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Gazette Noel 2010

Date post: 13-Mar-2016
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Gazette Noel 2010
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La Gazette Noël 2010 du Square LIBRAIRIE LE SQUARE LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163 e-mail libsquar@ club-internet.fr, site www.librairielesquare.fr Sélection Noël Littérature française, littérature illustrée, littérature étrangère, polar, essais, beaux-livres, arts, images et sons, B.D, jeunesse Animations Rencontre avec Roland Le Mollé , “Pontormo” Rencontre avec Claudie Gallay , “L’amour est une île” Expositions : François Schuiten “Les mers perdues”, de Jacques Abeille Christel Espié “Tom Sawyer détective” de Mark Twain Le monde animalier de Ohara Koson, Langlaude
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Page 1: Gazette Noel 2010

La Gazette Noël 2010

du Square

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LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE 0476466163

e-mail libsquar@ club-internet.fr, site www.librairielesquare.fr

Sélection NoëlLittérature française, littérature illustrée, littérature étrangère,

polar, essais, beaux-livres, arts, images et sons, B.D, jeunesse

Animations Rencontre avec Roland Le Mollé , “Pontormo”

Rencontre avec Claudie Gallay , “L’amour est une île”Expositions : François Schuiten “Les mers perdues”, de Jacques Abeille

Christel Espié “Tom Sawyer détective” de Mark Twain

Le monde animalier de Ohara Koson, Langlaude

Page 2: Gazette Noel 2010

Littérature

NO

ËL LITTERATURE

Des éclairs, Jean Echenoz , Minuit, 14,50 €Troisième des romans de biographies imaginaires d’Echenoz après les tout aussi incontournables Courir et Ravel.L’histoire de l’inventeur du courant alternatif après celles du grand compositeur et du coureur tchèque Zatopek.

Clair-obscur, Nella Larsen, Climats, 17€La redécouverte d’un grand roman des années trente dans une Amérique en pleine ségrégation. Remarquable de finesse,Clair-obscur éclaire intelligemment et dans une langue subtile les fondements du racisme.

Savoir-vivre, Hedi Kaddour, Gallimard, 16,90 €Londres années 30, un mystérieux colonel Strether. Un roman troublant sur l’Histoire et les mystères de l’identité.

H,H,h,H, Laurent Binet, Grasset, 20,90 €Deuxième guerre mondiale, l’assassinat de Reinhard Heydrich par deux parachutistes, Gabcik et Kubis. Comment raconter l’histoire sansen donner un récit rétrospectif. Une interrogation majeure qui rend ce “roman” riche et et complexe comme la vérité.

Féroces, Robert Goolrick,Anne Carrière, 20,50 €Dans l’Amérique des années 50, l’envers du décor d’une famille bon ton d’où rien ne filtre à l’extèrieur. Féroce !

La bascule du souffle, Herta Müller, Gallimard, 19,90 €Le dernier roman traduit du Prix Nobel 2009. Roumanie, fin de la guerre, un pays livré aux soviétiques. Un récit dur, puissant,vibrant écrit dans une langue exceptionelle.

Le siècle des nuages, Philippe Forest, Gallimard, 19,90 €L’histoire d’un homme, l’histoire de l’aéronautique et l’histoire d’un siècle.

Les jardins statuaires, Jacques Abeille, Attila, 17 €Un voyage ethnologique au coeur d’une contrée imaginaire, un texte à la beauté foudroyante.

Chroniques romanesques, Jean Giono, Quarto Gallimard, 33 €Ces romans de Giono couvrent la période 1947 à 1970. Ce qu’il nomma lui-même Chroniques roma-nesques comprend : Un roi sans divertissement, Les âmes fortes, Les grands chemins, Le moulin dePologne, Deux cavaliers de l’orage, Ennemonde et autres caractères, L’Iris de Suse et enfin Noé.Comme nous l’explique la très belle préface de Mireille Sacotte, Giono marque sinon un virage à 180degrès du moins un changement important : « Dans les romans précédents la nature était au premierplan, le personnage au second plan, dans les romans qui allaient arriver maintenant, le personnage étaitau premier plan et la nature au second plan ». Cette évolution dans l’oeuvre de l’écrivain est merveilleuse parce que sans oublier la géographie amou-reuse des Hautes-Alpes, l’humain prend une place toute nouvelle, encore plus forte, plus rude aussi.On sort de ce recueil encore émerveillé de ce conteur exceptionnel. Autre qualité de ce livre de 1500pages, la typographie et la mise en page ont été pensées pour que le lecteur puisse lire confortable-ment et agréablement sans froncer les sourcils.

Ça sent le tabac, Bernard Jannin, Champ Vallon, 14 €

En 2008 paraissait Une vraie boucherie, premier roman de Bernard Jannin, ou comment le métier deboucher-charcutier rencontre la littérature pour nous faire rire. Comme quoi le pied de cochon peut deve-nir muse lorsqu’on possède une belle plume. Dans cette première fiction, Jannin serait du côté de MarcelAymé, entre Uranus et Travelling ; Ça sent le tabac, second roman de l’auteur, prête davantage au sou-rire qu’au rire, mais c’est un sourire constant, ininterrompu pendant 172 pages. Le narrateur est fumeur.Il aime ça, le tabac. Le goût, l’odeur, qu’elle soit froide ou chaude, la posture du fumeur, une philosophie,une addiction, un plaisir, un bonheur. Qu’on soit fumeur de cigarettes, de pipe, de cigares, BernardJannin nous rappelle que fumer c’est tout simplement bon. Ni pamphlet, ni moquerie, juste une vie detabac racontée comme une histoire d’amour passionnelle qui nous fait du mal, qui nous fait du bien, lesdeux en même temps. Le rire revêt ici une subtilité de grand havane.

L.Blondel

Nos incontournables de l’année, à lire et à offrir absolument : F.F, N.T, L.B, F.C

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NO

ËL

LITTERATURE

Poèmes, Constantin Cavafy, Héros - Limite, 20 €« J’ai tellement fixé la beautéque mes yeux en sont pleins »Cavafy est un des plus grands poètes qu’a connus la Grèce moderne. Il se nourrit de l’inépuisable sub-stance du passé, de l’héritage antique à la mythologie, autant que de la beauté discrète et du parfumde la vie de tous les jours. Cavafy vit l’histoire et son ordinaire. Se dégage de ses poèmes une com-préhension des choses humaines pleine d’amertume mais aussi de sensualité. Le sentiment violent dutemps qui passe, souvent gâché, et l’expression d’une beauté discrète donne naissance à une poésiemurmurante à la sensibilité aiguisée. Cavafy est un magicien du verbe. Sa mélancolie est faite de ten-dresse, son écriture est celle d’un homme qui efface ses pas dans l’ivresse de l’art. Ses poèmes selisent « comme savent en boire les courageux de la volupté ».

La guerre, Anna Akhmatova, Harpo &, 20 €.Début des années quarante, Leningrad, Tachkent, « les oiseaux de la mort se tiennent au zénith ».L’U.R.S.S. n’est que sacrifice sans pitié et larmes de sang. Akhmatova refuse de laisser l’ennemi sursa terre pacifique ainsi que les hommes aux ruines des ténèbres. Et puis, avant tout, elle veut devan-cer le soleil printanier – « et derrière chaque fenêtre / la brise légère de notre joie à venir » ? avec ungrondement de tonnerre : « arrière le malheur ». Pour ce faire la langue est son refuge et s’écrit à larencontre de la victoire. « Grandeur du verbe russe / nous te porterons libre et pure ». La poésied’Akhmatova enfonce à coup de fer ardent une lueur d’espérance devant laquelle on ne se récuse pas.À aucun moment, Akhmatova ne laisse au monde l’unique spectacle de la désolation. Elle cherche dansles plis de la langue l’oiseau qui se met à chanter d’une voix heureuse. Ainsi, malgré les éclairs et l’eaufroide de la Néva, elle suscite sans relâche une inspiration nouvelle pour faire de sa douleur une force.D’une plume de lumière elle écrit sur un mur de liberté. Alors Leningrad apparaît à travers « l’arc enciel des dernières larmes ».

F.C

Poésie F.Calmettes

Littérature illustrée L.Blondel, F.Folliot

Vintage America, Photographies et textes Patricia de Gorostarzu, Editions AlbinMichil, 29 €

S’il vous arrive un jour d’oublier pourquoi vous aimez l’Amérique, sa musique, son cinéma, salittérature, ouvrez ce livre là et dès les premières photos et les premières lignes, la mémoire,les sensations vous reviendront immédiatement. Ces photographies, ces paysages vous pen-sez les connaître, les avoir vu des centaines et des centaines de fois mais regardez bien etvous serez surpris tant ces clichés sont « la vraie vie ». Justes, sincères, faussement simples,la noblesse se trouve souvent dans la modestie et le travail de Patricia De Gorostarzu en témoi-gne. Superbes sont aussi les nouvelles de Scott Wolven, Benjamin Percy, Dan Chaon, RichardLange et Brady Udall l’auteur de l’inoubliable Destin miraculeux d’Edgar Mint. Si vous êtes unfou d’Amérique ce livre est pour vous, si vous ne l’êtes pas encore vous le deviendrez. Si voussouhaitez continuer le voyage, vous pourrez trouver les romans des écrivains précédemmentcités à la librairie. L.B

Chapellerie pour dames de coeur, chats bottés & enfants songes, FrédéricClément, illustrations inédites, Albin Michel, 22 €Quel chapeau choisiriez-vous ? Quel est votre préféré ? Le chapeau de Magritte régulièrementarrosé et soigné telle une plante par son propriétaire, ou peut-être si vous aimez les voyages lechapeau transatlantique ou bien encore le chapeau chapiteau du Tzigano Circus. J’avoue quej’ai particulièrement aimé le Chapeau de cendre ou éternel retour “si friable, si fragile, que lemoindre soupir de papillon le ferait s’effondrer...le dernier nid encore chaud du Phénix, le fabu-leux oiseau qui de temps en temps flambe et s’envole en fumée ...”.Laissez-vous aller à cette nouvelle fantaisie de Frédéric Clément, insolite et magique, en motset en images plus merveilleuses et étranges les unes que les autres, à lire au fil des pagescomme une entrée inédite dans le monde poétique des chapeaux et dans celui à jamais enchan-teur d’un poète dessinateur au sommet de son art. F.F

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LITTERATURE

L’art d’écosser les haricots, Wieslaw Mysliwski, Actes Sud, 23,80 €traduit du polonais par Margot CarlierSi on devait lire des histoires aux adultes comme on en lit aux enfants, L’art d’écosser les haricotsdeviendrait un livre incontournable, un classique de la littérature à lire à d’autres. Il faut imaginer qu’unvieux gardien d’un village de vacances reçoit la visite d’un parfait inconnu, que ce dernier souhaite luiacheter, allez savoir pourquoi, des haricots. Ils vont s’asseoir et le vieil homme de raconter sa vie, salongue vie dans l’Europe et plus particulièrement la Pologne du XXème siècle. Un témoin de l’Histoirecomme on dit qui écosse des haricots avec un nouvel ami venu de nulle part. On pourra retrouver leton de ce roman qu’il faut absolument lire page 174 : « Je pense du reste que chacun vit pour soi etque par conséquent chaque vie est une histoire à part. Le fait que nous essayons de tout verser dansun même récipient, au contenu illimité, ne nous autorise nullement à en tirer une quelconque vérité surla nature humaine ». L.B

Parler de Florence, Piero Calamandrei, Ed. revue Conférence, 25 €traduit de l’italien par Christophe CarraudOn se souvient de l’enchantement produit à la lecture d’Inventaire d’une maison de campagne. AvecParler de Florence nous avons de nouveau la joie de lire P. Calamandrei, de retrouver la douceur deson ton et sa fine culture. Parler de Florence est une conférence dans laquelle Calamandrei évoque larelation puissante et intime qu’il a avec cette ville. On vient à Florence par ses alentours où « les cyprèssont comme des annotations au paysage », par la merveilleuse Toscane aux contours précis. Puis,apparaît Florence dans une cuvette comme en un berceau. Calamandrei nous confie comment du XIVeau XVIe siècle Florence fut à l’origine du progrès économique de toute l’Europe, la ville dans laquelleles affaires et la culture se donnèrent la main. Où les artistes étaient des artisans, les banquiers desphilosophes et des lettrés. « C’était une société ouverte, où tout homme de valeur, quelle que fût saclasse, avait la possibilité de se révéler et de s’élever ». Florence n’était pas simplement une ville maisun monde. Par le miracle de l’humanisme et de la Renaissance, de Dante à Pétrarque en passant parla prose de Machiavel, de Michel-Ange à Donatello, de Giotto à Botticelli, pour n’en citer que quelques-uns, Florence est devenue un «moment universel de la civilisation occidentale». Cette vie de jadis n’estpas éteinte, Calamandrei la fait vivre avec passion. Il faut noter que ce livre est accompagné detableaux et dessins de Calamandrei lui-même, ainsi que de ceux de G. de Palézieux qui étudia lesBeaux-Arts à Florence. Magistrale évocation pour les amateurs d’élégance. F.C

NO

ËL

Littérature étrangère

La maison de mes pères, Jorn Riel, Gaïa, 23 €traduit du danois par Inès Jorgensen

Pour tous ceux qui ne connaissent pas encore Jorn Riel, la réédition en un seul volume de la trilogieinitiale de cet extraordinaire romancier danois est vraiment une excellente nouvelle. Vous qui abordezcet univers fait d’humanité et de rire, d’aventures formidables et de culture inuit, de rêves et de ten-dresse, vous ne pourrez laisser sans un pincement au coeur Agojajaq et ses cinq pères et oncles, lespaysages de l’arctique et l’indéfectible joie de vivre qui anime ces héros magnifiques. Dans une languesimple et imagée, avec un humour sans pareil Jorn Riel raconte un monde où il fait bon vivre mêmelorsque l’adversité rôde, un pays et des manières d’être bien éloignées des nôtres, rudes sans doutemais qui peut-être, dans leur trivialité bon enfant, ont quelque chose à nous apprendre. Un gros romanà lire au coin du feu ou du radiateur pour voyager bien loin de la morosité d’aujourd’hui.

F.F

Plein nord, Willy Vlautin, collection Terres d’Amérique, Albin Michel, 20 €traduit de l’anglais (Etats-Unis) par David Fauquemberg

Amérique encore dirons certains mais on ne pouvait passer à côté de ce livre-ci tant la petite musiquedu style de Willy Vlautin vous accompagnera comme un ami fidèle. A l’instar de Vintage America, le lec-teur aura peut-être une impression de déjà lu. Qu’importe, ne boit-on pas régulièrement le même vinavec autant de plaisir ? Ne boudons pas celui-ci et suivons le parcours chaotique d’Allison, jeune femmede vingt-deux ans abîmée par la vie qui décide de quitter Las Vegas pour Reno. Une vie plus douce l’at-tend peut-être, les rencontres peuvent parfois être heureuses surtout si Paul Newman vous accompa-gne, vous soutient dans les moments de doutes. Un livre à lire puis à offrir dans la mesure où il pansemieux les blessures qu’une quelconque compresse. Willy Vlautin est déjà l’auteur de Motel Life chez le même éditeur mais aussi le leader du groupeRichmond Fontaine. L.B

L.Blondel, F. Calmettes, F.Folliot

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Polar

Verdict, Justin Peacock, Sonatine, 22 €Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Johan-Frédérik Hel Guedj

Le thriller judiciaire est un genre curieux, manquant parfois de finesse, intrigue lourde, style inexistant, personna-ges inintéressants au possible. On voit se multiplier les fautes de goût à chaque page. Avec Verdict, le libraire faitson mea culpa devant ce livre prodigieux. Nous suivons là le personnage de Joel Deveraux, promis à une brillan-te carrière d’avocat à New York. Mais quelques petits problèmes avec une histoire de drogues déclassent notrehomme qui devient avocat commis d’office traitant des affaires plus misérables les unes que les autres. Puis parl’intermédiaire de l’avocate Myra Goldstein, Joel est affecté à une affaire plus conséquente. Un dealer noir estaccusé du meurtre d’un étudiant blanc et juif. Le procès est passionnant, preuves et culpabilité tangibles maisDeveraux d’apprendre que la force de persuasion, le charisme sont plus puissants que des preuves physiques.Le roman de Peacock est une grande réussite. Littéraire d’abord, les détails juridiques jamais étouffants, les sur-prises nombreuses, vraiment il est temps de se réconcilier, du moins le temps d’un roman, avec les jurés, les jugeset les avocats. La justice « littéraire » a parfois du bon.

Cold in hand, John Harvey, Rivages/thriller, 20 €Traduit de l’anglais (Grande Bretagne) par Gérard de ChergéCold In Hand marque le retour de Charlie Resnick, flic anglais d’origine polonaise que John Harvey créa en 1990.Vieillissant comme tout le monde, le temps n’a pas amélioré son caractère et ses méthodes, bien au contraire.Dans cette nouvelle enquête, Resnick vient en aide à sa collègue mais aussi maîtresse Lynn Kellog. Celle-ci estimpliquée dans une fusillade entre deux gangs rivaux qui tourne mal. Le père d’une des victimes accuse la poli-cière d’avoir utilisé sa fille comme bouclier humain. Resnick tente d’aider sa consoeur mais son manque de tactet de finesse lui font commettre quelques erreurs. De plus l’autre enquête de Kellog sur une affaire d’homicide estau point mort car l’un des deux principaux témoins de son affaire a disparu. Resnick râleur mais professionnel etamoureux n’abandonne pas sa coéquipière mais plonge dans un abîme d’ennuis divers assez redoutables.Encore un Harvey lumineux, profond, dure, juste, qui donne envie de lire et relire les anciennes aventures (dis-ponibles en Rivage poche) de l’anglais le plus bourru du Royaume-Uni.

Le vertige de la chute, Walter Mosley, Jacqueline Chambon,22,50 €Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Oristelle BonisWalter Mosley est un immense écrivain de roman noir, trop méconnu encore dans l’hexagone, mais qui s’avèreêtre de la trempe d’un Pete Dexter, Dennis Lehane, un Chester Himes moderne. Jusqu’ici Mosley s’était intéres-sé à une fiction plutôt sociale, des quartiers noirs de son enfance à l’Amérique des années 40 à 60. Il a créé lepersonnage d’Easy Rawlins, noir, héros de la seconde guerre mondiale pour le faire évoluer dans la ville de LosAngeles. Dans son nouveau livre, l’écrivain nous emmène à New York avec un tout nouveau personnage, LeonidMcGill. Enquêteur, ce dernier est engagé pour retrouver quatre hommes dont il connaît à peine les surnoms. Unefois sa mission effectuée Mc Gill remet l’adresse de ces hommes dans les mains de son employeur mais il app-rend quelques jours plus tard qu’ils ont été assassinés. Tandis qu’il essaie de sauver son couple vacillant et sonfils de la délinquance, d’anciennes connaissances mafieuses l’obligent à exécuter un contrat. Très grand policierque ce roman dont New York est aussi l’héroïne, écriture et dialogues dignes, encore une fois, des plus grands,ne passons pas à côté de ce génie du polar.

POLAR NO

ËLL.Blondel

Les meilleurs polars de l’année

Magnifique roman où la foliecôtoie les cadavres au son

du jazz et du rock.Un excellent thriller peu

orthodoxe et très contemporain !

Le tout dernier opus des aventures de KurtWallander, magistra l !

Lazy bird, Andrée

A.Michaud,Seuil/romans

noirs19,80€

Le testament de JaffaAvner Mandelman,

Liana Levi 19€

L’homme inquietHenning Mankell,

Seuil/policier, 22 €

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NO

ËL ESSAIS

Histoire, reportages...

... Sciences... Discours sur l’origine de l’univers, Etienne Klein, Flammarion,17 €Etienne Klein interroge deux questions qui semblent s’intriquer : comment l’univers est-il apparu et pourquoi est-ilapparu ? Au regard de ces problématiques, tout se passe comme si nous ne pouvions penser l’absence que par lareprésentation de quelque chose de connu. Les récits qui parlent de la naissance de l’univers imaginent donc sys-tématiquement le monde originel comme déjà rempli de quelque chose. « Ces modèles cosmologiques ne montrentdonc que des métamorphoses, des structurations », mais quel est le passage de l’absence à l’existence ? La scien-ce a-t-elle des moyens autres que ceux des mythes fondateurs ? De remonter jusqu’à un instant « zéro » ?L’univers est un « grand récit » dans lequel Etienne Klein nous fait plonger avec délectation. Nous savons, parexemple, que l’univers n’est pas statique et qu’il est régi par des lois exprimées en langage mathématique. Maisaussi, que la courbure de l’espace-temps influe sur la matière en mouvement et que la matière en mouvement n’estpas sans conséquences sur la géométrie de l’espace-temps. Par ailleurs, pour penser ce langage mathématiquenotre propre langage interfère, « se réfracte lui-même ». Dès lors, comment parler de l’origine « sans s’abîmer dansce qui n’est que son ombre » ? Un livre passionnant qui aiguise notre curiosité. En le lisant on ne peut que penserà l’anagramme d’Albert Einstein : rien n’est établi.

Pourquoi désobéir en démocratie, Albert Ogien et Sandra Laugier, La Découverte, 20 €Le contrat de défiance, Michela Marzano, Grasset, 19 €Voilà deux ouvrages essentiels pour comprendre les pathologies de notre démocratie. Évidemment notre sociétés’appuie et ne peut se construire qu’avec de la confiance. Toutefois, la notion de confiance semble se juridicialiser,engendrant un désir de contrôle accru au sein de la société. Cette évolution laisse place à une dépossession quiapparaît comme menaçante. Naît alors un contrat de défiance mettant en danger nos projets communs, nos métiers,notre langue et nos places sociopolitiques. L’enjeu de ces ouvrages est de repenser le sens de ce qui nous lie.Croisant sociologie et philosophie politique, il s’agit de considérer que « la confiance n’est pas une illusion videpuisque c’est la seule chose à long terme qui puisse nous assurer que notre monde privé ne soit pas aussi un enfer» (H.Arendt) mais aussi que chacun puisse se reconnaître avec un État de droit. Pour ce faire, on ne peut laisser ladéfiance saper le pilier de notre civilisation ni laisser exercer une politique qui défait le lien entre l’État et la sociétépar une marche forcée à la logique du résultat et de la performance. Deux essais pour se réapproprier des outils poli-tiques et ouvrir l’horizon social.

Histoire d’un allemand de l’Est, Maxim Léo, Actes Sud, 22,80 €Ouverture. Berlin, années 2000. Maxim Leo, journaliste berlinois, la quarantaine, rend visite à l’hôpital à songrand-père, lui-même ancien journaliste, une figure de l’ex-RDA. Une attaque cérébrale lui a fait perdre la paro-le et pour la première fois, cet être de raison adresse un vrai sourire à son petit-fils. Une soudaine tendressequi fait définitivement tomber le masque. Le nouveau visage de cet homme qui contrôlait son discours sur sonpassé héroïque et le combat vertueux de l’Allemagne, laisse son petit-fils submergé par les interrogations. Lecinéma nous a récemment beaucoup appris sur la RDA. Il ne sera pas question ici de l’inadaptation à l’Ouestou de la mécanique de la terreur. Il s’agit de nous faire comprendre la croyance dans ce régime et de montrerdans quelle contradiction chaque génération a été placée. En racontant son histoire familiale, exceptionnellemais exemplaire, Maxim Leo nous révèle une RDA bien plus complexe – des fondateurs en perpétuelle luttecontre le passé, rêvant une société nouvelle pour l’oublier mais au prix d’une paranoïa policière, des enfantscoincés entre aspiration à la liberté et loyauté au rêve et, aujourd’hui,des petits-enfants dont les désillusionsfont se sentir pour la première fois Est-Allemands. Un livre tout simplement bouleversant.

La fabrique des filles, Rebecca Rogers, Françoise Thébaud, Textuel, 35€Comment a t’on éduqué les jeunes filles depuis un siècle ? En commentant une foule de documents aussidivers que des bulletins scolaires, photos de classe, jouets, livres de lecture, uniformes… Rebecca Rogers etFrançoise Thébaud, spécialistes de l’histoire des femmes, retracent l’histoire de l’éducation des filles depuisJules Ferry et la création des lycées de jeunes filles jusqu’au milieu des années 70 avec la généralisation dela mixité. Une histoire loin d’être linéaire vers l’émancipation, l’image de l’épouse modèle perdurant longtempsdans les représentations. Un très bel album et une réflexion vivifiante sur les façons dont on a envisagé laplace des hommes et des femmes dans notre société.

Grands reporters Prix Albert Londres, Christian Hoche, Les Arènes, 29 €90DVD Grands reporters, Montparnasse, 77€Depuis 1933, pour saluer la mémoire de celui qui clamait « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus defaire du tort, il est de porter la plume dans la plaie », le prix Albert Londres récompense chaque année lemeilleur reporter de langue française. Lecteurs de XXI, précipitez-vous sur l’hommage que les éditeurs de larevue font à l’aristocratie du reportage en publiant cette anthologie des plus beaux textes des lauréats des 60dernières années. Et lisez Armand Gatti dans la cage aux fauves, Marc Kravetz à Beyrouth, Jean Rolin dansla guerre civile irlandaise… Mais depuis 1985, le prix Albert Londres est également remis chaque année à undocumentariste. Les éditions Montparnasse éditent elles aussi un coffret d’exception rassemblant les films des25 lauréats. Un véritable évènement.

F.Calmettes

N.Trigeassou

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LIVR

ES

Une année chez les cavaliers nomades de Mongolie, A.de Changy,C.Antomarchi-Lamé, Presses de la Renaissance, 24 €Continuons le voyage. En Mongolie maintenant. Invités par Arkhat, éleveur d'ethnie kaza-khe, à la pointe ouest de la Mongolie, dans le Haut Altaï, Antoine et Célina passent un anavec lui et sa famille. Ils travaillent aux même taches au fil des saisons, partagent le quo-tidien d'une famille nomade. Le livre reprend « l'appel de la steppe » paru en 2008 chezle même éditeur, qui relatait cette aventure. S'y ajoutent ici 200 photos, une par page enregard d'un court texte qui chronique au jour le jour la lutte contre la rudesse du climat,extrêmement rigoureux huit mois de l'année. A travers ce livre les auteurs rendent hom-mage et remercient leurs hôtes pour leur générosité et leur accueil. Textes et photos nousemmènent au coeur de la vie nomade, des courses à cheval, des chasses à l'aigle, et destranshumances... La Vie.

Sweet Marx, cent huit desserts,Thierry Marx, photographies deMathilde de l’Ecotais, 45€

Champignons de nos régions, G.Eyssartier&G.Trimaille, Larousse, 29,90 €

Ce guide format beau livre est une invitation à découvrir le monde de la mycologie à travers unesélection d' espèces représentatives. L’album présente la biologie des champignons, leur des-cription et les syndromes de l' intoxication.La qualité des planches photographiques, dans la lignée d'un traditionnel herbier, illustre une réfé-rence de 110 champignons de nos régions, certains des plus communs, et d'autres intéressantspar la diversité de leurs formes et de leurs couleurs. Le répertoire comprend une planche en cou-leurs représentant le champignon sous différents angles; une page descriptive complète avec unefiche signalétique sur les indications de classification, l' habitat, la saison de récolte, la comestibi-lité; des petites photos en vignettes ajoutent encore des informations et des compléments sur desespèces voisines et portent à 240 le nombre de champignons décrits dans cet ouvrage.

Théodore Monod archives d’une vie, sous la direction de M.Berne et A.Monod,Chêne, 45 €

Théodore Monod fut sans aucun doute un homme au destin merveilleux, dont la vie fut longue etriche. Naturaliste de génie, géologue, archéologue, botaniste, arpentant le désert à pied à plus de90 ans, il ne se départit jamais de son militantisme tant en faveur des injustices faites aux hom-mes que des dégradations à l'encontre de la planète. Cette biographie est agrémentée de photos,de dessins, d' archives puisés tant dans le cadre familial ( livret tenu par sa mère à sa naissance,dessins d'enfant ) que professionnel ( carnets d'explorations, relevés géologiques), des textes devoyages, des poèmes, des prises de positions militantes...Le livre se déroule en trois parties, les racines d'une vie, son enfance, le terreau de sa personna-lité; une vie singulière et plurielle faite de découvertes et de connaissance de la nature; la quêtedu Graal qu’évoque parfois Théodore Monod pour déterminer l'élan de toute une vie.Mauricette Berne, Ambroise Monod, le plus jeune de ses fils, et d'autres témoins, recréent dansce très beau livre tout l'univers de Monod, sa magie, dévoilent sa personnalité, racontent la vie etl'oeuvre d'un grand Homme.

BEAUXBeaux livres

Thierry Marx est un cuisinier doué, original, consacré par 2 étoiles depuis 1999. Il est l'auteurégalement de Planète Marx, en 2004 et Easy Marx, en 2005, tous deux aux éditions Minerva. Pour ce superbe livre Sweet Marx, il a créé spécialement 108 recettes de desserts, biscuits,soufflés, glaces et gâteaux. Un très beau livre de cuisine à offrir pour les fêtes de fin d'année,merveilleusement mis en valeur par les photographies de Mathilde de l'Ecotais, spécialiste dela nature morte. La pâtisserie de Thierry Marx mêle audace, originalité, raffinement de l'ex-pression, et pose les bases d'une cuisine échappée de l'académisme culinaire. Ces dessertsallant du plus baroque au plus épuré montrent le talent, la création et l' inventivité d'un esthè-te du goût. Alors à vos fourneaux !

C.Meaudre

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BE

AU

X ARTSLivres d’art

Les plus beaux textes sur l’histoire de l’art du XXe siècle, Pierre Sterckx,Beaux-arts éditions, 27 € C’est avec de précieux “intercesseurs” que vous aborderez dans cet ouvrage l’art du XXe siècle. Loindes désespérantes histoires linéaires de l’art, vous suivrez des témoins de leur temps qui abordentleurs contemporains au sein d’un jeu de correspondances, qui réussit à “faire émerger l’essence mêmede l’oeuvre, son absolue singularité”. Car c’est bien d’une toute nouvelle “cartographie” de l’histoire del’art qu’il s’agit ici, une “galaxie mouvante” comme nous le dit Pierre Sterckx. Alors avec GuillaumeApollinaire, vous découvrirez La famille de saltimbanques de Picasso ou La charmeuse de serpents duDouanier Rousseau. Avec Tahar Ben Jelloun, vous voyagerez dans Les paysages de Tanger d’HenriMatisse. Vous lirez avec un sourire le texte poétique de Blaise Cendrars sur Paris par la fenêtre deMatisse ou celui de Paul Eluard sur Max Ernst...Ainsi s’ouvriront pour vous des portes insoupçonnéessur l’art du XXe siècle en compagnie de poètes, d’écrivains ou de philosophes éclairés.

Anish Kapoor, David Anfan, textes de Johanna Burton et Richard Deacon, entre-tien Donna de Salvo, Phaidon, 75 €

Une couverture à la hauteur pour cette première monographie quasi complète consacrée à un des plusgrands artistes contemporains. Né en Inde, Anish Kapoor a exposé dans le monde entier. Son travail sur lesmatériaux, les formes et les couleurs, la simplicité évidente et universelle de ses oeuvres qui semblent cha-cune remplir et de manière unique l’espace parle à chacun de façon tout à fait concrète et renvoie tout autantà la matière qu’à l’abstraction et à un ailleurs presque surnaturel. C’est ce qui rend si forte chacune de sessculptures et la relation particulière que le spectateur peut entretenir avec elles. Qui a vu les calcaires et pig-ments bleus de Kapoor ou ses incroyables sculptures sphériques en creux les gardera toujours en mémoi-re (exposition au CNAC de Grenoble dans les années 1990). Prenez la mesure de cet époustouflant créa-teur grâce à ce catalogue riche autant de ses oeuvres et de sa vie que d’excellents articles critiques.

Les visages et les corps, Patrice Chéreau, Skira Flammarion/Louvre éditions, 32 €

Un ouvrage qui pourrait avoir sa place, naturellement, au rayon théâtre mais que nous choisissons volontairementde placer ici. Réalisé à l’occasion de la présentation au Louvre en tant que grand invité d’une oeuvre multiple etoriginale de l’homme de théâtre, cet ouvrage très illustré dessine au fil de peintures, de documents d’archives, detextes le visage complexe d’un metteur en scène hors normes. Obsessions de visages et de corps, érotiques, tor-turés, sublimés, en mouvement, tableaux choisis comme arrêtant le temps, tout un monde reconstruit par PatriceChéreau, tout ce qui le nourrit et trace le portrait réfléchi de ce qu’il est ; mais aussi entretiens denses et profondsqui disent le travail d’une vie et celui qui continue dans cet extraordinaire espace qui lui est donné. Le Louvre poury monter Jon Fosse et Bernard-Marie Koltes, Le Louvre pour dire véritablement ce qui fait toute sa vie. Le rêveautomnal d’un théâtre imaginaire où tout est possible et où les scènes se démultiplient à l’infini, à la mesure decet homme exceptionnel qui veut tout embrasser à la recherche de nouvelles expériences.

Sur la route du Tokaïdo, Hiroshige, Hazan, 35 €

Issu d’une famille de Samouraï, Hiroshige (1797-1858) s’est tourné très jeune vers le dessin.Maitre incontesté de l’estampe, il est célèbre pour ses portraits de guerriers, d’acteurs ou de cour-tisanes. En 1832 il accompagne le cortège du shogun sur la route du Tokaïdo. Il en reviendra avecla célèbre série des cinquante trois stations du Tokaïdo. Dans le joli coffret que lui consacre leséditions Hazan, vous admirerez le fac similé de cet album qui fit sa renommée ainsi que de nom-breuses variantes de différents formats. Réaliste dans sa peinture des paysages croqués sur levif, précis dans la reproduction des détails et la topographie des lieux, fin observateur des gens,l’incomparable Hiroshige introduit cependant dans ses tableaux une poésie qui transfigure la natu-re et fait montre d’une vertigineuse maîtrise des couleurs et de la mise en page.

F.Folliot

Nos maisons du Moyen age au XXe siècle, Béatrice Fontanel, Seuil, 39 € C’est en ménagère que Béatrice Fontanel nous dit avoir écrit ce livre. Et certes la lecture en est aisée et ren-voie à tous ces gestes du quotidien répétés au fil des jours par les femmes dans leurs intérieurs. Mais qu’onne s’y trompe pas le regard éclairé de l’auteur, sa parfaite documentation historique et le choix judicieux del’iconographie font de ce beau livre un ouvrage précieux et remarquable en tous points. Sorte de dictionnairede la maison au fil des âges, il nous raconte de pièce en pièce, de la chambre au salon, de la décoration àl’éclairage, d’un objet à l’autre, l’évolution de la maison et des usages de ses occupants. Toute une sociolo-gie du quotidien, la petite histoire essentielle qui dit les moeurs et leurs changements au cours du temps. Vouscroiserez les bassinoires de cuivre et les bouillottes, assisterez à l’apparition de la Compagnie Générale desEaux qui révolutionne les pratiques ménagères et l’hygiène, à l’arrivée incroyable du réfrigérateur et de l’aspi-rateur...Du Moyen Âge au XXe siècle, le monde en marche est au coeur de nos maisons. Un ouvrage qu’ondévore.

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DES IMAGES ET DE

S S

ON

S

Frida Kahlo, ses photos, Images en maneuvre, 32 €

La photographie c’est aussi les albums personnels, les boîtes dans lesquelles on accumu-le les clichés. Des milliers d’images recueillies par Frida, le musée Kahlo a composé cetalbum. On y verra des portraits d’elle, on entre alors dans l’intimité d’une femme qui aimas’exposer au regard de ses amis photographes (Modotti, Weston, Alvarez-Bravo…). Maisaussi des images prises par d’autres qu’elle utilisait pour ses peintures comme portes versson imaginaire. Un livre vibrant d’intensité.

Photographie

Jeannot l’intrépide, Jean Image, Carlotta, 20 €

Qui se souvient de Jeannot l’intrépide ? Les studios Carlotta ont ressorti de l’oubli ce petit chef d’oeu-vre, qui fut en 1950, le premier long métrage d’animation français réalisé en Technicolor. Son réalisa-teur ? Jean Image, un pseudonyme bien d’une époque pour Emeric Hajdu, qui après les Arts décora-tifs à Budapest, part en France dans les années 30, où il réalise des films animés publicitaires. Pourson premier long métrage, il s’inspire de ses lectures d’enfance, Le Petit Poucet et les écrits entomo-logistes de Maeterlinck. Une bande de scouts part vaillamment attaquer l’ogre. Le plus intrépide,Jeannot, est le seul qui réussit à s’échapper des mains du terrible méchant, dans sa fuite il découvrele monde surprenant des insectes. Un spectacle enchanteur, des images étourdissantes, mais aussiune vraie exploration de la nature, Jean Image voulait distraire et faire apprendre. Laissez-vous empor-ter par la féerie et chantez à votre tour « Trois petits cailloux, trois tous petits cailloux »…

From here to there : Alec Soth’s America, Alec Soth, Hatje Cantz, 58 €

Un homme longiligne, cagoule et salopette, le regard perdu derrière des lunettes vitreuses, devantune cabane en bois, et dans les mains, deux maquettes d’avion…L’Amérique est délabrée, les vuesd’Alec Soth énigmatiques. Avec ce catalogue d’une rétrospective conçu comme un livre d’artiste,c’est l’occasion de découvrir un jeune photographe dont les livres sont déjà épuisés et très recher-chés.

DVD

Cinéma

N.Trigeassou

Chroniques américaines, Pauline Kael, Sonatine, 24 €Chroniques européennes, Pauline Kael, Sonatine, 24 €

Pauline Kael a été la critique de cinéma américaine la plus respectée mais aussi laplus redoutée. En préface à ces deux recueils de chroniques (l’un consacré auxcinéastes européens, l’autre aux américains), Gilles Jacob décrit la critique du NewYorker lors des projections : une boule éruptive qui ne pouvait garder pour elle sesréactions. Une fougue qui s’engagea pour le Nouvel Hollywood, Scorsese,Peckinpah, et par dessus tout Altman, le maître du chant choral. Mais surtout uneforce d’éreintement. Un Resnais jugé purement décoratif, un Satyricon simplementrégressif, un Kubrick surévalué… On ne partage pas forcément ses goûts, mais onreste fasciné par la construction, véritablement littéraire, de ses chroniques, sonattention au langage cinématographique, à une époque où la critique française seperdait dans le politique. Pauline Kael est disparue en 2001, il est temps de décou-vrir en français une grande voix de la littérature cinéma.

DVD L’intégrale Pierre Etaix, Arte éditions, 55,50 €

Depuis plus de vingt ans, les films de Pierre Etaix étaient prisonniers d’une bataille juridique, nouspouvons enfin les revoir et peut-être pour beaucoup d’entre nous, les voir pour la première fois. Yoyobien sûr mais aussi ses autres longs et tous ses courts. Une oeuvre unique. Comment se réappro-prier au cinéma dans les années 60, l’autonomie du muet et la grâce de la pantomime du clown ?Dans un temps propre, plus ou moins distendu, Pierre Etaix avec son complice Jean-Claude Carrière,raconte des histoires où gestes et sons disent plus que les mots. Le gagman de Tati, le mari d’AnnieFratellini, avance suspendu sur un fil et la moustache à la Max Linder, le regard liquide à la Keaton,il nous sourit tendrement. Rarement la malice aura été si aérienne.

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NO

ËL JEUNESSE

Mini-bibliothèque, Maurice Sendak, L’école des Loisirs, à partir de 4 ans,10 €

L’école des loisirs réédite en cette fin d’année un petit coffret paru en 1974 (1962 aux Etats-Unis)de 4 petits livres déclinant tour à tour l’alphabet, les mois de l’année, les chiffres et un conte moral.A la découverte des ces petits opus le lecteur éprouve un moment de réjouissance et de compli-cité avec l’auteur-illustrateur du célèbre album Max et les Maximonstres . La traduction réussieet ses illustrations à la plume, expressives, tendres mais aussi comiques font de ce petit coffretun véritable objet précieux.

P’tits pingouins, Fromental, Jolivet, Hélium, 14,90 €,à partir de 2 ans

Dix petits pingouins sur la banquise jouent au bowling…Il n’en reste plus que 9. Neuf petitspingouins taquinent un orque, il n’en reste plus que 8…Cet heureux apprentissage des chiff-res au travers d’un petit pop-up décalé, drôle et grinçant nous fait partager le quotidien tumul-tueux de 10 pingouins. Amusez-vous à regarder les découpes de Joëlle Jolivet et à actionnerles flèches rouges. La disparition progressive des personnages crée un léger suspens et atti-se la curiosité du très jeune lecteur. L’humour malicieux du tandem Fromental (pour le texte)et Jolivet (pour l’illustration) est une fois de plus au rendez-vous.

Le petit Oulipo, Paul Fournel, Lucile Placin, Rue du monde, 16,50 €

Pour jouer avec les mots, les sons, les pièges et délices de la langue, du Tautogramme auChicago le lecteur est invité à explorer les ressources surprenantes, savantes ou farfelues decelle-ci. A l’occasion des 50 ans de l’Oulipo, les éditions Rue du monde éditent cette antholo-gie destinée à un jeune public, bel ouvrage mis en valeur par les illustrations colorées de LucilePlacin mariant intelligemment collages, photos et dessins. Un joli présent pour esprits curieux.

JeunesseV.Salamand

A comme association, Pierre Bottero, Erik L’Homme, Gallimard jeunesse, 9,90€ l’un, 12 ansLa pâle lumière des ténèbres, Erik L’HommeJasper est un adolescent qui comme tous les garçons de son âge va au lycée, joue de la musique dans un groupede rock, apprécie les cours de langues et particulièrement le latin. Seule exception, ses compétences en magie fontde lui un stagiaire au sein d’une organisation secrète : « L’Association ».Les limites obscures de la magie, Pierre BotteroOmbe est une jeune femme de 18 ans, orpheline et considérée par les organismes sociaux comme “instable etpotentiellement dangereuse”. Un accident sensationnel fait d’elle « la miraculée de la grande roue » et l’Associationl’intègre dans son équipe d’agents stagiaires.

Pleine lune, Antoine Guilloppé, Gautier-Languereau, 18 €, à partir de 3 ans.

Par une nuit de pleine lune, un bruit réveille les occupants de la forêt, tour à tourchaque animal s’interroge… Un spectaculaire livre-objet dont le travail minutieux de ladécoupe du papier (au laser) contraste avec la sobriété d’une illustration en noir etblanc et un texte concis. L’ensemble si poétique contribue à créer un climat féériqueet apaisant à la lecture de cet album.

L’anniversaire du chat assassin, Anne Fine, Ecole des Loisirs, 8,50 €, à partir de 7 ans

Quatrième volume pour Tuffy, le chat « assassin » qui nous avait déjà régalés avec ses aventures inénar-rables et irrévérencieuses. Dans cet épisode là, Tuffy, avec une parfaite mauvaise foi, reproche à ses maî-tres d’avoir occulté son anniversaire afin de célébrer halloween entre voisins. Il décide donc de convierles chats du quartier à la fête qu’il organise, une fête qui va évidemment tourner au désastre. Un textedrôle et court, facilité par les illustrations savoureuses de Véronique Deiss qui rencontre un succès jamaisdémenti dans les cours d’école.

A l’origine de ce projet en 8 volumes (4 volumes par héros) une rencontre entre deux auteurs « jeunesse » à succès. Erik l’Homme, auteurnotamment de la série du livre des étoiles (3 volumes chez Gallimard Jeunesse) et Pierre Bottero, récemment disparu, auteur de la sérieEwilan chez Rageot. Leur projet raconte les histoires d’Ombe (par Pierre Bottero) et Jasper (par Erik L’Homme), deux adolescents sta-giaires à l’Association, un organisme qui gère les “anormaux“ à savoir, vampires, trolls et autres créatures mythiques. Chaque histoire,quoique indépendante est directement liée à l’aventure du second agent évoluant dans l’autre roman. Cette double lecture rythmée,donne aux récits du suspens, mais aussi beaucoup de légèreté et d’humour. La complicité des deux auteurs transparait sans cesse etfait de cette lecture un moment fort divertissant.

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NO

ËL

B.D

Asterios Polyp, David Mazzucchelli, Casterman, 29,95 €Traduit de l’anglais (Etats Unis ) par Fany BoubiranAu fil des années le roman graphique est devenu un genre à part entière. S'il est souvent le fruit d'une collabo-ration entre un écrivain et un illustrateur, il permet également à certains, tel David Mazzucchelli, d'exprimer plei-nement leur talent d'auteur et de dessinateur.Impressionnant par sa taille (340 pages), Asterios Polyp ne l'est pas moins par son contenu. Le scénario, trèsdense, nous plonge au coeur de la vie d'Asterios Polyp, architecte quinquagénaire qui décide de quitter New Yorkaprès l'incendie de son appartement. Son séjour dans une petite ville perdue des États-Unis va lui permettre deréfléchir au sens de son existence. Le récit qui alterne présent et flashbacks prend corps avec les illustrations,car c'est grâce à ses dessins que Mazzuchelli dévoile toute la complexité de ses personnages. En effet, lignes,formes, couleurs, typographie, rien n'est laissé au hasard et c'est du lien étroit entre texte et images que naissenttoute la richesse et l'intelligence de cette oeuvre. Avec Asterios Polyp c'est un véritable coup de maîtrequ'a réussi David Mazzucchelli.

Bandes dessinées

Le joueur, Miquel &Godart, Noctambule, 17,95 €

Au coeur du 19e siècle, à Roulettembourg (ville d'eaux imaginaire), le “Général “, homme totalement ruiné, et safamille espèrent vivement le décès de leur aïeule pour toucher son héritage. En attendant cet “heureux” événe-ment, on confie au jeune Alexeï Ivanovitch, précepteur de la famille, le soin de jouer au casino le peu d'argentqui reste dans l'espoir de renflouer les caisses. Alexeï accepte cette mission car il est fou amoureux de Polina,la nièce du Général, mais cette dernière n'a de cesse de le repousser. Lassé par les intrigues de la jeune-femmeAlexeï Ivanovitch finira par noyer son chagrin dans le jeu et par sombrer dans la déchéance.Le scénario de Stéphane Miquel qui se concentre principalement sur la psychologie des personnages est servià merveille par les dessins de Loïc Godart, clairement influencé par l'expressionnisme allemand. Orchestrée parce duo, cette libre adaptation du roman autobiographique de Dostoïevski est tout à fait remarquable.

L’île au trésor, Hugo Pratt, Mino Milani, Casterman, 29 €

Pour nombre de personnes L’île au trésor de R. L. Stevenson reste un des plus grand romansd’aventure jamais écrit. Pour Hugo Pratt ce livre a pris une dimension toute particulière, car il fûtle dernier cadeau offert par son père avant son départ pour un camp de prisonniers de guerreen Ethiopie. En hommage à ce père adoré et à son enfance bercée par les histoires de pirates,c’est tout naturellement que Pratt a adapté les aventures de Long John Silver et de Jim Hawkinsainsi qu’un autre roman de Stevenson Enlevé. Casterman réédite aujourd’hui ces deux oeuvres essentielles dans un seul volume qui ravira lesadmirateurs de Pratt et de Stevenson.

Green Manor, Bodart et Velhmann, Dupuis, 35 €

Au Green Manor’s Club, cercle londonien très fermé, on peut entre autres déguster un bon whisky enfumant un cigare, mais ses membres y viennent aussi pour une toute autre raison. Car ce qui inté-resse principalement ces messieurs c’est d’élaborer le crime parfait. Au programme donc : humourféroce et petits meurtres entre amis.C’est pour notre plus grand plaisir que Dupuis réédite dans un très beau volume les quatre tomes decette géniale bande dessinée.Avec « Green Manor » vous ferez à coup sûr un cadeau « mortel ».

L.Paillet

Blacksad, Diaz Canales, Guardino, Dargaud, 13,50 €Après cinq ans d'attente, le nouveau Blacksad est enfin arrivé ! Quand on a attendu longtemps la suite d'une bande-dessinée on peut-être piqué d'une légèreangoisse juste avant d'ouvrir l'album... Va t-il être à la hauteur des précédents ? Et bien oui il l'est !Et largement ! Les dessins de Guarnido sont toujours aussi magiques et le scénario de Diaz-Canales, digne desmeilleurs polars. Blacksad et son fidèle acolyte reporter, Weekly, s'en vont cette fois enquêter à laNouvelle-Orléans. Sur fond de musique jazz, à la recherche d'un musicien disparu, notre tandemse fait embarquer dans une sombre histoire de drogue. Ce nouvel opus est également l'occasiond'en découvrir un peu plus sur le personnage de Blacksad. Pour ceux qui ne le connaissent pasencore, empressez-vous de découvrir les quatre volumes de ce chef d'oeuvre de la bande-dessi-née. Et pour ceux qui auraient envie d'en découvrir un peu plus sur les dessins de Guarnido,Dargaud édite également deux très beaux albums intitulés Blacksad. L'histoire des aquarelles .

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AN

IMA TIONS

Tom Sawyer, Mark Twain

Le Squarelibrairie de l’Université

2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163

La Gazette du Square, directrice de publication et rédactrice en chef : F.FolliotRédacteurs : L.Blondel, F.Calmettes, F.Folliot, G.König, C.Meaudre, L.Paillet, V.Salamand, N.Trigeassou

Gazette réalisée avec le soutien de la Région Rhône-Alpes

Le nouveau dossier des librairiesInitiales

est arrivé. Demandez le à votre libraire.Le rire en plus

“Une fois de plus, vos libraires se sont démenéspour vous concocter un dossier thématique et biblio-graphique fourni, enrichi de portraits et d’un entre-

tien, dans lequel chacun devrait trouver chaussure àson humour, de quoi résister à cette rentrée musclée

et passer l’hiver avec la banane !”

C'est en 1835 que naît Mark Twain. S’opposant à l’esclavagisme il refuse de se battre pendantla Guerre de Sécession et s’enfuit à l’Ouest. Après la guerre il entame une carrière d’écrivain etconnait un succès mondial en 1876 avec les aventures de Tom Sawyer et d’Huckleberry Finnen 1885. Il décède en avril 1910 dans le Connecticut.

Tom Sawyer détective, tous publicsDans cette aventure inédite Tom et Huck poursuivent une nouvelle enquête sur le pont du bateau àvapeur descendant le Mississippi jusqu'à la ferme de l’oncle Silas. Diamants dérobés par un étrangevoleur à ses propres complices, meurtre d'un certain Jubiter commis la nuit-même de leur arrivée chezl'oncle de Tom, les deux amis n’auront de cesse de résoudre toutes les intrigues qu’ils rencontreront. En septembre 2008 paraissait aux éditions Tristram une nouvelle traduction des Aventures de TomSawyer et de Huckleberry Finn, deux livres qui ont marqué la littérature contemporaine. Cette éditionintégrale du texte de Twain, qui constitue une bonne introduction à la littérature américaine pour jeuneslecteurs est sublimée par l’illustration de Christel Espié. Chaque planche de peinture est éblouissante,son style parfaitement adapté au sujet. La préciosité, l’élégance, le soin méticuleux apporté à l’exécu-tion des détails ainsi que le raffinement de la mise en page font de cet ouvrage un magnifique cadeau.

Les illustrations de Tom Sawyer détective sont exposées dans la librairie

V.Salamand

Exposition François Schuitendu 1 novembre au 1 janvier

Les mers perdueslégendées par Jacques Abeille

Affiches en vente. Dessins originaux tirés en 7 ex numérotés, légendes manuscrites et dessin original

En bref...Janvier...en bref ...

Rencontre/Débat

Michel Serresle 20 janvier à 20h00

à l’occasion de la sortie deBiogée,

Editions Dialogues

Salle de conférence Crdp GrenobleAv, Marcellin Berthelot

En bref ...rappel...Décembre2 décembre, 18h30, Roland Le Mollé,

Pontormo, Actes Sud

10 décembre, 17h dédicace et 18h30 débat, Claudie GallayL’amour est une île, Actes Sud

15 décembre, 15h, Marc Koutekissa , auteur-éditeur Cyr, Contes du bénin, du Congo, du Gabon


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