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FRAGMENTS PENSEES PASCAL : Reprise et analyse
FRAGMENTS PENSEES 72 : Disproportion de l’homme
CONTEXTE :
1633 : Condamnation de Galilée par l’Inquisition.
MAIS le XVIIème siècle commence à rejeter la vision rassurante d’un monde
organisé en fonction de l’homme
POURTANT personne n’en a tiré des conséquences aussi hardies que Pascal.
Pour Pascal, l’homme est totalement « égaré » dans un cosmos et sans aucune
proportion avec le reste de la nature. (d’où le titre = « disproportion de
l’homme »)
EXPLICATION DE L’EXTRAIT :
L’homme en effet est un être complexe, étant corps et âme.
MAIS il est également limité, à l’inverse de l’univers matériel, simple et infini.
De plus, cette finitude est double et fait de nous :
- Un néant par rapport à l’infiniment grand
- -Un prodige d’immensité par rapport à l’infiniment petit
= DONC « un milieu entre rien et tout »
Le corps « rabaisse » l’homme vers la terre (fragment 72) tandis que son esprit
tend à l’infini.
Ce milieu peut s’entendre de plusieurs façons :
- Moyen terme dans le temps entre l’éternité qui nous a précédés et
l’éternité qui nous suivra
- Moyen terme dans l’espace entre un astre et un insecte minuscule.
L’homme est « un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant ».
Cette antithèse est frappante car elle affirme que l’homme est tiraillé entre
deux extrêmes, il est à la fois néant et tout en fonction de l’échelle avec laquelle
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on l’envisage. Pascal fait réfléchir le lecteur en l’effrayant, il affirme sa
bassesse en même temps que sa grandeur.
Une conversion de valeur ou une réévaluation de l’observateur lui-même est
nécessaire Elle appelle en effet à comparer non plus la terre « au prix du vaste
tour » que décrit l’astre solaire, ni même nos conceptions imaginatives « au prix
de la réalité des choses », mais bien, dans la continuité de ce mouvement
d’approche en direction de notre être le plus profond, cet être même « au prix
de ce qui est », i.e. au regard de la totalité de l’être.
Ce qui pose difficulté n’est pas l’infini mais bien le fini, la finitude dans
laquelle se trouve l’homme. Le site naturel de l’homme est donc l’infini. Et
l’homme n’est commensurable ni à l’infiniment grand ni à l’infiniment petit ainsi
chaque fois qu’il y a du fini c’est un prélèvement sur de l’infini, une restriction,,
une réduction. Ce qui ressort ainsi de la condition humaine ne peut être que de
l’angoisse soit par un excès de réel soit par un insupportable manque de réel.
Pour Pascal, il y a un impossible de la compréhension
=l’homme ne peut appréhender ce que le monde lui veut et l’angoisse provient de
l’incompréhension de l’infini.
On distingue deux grands mouvements dans ce texte :
1. L'homme et l'infiniment grand : 1er et 2nd paragraphes
Le lecteur est invité à situer l'homme dans le cosmos : "nature", "univers",
"ample sein de la nature". La chute de cette partie nous donne à réfléchir :
"Qu'est-ce que l'homme dans l'infini ?".
2. L'homme et l'infiniment petit
Dans cette partie, l'homme devient un colosse, "un tout à l'égard du
néant".
3. La notion de disproportion
Les deux mouvements du texte sont synthétisés à la fin : l'homme est
dans une position vertigineuse et très déséquilibrée. Il est
disproportionné : "un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du
néant".
La force de persuasion
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1. Une invitation familière
C'est une invitation que Pascal adresse aux hommes.
Il utilise de très nombreuses injonctions au subjonctif : "que l'homme
contemple" par exemple.
En même temps pour adoucir ces injonctions, pour créer une impression
d'accompagnement familier, il utilise la première personne du pluriel,
notre, nous. Celui qui parle est donc également concerné. C'est rassurant
pour le lecteur.
La première personne du singulier ensuite montre la présence
réconfortante du locuteur ; le lecteur n'est pas seul.
De plus l'équilibre du rythme des phrases est là pour favoriser l'adhésion
du lecteur.
2. Des questions
Elles ne sont pas sans réponse.
Ce sont de fausses interrogations : le lecteur est guidé. Il n'a pas le choix
des réponses.
3. La dramatisation
Tout d'abord chacun des deux mouvements du texte commence sur un
mode admiratif : "majesté", "lumière" et "prodige" mais progressivement
les termes deviennent hyperboliques jusqu'à conduire à une démesure
effrayante. Par ce procédé le lecteur est conduit au vertige et à
l'inconfort.
La dramatisation de ce passage s'exprime aussi par de nombreuses images
et figures de style : des énumérations, comparaisons, métaphore (cachot)
et surtout des antithèses (partout/nulle part, néant/infini, tout/néant,
tiré/englouti...).
Tout cela concourt à bouleverser le lecteur.
Pascal fait appel à son émotion, à son imagination. Le lecteur est mis en
confiance, il adhère autant affectivement qu'intellectuellement aux
pensées de Pascal.
CONCLUSION :
Ce que Pascal appelle disproportion génère l’angoisse et renvoie à cette condition
humaine dramatisée et nous verrons même plus encore tragique.
Ainsi étant fini dans un infini il faut créer des matrices de fini, des matrices de
finitude sur fond d’infini.
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Ce fragment marque aussi la fin de l'égocentrisme et de l'anthropomorphisme.
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Pensées Pascal 127
ANALYSE :
3 termes négatifs :
Inconstance = // fragment 72.
L’homme fini / infini
Fragilité de la condition humaine.
Inconstance // baroque
ennui = // fragment 139
Divertissement
Ennui : sens étymologique
« in odio esse » = être un objet de haine.
Il s’agit donc d’exprimer le dégoût de l’existence.
L’ennui provient du fait que la vie est dominée par son destin fatal et cruel.
Inquiétude = // fragment 199
Fatalité de la condition humaine
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Pensées Pascal 131
ANALYSE :
« Divertissement » : cf fragment 139
« néant » et « insuffisance » : cf fragment 72
« ennui » : = // fragment 139
Divertissement
Ennui : sens étymologique
« in odio esse » = être un objet de haine.
Il s’agit donc d’exprimer le dégoût de l’existence.
L’ennui provient du fait que la vie est dominée par son destin fatal et cruel.
Fragment à relier là encore
Au fragment 139
Au fragment 72 : « insuffisance » / « néant » : l’homme face à l’infini de
l’univers
Au fragment 199 : l’image du cachot et donc la fatalité.
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Pensées Pascal 139
ANALYSE
Le divertissement est selon Pascal, tout ce par quoi, volontairement ou
inconsciemment, nous nous détournons de la dure et triste réalité, c’est-à-dire,
tout ce dont les hommes ont besoin pour oublier la misère de leur humaine
condition.
Souvent, simple détente ou amusement - le sport, la chasse, la danse, la
conversation mondaine, le jeu – il peut aussi bien consister dans une occupation
sérieuse, difficile, voire dangereuse : la diplomatie, le commerce, la guerre.
Il peut être notre métier de tous les jours : « Certains (n’est-ce pas une allusion
de Pascal à lui-même ?) suent dans leur cabinet pour montrer aux savants qu’ils
ont résolu une question d’algèbre qu’on n’avait pu trouver jusqu’ici ».
Bref autant d’activités, autant de divertissements, si de tels actes empêchent
l’homme de « penser à soi ». Penser à soi, prenons-y garde, ne signifie nullement
pour Pascal se livrer au culte du moi. Pour nous abandonner à des lectures
passionnantes, à l’analyse subtiles de nos sentiments, aux délices de la rêverie,
rien de plus propice –comment cet observateur subtil de l’âme humaine
l’ignorerait-il ?- que la solitude. Or s’il affirme que « tout le malheur des hommes
vient d’une seule chose qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une
chambre », il veut dire que nous ne pouvons sans tomber dans l’angoisse, dans
l’ennui, rester entre quatre murs à méditer sur la condition humaine. Penser à soi,
c’est, pour Pascal, regarder en face le tragique de notre existence : vue
insoutenable.
De cette échappatoire qu’est pour nous le divertissement, Pascal a
démontré admirablement le mécanisme. Examinons-le sous sa forme la plus
courante : la chasse et le jeu. Que cherchent le chasseur et le joueur ? La
prise ? Le gain ? ou le plaisir de poursuivre le gibier, d’affronter le partenaire ?
Ni l’un ni l’autre que ces deux objets séparément, mais les deux à la fois. Plus
exactement ils recherchent un « sujet de passion », « une occupation violente et
impétueuse » qui leur fera oublier un moment leur misère.
Aussi le divertissement fait-il appel à notre imagination dont il présentera tous
les dangers. N’est-il pas en effet avant tout illusion ? Il ne saurait assouvir « la
nature insatiable de notre cupidité » et tandis que le bonheur –nous le sentons
d’instinct –consiste dans la quiétude, le divertissement « nous porte à tendre au
repos par l’agitation » (319).
Ici encore, avec une complaisance inavouée nous nous prêtons à cette duperie ;
bien plus nous refusons d’en mesurer les risques :
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« Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque
chose devant nous pour nous empêcher de le voir » (183).
La rigueur du mathématicien Le texte est construit selon une double logique, déductive (généralité sur les
hommes dans les deux premiers paragraphes), puis inductive (l’exemple du roi),
puis de nouveau déductive (on repart vers les hommes dans les deux derniers
paragraphes).
Ce fragment se présente comme le compte rendu d’un cheminement intellectuel
personnel (« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer », « Mais quand j’ai pensé de plus près »), que le lecteur peut suivre grâce aux indices de temps qui
indiquent la progression du raisonnement : « Quand je m’y suis mis… J’ai découvert… Mais quand j’ai pensé de plus près… »
Pascal se pose en observateur des conduites humaines. L’observation et la
description de ces activités humaines débouchent sur la mise au jour de la thèse
de l’auteur, exprimée au présent de vérité générale : « j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre ». Il justifie ainsi de la cause du malheur des
hommes, avant d’en expliquer la raison : « qui consiste dans le malheur naturel de notre condition ».
L’exemple du roi Pour illustrer son argumentation, Pascal use de l’exemple du roi, d’abord présenté
de manière très méliorative, par l’emploi du superlatif, comme « le plus beau poste du monde ». Mais il s’agit bien sûr d’un point de vue ironique, Pascal faisant
semblant de rattacher cette condition à la possession des biens. Il formule ainsi
rapidement l’hypothèse que même un roi, s’il demeure sans divertissement, sera
malheureux : « s’il est sans divertissement (…) il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent ». Le futur de certitude, accompagné du CC de manière «
par nécessité », marquent bien la rigueur déductive du propos. On relève ici un
registre tragique, lié à la mort et à l’inéluctabilité des choses : « nécessité… menacent… révoltes… la mort… des maladies… inévitables. »
Ainsi, ce paragraphe nous présente d’abord le roi comme le plus heureux des
hommes, avant d’inverser radicalement le propos : « s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux, et le plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et se divertit. » : le chiasme entre malheur et divertissement
montre bien que ce dernier est la seule issue au malheur commun.
Les effets de cette vérité sur les hommes
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L’exemple du roi va permettre à l’auteur d’élargir sa réflexion à l’homme en
général. L’anaphore « De là vient que », répété 4 fois dans la fin du texte,
permet alors de passer en revue les exemples les plus variés pour montrer qu’une
même raison est à l’origine de toutes les activités humaines, ludiques ou plus
sérieuses ; ces activités sont énumérées et toutes mises sur le même plan : « le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois » ou encore « le lièvre qu’on court » (la chasse). Elles visent toutes à nous détourner de la pensée
de notre condition.
Toutes nos activités sont vaines et chaotiques ;
On ne recherche donc pas les biens pour eux-mêmes, mais pour la distraction que
leur quête nous procure.
Le paradoxe est finalement que la paix trouble les hommes, quand le trouble
au contraire les apaise.
Une vision très pessimiste de l’homme C’est en effet une vision très pessimiste de l’homme, influencée en partie par ses
conceptions jansénistes, qui sert de point de départ à la méditation de Pascal.
Notre condition est ainsi présentée dans le deuxième paragraphe comme « faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler ».
Pascal mentionne plus loin « notre malheureuse condition » (4e paragraphe), et ce
terme « malheur » revient à plusieurs reprises dans le texte : « malheur des hommes », « malheur naturel », « malheureux s’il y pense ».
Ainsi, le divertissement n’apporte à l’homme aucun bonheur possible, il ne
peut que nous distraire de notre malheur. Il ne remédie pas à notre
condition misérable mais se contente de la cacher.
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Pensées Pascal 172
ANALYSE :
Problème du temps qui passe.
La condition humaine = brièveté du moment présent.
Deux attitudes philosophiques
Le stoïcisme
L’épicurisme = carpe diem
Ici, Pascal donne une vision lucide de l’homme et en même temps, ce constat est
une invitation à l’épicurisme.
Cependant, à nuancer car pour Pascal le bonheur n’est ni dans le présent, passé
ou futur de l’homme mais bien dans la grâce divine (JANSENISME).
En même temps que cette invitation à l’ épicurisme, expression d’une fatalité :
« il est inévitable que nous ne le soyons jamais » (le = heureux).
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Pensées Pascal 199
ANALYSE
Métaphore filée ou parabole ?
Cette pensée est développée par Malraux dans la Condition humaine, la scène du
gymnase.
En tous cas ici, constat de la fatalité.
Qu’on s’imagine : intégration de Pascal avec ses lecteurs.
Notion de l’humanité « ceux qui restent voient leur propre condition dans celle de
leurs semblables »
Malraux devant vers la notion de fraternité.
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Pascal fragment 210 textes et notes
ANALYSE
Pascal s’adresse aux libertins et tente de les convaincre de se disposer à croire
en Dieu. Il enchaîne les images macabres qui rappellent aux athées la finitude du
corps et la menace omniprésente de la mort. Un homme passe de l’existence au
néant en trépassant. Dans le cours fragment 210, Pascal met en scène un
enterrement : « On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais ».
L’adverbe résomptif « voilà » résume en deux syllabes toute l’existence réduite à
néant en un jet de pelletée de terre. Pascal affirme la fragilité de l’existence en
renversant les ordres habituels.
Métaphore filée du théâtre :
« Dernier acte »
« Comédie »
XVIIème siècle : siècle éminemment théâtral.
Expression de la fatalité de la Condition humaine : notion de tragédie classique.
« On jette enfin de la terre sur la tête »
Enfin = délivrance.
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Pensées Pascal 233
ANALYSE :
-Si l’on fait sa part au surnaturel, l’incroyant conviendra peut-être que
l’existence de Dieu n’est pas impossible. (Même si cela ne suffit pas à obtenir son
adhésion).
- Mais peut-on être neutre sur le sujet ?
-En effet, ne pas prendre parti pour un homme ce n’est pas nécessairement le
traiter en adversaire, tandis que ne pas prendre parti pour Dieu = être contre
Dieu.
-Donc nécessité de parier sur l’existence ou non de Dieu.
Si je parie que Dieu existe, et si je règle ma vie en conséquence (renonçant aux
plaisirs égoïstes), il existe deux cas de figures :
1) Dieu existe et je mériterai le bonheur éternel
2) Dieu n’existe pas et j’aurai renoncé à des plaisirs éphémères.
= Dans cette hypothèse le gain est immense et la perte est minime.
A L INVERSE :
Si je parie que Dieu n’existe pas, et si je règle ma vie en conséquence (me livrant
aux plaisirs égoïstes), il existe deux cas de figures :
1) Dieu existe et je serai damné éternellement
2) Dieu n’existe pas et j’aurai profité des plaisirs éphémères et à ma mort je
rentrerai dans le néant et je ne retrouverai plus ces plaisirs.
= Dans cette hypothèse la perte est immense et le gain est minime.
Par ailleurs, il existe une disproportion entre l’enjeu fini(= vie terrestre faite de
plaisirs éphémères) et le gain ou la perte infinis (vie éternelle).
DONC pour Pascal croire en Dieu est le + raisonnable des paris.
Je dois décider que Dieu existe pour lever l’angoisse qui provient de l’absence de
toute mesure. Il est impossible de prouver l’existence de Dieu. Se rendre
capable de décider c’est parier que Dieu existe. Et du coup l’infini a enfin un
sens.
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PASCAL Pensées 339
ANALYSE
Le corps est incapable de penser. Pascal écrit dans le fragment 793 : « le corps
ne connaît rien, contrairement à l’esprit ».
Dans le fragment 339 c’est bien l’esprit qui fait de l’homme un homme.
Pascal se met lui-même en scène.
Il peut, en tant qu’homme, concevoir un homme sans corps.
Dans l’acte même d’écrire, Pascal se représente en tant que matière pensante.
C’est l’immatérialité de l’homme qui le hisse au rang d’homme.
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Pascal Pensées fragment 346, 347, 348
ANALYSE PAS A PAS :
A travers cet extrait, Pascal s'efforce de définir l'homme. Alors que les
hommes s'enorgueillissent souvent de la spécificité du genre humain face à la
nature, l'auteur ici indique que cette essence propre de l'homme n'est que le
pendant noble d'une fragilité extrême.
Pour soutenir cette idée selon laquelle en dépit de sa faiblesse physique,
l'homme possède une dignité unique parce qu'il est un être conscient, Pascal pose
d'abord cette thèse puis en explique les deux principaux caractères pour
finalement en déduire la spécificité de l'homme jusqu'à produire une exhortation
morale : « travaillons donc à bien penser »(frag 347).
Pascal commence par proposer une définition de l'homme selon un procédé
traditionnel : il s'agit de rappeler le genre proche auquel appartient l'objet à
définir et d'indiquer la différence spécifique entre cet objet et ce genre. Mais
de manière originale, l'auteur ici ne définit pas l'homme comme un animal
raisonnable ou doué de parole ou d'une autre spécificité par laquelle d'ordinaire
l'homme s'enorgueillit de comprendre et de dominer la nature. Au contraire ici,
la définition proposée par Pascal ne rabaisse pas seulement l'humanité au rang
d'une animalité spéciale mais jusqu'au rang du règne végétal.
Cette dévalorisation de l'homme est encore renforcée par le fait que la
plante choisie est le roseau, frêle, ballotté par les intempéries et par l'utilisation
de la tournure restrictive « n'est qu'un »
La proposition suivante, par un superlatif, parachève cette humiliation en
souligne que la faiblesse physique de l'homme est unique dans la nature (« le plus
faible de la nature »).
Toutefois le lecteur peut aussi interpréter l'image du roseau à partir de la
souplesse de cette plante, de sa capacité à se relever (tout comme dans le
second paragraphe, cette aptitude sera soulignée par l'auteur).
La proposition suivante d'ailleurs marque une semblable dualité de l'homme
en opposant à son extrême fragilité, grâce à la conjonction « mais » précédée
d'un point-virgule qui la renforce, sa spécificité d'être capable de pensée
(« roseau pensant »).
Dans quelle mesure la pensée de l'homme, qui relève du domaine
intellectuel ou du domaine moral, compense-t-elle sa faiblesse physique ? La
suite du texte répond à cette question d'abord en précisant la disproportion
entre la toute-puissance de la nature et l'impuissance de l'homme puis en
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expliquant ce qu'apporte la pensée même si celle-ci se situe sur un terrain
étranger à la puissance physique.
Après avoir ainsi défini l'homme dans une première partie, Pascal
s'efforce d'expliquer les éléments de cette définition et commence dans la
deuxième phrase de l'extrait par expliciter combien l'homme est fragile.
Pascal souligne l'incommensurabilité de la force de l'univers par rapport à celle
de l'homme aussi bien comme individu que comme espèce.
Alors que d'ordinaire l'homme se vante de se mesurer à la nature par ses
exploits et d'être capable de l'affronter héroïquement, l'auteur rappelle
combien cette prétention est illusoire. Ici l'auteur explique que la puissance du
corps de l'homme n'est comparable qu'à celle d'une partie de l'univers, et même,
comme le précise le double-point, une particule (« goutte ») de sorte que le
combat est foncièrement inégal.
Mais il utilise une image qui peut surprendre : comment « une vapeur, une
goutte d'eau » peut être néfaste à l'individu et, a fortiori, à l'humanité alors que
l'eau est vitale à l'homme et qu'elle ne semble lui nuire que sous la forme
désastreuse de la noyade, de l'inondation ou du raz-de-marée ? Il ne s'agit peut-
être ici que d'une image destinée à illustrer cette disproportion de force entre
l'homme et la nature ou l'univers : l'homme est si fragile qu'une particule pas
plus grosse qu'une « goutte » ni plus solide qu'une « vapeur » peut l'anéantir.
Mais on peut essayer d'interpréter d'une manière plus littérale et concrète
cette image : elle pourrait désigner une vapeur toxique ou une goutte
empoisonnée.
Dans la troisième phrase, Pascal reprend l'opposition de la pensée à la
fragilité physique. On retrouve d'ailleurs la conjonction de coordination « mais »
qui assurait déjà cette même opposition dans la première phrase.
L'argument par lequel Pascal souligne que la pensée compense la faiblesse
de l'homme est que la pensée donne à l'homme non pas un surcroît de force mais
de la noblesse, c'est-à-dire de la valeur, de la dignité : l'homme se rend en
quelque sorte respectable non pas parce que sa pensée serait une faculté qui
vient de lui-même mais comme l'auteur l'expliquera ensuite parce que l'homme
peut bien penser, penser son humilité.
En effet, la supériorité physique de l'univers sur l'homme n'a aucune
valeur pour l'univers (qui d'ailleurs n'a aucun mérite : il est ce qu'il est et ne
peut être autrement, son existence suit la nécessité sans aucune liberté) car il
est inconscient de sa supériorité. Il ne peut donc retirer aucune satisfaction
morale ni même aucun plaisir de cette supériorité.
En revanche, l'homme se sait mortel, il est conscient de sa fragilité. Alors
chacun de ses actes, chacune de ses pensées, chacun de ses sentiments ont de la
valeur pour lui. Il peut s'efforcer vainement de se mesurer à la nature, ce qui
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selon Pascal serait stupide mais il peut aussi reconnaître son humilité et
exploiter le temps de sa vie à « bien penser », à mesurer le prix des moments de
mon existence, de ma brève existence.
Pascal peut alors conclure au début du second paragraphe : « Toute notre
dignité consiste donc en la pensée. »
L'absence de conscience de l'univers est son absurdité même, ou du moins
l'absurdité d'une toute-puissance aveugle et sans intérêt, gouvernée par sa seule
nécessité.
EN BREF : « Le roseau pensant »
Pascal n’a cessé d’affirmer qu’il y ait de la grandeur en l’homme.
MAIS celle-ci ne consiste essentiellement ni dans les vertus morales (héroïsme
de type cornélien, générosité, sainteté…), ni dans des dons exceptionnels de
l’intelligence.
Elle réside dans l’activité de l’esprit sous sa forme la + générale :
« Penser fait la grandeur de l’homme » (frag 346).
La pensée humaine peut atteindre les + hauts raisonnements scientifiques ou
philosophiques :
« Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée
je le comprends. » (frag 348)
MAIS C’EST SURTOUT au niveau de la réflexion la + courante que notre pensée
manifeste le mieux notre grandeur.
Tout homme en effet « sait qu’il meurt » (frag 343), tandis que l’univers, qui
souvent écrase le « roseau pensant » que nous sommes, ignore qu’il nous tue.
Cette prise de conscience, même si elle est conscience de notre malheur, nous
élève au-dessus.
« C’est donc être grand que de connaître qu’on est misérable » (frag 397).
Une autre expérience témoigne encore de notre grandeur. C’est un « instinct
secret » (fragment 139) qui nous pousse toujours à rechercher le vrai et le bien.
Ce besoin d’absolu, s’ajoutant au libre exercice de notre réflexion, est la marque
de notre noblesse : « Toute notre dignité consiste donc en la pensée. » (frag
347).
CEPENDANT, s’il est grand dans la mesure où il se sait malheureux, l’homme
inversement est malheureux dans la mesure où il est grand :
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« La misère se concluant de la grandeur et la grandeur de la misère » (frag 416).
En effet, plus notre pensée s’approfondit, plus nous découvrons de graves sujets
d’inquiétudes.
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Pascal Pensées fragment 397
ANALYSE
Opposition grand et misérable.
-Prise de position paradoxale
-La grandeur, c’est justement sa condition humaine.
On retrouve la même pb que dans les fragments du roseau pensant (346, 347,
348).
La prise de conscience de l’homme, même si elle est conscience de son malheur,
élève au-dessus de la nature.
« C’est donc être grand que de connaître qu’on est misérable »
Comparaison de l’homme et de l’arbre = oppose la conscience et la connaissance.
La supériorité de l’homme tient dans cette conscience et dans cette
connaissance.
Finalement, la grandeur de l’homme, c’est cette humilité.
// « Je sais que je ne sais rien » = maxime attribuée au philosophe grec Socrate.
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Pascal Pensées fragment 434
ANALYSE :
Réflexion sur le songe
Référence La Vie est un songe = pièce baroque de Calderon .
Ici le constat que la vie (comme le songe) est peuplée d’illusions..
A partir de là, que faire ?
Douter de tout ?
« La vérité n’est pas de notre portée ni de notre gibier »
« Que la vérité n’est pas de notre portée (…) qu’elle loge dans le sein de Dieu et
que l’on ne la peut connaître qu’à mesure qu’il lui plaît de la révéler. ».
Prise de conscience de l’illusion constante de l’homme.
Pour Pascal la Vérité est divine.
DONC deux vérités apparaissent :
« Ces fondements solidement établis sur l’autorité inviolable de la religion nous font connaître qu’il y a deux vérités de foi également constantes : l’une que l’homme dans l’état de la création ou dans celui de la grâce est élevé au-dessus de toute la nature, rendu comme semblable à Dieu et participant de la divinité. L’autre, qu’en l’état de la corruption et du péché il est déchu de cet état et rendu semblable aux bêtes.
Ces deux propositions sont également fermes et certaines. »
Les deux états de grâce et de péché sont conservés en l’homme.
Pascal reconnaît cette injustice du péché originel.
« Car il est sans doute qu’il n’y a rien qui choque plus notre raison que de dire que le péché du premier homme ait rendu coupables ceux qui, étant si éloignés de cette source, semblent incapables d’y participer. Cet écoulement ne nous paraît pas seulement impossible, il nous semble même très injuste. Car qu’y a-t-il de plus contraire aux règles de notre misérable justice »
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MAIS en même temps :
« Et cependant, sans ce mystère le plus incompréhensible de tous nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. Le nœud de notre condition prend ses replis et ses tours dans cet abîme. De sorte que l’homme est plus inconcevable sans ce mystère, que ce mystère n’est inconcevable à l’homme. »
DONC l’homme est grand et misérable et conserve cette duplicité
Il participe à la divinité « semblable à Dieu et participant de la divinité »
= cela explique son aspiration incessante à l’infini et à l’absolu
. « L’autre, qu’en l’état de la corruption et du péché il est déchu de cet état et rendu semblable aux bêtes. »
= L’homme est misérable comme Adam à la suite du péché originel : cela
explique l’énigme de la condition humaine.
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Pascal Pensées fragment 693
ANALYSE
*« Un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable » Ce qui frappe dans ce passage, c’est le caractère romanesque de la situation. On
pourrait penser à des situations de tragi-comédies.
*« Je vois d’autres personnes auprès de moi d’une semblable nature. »
Pascal abandonne ici le mythe de l’île effroyable, pour revenir à la réalité de la
condition de l’homme, telle que la perçoit un incrédule inquiet. Mais ce deuxième
tableau est, à sa manière, aussi effrayant que le premier : alors que dans les
lignes précédentes, il était question d’un homme isolé dans son île, le locuteur se
voit entouré de misérables égarés qui, n’ayant même pas le bon sens de
s’inquiéter de leur destinée, se livrent au divertissement qui les conduit à leur
perte. Le tableau, moins dramatique que l’allégorie de l’île, n’est pas moins
effroyable, par l’image d’une société entière livrée à l’inconscience, et à terme à
sa perte.
*« Pour moi je n’ai pu y prendre d’attache et considérant combien il y a plus d’apparence qu’il y a autre chose que ce que je vois j’ai recherché si ce Dieu n’aurait point laissé quelque marque de soi. » Ici conception du doute
L’origine de ce doute est l’angoisse provoquée sur l’homme par sa propre
condition : perdu dans un univers aveugle et sourd, il cherche des réponses à ses
questionnements mais n’en trouve pas : l’univers, face à lui, demeure muet.
Pascal y décrit le fond angoissant de l’existence humaine, mais il y montre aussi
comment l’homme tente d’échapper à cette angoisse en faisant diversion, en
orientant ses pensées de manière à éviter tout ennui et toute pensée mettant le
doigt sur l’absurdité de l’existence.
Cet état « d’aveuglement et de misère » étant insupportable à l’homme il est une
nécessité pour Pascal que Dieu existe et de trouver les signes de sa présence.