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journal de l’adc de l'adc/JADC40.pdf · qualités. La danse porte en elle un for-midable...

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journal de l’adc 40 association pour la danse contemporaine, genève septembre-décembre 2006 Actualié: Maison de la Danse Dossier: Le croche-pied fait à la danse Focus: Thierry Baë, Foofwa d’Imobilité, Thomas Hauert, Cindy Van Acker, Nicole Seiler
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journal de l’adc n°40association pour la danse contemporaine, genève

septembre-décembre 2006

Actualié: Maison de la Danse

Dossier: Le croche-pied fait à la danse

Focus: Thierry Baë, Foofwa d’Imobilité,

Thomas Hauert, Cindy Van Acker, Nicole Seiler

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wantedL’adc cherche des logementspour artistes durant la semainedu 30 octobre au 5 novembre,si vous avez une chambre indé-pendante ou si vous êtesabsent durant cette période,n’hésitez pas à contacter NicoleSimon-Vermot à l’adc. Nous proposons un défraie-ment de 300 francs pour lasemaine et par personne. Par ailleurs, si vous avezquelque chose à plus longterme, une danseuse chercheun logement d’appoint.

Association pour la danse contemporaineNicole Simon-Vermot, Anne Davier et Claude Ratzé

Rue des Eaux-Vives, 82–84, CH-1207 Genèvetél.: +41 22 329 44 00fax: +41 22 329 68 68

[email protected]

Responsable de publication: Claude Ratzé

Comité de rédaction:Katia Berger, Caroline Coutau, Anne Davier, Claude Ratzé

Secrétariat de rédaction:Marie-Pierre Genecand, Jean-Marie Bergère

Ont collaboré à ce numéro:Prunella CarrardCaroline Coutau

Martine Jaques-DalcrozeAnne Davier

Laurence de CoulonAlexandre Demidoff

Irène FilibertiMarie-Pierre Genecand

Florence MargueratChristophe Martin

Anne-Pascale MittazClaude Ratzé

Tania Watzlawick

Graphisme: Alya Stürenburg

Impression: Médecine & Hygiène

Tirage: 7’500 exemplaires; septembre 2006Prochaine parution: janvier 2007

Partenaire média:

L'adc est subventionnée par le Département des Affaires culturelles de la Ville de Genève et par le Département de l'Instruction publique du Canton de Genève. L’adc a reçu le soutien de la Loterie Romande

pour son installation dans la Salle des Eaux-Vives.

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Vous avez sous les yeux le 40e numérodu Journal de l’adc. Une édition qui,une fois encore, s’est bouclée à l’arra-chée et qui s’apparente plus à de laperformance rédactionnelle qu’à unproduit rationnel. Merci à Alya, Anneet Marie-Pierre, chevilles ouvrières decette publication, pour leur enduranceainsi qu’à Nicole et Béatrice, collabo-ratrices de l’adc, pour leur patience.Un grand merci aussi aux nombreuxrédacteurs de cette édition qui ontstressé pour rendre leur article enrespectant les délais demandés – dontla majorité avant les vacances de l’été– et qui ont bien dû se demander ceque nous nous avions pu faire de leurcontribution. À quelques heures duflashage, nous croisons les doigtspour que ne traîne pas une énormecoquille, qui ne manquera pas d’enta-mer notre humeur le jour de la sortie…

Cette situation n’est pas particulière.Réaliser un journal sans une véritablerédaction est un tour de force, maisc’est aussi une manière de testernotre capacité à produire des idées,un discours sur la danse et c’est enco-re un formidable moyen de faire pas-

ser nos convictions. Dans notre actua-lité présente, dans la perspective de lavotation populaire du 22 octobre, cen’est évidemment pas négligeable.Nulle part ailleurs, nous disposons dela tribune que nous nous sommesfabriquée. Malgré l’irrationalité del’affaire, nous sommes toujours trèsattachés à publier ce journal qui diffu-se à la fois nos points de vue et lecontenu artistique de notre activité. Ils’inscrit dans le monde culturelromand et offre une visibilité à ladanse contemporaine.

À l’occasion de cette 40e édition, jeme suis amusé à relire tous les éditosdes précédents numéros: un sacrécoup d’œil dans le rétroviseur. J’ai étésurpris de constater à quel point mondiscours a toujours été marqué par lebesoin de revendiquer une meilleurereconnaissance de la danse contem-poraine, la défense de ses particulari-tés esthétiques et par mon exaspéra-tion face à la précarité des moyensfinanciers disponibles. Si, parfois, lamythologie de la danse m’a accompa-gné avec Nijinsky, Rudolf Noureev oules Ballets Russes, ce qui m’a le plus

étonné au fil de ma lecture, c’est macapacité à m’indigner! M’indigner dumanque de professionnalisme, dunéo-classicisme, de la politique insti-tutionnelle et de la difficile place de ladanse dans les médias. En outre, cesdernières années, la question de l’in-dépendance de l’artiste face au poli-tique a souvent resurgi.

Pour ce 40e édito, je ne dérogerai pasà la règle de l’indignation et de lamobilisation. Au vu de ce que la danseprésente comme atouts, il estindispensable qu’il existe enfin unvéritable outil de travail pour cettediscipline à Genève. Dans ce numéro,les interventions du dossier sur l’utili-té de l’art démontrent la richesse de lacréation chorégraphique. Une convic-tion qui nous habite depuis long-temps et qui rend urgente la réalisa-tion d’un équipement qui puissemieux faire rayonner ces nombreusesqualités. La danse porte en elle un for-midable potentiel, c’est un bien trèsprécieux. Donnons-lui les moyens defaire encore plus d’heureux.

Claude Ratzé

Édito

Sommaire

p. 3 Maison de la Danse:

prise de position du milieu culturel

p. 5-15 Dossier: Maison de la Danse

Le croche-pied fait à la danse

Infos et campagne

p. 17 Journal d’inquiétude

Thierry Baë

p.18 Incidences

Foofwa d’Imobilité

p. 19 Walking Oscar

Thomas Hauert

p.21 Panorami Soli

Cindy Van Acker

p. 23 Pixel Babes

Nicole Seiler

p. 24-25 Brèves

p. 26-27 Livres

p. 28 Cours et stages

p. 29 Passedanse

p.30-31 Saison adc

p. 32 Mémento

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03prise de position

Soutenonsla Maison

de la Danse!Appel au public pour soutenir la Maison de la Danse

dans le projet du Centre socioculturel de Lancy

Le 22 octobre 2006, la population de la commune de Lancy est appelée à se prononcer, lors d'une votation communale, sur le projet du Centre socioculturel abritant la Maison de la Danse*. Nous demandons à notre public desoutenir ce projet et nous invitons les citoyennes et citoyens de Lancy à se prononcer en faveur de cet outil culturel,qui est aujourd'hui une nécessité. Nous, acteurs et actrices de la vie culturelle de la région genevoise, spectateurs et spectatrices, nous soutenons lefutur Centre socioculturel de Lancy et la Maison de la Danse.

* Une Maison de la Danse: pour quoi faire ?

Voici les principales missions de la Maison de la Danse: Être un lieu de création, un véritable espace de travail, de recherches, d'échanges et de confrontations. • Proposer une saison dedanse et offrir au public local et régional une programmation à l'année, représentative de la création chorégraphique actuelle et consacrée uniquement à la danse contemporaine. • Se pro-filer comme un lieu nécessaire pour la danse, en complémentarité avec les lieux et structures existants dans la région genevoise. • Poursuivre le développement du travail de réseaux et d'é-changes aux niveaux national et international. • Développer des missions de sensibilisation et de médiation afin de rendre l'univers chorégraphique accessible au plus grand nombre.

Cette Maison de la Danse comporte: Une salle de spectacle de 200 à 465 places avec un plateau de 18m sur 16m • trois studios de répétitions • un espace public comprenant un accueil-billetterie, un foyer, un bar, une librairie • un centre de documentation ouvert au public • des bureaux, un atelier technique, des lieux de stockage.

La Maison de la Danse s'inscrit dans le projet du Centre socioculturel de Lancy dans le quartier des Palettes, qui comprend une salle communale et polyvalente de 700 places, une biblio-thèque médiathèque intercommunale, des locaux associatifs et un café citoyen. La Maison de la danse, dans ce contexte, crée de nouvelles synergies, tant à l'intérieur de ses murs qu'àl'extérieur, en favorisant des collaborations et la circulation des publics entre ce lieu et les autres scènes culturelles existantes à Genève et dans sa région. Le référendum menace l'ensem-ble du projet du Centre socioculturel. À la suite du dépôt de ce référendum, un comité de soutien s'est formé pour défendre ce projet d'envergure régionale. Pour prendre contact avec le comité de soutien: [email protected]

Directrices et directeurs d’institutions et d’associations culturelles

Jean-Pierre Althaus, Directeur, L’Octogone –Théâtre de Pully, Jean-Paul Angot, Directeur, Espace Malraux – Scène nationale de Chambéry

et de la Savoie, Laurent Aubert, Directeur, Atelier d’Ethnomusicologie, Joerg Bader, Directeur et Manuella Denogent, Directrice adjointe,

Centre de la Photographie Genève, Michel Bovey, Président, Groupe culturel Lancy, Marcelle Braegger, Permanente, Association de

l’Usine, Virgine Bercher et Maria Watzlawick, Co-Directrices, Festival Black Movie, Christian Bernard, Directeur,Mamco (Musée Art

Moderne et Contemporain), Anne Bisang, Directrice, Comédie de Genève, Maya Boesch et Michèle Pralong, Directrices, Théâtre du Grütli,

Evelyne Castellino, Patrick Mohr, Michel Faure et Marcel Robert, Comité de direction, La Parfumerie, Dominique Catton, Directeur,

Am Stram Gram, Florence Chappuis, Directrice, Théâtre de l’Usine, Françoise Courvoisier, Directrice, Le Poche Genève, Guy Darmet,

Directeur, Maison de la Danse de Lyon, Victor Durschei, Directeur, HEAA (Haute école d’arts appliqués de Genève) Maurici Farré,

Directeur artistique et Marc Piccand, Directeur administratif, La Bâtie – Festival de Genève, Dominique Föllmi, Président, Orchestre de

Chambre de Genève, Katya Garcia-Anton, Directrice, Centre d’Art Contemporain, Salavador Garcia, Directeur, Bonlieu scène nationale

Annecy, Jean-Pierre Greff, Directeur, ESBA (Ecole Supérieure des Beaux-Arts), Jacques Hainard, Directeur, Musée d’ethnographie de la

Ville de Genève, André Iten, Directeur, Centre pour l’image contemporaine, Eric Jeanmonod, Corinne Müller, Rossella Riccaboni,

Sandro Rossetti, Comité de direction, Théâtre du Loup, Vincent Jacquemet, Responsable, Activités culturelles de l’Université de Genève,

Guy Jutard, Directeur, Marionnettes de Genève, Léo Kaneman, Directeur général et artistique, Cinéma Tout Écran, Sandrine Kuster,

Directrice, Arsenic – centre d’art contemporain, Lausanne, Philippe Koller, Président et Christian Steulet, coordinateur du programme

musical, AMR, Roland Le Blévennec, ASMV (Association de Soutien aux Musiques Vivantes) Chat Noir, Philippe Macasdar, Directeur,

Théâtre Saint-Gervais, Jaques Maugein, Directeur, Château Rouge, Annemasse, Mathieu Menghini, Directeur et Dominique Rémy, Assistante

de direction et programmation danse, Forum Meyrin, Caesar Menz, Directeur, Musée d’Art et d’Histoire, Claude Ninghetto, Président,

Association des Sculpteurs Genevois, Rui Nogueira, Directeur, CAC Voltaire, Cynthia Odier, Fondatrice, Fluxumlaboratory, Damien Pousset,

Directeur, Ensemble Contrechamps, François Rochaix, Directeur, Théâtre de Carouge, Philippe Saire, Directeur, Théâtre Sévelin 36,

Lausanne, Roberto Sawicki, Direction artistique, Orchestre de Lancy-Genève, Nathalie Tacchella et Lise Zogmal, Co-responsables, Le

Galpon, Marc Texier, Directeur, Festival Archipel, Thierry Vautherot, Directeur, Maison des arts de Thonon – Evian

Sans oublier les 10 228 citoyens de Lancy, de Genève, de la Suisse et de la France voisine qui ont déjà signé l'appel au soutien au futur Centresocioculturel de Lancy avec la Maison de la Danse, à l'occasion de la campagne menée par le Comité de soutien et les membres de la commu-nauté chorégraphique genevoise. Si ce n'est pas déjà fait, venez vous aussi soutenir ce projet en remplissant le formulaire ad hoc sur le site www.centresocioculturel-lancy.org

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Sinfonia EroïcaMichèle Anne de Mey / 28 et 29 septembre

Portraits dansésPhilippe Jamet / 8 au 11 novembre

FrankensteinCompagnie Alias / 9 et 10 janvier 2007au Grand-Théâtre de Genève

Sang d’encreCompagnie Philippe Saire / 27 et 28 février

UmweltCompagnie Maguy Marin / 14 et 15 mars

Import/ExportLes Ballets C. de la B. / 2 et 3 avril

Formule avantageuse : l’abonnement « danse » !Pour plus d’informations tél. 022 989 34 34 ou [email protected]éâtre Forum Meyrin / Place des Cinq-Continents 1 / 1217 Meyrinwww.forum-meyrin.chService culturel Migros Genève / Stand info Balexert / Migros Nyon-La Combe

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05dossier

Le croche-pied fait à la danse La danse: un besoin ou un luxe? Face au référendum qui menace la réalisation de la

Maison de la Danse, le Journal de l’adc se pose la question de l’utilité d’une telle

infrastructure et, plus globalement, de l’art en général. Points de vue de quelques

personnalités autorisées.

C’est presque la trappe. Piégée sur sadroite, la Maison de la Danse est ensursis. Un référendum contre le créditd’étude pour la réalisation du Centresocioculturel de Lancy a été lancé parles partis Radical et Libéral. Son des-tin se résoudra désormais dans lesurnes, lors de la votation populaire du22 octobre et ce seront les citoyens deLancy qui décideront, cet automne, sileur commune verra enfin naître ceCentre socioculturel dans lequel laMaison de la Danse doit s’implanter.Les référendaires jettent leurs argu-ments comme autant de pavés dans lamare aux démagogies: le projet seraitruineux, élitiste et inutile. Inutile, vrai-ment? Nous avons décidé de consac-rer un dossier à la question. Et, au-delà, de nous demander si l’art, engénéral, est nécessaire.Parole est donnée à six personnalitésdu monde culturel: les FrançaisesClaire Verlet et Odile Duboc et le Mey-rinois d’adoption Mathieu Menghini,tous trois directeurs d’infrastructures;Guilherme Botelho et Foofwa d’Imobilité, chorégraphes établis àGenève; Yvette Jaggi, ancienne prési-dente de Pro Helvetia. Deux éclairagesont également nourri ces pages: l’his-torienne de la danse Annie Suquetpointe les lieux phares qui ont contri-bué au développement de cet art, lachorégraphe genevoise d’origineargentine Noemi Lapzeson livre sonpoint de vue sur la question de l’élitis-me de la danse contemporaine.L’écrivain et essayiste Etienne Barilier,enfin, retourne cette question de l’uti-

lité de l’art dans ce qu’il appelle une«prise de position ou profession defoi», qui peut avoir valeur de témoi-gnage, et faire réfléchir les uns ou lesautres sur ce qu’on appelle, dans unesociété, les «priorités».La Maison de la Danse est aujourd’huiau pied du mur. Passera, passera pas?Le Journal a sondé les représentantsde chacun des partis politiques de lacommune de Lancy, en leur posantcette simple question: «À votre avis,quel sera le résultat du vote desLancéens le 22 octobre?». Les parissont ouverts. Seule certitude: laMaison de la Danse est l’objet d’unelarge campagne, menée par son comi-té de soutien avec l’adc. En fin de dos-sier, nous exposons la contre-offensi-ve mise en place par les défenseursdu projet et la campagne dans laquel-le nous nous sommes lancés depuis leprintemps dernier.

Dossier réalisé par Anne Davier

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06dossier

La formulation proposée pour le refe-rendum rappelle le type de postulatsqui ont conduit en d’autres temps etd’autres lieux à justifier des actescontre les artistes et en cela elle n’estsans doute pas très heureuse. Enrevanche il n’est pas inutile de s’inter-roger sur le fait que la danse est per-çue comme un art élitiste, alors mêmeque les études montrent qu’elle a leplus contribué au renouvellement etau développement des publics de cesvingt dernières années. Par ailleurs, elle a été un remarquablefer de lance dans les programmesartistiques à l’école (outre le faitqu’elle est désormais courammentadmise au sein de l’éducation phy-sique et sportive dans les collèges etlycées). Enfin, c’est la discipline qui aété le plus sensible aux mutationsartistiques et sociétales du tournantdu siècle : mobilité, interculturalité,transdisciplinarité, nouvelles techno-logies…pour ne citer que quelquespistes dont elle s’est emparée.Une Maison de la Danse est un gestesymbolique fort qui affirme et encou-rage, en les faisant converger, unemultitude d’actions aujourd’hui épar-pillées, dont le sens et la cohérencede ce fait échappent à la population,même lorsque celle-ci en est bénéfi-ciaire, a minima par l’intermédiaire deses enfants scolarisés. C’est précisé-ment le rôle d’un outil culturel que derendre visibles les liens innombrablesqui relient l’art à la vie.

La politique de développement dupublic d’un tel outil, dès lors qu’on luidonne les moyens de ses missions,doit être ambitieuse : il faut mettretout en œuvre pour réussir de frontl’implantation locale tout autant quele rayonnement national et internatio-nal, par des actions de proximité, deschoix d’envergure, mais aussi en s’ap-puyant sur des outils de mesure etd’évaluation. Le public se construitsur la durée, et seule une Maison per-met un travail en profondeur, car sousun toit chaque geste s’additionne,l’accueil, la rencontre, le débat, laconstruction d’une mémoire collecti-ve, bref tout ce qui est de nature àaccompagner le cheminement del’œuvre vers le public.Et c’est alors que l’attractivité du lieudépasse de loin la satisfaction de sespropres utilisateurs, pour contribuerfortement au développement du terri-toire dans son ensemble.Lorsque à Pantin, ville populaire de laSeine-Saint-Denis, les petites annon-ces immobilières ont commencé àprendre en compte la distance entre lebien proposé et le Centre national dela danse, nous avons pris consciencede notre poids économique dans laville, l’immobilier alentour ayant grim-pé pour atteindre dès notre ouvertureles prix de Paris. En très peu detemps, nous avons attiré et accompa-gné un public local novice (il n’y a pasd’autre établissement culturel àPantin), et le public parisien nous a

suivi, comprenant peu à peu que pas-ser le périphérique n’était pas unecatastrophe. Forts de nos 100% de fré-quentation dès la deuxième saison,nous nous attachons à la diversifica-tion du public, et mesurons avecattention la progression du taux depénétration de la population dudépartement sur chacun de nos spec-tacles. Nous veillons ainsi à écarterdéfinitivement le danger d’un «entresoi» qui guette un lieu largement fré-quenté par les professionnels. Nousavons également tissé des liens avecde nombreux partenaires locaux detoute sorte et même conclu desaccords de mécénat avec des entrepri-ses installées dans la ville (eh oui,pour de la danse contemporaine!),bref, autant d’actions conjuguées per-mettant d’envisager avec confiancenotre développement sur le longterme. Enfin, on peut s’interroger sur le pré-tendu «coût » de la danse. Outre lefait que les fonds accordés à cet art nesont jamais très importants, il fautnoter qu’ils sont utilisés de façondynamique, inventive et généreuse.Qu’on garde également à l’esprit qu’une Maison de la Danse entière nesera jamais que l’équivalent d’une ailed’airbus. Bien longtemps après quel’airbus a été envoyé à la casse, laMaison de la Danse continuera d’avoirun retentissement considérable sur ledéveloppement culturel du pays.

Claire Verlet

Directrice de La Maison des compagnies et des spectacles, Centre national de la danse,

Ville de Pantin, région Île-de-France

Simulation du Centre socioculture de Lancy, vue d’avion © 2006 – Fabien Corrente – collectif kestion de goût [kdg!]

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Quelle utilité pourrait avoir uneMaison de la Danse, plus précisémentun lieu pour la danse lorsque celui-cine serait pas situé dans une grandeagglomération? Qu’est-ce que représente la danse enparticulier, voire l’art en générallorsque ceux-ci ne sont pas destinés àune élite?Là où certains seront enclins à répon-dre: aucune! à la première questionet : pas grand-chose, à la deuxième,d’autres, dont évidemment je fais par-tie s’étonneront d’une telle interroga-tion. L’hiver dernier, j’ai eu l’occasion detravailler dans une petite communesituée dans le sud de la France, à pro-ximité des villes phares tellesMarseille et Aix-en-Provence, maisnéanmoins décentralisée. C’était àIstres, dans les Bouches du Rhône. Ausein de la Maison de la Danse quecette ville décentralisée a choisi deconstruire il y a presque vingt ans.Durant cinq semaines, j’ai enseigné ettransmis certaines de mes chorégra-phies à de jeunes étudiants accueillispour deux années de formation justeavant leur entrée dans la profession.J’étais l’une des six chorégraphesdont les pièces avaient ou allaientêtre créées dans ce cadre. MyriamBerns, Hervé Robbe, Yan Lheureux,

Daniel Larrieu ou encore DominiqueBagouet dont l’œuvre de répertoireétait transmise par un des danseursqui l’avait accompagné avant sadisparition ont, au même titre, pufaire valoir leur art. La création d’unecourte chorégraphie prévue pourtourner dans divers lieux en fin de sai-son et permettre à ces étudiants d’êt-re «découverts» par des chorégraphesen étaient les buts.Cette formation exceptionnelle dansune ville d’à peine plus de 40 000habitants trouve donc sa place, etparadoxalement, dans une maison oùse croisent allègrement quelque 200personnes par jour. Enfants suivantdes cours de danse classique, moder-ne ou autres, adultes accompagnantleurs enfants, s’essayant au flamenco,au modern-jazz ou à une danse ditede maintien, étudiants en formation,tous cohabitent avec bonheur.Des colloques sur la danse à l’école ysont organisés, suivis et très appré-ciés, et font l’objet de débats dépas-sant de loin le seul problème de l’édu-cation. La problématique de l’enfantrenvoie à sa structuration, son épa-nouissement, sa culture.La danse nous apparaît à tous, choré-graphes et danseurs pédagogues,comme un des vecteurs essentiels decet épanouissement et l’art dans sesmultiples aspects revient au cœur duproblème. En quelque sorte, cettesensibilisation aux arts intervient surce qu’on appelle le développementdes publics. Pour ces raisons, on nepeut nier sa nécessité.Pour en revenir à Istres, cette facetted’une maison de la danse ne sauraitservir d’exemple. Parce que cette mai-son est avant tout un lieu d’enseigne-ment, on pourrait souhaiter plusd’exigence quant à la formation qui yest distribuée. En d’autres temps, j’aurais sans douteréagi avec dédain, voire avec mépris.Je constate pourtant que c’est bien cemélange d’amateurs, de pré-profes-sionnels et de créateurs qui en faitl’essence, la saveur.La présence des pré-professionnelsdans ce lieu leur évite les écueils dessorties de conservatoires, de grandesécoles. Elle agit parallèlement sur l’é-volution de la population qui traversela maison d’une façon ou d’une autre.

Odile Duboc

Directrice de Contre Jour, Centre Chorégraphique

National de Franche-Comté à Belfort

Annie Suquet historienne de la danse et chercheur indépendant

Journal de l’adc: de quelles façons certains lieux ont-ils pu êtreessentiels au développement de la danse au cours du XXe siècle?Annie Suquet: Au début du XXe siècle, la Suisse a su accueillir l’un despremiers hauts lieux de la danse moderne. À l’invitation de deux mécènessubodorant l’importance que la culture du corps allait revêtir dans lemonde contemporain, Rudolf Laban crée en effet en 1913, à Ascona, ausein de la communauté de Monte Verità, le tout premier lieu expérimentalconsacré à l’exploration du mouvement. De ce fertile creuset devaitnotamment surgir Mary Wigman, l’une des plus grandes chorégraphes dela première moitié du XXe siècle.Quelques années plus tôt, Émile Jaques-Dalcroze avait quant à lui répon-du à l’invitation, lancée par un mécène et un industriel, de venir fonder uninstitut de rythmique dans le cadre de la cité-jardin de Hellerau, près deDresde. Un style de spectacle très neuf naît dans ce contexte. Jusqu’en1914, Hellerau sera La Mecque des artistes en recherche. Serge deDiaghilev séjourne à Hellerau, mais aussi Marie Rambert, qui deviendral’assistante de Vaslav Nijinski avant d’exercer une influence capitale surles développements du ballet britannique.Enfin, comment ne pas évoquer l’importance, aux États-Unis, du BlackMountain College dans les années cinquante ou de la Judson Church dansles années soixante? Les noms de Merce Cunningham ou Trisha Brownleur sont liés. En offrant à la danse un espace de recherche et de dialogueavec les autres arts, ces oasis ont non seulement contribué à façonner lepaysage actuel de la chorégraphie, mais celui des arts dans leur ensem-ble. Toute la culture de notre époque en a été marquée.

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– Il y a toujours le problème de l’utilitéde l’art. L’art est forcément futile d’unpoint de vue matérialiste.– Et la danse l’est encore plus car elledétourne les mouvements et les ges-tes de leur fonction utilitaire. – Donc on peut comprendre les gensqui disent: la danse ne sert à rien.– Oui, à priori et d’un point de vuematérialiste, la danse est inutile. – A priori? – En approfondissant la chose on serend compte qu’il y a un secteur de lapopulation, certes minime, qui vit dela danse et donc qui fait partie d’uncertain dynamisme économique. Unemanifestation telle que le Festivald’Avignon rapporte des millions auxcommerces, restaurateurs et hôteliersde cette région. La construction et lemaintien d’une Maison de la Dansefait travailler les métiers du bâtiment.Et puis il y a les danseur-euses, choré-graphes, professeurs, administrateur-trices, critiques et professionnel-lesde la danse eux/elles-mêmes. – Pour autant qu’on les rémunère carce secteur économique reste celui dela mendicité n’est-ce pas ? – En fait c’est un cercle vicieux : ladanse paraît inutile. En plus on diraitde l’exhibitionnisme corporel, oumême une variation de la prostitution.Donc notre société capitaliste à l’héri-tage judéo-chrétien ne pourra encou-rager et financer de manière francheune telle activité que lorsque les men-talités changeront. – Car «les danseurs sont tous pédés»et «les danseuses bonnes à baisermais bêtes comme leurs pieds»? – Oui tous ces clichés portent unregard tellement condescendant sur ladanse. – Peut-on changer ces idées reçuespar l’information? – Il faut essayer. Il faut dire tout hautde ce que la danse fait en silence.Faire comprendre que la danse estune réflexion sur le monde, au mêmetitre que le cinéma, les arts plas-tiques, la musique, l’écriture.Expliquer que la danse communique àtravers ce que nous possédons deplus immédiat, ce qui nous concernele plus immédiatement, c’est-à-direnotre corps, son intelligence, sa sensi-bilité, ses états d’âme. Démontrer quela plupart des spectacles de dansecontemporaine sont accessibles àtous, car ils concernent la femme etl’homme contemporains que noussommes. Communiquer que le travailchorégraphique de laboratoire estaussi nécessaire au renouvellementde notre culture et que son impactsera ressenti plus tard par la sociétéen général, comme la défense de l'en-

vironnement est un travail pour lesgénérations futures. Exprimer que voirles nouveautés en danse part dumême désir qu’acheter les derniersmodèles de portable ou d’ordinateur.Rendre visible que l’immatérialité dela danse est du même ordre que l’im-matérialité de l’amour et de la généro-sité gratuite, c’est-à-dire ce que nousrecherchons tous les jours, pour peuque nous osions nous l’avouer.

Foofwa d’Imobilité

Chorégraphe établi à Genève

Etienne Barilier écrivain et essayiste

D’un point de vue moderne, c’est-à-dire pragmatique, l’homme des caver-nes aurait eu mieux à faire qu’à dessiner sur les parois de son gîte d’admi-rables bêtes sauvages – puis à danser devant elles. Eh bien non, il n’avaitpas mieux à faire. Ce qu’on appelle aujourd’hui l’art, l’homme des caver-nes ne le considérait certainement pas comme utile, ni même commenécessaire : il créait, voilà tout. Il était un être humain, et l’être humaincrée comme il respire. Aujourd’hui comme jadis, l’humanité ne peut pasne pas créer, se regarder au miroir de la beauté. Est-ce utile ou non? Cettequestion n’a tout simplement pas de sens. Respirer, est-ce utile à la vie?Est-ce nécessaire à la vie? Même pas: respirer, c’est la vie même.Seule notre société moderne a imaginé de se demander si l’art est utile.Elle le demande avec une telle insistance, un tel naturel, elle est si sûreque la vie matérielle est la mesure de toute chose, que même les défen-seurs de l’art se laissent impressionner, et parfois contaminer: je lisaisrécemment, dans un quotidien suisse respectable, que les arts étaient unbénéfice pour la société. Pourquoi? Parce qu’il était prouvé, statistique-ment, que les arts génèrent des emplois, donc des richesses. Que l’art, ensomme, est rentable… Dans le même ordre d’idées, certains plaisantinsredoutablement sérieux trouvent à Bach ou Mozart des mérites inatten-dus: diffusée par haut-parleurs dans les poulaillers, leur musique ne favo-rise-t-elle pas la ponte des poules? Dans les bureaux, elle aura donc deschances de rendre les employés plus efficaces, et de leur faire pondre plusvite leurs mémos, rapports et autres business plans.Cessons de délirer et de marcher sur la tête: ce n’est pas l’art qu’il fautjustifier par l’utilité, ou mettre en question au nom de l’utilité; c’est l’utili-té qu’il faut relativiser et parfois destituer au nom de l’art. Non que l’artlui-même s’érige en juge ou se pose en ennemi de la société telle qu’elleest, non qu’il méprise la vie matérielle. Simplement, il regarde cette vie etla questionne; sans phrases, sans reproches, sans mots d’ordre. L’artexige beaucoup, il exige tout, mais de lui-même et de lui seul. Offert aumonde, il témoigne simplement de l’intensité de l’existence, de sa beauté;il nous donne envie d’être mieux que des machines à vivre.Bien sûr, ces propos semblent oublier que l’art a un coût matériel. Or nefaut-il pas qu’une société commence par assurer ses besoins élémentai-res et vitaux, la santé, les transports, l’instruction? N’y a-t-il pas des limi-tes à ce qu’elle peut consentir pour l’art et la culture ?Sans doute, et personne n’imaginerait de financer des entreprises artis-tiques quand les citoyens crèvent la faim. Mais en sommes-nous là ? Etpuis, l’art, lui aussi, est un besoin élémentaire et vital, un « besoin del’âme », comme le disait Simone Weil. Et les vrais obstacles à sa pleineexpression, ce ne sont pas les cris des déshérités, mais les bâillementsdes nantis.

Etienne Barilier est l’auteur d’une vingtaine de romans. Il a publié cette année Ma seule étoile

est morte aux éditions Zoé. La danse et le Palais Garnier sont au cœur de ce roman, disponible

à la librairie de l’adc, 022 329 44 00.

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Tous les artistes rêvent de disposer deleurs propres locaux pour travailler etprésenter leurs œuvres. Aspirationcompréhensible, venant d'entrepre-neurs indépendants, par tempéra-ment sinon toujours en raison de leurstatut. De leur côté, les politicienss'interrogent sur l'opportunité demultiplier les lieux culturels, au vu desressources immobilières et financiè-res généralement inférieures auxbesoins exprimés. Préoccupation légi-time, venant d'élus sensés veiller àune allocation efficiente des moyensdisponibles.L'histoire des arts visuels et de lascène s'apparente à une continuelleconquête, celle de salles d'exposition,de répétition et de spectacle. On saitles délais et détours séparant larevendication de la réalisation, on saitaussi les aléas des procédures démo-cratiques. Le futur théâtre de Fribourgvient de passer le cap de la votationréférendaire alors que le projet denouveau Musée cantonal vaudois n'apas encore pu aborder le GrandConseil. Et voici que l'idée mêmed'une Maison de la Danse se trouveremise en cause, par un référendumqui conteste le crédit d'étude et l'é-ventuelle réalisation ultérieure de toutun centre socioculturel dont la com-mune de Lancy a grandement besoin.Derrière ces affaires immobilières seprofilent d'importants enjeux poli-tiques, donc de pouvoirs. Qui donnela priorité à quels équipements cultu-rels permettant quelles expressionsartistiques? La plupart des décideurs

publics font leur choix la calculette àla main, se contentant d'évaluer bud-gets d'investissement et dépenses defonctionnement, d'escompter l'appuides privés et de supputer le bénéficecollectif des activités culturelles entermes d'image et de notoriété.Or, s'agissant d'un équipement cultu-rel d'une certaine importance, il y ad'autres critères et niveaux de déci-sion possibles, en commençant par lenombre et la diversité des usagerspotentiels, artistes et publics confon-dus. Ce «rendement social» n'a rien àvoir avec la question polémique del'utilité de l'art, qui s'établit d'elle-même. De façon plus pertinente, il seréfère à l'échelle – locale, régionaleou plus large encore – à laquelle s'é-tend le rayonnement de l'équipementen question.C'est ainsi que les enjeux de politiqueculturelle transgressent bien souventles barrières posées par le fédéralis-me et le fractionnement politico-admi-nistratif de notre petit territoire helvé-tique. À l'instar des artistes qui onttoujours beaucoup bougé et franchis-sent désormais frontières et océans,les visiteurs et spectateurs jouent deplus en plus souvent les touristes cul-turels de plus en plus mobiles. Ilimporte donc que les collectivitéss'entendent pour soutenir ensembleles équipements culturels en fonctionde leur «rayon d'usage».Ouverte vers l'extérieur de par lavolonté des élus lancéens, la Maisonde la Danse de Lancy correspond à cemodèle. Elle abritera des activités

liées à une association (l'adc)œuvrant principalement à Genève, oùelle bénéficie de l'appui de la Ville etde l'Etat, mais aussi à une l'échelleromande, ce qui lui vaut des soutiensintercantonaux.

Yvette Jaggi

ancienne présidente de Pro Helvetia

Simulation du Centre socioculture de Lancy © 2006 – Fabien Corrente – collectif kestion de goût [kdg!]

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Finalité sans fin, l’art est un scandale.De sa gratuité, souvent on déduit safutilité. Pourquoi dès lors investir del’argent public dans cette matière fri-vole, dans le domaine de l’ornemen-tal? Un malentendu alimente ce senti-ment : la réduction de l’art à la beautéet au divertissement. Or, l’enseigne-ment du passé invite à une définitionplus large.Prenons l’art des grottes préhisto-riques. Il figure – parmi bien d’autresmotifs – des aurochs et le tonnerrezébrant l’empyrée. Répond-il alors àune seule fonction esthétique? Cespremiers hommes n’attendaient-ils deces fresques qu’un simple plaisir réti-nien?Les représentations de Lascaux nousdonnent plutôt l’impression d’uneinterrogation ou celle d’une quête:elles semblent vouloir maîtriser ce quidépasse la force et l’entendementhumains. De multiples traces d'épieu,retrouvées à même les parois peintes,nous donnent à croire que la maîtrisede l’aurochs passait par l’affronte-ment de sa réplique; comme si del’appréhension de «l’œuvre» sourdaitun pouvoir magique. Cet art premier –l’essence de l’art, en somme – nousparaît participer davantage d’un appeldu sens que de nos définitions moder-nes ordinaires.Un second détour, non plus temporel,mais géographique cette fois, nouspermettra de commenter la difficultéde justifier l’utilité du culturel. Utilitéimpalpable souvent et donc déniéepar beaucoup. Ce second détour nousmène en Afrique. Un ingénieur agro-nome français, détaché au Niger parune association humanitaire, y entre-prit d’améliorer la qualité de vie detrois petits villages sans source d'eaupotable et dépendant tous d’un puitscommun distant d’environ une heureet demie de marche. Or, le travaild’approvisionnement en eau incom-bait aux femmes qui, quotidienne-ment, revenaient du puits, la tête pro-longée d’une pesante jarre.L’ingénieur mit au point un systèmede canalisation rudimentaire qui per-mit l’installation d’un robinet surchaque place de village. Trois semai-nes durant, les villageois parurentenchantés. Puis, on vit les femmesretourner au puits… au grand dam denotre hexagonal ami. Celui-ci s’enémut puis pratiqua des tests attestantde la bonne fonctionnalité du systèmeet démontrant la qualité équivalentede l’eau. C’est alors qu’il se décida àquestionner les marcheuses. Un souri-re emprunté aux lèvres, elles le remer-cièrent sincèrement et lui expliquèrentque la rencontre quotidienne des fem-

mes des deux autres villages valaitbien cette heure et demie de marche.De ce récit, on conclura que la relationentre êtres humains ne se réduit pas àune succession d’interactions fonc-tionnelles et que la rationalité occi-dentale ne permet pas de rendre rai-son d’une réalité autre, non quantifia-ble, mais non moins essentielle àl’harmonie de l’âme individuelle et duvivre ensemble.Peut-être pouvons-nous à présentévoquer plus profondément l’impalpa-ble apport de l’art. Au-delà du diver-tissement, de sa fonction patrimonia-le, plastique et émotive, il consiste enune interrogation de l’humanité sur lemonde et sur elle-même. «Devant unevéritable œuvre, soutient le peintreAntoni Tàpies, le spectateur doit res-sentir la nécessité d’un examen deconscience, d’une révision de sondomaine conceptuel. L’artiste doit luifaire toucher du doigt les limites deson univers et lui ouvrir des perspecti-ves nouvelles.»L’art est une dépense qui transcendeles motifs prosaïques de nos vies.Puisse-t-il demeurer l’occasion d’unregard critique sur les actions humai-

nes, le lieu d’une intellection fine desmécanismes du monde, le lieu de l’é-chappement aux pesanteurs du réel etcelui, aussi, de la quête d’une beautéparticipant de la plénitude de vivre.L'art est ce scandale qui donne sens ànos jours.

Mathieu Menghini

Directeur du Théâtre Forum Meyrin

Noemi Lapzesonchorégraphe

Journal de l’adc: Que pensez-vous de cette question de l’élitisme, miseen avant par les opposants du projet de la Maison de la Danse à Lancy?Noemi Lapzeson: La pression, actuellement, consiste à devoir faire de l’artpour plaire au plus grand nombre. Il y a sans doute une forme d’élitisme,parfois propre à la danse contemporaine, comme il peut y en avoir unedans la science ou dans tout ce qui sort du lot quotidien – regarder la télé-vision, par exemple. Certainement, en allant voir un spectacle de danse,on se détache de l’ordinaire et du commun, toutefois je ne crois pas qu’ilfaille pour cette raison nourrir cette idée d’élitisme. Qu’un plus grandnombre de gens s’intéresse à la danse, c’est bien entendu magnifique!Mais la Maison de la Danse, ce n’est pas un stade de football. J’aimeraisque l’on parle moins de quantité et davantage de qualité et d’exigence.Enfin, n’oublions pas que notre côté le plus humain est en relation avec lacréation. La danse, la littérature, la peinture, l’architecture... Quel mondeterrible que celui privé de création! Ce serait l’anéantissement de l’être,une véritable monstruosité. Nos valeurs sont aujourd’hui si matérialistesque tout ce qui est de l’ordre de la pensée, de la poésie est bien trop faci-lement enterré. Finalement, on en arrive à oublier ce qu’est un geste poé-tique, à ne plus être touché par lui quand il survient, ou même à en avoirpeur.

Pionnière de la danse contemporaine à Genève, comment vous proje-tez-vous dans cette Maison de la Danse?J’aime mieux la musique de chambre que les grands orchestres. Pareilavec la danse. La Maison de la Danse est quelque chose de gigantesque,de mon point de vue. Quand je suis arrivée à Genève, au tout début desannées quatre-vingt,il n’y avait pas grand chose pour la danse contempo-raine. Peu de public, quelques salles, tout était encore à faire. Vingt-cinqans plus tard, oui, je peux me projeter dans le projet de la Maison de laDanse, parce qu’il arrive aujourd’hui logiquement dans le développementde la danse à Genève.

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Quelle est l’utilité de l’art en généralet de la danse en particulier?Déjà, poser la question de l’utilité del’art me semble effrayant, je pensetout de suite à l’autodafé nazi. AuBrésil, on dirait «le diable n’est pasloin»… c’est un peu comme poser laquestion de l’utilité de la religion… Enplus, c’est faux de dire que l’art nerapporte rien, puisque beaucoupd’études ont montré que pour unfranc investi dans la culture, les auto-rités gagnent le double ou le triple.Mais de toute façon, l’art apportebeaucoup, l’essentiel, en termes dequalité de vie.L’art, pour moi, c’est un lien au bon-heur. Pas le bonheur statique, mais lebonheur en mouvement permanent.Grâce à l’art, on découvre la vie là oùon ne s’attendait pas qu’elle soit, onéclaire l’humain et ses contradictions,on apprend le doute et la mobilité del’esprit. L’art permet d’aller contre cemonde si technologique et efficace enredonnant l’humain à l’homme.Pourquoi la danse à Genève? D’abordcomme réparation historique et cultu-relle par rapport à l’interdiction dedanser datant de la Réforme. C’est enfaisant face à ses blessure qu’on gran-dit. Dans ce domaine, Genève a duchemin à rattraper. Ainsi, je vois unemagnifique occasion d’évolutionsociale dans le fait d’intégrer la danse

aux programmes d’éducation scolaire. De plus, la Maison de la Danse consti-tuerait un déclic qui permettrait depréciser la politique culturelle de laVille et du Canton. Ce serait un tempsfort, une inscription claire, l’affirma-tion d’une identité. Et puis, peut-onimaginer, à Genève, ne lire que de lalittérature locale ou ne voir que desfilms du cru? Bien sûr que non!Pourtant, en danse, sauf exception,on ne voit que des spectacles locauxou des compagnies étrangères demoyenne envergure. Si on a un vraiCentre chorégraphique avec un vraibudget, les Genevois pourront appré-cier régulièrement les grandes pointu-res de la danse contemporaine inter-nationale.Enfin, contrairement au procès d’éli-tisme qui est fait à la Maison de laDanse, je pense que, plus une institu-tion est forte, plus elle est démocra-tique. C’est-à-dire qu’elle peut alorsdévelopper toutes sortes de projetspédagogiques : soit des répétitionsouvertes aux enfants à l’image del’Orchestre de la Suisse romande, soitdes stages d’initiation dans les éco-les, soit des représentations «impo-sées» aux élèves… Ce serait ainsi pos-sible et formidable que tout élèvegenevois âgé de 15 ans ait vu ou prati-qué au moins une fois dans sa vie dela danse contemporaine.

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Guilherme Botelho

Chorégraphe établi à Genève

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De mémoire de conseiller municipallancéen, la séance du 30 mars dernierfut l’une des plus tourmentées que lesmurs de la mairie aient abritées.Parmi les objets à l’ordre du jour, lepoint sur le Centre socioculturel deLancy et son crédit d’étude de2'700'000 francs. Lors de cette séan-ce, il a été beaucoup question de laMaison de la Danse (MdlD) qui doitprendre place au sein de ce bâtiment.

Les ténors des partis radical et libéraln’ont pas ménagé leur peine pourcharger ce projet de mille maux.Chargeant par là même, d’ailleurs, lesreprésentants de la majorité des aut-res partis et le Conseil administratif.L’intention de ces interventions? Semettre dans une situation d’opposi-tion claire pour lancer un référendumen toute liberté si le crédit d’étudeétait voté. Ce qui fut le cas. Aprèscette séance longue et animée, leConseil municipal de Lancy a acceptépar 21 oui contre 9 non et aucuneabstention le crédit d’étude destiné àétablir un budget définitif de construc-tion du Centre socioculturel.

Référendum illicoAinsi, à peine sortis de la salle duConseil, certains se frottent les mainsavec, sous le bras, un projet d’intitulédu référendum qui va être validé parle service des votations et élections,le 5 avril. À cette date, le Comité réfé-rendaire «Non à la Maison de la Danseà Lancy» lance son référendum quis’érige contre «la délibération duConseil municipal de Lancy ouvrant auConseil administratif un crédit d’étu-de, destiné à poursuivre l’examen dudossier du centre socioculturel de

Lancy-Sud et à déposer les requêtesen autorisation de construire et lesappels d’offres auprès des entreprisespour déterminer les coûts de cons-truction de l’ouvrage». Un autre docu-ment est également envoyé à tous lesménages de Lancy, appelant à signerle référendum contre une Maison dela Danse. Motifs invoqués par les réfé-rendaires: il s’agit d’un projet ruineux,accessible à une minorité, soit une

dépense supplé-mentaire et inuti-le. Le tout-ména-ge précise qu’ilserait préférabled’investir dansdes infrastructu-res qui n’augmen-tent pas lesimpôts et qui pro-fitent à l’ensem-ble des habitantsde Lancy, comme

par exemple des écoles, des crèches,des installations sportives et une salledes fêtes. Les signataires sont parconséquent invités par le comité réfé-rendaire à dire non aux 18 millions defrancs pour la Maison de la Danse.Rien ne laisse entendre que le rejet ducrédit d’étude concerne l’ensemble duprojet du Centre socioculturel, estiméà 42 millions de francs, équipementcompris. Rien ne laisse entendre nonplus que ce n’est pas seulement laMdlD qui est concernée par ce créditd’étude mais la totalité même du pro-jet: soit également la bibliothèque, leslocaux associatifs et la salle des Fêtes.Ce référendum, même attendu, a lais-sé pour un temps sans voix les parti-sans du projet, le groupe opérationnelpour la MdlD et le Conseil administra-tif, qui décident de lui donner le moinsd’écho possible dans l’attente de savalidation. Ce qui arriva, puisque le 8mai, le référendum aboutit et, aprèsvérification, 1’926 signatures sontvalidées parmi les 2’208 déposées. LeConseil d’État fixe au 22 octobre ladate de la votation communale.

Contre-offensiveUn comité de soutien se met alors enplace, présidé par Martine Degli

Agosti, élue écolo de juin 2003 avril2005 et, durant cette même période,présidente de la commission culturel-le de Lancy. Ce comité est égalementcomposé de représentants des partissocialiste, démocrate chrétien, desVerts et de l’Alliance de gauche. L’adcen fait aussi partie, au même titre quele Collectif des Palettes et quelquespersonnes motivées par ce projet.Rapidement, une campagne s’organi-se (voir le programme ci-après).L’une des premières initiatives ducomité consiste à lancer une récoltede signatures massive sous la formed’un large appel au soutien (à l’heuredu bouclage de ce journal, nouscomptabilisons 10 228 signatures).S’il est primordial de convaincre lescitoyens de Lancy à voter oui, il estaussi important de démontrer que ceprojet intéresse la population bien au-delà de la commune. Il est aussiessentiel pour le projet de la MdlD, deprouver une fois encore sa légitimité.L’adc appelle la communauté choré-graphique genevoise à se mobiliser età s’engager dans cette campagne, carles enjeux sont énormes et la concer-nent directement. Les programma-teurs de danse et partenaires du pas-sedanse sont invités à souscrire à unappel aux citoyennes et citoyens lan-céens pour qu’ils votent favorable-

Votation populaire: pourou contre une Maisonde la Danse à Lancy?Suite au référendum lancé par une coalition des partis radical et libéral, la Maison de la

Danse joue son va-tout, le 22 octobre prochain. Verdict au fond des urnes.

Si vous êtes lancéens, si vous avez des amis ou des

connaissances au Grand ou Petit-Lancy, n’hésitez pas

à aller voter ou à faire passer le message: dites OUI

au crédit d’étude. Si ce n’est pas encore fait, marquez

votre solidarité à notre projet en signant la liste de

soutien que vous trouvez facilement sur le site

www.centresocioculturel-lancy.org

Simulation de la bibliothèque © 2006 – [kdg!]

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ment, dans un document publié dansla brochure de saison du passedanse(voir www.adc-geneve.ch). C’estensuite au tour de nos collèguesdirecteurs d’institutions ou deFestivals, ainsi que les responsableset représentants d’autres domainesartistiques que la danse, de rejoindrecette liste de soutien dans l’annoncepubliée en page 3 de ce journal. Ces appuis ne sont pas excessifs auvu de la mission que nous nous som-mes donnée: gagner cette votation etne transiger sur aucun point du cahierdes charges de la MdlD (validé lors duconseil municipal du 27 octobre2005). Il s’agit donc de gagner, maisdans le cas contraire, il est essentielde pouvoir repartir, et sans attendre,sur un nouveau projet! L’expériencenous montre en effet qu’un projetperdu devant le peuple perd aussi desa légitimité et court le risque d’êtremis entre parenthèses.

Large soutienLe projet de la MdlD à Lancy connaîtdonc aujourd’hui des enjeux poli-tiques et s’achoppe à des argumentspopulistes. Pourtant, le projet de laMdlD à Lancy a beaucoup d’argu-ments: il a le soutien déterminé de laVille et du Canton de Genève, l’appuide Pro Helvetia et de l’Office fédéralde la culture. Il a aussi une longuehistoire et obtenu au fil du temps untrès large consensus. Il pourrait enfins’inscrire dans la conférence culturel-le qui, faute de projet, peine à trouversa légitimité. Reste que le projet de la MdlD donneencore une fois le sentiment qu’il estimpossible de rendre concrets lesnécessaires outils culturels. Ainsi, lenouveau Musée d’Ethnographie s’estfait anéantir suite à un référendum;de même, les projets de rénovationdu musée d’Art et d’Histoire et laconstruction d’une nouvelle Comédieont déjà livré plusieurs batailles, et laguerre n’est pas encore gagnée…

Claude Ratzé

Calendrier des rendez-vous annoncés

avant la votation du 22 octobre

9 septembre, 9h-12hMigros du Grand-Lancy

Stand d’information mis en place par le Comité de soutien

16 septembreFête de la Caroline, Petit-Lancy

Stand d’information mis en place par le Comité de soutien

23 septembreFête des Trois Marchés, Grand-Lancy

Stand d’information mis en place par le Comité de soutien

26 septembre, 20hSalle communale du Petit-Lancy

Séance d’information publique et débatOrganisé par le Conseil administratif de la Ville de Lancy,en présence des conseillers administratifs communaux etdes partenaires du projet de la Maison de la Danse:Patrice Mugny, Conseiller administratif de la Ville deGenève et Charles Beer, Conseiller d’Etat chargé duDépartement de l’Instruction Publique du canton deGenève. Partenaire pour la Bibliothèque multimédia:Geneviève Arnold, Maire de Plan-les-Ouates Est présenteégalement une délégation du Comité référendaire. Laséance animée par Isabelle Jan-Hess, journaliste à laTribune de Genève.

30 septembre, 9h-12hMigros du Petit-Lancy

Stand d’information mis en place par le Comité de soutien

3 octobre, 20hAuditorium de l’École des Palettes

Débat contradictoireOrganisé par le Collectif des Palettes, en Présence deGeorges Demierre, Président du Collectif des Palettes,François de Planta, architecte, François Baertschi, Mairede Lancy, Gilles Augburger, délégué du Comité référendai-re. Le débat est animé par Raphaële Bouchet, journalisteau Courrier.

7 octobre, 9h-12hMigros du Petit-Lancy

Stand d’information mis en place par le Comité de soutien

14 octobre, de 9h-12hMigros du Grand-Lancy

Stand d’information mis en place par le Comité de soutien

22 octobrevotation populaire, résultat

6 novembre 2006, 20hSalle des Eaux-Vives

Discussion publique Organisée par l’adc, la discussion a lieu à l’issue de la vota-tion et quel que soit le résultat. Elle pose entre autres laquestion du parcours de combattant nécessaire pour laréalisation de tout projet d’infrastructures culturelles. Avecdes promoteurs culturels et des responsables politiques.

Simulation de l’entrée © 2006 – [kdg!]

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Les VertsAvec les Verts, nous espérons de toutcœur que ce sera oui! Outre le besoin,vital pour la ville, de disposer d’infras-tructures adaptées à son développe-ment et à l’intégration de tous (centremultimédias, salle des fêtes, locauxassociatifs, etc.), la possibilité d’ac-cueillir la Maison de la Danse sur lacommune est une occasion unique. Leprofessionnalisme, le dynamisme, laqualité artistique et la renommée del’adc sont largement connus etgarants du sérieux du projet. Alorsque Lancy se développe fortement(arrivée de nouvelles entreprises,construction de nouveaux quartiers àforte densité d’habitations, CEVA), ilest aussi essentiel que des lieux ser-vent à embellir la vie de ses habitants.Bien sûr, l’intérêt du public dépasseralargement nos frontières communa-les, à l’heure où se met en place unevaste agglomération incluant lesrégions genevoise, vaudoise et anne-massienne. C’est une chance supplé-mentaire, celle de faire rayonner l’ima-ge de notre commune loin à la ronde,qui nous vaut l’intérêt d’associationsd’envergure nationale.Que l’on ne vienne pas prétendre queles finances communales ne permet-tent pas cette «folie»: le projet estdûment planifié et intégré aux per-spectives budgétaires depuis desannées et de nombreux partenaires sesont engagés à le soutenir.Que l’on ne vienne pas prétendre quela danse contemporaine est réservée àune élite: entrer dans un tel spectaclesans connaissances, et sans préjugésnon plus, c’est se laisser porter par unmélange incroyable d’émotions et desensations visuelles, auditives, corpo-relles, un moment de pur bonheur!L’enthousiasme des jeunes enfants del’école Cérésole qui ont bénéficiéd’une sensibilisation et de leurs ensei-gnants est tout à fait parlant et jegarde aussi très vivement en mémoirele souvenir de ma grande ado, propre-ment enchantée à la sortie du specta-cle de cet été au Parc Bernasconi.Alors… bien sûr, oui à cette part derêve et de beauté à Lancy!

Anne-Claude Juillerat Van der Linden

Conseillère municipale

Parti LibéralEn ce qui concerne la question durésultat, j’espère, bien entendu, quela population suivra notre position,celle du Parti Libéral, et refusera lecrédit d’étude, mais n’étant pasdevin... En revanche, je vous livrevolontiers quelques raisons pour les-quelles il faut dire non.Le coût de construction de la Maisonde la Danse Contemporaine sera de 18millions de francs et uniquement à lacharge du contribuable lancéen,puisque ni la Ville ni le Canton deGenève n’y participeront, et cela a étédit publiquement et clairement. De cefait, nous devrons emprunter cetargent, ce qui augmentera les intérêtsmais également la dette. Et l’argentinvesti dans ce projet réservé à uneminorité ne pourra plus être investidans d’autres projets utiles à touteset tous, comme des locaux associatifs,des écoles, des crèches, des infras-tructures sportives.

Thierry Aeschbacher

Conseiller municipal

Parti SocialisteIl m'est difficile de faire un pronosticsur le vote des Lancéens le 22 octobre.Il est très facile pour les référendairesde mettre en avant un coût à 8 chiffres(18'000'000 millions) sur un objet quin’est pas purement lancéen pourrécolter des signatures et faire peur.La difficulté pour le partisan du projetque je suis est de convaincre la majoritéde mes concitoyens que le Centresocioculturel est un projet bien fait,équilibré entre ses composantes com-munales (la salle des fêtes et les locauxassociatifs) et régionales (la Maison dela Danse et la bibliothèque-médiathè-que), cela malgré son coût important.Je pense que ce projet est nécessairepour la commune. La Maison de laDanse, qui est un lieu unique enSuisse Romande, est un plus pour leCentre et avec les nombreux specta-cles qui y seront présentés, participe-ra grandement à son animation. Lancya donc la possibilité d'améliorer sesstructures sociales et de participer audéveloppement régional de la culture.

Christian Marchiando

Conseiller municipal

Alliance de GaucheJ’espère que les Lancéens voteront ouile 22 octobre prochain, car il estessentiel de doter la Ville de Lancyd’un bâtiment socioculturel qui cor-responde à sa dimension. En ce sens,par exemple, une grande médiathèqueest en accord avec le développementrégional. Par ailleurs, cela fait long-temps que l’on parle de favoriser l’as-sociatif au sein du quartier desPalettes, notamment pour permettreaux jeunes de développer des activitéset le centre socioculturel proposeraitjustement ce genre de structure. En ce qui concerne la question budgé-taire, il faut comprendre que repous-ser la création de ce centre le rendraplus cher encore, car il s’agit d’un pro-jet longuement réfléchi, qui a déjà étéfinancé en partie pour ce qui est del’architecte et de son étude. Nous res-terons bien sûr attentifs aux dépenses,mais nous dénonçons les argumentsdes référendaires qui se targuent devouloir faire des économies pour pou-voir se vanter ensuite d’avoir contri-bué à baisser le centime additionnel.Au fond, les référendaires refusent desinvestissements pour des structuresqui bénéficieront à tous. En définitive, je pense que ce centreest indispensable pour Lancy-Sud.C’est un pari pour les générationsfutures auxquelles nous nous devonsde donner le meilleur.

Andrée Jelk-Peila

Conseillère municipale,

Membre du Bureau du Conseil Municipal

Pour ou contre? La voix des partisLes partis politiques ne constituent pas la population, mais la représentent. Normal, dès

lors, de quêter leur position et leur pronostic concernant le référendum qui menace le

crédit d’étude du Centre socioculturel de Lancy. À chacun, la même question: à votre avis,

quel sera le résultat du vote des Lancéens, le 22 octobre 2006?

Simulation de la salle des fêtes © 2006 – [kdg!]

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15dossier

Que retenir des diverses contributionsdu précédent dossier? D’abord que ladanse n’est pas cet art élitaire stigma-tisé par ses détracteurs. Comme l’ob-serve Claire Verlet, directrice d’un cen-tre chorégraphique, la danse est, enFrance, la discipline qui a le pluscontribué à renouveler et à dévelop-per les publics ces vingt dernièresannées; elle est aussi le fer de lancedes programmes artistiques de l’école(à Genève, elle entre pour la premièrefois dans le programme du DIP, «L’Artet les enfants», cf. page 28 de ce jour-nal). Enfin, la danse est la discipline laplus sensible aux mutations artis-tiques et sociétales récentes, notam-ment par ses métissages avec les aut-res arts et sa capacité à assimiler lesévolutions technologiques. Telle qu’elle se conçoit aujourd’hui, ladanse est un lieu de découvertes etde libération d’énergies et notre tra-vail de programmateur consiste à ren-dre visible cette mine de réflexions etde sensations. Pas de repli, donc, nide plaisir entre soi, mais une invita-tion au public à venir au spectaclepour renouer avec autrui, son voisinde siège, soi-même, et plus largementavec un monde qui file entre lesdoigts. Et puis, il y a cette autre dimensionidentifiée par les directeurs de salle etles responsables politiques: uneMaison de la Danse contribue audéveloppement économique de laville qui l’abrite. Un nouveau théâtre aaussi un «rendement social»,remarque Yvette Jaggi. Barbarisme?Peut-être. Mais la réalité est là: onattend de la Maison de la Danse qu’el-le porte ses fruits et qu’elle susciteune émulation. Et ces dividendes doi-vent figurer dans les colonnes d’unbilan comptable.Il serait impossible aujourd’hui dedéfendre un projet culturel qui se suffi-se à lui-même. La création est essen-tielle, mais elle doit s’enraciner dansun terreau, un environnement proche.Pour ce faire, rappelle Foofwad’Imobilité, il faut un travail de média-tion. L’artiste livre son œuvre, et ceuxqui l’entourent (programmateurs,administrateurs, journalistes et autres)

se chargent de construire les liensavec le public, la cité, le politique, l’école, etc. La Maison de la Danse n’est pas cetteoffense au bon sens comme le stipu-lent ses opposants. Outre son impactéconomique et social, la danse propo-se un discours sur le monde aussi éla-boré que la littérature, le théâtre et lecinéma. Un spectacle est une fenêtresur. Il donne à voir quelque chose denous. Il nous mobilise, nous transpor-te, nous éclaire. Qui a vu Pina Bauschou William Forsythe est à jamais mar-qué. C’est ce qu’on appelle un patri-moine émotionnel. Cette matière-làéchappe à toutes les pesées, elle n’apas de prix. Et une Maison peut sanshonte lui être consacrée.

Anne Davier

La Maison de laDanse, l’énergiede demainLoin de briller pour eux-mêmes dans leur tour d’ivoire, les

artistes traduisent en spectacle les mutations de la société.

Parti RadicalJe ne ferais aucun pronostic sur ladécision du souverain.Pour ma part, je n'ai rien contre l'adcou toute autre association culturelle.Il faut savoir que la dette de Lancy estd'environ 105 millions pour 27'000habitants. Cette salle représente uncoup estimé à 18 millions, que Lancydoit emprunter totalement à un tauxminimum de 3%. Cela représente uneaugmentation de la dette de la ville deLancy d'environ 17%. M’étant toujoursbattu pour diminuer la dette, au mieuxla maintenir, je ne puis accepter unetelle hausse de la dette pour uneseule salle destinée à une association.A l'heure actuelle où de nombreusesfamilles lancéennes ont des difficul-tés de fin de mois, et où des chô-meurs ne trouvent pas travail, il estchoquant d'emprunter et de dépenserleur argent de cette façon.

Alain Eretzian

Conseiller municipal

Parti Démocrate ChrétienJ’espère vivement que les Lancéensvoteront oui le 22 octobre.La question qui semble poser le plusde problème est l’aspect financier duprojet, qui comporte les coûts d’in-vestissement et les coûts de fonction-nement. Or, ce ne sont pas les coûtsd’investissement qui posent problè-me, ce sont les coûts de fonctionne-ment et particulièrement ceux de laMaison de la Danse. Sur ce dernierpoint, je suis convaincu que noustrouverons des aides extérieures nonseulement de la part des organespublics (Ville de Genève et Canton),comme c’est déjà prévu, mais ausside la part de diverses fondations ouautres organismes privés. Quand auxcoûts de fonctionnement du reste ducentre socioculturel (salle communa-le, bibliothèque-médiathèque) celadoit être pris en charge par la commu-ne de Lancy (en partenariat avec lacommune de Plan-les-Ouates pour labibliothèque).Il faut enfin souligner l’importancerégionale de ce projet dans sonensemble, et j’espère que l’informa-tion que nous diffusons est suffisam-ment claire pour que les citoyens nesuccombent pas au défaitisme de nosdétracteurs.

Marc Guillermin

Conseiller municipal,

Secrétaire du Conseil Municipal

Propos recueillis par Prunella Carrard

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17du 27 sept. au 1er oct.

Depuis 1995, date de création deJérôme Bel par Jérôme Bel, une èreconceptuelle a envahi le champ choré-graphique. Une évolution esthétiques'accompagnait alors d'une nouvelleconception du chorégraphe et du dan-seur, secoués d'ambition: l’ascenseurde la reconnaissance était stoppé net,– entendez, plus de centre chorégra-phique national disponible. Dix ansplus tard, l’institution a largementreconnu et soutenu ces artistes. Lanomination d’Emmanuelle Huyn à ladirection du Centre national de dansecontemporaine d’Angers revêt unesymbolique forte et, du reste, contes-tée. Le travail de normalisation sem-blait donc achevé et la danse contem-poraine française attendait sa pro-chaine étape.

Canular et reliquesC’est à ce moment qu’apparaissentJournal d’inquiétude, créé par ThierryBaë, et 1 zeste 2 du duo FrédéricWerlé-Bruno Sajous – une créationretraçant le désir de spectacle de deuxdanseurs qui en profitent pourdémonter quelques tics et us de lagent contemporaine… et conceptuelle.Thierry Baë n’en est pas non plus àson premier essai de mise en abîmedu spectacle. Tout ceci (n’)est (pas)vrai, créé en 2003, est un canular fine-ment mené qui invente, telle unerelique, une technique développéepar un membre de sa famille un siècleet demi avant, avec film témoignage,croquis et vieux papiers à l’appui.Bref, l’homme a de l’humour et porteun regard acerbe sur le paysage cho-régraphique. Journal d’inquiétudes’attaque de front à deux problèmes:la production d’un spectacle dontpeut dépendre l’existence mêmed’une compagnie et le combat d’uninterprète pour continuer à danser, àdéfendre son œuvre. C’est l’objet dela partie centrale, filmée, qui voit l’in-vention d’un projet au cours d’unentretien avec un programmateur et lacourse désespérée pour le réaliser àl’heure dite avec le casting promis!

Tête d’afficheEn dénonçant l’intérêt subit pour destêtes d’affiche, Thierry Baë ne fait quesouligner sa propre détresse de corpsdansant de plus de quarante ans asth-

matique et usé. Des préoccupationsfort peu visibles ces dernières années.De plus, le spectacle comporte deuxparties qui enserrent cette histoirecentrale: d’abord un solo du chorégra-phe, puis un autre, inspiré du premier,interprété par un chorégraphe derenom. Manière de boucler la boucle,de redonner la place réelle à la danse,à la présence, loin du star-system,dans une volonté de dépouillement etde simplicité. Au caractère retors de laconstruction s’oppose la franchise ducorps en scène.Ainsi, Journal d’inquiétude marque leretour d’une danse assumée et réussitgrâce à une espièglerie certaine àintégrer une partie de l’héritageconceptuel. Plus qu’un mélange desgenres, le spectacle propose une pistequi intègre une narration filmée quinourrit le regard porté sur le mouve-ment. Plus encore: à nouveau le rireteinté d’autodérision semble autorisé,source de création. Thierry Baë offreune manière de gai savoir qui résonneet non raisonne. Salutaire.

Christophe Martin

BIOGRAPHIE

Formé aux Beaux-Arts, à l’école du mime

Marceau, puis d’Étienne Decroux dont il devient

l’assistant, à la même période que Josef Nadj,

Thierry Baë, danseur, participe à toutes les

créations de Catherine Diverrès de 1986 à 1997

ainsi qu’à plusieurs spectacles de Josef Nadj

dont Canard pékinois et Les Philosophes.

En 1997, il fonde sa compagnie Traits de Ciel avec

sa femme Marion, créant chacun leurs propres

pièces et développant en parallèle un travail de

recherche autour de l’improvisation. Du Laby-

rinthe de la chute (1997) au Journal d’inquiétude

(2005), avec presque une vingtaine de projets,

dispositifs, expérimentations ou pièces, Thierry

Baë a développé un parcours mêlant pédagogie et

création. http://traitsdeciel.free.fr

JOURNAL D’INQUIÉTUDECompagnie Traits de CielConception, interprétation et musique: Thierry Baë Textes: Thierry Baë et E. E. Cummings Lumières: Pierre Zach Regard amical: Jean-Marc Adolphe Film: François Lejault Scénario original: Thierry Baë

Coproduction: Compagnie Traits de Ciel, Centre chorégraphique nationalde Tours (accueil studio), Arcadi Création au Festival Danse à Aix en juillet 2005.

Salle des Eaux-Vives82-84 rue des Eaux-Vives, 1207 Genèvedu 27 septembre au 1er octobre à 20h30vendredi à 19h, dimanche à 18hreprésentation commentée le jeudi 28 septembre à 19h30réservations: 022 320 06 06location billetterie FNAC

Ticket double avec le Grütli: vendredi 29 septembre,pour 5 francs de plus, enchaînez le Journal d’inquié-tude avec Playstation XY Penthesilée, pièced’Heinrich von Kleist mise en scène par PhilippeBishof au Théâtre du Grütli. Transfert organisé.Réservations à l’adc: 022 320 06 06.

Inquiétudes et gai savoirEn France, l'an dernier, deux spectacles ont marqué un nouveau tournant dans l’évolution

de la danse contemporaine: Journal d’inquiétude de Thierry Baë et 1 zeste 2 de l’improba-

ble duo Frédéric Werlé-Bruno Sajous. Un regard tendre amer sur le milieu chorégra-

phique hexagonal qui a toute sa résonance en territoire helvétique. Accueil du Journal

d’inquiétude aux Eaux-Vives.

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18du 11 au 22 octobre

Ils sont accoutrés de façon franche-ment étrange: jambes nues avecchaussettes jusqu’aux genoux, fessesà l’air, scotch. Vous ne savez pas si cesespèces de culottes à plumes ressem-blent à des Pampers, à un cul d’animalou à un humour invraisemblable.Après des développés style petits ratsde l’opéra, ils font des gestes un peuridicules, un peu saccadés, avec lesbras, comme des volatiles qui n’arri-vent pas à décoller.Sur l’écran, une forme, informe, qui setransforme. Entre du très organique etquelque chose d’ultrasophistiqué.Vous y voyez notamment un objet mi-poupée, mi-animal qui se désarticule,flotte, se reconstitue.Vous êtes dans un laboratoire. Vousvous demandez ce que font les dan-seurs. Ils s’amusent, s’essoufflent, s’é-lèvent dans les airs, s’extirpent de lapesanteur, puis tombent et chutentencore. Ils font les pitres, tentent d’au-tres manières d’exécuter telle suite demouvements, puis, virtuoses, esquis-sent, non, dansent à corps perdu unpas de danseur étoile. Rampent, s’es-sayent à des mouvements primitifs, etnous balancent ensuite des pirouettesvertigineuses. À ce rythme-là: effréné.Car Foofwa d'Imobilité est fou. Il enfait toujours un peu trop, un tout petitpeu trop. C’est sa marque de fabrique,la profondeur de sa signature. Il nerenonce jamais à continuer de cher-cher, ne se satisfera jamais d’une solu-tion, s’il peut y en avoir d’autres. CarFoofwa fait fi: des modes et desconventions. C’est en cela qu’il estgénial. Et passionnant.

Le comment des commencementsPour dire vite, Incidences est unerecherche sur l’origine du monde, riende moins. Sujet dont Foofwad'Imobilité s’est emparé à bras-le-corps, on peut le dire, et sans com-plexe. Chez ce chorégraphe, l’animali-té ne peut aller sans le raffinement, lasauvagerie sans la civilisation, la bru-talité sans la sophistication. Bref, lanature n’a de sens qu’en regard de laculture. Forts du répertoire classiqueet contemporain, les danseurs citentl’histoire de la danse tout en explorantavec une liberté époustouflante lesterritoires du corps et de son espace.L'intention de ce chorégraphe anima-lier? «Travailler sur le comment descommencements, sur l'enfance, le pri-mitif, mais aussi l'éducation, le civili-sé, le tout sans dualisme, une sortede constat de notre humanimalité.»Les moments de jeu? «Il y a toujoursun vrai gagnant et un vrai perdant,des prises de pouvoir, du hasard.Chaque soir sur scène est fait de sur-prises et d’incidents.» Les danseurs?Tous virtuoses. Solo, duos, ensemble,petites danses empêchées par petitsgestes par derrière de l’autre, petitemesquinerie ici, grande intelligencelà: comme dans la vraie vie.Avec Foofwa d'Imobilité, il n’y a pas cesentiment de déjà-vu qu’éprouve sou-vent, un peu mal à l’aise, le spectateurde danse contemporaine. Son travailest profondément original, étrange. Etinspirant. Et poétique. Parce qu’il esttraversé de questions sur le monde,sur notre époque et sur notre intimité.Son regard, gréé de son expérience de

danseur et de chorégraphe, de sonsavoir sur le corps, de son intelligencedes choses, de son énergie et de sacuriosité, est une proposition vigou-reusement stimulante, qui fait bouger,que le vent porte.

Caroline Coutau

BIOGRAPHIE

Formé à l’École de Danse de Genève, Foofwa

d’Imobilité reçoit le Prix de Lausanne en 1987,

puis intègre le Stuttgart Ballett et enfin la

Merce Cunningham Dance Company. Depuis 1998,

il crée et danse ses propres pièces, fonde sa

compagnie, Neopostist Ahrrrt, développe le

concept de «dancerun», base de six créations

dont une pour le NDTII. Il collabore également

avec le chorégraphe Thomas Lebrun, avec lequel

il crée trois pièces, dont le récent Mimesix. Il

obtient en 2006 le Prix suisse de danse avec son

solo Benjamin de Bouillis. www.foofwa.com

INCIDENCESChorégraphie: Foofwa d’ImobilitéInterprètes: Tamara Bacci, Foofwa d’Imobilité, MaudLiardon, Anja Schmidt, Filibert TologoImages: Alan SondheimRégie image et son en live: Antoine LengoCréation lumières: Rinaldo Del BocaCostumes: Corine Pia

Production: Neopostist Ahrrrt Association Avec le soutien de Pro Helvétia-Fondation Suisse pour la Culture, l’appuide la Ville de Genève-Département des affaires culturelles, du départe-ment de l’instruction publique-État de Genève. Avec l’aide de l’ADC

Salle des Eaux-Vives82-84 rue des Eaux-Vives, 1207 Genèvedu 11 au 22 octobre à 20h30, vendredi à 19h, dimanche à 18h, relâche lundi et mardireprésentation commentée le jeudi 12 octobre à 19h30réservations: 022 320 06 06location billetterie FNAC

Nuit Alan Sondheim: vendredi 21 octobre, à l’issuedu spectacle, Alan Sondheim présente ses dernierstravaux sur scène (vidéos, sons, textes, etc.).

Primitif, dit-ilAvec Incidences, Foofwa d'Imobilité travaille sur l'«humanimalité» en alternant culture

et nature sans dualisme étriqué.

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19du 1er au 5 novembre

Elle a le charme étrange d’une comé-die musicale. Étrange parce que peuconventionnelle envers les codes quila régissent. Si l’on se réfère à cedivertissement théâtral populaire,nous sommes bien, avec WalkingOscar, dans le cadre et l’histoire de cetype de spectacle né aux États-Unisdans la seconde moitié du XIXe.Thomas Hauert est resté fidèle à l’uni-vers de ce genre narratif qui commen-ce «là où se mêlent la réalité et lemonde imaginaire du spectacle chan-té et dansé». Il l’est encore si l’on saitque les sujets ou thèmes les plus fré-quemment évoqués dans les comé-dies musicales sont aussi le reflet desensibilités collectives ou d’uneconjoncture historique.

Les possibilités d’OscarMais très vite, la pièce s’écarte desrepères propres à ce style. DansWalking Oscar, pas de narration sinonfragmentaire, pas de personnages nide situations clairement définis, maisdes bribes, des éclats. Pas de mise enscène, de décor, mais des tâches àaccomplir, de l’improvisation et de lafantaisie. Une dramaturgie de l’instan-tané et du simultané qui fait apparaît-re le chant comme un mouvement, lavoix comme une extension du corps.Ici, tout est affaire de surgissement,d’interactions, de résonance et demémoire.Les combinatoires à l’œuvre dansWalking Oscar sont aussi déconcer-tantes qu’inattendues. Elles offrent auspectateur un cheminement libre, unjeu ouvert dans le parcours des per-formers, qui semblent véritablementjubiler. Un monde de souvenirs, desensations qui affleurent et se recom-posent en intégrant de nouvelles pen-sées ou situations. Chacun peut à sontour devenir Oscar ou bien en donnersa propre idée. Chacun peut entrerdans la marche, celle du jeu, avec lamusique ou la structure du texte. Ils’agit d’une dynamique de l’être etdes corps en scène, de la tension oude la fragilité de la voix, du goût desmots simples, de la magie de l’imagethéâtrale.

Du geste à la voixCréée à partir de matériaux autono-mes, une accumulation d’essais etd’expérimentations, la pièce deThomas Hauert est structurée avecprécision, en fonction des lignes musi-

cales et en s’appuyant sur le texteéclaté de l’auteur néerlandais, Oscarvan den Boogaard, un autoportraitaux multiples facettes. Les mots glis-sent sur la transparence d’une toile àl’avant-scène. Un écran offre un espa-ce intérieur comme une peau à traver-ser pour découvrir une vie débridée.Le monde intime, mais aussi la poésiedes gestes décousus de la vie quoti-dienne. Entre réel et fiction, les inter-prètes se mettent à chanter, se fon-dent dans une calligraphie de corpscouchés, balbutient, courent, tirentles rideaux, s’embrassent, se dégui-sent. Tout est affaire de rythme, derépétition, d’évocations.Walking Oscar est un travail drôle etcomplexe qui porte sur la perceptiondes multiples références cinématogra-phiques ou musicales. Avec ses traitstremblés ou moqueurs, le spectacleexprime fascination et critique. La sur-prenante création de Thomas Hauertenchante par cette forme de showdéconcertante qui est aussi un hom-mage au mouvement et à ses possibi-lités de renouveau.

Irène Filiberti

BIOGRAPHIE

Thomas Hauert, danseur d’origine soleuroise

établi en Belgique, a été interprète au sein de la

compagnie d’Anne Teresa de Keersmaeker

(Rosas). Il a également travaillé pour Gonnie

Heggen, David Zambrano et Pierre Droulers. Il

fonde sa compagnie ZOO en 1997 et obtient l’an-

née suivante avec sa première pièce, Cows in

Space, le prix d’Auteur et le prix Jan Fabre aux

Rencontres de Bagnolet. Avec la même équipe de

danseurs, il crée Pop-up Songbook (1999), Jetzt

(2000), Verosimile (2002). L’année 2001 voit la

création du solo Do You Believe in Gravity? Do

You Trust the Pilot?. Pour Modify (2004), il reçoit

le Prix suisse de danse et de chorégraphie.

www.zoo-thomashauert.be

WALKING OSCARConcept et direction: Thomas HauertChorégraphie, danse et chant: Thomas Hauert,Martin Kilvady, Sara Ludi, Chrysa Parkinson,Samantha van Wissen, Mat VoorterPiano: Alejandro PetrassoTexte: Oscar van den BoogaardVoix off: Stuart MacQuarrieMusique: Bart AgaBande sonore: Aliocha van der Avoort Entraînement voix: Rahel StuderConception lumières: Jan Van GijselCostumes: Own

Production: ZOOCoproduction: Kaaitheater/ KunstenfestivaldesArts (Bruxelles), Théâtrede la Ville/ Festival d’Automne à Paris (Paris), Tanz Quartier Wien(Vienne)Avec le soutien: du Ministre flamand de la Culture, de la Jeunesse, desSports et des Affaires bruxelloises, de Vlaamse Gemeenschapscommissieet de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture

Salle des Eaux-Vives82-84 rue des Eaux-Vives, 1207 Genèvedu 1er au 5 novembre au à 20h30vendredi à 19h, dimanche à 18hreprésentation commentée le jeudi 2 novembre à 19h30réservations: 022 320 06 06location billetterie FNAC

La marche enchantéeWalking Oscar, dernière création de Thomas Hauert, s’inscrit parfaitement dans l’esprit

de la Compagnie Zoo fondée par le chorégraphe suisse en 1997. Le travail d'un collectif

complice où improvisation et recherche ouvrent de nouvelles pistes pour la danse.

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21du 15 au 18 novembre

Pour Cindy Van Acker, le corps est lesujet et le lieu d’une quête radicale.Au commencement, il y a Corps 00:00,position fœtale, prospection anato-mique sur l’autonomie. Le pivot decette étude de la matière et de la gra-vité est un corps brut de décoffrage,«imaginé avant tout comme un tasd’os et de viande», à travers lequel lachorégraphe prépare jusqu’au malai-se «un terrain qui promeut la lisibilitédu langage. Étant donné que le corpsest sujet, il permet de tisser un lienavec ce qu’on peut nommer un corpssocial». Par l’intermédiaire d’électro-des provoquant des mouvementsinvolontaires s’instaure un dialogueentre réel et irréel: du mental et duphysique, où se situe la charnière?«La réalité nous joue des tours, lesmouvements que je provoque et ceuxqui résultent de la machine se confon-dent», commente l’artiste.Sur cinq compositions musicales ori-ginales, Fractie décline cinq étudesformelles abordant la relation triangu-laire entre son, mouvement et rythme:«la façon dont sont stimulés nos senspeut différer fortement selon lesdéplacements de ces éléments».Signe particulier, la lecture de l’écritu-re puisque la partition du geste faitpartie intégrante de cette mise enrésonance: deux des cinq études sontlues en temps réel, l’une écrite sur lesol, l’autre directement sur la cuissede la danseuse.

Nouvelle douceurBalk 00:49 surgit de cette chrysalidemillimétrée et avec lui paraît une nou-velle douceur. Relié à une machine quilui imprime ses impulsions électriquesselon une partition programmée, cecorps chimique et chimérique, fleurofferte aux regards, joue sur deux por-tées: mouvement conscient et incons-

cient, association/dissociation. Unfascinant travail rythmique qui opèreune évolution imperceptible: le gestese délie peu à peu, perd en pesanteurjusqu’à ce que la danseuse aux yeuxfermés, délivrée de son cordon élec-trique, s’évade. Face à l’inconnu, «l’in-tention ici est de faire vibrer cettelinéarité, de prendre le risque de l’in-terrompre, de la mettre en danger enla rendant si fragile qu’elle ne tient plusqu’à un fil, au risque de la perdre».«Comme la vie est lente et commel’espérance est violente», disaitApollinaire. Au terme de ce lent che-minement horizontal, le corps s’incar-ne et découvre le lâcher-prise poé-tique et émotionnel. «Dans chaquepièce, on peut dire que le langage estcréé à partir d’un déplacement mentalou physique, note Cindy Van Acker.Une autre spécificité réside dans letravail au sol, qui d’ailleurs les relie.Sur le plan chorégraphique, la préci-sion amène de plus en plus de libertécorporelle au moment présent; dansBalk 00:49, ce n’est plus chaque gestemais parfois l’intention du geste quiest écrite, donnant au mouvement saliberté». À suivre en direct au fil decette trilogie à corps ouvert.

Martine Jaques-Dalcroze

BIOGRAPHIE

Flamande, Cindy Van Acker a dansé pour le

Ballet Royal de Flandres avant de rejoindre

celui du Grand Théâtre de Genève. Elle est ensui-

te interprète de Philippe Saire, Laura Tanner,

Noemi Lapzeson, Estelle Héritier et Myriam

Gourfink, à qui elle dédie Pneuma 02:05, sa créa-

tion 2005 pour huit interprètes. Cindy Van Acker

crée ses propres pièces depuis 1994, mais

démarre véritablement une carrière internatio-

nale avec Corps 00:00, en 2002

PANORAMI SOLI

Corps 00:00conception: Cindy Van Ackerinterprétation: Perrine Vallicomposition sonore: Frédérique Franke, Philip May,Denis Rollet, David Stampflilumières: Luc Gendrozadministration: Sandra Pirettitour manager: Richard Afonsoles 4 musiciens jouent live sur scène

Fractieconception: Cindy Van Ackerinterprétation: Tamara Bacci composition sonore: Frédérique Franke, Philip May,David Stampfli, Andreas Valvini, Basile Zimmermanadministration: Sandra Pirettitour manager: Richard Afonso

Balk 00:49conception et interprétation: Cindy Van Ackercomposition sonore: Denis Rolletlumières: Luc Gendrozcostumes: Aline Courvoisierprogrammation informatique: Philip Mayréalisation électronique: Jacques Falquet administration: Sandra Pirettitour manager: Richard Afonso

Production: Cie GreffeSoutiens: Ville de Genève, DIP, Pro Helvetia – Fondation suisse pour laculture, ADC (Association pour la Danse Contemporaine, Genève), AVDC(Association Vaudoise pour la Danse Contemporaine)

Salle des Eaux-Vives82-84 rue des Eaux-Vives, 1207 Genèvedu 15 au 18 novembre à 20h30vendredi et samedi à 19hreprésentation commentée le jeudi 16 novembre à 19h30réservations: 022 320 06 06location billetterie FNAC

Panorami Soli: spectacle(s) suivi(s) d’un concert live15 novembre, Corps 00:00 + Fredérique Franke16 novembre, Balk 00:49 + Denis Rollet17 novembre, Corps 00:00 et Fractie

+ Philip May18 novembre, Corps 00:00, Fractie, Balk 00:49

Kernel, la dernière création de Cindy Van Acker pourtrois danseuses (Tamara Bacci, Perrine Valli et CindyVan Acker) se donne du 4 au 17 juin 2007 au Grütli.

Trilogie à corps ouvertCorps 00:00, Fractie et Balk 00:49, les trois solos de Cindy Van Acker, seront à l’affiche

de l’adc en alternance sur cinq jours, dont une soirée qui propose les trois d'affilée. À

(re)lire chronologiquement.Co

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23du 6 au 17 décembre

Ils étaient faits pour s’entendre etconnaître le succès, Madame K (2004)et Lui (2005), les deux soli en miroirde Nicole Seiler. Aujourd’hui encore,ils organisent leur vie communeautour de quelques belles dates ets’octroient des escapades solitaires.Dans leurs sillons, la chorégraphe etvidéaste continue d’explorer la ten-sion entre le corps idéalisé et le corpsréel au détour d’installations choré-graphiques (Dolls / Dolls Live, 2005)et de vidéos. Et, tout naturellement, laLausannoise vient de réaliser quatreclips en collaboration avec laTélévision suisse alémanique quiseront prochainement diffusés à l’é-mission «Sternstunden».

Hello, babes!Mais, côté plateau, l'artiste ne chômepas non plus et convoque trois dan-seuses pour une première pièce degroupe. En mouvement… et en ima-ges, bien sûr. Qui sont-elles, ces PixelBabes? Deux brunes et une blonde, àl’image des Charlie’s Angels, serait-ontenté d’avancer. Oui, mais la référenceaux drôles de dames n’est qu’un clind’œil amusé. Nicole Seiler expliqueplus profondément les enjeux qui rap-prochent ces personnages féminins:«Choquée et fascinée, je m’interrogesur les dogmes du paraître commevecteur de pression sociale, sur labeauté comme obsession et sur la chi-rurgie esthétique comme quête identi-taire». On la comprend. Il faudrait êtreaveugle, ou de mauvaise foi, pour nepas recenser les exemples qu’offrentla télé-poubelle et la publicité. Alorsque font ces infaillibles superwomen?Elles se confrontent aux images et auxpersonnages virtuels que NicoleSeiler crée avec talent. Plus exacte-ment, elles se confrontent à leurscomplexes, à leurs obsessions, à leurcorps devenu simple objet de fantas-me, et vacillent entre le diktat de l’ap-parence et le désir d’être.

Beautiful babesToutes les trois ont du charme. Et l’onse demande si la critique ne va pas senoyer dans leur plastique de rêve etleurs poses suggestives. La créatricenous rassure. «Au-delà du malaise etde la critique, j’éprouve une fascina-tion. Ce qui me passionne avant tout,c’est la frontière entre la beauté et lemonstrueux: à quel moment la beautéglisse-t-elle vers la monstruosité?Lorsqu’elle perd son humanité? Ou

lorsque l’humanité transparaît trop?Où se trouve cette limite? Ce qui mefascine, ce sont les failles de la perfec-tion. Je pense aussi que la critique estpossible à travers l’exagération absur-de de l’objet critiqué. Il n’est pasnécessaire d’être dans l’opposition etje refuse tout discours moraliste.»La vidéo le permet et met en distancela beauté des corps. «Ainsi, je peuxjouer avec la réalité, engendrer desimages auxquelles l’œil ne pourraitaccéder sans l’outil vidéo.» Un espaceimmense de liberté scénique s’ouvrealors à la jeune chorégraphe qui s’en-thousiasme à l’idée de nouveauxmétissages. «Cette pièce de groupeme permet d’essayer de nouvelles for-mes, de multiplier et de complexifierle travail vidéo. D’utiliser plusieursprojecteurs, dont certains sur plateaumouvant ou en projection latérale. Demonter dans le studio une blue boxqui permettra des allers-retours entrele plateau et l’espace de tournage.Tout cela est à investir dans la pra-tique, car les idées sont bonnes dansla mesure où elles supportent leurréalisation.»

Anne-Pascale Mittaz

BIOGRAPHIE

Nicole Seiler, Zurichoise établie à Lausanne,

crée sa compagnie en 2002. Sa démarche artis-

tique allie danse et images vidéo et donne nais-

sance à des spectacles de danse/multimédia, des

vidéos chorégraphiques et des installations. En

parallèle à son activité de chorégraphe au sein

de sa propre compagnie, Nicole Seiler a tra-

vaillé comme danseuse et comédienne, notam-

ment avec la Cie Buissonnière, la Cie Alias et le

Teatro Malandro. Elle a chorégraphié pour la

danse et le théâtre. Dans les domaines du multi-

media elle est l’auteur de nombreuses œuvres

photographiques et projections vidéo.

www.nicoleseiler.com

PIXEL BABESConcept, vidéo, chorégraphie: Nicole SeilerInterprétation, chorégraphie: Sun Hey Hur, Corinne Rochet, Kylie WaltersSon: Jean-Baptiste BosshardCostumes: Claude RuegerLumière: en coursScénographie: en coursChargée de diffusion et relations publiques:Christine Hirsig

Coproduction: Cie Nicole Seiler, Théâtre Arsenic Lausanne, adc Genève.D’autres recherches de coproduction sont en cours.

Salle des Eaux-Vives82-84 rue des Eaux-Vives, 1207 Genèvedu 6 au 17 décembre à 20h30vendredi à 19h, dimanche à 18hrelâche lundi et mardireprésentation commentée le jeudi 7 décembre à 19h30réservations: 022 320 06 06location billetterie FNAC

Du chic et du chocAvec Pixel Babes, Nicole Seiler poursuit sa réflexion sur l’être et le paraître. Dialogue

intense entre les aspérités de la chair et la vidéo.

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24brèves

Divers

Avec l’arrivée des nouvelles directri-ces du Théâtre du Grütli, Maya Böschet Michèle Pralong, une complicitéartistique s’est installée avec l’adc.Cette saison, deux compagnies sont àl’affiche de ce lieu et de l’adc avec desprojets différents: Quivala de PascalGravat et Prisca Harsch et la compa-gnie Greffe de Cindy Van Acker. Pourfavoriser la circulation de nos publics,nous organisons à deux reprisesdurant la saison un «ticket double»qui, pour vingt francs, permet auspectateur d’assister à deux représen-tations le même soir. Première propo-sition: le vendredi 29 septembre, avecJournal d’inquiétude de Thierry Baë àla Salle des Eaux-Vives à 19h, puis auThéâtre du Grütli, à 21h, PlaystationPenthésilée XY d’Heinrich Van Kleist,mise en scène et jeu de PhilippeBischof. Pour ne pas perdre de tempsentre les deux spectacles, une aide audéplacement est offerte. La réserva-tion est donc souhaitable à l’adc: 022320 06 06

Rencontre et discussion à propos desstudios de l’adc au Grütli et, plusgénéralement, à Genève, le 9 octobreà 18h dans les bureaux de l’adc, 82 – 84 rue des Eaux-Vives, 1er étage.Nous invitons toutes personnesconcernées par la mise à dispositionde studios de danse à nous rejoindrepour une séance d’information et unediscussion ouverte sur la question.

Appels d’offre, résidence

Fabrik Potsdam en Allemagne, CentreInternational pour la Danse et l’Art duMouvement, fait un appel aux candi-datures pour ses prochaines résiden-ces en 2007. Le programme Artistes en résidencede Fabrik Potsdam a débuté en août2006 avec les Semaines Chorégra-phiques. Jusqu’à fin 2006, 12 choré-graphes internationaux vont bénéfi-cier d’une résidence dans le cadre dece programme. Pour les résidences2007, il n’y a pas de date butoir pourl’envoi de candidatures, mais celles-cidoivent être transmises au moins sixmois avant la date de résidence sou-haitée. Elles doivent contenir une des-cription de la recherche chorégra-phique ainsi qu’une documentationdes œuvres précédentes. La durée,l’étendue et le cadre du travail sontlibres ainsi que la forme de présenta-tion. Fabrik Potsdam prend à sa char-ge les frais de voyages et fournit lelogement. Une bourse peut éventuel-lement être attribuée.Contact: Fabrik Potsdam, Artists-in-Residence, Schiffbauergasse 10, PF 600607, D - 14406 Potsdam. Infos: www.fabrikpotsdam.de

Si vous souhaitez participer àAerowaves 07 et avoir la chance deprésenter votre première à The Place àLondres, il vous faut remplir un dos-sier ad hoc accompagné d’un DVD,avant le 25 septembre 2006.L’ensemble des dossiers est présentéà un jury composé de représentants de32 pays. Pour en savoir plus, contac-tez Anna Burgi, [email protected],078 678 40 00.

La Fondation Pro Helvetia désire favo-riser l’échange entre les compagniesde danse et les musiciens et encoura-ger des commandes de compositionsmusicales pour des créations choré-graphiques. Durant la période de2006 à 2008, trois commandes musi-cales au maximum seront soutenues àhauteur de 10’000.– chacune. Si cetype de création vous intéresse, faitesparvenir une requête d’ici au 1er février(pour un projet dont la première estprévue à partir de juin 2007). Infos à Pro Helvetia: Thomas Gartmann(responsable musique) ou AndrewHolland (responsable danse), 044 267 71 71.

La Haute école des arts appliquésrecherche des hommes pour le défilédes diplômes 06, le 12 octobre pro-chain. Si ça vous intéresse, [email protected]

Mais que font les genevois?

Foofwa d’Imobilité a remporté le «Prixsuisse de danse et de chorégraphie2006», dans le cadre des 19e BernerTanztage en juin dernier. Avant les représentations genevoisesd’Incidences, c’est à Fribourg que sejoue le Kilometrix.dancerun.4 unechorégraphie géographique de dixkilomètres à travers la ville. Dès fin octobre, il retrouve AlanSondheim et Maud Liardon pour unnouveau projet de création d’unevidéo-danse qui sera filmée dansdivers lieux en Suisse. En novembre, il anime un stage et ate-lier de danse au Caire et participe auprojet de conférence-démonstrationsur l’Histoire de la Danse au côté dela journaliste Christina Thurner, initiépar la Gessnerallee à Zurich. Infos: www.foofwa.com

Laurence Yadi et Nicolas Cantillonvont prendre la route du Japon pour yprésenter Simple proposition et ani-mer un workshop dans le cadre deDance Triennale Tokyo au Spiral HallArt Center, avant de rejoindre la villede Kanazawa. De retour, ils seront à l’affiche del’Arsenic à Lausanne avec la reprisedu solo Climax.

Le programme automnal du Centreculturel Suisse à Paris, Aller-retour 3propose un nouveau volet thématiquesur la recherche de références entreartistes de différentes générations. Eidos ainsi qu’un documentaire deJean-Pierre Garnier offre un aperçu dutravail de Noemi Lapzeson. Ailleurs sur l’affiche, ses complicesd’aventures artistiques d’hier: VincentBarras et Jacques Demierre se laissentguider par l’écriture chorégraphiquede Cindy Van Acker avec Puits, piècepour poème sonore, interprétée parPerine Valli. Infos: www.ccsparis.com

16 danseurs, chanteurs et comédiens,un décor virtuel de Francesco Cesalli,une scénographie et des lumières deMichel Faure, une musique et deschansons de Serge Martin et JacquesZürcher sur une chorégraphie deNathalie Jaggi et Évelyne Castellino,telle est l’équipe qui fera revivre lalégende de Robin des Bois dans unesuper production du Théâtre AmStram Gram et de la Compagnie 100%Acrylique. Un mélange d’opéra rock etde danse qui va connaître 22 repré-sentations publiques et plus de 15scolaires à Genève, avant de visiterune multitude de théâtres en Suisseromande.

Brèves

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25brèves

Morsures de Yann Marussich, perfor-mance créée à Zadar en Croatie, seravisible aux Halles de l’Ile dans le cadrede Re-La ligne, le 13 octobre à 19h. Ennovembre, Traversée part en tournéeau Brésil et passe par Rio, FestivalPanorama de dança, et Sao Paulo,Bienal de Santo.

Après avoir fréquenté de nombreuxfestivals cet l’été, Double deux, la der-nière création de Gilles Jobin, sera àl’affiche de la Kaserne à Bâle et de laGessnerallee à Zürich. Par ailleurs,durant l’hiver, Gilles Jobin poursuit lesrépétitions de The Mœbius Kids avecla Cie Virevolte de Manon Hotte.Plusieurs ateliers de recherche sontorganisés en septembre et en octobredans l’objectif de préparer une pro-chaine création pour la rentrée 2007.Infos: www.parano.org

La Ribot reprend le chemin de ses dif-férentes versions de 40 Espontanéoscet automne au Tanzquartier à Vienne,au Festival de Otoño à Madrid et auTeatro Camoes de Lisbonne. Il serapossible de voir son travail de vidéo àla Villa du Parc à Annemasse jusqu’au25 novembre. Parallèlement à son tra-vail artistique, La Ribot continue sonenseignement au sein de l’École desBeaux Arts de Genève, où elle est char-gée de cours. Elle donnera égalementdifférents workshops et conférences enEurope. Infos: www.laribot.com

Fabienne Abramovich a réalisé un trèsbeau premier film, Dieu sait quoi.Durant une année, elle a posé sacaméra chaque jour au parc desButtes-Chaumont à Paris et croquéune quinzaine de retraités qui s’yretrouvent quotidiennement. Le film,sélectionné au Festival «Vision duRéél» à Nyon en 2004, est dorénavantdisponible en DVD. On le trouve dansles bacs de la FNAC, ou on le demandeà [email protected].

Quatre élèves de l’Ecole de Danse deGenève ont trouvé leur premier contratprofessionnel au terme de la saisondernière: Laia Duran au Stadttheater deDarmstadt, Kenneth Henry avec TarekAssam à Giessen, Amandine Schembridans la Cie de Maryse Delente etFanny Mayné avec la Cie Alias pour laproduction de Frankenstein. Le BalletJunior se produira à la Salle des Eaux-Vives du 1er au 3 décembre 2006 etsera invité à participer au prochainMonaco Dance Forum.

La Compagnie Virevolte poursuit sontravail 22h 41mn 05sec, GENEVE, nou-velle pièce chorégraphiée par ManonHotte. Alors que Gilles Jobin entameraen décembre avec eux les répétitionsde The Mœbius Kids, recréation pourla Compagnie Virevolte de son fameuxMœbius Strip. La première de cesdeux pièces aura lieu en mai auThéâtre Am Stram Gram.

Politique suisse d’encouragementà la danse

Grande nouveauté: pour la premièrefois, les villes, les cantons et laFondation suisse pour la culture ProHelvetia ont développé un instrumentcommun de soutien aux compagniesde danse, les conventions de soutienconjoint. Prévues sur une durée detrois ans, ces dernières souhaitentaméliorer durablement les conditionsde travail des compagnies de danse.Ces conventions s’adressent aussibien aux compagnies établies qu’àcelles qui sont montantes. Elles sontl’un des résultats tangibles émanantdu Projet danse, initiative des villes,cantons, de Pro Helvetia et de l’Officefédéral de la culture, ainsi que desreprésentants et acteurs des milieuxde la danse.Les conventions suivantes ont étéconclues en 2006: Cie Alias deGuilherme Botelho à Genève, la CieDaMotus! et la Cie Fabienne Berger àFribourg, la Cie Drift, Gisela RochaCompagny et Simone Aughterlony /MakeArtWork à Zurich, Flamenco enroute pour Baden en Argovie et leCathy Sharp Ensemble de Bâle. En2007, sept nouvelles conventionsvont encore voir le jour: Foofwad’Imobilité / Neopostist Ahrrrrt etGilles Jobin / Parano Fondation àGenève, la Cie Philippe Saire et la CieBuissonnière de Cisco Aznar àLausanne, la Cie Linga à Pully, anna-huber.compagnie à Berne et enfinKatarina Vogel à Bienne. À l’heure du bouclage de ce Journal,les montants de ces soutiens ne sontpas encore communiqués mais serontrendus publics durant l’automne.

Autre nouveauté issue du Projetdanse: la mise en place d’un réseau àl’échelon national, appelé «RéseauDanse Suisse». Cette association,fondée en juin 2006, crée des syner-gies en coordonnant les activités sou-tenues par les villes, les cantons, laConfédération et le secteur privé.Dans sa phase de démarrage, sonfinancement est à ce jour assuré: lesvilles, les cantons, l’Office fédéral dela culture et Pro Helvetia soutiennentensemble son exploitation par unecontribution globale de Fr. 520’000.–.Ce réseau englobe différentes institu-tions qui ont un contact professionnelavec la danse, telles que les program-mateurs, les écoles, les universités,les programmes ou structures officielsde médiation, les archives et média-thèques. Il se constitue à travers sesmembres qui mettent leurs structuresà son service. Sa coordination estassurée par un bureau et ses tâchesprincipales sont les suivantes: déve-loppement et entretien du réseau;lancement et coordination de projetsde sensibilisation et d’échanges auniveau national; encouragement à l’é-change et à la collaboration entre les

membres; collaboration à des projetsculturels d’importance nationale;conseils aux membres et représenta-tion de leurs intérêts; observation etanalyse des pratiques et des usages.Une telle structure est une premièredans l’encouragement de la culture enSuisse. Peut-être pourra-t-elle servirde modèle pour d’autres domainesartistiques. Rapport final du Projet danse et infos:www.prohelvetia.ch/danse

Loi sur l’encouragement à la culture(LEC) et révision de la loi de ProHelvetia (LPH). Après une procédurede consultation auprès des cantons,villes, partis, organisations culturelleset acteur de la culture, les milieuxconsultés ont approuvé l’existenced’une loi fédérale régissant l’encoura-gement de la culture et souhaitentquelques modifications de détails.Seule l’UDC et une association écono-mique – le Centre patronal – préconi-sent de renoncer tout à fait à la LEC.Concernant la nouvelle loi de ProHelvetia, le Conseil fédéral a là aussiapprouvé les propositions visant àmoderniser et simplifier la structure,et entend renforcer l’autonomie de lafondation. Les projets de LEC et deLPH seront maintenant revus, entenant compte des remarques issuesde la procédure de consultation, etsoumis au Conseil fédéral à fin 2006.Le rapport de la consultation peut êtrelu sur le site de l’office fédéral de laculture: www.bak.admin.ch

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26livres

Pour beaucoup, Anna Halprin auraitpu passer inaperçue. Traverser le XXe

siècle en grande dame anonyme de ladanse. Née un 13 juillet 1920 àWinnetka dans l’Illinois, elle est pour-tant l’une des figures les plus influen-tes de la scène alternative américaine.Anna Halprin à l’origine de la perfor-mance rend justice à cette femme dis-crète. Dans une suite d’entretiensmagnifiquement illustrés, l’artisteraconte soixante-cinq ans de rencon-tres, d’expérimentation, d’engage-ment politique. Son dialogue avecJacqueline Caux, psychanalyste de for-mation, éclaire une vie consacrée àdésenchaîner le corps et à combattrepour un autre contrat social danslequel couleur de peau ou maladieincurable – le sida – ne seraient plusassimilées à une tare.Anna Halprin, qui grandit dans unefamille juive, est une combattante.Alors, bien sûr, elle n’a pas l’aura d’unJohn Cage, la gloire d’un MerceCunningham, ses contemporains etamis. Mais elle ne voulait pas de cettereconnaissance-là. Jeune fille, elle abrillé à la barre fixe, admiré IsadoraDuncan et su très vite qu’elle seraitdanseuse. Mais à sa manière. Sachance, raconte-t-elle à JacquelineCaux, c’est de rencontrer en 1940Walter Gropius et d’autres figures du

Bauhaus exilées à Chicago. À leurcontact, elle s’intéresse aux mécanis-mes de la création, aux processusqu’elle juge aussi importants que laréalisation elle-même. Anna Halprinmet ses mains dans le moteur, toucheà tout, aux cadavres par exemple,qu’elle dissèque à l’université pourconnaître le secret de nos architectu-res musculaires.

Fièvre chercheuseCette fièvre chercheuse ne l’abandon-nera jamais. Son mari, LawrenceHalprin, est un allié précieux. Cetarchitecte-paysagiste lui fait le plusbeau des cadeaux: il construit en 1945un plateau en plein air, dans le jardinde leur maison à Kentfield, dans lesparages de San Francisco. Désormais,Anna osera tout: danser en basketsou sur hauts talons dans un hangard’aéroport, imaginer des parades entenue d’Ève et d’Adam qui lui vau-dront en 1965 les foudres de la policenew-yorkaise. L’artiste n’a que fairedes censures. L’art est son accès à lavie. Ce qu’elle veut, c’est affranchir ladanse de ses automatismes, intégrerà sa pratique les gestes de tous lesjours, favoriser toujours la singularitéde ses interprètes. Son repaire califor-nien est une école de liberté: desdizaines d’artistes y construisent leur

vérité, dans l’insubordination auxanciennes, qu’elles s’appellentIsadora Duncan ou Martha Graham.Mieux qu’une mère, Anna Halprin estune grande sœur pour la générationrebelle des années soixante – StevePaxton, Yvonne Rainer. Sur la Côte Est,les gourous de l’art conceptuel la trou-vent trop «cool». En guise de réponse,elle explique ceci à Jacqueline Caux:«Je pense que certains artistes tra-vaillent horizontalement et d’autresverticalement. Certains ne saventjamais ce qu’ils vont faire le lende-main, d’autres ont une idée et la creu-sent toujours davantage. MerceCunningham travaille ainsi, moi je tra-vaille horizontalement».À 85 ans, Anna Halprin continue d’im-proviser chaque jour son rapport avecle monde. Parfois, elle se peint lecorps en bleu, se couvre de feuilles etde terre, se mêle aux racines desgrands arbres californiens. «La perfor-mance, dit-elle, doit être au plus prèsde la vie.» Se fondre dans la natureest sa manière de se préparer augrand passage, les yeux ouverts depréférence.

Alexandre Demidoff

Anna Halprin à l’origine de la performance, Jacqueline Caux, Musée d’artcontemporain Lyon, 2006, 44 frs.

Portrait d’une danseuse affranchie

Adepte de la performance, l’Américaine Anna Halprin a souvent dansé en baskets ou en

talons hauts, sur les trottoirs plutôt que sous les projecteurs. Un beau livre témoigne

de son influence sur la génération rebelle des années soixante.

Vous aimeriez mieux connaître lesdanses classiques de l’Inde et leursfonctions sociales ou savoir si lesesquimaux dansent? Alors Anthro-pologie de la danse, Genèse et cons-truction d’une discipline n’est paspour vous. Loin de faire une synthèsede différentes études sur la dansedans le monde entier, ce livre, dirigépar Andrée Grau et Georgiana Wierre-Gore, constitue une anthologie dequatorze textes qui ont fondé l’an-thropologie de la danse, une sciencequi n’a pas cinquante ans.Très rigoureuses, les deux professeu-res introduisent leur recueil en don-nant leur définition de l’anthropologieet expliquent leur choix de textes.Optant pour l’approche qui consiste à

valoriser la perspective détenue parles acteurs eux-mêmes, elles ontdemandé à des membres de la com-munauté scientifique concernée dechoisir dix textes qu’ils considéraientcomme fondateurs. Quelquesconcepts et méthodes fondamentauxsont ainsi exposés.Faut-il plus se soucier de la forme, oudu contexte de la danse? Que va-t-onétudier: la danse artistique ou folklo-rique? La danse est-elle un art? Ladanse artistique digne d’étude?Qu’apporte l’anthropologie de ladanse aux connaissances de l’êtrehumain? Des problèmes de méthodesurgissent également: quelle est lafaçon la plus efficace d’analyser unedanse? À l’aide d’un film ou de photo-

graphies? Faut-il connaître le systèmeinternational de notation? Autant dequestions pour une jeune disciplinequi dut prouver son utilité.Le problème de l’ethnocentrismerevient souvent: un des auteurs accu-se ses contemporains de ne mêmepas s’apercevoir qu’ils en font preuve.Il s’agit de savoir si un chercheur faitses analyses dans une perspectiveévolutionniste ou pas. Une anthologierigoureuse, dont chaque auteur estsitué idéologiquement et chaquepoint de vue explicité. Pour les pas-sionnés d’anthropologie.

Laurence de Coulon

Anthropologie de la danse, Genèse et construction d’une discipline,Andrée Grau et Georgina Wierre-Gore, Centre national de la danse, 2006, 43 frs.

La danse, l’Occident et le reste du monde

Deux spécialistes rassemblent des textes sur l’anthropologie de la danse afin de rendre

compte de la genèse et de la nécessité de cette jeune discipline.

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27livres

Retraçant l’histoire du collectif desBallets C. de la B., ce livre, rédigé en fla-mand, français et anglais, couvre quat-re périodes évoquées par autant depersonnalités à l’occasion d’interviewsmenées par Alain Platel. Entretiens,photos, album de famille, propos d’unancien enseignant et actualité: uneapproche plurielle et généreuse du par-cours d’un chorégraphe passionné qui,en collaborant notamment avec desartistes tels que Sidi Larbi Cherkaoui, asu s’ouvrir au monde pour alimenter untravail débarrassé des conventions.Livre de paroles, donc, échangées entoute confiance par des interlocuteursdont les expériences personnellesdécrites avec pudeur et finesse éclai-rent la trajectoire professionnelle.Mais livre d’images également, nom-breuses, vibrantes, qui racontent deshistoires dont on se surprend à vouloirconnaître ou redécouvrir la fin. Arrivantà l’improviste au milieu d’un récit, onassiste, fasciné, au spectacle continuel-lement renouvelé qui défile sous nosyeux. Gros plan sur un verre à vin aban-donné, éclairage sur un visage inquiet,danseurs suspendus à des cintres;recueillement, fumée et détritus, fem-mes en talons, cris: un foisonnementd’histoires en cours, d’une extraordi-

naire diversité, narrées par des «fai-seurs de gestes» aux talents multiples.Alignées en bas de page, une séried’indications sur les événements mar-quants de l’année en cours ponctuentla lecture et déroulent de façon toutepersonnelle l’écheveau du temps. Unemise en contexte du travail effectuépar les Ballets C. de la B. qui raconteaussi à sa manière l’histoire de lacompagnie. Du décès de Warhol àl’automobile de l’année, de la nais-sance de Dolly au traité de paix signépar la Jordanie et Israël: une lecturesubjective du monde, axée sur des

événements ayant nourri lesréflexions du collectif.Si, pour Guy Cools, la danse, d’uncorps à l’autre, d’une génération à lasuivante, est essentiellement trans-mission, cet ouvrage en constitueégalement une parfaite illustration. Etnous ayant transmis leurs rêves etleur richesse, les Ballets s’en vont,après un dernier tour de piste, imagi-ner de nouvelles histoires.

Tania Watzlawick

Les Ballets C de la B, interviews Alain Platel, rédaction Hildegard DeVuyst, Drukkerij Lannoo, Tielt, 2006, 38 frs.

Les Ballets C. de la B., roman photo

Le chorégraphe Alain Platel mène l’enquête et réalise un ouvrage généreux qui fait le

portrait d’une compagnie à la fois libre et engagée.

Avec sa présentation des textes enforme de constellation, la dernièreparution de la revue belge Nouvellesde Danse donne d’emblée le ton: son-der la danse à l’aune des sciencesn’est pas une affaire linéaire. Car, dela mécanique du corps à l’inscriptiondu mouvement dans l’espace en pas-sant par diverses expériences trans-disciplinaires, une nébuleuse com-plexe et organique se dessine, dontrend bien compte ScientifiquementDanse: Quand la danse puise auxsciences et réciproquement.Dans ce cinquante-troisième opus, ilest plus que jamais question de repré-sentation du monde. Qu’il s’agissed'une compréhension scientifique oud'une approche par la danse, chacundes textes relève les liens existant entreces deux manières d’appréhender cequi nous constitue et nous entoure.

Observer, comparer et expérimenterParmi une quinzaine d’essais et d’en-tretiens ancrés dans les domaines dela kinésiologie, de la biologie, desmathématiques, de la physique et dessciences cognitives, il est intéressantde constater que plusieurs auteurssont actifs à la fois dans les champschorégraphique et scientifique. Onretiendra notamment les contribu-tions de John Marinelli (Danser lechaos), de Susan Sgorbati (L’impro-visation émergente) et de KitsouDubois (Danse en apesanteur). Lesdeux premiers s’intéressent à l’impro-visation sous l’angle de sa fascinanterelation avec la théorie du chaos, ouen comparant les schémas structurelsque l’on retrouve aussi bien dans ungroupe de danseurs que dans un vold’oiseaux migrateurs ou un banc depoissons. La troisième dépasse le

stade de l’observation et relate uneexpérience unique. Grâce à une colla-boration avec l’Agence Spatiale Euro-péenne, la chorégraphe et pédagogueKitsou Dubois a en effet pu placer desdanseurs en état d’apesanteur. Si elletrouve un très grand intérêt dans cetteaventure, Kitsou Dubois n’hésite pour-tant pas à évoquer la difficulté de dia-logue entre scientifiques et danseurs,tout comme celle de faire entendreune parole et une interprétation sub-jectives dans un univers scientifique.De cet ouvrage foisonnant, on retien-dra sa capacité à créer des passerellesentre des univers apparemment dis-tincts, mais on regrettera sa lecturerelativement ardue.

Florence Marguerat

Scientifiquement Danse: Quand la danse puise aux sciences et récipro-quement, publication de Nouvelles de Danse n° 53, ouvrage collectif,Éditions Contredanse, 2006, 40 frs.

Scientifiquement danse

De la mécanique du mouvement à la chorégraphie en apesanteur, Scientifiquement Danse

explore les liens entre danse et sciences.

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Cours au Studio de l’adc

Maison des arts du Grütli – 2e étage16, rue du Général-Dufour 1204 Genève

Renseignements et inscriptions:Directement auprès de chaque profes-seur, par téléphone ou au début dechaque cours. Tarifs: de frs 22.– à 32.– lecours isolé. Tarifs étudiants, profession-nels et prix pour série de dix cours surdemande. Les cours n'ont pas lieu pen-dant les vacances scolaires genevoises.

Noemi LapzesonDanse contemporaine Les cours visent à préparer le corps àêtre articulé et alerte. Un corps neutreet précis, à l'écoute de la respiration.Sont travaillés par étapes autant lasouplesse que la force, pour arriver à des coordinations complexes durythme et du geste dans l'espace.Lucidité, énergie et simplicité de mou-vement sont à la base de ces cours.niveaux: intermédiaire, avancé (ouvert aux profes-

sionnels, aux comédiens et aux amateurs)

lu/ve: cours technique, 10h30-12h

(dès le 2 octobre de 12h15 à 13h45)

me: atelier de composition et improvisation,

10h30-12h (dès le 2 octobre de 12h15 à 13h45)

Infos: 022 734 03 28 (Janet Crowe) ou

022 735 64 97 (Noemi Lapzeson)

Laura TannerDanse contemporaineCe cours s'adresse à des amateursdésirant prendre conscience de leurcorps. Une classe en trois parties quidébute par un travail de détente et deplacement du corps au sol; la deuxiè-me partie, debout, est consacrée à lacoordination, à l'équilibre et au déve-loppement du tonus musculaire; latroisième propose un enchaînementafin d’explorer le déplacement dupoids du corps, les différentes dyna-miques et la qualité du mouvement.niveaux: débutant et intermédiaire,

régularité souhaitée

lu: 18h30-20h, je: 12h30-14h

Infos: 022 320 93 90

Marie-Louise NespoloDanse contemporaineL’enseignement se base autant sur lamaîtrise du corps que sur la fluiditédu mouvement. L’échauffement surdes exercices techniques au sol et aucentre est suivi d’enchaînements cho-régraphiés permettant aux danseursd’appréhender l’espace. Le cours setermine par un travail d’improvisationou de relaxation.niveau: connaissances de base et régularité

demandées

lu: 20h30-22h

Infos: 022 329 15 92

Paola GianoliJAM contact Improvisation, danse etmouvementTous les samedis de 17h à 19h. Entrée libre.

Infos: 022 732 70 90

Marc Berthon, Élinor Radeff,Véronique FouréLes ateliers réguliers de danse-habileIls sont ouverts à des danseurs avecou sans handicap. La richesse du par-tage réside dans la découverte de soiet de l'autre avec ses spécificités pro-pres. La différence s'avère être unmoteur créatif, productif et réactif. Lecontact et l'improvisation sont la basede ce travail, lequel s'effectue avecou sans support musical.niveau: ouverts à tous / me, tous les 15 jours: 18h-20h

Infos: 022 733 38 08, 079 688 56 13,

[email protected]

Renseignements sur les autres activités:

www.danse-habile.ch

Sandrine Jeannet Atelier de danse créative pour les enfantsCet atelier propose une initiation à ladanse contemporaine en quatretemps: un apprentissage du corpsanatomique, du corps dans l'espace,des autres corps; une introductionaux bases techniques. Une explora-tion du mouvement dansé sous tousles angles grâce à différents thèmesludiques et à l’imaginaire des enfants.Enfin, des petits spectacles qui sont lethéâtre de ces explorations.lu : 16h30-18h30

Infos et inscriptions: 022 750 03 23

Stages au Studio de l’adc

Myriam ZouliasAtelier ButoLes 23 et 24 septembre, 10h-14h

Inscription: [email protected]

Marc Berthon, Élinor Radeff,Véronique FouréLes ateliers du samedi de danse-habileLe 30 septembre et le 28 octobre,

uniquement sur inscription.

Infos: 022 733 38 08, 079 688 56 13

[email protected]

Sébastien BoucherDanse hip-hopLes 4 et 5 novembre, 10h30-12h et 14h-15h30.

Infos: 0033 678 80 74 34

Alessandra VignaDanse sensibleNaissance du mouvement avec l’inter-vention d’Odile Evequoz, ouvert à tous.Le 1er décembre (18h-22h),

les 2 & 3 décembre (11h-17h),

délai d’inscription le 25 novembre.

Infos: 022 732 36 28 , 076 369 16 03,

[email protected]

Cours et stages

28cours et stages

L’art et les enfantsLe nouveau catalogue de l’art et les enfants, publié par le Service culturelde l’enseignement primaire du Département de l’Instruction publique,vient d’arriver dans les différents établissements scolaires du canton. Ladanse y trouve enfin une place digne de ce nom et fait l’objet d’un cahierqui lui est entièrement dédié. Ce changement n’est pas négligeable. Ilrésulte d’une meilleure coordination, d’une volonté et surtout d’une éva-luation positive des expériences menées depuis 2005 par la cellule desensibilisation à la danse contemporaine, qui regroupe l’adc, le serviceculturel de la Ville de Lancy, le DIP. La saison dernière, les professeurs d’éducation physique ont suivi uneformation obligatoire en contact improvisation. Dès cet automne, trois for-mations pour les enseignants sont mises sur pied: initiation à la pédago-gie du mouvement, préparation des classes à voir un spectacle de danseet rencontre de trois compagnies dans leur lieu de création, de formationet de représentation.À côté de ces formations, un programme de neuf stages pour les classes:par exemples, «Je marche je danse» animé par Catherine Egger et ValérieBovard; «Danse et image» donné par Nathalie Tachella et AlexandreSimon; «Danse à l’école», conduit par Caroline de Cornière; «Sciences etdanses» en collaboration avec le Museum de Genève, «Autour d’un spec-tacle de danse contemporain I & II», projets en lien avec la programmationde l’adc: Roi Fatigué cherche royaume… de 100% Acrylique, Tierce del’Estuaire et Because I love de Quivala. Infos: «L’Art et les Enfants», 022 949 55 01

Page 29: journal de l’adc de l'adc/JADC40.pdf · qualités. La danse porte en elle un for-midable potentiel, c’est un bien très précieux. Donnons-lui les moyens de faire encore plus

29passedanse

Le passedanse

Australian Dance Theater / Garry Stewart à Château RougeHeld

PhotochorégraphieL'Australian Dance Theatre dirigé parGarry Stewart collabore ici avec laphotographe américaine Lois Green-field, connue depuis trente ans pourses clichés de danseurs épinglés enmouvement dans l'air. Held est unspectacle de danse sur la photogra-phie, le temps et la perception de laréalité. La scène se transforme en stu-dio photo. Shootés au 1/2000e deseconde en direct par Lois Greenfield,dix danseurs animés par un désird'envol se livrent à la plus époustou-flante des performances dans unmétissage de danse classique,contemporaine, hip-hop, gymnastiqueet arts martiaux. Leurs images sontimmédiatement projetées sur deuxécrans, offrant la vision d'une dansegraphique et suspendue. Soit unesimultanéité de deux scénarios: surl'écran, l'idéal de la danse fixé pourtoujours; sur le plateau, des corps quichutent, qui roulent et qui se relèventdans un temps continu.

Michèle Anne De Mey au Forum MeyrinSinfonia Eroïca

Pièce fondatrice régénéréeLongtemps danseuse d’Anne TeresaDe Keersmaeker, avec qui elle fit sesclasses à l’école Mudra, la chorégra-phe belge posait en 1990 l’acte fonda-teur de sa compagnie avec uneéblouissante Sinfonia Eroïca, piècemajeure qui révéla son talent etesquissa la ligne mélodique d’unedémarche qui a souvent convolé avecles plus belles pages de la musiqueclassique. Mêlant les motifs puissantsde la Troisième Symphonie (dite«Héroïque») de Beethoven, et l’ouver-ture de Bastien et Bastienne deMozart, Sinfonia Eroïca vibre au ryth-me du tourbillon amoureux, scandéde déchirures, de replis désenchantéset de bonheurs retrouvés. Installéemaintenant à Charleroi/Danses, Mi-chèle Anne De Mey reprend, seize ansaprès, cette œuvre avec sa nouvelletroupe de neuf danseurs. L’inventivitérieuse, la musicalité enivrante et lasubtile mélancolie de ce spectacle ontmarqué les mémoires.

AD

Mémento passedanse

L’ADC à la Salle des Eaux-Vives 022 320 06 06

du 27 septembre au 1er octobre, Thierry Baë,Journal d’inquiétude

du 11 au 22 octobre, Foofwa d’Imobilité,Incidences

du 1er au 5 novembre, Thomas Hauert, WalkingOscar

du 15 au 18 novembre, Cindy Van Acker,Panorami Soli

du 6 au 17 décembre, Nicole Seiler, Pixel Babes

Théâtre Forum Meyrin 022 989 34 34

les 28 et 29 septembre, Michèle Anne De Mey,Sinfonia Eroïca

du 8 au 11 novembre, Philippe Jamet, Portraitsdansés

Théâtre de L’Usine 022 328 08 18

du 4 au 8 octobre, Sabrina Moser en collabora-tion avec Fabio Bergamaschi, PaRADiz

du 9 au 12 novembre, Scènes libres I, TinaTarpgaard, Chantal Siegenthaler, Xavier Fernadez-Cavada

L’Esplanade du Lac +33 450 99 17 70

le 7 octobre, Groupe Grenade, Barbe bleuele 22 décembre, Compagnie Virevolte, Aurélie

et Martin Cuvelier, Coïncidence

Ballet du Grand Théâtre de Genève au BFM 022 418 31 30

du 17 au 31 décembre, Cisco Aznar et le Balletdu Grand Théâtre de Genève, Coppélia

Château Rouge – +33 450 43 24 24le 24 octobre, Australian Dance Theater, Garry

Stewart, Heldle 4 décembre, La Coma, Michel Schweizer,

Bleible 21 décembre, Compagnie 100% Acrylique,

Évelyne Castellino, Robin des Bois

Cycle de ConférencesL’ensemble des partenaires du passedanse propo-se, en collaboration avec les activités culturelles del’Université de Genève, un cycle de cinq conféren-ces dansées, avec d’une part une approche théo-rique du mouvement et d’autre part une démons-tration dansée. Intervenante: Annie Suquet, historienne de la danse

Heure et lieu: le jeudi de 19h à 21h à l’Uni Dufour,salle du Conseil Yves Fricker, 159Prix: 5.– plein tarif / entrée libre pour les déten-teurs du passedanse et pour les étudiants

Conférence n°1: le 27 novembreDe la chronophotographie à la photographie, oucomment revisiter aujourd’hui l’héritage d’Étienne-Jules Maret, 1830-1904. Avec Sylvain Prunelec et Annie Suquet.

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30saison 2006-2007

Thierry BaëJournal d’inquiétudeThierry Baë tente de composer unsolo, puis renonce pour des problè-mes de santé: à cause d’une insuffi-sance respiratoire, il ne peut dansersa pièce de bout en bout. Que fairepour continuer d’exister dans ladanse? Monter un formidable coup debluff et y entraîner à leur corps défen-dant plusieurs «stars» de la dansecontemporaine. Thierry Baë, très beau danseur d’âgemûr, envisage donc des doublures derenoms qui puissent le relayer sur lascène, et l’on ne sait jamais qui seral’invité du jour. Cruel et drôle, Journald’inquiétude raconte cette épopée enmélangeant danse et film. Voir p.17

Du 27 septembre au 1er octobre 2006

Foofwa d’ImobilitéIncidences Virtuosité et complexité se conju-guent dans cette dernière création deFoofwa d’Imobilité qui se penche surle développement du mouvement. «A notre âge post-moderne dit-il, onne peut plus penser l'animalité etl'humanité, la sauvagerie et la civilisa-tion, la nature et la culture en termesdualistes. C'est pourquoi Incidencesfait autant appel à l'éducation choré-graphique qu'à l'innocence gestuellede chaque danseur.» Le spectacle est superposé à la visionéclairée des images et des sons de l'avant-gardiste new-yorkais AlanSondheim, interprété à l'ordinateur endirect. Voir p.18

Du 11 au 22 octobre 2006

Thomas HauertWalking OscarC’est sur le fil fragile d’une danseabstraite et joueuse, tendue entre l’é-criture et l’improvisation, que ThomasHauert évolue sans faux-pas. Le cho-régraphe suisse poursuit ici unerecherche sur la relation entre le chantet le corps. Walking Oscar intègremouvement, texte, musique et chant.Une «comédie musicale» en quelquesorte, mais libérée des conventionsdu genre. L’écriture du texte a été confiée àOscar van den Boogaard, auteur néer-landais qui croise les routes principa-les de ses textes avec des pistessecondaires et prend des raccourcisinattendus. Voir p.19

Du 1er au 5 novembre 2006

Cindy Van AckerPanorami SoliPanorami Soli nous plonge dans l’uni-vers blanc et noir de Cindy Van Acker,chorégraphe rigoureuse et hypno-tique, qui reprend ses trois solos, àsavoir Fractie, Corps 00:00, Balk00:49. Présentés alternativement surquatre jours, dansés par Cindy VanAcker ou repris par Tamara Bacci etPerrine Valli, les solos sont présentésdeux par deux chaque soirée, puiss’enfilent tous les trois et à la suite, ledernier soir. Les musiciens qui signent les compo-sitions sonores des pièces de CindyVan Acker se produisent également enconcert chaque soir à l’issue desspectacles de danse. Voir p.21

Du 15 au 18 novembre 2006

Nicole SeilerPixel BabesLa beauté comme obsession, le diktatdes apparences comme vecteur depression sociale, la chirurgie esthé-tique comme quête identitaire. NicoleSeiler poursuit avec ce trio saréflexion sur l’image, réelle commevirtuelle, le paraître et la perfection.Après les deux remarquables solosprésentés dans le cadre des Journéesde danse contemporaine suisse,Madame K et Lui, la voici qui revientavec Pixel Babes. Trois danseusescharismatiques, à l’image des CharlieAngels, sont d’infaillibles superwo-men confrontées aux personnages dela vidéo que Nicole Seiler manie avectalent. Voir p.23

Du 6 au 17 décembre 2006

Nathalie TacchellaTierce Poésie, danse et sculptures en mou-vements. Tierce s’inscrit dans la conti-nuité du travail de Nathalie Tacchellasur la langue de Gherasim Luca, quidécline sa pensée en tranchant dansle vif des mots. Cinq textes lus parl’auteur sont perçus par la chorégra-phe comme une matière organique,mais aussi comme une intelligencefulgurante qui traverse le corps destrois interprètes de part en part. Après Newton 1 2 3 et Les Tables,créés sur la scène du Galpon, ondécouvre cette dernière création ingé-nieusement scénographiée parPadrutt Tacchella et mise en musiquepar Gérard Burger. Du 17 au 21 janvier 2007

Bienvenue à ce que vouscroyez voirSaison 2006-2007 de l’adc

Que peut la danse? Que peut le corps sur scène? Quelles sont ses incidencesur la pensée et sur le monde? Agripper le réel, émouvoir, faire réfléchir: la danse, inscrite dans un présentfurieusement chargé, a la capacité de mobiliser des forces, de questionner lemonde et de le transfigurer. C'est du moins ce que nous souhaitons avec lesdouze œuvres qui vous sont présentées pour cette troisième saison à la Salledes Eaux-Vives. Sur scène, les identités vacillent et les corps s'effritent; la danse s'entremêleau chant, puise dans la littérature, revisite l'histoire; sans cesse, le déborde-ment est à l'œuvre et la danse nous fait douter… Nous invitons le public à rester poreux, pour que se fabrique et s'exprime cettepart d'existence que l'art nous renvoie. Pourvu que quelque chose nous échap-pe, et bienvenue à cet arrière-monde que la danse pourrait éclairer.

Anne Davier Com

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31saison 2006-2007

Mathilde Monnier et Katerine2008 Vallée au BFM2008 Vallée est une extrapolation autourdes textes et des musiques du dernierdisque Robots après tout de Katerine.C’est aussi un voyage initiatique dansles univers atypiques du chanteur et dela chorégraphe Mathilde Monnier. Septpersonnages en quête de l’autre vontfaire l’apprentissage soit du chant soitde la danse comme un nouveau terri-toire à conquérir. 2008 Vallée est unfutur proche, sincèrement utopique,purement fictif et légèrement hippie. C’est aussi un paysage faussementlunaire, faussement gonflé au serviced’une rencontre bien réelle entre l’uni-vers de ces deux artistes.Co-accueil de l’adc et d’Opus One

Du 17 au 21 janvier 2007

Pascal Gravat et Prisca HarschBecause I lovePrenez Fragment d’un discours amou-reux de Roland Barthes, et vous aurezle squelette de Because I love, piècesolaire et éclatée pour une douzained’interprètes, danseurs et comédiens.«Le discours de l’amoureux, expliqueles deux instigateurs du projet, n’exis-te que comme bouffées de langagequi lui viennent au gré de circonstan-ces infimes, aléatoires.» Des bribes de textes, de danses, demusiques et d’images découvrententre autres Pénélope, figure de l’at-tente aimante, Bouvard et Pécuchetou le double émerveillé, Phèdre etHyppolite et la tragédie de la paroleenfouie.Du 28 février au 11 mars 2007

Maguy MarinUmwelt au BFMUmwelt, courageuse pièce de MaguyMarin, a captivé et interloqué les sal-les les plus prestigieuses qui l’ontaccueillie. Au fond du plateau, troiscouloirs composés de miroirs flexiblessont mis en mouvement par une énor-me soufflerie et de ces miroirs sortentles interprètes pour aussitôt repasserderrière. La danse se compose d'une série d'ac-tions, de tâches; les personnages quidéfilent n'ont ni le temps ni l'ambitionde créer des fictions. Le geste choré-graphique de Maguy Marin est radicalet pose une seule question: quel est lesens de ce défilé incessant?Co-accueil de l’adc, Théâtre Forum Meyrin et Château Rouge

Les 14 et 15 mars 2007

Olga de SotoHistoire(s)Quelles sont les traces qui imprègnentencore la mémoire d’un public, bienlongtemps après que se soit évanouile spectacle dont il fut le témoin d’unsoir? Olga de Soto part à la recherche desspectateurs présents, le 25 juin 1946au Théâtre des Champs-Elysées pourla première du Jeune homme et lamort, création mythique de JeanCocteau. Elle les interviewe, leurssouvenirs ressurgissent et le specta-cle renaît, à la lumière des regards quihier l’avaient absorbé dans l’ombre.La chorégraphe en compose la subjec-tive empreinte qu’elle renvoie vers lesécrans d’un plateau de théâtre.Du 28 mars au 1er avril 2007

Perrine Valli, Josef TrefeliL’un l’autreDeux pièces, deux solos à voir ensem-ble ou séparément. La première,Perrine Valli, a dansé pour OdileDuboc, Preljocaj et, dernièrement,Cindy Van Acker. Elle présente sonpropre travail, Série, inspiré dans sascénographie par le travail picturald’Aurélie Nemours sur le principe desséries. Unité, multiple, variation etrépétition sont expérimentés sur unecomposition musicale d’Eric Linder. Lesecond, Josef Trefeli, a été l’un desdanseurs fétiche d’Alias compagnieavant de se lancer dans un travail cho-régraphique propre. Sa dernière créa-tion, in-fi-nité-si-mal, se penche surles émotions.Du 18 au 28 avril 2007

Evelyne Castellino et Nathalie JaggiRoi fatigué cherche royaume pour vacances Conte chorégraphié dès 4 ans

Dans un royaume, un roi est connu pouravoir une grande énergie dans la ges-tion de son pays. Ses sujets travaillentbeaucoup, ils n’ont même pas le tempsde bailler; c’est le pays des Ressort.Dans un pays voisin séparé par un longmur, une reine dirige une contrée peu-plée de sujets très calmes, voire mous:c’est le pays des Gnian-Gnian. Un jour,le reine des Gnian-Gnian lit une petiteannonce dans un journal: «Roi, jeune eténergique, dirigeant royaume desRessorts, cherche à louer pour lesvacances petit royaume pour se repo-ser.» Et voilà, l’histoire commence…Du 23 mai au 9 juin2007

Saison 2006-2007 de l’adc, abonnez-vous !Abonnement complet: 12 spectacles

Plein tarif (au lieu de Fr. 328.-) Fr. 230.- Nb……Tarif réduit (au lieu de Fr. 210.-) AVS, chômeur, étudiant, apprenti et moins de 20 ans Fr. 150.- Nb…… soit Fr.

o Abonnement libre o Abonnement à dates fixes: demandez la grille complète des spectacles de la saison pour réserver au plus tôt vos places

Abonnement découverte: 7 spectacles

Plein tarif (au lieu de Fr. 203.-) Fr. 150.- Nb……Tarif réduit (au lieu de Fr. 135.-) AVS, chômeur, étudiant, apprenti et moins de 20 ans Fr. 90.- Nb…… soit Fr.

o Abonnement libre o Abonnement à dates fixes: demandez la grille complète des spectacles de la saison pour réserver au plus tôt vos places

o Je ne souhaite pas recevoir le passedanse 06-07

À retourner par courrier à: Association pour la Danse Contemporaine, 82-84 rue des Eaux-Vives, 1207 Genèveou par fax au 022 329 44 27

Votre abonnement vous sera envoyé à votre domicile après votre paiement. Mode de paiement: par CCP 12-14064-4 ou par banque au Credit Suisse sur le compte N° 180 862-40

Nom, prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

N° postal/ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Téléphone/e-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Date/signature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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MémentoEn plus des spectacles programmés dans le cadre du passedanse par l’adc, le Théâtre de l’Usine, le Grand

Théâtre de Genève, le Forum Meyrin, Château Rouge à Annemasse et l’Esplanade du Lac à Divonne-les-

Bains (voir page 29), voici le mémento de quelques lieux choisis en Suisse romande et en France voisine.

SUISSE

GENÈVEAm Stram Gram – 022 735 79 24

du 23 septembre au 1er novembre, 100%Acrylique, Évelyne Castellino & Nathalie Jaggi,Robin des Bois

Alhambra – 0800 418 418 le 5 octobre, Han Tang Yuefu Ensemble,

danse et musique chinoise, Le grand Banquetdans le jardin de l’Empereur, (dans le cadre duFestival «Taïwan»)

du 20 au 22 octobre, Chandikusum, danse etmusique de l’Inde, Râmâyana, l’épopée de Râma

le 9 décembre, Dance art Show II, danseurbaine avec entre autres Storm, Jeux de jambes

LAUSANNE9e Festival Internationale de danse deLausanne – 021 626 13 98

du 27 septembre au 7 octobre, au ThéâtreSévelin 36, Métropole et à l’Opéra de Lausanne.

le 27 septembre, Cie Membros, Meio Fio,Performance en espace urbain

les 27 et 28 septembre, Cie Membros,Elemento bruto + Raio X

les 29 et 30 septembre, Erna Ómarsdóttir &Jóhann Jóhannsson, The Mysteries of Love

le 1er octobre, projection de vidéos-danse,Dance Screen on Tour

le 4 octobre, Martine Pisani, Hors Sujet (3),(pièce en cours de création)

le 5 octobre, Sylvie Guillem & RusselMaliphant, Solo + Shift + Two + Push

le 6 octobre, Compagnie Tero Saarinen,Pétrouchka + Hunt

le 7 octobre, Dave St-Pierre, La Pornogra-phie des âmes

Théâtre de L’Arsenic – 021 625 11 36du 9 au 12 novembre, Compagnie 7273,

Laurence Yadi, Nicolas Cantillon, Climaxdu 21 au 30 novembre, Nicole Seiler, Pixel Babesles 1er et 2 décembre, Young Soon Cho

Jaquet, Yvonne Harder & Alexandra Nurock,Maud Liardon et Marie-Louise Nespolo dans lecadre de En attendant les Urbaines (Festivalgratuit dans une dizaine de lieux à Lausanne)

les 8 et 9 décembre, *MELK PROD., MarcoBerrettini, L’Opérette sans sou, si …

les 12 et 13 décembre, Cezary Tomaszewski,Dance Tetralogy

le 14 décembre, Cezary Tomaszewski, LastTemptation of Saint Bernadette

Cinémathèque suisse – 021 315 21 70le jeudi 2 novembre, projection d’un film de

danse de Philippe Saire, Blind Date, suivi d’unmaking off et d’un documentaire de KamalMusale sur le chorégraphe

Opéra de Lausanne – 021 310 16 16le 26 novembre, Cie Philippe Saire, Création 06

Théâtre Sévelin 36 – 021 626 13 98du 29 novembre au 10 décembre, Cie

Philippe Saire, Création 06

PULLYThéâtre de l’Octogone – 021 721 36 20

le 27 octobre, Katarzyna Gdaniec et MarcoCantalupo, Cie Linga, La Kitchen

le 11 novembre, Arthur Kuggeleyn + Co, AfterEffects

le 9 décembre, Cie ADN Dialect, AngeloDello lacono, Bugs

le 17 décembre, Béatrice Massin, Cie FêtesGalantes, Que ma joie demeure

YVERDON-LES-BAINS Théâtre Benno Besson – 024 423 65 84

le 8 novembre, Katarzyna Gdaniec et MarcoCantalupo, Cie Linga, La Kitchen

NEUCHÂTELThéâtre du Passage – 032 717 79 07

les 14 et 15 novembre, Cie 100% Acrylique,Evelyne Castellino & Nathalie Jaggi, Robin desBois

VILLARS-SUR-GLANEEspace Nuithonie – 026 350 11 00

les 11 et 12 novembre, Cie 100% Acrylique,Évelyne Castellino & Nathalie Jaggi, Robin desBois

du 24 au 26 novembre, Cie Drift, BéatriceJaccard, Amours, délices et orgues

le 2 décembre, Nicole Seiler, Pixel Babesdu 6 au 9 décembre, Da Motus !, Antonio

Bülher et Brigitte Meuwly, Attention

VEVEYThéâtre de Vevey – 021 925 94 94

les 24 et 25 octobre, Cie Nomades, SergeCampardon, Des Taureaux plein la Tête

le 16 décembre, Bob Fosse & Chet Walker,The Dancing Man

le 21 décembre, Ballet de l’Opéra deDonetsk, Vadim Pisarev, La Bayadère

MONTHEYThéâtre du Crochetan – 024 471 62 67

le 16 décembre, Ballet de l’Opéra nationaldu Rhin, Jo Stromgren, Casse-Noisette

BERNEDampfzentrale – 031 311 63 37

les 20 et 21 octobre, Alias, GuilhermeBotelho, I want to go home

le 28 octobre, *Melk Prod., Marco Berettini,No Paraderan

du 3 au 12 novembre, Festival Afrique Noire,diverses compagnies

du 29 au 3 décembre, Festival Community,diverses compagnies

du 7 au 10 décembre, Anna Huber et FritzHauser, handundfuss

FRANCE VOISINE

ANNECYBonlieu Scène nationale – +33 450 33 44 11

le 10 octobre, Back to hip hop et ViaKathehong, Wola Baba

du 18 au 21 octobre, Rachid Ouramdane, Ungarçon debout

du 7 au 11 novembre, Cie La Baraka, AbouLagraa, RBVB Rouge / Bleu / Vert / Blanc

les 16 et 17 novembre, Australian DanceTheater, Garry Stewart, Held

le 28 novembre, Josef Nadj – CCN d’Orléans,Asobu (jeu), hommage à Henri Michaux (voirBus en-cas)

THONON-LES-BAINSMaison des arts Thonon-Évian – EspaceMaurice-Novarina – +33 450 71 39 47

le 29 novembre, Jean-Claude Gallotta, IsiraMakuloluwe, Ginette Laurin, Estelle Clareton,Puzzle Danse

LYONBiennale de la Danse 2006 – +33 472 00 21 70

du 9 au 30 septembre, des compagnies de29 villes des cinq continents se produisent dans33 lieux à Lyon et dans son agglomération, lorsdes 156 représentations de Danse la ville. Cette édition fait une large place à la création(15 premières mondiales), à la réflexion (avecses nombreuses rencontres publiques et pro-fessionnelles), à l’image (films et expositions)et à la fête (avec ses deux bals thématiques etle Défilé qui rassemble 4500 participants)www.biennale-de-lyon.org

Maison de la Danse – +33 472 78 18 00les 6 et 7 octobre, Mal Pelo, María Muñoz &

Pet Ramis, Atlas (O Antes de llegar a Barataria)du 12 au 14 octobre, Han Tang Yuefu

Ensemble, La Déesse de la Rivière Luodu 17 au 22 octobre, Eifman Ballet Théâtre

Saint-Petersbourg, Anna Kareninedu 24 au 26 octobre, Groupe Emile Dubois -

CCN de Grenoble, Jean-Claude Gallotta, Desgens qui dansent

du 7 au 10 novembre, Cie Acte, Annick Charlot,Avec, ou sinon rien (au Toboggan de Décines)

du 8 au 12 novembre, Compagñia MercedesRuiz, Juncá

du 14 au 19 novembre, Chicos Mambo,Philippe Lafeuille, Méli-Mélo II ou la danse danstous ses états

du 16 au 18 novembre, Cie Traits de Ciel,Thierry Baë, Journal d’inquiétude

du 22 au 24 novembre, Josef Nadj – CCNd’Orléans , Asobu (jeu), hommage à HenriMichaux

du 28 novembre au 1er décembre, RobynOrlin / Sophiatou Kossoko, Although I live insi-de… my hair will always reach towards the sun…

du 14 au 16 décembre, Maria DonataD’Urso, Collection particulière

Bus en-cas de l’adc / Réservation 022 329 44 00

Alain Platel, Les Ballets C. de la B. , VSPRS – Biennale de la danse, LyonPour sa dernière création, Alain Platel convoque Monteverdi et les Vêpres De La Vierge qui, grâce à la complicitéde dix musiciens sur scène, se fondent dans une partition musicale jazzy aux consonances tziganes. C’est dans untel entrelacement de sonorités que la danse prend son appui. En poète du désordre, le chorégraphe guide ses dixinterprètes d’une stupéfiante agilité dans un univers d’une humanité de bric et de broc. Le mardi 26 septembre, départ à 18h de la Place Neuve, retour aux environs de minuit.

Prix (voyage, collation et billet) : 80.- / 75.- (abonné de l’adc et passedanse)

Josef Nadj, Centre chorégraphique d’Orléans, Asobu (jeu), hommage à Henri Michaux – Bonlieu, AnnecyCréation du Festival d’Avignon 06 dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes

Josef Nadj, explorateur des textes d’Henri Michaux a créé une pièce pour quatre musiciens et seize danseurs dontquatre butôtas et deux danseurs contemporains japonais. Le chorégraphe signe ici une grande pièce marquée parsa qualité formelle et poétique. Une invitation au voyage avec des détours vers le théâtre Nô japonais.Le mardi 28 novembre, départ à 19h de la Place Neuve, retour aux environs de 23h.

Prix (voyage, collation et billet) : 80.- / 75.- (abonné de l’adc et passedanse)


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