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Le journal des étudiants Département d’études françaises de …...En Roumanie, estime Petre...

Date post: 28-Jan-2021
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1 Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis. Le journal des étudiants Département d’études françaises de l’Université de Waterloo Contact : [email protected] Numéro 3 Septembre 2009. Sommaire........................................ Pages Éditorial ........................................ 2 Échos du département ................... 3 Le chauffeur tortionnaire .............. 4 Coup de gueule ............................. 6 Á livre ouvert : La Nausée ............ 7 Entre les lignes : E. Cioran ........... 9 Recherche : l’Inde ......................... 10 Cœur grivois ................................. 12 Á fleur de mots ............................. 12 Directrice de publication : Prof. Tara Collington Rédacteur en chef : Godrick Chékété Corédactrices en chef adjointes : Nadia Chelaru et Maria Petrescu Membres du comité de rédaction : Devika Vijayan, Jeremy Mervyn, Julia Nash, Precious Nibaruta.
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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    Le journal des étudiants Département d’études françaises de l’Université de Waterloo

    Contact : [email protected] Numéro 3 Septembre 2009.

    Sommaire ........................................ Pages Éditorial ........................................ 2

    Échos du département ................... 3

    Le chauffeur tortionnaire .............. 4

    Coup de gueule ............................. 6

    Á livre ouvert : La Nausée ............ 7

    Entre les lignes : E. Cioran ........... 9

    Recherche : l’Inde ......................... 10

    Cœur grivois ................................. 12

    Á fleur de mots ............................. 12

    Directrice de publication :

    Prof. Tara Collington

    Rédacteur en chef :

    Godrick Chékété

    Corédactrices en chef adjointes :

    Nadia Chelaru et Maria Petrescu

    Membres du comité de rédaction : Devika Vijayan, Jeremy Mervyn, Julia Nash,

    Precious Nibaruta.

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    ÉDITORIAL

    Le progrès en marche orénavant, le journal des étudiants

    paraîtra une fois par trimestre.

    Point n’est besoin de mentionner

    l’impact des exigences académiques sur

    cette nouvelle option éditoriale.

    Au fil des parutions, le journal nous

    forme et forge notre style dans l’art

    difficile d’écrire. Á chaque numéro, des

    propositions d’article affluent pour le plus

    grand bien de la rédaction et assurément

    des lecteurs. Ce troisième numéro avait

    une vocation purement poétique, réaliser

    un numéro quelque peu spécial intitulé

    « Le printemps des poètes » pour

    témoigner jusqu’à point notre revue

    comme nos pensées créatrices vibrent au

    rythme des saisons. Mais submergé par des

    articles de tous genres, et déjà sous

    l’emprise solaire de l’été envoûtant,

    comment résister alors à la folle envie de

    partager avec vous, chers lectrices et

    lecteurs, le fruit des efforts variés

    d’écriture des étudiants et étudiantes du

    département d’études françaises de

    l’université de Waterloo ? N’est-ce pas un

    signe de dynamisme et de rayonnement

    interne de notre journal ? Plus il y a

    d’articles, plus nous sommes ravis de cette

    effervescence.

    Écrire fait profondément du bien.

    C’est apaisant et tout aussi troublant

    parfois. De nulle part, surgissent des

    pensées surprenantes d’éclat. Sublime

    découverte, source de joie pour l’esprit.

    L’art couvre de fleurs la laideur de ce

    monde asservi à la peur et au malaise. Tout

    comme un modèle unique et irrésistible,

    exposé devant le peintre, fait jaillir de son

    pinceau les rayons de la splendeur pour

    apprivoiser sur sa toile la grandeur de la

    nature et sa beauté fugace, de même

    l’invincible charme de la poésie scripturale

    éclate au grand jour dans le tourbillon de la

    récréation inventive des moments uniques

    et mémorables de la vie en perpétuelle

    révolution autour de l’orbite de l’amour et

    des idéologies. Du geste ou du verbe

    créateur, pétri d’assurance et de précision,

    naît inopinément l’œuvre ou parfois le chef

    d’œuvre qui défiera le temps pour assurer

    l’édification de tant et tant de générations.

    Au gré de la fantaisie du génie novateur ou

    conservateur se succèdent les poses

    extatiques de mots et des tableaux qui

    survivront à la ménopause de la création

    artistique sous forme d’éternelles gerbes

    incendiaires.

    Voilà où mène l’écriture extatique

    du débutant : la joie de rêver. Rêver de

    toute son âme, rêver de tout son cœur.

    L’esprit s’égare et se retrouve. La plume

    batifole dans les méandres des cogitations

    et de l’inspiration dévorante.

    Ce numéro, toute proportion

    gardée, semble ne pas manquer de charme

    et de profondeur. Il annonce les couleurs

    de la rentrée universitaire. Laissez-vous

    emporter sur les vagues sublimes de notre

    poème grivois et, si le cœur vous en dit,

    consolez-vous de votre faiblesse d’un

    moment en lisant les poèmes religieux. La

    religion n’est-elle pas le refuge moral

    contre le libertinage ? Et si cette

    promenade intellectuelle accroît votre soif

    de curiosité, laissez les articles ancrés dans

    la recherche et l’actualité départementale

    désaltérer votre esprit déjà en émoi.

    Agréable balade, chers amis lectrices et

    lecteurs. « Le chauffeur tortionnaire » vous

    attend et ne manquez pas les articles sur

    Sartre, Cioran et les Jésuites en Inde. De

    votre plaisir dépend indubitablement le

    nôtre !!!!

    Godrick Chékété

    D

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    Échos du département

    Fête de fin du mandat du chef du département Julia Nash

    e 18 juin passé, quelques

    professeurs et étudiants du

    département d’études

    françaises se sont retrouvés dans un

    restaurant pour fêter non seulement la fin

    du mandat de chef de département de

    François Paré, mais aussi ses six années à

    la tête de l’univers francophone de

    l’Université de Waterloo. François et son

    épouse Marg étaient les invités d’honneur

    et le décor décontracté de Marbles à

    Waterloo a servi d’arrière-plan pour une

    agréable soirée pleine de nostalgie.

    Pr. François Paré et son épouse, Marg.

    Les yeux embués de larmes,

    Valérie Miller a fait un beau discours

    d’adieu et de remerciement très touchant.

    Elle n’a pas manqué de souligner que

    François a toujours prêté une oreille

    attentive aux préoccupations et doléances

    de ses étudiants, étudiants à qui il a réussi

    a insufflé le goût de la langue française et

    de la culture francophone.

    Valerie Miller en pleine allocution

    Tara Collington a partagé ses

    souvenirs d’un coup de téléphone d’il y a

    six ou sept ans où elle a subtilement laissé

    entendre à François qu’il y aurait un poste

    de chef de département disponible à

    Waterloo, si jamais cela le tentait.

    Heureusement pour nous, il a succombé à

    la tentation…

    ..……………………………...

    Accolade de François et de Mme Collington juste

    avant le discours de Guy Poirier

    Guy Poirier a présenté à François et

    Marg un petit cadeau au nom des membres

    L

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    et des étudiants du département, un forfait

    de fin de semaine dans un hôtel Best

    Western de leur choix. Tara Hargrave, au

    nom des étudiants et des étudiantes du 2e et

    3e cycle, a porté un toast à François. Une

    ancienne étudiante de maîtrise, Alisha

    Valani, a présenté à François un bol qui

    provenait de son voyage au Maroc. Un air

    de camaraderie a vraiment marqué la

    soirée et on a appris comment répartir

    également un gâteau au chocolat entre

    deux personnes.

    La parole à Tara Hargrave

    Des professeurs de même que des

    étudiants et des étudiantes ont profité de

    cette occasion pour souhaiter à François le

    meilleur et le remercier de tout ce qu’il a

    fait pour nous pendant les six années

    passées. Personnellement, je tiens à

    remercier François pour son

    encouragement infatigable et pour son

    affirmation non seulement de mes

    réussites, mais aussi celles des autres. En

    plus, je veux dire que le satisfecit qu’on lui

    a décerné à travers les années est bien

    mérité.

    Merci François.

    Prof. Guy Poirier et François Paré.

    Tribune libre LE CHAUFFEUR TORTIONNAIRE

    ET SES VARIANTES PLUS

    CULTIVÉES

    Maria

    Petrescu

    Pour effectuer

    le voyage dans mon pays, je dois préparer

    les bagages non seulement physiques, mais

    aussi mentaux. Ma plus grande peur : le

    passage de la frontière roumaine ou des

    pays limitrophes. Je vais donc rapporter

    une histoire qui s’est racontée plusieurs

    fois dans mon esprit hanté par la violence

    de mes compatriotes :

    un voyage en Espagne au cours de l’été

    2006. Sur le chemin du retour vers mon

    pays natal, j’ai attendu l’autocar pendant

    quelques heures au terminal de Málaga.

    Finalement, les chauffeurs : le premier

    contact avec les mœurs de ma patrie. Les

    bagages sur la balance, dans un ordre

    aléatoire, la vérification des passagers sur

    le quai – rien de spécial. Sauf l’attitude

    grossière des chauffeurs, culminant

    spécialement par celle d’un en particulier.

    Que tous les gens ayant payé un

    prix élevé pour leur voyage soient a priori

    traités comme s’ils étaient des infracteurs,

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    c’est tout à fait la règle. La présomption

    d’innocence n’existe que théoriquement

    dans certains pays. (Suis-je en erreur ou

    est-elle en train de disparaître ailleurs

    aussi?) Ce que j’ai expérimenté pendant ce

    voyage, c’est pourtant la sublimation d’une

    réalité commune.…………………………

    Une fois dans l’autocar, l’un des

    chauffeurs explose à cause de quelques

    bagages placés, disait-il, d’une manière

    non autorisée : « Oui, évidemment, les

    chauffeurs sont des bêtes, on peut se

    permettre n’importe quoi ! ». J’avais des

    frissons en le voyant et en l’écoutant.

    Plus tard, une fille se fait traiter de la pire

    personne au monde pour avoir appuyé ses

    pieds sur le dossier du siège devant elle,

    sans toutefois déranger sa voisine. Je dois

    préciser que ce voyage dure trois jours et

    deux nuits ! Imaginez-vous combien les

    pieds enflent en restant assis sur une chaise

    pendant tout ce temps. Chercher une

    position commode est une nécessité

    absolue. Par ailleurs, ce n’est pas le mot

    pieds que le chauffeur a utilisé pour

    admonester la pauvre fille, mais plutôt une

    autre partie du corps, si je me souviens

    bien.

    Décidément, les paroles

    jaillissaient violemment, et l’attitude

    inspirait un danger physique imminent. On

    avait encore deux jours et deux nuits à

    passer sous la direction de cette personne.

    À ce moment-là, j’ai compris que nous

    étions ses prisonniers, malgré le prix payé

    pour le voyage. Tous ses caprices, ses

    excès, les offenses et les menaces, nous

    devions les subir sans riposter. Dans mon

    esprit, il s’est tout de suite représenté en

    association avec les tortionnaires des

    prisons communistes. Gestes, mots et

    attitude parfaitement comparables. Les

    tortionnaires, pour ceux qui ne connaissent

    pas cette réalité, c’étaient les gardiens et

    les autres employés des prisons et de la

    police politique qui torturaient les détenus.

    En Roumanie, estime Petre Pandrea,

    ancien détenu politique, plus qu’en Russie

    ou dans l’Allemagne fasciste, les

    tortionnaires ont mis beaucoup

    d’imagination à ce travail, le rendant

    encore plus pénible.

    Le chauffeur en question avait tous les

    traits du gardien méchant : il savait profiter

    de son autorité sur des êtres sans défense,

    menacer, inspirer la peur, et exprimer

    librement sa haine ou son mépris. Les

    tortionnaires avaient une qualité de plus :

    ils savaient comment manipuler les

    relations entre les détenus ou bien entre

    ceux-ci et leurs familles afin d’obtenir

    d’eux ce qu’ils désiraient. Le chauffeur ne

    manqua pas de nous révéler cette aptitude

    aussi.

    Pour tout voyageur roumain en

    autocar, la frontière roumaine représentait

    à l’époque l’occasion d’une quête.

    Obligation : cinq euros ou plus par

    personne. Les dirigeants du convoi

    savaient très bien que parmi les voyageurs

    il y en avait toujours quelques-uns qui

    n’étaient pas tout à fait en règle : des

    papiers ayant expiré à cause d’un exil trop

    long, des marchandises soumises au

    régime douanier, etc. (Permettez-moi de

    nommer exil cette immigration

    économique forcée de l’intérieur.) Bref, la

    limite entre l’Union Européenne et mon

    pays était marquée par cet abus de la part

    des chauffeurs et/ou des douaniers. Ceux-

    là demandaient l’argent pour ceux-ci, mais

    on ne savait jamais où l’argent arrivait

    précisément.

    Les chauffeurs savaient

    parfaitement comment spéculer avec la

    psychologie des masses. Si un seul

    passager avait refusé de payer sa

    contribution, il aurait toujours pu s’en

    trouver un autre ou plusieurs qui faisaient

    pression sur lui. La tactique était d’autant

    plus efficace après deux jours et deux nuits

    en route. Dans le voyage en question, le

    chauffeur tortionnaire a réglé lui seul les

    comptes avec l’unique voyageur qui a

    résisté à toutes les pressions. Menaces et

    violences verbales se sont déchaînées sur

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    la tête de celui-ci. Pour bien manipuler

    l’esprit grégaire, il proférait : « on ne part

    pas, on reste sur place – deux heures, trois,

    une nuit ; tous les bagages seront contrôlés,

    mais ce ne sera pas moi qui descendra vos

    bagages, car je suis malade, j’ai subi une

    opération chirurgicale et il m’est défendu

    de faire le moindre effort ». Certains

    bagages, je dois le préciser, se trouvaient

    dans un endroit vraiment inaccessible en

    absence d’un escalier. « Tout le monde

    doit payer » - son intention n’était pas du

    tout démocratique, évidemment. Il voulait

    seulement s’assurer que tous les passagers

    se trouveraient complices de son affaire

    ignoble.

    Enfin, une fois la frontière passée,

    il prend finalement son uniforme de

    chauffeur, pour remplacer le short. Cela

    n’empêche pas qu’il descendît de l’autocar

    pour brutaliser, littéralement et

    physiquement, un autre chauffeur, qui avait

    fait une manœuvre qui ne lui convint pas.

    On était près de la maison, de toute façon,

    fatigués après les trois jours en sa

    compagnie. On s’est effrayé lorsqu’il a

    arrêté brusquement l’autocar, mais on n’a

    rien fait.…………………………………..

    Inutile de vous dire que les

    représentants de la compagnie de transport

    ne parurent pas trop impressionnés à

    l’écoute d’un petit compte rendu sur

    l’attitude de notre gardien transfrontalier.

    Aucune sanction ne fut appliquée,

    évidemment. Tout ce comportement,

    n’était-il pas normal ? Sinon, très

    représentatif pour toute une nation – si

    vous saviez combien il me fait de la peine

    de le dire.…………………………………

    Je constate aujourd’hui, en

    regardant certains sites culturels roumains,

    que l’attitude du tortionnaire n’est pas

    l’apanage du roturier. La violence se

    manifeste dans beaucoup d’articles publiés

    dans la presse de scandale, mais aussi dans

    ceux qui ont certaines prétentions

    littéraires. Ce sont des auteurs enchantés

    d’avoir « provoqué » (j’utilise, à la place

    de « lancer des défis », le terme à la mode

    en Roumanie, avec toutes ses nuances) et

    surtout d’avoir fait parler d’eux. Puisque je

    veux pourtant ménager leur vanité, je ne

    donne pas de noms et je me résume à

    quelques mots dans cette partie de mon

    essai. J’ai observé que cette agressivité

    trouve, paradoxalement, des admirateurs. Il

    y a tout un public qui aime se faire

    agresser.

    Par là, il se trouve que la théorie

    d’Edward Saïd de L’Orientalisme (Paris :

    Seuil, 1997) est bien contredite sur le

    terrain roumain. Saïd construit sa théorie

    postcoloniale sur l’opposition entre

    l’Orient et l’Occident. Le premier

    représenterait la résistance virginale, tandis

    que le deuxième est le violateur qui veut

    imposer sa supériorité de mâle. Il me

    semble que mon pauvre pays a perdu le

    pouvoir de s’opposer à tous ses violateurs,

    externes et internes. Qui plus est, il

    éprouve du plaisir dans l’agression. Tant

    mieux si cette violence vient par la voie du

    bricolage culturel. Les plaisirs deviennent

    plus raffinés et le viol plus légitime ou bien

    plus commun.…………………………….

    Un seul regret : ce chauffeur avait un

    nom romain, européen donc. Son attitude a

    des ascendants non seulement parmi les

    ancêtres Daces, mais aussi dans les armées

    romaines qui se firent jadis connaître à

    Jérusalem.

    COUP DE GUEULE-COUP DE CŒUR

    Godrick Chékété

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    haque fois que l'impéritie et

    l'inconscience des politiques

    africains ensevelissent l'espoir du

    peuple affamé, j'enrage. J'enrage de savoir

    que ces fossoyeurs de l'économie

    alourdissent leurs comptes

    dans des paradis fiscaux d'ici ou d'ailleurs.

    Chaque fois que des enseignants font la

    grève sous les yeux hilares et indifférents

    de la canaille africaine

    gouvernante, j'enrage. J'enrage de voir

    leurs rejetons se former paisiblement dans

    les meilleures

    universités d'Europe ou d'ailleurs.

    Chaque fois que des enfants africains

    meurent du paludisme et de la malnutrition

    en plein vingt-et-unième

    siècle, j'enrage. J'enrage de voir qu'ailleurs

    la santé demeure encore un luxe

    inaccessible au plus

    grand nombre.

    Chaque fois que des États africains

    modifient leur constitution pour pérenniser

    le règne de leaders irresponsables, j'enrage.

    J'enrage de voir que la politique africaine

    ne rime avec aucune valeur

    comme ailleurs.

    Chaque fois que la guerre, la famine et le

    sida font des ravages en Afrique sans

    ébranler nullement

    le monde, j'enrage. J'enrage de voir que le

    sort des plus démunis n'émeut aucunement

    les plus nantis.

    Chaque fois que des discours

    fantasmagoriques augurent d'un avenir

    radieusement démagogique,

    j'enrage. J'enrage de savoir que les

    hommes changent, s'embourgeoisent mais

    l'État dépérit

    toujours.

    J'enrage et j'enrage. J'enrage de ma rage

    qui ne dérange personne. J'enrage de la

    rage de tous les

    hommes acculés au désespoir le temps

    d'une vie brève. J'enrage et j'enrage.

    J'enrage de mon

    impuissance dans ce monde étrange où la

    richesse et le bonheur des uns s'érigent sur

    la misère et le malheur des autres... leurs

    semblables. J'enrage et j'enrage. J'enrage

    des errements, j'enrage des

    égarements sans fin de l'Afrique...

    J'enrage et j'enrage

    Á livre ouvert

    Les choses dans la Nausée de

    Sartre Jeremy Mervyn

    a Nausée fut le premier grand

    roman écrit par Jean-Paul

    Sartre. La Nausée a emmené

    Sartre sur le devant de la scène littéraire

    française et a montré au peuple français le

    génie de l’auteur. Ce roman dépeint la vie

    d’un historien nommé « Roquentin ».

    Sartre utilise ce roman, et le personnage de

    Roquentin pour souligner plusieurs thèmes

    importants de l’existence et, en outre, pour

    pousser ses idées philosophiques dans un

    format accessible à tous. La Nausée

    représente aussi sa première tentative

    d’écriture à propos de l’idée

    d’existentialisme. Un de ces grands thèmes

    dans La Nausée est celui des « choses », et

    de la « chosifications » des personnes.

    Comment est-ce que les choses peuvent

    être liées aux idées de la contingence et de

    l’existence de Sartre? Les choses sont

    nécessaires. En expliquant la philosophie

    de Sartre, les choses aident à développer

    l’idée d’existence; elles donnent du sens à

    l’existence. Roquentin a fini par

    comprendre l’existence parmi les choses

    autour de lui.

    C

    L

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    Sartre est très précis quand il

    explique le rôle des choses dans son

    roman. Roquentin est très précis en

    décrivant une peinture. En pensant à

    Blévigne, le sujet du tableau, il utilise des

    adjectifs comme « suraiguë »,

    « menaçante », « superbe », « sanglants »,

    et « minuscule ». On peut voir que la

    plénitude des détails donne une certaine

    importance aux choses. Laurent Gagnebin,

    dans son ouvrage Connaître Sartre nous

    dit que « ce qui frappe le plus le lecteur de

    Sartre, c’est l’extrême importance des

    choses dans son œuvre ». Le lecteur sait

    très tôt dans ce roman que les choses

    seront très importantes dans l’explication

    de l’existence. Sartre veut que nous

    concevions l’importance des choses, donc

    il les décrit avec beaucoup d’attention.

    La bibliothèque est un grand

    participant dans ce roman. Roquentin

    rencontre souvent l’autodidacte là. Cet

    endroit est symbolique de l’encroûtement

    de la société. Tous les livres représentent

    « l’appui creux sur lequel repose notre

    société ». C’est là où Roquentin commence

    à voir que le matériel n’est pas tout. En

    vérité, il trouve que la bibliothèque

    symbolise « un rayonnante de vide » (et

    rien de plus. Encore, il se trouve parmi des

    choses, plus précisément des livres qui sont

    des représentatifs vides de tout ce qu’il

    sait : son éducation, sa position dans la

    société, sa compréhension de l’existence.

    On voit ici un changement dans sa vie. Il

    déclenche un approfondissement de l’idée

    d’existence; ce n’est pas tout simplement

    « une vaine et glorieuse effigie de la

    culture », comme la bibliothèque.

    Roquentin avait existé à cause de son

    livre historique. Geneviève Idt nous

    explique que « M. de Rollebon avait donné

    a Roquentin une raison de vivre ». La

    « chose » dans ce cas est le livre.

    Roquentin se cache derrière son travail

    historique. C’est quand sa maladie

    commence qu’il questionne ce qu’il

    voudrait faire de son ouvrage. Il verra qu’il

    vit une existence incompréhensible. Il lutte

    contre l’idée de continuer son ouvrage. Il

    fait ses recherches à propos de Rollebon à

    Bouville. Il y a à Bouville une plénitude

    d’informations sur son sujet. Cependant,

    Roquentin ne peut formuler aucune

    conclusion sur son sujet. En quittant son

    ouvrage, il évitera le piège des choses.

    Roquentin évitera les pièges des

    choses, mais plusieurs gens n’y

    échapperont pas. L’idée de l’existence est

    liée aux êtres humains. C’est seulement les

    êtres qui sont capables de transformer

    l’existence; de la concevoir. Mais il voit

    des êtres qui se réduisent à rien. Alors, ils

    deviennent des « choses ». Ces gens

    « render themselves as things by playing a

    role », donc ils deviennent encroûtés dans

    leurs rôles, dans leurs existences. Cela

    implique l’importance des choses car ceux

    qui essayent de comprendre l’existence

    doivent éviter les pièges matériaux qui

    peuvent les guetter. Les pièges sont, par

    exemple, des « rôles » spécifiques, comme

    un emploi, ou une position dans la

    hiérarchie sociale. Roquentin appelle cela

    « le jeu des importants » ou « ils ont traîné

    leur vie dans l’engourdissement et le demi-

    sommeil ». La « chosification » des gens

    affligés détruit leur compréhension de

    l’existence.

    Les choses ne peuvent pas

    appréhender l’existence. On voit comment

    Sartre nous présente la scène centrale de

    son œuvre. La racine du marronnier,

    symboliquement, réagit comme un coup de

    foudre pour Roquentin. Encore une fois,

    c’est une chose qui l’aidera à expliquer

    l’existence. Ce moment crucial du texte

    nous montre l’idée centrale de grand plan

    de Sartre. Roquentin nous explique que

    d’«l’ordinaire l’existence se cache ». On

    ne peut pas tout simplement le voir. Il nous

    dit que « cette racine était pétrie dans de

    l’existence », donc c’est comme cela que

    Roquentin vient à comprendre. Gagnebin

    écrit que « C’est ainsi notre présence au

    monde qui dévoile la réalité concrète et lui

  • 9

    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    permet d’exister »; notre « présence » mais

    aussi la présence de toutes les choses qui

    nous entourent. Ensuite, il ajoute que

    Sartre « nous montre les choses captées

    dans l’univers de la réalité-humaine ».

    C’est Sartre, à travers Roquentin, qui

    essaye de nous expliquer cette réalité.

    Á l’époque, cette idée de l’existence

    était nouvelle pour Sartre. Il a travaillé

    sans répit à répandre cette idée. On peut

    dire qu’il était un continuateur de

    Kierkegaard et de Husserl. Pourquoi a-t-il

    choisi la littérature pour répandre cette

    idée? Liselotte Richter nous fait

    comprendre que « Both Kierkegaard and

    Sartre resorted to literature in their effort to

    show the seriousness of existence more

    clearly than could be done in [a] real life

    that is steeped in hypocrisy ». Sartre a donc

    compris tôt l’importance de l’art. Sartre

    nous dit que « Nous sommes des sous-

    hommes à la recherche de notre

    humanité ». Indubitablement sa présence

    d’esprit était immense en écrivant sa

    grande œuvre La Nausée. Il a engouffré

    une idée frêle et l’a changée en un mode de

    vie. Dans son ouvrage, parmi les

    « choses », Roquentin a trouvé sa raison

    d’être. Sans l’amplification des choses,

    peut-être ni Roquentin, ni Sartre ne

    seraient parvenus à comprendre

    l’existence.

    Entre les lignes

    Éternité et christianisme chez

    Emile Cioran

    Nadia Chelaru

    crivain et philosophe

    d’origine roumaine, Émile

    Cioran (1911-1995), intéresse

    particulièrement le lecteur contemporain

    par sa façon d’interpréter le monde par la

    négative. Le temps sous l’angle de

    l’éternité ainsi que la religion chrétienne

    sont au cœur de ses préoccupations. Quels

    sont donc les termes qu’emploie Emile

    Cioran pour décrire par exemple l’éternité

    dans son Précis de

    décomposition (Immunité contre le

    renoncement et Le Mensonge immanent)?

    Le temps apparaît d’abord dans le

    Précis de décomposition comme éternité,

    concept qui est la clé centrale de la pensée

    chrétienne. Cette pensée chrétienne exalte

    l’optimiste, la confiance en soi, la lutte

    pour un idéal et le respect des lois

    chrétiennes pour atteindre la sainteté. Mais

    Cioran s’inscrit en faux contre la pensée

    chrétienne, car d’après lui, « vivre signifie

    croire et espérer –[ ce qui revient à ] mentir

    et se mentir » (Le mensonge immanent

    657).

    Cioran montre que l’éternité

    devient banalité. « Les gens disent : tout

    passe : mais combien saisissent la portée

    de cette terrifiante banalité ? » (Précis

    620). L’expression tout passe synonyme

    de fortuna labilis (latin) est devenue ainsi

    un lieu commun par sa répétition

    machinale, qui implique non seulement

    l’irréversibilité du temps mais aussi l’idée

    d’oubli du passé : tout passe, tout est

    oubliable, même la vie de l’homme et

    implicitement le temps, qui est/vit en

    nous.

    É

  • 10

    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    Cioran oppose l’intensité de

    l’instant, le moment d’éternité à l’éternité

    elle-même : « On accède à l’éternité

    « qu’en supprimant toute corrélation, en

    vivant chaque instant de manière

    absolue…En parlant de la vie, nous

    mentionnons des instants ; en parlant de

    l’éternité - l’instant » (O, 63). Ainsi

    l’antonyme du mot éternité est, pour

    Cioran, l’instant, le moment. L’éternité

    comme instant est plus importante que

    l’éternité comme durée, car elle est

    mesurable, visible, irréversible, même

    regrettable. Esprit épicurien, Cioran nous

    invite à jouir, à savourer et à profiter de

    chaque instant qui passe, de cette durée

    très courte que la conscience saisit comme

    un tout ; il nous invite plutôt à faire nôtre

    le concept latin carpe diem.

    L’éternité est donc décrite par

    Cioran d’une manière négative. Pour

    Cioran, cette éternité n’existe pas (mais il

    s’y intéresse); la foi ne joue pas vraiment

    un rôle important pour lui. En effet, Cioran

    met en évidence des contre-arguments, il

    tourne en dérision la ferveur, et démasque

    (d’après lui) le rôle insignifiant joué par

    celle-ci dans la société. L’éternité est vue

    comme indifférente et sans importance à

    cause de son absence, de son

    inaccessibilité et de sa nostalgie. Mais très

    peu de gens se rendent compte de ce fait

    qui reste une vérité toujours valable. En

    fait, elle est le cœur de la métaphysique,

    car c’est autour d’elle que les grandes

    questions existentielles se créent.

    L’homme moderne devient ainsi un

    homme archaïque, Prométhée enchaîné à

    ses propres pensées, qui suivra son destin

    fatal, même si les rochers ne l’ont pas

    encore écrasé.

    Recherche

    L’œuvre des Jésuites en Indes

    Devika Vijayan

    omment justifier le choix des pères

    jésuites comme initiateurs de

    dialogue entre deux civilisations: la

    culture française et la culture indienne?

    Ces voyageurs n’étaient certes pas les

    premiers à se promener en Inde. Pourquoi

    donc s’appesantir sur leur départ ? La

    réponse, c’est que la visite des pères

    Jésuites marque une étape décisive dans

    l’histoire de l’indianisme européen. Les

    histoires propagées par les Grecs et les

    Romains dans l’Antiquité, l’iconographie

    indienne, faisaient en sorte que l’image de

    l’Inde dans la période avant les Jésuites

    était un « horizon onirique ». L’Inde

    apparaissait tantôt comme le pays de

    monstres et de démons, tantôt comme une

    terre à la richesse prodigieuse. Mais grâce

    à la parution des Lettres des pères Jésuites,

    les mythes sur l’Inde commencent à

    s’effondrer. Les lettres sont en effet à

    l’origine d’une certaine découverte de

    l’Inde authentique.

    Dans l’Antiquité, il existait un

    vaste réseau commercial entre l’Inde et les

    Romains. C’est par les ports de la mer

    Erythrée que les marchands allaient

    fréquemment au Gujarat et sur la côte

    Malabar échanger l’or contre le poivre. Ce

    sont donc les Romains qui ont formalisé

    l’image de l’Inde en Occident.

    Mégasthène, qui avait été envoyé comme

    C

  • 11

    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    ambassadeur auprès du roi indien, Chandra

    Gupta Maurya, a publié en 300 av. J.C un

    traité sur l’Inde. Ce dernier a assimilé sur

    place tous les récits mythiques et toutes les

    fables. Ces fables seront reprises à leur

    tour par Pline l’ancien dans son Historia

    Naturalis et C. Julius Solinus dans ses

    Collectionae rerum memorabilium. À

    travers ces récits s’est créée la vision d’une

    Inde peuplée de monstres et de races

    diaboliques. On peut peut-être même parler

    d’une recette surréaliste pour la création

    des monstres. Il s’agit ici d’un petit

    nombre d’ingrédients diversement

    combinés qui produisent une variété

    étonnante d’êtres monstrueux. Ainsi on

    peut d’abord supprimer, ajouter ou

    développer exagérément une ou plusieurs

    parties du corps humain. Cette méthode

    donna naissance à des Arimaspes dont

    l’œil unique brille au milieu du front. La

    deuxième méthode consistait à inverser les

    parties du corps et à changer leurs

    proportions. Le résultat, les Antipodes qui

    sont des hommes aux pieds retournés. Une

    troisième recette consiste à assembler des

    parties disparates. De cette manière, on

    obtenait les cynocéphales (les hommes à

    tête de chien) qui aboient au lieu de parler.

    L’Inde de l’époque antique apparaît

    comme un pays issus des errances de

    l’imagination. Le déclin de l’empire

    romain est accompagné d’une période de

    chaos et de désordre. Ce contact entre

    l’Inde et l’Occident est brisé mais on n’a

    pas perdu le souvenir de l’Inde fabuleuse.

    Ces images seront en effet reprises dans les

    encyclopédies médiévales qui fleurissent à

    partir du XIIe siècle, sous la plume par

    exemple d’Honoré D’Autun, Gauthier de

    Metz ou Gervais de Tilbury. La vogue des

    voyages a continué pendant le Moyen Âge.

    Les gens ont ressenti un besoin de reculer

    les bornes du connu et d’aller explorer de

    nouvelles contrées. Les voyageurs vont

    publier leurs mémoires et les récits de

    voyage présenteront une image de l’Inde

    contraire à celle établie par la tradition

    scolastique. Les pérégrinations du

    voyageur italien Conti, par exemple,

    l’amènent à « Cambay, Calicut, Vijaynagar

    et les bouches de Gange». Son récit est

    entièrement descriptif en nature et ne laisse

    aucune place à l’imagination. Cette même

    objectivité est visible dans les mémoires

    d’autres voyageurs comme le lapidaire

    génois Girolamo da Santa Stefano. Mais

    les mythes persistaient toujours. Cette

    contradiction s’explique par une

    convergence de diverses raisons.

    Premièrement, les récits fabuleux ont peut-

    être si fortement influencé la psyché

    européenne que les voyageurs ont assimilé

    des notions préconçues de l’Inde. La réalité

    indienne serait donc perçue à travers le

    « prisme merveilleux » Une deuxième

    raison vient peut-être du fait qu’il s’écoule

    parfois des décennies et même des siècles

    entre la rédaction et l’impression d’un

    livre. Les coteries politiques, la censure

    imposée par l’Inquisition retardaient

    l’édition d’un livre comme le prouve la

    Suma Oriental de Tome Pires écrite vers

    1516 et découverte en 1938 à la

    Bibliothèque de la Chambre des Députés

    de Paris. La peinture et la sculpture

    indiennes ont été cependant les plus grands

    facteurs dans la persistance de ces

    stéréotypes. Les réalités de l’iconographie

    indienne iront de pair avec les traditions

    fabuleuses héritées de Pline et de Solinus.

    Voilà donc l’image de l’Inde telle quelle

    apparaît fixée dans l’imaginaire occidental.

    Certes les Occidentaux n’avaient pas

    inventé les dieux hindous à quatre bras et à

    quatre têtes. Mais ce qui leur avait fait

    défaut, c’était l’analyse de ces images des

    divinités hindoues. Les Jésuites à la

    différence d’autres voyageurs ne

    cherchaient pas le sensationnel mais plutôt

    l’objectivité. François Xavier était le

    premier jésuite à arriver en Inde et les

    missionnaires y sont restés jusqu'à 1773.

    Les Lettres édifiantes et curieuses sont

    même aujourd’hui un point de repère pour

    les historiens car elles sont des

  • 12

    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    témoignages exacts du passé. Les Jésuites

    étaient aussi d’excellents linguistes qui ont

    entrepris des études approfondies de

    diverses langues indiennes comme le

    tamoul et le sanscrit. N’oublions pas non

    plus leur contribution à la cartographie

    indienne. Les lettres n’étaient certes pas

    exemptes de préjugés car tout individu est

    prisonnier de son bagage culturel. Nous

    pensons que ce serait impossible de trouver

    un récit totalement objectif. Ce qu’il faut

    souligner, c’est l’extraordinaire

    contribution des Jésuites, dans leurs

    Lettres, à la représentation assez fidèle de

    l’Inde sans s’attarder sur leurs défauts

    mineurs.

    Cœur grivois

    Sois à moi

    uel astre brille au zénith radieux de

    tes yeux mirifiques et éblouit mon

    âme pour que je brûle, de jour

    comme de nuit, d’envie de poser mes

    lèvres sur les tiennes et de sentir ta chaleur

    de vivre m’envahir joyeusement? Veux-tu

    être mienne, princesse, et dévaster mon

    cœur de ton sourire jovial?

    Moi, je suis d’ores et déjà tienne, en mal

    d’ivresse torride, comme je te voudrais

    mienne, en pensée méta-orgasmique au

    milieu des senteurs parfumées de nos corps

    transformés en feux d’artifices éclatant

    sous forme de délires et de désirs

    foudroyants au fond de cette humide vallée

    tienne, et bientôt traversée de plaisirs

    flamboyants.

    De ma passion verdoyante, je te voudrais

    étreindre et entendre tes cris rythmiques

    sous l’assaut titanesque du bonheur

    tétanique.

    Sois à moi puisque, de jour comme de nuit,

    tu es puissamment en moi. Viens à moi,

    princesse, viens, viens vite.

    Chékété Godrick

    Á fleurs de mots, le coin du poète

    RECONNAISSANCE

    «Comment chanterions-nous les cantiques de l'Éternel/

    Sur une terre étrangère?» (Psaume 137, v. 4)

    e chanterai Tes cantiques, Éternel,

    Sur toutes les terres qui me recevront

    Dans tous les cœurs qui m’abriteront

    Pourvu que mon front reste serein

    Et qu’il s’avance hardi et digne

    Que les vers de plomb deviennent cygnes

    Tout mon corps se fasse violon

    Vibre l’amour que Tu m’as porté

    Je chante la chance jamais méritée

    La sortie de l’oubli, la pleine lumière

    Toi même dans ma maison

    Volontiers incarcéré dans un petit cœur

    Que Tu es beau, ici et là,

    Que Tu l’es !

    Maria Petrescu

    Q

    J

  • 13

    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    IFFÉREMMENT

    J’écrirai comme je ne l’ai jamais

    fait

    Il faut bien, il est trop plein dedans

    Ne chanterait-il pas un détenu gracié ?

    J’ai porté toute ma vie des sacs dans les

    mains

    De lourds bagages, pénibles fardeaux

    Les vivres sur la ruelle non asphaltée

    L’eau dans les seaux, les larmes aux yeux

    Rien ne pèse plus maintenant

    Je suis aimée

    Telle que je suis

    L’amour s’engendre éternellement

    Et j’aime

    Maria Petrescu

    ATERLAND

    Le français est ma nouvelle patrie

    Le plus intime doit s’y reverser

    La résonnance et le raisonnement

    Restent les collines, les larmes au seuil,

    les forêts les jardins le puits creusé par le

    père

    l’eau fraîche les montagnes

    le courage et les hommes des bois

    Reste ce qui ne se dit jamais dans aucune

    langue

    les griefs transylvains et les passions

    romaines

    Rien n’est sans reste

    Fors l’amour, seul le Sien

    Maria Petrescu

    equête d'amour

    Passent les jours,

    Passent les nuits,

    De la saveur sauvage de ta bouche,

    Rien n'efface l'envie exquise.

    Du lever au coucher,

    Captive de ta grâce, ma mémoire,

    Redessine de ton charme le relief.

    Et rien n'altère mon désir florissant.

    Dans la prairie de mon cœur,

    Verdoie la prestance de ton souvenir.

    O douce tortionnaire de mon cœur,

    Rien qu'une nuit, toi et moi,

    Juste une nuit de folie merveilleuse,

    Une petite nuit de plaisir aveugle

    Et peut-être m'aimeras-tu à en mourir,

    Dans un cœur à cœur indissoluble.

    Godrick Chékété

    AU SOLEIL DE MA BIEN-AIMEE Au soleil de tes yeux,

    Elle luit

    Mon Afrique;

    Elle revit.

    Mon Afrique si loin à l'horizon,

    Mon Afrique si près,

    Dans le charme de ton visage.

    Veux-tu bien venir dans mes bras?

    Du froid me réchauffera ton sourire

    De la nostalgie,

    Ta présence me délivrera.

    Veux-tu bien venir dans mes bras?

    De ta bouche généreuse

    Et de tes mains chaleureuses,

    La douceur enjôleuse me bénira.

    Veux-tu bien venir dans mes bras?

    Tu verras!!!!

    Tu verras,

    D

    V

    R

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    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    Au fond de mon cœur,

    Le soleil de tes yeux,

    Mon soleil bien-aimé.

    Godrick Chékété

    Mon papa chéri u es mon arc-en-ciel

    Gros comme le ciel

    Tu es mon soleil

    Qui me réveille

    Je t’adore de tout mon cœur.

    Le ciel est bleu (bleu est le ciel)

    Comme tes yeux

    Ton sourire brille et luit

    Comme une fleur qui fleurit

    Ton cœur est doux

    Comme un chou

    Je t’aime de tout mon cœur.

    Mon chou, mon cœur,

    T’es avec Dieu,

    Tant mieux

    Je garde de toi les plus doux souvenir

    Qui ne vont jamais tarir.

    Je chéris toujours ta présence et ton amour

    Ils sont gravés en moi pour toujours

    Je sais que tu es toujours avec moi

    Je souhaite pouvoir te serrer contre moi

    Je t’adore de tout mon cœur.

    Precious Nibaruta

    Voyage au bout de la vie ans j’avais, tristement cinq ans,

    Le cancer a pris mon père adoré.

    Ma famille me l`a appris.

    Dans la force de l’âge, il est parti

    Parti au loin, bien loin de moi.

    De savoir mon père décédé,

    J’étais extrêmement brisé.

    Alors une question me tourmentait :

    Pourquoi, mais pourquoi cela arrive-t-il à

    nous ?

    Nous, rien que nous, dans ce monde de

    solitude ?

    Que de raisons, les gens m’ont données :

    Il y a ceux qui, gentiment, m’ont dit :

    Dieu aime être entouré de bonnes

    personnes

    Et d’autres, sans sourciller : la vie est ainsi

    faite.

    Mais vous savez quoi ?

    Je sais que mon père n’est plus avec moi

    sur cette terre

    Mais je sais qu’il est avec moi dans mon

    cœur.

    Voilà ma seule certitude d’espérance,

    Mon unique soulagement.

    Au tréfonds de mon cœur, il renaît dans

    mes pensées

    Je suis ce que je suis, sa fille, et j’aspire à

    l’être

    Mon papa chéri. Je suis fière d’être ta fille.

    Precious Nibaruta

    T

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  • 15

    Do things you think you cannot do. Eleanor Roosevelt Ars lonnga, vita brevis.

    Par Mark Finkelstein


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