose celui qui pense sous l’effet d’un

déséquilibre vital.»

Cioran, Sur Les Cimes Du Désespoir, 1933

Remerciements

En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères

aux personnes qui m'ont apporté leur aide et qui ont contribué à l'élaboration de ce mémoire.

Je tiens à remercier tout particulièrement le professeur Philippe Fossati, qui en tant que

Directeur de ce mémoire, s'est montrée à l'écoute tout au long de la réalisation de ce projet.

Dépassant le cadre de ces écrits, il restera scientifiquement un des leviers originels de mon

nouvel aiguillage dans les neurosciences cognitives. Une rencontre engageant tout un avenir.

Mes remerciements s’adressent également à Pauline Delaveau, qui plus que collègue

de bureau a été mon guide dans la jungle de SPM. Merci également aux Dr. Christian Even et

au Dr. Marie-Laure Clery-Melin de l’hôpital Saint Anne qui ont très gentiment collaboré dans

le recrutement de ce projet.

Je tiens à exprimer ma reconnaissance envers mes autres collègues de travail, Farah,

Dorothée, Mariam, Gilles, Pierre, Christine, qui ont eu la gentillesse de m’ouvrir à la vie

sociale du laboratoire, vecteur essentiel à l’épanouissement de ce travail.

Enfin, j'adresse mes plus sincères affections à toute ma famille et mes Amis, qui m'ont

toujours soutenu et encouragé au cours de la réalisation de ce mémoire.

A l’expérience littéraire, et tous les patients que j’ai pu voir : à cette humanité

dégagée.

Résumé

Contexte La frontière entre les états dépressifs dans les troubles de l’humeur

bipolaires (BP) et unipolaires (UP) est définie uniquement par les caractéristiques cliniques.

Cela conduit parfois à des erreurs diagnostiques et à une certaine confusion pour définir des

stratégies thérapeutiques appropriées. Nous proposons ici à travers l’exploration d’activation

cognitive avec des tâches de référence à soi de dégager des marqueurs neurobiologiques et

cognitifs pouvant aider à mieux définir et différencier les dépressions BP des dépression UP.

Hypothèse Nous faisons d’une part l’hypothèse que les patients déprimés bipolaires

vont traiter les informations positives liées au self (traits de personnalité positifs dans la tache

de référence à soi, et souvenirs autobiographiques positifs) différemment des informations

négatives et différemment des patients déprimés unipolaires et d’autre part que lors de la

tâche de référence à soi, une activation accrue au niveau des structures corticales médianes

(CMS) postérieures gauches et du cortex frontal médian sera montrée pour les bipolaires et

unipolaires par rapport aux contrôles.

Sujets et Méthodes Deux études sont réalisées. Pour la première étude,

comportementale, 18 patients (unipolaires UP n=12, bipolaires BP n=6) ont été recrutés au

cours d'un épisode dépressif majeur (EDM). Une tâche de référence à soi à partir de matériel

verbal (jugement d’adjectif) et une tâche de mémoire autobiographique ont été utilisées pour

comparer les deux groupes. Pour la seconde étude, d’imagerie (IRMf), 10 sujets sains et 4

patients (unipolaires UP n=3, bipolaires BP n=1) ont été recrutés au cours d'un épisode

dépressif majeur (EDM). Une tâche de référence à soi en IRMf a été réalisée pour différencier

les patterns d’activation des CMS pour les déprimés (UP et BP) des sujets sains.

Résultats Dans l’étude comportementale, on observe que les patients bipolaires

traitent différemment les souvenirs de valence positives que les déprimés unipolaires. Dans la

partie IRMf nous avons mis en évidence une plus grande activation de la partie ventrale du

cortex préfrontal médian dans la condition de référence à soi chez les déprimés par rapport

aux témoins.

Mots-clés : Conscience de soi, focalisation sur soi, dépression, dérégulation

émotionnelle, structures corticales médianes.

Sommaire

I. CADRE THEORIQUE 7

1. Cadre théorique 8

1.1 Le concept du soi 8

1.1.1 Définition du soi 8

Une unité dichotomique 8

1.1.2 Le soi et sa relation à la mémoire 10

Mémoire et effet de référence à soi (SRE) 11

*Corrélats mnésiques des SRE 11

La mémoire autobiographique et le soi 11

*Modèle de la mémoire autobiographique selon Conway 12

*Méthodes d’évaluation de la mémoire autobiographique 13

1.2 Investigation du soi en neurosciences cognitives 15

1.2.1 Bases neurales de l’effet de référence à Soi 15

1.2.2 Corrélats cérébraux associés à la mémoire autobiographique 15

1.2.3 Les apports de l’imagerie cérébrale : Le pattern cérébral du self et les structures corticales médianes

(CMS) 16

1.3 La dépression comme modèle d’étude du soi 17

1.3.1 Physiopathologie de la dépression 17

1.3.2 Intérêt neuropsychologique de l’évaluation de la focalisation sur soi en clinique pour l’étude du soi

19

Focalisation sur soi dans la dépression 19

Effet de référence à Soi dans la dépression 19

Mémoire autobiographique et dépression 20

Etudes d’imagerie cérébrale sur le soi et la dépression 21

*Structures corticales médianes et dépression 21

*IRMf et distinction de la dépression unipolaire et bipolaire 21

2. Objectifs et hypothèses 23

2.1Objectifs 23

2.2 Hypothèses 23

II. DEMARCHE SCIENTIFIQUE 25

A. ETUDE COMPORTEMENTALE 25

1. Matériel et méthodes 26

1.1 Sujets 26

1.2. Paradigmes expérimentaux 26

1.2.1Tâche de référence à soi 26

Phase d’étude : encodage incident. 27

Phase de test : Reconnaissance 28

1.2.2 Test de mémoire autobiographique 28

1.3. Analyse des données comportementales 29

2. Résultats de l’étude 1 : étude comportementale comparant des déprimés unipolaires et bipolaires 30

2.1. Tâches de référence à soi 30

Effet SRE en fonction de la valence chez les bipolaires et les unipolaires 30

Sommaire

Recherche de traitement des mots différents selon la valence chez les bipolaires et les unipolaires 32

2.2. Tâche de rappel en mémoire autobiographique 33

Effet de la valence sur les scores des caractéristiques de la MA 33

3. Discussion : étude comportementale comparant des déprimés unipolaires et bipolaires 38

Tâche de référence à soi avec du matériel verbal 38

Tâche de mémoire autobiographique 38

B. ETUDE D’IMAGERIE 40

1 Matériel et méthodes 41

1.1. Sujets 41

1.2. Paradigme expérimental 41

Tâche de repos (Resting state) 41

Tâche de référence à soi en IRMf 42

1.3. Analyse des données d’imagerie 43

Acquisition et pré-traitement des données d’imagerie 43

Analyses statistiques 43

2 Résultats de l’étude 2 : Tâche de référence à soi en IRMf comparant des patients déprimés unipolaires et

bipolaires par rapport à des témoins 45

2.1 Profils des réponses d’activation 45

Activité cérébrale chez les sujets sains 45

Activité cérébrale chez les patients déprimés 47

Associations et dissociations fonctionnelles qualitative entre les groupes 49

3.2.2 Comparaison inter-groupe (déprimés vs témoin) 50

3. Discussion : étude d’imagerie comparant des sujets déprimés à des sujets sains au niveau des CMS 52

III. LIMITES GENERALES DES DEUX ETUDES 54

IV. CONCLUSION 56

REFERENCES 58

ANNEXE 67

I. CADRE THEORIQUE

Cadre théorique

8

1. Cadre théorique

1.1 Le concept du soi

1.1.1 Définition du soi

Une unité dichotomique

Le soi1 est un sujet de réflexion ancien au carrefour de la philosophie, de la

psychologie et plus récemment des neurosciences, il constitue donc un thème de choix en

sciences cognitives. Cependant là où les articles sur le self se concentrent sur sa nature, sa

structure, et son rôle, nous l’utiliserons plutôt en tant que méthode d’investigation pour

comparer la dépression unipolaire de la dépression bipolaire.

Le soi est une entité multiforme qui ne possède pas aujourd’hui de description claire et

précise (Klein, 2012). Ainsi, pour nous, le terme « soi » signifie « ce que (je) suis » (Legrand,

2004) c'est-à-dire ce à partir duquel on se représente et se détermine comme un individu

distinct d’autrui. Le « je » est ici mis entre parenthèses pour ne pas contraindre cette définition

du soi à la grammaire. Nietzsche déjà dans son œuvre Par-delà le bien et le mal. Prélude d'une

philosophie de l'avenir (1886), avait souligné la nature fictionnelle du « je » : « On disait :

« Je », condition, — « pense » attribut, conditionné. Penser est une activité, à laquelle il faut

supposer un sujet comme cause. On tenta alors, avec une âpreté et une ruse admirables, de

sortir de ce réseau ; on se demanda si ce n’était pas peut-être le contraire qui était vrai :

« pense » condition, « je » conditionné. « Je » ne serait donc qu’une synthèse créée par la

pensée même ».

La position de D. Dennett (1992) sur la nature fictionnelle du soi est intéressante à cet

égard. Ce dernier insiste en effet pour remettre en question l'unité du soi comme le centre de

gravité d'un objet, plus spécifiquement comme le centre de la fiction narrative que serait

l'autobiographie. Le soi serait le résultat de la recherche de cohérence des individus lorsqu'ils

se racontent leur propre histoire. Cette conception peut être rapprochée de celles de Hume

(1739) qui ne voyaient dans le soi qu’une agrégation d’expériences sensorielles.

Véridique ou illusoire, le soi repose sur la reconnaissance de soi-même à travers le

temps, comme le même « soi » qui a accompli un acte dans le passé et qui s'en souvient

maintenant. Ce qui est important à ce niveau est que notre expérience phénoménologique du

soi consiste à nous considérer comme des personnes étendues dans le temps, c'est-à-dire avec

un présent, un passé et un futur propres. Cette continuité correspondant à la série de différents

états mentaux reliés entre eux par des relations causales, la mémoire étant la plus importante

de ces relations (Legrand, 2004).

Locke est probablement le premier à analyser l'identité de la personne pour elle-même

et non pour ce qu'elle peut apporter à la connaissance. De nombreux concepts du self ont

ensuite été développés, souvent dichotomiques, sous forme de soi comme unité. Le terme

« unité » est à comprendre dans le sens de « unifié » et non de « un ».

1 D'une manière générale, tout au long de ce travail nous utiliserons de manière univoque le

terme de « soi », de « self », et d’identité.

Cadre Théorique

9

« En vérité, il n’est pas de soi, même le plus naïf, qui soit un. » (Hesse, 1927)

En 2000, Gallagher a regroupé les différentes conceptions de la notion de soi en deux

concepts : le soi minimal (minimal self) et le soi narratif (narrative self). Le concept de soi

minimal correspond à la conscience de soi en tant que sujet de l’expérience immédiate. Le

concept de soi narratif se rapproche des concepts de Dennett (1991) de self narratif et de

l’extended self de Damasio, c'est-à-dire de la représentation de soi en tant qu’objet de

connaissances étendues dans le temps. En psychologie, cette division avait été faite par James

(1890) qui opposait un « je » (agent actif et sujet de la connaissance) qui agit dans le présent

avec un « moi » (structure passive, objet de la connaissance) qui explique cette action dans le

temps. Ainsi le soi narratif est un objet de perception (Kristoff et al.,2011).

Dans ce travail, le terme de « soi » doit être entendu par convention comme se référant

au soi narratif et non au soi minimal.

Le soi est à la fois un ensemble de représentations personnelles que l’on a sur soi-

même et la conscience réflexive qui lui est inhérente. Il est à la base de notre identité et de

notre sentiment de continuité au cours du temps.

Conscience de soi et représentations de soi

Le self est un concept qui découle de l’intrication de deux notions : la conscience de

soi, qui nous permet de focaliser notre attention sur nous-mêmes et nos contenus mentaux, qui

correspondent à un ensemble de représentations protéiformes de soi (Pinku et al., 2006).

La conscience de soi est une conscience de soi positionnelle, c'est-à-dire que le sujet se

constitue comme son propre objet d’observation. C'est la conscience réflexive (self-

awareness). On peut ainsi résumer cette idée par la formule de Deleuze : « Qui est Je ?, c’est

toujours une troisième personne. » (Deleuze, 1991). Cette conscience de soi rend possible la

chronesthésie (capacité à voyager mentalement dans le temps par la conscience autonétique,

cf. ch 1.1.2) et ce à partir d’indices de soi que sont les représentations de soi.

Le self repose donc sur des contenus mentaux, des représentations mentales que l’on a

de soi. Dans la littérature, ces contenus ont été appelés « concept de soi » (Hattie , 2003 ;

Conway, 2005) ou encore « connaissances de soi » (Wilson et al., 2004) et « Event-specific

Knowledge » (Conway, 2002). C’est la connaissance que le sujet a de lui-même, de son

autobiographie, elle est donc indissociable de la mémoire.

A l’interrogation de « ce que (je) suis ?», il revient donc de focaliser notre attention

sur la récupération de nos contenus mentaux portant sur nous-mêmes, soit sur des

informations stockées en mémoire.

Récemment, Klein (2012) a proposé une simplification du soi en définissant et

élargissant les composants essentiels de ce qui sous-tend l’unité du self. Sept systèmes

distincts et en interaction réciproque sont ainsi identifiés comprenant :

Cadre Théorique

10

1. Des souvenirs épisodiques d’expériences personnelles

2. Des représentations synthétiques de nos traits de caractère

3. Des connaissances sémantiques de faits personnels

4. L’expérience d’une continuité dans le temps permettant de relier le « je » qui se

remémore au « je » de l’événement remémoré.

5. Un sens de l’agentivité et de la propriété nous permettant de croire et/ou nous

donnant le sentiment d’être l’auteur de nos propres pensées et actions.

6. Une capacité de réflexion sur soi (métacognition)

7. Un self spécifique permettant de nous présenter et reconnaître notre propre corps.

Il transparaît dès lors que le self est un concept se définissant comme une structure

dynamique de processus cognitifs sur des représentations de soi stockées en mémoire (Duval

et al., 2007). La relation entre la mémoire et le soi est donc primordiale (4 premiers points du

système de Klein), nous allons donc ci-dessous détailler plus en détail cette relation.

1.1.2 Le soi et sa relation à la mémoire

Le philosophe John Locke est le premier à tisser un lien entre la mémoire et le Soi :

«l’identité personnelle n’est rien sans la mémoire». Par les liens qu’elle établit entre passé et

présent, elle est le support fondamental du sentiment de continuité de notre existence au cours

du temps. Une personne est un objet historique, seule la mémoire, et plus spécifiquement la

mémoire autobiographique permet de construire et de maintenir la connaissance de soi-même

à travers le temps.

Dérivées des processus mnésiques de la psychologie cognitive, deux sortes de

représentations du soi sont stockées en mémoire : Les représentations sémantiques et

épisodiques de soi.

La première sorte est celle appelée « concept de soi » ou « connaissance de soi »

(Hattie, 2003 ; Wilson et al., 2004 ; Conway, 2005) (e.g : Je suis une personne travailleuse),

elles sont formées à partir de l’abstraction des expériences vécues. Ces premières

représentations permettraient d’avoir le sentiment d’un self atemporel. Elle forme ce que nous

appellerons le self-sémantique.

La seconde conception (« Event-specific Knowledge » (Conway & Pleydell-Pearce,

2000)), regrouperait des informations personnelles précises et spécifiques spatio-

temporellement, relatives aux ressentis phénoménologiques des personnes (e.g: Je me

souviens du goût du café pris pour me revigorer de la fatigue de besogner sur mon rapport le 4

juillet dans ma cité universitaire). Ces représentations forment une identité plus malléable du

soi, se modifiant au cours des expériences (Lövdén, 2003). Il en résulte ce que nous appelons

le self-épisodique.

Cette binarité des représentations de soi est appuyée par les données de la

neuropsychologie clinique (Klein et al., 2002). Détaillons maintenant les différents moyens

d’étudier le self-sémantique (mémoire sémantique personnelle, self-knowledge ou self-

concept), et le self-épisodique (Event-specific Knowledge).

Cadre Théorique

11

Mémoire et effet de référence à soi (SRE)

Toute personne a remarqué qu’une information le concernant est mieux mémorisée

qu’une autre (e.g : Le café en agissant sur le locus coeruleus et ses récepteurs béta-

noradrénergiques augmente ma concentration pour contrer ma fatigue), ce phénomène est

appelé « effet de référence à soi » (Self reference effect : SRE) et est décrit dans une

abondante littérature (Craik & Lockhart, 1972 ; Rogers et al, 1977; Klein et al, 1986).

Les sciences cognitives ont mis en place des expériences pour étudier ce phénomène

par des tâches de référence à soi (self-referential task). Une tâche de référence à soi consiste à

évaluer la relation à soi (self-relatedness) d’un stimulus, quelque soit sa nature (Northoff et

al., 2006). Par exemple il est demandé à un sujet s’il peut ou non s’appliquer un trait de

personnalité (condition personnelle). La réponse du sujet dépend de la représentation qu’il a

de lui-même, c’est-à-dire du soi narratif qu’il a construit. Si ensuite, via une tâche contrôle de

jugement des mots de manière générale et impersonnelle (« Est-ce qu’il est bien en général

d’avoir ce trait de personnalité? »), on propose un test de reconnaissance sur ces adjectifs

faisant suite à un encodage incident (le sujet n’est pas prévenu de la nécessité de mémoriser

les stimuli en vue d’une reconnaissance ultérieure), les mots encodés en condition personnelle

sont en général mieux mémorisés que les adjectifs encodés lors d’une tâche de désirabilité du

trait.

*Corrélats mnésiques des SRE

Le bénéfice mnésique de l’effet de référence à soi serait dû à l’effet conjoint d’une

élaboration (association d’informations à un item) et d’une organisation (mise en relation des

items entre eux) accrues (Symons & Johnson, 1997). Au-delà de sa construction, l’Effet de

Référence à Soi souligne le rôle du Self comme guide au traitement de l’information.

La mémoire autobiographique et le soi

William James en rapportant le ressenti de « chaleur » et « d’intimité » compris dans

le souvenir des expériences vécues et en affirmant que la conscience de soi remontant vers le

passé via le souvenir autobiographique permet de fonder le soi, est le premier à relier le self

avec la mémoire autobiographique (Piolino et al., 2002).

La mémoire autobiographique est définie comme la capacité à récupérer des

informations portant sur soi (Piolino et al., 2002). Elle comporte: des événements

autobiographiques relevant de la mémoire épisodique (Event-specific Knowledge ) et des faits

autobiographiques (« concept de soi », , « connaissance de soi » mais en plus le nom de ses

amis, des villes parcourues, ...) relevant de la mémoire sémantique. Ces composantes

épisodiques et sémantiques s’inscrivent donc dans les deux aspects du self en relation avec la

mémoire.

Il existe plusieurs modèles cognitifs des structures des représentations mnésiques

autobiographiques, mais celui qui fait le plus lien avec le self et qui est largement discuté et

enrichi dans la littérature est celui de Conway (Conway et pleydell-Pearce, Conway, 2001).

Cadre Théorique

12

*Modèle de la mémoire autobiographique selon Conway

La mémoire autobiographique est ici vue comme un modèle hiérarchique dont la

définition selon Conway lui-même est « une dynamique transitoire de constructions mentales

générées à partir d'une base de connaissances de soi sous-jacente » (Conway and Pleydell-

Pearce (2000)) et dont la structure est présentée en figure 1.

Ce modèle postule que l’accès à un souvenir autobiographique épisodique passe par un

processus de reconstruction. Cette reconstruction du souvenir utilise des matériaux

autobiographiques appartenant à trois niveaux de spécificité croissante : connaissances

associées à une période de vie (« quand j’étais étudiant »), à un événement général (« faire ses

leçons ») et à des détails perceptivo-sensoriels associés à un événement spécifique (« le regard

de fierté de mes parents lorsque j’ai obtenu un diplôme »). C’est ce niveau phénoménologique

du souvenir qui est appelé « Event-specific Knowledge » et qui est présenté au niveau de la

mémoire épisodique dans le schéma suivant (Fig. 1).

Toujours selon Conway et Pleydell-Pearce, la construction d’un souvenir

autobiographique est issue de la relation entre ces trois niveaux et de leur recontextualisation.

La mémoire autobiographique est donc modelée comme une « capacité à » et non une «

capacité » contenant des souvenirs particuliers.

Cette reconstruction serait sous le contrôle d’un système exécutif central (« working

self ») qui guiderait, en fonction de la cohérence et de la correspondance du self actuel,

l’encodage et la récupération des souvenirs

Le modèle de Conway a été rapproché de celui de Tulving dans le sens où ces deux

approches fondent la mémoire autobiographique sur un double aspect sémantique et

épisodique. Cependant, Tulving (1985) caractérise la restitution consciente de connaissances

indépendamment des contextes spatiotemporels d’acquisition (la mémoire sémantique) par un

niveau de conscience dit noétique, et la capacité de revivre une expérience avec son contexte

phénoménologique d’acquisition (la mémoire épisodique, ou « Event-specific Knowledge »)

par un niveau de conscience autonoétique.

Cadre Théorique

13

Figure 1: Structure hiérarchique de la mémoire autobiographique. (Conway, 2005)

Ce dernier niveau de conscience correspond à la reviviscence des événements, celle du

« je me souviens », il implique un voyage mental temporel (chronestésie). Il permet

l’encodage et le rappel des événements personnellement vécus avec leur contexte

phénoménologique d’acquisition : (« je me souviens de la frayeur de la présoutenance, je me

revois répondre aux questions »). La conscience noétique est caractérisée par la mémoire des

faits, celle du « je sais », elle permet l’encodage et le rappel d’informations dépourvues de

référence à leur contexte d’acquisition (« je sais que 6x3=18 »). La mémoire

autobiographique constitue donc une source du sentiment d’identité. Ces différents niveaux de

conscience sont évaluables avec des tests de mémoire autobiographiques.

*Méthodes d’évaluation de la mémoire autobiographique

Cadre Théorique

14

Il existe plusieurs méthodes pour explorer la mémoire autobiographique (la méthode

des mots-indices de Crovitz et Schiffman 1974, l’épreuve de fluence verbale

autobiographique de Dritschel et al., 1992, le questionnaire AMI de Kopelman et al., 2001),

mais la méthode guidée par les conceptions les plus récentes de la mémoire épisodique

(Tulving, 2002) et de la mémoire autobiographique (Conway, 2001) est le Test Épisodique de

Mémoire du Passé autobiographique (TEMPau, Piolino et al., 2003).

Ce questionnaire mesure la nature épisodique des souvenirs autobiographiques, et

distingue les aspects sémantiques des aspects épisodiques. De plus ce test est le premier test

standardisé de mémoire autobiographique qui permet aussi d’évaluer l’état de conscience

autonoétique/noétique (paradigme « je me souviens/je sais », Tulving, 2002) et le point de vue

(autrement appelé la perspective du self : paradigme « acteur/spectateur », Nigro et Neisser

1983) pour chaque souvenir évoqué par le sujet.

Ce test (dont les principaux traits sont résumés en tableau 1) se concentre sur le self-

épisodique, les rappels d’informations autobiographiques sont cotés selon le niveau de

précision et d'épisodicité en fonction de la spécificité cotée sur une échelle de 0 à 4 (i.e. :

détails des souvenirs et précision spatio-temporelle).

Le paradigme « je me souviens/je sais » (i.e., remember/know=R/K) comporte une

auto-évaluation où le sujet doit exposer s’il reconstruit un souvenir autobiographique en le

revivant (Remember); ou s’il le sait de manière plus automatique, sans le revivre (Know).

Gardiner (1998) a ajouté la réponse ‘je suppose’ (Guess) afin d’exclure ces réponses de

l’analyse. Pour plus de sensibilité, ce paradigme est proposé pour les émotions, les faits,

l’endroit et la date du souvenir.

Le paradigme « acteur/spectateur » (i.e., field/observer) permet d’évaluer le point

de vue du self dans le rappel de souvenirs en caractérisant sa représentation mentale

correspondante. Lors de l’évocation d’un souvenir, le sujet doit préciser s’il voit la scène de

ses propres yeux, comme s’il revivait l’événement en tant que sujet/acteur, ou s’il se voit lui-

même dans la scène et joue alors le rôle de spectateur.

Par convention un souvenir est défini comme épisodique si sa récupération

s’accompagne d’un sentiment de reviviscence (réponse R), de spécificités de détails (=4) et

d’un point de vue acteur.

Cadre Théorique

15

Tableau 1. Caractéristiques de la mémoire autobiographique en fonction de la nature

de l’information, d’après Piolino 2003.

Les neurosciences ont plus récemment pris part au débat autour du self, en cherchant

ses substrats neuronaux. La prochaine partie illustre brièvement ce champ discuté dans les

neurosciences cognitives.

1.2 Investigation du soi en neurosciences cognitives

1.2.1 Bases neurales de l’effet de référence à Soi

Les techniques d’imagerie cérébrale fonctionnelle (TEP, IRMf) ont permis

l’investigation non invasive des bases neurales associées au SRE (Craik et al, 1999). Via des

tâches contrôle de comparaison n’impliquant pas la référence à soi (e.g. Déterminer s’il s’agit

d’un trait de personnalité socialement désirable ou non), des travaux plusieurs fois répliqués,

ont montré l’activation préférentielle du Cortex Médian-préfrontal (CMPF) lors du traitement

de stimuli en condition personnelle (Fossati et al, 2003 : Cortex préfrontal médian droit

quelque soit la valence des traits de personnalité; Kelley et al., 2002 : Régions orbitomédiane

et dorsomédiane du cortex préfrontal).

1.2.2 Corrélats cérébraux associés à la mémoire autobiographique

Dans une méta-analyse portant sur 24 études d’imagerie cérébrale fonctionnelle,

Svoboda et al. (2006) ont montré que le rappel en mémoire autobiographique activait de façon

robuste les structures corticales médianes (CMS) incluant les structures temporales, ainsi que

la jonction temporo-pariétale. Les régions cérébrales les plus régulièrement activées sont le

cortex préfrontal ventro-latéral (reconstruction du souvenir), le lobe temporal latéral (aspects

sémantiques) et médial (aspects épisodiques, i.e. l’hippocampe pour la reviviscence (Piolino

et al., 2009) et l’amygdale pour la composante émotionnelle.

Cadre Théorique

16

1.2.3 Les apports de l’imagerie cérébrale : Le pattern cérébral du self et les

structures corticales médianes (CMS)

La mémoire autobiographique est associée à la mémoire du self. Elle est ce centre de

gravité qui forme le soi.

Le self est une entité multiforme qui dépasse les aspects uniquement mnésiques

(Klein, 2012). Northoff et Bermpohl (2004) appellent self un ensemble de processus cognitifs

de relation à soi mis en jeu dans diverses activités cérébrales comme la conscience, les

émotions, la perception ou encore la mémoire autobiographique. Ainsi, la mémoire n’est

qu’un des aspects du self. Ces processus sous-tendraient l’implication commune d’un réseau

cérébral médian impliquant à la fois le cortex préfrontal, le cortex cingulaire, le précunéus et

formant un réseau cérébral spécifique (Northoff and Bermpohl, 2004; Northoff et al., 2006 ;

Whitfield-Gabrieli et al., 2011). Ce réseau, appelé réseau du self, serait constitué de quatre

régions principales associées à des processus spécifiques (dessinés en Fig. 2):

1. Le cortex préfrontal ventromédial ou orbitofrontal médial : Représentation

intégrative des stimuli reliés à soi.

2. la partie dorsale du cortex cingulaire antérieur : Monitoring : Processus de haut

niveau (contrôle de fonctions exécutives en référence à ses propres performances ou

comportements)

3. le cortex préfrontal dorsomédial : Evaluation : Raisonnement explicite et évaluation

des stimuli en référence à soi

4. le cortex cingulaire post : Intégration et contextualisation des informations en

référence à soi dans un contexte spatio-temporel.

Du point de vue fonctionnel, les CMS sont plus actives au repos (« resting-state ») que

lors de tâches impliquant le traitement d’informations externes (Gusnard et al., 2001). Ces

structures sont alors rapprochées au réseau du mode par défaut (DMN) qui se compose d'un

ensemble de régions cérébrales préférentiellement activé lors de tâches internes (Gusnard et

al., 2007 ; Whitfield-Gabrieli et al.,2010).

Les CMS peuvent donc être étudiées par imagerie lors de tâches d’activation

(référence à soi) ou de désactivation (=activité au repos – activité lors de la tâche). Farb et al.

(2007) ont associé les CMS au soi narratif, résultats en accord avec les travaux de Northoff et

Bermpohl (2004).

Cadre Théorique

17

Figure 2 : Processus de référence à soi dans les structures corticales médianes

(CMS). OMPFC : cortex orbitofrontal médian (fragment de BA10, 11, 12). DMPFC : cortex

médian préfrontal dorsal (fragment de BA 9 et 10). AC : Cortex cingulaire antérieur

(fragment de BA 24 et 32). PC : cortex cingulaire postérieur (fragment de BA 23 et 31 +

cortex rétrosplénial en BA 29 et 31) et depuis 2006, le précunéus (partie médiane du cortex

pariétal).

La rareté de lésions focales du CMPF au sein des structures corticales médianes a

limité l’apport de la neuropsychologie dans l’identification des bases cérébrales de la

référence à soi (Summerfield et al., 2009). Toutefois, l’application de l’imagerie cérébrale

fonctionnelle au domaine des troubles mentaux a connu un essor parallèle à l’investigation du

soi. Ainsi, certains auteurs ont assimilé des troubles mentaux à des lésions cérébrales du soi

pour l’étudier sous l’angle de la neuropsychologie.

1.3 La dépression comme modèle d’étude du soi

1.3.1 Physiopathologie de la dépression

La dépression est un trouble de l’humeur caractérisé par un épisode dépressif majeur.

Le diagnostic d’un épisode dépressif majeur selon le DSM-IV (cf. Annexe 4) est basé sur la

persistance d’un état de tristesse en association avec des troubles de l’attention, de la

motivation, des troubles moteurs et de la rapidité mentale, du sommeil, de l’appétit et de la

Cadre Théorique

18

libido. On peut observer également une anhédonie, des signes d’anxiété, de culpabilité

excessive ou inappropriée, des idées de mort récurrentes avec des idées suicidaires (Spitzer et

al. 1992).

Les deux principaux diagnostics faisant suite à un trouble de l’humeur sont la

dépression unipolaire et la dépression bipolaire. La forme bipolaire est constituée

d’alternance d’épisodes maniaques ou hypomaniaques (manie : bipolaire de type I,

hypomanie : bipolaire de type II) et d’épisodes dépressifs séparés par un intervalle, ces phases

sont illustrées via l’encadré rouge de la figure 3. La forme unipolaire est quant à elle définie

par la survenue répétitive de phase dépressive illustrée ci-dessous via le rectangle violet.

Selon Cardoso de Almeida et Phillips, une approche dimensionnelle (génétique, moléculaire,

neuronale, et comportementale) des troubles de l’humeur permettrait de redéfinir la bipolarité

en termes de processus physiopathologiques sous-jacents et ainsi de différencier avec plus de

précisions la dépression bipolaire par rapport à la dépression unipolaire.

Figure 3 : A : Caractéristiques des troubles de l’humeur au cours de la

maladie. B : Approche dimensionnelle de la dépression bipolaire, affectant

différents processus pathophysiologiques : I : système de valence négative; II :

système de valence positive; III : système cognitif, IV : système de processus

Cadre Théorique

19

social, V : système de régulation/excitation, d’après Cardoso de Almeida et

Phillips, 2012

Afin de différencier ces deux troubles de l’humeur, des études se sont récemment

concentrées sur la dérégulation émotionnelle des bipolaires, plus spécialement sur

l’hyperréactivité émotionnelle comme endophénotype des patients bipolaires. A savoir des

réponses émotionnelles plus intenses pour les stimuli positifs (Johnson, 2005).

1.3.2 Intérêt neuropsychologique de l’évaluation de la focalisation sur soi en

clinique pour l’étude du soi

Les troubles de motivation, les déficits cognitifs et la tristesse persistante altèrent

l’identité et l’intégrité du soi des personnes dépressives et ce par un défaut de traitement de

l’information due à une trop grande focalisation sur soi au détriment de la focalisation sur

l’environnement (Northoff et al., 2011).

Focalisation sur soi dans la dépression

La focalisation sur soi peut être définie comme une tendance à s’engager dans une

tâche de référence à soi au détriment d’autres modes possibles de traitement de l’information

(Carver & Scheier, 1998). Chez les patients déprimés, on observe en effet une tendance

accrue à réfléchir sur leur implication personnelle dans les événements de vie. Ce biais

cognitif est relativement spécifique de la dépression (Mor & Winquist, 2002).

La focalisation sur soi peut être étudiée à partir de tâches de référence à soi (recherche

de biais de SRE) et par des tâches de mémoire autobiographique (biais de R/K, de spécificité

et de perspective du self).

Effet de référence à Soi dans la dépression

Le protocole expérimental le plus utilisé pour étudier la focalisation sur soi consiste à

mesurer la taille de l’effet de référence à soi en mémoire chez des sujets déprimés en

comparaison avec des sujets non déprimés. Derry et collaborateurs (1981) ont évalué

l'influence des opérations d'encodage sur le rappel d'adjectifs à connotations "dépressive" ou

"non-dépressive". Trois types de jugements sur les adjectifs étaient proposés au moment de la

phase d'étude. Les sujets devaient soit calculer le nombre de lettres des adjectifs, soit fournir

un synonyme des items cibles, soit préciser si les adjectifs pouvaient servir à les définir. Les

auteurs ont retenu trois groupes dans cette étude: un groupe de déprimés, un groupe de

malades psychiatriques non déprimés et un groupe de témoins. Les résultats indiquent un

rappel supérieur chez les déprimés pour les adjectifs à connotation dépressive et qui ont été

encodés dans la condition personnelle. Les sujets des deux autres populations évoquent plus

fréquemment les adjectifs autoréférents et à connotation "non dépressive". Aucune différence

n'émerge entre les trois groupes pour le nombre total de mots rappelés. Plusieurs autres

travaux ont évalué l’ERS dans la dépression et confirmé les résultats de Derry dans la

dépression unipolaire (Dozois et al., 2001 ; Kuiper et al., 1982). L’ensemble de ces travaux

Cadre Théorique

20

est aussi en accord avec le fait que les patients déprimés s’appliquent en général plus

facilement à eux-mêmes des adjectifs décrivant des traits de personnalité à connotation

négative que des adjectifs positifs (Murphy et al., 1999).

Mémoire autobiographique et dépression

Plusieurs biais cognitifs, répliqués dans la littérature sont retrouvés lors de tâches de

mémoire autobiographique chez des patients déprimés:

1. Effet de congruence à l’humeur (Williams et Scott, 1988, Park et al., 2002): les

patients déprimés rappellent plus de souvenirs négatifs que de positifs. Ce biais mnésique

n’étant pas dû à un excès d’événements négatifs ni à un jugement exagérément négatif que

porteraient les sujets déprimés sur leurs événements de vie (Blaney et al.,1986).

2. Un déficit global en mémoire autobiographique (Williams et Scott, 1995) affectant

la spécificité, la conscience autonoétique (Lemogne et al., 2006) et le point de vue.

-Spécificité : les performances des patients déprimés sont marquées par une

surgénéralisation des souvenirs (overgeneral recall : Williams et al., 1988 ; Lemogne et al.,

2006 ) : les patients déprimés rappellent significativement plus de souvenirs surgénénéralisés

que les sujets non déprimés. Ces souvenirs se réfèrent à des évènements répétés, c’est-à-dire

survenus plus d’une fois (« quand je travaillais mon rapport tous les soirs »), ou étendus,

c’est-à-dire ayant duré plus d’une journée (« mon année au CogMaster »). Cette

surgénéralisation correspondrait à l’inhibition par le système exécutif central de l’accès au

niveau « Event-specific Knowledge » selon le modèle de Conway (Lemogne et al., 2006).

-Point de vue : dans le travail de Lemogne et al, 2006 les patients déprimés adoptaient

préférentiellement un point de vue spectateur lors du rappel de souvenirs personnels positifs.

L’adoption d’un point de vue de spectateur lors du rappel en mémoire autobiographique est

généralement interprétée comme témoignant d’une focalisation sur soi accrue (Sutin &

Robins, 2008). Lors du rappel en mémoire autobiographique, le working self comparerait le

comportement passé du sujet avec celui qu’il aurait au moment du rappel dans un contexte

similaire. Si le comportement actuel est différent, cela entraînerait :

a) l’attribution du comportement passé à un soi ancien et

b) la reconstruction d’un point de vue de spectateur (focalisation sur soi).

Si le comportement actuel est identique, cela entraînerait au contraire :

a) l’attribution du comportement passé au contexte ancien et

b) la reconstruction d’un point de vue d’acteur (focalisation sur le contexte).

Selon cette interprétation, les patients déprimés auraient tendance à attribuer à un soi

passé leurs souvenirs positifs en rapport avec une focalisation sur soi plus importante

(Lemogne et al., 2006 ; Bergouignan et al., 2008).

-Conscience autonoétique : dans l’étude de Lemogne et al, 2006 les patients déprimés

avaient moins de réponse R que les sujets témoins pour les souvenirs positifs comme pour les

souvenirs négatifs.

Cadre Théorique

21

Peu d’études ont cherché à caractériser les performances mnésiques des patients

déprimés selon les caractéristiques cliniques de la dépression unipolaire ou bipolaire. Scott et

collaborateurs ont montré que la surgénéralisation lors de tâches de mémoire

autobiographique pouvait distinguer des patients bipolaires euthymiques (en dehors d’une

phase dépressive ou maniaque) par rapport à des sujets témoins. Le degré de surgénéralisation

était proportionnel au nombre d’épisodes thymiques antérieurs (Scott el al., 2000).

Tzemou et Birchwood en 2007 ont complété cette étude en montrant une tendance à la

surgénéralisation pour les bipolaires dans toutes les phases de la maladie, chose que Mansell

et Lam (2004) avaient déjà constaté mais seulement pour des souvenirs négatifs et non

positifs.

Aucune étude n’a comparé directement des patients unipolaires et des patients

bipolaires avec une tâche de mémoire autobiographique. A notre connaissance il n’existe

pas non plus d’études comportementales sur l’effet de référence à soi comparant des

patients bipolaires et unipolaires.

Etudes d’imagerie cérébrale sur le soi et la dépression

*Structures corticales médianes et dépression

Des données récentes sur la dépression ont montré un excès d’activation des structures

corticales médianes dans des tâches de référence à soi (Grimm et al., 2009 ;Yoshimura et al.,

2010 ; Lemogne et al., 2010).

Ces études sont supportées par les études de neuroimagerie cérébrale des symptômes

dépressifs impliquant un vaste réseau cérébral cortico-limbique comprenant l’hippocampe,

l’amygdale, le cortex préfrontal dorsolatéral, ventrolatéral et médian, ainsi que le cortex

cingulaire (Mayberg 2003). Ces résultats ont donné lieu à une méta-analyse récente de

Marchand (2012), soulignant que les CMS joueraient un rôle majeur dans la physiopathologie

des troubles de l'humeur.

Lemogne et collaborateurs en 2011, ont montré en accord avec les travaux de Sheline

et al en 2010 que la focalisation sur soi dans la dépression apparaîtrait comme un processus en

compétition avec le contrôle cognitif et la régulation des émotions et se traduirait par une

moindre inhibition du réseau mode par défaut.

Marchand et son équipe ont quant à eux montré en 2011 que les sujets bipolaires

avaient une activation significativement diminuée des CMS postérieurs gauches et du cortex

frontal en réponse à l'expression de visage heureux. Ils ont montré dans ce même article que

la sévérité de la dépression était positivement corrélée avec l'activation de la partie postérieure

des CMS. Ces études confirment les travaux antérieurs sur la bipolarité (Mahli et al., 2004 ).

De plus, Chen et son équipe (2010) ont montré dans une étude portant sur l’évaluation de

l’émotion faciale, que les patients bipolaires (en phase maniaque) par rapport à des témoins

appariés montrent une activation de l'hippocampe et de l'amygdale droite moins forte que les

témoins : deux régions clés de la mémoire autobiographique (Svoboda et al, 2006.);

*IRMf et distinction de la dépression unipolaire et bipolaire

Cadre Théorique

22

Différencier le trouble bipolaire de la dépression unipolaire est un défi clinique

majeur. L'identification de marqueurs objectifs de la bipolarité pourrait améliorer la précision

diagnostique de la dépression et ainsi optimiser la mise en place de traitements spécifiques. A

ce jour seulement quelques études de neuroimagerie fonctionnelle ont comparé directement

les déprimés unipolaires et les déprimés bipolaires (Taylor Tavares et al. 2008 ; Almeida et al.

2009 ; Almeida et al. 2010 ; Bertocci et al. 2011 ; Lawrence et al, 2004 ; pour revue : Cardoso

de Almeida et Phillips, 2012).

Ainsi par exemple Lawrence et al (2008) ont présenté à 11 sujets bipolaires déprimés

et 9 patients déprimés unipolaires des stimuli émotionnels (visages exprimant des émotions

négatives, positives ou neutres) pendant les acquisitions en IRMf. Un groupe de 11 sujets

contrôles était également inclus dans l’étude. Les patients déprimés bipolaires montraient une

réponse augmentée dans les régions sous-corticales et le cortex préfrontal ventrolatéral en

présence de visages émotionnels exprimant une expression modérée de peur, de tristesse ou

de joie. Les patients déprimés unipolaires réagissaient de façon exagérée uniquement aux

visages exprimant une tristesse modérée et avaient une réponse émotionnelle abrasée pour les

autres expressions faciales. Ces résultats confirment le caractère différent de la dépression

bipolaire de la dépression unipolaire, avec une hyperréactivité émotionnelle dans la bipolarité

et une sensibilité spécifique aux stimuli de tristesse dans la dépression unipolaire. Dans une

autre étude (Cardoso de Almeida et al., 2009), la même équipe sur un échantillon de 15

déprimés unipolaires et de 16 déprimés bipolaires à mise en évidence des différences de

connectivité à droite et à gauche entre l’amygdale et le cortex orbito-frontal lors de la

catégorisation de visages exprimant des émotions positives. Les résultats de ces études

soulignent les différences physiopathologiques entre la dépression unipolaire et les

dépressions bipolaires avec une sensibilité accrue aux stimuli émotionnels positifs dans

la dépression bipolaire. Il faut cependant noter qu’un faible nombre de patients a été évalué.

Cependant, alors que les CMS semblent jouer un rôle dans la physiopathologie de

la dépression uni et bipolaire, aucune étude n’a cherché à différencier les patients

unipolaires des patients bipolaires via des tâches IRM de référence à soi.

Dans ce travail nous allons dans un premier temps comparer les caractéristiques

comportementales des patients unipolaires et bipolaires via des tâches de référence à soi et de

mémoire autobiographique, puis dans un second temps nous allons comparer le pattern

d’activité cérébrale au repos et lors de tâches de référence à soi pour la dépression unipolaire

et bipolaire par rapport à des sujets sains.

Objectifs et hypothèses

23

2. Objectifs et hypothèses

2.1Objectifs

L’objectif majeur de ce travail est de mettre en évidence des marqueurs cognitifs et

neuronaux caractéristiques de la dépression bipolaire par rapport à la dépression unipolaire.

Ce travail comprend deux études : une étude comportementale (Etude 1) et une étude

en IRM fonctionnelle (Etude 2). Il comporte l’évaluation de patients déprimés unipolaires ou

bipolaires en phase aigüe (Etude 1 et 2) et des sujets témoins indemnes de troubles

psychiatriques (Etude 2).

Les expériences comportementales ont pour but de tester les processus de référence à

soi et de mémoire autobiographique chez des sujets uni et bipolaires.

Le protocole d’imagerie cérébrale (IRMf) visant à étudier les réseaux cérébraux de la

focalisation sur soi fait partie d’une étude transversale, multicentrique (hôpital de la Pitié-

Salpêtrière, hôpital Saint Anne, hôpital Fernand-Widal, et l’hôpital Chenevier Mondor)

évaluant des patients bipolaires et unipolaires en phase dépressive et des témoins indemnes de

troubles psychiatriques. L’étude vise à préciser le rôle des structures corticales médianes ou

réseaux du self dans un EDM pour des patients uni et bipolaires lors de tâches de référence à

soi et par rapport à l’activité cérébrale au repos.

2.2 Hypothèses

Etude 1 : étude comportementale comparant des patients déprimés unipolaires et

bipolaires

Cette étude comprend l’utilisation de deux tâches différentes : une tâche de référence à

soi utilisant du matériel verbal (traits de personnalité positifs et négatifs) et une tâche de

rappel en mémoire autobiographique à partir d’indices positifs ou négatifs.

Dans cette étude 1 nous faisons l’hypothèse générale que les patients déprimés

bipolaires vont traiter les informations positives liées au self (traits de personnalité positifs

dans la tache de SRE, et souvenirs autobiographiques positifs) différemment des informations

négatives et différemment des patients déprimés unipolaires. Cette hypothèse s’appuie sur les

données de la littérature ainsi que sur l’idée que la notion d’antécédents d’épisodes maniaques

ou hypomaniaques influence le traitement des informations liées au self des patients

bipolaires.

Résultats attendus dans la tâche de référence à soi :

En accord avec notre hypothèse, nous nous attendons à observer :

1) un effet SRE présent chez les patients bipolaires et unipolaires

2) un effet SRE plus marqué pour les mots positifs chez les bipolaires (par rapport aux

mots négatifs) et par rapport aux patients unipolaires

Objectifs et hypothèses

24

Résultats attendus dans la tâche de Mémoire autobiographique :

Spécificité (S)

Nous faisons l’hypothèse par rapport aux données de Tzemou et Birchwood en 2007 et

Lham et al., 2004 que les patients uni et bipolaires auront le même taux global de

surgénéralisation (soit peu de réponses spécifiques). Cependant nous nous attendons à ce que

les patients déprimés unipolaires soient plus spécifiques lors du rappel des souvenirs négatifs

que positifs et le contraire pour les patients bipolaires.

Conscience autonoétique (R et R_emotion)

Nous postulons que les patients bipolaires attribueront plus de réponses R que les

patients unipolaires pour les souvenirs positifs, et nous vérifierons cette tendance pour la

catégorie émotion au vue de leur dérégulation émotionnelle.

Point de vue (Spectateur)

La perspective du self n’a jamais été étudiée chez les bipolaires. Cependant, en accord

avec notre hypothèse nous prévoyons un score spectateur moins élevé pour les souvenirs

positifs chez les patients bipolaires par rapport aux patients unipolaires.

Episodicité (Ep)

En suivant nos hypothèses décrites ci-dessus nous postulons que les bipolaires auront

plus de souvenirs rappelés de manière épisodique (=spécifique, acteurs et réponses R) lors du

rappel de souvenirs positifs que les unipolaires.

Etude 2 : Tâche de référence à soi en IRMf comparant des patients déprimés

unipolaires et bipolaires par rapport à des témoins

Dans la seconde étude, nous avons utilisé l’IRMf pour comparer l’activation cérébrale

des structures corticales médianes de patients déprimés unipolaires, bipolaires, et de témoins

sains lors d’une tâche de référence à soi portant sur des images de différentes valences et

durant une phase de repos afin d’observer les régions associées et dissociés entre le réseau du

self et le réseau du mode par défaut (Lemogne et al., 2011).

Notre hypothèse basé sur les travaux de Lemogne et son équipe (2011), prédit que lors

de la tâche de référence à soi, une activation accrue au niveau des régions CMS postérieures

gauches et du cortex frontal médian sera montrée pour les bipolaires et unipolaires par rapport

aux contrôles.

II. DEMARCHE SCIENTIFIQUE

A. ETUDE COMPORTEMENTALE

Matériels et méthode étude comportementale

26

1. Matériel et méthodes

1.1 Sujets

20 patients ont été recrutés au cours d'un épisode dépressif majeur (EDM) dans les

Services Hospitalo-universitaires de Psychiatrie de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et de Saint

Anne, où ils ont été pris en charge et suivis au décours de cet épisode, puis répartis en deux

groupes de sujets (unipolaires UP n=13, bipolaires BP n=7). Les diagnostics ont été établis

selon les critères du DSM IV-TR (cf. Annexe 4) dans le cadre de leur prise en charge par les

praticiens hospitaliers du service.

Sur les 20 sujets qui ont participé à ce protocole (cf. Annexe 1): 18 ont été inclus, et 2

(un UP et un BP) ont été exclus secondairement dont un pour engagement erroné dans la

tâche et l’autre du fait d'un diagnostic ne s'intégrant pas dans le spectre de la dépression.

Les patients ont donné leur consentement à l’étude après une information détaillée.

1. Critères d’inclusion des patients :

Hommes ou femmes, dont l’âge est compris entre 18 et 55 ans et présentant un

Episode Dépressif Majeur selon le DSM-IV (cf. Annexe 4) dans le cadre d'un trouble de

l'humeur unipolaire ou de type bipolaire de type 1 et 2 (au moins 2 épisodes dépressifs

incluant l'épisode actuel).

Concernant l'EDM: Score de BDI>15 (dépression sévère). Patient Hospitalisé ou suivi

en consultation.

2. Critères de non inclusion:

- Troubles bipolaires avec cycles rapides : 4 cycles dans les 12 derniers mois.

- Caractéristiques psychotiques de l'EDM actuel.

- Comorbidités psychiatriques actuelles : Trouble de personnalité de type borderline,

TOC, Phobie sociale, trouble schizo-affectif.

- Abus et dépendance à l'alcool ou autres substances.

- Cure récente d'ECT (< 6 mois).

- Antécédents de traumatisme crânien sévère, affections neurologiques (SEP, Maladie

de Parkinson, AVC) ou maladies générale susceptible d'entrainer des anomalies à l'IRM et

d’affecter les capacités cognitives (Lupus, Maladie de Behcet).

1.2. Paradigmes expérimentaux

1.2.1Tâche de référence à soi

Le premier protocole utilisé est visible ci-dessous (Fig. 4) et se distingue en deux

phases : une phase d’étude (encodage) et une phase de test (reconnaissance). Le design de

cette tâche est adapté de l’étude de Lemogne et al, 2009. Le stimulus cible consiste en un

adjectif noir présenté sur un fond blanc via un écran d’ordinateur à l’aide du logiciel E-prime

(Psychology Software Tools, Pittsburgh, PA) sur un PC Windows. Les adjectifs utilisés sont

Matériels et méthode étude comportementale

27

issus d’une banque de mots validée pour la valence (absence d’ambiguïté) auprès d’une

population de 100 étudiants en Médecine (Choubani et al, 2006, Annexe 6).

Figure 4: Protocole expérimental

Phase d’étude : encodage incident.

La tâche des sujets consiste à effectuer un jugement « oui/non » sur chacun des mots

présentés de façon aléatoire, selon un paradigme unique pour chaque sujet. Les réponses

« oui/non » se font par système de touche sur le clavier numérique.

Deux conditions de jugement sont proposées au sujet :

-Condition personnelle : les sujets doivent juger si le mot, décrivant un trait de

personnalité positif ou négatif, peut s’appliquer ou non à eux-mêmes.

- Condition générale (décision sémantique de mots à valence émotionnelle): les

sujets doivent juger si les traits de personnalité décrivent ou non des traits de

personnalité socialement désirable.

Chaque mot est employé dans une seule condition (personnelle ou générale) et ne fait

donc l’objet que d’un seul jugement conditionnel. Afin d’éviter un effet de liste, les mots

décrivant des traits de personnalité sont répartis aléatoirement dans les conditions

personnelles et générales à travers les sujets.

Deux listes de 20 mots (10 mots positifs et 10 mots négatifs décrivant des traits de

personnalité pour les conditions générale et personnelle ; répartis aléatoirement) sont

attribuées à chaque condition de jugement. L’acquisition se fait en deux sessions de deux

listes (une liste pour chaque condition de jugement par session, répartie de façon aléatoire au

sein de chaque session pour chaque sujet, afin d’éviter un effet d’ordre). Le début d’une liste

est précédé des instructions (7 secondes) précisant visuellement la condition de jugement à

effectuer par le sujet (« condition personnelle » ou « condition générale »), de l’adjectif

pendant 1s puis d’une croix de fixation centrale pendant 2 secondes (Fig. 4). Une session dure

3 minutes avec une pause au milieu de chaque session. Soit une durée d’expérience d’environ

8 minutes.

Le dispositif de réponse enregistre le temps de réaction (TR) et la réponse du sujet

dans chaque condition.

Matériels et méthode étude comportementale

28

Phase de test : Reconnaissance

Après 5 minutes de repos, sans tâche mais avec discussion libre entre sujet et

expérimentateur, une tache de reconnaissance via E-prime demandant aux sujets de

reconnaitre les mots de la liste est réalisée. Pour cela, la série d’adjectifs est de nouveau

présentée au sujet, mélangée avec 40 adjectifs nouveaux (20 positifs et 20 négatifs), aussi

issus de la banque validée. Les items sont présentés séquentiellement à l’écran pendant 1

seconde suivie d’une période de fixation de 2 secondes. Le sujet doit utiliser le dispositif de

réponse pour discriminer les mots déjà vus des nouveaux en répondant par oui pour un mot

cible (déjà vu) ou non pour un distracteur (mot nouveau). L’ordre de présentation des adjectifs

est aléatoire mais le ratio nouveaux mots/anciens mots est identique pour tous les sujets

(40/80).

L’analyse de la reconnaissance repose sur l’indice de discriminabilité et le bais de

réponse selon Snodgrass & Corwin, 1988. Ces indices sont basés sur une théorie de la

discrimination à seuil haut pour laquelle les fausses reconnaissances résulteraient d’une

réponse au hasard. L'indice de discriminabilité, variant de 0 à 1, est Pr = % de

reconnaissances correctes - % de fausses reconnaissances. L'indice de biais est: Br = %

fausses reconnaissances/ (1-Pr). Quand Br= 0,5 le biais est nul ; quand Br<0,5 le biais est

conservateur (évite les fausses reconnaissances) ; quand Br>0,5 le biais est libéral (favorise

les fausses reconnaissances).

1.2.2 Test de mémoire autobiographique

Nous avons utilisé une version du TEMPau (Test Episodique de la Mémoire du Passé

autobiographique, Annexe 5) modifié d’après Bergouignan et al., 2008 que nous avons

informatisé, explorant la capacité des sujets à récupérer des événements personnels

spécifiques détaillés en fonction de cinq périodes de vie : la période de l’enfance et de

l’adolescence (« 0 »-17ans), la période de jeune adulte (18-30ans), au-delà de 30 ans, les cinq

dernières années exceptés les douze derniers mois ; les douze derniers mois, et ce en fonction

de 20 mots indices : 10 à valence positive et 10 à valence négative. Les sujets ont 60 s pour

décrire leurs réponses.

Le TEMPau modifié comprend :

1) l’autoévaluation de l’état de conscience autonoétique (Remember/Know/Guess)

pour le contenu émotionnel, factuel (quoi), spatial (où) et temporel (quand) (Guillery et al.

2000). L’analyse est ensuite faite sur la proportion de réponses R sur l’ensemble des contenus

pour les 20 souvenirs, ainsi que sur le score total des souvenirs selon les valeurs présentées

dans la grille d’évaluation suivante :

Réponses

Contenus Remember Know Guess

Matériels et méthode étude comportementale

29

Émotionnel 1 0 -1

Factuel 1 0 -1

Spatial 1 0 -1

Temporel 1 0 -1

2) l’autoévaluation du point de vue associée au souvenir (Acteur/Spectateur, (Nigro &

Neisser 1983; Robinson & Swanson 1993)). L’observation portera sur le pourcentage de

souvenir récupéré en vision spectateur.

3) l’hétéro-évaluation du niveau de spécificité du souvenir prenant en compte la

spécificité des détails et les détails phénoménologiques. Le niveau de spécificité des souvenirs

a été coté comme spécifique = 4 (évènement survenu une seule fois, et ayant duré moins

d’une journée), étendu = 3 (évènement survenu une seule fois, ayant duré plus d’une journée),

générique = 2 (classe d’évènements répétés), association sémantique = 1, et omission ou

événement répété = 0. Le score de spécificité, a été effectué en suivant la règle utilisée par

Barnard et al. (2006), à savoir le pourcentage de souvenirs côtés 4.

L’épisocidicité d’un souvenir, à savoir un souvenir qui est spécifique, rappelé en

perspective acteur et dont la somme des R/K/G>1 (cf. grille d’évaluation précédente), sera

aussi analysé.

Le TEMPau de passation longue, dure environ 90 minutes par sujet. La cotation de la

spécificité est réalisée en aveugle par deux cotateurs extérieurs.

1.3. Analyse des données comportementales

L‘ensemble des données comportementales, temps de réaction et réponses pour la

tâche de référence à soi, et souvenirs-réponses pour le test de mémoire autobiographique, a

été analysé à l‘aide du logiciel de traitement statistique R 2.9 (www.r- project.org/). Les

données provenant du logiciel E-Prime ont été exportées dans un format lisible par le logiciel.

Les comparaisons au sein des groupes et entre les groupes des données de la phase d’étude

(temps de réaction à l’encodage) et de la phase de test (indice de discriminabilité et temps de

réaction en reconnaissance) sont faites par le test de Scheirer-Ray-Hare (statistique non-

paramétrique) au lieu d’une ANOVA (Sokal and Rohlf, 2012), nos valeurs ne suivant pas une

distribution normale (pas d’homoscédasticité non plus). Les analyses post-hoc en cas de

significativité des effets principaux et des interactions utiliseront des tests non-paramétriques

de Mann–Whitney (intra-sujets), et des tests de Wilcoxon (intra-groupe).

Le seuil de significativité statistique est fixé à p-value < 0.05.

Résultats étude comportementale

30

2. Résultats de l’étude 1 : étude comportementale comparant des déprimés

unipolaires et bipolaires

Les analyses statistiques ont porté sur 18 patients (UP : n=12, BP : n=6). Les

caractéristiques démographiques et cliniques des patients sont présentées en Annexe 1.

Aucune différence significative entre les groupes n’est montrée pour l’âge (W=43, p=0,717),

le ratio d’homme (X²=0,117, p=0,732), le niveau socioculturel (W=30,5, p=0.478) et la

sévérité de la dépression (W=36,5, p=0,891) (cf. Annexe 1).

2.1. Tâches de référence à soi

En raison de la faible taille de nos échantillons nous avons utilisé dans nos analyses

statistiques des tests non paramétriques. Des tests de Scheirer-Ray-Hare (statistique non-

paramétrique) sont réalisés au lieu d’ANOVA (Sokal and Rohlf, 2012). Les analyses post-hoc

en cas de significativité des effets principaux et des interactions utiliseront des tests non-

paramétriques de Mann–Whitney (intra-sujets), et des tests de Wilcoxon (intra-groupes).

Effet SRE en fonction de la valence chez les bipolaires et les unipolaires

L’effet de référence à soi traduit la meilleure reconnaissance des items encodés en

condition self par rapport aux items encodés en condition générale.

Pour permettre une analyse avec le test de Scheirer-Ray-Hare qui n’autorise pas

d’inclure trois facteurs différents, nous avons défini un score de SRE correspondant au niveau

de reconnaissance en self – niveau de reconnaissance en général. Nous avons ainsi calculé un

score différent pour la valence positive (self pos – gen positif) et un score différent pour la

valence négative (self nég – gen négatif). De plus afin de prendre en considération le niveau

de fausse reconnaissance, nous avons défini un indice de discriminabilité (Pr = % de

reconnaissances correctes - % de fausses reconnaissances) (Snodgrass & Corwin, 1988).

Avec cet indice de discriminabilité en fonction de la valence (Self positif - Générale

positif, Self négatif - générale négatif) comme variable dépendante nous avons effectué une

première analyse avec un facteur groupe (unipolaire, bipolaire) et un facteur valence à deux

niveaux ((self- gen) positif, (self-gen) négatif)).

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur l’indice de discriminabilité ne révèle aucun effet

groupe (H= 0.518, df= 1, p= 0.471), aucun effet valence (H= 1.236, df= 1, p= 0.266) et

aucune interaction groupe X valence (H= 1.421, df= 1, p= 0.233). Cela se traduit par

l’homogénéité des réponses des sujets sur le graphique ci-dessous (Fig 5).

Résultats étude comportementale

31

Figure 5 : Test de reconnaissance : Pourcentage de mots retrouvés de valeurs

positives en condition self et générale. Le pourcentage de mots retrouvés de valeurs négatives

suit la même tendance.

Dans un second temps nous avons répété l’analyse en utilisant les scores bruts de

reconnaissance correcte. Le test de Scheirer-Ray-Hare sur le score de reconnaissance correcte

ne révèle aucun effet groupe (H= 0.490, df= 1, p= 0.483), aucun effet valence (H= 3.272, df=

1, p= 0.070) et aucune interaction groupe X valence (H= 1.187, df= 1, p= 0.275).

Contrairement à nos hypothèses les patients déprimés bipolaires ne montrent pas de

SRE plus marqué pour les mots positifs.

Afin de vérifier qu’il y a bien un effet de référence à Soi à partir de notre tâche, nous

avons réalisé un test de Scheirer-Ray-Hare avec un facteur groupe et un facteur condition

(self, général) indépendamment de la valence.

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur l’indice de discriminabilité ne révèle aucun effet

groupe (H= 0.801, df= 1, p= 0.370), aucun effet condition (H= 0.079, df= 1, p= 0.777) et

aucune interaction groupe X condition (H= 0.032, df= 1, p= 0.857).

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur le score de reconnaissance correcte ne révèle aucun

effet groupe (H= 2.140, df= 1, p= 0.143), aucun effet condition (H= 0.184, df= 1, p= 0.667) et

aucune interaction groupe X condition (H= 0.285, df= 1, p= 0.593).

Nous n’avons donc pas observé d’effet de référence à soi dans notre étude. Les mots

encodés en self sont reconnus de la même manière que les mots encodés en général dans les

deux groupes. Même en faisant un pool de patients déprimés (n=18), on ne retrouve pas sous

le test de Wilcoxon de différence significative quant à la condition (p=0,545). Afin de savoir

si les sujets ont bien effectué la tâche nous avons évalué leurs temps de réaction pour faire le

jugement lors de l’encodage incident en condition self et générale, les résultats sont dans le

tableau 2. En général la condition self s’accompagne d’un temps de réponse plus élevé que

dans la condition générale.

Résultats étude comportementale

32

Self Générale Différence

moyenne (écart-type) en ms Self versus générale

nUP=12 nUP=12 Différence (%) W p-value

nBP=6 nBP=6

UP 1085 (368) 958 (306) 139 W=86505 p=0,005*

BP 1310 (567) 1170 (455) 126 W=22613 p<0,01*

Tableau 2 : Variation des temps de réaction en encodage pour les unipolaires et les

bipolaires

Nous pouvons observer que les patients UP et BP ont des temps de réaction plus

élevés en condition self ce qui suggère que les patients des deux groupes se sont correctement

engagés dans la tâche de référence à soi durant l’encodage incident.

Recherche de traitement des mots différents selon la valence chez les

bipolaires et les unipolaires

Afin de rechercher une différence de traitement des mots de valence positive entre les

unipolaires et les bipolaires, nous avons fait un test de Scheirer-Ray-Hare avec un facteur

groupe et un facteur valence (positive, négative) indépendamment de la condition self ou

générale. Nous avons ainsi effectué une analyse sur le temps de réaction à l‘encodage, la

reconnaissance, et sur l’indice de discriminabilité.

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur le temps de réaction en encodage révèle un effet

groupe (H= 136.0, df= 1, p<0,01*), et un effet valence (H= 8.812, df= 1, p= 0.002*) mais pas

d’interaction groupe X (H= 0.000, df= 1, p= 0.984).

Le tableau 3 ci-dessous montre les moyennes des temps de réaction en reconnaissance

selon la valence (positive/négative).

a) + - Différence b) Sans valence

moyenne (écart-type) en

ms

moins versus

plus moyenne (écart-type)

en ms

nUP=12 nUP=12

Différence

(%) nUP=12

Différence

(%)

nBP=6 nBP=6 nBP=6 BP vs UP

UP 1094(490) 1190(531) 116 UP 1139(511) 578

BP 1662(1000) 1779(925) 96 BP 1717(966)

Tableau 3 : Différence des temps de réaction en reconnaissance entre les unipolaires et les

bipolaires ; a) Différence en intragroupe b) différence en intergroupe.

Il semblerait que les patients unipolaires et bipolaires reconnaissent plus lentement un

mot de valence négative. On observe aussi que les bipolaires répondent plus lentement que les

unipolaires.

Résultats étude comportementale

33

Aucun effet groupe (H= 1.170, df= 1, p= 0.279), aucun effet valence (H= 1.444, df= 1,

p= 0.229) et aucune interaction groupe X valence (H= 0.718, df= 1, p= 0.396) n’est montré

par le test de Scheirer-Ray-Hare sur l’indice de discriminabilité.

Au total avec la tâche de SRE, nous observons uniquement que les patients bipolaires

sont plus lents que les patients unipolaires que ce soit au moment de l’encodage ou de la

reconnaissance. Contrairement à notre hypothèse lors de cette tâche les patients déprimés

bipolaires ne traitent pas différemment les mots positifs des mots négatifs et ne présentent pas

de différences par rapport aux patients unipolaires. En raison d’un trop faible échantillon nous

n’observons pas d’effet de référence à soi.

2.2. Tâche de rappel en mémoire autobiographique

Effet de la valence sur les scores des caractéristiques de la MA

Afin de rechercher une différence de récupération des souvenirs positifs entre les

unipolaires et les bipolaires, nous avons fait des tests de Scheirer-Ray-Hare avec un facteur

groupe et un facteur valence sur les différentes variables définissant la performance au test de

MA. Les scores moyens des différentes variables sont donnés ci-dessous :

+ S E sp R ep

UP 67,44 (21,97) 0,72 (0,32) 55,4 (14,5) 57,1 (20) 30,0 (0,22)

BP 61,54 (24,74) 0,68 (0,35) 50,14 (29,81) 55,2 (19) 14,0 (0,15)

- S E sp R ep

UP 64,96 (19,81) 0,83 (0,22) 57,72 (23,16) 58,1 (17) 22,4 (20)

BP 37,15 (15,63) 0,36 (0,4) 54,2 (29,48) 41,6 (28) 9,4 (12)

Tableau 4 : Scores moyens (écart-type) des différentes variables du test de MA en fonction de

la valence pour les unipolaires et les bipolaires. S : Spécificité ; E : Score de réponse

Remember sur le contenu émotion ; sp : score de perspective spectateur ; R : pourcentage de

réponse Remember ; Score d’épisodicité. (En %, sauf pour E qui peut prendre les valeurs de -

1 à 1)

Spécificité (S)

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur la spécificité montre un effet groupe (H= 4.408, df=

1, p=0.035*), mais pas d’effet valence (H= 8.812, df= 1, p= 0.152) et pas d’interaction groupe

X valence (H= 8.812, df= 1, p= 0.152). Cependant, en traçant le graphique des interactions

(Fig. 6) entre groupe X valence, nous observons que le score de spécificité est influencé par le

groupe et la valence. Nous supposons qu’il n’y a pas d’effet interaction groupe X valence

dans le test de Scheirer-Ray-Hare à cause de la trop grande dispersion des valences.

Résultats étude comportementale

34

Figure 6 : Exploration de l’interaction dans le test de Scheirer-Ray-Hare pour le

score de spécificité

Au vue de l’interaction sur le graphique (figure 6), nous dessinons le tableau x ci-

dessous regroupant les différences et les tests post-hoc pour le score de spécificité.

+ - Différence intragroupe

moyenne (écart-type) "+" versus "-"

nUP=12 nUP=12 Différence (%) V p-value

nBP= 6 nBP= 6

UP 67,4(21,9) 64,9(19,8) 2,5 V=25 p=0,812

BP 61,5(24,7) 37,1(15,6) 24,4 V=26 p=0,046*

UP BP Différence intergroupe

moyenne (écart-type) "UP" versus "BP"

nUP=12 nBP=6 Différence (%) W p-value

nUP= 12 nBP= 6

+ 67,4(21,9) 61,5(24,7) 5,9 W=26,5 p=0,432

- 64,9(19,8) 37,1(15,6) 27,8 W=13 p=0,035*

Tableau 5 : Variation des scores de spécificité intragroupe et intergroupe pour les

unipolaires et les bipolaires

Un effet de la valence est montré de manière intragroupe pour les bipolaires

(p=0.046*) et un effet groupe est révélé en valence négative (p=0.035*). Contrairement à

notre hypothèse les patients UP et BP n’ont pas le même taux de surgénéralisation et les

souvenirs des UP ne sont pas plus spécifiques lors du rappel des souvenirs négatifs.

Conformément à notre hypothèse les BP sont plus spécifiques pour les souvenirs positifs.

Cependant les UP sont plus spécifiques pour les souvenirs négatifs que les patients BP.

Conscience autonoétique (R global et Emotion)

R global (Proportion de réponses R sur l’ensemble des contenus : Emotion, Fait, Date

et Lieu) :

Résultats étude comportementale

35

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur le score de R global n’indique aucun effet groupe

(H= 1.415, df= 1, p= 0.234), aucun effet valence (H= 0.600, df= 1, p= 0.4383) et aucune

interaction groupe X valence (H= 1.136, df= 1, p= 0.286).

Contrairement à notre hypothèse, les patients bipolaires n’attribuent pas plus de

réponses R que les patients unipolaires pour les souvenirs positifs.

Emotion (Proportion de réponses R sur le contenu Emotion) :

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur l’Emotion révèle un effet groupe (H= 3.771, df= 1,

p=0.052*), mais pas d’effet valence (H= 0.266, df= 1, p= 0.605) et d’interaction groupe X

valence (H=2.495, df=1, p=1.114). Or pour les mêmes raisons que précédemment, en traçant

le graphique des interactions (Fig. 7) entre groupe X valence, nous observons que le score

d’Emotion est influencé par le groupe et la valence.

Figure 7 : Exploration de l’interaction dans le test de Scheirer-Ray-Hare pour le

score d’Emotion.

Le tableau 6 ci-dessous regroupe les différences et les tests post-hoc.

+ - Différence intragroupe

moyenne (écart-type) "+" versus "-"

nUP=12 nUP=12 Différence (%) V p-value

nBP= 6 nBP= 6

UP 0,72(0,32) 0,83(0,22) -0,11 V=7 p=0,271

BP 0,68(0,35) 0,36(0,4) 0,32 V=25 p=0,075**

UP BP Différence intergroupe

moyenne (écart-type) UP versus BP

nUP=12 nBP=6 Différence (%) W p-value

nUP= 12 nBP= 6

Résultats étude comportementale

36

+ 0,72(0,32) 0,68(0,35) 0,04 W=32 p=0,8044

- 0,83(0,22) 0,36(0,4) 0,47 W=11 p=0,021*

Tableau 6 : Variation des scores d’Emotion intragroupe et intergroupe pour les unipolaires

et les bipolaires

Il y a donc un effet de la valence, mais il dépend du groupe, en l’occurrence cet effet

est observé pour les bipolaires uniquement (tendance approchant le seuil de 5%, p=0.075**).

Un effet groupe et également montré pour la valence négative (p=0.021*). Contrairement à

notre hypothèse, les patients bipolaires n’attribuent pas plus de réponses R pour la catégorie

Emotion que les patients unipolaires pour les souvenirs positifs. On retrouve aussi que les

patients UP ont des scores R émotion plus élevés pour les souvenirs négatifs.

Spectateur (S)

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur le score de R global n’indique aucun effet groupe

(H= 0.088, df= 1, p= 0.766), aucun effet valence (H= 0.342, df= 1, p= 0.5518) et aucune

interaction groupe X valence (H= 0.191, df= 1, p= 0.661). Cette absence de différence est

contraire à notre hypothèse.

Episodicité (ep)

Le test de Scheirer-Ray-Hare sur le score de R global indique un effet groupe (H=

4.631, df= 1, p= 0.031*), aucun effet valence (H= 1.140, df= 1, p= 0.285) et aucune

interaction groupe X condition (H= 0.013, df= 1, p= 0.971).

Le tableau 7 ci-dessous montre le sens de la différence entre les groupes. Les

unipolaires semblent avoir plus de souvenirs épisodiques que les bipolaires.

UP BP Différence intragroupe

moyenne (écart-type) UP-BP

nUP=12 nUP=12 Différence (%)

nBP= 6 nBP= 6

+ 30,0(22) 14,0(15) 6

- 22,4(20) 9,40(12) 13

Tableau 7 : Différences des scores d’épisodicité entre les unipolaires et les bipolaires.

Cette tendance est contraire à notre hypothèse de départ que les bipolaires ont plus de

souvenirs rappelés de manière épisodique (=spécifique, acteurs et réponses R) lors du rappel

de souvenirs positifs que les unipolaires.

Le graphique ci-dessous (Fig. 8) récapitule l’ensemble des différences caractéristiques

du test de mémoire autobiographique entre les unipolaires et les bipolaires.

Résultats étude comportementale

37

Figure 8 : Score des caractéristiques du test MA pour des déprimés uni et bipolaires

Discussion étude comportementale

38

3. Discussion : étude comportementale comparant des déprimés unipolaires et

bipolaires

L’objectif principal de cette étude était de trouver des marqueurs cognitifs permettant

de différencier la dépression unipolaire de la dépression bipolaire.

Tâche de référence à soi avec du matériel verbal

Lors de la tâche de référence à soi, contrairement à notre hypothèse, les patients

déprimés bipolaires ne traitent pas différemment les mots positifs des mots négatifs et ne

présentent pas de différences par rapport aux patients unipolaires. Ce résultat est biaisé du fait

que nous n’observons pas d’effet de référence à soi dans notre étude.

Une première raison à l’absence de SRE est liée à la taille de nos échantillons. En

effet, d’après les données de la littérature mettant en évidence une « taille de l’effet » de

l’ordre de 0.58 déviation standard entre la condition self et la condition générale lors d’une

tâche de reconnaissance (Symons et al., 1997), en testant l’hypothèse, de façon bilatérale de la

mise en évidence par un test t de Student d’une différence significative (au risque alpha=0,05

; risque bêta=0,2 ; puissance=0,80) entre les deux conditions, il aurait été nécessaire d’inclure

48 sujets minimum soit 24 dans chaque groupe.

Seul est observé un temps de réponse plus long pour les patients bipolaires par rapport

aux patients unipolaires que ce soit au moment de l’encodage ou de la reconnaissance. Cette

différence n’est pas due à la sévérité de la dépression puisqu’il n’y a pas de différence

significative sur les scores de BDI, mais une influence des traitements médicamenteux reste

possible.

A posteriori, une tâche de rappel libre aurait été préférée à la tâche de reconnaissance

pour différencier les unipolaires des bipolaires. Une diminution des performances mnésiques

est surtout mise en évidence dans les épreuves de rappel libre : il disparaît avec les procédures

de facilitation (rappel indicé, reconnaissance) (Baddeley et al., 1999).

Tâche de mémoire autobiographique

La mémoire autobiographique est la capacité à récupérer les expériences vécues dont

le soi est l’objet de connaissance (Piolino et al., 2003). La tâche de mémoire autobiographique

est ici utilisée pour comparer la dépression unipolaire de la dépression bipolaire.

Nous montrons que les patients bipolaires ont moins de spécificité pour les souvenirs

négatifs que les souvenirs positifs. Ce résultat est partiellement en accord avec notre

hypothèse. En effet nous ne mettons pas en évidence de différence entre les patients

unipolaires et bipolaires pour le niveau de spécificité des souvenirs positifs. Cependant les

patients unipolaires sont plus spécifiques que les patients bipolaires pour les souvenirs

négatifs. Ces résultats sont renforcés par l’étude du score R émotion. Globalement nos

résultats - préliminaires compte tenu de la taille de notre échantillon – suggèrent une

asymétrie dans le rappel des souvenirs négatifs et positifs dans la dépression unipolaire et

Discussion étude comportementale

39

bipolaire. Ce résultat est en accord avec l’étude de Mansell et Lam (2004) et confirme aussi

l’idée d’une différence entre la dépression unipolaire et bipolaire.

Selon Scott et son équipe (2001) le degré de spécificité serait proportionnel au nombre

d’épisodes thymiques antérieurs. Il serait utile d’évaluer le rôle de cette caractéristique

clinique lorsque nos échantillons seront plus importants.

Sur la base de nombreuses études corrélationnelles et expérimentales en psychologie

sociale, l’adoption d’un point de vue de spectateur lors du rappel en mémoire

autobiographique est généralement interprétée comme témoignant d’une focalisation sur soi

accrue (Sutin & Robins, 2008). Les unipolaires et les bipolaires présentant le même taux de

souvenirs récupéré en perspective spectateur, leur degré de focalisation sur soi est semblable.

Ce déficit du rappel des événements en point de vue acteur avait été montré par Kuyken &

Howel (2006) mais jamais chez des bipolaires. Tout se passe comme si les patients déprimés

étaient bloqués au niveau du « self-conceptuel » (défaut du self-épisodique et non du self

sémantique) du système de mémoire du self proposé par Conway avec une impossibilité

d’accès au dernier niveau : les Event-specific Knowledge (Conway & Pleydell-Pearce, 2000)

(cf figure 1).

Globalement aux deux tests utilisés dans cette étude 1, les déprimés bipolaires ne

montrent pas de différences de leurs connaissances sémantiques personnelles par rapport aux

unipolaires (tâche de référence à soi) mais il semble y avoir un défaut de mémoire épisodique

(tâche de mémoire autobiographique : moindre spécificité et moindre épisodicité de leurs

souvenirs) plus marqué par rapport aux déprimés unipolaires.

En résumé l’étude de la valence des souvenirs (positifs ou négatifs) lors de tâches de

rappel de mémoire autobiographique pourrait permettre de différencier les unipolaires des

bipolaires et pourrait constituer ainsi un marqueur cognitif différenciant ces deux catégories

de troubles de l’humeur.

.

B. ETUDE D’IMAGERIE

Matériels et méthode étude d’imagerie

41

Ce protocole est complémentaire à l’étude comportementale de la focalisation sur soi, et

est inscrit dans un P.H.R.C (Programme Hospitalier de Recherche Clinique) sur l’étude des

réseaux fonctionnels de repos en IRMf comme biomarqueurs de la dépression unipolaire ou

bipolaire. Les patients participant à cette étude sont différents de ceux de la partie

expérimentale.

1 Matériel et méthodes

1.1. Sujets

4 patients ont été recrutés au cours d'un EDM dans le Service Hospitalo-universitaire

de Psychiatrie de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (cf. Annexe 2), où ils ont été pris en charge

et suivis au décours de cet épisode, puis répartis en deux groupes de sujets (unipolaires UP

n=3, bipolaires BP n=1). Les diagnostics ont été établis selon les critères du DSM IV-TR (cf.

Annexe 4) dans le cadre de leur prise en charge par les praticiens hospitaliers du service.

Le recrutement des sujets sains s’est fait via une annonce postée sur le site du RISC, et

via la liste de volontaire du Centre d’Investigation Clinique. 11 sujets ont participé à cette

étude, dont un qui a été exclu du protocole suite à la suspicion d’une sclérose en plaque.

1. Critères d’inclusion des patients :

Patients présentant un Episode dépressif majeur selon le DSM-IV (cf. Annexe 4) dans

le cadre d'un trouble de l'humeur unipolaire ou de type bipolaire de type 1 (au moins 3

épisodes dépressifs incluant l'épisode actuel).

Concernant l'EDM: Score à la MADRS > 22 Score à la YMRS < 12 Durée de

l'épisode <2 ans. Patient Hospitalisé ou suivi en consultation.

2. Critères de non inclusion:

Même critère que ceux en paragraphe 2.1.2, plus contre-indication à l’IRM.

3. Critères d’inclusion des témoins:

Indemnes de troubles psychiatriques et sans antécédents médicaux familial en

particulier de dépression et de troubles anxieux. Aucun traitement médicamenteux en cours (à

part traitement contraceptif). Les patients et les sujets ont donné leur consentement à l’étude

après une information détaillée.

1.2. Paradigme expérimental

Tâche de repos (Resting state)

Matériels et méthode étude d’imagerie

42

On peut étudier le resting-state network par l’activité effective (activations liées à la

connectivité lors du repos2) ou via les déactivations par rapport à une tâche expérimentale

(tâche de référence à soi).

Une IRMf de repos enregistre les variations du signal BOLD reflétant les variations

spontanées du signal indépendantes de toute stimulation externe. La consigne de la tâche de

repos donnée avant l’acquisition IRMf est dans notre étude : « Gardez les yeux fermés mais il

vous faut rester éveillé. Relaxez-vous et laissez vos pensées circuler librement. Essayez de ne

pas bouger »

Tâche de référence à soi en IRMf

Ce protocole est écrit d’après Lemogne et al., 2011 et présenté en figure 9. Les stimuli

consistaient en 144 photographies couleurs de valence émotionnelle positive, négative ou

neutre, dont 108 ont été utilisées au cours de l’IRMf et 36 lors d’une session d’exercice. Le

matériel utilisé est composé de 90 images positives, 90 images négatives et 90 images neutres

sélectionnées à partir de 2 banques de photographies dont l’intensité (arousal) et la valence

émotionnelle sont validés chez des sujets sains l’IAPS (Lang et al. 1997) et l’EPS (Empathy

Picture System, Geday et al. 2003, http://www.geday.net/eps, cf. Annexe 3). 45 images

neutres sont des photos d’extérieur, et 45 sont des images d’intérieur.

Trois conditions sont présentés: personnelle, générale et contrôle. Dans les conditions

personnelle et générale, autant d’images négatives que positives sont présentées aux sujets.

Dans la condition personnelle, les sujets répondaient s’ils pouvaient associer quelque chose de

personnelle à ces images (Grimm et al., 2009). Dans la condition générale, ils jugeaient si

l'image était positive ou négative. Chacune des photos soumises étant affectées aléatoirement

pour la condition. Dans la condition contrôle, des images neutres ont été présentées. Ils

devaient juger si la photo était prise à l'intérieur ou à l'extérieur. Dans toutes les conditions et

pour chaque image, les sujets ont répondu soit un «oui» ou «non» pour la condition

personnelle, un « positif » ou « négatif » pour la condition générale et une réponse

« extérieur » ou « intérieur » pour la condition contrôle via des boutons poussoirs

respectivement dans la main gauche ou droite.

Conditions Réponses

Personnelle oui non

Générale + -

Contrôle Intérieur Extérieur

2 Parfois nommé « rest » au long du rapport.

Figure 9: Design expérimental de l’expérience d’imagerie

Matériels et méthode étude d’imagerie

43

La tâche englobe un essai (run) effectué en dehors du scanner et trois runs durant

l’IRM. Chaque runs contient trois blocs. Chaque bloc étant associé à une seule condition.

L'ordre des conditions est contrebalancé selon les runs afin d'éviter de présenter la même

condition pour deux blocs consécutifs. Avant chaque bloc, la consigne rappelant la condition

est affichée durant 5s et suivie par une croix de fixation centrale durant 3,5s. Chaque bloc

contient 12 essais dont six images négatives et six images positives pour la condition

personnelle et générale et 12 images en extérieur ou intérieur pour les images neutres. Chaque

essai a consisté en une image affichée pendant 2,5s, suivie d'une croix de fixation de 3.5s. La

durée de chaque essai (soit 6s) a été calculée pour optimiser la réponse hémodynamique au

cours de l’échantillonnage de chaque bloc. Pour étudier le mode par défaut, chaque bloc

contient 6 événements nuls, constitués d'une croix de fixation pendant 2,5s. Les images et les

événements nuls sont mélangés de manière pseudo-aléatoire de telle sorte que les événements

de chaque type (c’est à dire positif, négatif, intérieur ou nul, extérieur ou nul) sont suivis l’un

de l’autre.

1.3. Analyse des données d’imagerie

Acquisition et pré-traitement des données d’imagerie

L’acquisition des données a été effectuée au CENIR (CEntre de NeuroImagerie de

Recherche) au moyen d’un scanner Siemens Trio 3T. 142 volumes ont été acquis pour chaque

run, avec un temps de répétition (TR) de 2,49 secondes et une taille de voxels fixées à

2x2x2mm. Une acquisition anatomique a également été réalisée. Le protocole a été présenté et

les réponses enregistrées à l’aide de scripts développés sous MatLab (www.mathworks.com).

Tous les traitements effectués sur les images ont été réalisés avec le logiciel SPM8 (développé

par le Wellcome Department of Cognitive Neurology, University College London, Royaume-

Uni http://www.fil.ion.ucl.ac.uk/spm/spm8.html) selon des procédures standards : Slice-

timing, réalignement des images, normalisation, ré-échantillonnage des images à une taille de

voxels 2x2x2mm.

Analyses statistiques

Les analyses statistiques des images fonctionnelles nous permettent de mettre en

évidence les régions du cerveau qui présentent une activité significativement plus élevée au

cours de l’exécution d’une tâche (e.g. condition self en référence à soi), qu’au cours de

l’exécution d’une autre tâche (e.g. condition intérieur/extérieur). Ces analyses se déroulent en

plusieurs étapes.

Dans un premier temps, une analyse statistique au niveau individuel est réalisée selon

une approche paramétrique, en utilisant un modèle linéaire généralisé appliqué à tous les

voxels (éléments de volume) du cerveau.

Au préalable, il faut construire le modèle prédictif de l’évolution des signaux

susceptibles d’être induits par la tâche. Chaque condition expérimentale est modélisée par une

Matériels et méthode étude d’imagerie

44

fonction de base (ou régresseur), selon une approche évènementielle, convoluée avec la

réponse hémodynamique canonique (addition des variations du signal, chacune modélisée par

une fonction hémodynamique, due à la présentation successive des stimuli). Les 6 paramètres

de mouvements du sujet, préalablement calculés par SPM, ont été rajoutés comme

covariables. Un filtre passe-haut est appliqué au modèle pour atténuer les dérives lentes du

signal dues au bruit physiologique. Le modèle est ensuite testé et ajusté en fonction des

données. Puis les contrastes entre la condition de référence à soi, la condition contrôle et la

condition de repos (présentation d’une croix de fixation) ont été estimés pour étudier

l’influence de ces conditions sur les variations du signal (self>contrôle, self>repos,

repos>contrôle et repos >self).

Dans un deuxième temps, une analyse de conjonction (par groupe) utilisant la méthode

de « conjonction null » (Nichols et al, 2005) a été réalisée selon l’approche par effet aléatoire

(« random effect ») qui prend en compte les variations inter-individuelles. Nous avons

focalisé notre analyse sur les régions médianes antérieures (cortex cingulaire antérieure et

cortex préfrontal médian) et postérieures (cortex cingulaire postérieur et précuneus) en

réalisant une approche en région d’intérêt. Pour cela, un masque, comprenant ces régions, a

été réalisé en utilisant l’atlas « Automated Anatomical Labelling » (AAL) inclus dans la boite

à outils Wake Forest University Pickatlas de SPM8. De façon similaire à l’équipe de

Withfield-Gabrieli (2011), nous avons réalisé une analyse de conjonction (p<0.05 non

corrigé):

* Entre les contrastes self>contrôle et repos>contrôle pour mettre en évidence

l’activation cérébrale commune à la référence à soi et au mode par défaut,

* Entre les contrastes self>contrôle et self>repos pour mettre en évidence l’activation

cérébrale spécifique à la référence à soi.

* Entre les contrastes repos>contrôle et repos>self pour mettre en évidence

l’activation cérébrale spécifique au mode par défaut.

De façon préliminaire, les différences statistiques d’activations des régions médianes

antérieurs et postérieures entre les conditions de référence à soi et de repos ont été testées

entre les deux groupes de sujets par une analyse de variance comprenant un facteur groupe

(témoins n=10/patients n=4) et un facteur condition (self>contrôle et repos >contrôle).

Résultats étude d’imagerie

45

2 Résultats de l’étude 2 : Tâche de référence à soi en IRMf comparant des

patients déprimés unipolaires et bipolaires par rapport à des témoins

2.1 Profils des réponses d’activation

Dans la seconde étude, nous avons utilisé l’IRMf pour comparer l’activation cérébrale

des structures corticales médianes de patients déprimés et de témoins sains lors d’une tâche de

référence à soi (observation du réseau du self) et durant une phase de repos (observation du

réseau du mode par défaut =rest). Le nombre de patients étant faible, nous distinguerons

uniquement les patterns d’activité du pool de patients déprimés (nUP=3, nBP=1) par rapport

aux témoins (n=10). Le seuil statistique pour l’ensemble des données est de p_non corrigé=

0.05.

Activité cérébrale chez les sujets sains

L’ensemble des résultats pour les témoins est présenté dans la figure ci-dessous (Fig.

10).

Figure 10: Régions activées pour le self (associer quelque chose de personnelle à des

images) et le repos (visualisation passive d’une croix de fixation) chez des sujets témoins

(n=10). Contraste entre les conditions en première et seconde colonne et conjonction en

Résultats étude d’imagerie

46

troisième colonne. a) Self et Rest > contrôle dans la région préfrontal médiane BA

(Brodmann Area) 10 et le cortex cingulaire postérieur BA 31; b) Self > contrôle et Rest dans

la région préfrontale médiale BA 9; c) Rest > Self et contrôle dans le cortex cingulaire

antérieur BA 24.

Référence à soi

Une plus grande activation au cours de la tâche de référence à soi par rapport à la tâche

contrôle (intérieur/extérieur) est retrouvée dans les régions habituellement associées à celle de

la référence à soi, incluant le Cortex PréFrontal Médian (CPFM), le cortex cingulaire

antérieur (ACC), et le cortex cingulaire postérieur (PCC). (Fig. 10 Self> contrôle) (Tableau

+).

BA x y z T score # voxels

Cortex cingulaire postérieur Gauche 31 -8 -48 26 3,77 444

Cortex cingulaire antérieur Droite 9&32 14 42 20 2,98 31

Gyrus frontal median Gauche 10 -8 52 -2 2,78 18

Gyrus frontal median supérieur Gauche 9 -10 44 32 2,76 21

Coordonnées (x,y,z) basées sur le MNI (Montreal Neurologic Institute). BA: Brodmann Area

Tableau 8: Région montrant une activation Self>contrôle chez les témoins

Mode par défaut

Il y a une plus grande activation durant le repos que dans la tâche contrôle des régions

typiquement associées au mode par défaut, incluant l’ACC étendu au CPFM, le PCC et le

précunéus. (Fig. 10 : Rest > contrôle) (Tableau 11).

BA x y z T score # voxels

Cortex cingulaire antérieur Droite 24 -2 34 6 3,58 496

Precuneus Droite 7 -6 -64 36 3,05 366

Coordonnées (x,y,z) basées sur le MNI (Montreal Neurologic Institute). BA: Brodmann Area

Tableau 11: Région montrant une activation Rest>contrôle chez les témoins

Association fonctionnelle

L’analyse de conjonction de la référence à soi et du repos (versus la tâche de contrôle)

révèle une activation commune au niveau de l’ACC étendu vers le CPFM ventral et du PCC.

(Fig. 10 : Self> contrôle & Rest > contrôle) (Tableau 12).

Dissociation fonctionnelle

L’analyse de conjonction de la référence à soi (versus Rest et la tâche de contrôle)

révèle une activation spécifique lors de la tache self du CPFM dorsal et du PCC. L’analyse de

conjonction du repos (versus Self et la tâche de contrôle) révèle une activation spécifique lors

de la tâche de repos de l’ACC. (Fig. 10) (Tableau 12).

Résultats étude d’imagerie

47

BA x y z T score # voxels

Région significative montrant une activation commune Self>contrôle et Rest>contrôle,

Cortex cingulaire postérieur Droite 31 10 -48 28 3,02 237

Cortex cingulaire antérieur/CPFM Droite 10 -8 52 -2 2,78 18

Région montrant une activation Self spécifique Self> contrôle & Self> Rest

Cortex cingulaire postérieur Gauche 29 -8 -46 8 2.64 54

Gyrus frontal médian supérieur Gauche 9 -8 46 34 2.45 18

Région montrant une activation Rest spécifique contrôle>contrôle & contrôle>self

Cortex cingulaire antérieur Gauche 24 -2 36 10 361 561

Coordonnées (x,y,z) basées sur le MNI (Montreal Neurologic Institute). BA: Brodmann Area

Tableau 12: Région significative dans l’analyse de conjonction chez les témoins

Activité cérébrale chez les patients déprimés

La figure ci-dessous regroupe les activations de l’expérience IRMf chez l’ensemble

des sujets déprimés (unipolaires (n=3) et bipolaire (n=1)). (Fig. 11)

Résultats étude d’imagerie

48

Figure 11: Régions activées pour le self (associer quelque chose de personnelle à des

images) et le repos (visualisation passive d’une croix de fixation) chez des sujets déprimés

(n=3 UP, n=1 BP). Contraste entre les conditions en première et seconde colonne et

conjonction en troisième colonne. a) Self et Rest > contrôle en région BA 10 et 31; b) Self >

contrôle et Rest en région BA 11; c) Rest > Self et contrôle : pas d’activation.

Référence à soi

Une plus grande activation au cours de la tâche de référence à soi par rapport à la tâche

contrôle (intérieur/extérieur) est retrouvée dans les régions habituellement associées à celle de

la référence à soi, incluant le Cortex PréFrontal Médian (CPFM), et le précunéus. (Fig. 11 :

Self> contrôle) (Tableau 13).

BA x y z T score # voxels

Gyrus frontal median droite 11 -6 54 -12 4,13 1272

Gyrus frontal median droite 10 10 48 14 2,96 139

Précunéus droite 31 -10 -56 30 3,37 55

Coordonnées (x,y,z) basées sur le MNI (Montreal Neurologic Institute). BA: Brodmann Area

Tableau 13: Région montrant une activation Self>contrôle chez des sujets déprimés (n=3

UP, n=1 BP)

Mode par défaut

Il y a une plus grande activation durant le repos que dans la tâche contrôle des régions

typiquement associées au mode par défaut, incluant le CPFM, et le PCC. (Fig. 11 : Rest >

contrôle) (Tableau 14).

BA x y z T score # voxels

Cortex cingulaire postérieur droite 31 -10 -52 28 3,43 141

droite 31 -6 -42 32 3,34 17

Cortex cingulaire antérieur droite 9 16 46 24 2,9 29

Gyrus frontal median droite 10 4 58 0 2,95 60

Coordonnées (x,y,z) basées sur le MNI (Montreal Neurologic Institute). BA: Brodmann Area

Tableau 14: Région montrant une activation Rest>contrôle chez des sujets déprimés

(n=3 UP, n=1 BP)

Association fonctionnelle

L’analyse de conjonction de la référence à soi et du repos (versus la tâche de contrôle)

révèle une activation commune au niveau du CPFM prégénual. (Fig. 11 : Self > contrôle &

Rest > contrôle) (Tableau 15).

Résultats étude d’imagerie

49

Dissociation fonctionnelle

L’analyse de conjonction de la référence à soi (versus Rest et la tâche de contrôle)

révèle une activation spécifique lors de la tache self du CPFM ventral. L’analyse de

conjonction du repos (versus Self et la tâche de contrôle) ne révèle pas d’activation spécifique

lors de la tâche de repos (Fig. 11) (Tableau 15).

BA x y z T score # voxels

Région significative montrant une activation conjonction Self>contrôle Rest>contrôle, Patients

Cortex cingulaire postérieur droite 31 -10 -54 28 3,4 48

Gyrus frontal median droite 10 4 58 0 2,95 60

Région montrant une activation Self spécifique Self> contrôle & Self> Rest, Patients

Gyrus frontal médian Gauche 11 -8 54 -12 331,0 3,03

Région montrant une activation Rest spécifique Rest>contrôle & Rest>self, Patients

Pas de clusters significatifs

Coordonnées (x,y,z) basées sur le MNI (Montreal Neurologic Institute). BA: Brodmann Area

Tableau 15: Région montrant une activation Rest>contrôle chez des sujets déprimés

(n=3 UP, n=1 BP)

Associations et dissociations fonctionnelles qualitative entre les groupes

La figure 12 ci-dessous regroupe les conjonctions self&Rest, Self spécifique

(Self>contrôle & Self>Rest), Rest spécifique (Rest>contrôle & Rest>Self) des déprimés

versus les sujets sains.

Résultats étude d’imagerie

50

Figure 12: Régions activées dans l’analyse de conjonction chez les unipolaires, les

bipolaires et les témoins. a)pour les déprimés (n=3 UP, n=1 BP);b) pour les sujets sains

(n=10)

L’ensemble des différences retrouvées entre les groupes en termes d’activation est

montré dans le tableau 16. Les patterns d’activation entre les témoins et les déprimés diffèrent

en plusieurs points. (Fig 12)

On ne retrouve pas de régions spécifiquement activées dans la tâche de repos par

rapport self. En condition self (self > rest et self > contrôle et conjonction) nous montrons une

activation spécifique au niveau du cortex préfrontal ventromédian chez les déprimés tandis

qu’elle est situé au niveau du cortex préfrontal dorsomédial chez les témoins, nous nous

intéresserons plus particulièrement à la différence d’activation du CMPF entre les deux

groupes de sujets selon la condition (self ou rest).

BA Déprimé T

Région significative montrant une activation conjonction Self>contrôle Rest>contrôle,

Cortex cingulaire antérieur Droite 10

X

Cortex cingulaire postérieur Droite 31

X X

Gyrus frontal médian/CPFM Gauche 9

X X

Région montrant une activation Self spécifique

Cortex cingulaire postérieur Gauche 29

X

Gyrus frontal médian (CPFM) Gauche 9

X X

Région montrant une activation Rest spécifique

Gyrus frontal médian Droite 10

X

Cortex cingulaire antérieur Gauche 24 X

Tableau 16: Différences d’activation au travers des différentes conjonctions pour les

déprimés (n=3 UP, n=1 BP) et les témoins.

3.2.2 Comparaison inter-groupe (déprimés vs témoins)

Afin de chercher à comparer l’activité cérébrale du groupe de patients (UP n=3, BP

n=1) vs les témoins, nous avons fait une ANOVA avec un facteur groupe à deux niveaux

(Témoin/dépressif) et un facteur condition à deux niveaux (self/Rest) (p=0,05 non corrigé).

Les analyses de conjonction montrant une différence d’implication du CMPF entre les

groupes au niveau de la condition self, nous nous concentrons uniquement sur l’interaction

groupe X condition.

L’ANOVA présenté en figure 13 met en évidence une interaction groupe x condition

au niveau de la partie ventral du CMPF (pic d’activation : -10,-44,-14, nombre de voxels :

167,F(1,24)=9.1 p<0.05). Les tests post-hoc de student révèlent une interaction Patient>témoins

x self >rest (pic d’activation : -10,-44,-14, nombre de voxels : 552, T(24)=3 p<0.05). Nous

montrons ainsi en figure 13 l’interaction suivante Patient (self>rest) > temoin (self>rest).

Résultats étude d’imagerie

51

Nous avons donc mis en évidence une plus grande activation de la partie ventrale du

cortex préfrontal médian dans la condition self comparée à la condition rest chez les patients

par rapport aux témoins.

Figure 13: Une plus grande activation du cortex préfrontal ventromédian (CPFMv)

en Self par rapport à Rest est montré uniquement pour les patients déprimés (n=3 UP, n=1

BP) par l’interaction groupe X condition.

Discussion étude d’imagerie

52

3. Discussion : étude d’imagerie comparant des sujets déprimés à des sujets sains

au niveau des CMS

Notre étude IRMf avait pour but initial de distinguer les patterns cérébraux au niveau

des CMS pour les patients bipolaires par rapport aux patients unipolaires comparés à un

groupe de sujets sains. Notre inclusion de patients étant trop faible nous avons décidés de les

regrouper en un groupe déprimé et de regarder les défauts d’activation des CMS par rapport

aux sujets sains.

Premièrement la tâche de référence à soi en IRMf pour les sujets sains permet

d’identifier les associations et les dissociations fonctionnelles dans les CMS entre le réseau du

self et le réseau du mode par défaut. Ces deux réseaux sont associés selon nos études au

niveau du CPFM ventral de l’ACC et du PCC (BA9 ,10 et 21) et répliques les découvertes de

la littérature (Qin et Northoff, 2011; Whitfield-Gabrieli et al., 2011). Ces réseaux sont

cependant dissociés en ce qui concerne le self spécifique et ce qui est spécifique au réseau du

mode par défaut.

L’activation spécifique du self dans notre étude est retrouvée dans la littérature au

niveau du CPFM dorsal (Whitfield-Gabrieli et al., 2011) et du PCC (Kelley et al., 2002 ;

Moran et al., 2006).

Concernant l’activation spécifique lors du repos, nous trouvons une activation au

niveau du cortex cingulaire antérieur (BA 24 tendant vers le CPFM en BA 10). Whitfield-

Gabrieli en 2011 avait quant à eux montré que le précunéus (BA7) était spécifique du réseau

de mode par défaut par rapport à celui du self. Notre activation au niveau de l’ACC doit

directement être due à notre tâche d’IRMf. En effet nous utilisons une tâche de référence à soi

avec des images de valences pouvant avoir un contenu émotionnel, alors que Whitfield-

Gabrieli et son équipe utilisaient une tâche de jugement de mots dépourvu de contenu

émotionnel. Moran et collaborateurs en 2006 ont cherché à différencier la composante

affective et cognitive du self, ils ont alors montré que l’ACC était spécifiquement activé pour

la composante émotionnelle du self (via la valence). Notre activation de l’ACC pour

l’activation spécifique du réseau par défaut doit donc être due au contenu émotionnel de nos

images marquant nos sujets même durant les périodes de fixation de la croix.

Malgré une divergence au niveau de la région d’activation spécifique au mode par

défaut (rest), ces résultats confirment l’étude de Whitfield-Gabrieli qu’il y a un système

neuronal commun entre les régions du self et du mode par défaut, ainsi que des régions

spécifiques du réseau du self et du réseau du mode par défaut.

Comparaison des CMS entre les témoins et les sujets déprimés

A partir de notre étude nous montrons également une plus grande activation de la

partie ventrale du cortex préfrontal médian dans la condition self chez les patients par rapport

aux témoins. Ces résultats vont dans le sens d’une augmentation du CMPF dans la dépression

lors des tâches de référence à soi (Lemogne et al., 2010 ; Yoshimura et al., 2010).

Discussion étude d’imagerie

53

Les résultats préliminaires comparant directement les déprimés aux témoins, valident

aussi l’idée que le cortex préfrontal médian ventral et dorsal peuvent être activés

différemment.

De plus on ne retrouve pas de régions spécifiquement activées dans la tâche de repos

par rapport au self. Ces résultats vont dans le sens de la revue de Lemogne et al (2011)

inférant à partir de quatre études sur la référence à soi et le CMPF dans la dépression que la

focalisation sur soi dans la dépression peut apparaître comme un processus en compétition

avec le contrôle cognitif et ce due à l’absence d'inhibition du réseau du mode par défaut.

(Sheline et al., 2010).

III. LIMITES GENERALES DES

DEUX ETUDES

Limites

55

Plusieurs éléments peuvent limiter l’interprétation des résultats de nos deux études.

Tout d’abord le faible nombre de patients pour la tâche comportementale et pour la tâche

IRM.

Pour les tests comportementaux, l'absence de sujets contrôles sains ne nous permet pas

de confronter parfaitement nos résultats aux études antérieures sur les SRE. L'inclusion de

contrôles sains aurait permis de savoir si les sujets bipolaires présentent un profil

intermédiaire entre les unipolaires et les sujets sains.

Notre population d'étude comprend des patients qui sont sous traitements

médicamenteux. Notre étude ne prend pas en compte les éventuelles interactions que peuvent

avoir les médicaments avec les déficits cognitifs (e.g. ralentissement moteur) alors qu’elle

pourrait jouer un rôle sur les performances mnésiques (Glue et al., 1987). Notre étude devra

donc être répliquée sur des patients sans traitements.

Une tâche de référence à soi en IRM peut se faire sous deux angles : par du matériel

photographique, en jugeant si les photographies peuvent évoquer quelque chose de

personnelles ou bien via du matériel verbal en endossant ou non un trait de personnalité. Dans

le premier exemple (photographie), la relation à soi peut sembler essentiellement intrinsèque

(rajoutant la variable émotion) : le stimulus semble en lui-même relié ou non au sujet. Dans le

second exemple (adjectifs), la nature extrinsèque de la relation à soi du stimulus est plus

évidente : la réponse du sujet dépend de la représentation qu’il a de lui-même, c’est-à-dire du

soi narratif qu’il a construit.

IV. CONCLUSION

Conclusion

57

Notre étude comportementale montre des différences de traitement des souvenirs selon

leur valence dans la dépression bipolaire par rapport à la dépression unipolaire. La variabilité

des réponses émotionnelles chez les bipolaires pourrait représenter un biomarqueur facilitant

le diagnostic différentiel entre dépression unipolaire et bipolaire. Ce champ d’investigation

peut donc déboucher sur des implications thérapeutiques concrètes. Après avoir inclue plus de

patients et de sujets, il sera intéressant de savoir si les résultats persistent ainsi que de savoir si

ce biomarqueur est un biomarqueur d’état, c'est-à-dire qu’il caractérise la phase aigue

dépressive de la bipolarité et n’est plus présent lors des phases de manie et euthymique, ou

bien s’il représente un biomarqueur trait présent quelle que soit la phase dans lequel se trouve

le patient bipolaire.

Concernant notre étude en IRMf, on trouve une plus grande activation de la partie

ventrale du cortex préfrontal médian dans la condition self chez les patients par rapport aux

témoins.

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ANNEXE

Annexe

68

Annexe 1 : Caractéristiques des patients et témoins (étude comportementale)

Caractéristiques démographiques et cliniques Différence

moyenne (écart-type)

UP versus BP

UP (n=12) BP (n=6)

W ou X² p-value

Age à l'inclusion 51,63 (16,36) 49,71 (12,51) W=43 p=0,717

Sexe (H:F)

7H:5F

4H:2F

X²=0,117 p=0,732

Niveau Socioculturel (NSC)

4,54 (1,5)

5,14 (0,89)

W=30,5 p=0,478

BDI 19,09 (6,57) 20,57 (6,05) W=36,5 p=0,891

Tableau X : Caractéristiques démographiques et cliniques pour les tests comportementaux

Echelle de Beck (BDI : Beck Depression Inventory) : 0 à 3 : pas de dépression 4 à 7 : dépression légère

8 à 15 : dépression d'intensité moyenne à modérée

16 et plus : dépression sévère

Le BDI est une mesure des cognitions dépressives. Il comprend 13

groupes d’items, permettant d’évaluer l’intensité du syndrome

dépressif sur les deux dernières semaines.

NSC niveau

Aucun diplôme ou CEP 1

BEPC 2

CAP, BEP, équivalent 3

Bac, brevet ou

équivalent 4

Bac +2 5

Diplôme supérieur 6

Annexe

69

Annexe 2 : Caractéristiques des patients (étude d’imagerie)

Caractéristiques démographiques et cliniques

moyenne (écart-type)

UP (n=3) BP

(n=1) Témoin (n=10)

Age à l'inclusion 53.60(4.04) 35,00 44,5

Sexe (H:F) 0 :3 0 :1 2 :8

Niveau Socio-Culturel 4.33(1.73) 4 4

Age du 1er épisode 35(15.7) 20

Nombre d'EDM 3(0) 3

Nombre épisodes

maniaques 0(0) 2

Durée de la maladie 18.67(11,7) 15,00

YMRS 3,67(1,52) 3

MADRS 26.67(3.05) 26

BDRS 23(6.55) 21

Tableau X : Caractéristiques démographiques et cliniques pour le test d’imagerie

Echelle YMRS (Young Mania Rating Scale): YMRS=0 à 20 : Euthymie

YMRS=20 à 60 : Manie

Echelle MADRS (Young Mania Rating Scale): Score maximal de 60.

Annexe

70

Annexe 3 : Exemple de stimuli négatif, neutre et positif

Depuis la banque de photographie de l’EPS (Empathy Picture System, Geday et al. 2003,

http://www.geday.net/eps):

Stimulus à valence émotionnelle négative

Stimulus neutre

Stimulus à valence émotionnelle positive

Distribution du score de valence des images selon Geday et al,. Neuroimage 2003, où - :

indicateur de malaise et + : indicateur de confort, et où la valeur numérique "1" signifie "un

peu", "2" signifie "modérément", et "3" signifie "beaucoup". "0" étant l’état "neutre". Neg :

négatif, neu : neutre, pos : positif, sit : situation, face : visage pour un lot 1 et 2.

Annexe

71

Annexe 4 : Critères diagnostiques des troubles Psychiatriques

(DSM IV-TR)

Critères issus du DSM IV-TR (American Psychiatric Association 2003).

F3x.x [296.xx] Trouble dépressif majeur

A. Au moins cinq des symptômes suivants doivent

avoir été présents pendant une même période d'une

durée de deux semaines et avoir représenté un

changement par rapport au fonctionnement

antérieur ; au moins un des symptômes est soit (1)

une humeur dépressive, soit (2) une perte (l'intérêt

ou de plaisir) :

(1) Humeur dépressive présente pratiquement toute

la journée, presque tous les jours, signalée par le

sujet ou observée par les autres.

(2) Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir

pour toutes ou presque toutes les activités

pratiquement toute la journée, presque tous les

jours.

(3) Perte ou gain rie poids significatif en l'absence

de régime ou diminution ou augmentation de

l'appétit presque tous les jours.

(4) Insomnie ou hypersomnie presque tous les

jours.

(5) Agitation ou ralentissement psychomoteur

presque tous les jours.

(6) Fatigue ou perte d'énergie presque tous les

jours.

(7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité

excessive ou inappropriée presque tous les jours.

(8) Diminution de l'aptitude à penser ou à se

concentrer ou indécision presque tous les jours.

(9) Pensées de mort récurrentes (pas seulement une

peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans

plan précis ou tentative de suicide ou plan précis

pour se suicider.

B. Les symptômes ne répondent pas aux critères

d’'Épisode mixte.

C. Les symptômes induisent une souffrance

cliniquement significative ou une altération du

fonctionnement social, professionnel.

D. Les symptômes ne sont pas imputables aux

effets physiologiques directs d'une substance ou

d'une affection médicale générale.

E. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par

un deuil, après la mort d'un être cher, les

symptômes persistent pendant plus de deux mois ou

s'accompagnent d'une altération marquée du

fonctionnement, de préoccupations morbides de

dévalorisation, d'idées suicidaires, de symptômes

psychotiques ou d'un ralentissement psychomoteur.

F31.x [296.5x] Trouble bipolaire I, Épisode le

plus récent dépressif

A. Épisode dépressif majeur actuel.

B. Au moins un antécédent d'Épisode maniaque ou

d'Épisode mixte.

C. les épisodes thymiques évoqués aux critères A

et B ne sont pas mieux expliqués par un Trouble

schizo-affectif et ils ne sont pas surajoutés à une

Schizophrénie, un Trouble schizophréniforme, un

Trouble délirant, ou un Trouble psychotique non

spécifié.

F31.8 1296.891 Trouble bipolaire II

A. Présence (ou antécédent) d'un ou de plusieurs

Épisodes dépressifs majeurs.

B. Présence (ou antécédent) d'au moins un Épisode

hypomaniaque.

C. Il n'a jamais existé d'Épisode maniaque ni

d'Épisode mixte.

D. Les symptômes thymiques évoqués aux critères

A et B ne sont pas mieux expliqués par un Trouble

schizo-affectif et ne sont pas surajoutés à une

Schizophrénie, un Trouble schizophréniforme, un

Trouble délirant, ou un Trouble psychotique non

spécifié.

E. Les symptômes entraînent une souffrance

cliniquement significative ou une altération du

fonctionnement social, professionnel, ou clans

d'autres domaines importants.

Annexe

72

Annexe 5 : Tâche de Mémoire Autobiographique

Annexe

73

Annexe 6 : Banque de mots validée utilisée pour le paradigme (Choubani et al,

2006)

Les mots soulignés sont les distracteurs lors de la phase de reconnaissance

Mots à valence

négative :

Agaçant

Agressif

Amoral

Arrogant

Borné

Brutal

Calomnieux

Complexe

Cruel

Cupide

Détestable

Egoïste

Ennuyeux

Envieux

Fainéant

Fourbe

Fuyant

Grossier

Haineux

Hargneux

Hautain

Impoli

Infidèle

Ingrat

Injurieux

Insultant

Intolérant

Irascible

Irritable

Jaloux

Lâche

Lugubre

Malhonnête

Malsain

Maussade

Médisant

Menaçant

Menteur

Méprisant

Mesquin

Négligent

Obscène

Odieux

Ordurier

Paresseux

Pénible

Perfide

Pervers

Peureux

Radin

Rancunier

Sadique

Sournois

Traître

Tricheur

Vaniteux

Vantard

Vicieux

Violent

Vulgaire

Mots à valence

positive :

Affectueux

Aimable

Altruiste

Amical

Attentif

Câlin

Chaleureux

Charitable

Charmant

Clément

Conciliant

Confiant

Cordial

Courageux

Courtois

Dévoué

Digne

Diplomate

Doux

Efficace

Equilibré

Fidèle

Franc

Fraternel

Galant

Généreux

Gentil

Gracieux

Hardi

Honnête

Honorable

Imaginatif

Indulgent

Intègre

Inventif

Joyeux

Juste

Loyal

Magnanime

Modeste

Optimiste

Ordonné

Patient

Performant

Poli

Ponctuel

Prévenant

Sage

Sensé

Serein

Serviable

Sincère

Sociable

Soigneux

Solidaire

Talentueux

Tendre

Tolérant

Vaillant

Vertueux


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