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Journal de Jean Héroard, Tome 2-2 (1610-1628) by Jean Héroard

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JOURNAL DE JEAN HÉROARD SUR L'ENFANCE ET LA JEUNESSE DE LOUIS XIII TYPOGRAPHIE FIRMIN DIDOT.—MESNIL (EURE).

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    The Project Gutenberg EBook of Journal de Jean Hroard, tome 2/2(1610-1628), by Jean Hroard

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    Title: Journal de Jean Hroard, tome 2/2 (1610-1628) sur l'enfance et la jeunesse de Louis XIII

    Author: Jean Hroard

    Release Date: May 15, 2014 [EBook #45655]

    Language: French

    Character set encoding: UTF-8

    *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK JOURNAL DE JEAN HROARD, TOME 2/2 (1610-1628) ***

    Produced by Hlne de Mink, Clarity, Hans Pieterse and theOnline Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net(This book was created from images of public domain materialmade available by the University of Toronto Libraries,http://link.library.utoronto.ca/booksonline.)

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    Ce livre lectronique reproduit intgralement le texte original, et l'orthographe d'origine a t conserve. Seules quelques erreurs clairement introduites par le typographe ont t tacitement corriges.

    Les notes de bas de page ont t renumrotes de 1 448 et places chacune aprs le paragraphe correspondant. Lorsqu'il est fait rfrence une note, le numro de cette note a t

    ajout [entre crochets].

    JOURNAL DE JEAN HROARD SUR L'ENFANCE ET LA JEUNESSE DE LOUIS XIII

  • 5/25/2018 Journal de Jean H roard, Tome 2-2 (1610-1628) by Jean H roard

    TYPOGRAPHIE FIRMIN DIDOT.MESNIL (EURE).

    JOURNAL

    DE

    JEAN HROARD

    SUR L'ENFANCE ET LA JEUNESSE

    DE LOUIS XIII

    (1601-1628)

    EXTRAIT DES MANUSCRITS ORIGINAUX

    Et publi avec autorisation de

    S. Exc. M. le Ministre de l'Instruction publique PAR

    MM. EUD. SOULI ET ED. DE BARTHLEMY

    TOME SECOND 1610-1628

    PARIS LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRRES, FILS ET Cie

    IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB, 56

    1868

    Tous droits rservs.

    JOURNAL

    DE

    JEAN HROARD

    SUR L'ENFANCE ET LA JEUNESSE

    DE LOUIS XIII

    ANNE 1610.

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    Premire journe de royaut: discours prononc au Palais; dner de la Reine: elle refuse de prendre la serviette des mains du Roi; le cur de Henri IV donn aux Jsuites.Serment de fidlit du rgiment des gardes.Rverie et regrets du Roi sur la mort de son pre.Retour du comte de Soissons.Mme de Verneuil.Le premier bienfait du Roi.Crmonie Notre-Dame.Le mmoire des chiens du Roi.Hroard retenu premier mdecin du Roi.Craintes pour la sret du Roi.Correction faite deux vers latins.Supplice de Ravaillac.Bon naturel du Roi pour son premier

    page.Le Roi fouett.Du Bourdet et Olyvte.Visite la reine Marguerite.Maisons d'Issy.Chasses dans les Tuileries.Promenade sur la Seine.Rponse du Roi son sous-gouverneur.Crainte envers la Reine.Un lion dans les Tuileries; humanit du Roi.L'imprimeur Robert Estienne.Rponse au marchal de la Chtre.Poids du Roi.Audience du duc des Deux-Ponts.Sentence invente par le Roi; instinct de la justice.Eau bnite au corps de Henri IV.Le corps du feu Roi sort du Louvre; dissension ce sujet.Service des officiers du feu Roi.Dpart de M. de Rohan.Mot sur les ivrognes.Retour du prince de Cond.Complaisance de la reine Marguerite pour le Roi.Le barbier Renard.Le garde du Roi.Les poires de

    Cuisse-Madame.Soldat aux gardes fait prisonnier.Chasse Meudon; premier coup d'pe un sanglier.Grce de l'estrapade un soldat.Dner Ruel; le Roi fait le bon compagnon.Crmonie des chevaliers de Saint-Lazare.Premire pierre du pavillon neuf de Vincennes.Audience du parlement de Toulouse.Les chansons du feu Roi.Grce deux soldats.Souvenir du sacre de la Reine.Premire pierre du collge du Roi.Librairies du collge de Navarre et des Cordeliers.Dpart de M. de Vendme.Les reliques de la Sainte-Chapelle.M. de Mainville et les chiens pour voleur.La veille des femmes de chambre.Noise aux Feuillants pour les honneurs.Prise de Juliers.Audience de l'ambassadeur d'Espagne; rvrence de deux Navarrais.La capitainerie de

    Saint-Germain-en-Laye.Livre couvert de diamants.Le Roi fouett.Audience de l'ambassadeur d'Angleterre; signature du trait d'alliance.Serments de Concini.Dpart du Parlement pour le sacre.Correction du Roi au privilge des emblmes d'Horace.Dpart pour Reims; le Roi en voyage.Le Roi n'est pas grand parleur.Des Yveteaux et ses leons.Soldats de plomb.Entre Reims.Les musiciens de la chambre.Crmonie du sacre; remarque sur le duc d'pernon.Le Roi est fait chevalier du Saint-Esprit; susceptibilit du cardinal de Joyeuse.Dpart de Reims; le Roi en voyage.Le Roi touche neuf cents malades des crouelles.Coupe-queue au jeu.Rception de la ville de Paris.Le comte Henri de Nassau.Le Roi dne Ruel avec ses frres et surs.Audience de l'ambassadeur de

    Venise.Le musicien La Chapelle.Le jeu de _gilet_.Cimeterre la turque.Les estafiers d'Espagne.Le Roi fait l'ambassadeur de Venise chevalier de l'accolade.Les deux musiques.Audience de l'ambassadeur de Hongrie.Marchandises de la Chine.Gazette de Rome.Le Roi n'aime pas la flatterie.Deux loups pris au bois de Boulogne.Fianailles de M. de Guise.Mot sur les sermons.Un chien enrag; traitement contre la rage.Les pelotes de neige.

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    _Le 15 mai, samedi, Paris._veill six heures et demie,doucement. M. de Souvr lui baille par crit ce qu'il avoit dire,allant au Parlement, qui se tenoit aux Augustins: Messieurs, il aplu Dieu appeler soi notre bon Roi, mon seigneur et pre. Je suisdemeur votre Roi comme son fils, par les lois du royaume. J'espreque Dieu me fera la grce d'imiter ses vertus et suivre les bonsconseils de mes bons serviteurs, ainsi que vous dira monsieur lechancelier. A sept heures et un quart lev, bon visage, gai; vtu d'unhabillement bleu. A huit heures et demie djen, il ne sut manger;bu de la tisane. Il avoit du ressentiment et si[1] l'innocence deson ge lui donnoit par intervalles quelque gaiet. Men la messe;

    neuf heures et demie dn. Il est contraint de quitter le dnerpour aller au Palais accompagner la Reine. Il monte cheval, assur,_intrepidus, facie serena_, et va par le Pont neuf aux Augustins,puis la messe Saint-Victor. Ramen deux heures; M. de Vendmeprend la serviette du matre d'htel pour la servir la Reine, quialloit dner; M. de Souvr va lui, et lui dit qu'il la donne au Roi,qui la prend soudain. M. de Souvr lui ayant dit que quand la Reinela refuseroit qu'il ne laisst pas de la prsenter, il y court, laprsente instamment; jamais elle ne la voulut prendre de sa main. MM.de la Ville le viennent saluer; six heures trois quarts soup. Ilva au petit cabinet, l o les Jsuites, en nombre de douze, conduitspar le P. Coton, le viennent saluer et lui reprsentent les grandesobligations qu'ils avoient au feu Roi son pre, surtout de ce qu'il

    leur avoit donn son cur, lui offrent leur service, et, au partir del, vont trouver la Reine, conduits par M. de la Varenne, lequel assuraSa Majest que le feu Roi lui avoit dit et command qu'il vouloitqu'ils l'eussent. Sur cette assurance, ils vont en la chambre, o,ayant mis le cur entre M. le prince de Conty et le P. Coton, tousdeux genoux, et aprs par lui dites quelques paroles, ils emportentle cur du Roi pour le porter la Flche. A huit heures et un quartil dit qu'il est las, est dvtu, mis au lit, pouls plein, gal, pos,chaleur douce. Il prie Dieu, se joue, s'endort neuf heures, peuaprs s'veille et commande M. de Praux de lui lire une histoire.Il coute attentivement, ferme les yeux; M. de Praux cesse, croyantqu'il dormt: _Non, non, je dors pas, lisez_; neuf heures et demie ils'endort.

    [1] Pourtant.

    _Le 16, dimanche, Paris._A huit heures trois quarts djen; il vadonner le bonjour la Reine puis, neuf heures, est men la messeen Bourbon. Men en carrosse aux Tuileries, en allant par la rue SaintHonor, il commande l'exempt: _Faites mettre mes gardes en haie auxcts de mon carrosse_. M. le duc d'pernon, colonel de l'infanterie deFrance, avec M. de Crquy, colonel du rgiment des gardes, et tous lescapitaines du rgiment, tous le genou en terre, lui viennent prter leserment de fidlit, M. d'pernon portant la parole. Il les remercie etles embrasse.

    _Le 17, lundi, Paris._veill huit heures, pouls plein, gal,pos, chaleur douce. Sa nourrice, qui avoit couch au ct de sonlit, lui demande ce qu'il avoit rver; il rpond: _C'est que jesongeois_, puis demeure longtemps pensif. Sa nourrice lui dit: Maisque rvez-vous? Il rpond: _Dondon, c'est que je voudrois bien que leRoi mon pre et vcu encore vingt ans. Ha! le mchant qui l'a tu_;et le jour de devant il avoit dit Mme de Montglat: _Mamanga, jevoudrois bien n'tre pas si tt Roi et que le Roi mon pre ft encoreen vie_. Lev, vtu, pri Dieu, djen; il va donner le bonjour laReine, puis tudi, crit, tir des armes, dans. Men la messe en la

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    chapelle de la Reine.M. le comte de Soissons arrive, qui, le mercrediprcdent, s'en toit all malcontent du feu Roi pour n'avoir pointvoulu permettre sa femme les fleurs de lys sur la robe, au jour ducouronnement de la Reine; le Roi et la Reine vont sept ou huit pas audevant de lui. A six heures et demie soup; arrive Mme de Verneuil, quivenoit de se jeter aux pieds de la Reine. Amus doucement fondre duplomb jusques neuf heures trois quarts.

    _Le 18, mardi, Paris._M. de Souvr lui dit qu'il rve la nuit,et lui demande que c'est qui le fait rver; il rpond: _C'est queje songe que l'on me chatouille, qu'on me fait comme cela_, dit-il

    en se chatouillant. Soup avec prunes de Brignole confites; il endonne quatre Mathurine, disant qu'il faut le demeurant pour sesgentilshommes servants; il donne des drages de fenouil M. de Souvrpuis M. de Praslin et M. de Vitry, capitaines des gardes; c'est lepremier bienfait qu'ils ont eu du Roi.

    _Le 20, jeudi, Paris._A neuf heures et demie djen, men chez laReine, et, dix heures trois quarts, en crmonie et cheval our lamesse Notre-Dame. Il ne se vit jamais une si grande acclamation depeuple criant: _Vive le Roi!_ et mle de larmes. M. de Paris le reoit l'entre, en crmonie; M. le prince de Conty porta l'offrande.

    _Le 22, samedi, Paris._Men en carrosse aux Tuileries, il fait

    prendre une cane dans l'tang par ses chiens, y a got cheval. Misau lit, il commande M. de Heurles d'apporter du papier et de l'encre:_crivez_, lui dit-il, _les noms de mes chiens_, et les lui nomme, puisen baille le mmoire M. le Grand.

    _Le 24, lundi, Paris._Men en carrosse aux Tuileries, il se faittirer par deux valets de pied dans un petit carrosse bras, puis yfait atteler deux de ses bidets.

    _Le 25, mardi, Paris._A neuf heures et demie djeun; il va donnerle bonjour la Reine, l o je reus l'honneur du commandement qu'elleme fit de servir le Roi en qualit de premier mdecin. tudi, crit,tir des armes, dans; men la chapelle de l'antichambre de la Reine,

    il ne sort point de tout ce jour hors du chteau, sur des avis que l'onlui avoit donn que ce jour toit prilleux pour lui. Les ambassadeursrsidents viennent voir la Reine; il toit prs d'elle et Messieurs etMesdames.

    _Le 26, mercredi, Paris._Son prcepteur lui demande s'il seressouvenoit bien de ces deux vers qu'il lui avoit appris, il y avoitquelque temps, et les lui nomme:

    _Csareos fateor titulos habet Austria multos, At Csar verus Carolus unus erat._

    Il rpond: _Non, je ne veux pas dire ainsi_, et les rcita ainsi:

    _Csareos fateor titulos habet Austria multos, At Csar verus Henricus unus erat[2]._

    [2] Hroard a crit en marge cette note: _Mirus amor in patrem et judicium de patre_.

    A trois heures got; il a reu les ambassadeurs de l'Archiduc et destats.

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    _Le 27, jeudi, Paris._A onze heures et un quart dn; il met desguignes sches dans sa pochette, htivement, de peur que M. de Souvrne s'en apert.Ce jourd'hui fut tir quatre chevaux Ravaillac, quiavoit tu le Roi.

    _Le 28, vendredi, Paris._Il commande M. de Drouet, capitaine auxgardes, de ne faire point partir hors de garde sa compagnie, avantqu'il et dn. C'toit pour y voir Bompar, son premier page, qu'illui avoit donn, sortant hors de page. Il le faisoit voir chacun, la Reine mme, qu'il mena aux fentres, tmoignant en cela son bonnaturel. Mis au lit, il se joue, cause, raille; M. de Praux le veut

    reprendre de quelque chose, il lui dit quelque injure._Le 29, samedi, Paris._Lev, il vient au cabinet, o M. de Souvrlui ramentoit l'injure du jour prcdent et en fut fouett. Men encarrosse our vpres aux Chartreux, il se promne aprs au clotre; ilfaisoit grand chaud. En soupant il railloit le sieur Du Bourdet, qu'ilavoit connu page de la chambre et qui avoit la tte petite, lui disant:_Vel tte d'Olyvette[3]; il a le visage fait comme un oiseau[4];avez-vous fait faire votre tte exprs? Je pense qu'oui._

    [3] Folle de Mme de Guise. (_Note d'Hroard._)

    [4] Il avoit le nez aquilin. (_Note d'Hroard._)

    _Le 30, dimanche, Paris._Men chez la Reine, puis la messe, enBourbon. Amus jusques deux heures et demie; men en carrosse laSainte-Chapelle, our vpres, trois heures et demie, il va au jardindu bailliage, et sous le petit pavillon a got.

    _Le 31, lundi, Paris._Lev, il dit en entrant au cabinet: _La Reinema mre est veille, laissez entrer tout le monde_. Men en carrosse vpres aux Clestins, puis la Roquette, il y fait un tour, estramen par l'Arsenal au Louvre.

    _Le 1er juin, mardi, Paris._Men la chapelle de l'antichambrede la Reine, puis onze heures trois quarts dn; il oublioit

    boire, comme il advenoit assez souvent. Men en carrosse vpres, auxCordeliers, puis l'htel de Luxembourg au faubourg Saint-Germain;il y fait courir un marcassin dans le parc. A sept heures et un quartsoup; il lui faut faire ressouvenir de boire[5].

    [5] Hroard note en ces termes les accs de distraction de Louis XIII: _Nota_, pour son naturel.

    _Le 2, mercredi, Paris._A deux heures trois quarts men en carrosse l'htel de Luxembourg au faubourg Saint-Germain[6]; il y court dansle parc un marcassin apport, avec ses petits chiens; trois heures etdemie il y a got puis couru un livre. Men chez la reine Marguerite,il y court un renard port dans le parc.

    [6] Il y retourne encore le lendemain, et y fait courir un petit sanglier par ses lvriers livre.

    _Le 5, samedi, Paris._Men en carrosse Issy, il se joue desbelles et plaisantes maisons (_sic_).

    _Le 6, dimanche, Paris._A trois heures men en carrosse auxTuileries, o il avoit fait porter un sanglier de deux ans donn parM. de Guise; il met ses bassets aprs, puis des lvriers livre; ils

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    le lassent, il se jette dans l'tang, ce qui lui donne beaucoup deplaisir. Il avoit soif, chaud; M. de Souvr ne lui veut point permettrede boire.

    _Le 9, mercredi, Paris._A six heures et un quart soup, peu, parimpatience de s'aller promener sur la rivire; sept heures et unquart il entre en bateau couvert, descend jusques au droit de Chaillot,est ramen de mme, avec des chevaux, neuf heures.

    _Le 10, jeudi, Paris._Men la chapelle de Bourbon et laprocession dedans la cour du Louvre. A douze heures et demie dn;

    M. de Praux, son sous-gouverneur, lui dit sur ce qu'il faisoit grandchaud, et il avoit chaud: Sire, si Votre Majest a chaud, quand ellea une serviette blanche elle se peut essuyer._C'est tout un, iln'y a remde, nous en aurons bien d'autres_[7], dit le Roi rsolumentet comme de chose qui devoit advenir. Men en carrosse our vpres Saint-Germain-des-Prs. A six heures soup avec impatience de s'allerpromener aux Tuileries; il va pied jusques aux Tuileries, o ils'embarque et va jusques au droit de la Savonnerie; ramen par eau neuf heures. Mis au lit il se joue, fait des culbutes, fait lire lelivre _De l'tat et affaires de France_ du sieur du Haillan[8].

    [7] Hroard a crit en marge: _Responsum serium fatidicum, quod Deus avertat_.

    [8] _De l'tat et succs des affaires de France_, en quatre livres; par Bernard Girard, sieur du Haillan, in-8. La 1re dition de ce livre est de l'anne 1570; les deux dernires ditions, de 1609 et 1613, sont les plus amples. (_Bibliothque historique de la France_, par le P. Lelong, tome II, page 767.)

    _Le 11, vendredi, Paris._A six heures et un quart soup, men cheval jusques auprs des Bonshommes, ramen de mme neuf heures.

    _Le 12, samedi, Paris._Il donne, pendant son dner, de toutes sesviandes un petit nain[9], et le fait servir par ses gentilshommes.Jou en la galerie, il fait armer sa compagnie (c'toient ses petits

    gentilshommes), leur fait prendre des piques qu'il avoit fait faire.Aprs souper, il va en son cabinet, est tanc par M. de Souvr, auquelil avoit dit qu'il portoit une pe, mais qu'il ne s'en savoit pasaider. M. de Souvr le lui fait sentir, le lui pardonne pour l'avoirdit lui; mais afin qu'il ne le dise pas la Reine, il se met genoux devant M. de Souvr[10]; l'accord se fait, il en avoit un grandrepentir. Men jouer en la galerie, il est ramen neuf heures, vachez la Reine.

    [9] _Voy._ au 26 juin suivant.

    [10] Hroard a crit en marge: Sa crainte envers la Reine.

    _Le 14, lundi, Paris._Djeun, tudi, crit, tir des armes,dans, men aux Feuillants par la galerie, ramen par le mme chemin. Aonze heures et un quart dn; il lui faut ramentevoir boire. Jou enla galerie, o il fait voler trois cailles par deux de ses merillons.Soup; men la galerie et en carrosse jusques la Savonnerie, puis cheval jusques aux Tuileries, o il voit un lion attach contre unarbre, auquel on jette un chien, qu'il trangla soudain. Cela luidplut tant, qu'il s'en mit en colre et commanda que celui qui l'avoitjet ft chti[11].

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    [11] Hroard a crit en marge: Humain.

    _Le 15, mardi, Paris._Men en carrosse l'htel du Luxembourg,il y fait courir un petit sanglier apport. Ramen six heures troisquarts, soup; il le faut faire souvenir de boire. Il va se jouer en lagalerie, va chez la Reine.

    _Le 16, mercredi, Paris._Men cinq heures au Pr-aux-Clercs, poury courir un chat force de cheval.

    _Le 17, jeudi, Paris._Men en carrosse aux Tuileries, o il fait

    porter ses piques, arquebuses, enseigne, et fait sa compagnie._Le 18, vendredi, Paris._A huit heures et un quart djen, tudi,crit, tir des armes, dans. M. Estienne[12] lui apporte quelquessentences qu'il avoit imprimes par son commandement, de celles qui luitoient donnes par son prcepteur.

    [12] Robert Estienne III, fils de Robert II, avait t reu imprimeur en 1606. Cet ouvrage est inconnu M. Ambroise-Firmin Didot.

    _Le 19, samedi, Paris._Men en carrosse au village de Issy, lamaison d'un nomm La Haye; il y pche la ligne, prend la deuxime

    fois._Le 20, dimanche, Paris._A neuf heures djeun; il fait mangerson potage son perroquet jaune. M. le marchal de la Chtre, quitoit ordonn pour mener l'arme en Clves, lui demanda: Sire, sije rencontre les ennemis, que vous plat-il que je fasse? Il rpond:_Donnez la bataille_.

    _Le 21, lundi, Paris._A sept heures et demie, mis au bain d'eautide avec feuilles de vigne, dans la grande chambre: il y a demeurtrois quarts d'heure; mis au lit, o il a demeur une heure, puis lev.Il va la messe l'antichambre de la Reine, puis au cabinet o laReine toit au conseil.

    _Le 22, mardi, Paris._A sept heures et trois quarts mis dans lebain; il y est demi-heure. Lav le visage[13]; mis au lit, il y est uneheure. Il va en la galerie, arme sa compagnie; il prend le hausse-colet sa pique, et marche la tte. Men en carrosse jusques au droit deChaillot, il va la Savonnerie, se y fait peser et se trouve pesercinquante-trois livres.

    [13] C'est peut-tre la premire fois que Hroard donne cette indication. _Voy._ au 8 septembre suivant.

    _Le 24, jeudi, Paris._Il donne audience au duc des Deux-Ponts,dput des princes protestants, et celui des tats de Hollande. Men

    en carrosse Saint-Martin-des-Champs, il y fait attaquer un sanglierapport; il n'avoit point voulu permettre que l'on le ft combattre un lion[14], craignant que le sanglier ne le tut et disant: _Ce seroitdommage, car ces pauvres gens y gagnent leur vie._

    [14] _Voy._ plus haut la date du 14 juin.

    _Le 25, vendredi, Paris._Son prcepteur lui demande s'il luiplaisoit pas traduire quelque sentence de franois en latin; il rpond:_Oui, mais j'en veux faire_, prend la plume et crit de son invention

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    ces mots: _Le sage prince rjouit le peuple_. Peu aprs le prcepteurlui demande quel toit le devoir d'un bon prince, il rpond: _C'estd'abord la crainte de Dieu_; et comme il songeoit pour continuer, sonprcepteur ajoute: Et aimer la justice. Le Roi rpart soudain: _Non!il faut: et faire la justice_. Men chez la Reine puis la chapellede Bourbon, et de l, midi, en l'htel de Longueville, o il a dnet fait voler les papillons par une pie-griche. A quatre heures etdemie il sort de l'htel de Longueville pour aller donner de l'eaubnite au Roi son pre dans la salle basse du Louvre. Messieurs, sesfrres, Monsieur et M. le duc de....[15] portoient sa queue; il y enavoit cinq. Il toit conduit par MM. les cardinaux de Joyeuse et de

    Sourdis[16]. A cinq heures trois quarts men en sa chambre, il suoit cause de son habit capuchon et longue queue cinq pointes; il estmis au lit et rafrachi. A six heures trois quarts soup, men chez laReine.

    [15] Son nom est rest en blanc.

    [16] _Voy._ la lettre de Malherbe Peiresc, du 26 juin 1610.

    _Le 26, samedi, Paris._A six heures got; il va chez la Reine, auconseil, est ramen sept heures. Le baron de Montglat vient prendrecong de lui, demandant s'il lui plaisoit lui commander quelque chose;qu'il s'en alloit l'arme de Clves; il lui dit: _Allez, Montglat,

    faites bien_. Il avoit un nain nomm Dumont, et passe le temps fairesemblant de le marier Marine, naine de la Reine; fait apporter uncontrat et y crit.

    _Le 27, dimanche, Paris._Men vpres, aux Bernardins, et de l enla plaine de Grenelle pour y voir jeter en la garenne une douzaine delivres, et voir voler et prendre un pigeon par deux merillons. Ramen cheval en pourpoint tout dcoup, il faisoit grand vent, et il arrivaau Louvre six heures et demie, un peu malade.

    _Le 29, mardi, Paris._Men par la galerie aux Feuillants; il sejoue aux Tuileries, y tire aux oiseaux avec une arbalte jalet, fortjustement, en abat un, tir avec jugement; il le frappe par l'aile.

    Ramen en carrosse onze heures et un quart, il va chez la Reine.Dn, jou, amus doucement jusques trois heures et demie; got,point bu. L'on devoit sortir le corps du dfunt Roi; il y eut grandedissension entre les cent gentilshommes et les gardes du corps, quifaillent en venir aux mains. Le Roi sort sur une avance qui va de lapetite monte vers la grande salle, est plus de demi-heure regarderce qui se faisoit en la cour; l'on avertit son guide (_sic_), on leretire. M. de Gondi, vque de Paris, dbat le rang avec la cour deParlement; la Cour enfin le pousse devant; le corps sort du Louvre six heures et demie, arrive neuf heures Notre-Dame. Cependant leRoi a soup sept heures et demie; men chez la Reine; amus doucementjusques neuf heures et demie.

    _Le 5 juillet, lundi, Paris._Il s'amuse tirer de l'arbalte ens'habillant, en pend une petite sa ceinture. Men en carrosse chez lareine Marguerite, il monte cheval, va la volerie.

    _Le 9, vendredi, Paris._Ce matin les officiers du feu Roi ontcommenc le servir. Men en carrosse Chaillot, ramen cheval.

    _Le 11, dimanche, Paris._M. de Rohan, colonel des Suisses, vientprendre cong de lui pour s'en aller l'arme qui alloit en Clves,et lui demande s'il lui plat de lui commander quelque chose pour

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    dire M. de la Chtre, chef de l'arme?_Dites-lui qu'il fassedu mieux qu'il pourra._Mais, Sire, vous plat-il qu'il donne labataille?_Qu'il fasse du mieux qu'il pourra_. A trois heures, got;men la Roquette cheval.

    _Le 12, lundi, Paris._A trois heures, men en carrosse Suresnes,chez le sieur Parfait, contrleur gnral de sa maison, o il a got.

    _Le 15, jeudi, Paris._A onze heures trois quarts, dn; il faitdonner boire son petit chien, qu'il nommoit Gayan, et demande:_Pourquoi donne-t-on boire aux chiens?_ Il lui fut rpondu: De peur

    qu'ils n'enragent. Il rpart soudain: _Les ivrognes donc n'ont garded'enrager, car ils boivent toujours_. Men en carrosse Madrid[17], la chasse au livre et l'oiseau.

    [17] Hroard crit Madril.

    _Le 16, vendredi, Paris._A cinq heures et demie M. le prince deCond, revenant de Milan et Bruxelles, arrive, lui fait la rvrence et la Reine, le genou en terre; l'un et l'autre l'embrassent deux fois.LL. MM. toient au pied du lit du Roi, dans le balustre, au droit de laportire. A neuf heures trois quarts dvtu, M. le Prince lui donne sachemise[18].

    [18] _Voy._ cette date le _Registre-journal de Louis XIII_, par Lestoile.

    _Le 19, lundi, Paris._A onze heures et demie, dn; il trouvesur son potage des rognons de poulet demande au gentilhomme servant:_Qu'est cela?_ Il rpond: Ce sont des tmoins._Pourquoi lesappelez-vous des tmoins?_ dit-il en se souriant. Il rpond que c'toitpour faire la diffrence des mles._Ce sont donc les tmoins desmles._ Men la chasse l'oiseau la plaine de Grenelle puis chezla reine Marguerite, et six heures et demie au Louvre. Aprs souperil envoye secrtement prier la reine Marguerite d'envoyer M. deSouvr le prier de sa part ce que, le jour suivant, il l'exempte del'tude, cause que c'est le jour de Sainte-Marguerite. Elle y envoya

    sur les neuf heures; ce fut au grand cabinet de la Reine, ce qui luidonna sujet de rire.

    _Le 22 juillet, Paris._veill sept heures et demie, pouls plein,gal, pos, chaleur douce; lev, bon visage, gai. Vtu, coup lescheveux; Renard, son barbier, lui sembloit trop long, il le frappe dumiroir et de coups de poing. M. de Souvr le menace du fouet, et s'enva au cabinet, o il le fait appeler. _Non_, dit-il, _je n'y irai pas,il me veut bailler le fouet, mais ne lui dites pas_. Enfin, voyantqu'il y falloit aller, il dit: _Allez, allez, trtous, que personne nedemeure ici_ (en sa chambre). C'toit pour les faire intercder pourlui. Il en eut toute la peur, la charge de demander pardon Renard,qu'il appeloit: _Renard, Renard, venez Renard, pardonnez-moi, je vous

    frapperai plus._Ce jour d'hui ses chevau-lgers entrent en garde prsde lui, cinquante tous les huit jours; le sieur de la Cure en toitson lieutenant, et ceci cause que les grands de la Cour toient fortaccompagns et lui peu.

    _Le 23, vendredi, Paris._Men en carrosse voler le perdreau, versle Roule.

    _Le 24, samedi, Paris._Men en carrosse jusques la Savonnerie,ramen et promen aux Tuileries.

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    _Le 25, dimanche, Paris._Sur ce qu'il entendit une salved'arquebusades des Suisses qui faisoient monstre[19], il dit ens'levant sur sa chaire: _Vel qui est bon, vel qui est bon, allons,allons_. Il va aux Tuileries et aux Feuillants, joue aux Tuileries.A dner on lui sert des poires que l'on appelle de Cuisse-Madame; ildemande au gentilhomme servant: _Comme appelle-t-on ces poires?_ Ilrpond: Poires de Cuisse-Madame._De Cuisse-Madame, c'est donc despoires de Cuisse ma sur?_

    [19] Qui passaient la revue.

    _Le 27, mardi, Paris._Men en carrosse vers les Clestins, pourvoir des tentes tendues dans l'le, ramen par eau par sous les ponts,dans un petit bateau qui ne valoit gure, ce que l'on disoit;descendu devant le Louvre sept heures.Ce jourd'hui sur les trois etquatre heures fut prins un soldat de la recrue du capitaine Bonouvrier,capitaine aux gardes, pour avoir dit l'un de ses compagnons, luimontrant deux couteaux et le Roi, comme il sortoit pour aller vers lesClestins: Je voudrois que l'un de ces deux couteaux ft au fond ducur du dernier de la race[20].

    [20] Ce jour, dit Lestoile, on prit prisonnier un soldat des gardes de la compagnie du capitaine Bonouvrier, qu'on disoit

    avoir parl de tuer le Roi et la Reine... Il fut condamn aux galres seulement avec un _retentum_, ainsi qu'on disoit, de le jeter dans la mer aussitt qu'il seroit arriv Marseille.

    _Le 31 juillet, samedi, Paris._Men en carrosse la plaine deGrenelle, la chasse aux perdreaux.

    _Le 1er aot, dimanche, Paris._A midi men en carrosse Meudon,nonobstant la grande chaleur, pour chasser au sanglier dans le parc, cours ouvert. Il toit cheval. Il y avoit un grand sanglier et troisbtes de compagnie, dans l'une desquelles il donna, de demi-pied deprofond, son premier coup d'pe. A quatre heures il y a got. Ramenen carrosse et cheval, l'entre de la ville. A sept heures il va

    chez la Reine, puis soup.

    _Le 3, mardi, Paris._A trois heures got; il entre en carrosse, vaau Roule, o il est mont cheval, vole le perdreau. A neuf heures etdemie mis au lit, il s'entretient avec Mme la princesse de Conty et Mmede Ragny.

    _Le 4, mercredi, Paris._Men en carrosse Gentilly. Revenantpar le faubourg Saint-Jacques, o toit loge une partie du rgimentdes gardes, il aperoit une grande troupe de soldats en armes surle rempart, assemble pour faire donner l'estrapade un soldat; lesachant, il envoie soudain appeler le sergent-major pour lui dire qu'ildonnoit la grce au soldat.

    _Le 8, dimanche, Paris._A quatre heures et demie men en carrosse vpres, Saint-Sulpice, puis jouer l'htel de Luxembourg. Ramen sept heures, soup, jou en la galerie; il va chez la Reine.

    _Le 10, mardi, Paris._veill cinq heures par impatience d'allerdner Ruel. Men en carrosse aux Feuillants, il y entend la messe;djeun. Il monte cheval, est men Ruel, y est arriv neufheures. A onze heures dn, bu du vin blanc. Il fait le bon compagnonavec MM. d'pernon, de Montbazon, le Grand et autres seigneurs qui il

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    donnoit dner, les fait boire sa sant, boit la leur. A une heureil entre en carrosse, va Suresnes chez M. le contrleur Parfait, ya got trois heures. A cinq heures il passe l'eau, monte cheval,arrive aux Tuileries six heures et demie sept heures au Louvre.Dvtu, mis au lit, soup. A huit heures lev, vtu, il va chez laReine; neuf heures et un quart dvtu, mis au lit.

    _Le 12, jeudi, Paris._Men la chasse aux perdreaux, au Roule.

    _Le 13, vendredi, Paris._A cinq heures trois quarts men encarrosse chez la reine Marguerite, puis en bateau sur la rivire, men

    prs des Bonshommes._Le 14, samedi, Paris._Men en carrosse au faubourg Saint-Victorvoir faire la monstre la compagnie des gardes de la Reine.

    _Le 15, dimanche, Paris._Men en carrosse la messe, Notre-Dame;men vpres Saint-Germain-de-l'Auxerrois; quatre heures troisquarts got au doyenn, logis de M. de Souvr. A cinq heures et unquart men aux Tuileries puis sur la rivire jusques au droit deChaillot; ramen dans son petit carrosse dcouvert, tir par sixbidets; M. le Grand et M. de Souvr toient dedans. Arriv au Louvre huit heures et un quart.

    _Le 16, lundi, Paris._Men dix heures en carrosse Saint-Ladrepour y voir faire la crmonie des chevaliers de Saint-Lazare; le sieurde Nrestang en toit chef de l'ordre; ramen dix heures. A troisheures got, men en carrosse our vpres Piquepusse; puis il monte cheval et va la chasse au perdreau.

    _Le 18, mercredi, Paris._veill six heures, lev, gai, ilsurprend ses valets de chambre encore couchs, ce dont il estextrmement rjoui.

    _Le 19, jeudi, Paris._Il va au bois de Vincennes pour y dner etmettre la premire pierre du btiment neuf que l'on y faisoit; il ne lamit pas, pour l'absence de la Reine. Il monte cheval, est men la

    volerie du perdreau, en prend quatre.

    _Le 20, vendredi, Paris._Men en carrosse au bois de Vincennespour y asseoir la premire pierre de son corps de logis qui est du ctdu parc. Sur la pierre est grav: DU REGNE DE LOUIS TREIZIESMEAAG DE NEUF ANS ET MARIE DE MEDICIS SA MERE ET REGENTE. L'on ymit quatre pices d'or de sa face et de mme inscription, le tout enprsence de la Reine. Il fait merveilles de y jeter le mortier prinsdans un bassin d'argent avec une petite truelle d'argent. Ce fait, ilmonte cheval, est men la chasse.

    _Le 21, samedi, Paris._Men par la galerie aux Feuillants, il faitjeter une cane dans le canal, aux Tuileries, y met son petit chien

    _Gayan_ aprs.

    _Le 22, dimanche, Paris._Men en carrosse vpres, auxFilles-Dieu. A neuf heures et demie mis au lit, il ne se peut endormir,a de l'inquitude, appelle M. de Heurles pour lire, enfin onze heuresil s'endort.

    _Le 23, lundi, Paris._A huit heures djeun; il monte au cabinetdes livres, a froid, blmit, fait allumer du feu; mains chaudes, lepouls un peu ht, fort enrou, tudi. A dix heures il est men

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    la chapelle de l'antichambre de la Reine puis chez la Reine, et onze heures donne audience aux dputs du parlement de Toulouse, leprsident de Verdun, premier prsident, portant la parole[21]. A neufheures dvtu, mis au lit, il dit que la gorge lui fait mal, faitchanter et jouer du luth le Bailly pour s'endormir.

    [21] _Voy._ le Registre journal de Louis XIII par Lestoile, la date du 21 aot 1610.

    _Le 24, mardi, Paris._A sept heures drage de rhubarbe une once etdemie, prise partie seule, partie avec de la pomme. Lev en robe, il va

    donner le bonjour la Reine. Il va en la galerie, o il se joue, faitmarcher devant lui ses petits gentilshommes se tenant aux manteaux parderrire, faisant les chevaux, et lui est le dernier qui touche ce quiest devant, puis se fait porter et promener au grand pas. A cinq heureset un quart il se met au lit, o il s'amuse inventer des engins; lareine Marguerite le vient voir. Il fait faire la musique de voix etd'instruments; il parloit de ce qu'il avoit fait chanter des chansonsau Bailly et quelles; M. de Souvr lui demande: N'avez-vous pointfait chanter de celles du feu Roi qui toient pour les amours de Mmela princesse de Cond et autres?_Non._Pourquoi?_Je les aimepoint_, dit-il brusquement.

    _Le 25, mercredi, Paris._A six heures et demie soup; M. le

    marchal de Fervaques prend cong de lui, s'en retournant en Normandielieutenant gnral. Il va en la galerie, fait tirer des fuses, va chezla Reine. Deux soldats des gardes avoient mang des raisins dans lesvignes et pour ce avoient t condamns tre dgrads et bannis pourdeux ans; il n'eut point de repos tant qu'il et fait avec la Reinequ'ils en seroient quittes pour un an de bannissement. Sa Majest lecommanda M. d'pernon.

    _Le 26, jeudi, Paris._A huit heures trois quarts djeun, tudi,crit, tir des armes, dans; men par la galerie aux Feuillants etjou aux Tuileries. Il raconte en dnant, comme au sacre de la Reineil toit fort mal log Saint-Denis[22], qu'il avoit en sa chambre unpuits, une cave, un abreuvoir poules, et une curie au dessous, o

    il y avoit un rtelier; que c'toit le logis d'un chanoine, le plusmauvais de Saint-Denis. Men aux Tuileries par la galerie, il y faitcourir un livre par tous ses petits chiens, leur en fait faire lacure.

    [22] _Voy._ au 12 mai 1610.

    _Le 28, samedi, Paris._Men aux Augustins, la messe, cause dela fte[23]. A trois heures men en carrosse en la place du collgede Cambray pour y mettre la premire pierre du btiment du collge duRoi[24]; ramen six heures et demie chez la Reine.

    [23] La fte de Saint-Augustin.

    [24] Le samedi 28, le Roi assit la premire pierre fondamentale du nouveau collge que le Roi son pre avoit desseingn faire Cambrai. M. de Sully, qui l'y avoit accompagn, prsenta Sa Majest une truelle d'argent avec laquelle il maonna ladite pierre, et y mit quatre mdailles auxquelles son portrait toit grav, deux d'or et deux d'argent. (_Journal de Lestoile._)

    _Le 29, dimanche, Paris._A neuf heures men en carrosse our lamesse au collge de Navarre, il y voit la librairie; en entrant il dit

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    tout haut: _Que l'on ne drobe rien_. Les coliers lui demandoient unmois de vacations, il leur en donne pour trois jours; ramen onzeheures chez la Reine. A trois heures men en carrosse aux Cordeliers, vpres, il y voit la librairie[25].

    [25] Le dimanche 29 le Roi alla aux Cordeliers, o tant entr dans le rfectoire, prit plaisir voir dner les moines qui cassoient proprement en frres briffaus; les interrogea sur leurs vivres ordinaires et rgles de leur couvent et leur fit tout plein d'autres questions curieuses et plaisantes, convenantes son ge. Il alla aprs voir la bibliothque, o il fut conduit

    par le P. Cotton et Casaubon, qui entrrent en dispute et confrence ensemble de la religion. (_Journal de Lestoile._)

    _Le 30, lundi, Paris._A trois heures got, men en carrosse versSaint-Ouen, la chasse. A sept heures soup; il va en la galerie, faittirer des fuses. M. le chevalier de Vendme veut prendre cong de lui,pour partir le lendemain avec son frre, allant en Bretagne; et bienqu'il l'et permis, il se prend tellement pleurer que le voyage duChevalier fut rompu et qu'il demeura prs de lui.

    _Le 31, mardi, Paris._A trois heures got, bott, men en carrosse la Sainte-Chapelle pour y voir les reliques; ce fut la premirefois qu'il les a vues; puis il monte cheval, va vers les plaines de

    Vaugirard._Le 2 septembre, jeudi, Paris._Men en carrosse Conflans, ramen sept heures et demie chez la Reine, soup huit heures. Il railloitdu sieur de Mainville, lui disant: _Mainville, j'ai des chiens qui sontbons pour voleur; prenez garde vous!_Mais, Sire, l'on croira quevous ne le dites pas en jouant._Je dis vrai, je me joue pas._

    _Le 3, vendredi, Paris._Son prcepteur lui avoit enseign, il yavoit quelques jours, que l'une des choses que les princes hassoientle plus, c'toit un vieux serviteur mal rcompens; il lui demande:Sire, qu'est-ce que les princes hassent le plus? Le Roi, songeant,dit soudain: _C'est le vice_. A neuf heures dvtu, mis au lit, il

    s'amuse deviser; il envoie querir sa nourrice et lui demande:_Dondon, avez-vous t chevauche?_ en rougit, ayant apperu qu'ilavoit failli sans y penser, voulant dire: tes-vous de la chevauche?c'est--dire de la veille, car les femmes de la chambre de la Reineveilloient leur tour.

    _Le 5, dimanche, Paris._On lui avoit amen un enfant de six ans,jouant du luth et mal: _Il a beau jouer_, dit-il, _il ne m'endormirapas_, comme souloit faire le Bailly. Men aux Feuillants par lagalerie; M. le chevalier de Vendme et M. de Guise toient la messe.M. de Chaux[26], vque de Bayonne, premier aumnier du Roi, demande M. de Souvr auquel des deux il bailleroit l'cu pour l'offrande, quilui dit que ce n'toit point de son fait. Cependant M. de Guise suit le

    Roi allant l'offrande, et, ne s'tant point trouv d'cu offrir, M.de Guise demanda M. de Souvr s'il lui avoit fait faire cet affront,qui rpond que non, et que ce n'toit pas de son fait. Lors M. de Guisese prend l'vque, lui disant qu'il ne y avoit l personne qui le dtprcder, qu'il toit un malhabile, un ignorant qui ne savoit pas sacharge; l'vque au contraire, et dit qu'il s'en plaindroit la Reine,M. de Guise aussi, tout le premier (_sic_). A trois heures men encarrosse vpres, Saint-Eustache, puis aux Tuileries.

    [26] Bertrand des Chaux, vque de Bayonne de 1598 1621.

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    _Le 6, lundi, Paris._Men par la galerie aux Tuileries, o il sejoue en diverses faons, se fait promener dans son petit carrosse,Mesdames avec lui.

    _Le 7, mardi, Paris._Le sieur de Senneterre apporte la nouvellede la prinse de Juliers[27]; le Roi l'entendant dit haut et gaiement:_C'est moi qui l'ai prins_.

    [27] Par Maurice de Nassau.

    _Le 8, mercredi, Paris._A six heures et un quart, lev, vtu, ils'enfuit de del pource que M. de Souvr lui veut dbarbouiller levisage; il dit qu'il n'est pas _damoiseau_. A neuf heures men encarrosse Notre-Dame[28], ramen onze heures et demie. A onze heureset trois quarts dn; il raconte comme il a t Notre-Dame, _o_,dit-il, _l'on nous a baill d'une messe de quatre heures_. Jou, men Saint-Germain-de-l'Auxerrois, au sermon de M. Fenoillet[29], vque deMontpellier, et vpres au Louvre.

    [28] Jour de la nativit de Notre-Dame.

    [29] Pierre Fenouillet, vque de Montpellier de 1608 1652.

    _Le 10, vendredi, Paris._Un seigneur espagnol venu avec le duc deFeria, lui vient faire la rvrence, et, tout aussitt qu'il l'etaccueilli, le Roi lui dit pour l'entretenir: _Tenez vel le plan deJuliers_, qui venoit d'tre prins, et il lui montre par le menu lesparticularits du sige: Voil ceci, voil cela, voil les Franois,voil les Flamands, etc.

    _Le 11, samedi, Paris._A trois heures et demie, le duc de Ferialui fait la rvrence; il se surpassa en contenance et prolation deparoles; les paroles furent: _Je remercie le roi d'Espagne mon frrede la souvenance qu'il a de moi et le prie de s'asseurer que j'auraienvers lui la mme affection qu'a eue le feu Roi mon pre_; en tellesorte que les Espagnols en toient tous en admiration, faisant le signe

    de la croix; d'eux d'entre eux, qui toient Navarrois, se tranrentde bien loin, les genoux en terre, lui allant faire la rvrence, etne pouvoient lcher sa cuisse qu'ils tenoient embrasse. A six heurestrois quarts soup; mangeant d'une plie de Loire, il demanda commentles plies nageoient. Quelqu'un rpondit que c'toit de plat: _C'estdonc_, dit-il, _quand elles sont mortes_.

    _Le 13, lundi, Paris._M. de Frontenac, premier matre d'htel etcapitaine de Saint-Germain-en-Laye, lui dit que la Reine lui avoit tla capitainerie: _Pourquoi?_ demande le Roi, tonn et fch.Sire,c'est pour la donner mon fils, la charge que je serai sonlieutenant._Le lieutenant baillera donc le fouet son capitaine!_Messieurs et Mesdames partent pour aller Saint-Germain.

    _Le 15, mercredi, Paris._Il va chez la Reine, qui lui veut donnerdes petites besognes, comme des _Agnus Dei_ garnis de diamants; il lesrefuse assez brusquement, et toutefois en enfant, et dsire un petitlivre couvert de diamants. Elle l'en refuse, disant que le feu Roi sonpre le lui avoit donn; il le dsiroit pour le mettre en son oratoire;la larme lui vient l'il.

    _Le 16, jeudi, Paris._Men en carrosse aux Tuileries, il se promnedans son carrosse tir par six petits bidets. A six heures et trois

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    quarts soup; M. du Repaire lui veut reprsenter les raisons pourquoiM. de Souvr ne trouvoit pas bonne quelque chose qu'il avoit envie defaire. Il le frappe; M. de Saint-Gran le voit, le dit aprs M. deSouvr.

    _Le 17, vendredi, Paris._Pour avoir, le jour prcdent, frapp M.du Repaire, il est fouett un peu serr.

    _Le 18, samedi, Paris._A quatre heures il monte dans un bateau, estmen jusques aux Bonshommes; ramen de mme jusques aux Tuileries.

    _Le 19, dimanche, Paris._Men par la galerie aux Feuillants, jouaux Tuileries, ramen dix heures et demie chez la Reine; dn; ilmange du muscat port du pressoir de Fontainebleau. En mangeant tenantson couteau d'une main, de l'autre il bat toujours le tambour sur latable en rvant, et donne manger ses chiens _Oul_ et _Griffon_.A trois heures il reoit le comte de Hamton, ambassadeur d'Angleterre,venu pour se condouloir et jurer l'alliance.

    _Le 20, lundi, Paris._A huit heures il monte cheval, va chassantdner Ruel, y fait venir Mesdames. A onze heures trois quarts dn; trois heures et demie Mesdames s'en retournent Saint-Germain et luimonte cheval. Il va Suresnes, chez le sieur Parfait, y a got, estramen en carrosse Paris.

    _Le 21, mardi, Paris._Le comte de Hamton le vient trouver; il lemne en sa chambre pour le faire dner avec lui; puis douze heures etdemie dn. Le Roi fait porter le potage confit l'ambassadeur, luienvoie aussi une tourte faite de rognons de poulet; bu du vin blanc la sant du roi d'Angleterre. Il envoie l'ambassadeur ses ortolans,ne y touche point; bu la sant des ambassadeurs du vin blanc. Lesambassadeurs lui envoient dire qu'ils n'oseroient pas prendre lahardiesse de boire sa sant, mais qu'ils vont boire l'un l'autrepour sa sant. Il les mne en sa chambre, va aux Feuillants vpres, ymne les ambassadeurs, qui ont jur l'alliance offensive et dfensive; leur requte il signa les articles; ce sont les premiers qu'il asigns. Jou au jardin des Tuileries, ramen sept heures.

    _Le 22, mercredi, Paris._A huit heures et demie djen, tudi,crit, tir des armes, dans. A quatre heures et demie men par lagalerie sur la rivire, dans un bateau couvert; men jusques auxBonshommes, ramen de mme aux Tuileries et de l en carrosse, septheures au Louvre.

    _Le 23, jeudi, Paris._A onze heures il va chez la Reine, l o, laReine assise prs de lui, le sieur Concino, premier cuyer de la Reine,lui prta le serment de fidlit pour le gouvernement de Pronne,Montdidier et Roye, lui baisant la main et la Reine. A quatre heureset demie men par la galerie aux Tuileries, il fait courir dans lacarrire deux louveteaux par ses petits chiens. A sept heures soup; il

    se plaint du ventre, et dit que c'est son pourpoint qui le serre trop;il toit vrai. Il ne le veut point desserrer qu'il n'aye s si c'estla volont de M. de Souvr, auquel il l'envoie demander, et qui le luipermet.

    _Le 24, vendredi, Paris._Il avoit command, voulant aller au grandcabinet, M. Dauzer, l'un des premiers valets de chambre, de fairesortir ceux qui y toient; il le fait. A sept heures et demie djeun;pendant son djeuner quelques-uns des gentilshommes ordinaires que lesieur Dauzer avoit fait sortir s'en plaignent au sieur Dauzer, qui

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    leur parle un peu brusquement. Il entendoit tout cela et n'en faisoitpas le semblant. Il monte au cabinet des livres pour tudier; le sieurDes Yveteaux lui parle sans sujet de cette noise; il l'coute, etrpond froidement: _Dauzer a parl un peu rudement eux, mais il lesy faut accoutumer de bonne heure._

    _Le 25, samedi, Paris._A onze heures et un quart men chez laReine, dn; il conteste, comme entendu, sur un cerf mal men quitoit en la plaine de Grenelle. Les uns disoient qu'il falloit deslevriers: _Ho! non_, dit-il en secouant la tte. On lui dit: Sire, ilsne le prendroient pas, il gagneroit les devants._Il les faut jeter

    en tte._ Jou, tudi, etc. A deux heures got; men en carrosse la plaine de Grenelle pour courir le cerf dont on lui avoit fait lerapport. Il monte cheval, voit donner les chiens et courir le cerfpar la plaine, fait aller M. de Frontenac aprs; le cerf ne fut pointprins. A neuf heures et demie devtu; mis au lit, il s'amuse railler;M. de Termes lui faisoit des contes.

    _Le 26, dimanche, Paris._A sept heures et demie djeun; il envoiequerir ses petits hommes de plomb, en dresse des escadrons sur la tableperce.

    _Le 27, lundi, Paris._Men la messe aux Cordeliers, o il a oule sermon de P. Fenoillet, vque de Montpellier[30]; ramen onze

    heures chez la Reine, o il a reu le serment du sieur Concino pourpremier gentilhomme de la Chambre, par la dmission de M. de Bouillon.A onze heures et demie dn; M. le chancelier le vient instruire de cequ'il doit rpondre MM. de la cour de Parlement, qui toient en sachambre pour lui dire adieu, s'en allant son sacre, M. le prsidentForget porta la parole. A trois heures got; le comte de Hamton,ambassadeur d'Angleterre vient prendre cong de lui. Amus doucement, cause de la pluie, dans la galerie.

    [30] Le Roi entrait ce jour-l dans sa dixime anne.

    _Le 29, mercredi, Paris._A neuf heures et un quart devtu, misau lit, il fait chanter le Bailly; il y avoit aussi un Espagnol qui

    chantoit et en espagnol. Mme de Guise lui dit qu'il commandt Baillyde chanter en espagnol: _Non, il pourroit faillir; il faut que chacunchante en son langage._

    _Le 30, jeudi, Paris._Il y avoit sur sa table de l'tude _Lesemblmes d'Horace_, imprims Anvers; il s'amuse lire le privilgequi toit en cet ordre: Du Pape, du roi d'Espagne et du roi deFrance. Il prend la plume et l'encre, et, sans dire mot, il effacetout couvert d'encre _le roi d'Espagne_, et entre deux, aprs _lePape_, il crit _le roi de France_[31], et, sans en faire semblant,quitte la plume. A trois heures got; men en carrosse au bois deVincennes, il va voir son btiment, chasse au parc.

    [31] _Q. Horatii Flacci emblemata, imaginibus in s incisis, notisque illustrata, studio Othonis Vni.Antuerpi_, 1607, in-4. A la fin du livre, l'approbation donne Anvers le 15 mars 1607 est accompagne de cette indication: _Privilegiis Pontifico, Csareo, Regum Hispani et Galli, et Principium Belgii, cautum est, ne quis hc emblemata aut alia ejusdem auctoris opera imitetur_. L'exemplaire conserv au cabinet des Estampes de la Bibliothque Impriale (n T a 11) est aux armes de Louis XIII et porte cette correction faite l'encre: _Privilegiis Pontifico, Csareo, Regum Galli et Angli,

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    Principium Belgii, etc_.

    _Le 1er octobre, vendredi, Paris._A sept heures, djeun, tudi,crit, tir des armes, dans; men par la galerie aux Feuillants,ramen en carrosse dix heures et demie chez la Reine. A onze heures,dn, tudi, etc. A trois heures, got, men en carrosse chez lareine Marguerite, ramen six heures et demie.

    _Le 2, samedi, voyage._veill cinq heures, lev avec allgresseet impatience de partir pour aller son sacre. A six heures et demie,djeun; bott sept heures, il entend la messe en Bourbon. A sept

    heures trois quarts il entre en carrosse et part de Paris pour aller Reims. Dn dix heures Livry; peu aprs il monte cheval, estall la chasse. A trois heures got la campagne; arriv Fresnepar les alles, il se y promne pied et cheval. La Reine, qui avoitdn Bondy, arrive cinq heures et demie. A sept heures soup; ils'amuse en son cabinet peindre, fait lui-mme ses couleurs sur lecuivre, peint sur la toile l'Avarice et la Prudence, vtues, assezbien, y est attentif, fait toutes les actions que sauroit faire unpeintre, la fin serre lui-mme ses couleurs et ses pinceaux.

    _Le 3, dimanche, voyage._A sept heures trois quarts il part de Fresneen carrosse et va Meaux, c'est la premire fois, o il a dn. Peuaprs il monte cheval, vient chassant par Trie-le-Port et arrive

    quatre heures Monceaux. Il se va promener par les alles dans l'tangvid, va jusques la bonde; M. de Souvr lui dit par diverses foisqu'il ne donnoit pas de louanges aux belles choses et mmement cellesqu'il venoit de voir; se sentant press, il rpond: _Mais, mousseu deSouvr, savez-vous pas bien que je suis pas grand parleur?_

    _Le 4, lundi, Monceaux._A sept heures et demie djeun, tudi,etc. Men la chapelle puis au parc; men la chasse en carrosse.

    _Le 5, mardi, Monceaux._A sept heures et demie djeun, tudi;son prcepteur lui commena sa leon par la louange des romans, et luidemanda s'il pensoit pas que la lecture des romans ft pas suffisantepour instruire un prince: _Non_, rpond le Roi.

    _Le 6, mercredi, Monceaux._En tudiant il s'amuse dresser desescadrons en diverses sortes avec ses hommes de plomb, sur la tableperce; son prcepteur lui dit que, selon Platon, les dieux toient pardessus les rois comme les rois toient par dessus les hommes et lescapitaines. Il rpond soudain: _Oui, mais il n'y a qu'un Dieu, il y aplusieurs rois_. Men en carrosse our la messe aux Bonshommes, o luisont offerts des raisins par eux; ramen onze heures et demie, dn;peu aprs il va jouer la balle en la galerie.

    _Le 7, jeudi, Monceaux._Men en carrosse la chasse du cerf, horsdu bois il monte cheval, le voit prendre dans la rivire.

    _Le 8, vendredi, Monceaux._Il disoit M. de Bellegarde, grandcuyer, qu'il avoit une arbalte: Sire, dit-il, vous en tirezbien._Non, je tire pas bien, mais peu peu nous apprendrons._Ilavoit un jeune garon nomm Csar qui avoit t laquais; il le fitcocher de son petit carrosse bidets et l'aimoit, en parloit souvent.On lui demanda pourquoi il l'aimoit, il rpond soudain: _Pource qu'ilest homme de bien_. Men au parc cheval, il prend un chevreuil, faitce qu'il peut pour faire ruer le petit mulet sur quoi toit mont M. deSouvr, tchant d'une houssine atteindre la croupe. M. de Bonnivet lesuivoit cheval, et il n'y avoit autre que lui; le Roi se retournant

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    lui dit: _Pourquoi allez-vous cheval?_Sire, pource que je n'ai pasbonnes jambes._Il ne faut donc pas que vous veniez ici aprs moi._

    _Le 9, samedi, Monceaux._Men la messe en la galerie, il donnele bonjour la Reine. A une heure et demie il entre en carrosse, va l'abbaye de Jouarre contre son gr et bien forc; M. de Souvr le yporta[32]; il faisoit fort mauvais temps de vent et de pluie. Ramen cinq heures, il se va promener dans le parc, dans son petit carrosse six bidets, que le sieur Constance, cuyer ordinaire, avoit faitcouvrir; cinq heures trois quarts il va chez la Reine. A huit heureset demie il toit las; dvtu, mis au lit, il ne veut pas que l'on

    ouvre le pied du lit quand il se couche, pour n'tre vu du monde quitoit en sa chambre, que l'on fait sortir.

    [32] L'y dcida.

    _Le 10, dimanche, Monceaux._Il s'amuse mettre en diverses figuresde bataillons ses hommes de plomb sur la table perce, n'en peut partir.

    _Le 11, lundi, voyage._A sept heures djeun, men la messe, puismont cheval, men la Trousse, maison du capitaine de la porte; ily a dn dix heures trois quarts. A une heure il monte cheval, et quatre heures et demie arrive au chteau de Gandeleu. A six heures etdemie soup; il va chez la Reine. A huit heures et demie mis au lit, il

    se fche de ce qu'il y avoit trop de monde en la chambre et dit: _On ylaisse entrer toute sorte de personnes_.

    _Le 12, mardi, voyage._Men la messe, puis huit heures il entreen carrosse et part de Gandeleu; il va au Buisson, maison de M. levicomte d'Ouchy[33], prs de Coincy. A une heure il part du Buisson,est men en carrosse et arrive quatre heures Fre en Tardenois,est log au bourg, chez le grenetier. Il s'en va au chteau, le visitetout, va au parc aprs les daims; ramen six heures, il va au-devantde la Reine, qui arrivoit.

    [33] Eustache de Conflans, chevalier d'honneur de la reine Marie de Mdicis; mort en 1628.

    _Le 13, mercredi, voyage._Djeun, tudi, men la messe, puis encarrosse au parc, o il est mis cheval, court les daims, en faitprendre un pour le faire nourrir. A une heure il part de Fre, entre encarrosse et arrive Fismes quatre heures, est dbott; demi-heureaprs M. de Souvr lui demande s'il vouloit aller se promener?_Oui,mais je ne saurois aller cheval sans bottes._Vous irez pied, ilfait beau aller._Ho! non; vel qui seroit beau, j'irois pied etl'on me suivroit cheval!_Il faut reprendre la botte._J'aimedonc mieux que l'on me botte._ A cinq heures et un quart il monte cheval, est promen dehors. A huit heures dvtu, mis au lit, ildit M. de Souvr, qui tenoit la bougie: _Mousseu de Souvr, sautezpour voir si le plancher branle_; il toit pesant, et pour couvrir la

    raillerie il dit: _Si j'tois debout je sauterois, je le ferois bienbranler._

    _Le 14, jeudi, voyage._veill cinq heures, doucement, il dit qu'iln'a point dormi, qu'il a entendu courir la poste toute la nuit, et lescharretiers qui crioient: _Dia_. A sept heures et demie il entre encarrosse et part de Fismes, se trouve mal en chemin, a mal au cur; cedit, il s'appuye sur M. de Souvr. Il toit lgrement vtu, il faisoitbien froid et il avoit mal repos la nuit. Il arrive deux lieues deReims .....[34], o il a bien dn; une heure il entre en carrosse,

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    et une demi-lieue de la ville monte cheval pour son entre; et,aprs avoir entendu patiemment toutes les harangues, il entre Reims,va Notre-Dame environ les cinq heures trois quarts. On lui prend soncheval; c'toit un barbe blanc, il le veut ravoir. A sept heures soup.

    [34] Hroard a laiss ce nom en blanc.

    _Le 15, vendredi, Reims._A sept heures et demie djeun, tudi;men en carrosse Saint-Remy, ramen onze heures, il va chez laReine, puis onze heures et un quart dn. A deux heures et demie men Saint-Pierre, o il a got; ramen cinq heures, il va vpres

    Notre-Dame. A huit heures trois quarts devtu, mis au lit; l'on parloitd'une querelle qu'il y avoit entre quelques-uns de la musique etdemandoit-on comment ils se battroient; il rpond: _Il faut qu'ils sebattent avec des luths_.

    _Le 16, samedi, Reims._Il blme Outrebon, l'un des musiciens de sachambre; c'est celui qui le jour prcdent avoit pris querelle contreGudron, autre musicien et qui avoit montr Outrebon: _Mais vel quiest beau! Outrebon qui se veut battre contre Gudron, et Gudron luia montr tout ce qu'il sait_, et le trouvoit fort mauvais. Men encarrosse Saint-Nicaise, ramen dix heures trois quarts. A troisheures men en crmonie Notre-Dame pour our vpres et recevoirl'ordre de confirmation; il est confess par le P. Coton, de la

    compagnie des Jsuites, puis cinq heures et demie reoit l'ordre deconfirmation par M. le cardinal de Joyeuse. Ramen six heures, il sejoue atteler ses petits gentilshommes l'un la suite de l'autre etles touche devant soi[35].

    [35] C'est--dire qu'il les touche du fouet en les conduisant.

    _Le 17, dimanche, Reims._veill cinq heures, lev, men etcouch en son cabinet, dans son lit de parade, o MM. les pairs lesont venus trouver pour le mener Notre-Dame pour le sacrer. Il entreen l'glise neuf heures et demie, est reu par l'illustrissimeFranois, cardinal de Joyeuse; MM. les princes de Cond, de Conty etcomte de Soissons reprsentoient les ducs de Bourgogne, de Normandie

    et d'Aquitaine, MM. les ducs de Nevers, d'Elbeuf et d'pernon lescomtes de Flandre, de Champagne et de Toulouse. Sur les onze heuresfut conduite la sainte ampoule par MM. les marquis de Sabl, baron deBiron, baron de Nangis et baron de Rabat, porte par Dom Lpagnol,grand prieur de Saint-Remy; sur midi, il reoit l'onction, est conduitsur le pupitre. Les pairs le baisent par deux diverses fois; il donneun petit soufflet M. d'Elbeuf, gaiement, et essuie sa joue. Il futremarqu que, aux deux fois qu'il fut bais par M. d'pernon, ilporta ses deux mains sa couronne pour l'assurer en sa tte. Il va l'offrande, communie; en marchant il tchoit d'attraper la queue dumanteau de M. de la Chtre, qui marchoit devant lui, faisant l'officede conntable. Il supporta fort vertueusement toute la fatigue de cettecrmonie qui se termina deux heures et un quart. Ramen, on le

    vouloit faire reposer dans un lit; encore qu'il ft un peu las, il ditqu'il avoit faim. A deux heures et demie dn de la viande de MM. de laville, apprte et servie par ses officiers, M. le marchal de Lavardinfaisant la charge de grand matre; bu du vin blanc, il boit la santde MM. les pairs. Il va en sa chambre, se fait mettre au lit, se faitapporter sa table perce et s'amuse dresser des bataillons avec seshommes de plomb, puis faire des engins de cartes. A six heures M. deSouvr le fait lever et vtir un habillement neuf, dont il entre enmauvaise humeur et s'apaise la fin. Men chez la Reine; huit heureset demie mis au lit.

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    _Le 18, lundi, Reims._A huit heures et demie djeun, tudi; dixheures et un quart il monte cheval, vtu de satin blanc en broderied'argent, sur un cheval blanc, est men la messe Saint-Remy. Atrois heures trois quarts men Notre-Dame pour tre fait chevalier duSaint-Esprit, il entend les vpres; cinq heures trois quarts il estfait chevalier par M. le cardinal de Joyeuse, puis fait chevalier M.le prince de Cond. Le cardinal de Joyeuse ne le voulut pas tre aprslui, bien qu'il et t autrement rsolu et qu'il l'et consenti; il(le cardinal) eut dans l'glise une longue confrence avec le cardinalde Gondi: l'on eut opinion qu'il lui avoit fait changer d'avis. Quand

    le Roi lui demanda pourquoi il le refusoit, il rpondit d'autant qu'iltoit le premier prince de l'glise et qu'il plt Sa Majest de leconserver en son droit; le Roi lui dit: _Il faut parler la Reine mamre, je puis pas rsoudre cela_; il ne fut pas fait chevalier. Le Roireoit les chevaliers gaiement; comme ils le vont baiser, il prend labarbe M. le Grand en riant, en disant: _Vel un honnte homme_.

    _Le 19, mardi, Reims._A huit heures et demie il entre en carrossepour aller dner Cosson, maison du baron du Tour, deux lieuesde Reims; il monte cheval, vole la perdrix, en prend six. Misen carrosse, il revient Reims cinq heures trois quarts; amusdoucement chez la Reine jusques huit heures et demie. Dvtu, ilfeint de dormir pendant qu'on le devtoit; mis au lit, comme M. de

    Souvr et dit: C'est cette heure bon escient qu'il dort, ils'bouffe de rire.

    _Le 20, mercredi, voyage._A sept heures djeun; il ne veut pointaller la messe pied et dit: _Vel qui est beau que j'aille piedpar les rues!_ Et toutefois M. de Souvr insistant, il va pied lamesse Saint-Pierre pour favoriser l'abbesse. A huit heures et demieil part de Reims cheval et s'en va dner quatre lieues de l, Cormicy. A une heure et demie il monte cheval et, chassant par lePont--Vesle, arrive quatre heures trois quarts Saint-Marcoul[36],se va jouer sur le prau. A six heures et trois quarts soup.

    [36] Bourg de France en Picardie, au diocse de Laon. Il dpend

    de l'glise de Saint-Remi de Reims: on tient que les rois de France y doivent faire un voyage aussitt qu'ils sont sacrs et que c'est en ce lieu l qu'ils reoivent le pouvoir de gurir des crouelles. (_Dictionnaire gographique_ de La Martinire.)

    _Le 21, jeudi, Saint-Marcoul._Il va confesse en son cabinet au P.Coton, jsuite, puis huit heures et demie djeun. Il va la messeet dix heures un quart revient en la cour du logis o il y avoitneuf cents et tant de malades des crouelles qu'il a touchs aussisrement et dextrement comme s'il s'y ft souvent exerc; il se reposequatre fois, mais peu, ne s'assit qu'une seule fois. Il blmissoit unpeu de travail, et ne le voulut jamais faire parotre, ne voulut pasprendre de l'corce de citron. Il demande un malade d'o il toit,

    lui paroissant tranger; le malade rpond: De Lorraine._Donnez-luiun quart d'cu._ C'toit pour tre tranger et qu'il avoit entendu quel'on en donnoit autant aux trangers. A onze heures et demie parachev; onze et trois quarts dn. Il monte cheval, est men la chasse.

    _Le 22, vendredi, voyage._A huit heures et demie il monte cheval,part de Saint-Marcoul et, par le Pont--Vesle, va dner Missy; uneheure il remonte cheval et va chassant, arrive cinq heures Brene.

    _Le 23, samedi, voyage._A sept heures et un quart djeun; il va

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    la messe l'abbaye, puis, huit heures part de Brene, entre encarrosse, va Auchy-la-Ville, o il arrive dix heures trois quarts; onze heures il y a dn. Peu aprs il entre en carrosse, et quatreheures et demie arrive la Fert-Milon; il va aussitt aux jardins. Ils'amuse faire des paniers de menu jonc, en fait faire M. le Grand.

    _Le 24, dimanche, voyage._Il va la messe la petite chapelle dela maison qui toit M. le marquis de Noirmoustier, puis, huitheures et un quart, part de la Fert-Milon en carrosse et va Tresmes,maison de M. de Gesvres, secrtaire d'tat, o il arrive dix heurestrois quarts. Il va aux jardins, aux alles; une heure trois quarts

    il monte cheval, et par le bac de Tancrou arrive quatre heures Monceaux.

    _Le 25, lundi, Monceaux._Djeun, tudi, men la messe lachapelle, puis au parc. Men en carrosse la garenne, il passe le bac Trie-le-Port, monte cheval, voit prendre un loup et une louve.

    _Le 26, mardi, Monceaux._Dn avec impatience pour la chasse; uneheure il part en carrosse avec la Reine pour aller la chasse du cerf.

    _Le 27, mercredi, Monceaux._A dix heures et demie dn, jou,tudi; deux heures il entre en carrosse avec la Reine, est men lavolerie, o il monte cheval.

    _Le 28, jeudi, Monceaux._Men en carrosse our la messe auxBonshommes. A une heure il entre en carrosse avec la Reine pour aller la chasse du cerf; il faisoit grand froid.

    _Le 29, vendredi, voyage._A huit heures il monte cheval et vadner Meaux. A une heure il monte cheval, va la chasse au loup,et quatre heures trois quarts arrive Fresne; dbott, il va auxjardins. A cinq heures et demie il va au-devant de la Reine, monte ensa chambre, joue avec elle; elle lui prte de l'argent et lui en donnele gain pour le donner aux pauvres. Il gagne cinquante cus, les prend,dit que son souper est sur la table et s'en va[37], son argent dans unmouchoir; il arrive en sa chambre, montre son gain, s'en rjouit, et

    dit que c'est pour donner aux pauvres.

    [37] Hroard a mis en note en marge: Coupe-queue au jeu; c'est ce que l'on a nomm depuis: faire Charlemagne, se retirer du jeu avec tout son gain.

    _Le 30, samedi, voyage._Il est men la chapelle, puis entre encarrosse et, par Mongeay, est men au bois de Vincennes. A deuxheures il entre en carrosse jusques Piquepusse, o il trouve sesgrands chevaux, monte cheval et arrive cinq heures la porteSaint-Antoine. Le prvt des marchands et tous les officiers de laVille furent au-devant de lui; il fut tir cent canonnades de centcanons, que M. de Sully avoit fait mettre sur les remparts. Il arrive

    sept heures au Louvre, est dbott, dvtu, se fait mettre au lit.Soup; il se lve, prend sa robe et ses bottines et se va coucher en lachambre de la Reine, o il souloit coucher depuis la mort du Roi.

    _Le 31, dimanche, Paris._A huit heures djeun; men par la galerieaux Feuillants et jou aux Tuileries; ramen en carrosse dix heurestrois quarts, il va en la galerie o toit la Reine et, onze heureset un quart les dputs de la cour de Parlement, MM. les prsidents deBlancmesnil (qui porta la parole) et Mol, avec quatre conseillers, levinrent saluer; et aussitt MM. des Comptes firent de mme. M. Nicola,

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    premier prsident, porta la parole, accompagn de M. le prsident del'Aubespine. Men vpres Saint-Germain-des-Prs, puis men auxTuileries; ramen cinq heures et demie, il va chez la Reine, o ilfait la guerre M. de Courtenvaux, nouvellement mari, auquel il veutfaire baiser sa femme[38] en prsence de la Reine et lui dit: _Non, jecroirai pas que vous soyez mari, que je ne vous aie vu baiser votrefemme._

    [38] Catherine de Neufville, qui avait pous, par contrat du 3 mai 1610, Jean de Souvr, marquis de Courtenvaux, fils du gouverneur de Louis XIII. Elle fut depuis dame d'atours de la

    reine Anne d'Autriche, et mourut en 1657._Le 1er novembre, lundi, Paris._A neuf heures men en carrosse lamesse, Notre-Dame, ramen midi; deux heures men en carrosse ausermon et vpres Saint-Eustache puis aux Tuileries.

    _Le 2, mardi, Paris._veill cinq heures il se fait entretenirtout bas, de peur d'veiller la Reine, par Catherine, femme de chambre,jusques six heures. Il donne le bonjour la Reine, va en sa chambre,entretient srieusement M. le comte Henri de Nassau, frre du princeMaurice, de la chasse, des lieux o il y a plaisir la chasse, commeSaint-Germain. Men en carrosse trois heures chez la reine Marguerite.

    _Le 3, mercredi, Paris._A sept heures mis en carrosse, men lamesse aux Feuillants puis Ruel, o il arrive dix heures; Messieurs,ses frres, et Mesdames, ses surs, y arrivent, et onze heures ontdn avec lui. A trois heures remis en carrosse, Messieurs et Mesdamesretournent Saint-Germain et lui Paris; il y arrive cinq heures etdemie.

    _Le 4, jeudi, Paris._A six heures trois quarts djeun, crit, tirdes armes, dans; son prcepteur toit malade.

    _Le 6, samedi, Paris._A trois heures et demie il donne audienceau clarissime Vnier, ambassadeur extraordinaire de Venise, pour lecompliment de son avnement la couronne; il va en la galerie, o il

    se met dans son petit carrosse et le fait tirer par deux de ses dogues.

    _Le 7, dimanche, Paris._Men par la galerie aux Tuileries, o ilfait courir un loup qui se jeta dans l'tang, o il fut pris.

    _Le 8, lundi, Paris._Il va en la galerie donner le bonjour laReine; on lui prsente un camlon. A onze heures trois quarts dn; ildit qu'il aimera btir, voyant de la table travailler les ouvriersqui couvroient le pavillon des Tuileries du ct de la rivire.

    _Le 9, mardi, Paris._A sept heures et demie il entre en carrossepour aller la chasse au loup, Colombes, o il a dn onze heures.Une heure aprs il monte cheval, va courir le loup, le prend, en

    court un autre, qui se sauve; ramen et arriv au Louvre trois heureset demie. A six heures et trois quarts soup; il me dit qu'il n'a pasenvie de manger et qu'il voudroit bien avoir un lait d'amandes; iltoit las et avoit envie de dormir. Il monte en son cabinet des livrespour se y jouer avec des petits hommes du palais que M. le marquisd'Ancre lui avoit donns, mais il dfend de dire que ce ft pour cela;il y fait monter sa musique de luths, et les fait jouer pendant qu'ilse joue, _quasi aliud agens_. A huit heures trois quarts il va donnerle bonsoir la Reine.

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    _Le 10, mercredi, Paris._Men par la galerie aux Feuillants, ilcourt et prend un chevreuil port aux Tuileries.

    _Le 11, jeudi, Paris._A trois heures men en carrosse l'Arsenal,il se joue et court beaucoup au jardin.

    _Le 12, vendredi, Paris._A deux heures men en carrosse laRoquette, o il a couru un cerf qu'il y faisoit nourrir; ramen cinq heures, et six heures soup. Il va chez la Reine, est amusjusques huit heures et un quart, a envie de dormir, donne le bonsoir la Reine et va en sa chambre, o il est dvtu, puis en son cabinet

    joignant la chambre de la Reine, o il a couch. Amus pour l'empcherde dormir, il prie Dieu, fait jouer de l'pinette La Chapelle,excellent joueur qui toit lui, fait chanter le Bailly et jouer duluth.

    _Le 14, dimanche, Paris._veill six heures, lev, vtu, il donnelui-mme manger ses petits oiseaux; sept heures et demie djeun;il va en la galerie, o il se joue, fait tirer son petit carrosse parses chiens, lui dedans. A huit heures mis au lit; il demande jouer etsa musique de peur de s'endormir si tt; jou gillet[39], aux cartes,et en jouant il commandoit sa musique. Quand ils cessoient: _Chantez,chantez_, disoit-il, ainsi que souloit faire le feu Roi son pre,duquel il avoit toutes les mmes actions.

    [39] Les rgles de ce jeu de cartes sont encore indiques dans l'_Acadmie universelle des jeux_, dition de 1730, page 333.

    _Le 15, lundi, Paris._A six heures et trois quarts djeun, tudi,crit, dans; il se ceint d'un cimeterre avec la ceinture la Turque,faite d'un tissu et se panadoit; il se met en posture disant: _Je veuxavoir ainsi ce cimeterre quand l'ambassadeur d'Espagne me viendravoir_. Il demande jouer au volant en attendant son tireur d'armes.Men en carrosse la plaine de Grenelle, o il monte cheval et courtun livre; ramen cinq heures, il joue la poule, jeu de cartes,avec la Reine.

    _Le 16, mardi, Paris._Men en carrosse Meudon, o il a dn,au chteau; une heure il va au parc courir un chevreuil. Ramenen carrosse, il va chez la Reine, et six heures soup. Il toitlas, demi endormi; il avoit fait tout ce jour un grand brouillas(_sic_) et mouillant comme de la pluie. Le duc de Feria, ambassadeurextraordinaire d'Espagne, lui envoie deux pleins bassins de petitsgants d'Espagne par des valets; il le remarqua, car aussitt qu'ilsfurent sortis il dit: _Voyez quelles gens ce sont; ce sont desestafiers._

    _Le 19, vendredi, Paris._Il fait chevalier de l'accoladel'ambassadeur de Venise, venu ambassadeur extraordinaire devers SaMajest, avec une incroyable adresse, en prsence de la Reine, qui

    voulut y assister; ce fut le premier qu'il aye fait, qui s'en alla sicontent qu'il ne pouvoit faire partir sa vue de dessus lui. A huitheures dvtu, mis au lit, il se fche contre M. de Souvr et luidit: _Vous ne m'aimez pas aujourd'hui, vous m'avez dit que j'tois unenfant._

    _Le 20, samedi, Paris._Son prcepteur lui demande: Sire, sur quelprince ou roi commencerez-vous un jour faire la guerre? Je sais bienque le Turc est infidle, mais sur quel autre roi?_Je vous le diraipas_, rpond le Roi, gravement[40]; il mettoit en bataille ses hommes

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    de plomb sur la table verte perce. Il s'amuse courir aprs sespetits oiseaux, qu'il avoit mis dehors dans son cabinet des livres.A huit heures men par la galerie aux Capucins et aux Tuileries; ilvoit courir deux loups qu'il avoit fait porter dans la carrire del'curie, puis un chevreuil dans le jardin. Ramen en carrosse chez laReine onze heures, puis dn; il est men en carrosse la plainede Grenelle, o il est mont cheval pour courir le livre; il courtbeaucoup.

    [40] Hroard dit: _Graviter, subito et aliud agens_.

    _Le 21, dimanche, Paris._Men en carrosse vpres pour la veillede la Sainte-Ccile. Il va chez la Reine, y joue gillet, gagne sixcus.

    _Le 22, lundi, Paris._A sept heures djeun, tudi, crit, tirdes armes, dans; il se met en mauvaise humeur pour ce que M. de Souvrle vouloit mener Notre-Dame; il ne vouloit pas, cause, disoit-il,qu'il y auroit une grande messe. Oui, Sire, lui dit M. de Souvr,mais il y aura de la musique, que vous aimez tant._Oui, mais ily en a de deux sortes, il y en a une que j'aime point_; c'toit leplain-chant. M. de la Noue, gentilhomme, heurta pour entrer, M. deSouvr commande de lui ouvrir la porte! _H! mousseu de Souvr, jevous prie que non._Pourquoi, Sire?_Pource qu'il me verroit en

    mauvaise humeur._ Enfin men en la galerie, puis en carrosse la messe Notre-Dame, son corps dfendant. A trois heures, aprs avoir donnaudience l'ambassadeur de Mathias, roi de Hongrie, il est men encarrosse vpres, aux Augustins.

    _Le 24, mercredi, Paris._Men la galerie et la boutique d'unmarchand qui avoit des besognes de la Chine; ramen dix heures, ilentend la messe en son cabinet, puis va au conseil et en sort onzeheures. A cinq heures il va en la galerie, y fait atteler ses dogues son petit carrosse, et fait du carrossier[41]; il va chez la Reine, yjoue au poirier, au grand cabinet.

    [41] Contrefait le carrossier.

    _Le 26, vendredi, Paris._Il s'amuse peindre en tudiant.

    _Le 27, samedi, Paris._veill deux heures aprs minuit, ensursaut, criant fort haut: _Madame de Guise!_ Il se rendort jusqu'six heures trois quarts. A onze heures dn, bu du vin blanc; peuaprs il demande encore boire, puis dit tout coup: _Non, non, j'enveux point_; il rvoit quelquefois ainsi en mangeant. A trois heuresgot, men en carrosse chez la reine Marguerite, jou, couru, sautau jardin. Ramen cinq heures, il va chez la Reine, revient en sachambre, y voit jouer un Espagnol joueur de gobelets; il dcouvre unepartie de ses jeux.

    _Le 30, mardi, Paris._A onze heures dn; tout le long du dner etdu souper il s'amuse jouer du tambour avec son couteau et la queue desa cuiller, battant sur la table, sur les vaisselles, sur l'assiette,sur le cadenat[42].

    [42] Coffret d'or ou de vermeil, contenant le couteau, la cuiller, etc., qu'on servait la table du Roi.

    _Le 1er dcembre, mercredi, Paris._A sept heures et demie, tudi,crit, tir des armes, dans. A huit heures men en la galerie, puis en

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    la chambre d'un marchand qui avoit des marchandises de la Chine. A deuxheures et demie men en carrosse au bois de Vincennes; il faisoit grandfroid. Il chasse au parc, cheval, est ramen et a got en carrosse.Pendant son souper il me raconte comme il s'toit chauff, puis enrevenant mis du long du carrosse[43]: _Je me suis couvert des mandillesde mes laquais, qui toient doubles de frise; cela est chaud; j'toissi mon aise!_

    [43] Il s'tait tendu dans le carrosse.

    _Le 2, jeudi, Paris._A sept heures et un quart il part aux

    flambeaux, entre en carrosse, va aux Capucins, o il entend la messe,puis arrive Ruel, o il a dn onze heures, y ayant donn dner Madame, Mme Christienne et Mlle de Vendme. Ramen en carrosse, ilarrive quatre heures et demie; six heures et demie soup. Il va enson cabinet, commande l'huissier de ne laisser entrer personne sanslui demander son nom et le lui venir dire; il aimoit quelquefois treen particulier. Il se fait donner des cartes et des ciseaux dont il lescoupe en diverses faons, va donner le bonsoir la Reine.

    _Le 3, vendredi, Paris._A sept heures trois quarts, djeun;il monte en son tude, se fait lire _la Gazette_ apporte de Rome,l'coute attentivement, demande ce qu'il n'entend point. Il y avoit uneclause parlant bien de Sa Majest: comme il russissoit; prompt; d'un

    esprit vif; amateur des armes et des lettres, et desireux de savoirtoutes choses selon les occurrences et tout au grand contentement desgens de bien; son prcepteur lui demanda s'il lui plaisoit qu'il lalt encore: _Non, non_, rpond le Roi, tmoignant (ce qui toit de sonnaturel) de n'aimer pas la flatterie.

    _Le 4, samedi, Paris._A trois heures got; men la galerie, lo l'on fait les doubles[44].

    [44] O l'on fabriquait les doubles louis.

    _Le 5, dimanche, Paris._A dix heures trois quarts dn; il va lafentre pour voir entrer en garde les compagnies; deux heures men en

    carrosse aux Bonshommes, ramen de mme.

    _Le 7, mardi, Paris._Il va la messe en la chapelle del'antichambre de la Reine, puis va sur la balustre de la galerie voirpasser les compagnies qui entroient et sortoient de garde. tudi; menen carrosse la verrerie, il y fait plusieurs besognes.

    _Le 8, mercredi, Paris._Men en carrosse vpres, Saint-Germain-de-l'Auxerrois.

    _Le 10, vendredi, Paris._Il est men chez la Reine, puis va lamesse la chapelle de l'antichambre de la Reine. Jou en la galerie;il va chez le marchand qui a des besognes de la Chine. Il va donner le

    bonsoir la Reine; mis au lit, il fait chanter des nols.

    _Le 11, samedi, Paris._veill cinq heures et demie, il se veutlever toute force; M. de Souvr l'empche; enfin, lev sept heures,blme, le visage abattu, enrhum. tudi; men par la galerie auxFeuillants, jou aux Tuileries, ramen en carrosse. Men en carrosse la Roquette, il monte cheval, y court un cerf priv. Mis au lit ilfait chanter des nols.

    _Le 12, dimanche, Paris._A sept heures et demie djeun; il monte

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    au cabinet des livres, s'amuse petites choses. A trois heures menen carrosse aux Jsuites de Saint-Louis, au sermon et vpres.Ramen, il va chez la Reine; six heures et un quart soup. Peu aprsil s'endormoit sur sa chaise en attendant M. de Souvr; l'on prend lachaise bras et on la fait sauter allant par la chambre; il dit _qu'ilva courbettes_.

    _Le 13, lundi, Paris._Men la volerie, vers les Ternes; il y estmont cheval, y a got la campagne. Ramen en carrosse et sixheures soup; peu aprs il s'endormoit, il est veill poursuivre unechauve-souris qui toit entre dans sa chambre. Il va chez la Reine;

    mis au lit il fait chanter et chante des nols._Le 14, mardi, Paris._Men en carrosse au parc de l'htel deLuxembourg, au faubourg Saint-Germain, il y court un livre. Asix heures et demie soup, peu, par impatience de voir jouer desmarionnettes. Il va chez la Reine.

    _Le 15, mercredi, Paris._veill cinq heures, il est lev, gai etjoyeux de ce qu'il lui avoit t permis de se lever, d'autant que surl'empchement il se fchoit, il en pleuroit et disoit que l'on diroitqu'il est paresseux. A sept heures djeun, tudi; dix heures misen carrosse, bott, men au bois de Boulogne courir le loup, il y ena pris deux. Ramen cheval, il parle tous ceux qu'il rencontre,

    demande qui ils sont, o ils vont, etc., comme faisoit le feu Roi. Ilne y eut jamais enfant qui et tant d'actions de pre qu'il en avoit dufeu Roi.

    _Le 17, vendredi, Paris._tudi, crit, tir des armes, dans; ilva chez la Reine, qui toit au conseil.

    _Le 18, samedi, Paris._Il fait courir par ses petits chiens unlivre dans sa chambre. Men en carrosse au faubourg Saint-Germain, enl'htel de Luxembourg; il y monte cheval, et court un livre dansle parc. A cinq heures il va chez la Reine aux fianailles de M. deGuise et de Mme Henriette-Catherine de Joyeuse, fille de feu Henri deJoyeuse, dit _Pre Ange_, capucin, et veuve de feu M. de Montpensier.

    _Le 19, dimanche._M. l'vque de Bayonne[45], premier aumnier, leveut dissuader d'entendre au Louvre le sermon du P. Coton pour allerour celui d'un jeune docteur Saint-Paul, o il vouloit aussi allerour vpres et de l aprs aller la Roquette. Il rsiste tant qu'ilpeut, dit que _ces docteurs sont si longs_, jusques ce que le ditsieur vque lui et promis qu'il seroit plus court de la moiti quecelui du P. Coton. Alors il consent, et deux heures est men encarrosse Saint-Paul; l'entre de la porte il dit M. de Bayonne:_Souvenez-vous bien de ce que vous m'avez promis_. Il y entend lesermon et vpres, puis est men en carrosse la Roquette, y monte cheval, et court un cerf priv dans le parc, avec ses chiens.

    [45] _Voy._ au 5 septembre prcdent.

    _Le 20, lundi, Paris._Men par la galerie aux Feuillants; ilse joue au jardin des Tuileries, o il se trouve un chien enrag,qui pilla plusieurs de ses chiens et entre autres son chien favori,_Gayan_, et celui qui avoit la charge de ses chiens. Il donne un grandcoup de houssine ce chien enrag, lequel peu aprs s'en venoit toutdroit lui sans qu'il ft arrt par le sieur de Meurs, enseigne auxgardes cossois, qui l'arrta avec son bton et le vouloit tuer, sile Roi, par sa naturelle humanit, ne lui et command de ne le faire

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    pas. Ramen dix heures et demie en carrosse chez lui, il racontela dconvenue de ses chiens et supplie la Reine de les faire envoyer la mer. Sa Majest fait expdier l'heure une ordonnance pour leveneur[46]; onze heures il vient pour dner, me fait l'honneur dem'en dire autant, mais la larme l'il, parlant de son veneur et de_Gayan_, disant: _Je voudrois ne avoir point men Gayan aujourd'hui auxTuileries_.

    [46] Qui avait t mordu.

    _Le 21, mardi, Paris._Men la salle, au sermon du P. Coton, puis

    aux Tuileries par la galerie._Le 22, mercredi, Paris._tudi, crit, tir des armes, dans; deux heures got. Il est bott, entre en carrosse pour aller lavolerie; hors la ville, il monte cheval, vole la corneille, en prendcinq, vole un chat-huant, qui fut pris.

    _Le 23, jeudi, Paris._Men en carrosse au bois de Madrid, il yest mont cheval, chasse deux loups, vole une corneille, est ramenen carrosse. Il va chez la Reine; six heures et demie, soup; il sechauffe, et, de peur de s'endormir, se fait porter dans sa chambre,dans sa chaise, en faisant danser ceux qui le portoient.

    _Le 26, dimanche, Paris._Il est men en carrosse Saint-tienne duMont, vpres, puis va au parc Sainte-Genevive, o il court un livreavec ses petits chiens.

    _Le 27, lundi, Paris._Son aumnier, Bologne, lui demandoit o illui plaisoit d'entendre la messe. Il rpond: _Aux Feuillants_. Il avoitneig; il reconnot que son aumnier se souriant, faisoit le rtif:_Ho! ho! mon aumnier, vous tes paresseux, je le vois bien. Vouscraignez la neige et moi je y prends plaisir._ Men par la galerie auxFeuillants, couru au jardin des Tuileries; ramen en carrosse, il vachez la Reine. A deux heures men en carrosse Saint-Jean en Grve ausermon et vpres, puis chez M. de Roquelaure; il se joue au jardin,court par la neige, s'en joue.

    _Le 28, mardi, Paris._Il est men par la galerie aux Feuillants,puis passe le temps au jardin des Tuileries coups de pelotes de neige.

    _Le 30, jeudi, Paris._Il va chez la Reine, o, environ une heure,il blmit fort et soudain, disant qu'il brle la gorge et au ventre,demande se coucher. Mis au lit, il s'amuse jouer aux cartes avec M.de Vendme. Amus voir un joueur de gobelets, il se fait apprendreles tours. A cinq heures lev, men chez la Reine, il se joue dansle grand cabinet avec ses petits, la chane et d'autres jeux; six heures et un quart soup. tant sur sa chaise perce, il se faitmettre sa petite table sur un escabeau, devant, et joue aux cartes, aureversis, contre M. de Vendme et M. son frre, le Chevalier. Il va

    chez la Reine, lui donne le bonsoir.

    _Le 31, vendredi, Paris._Men en carrosse la Roquette, o il acouru un cerf priv.

    ANNE 1611.

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    Passetemps du Roi.Peu de got pour la danse.Le gteau des Rois.Crainte de passer pour paresseux.Querelle du comte de Soissons et du prince de Conty; insolence de celui-ci.Tir l'arbalte.Le Roi en sentinelle.Ignorance de l'vque de Soissons.Mot du Roi sur la dmission de Sully.Dner Ruel.Les chiens pour larron.La foire Saint-Germain tenue aux Tuileries.Le comdien grimacier.La compagnie de petits gentilshommes.Prfrence donne aux tableaux sur les diamants.Fianailles de Mlle Ricassa; les fornicateurs.Le peintre Bunel; portrait du Roi par Porbus.Les dames rabattues.Peu de got du Roi pour l'tude.Oiseaux dresss

    pour le vol.Sauteurs et joueurs de marionnettes.Goter chez Concini.Fianailles de Mlle de Liancourt.Plaisanterie sur Atlas.Sjour Saint-Germain.Le Roi fouett.Retour Paris.Premire pierre de l'glise de Picpus.Moquerie du Roi envers son prcepteur.Dpart pour Fontainebleau.La galiote du Roi.Jalousie du Roi.Les gyptiens ou bohmiens.Familiarit de Concini; pudeur du Roi.Crmonie du Jeudi saint.Audience du marquis Spinola.Pques du Roi; il touche 660 malades.Galre neuve du Roi.Audience du parlement de Paris.Le turc de M. de Guise.Le Roi n'aime pas l'ail comme son pre.Cong de M. d'pernon.Moines de poterie.Retour de Fontainebleau Paris.Crainte des esprits depuis la mort de Henri IV.Souvenir de la promesse faite

    un soldat.Visite M. et Mme Concini malades.Fte de la Pentecte; le Roi touche 1,100 malades.Mot du Roi Des Yveteaux.Dpart pour Fontainebleau.Le nain Dumont.Maladie de M. de Souvr.La chsse de sainte Genevive.Chanson d'un ballet de Henri IV; pleurs du Roi et de M. de Vendme.Croyance aux esprits.Le jeu de colin-maillard.Compassion pour un paysan.Tragdies et farces joues la Cour.Gnrosit envers un jardinier.Le rveille-matin.Dpart pour Paris; le Roi l'htellerie d'Essone.Rprimande au baron de Vitry et au chevalier de Vendme.Portrait en cire du Roi; sa gnrosit envers l'artiste.Le jeu _Je vous prends en ce point_.Des Yveteaux remplac comme prcepteur du Roi.Sjour Saint-Germain._La Bradamante_ joue par les

    enfants de France.Dpart du chevalier de Vendme.Dner chez M. de Frontenac.Dispute avec M. de Souvr.M. de Poutrincourt.Retour Paris.Arrive du nouveau prcepteur Le Fvre.Fte de l'Assomption; le Roi touche 450 malades, en est incommod.Serment des chevins de Paris.Premire leon de M. Le Fvre.Premire commission donne par le Roi.Le Roi va la comdie l'Htel de Bourgogne.Tours d'escamotage.Le Roi fouett.Mort de la duchesse de Mantoue.Un chameau dans la galerie du Louvre.Dispute avec M. de Souvr; mot du Roi son prcepteur.Anniversaire de la naissance du Roi.Les ortolans des Tuileries.Dpart pour Fontainebleau.Le royaume des sots.Bonnet donn au cardinal de Bonzi.Mme de Ragny et les guenons du Roi.Arrive du prince

    de Cond.Les arquebuses du Roi; premire arquebusade.Dicton de Bourgogne sur les clystres.Timothe, arquebusier de Rouen.Adresse du Roi au tir.Combat des dogues anglais contre un ours.Arrive de la duchesse de Lorraine.Le jeu de remue-mnage.Arrive du cardinal de Gonzague.Dpart de Fontainebleau pour Paris.Gasconnade de M. de Souvr.Mort de la reine d'Espagne.Une chvre savante.Mort de Monsieur, duc d'Orlans.Le jeu de _quillebouquet_.Le duc d'Anjou prend le titre de Monsieur.Premire mention du nom de Luynes.Dpart de la duchesse de Lorraine.Comdies l'Htel de Bourgogne.Le

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    jeu de billard.Mots du Roi sur M. de Nevers et sur le prince de Cond.Scne avec M. de Souvr.Chasses au vol.Les faiseurs d'almanachs.Mot du Roi sur M. de Vastan; sa discrtion au secret.

    _Le 1er janvier, samedi, Paris._Men la chapelle Saint-Louis desJsuites, au sermon et vpres.

    _Le 5, mercredi._Mont au cabinet des livres, il s'amuse tirer unpetit canon lequel il a charg lui-mme de ses


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