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Le Journal du - rawdurayahin.org du Magal 2014.pdf · Par Serigne Moussa Ka 16 • Les écrits du...

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Réalisé par Rawdu Rayahin (Le Jardin des Parfums) 12 e Edition Décembre 2014 Magal 2014 Le Journal du 18 SAFAR 1435 11 DECEMBRE 2014 INEDIT
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Réalisé par Rawdu Rayahin (Le Jardin des Parfums)

12e EditionDécembre 2014

Magal 2014Le Journal du

18 SAFAR 143511 DECEMBRE 2014

INEDIT

CONTRIBUTIONS• Poésie et Littérature Mourides «Jasaa u Sakkóoru Géej Gi et Jasaa u Sakkóoru Jéeri Ji ou L’épopée de Cheikh Ahmadou Bamba» Par Serigne Moussa Ka 16

• Les écrits du Cheikh : Kun Kaatiman Traduction et Commentaire de Koune Kaatiman 18

• Lettres aux Croyantes (Jawâbu Sokhna Penda Diop) 20

• Maximes du Cheikh 21

• Message d’adieu de Cheikh Ahmadou Bamba 22

• Message de Serigne Falilou Mbacké sur le sens du Magal et Comment on doit la célébrer 24

Rawdu rayâhin

Rôle et place de la jeunesse Dans la société : tel est le thème de la grande

conférence de Rawdu Rayahin pour le grand Magal. Thème récurrent mais percutant, aucune nation, aucun peuple ne peut se développer sans avoir une jeunesse à la hauteur des défi s à relever. L’accélération des processus de développement avec les tic facilitent l’accès à la formation. Le développement des réseaux sociaux permet aussi aux jeunes de pays et de cultures différents de se communiquer.

Et pourtant les défi s sont majeurs :• La fréquence des maladies incurables tel que le Sida qui menace plus les jeunes africains que ceux des autres continents ;• La perte des valeurs morales et spirituelles qui menace la cohésion sociale et l’attachement des jeunes à leur patrie et à leurs cités.• Le chomage des jeunes qui ne cesse de croître malgré les progrès dans la formation et dans l’apprentissage.

Quelles sont les réponses de la Mouridiya ? Quelles sont les enseignements qu’on peut tirer à travers les multiples ouvrages que le Cheikh a consacré aux Jeunes (Tassawudou Sikkhar, Tassawudou Chuban, Nahj Al HADA, Houkhal Boukha) ?

Que retiendront les jeunes de l’histoire du Cheikh, qui à la disparution de son père alors âgé seulement de 20 ans, déclina les proposition du Roi Lat Dior de le nommer Khali (jurisconsulte)

en remplacement de son père, le savent Mame Mor Anta Sali ? La détermination que ni le prestige d’un Roi, ni le poste honorifi que ne l’ont détourné de sa voie qu’il s’était déjà tracé après la disparition de son père c’est-à-dire celle de la «Mouridiyya». C’est aussi la volonté d’assumer peinement sa liberté de pensées et d’actions. Les jeunes d’aujourd’hui trouveront en Cheikh Ahmadou comme d’autres africains ont trouvéen Mandela l’homme africain fi èr de ses origines et libres de forger son propre destin.

Nous ne pouvons terminer sans parler de notre vénéré Khalif, Cheikh Sidy al Mokhtar Mbacké, toujours fi déle à l’héritage de Serigne Touba et de ses précédesseurs ; Pour s’épanouir et vivre librement sa foi de Mouride le Chieikh fonda des village loin des grandes agglomérations et invita les jeunes au travail dans les champs.

Est-il besoin de rappeler ici, le discours de tous les Khalifs en particulier celui de Serigne Fallou Mbacké et de Serigne Abdou Akhad Mbacké qui n’ont de cesse exhorer les jeunes à retourner à la terre et à y pratiquer des activités agricoles.

L’actuel Khalif a renouvellé cet appel qui peut aussi être en parti une solution pour éradiquer le chomage des jeunes.

Abo SALLCoordonnateur du Journal

- 18 SAFAR 1435 H

Comité de rédaction

• Abo SALL• Sam BOUSSO• Aziz MBACKÉ• Serigne MBACKÉ• Khadim LO• Touba Academy

Contacts Touba

• Ahmad Badaoui MBACKÉ• Abdoul Ahad MBACKÉ• Cheikhouna W. MBACKÉ• Cheikh Djily MBACKÉ• Cheikh Alioune MBACKÉ• Khadim SYLLA

Contacts Dakar

• Abo SALL• Serigne MBACKÉ• Aziz MBACKÉ• Lamine MBACKÉ

SommaireACTUALITES

• Appel du Magal par le Khalif Général des mourides : Cheikh Sidy Al Moukhtar Mbacké 4

• Forum du Grand Magal 2013 5

• Grande Mosquée de Touba : Serigne Sidy Mokhtar Mbacké porte Les Minarets au Nombre de 7 8

• Les Médias Mourides : Entre Renouvellement Sociologique et Géopolitique de la Foi Islamique 9

• Le Magal de Touba voté Jour férié par l’Assemblée Nationale 11

• L’harmonie démographique de Touba à l’épreuve ? 12

• Les Nouvelles Orientations du Khidmatoul Khadim : Exemple du Touba Academy et Mawahibul Akyaas 13

ENSEIGNEMENTS DU CHEIKH• Poésie et Littérature Mourides «Jasaa u Sakkóoru Géej Gi et Jasaa u Sakkóoru Jéeri Ji ou L’épopée de Cheikh Ahmadou Bamba» Par Serigne Moussa Ka 16

• Les écrits du Cheikh : Kun Kaatiman Traduction et Commentaire de Koune Kaatiman 18

• Lettres aux Croyantes (Jawâbu Sokhna Penda Diop) 20

• Maximes du Cheikh 21

• Message d’adieu de Cheikh Ahmadou Bamba 22

• Message de Serigne Falilou Mbacké sur le sens du Magal et Comment on doit la célébrer 24

FIGURES DU MORIDISME• Histoires Secrétes entre Cheikh Ahmadou Bamba et les Saints de La Mauritanie 26

CONTRIBUTIONS• Le Terme « Mouridisme » : Une Invention du Régime Colonial 28

éditorial

BON MAGAL 2013

ACTUALITES

CHANTIERS COLLECTIFS MOURIDESL’expression d’une représentation cultuelle et culturelle

Serigne Cheikh Sidy Mokhtar MBACKE, khalife Général des Mourides, est une source d’espoir, de sécurité et de sérénité. Serigne Sidy Mokhtar MBACKE est, aujourd’hui, le secret de la vie des disciples mourides et le moteur de leur mouvement. Effacé et perspicace, il nous est apparu comme un guide dont la sacralité de Touba, la diversification des représentations cultuelles et culturelles de la Mouridiyya et le comportement des disciples seront un enjeu de taille de son magistère, sous les auspices d’une rectitude déjà dévoilée.

Depuis son accession au califat, le premier juillet 2010, le peuple sénégalais a découvert en lui un pacificateur dont le premier discours portait sur l’unification des musulmans dans notre pays.

Son appel est empreint d’espoir. C’est par l’espoir que l’être humain goute la saveur du bonheur, sent la joie de vivre et crée les causes de lutte pour le devoir, qui répand l’énergie dans le corps et l’esprit tout en poussant le paresseux vers l’effort et le sérieux, la gloire et la persistance.

Ces faits sont hautement attestés par l’adhésion massive de la communauté en particulier et des musulmans en général sur les projets portant sur l’infrastructure religieuse, notamment la grande Mosquée de Touba et celle de l’Institut Islamique Cheikh Ahmadou Bamba de Dakar.Elément sacralisant de la ville sainte, la grande mosquée,

depuis le 6 mars 2013, sous l’égide de Serigne Sidy Mokhtar Mbacké, connaît une mutation architecturale et physique. Le Khalife général des Mourides est plus que déterminé à renforcer la place que celle-ci occupe dans l’espace et dans la société mouride. Témoin de la production de la citadinité musulmane de Touba, la grande mosquée demeure l’espace vers lequel tout conflue et duquel tout reflue, comme si elle était un cœur.

Le jour de la pose de la prière consacrant le démarrage des travaux de rénovation, sous l’ère de l’actuel khalife, et confiés à l’architecte Meissa Diodio Touré a montré les différents problèmes qui touchent avec latence l’infrastructure.

Etanchéité défectueuse, déformation permanente de certaines parois, lourdeur du marbre sur les murs et les minarets, climatisation à effet négatif sur l’édifice, déficit d’aération, taux d’albédo élevé des marbres au niveau des portes qui mènent vers l’espace de prière, faible polarisation de la sonorisation par rapport au développement de la ville et du recul de son front urbain, système d’éclairage vieillissant, tels sont, entre autres, les éléments saillants du rapport de l’architecte sous l’œil vigilant et l’appui de Serigne Cheikh Mountakha Mbacké Bassirou et Cheikh Bassirou Abdou Khadr Mbacké. Ce travail qui a nécessité beaucoup de mobilisation et d’abnégation a eu l’onction de Serigne Sidy Mokhtar

Mbacké qu’au 7ème rapport soumis à son autorité.

Conscient que l’évolution urbaine et l’organisation de son espace se réfèrent plus à des normes urbaines plus fonctionnalistes où le profane l’emporte assez souvent sur le sacré et où la logique de la modernisation renforce l’organisation traditionnelle communautaire, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké vient de prouver que la hiérarchisation des espaces dans la ville sainte obéit toujours au religieux, au sacré.

Marqué du sceau de l’orthodoxie et en soufi bien au fait de l’évolution du monde, il est en train d’ériger deux autres minarets au niveau de la grande mosquée pour porter leur chiffre à 7, renforçant ainsi les éléments distinctifs du panorama de Touba.

Hauts de leur soixantaine de mètres, et revêtus d’un marbre plus léger, pour les derniers, 33 m pour les deux autres vers l’Est, 45

Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, Khalife Général des Mourides se réfèrent à Dieu, comme tout vrai musulman, en toute chose pour donner un sens à son existence. Son vécu et ses actes, se résument au renforcement des espaces d’expression de la civilisation mouride.

4 Le Journal du Magal 2014

ACTUALITES

mètres pour ceux situés à l’Ouest et Lamp Fall qui trône à 87 mètres, la compétitivité territoriale dans l’espace régional voir national ou sous régional, où tradition et contemporanéité se chevauchent et

interagissent, est de loin remportée par la grande mosquée de Touba, unique dans sa construction, unique dans sa quintessence et l’une des merveilles de ce monde.

La décision et la volonté de porter les minarets à sept, de remodeler le revêtement, de renouveler la sonorisation pour augmenter sa portée auditive constituent des réponses intangibles à cette prédiction de Cheikh Ahmadou Bamba : « absous également tous ceux qui leur sont venus en aide dans cet édifice qui, par Ta gloire s’est érigé- Ô combien majestueux !- de leurs péchés premiers et derniers ».

Le fait de maintenir la grande mosquée de Touba dans son contexte temporel, social et culturel est, aujourd’hui, plus qu’une nécessité, une urgence, une démarche salutaire pour tous les musulmans du monde. En participant à ces travaux à hauteur de 500 francs CFA selon l’appel de Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké,

chaque disciple mouride, chaque musulman est certain d’être pris en compte dans la prédiction de Cheikh Ahmadou Bamba.

La rénovation et l’orientation apparaissent tout en grandeur dans les deux chantiers collectifs de la Mouridiyya engagés par, l’actuel khalife général des mourides, Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. L’adhésion massive de la communauté sur les projets portant sur l’infrastructure religieuse est édifiante sur l’impact de la décision de l’autorité institutionnelle de Touba. Cette adhésion reflète le pouvoir de compréhension qu’à la société sénégalaise de la mission du saint homme, de l’efficacité de ses constructions mentales et de ses actions. Ces dernières s’axent autour du fait religieux et de la compréhension de la société musulmane confrérique, corroborées par la pensée de Mohamed Arkoun quand il soutient de la prédominance dans nos sociétés « d’une pensée que l’on peut qualifier de religieuse dans la mesure où la pensée théologique, en particulier, a été, constamment, très forte et très présente dans la société au point d’assurer une sorte de contrôle de toutes les activités de l’existence socio-historique ».

L’érection de la mosquée de l’institut islamique Cheikh Ahmadou Bamba de Dakar obéit à cette même veine et va couter plus de 7,28 milliards de FCFA à la communauté mouride. Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké est le premier contributeur pour la réalisation de ce projet composé en plus d’un institut de recherche, d’une bibliothèque, d’une résidence Cheikh Ahmadou Bamba, d’une salle de conférence moderne, etc.Son acte, évalué à plusieurs milliards, montre « les aspects qui alimentent une bonne politique économique à travers le modèle de la communauté mouride, par la faveur d’un leadership favorable au développement et l’assujettissement de l’économie au service du bien être de la communauté » selon les termes

d’Alioune Dione, spécialiste du développement,.

Le leadership de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké consigné à travers « l’amour ou le mahabatu », « le don de soi pour la face de Dieu » ou si vous voulez « le dépassement de ses propres tentations égoïstes » démontre le sens du bien public et de l’intérêt général, exalté par une capacité de mobilisation financière désintéressée et dévouée qu’on ne rencontre nulle part dans le monde.La classe politique et nos gouvernants sont appelés à s’approprier cette démarche sans subjectivité aucune pour le bien de notre pays.Les travaux de la grande mosquée de Touba et le projet de l’institut islamique Cheikh Ahmadou Bamba de Dakar, dans un contexte économique et politique mondial difficile, sont encore un signe du dynamisme d’une communauté et de son khalife.

Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, maître d’ouvrage de ces deux chantiers, nous conforte dans notre perception de l’histoire de la communauté mouride et nous renforce dans le destin de communauté que nous partageons.En réalité, l’actuel Khalife Général des Mourides est la centralité du chiffre 7. Il est le 7ème Khalife du fondateur de la Mouridiyya, 7ème fils de son vénéré père Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Mbacké Khadimou Rassoul, intronisé khalife le 7ème mois lunaire et le 7ème mois de l’année correspondant au 1er juillet 2010. Ce positionnement numérologique atteste que Serigne Sidy Mokhtar Mbacké occupe une place privilégiée dans le khalifat de Cheikh Ahmadou Bamba et dans ces moments cruciaux que traverse notre pays. Partant de ce miracle parmi tant d’autres, nous nous devons de méditer et de réfléchir sur le miracle Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké.

Abdoulaye DIOP

5Le Journal du Magal 2014

ACTUALITES

6 Le Journal du Magal 2014

LA PLACE DU CORAN DANS LE MAGAL Le récital du Coran occupe une place prépondérante dans la célébration du grand Magal de Touba. Chaque année le Khalife général des mourides sollicite de la part des disciples de nombreuses lectures du Saint Coran durant l’événement.

SERIGNE SALIOU MBACKE disait à l’occasion de l’un de ses discours d’avant Magal : « Nous vous recommandons de vous consacrer le jour du Magal à la lecture du Saint Coran. »

Nous savons tous que ce qu’aimait «Serigne Bamba» le plus au monde était le Coran et sa lecture dont il ne se lassait jamais. Ainsi, quiconque aspire obtenir son Agrément et célébrer dûment ce jour devra y associer la lecture du Coran...

Cette lecture du Coran, nous l’effectuerons en guise de don pieux à l’intention du Cheikh puis en guise de don pieux, en son nom, envers le Prophète (PSL) ; ce à quoi il ne manquait jamais de s’acquitter durant sa vie. Effectuons-le donc en son nom.En effet, le Magal est avant tout une recommandation du Fondateur du Mouridisme qui dit en ces termes : « Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus; par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait à s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, dans la mesure de ses possibilités en sacrifiant des espèces allant de la poule au chameau, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouvera sur terre». Ce message paraît être bien entendu et suivi par les mourides et expliquerait, en quelque sorte, sa dimension dite « festive » du Magal alors qu’en réalité ces sacrifices ont une dimension spirituelle, comme l’a dit le Cheikh, tout peut être sacrifié pour rendre grâce au Seigneur «ACHOUKROU», allant de la poule au chameau.

Le déroulement de la récitation du Coran dans le Magal.

Cheikh Ahmadou Bamba a voué tout son existence à l’adoration de Dieu et au service du Prophète (PSL) par le Coran et la Sunna et il se distinguait par le grand soin qu’il accordait au

Saint Coran du point de vue de sa mémorisation, de sa lecture constante, du respect des règles de sa calligraphie, de la collection de ses copies, de la bienveillance extrême à l’endroit des hommes du Coran et de la mise en application de ses enseignements.

C’est ainsi qu’il a consacré toute sa vie au service du Coran tout en considérant ce service comme son trésor intarissable et son patrimoine éternel. C’est à ce propos qu’il disait :

Tout disciple qui se réclame de moi doit régulièrement réciter le Coran qui est le meilleur livre révélé.

Sa récitation constitue mon trésor, mon rang très élevé et mon honorabilité c’est grâce à elle que je suis considéré auprès de Dieu comme un homme de vérité Je considère comme richesse mon Seigneur ainsi que le Messager et le Livre tout en me contentant de la récompense divine à la place des calculs matériels C’est par le service rendu au Coran et à la Sunna, et non par les biens matériels, que s’éternise et reste à jamais mon patrimoine

La lecture du Coran est un des piliers dans la célébration du Magal de Touba. Ce grand événement qui inspire beaucoup de valeurs et de comportements islamiques ne serait pas ce qu’il est sans la récitation du Saint Coran des milliers de fois dès la parution du premier jour du mois lunaire de Safar dans tous les DAARAS, les DAHIRAS et DAARAY KAAMIL conformément au NDIGËL donné par le Khalif lors de son appel d’avant Magal.

Collectivement ou individuellement, comme le disait Serigne Saliou, que chacun qui a la capacité de lire le Coran le fasse trois fois lui-même. Ce qui est une recommandation très bien observée durant le Magal.

Dans les daaras, les dahiras et les daaray kamils

Dès le 1er Safar, les récitals commencent dans tous les daaras,

que ce soit à Touba ou dans les autres daaras affiliés à Touba et ce, jusqu’au grand jour du Magal de Touba.

Les dahiras observent pour la plupart le même principe partout où ils se trouvent au Sénégal comme à l’étranger.

Le nombre de lectures des « kamil » est inestimable compte tenu de l’existence de nombreux daaras et dahiras, qui se comptent par centaine voire par millier, et des HOUFAS, ceux qui ont une parfaite maîtrise de la Mère des livres saints.

Dans Les daray kamil

Serigne Bamba Khadimou Rassoul, durant son séjour terrestre avait créé des endroits appelés daaray kamil où il avait assigné à des disciples la lecture quotidienne du Coran à des heures déterminées : deux fois après la prière de soubh et une fois après la prière de zouhr et une autre fois après la prière d’aasr. Quant au jour du vendredi, on le lisait sept fois, une pratique perpétuée jusqu’à nos jours. Des daarays kamils sont érigées partout : dans la grande mosquée de Touba, dans les penc, à Darou Khoudous, Darou Minam, Darou Manam, Darou Salam, et aussi dans les autres citées fondées par les frères et cheikhs de Serigne Bamba. Il en existe donc plusieurs même si presque tout le monde pense à la grande bibliothèque de Touba quand on parle de daaray kamil.

Durant tout le Magal les récitals de Coran s’accentuent dans les daaray kamil où ses membres ont comme seule mission la lecture du Coran comme on le faisait autrefois au temps du Cheikh. Le jour du Magal de Touba, dans les foyers des marabouts, que ce soit les petits fils de Serigne Bamba, ou ceux de ses frères ou de ses cheikh, se dressent de grandes tentes installées à cette occasion ou des « MBARE » déjà sur place, pour la lecture du Coran et des khassaïds. Ce qui prouve l’importance et la place qu’occupe la lecture du Coran dans la célébration du grand Magal de Touba et, au-delà, dans la vie des mourides si l’on sait que la plupart des panégyries de Khadimoil Rassoul sont des acrostiches composés à partir de verset coranique.

ACTUALITES

7Le Journal du Magal 2014

ACTUALITES

8 Le Journal du Magal 2014

ACTUALITES

9Le Journal du Magal 2014

ENSEIGNEMENT DU CHEIKH

10 Le Journal du Magal 2014

NOTES DE LECTURE DE TAZAWUDU SIGHAAR (VIATIQUE DES ENFANTS) PAR SERIGNE AFÉ NIANG

Le livre que nous abordons aujourd’hui a été écrit par Cheikh Ahmadou Bamba. Comme nous le savons les écrits du Cheikh se divisent en deux parties. Une partie constituée de poèmes dédiés à Dieu et au Prophète (PSL) et une autre consacrée à l’enseignement islamique. L’objet de notre étude fait partie de cette dernière catégorie.

Nous le savons tous, le Cheikh avait l’habitude à ses début de choisir des livres anciens qui étaient en prose pour les réécrire en vers pour être plus facile à retenir et afin d’en donner un meilleur accès aux étudiants. Ce travail du Cheikh ne se limite pas à reprendre en entier un livre ancien, mais il prend soin de l’adapter à son milieu, de simplifier les contenus qui étaient souvent trop long et de l’enrichir avec des ajouts très utiles.

Toute la partie Fiqh (Loi canonique islamique) du livre que nous étudions aujourd’hui a donc pour ouvrage-source un livre écrit par une figure islamique, Imam Awfî.Le livre est institué « Tazawudu Sighâr ilâ jinâni Lâhi zil anhâri » (Le viatique des enfants vers le Paradis doté de rivières) écrit par Cheikh Ahmadou Bamba.

L’auteur comme on le sait est né en 1270 de l’Hégire (1853) à Mbacke Baol et décédé au mois de muharram 1346 (juillet 1927). Il était un très grand homme de sciences, un rénovateur de la religion islamique et le fondateur de

la voix soufi appelée Al-Mouridiya. Il a écrit d’innombrables ouvrages et grandement œuvré pour l’Islam en Afrique de l’Ouest et pour le Monde en général.Le livre est donc « Le Viatique des enfants vers le Paradis doté de rivières ». Le livre a donc pour objectif de préparer les jeunes musulmans dans les sciences religieuses afin de leur procurer les outils qui les mèneront au Paradis.On retient que ce livre a été écrit par le Cheikh en Mauritanie en 1904 ou 1905 à Sahwatul Mâ, appelé par les wolof « Khomak ». Il faut savoir que dans ce lieu, le Cheikh y a reçu la visite de beaucoup de ses fidèles mourides.

Le livre couvre trois thèmes : Tawhîd, Fiqh et Tassawuf. Le Cheikh a évoqué tous ces trois domaines dans le livre. Il compte 308 vers.La méthodologie utilisée par le Cheikh pour écrire Tazwudu Sighar est qu’il l’a composé en trois grandes parties.

La première est dédiée au Tawhid (La Foi) et comporte six chapitres correspondant aux chartes de la Foi musulmane. Il y a un chapitre consacré à la Foi en Dieu, un autre sur la Foi aux anges, un autre sur la Foi aux livres célestes, un sur la Foi aux Prophètes, un chapitre est consacré à la Foi au Jugement dernier et un dernier sur la Foi à la Destinée.La deuxième partie est consacrée au Fiqh (Les pratiques islamiques) avec les cinq piliers de l’Islam auxquels il

a réservé un chapitre pour chaque pilier. Cette partie compte donc 17 chapitres suivis d’une conclusion. Ces 17 chapitres sont :

1. Un chapitre qui énumère les piliers de l’Islam

2. Un chapitre sur la profession de Foi musulmane (Lâ Ilâha ilal Lâh Muhamadou Rasolou-l Lâh)

3. Un chapitre sur les cinq prières canoniques

4. Un chapitre qui insiste sur la nécessité pour un musulman de chercher à apprendre les règles obligatoires, surérogatoires pour toutes les pratiques islamiques

5. Un chapitre sur les règles obligatoires de la prière

6. Un chapitre sur les règles surérogatoires de la prière

7. Un chapitre sur les règles obligatoires dans les ablutions

8. Un chapitre sur les règles surérogatoires dans les ablutions

9. Un chapitre sur les règles obligatoires dans le lavage rituel

10. Un chapitre sur les règles surérogatoires dans le lavage rituel

11. Un chapitre sur les règles obligatoires dans la pureté par le sable

12. Un chapitre sur les règles surérogatoires dans la pureté par le sable

13. Un chapitre sur le jeune du ramadan, ses règles obligatoires et surérogatoires

14. Un chapitre sur la Zakat, ses règles obligatoires et surérogatoires

15. Un chapitre sur le Hajj et ses règles obligatoires

16. Un chapitre sur le Hajj et ses règles surérogatoires

17. Un chapitre sur comment rattraper une prière incomplète derrière l’imam ?

Et une conclusion.

Cette note de lecture a pour but de donner un éclairage sur des ouvrages islamiques écrits par de grandes figures et dont une étude approfondie peut apporter un nouveau regard aux jeunes et aux moins jeunes. Cet éclairage n’a nullement la prétention d’être la seule possible sur ces livres, mais se veut d’être utile aux musulmans.

ENSEIGNEMENT DU CHEIKH

11Le Journal du Magal 2014

La troisième et dernière partie du livre parle d’Ihsân. L’auteur y évoque comment le fidèle musulman doit intérieurement penser à son Seigneur dans toutes ses pratiques, comment il doit parfaire ses qualités morales et se débarrasser de ses mauvaises tares. Et comment il doit avoir l’habitude de fréquenter les personnes de haute moralité.Cette dernière partie ne comporte qu’un seul chapitre.

Avant ces chapitres, le Cheikh a introduit son propos en invitant les jeunes à rechercher le savoir, à trouver de bons modèles et à s’évertuer dans la voie droite dès leur bas âge afin de devenir des adultes conformes aux valeurs de l’Islam.Voilà le schéma de composition de Tazawudu Sighar. En résumé, le contenu du livre permet d’apprendre les bases des pratiques islamiques, aussi bien sur le Tawhid (Foi islamique), le Figh (Règles des pratiques cultuelles) et le Tassawuf (Soufisme islamique).

Tazawudu Sighar est un livre très important, d’abord du point de vu de la science islamique par la richesse des thèmes abordés. Mais aussi le livre est d’un intérêt certain par ce qu’il nous renseigne sur la pensée du Cheikh en matière de sciences religieuses et ses positions dans ce domaine. En effet le livre a été composé après que le Cheikh ait fait un long parcours mystique avec l’étape de son exil au Gabon, jusqu’à sa déportation en Mauritanie.

C’est au cours de cette étape qu’il a composé le livre, après donc qu’il ait accumulé une très grande expérience, acquit des convictions fermes sur lesquelles il ne bougera plus. Donc tout ce qu’il a mis dans le livre reflète sa pensée. Le livre nous renseigne également sur la position du Cheikh par rapport aux écoles de pensée islamique (Al-Foughahâ, Al-moutakalimûn et As-Soufiya). Pour le Cheikh, toutes ces composantes de la pensée islamique détiennent une part de vérité mais la Vérité absolue est partagée entre elles.

Le livre a aussi une valeur littéraire indéniable avec l’utilisation d’une langue Arabe de haute qualité. Tazawudu Sighar dispose d’une très grande valeur éducative car destiné aux jeunes. Le Cheikh y donne des indications et règles claires en matière d’éducation.

En conclusion, je dirais que Tazawudu Sighar est certes un livre de petit volume, mais d’une très grande richesse par son contenu et d’une utilité certaine pour tout musulman. Je voudrais recommander à tous les fidèles de disposer de ce livre, de l’étudier, de le relire et de le vulgariser le plus largement possible.Que la Paix soit sur tous !

Serigne Afé NIANG,Enseignant-chercheur à Touba

Source : www.islamtele.com Traduction : Cheikh Fatma Mbacke

ENSEIGNEMENT DU CHEIKH

CHEIKH AHMADOU BAMBA ET LA JEUNESSE

Une khidma en profondeurLes jeunes musulmans ont une place inestimable dans l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Période la plus heureuse dans le vécu humain car intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte, la jeunesse est le moment où la personne jouit de la force physique et intellectuelle. Elle est, en principe, une période bénéfique pour la réalisation d’une société idéale marquée par la piété, les vertus, la justice et la bienséance.

Dans son ode Sa âdatu (al) Murîdîna, Le bonheur des disciples, Cheikh Ahmadou Bamba décline des tawjihât en ces termes : « j’ai besoin de la science, j’ai besoin de l’action, et puis de l’éducation. Donne les moi toutes ». Cheikh Ahmadou Bamba s’est consacré à la jeunesse à travers deux khidma, ceux du présent et du futur. Les jeunes qui ont eu la chance d’être sous sa férule à la naissance de la Mouridiyya et qui ont suivi sa logique éducative entre 1895 et 1927 ainsi que les générations postérieures à cette dernière date ont, tous, bénéficié de ses manuels d’orientation et d’éducation religieuse.

Le sacerdoce de Cheikh Ahmadou Bamba est de conduire les jeunes à l’action par la science, et à l’espérance, en une vie meilleure, par la culture générale à savoir un humanisme débordant.Dans son évolution, l’Islam a connu des jeunes qui ont su, à un moment de leur histoire, pris des décisions et montré un engagement envers leurs proches ou peuples qui suscitent l’admiration. En refusant la tyrannie et l’absurdité de l’adoration des idoles, le Prophète Ibrahima a agi avec courage comme le souligne le Coran : « Et il en fait une doctrine immuable perpétué par sa descendance afin d’éveiller les consciences ». L’exemple de Joseph qui, dans la plénitude de sa force, n’a pas voulu forniqué, au détriment de sa liberté en acceptant la prison. Ainsi, il préserva sa foi et sa chasteté et sorti de l’épreuve auréolé par la prophétie.

La fleur des arabes, le Prophète Mohamed (Psl), permettait aux jeunes d’occuper des postes stratégiques dans la communauté islamique d’alors. Il faisait confiance à leurs compétences.

Massab ibn Omeyr fut envoyé, avant l’hégire, enseigner l’islam à Yathrib. Oussama, alors âgé de 17 ans, fut commandant dans une expédition composée d’Aboubakr, d’Omar, d’Abi Obeyda, de Saad et d’autres. Les exemples foisonnent.

Cheikh Ahmadou Bamba a le double mérite de faire de la jeunesse le cible idéal de ses orientation mais aussi d’avoir porté le savoir et le savoir-faire à sa disposition. « L’attraction des enfants pour le service de l’Elu » est un ouvrage qui conscientise le jeune. Il l’amène à se détourner des jeux futiles tout en l’orientant vers la félicité terrestre et céleste.Ainsi, des guides comme Cheikh Ibra Faty Mbacké, Cheikh Ibra Fall, Cheikh Abdourahmane Lo, Cheikh Mbacké Bousso, Cheikh Ibra Sarr, Cheikh Adama Gueye, Cheikh Darou Assane Ndiaye avaient environ tous la trentaine en répondant à l’appel historique de Cheikh Ahmadou Bamba. Les daaras ont partout essaimé valorisant la diversité des initiatives éducatives et veillant à accompagner les jeunes vers plus de qualité morales et sociétales. Cette dynamique de 1885 est aujourd’hui perpétuer par les jeunes générations mourides à travers les universités, lycées, collèges et instituts supérieurs de formation. La fédération des élèves et étudiants mourides du Sénégal qui porte le nom de MAWAAHIBUL AKYAASI (Les dons de l’ordre des perspicaces) est une réponse intelligente de l’autorité de Touba, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké qui perpétue les khidma du présent et du futur de son grand-père et guide. Dans sa feuille de route adressée à l’endroit des jeunes mourides en formation il dit : «j’ai remarqué l’intérêt majeur que vous accordez à la voie mouride et votre volonté indéfectible de s’atteler aux recherches sur le Cheikh. Nonobstant les difficultés des études et d’autres problèmes que vous rencontrez, cela ne vous empêche pas de pratiquer et faire pratiquer votre religion en conformité avec votre statut de disciple mouride ».Un programme d’orientation va accompagner les élèves et étudiants vers ce modèle unique de formation imposé par le système éducatif sénégalais. Les

formes de ce programme s’adaptent aux contextes et aux demandes propres de ces apprenants sans transiger sur l’exigence fondamentale. Il s’articule autour d’un maître coranique et des sciences religieuses basées sur des ouvrages tels que «la précieuse quintessence », «le viatique des jeunes», «l’Education des Mourides», etc.; quelqu’un qui les initie aux khassaides ; des séances de lecture du Saint Coran et de déclamation de khassaides ; l’animation de conférence annuelle sur le Cheikh et le Mouridisme par les membres ; encourager les étudiants à préparer des mémoires ou thèses sur Cheikh Ahmadou Bamba et la Mouridiyya, la traduction annuelle d’un ouvrage du Cheikh, entre autres. La formation de la jeunesse est une exigence naturelle chez Cheikh Ahmadou Bamba.

L’autre influence de Serigne Touba sur la jeunesse est liée à sa philosophie qui développe l’esprit et l’oriente vers le travail qui crée les moyens d’existence nécessaires à l’homme. Les dahiras sont devenus des instruments qui aident ses différents composants à investir et fructifier des business et à favoriser des emplois durables. De retour d’exil, le Cheikh nous a légué la consommation du café Touba qui, aujourd’hui est un vivier d’emplois pour plusieurs jeunes sénégalais. A travers les rues des capitales régionales et de leurs banlieues, ils gagnent leur vie honnêtement et aident la communauté dans l’érection et la réalisation de ses chantiers collectifs.

L’éducation de Cheikh Ahmadou Bamba développe chez l’enfant les qualités essentielles que devait posséder un homme. Il a inculqué à la jeunesse la patience, l’amour du travail bien fait, la politesse et la discipline que nous envient les autres.La jeunesse musulmane du monde lui doit beaucoup. Lui qui a voulu et qui a servi de bouclier et de précurseur à son peuple en acceptant de subir toutes sortes d’exactions. Sur ce terrain d’orientation et de formation d’une jeunesse saine, personne ne peut le suivre.

Abdoulaye DIOP

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ENSEIGNEMENT DU CHEIKH

MAXIMES DU CHEIKH

13Le Journal du Magal 2014

FIGURES DU MOURIDISME

Nous venons, ici, vous proposer un aperçu sur la vie d’une grande figure de la mouridiya, un des fidèles compagnons de Cheikh Ahmadou Bamba : il s’agit du grand maître Serigne N’Dame Abdou Rahmane LO. Cet homme faisait partie, en effet, de cette génération qui reçut du Cheikh lui-même une éducation pratique, une formation mystique ainsi que les fondements essentiels de sa nouvelle voie : la Mouridiya.

Sa naissance et son éducation :Né à Méoundou (dans l’actuel département de Tivaouane) au cours du mois de Rabî al awwal 1271 de l’Hégire (vers 1853-1854) de Serigne Mouhammad LO et de Sokhna Mariama SECK, Serigne N’Dame grandit au sein de cette grande famille réputée depuis fort longtemps pour l’érudition, la piété et la noblesse de ses membres.

Lorsqu’il atteignit l’âge de scolarité, il fut confié à Serigne Massata DIAKHATE chez qui il apprit et mémorisa, en peu de temps, le saint Coran puis le transcrivit, selon la coutume, avant de se rendre ensuite à la célèbre université de Pire pour y perfectionner ses connaissances du Livre et entamer l’étude des sciences islamiques. Ces études achevées, il se dirigea vers Nguick auprès du grand érudit Serigne Mor Madieng Falo. Il y effectua des études approfondies en grammaire et en jurisprudence islamique. Il acheva, enfin, ses voyages d’apprentissage à Pathar à l’école de l’illustre érudit Serigne Momar Anta Saly père de Cheikh Ahmadou Bamba.

Ses relations avec le Cheikh :C’est dans cette école très célébre que Serigne N’Dame vivait avec Cheikh Ahmadou Bamba qui y dispensait des cours sous la supervision de son éminent père. Serigne N’Dame lui apporta une collaboration précieuse et déterminante dans ses tâches. Il n’hésita même pas à apprendre et enseigner ensuite les ouvrages que le Cheikh composait à l’époque.

A la disparition de Serigne Momar Anta Saly, la gestion de l’école revenait au Cheikh. Décidé, plus tard, à faire une tournée au Sénégal et en Mauritanie, le nouveau maître confia à Serigne

N’Dame la charge d’assurer son intérim, ce qui constitue une parfaite illustration de la confiance du Cheikh. Quelques mois après, Cheikh Ahmadou Bamba réunit tous ceux qui étaient à l’école et leur communiqua qu’une mission divine venait de lui être confiée qui consistait à revivifier et à restaurer la Sunna du Prophète ainsi qu’à réformer la Communauté musulmane. Cela rendit nécessaire l’adoption d’une nouvelle méthode d’éducation et de formation. Par conséquent, ceux qui avaient les mêmes ambitions que lui et qui voulaient rester devraient se soumettre entièrement à ses ordres et orientations.

Cheikh Abdou Rahmane LO fut parmi les premiers à faire la bay’ah (pacte d’allégeance). Bien qu’il eût pratiquement le même âge que le Cheikh, Serigne Ndame fit preuve d’un dévouement hors du commun et joua, ainsi un rôle déterminant dans la mission grandiose de Cheikh Ahmadou Bamba.

Son rôle dans la mission du Cheikh :En fait, les adeptes de la première promotion formés par le Cheikh lui-même, se sont, par la suite, chargés, chacun dans un domaine, de réaliser les projets éducatifs et sociaux de leur Cheikh. C’est ainsi que Serigne Ndame s’occupa d’un des plus importants domaines si ce n’est le plus important : l’enseignement du Coran. Nul n’ignore, en effet, la place prépondérante du Coran dans le jihâd du Cheikh. Il est la pierre angulaire de ses enseignements, son arme efficace face aux ennemis de l’Islam et à Satan, comme il le dit dans nombreux de ses poèmes.

Par ailleurs, Cheikh Abdou Rahmane restait au côté du Cheikh durant tous ses déplacements de Mbacké Kajoor à Dâr al Alîm et al Habîr (actuel Ndame) où le Cheikh l’installa définitivement pour qu’il s’adonnât entièrement à l’enseignement. C’est précisément dans cette localité que la plupart des fils et des filles du Cheikh apprirent le Coran grâce au dévouement de leur maître. Ce dévouement qui lui valut une position privilégiée auprès du Cheikh.

Sa position auprès du Cheikh :Confident et conseiller du Cheikh, Serigne Ndame bénéficiait auprès de celui-ci d’une absolue et immense confiance : le Cheikh lui confia l’instruction de ses frères cadets et, plus tard, de ses propres enfants avant de lui donner pour épouse successivement deux de ses filles : Sokhna Fatimtou puis Sokhna Mouslimatou. Cela prouve, s’il en est encore besoin, que Serigne Ndame, grâce à ses bonnes qualités jouissait d’une haute estime de la part de Cheikh Ahmadou Bamba et de sa famille.

Ses qualités et sa conduite :Comme le dit cet adage « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dis qui tu es », le propre de l’homme est de se comporter à l’image de ses amis et compagnons. Il va de soi donc que Cheikh Abdou Rahmane LO, disciple et compagnon de première heure du Cheikh, était un homme exemplaire.

Ainsi, était-il très vertueux, respectueux d’une façon exceptionnelle des obligations religieuses et assidu dans le travail sans répit. Les futilités de ce bas monde n’ont jamais retenu son attention. Il était un homme de vérité et de courage, un dévot qui passait ses journées à jeûner et ses nuits à prier et à réciter les versets coraniques.

Sa disparition :Lorsque Cheikh Abdou Rahmane LO fut d’un âge très avancé, ses propres fils et disciples, parfaitement préparés, prirent le relais. Sa mission fut alors poursuivie avec succès, grâce à Dieu. Ainsi, Dâr al Alîm al Habîr resta un centre de rayonnement que Serigne Ndame continuait à superviser jusqu’à ce qu’il fût rappelé à Dieu au mois de Chaabane 1363 à l’hégire (1944). De nombreux poèmes furent composés pour faire son éloge et vanter ses mérites.

Que Dieu Le Tout-Puissant soit satisfait de lui et qu’Il guide les pas de ses successeurs. Amen !

Par Same BOUSSOAbdou Rahmane

CHEIKH ABDOU RAHMANE LOLE GRAND MAÎTRE 1853-1944

14 Le Journal du Magal 2014

FIGURES DU MOURIDISME

Cheikh Mouhammad DEME MAMAR YACINE DEM (1885-1967) est l’un des célèbres savants de son temps. Il a commencé ses études entre les mains de son père jusqu’à la mémorisation du Saint Coran, très tôt, avant que ce dernier (son père) MAMAR YACIN DEM ne quitte le Sénégal pour aller s’abreuver davantage du savoir chez les grands érudits de la Mauritanie.

C’est en ces moments que CHEIKH MOUHAMED DEM séjourna chez son grand père par la lignée de sa mère car descendant de MAHRAM MBACKE le grand Moufti de la voie Mouridiya Cheikh MBACKE BOUSSO, pendant plusieurs années.

Lorsqu’ il a terminé ses études chez SERIGNE MBACKE BOUSSO, il commença une série de voyages à travers les grandes écoles pour parfaire toutes les autres sciences islamiques : Fiqh, la grammaire et l’exégèse du Coran.

Serigne MODOU DEM a fait acte d’allégeance au grand Cheikh en 1916. Et c’est en 1919 qu’il s’est fixé à Diourbel sous les ordres du grand Cheikh, AHMADOU BAMBA, et y a élu résidence jusqu’à la fin de sa vie.

Cet érudit a écrit plusieurs ouvrages en arabe et en wolof portant sur différentes disciplines tels que le Fiqh, la grammaire, littérature, les sciences de la santé et l’exégèse du Coran en Wolof pour ceux qui ne comprennent pas l’ARABE. il a commenté l’ensemble du SOURATOU AL BAKHARA en donnant toutes les explications et commentaires de se SOURATE, grammatical, sens étymologique, rhétoriques, révélation. Cet exemplaire se trouve à L’IFAN.

Quant à ses élèves, ils sont nombreux et sont devenus tous des imams de mosquée, des juges de tribunaux, des directeurs d’école, des écrivains et des poètes.

Ces très vertueux fils qu’il a éduqués dans la voie de la science et de la religion ont su maintenir la lumière vivace jusqu’à nos jours (que Dieu les récompense de la façon la meilleure pour tous les services rendus à l’Islam et aux autres musulmans).

L’ECOLE DU CHEIKH MOUHAMMAD DEME A DIOURBEL

15Le Journal du Magal 2014

FIGURES DU MOURIDISME

Cette école a une importance particulière du fait qu’elle constitue le premier centre d’enseignement à Touba du point de vue de sa continuité et du grand nombre d’aspirants qui y ont fait leurs études.Le Cheikh Habib est né en l’an 1325 de l’Hégire /1907 de l’ère chrétienne au moment où le Cheikh vivait sous résidence surveillée au Djolof. Son père qui était un oncle de Cheikhoul-Khadim est décédé deux ans après. C’est ce qui a fait que son fils a été éduqué sous le giron du Cheikh. Il a commencé à apprendre entre les mains du Cheikh Ibrahima sous les ordres du Cheikh. Il a mémorisé le Coran avant de commencer à apprendre les sciences arabo-islamiques. Cheikh Mouhammad DEME, précédemment cité, est l’un de ses maîtres dans ce domaine. C’est en 1931 qu’il est parti pour un village nommé «Tiarène» afin de s’adonner à des activités agricoles dans le but de se procurer des moyens d’aller poursuivre ses études en Mauritanie. Mais le Cheikh Mouhammad Moustapha, le premier calife général des mourides, l’appela à ce moment-là à Touba où il arriva le 12 Shawwâl de la même année où la première pierre de la Grande Mosquée de Touba a été posée.C’est ainsi qu’il commença à exercer sa mission d’enseignement à Touba jusqu’en 1947, année du décès du premier calife des mourides. C’est après cette année qu’il quitta Touba pour se rendre dans un village nommé «Missirah» puis dans un autre village nommé «Darour-Rahmane» où il vécut six (06) ans avant de se rendre au village «MBoul-Kaël» pour y rejoindre le Cheikh Mohamadoul-Bachir MBACKE.Pendant cette période, son école se développait avec l’arrivée d’élèves en provenance de toute part.C’est en 1968 que le Cheikh Shouhaibou, l’un des fils du Cheikh

Ahmadou Bamba, le fit revenir à Touba pour exercer la même mission. Il y restera jusqu’à son décès en 2005 (que Dieu lui accorde miséricorde pour tout ce qu’il a donné à l’Islam et aux musulmans).Il sied de signaler que des générations et des générations ont fait leurs études dans cette école. Et on doit surtout souligner le rôle que son fils Mohamadoul-Bachir a joué en créant une annexe pour la mémorisation du Coran à côté de cette école, dont le nombre des élèves a atteint 550. Il y a aussi une autre annexe dans le village de «MBoul-Kaël» avec 100 élèves. Et c’est lui qui prend en charge tout ce qui est lié aux études, à l’hébergement et à la vie de tous ces élèves. C’est son cousin Mohamadoul-Amine Ibnou Abdoul-Magid qui supervise le centre et l’enseignement.

L’ECOLE DU CHEIKH HABIBOUL-LAHI

16 Le Journal du Magal 2014

FIGURES DU MOURIDISME

Serigne Hamsatou a fait sienne cette affirmation de Serigne Touba. Le Daara constituant le lieu de prédilection, d’apprentissage du Coran, le réceptacle naturel du Livre SAINT, Serigne Hamsatou MBACKE dans sa volonté inébranlable de contribuer à réaliser le vœu si cher de Cheikhoul Khadim, d’édifier à TOUBA un Daara, posa dès 1996 avec la création du daara de DJALIBATOU MARAKHIB la première pierre de ce vaste chantier. Suivirent en 2002 les daara de MOUNAWIROU SOUDOUR, et en 2005 celui de MINANOU BAKHIL QADIM. Ces trois daara qui se trouvent dans l’agglomération de TOUBA sont des daara AL QURAN où les talibés (environ un millier) sont initiés à l’apprentissage du SAINT CORAN (lecture, mémorisation et écriture) ainsi qu’à l’acquisition des sciences religieuses.

Ces daara sont constitués selon le modèle du pensionnat dans lequel l’aspirant est totalement pris en charge à tous points de vue (alimentaire, vestimentaire, santé) durant tout son séjour. Parallèlement à ces daaras AL QURAN réservés strictement à l’enseignement, Serigne Hamsatou, fidèle à l’enseignement de Serigne Touba, a mis en place dans d’autres contrées du pays des daara TARBIYA (Taiba, Ndioum, Malem Hoddar entre autres). Dans ces derniers, on y allie l’enseignement religieux et les travaux champêtres dans le plus pur respect de l’orthodoxie mouride. La mise en place d’espaces agricoles participe à l’autosuffisance alimentaire des daara et forge chez les talibés futurs citoyens modèles, le culte du travail libérateur et créateur de richesses.

Les daara de Serigne Hamsatou Mbacke, reflètent à la perfection

le modèle architectural et la répartition de l’espace mouride, et accordent une place importante à l’environnement (plants d’arbres, jardins). Le comportement des talibés, leur aspect vestimentaire, la place de la Mosquée à l’entrée, la disposition de l’espace du daara lui même où les talibés étudient, donnent un cachet paradisiaque à ces lieux.

«KARAAMATI KHATOU YADI....» UNE PLACE PRIVILIEGIE ACCORDEE AUX KHASSIDAS

Dans ces daara les panégyriques de Khadimou Raasoul (khassidas) font partie intégrante de la formation des talibés qui à l’instar du Livre Saint, mémorisent les poèmes du CHEIKH. Au crépuscule c’est un spectacle fascinant d’enfants, jeunes et adultes déclamant debout et de mémoire les khassidas. Reprenant ainsi les airs des anciens (Dadjou maak gnj).

Serigne Hamsatou calligraphe de KHADIMOU RASSOUL et diawrigne des khassidas

Mesurant à sa juste valeur l’apport primordial des khassidas dans la formation spirituelle des talibés, Serigne Hamsatou très tôt s’attela à réécrire les khassidas de Khadimou Rassoul, au point d’en faire un sacerdoce. Sa calligraphie d’une beauté exceptionnelle apprise dans le daara de Serigne Chouaibou Mbacké, sa maîtrise ainsi que sa connaissance encyclopédique des khassidas, tout cela Serigne Hamsatou le mit au SERVICE (KHIDMAH) qu’il rend à son Maître et Guide SERIGNE TOUBA

Les nombreux Mountakhabat ou recueils de khassidas émanant de sa plume (HISNOUL ABRAR - WA LA KHAD KARAMNA - NOUROU DARAINI, DJALIBATOU

– FAWZEINI - DJAZBOU - MAWAHIBOU MOUKHADIMAT) entres autres ont fondamentalement contribué à changer l’édition des khassidas. Les talibés de ses daarras sont reconnaissables à leur calligraphie particulière.

L’amour et la considération qu’il voue aux khassidas, il les transmet à tous ces mourides qui lui rendent visitent et à qui inlassablement il ne cesse d’exhorter à la lecture des khassida. Les journées (beussou khassida) dédiées à la lecture (drouss) et à la déclamation (kourel) des khassidas qui ont fini d’essaimer dans tous le pays et à l’étranger, c’est lui qui en est le concepteur.

Inlassablement Serigne Hamsatou Mbacké suit la voie tracée par les pères fondateurs, (Serigne Abdourahmane LO, Mame Thierno Birahim Mbacké , Serigne Darou Assane Ndiaye, Serigne Modou Dème, Serigne Mor Mbaye Cissé) et plus récemment Serigne Chouaibou Mbacké, et Serigne Saliou Mbacké. Et à son tour il balise le chemin pour les générations à venir en emportant sa pierre à l’édification de ce vaste chantier qu’est la constitution de DAARA, vivier fécond des musulmans. En cela, il est la fierté de l’Islam et une référence dans la voie mouride.

Qu’ALLAH (SWT) lui accorde une très longue vie et lui donne une santé de fer pour qu’avec tous ceux qui veulent l’accompagner il puisse réaliser ses grands desseins au SERVICE de SERIGNE TOUBA.

Serigne Malamine DIOUF

SERIGNE HAMSATOU MBACKE L’HERITIER DES PERES FONDATEURS« LE CORAN ET LES HADITHS CONSTITUENT MON HERITAGE ET NON L’OR ET L’ARGENT» KHADIMOU RASSOUL

17Le Journal du Magal 2014

18 Le Journal du Magal 2014

DEFIS ET PERSPECTIVES

Dossier sur l’enseignement coranique à Touba (bilan, défis et perspectives,…)

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19Le Journal du Magal 2014

DEFIS ET PERSPECTIVES

Article sur la réécriture de l’œuvre du Cheikh en typographie moderne (Interview de Serigne Moustapha Diattara de la Bibliothèque de Touba

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DEFIS ET PERSPECTIVES

20 Le Journal du Magal 2014

COLLECTE DE DEPÔTS ET CONSIGNATIONS

• Dépôts des Notaires, des Administrateurs et Mandataires Judiciaires• Dépôts de garantie des Usagers des Concessionnaires du Service Public• Fonds d’Epargne, Fonds de Retraite et Cautionnements• Fonds sous mandat

GESTION DES FONDS COLLECTÉS

• Protection et sécurisation des fonds des tiers• Fructification des fonds, Investissements stratégiques• Investissements de long-terme au service de l’intérêt général• Tiers de confiance pour propulser l’investissement

ACCOMPAGNEMENT DES POLITIQUES PUBLIQUES DEDEVELOPPEMENT

• Financement du logement social• Financement des PME/PMI• Financement de la politique de la ville• Financement des équipements marchands des collectivités locales

COLLECTE DE DEPÔTS ET CONSIGNATIONS

• Dépôts des Notaires, des Administrateurs et Mandataires Judiciaires• Dépôts de garantie des Usagers des Concessionnaires du Service Public• Fonds d’Epargne, Fonds de Retraite et Cautionnements• Fonds sous mandat

GESTION DES FONDS COLLECTÉS

• Protection et sécurisation des fonds des tiers• Fructification des fonds, Investissements stratégiques• Investissements de long-terme au service de l’intérêt général• Tiers de confiance pour propulser l’investissement

ACCOMPAGNEMENT DES POLITIQUES PUBLIQUES DEDEVELOPPEMENT

• Financement du logement social• Financement des PME/PMI• Financement de la politique de la ville• Financement des équipements marchands des collectivités locales

LA VIE DE RAWDU-R RAYAHIN

22 Le Journal du Magal 2014

RAWDU-R RAYÂHÎN

BREVE PRESENTATION DE L’EDITION DE MASÂLIK AL-JINÂN FAITE PAR RAWDU-R RAYÂHÎN

C’est en 2003 que le Cinquième Calife général des mourides, Cheikh Saliou MBACKE donna à un groupe d’intellectuels le nom de Rawdu-r Rayâhîn. Nom qui veut dire littéralement «Le jardin des bonnes senteurs».

En rappel au nom que Cheikh Ahmadou Bamba avait donné à un lieu de perfectionnement islamique avec des pensionnaires comme ses fils ainés Cheikh Mouhamadou Moustapha et Cheikh Mouhamadou Fallilou. Fort de la bénédiction de Cheikh Saliou MBACKE et de ses dignes successeurs, Cheikh Mouhamadou Lamine Bara et Cheikh Sidy Moukhtar MBACKE, Rawdu-r Rayâhîn s’est très vite positionné dans le champ de la recherche scientifique et culturelle pour la vulgarisation de l’œuvre de Cheikhoul Khadim. C’est ainsi que depuis plus d’une

décennie, le comité scientifique de Rawdu-r Rayâhîn profite de l’occasion offerte par le grand Magal du 18 Safar pour concevoir et organiser une conférence de haute facture intellectuelle et spirituelle devant les hôtes de marque venus de toutes les grandes familles religieuses du Sénégal, de la Mauritanie, de la Gambie et d’ailleurs. La conférence donne lieu, chaque année à des échanges et des débats d’idées de haut niveau sur les grands principes et les valeurs universelles de l’Islam.

Au delà de la grande conférence le jour du Magal, Rawdu-r Rayâhîn s’investit aussi dans l’espace médiatique durant la période pré-Magal par la coproduction de plateaux télévisés animés par ses propres spécialistes sur des thèmes très variés touchant à l’Islam en général et à la Mouridiya en particulier.

Il est à noter que Rawdu-r Rayâhîn s’implique également dans l’aspect scientifique à coté du comité d’organisation du Magal dans la mise en œuvre des colloques et forums d’avant Magal.

Depuis quelques temps Rawdu-r Rayâhîn cherche à diversifier ses activités avec la publication de livres, de revues scientifiques, la création d’un site Web et la conception d’un projet pour un centre de recherche sur la Mouridiya en particulier et l’Islam en général à Touba. Toutes ces initiatives rentrent en droite ligne dans la mission première de Rawdu-r Rayâhîn qui consiste à œuvrer comme structure de référence dans la recherche, la préservation et la vulgarisation du patrimoine culturel et scientifique mouride.

Lors de sa réunion du 08 février 2014, Rawdu-r rayâhîn a décidé d’éditer dorénavant, chaque année, à l’occasion du Magal, une des œuvres de Cheikh Ahmadou Bamba avec tout ce que l’édition moderne requiert comme normes.

Tout naturellement, le choix de Masâlik al- jinân s’est facilement imposé vu son importance et sa place incontestable parmi les œuvres du Cheikh. Dès lors, l’un des membres fût chargé de proposer un plan détaillé avec un budget et des échéances lors de la réunion suivante de Rawdu.

Lors de celle-ci, le 08 mars 2014, le plan a été présenté et adopté après discussions.Le travail devait initialement être réalisé par 33 personnes, mais finalement ce sont 24 personnes de

différentes spécialités qui seront mobilisées pendant plus de sept mois, ce qui représente une première à tout point de vue.

Après la préface signée par le Coordonnateur général de Rawdu-r rayâhîn, la présentation de l’auteur a été faite à travers les événements marquants de sa vie, suivie de la présentation de l’œuvre Masâlik al- Jinân (authenticité, sources, méthodologie, manuscrits, contexte, etc.).

Pour ce qui concerne le texte de Masâlik proprement dit, le travail des éditeurs consistait essentiellement à:- confronter des manuscrits;- expliquer la terminologie et les mots

difficiles;- citer les versets coraniques et

les hadiths qui y sont évoqués explicitement ou implicitement;

- présenter les personnages et les ouvrages qui y sont cités;

- présenter les événements et les faits auxquels allusions y ont été faites;

- corriger les erreurs dans les manuscrits.

L’équipe qui était chargée de ce travail était convaincue que cette édition aurait un impact très positif sur la vulgarisation des enseignements du Serviteur du Prophète et qu’elle profiterait au premier chef, à ceux qui enseignent l’ouvrage dans les Majâlis (écoles traditionnelles des sciences islamiques au Sénégal).

Que le Tout-Puissant puisse agréer l’auteur et nous guider sur ses pas.

Cheikhouna MBACKEAbdoul Wadoud

LA VIE DE RAWDU-R RAYAHIN

23Le Journal du Magal 2014

ETUDE SUR LA MOURIDIYA

NOTES : LEXIQUE SUR LES MOTS USUELS OU CONCEPTS MOURIDES

Le livre «Etude sur la Mouridiya» est le fruit d’un travail collectif fondé sur les conférences scientifiques tenues lors des éditions des grandes conférences initiées par Rawdu-r Rayâhîn et sur d’autres thèmes inscrits dans le cadre du patrimoine mouride.

Nos honorables lecteurs y trouveront les thèmes suivants :

- Un aperçu historique sur la Mouridiya et son fondateur

- Le soufisme dans la vision de Cheikh Ahmadou Bamba

- Cheikh Ahmadou Bamba et le Saint Coran

- Cheikh Ahmadou Bamba et la noble

Sunna prophétique- Cheikh Ahmadou Bamba et le

savoir- Cheikh Ahmadou Bamba et

l’adoration de Dieu- Le travail et la khidma dans la

Mouridiya- L’acte d’allégeance et la bonne

conduite dans les pratiques de la Mouridiya

- Cheikh Ahmadou Bamba et l’unité des musulmans

- La paix dans les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba

En soumettant ce travail à ses lecteurs, Rawdu-r Rayâhîn les convie également à faire part de leurs remarques et observations de nature

à faire progresser ce travail et à en élever encore le niveau.Cette publication n’est qu’un premier pas dans l’aspiration à servir le patrimoine du Cheikh Ahmadou Bamba KHADIMOU-r Rassoul.

Je terminerai en vous rappelant que la porte est grandement ouverte à tous ceux qui ont le désir de contribuer à ce noble service de quelque manière et à quelque niveau que ce soit.

Cheikh AhmadouBadawy MBACKE

Le Coordonnateur général

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LA VIE DE RAWDU-R RAYAHIN

24 Le Journal du Magal 2014

LANCEMENT DU SITE WEBDE RAWDU-R RAYÂHÎN

LANCEMENT DE RAWDU MAG

Rawdu-r Rayâhîn a lancé son site web à quelques jours du Magal. Ce site web qui se veut la vitrine TIC du travail de recherche et de vulgarisation du patrimoine islamique de Cheikhul Khadim. Il sera le lieu idéal pour les internautes pour retrouver les conférences, publications, plateaux télé que Rawdu-r Rayâhîn a eu à produire. Le site est également le lien pour contacter Rawdu et échanger sur les débats d’idées menés dans le sens d’approfondir certains sujets très importants pour notre société actuelle. www.rawdurayahin.org - [email protected]

Parmi les défis de ce siècle, celui de la communication figure sans aucun doute au premier rang. Aujourd’hui, nul ne peut se passer de ce puissant outil d’information aux facettes multiples.

De ce fait, conscients du rôle qui est le leur, les membres de Rawdu-r Rayâhîn ont fini de prendre leur marque dans l’espace médiatique national et international par la publication régulière des activités intellectuelles, prélude au Magal dans le journal du Magal, organe d’actualité et d’informations générales touchant directement ou indirectement l’islam et singulièrement la Mouridiya.

Ainsi, le Rawdu-r Rayâhîn fonde son action sur un double constat. D’une part, il s’agit de combler le vide documentaire que devrait occuper une véritable revue scientifique de référence, tribune d’expression et de diffusion des travaux de recherches sur la Mouridiya et d’autre part créer un

espace d’échanges par la mise en place d’un Magazine scientifique semestriel dénommé Rawdu Mag.Rawdu Mag aura pour mission la publication des travaux de recherches scientifiques, des études complètes portant sur les écrits de Serigne Touba ; un espace libre pour tout chercheur, scientifique, analyste et chroniqueur. L’ambition est de s’ériger en structure de référence dans les études et recherches fines et approfondies sur la l’Islam, Mouridiya et la ville de Touba.

Rawdu Mag ambitionne d’être un magazine qui porte un regard clairé et pertinent sur les études scientifiques, sous toutes ses facettes, et qui se donne pour objectif de promouvoir une perspective comparative, élargie à tous les domaines de la religion et de la communauté. Egalement, il se veut un cadre d’émulation des études sur les sciences sociales aux fins d’éclairer les facettes multiples du phénomène de laMouridiya et

d’accueillir les développements théoriques de la recherche dans ce domaine.Les articles de qualité qui témoigneront des recherches les plus avancées et qui seront publiées dans RAWDU MAG participeront à la préservation et la vulgarisation du patrimoine culturel et scientifique mouride. Il sera une source sûre et fiable et ainsi elle aiderait entre autres les chercheurs étrangers, étudiants et journaliste dans leurs domaines respectifs : recherches, mémoires, thèses et reportages journalistiques dans une diversité des approches, clef de voûte de la recherche.

Rawdu-r Rayahin lance donc un appel à toute personne susceptible d’appuyer ce projet pour qu’il soit un support de qualité, prémices annonciateurs de la création d’un grand centre de recherche mouride à Touba.

Modou Bousso MBACKE Journaliste

LA VIE DE RAWDU-R RAYAHIN

25Le Journal du Magal 2014

CONTRIBUTIONS

LA DIMENSION INTERNATIONALEET DIPLOMATIQUE DU MAGALANALYSE ET HISTORIQUE DE LA DIMENSION INTERNATIONALE ET DIPLOMATIQUE DU MAGAL

Sur le plan international, la célébration du Magal à l’étranger va de pair avec l’installation progressive des mourides dans la Diaspora africaine dans les années 60 puis européenne et américaine vers les années 70, puis asiatique. Aujourd’hui que les mourides sont partout dans le monde, il n’y a pas de pays où le Magal n’est pas célébré. Dans les foyers principaux que sont l’Italie, la France, l’Espagne et les Etats-Unis, les maisons appelées «Keur Serigne Touba» sont les principaux lieux de célébration. Ces espaces sont régies par les mêmes règles qui prévalent à Touba dont ils constituent, d’une certaine manière des «ambassades» et des représentations étrangères. C’est pourquoi le Magal constitue leur principale manifestation annuelle et le lieu de convergence des mourides. Il n’y a aucune différence dans les formes de célébration entre l’étranger et Touba. Quelques exemples de pays étrangers où le Magal est célébré. L’Afrique du Sud, le pays de Mandela, très symbolique comme une puissance naissante en Afrique, le Magal est célébré non seulement par les mourides mais aussi, en compagnie de leurs frères tidianes, khadre, les musulmans des autres pays africains, Gabon, Congo, Mali, Mauritanie, Guinée, Nigeria. Les sud africains employés par des talibés sont aussi très au faite du Magal, sans oublier les sud-africains devenus mourides. Le seul bémol ici est le fait que dans les Dahiras, le Wolof est essentiellement utilisé dans les discours lors du Magal, ce qui limite l’impact du Message du Cheikh sur les invités étrangers.

Pour l’Egypte, selon l’ancien président du Dahira mouride et de l’association des sénégalais d’Egypte, Serigne Bassirou Mbacke « Landang », la célébration est la même qu’à Touba dans bien des aspects, mais la spécificité réside dans le fait que l’essentiel des talibés là-bas est composé d’étudiants. Malgré donc leurs moyens limités ces étudiants avec l’aide d’anciens étudiants, de bonnes volontés d’autres pays comme l’Italie, tiennent à marquer le 18 Safar comme

tout mouride dans le Monde, par la lecture du Saint Coran, la déclamation des Qassaids, l’organisation de conférences, les «berneels» etc. Là-aussi, d’autres associations islamiques et communautés musulmanes y sont invitées.

Pour les pays d’Europe et d’Amérique la Magal est également fêté de la même manière et avec la même ferveur. En France par exemple, les talibés d’une même région géographique, le sud de la France par exemple, se réunissent à tour de rôle dans une ville pour le 18 Safar. Il est aussi à déplorer la participation limitée des autochtones au Magal. En Italie, le nombre d’italiens d’origine devenus mourides est plus important, ils ont même formé leur propre Dahira, mais on déplore parfois l’usage quasi exclusif du Wolof lors des rencontres mourides. Des talibés italiens se sentent, parfois un peu exclus. De ce point de vue, du travail reste à faire.

Et c’est, pour nous, le moment de saluer et de magnifier le travail pionnier, visionnaire et courageux de Serigne Mourtada Mbacké (RA). Ambassadeur infatigable de l’Islam, il avait compris, avant tout le monde et mieux que tous, la dimension internationale de la Mouridiya. Il en a été aussi le principal porte-flambeau.

Le Magal comme période de retour au pays

Un autre aspect important du Magal est le phénomène de retour des mourides de la diaspora au Sénégal. Ce phénomène est tellement important que des vols spéciaux sont organisés aujourd’hui pour faire face à la demande. Des agences de voyage proposent des tarifs réduits pour rendre leurs billets attractifs car sachant que les mourides sont enclins à se rendre au Sénégal pour les besoins du Magal. Il est à noter que dans certains vols les talibés continuent ou démarrent à célébrer le Magal par la lecture du Coran, les Qassaids tout en distribuant du Café-Touba.

L’enquête mené n’a pas permis d’avoir des chiffres précis auprès de la police de l’aéroport pour savoir l’importance de l’augmentation des flux d’arrivés pour le Magal. Mais la seule information

disponible est que durant la période du Magal le nombre de visiteurs fait plus que doublé et que ce nombre ne cesse de croître au fil des ans. Une étude plus poussée serait très intéressante à mener dans l’avenir. Notamment pour savoir le nombre exact d’étrangers qui viennent spécialement pour le Magal. Nous savons depuis les premiers Magals que des flux importants de mauritaniens arrivent à Touba. Ils sont visibles partout dans la ville sainte. De même, nous constatons un bon nombre de gambiens avec les Dahiras mourides accompagnés des Socés qui chantent le Cheikh dans leur belle langue. D’où la nécessité pour la communauté de financer un centre de recherche pour toutes ces questions et d’autres.

Aspect diplomatique du Magal

C’est un aspect très important ! Ne serait que par la qualité et le nombre de la représentation diplomatique des pays au Magal. Selon Serigne Cheikhouna Bara Fallilou Mbacke, qui gère cet aspect dans le comté d’organisation du Magal, près de 100 pays sont maintenant représentés chaque année, dont une dizaine au plus haut niveau par leur ambassadeur. De plus certains pays, selon toujours Serigne Cheikhouna, comme la Mauritanie, la Gambie, le Maroc pour ne citer que ceux-là, des envoyés spéciaux sont présents pour représenter leur gouvernement.

En outre, depuis quelques années, le comité d’organisation par sa commission extérieure invite des sommités du Monde islamique. On peut citer parmi elles l’imam Mouhamed Abdoul Magib, président du Rassemblement des Musulmans d’Amérique du nord et l’imam de la grande mosquée de Washington, réputé proche de la Maison blanche ; Dr Mohamed Bechari, président de la Fédération des Musulmans de France ; Cheikh Hamdane ould Tah, président des Oulémas de Mauritanie ; Cheikh Ali Kouti, président des Musulmans d’Inde ; Dr Mohamed Sohaybou, moufti de Syrie ; Pr Legre Yahya, président de la Coordination des Associations musulmanes de Côte d’Ivoire ; Dr

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Abdoullah ould Souleymane, petit-fils du vénéré Cheikh Sidya Baba de la Mauritanie ; Dr Mohamed al Soufi, ministre-conseiller à la Ligue arabe, entre autres.Aujourd’hui que le Monde islamique connaît toute sorte de remous, de violence, des musulmans qui s’entretuent, s’allient parfois avec des ennemis de l’Islam pour combattre d’autres musulmans et que notre religion fait l’objet d’amalgame de toute sorte, assimilée par certains à du terrorisme, la philosophie islamique de Paix du Cheikh El Khadim mérite d’être mieux positionnée comme référence et recours pour régler les problèmes du Monde islamique, du Monde tout court. Le Magal qui réunit autant de pays en un seul lieu peut jouer un rôle très important dans l’amélioration des relations entre pays islamiques.

ETUDE PROSPECTIVE DU MAGAL SUR LE PLAN INTERNATIONAL ET DIPLOMATIQUE

Maintenant, c’est le moment de dégager comme propositions quelques perspectives visant à amplifier la portée du Magal au plan international.

A. Augmentation du nombre de participants au Magal d’origines étrangères

Une bonne partie des mourides fait coïncider ses congés annuels avec la période du Magal qui constitue un grand moment de retour au Sénégal. C’est pourquoi il y a ces caravanes et ces délégations en provenance de toute la diaspora.Ces voyages vers Touba se font tant bien que mal. Aujourd’hui, il s’agit d’organiser une véritable filière de voyage avec la création, par exemple, de Tours Operators capable d’affréter des avions et de transporter, voire de loger les personnes en provenance de l’étrangers - qu’ils soient sénégalais ou non. Évidemment, cela requiert une bonne intégration dans les pays d’accueil, de grandes capacités en logistique, une maîtrise des techniques financières et organisationnelles que des mourides possèdent déjà ou développent dans leurs sociétés ou leurs entreprises. Cela passe aussi par le développement de nouveaux centres d’accueil comme la résidence Cheikhoul Khadim. Mais aussi la création de centres de conférences, des lieux d’exposition et de rencontre.Mais toutes ces infrastructures seraient inefficaces sans une politique d’assainissement de la ville conforme

aux chartes de l’Islam qui considère la propreté comme un élément constructif de la foi. De manière plus générale, il faut une meilleure organisation et une modernisation de la ville de Touba.

B. Positionner le Magal comme évènement diplomatique majeur islamique.

Le Magal est un événement original. En effet, combien de millions de pages du Coran sont lus en ce jour ? Combien de millions de prières sur le prophète ? Assurément, il n’y a pas d’équivalent dans le monde islamique. C’est pourquoi le Magal devrait occuper une place spéciale dans le calendrier islamique mondial.

Il y a en Inde, dans la ville d’Allahabad, le Maha Kumbh Mela que certains considèrent comme le plus grand pèlerinage au monde car il y a environ 70 millions de personnes présentes. Mais, rapporté au milliard de la population indienne, le chiffre paraît dérisoire car ne représentant que 7% des indiens. Par contre, rassembler le quart (près de 25%) de la population d’un pays en un seul endroit fait que le Magal mériterait de figurer dans le livre des records. Depuis quelques années, il y a une nouvelle dynamique qui accompagne le Magal avec l’organisation de forums, d’ateliers, d’expositions et de colloques. Il faut s’en réjouir puis féliciter et soutenir leurs promoteurs respectifs dont le comité d’organisation du Magal, Rawdu Rayâhîn et tous les autres acteurs. L’idée qui sous-tend ces rencontres vient de la pleine compréhension du message de Serigne Touba qui considérait la science comme la meilleure arme et comme le plus grand trésor qu’un homme ou un peuple puisse posséder.

Pendant le Magal, la quasi-totalité des représentations diplomatiques sont présentes à Touba. Cela marque leur considération pour la ville et le Magal. Mais cette présence massive nous pose deux défis. Le premier est d’ordre protocolaire et relatif à leur accueil et leurs conditions d’hébergement. Notre sens de la Teranga et du Berneel ajoutée à une bonne organisation devraient nous permettre de relever le premier défi. Quant au second défi, c’est comment faire de ces diplomates, ambassadeurs... des alliés et des partenaires stratégiques auprès de leurs pays respectifs. Ainsi, nous devrions penser à jumeler Touba avec d’autres grandes villes islamiques mais aussi travailler à établir des

partenariats économiques avec des sociétés étrangères. Il faudra alors convaincre ces ambassadeurs ou ces hommes d’affaires sur le potentiel économique et les opportunités d’affaires qu’offre la ville de Touba. Par exemple, imaginons encore de grandes rencontres d’affaires au début de chaque mois de Safar, une sorte de foire internationale de Touba avec des pays islamiques qui font en général la réussite du foire de Dakar (Pakistan, Maroc, Indonésie, Malaise…) avec des forums sur le business islamique par exemple (Finance islamique, le Waqf, le business du Halal,...). C’est un chantier que devrait explorer toutes les autorités de la ville sainte de Touba.

Touba et le Magal devrait également plus, et mieux jouer un rôle de médiateur et d’acteur de la paix entre pays et communautés musulmanes partout dans le Monde.

C. Amplifier la portée et la renommée du Magal

La couverture médiatique du Magal est aujourd’hui planétaire. Par exemple, dans un article de 2002, le New-York Times comparaît la ville Touba au Vatican tandis que Le Figaro titrait «Touba l’autre Mecque» en 2012. Mais, au delà de ces comparaisons quelques fois flatteuses, il s’agit de montrer la spécificité réelle de Touba qui est, dans le monde, la seule ville de cette taille fondée pour la seule adoration de Dieu.Et c’est la dimension universelle du Magal qu’il faut mettre en valeur. En effet, le défi est de montrer que le Magal est aussi la célébration de la victoire de la tolérance et du pardon. C’est aussi la célébration de la non-violence et du combat pacifique et la lutte contre l’oppression. C’est la victoire de la science contre l’obscurantisme, etc.

Or le Coran dit : « A chaque communauté, Nous avons assigné un rite sacrificiel (fête), afin qu’ils prononcent le nom d’Allah sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée. Votre Dieu est certes un Dieu unique. Soumettez-vous donc à Lui. Et fais bonne annonce à ceux qui s’humilient, ceux dont les cœurs frémissent quand le nom d’Allah est mentionné, ceux qui endurent ce qui les atteint et ceux qui accomplissent la Salat et dépensent de ce que Nous leur avons attribué. » (S.22 V.34.35)

C’est à cette aune qu’il faudrait mesurer la portée universelle du Magal.

Cheikh Fatma Mbacke

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LA MOURIDIYYA, UNE CONFRERIE TRANSNATIONALISEE ET MODERNISANTELes Mourides sont les membres d’une confrérie musulmane née au Sénégal à la fin du XIXe siècle, projet religieux fondé autour du dogme et de l’action d’un homme (Cheikh Ahmadou Bamba), qui s’est imposé comme une figure de proue, un nouveau repère pour une partie importante de la société sénégalaise. Ils représentent désormais plus du 1/3 de la population du pays. Le premier territoire de la confrérie fut rural. C’est dans ce milieu qu’elle a conçu ses premières structures d’encadrement et qu’elle s’est donnée un esprit de conquête et une relative cohésion qui se sont traduits par un dynamisme agricole auquel on les a souvent identifiés (Copans, 1988).

Mais l’urbanisation accélérée, dont l’une des causes était la crise de la paysannerie, allait révéler une autre facette des Mourides : leur capacité d’appropriation d’autres territoires et d’autres réalités. En effet, ils n’étaient nullement préparés à la diversité et à la complexité des activités économiques urbaines dont ils contrôlent à présent l’essentiel dans toutes les villes sénégalaises : le commerce, le transport, l’artisanat, la micro finance, etc. Depuis une vingtaine d’années, les territoires économiques des Mourides se sont diversifiés avec l’insertion dans les filières commerciales sous-régionales, la migration internationale, l’import-export. Mais au-delà de l’économique, les Mourides conquièrent de plus en plus d’autres sphères : la politique, les territoires virtuels d’Internet, la diplomatie, etc. (Guèye, 2002, 2003 ; Guèye, Gervasoni, 2002).

La réussite économique mouride participe pleinement de l’invention de la confrérie, qui se donne ainsi les moyens de sa crédibilité et ceux de confronter la représentation idéalisée d’elle-même à la réalité. Cette invention continue se fait par emprunts, innovations, interprétations nouvelles tout autant que par l’appel à la mémoire propre de la confrérie et de son histoire. Elle procède d’accumulations successives et d’emboîtement d’activités différentes. Itinéraires religieux et économiques se recoupent ainsi, jusqu’à tisser la trame de relations sociales complexes.

Suivant le déplacement vers ce nouveau centre d’intérêt, plusieurs générations de recherches se sont développées

depuis 1981 et autour des années 90 et ont concerné le processus de translocalisation des mourides notamment. G. Salem (1981) a décrit ainsi les réseaux d’insertion mouride et la reproduction des structures de fonctionnement de la confrérie dans le contexte français, avant que V. Ebin (1990, 1991, 1992, 1995) aux Etats-Unis et en France, C. Tedeschi (1986), et O. S. Di Friedberg (1996), G. Scida (1994), Bruno Riccio (1999, 2003, 2004, 2006) en Italie n’approfondissent et n’élargissent le champ problématique, démontrant une fois de plus l’internationalisation de la confrérie et de l’intérêt scientifique qu’elle suscite. Plus récemment, beaucoup de recherches ont été développées sur des associations religieuses ou profanes, sur divers groupes d’immigrés, en France, en Italie, aux Etats-Unis et ailleurs. Plusieurs études ont également concerné les lieux de départ devenus des espaces d’investissement des migrants. (S. M. TALL 1994, 1999, 2000, 2003, 2004, 2005), (FALL P. D. 2002, 2004, 2005). Ainsi, la construction territoriale des Mourides a comme capitale Touba, mais a conquis d’autres points forts au Sénégal et dans le monde. La confrérie mouride est devenue un mouvement

socio-religieux migrant qui a désormais une envergure internationale affirmée avec ses implantations de plus en plus fortes en dehors du Sénégal. Elle forme à Brescia, à Milan, à Naples, à New York, à Washington, à Madrid, à Libreville, à Abidjan, à Johannesburg, à Paris et dans beaucoup d’autres villes européennes, américaines et africaines, des communautés très attachées à leurs identités, leurs valeurs, et qui se retrouvent régulièrement à travers des manifestations religieuses, des visites de marabouts, des revendications syndicales, etc. Dans cette optique, la mouridiyya a besoin de retrouver dans tous les lieux d’implantation disséminés dans le monde, des supports symboliques qui structurent l’identité. Cette évolution est loin d’être propre à la confrérie mouride. Désormais, toutes les autres confréries sénégalaises (les tijanes, les khadres et les layènes notamment) fonctionnent en s’appuyant sur leur multiterritorialité se référant à l’histoire étrangère de leur fondation, la circulation initiatique ou prosélytique des fondateurs ou de leurs successeurs, ou encore le caractère transnational de la dispersion des disciples d’aujourd’hui.

Ce qui a fait pendant longtemps, la particularité des Mourides, c’est

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également leur faculté à se recentrer symboliquement et concrètement sur le lieu saint de Touba, à jouer dans ces entre-deux pour valoriser et légitimer une certaine pratique nomade du religieux.

On dénombre près de 8 maisons de Keur Serigne Touba en Italie pour un coût de près d’un milliard de francs CFA en 4 ans. Ce sont des centres d’apprentissage du Coran et des espaces islamiques multifonctionnels en théorie mais dans la pratique ces maisons sont des espaces d’ancrage de la communauté et des Sénégalais de toutes les confréries. Les mourides de Pise sont partagés entre l’opportunité d’acheter une maison et la location de celle-ci. Certains d’entre eux pensent qu’ils n’habitent pas ici et ne devraient pas investir des sommes aussi importantes dans l’achat d’une maison. Pour d’autres, l’émigration des Sénégalais vers l’Italie étant irréversible, il s’agit de léguer aux générations futures un espace et un moment de raffermissement de leur mouridité. Cela permet de ressourcer les Sénégalais et de contribuer à leur réarmement moral. Ces maisons de Serigne Touba sont presque des Touba en miniature. Celle de Brescia et celle de Edgecombe avenue à New York sont les plus grandes maisons de Serigne Touba à l’étranger. En France, le défunt khalife général des Mourides Serigne Saliou M’Backé a acheté des maisons. L’influence de son frère cadet Serigne Cheikh Mourtada que Cheikh Gueye qualifie

d’ambassadeur de la confrérie du fait de sa volonté de dynamiser la confrérie dans la diaspora a été déterminante dans l’achat des maisons.

L’essaimage des «maisons de Serigne Touba» dans le monde ou plus exactement dans les villes ayant une forte présence sénégalaise traduit un ancrage territorial visible pour consolider les diasporas autour de l’idéal confrérique et religieux. Cependant les activités dans ces centres dépassent le cadre strictement confrérique ou religieux. Ce sont des espaces à fonctionnalité multiple, d’entraide sociale, de formation des jeunes au double point de vue religieux confrérique et récréatif avec l’organisation de cours de vacances, d’échange et d’ancrage des gens de passage, ces maisons sont des Sénégal en miniature.

Les migrants internationaux mourides investissent Touba

L’arrivée massive et voyante des migrants internationaux sur l’espace et dans la société urbaine est l’évènement le plus marquant depuis les années 90. La migration internationale tient une place importante à Touba liée particulièrement à une forte tradition d’émigration et de commerce des Mourides, et aux nombreuses opportunités qu’offre le lien fondamental de la doctrine mouride qui stipule que le taalibé (disciple) doit obéir à son marabout et qu’en retour, celui-ci lui doit assistance dans ses entreprises : visas et passeports diplomatiques démarchés par les marabouts dans les hautes sphères de l’Etat ont souvent servi de moyens d’émigration pour les jeunes Toubiens. De plus en plus nombreux, les migrants internationaux émergent comme des acteurs incontournables dans la réalisation du rêve urbain de la confrérie. La capitale des Mourides est un lieu de réinvestissement et de retour pour les milliers de Mourides quittant Dakar, les régions de Louga, Diourbel, Thiès, Kaolack, les milieux ruraux comme les milieux urbains. Le choix de Touba est fortement symbolique et reflète le fort attachement des Mourides disséminés pour leur «Jérusalem».

Et il semble que les plus éloignés (les migrants internationaux) sont les plus nostalgiques, étant capables de tous les exploits. Mais ce n’est pas la seule raison. C’est que Touba est devenu également pour eux un lieu largement crédible et attrayant, beaucoup plus en tout cas que les villages ou les localités que beaucoup d’entre eux ont quittés . La volonté de vivre dans une ville fonctionnelle est

également un élément déterminant. Le développement de tous les réseaux, et du téléphone notamment stimule largement la décision de s’installer à Touba.

Deux sortes de migrants investissent ainsi à Touba : ceux qui résidaient à Touba avant leur départ et ceux qui sont partis des autres régions. L’Italie est le pays qui reçoit le plus grand nombre de ressortissants de la ville de Touba (40 % environ) et la destination Europe-USA avec 73 % des migrants est de loin la plus fréquente. Mais les destinations Côte d’Ivoire et Gabon ne sont pas négligeables avec 19,5 %. Environ 80 % des familles toubiennes comptant des migrants internationaux reçoivent autour de 50.000 F CFA par mois et 16 % d’entre elles entre 50.000 et 100.000 F CFA selon l’Étude Urbaine du Plan Directeur d’Urbanisme de Touba .

Les migrants internationaux sont également des éléments moteurs des mutations du bâti, et de toutes les formes d’appropriation de la ville. Ils sont notamment à l’origine de la flambée des valeurs foncières sur tous les espaces de la ville. Ayant une capacité de mobilisation financière plus forte, les migrants internationaux ont pu à un moment donné prétendre et accéder à tous les espaces préférentiels ou disputés, rendant même certains d’entre eux inaccessibles aux autres. Parmi ces espaces préférentiels, ceux couverts par le téléphone qui devient ainsi un élément important de différenciation des espaces. La modernisation de l’habitat toubien dont le téléphone est l’une des composantes, et sa durcification se sont largement accélérées dans les années 80 et 90 avec le nouvel attrait de Touba du fait de sa constitution en grande ville, mais surtout avec la dévaluation du franc CFA qui a donné plus d’opportunités de construction et de branchements téléphoniques aux migrants internationaux en renforçant leurs moyens financiers. Les Mourides qui créent des regroupements transnationaux dans les pays où ils se sont disséminés utilisent largement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (sites web, web2.0 et réseaux sociaux, télévisions, radios, images et sons, divers, etc.) pour leur organisation mais également pour leur relation à la ville et avec leurs familles qui y sont restées ou installées. Ils incarnent ainsi la figure d’une confrérie religieuse musulmane soufi transnationalisée et modernisante.

Par Dr Cheikh GuèyeEnda Tiers Monde

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MOURIDIYA ET SOCIETE : LE CAFE TOUBALe « café Touba » est une boisson faite à ses origines de café torréfié et moulu sans aucun additif et ensuite filtré. «Il est aromatisé par la suite par certains au poivre de Guinée, ou piment noir (Jarr en wolof)». Ce café est aussi désigné par le vocable de «café saaf» par de nombreux sénégalais. C’est à son retour d’exil du Gabon en 1902 que Cheikh Ahmadou Bamba ramena le «café Touba» en guise de cadeau.

Il est depuis servi dans toutes les manifestations sociales de la confrérie mouride tels que les magals, gamou et autres. Il s’est peu à peu installé dans les habitudes quotidiennes de la communauté avec le fameux café «NGOON» (café du soir) en dehors de sa consommation lors des petits déjeuners.

A ses débuts le café était exclusivement consommé par les mourides du Baol. D’ailleurs ce sont les ressortissants de cette localité, les baol-baol, qui l’ont emmené lors de leurs exodes vers les milieux urbains. Bien enraciné dans la culture des mourides, le café est entré dans leur patrimoine. En effet, le café est associé au nom de Touba et son mode de préparation est devenu quasiment un art auprès des talibés. D’ailleurs le café est tellement lié à l’identité mouride que des mauvaises langues faisaient croire que c’est une espèce de potion magique et que quiconque en boirait fera une allégeance forcée au Cheikh... Mais le temps a effacé ces allégations. En effet qui ne boit pas du café Touba de nos jours ? Au-delà des dahira, magal et autres manifestations des talibés, le café est consommé dans les lieux de travail, dans les rues en guise de collation à toutes les heures de la journée sans distinction d’appartenance confrérique ou même ethnique.

Le « cadeau » du Cheikh est devenu un véritable phénomène social de nos jours, difficile de passer dans une rue de la capitale sans croiser des vendeurs de café Touba. Cette explosion de la consommation de ce café est due sûrement à son goût incomparable, à la simplicité de sa composition et surtout à son prix très abordable. On lui donne même des vertus thérapeutiques, d’ailleurs des études ont été demandées en ce sens sur le long terme.

Il est aussi à l’origine d’un commerce florissant qui attire de plus en plus de jeunes en quête d’emploi. Selon les acteurs, le bénéfice quotidien peut aller jusqu’à 3.000 francs.

D’après un article publié par www.reussirbusiness.com : «Le café Touba» est devenu très populaire et cela se justifie, selon un vendeur, par le fait que presque tout le monde peut en consommer, même dans la rue. Abdallah, vendeur de café Touba à l’Université Cheikh Anta Diop, estime que sa clientèle est assez constante avec plus de garçons que de filles. Il estime son gain journalier à 30.000 FCFA.Par ailleurs, beaucoup de vendeurs ambulants sillonnent les rues de la capitale à la recherche de clients. Il est confirmé par beaucoup de consommateurs qu’on ne peut faire 100 mètres de marche sans pour autant rencontrer un vendeur ; «c’est devenu un gisement d’emploi incontestable», affirme Alfouseyni Camara, amateur de café.

Le café Touba crée sa propre structure d’emploi dans presque toutes les tranches d’âge. Nous avons rencontré un jeune vendeur, qui a requis l’anonymat, et qui gère son business au marché Sandaga de Dakar. C’est après avoir évolué dans un autre secteur qu’il s’est introduit dans la vente du café Touba. Il juge rentable cette activité car elle peut lui faire gagner jusqu’à 2.000 FCFA par jour avec lesquels il parvient à mener une vie normale.

Pour un vendeur de café brut, Fallou Touré, le café n’est que satisfaisant du fait de sa rentabilité. «Je paye le kilo à 1.200 FCFA chez les grossistes pour ainsi le revendre à 1.600 FCFA et parfois, je peux vendre jusqu’à 15 kilos par jour», soutient-il.

En revanche, quelques vendeurs de café noir, interrogés sur l’essor du café Touba, affirment ne pas être inquiétés par ce phénomène dans la mesure où ils gardent constante leur clientèle ».

Au début sa torréfaction était faite de façon très artisanale et basique, mais du fait de sa grande consommation on assiste à une industrialisation de sa production. Et on voit même l’apparition de sa formule instantanée.

Il est bon de savoir que le café Touba est considéré au Sénégal comme un patrimoine de la confrérie mouride mais aussi de tout le peuple sénégalais. En effet sa concoction est très spécifique au Sénégal, ce qui le rend assez unique. D’ailleurs l’ITA (Institut de Technologie Alimentaire) a présenté sa formule instantanée au Salon de l’Agriculture de Paris.

Qui sait ? Peut être que ferons-nous comme l’Italie qui, bien que ne cultivant pas du café, commercialise les meilleurs cafés du monde.

Mamadou TineIngénieur Télécom

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