LA CRÉOLISATION : PROCESSUS, DIMENSIONS, ET CONTRAINTES : LE CAS DU
PIDGIN NIGRÉIAN
A Thesis
Submitted to the Faculty of Graduate Studies and Research
In Partial Fulfilment of the Requirements
For the Degree of
Master of Arts
in
French and Francophone Intercultural Studies
University of Regina,
Saskatchewan
By
Samuel Okechukwu Nnam
Regina, Saskatchewan
March, 2020
© 2020: O.S Nnam
UNIVERSITY OF REGINA
FACULTY OF GRADUATE STUDIES AND RESEARCH
SUPERVISORY AND EXAMINING COMMITTEE Samuel Okechukwu Nnam, candidate for the degree of Master of Arts in French and Francophone Intercultural Studies, has presented a thesis titled, La Créolisation: Processus, Dimensions, Et Contraintes: Le Cas Du Pidgin Nigérian, in an oral examination held on March 6, 2020. The following committee members have found the thesis acceptable in form and content, and that the candidate demonstrated satisfactory knowledge of the subject material. External Examiner: Dr. Sylvia I.C. Madueke, University of Alberta Supervisor: Dr. Michael Akinpelu, La Cite Universitaire Francophone Committee Member: Dr. Emmanuel Aito, La Cite Universitaire Francophone
Chair of Defense: Dr. Fadila Boutouchent, Faculty of Education
ii
ABSTRACT
Nigerian Pidgin evolved as a result of language contact with the colonialists and foreign
traders. It is one of the fast-growing languages in Nigeria, it is the only language that has no
native speakers, making it a unifying language. In spite of the fact that Nigerian Pidgin is
probably the language with the highest population of users in Nigeria, it does not enjoy official
recognition and is excluded from the education system. It lacks prestige because it is seen by
some Nigerians especially the elites as a “bad” form of English and associated with a socially
deprived and uneducated set of people.
This current status of the Nigerian Pidgin has motivated us in this study to consider these
crucial questions: Why is the Nigerian Pidgin still not considered a national language, despite its
popularity among the Nigerian population (According to the current statistics, it is estimated that
over 75% of the population speak it? Could this be as a result of the negligence shown by the
government? If Nigerian Pidgin were considered a national language, what are the economic,
social and political importance? Would it eventually become a creole?
The objective of this research is to describe the current state of pidgin in Nigerian society,
in order to: identify the stages that can lead to the creolization of pidgin in the Nigerian context,
determine the reasons why pidgin is yet to gain an official recognition, despite its popularity
among the population, present advantages associated with the recognition of pidgin in the
country. This study will also examine the processes the pidgin has to go through before
becoming a creole and the things that could hinder it from gaining the creole status.
iii
ACKNOWLEDGEMENTS
I am indebted to God Almighty for the strength, wisdom, knowledge and ideas He
granted me to actualize this program. I would like to appreciate the University of Regina,
especially La Cite universitaire francophone and the Faculty of Graduate Studies and Research
for the scholarships awarded to me in the course of the program namely; French Studies
Graduate Entrance Award -2017 fall, UR Graduate Scholarship – 2018 and Faculty of Graduate
Studies and Research Master Graduate Teaching Assistantship – 2019.
I am extremely grateful to the Department of French and Francophone Intercultural
Studies (La Cité) for their tireless efforts and commitments in helping me achieve my goal. I
would like to express my gratitude to Dr. Emmanuel Aito (Director of La Cité universitaire
francophone) for his fatherly advice, encouragement and support throughout my master's
program. I equally want to appreciate my supervisor Dr. Michael Akinpelu for his patience, the
sleepless nights he sacrificed and ideas he offered in making sure this thesis is well done. I would
also like to extend my gratitude to Dr. André Magnan (Associate Director), Dr. Abdoulaye Yoh
(Director, Administration & Finance) and the following members of the French department:
Céline Magnon, Dr. Jérome Melancon, Dr. Michael poplyansky, Nadine Bouchardon, David
Lawlor and Halley Toth.
I would like to thank my course mates, Etommy Fredrick, Ruth Chukwuma, Francisca
Nwugo, Dorcas Oyebamiji and Rebecca Alao for making the master's program interesting. Many
thanks for your support during this research. Last but not the least, I would like to thank my
beautiful wife, Confidence Onyedikachi Nnam for helping me with necessary materials during
this research. I also want to appreciate my family and friends for being there for me throughout
this program, you will forever be in my heart. I love you all.
iv
TABLE DES MATIÈRES
Résumé/Abstract ii
Remerciements/Acknowledgment iii
Table des matières iv
Tableau de figures v
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE 6
1.1 Définition de pidgin 6 1.1.1 Raison de la création de pidgin 10 1.1.2 Types de pidgin 11 1.1.2.1 Pidgins commerciaux et nautique 11 1.1.2.2 Pidgins étendus 11 1.1.2.3 Pidgins maritimes/nautique 12 1.1.2.4 Pidgins militaires 13 1.1.2.5 Pidgins urbains 14 1.1.2.6 Pidgins de plantation 14 1.1.2.7 Pidgins des mines et de l'industrie 16 1.1.3 Le statut de la langue pidgin 16
1.2 Définition de créoles 17 1.2.1 Types de créoles 22 1.2.1.1 Créoles exogènes 22 1.2.1.2 Créoles de plantation 23 1.2.1.3 Créoles marron 24 1.2.1.4 Créoles endogènes 25
1.3 Similitudes entre pidgin et créole 26 1.3.1 Différence entre pidgin et créole 27
1.4 Langues mixtes 29
1.5 Les particularités et dimensions d'un créole 31 1.5.1 Processus de créolisation 33 1.5.1.1 L'approche de Bickerton 34 1.5.1.2 L’approche de basilectalisation progressive 35 1.5.1.3 L'approche constructive 36 1.5.1.4 L'approche dominante 36
1.5.2 Contraintes de créolisation 42
v
1.6 Choix d'une langue nationale 44 1.6.1 Implications du choix d'une langue nationale 46
CHAPITRE II : LE PIDGIN AU NIGÉRIA 48
2.1 Brève histoire du Nigéria 48
2.2 Diversité linguistique au Nigéria 51
2.3 Statut et hiérarchie des langues 56
2.4 Origine et l’évolution du pidgin au Nigéria 58
2.5 Pidgin nigérian 62
2.6 Politique linguistique au Nigéria 65
2.7 Particularités et variété du pidgin nigérian 68 2.7.1 Le pidgin oral 70 2.7.2 Le pidgin écrit 72
CHAPITRE III : LA PLACE ET L’AVENIR DU PIDGIN AU NIGÉRIA 74
3.1 Le pidgin dans le paysage linguistique actuel du Nigéria. 74
3.2 Aspects de la syntaxe du pidgin nigérian moderne 76
3.3 Avantages socioéconomiques reliés à la créolisation du pidgin nigérian 79
3.4 Obstacles à la créolisation du pidgin au Nigéria. 83
3.5 Les propriétés d'une langue standard 88
3.6 La survie du pidgin dans la société nigériane 88
CONCLUSION 92
BIBLIOGRAPHIE 96
vi
TABLEAU DE FIGURES
Tableau 1 : La différence entre le pidgin et le créole
Page 28
Tableau 2 : Résumé des travaux de recherche « formels » sur
les langues au Nigéria au cours de trois décennies
1980-2010 (University of Ibadan -Nigeria)
Page 43
Figure 1 : La carte du Nigeria
Page 49
Tableau 3 : Les mots pidgins empruntés de différentes langues
Page 70
Tableau 4 : Le marquage numérique dans les noms
Page 76
Tableau 5 : Le nombre, le genre et le cas en pronoms
Page 77
Tableau 6 : Formation de question ; certaines des façons dont
les gens posent des questions en pidgin.
Page 78
1
INTRODUCTION
Un pidgin est un moyen de communication grammaticalement simplifié qui se développe
entre deux ou plusieurs langues qui n'ont rien en commun : typiquement, son vocabulaire et sa
grammaire sont limités et souvent tirés de plusieurs langues. Le pidgin occupe une grande place
au Nigeria. Le pidgin parlé au Nigeria est l’ensemble des langues indigènes et certaines langues
européennes. Il joue un rôle important dans la société ; notamment au marché, dans les
institutions supérieures et dans la rue où il y a les gens qui ne sont pas éduqués ou les gens qui ne
parlent pas la même langue indigène. Le pidgin gagne du terrain dans la société nigériane et au-
delà, il est actuellement parlé par environ 75 millions de personnes au Nigéria et parmi la
diaspora nigériane, (Edosa, 2018). Il est largement utilisé comme lingua franca et est
actuellement la langue dont la croissance est la plus rapide au Nigéria ; pour de nombreux
utilisateurs, il s'agit de la langue principale dans leur communication quotidienne, (Faraclas,
2013a). La première forme enregistrée du pidgin nigérian a été documentée par le célèbre Antera
Duke, un chef éminent et commerçant de Old Calabar, qui a principalement écrit sur les activités
qui se sont déroulées entre l'Efik (une langue locale) et les partenaires commerciaux blancs. Le
pidgin nigérian a commencé comme une langue de communication d'entreprise, et avec le temps,
il s'est étendu à d'autres domaines et fonctionnalités, (Mensah, 2011). Le pidgin nigérian a
l'anglais comme source lexicale principale, tandis que d'autres langues comme le français, le
portugais et les langues indigènes du Nigeria sont la source de substrat de l'influence lexicale,
(Mensah, 2011). Il est à noter que le premier contact du peuple ouest-africain avec les Européens
a été avec les Portugais au XVe siècle. Cela explique la présence d'une poche de mots portugais
dans le lexique du pidgin nigérian tels que pikin (enfant), palaver (problème), gift (cadeau), sabi
(savoir), etc. (Vanamali, 1993).
2
Les langues pidgins et surtout les créoles ont été au centre du siècle dernier, un sujet
d'intérêt en raison de la façon dont elles remettent en question diverses théories de la langue. Ils
ne correspondent pas au concept d'arbres généalogiques, c'est-à-dire à l'idée que les langues
descendent d'un parent, car les pidgins et les créoles ont clairement plus d'un ancêtre. Depuis le
début des études sur le pidgin et le créole, les principales questions ont donc été de savoir
comment ces langues sont apparues, si elles forment un groupe structurel qui leur est propre et ce
qu'elles peuvent nous dire sur la nature de la langue. Les créoles ont généralement reçu plus
d'attention que les pidgins. L'étude systématique et scientifique des langues créoles a commencé
dans la seconde moitié du XIXe siècle. Addison van est un pionnier des études créoles, la
première étude comparative est intitulée « Contributions à la grammaire créole » d'Addison
(1869-1870), où il souligne leur pertinence pour la linguistique. Selon Édouard Glissant dans son
œuvre « une pensée archipélique », il a défini la créolisation comme la mise en contact de
plusieurs cultures ou au moins de plusieurs éléments de cultures distinctes, dans un endroit du
monde, avec pour résultant une donnée nouvelle, totalement imprévisible par rapport à la somme
ou à la simple synthèse de ces éléments, (Glissant, 2008 :1).
Un autre pionnier important des études créoles est Adolpho Coelho, qui a tenté une vaste
étude comparative des créoles portugais-lexifiés dans plusieurs épisodes de la Boletim da
Sociedade de Geografíea de Lisboa en 1880-1882, sous le titre général « Os Dialectos
Romanicos ou Neo-Latinos na Africa, Asia e América » (« Les dialectes romans ou néo-latins en
Afrique, en Asie et en Amérique »). Coelho a soutenu que les créoles sont les résultats des
principes universels de l'acquisition des langues étrangères. Hugo Schuchardt, un autre pionnier
important des études créoles, et contemporain de Coelho, qui s’est inspiré des premiers travaux
de Coelho. Schuchardt a en fait été appelé le « père incontesté des études créoles - pidgin »
3
(DeCamp, 1977 : 9). Il a produit quelque 700 pages de descriptions et de discussions sur diverses
langues créoles (Schuchardt,2019).
Les études sur les langues créoles sont devenues plus fréquentes dans la première moitié
du XXe siècle et des contributions importantes ont été apportées par Dirk Christiaan Hesseling,
travaillant spécifiquement sur l'afrikaans et le negerhollands, alors que Suzanne Sylvain
travaillait spécifiquement sur l’haïtien, et bien d'autres. « Un autre universitaire qui a été appelé
le « père des études créoles modernes » (Holm, 2000 : 38) est John E. Reinecke, dont la thèse de
doctorat complète sur ce qu’il a appelé les « langues marginales », couvrait les jargons, les
pidgins et les créoles. Dans sa thèse, Reinecke a non seulement discuté des théories du
développement de ces langues et du problème de leur classification, mais il a également mené
une enquête sur plus de 40 langues, discutant de leurs origines socio-historiques et de leurs
caractéristiques linguistiques ainsi que d'une bibliographie complète pour chacune d'elles.
Une autre étape importante dans le domaine des études créoles et pidgins a été la
première conférence internationale sur les études de langue créole tenue à Mona, Jamaïque en
1959. C'était la première fois que presque tous les spécialistes connus des pidgins et créoles de
différentes parties du monde se réunissaient et au cours des discussions « les participants ont
commencé à se considérer davantage comme des « créolistes » que comme des étudiants de
français haïtien ou d'anglais jamaïcain » (DeCamp, 1977 : 12). Au moment de la deuxième
conférence, tenue neuf ans plus tard, le domaine s'était élargi.
L’objectif de cette recherche est de décrire l’état actuel du pidgin dans la société
nigériane, afin de ;
• Identifier les étapes pouvant mener à la créolisation du pidgin dans le contexte nigérian,
4
• Déterminer les raisons pour lesquelles le pidgin ne bénéficie pas encore de
reconnaissance officielle, malgré sa popularité au sein de la population,
• Présenter des avantages associés à la reconnaissance de la langue dans le pays. Nous
nous pencherons également sur les avantages associés à une éventuelle créolisation de la
langue.
Pour réaliser ceci, nous commencerons la thèse avec l'introduction, qui contiendra la
définition des mots-clés qui apparaissent dans le sujet de recherche, et puis de ce qui nous a
motivé à choisir le sujet et la délimitation des études. Ainsi, nous expliquerons clairement
comment le sujet et les sous-thèmes de chaque chapitre seront traités les uns après les autres.
La méthodologie adoptée pour cette recherche est descriptive, elle permet de faire ou de
peindre l’image de la situation telle qu’elle d’un phénomène à partir des connaissances
préalables sur le sujet, en se basant sur des études antérieures, (Debret, 2018). Dans le cadre de
notre étude, nous nous sommes basés sur la littérature existante (articles, site web, etc.). Nous
avons consulté plusieurs ouvrages qui ont été réalisés sur le pidgin et le créole par de nombreux
auteurs notamment le Pidgin Nigérian. Nous voulons regarder ce que les gens ont déjà dit sur la
créolisation et nous voulons l'appliquer au Nigéria pour voir si le Pidgin Nigérian peut devenir
un créole ou une langue nationale. Le Nigéria a trois langues régionales majeures ; l'igbo, le
yoruba et le houssa mais nous voudrions voir si le pidgin peut devenir une langue nationale
même s'il n'a pas de statut officiel compte tenu du nombre de ses locuteurs.
Cette recherche nous ouvrirait les yeux sur de nombreux avantages si le pidgin nigérian
devenait une langue officielle. Si le Pidgin Nigérian est reconnu comme une langue officielle ou
une langue nationale, cela créera de nombreuses opportunités d'emploi, et cela aidera tout le
monde à participer au développement du pays. Avec la façon rapide dont la langue du pidgin
5
propage au Nigeria, nous pensons que si elle devient une langue officielle, cela stimulera
l'économie du Nigéria. Mais la question c'est pourquoi le pidgin nigérian demeure encore une
langue non reconnue officiellement malgré son expansion rapide au sein de la population ?
Pourquoi le gouvernement ne veut pas déclarer le pidgin comme une langue officielle ?
Le gouvernement a un rôle important à jouer si le Pidgin Nigérian deviendrait une langue
officielle. La raison pour laquelle le Pidgin Nigérian doit être considéré comme une langue
nationale ou une langue officielle c'est parce que le nombre de personnes qui le parlent sont
nombreux (3 Nigérians sur 4 parlent le pidgin) (Edosa, 2018). Il est parlé dans de nombreuses
stations de télévision et de radio (Ex. BBC, NTA, AIT, WAZOBIA etc.), il est utilisé dans de
nombreux films nigérians, les comédiens l'utilisent, les musiciens, même les politiciens l'utilisent
pendant la campagne électorale, les footballeurs l'utilisent entre eux, il est également utilisé pour
la publicité et pour transmettre des informations importantes au public.
Après l'introduction, nous allons passer au corps du travail. La recherche sera divisée en
trois chapitres. Le chapitre 1 de cette recherche examinera le cadre conceptuel et théorique,
définition de pidgin, raisons de la création de pidgin, le statut social des langues pidgin, types de
pidgins, définition du créole, types de créoles, langues mixtes, similitudes entre pidgin et créole,
les différences entre pidgin et créole, les particularités et dimensions d'un créole, processus de
créolisation, contraintes de créolisation, choix d'une langue nationale et l'implication du choix
d'une langue nationale. Le chapitre 2 examinera la brève histoire du Nigeria, la diversité
linguistiques au Nigéria, statut et hiérarchie des langues, langues exogènes et langues neutre, le
pidgin au Nigeria. Nous examinerons l’origine et l’évolution du pidgin au Nigéria, les
particularités et la variété du pidgin nigérian. Nous allons parler du pidgin oral et du pidgin écrit.
Ici, nous allons montrer les différentes façons du pidgin parlé dans les différentes régions du
6
Nigeria et les variétés du pidgin écrit. Le chapitre 3 examinera la place et l’avenir du pidgin au
Nigeria, Les avantages économique et social de la langue, les rôles de la société de garder la
langue à mourir ainsi que les obstacles à la créolisation du pidgin.
7
CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Cette première partie du travail portera sur la définition du pidgin et du créole par
différents auteurs, les différences et les similitudes entre le pidgin et le créole, la raison pour
laquelle le pidgin a été créé, le statut social du pidgin, les différentes types du pidgin et créole,
les particularités et les dimensions d'un créole, les processus de créolisation, les contraintes qui
peuvent empêcher le pidgin de devenir un créole, le choix d'une langue nationale et les
implications du choix d'une langue nationale. Il est nécessaire de parler de la langue avant de
définir le pidgin et le créole.
La langue est un système conventionnel de symboles parlés, manuels ou écrits, grâce
auquel les êtres humains, membres d'un groupe social et participants à sa culture, s’expriment,
(Akinola, 2016). Les fonctions de la langue incluent la communication, l'expression de l'identité,
le jeu, l'expression imaginative et la libération émotionnelle, (Crystal, 2017). Les linguistes
américains ont formulé la définition suivante ; Une langue est un système de symboles vocaux
arbitraires au moyen duquel un groupe social coopère, (Bernard et George, 1960). La langue est
notre outil de communication privilégié. Elle est un système de signes conventionnels ; elle peut
être gestuelle, visuelle et orale.
1.1 DÉFINITION DE PIDGIN
Au début, une langue pidgin n'a pas de locuteurs natifs et elle était utilisée uniquement
pour faire des affaires entre des personnes qui partagent que cette langue. Les pidgins sont des
langues apparues dans des situations de contact intense, dans lesquelles les locuteurs de langues
mutuellement incompréhensibles avaient besoin d'un moyen de communication. Un pidgin est
une langue qui apparaît lorsque des groupes de personnes sont en contact étroit et répété, et ont
besoin de communiquer les uns avec les autres mais n'ont pas de langue en commun, (Vevika,
8
2015). Un besoin de communication se présente dans de nombreuses situations, mais chaque
partie parle des langues mutuellement inintelligibles et doit donc recourir à une sorte de pont de
communication. Le commerce, par exemple, est l'une de ces situations. Si les locuteurs de
différentes langues se rencontrent à plusieurs reprises pour négocier, ils auront besoin d'un outil
de communication. Cet outil doit uniquement servir à la fonction immédiate de la situation et
n'est généralement utilisé que dans cette situation particulière ; pour tout le reste, les parties ont
leurs propres langues respectives. Si cet outil ou ce pont de communication est utilisé
systématiquement, une nouvelle variété linguistique, un pidgin, peut émerger. Il est important de
garder à l'esprit que les pidgins ne sont pas des langues ad hoc, mais qu'ils ont une structure
linguistique à apprendre, (Viveka, 2015).
Il y a donc quelques éléments cruciaux dans la définition donnée ci-dessus. Tout d'abord,
le contact doit être répété ou étendu. Un pont de communication spontané entre, par exemple, un
touriste français qui ne parle que le français et un marchand de fruits italien qui ne parle que
l’italien, impliquant de nombreux gestes et efforts pour se comprendre, n’est pas un pidgin, mais
un jargon. Deuxièmement, dans une situation de contact qui donne lieu à un pidgin, les langues
de chaque partie ne sont généralement pas mutuellement intelligibles. Le danois et le suédois, par
exemple, sont deux langues très proches qui se comprennent dans une large mesure. Un touriste
danois parlant une sorte de danois lors de négociations avec un vendeur de fruits suédois ne parle
pas un pidgin. Si ce genre de situation se présentait systématiquement, il pourrait en résulter un
nivellement dialectal des deux variétés linguistiques, chaque partie rendant sa variété plus
semblable à celle de l’autre. Troisièmement, un pidgin n'est pas simplement une deuxième
langue imparfaitement apprise. Par exemple, les locuteurs qui essaient d'apprendre une nouvelle
langue auront différents niveaux de compétence tout en l'apprenant, ce qui pourrait simplifier la
9
langue cible de différentes manières. Ou encore, les immigrés peuvent être imparfaitement
compétents dans la langue de leur pays d'accueil. Dans aucun de ces cas, les locuteurs n'utilisent
un pidgin, mais plutôt ce qu'on appelle une langue inter (parfois appelé aussi une langue cassée).
Quatrièmement, le pont de communication, le pidgin, est généralement utilisé dans des situations
spécifiques. Par exemple, le pidgin sera utilisé par ses locuteurs au marché, au port, sur le bateau
ou dans les plantations, mais pas chez eux et généralement pas à des fins sociales, (Viveka,
2015).
En outre, le pidgin doit être utilisé par deux groupes de langues ou plus. Comme le note
Jourdan, « Un pidgin est une langue secondaire dans une communauté de parole » (Jourdan,
1991 : 196), c'est-à-dire qu'un pidgin n'est généralement pas la langue maternelle de ses
locuteurs, bien qu'il existe des situations dans lesquelles les langues pidgin acquièrent des
locuteurs natifs, notamment en milieu urbain. Un pidgin est une langue structurée qui émerge de
la nécessité d'un pont de communication entre des locuteurs de langues mutuellement
inintelligibles. Il est généralement appris en tant que langue seconde et est généralement utilisé
dans des situations spécifiques ou en tant que lingua franca dans les communautés.
Si une forme de la langue cassée est utilisée uniquement par le groupe A dans leurs
contacts avec le groupe B, et non par B dans leurs contacts avec A, ce n'est probablement pas un
pidgin, mais soit une forme de conversation étrangère soit une seconde langue imparfaitement
apprise, (Bakker, 1994 : 26). Si un jargon est utilisé assez régulièrement, il pourrait se stabiliser
dans un moyen de communication classique. Ce processus implique généralement que l'outil de
communication acquiert un ensemble de normes structurelles pouvant être apprises plus ou
moins parfaitement comme deuxième langue - elle est devenue une nouvelle langue, un pidgin.
Nous pouvons ainsi définir le pidgin comme des « systèmes de communication normatifs à
10
acquérir, mais qui ne sont pas encore la langue maternelle » (Bakker, 2008 : 131). Un pidgin est
une langue qui doit être apprise - par opposition aux solutions ad hoc d'un jargon - et qui peut
donc être apprise à un degré de compétence supérieur ou inférieur. En d’autres termes, une
personne peut parler plus ou moins couramment le pidgin.
En outre, plus généralement, le pidgin est une langue secondaire pour les locuteurs,
généralement utilisée dans certains contextes, ou en tant que lingua franca lorsqu’ils
communiquent avec des locuteurs de langues autres que la leur. Cela signifie que la plupart de
ceux qui utilisent un pidgin auront une autre langue principale qu'ils utilisent par exemple à la
maison ou pour des fonctions plus expressives, telles que la narration d'histoires ou la poésie. Les
pidgins peuvent exister pendant de longues périodes, voire plusieurs siècles. Généralement, ils
survivront, c'est-à-dire qu'ils continueront à être transmis de génération en génération tant que la
situation de contact existera. Si les contextes dans lesquels ils sont utilisés cessent d'exister pour
une raison quelconque, le pidgin est susceptible de disparaître. Par exemple, le 19ème siècle a vu
une industrie de la chasse à la baleine intensive, ce qui a conduit à un certain nombre de variétés
de contact utilisées avec et parmi les baleiniers sur les navires et les ports. Une fois que cette
industrie s'est estompée, le besoin de ces variétés s'est estompé, (Velupillai, 2015).
En linguistique, un pidgin est une forme de langue simplifiée formée d'une ou de
plusieurs langues existantes et utilisée comme lingua franca par des personnes qui n'ont pas
d'autre langue en commun. Les autres définitions sont les suivantes : le pidgin est une langue
émergente ayant besoin de communication parmi les personnes qui n’ont pas la même langue à
utiliser - par exemple parmi les ouvriers de plantation qui venaient de différentes origines
géographiques, (Jeff, 2008). Le pidgin est un système linguistique développé par des personnes
qui n’ont pas de langue commune à partager, c’est une langue de contact où il n’y a pas de
11
langue commune à utiliser. Todd (1974) définit le pidgin comme suit : « Un pidgin est une
langue marginale qui répond à certains besoins limités » Selon, RL Trask et Peter Stockwell
(2007 :5), « le pidgin n'est la langue maternelle de personne et ce n'est pas une vraie langue du
tout : il n'a pas de grammaire complexe, il est très limité dans ce qu'il peut communiquer et
différentes personnes le parlent différemment ». Pourtant, pour des raisons simples, cela
fonctionne et souvent, tout le monde dans la région apprend à le manipuler. De nombreux
linguistes s'opposent à l'observation de (Trask et Stockwell, 2016 :3) selon laquelle un pidgin «
n’est pas du tout une vraie langue ». Wardhaugh, (2010) par exemple, observe qu'un pidgin est «
une langue sans locuteurs natifs, il est parfois considéré comme une variété réduite d'une langue
normale. Si un pidgin devient la langue maternelle d'une communauté de parole, il est alors
considéré comme un créole ».
1.1.1 RAISONS DE LA CRÉATION DE PIDGINS
La création de pidgin a plusieurs raisons, notamment parce que les personnes n’ont pas
une langue commune pour communiquer. Par conséquent, le besoin de communication les
conduit à créer un pidgin. Un bon exemple sont les esclaves importés d'Afrique au XIXe siècle
en Amérique du Nord pour travailler dans les plantations. Ils venaient de différentes parties du
continent. Ils n'avaient pas de langue partagée entre eux. Leurs chefs les ont choisis dans
différentes régions pour les empêcher de communiquer et de s’échapper. Ils ont donc dû
développer une langue pour communiquer. Ils ont fini par créer une langue pidgin, (Cassidy,
1971 : 205).
Une autre raison de la création de pidgin est la colonisation. La plupart des pidgins ont
été créés en français, espagnol, portugais, anglais et néerlandais en raison de leur pouvoir sur les
colonies. Il est évident qu'il doit toujours y avoir une langue supérieure et dominante à laquelle la
12
majeure partie du vocabulaire d'un pidgin est empruntée, (Versteegh, 2008 : 161). Ces langues
dominantes sont appelées langues superstrates; en créole de Papouasie-Nouvelle-Guinée, la
langue des superstrats était l'anglais, (Versteegh, 2008). Par ailleurs, toutes les autres langues
minoritaires qui contribuent à un pidgin sont appelées langues de substrat. Les langues
superstrates sont celles sur lesquelles les pidgins ou les créoles sont principalement basés et c'est
généralement la langue du peuple colonisateur, (Arends et al., 1995 : 99).
1.1.2 TYPES DE PIDGINS
Comme nous l'avons déjà mentionné, un pidgin est formé en raison du manque d'une
langue commune parmi les personnes dans une situation géographique particulière. Dans cette
section, nous traiterons de sept différents types de pidgins et des domaines dans lesquels ils sont
utilisés.
1.1.2.1 Pidgins commerciaux et nautiques
Le commerce a joué un rôle déterminant dans l’émergence de pidgins : des situations
répétées dans lesquelles des personnes de différentes origines linguistiques devaient pouvoir
communiquer entre elles. Le commerce impliquait souvent les navires en tant que moyen de
transport et de communication essentiel. En général, cela impliquait la navigation de plaisance
mais le commerce par voies navigables inclut également les lacs et les rivières. Par conséquent, il
n’est pas toujours possible de donner des catégories de pidgins maritimes ou nautiques versus
pidgins du commerce. Certains pidgins typiquement maritimes ou nautiques étaient
principalement utilisés comme des langues commerciales. D'autre part, tous les échanges ne
dépendaient pas des voies navigables, de sorte que tous les pidgins commerciaux ne sont ou
n'étaient pas maritimes ou nautiques.
1.1.2.2 Pidgins étendus
13
Si un pidgin devient le principal moyen de communication inter-ethnique, il peut être
utilisé dans plus de domaines qu’il n’était pas utilisé à l’origine. Ainsi ce pidgin est appelé pidgin
étendu ou pidgin stable. Ce terme, suggéré à l'origine par Loreto Todd, était destiné à indiquer
que la langue s'avère d'une importance vitale dans une région multilingue et, en raison de son
utilité, est étendue et utilisée au-delà de fonction limitée qui l’a fait naître, (Todd, 1974 : 5). Plus
récemment, le terme pidgincréole a été suggéré, Bakker (2008 : 131) pour indiquer que ces types
de langues ont des affinités avec les pidgins et les créoles. La principale différence entre les
pidgins et les pidgins étendus (pidgincréoles) réside dans le fait que ces derniers sont devenus la
langue principale de la communauté, régulièrement utilisés dans un grand nombre de situations,
peut-être même au sein de la communauté ou de la famille proche. Une autre différence
importante est que, une fois que la langue est devenue un moyen de communication aussi
important, elle peut devenir une langue maternelle pour certaines personnes. Ceci est
particulièrement vrai en milieu urbain et se produit avec, par exemple, Tok Pisin (Papouasie
Nouvelle Guinée) et le pidgin nigérian. Les pidgins étendus (pidgincréoles) sont généralement
plus stables que les pidgins. Ils sont généralement utilisés dans une grande variété de situations,
des transactions quotidiennes aux marchés, aux fonctions officielles et aux médias. Tout comme
les pidgins, ils ont des normes structurelles qui doivent être apprises et peuvent être apprises à un
degré plus ou moins élevé de compétence. Avec un pidgin, un apprenant aurait peut-être
seulement dû maîtriser les règles d'achat, de vente, de refus et d'acceptation de marchandises. Un
pidgin étendu (pidgincréole) possède un ensemble plus large de normes structurelles et une
utilisation - en principe - illimitée.
1.1.2.3 Pidgins maritimes / nautiques
14
Un certain nombre de pidgins ont émergé à la suite de communications inter-ethniques
entre des marins de différentes origines linguistiques à bord de navires et entre navires, ainsi
qu'entre des marins et des côtiers, par exemple lors de leurs transactions dans les ports. Un
exemple de pidgin maritime ou nautique connu à ce jour - en fait le plus ancien pidgin connu à
ce jour - est Lingua Franca (parfois aussi appelé Sabir), qui a été parlé dès l'époque des
croisades, sinon plus tôt, et utilisé dans les ports de la côte méditerranée jusqu'au 19ème siècle.
La pêche a conduit à un certain nombre de pidgins maritimes. Les basques, par exemple,
étaient des marins de bonne heure très expérimentés. Leurs techniques de construction navale
étaient très avancées et ils ont été parmi les premiers Européens à se livrer à la chasse à la
baleine et à la pêche au cabillaud en haute mer. Cela les a conduits dans les zones de pêche nord-
atlantiques et arctiques, ce qui les a mis en contact avec les populations riveraines. Il existe des
preuves de pidgins lexifiés par le basque le long des côtes orientales de l'Amérique du Nord ainsi
qu'en Islande aux XVIe et XVIIe siècles, (Bakker, 1989). La pêche était également la raison des
contacts intenses entre les navires norvégiens et russes autour du Cap Nord aux XIXe et XXe
siècles, ce qui a conduit au pidgin mixte Russenorsk. Le pidgin chinois en anglais est un exemple
de pidgin commercial parlé principalement dans les ports où le commerce avec les Européens
était autorisé. Il est apparu dans le sud de la Chine et a survécu pendant plus de deux siècles. Il
est maintenant effectivement éteint, bien qu'il y ait-t-il encore des gens qui se souviennent,
(Matthews & Li, 2013).
1.1.2.4 Pidgins militaires
Les pidgins militaires sont apparus dans des situations où les troupes ou les forces étaient
composées de membres de divers horizons linguistiques. Un exemple de pidgin militaire est
l’arabe de Juba (appelé arabi juba par ses locuteurs), un pidgin étendu (le pidgincréole)
15
soudanais, parlé au Sud-Soudan. Il est apparu dans les camps militaires égyptiens au Sud-Soudan
dans lesquels des soldats de différentes origines ethniques avaient été recrutés. Elle a survécu en
tant que lingua franca et est actuellement parlée par la majorité des Soudanais du Sud. Elle a
même acquis un nombre considérable de locuteurs de langue maternelle, en particulier dans la
capitale, Juba, (Manfredi & Petrollino, 2013a). Les militaires nigérians utilisent le Pidgin
Nigérian pour une communication facile entre eux.
1.1.2.5 Pidgins urbains
Le pidgin hawaïen est l'un des exemples de pidgin urbain, issu du contact inter-ethnique
en milieu urbain ; mais son utilisation était initialement limitée à Honolulu et aux autres
communautés comptant un grand nombre d'anglophones, (Roberts, 2013a : 120). Très
rapidement, il s'est étendu à d'autres domaines et est devenu le principal moyen de
communication inter-ethnique dans les plantations. Flaaitaal (également appelé Tsotsitaal ou
Iscamtho) est parfois appelé vernaculaire de contact urbain. Il est apparu au XXe siècle dans les
communautés urbaines de l'Afrique du Sud comme un « résultat en groupe d'interactions sociales
et linguistiques entre égaux, ou partageant des valeurs et des perspectives socioculturelles
similaires », (Makhudu, 2002 : 399) utilisé par les hommes adultes africains. Cependant,
Flaaitaal n'est pas un pidgin en soi, mais plutôt un marqueur d'identité de sous-culture dans le
groupe, (Slabbert & Myers-Scotton, 1996) et (Mesthrie, 2008). Le Pidgin Nigérian est un autre
exemple de pidgin urbain, il est parlé dans toutes les grandes villes du pays.
1.1.2.6 Pidgins de plantation
Un type important de pidgin multilingue sur le marché du travail est le pidgin de
plantation, né des grandes entreprises agricoles qui ont été l’un des nombreux effets de
l’expansion et de la colonisation européennes. La nécessité d'une main-d'œuvre nombreuse et
16
constante pour la plantation, conjuguée aux conditions difficiles, a conduit à une importation
massive de main-d'œuvre sur les sites de plantation, avec des ouvriers de divers horizons
linguistiques. Ce type de pidgin a fait l’objet d’une attention particulière du fait que beaucoup
des langues de contact que nous connaissons aujourd’hui ont leur origine dans des contextes de
plantation.
Le Tok Pisin est un exemple de pidgin de plantation, utilisé à l'origine principalement dans
les plantations des territoires allemands de la Nouvelle-Guinée. Il existe différentes théories sur
l'origine exacte de Tok Pisin: il se peut que Tok Pisin soit une descendance du pidgin de
plantation samoan, (Mühlhäusler, 1976) et Mosel & (Mühlhäusler, 1982), largement repris dans
(Smith & Siegel, 2013a), rapportés par les travailleurs des plantations néo-guinéennes rentrant
chez eux et utilisés dans des plantations néo-guinéennes. Cependant, les archives archivistiques
allemandes peuvent suggérer qu’il existait également les travailleurs des plantations allemandes
de Nouvelle-Guinée qui avaient acquis un pidgin anglais alors qu'ils travaillaient dans le
Queensland, (Huber & Velupillai, 2009), auquel cas le Tok Pisin pourrait être une progéniture
partielle du Queensland Plantation Pidgin. Quelle que soit l'origine exacte de Tok Pisin, il est
juste de supposer que le langage (ou plutôt ses prédécesseurs) est le résultat d'une main-d'œuvre
multiethnique dans les plantations. Sur les îles d'Hawaï, deux pidgins distincts se sont
développés : un pidgin hawaïen lexifié, puis un pidgin lexifié anglais. Aucuns des deux n’a
émergé à la suite de plantations, bien que les deux soient devenues le principal moyen de
communication dans les plantations. Le pidgin hawaïen était à l’origine spécifiquement utilisé
entre hawaïens et étrangers ; à la fin du XIXe siècle, il était devenu la principale langue utilisée
par les travailleurs des plantations de différentes origines. Quelques décennies plus tard, le
pidgin anglais d’Hawaii, qui a émergé dans les centres urbains et en interaction avec les
17
anglophones, a gagné en prestige et a rapidement remplacé le pidgin hawaïen également dans les
plantations, (Roberts, 2013a).
1.1.2.7 Pidgins des mines et de l'industrie
Le pidgin de mine et de l'industrie est le type de pidgin utilisé dans les mines et les
industries parmi les travailleurs et les personnes qui les entourent. Shaba Swahili (également
appelé Lubumbashi Swahili) est un exemple de pidgin minier apparu entre 1920 et 1940 à la
suite de l’exploitation d’une mine de cuivre belge à Shaba (anciennement le Katanga), dans le
Sud-Est de la République démocratique du Congo. La main-d'œuvre a été recrutée dans toute
l'Afrique centrale, menant à une main-d'œuvre multilingue, (Rooij,1994a). Le shaba swahili est
devenu un pidgin étendu (pidgincréole) et est largement utilisé dans tous les domaines de la
société shaban, (Kapanga, 1998). Une autre langue généralement citée comme pidgin minier est
le Fanakalo en Afrique du Sud. Il a été créé il y a environ 200 ans et était utilisé à l'origine sur le
marché du travail, comme dans les fermes, les mines, le travail domestique, etc. C'est encore une
langue largement parlée, même si en déclin, et elle est utilisée dans les situations de travail ainsi
que dans les communications transactionnelles telles que les stations-service, les magasins, les
marchés et les magasins de commerce rural, dans lesquelles l'un des interlocuteurs est noir et
l'autre Indien ou blanc, (Mesthrie & Surek-Clark, 2013 : 34).
Le pidgin Ngarluma est un exemple de pidgin industriel qui a été utilisé vers les dernières
décennies du XIXe siècle dans la région de North West Cape, en Australie, comme langue de
contact entre les peuples autochtones et les premières années de l’industrie perlière de Pilbara,
(Dench, 1998 : 57).
1.1.3 LE STATUT SOCIAL DES LANGUES PIDGIN
18
Le pidgin n'est généralement pas reconnu comme une langue à part entière dans les
sociétés où il est utilisé. Très souvent, une langue pidgin est perçue comme un discours «
paresseux » ou « cassé » sans prestige apparent et pouvant même avoir un impact négatif sur
l'utilisateur. Pour acquérir un statut positif, il n'est pas nécessaire que les langues deviennent
officielles dans un pays ou une région donnée : le Nagamais, par exemple, est la lingua franca
commune du Nagaland, à l'extrême nord-est de l'Inde, à la frontière avec le Myanmar. Il est
largement utilisé dans toutes les couches de la société, à la fois dans les ménages privés, tels que
les ménages mixtes, et dans les domaines publics, tels que les médias, les annonces
gouvernementales et comme moyen d’enseignement dans les écoles (Boruah, 1993 et Sreedhar,
1985). Les pidgins peuvent également avoir un statut positif en tant que marqueurs d’identité :
Juba Arabic (le pidgin parlé au Sud-soudan) est devenue le symbole d'une « identité super-tribale
sud-soudanaise » (Manfredi & Petrollino, 2013a : 55). Les pidgins sont généralement des
langues orales et non écrites. En République centrafricaine, par exemple, malgré son statut
officiel, le sango n'est pas utilisé dans des contextes formels. Au lieu de cela, le français est la
langue des médias, du système éducatif et des institutions officielles, (Manfredi & Petrollino,
2013a).
1.2 DEFINITION DE CRÉOLE
Le terme « créole » était utilisé à l’origine pour les Européens nés dans les colonies, en
particulier les Caraïbes. Le terme a ensuite été utilisé pour désigner toute personne, animal ou
plante né, élevé ou cultivé dans les colonies (en particulier les colonies des Caraïbes), par
opposition à celles d'origine autochtone ou importées récemment. Peu à peu, le terme « créole » a
été utilisé pour désigner la culture et la langue de ceux qui constituaient la majeure partie de la
population des colonies. La première utilisation connue du terme « créole » pour désigner une
19
langue provient d'un récit de voyage du Portugais Francisco de Lemos Coelho en 1684 où il écrit
à propos du « creoulo » de Cacheu Guinée-Bissau, (Bartens, 2013a) et (Couto, 1994 : 35). La
première utilisation connue en anglais de « créole » pour désigner une langue date de 1726.
Actuellement, le terme en anglais est principalement utilisé pour désigner les langues issues de
l'expansion et de la colonisation européennes du monde, bien qu'il existe un certain nombre de
langues créoles connues qui ne sont liées à aucune langue européenne. Par exemple, juba arabe,
yilan créole japonais etc.
Un créole est une langue naturelle parlée en tant que langue maternelle par toute une
communauté née de situations de contact intense. Les créoles sont des langues à part entière
égales à toutes les autres langues naturelles du monde et sont capables de répondre à tous les
besoins linguistiques de la communauté de la parole concernée. En d’autres termes, tout ce qui
peut être parlé, réfléchi et conduit, par exemple en japonais, italien, français, russe ou toute autre
langue du monde parlée comme langue maternelle par toute une communauté, peut également
être parlé, pensé et mené dans n'importe quelle langue créole donnée. Les créoles sont des
langues apparues dans des situations de contact intense. Ils sont les langues maternelles de
communautés entières et peuvent remplir toutes les fonctions de la langue humaine. Ils tirent
généralement l'essentiel de leur lexique d'une ou de plusieurs langues, généralement celle (ou
celles) parlée(s) par une minorité politiquement dominante dans les colonies. Les langues créoles
ont une longue histoire de stigmatisation et de condescendance, généralement considérées
comme des versions inadéquates et corrompues de leurs lexiques. Le terme « créole » vient du
criar ibérique « élevage » (du latin creare « créer, produire ») et signifiait à l’origine « indigène,
élevé dans le pays ». Les créoles peuvent être divisés en différents types en fonction de la
situation de contact qui a donné lieu à la langue, (Viveka, 2015). Les créoles exogènes sont
20
celles où ni les colonisateurs ni la main-d'œuvre (esclave ou sous contrat) ne sont indigènes de la
région où le créole est né. Des exemples sont les créoles de plantation, qui sont apparus dans les
plantations, et les créoles marrons, qui ont été formés par des esclaves évadés qui ont créé leurs
propres communautés loin de l'institution de l'esclavage. Les créoles endogènes sont ceux qui
sont apparus dans des régions où au moins une partie de la population qui formait la langue était
autochtone. Les créoles de fort ont leur origine dans des centres d'échanges où les colons
(principalement engagés dans le commerce) étaient des étrangers et au moins une partie de la
main-d'œuvre était autochtone. Les créoles sont généralement supposés être moins complexes
que leurs langues d'entrée, avec un système phonémique et morphologique simplifié et une
grammaire et un lexique plus transparents. Certains affirment que les créoles peuvent être
identifiés par leur structure linguistique, c’est-à-dire qu’ils forment un type particulier de langue
(voir par exemple McWhorter, 2005, Bakker et al. 2011 et Bartens, 2013a).
D’autres soutiennent qu’il n’existe aucune (ou pas assez) de preuves permettant
d’affirmer que les créoles constituent une classe typologique distincte et que la motivation pour
traiter certaines langues en tant que créoles réside dans les contextes socio-historiques dans
lesquels elles ont émergé (Mufwene, 2000, DeGraff, 2003 et Ansaldo & Matthews, 2007).
Toutefois, aucun linguiste sérieux ne s'interroge sur le fait que les langues créoles sont des
langues naturelles parfaitement adéquates, susceptibles de répondre à tous les besoins
linguistiques des locuteurs.
Un créole est une langue stable naturalisée qui a vu le jour grâce à la combinaison de
deux ou plusieurs langues. C’est une langue développée ou dérivée de sabir. Quand une langue a
son origine dans un espace étendu entre plusieurs communautés, dont l’un est européen alors la
langue est appelée un créole. Le créole intègre les caractéristiques de toutes les langues parentes
21
pour établir la langue maternelle d'une communauté. Le créole a des locuteurs natifs.
Contrairement au pidgin, il est la première langue des enfants de la communauté où il est parlé,
c’est-à-dire que c’est une langue maternelle pour les enfants. (Bickerton, 1988). La créolisation
est définie comme une forme particulière d’ethnogenèse qui, dans les contextes de plantation,
était un processus par lequel les mondes sociaux et matériels ont été définis. Un créole apparaît
lorsque les enfants naissent dans un environnement parlant le pidgin et acquièrent le pidgin
comme langue maternelle. Todd (1974 :3) définit également un créole de la façon suivante : « un
créole se présente lorsqu'un pidgin devient la langue maternelle d'une communauté de parole ». Il
est plus simple de définir un créole comme tout pidgin qui devient stable et que les enfants
apprennent en tant que langue maternelle.
Les langues créoles n’ont généralement pas été acceptées comme langues d’éducation ou
de médias et ont rarement un statut officiel dans les sociétés où elles sont parlées. Au lieu de
cela, les langues des anciens colonisateurs sont considérées comme les seules langues
souhaitables et acceptables. En bref, la seule voie vers le bien-être individuel et collectif consiste
à acquérir la langue européenne de l'ancien colonisateur. Cette attitude prévaut encore dans
beaucoup de sociétés ; par exemple, dans de nombreux cas, le créole ne figurera pas parmi les
langues officielles. Angolar, par exemple, n'était pas répertorié comme langue nationale de la
République démocratique de São Tomé et Príncipe lors du recensement de 2006 (Maurer,
2013a). De même, les langues officielles de Hawaii sont l’anglais et l’hawaïen, mais pas
l’anglais hawaïen créole, langue maternelle de la moitié de la population. L’enseignement en
hawaïen se fait en anglais standard (américain) et la langue des médias est également en anglais
standard (américain), à l’exception des éléments tels que les dessins animés et les publicités.
L’anglais créole hawaïen est généralement considéré comme un obstacle à l’avancement.
22
De telles attitudes ont poussé beaucoup de créolophones à considérer leur propre langue
comme arriérée ou inférieure, ce qui a amené beaucoup de personnes à nier le fait qu'elles
avaient une langue créole comme langue maternelle. Ces types de situations mènent aussi
généralement à la diglossie, où les locuteurs utilisent des variétés de langue spécifiques dans des
situations spécifiques, généralement en créole dans des situations familières ou informelles tout
en utilisant la ou les langues officiellement reconnues dans des situations officielles ou formelles.
Ambon Malay, par exemple, est parlé sur l'île d'Ambon (Indonésie) depuis plusieurs siècles et
compte environ 200 000 locuteurs de langue maternelle. Il est également utilisé comme lingua
franca par un million de locuteurs des îles Maluku du centre et du sud. Cependant, les locuteurs
d'Ambon Malay le considèrent souvent comme une variété inférieure d'Indonésien (Paauw,
2013a : 94). Les deux langues entretiennent une relation diglossique l'une avec l'autre,
l'indonésien étant utilisé dans des contextes formels (administration publique, médias, éducation,
etc.) et Ambon Malay utilisé à la maison ou lors d'une interaction informelle au sein de la
communauté (Paauw, 2013a).
Néanmoins, comme le souligne Viveka (2015) les deux dernières décennies ont amené un
certain degré de renversement de ces attitudes à des degrés divers dans de nombreuses sociétés
où les langues créoles sont parlées. À Hawaii, par exemple, les mentalités évoluent lentement
pour permettre de reconnaître le fait que l’anglais créole hawaïen est une langue pleinement
fonctionnelle comme toute autre, grâce aux programmes de sensibilisation ciblés de Mānoa, ainsi
que des locuteurs qui commencent à affirmer la validité de la langue. Le Palenquero, parlé par
quelques milliers de personnes dans le village d'El Palenque en Colombie, était jusqu'à
récemment fortement stigmatisé, ce qui a amené les jeunes générations à passer à l'espagnol
(Viveka, 2015). Cependant, la dernière décennie a été marquée par un renversement d'attitude.
23
Aujourd'hui, de nombreux adolescents prennent beaucoup de plaisir à apprendre le créole et le
temps où Palenquero et sa culture étaient rejetés est révolu (Schwegler, 2013a : 182). Les
sociétés ont également commencé à accepter les langues créoles dans l'enseignement. À
Trinidad, par exemple, le créole trinidadien est accepté dans les écoles primaires depuis 1975
(Mühleisen, 2013a). Le créole haïtien et le français sont les langues officielles d'Haïti, bien que
la plupart des textes administratifs soient en français et aient été acceptés comme moyen
d'enseignement en 1979 (Fattier, 2013). Néanmoins, le français est toujours considéré comme la
langue préférée. Malgré cette stigmatisation et malgré le fait que les créoles étaient pour cette
raison, jusqu'à récemment, principalement des langues orales et non écrites, de nombreuses
sociétés dans lesquelles les langues créoles sont parlées ont connu un usage littéraire dynamique
de ces langues. Un certain nombre de langues créoles sont utilisées pour la poésie, le théâtre, les
romans, etc.
En d'autres termes, le pidgin est un antécédent de créole. La question est maintenant de
savoir ce qui a créé l’uniformité et les différences. Pour trouver une réponse à cette question,
nous devons examiner les similitudes et les différences entre le pidgin et le créole.
1.2.1 TYPES DE CREOLES
Le cadre sociohistorique exact pour une langue donnée est unique, y compris pour une langue
créole donnée. Comme nous l'avons déjà mentionné, un créole est une langue naturelle parlée en
tant que langue maternelle par toute une communauté née de situations de contact intense.
Pourtant, dans cette section, nous traiterons de quatre différents types de créoles et des domaines
dans lesquels ils sont utilisés. Le fossé le plus fondamental entre les types de créoles en ce qui
concerne leurs antécédents sociohistoriques est de savoir si les locuteurs étaient autochtones ou
non de la région (Viveka, 2015).
24
1.2.1.1 Créoles exogènes
Les créoles exogènes sont ceux qui sont apparus dans un environnement où aucun des
groupes impliqués n'était autochtone. Ici, nous avons essentiellement une situation où différents
degrés de migration ont mis en contact des personnes de langues différentes. Il s’agissait
généralement de colonies de peuplement situées soit dans des zones auparavant inhabitées, soit
dans des zones où la population autochtone avait rapidement décliné après la colonisation
(généralement en raison de maladies importées associées à des conditions de travail pénibles et /
ou à un génocide). Les deux situations ont généralement entraîné une importation massive de
main-d'œuvre, généralement de personnes d'origines diverses. Cela a conduit à une main-d'œuvre
linguistiquement hétérogène. Avec les créoles exogènes, les locuteurs des langues superstrates et
les locuteurs des langues substrats étaient donc des immigrés dans la région où le créole était né.
Les colons étaient généralement numériquement minoritaires mais dominaient sur le plan
socioéconomique et assujettissaient la main-d'œuvre, malgré la majorité numérique de cette
dernière.
1.2.1.2 Créoles de plantation
L'exemple le plus typique d'un créole exogène est un créole de plantation, né dans le
contexte de l'économie de plantation coloniale. L'expansion européenne a vu une multitude de
sociétés de plantation. Cela a conduit à une importation à grande échelle de main-d'œuvre, sous
forme de travail forcé (surtout dans l'Atlantique) ou de travailleurs sous contrat (surtout dans le
Pacifique). La main-d'œuvre était généralement hétérogène sur le plan linguistique, ce qui
signifiait que les ouvriers avaient besoin d'un pont de communication commun. Les colons
européens appartenaient généralement à la minorité numérique, mais dominaient politiquement
les sociétés. La main-d'œuvre devait généralement être capable de fonctionner dans la langue des
25
propriétaires de plantations ; Ce fait et le fait que la main-d'œuvre n'avait pas de langue
commune, ont généralement amené la langue européenne à devenir le principal pont de
communication au sein de la main-d'œuvre. De plus, l'accès aux différentes langues de substrat
des différents groupes ethniques composant la main-d'œuvre était limité une fois que la main-
d'œuvre (notamment les esclaves) avait été transportée dans les colonies.
De ce fait, certains spécialistes ont suggéré de limiter l’influence du substrat sur les
créoles issus de sociétés exogènes à économie de plantations. Un certain nombre de langues
créoles sont apparues dans les sociétés de plantations exogènes. La plupart des créoles des
Caraïbes ont pour origine des créoles de plantation, tels que, pour ne citer que quelques-uns, les
Jamaïcains lexifiés anglais en Jamaïque, le créole bélizien au Belize et le créole anglais à
Trinidad ; le créole haïtien lexifié par la langue française en Haïti, le créole guadeloupéen en
Guadeloupe et le créole martiniquais en Martinique.
1.2.1.3 Créoles marron
Les créoles marrons forment également un type de créole exogène, ces langues étant
également des créoles apparus dans des régions où aucun des principaux groupes de population
n'était autochtone. Le terme « marron » provient du cimarrón espagnol « sauvage, indompté ;
fugitif »et se réfère aux « esclaves qui se sont enfuis de plantations et se sont établis sur la base
d’une origine ethnique commune ou qui s’étaient échappés des mêmes plantations » (Bartens,
2013a : 67). Ces Marron s’établiraient dans des régions difficiles d’accès, telles que les zones de
montagne densément boisées. Certaines communautés d'origine marron sont devenues
suffisamment fortes pour constituer une menace pour les sociétés de plantation. Le palmarès, par
exemple, situé dans l'est du Brésil (dans l'actuel État d'Alagoas), était un État formé par les
Marron et qui existait pendant presque tout le XVIIe siècle. C'était « un royaume centralisé avec
26
un dirigeant élu » (Kent, 1996 : 187) fondé au plus tard en 1605/6 et persistant jusqu'à sa
destruction en 1694 après deux décennies de guerre avec les propriétaires de plantations
néerlandais et portugais (Kent, 1996). Vers la fin du 17ème siècle, il mesurait environ 1 100
mètres carrés (Ennes, 1948) et comptait plusieurs milliers d'habitants (Kent, 1996). Parce que les
Marron se sont échappés de l'esclavage et ont créé leurs propres sociétés, la question se pose de
savoir si cela pourrait avoir des conséquences linguistiques. Tout d’abord, à l’instar des créoles
de plantation, il se peut que l’influence du substrat soit limitée, car les locuteurs ont été déplacés
de leurs zones ancestrales ; Cependant, il se pourrait aussi que les éléments de substrat aient plus
d'espace pour évoluer une fois que la pression du lexifiant a été supprimée.
1.2.1.4 Créoles endogènes
Les créoles endogènes (souvent appelé aussi créole fort en référence aux postes de traite
mis en place par les explorateurs et les colonisateurs européens) se sont généralement développés
par le biais de contacts entre des colons immigrants, généralement engagés dans un commerce
systématique, et la population autochtone des régions. Un scénario typique le long des côtes
ouest africaines et indiennes était que les marchands européens établissent des centres
commerciaux pour leurs activités dans la région. Un scénario typique le long des côtes ouest
africaines et indiennes était que les marchands européens établissent des centres commerciaux
pour leurs activités dans la région. Cela est particulièrement vrai pour les premières activités
coloniales portugaises, mais cette pratique a été poursuivie par les dernières puissances anglaises.
Il est important de garder à l'esprit que, contrairement aux sociétés de plantation, les éventuels
colonisateurs de ces zones ne formaient pas de grandes colonies agraires, mais que leur
colonisation était fondée sur le commerce. Dans ce type de situation, les partenaires
27
commerciaux, ainsi que la main-d'œuvre nationale, seraient non seulement exposés à un lexique
européen, mais également aux langues vernaculaires des régions.
Cependant, on ne peut pas présumer automatiquement que la main-d'œuvre (typiquement
l'esclave) des colonies européennes de centre d'affaire était indigène dans la zone du centre
commercial : en Afrique de l'Ouest et en Inde, la main-d'œuvre était souvent déplacée d'une
région à l'autre. Quelques exemples de créole endogène qui est toujours vivant se trouve en
Afrique de l'Ouest et en Asie. Il est souvent expliqué en portugais. En Afrique de l'Ouest, le
kriyol de Guinée-Bissau lexifié par le portugais est parlé comme langue maternelle par environ
600 personnes. (Et une deuxieme langue de 600 000 personnes supplémentaires) en Guinée
Bissau et dans le sud du Sénégal (Intumbo et al. 2013), tandis que le casamançais dans la
province de Basse Casamance au Sénégal compte environ 10 000 locuteurs (Biagui & Quint,
2013). En Inde, le diu indo-portugais a encore environ 180 locuteurs sur l’île de Diu à l’ouest
(Cardoso, 2013) et Korlai est parlé par environ 800 personnes dans le village de Korlai au sud de
Mumbai (Clements, 2013). Il reste encore quelques locuteurs du portugais sri-lankais à
Trincomalee et Batticaloa sur la côte est du Sri Lanka (Smith, 2013). La papia Kristang,
également parlée par le portugais, est parlée par quelque 800 personnes, principalement à
Malacca, dans l'ouest de la Malaisie (Baxter, 2013). Kinubi est un exemple de créole fort basé
sur une langue non européenne, l'arabe soudanais étant son principal lexique. Il est parlé au
Kenya et en Ouganda, en tant que langue maternelle par le Nubi et en tant que lingua franca par
d'autres groupes ethniques (Luffin, 2013a). Bien que les exemples ci-dessus puissent être
considérés comme des créoles fort en raison du fait qu’ils ont tous eu leurs débuts dans les
centres commerciaux, toutes les créoles endogènes ne sont pas des créoles fort. Le tayo (lexique
28
français) est un exemple de créole endogène qui n'est ni un fort créole, ni un portugais, mais
environ 3 000 locuteurs le parlent à Saint-Louis en Nouvelle-Calédonie (Ehrhart & Revis, 2013).
1.3 SIMILITUDES ENTRE PIDGIN ET CREOLE
Les deux langues apparaissent naturellement dans une situation de contact en raison du
manque de langue commune à partager entre groupes de personnes. Elles servent de lingua
franca (langue de communication plus large). Selon (Wardhaugh, 2006), le pidgin et le créole
résultent d’un besoin fondamental que les personnes qui parlent différentes langues doivent
trouver un système de communication commun. Un tel système commun est souvent appelé une
lingua franca. Pour renforcer ce point de vue, Wardhaugh (2006) a fait référence à la définition
de lingua franca de l'UNESCO en 1953 : « Une langue utilisée habituellement par des personnes
de langue maternelle différente afin de faciliter la communication entre eux ». Wardhaugh (2006
: 65) indique que les pidgins ou les créoles ont tous deux un système linguistique bien organisé.
Ainsi, même si le vocabulaire est emprunté à une langue maternelle, il reste à l’apprendre et non
à le simplifier et à l’utiliser. Par exemple, vous ne pouvez pas parler Tok Pisin en simplifiant
simplement le vocabulaire ou la grammaire.
Une autre similitude entre un créole et un pidgin est qu'il y a moins de sons et leurs
arrangements sont moins compliqués que ceux d'une langue standard, Onuigbo, (1999 : 200)
affirme que « ce qui a commencé à l’origine comme une langue commerciale est
progressivement devenue une langue de compromis pour une communication plus large ». Mais
Mufwene (2001) a un point de vue différent dans lequel il affirme que le pidgin et le créole se
présentent individuellement dans des conditions différentes et qu'il n'est pas nécessaire qu'un
créole soit précédé d'un pidgin ou d'un créole pour se développer à partir d'un pidgin.
29
1.3.1 LES DIFFERENCES ENTRE PIDGIN ET CRÉOLE
Le pidgin n'a pas de locuteurs natifs (pas dans tous les cas), alors que le créole en a. Sur
le plan linguistique, la forme et la grammaire du pidgin sont simplifiées et réduites, mais le
créole est stable et développé en un langage naturel complet et adéquat à part entière. Wardhaugh
(2006 : 75) affirme que les pidgins se développaient rapidement pour devenir une langue. La
différence réside dans le taux de changement pour les créoles et les pidgins. Une autre différence
importante entre les créoles et les pidgins est que la pidginisation se produit très rapidement,
presque en une nuit, mais que la créolisation nécessite environ deux générations pour se former.
Le créole existe souvent dans les régions postcoloniales et est utilisé quotidiennement comme
vernaculaire, tandis que le pidgin existe principalement à l'époque coloniale limité. Le créole a
des structures grammaticales moins élaborées que les langues plus anciennes, c'est-à-dire qu'il
peut être normalisé ou non, mais certainement plus que le pidgin. Il comporte de nombreuses
variantes mais des normes sociolinguistiques (évaluation / intégration) cohérentes, expressives.
Le pidgin est le produit de l’acquisition incomplète d’une langue seconde. Il présente une
grammaire de surface très variable. Les créoles sont principalement liés à une langue dominante.
Les créoles ont un statut officiel dans les sociétés où elles sont parlées mais cela n'est pas le cas
du pidgin dans les sociétés.
Sur le plan sociolinguistique, Bickerton (2019) déclare que le pidgin n'avait aucune
norme d'interprétation ou une norme incohérente d'interprétation avec des domaines limités pour
les fonctions d'expression et de communication. Généralement, il meurt ou évolue en créole par
le processus de créolisation. Rickford (1977) affirme que les modifications pidginisées ayant
connu des difficultés et un processus d'expansion linguistique, le créole pouvait être utilisé pour
30
toute nouvelle variété stable résultant de ce processus. Ci-dessous, est le résumé de la différence
entre le pidgin et le créole.
Tableau 1 : La différence entre le pidgin et le créole
LE PIDGIN LE CRÉOLE
Il n'a pas de locuteurs natifs (pas dans tous les cas)
Il a de locuteurs natifs.
Il n'a pas le statut officiel.
Il a le statut officiel (pas dans tous les cas)
La pidginisation se produit très rapidement, presque
en une nuit.
La créolisation nécessite environ deux générations
pour se former.
Le pidgin a moins des structures grammaticales. Le créole a plus des structures grammaticales.
Ayant traité le pidgin et le créole, il y a ce qu'on appelle les langues mixtes et il est nécessaire
que nous comprenions de quoi il s'agit.
1.4 LANGUES MIXTES
Les langues mixtes sont des langues ayant des origines divisées, c'est-à-dire des langues
qui ont deux (ou quelques) langues parentales identifiables, et qui sont généralement apparues
dans des situations de bilinguisme communautaire (Viveka, 2015). Ce n'est qu'au cours des
dernières décennies que les langues mixtes ont fait l'objet d'une attention accrue. Thomason &
Kaufman (1988) ont identifié ces langues comme des langues de contact à part entière. Depuis
lors, des données sur un certain nombre de langues mixtes sont disponibles, facilitant ainsi
l'étude de ce groupe de langues. Les langues mixtes sont, comme les pidgins, les créoles et les
langues de contact. Cependant, les langues pidgin et créole ont généralement plusieurs langues
31
d'entrée ou source et le plus souvent, seule la source du lexique est connue avec un degré de
certitude certain. Les langues mixtes n'ont généralement que deux langues sources et, le plus
souvent, la source du lexique et la structure de la langue sont identifiables. En outre, le plus
souvent, les deux langues sources sont parlées dans la même région, à côté de la langue mixte.
Comme les créoles, les langues mixtes sont associées à des communautés spécifiques, qui sont
nées du fait des contacts. Contrairement aux créoles, les langues mixtes ne sont pas
nécessairement la langue maternelle de la communauté et, souvent, celle-ci maîtrise une ou
même parfois les deux langues source.
Bien que des créoles aient pu émerger en raison de la nécessité d’un moyen de
communication, ce n'est pas le cas pour les langues mixtes, les communautés en question ayant
déjà des langues communes. Au contraire, les langues mixtes ont émergé en raison de conditions
sociales qui ont favorisé le désir d’un marqueur d’identité au sein du groupe prenant la forme
d’une langue mélangée. Il est important de garder à l'esprit que les langues mixtes forment des
systèmes linguistiques autonomes ; ce sont des langues à part entière. En d’autres termes, il ne
s’agit pas de variétés des langues sources qui sont ensuite modifiées individuellement, par
exemple, par commutation de code ou par emprunt. Il est probable que la commutation de code
et l’emprunt ont été des facteurs déterminants dans la formation de toute langue mixte (par
exemple, Thomason & Kaufman (1988), Auer (1999), Muysken (2000), Thomason (2001),
Matras (2003), Myers-Scotton (2003). Il est également possible que «la langue mixte et la
commutation de code puissent continuer à coexister au sein d'une même population de locuteurs
» (Meakins, 2013c : 198). Même dans ce cas, les langues mixtes sont des langues autonomes
pour diverses raisons. Par exemple, les locuteurs de différentes langues tendent à présenter un
niveau élevé d’uniformité à la fois en ce qui concerne le lexique et la structure de leurs langues.
32
C'est-à-dire que, comme dans toute autre langue, les structures sont prévisibles entre le discours
d'individus différents et dans le discours d'un même individu. En outre, les langues mixtes et
leurs langues d'origine ne suivent pas nécessairement les mêmes schémas de changement ; les
langues sources peuvent changer de différentes manières sans affecter la langue mélangée ou,
inversement, les langues mélangées peuvent adopter de nouvelles fonctions qui ne sont reflétées
dans aucune des langues sources.
Il est généralement admis que les langues mixtes apparaissent comme des marqueurs
d'identité au sein du groupe plutôt que par la nécessité d'un pont de communication entre les
groupes de population. Cependant, les processus de formation impliqués dans l’émergence d’une
langue mixte restent un sujet de débat.
1.5 LES PARTICULARITÉS ET DIMENSIONS D'UN CRÉOLE
Il s'agit ici d'éléments permettant de reconnaître ou d'identifier un créole. Selon
Glissant (1996), la créolisation présuppose que les éléments culturels réunis doivent
nécessairement avoir une valeur équivalente pour que cette créolisation ait effectivement lieu.
Autrement dit, si les éléments culturels liés aux uns sont inférieurs aux autres, la créolisation
n’est pas vraiment faite. Cela se fait de manière bâtarde et injustement. Cette définition masque
l'idée que la créolisation nécessite une relation, une mutualisation ou un échange entre des
cultures égales. L’égalité, dans ce cas, représente l’une des conditions de possibilité de la
créolisation. Cependant, c'est compliqué : il est parfaitement clair qu'une communauté d'égaux
est à la fois une communauté d'inégalité. En effet, Glissant (1996) reconnaît qu’une forme de
relation fondée sur l’inégalité ou la domination peut être établie entre les cultures en donnant lieu
à une créolisation bâtarde. Créolisation bâtarde, créolisation injuste, en ce sens qu'elle dissimule
« l’injustice » en tant que fait impossible à créer. L'égalité n'est pas le seul élément qui contribue
33
à la définition de la créolisation. Notons que l’égalité est la relation instituée entre deux agents
égaux, regroupant de manière égale les héritages et les gains culturels et intellectuels qu’ils
détiennent pour permettre la création. Dans cette perspective, nous reprenons cette autre
définition de Glissant : «la créolisation est la rencontre, l'interférence, le choc, les harmonies et
les discordances entre les cultures, dans la totalité réalisée du monde-terre » (Glissant, 1996 :1).
Les créoles se développent à partir d'un stade antérieur de pidgin. Une langue créole est
une langue qui résulte de la fusion de deux cultures ou plus, généralement dans un contexte
colonial. Il se distingue du pidgin, qui est le nom donné au dialecte simpliste parlé lorsque des
personnes de groupes linguistiques différents sont obligées d'interagir. Contrairement à un
créole, un pidgin n'est pas à proprement parler une langue. Un pidgin découle de la nécessité et
est informé par l'aptitude humaine intrinsèque à communiquer contre toute attente. Il sera tiré des
différentes langues des personnes qui participent à sa création et sera généralement basé sur la
langue du groupe social dominant - ainsi, au Nigéria, les pidgins parlés étaient sensiblement
dérivés de l'anglais.
Cependant, un pidgin ne sera pas cohérent grammaticalement : chaque locuteur d’un
pidgin le modifiera à l’aide d’éléments grammaticaux ou de vocabulaire dérivé de sa langue de
naissance, ce qui signifie qu’il y aura autant de versions d’un pidgin que de locuteurs de celui-ci.
Le créole a un petit vocabulaire, dérivé presque exclusivement d'une langue dans la situation de
contact. Le vocabulaire n'est pas simplement dérivé d'une langue, mais généralement du super
ordonné dans la situation de contact, la langue du groupe avec le plus pouvoir économique et
politique et le plus grand prestige social. C'est parce que le vocabulaire de la langue supérieure
est dominant. Ainsi, par exemple, nous parlons de pidgin anglais, qui est le résultat de contacts
34
entre des esclaves africains et coloniaux anglais, plutôt que de pidgin yoruba, pidgin igbo ou
même de pidgin africain.
Selon Robert Baron et Ana Cara (2003 : 4) « La créolisation est une créativité culturelle
en cours ». Quand les cultures entrent en contact, des formes expressives et des réalisations
émergentes de cette rencontre fluides dans leur adaptation à des circonstances changeantes et
ouvertes à multiples significations, les formes créoles sont des expressions de cultures en
transition et en transformation. Traditionnellement associée avec les cultures du Nouveau Monde
au sein des sociétés de la Caraïbe et de l’Amérique latine, la créolisation est maintenant de plus
en plus envisagée comme un processus universel qui peut survenir partout où des cultures se
rencontrent.
1.5.1 PROCESSUS DE CRÉOLISATION
L’un des sujets dominants dans les études créoles de la dernière décennie a été une
redécouverte et une remise en question des questions et notions fondamentales dans le domaine
et, par conséquent, une réaffirmation de la question de savoir ce que cela signifie exactement
quand une langue donnée est classée « un créole ». Il n’y a pas que la question de savoir dans
quelle mesure les théories existantes sur la genèse créole peuvent être harmonisées ; le processus
même de la créolisation s'est avéré être une préoccupation centrale des recherches récentes. Le
modèle conventionnel de créolisation de Hall (1966) en tant que génération de la langue
spontanée par une première génération d'enfants, causé par l'insuffisance structurelle et de
communication du pidgin fourni par un pidgin, s'est révélé trop idéalisé et intenable à la lumière
des données récentes. Plusieurs considérations et orientations de recherche ont contribué à une
insécurité accrue concernant les principes fondamentaux de la discipline. Plus important encore,
le processus même de la créolisation lui-même a fait l'objet d'un examen plus approfondi, fondé
35
sur de meilleures preuves socio-historiques et linguistiques sur les premières phases de tels
processus dans certaines communautés créoles. Par exemple, contrairement aux modèles
classiques proposés par Bickerton (1981), il a été suggéré que la créolisation ne se produisait pas
brusquement mais plutôt progressivement (Arends,1993), et que le rôle des enfants dans la
formation d'un nouveau créole semble grandement surestimé (Singler, 1996).
Il est largement admis dans les recherches récentes que la créolisation est marquée par
certains processus de grammaticalisation (Lehmann, 1995). Les processus par lesquels un
élément lexical devient un élément grammatical, ou un élément partiellement grammatical
devient plus grammatical (Lehmann, 1995 : 11). De tels phénomènes de grammaticalisation ont
souvent été initiés dans les variétés de base non standard, puis ont été systématisés et automatisés
ultérieurement lors de la créolisation (Chaudenson, 1992 ; Bollée et Neumann-Holzschuh, 1993 ;
Bruyn, 1995). Une autre notion fondamentale est celle de la réanalyse. La définition classique de
la réanalyse en tant que « changement dans la structure d'une expression ou d'une classe
d'expressions n'entraînant aucune modification immédiate ou intrinsèque de sa manifestation
superficielle » (Langacker, 1977 : 59) permet de comprendre certains processus observés dans la
créolisation.
Dans cette section, nous discutons de quatre approches de la créolisation, dont les trois
premières semblent représenter des opinions extrêmes parmi les créolistes.
1.5.1.1 L'approche de Bickerton
Bickerton (1979, 1981, etc.) présente un scénario de la façon dont les créoles sont
apparus dans un contexte de plantation, en gros comme suit. En conséquence du transport
d’Africains de divers contextes ethnolinguistiques à travers l’Atlantique pour qu’ils travaillent
collectivement pour les Européens en tant qu’esclaves dans les sociétés de plantations, la
36
pidginisation de la langue européenne s’est produite. Les enfants nés d’esclaves dans ces
sociétés, réalisant que les langues africaines parlées par leurs parents étaient comprises par
relativement peu de gens, acquéraient du vocabulaire à partir des variétés pidginisées de la
langue européenne qu’ils entendaient autour d’eux, mais trouvant ces langues linguistiquement
insuffisantes, ils ont puisé dans leur capacité linguistique innée le « bioprogramme » linguistique
- pour en faire une langue adéquate. Bickerton suppose que les créolophones auraient modifié
leur discours dans le sens de la langue européenne dans la mesure où ils avaient accès à cette
dernière. L'hypothèse de Bickerton a conduit à la notion de « créole radical ». Comme le dit
Byrne (1987 : 3), « les grammaires des créoles les plus radicaux se rapprochent le plus de l'état
approximatif de l'état non marqué de notre seule faculté de langage, innée et génétiquement
dotée ».
1.5.1.2 L'approche de basilectalisation progressive
Nous empruntons les mots "basilectalisation progressive" de Chaudenson pour décrire le
récit de la formation des créoles français exposé dans Chaudenson (1992) puis élaboré et
appliqué à un plus large éventail de créoles par Mufwene (par exemple, 1996). Les commentaires
suivants concernent principalement le modèle de Chaudenson (1992) et les hypothèses de base
de son approche sont les suivantes :
a) que les non-Européens arrivés comme esclaves sur des territoires gérés par des Européens ont
identifié la langue européenne comme cible.
b) que plus la proportion de la population totale formée par les premières vagues d'esclaves à leur
arrivée était petite, et plus elles étaient jeunes au moment de leur arrivée, plus leur progression
vers l'acquisition de la langue cible européenne serait grande.
37
c) que les arrivées ultérieures d'esclaves, dans une population où la proportion d'esclaves
augmentait, tendraient de plus en plus à acquérir des approximations de la cible parlée par les
esclaves arrivés avant elles plutôt que de la cible proprement dite parlée par les Européens ;
d) que ces tendances se poursuivraient de sorte que, lorsque la traite négrière connaisse son
apogée, les derniers arrivants d'esclaves acquièrent des approximations de la langue cible
européenne, ce qui permet d'obtenir le créole basilectal attesté dans la plupart des territoires à
partir de la fin du XVIIIe siècle.
Néanmoins, cela ne semble pas être une supposition que nous n’avons pas si bien réussie.
Une hypothèse similaire est faite par la plupart des créolistes de toutes tendances ; cf. Bickerton
(1981 : 4) stipule que le nombre de blancs doit être inférieur à 20% pour qu'un vrai créole de
plantation émerge.
1.5.1.3 Approche constructive
Nous convenons que, chaque fois que deux ou plusieurs groupes de personnes dépourvus
d'une langue commune sont mis en contact soudain et durable et ont un intérêt mutuel à la fois à
communiquer et à conserver leur identité de groupe, ils sont susceptibles de commencer à
construire un moyen de communication interethnique, (Baker, 1990). Nous affirmons également
que les langues de contact sont essentiellement ce que ceux qui les ont construites voulaient
qu'elles soient, plutôt que le résultat d'un apprentissage imparfait de la langue seconde.
1.5.1.4 Approche dominante
De nos jours, la plupart des créolistes ne s'allient pas étroitement aux approches de
Chaudenson, Bickerton ou Lefebvre, bien qu'ils puissent partager certaines des hypothèses d'un
ou de plusieurs de ces auteurs. Une approche plus largement respectée à la fois pour la
38
pidginisation et la créolisation est celle exposée dans Thomason et Kaufman (1988). Ces auteurs
distinguent les langues connues sous le nom de pidgins et / ou de créoles en trois types :
(a) les pidgins (c.-à-d. langues de contact développées à des fins limitées par des personnes qui
conservent leur langue maternelle),
(b) les créoles brusques (résultant de la langue de contact naissante) devenant immédiatement la
langue principale de la communauté ; (Thomason et Kaufman, 1988 : 150), et
Les créoles résultant d’un pidgin stable préexistant acquérant par la suite des locuteurs natifs.
Hypothèse de relexification de Lefebvre :
« Nous pensons qu'il serait juste de dire que les sous-spécialistes en général sont plus
soucieux d'identifier des caractéristiques particulières comme africaines (ou non européennes)
que de proposer des théories sur la formation d'un créole. Néanmoins, la plupart des sous-
spécialistes semblent généralement convenir qu'il y avait une progression vers l'acquisition de la
langue européenne, même avec une certaine réticence. Ils semblent également convenir qu’une
nouvelle langue résultait de ce processus et que sa grammaire, son lexique et son système
phonologique contenaient des caractéristiques tirées de sources européennes et non européennes
». L'hypothèse de relexification de Lefebvre (par exemple, 1993, 1999) est une forme extrême et
constitue en fait une version mise à jour de l'approche de Sylvain (1936), à savoir que le créole
haïtien est essentiellement une langue gbe relexifiée avec le vocabulaire français. S'il en était
vraiment ainsi, il n'est pas évident que le créole haïtien puisse être considéré comme un français
restructuré de manière significative. Les langues gbe étaient traditionnellement placées dans la
branche Kwa des langues Niger – Congo, mais plus récemment ont été classées comme langues
Volta – Niger. La langue gbe la plus parlée est l'ewe (environ 3 millions de locuteurs au Ghana et
au Togo),
39
L'hypothèse de relexification de Lefebvre soulève deux problèmes majeurs.
Premièrement, il faut supposer qu’il existe une période identifiable d’années de création du
créole haïtien et que les locuteurs d’une langue donnée (Fon), ou d’un groupe de langues
apparentées (Gbe), étaient numériquement et / ou socialement dominante tout au long de cette
période. Les locuteurs de langues gbe semblent avoir formé plus de la moitié de la population
d'esclaves en Haïti pendant au moins quatre décennies, jusqu'en 1740, mais ils ont ensuite été
dépassés en nombre par les locuteurs de langues bantoues (Singler, 1996). Néanmoins,
l'hypothèse de Lefebvre n'aborde pas la question de ce que la minorité substantielle d'esclaves
qui ne parlaient pas le gbe pendant que les fon et leurs parents ethnolinguistiques étaient en train
de relexifier leur langue (Baker, 1993 : 135). Deuxièmement, l’hypothèse découle de l’hypothèse
selon laquelle le créole haïtien est un créole original, née d’une situation de contact en Haïti et
impliquant uniquement des locuteurs de langues française et africaine. Il ignore totalement les
faits que ;
(i) les français étaient en communication avec les Africains de la région depuis l'établissement
de leur première colonie caribéenne à Saint-Kitts en 1625.
(ii) Une langue créole de lexique français était apparue dans les Antilles d'au moins 1671 et
(iii) Une partie des français et des esclaves en Haïti depuis le début de sa colonisation
en 1659 (Singler, 1996 : 187) aurait probablement parlé le créole émergent des Petites
Antilles. Il est donc inconcevable que le créole de Petite Antille n'ait pas eu un impact
majeur sur le créole haïtien, comme en témoignera toute comparaison entre ces langues
(Baker, 1987).
Hymes (1971) indique que les processus de pidginisation et de créolisation représentent
la limite extrême de l'influence des facteurs sociaux sur le processus de transmission et d'emploi
40
de la langue. Pour cet auteur, la pidginisation provient d'une réduction fonctionnelle et d'une
simplification des matériaux linguistiques disponibles dans les échanges, tandis que la
créolisation correspond à une phase d'expansion fonctionnelle et linguistique de données
linguistiques antérieurement simplifiées. (Muhlhàusler, 1986) soutient que la pidginisation et la
créolisation résultent de dynamiques d'appropriation, apprentissage des langues secondes dans le
cas de la pidginisation, et acquisition du langage en ce qui concerne la créolisation. Il isole les
phases suivantes dans ces continuums d'appropriatif :
1. Le jargon : Il existe différentes définitions du jargon et nous suivrons ici essentiellement
celle donnée dans (Bakker, 2008 aussi Drechsel. 1999). Un jargon (appelé aussi pidgin
instable / primitif / rudimentaire ou pré-pidgin, entre autres) est, comme mentionné,
essentiellement une variété de contact très variable et dépourvue de normes stables. Le
fait crucial à propos d'un jargon est « qu’il soit utile ou non dans un contexte donné »
(Bon, 2012 : 7), c'est-à-dire qu'il n'existe aucune langue structurée à apprendre qui, par
conséquent, pourrait être utilisé de manière imparfaite. Les jargons sont plutôt « des
solutions individuelles au problème de la communication entre des langues et sont donc
soumis à des stratégies individuelles » (Mühlhäusler, 1997 : 128). En d’autres termes, le
jargon est simplement ce qui est compris par toutes les parties qui doivent communiquer
entre elles (Thomason, 1993) - les niveaux de compétence et les questions de correction
sont essentiellement sans pertinence. Cela signifie que l’outil de communication, le
jargon, est structurellement très variable ; Les utilisateurs importent généralement
beaucoup de leur propre langue maternelle pour expérimenter des mots et des phrases
afin de faire passer leur message. Le jargon est un ensemble de mots ou d'expressions
utilisés par un groupe particulier de personnes, tels que les types de mots et d'expressions
41
utilisés par les professionnels de la santé (jargon médical), etc. Cette définition diffère,
par exemple, de Clark (1990), qui considère le jargon comme un système linguistique
assez structuré utilisé dans la communication intra-ethnique, par opposition aux pidgins
qui sont « le moyen de communication habituel utilisé par des non-locuteurs natifs ». En
termes informels, nous pouvons considérer un jargon comme un livre de phrases destiné
aux voyageurs. Il comprend des descriptions d'énoncés qui font quelque chose plutôt que
d'un système permettant de générer et d'interpréter un ensemble d'énoncés ouverts
exprimant un ensemble ouvert de sens conceptualisables dans une grammaire complète.
(Bon, 2012 : 7). De la même manière, les jargons sont des outils utiles pour la
communication entre des locuteurs de langues différentes, mais ils sont généralement
limités dans ce que le locuteur peut exprimer avec eux. Un jargon est donc par définition
un outil de communication instable, qui doit être réinventé pour chaque situation et par
chaque utilisateur. Il peut y avoir plusieurs façons de dire la même chose - ce qui est
important, c'est que les deux parties parviennent à comprendre ce que l'autre essaie
d'exprimer. Par exemple, quelqu'un qui veut savoir ce que coûte un article peut pointer
sur l'article et demander « combien ça coûte ?» Ou « combien ?» Ou « coût ? Quelqu'un
qui a besoin d’indications pour se rendre au port peut demander « où est le port ?» Ou «
où port ? Un individu qui constate qu'un mode d'expression particulier fonctionne est
susceptible d'utiliser à nouveau la même solution dans des situations similaires.
Cependant, cela reste une solution individuelle qui n’est généralement pas transmise aux
autres. Les jargons ne sont donc généralement pas transmis de génération en génération.
Le jargon (phase rudimentaire et idiosyncrasique impliquant un recours au non-
verbal). Il existe différentes définitions du jargon et nous suivrons ici essentiellement
42
celle donnée dans (Bakker, 2008, Drechsel, 1999). Un jargon (appelé aussi pidgin
instable / primitif / rudimentaire ou pré-pidgin, entre autres) est, comme mentionné,
essentiellement une variété de contact très variable et dépourvue de normes stables. Le
fait crucial à propos d'un jargon est « qu’il soit utile ou non dans un contexte donné »
(Bon, 2012 : 7), c'est-à-dire qu'il n'existe aucune langue structurée à apprendre qui, par
conséquent, pourrait être utilisé de manière imparfaite.
2. La stabilisation : la stabilisation est très importante pour le processus de la créolisation.
Elle suppose la constitution en communauté linguistique d'un groupe de locuteurs ; ce
système présente des réductions et des implications fonctionnelles et formelles.
3. L'expansion, qui implique une complexification morphosyntaxique et lexicale ainsi que
des développements du point de vue de la variation stylistique.
4. La créolisation, qui amène des changements syntaxiques et sémantiques. Selon D.
Véronique, 2000, la créolisation et la pidginisation sont des processus qui s'inscrivent sur
un double axe, celui du développement et de la restructuration. Il peut se produire des
complexifications sans phase de jargon, des situations de créolisation sans pidginisation
préalable. Si des auteurs talentueux y écrivent un très bon livre, il peut s'agir d'un roman,
d'un recueil d'histoires, d'un poème long ou même d'une pièce de théâtre. Le genre n'a pas
d'importance, tant que le livre est très bon. Il peut même s'agir de la traduction d'un bon
livre d'une autre langue, mais quelque chose d'original raconte une histoire intéressante et
honnête sur la vie des personnes qui parlent cette langue est le meilleur choix. De
nombreuses langues sont devenues importantes et respectées grâce aux bons livres :
Dante, Shakespeare, Pouchkine, Cervantes, etc. L’écrivain ne devrait pas s’inquiéter de
l’orthographe non standard : l’histoire est bien plus importante à ce stade. Nous pouvons
43
promouvoir la créolisation via les médias sociaux, c'est l'un des processus de la créolisation. Par
exemple, un entrepreneur peut créer un site Web d’information populaire dans cette langue. Il
devrait comporter des informations qui intéressent les gens : la politique, les stars de cinéma, les
sports, les reportages d'autres pays. Cet entrepreneur devrait aimer la langue et en prendre soin.
Quand Eliezer Ben-Yehuda, un lexicographe hébreu et rédacteur de journal. Il était à l'origine de
la renaissance de la langue hébraïque à l'ère moderne a commencé sa campagne pour la
renaissance de la langue hébraïque, l'une des premières choses qu'il a faits a été de créer un
journal simple pour que la langue fonctionne bien. Les écoles élémentaires doivent avoir des
manuels dans cette langue. De cette façon, les enfants verront que la langue est suffisante pour
écrire des livres respectables. Cela les aidera également à apprendre, car ce sera proche de la
façon dont ils parlent réellement. Le gouvernement a un rôle crucial à jouer si la langue du
pidgin doit devenir officielle. Maintenant que nous avons vu les processus de créolisation, la
section suivante traitera des choses qui peuvent être considérées comme des obstacles du pidgin
à devenir un créole.
1.5.2 CONTRAINTES DE CRÉOLISATION
Les arguments contre l'utilisation de pidgins et de créoles dans l'éducation sont de trois
types. Le premier type fait référence à la nature supposée « dégénérée » des pidgins et des
créoles. (Rickford et Traugott, 1985 :255) soulignent une accusation commune contre la langue
créole, affirmant que celui-ci n'est pas une langue réelle ou légitime. Cette affirmation découle de
l'affirmation erronée mais fréquemment affirmée qu'elle ne contient pas de grammaire ou qu'elle
n'est qu'une version brisée du standard. Il est stigmatisé comme un type d'anglais inférieur, une
"langue de déchets". Le deuxième type d’argument est que l’utilisation d’un pidgin ou d’un
créole dans l’éducation est une perte de temps, car dans chaque pays où l’on parle, l’objectif
44
pédagogique est d’apprendre la variété standard de la langue. Par conséquent, il s'ensuit qu'il faut
apprendre la langue standard. Par exemple, (Shnukal, 1992 :4) note que, dans le détroit de
Torres, les gens sont réticents à accepter l’utilisation du créole comme moyen d’enseignement
officiel dans leurs écoles, le considérant comme un moyen de les priver d’un enseignement en
anglais que les Blancs utilisent, et donc les condamnant à un statut permanent de sous-classe. Le
troisième argument est que l’utilisation d’un pidgin ou d’un créole dans l’éducation empêchera
les étudiants d'acquérir un anglais standard.
L’un des plus grandes contraintes de la créolisation est celui de la stimulation et du
renforcement des activités de recherche dans ce domaine. La recherche est une étude minutieuse
d'un sujet, notamment pour découvrir de nouveaux faits ou de nouvelles informations à son sujet.
La puissance, la vitalité et le dynamisme d’une langue peuvent être liés à l’ampleur de l’intérêt
de recherche montré et mené à ce sujet. Plusieurs langues du monde ont des activités de
recherche robustes qui les ouvrent à une analyse empirique au niveau de la phonétique, de la
phonologie, de la morphologie, de la syntaxe, de la sémantique et à l’application de ces
connaissances à la résolution de problèmes de société (liés à la langue), etc.
Un aperçu rapide des activités de recherche menées sur le pidgin nigérian de 1980 à 2010
est inquiétant. Au niveau informel, un travail appréciable a été effectué, notamment vers la fin du
20ème siècle et la première décennie du 20ème siècle. C’est à ce moment que certains érudits ont
eu la recherche sur le pidgin au niveau informel. Par niveau formel, nous désignons ici les
recherches effectuées dans les limites d’un établissement d’enseignement supérieur strictement
placé sous surveillance pour l’attribution de diplômes, diplômes et certificats. Par informel, nous
entendons les recherches effectuées à l’extérieur ou à l’intérieur du cadre formel, mais ne
permettant pas de les qualifier un grade, diplôme ou certificat.
45
Type de
recherche
Pidgin
Nigérian
Langues
Nigérianes
Langues
étrangères
Langue
anglaise
Langue
africaine
Premier
cycle
13 816 1 90 1
Deuxième
cycle
3 215 NIL 21 4
Doctorat 1 40 NIL 5 2
Tableau 2 : Résumé des travaux de recherche « formels » sur les langues au Nigéria au cours de
trois décennies 1980-2010 (University of Ibadan -Nigeria)
Comme on peut le voir sur le tableau, en trois décennies, il n’y a eu que 13 projets de
recherche sur le pidgin nigérian au premier cycle, contre 816 sur les langues nigérianes et 90 sur
l'anglais. Aux cycles supérieurs, d’abord, le programme de maitrise à la période correspondante,
nous n’avons que trois thèses contre 215 sur les langues nigérianes et 21 sur la langue anglaise.
Au niveau du doctorat, pendant trois décennies, il y a une thèse contre 40 sur les langues
nigérianes et 5 sur la langue anglaise. Un autre problème du pidgin est que de nombreux parents
ont du mal à enseigner à leurs enfants. Ils grondent même les enfants chaque fois qu'ils les
entendent parler pidgin parce qu'ils croient que ce n'est pas approprié, alors que la langue
standard est la clé du succès dans les domaines de l'éducation et de l'emploi.
Le Nigéria n'a pas encore choisi de langue nationale qui unifiera tous les groupes
ethniques. Ayant vu les progrès du pidgin jusqu'à présent, c'est l'une des langues à la croissance
la plus rapide, parlée par plus de 75 millions de personnes. Nous examinerons le choix de la
langue nationale dans la section suivante.
46
1.6 CHOIX D'UNE LANGUE NATIONALE
Le nombre de langues différentes en Afrique a été estimé à environ de 800 à plus de
1200. Le Nigeria compte jusqu'à 450 langues - réparties de manière inégale en zones
géographiques et en locuteurs. Bien que classifiantes en quatre catégories :
1. La langue officielle (l'anglais et le français).
2. La langue nationale : l'igbo, le yoruba et l'hausa.
3. Les principales langues reconnues aux niveaux des États, telles que le fulfulde, l’izon,
le Tiv, l’efik, le kanuri, le nupé, l’edo, l’Igala et l’urhobo. Pour ne citer que neuf langues.
4. Les nombreuses langues mineures sont limitées au niveau du gouvernement de district
ou local dans l’Ogono, l’Idoma, le Gwari ou le Ganagana etc.
Le résultat est que les Nigérians sont divisés en groupes dissidents avec des allégeances
distinctes qui créent des conflits internes et menacent parfois même la viabilité de la République
fédérale. Ils accroissent généralement la résistance face aux tentatives de promotion de
l'intégration socio-politique et de la compréhension mutuelle et sapent souvent l'efficacité des
relations inter-ethniques.
En l'absence d'une langue nationale, l'un des besoins les plus pressants du Nigéria est
pour un moyen de communication commun. Selon la phraséologie de Graham Davis, 2010, « un
peuple sans langue propre est une demi-nation ... C'est une barrière à la source, une frontière plus
importante que la forteresse ou le fleuve ». Comme le dit très justement David Smock 1989 : En
définitive et idéalement, les pays d’Afrique de l’Ouest parviendraient plus rapidement et plus
efficacement à réaliser l’unité nationale et les autres avantages d’une nation homogène si des
mesures étaient prises dès maintenant pour promouvoir une langue unique en tant que moyen de
communication dans le pays.
47
Il existe sans aucun doute une résistance généralisée au Nigéria à l’adoption de l’anglais
comme une langue « nationale », même s’il sert maintenant de moyen principal de
communication officiel. Beaucoup de gens pensent que seule une langue autochtone (et non une
langue coloniale) serait en mesure de générer le sentiment nécessaire de fierté nationale, de
sensibilisation culturelle et de loyauté des citoyens. Bien que l'anglais puisse unir
superficiellement les élites, il les sépare nettement des masses. Il faut toutefois comprendre la
triste réalité selon laquelle les identités ethniques et linguistiques sont encore très fortes et que
toute tentative de choisir ou de rejeter l’une des trois principales langues régionales comme
moyen de communication nationale susciterait des réactions amères et intenses.
1.6.1 IMPLICATIONS DU CHOIX D’UNE LANGUE NATIONALE
Les membres de tous les groupes linguistiques du monde ont tendance à résister
instinctivement à toute tentative de les priver de leur langue maternelle. La réalité de la situation
au Nigéria est que, bien que certaines ethnies tolèrent les locuteurs d'autres langues et apprennent
même volontairement à communiquer avec elles, elles s'opposent farouchement à toute menace,
réelle ou imaginaire, de sous-estimer la signification de leur propre langue. Joshua Fishman
(2008) a suggéré comme option politique viable que la reconnaissance et la préservation de
langues importantes dans un État particulier soient complétées par l'adoption d'une ou de
plusieurs langues à des fins officielles et pour la communication au-delà des frontières
linguistiques du pays. Pierre Alexandre souligne toutefois qu'il est très rare qu'une langue locale
puisse être choisie pour atteindre cet objectif sans risquer de générer des problèmes politiques
encore plus graves que ceux résultant du manque d'homogénéité linguistique. Le choix d'une
langue nationale dans un pays ethniquement hétérogène comme le Nigeria a des implications non
seulement politiques, mais aussi sociales et économiques. Comme le dit si justement D. Oke,
48
(1989 :1) «si à l'avenir le Nigéria choisit une lingua franca nationale, ce devrait être avec le
consentement de la grande majorité de la population ». Eugene Nida et William Wonderly
(1996 :5) notent que pour qu'une langue devienne « nationale », elle doit être politiquement
neutre.
Etant donné que les langues igbo, hausa et yoruba sont si largement utilisées au
Nigéria, une de ces langues devrait-elle être choisie comme langue nationale ou toutes devraient-
elles être utilisées ? Pour aider à déterminer la qualification relative d'un médium particulier pour
fonctionner comme langue nationale, Abba Rufai (2013) a mis l'accent sur les principes de base
de la théorie de la planification dans ce domaine: à savoir l'efficacité (la quelle entre les trois
langues est la plus dominante), l'adéquation (est ce que la langue possède toute les critères de
devenir la seule langue nationale) et l'acceptabilité (est ce que cette langue sera accepter par les
citoyens et le gouvernement). Manifestement, aucune des trois langues semi-nationales du
Nigeria ne satisfait à ces critères. La différence qui sépare beaucoup de gens, encourage les
mouvements séparatistes et affaiblit ainsi les loyautés nationales. Quelle est alors la solution ? La
meilleure stratégie pourrait être de choisir une langue « neutre ». Aux fins d'intégration
sociopolitique et de progrès, il est nécessaire de disposer d'un médium pouvant être largement
utilisé dans tout le pays, à tous les niveaux - riches et pauvres, hommes et femmes, éduqués et
non instruits, jeunes et moins jeunes afin que les gouvernés puissent communiquer avec ceux qui
les gouvernent. Comme 70% de la population est pauvre et, selon les normes occidentales,
analphabète, le seul médium non ethnique pouvant interagir à tous les niveaux est le pidgin
nigérian. Dans une mesure notable, il a non seulement encouragé les liens horizontaux entre tous
les groupes ethniques, mais a également favorisé une intégration intra-verticale des masses et des
élites.
49
CHAPITRE II : LE PIDGIN AU NIGERIA
2.1 BRÈVE HISTOIRE DU NIGERIA
Couvrant une superficie de 923 768 km, le Nigéria est un pays anglophone d’Afrique de
l’Ouest entouré de pays francophones (le Niger et le Tchad au nord, le Bénin à l’ouest et le
Cameroun à l’est). Les religions principales sont l’islam, le christianisme et la religion
traditionnelle. Historiquement, avant l’arrivée des Européens au XVIe siècle, la région nigériane
était composée de divers royaumes indépendants qui assuraient eux-mêmes leur gouvernance.
Plusieurs empires (Kanem-Bornu, Benin, Oyo et Sokoto) y ont dominé pendant des siècles avant
que le règne colonial vienne bouleverser le paysage politique de la région. Après avoir fait du
sud un protectorat en 1885 et conquis le nord entre 1901 et 1906, les colonisateurs britanniques
décident, en 1914, pour des raisons administratives et politiques, de fusionner les deux parties de
la région en une seule entité politique qui sera nommée « Nigéria », sous l’autorité du
gouverneur général Frederick Lugard. Comme système de gouvernance, les Britanniques avaient
adopté le système d’administration indirecte (indirect rule) qui consistait à gouverner par
l’entremise des leaders politiques traditionnels (rois et chefs) qui étaient eux-mêmes soumis à
l’autorité des officiers britanniques. Cette décision de fusionner des centaines de groupes
linguistiques distincts initialement indépendants, contraints de vivre ensemble, sera à l’origine de
fortes tensions et de conflits, étant donné que chaque groupe ethnolinguistique cherche à
défendre son identité culturelle. Après des années de luttes acharnées menées essentiellement par
des mouvements nationalistes, qui dénonçaient l’injustice et l’inégalité de la colonisation, le
Nigéria accède à l’indépendance le 1er octobre 1960. Une fois au pouvoir, les nouveaux leaders
africains ont tout simplement choisi de gouverner le pays comme une fédération, ne voulant pas
50
séparer ce qui avait été réuni. Néanmoins, au début, pour faciliter la gouvernance, le pays avait
été divisé en trois régions (l’Ouest, l’Est et le Nord) avec comme capitale fédérale, Lagos. En
1967, le pays est passé à douze États, à dix-neuf en 1976, à vingt et un en 1987 et à trente en
1990. Le Nigéria comprend trente-six (36) États depuis 1996 et Abuja est devenue la capitale
fédérale depuis décembre 1991. La carte suivante présente les six (6) zones de la fédération
nigériane ainsi que les 36 États et la capitale fédérale, Abuja, le constituant.
Figure 1 : La carte du Nigeria
51
Cela faut-il ajouter vingt-huit années de régimes militaires caractérisés par le pillage des fonds
52
publics et la dictature. En effet, quoique les mouvements nationalistes se soient unis d’un
commun accord pour revendiquer la gouvernance de leur propre pays, force est de reconnaître
que cette union n’était que superficielle, puisque chaque mouvement régional ne cherchait que
son propre intérêt, notamment celui de posséder le contrôle du gouvernement central.
Cependant, les divisions les plus inextricables entre les mouvements nationalistes étaient
régionales. Les mouvements nationalistes qui avaient émergé comme des efforts pan-nigérians
pour promouvoir l'indigénisation du gouvernement dans les années 1930 ont dégénéré en partis
politiques régionaux au début des années 1950, avec les adhésions bien circonscrites le long des
frontières ethniques. L'indépendance ainsi réalisée en 1960 était fragile, les partis étant unifiés
sous une constitution fédérale dans laquelle les groupes ethniques politiquement conscients
rivalisaient pour le contrôle du gouvernement central par l’intermédiaire des partis politiques
essentiellement ethniques. Il faut aussi souligner que le Nigéria observe actuellement sa plus
longue période de régime non militaire, depuis l’indépendance. En effet, la passation du pouvoir
du président Olusegun Obasanjo au président élu Umaru Yar’Adua en avril 2007 est un moment
historique, puisque c'est la première fois dans l’histoire du pays qu’un leader non militaire
transmet le pouvoir à un autre. Après la mort de Umaru Yar’Adua en mai 2010, le vice-
président, Goodluck Jonathan a été nommé le président. En 2015 muhammadu Buhari a été élu
président. La démocratie du pays est donc naissante. L’administration politique s’exerce à trois
niveaux : le fédéral, l’État et l’administration locale (local government), (Akinpelu, 2016).
2.2 LA DIVERSITE LINGUISTIQUE AU NIGERIA
Le Nigéria est un pays d'Afrique occidentale qui a longtemps abrité de nombreuses
tribus et royaumes. Le pays que nous connaissons aujourd'hui a été créé par les Britanniques lors
de la fusion de deux États en 1914. Comme nous avons mentionné auparavant, les Britanniques
53
ont gouverné indirectement jusqu'en 1960, année de l'indépendance du Nigéria. Sept ans plus
tard, la guerre civile a éclaté et a duré jusqu'en 1970. La guerre civile nigériane était
profondément enracinée dans la discrimination qui régnait parmi les différentes tribus qui
habitaient et habitent toujours le pays. La diversité très tribale qui a contribué à la guerre civile
est exactement ce qui rend le Nigéria unique et important en tant que pays. Par exemple, environ
521 langues différentes sont parlées au Nigéria, mais neuf d'entre elles sont maintenant éteintes.
Les langues parlées au Nigéria sont une représentation de toutes les langues africaines,
puisqu'elles font partie des trois grandes familles de langues africaines : la famille Niger-Congo,
la famille nilo-saharienne et la famille afro-asiatique. L’anglais est la langue officielle du
Nigéria, mais c’est plus un vestige de la colonisation britannique qu’une décision consciente
d’avoir une langue officielle non autochtone (Akinpelu, 2016).
Le Nigéria est un pays extrêmement fragmenté sur le plan linguistique. En fait, la
situation linguistique actuelle du pays peut être comprise dans le contexte d’un processus
mondial de balkanisation. Selon Connor (1991 :1), il s’agit d’un processus dû à « l’absence
presque totale de coïncidence qui existe aujourd’hui entre les frontières politiques et ethniques
du monde ». Babajide, (2003), sur le plan géographique, le Nigéria compte plus de 160 millions
d'habitants, dont 35% sont des locuteurs de houssa/fulani situés dans la région du nord, 20% sont
des Yorubas qui vivent dans la région occidentale, 18% sont des Igbo situés dans la partie
orientale du pays et dont certaines régions parlent des langues différentes, comme indiqué sur la
carte du Nigéria Babajide (2003 :49) est d’avis que, sur la base des langues parlées au Nigéria, il
convient de supposer que l'haoussa / fulani, le yorouba et l’igbo sont les trois langues principales
et que chacune est largement parlée dans leurs diverses régions, tandis que plus de 450 autres
langues du pays sont considérées comme des langues « minoritaires ». Les étiquettes « langues
54
majoritaires / principales » et « minoritaires » au Nigéria se traduisent également directement par
la répartition du pouvoir et du prestige sociopolitique et économique.
La langue est un puissant outil de contrôle utilisée par les puissances coloniales. La
langue constitue une grande partie de la culture des gens, car c'est à travers elle que les peuples
expriment leurs contes populaires, leurs mythes, préservent leur culture et leur histoire. Pinker,
(1994) considère la langue comme une couverture ou plus puissante caractéristique du
comportement humain. Elle consiste en un ensemble de sous-langues complet et qui se
chevauchent avec un territoire défini éthiquement et géographiquement, connu sous le nom de
dialectes. Certains dialectes sont définis par des paramètres partagés connus pour être
enregistrés, tandis que d'autres sont liés à une profession, à une classe ou à un niveau
d'éducation, ou à une combinaison de ces éléments. Chez les humains, la langue découle d'un
besoin de communication. Halliday (2006) définit la langue en tant que moyen avec lequel les
êtres humains communiquent entre eux. Cependant, la langue, aussi puissante soit-il, fonctionne
dans certaines situations et certains environnements. Par conséquent, la langue n’est pas vécue
isolément mais par rapport à des actions et à des événements dont les paroles et les écrits tirent
leur sens (Halliday, 1985). L'utilisation de la langue lors de différents discours dépend largement
de la situation du contexte basée sur les caractéristiques linguistiques du champ, du ténor et du
mode. Ce sont des concepts très généraux pour décrire comment le contexte de la situation
détermine les types de sens exprimés (Halliday, 2006). Bai et Shi (2002) affirment que la langue
englobe un large éventail de variations dans la diversité des activités humaines dans un système
d'interaction avec quelqu'un, la société ou la culture. Elle joue également un rôle crucial dans la
vie sociale, politique et économique des habitants d’une entité géographique donnée.
55
En dépit de tous les rôles perçus des langues pour l’humanité, une interprétation
globale de celle-ci continue de nous échapper en raison de la complexité de sa structure et des
fonctions qu’elle remplit. Lewis (2001) est d'avis que toute directive concernant la langue, en
particulier dans le système d'éducation, doit tenir compte de l'attitude de ceux qui risquent d'être
affectés. La langue est un outil important dans la société car l'homme en a besoin pour partager
ses idées, ses expériences, ses émotions et pour interagir avec d'autres personnes de la société ou
de son environnement. Il est le principal moyen utilisé par lequel les êtres humains
communiquent entre eux. La langue est principalement parlée, bien qu'elle puisse être transférée
sur d'autres supports, tels que l'écriture (Bhatia, 1993). Crystal (2003) affirme que la langue est
une méthode purement humaine et non instructive de communication d'idées, d'émotions et de
désirs au moyen de symboles produits volontairement. Il existe d'autres formes de
communication comme la communication non verbale, qui consiste à utiliser la langue du corps,
des gestes, des signes et des signaux pour transmettre des informations. Fakuade (1998) définit la
langue comme « le moyen par lequel les hommes communiquent entre eux et avec eux-mêmes ».
Par conséquent, il est de nature à conclure que la langue est un outil efficace de socialisation et
de relations sociales.
Babatunde (2003) observe que la langue remplit des fonctions transactionnelles,
interactionnelles et éducatives. Les rôles des langues dans la société humaine englobent une
grande partie de l'expérience historique des gens, de leurs modes de pensée et de leur vision du
monde. Les rôles linguistiques parallèles à l'incarnation de la culture conduisent à approfondir la
réflexion d'une personne au-delà des nécessités pratiques de la vie sur des aspects tels que la
recherche de connaissances, l'éducation et la collaboration entre sociétés multiethniques. De cette
manière, il a révélé à quel point il est possible pour la langue anglaise d’élaborer des fonctions
56
dans presque toutes les facettes de la vie au Nigeria. Langacker (1973) explique que la langue est
l'instrument qui se propage dans nos pensées, modère notre relation avec les autres et s'insinue
dans nos rêves. C’est fondamentalement un système de conceptualisation, qui facilite la réflexion
et détermine l’action des personnes. C'est un moyen par lequel les gens communiquent. La
pensée et les activités humaines sont complexes et véhiculées, non seulement par les actions,
mais aussi par le véhicule de la langue. L’utilisation de la langue à un moment donné est le reflet
des activités menées, qui donnent naissance au concept de registre au sens le plus large
(Fakuade, 1998). La langue permet d’imaginer des objets, des événements et des états de fait
contrefactuels ; il est intimement lié à l’intentionnalité : caractéristique de toutes les pensées
humaines qui utilisent essentiellement une langue ou qui le dirigent vers des choses extérieures à
elles-mêmes (Drew et Heritage, 1992). En gros, la langue peut être décrit comme un système de
médiation interposés comme une couche entre une couche de « réalité » et une couche de «
société », qui parle dans et de ce monde donnant ainsi naissance au concept de sociolinguistique
qui est la réalité de la société qui façonne et limite l’utilisation de la langue (Fakuade, 1998).
L’utilisation de la langue rend généralement la plupart des actions plus utiles et plus
efficaces, et permet de nombreuses autres actions possibles la réalité (Morris et Hirst, 1991).
L'efficacité linguistique est possible parce que la langue est une activité régie par des règles.
Lorsque les règles sont désobéies, des malentendus, un manque de clarté, de la confusion et de
l'ambiguïté peut se produire. Dans une situation où la structure linguistique ne permet pas une
communication efficace, probablement en raison de manipulations stylistiques, de difficultés de
compréhension et d'interprétation peuvent être confrontés par les utilisateurs de la langue. En
pragmatique, toutefois, les significations sont implicites et la règle suivie est une règle « non-dit,
non écrit» (Keith, 2001).
57
2.3 STATUT ET HIÉRARCHIE DES LANGUES
On distingue en général trois types de langues au Nigéria : (1) les langues endogènes ; (2)
les langues exogènes ; et (3) une langue neutre.
1) Les langues endogènes
Les langues endogènes nigérianes appartiennent à trois des quatre grandes familles de
langues parlées en Afrique, notamment les familles nilo-saharienne, afro-asiatique et Niger-
Congo. Soixante-dix pour cent (70%) des langues nigérianes appartiennent à la famille du Niger-
Congo qu’on retrouve principalement au sud, tandis que les familles nilo saharienne et afro-
asiatique au nord se partagent 30% des langues. Il va sans dire que le statut des langues
endogènes varie selon leurs fonctions dans la société, le nombre de locuteurs et le degré d’usage.
Ainsi peuvent-elles être regroupées en trois classes, à savoir les langues nationales, les langues
régionales et les langues locales. Aussi appelées langues majoritaires parce qu’elles sont des
langues de grande communication, les langues nationales sont les plus influentes et représentent
ensemble plus de la moitié de la population nigériane et sont composées de trois langues (le
yorouba, l’haoussa et l’igbo). Couvrant principalement la partie nord du pays, l’haoussa (une
langue de la famille afro-asiatique) constitue le groupe linguistique le plus important du pays,
avec 29% de la population. Vient ensuite le yorouba, une langue de la famille nigéro-congolaise,
qui domine le Sud-ouest du pays et représente 21% de la population. L’igbo est la troisième
langue importante du Nigéria, dominant le Sud-Est du pays et comptant 18%, (Akinpelu, 2016).
Parlées dans 18 des 36 états, ces trois langues sont officiellement reconnues comme langues
nationales du pays par la Constitution du Nigéria. Elles ont pour fonction d'assurer l’unité du
pays, de promouvoir la culture et elles sont utilisées pour l’éducation formelle initiale, c’est-à-
dire les trois premières années du primaire. Les langues régionales sont les langues qui dominent
58
dans les différentes régions où elles sont parlées. Comptant environ 5 millions de locuteurs
chacune, on dénombre 11 langues dans cette catégorie : le fulfulde, l’efik, le kanuri, le tiv, l’ijo,
l’edo, le nupe, l’igala, l’idoma, l’ebira et l’ibibio. Il convient de souligner au passage que même
si les langues majoritaires sont perçues comme des langues nationales, elles ne sont en réalité
que des langues régionales dans la pratique, étant donné que le yorouba est essentiellement parlé
dans le Sud-Ouest, l’igbo dans le Sud-Est et l’haoussa dans le Nord. Les langues locales, quant à
elles, sont plus de 450 langues et sont perçues comme langues minoritaires, à cause de leur faible
importance sociolinguistique.
2) Langues exogènes et langue neutre
L’anglais, le français et l’arabe sont les principales langues exogènes, tandis que le pidgin
nigérian remplit la fonction de langue neutre. Il faut préciser qu’il y a deux langues officielles au
Nigéria : l’anglais (langue officielle de facto héritée de la colonisation) et le français (proclamé
langue officielle en 1996). Le pidgin nigérian (pidgin anglo-nigérian) est un mélange des langues
nigérianes avec l’anglais standard phonétiquement et grammaticalement simplifié, qui a vu le
jour avec les premiers contacts entre les Britanniques et les populations nigérianes qui ne
parlaient pas l’anglais. Il possède aujourd’hui une forme écrite et est surtout employé dans les
grands centres urbains et le long de la côte du pays. Pour la population non scolarisée, le pidgin
anglo-nigérian constitue une langue de communication forte privilégiée, tandis qu’il est employé
par des personnes scolarisées pour les communications non formelles.
Il y a lieu de noter en passant qu’au Nigéria, il n’existe pas de langue endogène capable
d’exprimer l’identité nationale, puisqu’aucun idiome ne constitue la langue maternelle de la
majeure partie de la population. Il existe plutôt des langues dominantes aux niveaux régional et
local. Ainsi, dans chaque État, les langues avec le plus grand nombre de locuteurs occupent
59
naturellement le rôle d’idiome majoritaire ou de lingua franca (langue véhiculaire). Par exemple,
l’efik est la langue dominante de l’État de Cross River, dans le Sud du pays, où coexistent 50
langues ; il en est de même pour l’État de Nasarawa où coexistent 29 langues dans le nord du
pays, les idiomes majoritaires étant le mada, le rindre et l’eggon. Cette distribution linguistique
complexe constitue sans doute un énorme défi pour les activités d’aménagement linguistique et
suscite parfois beaucoup de rivalités entre les différents groupes ethnolinguistiques, tels que le
régionalisme et l’ethnicité qui sont deux gros obstacles à la construction de l’identité nationale,
(Akinpelu, 2016).
2.4 ORIGINE ET EVOLUTION DU PIDGIN AU NIGERIA
Les récits historiques de l'origine et de l'évolution du pidgin nigérian vont vers Calabar, la
première capitale administrative du Nigéria, où les premiers contacts avec des marchands
portugais ont donné naissance à une langue pidgin à base portugaise connue sous le nom de «
portugais noir » au 15ème siècle. L'arrivée des Britanniques en tant que partenaires commerciaux
et, plus tard, en tant que missionnaires et administrateurs coloniaux, accroît encore la demande
de communication dans le pidgin nigérian, qui s'est métamorphosée en anglais à partir du
passage de l'histoire. Emananjo (1985) reconnaît le pidgin nigérian comme l’une des quatre
langues couramment parlées au Nigéria, en concurrence avec les langues dites nationales du pays
– l’haoussa, l’igbo et le yoruba. La langue témoigne une série de transformations compte tenu du
degré de contact avec ses sources de superstrat et de substrat. Comme nous l'avons dit
auparavant ; au Nigeria, avant et après les indépendances, l’attitude envers le pidgin nigérian
était extrêmement négative et dégradante. Elle était considérée comme « anglais cassé », « jargon
rebelle », « vulgaire » et « corrompue ». Il a été interdit dans les écoles et au sein du
gouvernement. La langue était principalement associée aux paysans, aux personnes sans
60
éducation, aux artisans et à la population générale à faible revenu. De cette façon, le statut du
pidgin nigérian était principalement déterminé par l’identité de ses locuteurs. Même au sein du
cercle linguistique mondial, les langues pidgin n’ont guère retenu l’attention des chercheurs.
C'est pourquoi Holm (2000 : 5) soutient que : Ce n'est que relativement récemment que les
linguistes ont compris que les pidgins et les créoles n'étaient pas des versions erronées d'autres
langues, mais plutôt de nouvelles langues… façonnées par les mêmes forces linguistiques qui ont
façonné l'anglais et d'autres langues « propres ». En dépit de son antagonisme contre le pidgin
nigérian, celui-ci continue de prévaloir et gagne en importance et en utilité contrairement au
pidgin néo-zélandais du peuple maori, remplacé par un anglais standard grâce à l'éducation de
masse. Un autre exemple est le pidgin chinois anglais qui s'est éteint en Chine du fait de son
interdiction par les autorités chinoises. Chaque mouvement visant à éliminer le pidgin nigérian
ou à en réduire la propagation et l’influence au Nigéria a toujours naturellement échoué.
L’exemple du projet WAZOBIA proposé, qui préconisait la création artificielle de la langue
nationale du Nigéria sur la base des ressources provenant des trois langues dites principales du
Nigéria. Le concept est dérivé du mot signifiant « viens » dans ces langues. Wa (yoruba), zo
(hausa) et bia (igbo).
Le projet était un moyen de réduire l’influence du pidgin nigérian mais la conception entière est
morte à l’arrivée. Le pidgin nigérian est resté chez les Nigérians et acquiert de nouveaux rôles
dans toutes les facettes de la vie économique et sociopolitique du pays. Il n'est plus considéré
comme le mode restreint de communication interlingue avec un lexique limité, mais comme une
langue dotée de sa propre vitalité et de sa propre essence. Mufwene (2008 : 7) soutient que : à
mesure que les fonctions de communication des pidgins se développaient (comme dans les villes
issues d’anciennes usines commerciales), ces « variétés de contact » devinrent structurellement
61
plus complexes et leur régularité d’utilisation leur donnait plus de stabilité. Ces caractéristiques
supplémentaires les ont transformés en ce qu'on appelle des pidgins expansés tels que Tok Pisin
et le pidgin nigérian. Le pidgin nigérian est principalement une langue parlée (bien que diverses
tentatives infructueuses aient été tentées pour l’engager à écrire en concevant une orthographe
standard), très polyvalent et dynamique. Les conditions sociales de l’environnement nigérian
imposent de plus en plus d’utilisation et de fonctionnement. De nombreux linguistes (Essien
1993, Egbokhare 2003, Emenanjo 1985, etc.) ont réclamé l'adoption du pidgin nigérian comme
langue nationale au Nigeria, tandis que d'autres (Marchese et Schnukal 1982) ont réclamé sa
reconnaissance en tant que langue autochtone nigériane de sa popularité, sa simplicité et sa
neutralité. La rivalité entre les trois langues dominantes donne au pidgin nigérian un avantage en
tant que meilleure alternative et favori indispensable dans la quête d’une lingua franca du
Nigéria. Elle est détachée sur les plans politique, social et ethnique et est plus acceptable que
n’importe quelle langue nigériane préexistante. Sa simplicité améliore également l’apprentissage,
étant donné sa forme réduite et contractée. Son système sonore, ses stratégies de formation de
mots et sa structure de phrases sont dépourvus de toute complexité pouvant être rencontrée lors
de l’apprentissage d’une langue nigériane. Le rôle renouvelé du pidgin nigérian dans les médias
électroniques, tels que la traduction d'informations, les dramatiques, l'illumination publique, la
mobilisation de masse et l'éducation, favorise sa survie en tant que langue capable de combler les
fossés ethniques et de créer un nouveau badge d'identité. La station de radio Wazobia et la
station de radio Naija FM à Abuja, Lagos et Rivers ancrent exclusivement tous leurs
programmes, des informations à la sensibilisation du public et au divertissement sur le pidgin
nigérian. Ce sont des efforts louables pour maintenir la pertinence du pidgin nigérian en tant que
langue des médias et du discours national. Sur la scène musicale nigériane, en particulier avec la
62
culture émergente de la pop naija, le pidgin nigérian est une langue d’expression prédominante et
une forme de solidarité ou une marque d’identité parmi les divers groupes de jeunes
multiethniques qui aspirent à créer leur culture urbaine respective en raison de leur dynamique de
groupe et de leur orientation sociale.
Dans l'arène religieuse, le pidgin nigérian occupe une place prépondérante dans les
sermons d'église, les chants, les témoignages et un moyen de prière. Tant dans la publicité
imprimée que dans les médias électroniques, le pidgin nigérian a été utilisé de manière créative
et stylistique pour manipuler les valeurs et l’attitude sociales dans la formation du goût des
consommateurs. Il existe un projet en cours de traduction de la Bible en pidgin nigérian, une
initiative de la traduction de la Bible en langue pidgin nigériane (NPLBT) conjointement avec
Literacy International (Ofule, 2010). Dans le domaine universitaire, bien que le pidgin nigérian
ne soit pas un moyen d’enseignement dans les écoles nigérianes, il est souvent utilisé comme
moyen d’expression parmi les étudiants, en particulier ceux des établissements d’enseignement
supérieur pendant les heures creuses. Un certain nombre de genres littéraires tels que le théâtre,
le poème et la prose ont été publiés dans le pidgin nigérian. De nombreux aspects de sa structure
et de ses formes linguistiques ont été décrits et analysés.
Avec une population nombreuse et vigoureuse et une longue tradition de diversité
ethnique et linguistique et de tolérance, le Nigéria a pu développer une société hautement
mercantile avec des centres urbains majeurs des siècles avant le débarquement des navires de
commerce européens au XVe siècle ou l'arrivée du Jihad en le treizième siècle. La vie dans les
villes, les mariages mixtes, les échanges commerciaux et les voyages ont rapproché des
Nigérians de différentes langues pendant des milliers d'années. Le bilinguisme et le
multilinguisme ont toujours été la norme plutôt que l'exception dans la plupart des régions du
63
Nigéria. Pour ces raisons, il est très probable que les versions pidginisées des langues nigérianes
ont été largement utilisées dans de nombreux domaines. En fait, l’haoussa pidginisé est encore
parlé par les non-locuteurs de cette langue sur les marchés autour du lac Tchad, tandis qu'une
forme pidginisée de l'igbo est actuellement utilisée sur certains marchés du Delta du Niger. Le
pidgin nigérian pourrait très bien s’être développé à partir d’une ou plusieurs de ces langues
nigérianes pidginisées parlées le long de la côte avant l’arrivée des Européens. En raison de
l'importance du commerce européen et de la réticence des Européens à apprendre d'autres
langues, des mots européens auraient été substitués aux mots nigérians pour faciliter la
communication. Depuis que les Portugais sont arrivés les premiers, quelques éléments dérivés du
portugais, tels que sàbi 'savoir' et pìkîn 'enfant', auraient été adoptés à l'origine. Parallèlement au
colonialisme britannique, l'éducation européenne s'est faite par l'intermédiaire de missionnaires
dont beaucoup parlaient le krio de la Sierra Léone (principalement d'anciens esclaves ou des
descendants d'esclaves « rapatriés » des Caraïbes).
2.5 PIDGIN NIGERIAN
Au cours de la quête européenne de nouveaux marchés et de matières premières au XVIIe
siècle, de nombreux missionnaires et commerçants portugais sont arrivés sur les côtes de la
Jamaïque et de pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ; les missionnaires ont largement
visité la Sierra Leone, le Cameroun et le Nigeria. À des fins commerciales et religieuses sans
langue commune, ils ont créé une forme de communication avec des bases de la langue
européenne, donnant naissance à la plupart des langues africaines : telles que le créole, le pidgin
et le patois. Ces langues ont fini par servir le camfranglais du Cameroun (mélange de français et
d’anglais) parlé par les jeunes aujourd’hui. Le pidgin nigérian est une lingua franca, parlé le long
des côtes de l’Afrique de l’Ouest et s’est étendu à la diaspora, en raison des migrants nigérians.
64
Après le départ des missionnaires, cette lingua franca ne les a pas accompagnés mais est restée et
est la langue la plus parlée au Nigéria aujourd'hui par rapport à l'anglais. Il existe encore des
mots portugais dans le pidgin nigérian, tels que : « Sabi (savoir) et Pikin (enfant) ».
Le pidgin nigérian est considéré par certains comme une bastardisation de la langue
anglaise utilisée par les analphabètes, bien qu'il soit très parlé au Nigéria par beaucoup de gens,
et ce dès le plus jeune âge. Dans le pays, les personnes alphabètes, telles que le président, les
politiciens en campagne, les avocats, les médecins et les non-alphabètes parlent et comprennent
le pidgin, bien qu'il soit principalement utilisé dans des situations informelles et que l'anglais est
utilisé à des fins officielles et comme moyen d'éducation. Le pidgin nigérian est la langue la plus
largement parlée, car il n’est pas la langue maternelle des tribus du Nigeria, mais la seule langue
que tout le monde comprend et considère comme la forme la plus facile d’interaction parmi la
population. Comme vous le savez, la République fédérale du Nigéria compte trois langues
principales : l'igbo dans l'est, le yoruba dans le sud et l’haoussa dans le nord, l'anglais étant la
langue officielle, à côté de 500 autres dialectes parlés. En effet, le pidgin nigérian est considéré
comme une langue bâtarde car il n’a pas encore de forme écrite standard. Le pidgin nigérian
n'est pas seulement parlé au Nigéria, il est largement utilisé par les communautés de la diaspora
d'Afrique, d'Amérique, d'Angleterre et du Canada. Ces communautés diasporiques utilisent le
pidgin entre elles pour se sentir chez elles.
Bien que toutes les lois et tous les règlements du pays soient rédigés en anglais standard,
ils sont principalement appliqués en pidgin nigérian, ce qui est largement parlé dans les forces
armées, la police et les prisons. De plus, comme beaucoup d'hommes et de femmes d'affaires ne
sont pas éduqués au sens conventionnel, ils communiquent souvent en pidgin. C'est aussi la
langue du système de marché ouvert du Nigéria, ainsi que des événements sportifs, en particulier
65
lors de matches de football. Le pidgin nigérian peut être décrit comme une lingua franca dans
toutes les universités, collèges, lycées et autres établissements d’enseignement. Dans la
littérature nigériane, le pidgin a été utilisé pour des effets à la fois comiques et tragiques dans des
pièces de théâtre, des romans, des nouvelles et souvent des versets, par exemple dans le poème le
plus acclamé de Frank Aig-Imoukhuede, « Une femme pour un homme ». Une première tentative
d'utilisation du pidgin nigérian dans la presse eut lieu en 1969 lorsque le 'Lagos weekend'
commença à publier la colonne "Walkabout" de Wole Falodun, nommée d'après un personnage
dont les escapades étaient de plus en plus nombreuses.
En effet, cette caractéristique régulière est devenue si populaire que d’autres journaux ont
introduit des caricatures et des bandes dessinées qui s’appuient principalement sur leur rire en
pidgin. Bien que généralement limité au divertissement dans les médias, le pidgin est parfois
utilisé pour des commentaires satiriques et des critiques sur des déclarations dignes de l'actualité.
Le Nigéria a essayé de réaliser une plus grande intégration sociopolitique depuis sa fusion en
1914, et le gouvernement fédéral devrait maintenant reconnaître officiellement non seulement la
contribution utile déjà apportée par pidgin, mais surtout son potentiel croissant en tant que
langue pouvant permettre à la nation tout entière de parler, au moins de temps en temps, d’une
seule voix. Il peut être nécessaire de rappeler que la fonction unificatrice nationale d'une langue
créole a été utilisée à bon escient en Sierra Leone, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Cap-
Vert, pour ne donner que trois exemples. Un défaut notable du pidgin nigérian est l’absence
d’orthographe standard. Toutefois, si le gouvernement le promeut officiellement, cela faciliterait
la recherche de l’orthographe et de l’utilisation convenue.
66
2.6 POLITIQUE LINGUISTIQUE AU NIGERIA
Le Nigeria, pays le plus multilingue d'Afrique, compte plus de 450 langues ( Adegbija,
2004). La politique et la planification linguistiques dans le pays revêtent une importance
primordiale, d’abord en raison de la fidélité à différentes langues, et en second lieu, en raison des
implications pour d’autres contextes multilingues dans le monde entier. Une politique est
nécessaire, comme dans beaucoup d'autres contextes multilingues, pour des fonctions officielles,
nationales, éducatives, interethniques et internationales. Bamgbose (2001) observe que : Comme
dans la plupart des pays africains, la politique linguistique au Nigéria est rarement documentée,
mais ses effets se manifestent dans divers domaines, tels que l'utilisation comme langue
officielle, le moyen d'instruction dans les écoles, l'utilisation de la langue par les médias et par
l'assemblée législative, (Bamgbose, 2001 : 1).
Les problèmes de langue au Nigéria étant souvent assez explosifs et conflictuels, les
recensements ne contiennent jamais d'éléments ou de questions sur les langues. Ainsi, des
statistiques fiables portant sur des questions telles que le nombre de langues, leur étendue, le
nombre de locuteurs de chaque langue ou le pourcentage de la population qu’elles constituent
sont rarement disponibles. Sur le plan géographique, le Nigéria est divisé en 36 États et un
territoire de la capitale fédérale, Abuja. Pour la facilité de l'administration, chaque État a été
divisé en zones de gouvernement local. Le nombre varie en fonction de la taille de la population,
de l'influence politique, du pouvoir de pression de la population au sein de l'État et des attitudes
et décisions des gouvernements à la fois fédéral et des États. En tout, le gouvernement fédéral
reconnaît officiellement 774 gouvernements locaux dans tout le pays.
Les langues indigènes nigérianes appartiennent à trois des quatre langues principales
familles en Afrique. Il s’agit du phylum Niger-Kordofanian, auquel appartiennent environ 70%
67
des langues ; le phylum afro-asiatique, auquel appartiennent environ 29,5% des langues, et le
phylum nilo-saharien, auquel appartiennent seulement environ 0,5% des langues nigérianes. Le
phylum Niger-Kordofanian a pour membres le kwa, l'adamaoua et les groupes de langues de
l'Atlantique Ouest. La plupart des langues kordofaniennes du Niger au Nigéria appartiennent à la
branche Kwa (Centre Sous-branche Niger-Congo du Niger Congo). Des langues telles que le
yorouba (également parlé dans des pays voisins comme le Bénin et le Togo), l'igbo, l'oko
osanyin, l’edo, l'igala, l'Idoma, le itsekiri et le nupé appartiennent à la branche kwa du phylum
nigero-kordofanien. Les langues Benue-Congo telles que l'ibibio, l'efik, l'ejagham, le tiv et les
langues adamawa telles que le chamba, les langues jukunoid et les langues de l'ouest de
l'Atlantique telles que le shuwa, qui est membre de la branche sémite, sont également membres
du phylum Niger-Kordofanian. La majorité des langues nigériano-kordofaniennes se trouvent
dans la partie sud du Nigéria, dans les États de Jigawa et de Taraba au nord. Le représentant
principal du phylum afro-asiatique au Nigéria est l’haoussa. L’haoussa est également parlé dans
des pays voisins comme le Tchad, le Niger et le Ghana. Les langues kanuri, dendi et zabarma
sont les principaux représentants du phylum nilo-saharien au Nigeria. Toutes les langues afro-
asiatiques et nilo-sahariennes sont situées dans la partie nord du Nigéria. De nombreuses langues
nigérianes présentent de nombreuses similitudes structurelles, notamment en termes de
classification génétique (Adegbija, 2004 ; Agheyisi, 1984 ; Akinnaso, 1991 ; Brann, 1990 ;
Ruhlen, 1991). Trois principaux types de langues sont reconnaissables au Nigéria. Ce sont : les
langues autochtones ou endoglossiques; langues étrangères ou exoglossiques; et variétés de
langues pidgin, dont la plus dominante est la plupart du temps pidgin nigérian basé en anglais. La
principale langue exoglossique utilisée au Nigéria est l’anglais ; d'autres sont le français et
l’arabe.
68
D'autres langues exoglossiques telles que l'allemand, le russe, l'italien, etc. ont une
présence plutôt minimale, car elles sont largement utilisées dans les ambassades et les familles
d'employés d'ambassades, parmi quelques-uns et dans les salles de classe des universités. Au fil
des ans, l’anglais s’est métamorphosé en deuxième langue en raison de sa pertinence
fonctionnelle, de sa domination officielle et de son rôle de lingua franca nationale au Nigéria.
L’anglais est l’une des langues officielles du Nigéria constitutionnellement reconnues, aux côtés
de trois langues autochtones, à savoir l’haoussa, le yoruba et l’igbo. L'anglais est la langue
prédominante dans l'éducation, les médias écrits et électroniques, le pouvoir judiciaire, la plupart
des transactions officielles, ainsi que devant l'Assemblée nationale et le Sénat. La diplomatie
internationale est également menée en anglais. Les huitièmes Jeux panafricains, auxquels ont
assisté des délégués de 52 pays africains, ont officiellement commencé le 4 octobre 2003 et se
sont déroulés sur 15 jours. Les comptes rendus d'événements se sont déroulés en grande partie en
anglais et en français. Le discours de bienvenue de l'ancien président Olusegun Obasanjo a été
prononcé en anglais et interprété en français. Les présidents du Nigéria parlent anglais lorsqu’ils
visitent d’autres pays et lorsque des dignitaires étrangers se rendent au Nigéria. L’anglais joue
également un rôle majeur - celui d’unification des différentes ethnies nigérianes. C'est la langue
principale de la communication et de l'interaction interethniques officielles et non officielles. Son
rôle est tellement vital que beaucoup de Nigérians pensent que le pays ne peut pas exister, ou du
moins que son existence en tant qu'une entité unique serait gravement menacée ou compromise,
sans l'anglais. Mann (1996 : 104) commente comme suit le rôle et le statut de l’anglais au
Nigéria : « Il est très peu probable que le rôle de l’anglais comme langue officielle du Nigéria
soit remis en cause dans un avenir proche. La mise en valeur récente de l'idéologie capitaliste
dont les principaux agents et acteurs anglophones suite à l'effondrement des systèmes socialistes
69
en Union soviétique et dans d'autres pays d'Europe orientale, renforcer son statut sur la scène
mondiale, Mann, 1996. »
2.7 PARTICULARITÉS ET VARIÉTÉ DU PIDGIN NIGERIAN
Le pidgin nigérian est une variété du créole d’Afrique de l’Ouest, qui remonte au XVe
siècle, dans les régions côtières de Calabar, Port-Harcourt, Sapele, Warri et Badagry. La montée
de l'intérêt pour la traite négrière a provoqué le premier contact entre les Européens et les
Africains et, en l'absence d'un moyen de communication commun, l'émergence d'une langue
pidgin est devenue apparente (Nair, 1972). La première forme enregistrée de pidgin nigérian a
été documentée par le célèbre Antera Duke, chef et commerçant de premier plan dans le Vieux
Calabar, qui a principalement écrit sur les activités qui se sont déroulées entre les Efik et les
blancs (Mensah, 2011). Il est à noter que les premiers contacts des peuples de l'Afrique de
l'Ouest avec les Européens ont eu lieu avec les Portugais au 15ème siècle. Ceci explique la
présence de quelques mots portugais dans le lexique du pidgin nigérian, comme pikin (enfant),
palaver (problème), dash (cadeau), sabi (savoir) etc. (Vanamali, 1993). La documentation
d'Antera Duke est connue sous le nom de journal d'Antera Duke. Fayer (1990) soutient que le
journal d'Antera Duke prouve que le pidgin anglais utilisé dans le vieux Calabar n'était pas
seulement une langue parlée, il avait également des fonctions écrites. Le journal a également
fourni certaines des preuves les plus anciennes du pidgin qui continue sous le nom de Nigerian
pidgin English, Fayer (1990: 185). Malheureusement, une plus grande partie du journal a été
bombardée à la bibliothèque de l'Église unie d'Écosse pendant la Seconde Guerre mondiale
(Fayer, 1990).
70
Un certain nombre de variétés de pidgin nigérian ont été reconnues dans la littérature,
telles que le wafi, principalement parlé à Warri et Sapele (Marchese et Schnukal, 1982),
l'Ajegunle, parlé à Lagos et ses environs (Jowitt, 1991), l'Una, parlées dans le sud du Nigéria
(Mensah, 2011) et l'anglais spécial, les variétés parlées à Port-Harcourt et Onitsha, etc. Une
caractéristique généralement connue de toutes ces variétés est qu'elles se sont développées dans
des contextes très hétérogènes sur le plan linguistique. Elles sont également mutuellement
intelligibles mais chacune a ses particularités sociales et morphosyntaxiques qui la distinguent
comme une variété distincte. La variété Warri serait la plus polyvalente et la plus créative de
toutes les variétés de pidgin nigérian (Marchese & Schnukal, 1982 ; Mensah, 2011). Elle fournit
la plus grande quantité d’argots qui gagne finalement en popularité et devient conventionnelle
dans le lexique de leur variété de pidgin nigérian et au-delà. Parmi les nouveautés inventées dans
la variété Warri, on peut citer efizy « style », káwásáki « quitter rapidement », strafe « relations
sexuelles », ákátá « un afro-américain » et gbósá « un grand bruit » etc. Ces éléments lexicaux
ont des significations socialement inventées qui se propagent progressivement aux autres
variétés. La variété Ajegunle est fortement influencée par l'argot yoruba tel que egunje «pot-de-
vin », tokumbo « marchandise d’occasion », òròbò « une personne extrêmement grosse », lékpá
« une personne très maigre » (généralement une femme), ásháwó « une prostituée », ibeji « twins
» etc.
Chacun des 450 groupes ethniques ou plus au Nigéria peut converser dans la langue pidgin, bien
qu'ils aient généralement leurs propres mots. Par exemple, les Yorùbá utilisent les mots « sebi »
et «abi» lorsqu'ils parlent le pidgin. Ils sont souvent utilisés au début ou à la fin d'une phrase ou
d'une question intonée: "Vous venez, n'est-ce pas?" devient Ṣebi you dey come? ou you dey come
abi?
71
Un autre exemple est l'igbo qui ajoute le mot « nna », également utilisé au début de
certaines phrases pour montrer la camaraderie : Homme, ce test était très difficile, devient Nna,
that test hard no be small. Les Hausas ajoutent le mot « bah » à la fin d'une phrase ou d'une
question posée : Abdul est ton frère n'est-ce pas ? devient Abdul na your brother bah ? Le pidgin
nigérian varie également d'un endroit à l'autre. Les dialectes du pidgin nigérian peuvent inclure le
Warri ; Sapele ; Benin City ; Port Harcourt ; Lagos, en particulier à Ajegunle ; et les variétés
Onitsha. Le pidgin nigérian est surtout parlé dans la region de Delta, riche en pétrole, où la
majorité de sa population le parle comme première langue. Il y a des comptes de pidgin parlés
d'abord dans le Nigeria colonial avant qu'il ne soit adopté par d'autres pays le long de la côte
ouest africaine.
2.7.1 LE PIDGIN ECRIT
Le pidgin est ouvert à de nombreuses influences de l'anglais et des langues nigérianes
locales, notamment des langues haoussa, igbo, yoruba et du groupe de langues édoïdes parlées
dans la région de Delta. Bien qu'une grande partie du vocabulaire du pidgin soit dérivée de
l'anglais, son lexique principal, le reste du vocabulaire, provient d'autres langues contributives
telles que l'edo, l'haoussa, l'igbo et le yoruba, ainsi que du portugais, comme le montrent les
exemples suivants, (Esizimetor and Egbokhare, 2001).
Tableau 3 : Les mots pidgins empruntés de différentes langues
Mots anglais
Chop Manger To eat/ to consume
Domot Couloir door mouth area
Doti Saleté Dirt
72
Pesin Quelqu’un Someone
Trowe Jeter Throw away
Tok Parler To speak
Mots edo
Kpangolo Le recipient Container
Kpekere Chips de plaintain Plantain chips
Okada Moto motor-bike
Ororo Huile végétale Vegetable oil
Ozeba Un gros problème A big problem
Mots hausas
Dabaru Détruire To destroy
Dogo Une personne de grand taille A tall person
Gworo Noix de cola Cola nut
Koboko Fouet a cheval Horse whip
Suya Viande grillée, épicéé Spicy grilled meat
Mots igbo
Akamu Fécule de mais Corn starch/ pap
Biko S'il vous plait Please
73
Obodo Pays Country/ land
Okrika Articles d'occasion Second-hand items
Ogbanje Un esprit de l'eau A water spirit
Ugu Feuilles de citrouille Pumpkin leaves
Mots yorubas
Adire Nouer teindre Tie and dye
Agbo Phytothérapie Herbal medicine
Ashawo Une prostituée A prostitute
Shakara Frimer Show-off
She Espérer Hope
Shele Se produire Happen/take place
Mots portugais
Kpalava Trouble Trouble
Pikin Enfant Child
Sabi Saviour To know
Le pidgin a aussi beaucoup de mots d'anglais qui sont entrés dans la langue sous leur
forme plurielle. Parmi les plus largement utilisés sont : (Esizimetor and Egbokhare, 2001).
Bins Des haricots Beans
74
Machis Les allumettes Matches
Skul fis Frais de scolarité School fees
Soks Les chaussettes Socks
Twins Les jumeaux Twins
2.7.2 LE PIDGIN ORAL
Le pidgin nigérian possède son propre système sonore, très similaire à celui des autres
pidgin anglais de l’Afrique de l’Ouest. Le pidgin nigérian a un système sonore de sept voyelles
orales - a, i, e,ɛ, o, ɔ, u, aux côtés de leurs homologues nasalisés. Ces sons sont commodément
représentés par les lettres <a>, <i>, <e>, <o>, <u> dans le système d'écriture, où <e> représente
à la fois [e] et [ɛ] et <o> représente à la fois [o] et [ɔ], (Esizimetor and Egbokhare, 2001).
Le pidgin nigérian a environ 22 consonnes que le locuteur moyen utilise en combinaison
avec les séquences de voyelles et de voyelles pour produire des sons typiques de la langue. Ces
lettres sont représentées distinctement dans le système d'écriture par 22 lettres romaines et leur
combinaison - b, ch, d, f, g, gb, h, j, k, kp, l, m, n, p, r, s, sh, t, v, w, y, z. <ch> se prononce
comme «ch» en anglais «chat», <j> se prononce de manière similaire à «j» en anglais «juge»,
tandis que <sh> se prononce également de manière similaire à «sh» en anglais «shoot» .
<gb> et <kp> témoignent de l'influence des langues nigérianes sur le pidgin, par exemple: agbo
(Yoruba) «phytothérapie», kpako (yoruba) "dur / quelqu'un de pauvre", kpekere (edo) , ogbono /
ogbolo (igbo), «soupe gluante». Dans de nombreux mots dérivés de l’anglais où les sons "th"
existent, ils sont généralement réalisés sous la forme "d" et "t" dans pidgin. Par exemple: dem
(them), di ‘the’, tink (think) et ‘tank’ (thank).
75
Le pidgin est une langue tonale. C'est-à-dire que la hauteur des différentes syllabes dans
les mots, qui peuvent être hautes ou basses, est souvent utilisée pour créer une différence de sens
dans la langue. La tonalité affecte un groupe important de mots provenant de l'anglais et d'autres
langues nigérianes. Par exemple : babá « un vieil homme », bába « un coiffeur », fadá « un prêtre
catholique » fáda « un maître à quelque chose », igbó « marijuana », igbo « un membre ou une
langue du plus grand groupe ethnique du sud-est du Nigeria », papa « papa ou père », pápa « un
vieil homme » (Esizimetor and Egbokhare, 2001).
76
CHAPITRE III : LA PLACE ET L'AVENIR DU PIDGIN AU NIGERIA
3.1 LE PIDGIN DANS LE PAYSAGE LINGUISTIQUE ACTUEL DU
NIGERIA
Le pidgin se répand rapidement au Nigéria au point que plus de 60% de la population
communique en pidgin. Mensah, E. 2012. Actuellement, le pidgin nigérian a gagné du terrain
dans l'industrie de la musique, la comédie, les médias, les marchés, chez les jeunes, etc. Dans
l'industrie de la musique nigériane, la plupart des musiciens composent leurs chansons en pidgin
et pour faire rire les gens en tant que comédien, vous devez maîtriser le pidgin, car c’est la
langue que vous pouvez utiliser pour capter l’attention des auditeurs. Le pidgin est utilisé dans
les maisons de presse au Nigeria, certaines stations de radio et de télévision sont strictement
destinées au pidgin.
Le pidgin nigérian se distingue des quelque 450 autres langues nigérianes par le fait qu'il
est parlé par des membres de tous les groupes régionaux, ethnolinguistiques et religieux de la
fédération. Le pidgin nigérian se distingue de l'anglais nigérian par le fait qu'il est parlé par des
membres de tous les groupes socio-économiques, alors que seuls ceux ayant de nombreuses
années d'éducation formelle peuvent prétendre parler anglais standard avec maîtrise. Pour
comprendre les affaires du Nigéria et pour communiquer concrètement au Nigéria, une
connaissance du pidgin nigérian devient rapidement indispensable. Bien que le pidgin nigérian
soit à bien des égards le choix le plus logique pour une langue nationale, il n'est pas bien reconnu
par les responsables politiques au Nigéria. Les attitudes officielles à l’égard du pidgin nigérian
demeurent négatives, perpétuant des notions erronées héritées de la période coloniale selon
lesquelles le pidgin nigérian est une forme d’anglais cassé. Il est devenu une lingua franca, il est
considéré l'anglais cassé comme le patois et le créole, parlé le long des côtes de l’Afrique de
77
l’Ouest et s’est étendu à la diaspora, en raison des migrants nigérians. Après le départ des
missionnaires, cette lingua franca ne les a pas accompagnés, il existe encore des mots portugais
dans le pidgin nigérian, tels que : « Sabi (savoir) et Pikin (enfant) ».
Actuellement, le pidgin nigérian est considéré par certains comme une bastardisation de
la langue anglaise utilisée par les analphabètes, bien qu'il soit très parlé au Nigéria par
énormément de personnes, et ce dès le plus jeune âge. Dans le pays, les personnes alphabètes,
telles que le président, les politiciens en campagne, les avocats, les médecins et les non-
alphabètes parlent et comprennent le pidgin, bien qu'il soit principalement utilisé dans des
situations informelles et que l'anglais est utilisé à des fins officielles et comme moyen
d'éducation. Le pidgin nigérian est la langue la plus largement parlée, car il n’est pas la langue
maternelle des tribus du Nigeria, mais la seule langue que tout le monde comprend et considère
comme la forme la plus facile d’interaction parmi la population. Le pidgin nigérian n'est pas
seulement parlé au Nigéria, il est largement utilisé par les communautés de la diaspora d'Afrique,
d'Amérique, d'Angleterre et du Canada. Ces communautés diasporiques utilisent le pidgin entre
elles pour se sentir chez elles.
Actuellement, bien que toutes les lois et tous les règlements du pays soient rédigés en
anglais standard, ils sont principalement appliqués en pidgin nigérian, ce qui est largement parlé
dans les forces armées, la police et les prisons. De plus, comme beaucoup d'hommes et de
femmes d'affaires ne sont pas éduqués au sens conventionnel, ils communiquent souvent en
pidgin. C'est aussi la langue du système de marché ouvert du Nigéria, ainsi que des événements
sportifs, en particulier lors de matches de football. Le pidgin nigérian peut être décrit comme une
lingua franca dans toutes les universités, collèges, lycées et autres établissements
d’enseignement. Le pidgin est toujours utilisé pour transmettre une information importante au
78
public pour une meilleure compréhension ou si une entreprise souhaite faire de la publicité pour
son produit. La vie dans les villes, les mariages mixtes, les échanges commerciaux et les voyages
font partie des facteurs favorisant le pidgin au Nigeria. Ces facteurs ont amené les Nigérians qui
parlent des langues différentes dans des contacts étroits pendant des milliers d'années.
3.2 ASPECTS DE LA SYNTAXE DU PIDGIN NIGERIAN MODERNE
Les caractéristiques syntaxiques à l’étude sont les suivantes : marquage numérique des
noms, identification numérique du nombre et du sexe dans les pronoms et la formation des
questions.
3.2.1 Marquage numérique dans les noms
Selon Mafeni (1971 : 110), les catégories grammaticales de l'anglais ne correspondent
pas nécessairement aux modèles de Pidgin. Il ajoute que la déduction de la forme plurielle d'un
nom de dénomination ne peut être réalisée qu'en plaçant le marqueur pluriel indépendant «dem»
après le nom. Cela signifie que la structure d'un nom au pluriel est N + dem. (Notez que dem est
aussi le mot pour le pronom pluriel à la troisième personne). Ce qui suit sont ses exemples.
Tableau 4 : Le marquage numérique dans les noms
PIDGIN ANGLAIS FRANÇAIS
Di drayva dẹm de kọm
The drivers are coming Les chauffeurs arrivent
A no si di ticha dẹm
I did not see the teachers Je n'ai pas vu les professeurs
Di moto dem gud The cars are good Les voitures sont bonnes
Naija pipu dem no lazy Nigerians are not lazy Les Nigérians ne sont pas
79
paresseux
Wi tẹl awa gads mek dẹm no
it/Wi tẹl awa gads dẹm mek
dẹm no it
We told our guards not to eat Nous avons dit à nos gardes de
ne pas manger
Plẹnti shọshis de dis rod /
Plẹnti shọshis dẹm de dis rod
There are many churches on
this road
Il y a beaucoup d'églises sur
cette route
Cependant, la forme plurielle d'un nom est réalisée en N + -s (+ dem). Cela signifie que le
pluriel de draiva (chauffeur) est soit draivas (chauffeurs), soit draivas dem (chauffeurs).
Même les noms irréguliers conservent leurs formes anglaises au pluriel et apparaissent avec ou
sans la particule dem. Par exemple ; Di men de wok / the men are working/ les hommes
travaillent. Quelques autres déclarations doivent être faites sur le dem qui suit un nom dans une
phrase nominale. Dans la littérature, il est généralement considéré comme un marqueur pluriel,
mais Ndimele (2013 : 1087) le conçoit comme un « totalisateur » en ce sens qu'il peut être utilisé
pour exprimer un concept d'accompagnement ou de comitivité. Il fournit les exemples suivants :
1. De gail dem don mari/ the girl and co are married/ la fille et co sont mariées.
2. Pita dem don mari/ Peter and co are married/ Peter et co sont mariés.
3.2.2 Nombre, genre et cas en pronoms
Dans les pronoms modernes en pidgin, le nombre, le sexe et la casse sont différenciés de
manière à les rendre plus similaires à l’anglais que par le passé. Les formulaires ci-dessous sont
les pronoms standard pidgin nigériens de Elugbe et Omamor (1991 : 90)
Tableau 5 : Le nombre, le genre et le cas en pronoms
80
Sujet Objet Possessive
A/ I/ Je
Mi/me/moi Mai/mine/mon
Yu/ you/ tu (sg)
Yu/you/toi Yo/your/ton
I/him/her/ il/elle
Am/his/her/lui/elle In/his/her/son/sa
Wi, we/ nous
We/os/us/nous Wi/awa/our/notre
Una/ you/ vous (plu)
Una/you/vous Una/your/votre
Dem/ them/ils
Dem/them/leur Dem/their/leur
Nous avons quelques phrases dans le tableau ci-dessous
PIDGIN ANGLAIS FRANÇAIS
Mai mama giv wi fud
My mother gave us food Ma mère nous a donné à
manger
I si di man yẹstade
He/She saw the man yesterday Il / Elle a vu l'homme hier
A dọn giv am in fud
I have given him his food Je lui ai donné sa nourriture
81
Wi dọn giv dem dia mọni
We have given them their
money
Nous leur avons donné leur
argent
Wi dey go wok fo dia fam We are going to their farm to
work
Nous allons à leur ferme pour
travailler
Formation de question : Vous trouverez ci-dessous certaines des façons dont les gens posent des
questions en pidgin.
Tableau 6 : Formation de question ; certaines des façons dont les gens posent des questions en
pidgin.
PIDGIN ANGLAIS FRANÇAIS
Wiẹ wi de go ?
Where are we going to? Où allons-nous ?
Wẹn u kọm?
When did you arrive ? Quand es-tu arrivé ?
Wai dẹm chọp di fud?
Where did they eat the food? Où ont-ils mangé la nourriture ?
3.3 AVANTAGES SOCIOÉCONOMIQUE RELIÉS À LA
CRÉOLISATION DU PIDGIN NIGÉRIAN
On ne saurait trop insister sur le rôle de la langue dans le développement socio-
économique. Là où il n'y a pas de langue, il n'y a pas de développement, et c'est un fait.
82
Cependant, la simple présence d'une langue n'entraîne pas la facilitation du but premier de la
langue, qui est la communication. Le but principal de la langue est la communication. À son tour,
une communication efficace facilite le développement. La communication est une condition
préalable essentielle du développement et elle se manifeste par la langue. La langue doit être
perçue comme communiquant le sens voulu comme un moyen d'atteindre les objectifs fixés et
non comme une fin en soi. Les objectifs fixés dans ce cas seraient l’éducation, l’unité et / ou
l’identité nationales et le développement socio-économique.
Comme le disent les économistes, un véritable choix est fait sur des entités similaires ;
pas ceux qui ne sont pas au pair. Pour utiliser un concept d'économie, on peut avoir des choses
qui ne sont pas égales sans aucun coût d'opportunité. Spécifiquement, l'unité nationale,
l'éducation et le développement socio-économique, d'une part, et l'utilisation de la langue, d'autre
part, ne sont pas égaux. En fait, l’utilisation de la langue facilite le développement socio-
économique, l’unité et la réalisation de l’éducation. Celles-ci peuvent être atteintes sans nuire à
l'autre. Nous affirmons également qu'il est impératif qu'une langue unificatrice soit présente pour
que le développement progresse à un rythme significatif. L’argument est qu’il est possible et
nécessaire d’avoir une langue unificatrice sans pour autant nuire à l’existence d’utilisateurs
d’autres langues. En d’autres termes, il est possible d’avoir une langue unificatrice pour le
développement sans empiéter sur les droits des utilisateurs d’autres langues. La question est de
savoir si le Nigéria peut avoir une langue commune sans nuire à l’utilisation de plus de 450
langues existantes. À notre avis, le Nigéria peut imposer l’utilisation d’une langue commune
sans porter atteinte aux droits des utilisateurs de langues minoritaires. En d'autres termes, les
Nigérians peuvent être identifiés par une langue commune, tandis que différents groupes
ethniques conservent leur identité en utilisant leurs langues minoritaires. Le Nigéria peut
83
atteindre ses objectifs en matière de développement et exiger que la langue soit utilisée par le
pays pour une communication efficace. Le développement est facilité par la convergence des
objectifs et par le partage de la même vision par la langue et la communication. Nous observons
que la langue est indispensable au développement et à l’unité.
La vision de la langue et de la communication en tant qu'ingrédient indispensable de
l'unité et du but de la direction remonte à des temps immémoriaux. L'histoire biblique de la tour
de Babel est assez explicite à ce sujet. Genèse 11 : 5-7 dit : « Et l’Eternel dit : Voici, ils forment
un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne
les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté, allons, descendons, et là confondons leur
langue, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres ». Le Seigneur a dit que si
comme un peuple parlant la même langue ont commencé à le faire, rien de ce qu’ils envisagent
de faire ne sera impossible. Venez et laissez-nous descendre et confondre leur langue, afin qu'ils
ne se comprennent pas. Au moment où il y avait beaucoup de langues, il n'y avait aucune
compréhension entre elles. Ils ont arrêté de construire la tour et se sont dispersés à travers le
monde. Ils ont abandonné le projet. La conséquence inévitable et malheureuse de nombreuses
langues est que le projet a été abandonné. Cela implique qu’ils n’ont plus la même vision. Cette
situation regrettable existait malgré l'existence d'autres langues (minoritaires). Il est également
évident qu'aucun des groupes plus petits avec leurs langues minoritaires n'a continué à construire
la tour, malgré une communication efficace entre eux. Ceci confirme l’adage : Unis, nous
sommes ; divisés nous tombons. Une langue commune unissait les gens, leur donnait un but et
leur permettait de percevoir la même vision. Il est clair qu’une langue commune est importante
pour l’unité de but dans tout ce que nous faisons et que notre but ici au Nigéria est, espérons-le,
le développement. Notre tour de Babel au Nigeria est en développement. Il est également clair
84
que pour que le développement ait lieu, il doit y avoir une unité de but et partager la même
vision. L'UNESCO estime qu'il n'y a rien dans ce monde qui favorise la compréhension entre les
peuples mieux que la communication. Cela implique donc que la communication ne peut être
présente sans symboles de communication communs, qui est une langue commune. Cela
maintiendra le pays concentré sur le développement. En revanche, l’absence de la langue
commune est une garantie d’échec. Dans tout processus de développement, une communication
efficace est fondamentale. Comme Smith et Smith (1971 : 553) le voient, une communication
efficace n’est possible que si les messages sélectionnés possèdent une utilité pour la destination.
En d'autres termes, la communication peut être considérée comme efficace si la transmission des
messages à l'utilisateur prévu est sous une forme précise et compréhensible. Si le message n'est
pas compris par l'utilisateur, la communication est interrompue, rendant ainsi les informations
inutiles et dépourvues de toute pertinence pour la prise de décision en cours de développement. Il
n'est pas besoin d'insister sur le fait que l'on ne peut pas commencer à parler de la sélection de
messages pour la communication avant l'utilisation d'une langue commune. Nous observons ici
que pour qu'une nation soit centrée sur son développement national, une langue commune est
une nécessité et non un luxe.
Le Nigéria a besoin d'une langue commune, non pas comme une fin en soi, mais pour une
communication efficace dans le domaine de l'éducation, pour la construction de l'unité nationale
et pour le développement socio-économique. Le pidgin est la langue commune qui n'appartient
pas à une région particulière, il est parlé partout dans le pays, aussi bien les alphabètes que les
analphabètes l’utilisent. La plupart des habitants des zones rurales qui ne peuvent pas s'exprimer
en anglais britannique mais qui ont quelque chose à offrir au développement du pays sont
toujours laissés pour compte en raison de leur incapacité à parler la langue officielle. D'autre
85
part, la langue détermine le statut économique de ses locuteurs, l’incapacité de parler certaines
langues conduit souvent à la pauvreté en affectant l’accès des individus à l’emploi et à
l’éducation, ainsi que leur capacité à participer sur un pied d’égalité aux fonctions de la société.
Un pays où la majorité de la population parle la même langue se développe plus
rapidement qu'un pays où il y a tant de langues. Le problème que nous avons au Nigéria ou en
Afrique est que nous avons peu de personnes capables de communiquer couramment dans nos
langues officielles et cela affecte le développement de notre continent. Par exemple, en Chine, en
Inde, aux États-Unis d'Amérique, en France, en Allemagne et dans de nombreux autres pays où
la majorité de la population parle la même langue a connu un développement rapide. La
République populaire de Chine et la République de l'Inde sont non seulement les deux États les
plus peuplés du monde, mais également deux des économies dont la croissance a été la plus
rapide des dernières années - et un moteur de plus en plus important de l'économie mondialisée.
La Chine a connu une croissance avec des taux proches de deux chiffres depuis les premières
réformes de 1978 et est aujourd'hui le premier récepteur mondial d'investissements directs
étrangers. Depuis 1980, l’Inde génère une croissance réelle moyenne de 6% par an, dépassant
constamment la barre des 8% depuis 2003. Dans les années à venir, les économistes s’attendent
toujours à des taux de croissance supérieurs à la moyenne mondiale. Wilson et Purushothaman
(2003) dans leur célèbre étude sur les BRIC de Goldman Sachs estiment même que la Chine sera
la plus grande économie du monde d'ici 2039, suivie des États-Unis et de l'Inde.
Le développement économique et la modernisation socioculturelle en Afrique sont à
l’ordre du jour académique et politique depuis plus d’un demi-siècle, c’est-à-dire depuis la fin du
colonialisme européen et l’indépendance de la plupart des pays africains - avec des succès qui
accusent un retard considérable. Les Nations Unies ont fixé des objectifs ambitieux pour le
86
Millénaire pour le développement, qui doivent être atteints d’ici à 2015 - l’année est déjà
écoulée, mais ils ne sont pas atteints. Nous essayons de fournir des explications sur la persistance
du sous-développement au Nigeria dans une perspective non conventionnelle. Il identifie les
déficits du discours académique et politique actuel sur l'Afrique dans la mesure où ils se
rapportent à un mépris alarmant du facteur linguistique. Une planification linguistique est
nécessaire pour réaliser les transformations de la société et contribuer au développement
académique et économique nécessaire au Nigéria pour surmonter le sous-développement,
principalement en exploitant ses propres ressources linguistiques, culturelles et intellectuelles.
3.4 OBSTACLES À LA CRÉOLISATION DU PIDGIN AU NIGÉRIA
Pour qu'un pidgin devienne un créole, il doit surmonter certains obstacles avant de
pouvoir se tenir debout. Nous examinerons certains facteurs pouvant constituer des obstacles à la
créolisation ;
1. Le gouvernement : si le gouvernement continue à considérer le pidgin comme une langue
inférieure, il deviendra difficile pour le pidgin de devenir un créole. Ils ont le pouvoir de
reconnaître le pidgin comme une langue nationale compte tenu du nombre de ses
locuteurs, mais ils le voient toujours comme une langue destinée aux non-éduqués. À ce
sujet, Deuber (2005: 183) a déclaré: Bien qu’il s’agisse d’une lingua franca majeure, elle
n’a pas de reconnaissance officielle; même sans déclaration de politique, il remplit une
gamme croissante de fonctions, y compris par exemple celle d'un média de radiodiffusion
publique, mais le gouvernement n' a aucun effort en place pour le développer afin de lui
permettre de s'acquitter de ces fonctions, comme cela a été fait pour les langues
autochtones majeures et, dans une certaine mesure, aussi pour les langues autochtones
87
mineures. Le gouvernement est le premier obstacle qui empêche la créolisation du pidgin
au Nigeria.
2. Idéologie : Tant de gens ont une très mauvaise idéologie envers le pidgin. Ils croient que
c'est une langue vernaculaire utilisée par ceux qui ne sont pas éduqués. De nombreux
parents empêchent leurs enfants de communiquer en pidgin parce qu'ils pensent que cela
les empêchera de trouver un bon travail à l'avenir. Certains pensent que cela affectera
leurs résultats scolaires. Par exemple, Agheyisi (1971 : 30) indique que les utilisateurs de
pidgin sont ceux qui n’ont que peu ou pas d’éducation formelle. En d'autres termes,
l'affirmation selon laquelle le pidgin est le code du non-alphabète ne semble pas avoir de
validité, car il y a beaucoup de locuteurs éduqués au Nigeria, ils maîtrisent parfaitement
l'anglais standard et le pidgin (Akande 2008).
3. Politiques : Politiquement, le pidgin est marginalisé. Bien que l'anglais et les autres
langues principales soient reconnus dans notre constitution, le pidgin ne l'est pas du tout.
Deux raisons principales peuvent être avancées pour cela. Le premier est le fait que la
plupart des Nigérians, y compris les élites, considèrent le pidgin comme une simple
langue de contact dont on ne peut pas dire qu’elle appartient à une région particulière,
contrairement aux trois langues principales qui ont une base régionale ou ethnique. En
tant que tel, ce n'est la langue d'aucun groupe ethnique. Deuxièmement, bien que le
yorouba, l’haoussa, l’igbo, le français et l’anglais soient étudiés en tant que discipline
dans les établissements secondaires et les établissements supérieurs du Nigéria, il n’existe
à notre connaissance aucune école secondaire où le pidgin est enseigné en tant que sujet.
De même, il n’existe pas de département du pidgin dans une institution supérieure au
Nigéria bien que certaines dissertations aient examiné l’un ou l’autre des aspects du
88
pidgin. Cela implique également que le pidgin est marginalisé dans le programme
scolaire du Nigéria. La non introduction du pidgin dans le programme est politique.
L’existence d’un tel département, où le pidgin est une discipline, signifierait que le
gouvernement ainsi que les universités nigérianes devront le financer.
4. Au niveau social : D'une manière générale, les attitudes linguistiques peuvent être
étudiées à partir de deux cadres théoriques : l'approche comportementaliste qui se
concentre sur les réponses apportées par les locuteurs d'une langue aux fonctions sociales
de la langue (Fasold, 1984) et l'approche mentaliste qui considère les attitudes comme
des états internes utilisés pour prédire un autre comportement (Ihemere, 2006). Bien
qu'en théorie, aucune langue ne soit linguistiquement mineure ou majeure, légitime ou
bâtarde, les gens ont tendance à percevoir le pidgin comme une langue corrompue,
bâtarde ou moins (Igboanusi, 2008 ; Mann, 1996). Comme l'ont souligné Elugbe et
Omamor (1991 : 146), l'attitude à l'égard du pidgin n'est déterminée par aucun critère
objectif. Bien que le pidgin soit utilisé par plus des deux tiers de la population totale du
Nigéria aujourd’hui (Faraclas 2004 ; Igboanusi, 2008) et malgré son utilisation par des
personnes de différents horizons, notamment des diplômés et des professionnels (Akande,
2008), les attitudes générales de la majorité des Nigérians envers le pidgin ne sont
toujours pas encourageantes. Deuber (2005 : 183) note également que le pidgin est la
langue la plus négligée au Nigéria, car aucun rôle majeur ne lui est attribué. Elugbe et
Omamor (1991) et Egbokhare (2003) suggèrent de donner au pidgin le statut de langue
officielle ou nationale, tandis qu'Igboanusi (2008) plaide pour son utilisation en tant que
moyen d'enseignement dès le début de l'enseignement primaire, en particulier pour les
enfants qui peuvent l'utiliser. Pour relever le statut du pidgin au Nigeria, le gouvernement
89
doit le considérer comme une langue unificatrice. La sensibilisation est nécessaire pour
changer les mentalités des gens vers la langue.
5. Economique : L’un des arguments majeurs en faveur de l’adoption du pidgin en tant que
langue nationale est qu’il est un code neutre car il n'a pas de base ethnique. Igboanusi
(2008 : 69) examine les moyens de responsabiliser le pidgin au Nigéria et souligne que
l'éducation est l'institution la plus importante pour augmenter la valeur du pidgin.
Cependant, l’étude d’Igboanusi (2008) montre qu’il n’y a pas de consensus parmi ses
sujets sur l’octroi d’un statut officiel ou national au pidgin, certains d’entre eux estimant,
entre autres, que celui-ci n’a aucune valeur économique. Si les gens ne voient pas les
effets économiques d'une langue, cela affectera sûrement les progrès de cette langue. Le
pidgin ne peut pas être utilisé pour effectuer des transactions commerciales entre de
nombreux pays du monde. De ce fait, il sera difficile de devenir un créole.
6. Manque de recherche adéquate : Un des plus grands défis du pidgin nigérian pour le reste
du XXIe siècle consiste à stimuler et à renforcer les activités de recherche dans ce
domaine. La recherche est une étude attentive d'un sujet, notamment pour découvrir de
nouveaux faits ou de nouvelles informations à son sujet. La puissance, la vitalité et le
dynamisme d’une langue peuvent être liés à l’ampleur de l’intérêt de recherche montré et
mené à ce sujet. Plusieurs langues du monde bénéficient de nombreuses activités de
recherche qui les ouvrent à une analyse empirique au niveau de la phonétique, de la
phonologie, de la morphologie, de la syntaxe, de la sémantique et à l’application de ces
connaissances à la résolution de problèmes de société etc. Un aperçu rapide des activités
de recherche menées sur le pidgin au Nigéria entre 1980 et 2010 est inquiétant. Au niveau
informel, un travail appréciable a été accompli, notamment vers la fin du 20e siècle et la
90
première décennie du 20e siècle. C'est à ce moment que certains chercheurs ont eu un
impact sur la recherche sur le pidgin au niveau informel. Par niveau formel, nous
désignons ici les recherches effectuées dans les limites d’un établissement
d’enseignement supérieur strictement placé sous surveillance pour l’attribution de
diplômes, de diplômes et de certificats. L'informel fait référence aux recherches
effectuées à l'extérieur ou à l'intérieur des cadres formels mais ne qualifiant pas pour un
grade, un diplôme ou un certificat. Il peut s'agir d'articles de revues, d'ouvrages ou de
chapitres d'ouvrages, notamment Mafeni (1972) ; Ifode (1984) ; Faraclas (1983, 1996) ;
Elugbe et Omamor (1991, 1995) ; Munzali (1995) ; Okon (1997)., 2003) ; Egbohkare
(2001) ; Essien (2003) ; Igboanusi et Peter (2005) etc. Ce sont les travaux de ces
spécialistes qui nous ont permis d’avoir un aperçu de l’origine, du développement et de la
répartition géographique du pidgin nigérian, mais aussi, dans une moindre mesure, de la
structure. Même à ce niveau, on peut toujours dire qu'il y a peu de recherche, compte tenu
de l'ampleur des recherches effectuées en conséquence sur les autres langues en
compétition pour la pertinence dans le pays.
À la lumière de ce qui précède, plusieurs défis, règles et oppositions doivent être surmontés pour
que la réalisation de la créole en ce XXIe siècle devienne une réalité plutôt qu'une fantaisie.
3.5 LES PROPRIETES D'UNE LANGUE STANDARD
Les propriétés d'une langue standard sont dites "stabilité flexible" et "intellectualisation".
Paul Garvin (1964) a clarifié ces concepts : La stabilité flexible fait référence à la nécessité de
stabiliser une langue standard par une codification appropriée et de la rendre suffisamment
flexible "pour permettre une modification adaptée au changement de culture.
L’intellectualisation fait ici référence à la nécessité d’augmenter la précision sur une échelle
91
croissante de dialectes fonctionnels, de la conversation au scientifique. En outre, selon Garvin,
une langue standard doit remplir trois fonctions : la fonction unificatrice, la fonction prestige et
la fonction cadre de référence (Garvin 1964 : 522). Par sa fonction unificatrice, une langue
standard relie plusieurs régions de dialecte en une seule communauté linguistique standard qui
peut être identifiée comme une entité distincte des autres langues voisines. La fonction de
prestige confère à une langue standard une supériorité sur les variétés locales non standard et sa
possession confère un prestige social à ses locuteurs par rapport à ceux qui ne la possèdent pas.
En tant que cadre de référence, la langue standard est l'outil permettant de juger des degrés de
pertinence (exactitude) dans un contexte social.
3.6 LA SURVIE ET L'AVENIR DU PIDGIN DANS LA SOCIÉTÉ
NIGÉRIANE
Beaucoup ont applaudi la croissance et le développement du pidgin nigérian au fil des
ans. Selon Esogbue dans Osuagwu (2010 : 3), la langue (pidgin nigérian) se développe et l'idée
autrefois selon laquelle la langue est une langue d'analphabètes se termine rapidement et est
progressivement remplacée en tant que langue unique du nigérian quand même le football de
l'équipe nationale du pays utilise la langue comme moyen de communication sur le terrain. Pour
attester davantage de cette croissance, il est fait référence aux recherches approfondies qui ont
été menées sur le pidgin nigérian, en particulier au cours de la dernière décennie du 20ème siècle
et de la première décennie du 21ème siècle. En appréciant ces efforts de recherche sur le pidgin
nigérian, Bassey (2008 : 25) précise que « tous ces efforts de recherche menés sur le pidgin
montrent que le pidgin connaît une croissance rapide, à l'instar de toute langue à part entière ».
Les enthousiasmes, les attentes, l’intérêt de la recherche sur le pidgin à cette époque étaient tels
qu’il était appelé à devenir la langue nationale, résolvant ainsi la question des langues nationales,
92
qui perdurait. Selon Agbeyisi 1983 à Okon (2010), l'utilisation du pidgin nigérian est devenue un
phénomène plus répandu. De plus, les deux dernières décennies peuvent être considérées comme
la période d’émancipation d’une langue au Nigéria. Le pidgin est considéré comme une langue
potentielle pour la communication dans les communautés typiquement multilingues, mal
intégrées et en urbanisation. Les antécédents multilingues du Nigéria constituent un véritable
terrain d’émergence du pidgin nigérian en tant que formidable langue nationale. Selon les
estimations, le Nigéria compte 400 à 500 langues, Gital (1998). Depuis l’indépendance, la langue
anglaise, soutenue par la domination coloniale britannique, avait acquis une force numérique non
seulement en tant que langue seconde, mais également en tant que langue officielle. Il confère
actuellement à ses locuteurs un nombre important et impressionnant d'utilisations qui traduisent
une langue standard, ainsi que le prestige, la confiance en soi et le pouvoir, Essien (2003). Sur le
nombre de langues autochtones indiqué ci-dessus, trois ; L’hausa, l'igbo et le yoruba sont les
principales langues (Brann, 1993). Il a fallu près de deux décennies d’écriture, de beaucoup de
discussions, d’expérimentation, de mobilisation des gens, d’influence sur les décisions et les
actions en matière de politique linguistique, de planification et de gestion, Jun Aid (2008) avant
que les trois langues principales ne deviennent des langues nationales. On peut faire valoir que
s'il a fallu tant de personnes, de temps et d'efforts concertés pour que les trois langues principales
atteignent leur statut actuel, le pidgin nigérian pour lequel aucun effort concerté n'a été consenti
pour élever son statut, ni aucune voix déterminée travaillant sur son nom a tendance à avoir une
faible chance de survie. Une reconnaissance et un statut encore plus importants sont encore
recherchés pour les langues nigérianes dans une nouvelle politique linguistique nationale
proposée. Le gouvernement a tendance à privilégier cette approche avec des défenseurs engagés
de ces langues au sein du groupe de formulation des politiques, qui constituent tous des obstacles
93
contre le pidgin nigérian. Le pidgin connaît une croissance rapide au Nigéria et au-delà. La BBC
utilise maintenant le pidgin comme l’une des langues utilisées pour transmettre l’information. En
dépit de cette croissance évidente, le gouvernement ne voit toujours pas la nécessité de faire du
pidgin une langue nationale. La langue doit avoir une utilité, pas seulement pour le spectacle.
Nous avons besoin d’une langue nationale de sorte qu’au moins 90% de nos citoyens
comprennent les points de vue de chacun et puissent facilement collaborer les uns avec les autres
s’ils le souhaitent. Si nous ne pouvons même pas nous comprendre, pouvons-nous fonctionner
comme une véritable démocratie ? Dans une vraie démocratie, les citoyens partagent leurs points
de vue et tentent par consensus de développer une vision commune bénéfique pour tous. Le
pidgin nigérian a favorisé la propagation des idées nationales, des développements
socioculturels, linguistiques et politiques ainsi que la paix et l’unité dans le pays car c’est la seule
langue à laquelle les personnes éduquées et non éduquées peuvent s’identifier. Le pidgin nigérian
reste l’une des langues le plus dynamique dans la société en dépit de sa reconnaissance
officieuse.
Il y a beaucoup de choses que nous avons à gagner si une attention appropriée est
accordée au pidgin au Nigeria. Nous allons considérer certains avantages du pidgin qui peuvent
faciliter le développement du pays.
1. Avantages économiques : Au niveau économique, faire du pidgin une langue nationale
nous aidera économiquement, il y a beaucoup de gens qui ont un grand potentiel mais ne
peuvent pas l'injecter dans la société à cause de la barrière de la langue. Si le
gouvernement peut reconnaître le pidgin comme une langue nationale, il favorisera non
seulement l'unité mais aussi l'économie du pays, cela réduira le taux de chômage parce
que beaucoup de gens vont devenir des membres importants de la société. Aussi, les
94
coûts de transaction sont moins élevés chez les personnes qui partagent une langue
commune.
2. Avantages politiques : Au niveau politique, le pidgin joue un rôle important, c'est l’une
des langues utilisées par les politiciens lors de la campagne politique pour convaincre les
masses. Si le pidgin est considéré comme une langue nationale, beaucoup de gens
participeront à la politique. En outre, cela aidera le gouvernement à connaître l'opinion
des personnes qui ne parlent pas l'anglais standard.
3. Avantages sociaux : La langue est par excellence un phénomène de société. La langue ne
peut apparaître que s'il y a des groupes sociaux. En raison du nombre de personnes qui
parlent le pidgin au Nigéria, cela favorisera la solidarité. Quand un groupe de personnes
parle la même langue, il se sent instantanément de la solidarité entre eux. Le pidgin peut
être un facteur déterminant dans une société où nous avons plus de 450 langues. Les gens
s'expriment mieux quand ils parlent le pidgin, c'est la langue que les musiciens, les
humoristes, les politiciens, les hommes et les femmes du marché utilisent dans la société
pour gagner leur vie. Toutefois, l'avenir du pidgin au Nigéria est très prometteur, car le
taux d’utilisation quotidienne de cette langue par les gens est énorme.
95
CONCLUSION
Cette recherche nous a permis d’examiner le Pidgin Nigérian, son état actuel, son avenir
et l'éventualité d'une reconnaissance officielle. Après avoir vu tant d'avantages que nous aurons à
gagner si le Pidgin Nigérian obtient un statut officiel compte tenu de sa popularité, et son impact
dans la société, nous exhortons le gouvernement à considérer d'urgence étant donné l'attention
qu'il convient au pidgin. Nous avons vu les définitions du pidgin par différents auteurs et les
différents types de pidgins. Viveka définit le pidgin comme une langue qui apparaît lorsque des
groupes de personnes sont en contact étroit et répété, et ont besoin de communiquer les uns avec
les autres mais n'ont pas de langue en commun, (Viveka, 2015). Selon Jourdan, un pidgin est une
langue secondaire dans une communauté de parole, (Jourdan 1991 : 196), c'est-à-dire qu'un
pidgin n'est généralement pas la langue maternelle de ses locuteurs, bien qu'il existe des
situations dans lesquelles les langues pidgin acquièrent des locuteurs natifs, notamment en milieu
urbain. Un pidgin est une langue structurée qui émerge de la nécessité d'un pont de
communication entre des locuteurs de langues mutuellement inintelligibles. Il est généralement
appris en tant que langue seconde et est généralement utilisé dans des situations spécifiques ou
en tant que lingua franca dans les communautés. Un pidgin est un système de communication
normatif à acquérir, mais qui n'est pas encore la langue maternelle, (Bakker 2008 : 131). Nous
avons vu différents types de pidgins et parmi ces types de pidgin, les pidgins commerciaux et
nautiques, les pidgins étendus, les pidgins militaires et les pidgins urbains sont utilisé au Nigeria.
Nous avons examiné les définitions du créole dans cette recherche. Un créole est une
langue naturelle parlée en tant que langue maternelle par toute une communauté née de situations
96
de contact intense. Les créoles sont des langues à part entière égales à toutes les autres langues
naturelles du monde et sont capables de répondre à tous les besoins linguistiques de la
communauté de la parole concernée. Todd, (1974) définit également un créole de la façon
suivante : « un créole se présente lorsqu'un pidgin devient la langue maternelle d'une
communauté de parole ». Il est plus simple de définir un créole comme tout pidgin qui devient
stable et que les enfants apprennent en tant que langue maternelle. Nous nous sommes également
penché sur les types de créoles, parmi ces types de créoles, les créoles exogènes et les créoles
endogènes seront important si le Pidgin Nigérian devient en créole. La recherche nous a permis
d'examiner la différence entre le pidgin et le créole ; le pidgin n'a pas de locuteurs natifs mais le
créole a de locuteurs natifs, le pidgin n'a pas le statut officiel mais le créole a le statut officiel
(pas dans tous les cas).
En outre, nous nous sommes penché́ sur les similitudes entre le pidgin et le créole. Les
deux langues apparaissent naturellement dans une situation de contact en raison du manque de
langue commune à partager entre groupes de personnes. Elles servent de lingua franca (langue de
communication plus large). Selon (Wardhaugh, 2006), le pidgin et le créole résultent d’un besoin
fondamental que les personnes qui parlent différentes langues doivent trouver un système de
communication commun. Nous avons vu les particularités et les dimensions d’un créole, les
processus de créolisation et les contraintes de créolisation. Quand on parle de particularités et les
dimensions d'un créole, il s'agit ici d'éléments permettant de reconnaître ou d'identifier un créole.
Les processus de créolisation s’agissent de comment se forme un créole, c'est-à-dire les
approches qu'il faut suivre avant de former un créole. Cette recherche nous a ouvert les yeux sur
différentes approches de créolisation ; l'approche de Bickerton, l'approche de basilectalisation
97
progressive, l’approche constructive et l'approche dominante. Certes, ces approches sont
nécessaires pour former un créole.
Notre étude sur les contraintes de créolisation a révélé́ énormément de choses qui peuvent
empêcher le pidgin nigérian de devenir un créole. Un des problèmes du pidgin c'est que de
nombreux parents ont du mal à enseigner à leurs enfants. Ils grondent même les enfants chaque
fois qu'ils les entendent parler pidgin parce qu'ils croient que ce n'est pas approprié, alors que la
langue standard est la clé du succès dans les domaines de l'éducation et de l'emploi. Nous nous
sommes penché́ sur l'importance du choix d'une langue nationale et l'implication du choix d’une
langue nationale.
Nous avons examiné les variétés du pidgin parlé au Nigeria. Pendant notre recherche,
nous avons constaté qu'il y a différentes variétés du pidgin au Nigeria, la variété Warri est la plus
polyvalente et la plus créative de toutes les variétés de pidgin nigérian (Marchese & Schnukal,
1982 ; Mensah, 2011). Le pidgin écrit et le pidgin oral étaient bien traités dans cette recherche.
Nous avons examiné les avantages socioéconomiques reliés à la créolisation du pidgin nigérian.
Là où il n'y a pas de langue, il n'y a pas de développement. Le développement est facilité par la
convergence des objectifs et par le partage de la même vision par la langue et la communication.
Pendant la recherche, nous avons constaté que la langue est indispensable au développement et à
l’unité.
Le Pidgin Nigérian présente d'énormes avantages, les musiciens, les comédiens, les
stations de radio et de télévision, les producteurs de films, les footballeurs, les hommes et les
femmes du marché gagnent énormément d'argent avec l'utilisation du Pidgin Nigérian. Pendant
les campagnes électorales, les politiciens utilisent le pidgin pour pouvoir convaincre les citoyens.
98
Le pidgin nigérian joue un rôle important dans la société, mais il est dommage qu'il n'ait pas
encore obtenu de reconnaissance officielle.
Nous proposons au gouvernement de promouvoir l'utilisation accrue du pidgin nigérian
de plusieurs manières. Tout d’abord, son utilisation actuelle à la radio et à la télévision pour les
campagnes nationales de sensibilisation et les grandes campagnes en faveur de la discipline, de
l’éthique du travail, de la santé, de la planification familiale, de la sensibilisation à la politique,
etc. élargi pour inclure une émission de nouvelles nationale. Deuxièmement, son utilisation
devrait être permise dans un certain nombre de forums importants pour les affaires officielles,
notamment la future Assemblée nationale. Troisièmement, les institutions qui possèdent une
expertise de recherche en langues et en linguistique devraient bénéficier d’un soutien financier
supplémentaire, en particulier pour les études conçues pour promouvoir l’intégration nationale.
Enfin, le gouvernement devrait promouvoir un décret faisant du pidgin nigérian une
langue officielle, contribuant ainsi à éliminer de nombreux préjugés contre lesquels il doit
maintenant lutter.
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