LA NON-VIOLENCELA NON-VIOLENCEune autre voie

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une autre voie

DU BUREAU DE SAINTE-CROIX INTERNATIONALE POUR LA JUSTICE

La violence est endémique dans notre société globale.

& Au cours de la dernière décade, 103 conflits armés ont causé 100millions de morts dans 40 pays. Neuf sur dix des victimes dans cesguerres étaient des civils innocents, dont la moitié étaient des enfants.

& La torture relève d’une politique gouvernementale dans au moins unequarantaine de pays et elle est pratiquée dans plus de cent pays.

& À travers le monde, les attaques terroristes se sont multipliées par unfacteur de huit au cours des deux dernières décades.

& Dans le monde, au moins une femme sur trois est battue, violée, ouabusée de quelque façon pendant sa vie.

Mais la “violence” s’étend même au-delà de ces attaques psychologiqueset physiques. Aujourd’hui, nous reconnaissons que la violence peut seproduire sous des formes plus subtiles. Les personnes et la nature peuventêtre violentées par des systèmes et des structures sociales, politiques etéconomiques opprimantes et injustes. Et des cultures peuvent commettre laviolence en légitimant des réactions violentes en cas de conflit et enconsidérant comme normales l’agression et l’hostilité, surtout à l’égard deceux qui sont “différents”.

Quelles que soient les formes de violence, les racines sont les mêmes.Au cœur de toute violence se trouve la perception que quelqu’un ouquelque chose est autre — radicalement différent et distinct, sans grandevaleur intrinsèque. Considérer quelqu’un comme autre dissocie la personnede l’autre — l’éloigne, l’objectivise et accorde la permission psychique delui nuire. Ultimement, toute violence humaine vient de l’oubli et de lanégation de l’interconnexion entre tout ce qui existe.

Il existe une autre voie, une voie qui incarne un enseignement centraldans toutes les grandes religions et, maintenant, dans la sciencecontemporaine. C’est la voie de la non-violence, enracinée dans cetteréalité que tous les êtres, quoique différents, sont ultimement uns —s’interpénétrant, s’interconnectant et étant interdépendants. La distinction,comme le disait Einstein, est une “illusion d’optique”; nuire à l’autre nuità soi-même et au tout. La non-violence, dans son sens le plus profond,consiste à vivre cette intuition.

Jean-Paul IIKillineer, Irlande, 1979

Depuis les débuts de l’histoire les actions et les campagnes non-violentesont réussi. À notre époque, la plus connue est la campagne de Gandhipour l’indépendance de l’Inde et le mouvement américain de luttes pourles droits de l’homme mené par Martin Luther King, Jr. Mais il y a desmilliers d’exemples moins célèbres:

& Au Rwanda, une milice tribale vouée au génocide, a rassemblé lesenfants en dehors de leur école, leur ordonnant de se séparer entreHutus et Tutsis. Les enfants sachant ce qui allait arriver, ont refusé.Les soldats les ont harcelés, mais les enfants ont tenu bon. Confus,les soldats ont renoncé et sont partis.

& En Inde, le mouvement Chipko, organisé surtout par les femmes desvillages, a fait cesser la déforestation en embrassant les arbres — enplaçant leur propre corps entre les arbres et les haches des

Une résistance durable La non-violence est mieux connue comme un moyen optionnel pour

résister à l’oppression et au mal. Fondée sur notre unité radicale et leprincipe de “ne pas nuire”, la non-violence refuse de diaboliser lesadversaires, mais les confronte activement tout en respectant leur dignité.

La non-violence fait appel à la persuasion, par le dialogue et lanégociation quand c’est possible; sinon par des actions visant à gagner laconscience et le cœur de ses adversaires. Les adeptes affirment que quandla violence rencontre de l’amour, du pardon et le consentement à souffrir,les adversaires peuvent être touchés et transformés en profondeur.

Gandhi appelait cette dynamique Satyagraha ou force de l’âme — “laplus puissante, la plus active force dans le monde”. Pour Gandhi et lespersonnes qu’il inspire, la résistance non-violente est une science fondéesur l’intuition que le pouvoir social-politique dépend de la coopération.Quand les gens mettent de côté la coopération et refusent leurconsentement, ils déchaînent le pouvoir d’imposer le changement.

Il y a des centaines de façons de résister sans violence: desdémonstrations et des marches, du théâtre en plein air, des grèves, ladésobéissance civile, pour n’en nommer que quelques-unes. Mais quelleque soit la tactique employée, dans la lutte non-violente le but esttoujours le même; restaurer un certain rapport entre oppresseur etopprimé, et résoudre les conflits pacifiquement. Quand elle réussit lemieux, la non-violence change les relations en même temps que lessituations extérieures, transformant les adversaires en partenaires.

Mais la non-violence est-elle pratique? Peut-elle vraiment contrer laviolence et entraîner le changement? La réponse est un “oui” retentissant.

contractants. Leurs actions ont sauvé les forêts, protégé le gagne-paindes gens et créé de la pression pour l’adoption de politiques plusrespectueuses des besoins humains et de l’intégrité écologique.

& À Tambogrande au Pérou, les habitants ont défendu avec succès leursterres agricoles fertiles contre les projets du gouvernement et des entre-prises pour exploiter une mine d’or à ciel ouvert dans leur ville. Desgrèves et des pétitions ont abouti à un référendum public: exploitationminière ou agriculture. Le projet de mine a été rejeté à 98%.

Mais même quand la non-violence ne réussit pas à obtenir son objectifimmédiat, elle réussit dans un sens réel. Même si l’activité non-violenteincite parfois à une réaction violente, elle brise cependant le cycle de laviolence. Le refus tenace de répondre à la violence par la violence, quelleque soit la suite, rend la violence impuissante et ouvre un espace à laréconciliation et à la guérison. Les adversaires et les observateurs sont incitésà adopter une autre voie, et la société se rapproche d’une culture de la paix.

Devenir artisan d une culture de paix

La non-violence est un moyen efficace de contrer l’oppression et le mal.Mais c’est bien plus qu’un moyen de résister et de s’opposer. Gandhi, unmaître des campagnes non-violentes, affirmait obstinément que, même si lanon-violence possédait un remarquable pouvoir de protester et de déranger,son vrai pouvoir consistait à créer et à construire — à infuser constammentdans la société des valeurs, des énergies et éventuellement des systèmesnon fondés sur la violence. Le sens profond de la violence n’est pas laconfrontation dramatique, mais une action lente et continue pour imprégnerla société d’empathie, de solidarité et de récupérer de l’espace culturel etpolitique contre l’hostilité, la domination et l’agression. Comment pouvons-nous participer à cette démarche de rédemption?

Dans la réalité d’aujourd’hui, construire une culture de paix exigera unchangement profond. Les étapes nécessaires comprendront:

& Désamorcer la violence intérieureToute non-violence commence par le “désarmement interne”, enharnachant les forces intérieures qui alimentent la violence, comme lacolère, l’anxiété, l’avidité. Des habitudes de méditation comme laprière chrétienne de recentrement ou l’attention bouddhiste sont indis-pensables dans cette lutte, nous entraînant à réagir quand la violencesurgit — dans des pensées et des sentiments hostiles.

& Adopter un langage justeLe langage forme la pensée, et la pensée à son tour forme l’action.Aujourd’hui, le langage est pénétré de termes agressifs, de métaphores,d’images et d’euphémismes qui masquent la violence. Nous attaquonsles problèmes, tuons le temps, abattons des arguments, et rapportonsla mort de civils comme des dommages collatéraux. Devenir conscientdu langage violent ou trompeur et le retrancher attentivement dudiscours contribue à la formation d’esprits non-violents.

& Éduquer pour la paixLa clé de tout changement culturel est l’éducation, surtout l’éducationde la jeunesse. Mais dans bien des cas aujourd’hui l’éducationpromeut le matérialisme et la compétition, des attitudes qui

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conduisent souvent à la violence. Pour assurer un avenir non-violent, il est crucial d’enseigner l’analyse critique de la culture etde réviser les programmes pour promouvoir les valeurs de paix etdévelopper l’aptitude à résoudre les conflits et à dialoguer.

& Exorciser les médiasLes films, la télévision et les autres médias de masse sont captivéspar la violence. Les émissions de nouvelles sont sensationnelles, les“films d’action” et la musique populaire la célèbrent et les jeux vidéola rendent triviale. La violence partout présente dans les médiasengourdit l’esprit et le cœur, rendant irréelle la violence actuelle.Boycotter la programmation qui glorifie la violence et exiger de laqualité poussent les médias à renoncer à leur obsession pour laviolence et à jouer un rôle constructif pour modeler la société.

& Créer un mouvement global (mondial) Transformer la culture requiert une masse de gens engagés dans lechangement social. Des communautés de base doivent être formées àl’action non-violente reliées à des organismes locaux, nationaux etinternationaux voués à bâtir la paix. Grâce à l’Internet, lesorganismes peuvent efficacement former des réseaux, échanger del’information et des stratégies et coordonner globalement leurs actionset leurs campagnes — créant ensemble une société plus pacifique.

& Proposer des options (alternatives)Le militarisme et la mondialisation, ensemble, ravagent la plupart des peuples et la Terre elle-même. Une culture non-violente croit endes propositions autres: des systèmes économiques qui enrichissenttoute la communauté de la Terre; des structures de médiation etnégociation qui solutionnent les conflits internationaux; des systèmesnon-violents de défense nationale et d’authentiques démocratiesfondés sur la participation des citoyens et la responsabilisation desgouvernements. Élément par élément, nous devons résolumentremplacer notre actuelle culture de violence par une culture de paix,une culture qui incarne la justice, le respect et la compassion.

On peut lire dans la Charte de la Terre que “la paix consiste dans latotalité (le tout) créé par des relations justes — avec soi-même, les autrespersonnes, les autres cultures, l’autre vie et le grand tout…” Construire uneculture de paix et de non-violence ne sera ni simple, ni facile, mais c’estpossible. Le Prix Nobel de la Paix Adolfo Perez Esquivel nous en offre la clé:

Pour créer cette nouvelle société, nous devons présenter des mains ouvertes, amicales — sans haine, sans rancœur — tout en manifestant une grande détermination, n’hésitant jamais pour la défense de la vérité et de la justice. Parce que nous savons qu’on ne peut semer le grain avec des poings fermés. Pour semer, il faut ouvrir les mains.

Se pacifier intérieurement& Travailler expressément pour identifier et désamorcer les courants

violents dans ses pensées et ses sentiments.& Surveiller son langage! Tâcher d’éliminer les termes violents et

agressifs de son discours et de ses pensées.

S’informer sur l’histoire et la pratique de la non-violence& Seul ou avec d’autres, étudier les activités non-violentes qui ont

réussi et la vie des personnes qui les ont dirigées, surtout cellesde votre pays ou région.

& Enseigner la méditation, la solution de conflits, le dialogue, lamédiation et d’autres méthodes de non-violence dans les écoles,les paroisses et les programmes de formation des congrégations.

& S’informer des interventions non-violentes de tiers comme les“armées” pacifistes Christian Peacemakers Team www.cpf.org etNonviolence Peaceforce www.nvpf.org (Anglais, français,espagnol) .

Résister à la violence culturelle& Se joindre aux mouvements contre les jeux vidéo violents et les

“jouets guerriers”.& S’opposer à la violence dans les médias. Se mettre en relation avec

les diffuseurs pour protester contre les programmes violents ainsiqu’avec les commanditaires et refuser d’acheter leurs produits.

& La violence à l’égard des minorités et des personnes marginalesaugmente partout. S’unir aux activités et aux campagnes pourqu’elles obtiennent la reconnaissance de leurs droits de base à lasécurité et à des moyens de subsistance décents.

Promouvoir des alternatives non-violentes& Gandhi disait “La pauvreté est la pire forme de violence”. Exiger

que son gouvernement soit responsable à l’égard des “Objectifsde développement durable pour le millénaire” — un plan pourrépondre aux besoins des gens les plus pauvres tout enprotégeant la Terre.

& Soutenir les Nations-Unies — l’instrument premier pour résoudreles conflits internationaux et maintenir la paix et la sécurité.

& Appuyer les candidats qui s’opposent à la guerre et promeuventdes solutions diplomatiques aux conflits internationaux.

Oser prendre la parole pour la paix et la non-violence& S’unir à un organisme local, national ou international très engagé

envers la non-violence active et la paix comme style de vie etmoyen de transformer la société.

& Répondre aux appels de Sainte-Croix en faveur de la non-violence.

Créer un rite pour son engagement à bâtir une culture de paix& Signer le document des Nations-Unies: Manifeste 2000

pour une Culture de Paix et de Non-violence,www3.unesco.org/manifesto2000 (anglais, français, espagnol).

& Considérer un vœu ou une promesse de non-violence. & Manifester publiquement l’engagement de votre communauté

envers la Paix et la Non-violence en érigeant un Mât de la Paixdans un lieu public.

Quoi faire12

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Centre de ressources sur la non-violence < www.nonviolence.ca >à Montréal. Promotion de la non-violence dans tous les aspects de lavie; vaste choix d’ouvrages de référence, bulletins d’informations etautres publications; offre aussi des services éducatifs et consultatifs.

Non-Violence Actualité < www.nonviolence-actualite.org > est uncentre de ressources français pour la gestion non-violente de conflits.Le Centre publie un magazine bimensuel, des outils éducatifs et unguide annuel de ressources pour un style de vie non-violent. Ce siteWeb contient une liste d’organisations en France consacrées à la paixet à la non-violence.

Pace e Bene < www.paceebene.org > cultive un style de vie non-violent et l’émergence d’une culture non-violente par la formation,des publications, des prises de position collectives et des pratiquesde méditation spirituelle. Ce site contient des ressources sur tous lesaspects de la non-violence. Pace e Bene a un bureau francophone à Montréal.

Sites W

ebLivres Spiritualité et pratique de la non-violence :

Léonard Desroches, Novalis, Montréal, 2004.Desroches offre une vision large de la spiritualitéet de la pratique de la non-violence — de larésistance à la violence et à l’injustice socialejusqu’à la réconciliation avec sa colère et sa peurpersonnelles. L’auteur y raconte ses expériencespersonnelles et celles d’autres personnes qui ontchoisi la voie de la non-violence, ce qui en fait unouvrage extrêmement intéressant à lire. (Publiéen anglais sous le titre Allow the Water).

De la violence à la plénitude : Ken Butigan etPatricia Bruno, O.P., Pace e Bene, 2002. Unprogramme d’étude et d’actions en 10 sessions,qui explore la non-violence active comme unprocessus créatif, puissant et efficace pouraffronter et résoudre des conflits dans nos viespersonnelles ainsi que dans la réalité mondiale.Ce programme offre aux participant-e-s la visiond’une alternative constructive à la violence et desoutils pratiques pour traduire la vision en réalité.(Sessions en français, anglais et espagnol).Référence : Martine Sauvageau, téléphone (450)563-2922, martinesauvageau@videotron.ca.

Ressources

07/06

Vidé

os

On peut emprunter ces DVDs gratuitement chez les Sœurs de Sainte-Croix (courriel : cscraymonde@yahoo.ca)

Ressources suite –>>

Aimez vos ennemis.Matthieu 5, 44

Une force plus puissante (A Force MorePowerful) : Un documentaire qui démontrecomment une action non-violente peut renverserla dictature et assurer le respect des droitshumains. Six histoires-choc, du Chili, duDanemark, de l’Inde, de la Pologne, de l’Afriquedu Sud et des États-Unis, racontent le triomphede la non-violence sur l’oppression et la brutalité.(En format DVD, durée totale de 3 heures; chaquehistoire dure 30 minutes; disponible en français,anglais et espagnol).

Bureau de Sainte-Croix Internationale pour la Justice

403 Bertrand Annex — Saint Mary’sNotre Dame, IN 46556-5018, USA

Telephone: (574) 284-5366E-mail: mturgi@igc.org

www.holycrossjustice.org