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Institut Montaigne Business School

Date post: 08-Oct-2015
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Étude de pistes de réforme de l'enseignement supérieur français (cas des écoles de commerces)
125
 Business schools : rester des champions dans la compétition internationale RAPPORT  NOVEMBRE 2014
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    Business schools : rester des champions dans la comptition internationale

    R A P P O R T N O V E M B R E 2 014

  • LInstitut Montaigne est un laboratoire dides - think tank - cr fin 2000 par Claude Bbar et dirig par Laurent Bigorgne. Il est dpourvu de toute attache partisane et ses financements, exclusivement privs, sont trs diversifis, aucune contribution nexcdant 2 % de son budget annuel. En toute indpendance, il runit des chefs dentreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des reprsentants de la socit civile issus des horizons et des expriences les plus varis. Il concentre ses travaux sur quatre axes de recherche :

    Cohsion sociale (cole primaire, enseignement suprieur, emploi des jeunes et des seniors, modernisation du dialogue social, diversit et galit des chances, logement)

    Modernisation de laction publique (rforme des retraites, justice, sant)

    Comptitivit (cration dentreprise, nergie pays mergents, financement des entreprises, proprit intellectuelle, transports)

    Finances publiques (fiscalit, protection sociale)

    Grce ses experts associs (chercheurs, praticiens) et ses groupes de travail, lInstitut Montaigne labore des propositions concrtes de long terme sur les grands enjeux auxquels nos socits sont confrontes. Il contribue ainsi aux volutions de la conscience sociale. Ses recommandations rsultent dune mthode danalyse et de recherche rigoureuse et critique. Elles sont ensuite promues activement auprs des dcideurs publics.

    travers ses publications et ses confrences, lInstitut Montaigne souhaite jouer pleinement son rle dacteur du dbat dmocratique.

    LInstitut Montaigne sassure de la validit scientifique et de la qualit ditoriale des travaux quil publie, mais les opinions et les jugements qui y sont formuls sont exclusivement ceux de leurs auteurs. Ils ne sauraient tre imputs ni lInstitut, ni, a fortiori, ses organes directeurs.

  • Il nest dsir plus naturel que le dsir de connaissance

  • Business schools : rester des champions dans la comptition internationale

    N O V E M B R E 2 0 1 4

  • 1INTRODUCTION .............................................................................. 3

    I - LES BUSINESS SCHOOLS DANS LA COMPTITION MONDIALE ... 9

    1.1. Le dveloppement dun march mondial de lenseignement suprieur ................................................. 9

    1.2. Le dfi des pays mergents ................................................ 18

    1.3. Un modle dexcellence qui atteint les limites de ses performances .......................................................... 24

    II - REPENSER LCOSYSTME DES BUSINESS SCHOOLS ............. 35

    2.1. Forces et faiblesses du recrutement par les classes prparatoires ..................................................... 35

    2.2. La ncessaire convergence grandes coles-universits ........... 43

    III - LES BUSINESS SCHOOLS : UN MODLE RINVENTER .......... 57

    3.1. Un modle conomique revoir .......................................... 57

    3.2. Adopter de nouveaux business models ................................. 68

    3.3. Repenser et ouvrir la gouvernance des business schools ........ 78

    ANNEXES .............................................................................................. 83

    REMERCIEMENTS .............................................................................. 105

    SOMMAIRE

  • 3Les business schools, pionnires dans lenseignement suprieur franais en matire dinternationalisation, de lien avec les entreprises, de professionnalisation des cursus ou encore doffre de formation professionnelle en particulier grce au soutien historique des chambres de commerce , ont d faire face de nombreux dfis et critiques au cours des dernires annes. Les procdures daccrdi-tation internationale (AACSB, AMBA, EFMD)1 sont accuses davoir homognis voire nivel les cursus et la stratgie des coles, et la crise de 2008 a exacerb le dbat concernant les enjeux thiques de la formation des managers. Ces critiques, mais aussi le contexte de concurrence nationale et globale dans lequel elles sinscrivent, invitent les business schools se rinventer.

    Bien que les business schools forment une niche dexcellence au sein de lenseignement suprieur franais notamment grce la reconnaissance internationale que leur confrent les classements et les accrditations , leur modle conomique et leur gouvernance apparaissent depuis quelques annes plus fragiles que ceux de leurs consurs europennes, amricaines et asiatiques. Ces cham-pions de notre enseignement suprieur semblent avoir atteint les limites de leurs performances et leur avenir suscite des inquitudes.

    En effet, leur environnement est devenu trs concurrentiel. Leur attractivit se mesure dsormais en grande partie leur capacit attirer les meilleurs tudiants et professeurs lchelle mondiale. Ce contexte remet en cause leur modle classique de dveloppement :

    1 Voir lencadr Les diffrents systmes daccrditation , p.22.

    INTRODUCTION

    Sommaire

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    des tudiants en classes prparatoires socialement peu divers, un dveloppement distance du ministre de lEnseignement suprieur mais sous la tutelle des CCI (Chambres de commerce et dindustrie) pour la plus grande partie du peloton de tte , sans vritable insertion dans leur tissu universitaire proche ; il touche tout la fois leur gouvernance, leur modle conomique et scientifique. La question de la viabilit du business model de ces coles se pose dsormais avec acuit. En vingt ans, les frais de scolarit ont t multiplis par deux et demi : en 1994, les trois annes passes dans une business school cotaient au total entre 100 000 et 110 000 francs soit 15 000 16 000 e , ce qui nest pas loin dtre aujourdhui le prix dune seule anne de master en management. Malgr cette forte augmentation de leurs droits dinscription, les marges de manuvre financires des business schools franaises ne cessent de se rduire et mettent en pril leur ambition de rayonnement international. Les incertitudes qui psent sur la prennit de leur financement ont plusieurs fondements : baisse des ressources affectes aux CCI et issues de la taxe dapprentissage, ncessit dinvestir pour rester dans la concurrence internationale, faiblesse relative des liens avec leur environnement socio-professionnel, absence de puissants rseaux danciens et dune gouvernance de standard international intgrant ces rseaux.

    Les business schools franaises peuvent et doivent miser sur les nouvelles ressources potentielles qui soffrent elles. Si les coles franaises brillent toujours sur le march du master pr-exprience en deux ans vritable format en passe de simposer lchelle internationale , elles y sont soumises toujours plus de concurrence. Traditionnellement, elles ont pein simposer sur le march du MBA hormis lINSEAD et HEC , et le paradoxe est quelles sont devenues plus oprationnelles sur ce march au moment o il est entr en turbulence sous leffet de la crise conomique et

    Sommaire

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    financire des dernires annes. Comment maintenir leur avance dans le master in management , trouver un nouveau souffle au niveau MBA et surtout inventer les programmes du XXIe sicle ? Il ne fait aucun doute que les business schools doivent investir mas-sivement dans la rvolution numrique si elles veulent matriser les profonds bouleversements qui sannoncent dans les pratiques pdagogiques, dvelopper de nouvelles ressources et inventer un business model viable pour les prochaines dcennies.

    Depuis 2007, lautonomisation des universits publiques et lamlio-ration relative de leur niveau de financement par le truchement des investissements davenir par exemple , interrogent de faon globale lavenir des grandes business schools franaises : ont-elles une gou-vernance la fois suffisamment acadmique et connecte sur la ralit de lentreprise, cette alchimie trs spciale qui fait la force du modle amricain ? Ont-elles les moyens de leurs ambitions dans une rvo-lution numrique o comptent par-dessus tout la ractivit, la flexibilit et linnovation ? Quelle place peuvent-elles trouver au sein dun paysage acadmique franais et mondial en pleine transformation ?

    Sil est vrai que, traditionnellement, les business schools ont su constituer des cellules de comptitivit et dexcellence au sein de lenseignement suprieur franais, garderont-elles ce rle dans les prochaines annes ? quelles conditions ? Peuvent-elles russir la fois leur insertion dans la comptition internationale et relever le dfi de la mixit sociale ?

    Les volutions luvre dans les business schools se produisent dans un moment particulier, celui de la remise en cause de la for-mation des futures lites. Ce rapport offre une analyse de la situation et avance dix propositions. Il poursuit les rflexions engages par

    5Sommaire

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    lInstitut Montaigne ds sa cration pour le rayonnement de lensei-gnement suprieur franais2.

    Business schools : de quoi parle-t-on ?

    Les business schools sont des tablissements denseignement sup-rieur proposant des formations initiales (masters, bachelors, etc.), post-exprience (mastres spcialiss, MBA, etc.) ou continues (EMBA, Executive Education). Elles ont t cres, au XIXe sicle, dans le cadre de la premire Rvolution Industrielle, pour former des entrepreneurs et des ngociants, puis se sont plus spcifiquement consacres au XXe sicle, ge de la rvolution managriale la formation des cadres suprieurs. Aujourdhui, sous limpulsion de la rvolution numrique on assiste en leur sein un retour de la demande de formation lentrepreneuriat. Les business schools sont historiquement issues, en France, des Chambres de Commerce et dIndustrie (CCI). Cette situation a volu sensiblement avec le dveloppement dcoles prives ds la fin des annes 1960 (ISG, ISC, EBS, INSEEC, etc.). Il existe principalement trois modes dadmis-sion dans ces coles : sur concours aprs deux annes de classes prparatoires, aprs le bac pour les coles en cinq ans, ou aprs une licence ou un bachelor, pour ce quon appelle encore, injuste-ment, les admissions parallles .

    2 Institut Montaigne, Adapter la formation de nos ingnieurs la mondialisation, tude, fvrier 2011.Institut Montaigne, Gone for Good? Partis pour de bon ? Les expatris de lenseignement suprieur franais aux tats-Unis, tude, octobre 2010.Institut Montaigne, Pour une contribution plus juste au financement de lenseignement suprieur, note, octobre 2008.Institut Montaigne, Avoir des leaders dans la comptition universitaire mondiale, rapport, octobre 2006.Institut Montaigne, Enseignement suprieur : aborder la comptition mondiale armes gales ?, rapport, novembre 2001.

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    La premire business school au monde est lcole Suprieure de Commerce de Paris (ESCP), fonde en 1819 pour doter les futurs entrepreneurs dune solide culture gnrale en mme temps que de techniques de gestion. Dans les annes qui suivent sa cration, un tiers des tudiants sont trangers et la formation est trs oriente vers la pratique : lESCP possdait ds lorigine une salle de simulation des oprations boursires. Ouverture internationale et orientation rsolument pratique cdrent progressivement la place, lESCP comme ailleurs, une orientation nationale et des enseignements plus abstraits. Le XXe sicle des business schools fut amricain : cest en 1881 que Wharton vit le jour. La Harvard Business School, premire dlivrer le diplme de MBA, fut fonde en 1910. Si le XIXe sicle avait t le sicle des coles de commerce, le XXe sicle fut celui des coles de management. Et, dans cette nouvelle constellation, les coles franaises ne brillrent jamais autant que leurs consurs amricaines car elles se sp-cialisrent dans la formation de ce que lon appelle aujourdhui le management intermdiaire la diffrence des coles am-ricaines ds lorigine envisages pour le top management ; en France ce dernier tait plutt issu des grandes coles ding-nieurs. Cette rpartition des rles, assez typique des Trente Glorieuses , tend seffacer un moment o coles dingnieurs comme coles de management redcouvrent lentreprise, en particulier du fait de la rvolution numrique. Une nouvelle re souvre pour les coles franaises, la fois porteuse dun retour aux sources (esprit dentreprise, ancrage dans la pratique, ouver-ture internationale) mais galement de grosses incertitudes du fait de la concurrence dsormais mondiale et des difficults de financement que traverse le secteur.

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    La plupart des coles amricaines bnficient de financements privs depuis leur origine, ce qui est moins le cas des coles franaises. La collecte de fonds privs, via des fondations par exemple, a surtout dcoll pour ces coles au cours des dix dernires annes. Si les business schools amricaines ont nor-mment datouts dans la comptition internationale, les coles franaises ont aussi une carte jouer dans la recomposition du paysage universitaire mondial mais il faut pour cela quelles inventent de nouveaux business models.

    En France, plusieurs noms ont servi historiquement dsigner ces tablissements (cole spcialise de commerce et dindustrie, cole suprieure de commerce, Sup de Co, business school, management school, etc.). Nous les dsignerons principalement dans ce rapport par lappellation business schools . Ce travail se concentre sur les prs de 85 coles suprieures de commerce et de gestion (ESCG) reconnues et habilites par ltat dcerner un diplme de niveau master3.

    3 En 2009-2010, 84 coles suprieures de commerce et de gestion (ESCG) sont reconnues et habilites dlivrer un diplme. La catgorie des coles consulaires [] reprsente 27 coles. Cour des comptes, Les coles suprieures de commerce et de gestion (ESCG) : un dveloppement rguler, Rapport public annuel, fvrier 2013.

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    LES BUSINESS SCHOOLS DANS LA COMPTITION MONDIALE

    1.1. Le dveloppement dun march mondial de lenseignement suprieur

    1.1.1. Lenseignement suprieur franais : un processus de rformes inachev

    En 2000, lUnion europenne adoptait la stratgie de Lisbonne qui fixait un cap ambitieux : faire de lespace communautaire lconomie de la connaissance la plus comptitive du monde dici 2010. Afin de se conformer ces nouveaux standards europens et de faire entrer pleinement la France dans lconomie de la connaissance, lenseignement suprieur franais a fait lobjet de pas moins de trois lois et de quinze annes de rformes ininterrompues. Or, force est de constater que les business schools franaises nont t que par-tiellement incluses dans lentreprise collective de rforme. Elles ont fait de leur ct un effort de transformation, remarquable bien des gards, mais dont il est dommage quil nait pas plus profit lensemble de lenseignement suprieur, et qui atteint aujourdhui ses limites, en particulier pour des raisons financires.

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    Quinze ans de rformes de lenseignement suprieur

    2002 : La rforme Licence-Master-Doctorat transforme larchi-tecture des diplmes franais afin de permettre une plus grande lisibilit des parcours et de leur assurer ainsi une meilleure reconnaissance au niveau europen, avec trois grades princi-paux : licence (bac+3), master (bac+5) et doctorat (bac+8). Cette rforme a aussi instaur la semestrialisation des ensei-gnements, lorganisation des cours en units denseignement et linstauration de crdits europens. La rforme LMD, adopte par les business schools comme par les autres coles, a conduit une meilleure identification internationale de notre savoir-faire en termes de masters pr-exprience professionnelle.

    2006 : La Loi de programme pour la recherche de 2006, promulgue par le gouvernement Villepin, finance les crdits de la mission interministrielle recherche et enseignement suprieur hauteur de 19,4 Mdse sur la priode 2005-2010. Elle cre le Haut conseil de la Science et de la Technologie, rattach la Prsidence de la Rpublique. Elle instaure les rseaux thmatiques de recherche avance (RTRA), regrou-pements dtablissements de recherche et denseignement suprieur publics ou privs, mais aussi dentreprises autour dun ou plusieurs domaines de recherche. Sont galement institus les ples de recherche et denseignement suprieur ou PRES : il sagit dune vingtaine de regroupements dtablis-sements denseignement suprieur et de recherche, dont la taille critique cumule doit permettre datteindre une visibilit internationale. Lun des enjeux principaux est de crer, terme,

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    des comprehensive universities : une politique de site des organismes de recherche est initie et les grandes coles sont galement incites rejoindre les PRES. Le Comit national dvaluation des tablissements publics caractre scientifique, culturel et professionnel et le Comit national dvaluation de la recherche sont fusionns pour crer lAgence dvaluation de la recherche et de lenseignement suprieur, avec un statut dautorit administrative indpendante. Enfin, la loi de 2006 est lorigine de lAgence Nationale de la Recherche charge de financer la recherche selon le principe dappels projets. Paralllement, depuis les annes 1990, les business schools ont entrepris de devenir des research schools, sous la double incitation de la comptition internationale et des nouvelles possibilits de financement que procure la loi de 2006.

    2007 : La Loi relative aux liberts et aux responsabilits des universits (ou loi LRU) modifie le mode de gouvernance des tablissements publics denseignement suprieur. Dsormais autonomes sur le plan budgtaire, les universits prennent leur compte la gestion de leurs ressources humaines avec des pr-sidents et des conseils centraux aux pouvoirs renforcs. Les conseils dadministration sont ouverts des personnalits venues dautres sphres socio-conomiques. Les universits qui le sou-haitent peuvent galement obtenir la dvolution de leur patrimoine immobilier.

    Les dispositions lgislatives de lanne 2014 sur lautonomie des coles consulaires (coles rattaches une CCI), ouvrent la voie des business schools en phase avec leur environnement national et international du point de vue de la gouvernance.

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    2008 : Le Plan Campus (ou Opration Campus), lanc par la

    ministre de lEnseignement suprieur et de la Recherche, Valrie Pcresse, vise faire merger en France douze ples univer-sitaires dexcellence de niveau international , au moyen de dotations exceptionnelles et de partenariats public-priv. Les projets, financs hauteur de 5 Mdse par le produit de la pri-vatisation partielle dEDF, rassemblent en gnral plusieurs uni-versits regroupes dans un PRES. Les business schools nont pas t concernes par le Plan Campus or, aujourdhui, il ne faut pas sous-estimer lampleur des investissements raliser pour rester comptitif face aux concurrents internationaux et pour adapter les btiments la rvolution numrique ; dans le cas des coles consulaires, cette question est dautant plus aigu que les CCI voient leurs ressources se rduire.

    2009 : Mise en uvre du grand emprunt ( investissements davenir ), dont 22 des 35 Mdse vont lenseignement suprieur et la recherche. Six objectifs sont alors dfinis : 1. Identifier lexcellence en recherche fondamentale partout o elle se trouve. 2. Continuer le regroupement des forces de recherche (LABEX). 3. Doter la recherche franaise des qui-pements en particulier numriques dont elle manque encore cruellement (EQUIPEX). 4. Favoriser linnovation (renforcement des instituts Carnot, IRT, IEED) 5. Encourager la valorisation de la recherche (SATT). 6. Faire merger entre cinq et dix universits globales capables dintgrer le top 100 du classe-ment de Shanghai (IDEX, voir ci-dessous). La participation des business schools ces appels projets est finalement reste marginale.

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    2011 : Les initiatives dexcellence ou IDEX sont des projets

    de recherche scientifique financs hauteur de 7,7 Mdse par le grand emprunt et destins faire merger en France cinq dix ples pluridisciplinaires dexcellence denseignement sup-rieur et de recherche de rang mondial 4. En deux vagues successives, Aix-Marseille, Bordeaux, HSam, Universit de Lyon, Paris-Saclay, Paris Sciences et Lettres, Sorbonne Paris-Cit, Sorbonne Universits, Universit de Strasbourg sont slec-tionns. La participation des business schools a t trs variable : celle dHEC a t dcisive pour le succs de Paris-Saclay ; ESCP Europe est un membre actif dHSam (Hautes Etudes/Sorbonne/ Arts et Mtiers) ; lEM Strasbourg est pleine-ment intgre son universit ; en revanche ni Euromed ni Bordeaux cole de Management (aujourdhui fusionnes dans Kedge) nont t associes aux initiatives dexcellence de leurs voisins acadmiques ; quant lINSEAD, elle est entre dans Sorbonne Universits, ce qui renforce sa propre marque grce au label Sorbonne .

    2013 : La loi sur lenseignement suprieur et la recherche a pour objectif de parvenir 50 % de diplms du suprieur dans chaque classe dge. Cette rforme vise rendre les structures plus participatives et acclrer lintgration des PRES, qui doivent saligner sur un modle juridique unique et se transforment en Comue (Communauts duniversits et tablissements), dsormais interlocuteurs de ltat pour les

    4 Agence Nationale de la Recherche (ANR), Appel projets Initiatives dexcellence , 2010.

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    contrats pluriannuels de dotation. Cela doit renforcer une logique de site et lenseignement suprieur doit tre mieux insr dans son environnement socio-conomique. Nous expliquons plus loin pourquoi il nous semble essentiel que les business schools profitent de ce nouveau contexte.

    Ces efforts ont t entrepris par des majorits gouvernementales diffrentes, mais dans une logique de continuit, et ils constituent aujourdhui une base sur laquelle il est possible de capitaliser. Cependant, dans ce contexte de rforme continue de lenseigne-ment suprieur universitaire engage depuis quinze ans en France et en Europe, les business schools franaises semblent avoir t oublies. En effet, si elles ont effectu, depuis les annes 1980, dimportantes mutations, celles-ci ont t accomplies sans coordi-nation avec lensemble des rformes de lenseignement suprieur. Alors mme que certaines dcisions ont impact directement le fonctionnement des coles comme la rforme LMD, par exemple , les business schools ont souvent fait cavalier seul ou ont t tout simplement ignores par ces grandes rformes. Cette situation reflte un vieux mal franais : la difficult faire avancer conco-mitamment lensemble des composantes de lenseignement sup-rieur public les coles consulaires tant lune de ces composantes. Ce constat est dautant plus prjudiciable pour les business schools que beaucoup se trouvent aujourdhui dans une conjoncture bud-gtaire prcaire. Fortes de relations troites avec les entreprises et dun savoir-faire prouv dans la formation des cadres dirigeants, les business schools auraient pu mettre cette exprience et ce savoir-faire au service des universits et bnficier en retour dune partie des rformes de gouvernance et des investissements raliss.

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    Ltat a pu donner limpression de se dsintresser du sort des business schools, cautionnant en quelque sorte lide reue selon laquelle ces coles, tant donn le public tudiant auquel elles sadressaient et les mtiers auxquels elles formaient, avaient tous les moyens financiers requis. Ce faisant, ltat a nglig son rle de stratge et de coordinateur de lensemble de lenseignement suprieur dont les business schools sont un atout-matre pour la comptitivit de lconomie franaise, un moment o le pays a plus que jamais besoin de managers qui soient aussi des entre-preneurs et des innovateurs. Nous parlons bien dun rle de stratge et coordinateur pour la puissance publique, adapt lpoque et la mondialisation, et non pas dun rle oprationnel, appartenant une poque rvolue.

    1.1.2. Une internationalisation croissante

    Dans une conomie de la connaissance et de la crativit mondia-lise, la performance de notre enseignement suprieur est un enjeu fondamental. Au cours des dernires annes, la constitution dun march international de lenseignement suprieur sest acclre, notamment sous leffet de trois phnomnes : la croissance des taux de scolarisation, le dveloppement dune rvolution numrique et la mondialisation des besoins des entreprises5. Les tablissements sont de plus en plus mis en concurrence lchelle mondiale et le dveloppement des classements internationaux, comme leur grande visibilit mdiatique, refltent et amplifient ce phnomne. cet gard, les business schools ont fait figure de pionnires en France et leur appartenance au groupe de tte dans les classements internationaux est synonyme dinternationalisation russie.

    5 Catherine Paradeise, Universits : un march mondial de la connaissance, Cahiers franais, 2012.

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    Pour les business schools, louverture internationale sest traduite par une forte croissance du nombre denseignements dispenss en langue trangre. Alors quen 2013 lintroduction de cours en langue anglaise luniversit a fait abondamment dbat durant llaboration du projet de loi sur lenseignement suprieur, les busi-ness schools ont tranch cette question et gnralis cette pratique depuis de nombreuses annes.

    Le recrutement des enseignants sest galement internationalis. En 2013, dans les trente plus grandes business schools franaises, un tiers des enseignants tait tranger6. De mme, les cursus scolaires proposs aux tudiants ont sensiblement volu ces dernires annes, prvoyant des priodes de stage en entreprises plus longues et des changes acadmiques ltranger. Pour les tudiants des pro-grammes grande cole 7, la dure minimale obligatoire ltran-ger est de 7,7 mois en moyenne8.

    Lapparition dun march mondial de lenseignement suprieur sest aussi traduite, pour les tablissements franais, par la multiplication des partenariats avec des universits trangres. Selon une enqute ralise par le magazine hebdomadaire Le Point en 2013, portant sur 45 programmes et laquelle ont particip 37 coles de com-merce9, 42 % des tudiants de bachelor obtiennent un double diplme avec une universit trangre. Certaines business schools ont galement dvelopp une stratgie douverture de campus

    6 Cour des comptes, Les coles suprieures de commerce et de gestion : un dveloppe-ment rguler, rapport, fvrier 2013.

    7 Il sagit des tudiants ayant intgr les business schools aprs deux annes de classes prparatoires.

    8 Ibid. 9 Anne-Nomie Dorion, Notre classement des ESC dlivrant le grade de Master, Lepoint.fr,

    14 fvrier 2013.

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  • I . L E S B U S I N E S S S C H O O L S D A N S L A C O M P T I T I O N M O N D I A L E

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    ltranger. ESCP Europe est ainsi aujourdhui une structure multi-campus, prsente dans pas moins de cinq grandes villes europennes (Paris, Londres, Berlin, Madrid et Turin). LESSEC a suivi lINSEAD Singapour. De mme, SKEMA Business School fonde son dve-loppement sur louverture de campus ltranger : dabord Suzhou, prs de Shanghai afin de bnficier du dynamisme de lconomie chinoise , puis elle prvoit louverture de deux campus en Inde et au Brsil et est en discussion pour louverture dune classe prpa-ratoire auprs de lUniversit de Raleigh en Caroline du Nord. Signe de la grande ouverture internationale des business schools fran-aises, lissue de leur cursus, 25 % de leurs diplms dbutent leur carrire ltranger10.

    Cependant, linsertion au sein de ce march mondial est trs variable selon les diffrentes business schools et ne sest pas faite sans peine. En effet, si ces coles comptent une part croissante denseignants trangers, dimportantes disparits sont noter. Dans son rapport, la Cour des comptes souligne quen 2012 seulement 17,5 % des effectifs enseignants sont de nationalit trangre au sein de lESC Montpellier contre 58 % HEC. De mme, si les tudiants trangers reprsentent en moyenne 18 % des effectifs des ESCG tudies par la Cour des comptes, la formation Grande cole 11 de lESCP compte 48,1 % dtudiants trangers parmi ses diplms, tandis que cette proportion ne dpasse pas 7 % lESC Montpellier12.

    10 Rapport de la Cour des comptes, 2013, op.cit.11 Par opposition aux formations mastre spcialis et MBA .12 Rapport de la Cour des comptes, 2013, op.cit.

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    1.2. Le dfi des pays mergents

    1.2.1. La hausse du nombre dtudiants dans le suprieur

    La concurrence nouvelle exerce par les universits des pays mergents, dont la proportion dtudiants dans le suprieur ne cesse daugmenter, est un fait relativement rcent qui sexprime aujourdhui avec force. En 2013, on comptait 150 millions dtu-diants13 dans le monde, soit une augmentation denviron 53 % des effectifs depuis 200014. Cet essor devrait se poursuivre ces pro-chaines annes puisquen 2020 le nombre de diplms de lensei-gnement suprieur devrait atteindre plus de 200 millions dans les pays de lOCDE et du G2015.

    La rapide expansion de lenseignement suprieur sest accompa-gne dun bouleversement de la rpartition gographique des tudiants. Selon lOCDE, en 2000, 51 millions dindividus gs de 25 34 ans taient titulaires dun diplme de lenseignement suprieur dans les pays de lOCDE, contre 39 millions dans les pays du G20 non membres de lOCDE 16. Depuis 2010, ce rapport sest quilibr : on en compterait 66 millions dans les pays de lOCDE et 64 millions dans les pays du G20 non membres de lOCDE17.

    13 Benot Floch, Lirrsistible essor des tudiants mergents , lemonde.fr, 1er janvier 2013.

    14 Philip G. Altbach, Liz Reisberg, Laura E. Rumbley, volutions de lenseignement suprieur au niveau mondial : vers une rvolution du monde universitaire, UNESCO, Rsum de la Confrence mondiale sur lenseignement suprieur, 2009.

    15 OCDE, Quelle est lvolution du vivier mondial de talents ?, Indicateurs de lducation la loupe, mai 2012.

    16 Ibid. 17 Ibid.

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    De plus, les diplms en provenance des pays mergents reprsentent une part croissante des diplms au niveau mondial. La Chine a multipli par cinq le nombre de ses diplms du suprieur en dix ans et souhaite, quen proportion, ceux-ci reprsentent 20 % des citoyens chinois dici 2020. Si elle parvient atteindre cet objectif, la Chine comptera un nombre de diplms de lenseignement sup-rieur quivalent lensemble de la population amricaine des 25-64 ans18. Si les tendances engages actuellement se main-tiennent, la Chine et lInde formeront en 2020, 40 % des jeunes diplms de lenseignement suprieur dans le monde, contre un peu plus de 25 % pour les tats-Unis et les pays de lUnion europenne. Ces chiffres soulignent une perte trs claire du monopole des pays occidentaux en matire de formation dans lenseignement suprieur19.

    Nanmoins, la France reste la troisime destination mondiale pour les tudiants trangers : notre pays a ainsi accueilli 271 399 tudiants internationaux, soit 7 % du total des tudiants trangers en mobilit, en 201220. La France tire galement parti de lattractivit encore forte de lEurope lchelle internationale ; en 2012, trois des cinq premiers pays daccueil des tudiants interna-tionaux sont europens21.

    18 Ibid.19 Benot Floch, op.cit.20 Campus France, Lessentiel des chiffres cls, n 9, septembre 2014.21 tats-Unis (18,6 %), Royaume-Uni (10,7 %), France (6,8 %), Australie (6,3 %) et

    Allemagne (5,2 %) in Campus France, Lessentiel des chiffres cls, n 9, septembre 2014, p. 5.

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    Proportion de diplms de lenseignement tertiaire gs de 25 34 ans dans les pays de lOCDE et du G20

    Anne 2000

    Anne 2010 Remarque : les chiffres prsents dans ce graphique sont des estimations ralises sur la base des donnesdisponibles.Source : OCDE, Quelle est lvolution du vivier mondial de talents ?, Indicateurs de lducation la loupe,mai 2012.

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    Remarque : les chiffres prsents dans ce graphique sont des estimations ralises sur la base des donnesdisponibles.Source : OCDE, Quelle est lvolution du vivier mondial de talents ?, Indicateurs de lducation la loupe,mai 2012.

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    Anne 2020

    Les business schools franaises, dont la rputation constitue un facteur dattractivit trs fort pour notre pays, ont donc une carte jouer dans la recomposition actuelle de lenseignement suprieur lchelle mondiale. Cette comptition internationale reprsente un vritable dfi, en termes dinvestissements, quil sagisse dinstaller physiquement nos marques en Asie ou de toucher un maximum dtudiants sur lensemble de la plante par des plateformes num-riques. Par ailleurs, les business schools franaises doivent semployer la mise en uvre dune stratgie de dveloppement plus active destination des pays mergents et de lAfrique, qui constitue un continent stratgique pour la France22.

    22 Institut Montaigne, Afrique-France : mettre en pratique le co-dveloppement - Contribution au XXVIe sommet Afrique-France, rapport, dcembre 2013.

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    Remarque : les projections prsentes dans ce graphique ne tiennent pas compte de mesures daction publique mises en uvre dans certains pays afin daccrotre le nombre de diplms de lenseignement suprieur. Source : OCDE, Quelle est lvolution du vivier mondial de talents ?, Indicateurs de lducation la loupe, mai 2012.

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    Proposition n 1 : Initier une stratgie

    de dveloppement en Afrique.

    Deuxime rgion du monde, derrire lAsie, en termes de crois-sance du PIB durant la dcennie 2000, lAfrique est aujourdhui lun des moteurs de lconomie mondiale. La France y dispose davantages comparatifs sans pareil : une proximit culturelle, linguistique et gographique, dimportants atouts lis une prsence historique, lexprience des acteurs conomiques et au premier rseau diplomatique du continent.

    Par ailleurs, lenqute biennale de la Confrence des Grandes coles (CGE) sur la mobilit des tudiants claire lattractivit de la France : ainsi, entre 2011 et 2013, lAfrique est la rgion du monde pour laquelle le solde entres-sorties dtudiants de grandes coles est le plus favorable la France (+ 10 000)23.

    Toutes ces raisons doivent inciter les business schools jouer collectif pour dvelopper une stratgie africaine capable de donner naissance un ancrage durable sur le continent. Alors que les entreprises ont besoin de cadres forms aux problmatiques africaines, la France pourrait lancer un appel doffre international pour ouvrir un ou deux centres dexcellence en Afrique francophone et anglophone. Celui-ci serait accessible des coles franaises et internationales, permettant des partenariats innovants. Alors que lon estime plus de 700 millions le nombre de francophones en 2050 dont 80 % sur le continent africain , les business schools franaises doivent faire le pari de lAfrique.

    23 CGE, Les Grandes coles sur la scne internationale, Enqute mobilit 2013, 2014.

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    1.2.1. Lapparition des pays mergents dans les classements internationaux

    Si la France reste attractive pour les tudiants des pays mergents plus de 30 000 tudiants chinois ont choisi la France en 201224 , les tablissements denseignement suprieur des pays mergents simposent progressivement dans les classements universitaires inter-nationaux, rivalisant parfois avec certaines des meilleures universits mondiales.

    En 2014, lIndian Institute of Management de Calcutta occupait par exemple la 13e place dans le classement des meilleurs Masters en management au monde ralis par le Financial Times25, tandis que lUniversity of Hong Kong apparaissait au 4e rang dans le classement des meilleurs masters en finance26. Les instituts de technologie indiens, dont la plupart ont vu le jour dans la dcennie 2000, constituent un exemple clairant de la russite de ces nouveaux tablissements particulirement performants des pays mergents. Ces instituts, hautement slectifs, offrent des pro-grammes de qualit internationale. Dans le classement produit par le Times Higher Education Supplement (THES) de 2005, le groupe des instituts technologiques indiens occupait dj la 3e place des coles dingnieurs, talonnant ainsi le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et lUniversit de Berkeley27.

    Si les business schools franaises souhaitent conserver leur attrac-tivit et maintenir leur rang dans la comptition internationale,

    24 Campus France, septembre 2014, op.cit.25 Financial Times, Master in Management 2014, Business School Ranking. 26 Financial Times, Master in Finance 2014, Business School Ranking. 27 Jamil Salmi, Le dfi dtablir des universits de rang mondial, Banque Mondiale, 2009.

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    leur modle doit ncessairement sadapter aux volutions dune conomie de la connaissance et de la crativit en profonde mutation, dans laquelle les pays mergents jouent dsormais un rle de premier plan.

    1.3. Un modle dexcellence qui atteint les limites de ses performances

    1.3.1. Des coles bouscules par la mondialisation de lenseignement suprieur

    Lexpansion des grandes business schools aprs la Seconde guerre mondiale est lie leur positionnement spcifique au sein de lensei-gnement suprieur franais. Bnficiant de lessor conomique des Trente Glorieuses , elles ont t capables, partir des annes 1950, de dvelopper la qualit acadmique de leur formation tout en conservant leur capital ducatif spcifique, li historiquement un positionnement professionnalisant. Laugmentation des effectifs dans les classes prparatoires aux grandes coles (CPGE), partir des annes 1960, le passage deux annes de classes prparatoires dans les annes 1990, ont permis aux business schools dlever constamment le niveau de recrutement de leurs lves et de devancer les universits franaises pas ou peu slectives en disposant de moyens financiers plus substantiels, dun ancrage territorial important, de liens forts avec le tissu conomique local et dun capital relationnel prcieux grce aux rseaux des anciens.

    Avant lapparition des standards internationaux et lavnement des classements des business schools, le champ concurrentiel en matire de formation suprieure au management en France tait trs largement

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    circonscrit au territoire national. La rgulation de la concurrence se faisait principalement en fonction du degr de slectivit de chaque tablissement et de sa capacit attirer les meilleurs lves, ce qui dpendait en grande partie du dynamisme et des moyens propres chaque cosystme local. Si les business schools ont t pionnires en France dans louverture linternational, notamment en tablissant ds la fin des annes 1960 des relations avec les universits trangres, ces interactions consistaient alors principalement en des partenariats dchanges dlves ou des relations individuelles entre collgues professeurs souvent hrites dun sjour aux tats-Unis. En labsence de standards de comparaison internationaux, ceux-ci stablissaient sur la base de la rputation des coles lchelle nationale et respectaient ainsi la hirarchie domestique. Dans ce contexte, les changes internationaux relevaient de linitiative indivi-duelle et concernaient en premier lieu les tablissements leaders, disposant des moyens humains et financiers suffisants pour les orga-niser. Les business schools ont ainsi volu sous la tutelle bienveillante des CCI dans un environnement relativement protg jusquau milieu des annes 199028.

    Pionnires dans leurs efforts dinternationalisation29, les business schools franaises se sont rapidement engages, au cours de la dcennie 1990, dans la voie de la mondialisation de lenseignement suprieur. Les efforts considrables consentis pour exister sur un march de plus en plus concurrentiel, rgul par les labels et accrditations internationaux, ont entran une course aux dpenses plus douloureuse que pour dautres tablissements moins

    28 Tamym Abdessemed, Le modle grande cole dans la comptition mondiale, Revue franaise de gestion, 2007/9-10 n 178-179, p. 157-172

    29 ve Chiapello, coles de commerce : la pression de linternationalisation , Esprit, 2012/7, p. 18-25.

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    engags dans une comptition mondiale ou plus soutenus par ltat, telles les universits scientifiques et les coles dingnieurs. Contrairement aux universits ou aux autres grandes coles franaises (IEP, coles dingnieurs, etc.), les business schools ont t contraintes de trouver elles-mmes la plus grande partie des capacits et des stratgies de financement pour soutenir leurs efforts dinternationa-lisation. Ajoutons quelles ont aussi t soumises une concurrence interne croissante de la part dcoles prives, dont certaines for profit.

    Ainsi, les business schools franaises, dont les enseignements sont historiquement ancrs dans une formation pratique et profession-nalisante, ont d oprer en moins de deux dcennies une petite rvolution pour se doter de centres de recherche performants et pouvoir ainsi figurer dans les classements. La performance atteinte est impressionnante, cependant les limites de leffort fourni sont videntes : lINSEAD et HEC mises part, les business schools franaises peuvent occuper quelques niches dexcellence mais nont actuellement pas les moyens de devenir des leaders de la recherche internationale en gestion. Le seul maintien des positions acquises impose dj des dpenses consquentes de nombreuses coles, alors mme que leurs ressources vont se rarfier en raison de la baisse des financements issus de la taxe dapprentissage et de la contribution des CCI leur fonctionnement et leurs investis-sements, dans le cas des coles consulaires.

    La surprise rcente provoque par lIPAG cole prive ninvestissant que deux millions deuros par an dans sa recherche mais dont les rsultats dans les classements sont remarquables par rapport quelques business schools tablies, grce une stratgie de recru-tement de deux ou trois chercheurs hyper-publiants et un ciblage

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    trs prcis des revues30 , montre bien certaines difficults dadap-tation du systme traditionnel des business schools.

    Les coles ont pu, en partie, compenser ces nouvelles dpenses en ayant recours laugmentation rapide du nombre dtudiants notamment trangers , la cration de voies dadmissions parallles et en augmentant de faon substantielle leurs frais de scolarit. Les dix-huit grandes coles audites par la Cour des comptes ont, par exemple, vu leurs effectifs passer de 90 000 135 000 tudiants depuis 200831, soit une augmentation de 50 % en cinq ans souvent au prix dun vieillissement prmatur des locaux et des infrastructures32. Paralllement cette augmentation du nombre dtudiants, les frais de scolarit ont augment de 50 70 % depuis 2006 dans les trois business schools parisiennes et de 45 % lEM Lyon33.

    Alors quil parat difficile denvisager une telle croissance des frais dinscription pour les prochaines annes, lune des rponses trouves par certaines business schools a t la mise en place de regroupements ou de fusions avec dautres tablissements. Ces fusions constituent une rponse pour certaines coles de taille intermdiaire aux pressions qui sexeraient sur elles ; mais, si leur souci premier tait de mutualiser les moyens afin datteindre une masse critique ncessaire au financement des efforts de recherche,

    30 Les 60 enseignants-chercheurs permanents de lIPAG ont publi 81 articles dans des revues CNRS et Fnege en 2013 et ont obtenu une moyenne de 2,61 toiles par pro-fesseur. LIPAG dpasse ainsi lESSEC, qui totalise, en 2013, 43 articles et 116 toiles, soit une production de 1,14 toile par enseignant-chercheur permanent.

    31 Rapport de la Cour des comptes, 2013, op.cit. 32 David Bensoussan, Les coles de commerce grandissent sans limite , Challenges,

    13 fvrier 2013. 33 Rapport de la Cour des comptes, 2013, op.cit.

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    elles ne parviennent pas toujours former des ensembles cohrents et synergiques permettant la mise en uvre dun modle financier et pdagogique durable. On peut mme se demander si lavenir nest pas, plutt que dans le rapprochement entre business schools, dans la coopration avec des coles dingnieurs (exemple dAudencia et de Centrale Nantes ; stratgie dHEC et des coles dingnieurs du plateau de Saclay ; insertion dESCP Europe dans HSam, etc.). Dautres coles nont pas fait le choix de la fusion mais ont opt pour la mutualisation de certaines dpenses, lorganisation des concours de recrutement et la communication affrente notamment. Le concours Passerelle, cr il y a vingt-cinq ans et qui permet laccs douze business schools pour les tudiants titulaires dun bac+2 (Passerelle 1) ou dun bac+3/4 (Passerelle 2), offre un bon exemple de mutualisation de services russie. En 2014, 7 392 tudiants ont candidat pour obtenir une des 2 895 places disponibles34. Dautres coles ont choisi de mutualiser leurs btiments ; ainsi Grenoble EM et lEM Normandie ont ouvert un campus commun Paris.

    Les stratgies mises en place par les business schools afin dexister sur la scne internationale savrent donc coteuses et les solutions davenir sont encore trouver. La Cour des comptes a galement soulign que limpact des stratgies internationales na pas t rigoureusement valu et quelles ne sont pas forcment soutenables long terme, plus particulirement encore pour les business schools de taille intermdiaire.

    34 En 2014, le concours Passerelle 1 proposait 1 535 places et Passerelle 2 en offrait 1 360. Source : site www.capcampus.com, consult en novembre 2014.

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    Les diffrents systmes daccrditation

    Le plus ancien systme de certification des coles de commerce est celui de lAssociation to Advance Collegiate Schools of Business (AACSB, cr en 1916), qui notait ds lorigine les business schools amricaines selon des critres de qualit des professeurs et des contenus. Les critres du systme AACSB ont t dernirement largis afin de prendre en compte les spcificits des coles euro-pennes. En France, lESSEC a t la premire cole recevoir laccrditation AACSB, suivie par HEC et ESCP Europe.

    LEuropean Foundation for Management Development (EFMD) a cr plusieurs labels dont, en 1997, laccrditation EQUIS qui se veut plus adapte aux coles et aux universits europennes. Cette accrditation a t conue pour tre lEurope ce que lAACSB est aux tats-Unis. Les critres de notation prennent par exemple en compte le mode de recrutement des tudiants, les ressources financires de ltablissement ainsi que la qualit de la recherche mene dans ltablissement.

    LAMBA, dont les services sont bass Londres, est le systme daccrditation de rfrence pour les programmes de MBA (Master of Business Administration), DBA (Doctorate of Business Administration) et MBM (Master of Business and Management).

    Dix coles franaises jouissent mme dune triple accrditation AACBS-EQUIS-AMBA35. Mais, si les accrditations offrent aux

    35 Audencia, EDHEC Business School, EMLyon Business School, ESCP Europe, Grenoble cole de Management, HEC Paris, INSEAD, KEDGE Business School, NEOMA Business School et Toulouse Business School. Source : www.mba.today, site consult en novembre 2014.

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    business schools une visibilit internationale, elles demandent des investissements extrmement importants, en termes de temps consacr la mise en conformit avec les critres notamment.

    1.3.2. Des coles concurrences la fois dans leurs relations avec les entreprises et au sein du systme acadmique

    Intgrant les contraintes imposes par les classements et accr-ditations internationaux, les business schools franaises se sont peu peu loignes de leur cosystme traditionnel et des entre-prises. En effet, afin de se maintenir dans les classements, les tablissements ont t tents de mettre laccent sur la recherche plus valorise , au dtriment du dveloppement de liens avec les entreprises qui constituent pourtant le ciment du modle pdagogique traditionnel des business schools. Mme si beaucoup ont tradition-nellement le got et le savoir-faire ncessaires pour la formation continue et les programmes destination des entreprises, les pro-fesseurs des business schools ne sont pas incits y consacrer du temps, du fait de la primaut donne la recherche dans les grilles dvaluation.

    Avant les annes 1990, la concurrence des autres acteurs de lensei-gnement suprieur dans le domaine de la gestion et du management demeurait limite. La cration des instituts dadministration des entre-prises (IAE) date de la loi Gaston Berger de 1955 et il faut attendre le milieu des annes 1970 pour voir se dvelopper les sciences de gestion comme une filire universitaire part entire. La formation propose

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    par les business schools correspondait alors aux besoins des entreprises en cadres et dirigeants forms aux pratiques managriales. Elles avaient pour destinataires naturels les entreprises voluant sur le march natio-nal. Comme le fait remarquer Tamym Abdessemed, jusquau dbut des annes 1990 le systme ducatif des coles de commerce franaises tait caractris par un rapport de force favorable vis--vis dun march de lemploi stable et finalement peu exigeant, prenant sur lui doprer la mutation chez les diplms de leurs aptitudes intellectuelles vers des aptitudes professionnelles 36.

    Le modle des business schools franaises, cultivant une logique rigoureuse de slection et de prestige, a donc t fond sur une segmentation de loffre de formation en France en matire de management et de gestion. Le dynamisme des business schools par rapport aux universits tait dautant plus fort quelles voluaient en relative autarcie sur un march national dont les besoins en matire de formation au management taient connus et identifis. Dans ce contexte, les business schools franaises ont d sadapter de trs rapides bouleversements depuis les annes 1990 : mondialisation de la concurrence, modification des besoins des entreprises en matire de formation des lites et mise en commun des standards de formation europens. Les business schools ont donc fourni de remarquables efforts dadaptation mais elles ne sont aujourdhui quau dbut dun important processus de mutation.

    Depuis le milieu des annes 1990, les coles se sont engages dans lacadmisation du corps professoral mtamorphosant ainsi durablement leur lien avec les entreprises. Cette situation apparat, bien des gards, comme un paradoxe : en effet, une distance sest creuse alors que les entreprises nont jamais eu autant besoin

    36 Tamym Abdessemed, op.cit.Sommaire

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    dinnovations et que les business schools sont devenues des acteurs dexcellence de la recherche mondiale. Ainsi, alors que les business schools dispensent une formation ouverte sur linternational, sus-ceptible de rpondre aux dfis de la mondialisation conomique, de nombreuses entreprises ont choisi de dvelopper des universits dentreprise, prfrant internaliser une partie de la formation continue plutt que de la confier aux coles. Ce constat ngatif doit cependant tre attnu par le fait que les entreprises recrutent toujours massi-vement les tudiants forms dans les business schools et que ces dernires ont russi prserver des liens privilgis. Les business schools ont aussi su faire voluer leurs programmes de formation continue vers ce qui sapparente aujourdhui une offre complexe et sur mesure , alliant formation, coaching, conseil et recherche applique.

    Nanmoins, les business schools sont aujourdhui, sur le march franais, en concurrence directe avec dautres tablissements qui ont dvelopp, eux aussi, des relations avec les entreprises et qui simposent progressivement sur la scne nationale voire interna-tionale, remettant en cause le monopole acadmique. Outre la concurrence croissante dcoles prives, dont certaines for profit, luniversit publique a elle aussi fait monter en puissance ses for-mations et sa recherche dans le domaine du management. Luniversit Paris-Dauphine constitue ainsi un bon exemple dtablissement qui a pleinement russi largir son offre de formation en offrant la fois des cursus scientifiques, de gestion, dconomie et de droit. De mme, la Toulouse School of Economics (TSE) voit crotre ses effectifs depuis louverture de son undergraduate program . Paralllement, lapparition dans les classements internationaux des IAE souligne la forte dynamique qui entoure ces grandes coles des universits . Alors que les frais de scolarit sont bien moindres, les plus gros IAE

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    (Paris 1, Aix-Marseille, Toulouse 1, Lille 1, Grenoble 2, Paris 12, Nantes et Rennes en particulier) ont des rsultats comparables de nombreuses business schools, en termes dinsertion professionnelle notamment. Un constat similaire pourrait tre fait concernant le succs du master entrepreneuriat , de la filire finances et des quatorze Excutive masters de Sciences Po, qui viennent directement concur-rencer les plus grandes business schools franaises sur leur terrain. Mentionnons aussi la monte en puissance des masters 2 slectifs, proposs par de nombreuses universits, et dont les taux dinsertion professionnelle sont remarquables. Enfin il existe aujourdhui un nombre non ngligeable de formations au management dans les coles dingnieurs. Par ailleurs, les stages, autrefois rservs aux business schools, sont dsormais couramment pratiqus par les tablissements technologiques ou universitaires dans un contexte lgislatif de contrle trs strict des stages. Lapprentissage sest galement tendu, rapprochant la formation offerte dans les tablissements technologiques de celle des business schools.

    Universits, IAE, coles dconomie, coles dingnieurs, business schools, chacun de ces acteurs acadmiques a russi saffirmer dans un systme en pleine mutation ; mais on voit bien le danger de gaspillage des ressources quimplique une absence quasi-totale de coordination ; sans doute est-ce leur rapprochement qui per-mettra lmergence de la business school publique du XXIe sicle tandis que se seront renforces, sous leffet dinvestissements privs croissants dans le secteur ducatif en Europe, des coles prives, appartenant en particulier au secteur for profit.

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    Proposition n 2 : Faire encore davantage des business

    schools une force motrice pour lentrepreneuriat.

    Lavenir conomique de la France passe par la cration dentre-prises et le dveloppement dun rseau puissant dETI (Entreprises de taille intermdiaire). Si les business schools sont dj des vecteurs de lentrepreneuriat, il est ncessaire de le dvelopper davantage encore chez les tudiants de tous ges : cela passe notamment par lutilisation massive dtudes de cas de PME-PMI (Petites et moyennes entreprises-Petites et moyennes industries), par lmergence dune filire doctorale modernise (voir propo-sition n 5) mais aussi par la gnralisation de stages en PME-PMI ; par le dveloppement des incubateurs et des fonds damorage au sein des coles ; par la mise disposition de mtres carrs supplmentaires par les collectivits locales ; par une fiscalit attractive pour les donateurs et facile mettre en uvre pour les coles. On pourrait ainsi envisager la mise en place dune mesure fiscale incitative pour les PME/ETI qui inves-tissent dans les business schools.

    En outre, la reconnaissance de la cration dentreprises par les tudiants et les diplms dune cole est un critre qui devrait rapidement entrer dans les classements. Dans ce domaine, un lobbying devrait tre exerc auprs des accrditeurs et des pro-ducteurs de classement.

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    II

    REPENSER LCOSYSTME DES BUSINESS SCHOOLS

    2.1. Forces et faiblesses du recrutement par les classes prparatoires

    Bien que de relles avances aient t constates ces dernires annes, les business schools peinent accrotre leur ouverture sociale. Les coles recrutent encore majoritairement leurs tudiants sur concours, aprs deux annes de classes prparatoires. Or, les classes prparatoires se caractrisent par une homognit des profils et une forte reproduction sociale.

    Lendogamie sociale frquemment reproche aux business schools est donc en grande partie inhrente leur vivier de recrutement. Ainsi, la rentre 2011, 50 % des tudiants inscrits en classes prparatoires avaient un pre cadre suprieur ou exerant une pro-fession librale contre seulement 30 % dans lensemble de lensei-gnement suprieur37. Les bacheliers de premire gnration, cest--dire ceux dont aucun parent nest titulaire du baccalaurat, vont moins en classes prparatoires ce qui conduit ncessairement une forme de reproduction sociale38.

    videmment, cest lensemble du systme franais denseignement suprieur qui est concern : luniversit, non slective lentre,

    37 Ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche, Les tudiants en classes prparatoires aux grandes coles, Note dinformation, 2012.

    38 J-P. Caille et S. Lemaire, Les bacheliers de premire gnration : des trajectoires scolaires et des parcours dans lenseignement suprieur brids par de moindres ambitions, France, Portrait social, 2009.

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    engendre de fait une slection naturelle aux dpens de ceux qui ne savent pas comment y russir ou nont pas t aiguills vers les formations les plus appropries et les IUT (Instituts universitaires de technologie) prfrent accueillir des lves issus du baccalaurat scientifique que des baccalaurats technologiques.

    Provenance des entrants en L3 dans les business schools (5 159 tudiants)

    Provenance des entrants en %

    CPGE 1A 0,02

    Universit M1 0,02

    Autre formation franaise Bac +3 0,04

    Lyce 0,08

    Bachelor tranger 0,19

    Universit L3 0,33

    Autres origines 1,65

    Autre Formation franaise bac+2 2,40

    Universit L2 3,06

    BTS 11,86

    DUT 16,24

    CPGE 2A 64,10Source : Confrence des grandes coles (CGE), Les voies daccs aux grandes coles de la CGE : diversit des origines et des profils, fvrier 2012.

    Cette reproduction sociale opre par les classes prparatoires sexplique en partie par des phnomnes dasymtrie dinforma-tion, qui favorisent les familles inities aux stratgies de choix des cursus, mais aussi par des comportements dautocensure condui-sant certains lves, pourtant fort potentiel, renoncer sins-crire en classes prparatoires aux grandes coles (CPGE). Lendogamie sociale caractristique des effectifs des CPGE affecte

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    directement la composition des promotions des business schools. Si un gros effort a t consenti par ltat pour rendre accessibles les classes prparatoires tous les milieux sociaux, les candidats aux concours sont 26 % tre boursiers mais ce pourcentage tombe 18 % parmi les reus.

    Les classes prparatoires aux grandes coles (CPGE), une spcificit franaise ?

    Les CPGE sont des tablissements formant, sur deux ans, les jeunes bacheliers aux concours dentre aux grandes coles. Ces dernires sorganisent en trois filires : littraire, scientifique, et conomique et commerciale. Pour chaque voie, un programme national dtudes est fix par arrt, en partenariat avec les grandes coles39. Le seuil des 80 000 lves a t dpass la rentre 201240. Leur spcificit tient moins une exception franaise la Chine apprcie ce systme et des universits am-ricaines crent des classes de mise niveau avant lentre luniversit quau fait que ces classes se situent dans les lyces et non luniversit. Le gouvernement a confirm, en dcembre 2012, la politique de ses prdcesseurs : le rapprochement des CPGE et des universits est lune des grandes orientations de son projet de rforme de lenseignement suprieur.

    La formation dispense dans les classes prparatoires cono-miques et commerciales sinscrit principalement dans lobjectif dintgrer les business schools les plus prestigieuses ainsi que les dpartements conomie-Gestion des coles normales

    39 Ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche, Note dinformation, 2012, op.cit.

    40 Ibid.

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    suprieures (ENS). Les programmes denseignement, rviss la rentre 201341, sarticulent autour dune approche pluridisci-plinaire ayant pour objectif le renforcement de la culture gnrale. Paralllement la Banque dpreuves littraires , qui donne accs aux business schools et aux IEP (Instituts dtudes poli-tiques) pour les lves de classes prparatoires littraires rencontre un succs toujours plus grand.

    Les CPGE font aujourdhui lobjet de nombreuses politiques douver-ture sociale, dont les effets sont certains mais ne concernent encore que de petites cohortes. En vue de favoriser laccs aux lves boursiers ou issus de quartiers en difficult et datteindre ainsi lobjectif de 30 % dlves boursiers, ltat intervient dans 215 quartiers prioritaires par des actions cibles en direction des lyces afin de : diffuser une meilleure information sur loffre de formation ; mobiliser des places vacantes ; offrir un accompagnement personnalis pour ouvrir la voie

    des tudes longues.

    Le modle actuel des classes prparatoires aux grandes coles savre coteux pour ltat mais, par le faible taux dchec de ses tudiants, permet un bon retour sur investissement . En 2010, ltat consacrait en moyenne 15 240 e pour chaque tudiant en classe prparatoire, contre 10 180 e pour un tudiant en IUT ou en universit. Au cot dj important assum par ltat sajoute le cot support par les tu-diants, qui sont de plus en plus nombreux avoir recours des prpas

    41 Ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche, Une volution plus quune refonte, rnovation des programmes des CPGE, consultation, 2012.

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    prives afin de complter la prparation aux concours42. Un amendement au projet de loi sur lenseignement suprieur visant introduire des droits dinscription en classes prparatoires a t adopt par lAssemble nationale aprs avoir t rejet une premire fois43. Bien entendu, il faut l aussi nuancer sur un point : on ne calcule pas le cot cach de lchec en licence luniversit.

    Par ailleurs, le recrutement des tudiants de business schools la sortie des CPGE contribue largement rallonger les cursus. Aux deux ou trois annes de classes prparatoires sajoutent trois ans dcole, avec souvent une anne de csure. Les business schools dlivrent de fait des master au bout de six ou sept ans, soit un an prs le temps ordinairement consacr lobtention dun PhD. Cette dure du cursus en business school handicape ces coles par rapport dautres formations. Les business schools franaises ont encore du mal se situer par rapport aux deux cursus les plus valoriss linternational savoir le bachelor, en 3 ans, et le PhD, en 8 ans.

    Si les tudiants de classes prparatoires nont que peu de contact avec le monde professionnel, les enseignements dispenss les dotent de solides comptences analytiques et synthtiques qui continuent faire la rputation internationale de nos diplms des grandes coles. En revanche, il devient urgent de repenser le continuum classes prparatoires annes dcole professionnalisation. Au moment o la lgislation sur les stages devient plus restrictive, lanne qui prcde le master ( premire anne de grande cole ) doit tre redessine, par exemple en encourageant des stages inter-

    42 Caroline Beyer, Le march florissant des prpas prives , leFigaro.fr, 19 dcembre 2011. 43 Isabelle Rey-Lefebvre, Classes prpas : la fin de la gratuit vote lAssemble ,

    lemonde.fr, 24 mai 2013.

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    nationaux ; il est galement ncessaire de trouver les moyens de doter les tudiants de nos business schools dune formation plus approfondie en droit et en conomie comptences qui leur font dfaut quand ils entrent dans des carrires internationales.

    Proposition n 3: Moduler les droits de scolarit pour une vraie mixit sociale.

    La barrire de largent reste une ralit dnonce dans de nom-breux rapports44. Dans un souci de mixit sociale, les grandes coles se sont engages accueillir davantage dtudiants bour-siers, mais il sagit bien souvent de boursiers dchelon 0 ou 145.

    De plus, les cots de scolarit levs des business schools dissuadent, ds linscription en classes prparatoires, une partie des tudiants les moins favoriss. De ce fait, les coles sont prives dune partie significative de talents potentiels qui ne peuvent envisager dy effec-tuer leur scolarit pour des raisons pcuniaires. Conscientes de cette ralit, les coles runies dans la CGE (Confrence des grandes coles) proposent la gratuit des concours pour les lves boursiers ; et les coles font dj des efforts remarquables pour prendre le relais de ltat aprs la classe prparatoire. Cependant, jusqu aujourdhui, les bourses sont penses par les tablissements en termes de charge financire supplmentaire et on remarque souvent une autocensure chez les tudiants de classes prparatoires qui pensent, par exemple, quils ne seront pas en mesure dassumer une scolarit dans les coles du haut du tableau .

    44 Voir, par exemple : Chambre rgionale des comptes de Midi-Pyrnes, Rapport dobser-vations dfinitives sur la gestion Groupe cole suprieure de commerce de Toulouse, exercice 2005 2009, Rapport dobservation dfinitive, 26 avril 2012.

    45 Selon la classification du CNOUS qui compte 9 chelons, de 0 (et 0 bis) 7.

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    Pour favoriser la mixit sociale dans les business schools, le barme suivant pourrait tre systmatiquement mis en uvre (pour les lves hors contrat dapprentissage, qui eux, ne payent pas leur scolarit) : gratuit des concours pour tous les boursiers ; bourse couvrant 1/3 des frais de scolarit pour les boursiers des

    chelons 1 et 2 ; bourse couvant 2/3 des frais de scolarit pour les boursiers des

    chelons 3 et 4 ; bourse couvrant 100 % des frais de scolarit pour les boursiers

    des chelons 5, 6 et 7.

    Les business schools jouent un rle conomique majeur dans leur bassin demploi, constituent un enjeu considrable pour une forma-tion continue de qualit et pourraient tre des outils de dmocrati-sation et dascension sociale ; ltat pourrait participer davantage leur financement contre lengagement dune plus grande ouver-ture aux boursiers. Le manque gagner pour les coles engendr par le barme prcdemment expos pourrait ainsi faire lobjet dune prise en charge totale ou partielle par ltat dans le cadre de contrats pluriannuels dobjectifs et de moyens.

    Le cot dune telle mesure peut tre estim de la faon suivante : si lon considre une business school disposant de trois promotions de 400 lves, soit 1 200 tudiants, dont les frais de scolarit individuels slvent 10 000 e ; si les boursiers reprsentent un tiers de la promotion (soit 400 tudiants) et quon les rpartit thoriquement en quatre groupes de 25 % chacun (groupe 0 et 0 bis, groupe 1 et 2, groupe 3 et 4, groupe 5, 6 et 7), soit

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    100 boursiers par groupe, les cots pour lcole seraient les suivants : nuls pour le groupe 0 et 0 bis ; 330 000 e pour le groupe 1 et 2 (100 x 33 % x 10 000) ; 660 000 e pour les groupes 3 et 4 ; 1 000 000 e pour les groupes 5, 6 et 7.

    Cette mesure reprsenterait donc un cot total pour une cole de ce type de moins de 2 millions deuros par an.

    Proposition n 4 : Faire des business schools les pionnires en France dune filire de bachelor dexcellence.

    Pour les lves issus de classes prparatoires, il faudrait organiser un vritable continuum entre les deux premires annes de pr-paration et la premire anne dcole. La formation en classe prparatoire serait rendue compatible, dans le cadre du rappro-chement entre classes prparatoires et universits et de la mise en place des Comue, avec lobtention dun bachelor universitaire franais ou international et vraisemblablement dans dautres matires que la gestion pour mettre en valeur la formation acquise en classe prparatoire , au terme de la premire anne dcole ; celle-ci serait aussi, plus quelle ne lest aujourdhui, loccasion dune premire immersion intensive en entreprise.

    Le recrutement directement en master (deuxime anne dcole) dtudiants issus de luniversit et munis dun bachelor, obtenu

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    en France ou ltranger, serait intensifi. Fidles leur tradition de recrutement exigeant, et de mme quelles vont chercher les meilleurs bachelors internationaux, les business schools pourraient puiser en France dans les filires intensives qui se dveloppent de plus en plus luniversit (bi-licences ou classes prparatoires portes par les universits).

    Par ailleurs, lexprience concluante de la Banque dpreuves Littraires montre lintrt quil y a diversifier les recrutements partir de la classe prparatoire. Classes prparatoires commer-ciales, littraires (dont les B/L) et classes D1 et D2 (de prparation lENS Cachan, qui comportent une solide formation en droit) doivent tre prsentes comme des options quivalentes aux futurs bacheliers ce qui implique que les coles soient plus ouvertes la diversit des parcours.

    2.2. La ncessaire convergence grandes coles-universits

    2.2.1. La segmentation de lenseignement suprieur : une spcificit franaise

    Aujourdhui, le systme franais de formation au management se caractrise par sa bicphalie. Dun ct, les universits et les IAE (Institut dAdministration des Entreprises) dispensent des cours proches de ceux proposs par les business schools mais nont pas la mme pression pour se conformer aux critres des classements

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    internationaux ; de lautre, les business schools, acteurs historiques de la formation en management, concurrences aujourdhui de toutes parts, se sont lances dans la course aux accrditations et aux classements. Lenseignement suprieur franais reste trs lar-gement segment entre les universits et les business schools, alors mme quelles tendent dvelopper une gouvernance plus moderne fonde sur lautonomie et la subsidiarit, quelles proposent des formations relativement proches et produisent toujours plus de recherche fondamentale et applique, et que des synergies pro-fitables toutes les parties prenantes seraient possibles.

    Si les business schools ne peuvent concurrencer les grandes univer-sits anglo-saxonnes dans les classements internationaux si lon excepte le succs des masters in management franais , cest aussi parce quelles ne sont pas parvenues concentrer suffisamment de ressources par tudiant. Aujourdhui, les grandes universits anglo-saxonnes dominent les classements internationaux dans la mesure o elles disposent dun service ltudiant beaucoup plus sur mesure que ce que les universits ou les coles franaises sont capables doffrir ; et que les chercheurs y bnficient dinfrastructures de qualit mutualises au sein duniversits multidisciplinaires. Les universits en tte des classements sont organises autour dun modle particulier, qui soppose frontalement la segmentation qui subsiste encore trop souvent dans lenseignement suprieur franais, malgr les efforts entrepris depuis quinze ans. Les grandes universits mondiales regroupent, sur des campus qui sont de vri-tables lieux de vie, diffrents dpartements couvrant plusieurs dis-ciplines avec un nombre dtudiants limit. Par exemple, le MIT rassemble de nombreux ples dexpertise : vingt-sept dpartements acadmiques ainsi que cinquante programmes interdisciplinaires et centres de recherche dont ceux de la Sloan School, lune des

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    meilleures business schools du monde46. Sur un unique campus sont regroups 2 800 chercheurs, ce qui favorise grandement les cursus la carte, les changes entre disciplines, les possibles syner-gies ainsi que le rayonnement de linstitution. Lunit de lieu, la qualit du service aux tudiants, lmulation entre les diffrents dpartements acadmiques, linterpntration avec les entreprises ainsi que lmergence de grandes marques universitaires contribuent fortement au dynamisme de ces tablissements. Cela ne passe pas seulement par plus de moyens financiers (vie tudiante, career service, etc.) mais aussi par linsertion dans un environnement plus large, celui des clusters acadmiques et entrepreneuriaux.

    Cest la raison pour laquelle nous sommes partisans dun rappro-chement rapide entre business schools, IAE et facults de gestion ces nouveaux ples de gestion intgrs tant eux-mmes situs dans ces amorces de comprehensive universities la franaise que sont les Comue afin dexaminer comment combiner des savoir-faire complmentaires, pratiquer des mutualisations intelligentes et faire baisser, pour les coles, aussi bien le cot de la recherche que les droits dinscription des tudiants.

    Des universits amricaines en lien avec les entreprises

    Les universits amricaines ont su, depuis la fin du XIXe sicle, tisser des liens durables avec les entreprises mais aussi et surtout tre des lieux de naissance et dincubation de nouveaux projets entrepreneuriaux. La cration dentreprises est facilite pour les tudiants des campus amricains, qui sont en lien direct

    46 Philippe Wahl, Avoir des leaders dans la comptition universitaire mondiale, Institut Montaigne, rapport, 2006.

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    avec les entreprises et qui bnficient dun soutien la cration important. Si lon reprend lexemple du MIT, ce sont prs de 26 000 entreprises qui ont t cres par des anciens diplms, gnrant la cration de plus de trois millions demplois47.

    Par ailleurs, les liens entre les universits amricaines et les entreprises se manifestent galement par un engagement financier des entreprises. Comme le souligne le rapport de Pierre-Andr Chiappori, professeur lUniversit de Columbia (New York), les financements privs occupent une place trs importante aux tats-Unis, alors mme que les universits franaises souffrent dun problme de sous-financement. Les dons dentreprises ou de fondations prives peuvent reprsenter jusqu 40 % du budget des universits amricaines, alors que cette part est de seulement 1 % pour les universits franaises les mieux dotes48.

    Les entreprises ou fondations prives participent au financement de lenseignement suprieur amricain sous la forme de dotations mais galement de contrats de recherche. Elles lancent des appels doffre et slectionnent les projets de recherche les plus promet-teurs, crant ainsi une concurrence entre les tablissements49.

    La situation est encore loin dtre comparable pour les universits franaises, ceci malgr les importants progrs raliss depuis quinze ans.

    47 Kauffman Fondation, Entrepreneurial Impact: The Role of MIT, fvrier 2009.48 Pierre-Andr Chiappori, Financement de lenseignement suprieur, quel rle pour les

    entreprises ?, Institut de lentreprise, 2011.49 Ibid.

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    2.2.2. Un intrt commun pour les business schools et les universits converger

    Pour les universits, lintrt du rapprochement rside dans la proxi-mit et la compatibilit des business schools avec le monde de lentre-prise. Ce rapprochement constituerait un moyen efficace pour faciliter la mise en place des recommandations formules par le Conseil conomique social et environnemental visant redonner toute son attractivit luniversit, y assurer la russite en accentuant la dimen-sion professionnalisante des formations universitaires 50. Le savoir-faire en matire dinternationalisation ou dentrepreneuriat, propre aux business schools (comme aux coles dingnieurs) permettrait aussi un transfert de bonnes pratiques. Du ct des business schools, il y a beaucoup davantages aussi au rapprochement : renforcement de la politique de doctorat et accs des infrastructures de recherche qui cotent cher dvelopper seules ; insertion toujours plus naturelle dans le systme national de la collation des grades ; possibilit de faire baisser les droits dinscription y compris dans la gamme MBA, grce notamment au savoir-faire des IAE ; accs des espaces denseignement appropris pour des programmes de bachelor51.

    On ajoutera que la convergence est bienvenue la fois pour devenir plus visible en matire de formation continue et concentrer des ressources sur la transformation numrique mais aussi pour viter de se faire concurrence en sollicitant simultanment les mmes entreprises pour le soutien des formations ou le mcnat.

    50 Grard Aschieri, Russir la dmocratisation de lenseignement suprieur : lenjeu du premier cycle, Les Avis du Conseil conomique, Social et Environnemental, 2012.

    51 Confrence des Grandes coles, Le livre blanc du Chapitre des coles de management, 2006.

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    Proposition n 5: Revisiter le doctorat en gestion.

    La problmatique du doctorat est au cur de la question de la convergence entre business schools et universits.

    La proximit des business schools avec les entreprises constitue un atout pour la recherche en sciences de gestion. La thse de gestion pourrait tre en partie rforme de manire offrir la possibilit dun doctorat professionnel (type DBA ou part-time PhD) rpondant des critres acadmiques rigoureux. Tout en assurant lindpendance de la recherche avant tout fondamen-tale , un certain nombre de doctorats intressant directement les entreprises pourraient tre financs par elles.

    Le dveloppement dune filire doctorale intgre business schools/IAE/universits reprsente un enjeu majeur. Dans lconomie de la connaissance et de la crativit, la recherche fondamentale et applique devient toujours plus indispensable pour des tablis-sements qui veulent rpondre aux attentes des entreprises. Cest pourquoi lentre des business schools dans des coles docto-rales communes avec les facults de gestion et les IAE devrait tre gnralise.

    Un simple rapprochement de deux tablissements situs dans la mme zone gographique consoliderait lmergence de comprehen-sive universities comptitives et visibles linternational. De tels rapprochements permettraient dinstaurer une logique de compl-mentarit entre les diffrentes structures et non de concurrence

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    comme cela est le cas actuellement. Mais, alors que les PRES puis les Comue ont t conues pour coordonner les offres de formation et les stratgies de recherche des tablissements publics densei-gnement suprieur sur un territoire donn 52, le management est un domaine o ltat na pas t suffisamment stratge. La fusion dEuromed et de Bordeaux cole de Management, prfre un rapprochement des deux coles avec linitiative dexcellence de lenvironnement proche (Aix-Marseille-Universit ou Universit de Bordeaux), est ce titre difiante : un pays comme la France peut-il se permettre un tel manque de coordination de ses ressources et de concentration de ses investissements publics ? Cette remarque vaut pour la stratgie de ltat mais ne constitue pas une critique de lcole, trs prometteuse, ne de cette fusion.

    Rapprochement business schools - universits, lexemple rpliquer de lEM Strasbourg

    Cre en 2007 suite la fusion de lIECS et de lIAE Strasbourg, lEM Strasbourg est la seule business school franaise totalement intgre dans un ple universitaire. Elle fait partie de luniversit de Strasbourg qui a fusionn en 2009 les trois universits de la ville et un certain nombre dcoles.

    Apportant la tradition douverture internationale des business schools, lEM Strasbourg bnficie en retour dun campus uni-versitaire qui permet aux tudiants davoir accs de nombreux quipements : bibliothque universitaire, installations sportives, laboratoires de langues, etc. Le parcours LMD a permis lcole et luniversit de proposer galement plusieurs doubles diplmes

    52 Code de lducation, article L718-2.

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    en marketing et gestion du sport, ressources humaines, recherche, etc.

    Louverture linternational est un axe fort dans la stratgie de dveloppement de lcole. LEM Strasbourg a ainsi nou des partenariats avec prs de 200 institutions dans le monde et tous les tudiants effectuent leur deuxime anne ltranger. lissue de leur formation, 35 % des tudiants obtiennent un premier emploi hors de France.

    Sur le plan budgtaire, luniversit participe au financement de lcole hauteur de 60 %. Les autres parties prenantes sont la Chambre de commerce et dindustrie, les collectivits locales et lEM Strasbourg partenaires, qui regroupe deux cents entreprises. En 2012, les frais de scolarit taient de 7 500 E et le budget annuel de 23,5 ME. Lcole accueille 2 900 tudiants la rentre 2014.

    En sintgrant au ple universitaire strasbourgeois et en misant sur une stratgie internationale, lEM Strasbourg a adopt un modle encore unique en France ; cette stratgie se rapproche de celle adopte par les plus grandes business schools internationales.

    Source : Site internet de lEM Strasbourg, consult en novembre 2014.

    Par ailleurs, si ce rapprochement avec luniversit peut susciter une peur lie la perte de la slectivit, cette dernire apparat largement infonde. Actuellement, prs de 40 % des effectifs en

    Sommaire

  • I I . R E P E N S E R L C O S Y S T M E D E S B U S I N E S S S C H O O L S

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    moyenne des business schools sont dj recruts par voie dadmis-sion parallle53 et font lobjet dune trs forte slection. Ce qui semble davantage tre une garantie du succs des business schools rsidera dans leur capacit sadapter la nouvelle comptition mondiale. Nos coles doivent repenser leur cosystme pour pouvoir conti-nuer compter dans le monde acadmique international. Cela passe par des rapprochements stratgiques avec luniversit et les IAE, dautant que cette logique se situe dans le prolongement exact de la loi sur lautonomie des universits. Un rapprochement stra-tgique business schools-IAE-facults de gestion sera bnfique chacun des trois acteurs qui sengagera dans ce processus. Les IAE et les universits dchargeraient les business schools dune partie des cots de gestion et dencadrement de la recherche ; les business schools et les IAE prendraient en charge la gestion de plateformes numriques de management, o elles sauront faire preuve de flexi-bilit et dinnovation. Les business schools sont les fers de lance de lenseignement suprieur en matire dinternationalisation et dentre-preneuriat, les IAE peuvent apporter beaucoup en termes de diplme de niveau MBA et de formation continue et les universits en termes de recherche mais aussi de structuration de


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