Le Sara Pie Ion de Memphis

5/14/2018 Le Sara Pie Ion de Memphis - slidepdf.com

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EGYPTE GRECO-ROMAINE

Le Sarapieion de Memphis

Etude Topographique

INTRODUCTION.

EN 1851, Ie monde savant portait ses regards sur l'endroit du

desert de Saqqarah, situe a vingt kilometres au sud du Caire,

ou Mariette degageait les ruines du « temple de Sarapis» (Sa-

rapieion). Les resultats de ces fouilles sont bien connus (1) . A l'ouest

de Memphis, I'egyptologue francais decouvrait une avenue d'une eten-

due de 1120 metres (2); pres de quatre cents sphinx montaient la

garde Ie long de cette voie qui, d'est en ouest, traversait la necropole

memphite (3) .

A I'extremite orientale de l'avenue, a proximite- des terres cultivees,

Mariette crut trouver un « Serapeum grec » qu'il opposa au « Serapeumegyptien », situe a l'ouest de l'allee des sphinx (4) . Wilcken a montre

qu'il n'y a qu'un seul Sarapieion, centre du culte d'Osorapis, et a I'epo-que hellenistique, de Sarapis (5). Le Sarapieion est l'ensemble des edi-

fices qui s'elevaient a l'ouest de l'avenue des sphinx; a l'est de celle-ci

se trouvait un groupe de monuments (le pretendu « Serapeum grec »)

qui ont presque totalement disparu, et qui formaient les domaines

d'Anubis (6) , de Bastet (7 ) et d'Asclepios (8) .

(1) A. MARIETTE, Le Serapeum de Memphis (Paris, 1857). JD.: Le Serapeum. de

Memphis, publie d'apres les manuscrits de l'auteur par G. Maspero (Paris, 1882).

(2) Voir carte I, B;

(3) U. WILCKEN, Die qriecliischeti Denkmdler vom Dromos des Serapeums von

Memphis. Jahrbuch des kaiserlich deutschen archaologischcn Instituts, 32 (Berlin,

1917), pp. 152-3.

(4) A. MARIETTE (Maspero), Le Serapeutn de Memphis, pp. 83, 123.

(5) U. WILCKEN, Urkunden der Ptolemiierzeii (UPZ), I (Berlin-Leipzig, 1927),

pp. 16-7.

(6) 'Avov{3tsiov cf. UPZ, 122, 8 sq., p. 577 (157 avo J. C.). Voir carte I, A 1.

L' enceinte de l'Anubielon comprenait, outre le temple du dieu, un local du repre-

sentant du stratege de Memphis, un poste de gendarmerie, une prison, des bureaux,

des auberges (UP Z, pp. 13-5) et quatre constructions dites « chambres de Bes »

(J. E. QUIBELL, Excavations at Saqqara (1905-6), Le Caire, 1907, pl. 26-9; UPZ.,

pp. 15, 43).

359




LE SARAPIEION: NECROPOLE DES APIS ET VILLAGE DU DESERT.

Lorsque Mariette parvint a I'extremite occidentale de l'avenue des

sphinx, il entreprit de decouvrir le temple de Sarapis mentionne par

Strabon (1). Ces fouilles apporterent des resultats qui « depasserent

toutes les esperances . (2) .

Au centre d'un vaste peribole, l'egyptologue degagea les tombes

oil les Egyptiens abritaient les momies des taureaux Apis, depuis

le regne d'Amenophis III(debut du l4e s. avo J.C.) jusqu'a l'epoque

des derniers Ptolernees (1er S. avo J.C.) (3) . C'est dans ces caveaux,creuses dans les parois d'immenses galeries, que Mariette trouva vingt-

quatre sarcophages monolithes de granit noir ou rouge poli, pesant

(7) Bovj3aauiov cf. UPZ, 79, 4, p. 365 (159 avo J. C.). Voir carte I,A 2. L'en-

ceinte du Bubasteion, situee au sud de l'Anubieion, abritait de nombreuses sepul-

tures contenant des momies de chats, animaux consacres a Bastet, la deesse atete de chatte. Cf. A. MARIETTE (Maspero), Le Serapeutri de Memphis, p. 75; UPZ,

p.43.

(8) 'AaxArpueiov cf. UPZ, p. 40. Voir carte I, A 3. Le domaine d'Asclepios setrouvait vraisemblablement au bord du desert, au sud du Bubasteion. Vu que le

temple funeralre d'Imhotep, grand ministre et architecte de Djeser (3e dynastie),

ne devait pas etre loin de la pyramide a degrcs de ce roi, situee au sud de l'avenue

des sphinx, et qu'a I'epoque grecque, Imhotep fut considere comme dieu guerrsseur

- et identifie par les Grecs avec Asclepios (A. ERMAN, La Religion des Egyptiens,

Paris, 1937, pp. 373, 450-1) - ilest permis de croire que Ie domaine d'Ascleptos

etait proche de la pyramide de Djeser, auquel s'attachait Ie souvenir d'Imhotep.

(1) STRABON,Geoqrapliie, XVII, 1, 807 (trad. H. L. Jones). Th. HOPFNER, Fontes

Historiae Reliqionis Aequptiacae, vol. 2 (Bonn, 1923), pp. 159-60.

(2) A. MARIETTE (Maspero), Le Serapeum de Memphis, p. 46.(3) Voir carte II, A. Ces tombes, creusees dans Ie roc, comprennent:

1) des sepultures Isolees, disposees sans plan apparent et abritant les Apis qui

vecurent entre Ie regne d'Amenophls III et l'an 30 de Ramses II (cf. A. MARIETTE

(Maspero), Serapeutn, p. 117);

2) des sepultures amenagees dans les murs d'une galerie souterraine d'une cen-

taine de metres de longueur, de direction nord-sud (Ies { I petits souterrains I » ) ; Ies

taureaux sacres y furent ensevelis de ran 30 de Ramses II (vers 1270 avo J. C.)

a I'an 20 de Psammettque Ier (vers 643 avo J. C.) (cf. A. MARIETTE (Masperoj :

ibid.) ;

3) des sepultures creusees dans les parois d'une galerie plus vaste (longueur:350 m. ; Iargeur : 3 m , ; hauteur: 5,50 m.), de direction est-ouest (les «grands sou-

terrains ») qui, de l'an 53 de Psammetlque Ier (vers 610 avo J. C.) [usqu'a I'epoque

des derniers Ptolemees (1er S. avo J. C.), prit de plus en plus d'extension a mesureque les momies des Apis parvenaient au Sarapieion (cf. A. MARIETTE (Maspero),

Serapeutn, pp. 46, 60, 119.)

360



LE SARAPIEION DE MEMPHIS

chacun approximativement 65.000 kg (1), O U quarante personnes au-

raient pu trouver place (2); c'est aussi dans ces sepultures que furentrecueillis des vases d'albatre, de nombreuses statuettes de terre cuite

emaillee, divers bijoux rituels (3 ) et des steles decrivant les peripeties

de la vie et des funerailles d'Apis, datees d'apres Ie roi regnant, et pre-

sentant un grand interet pour I'etablissement de la chronologie egyp-

tienne (4) .

Cependant Ie Sarapieion u'etait pas seulement reserve aux Apis

defunts, Des papyrus grecs (5 ) et divers textes demotiques (6 ) reve-

lent que, dans l'espace limite par Ie peribole, se pressaient des temples,des auberges, des chapelles, des boutiques et des habitations (7 ) . Mais

Ies edifices dont ces documents attestent I'existence, ont aujourd'hui

disparu, et Ies Iellahs de Mariette n' ont decouvert, dans Ie voisinage

des souterrains des Apis, qu'un « plateau desole » (8) . Dans une telle

circonstance, ce ne sera qu'en se fondant sur les seules indications

fournies par Ies textes conserves qu'on pourra imaginer ce que fut Ie

Sarapieion de Memphis.

(1) A. MARIETTE (Maspero), Le Serapeum. de Memphis, pp. 53, 119.

(2) A. RHONE, L' E;gyple a petites jourtiees (Paris, 1877), p. 234.

(3) Par exemple l'admirable bijou decouvert dans le sarcophage de I'Apis III

de la 1ge dynastie, cf. A. MARIETTE,Le Serapeura de Memphis, pl , 12, pp. 13-4.

(4) E. CHASSINAT,Textes prooenant du Serapeum. de Memphis (Recueil de travaux

relatifs it la philologie et it I'archeologie egyptiennes et assyriennes, vol , 21 sqq.,

Paris, 1899 sqq.).

(5) Les papyrus du Sarapieion, decouverts par des indigenes, au debut du 1ge

siecle (1800-1820) dans les ruines de la necropole memphite, datent de 169-8 it 153-2

avo J. C. II s'agit principalement de Iettres et requetes envoyees par des habitants

du Sarapieion it leurs proches, it des superieurs, au roi Iui-merne, ou de missives

adressees par ces derniers it ceux qui vivaient dans le temple. Tous ces textes sont

publics, traduits et commentes par U. WILCKEN, Urkunden der Ptolenuierzeit (UP Z),

vol. I (Berlin-Leipzig, 1927).

(6) Ces documents ont He rediges it la meme epoquc que les papyrus grecs et

presentent une importance au moins egale it ceux-ci pour I'etude topographique

du Sarapieion. Cf. K. SETHE, Ein bisher unbeachteles Dokumenl ZUF Frage nach

dem Wesen der Kaioche im Serapeum Don Memphis (Papvrustnstitut Heidelberg,

Schrift 2 (Berlin-Leipzig, 1921), texte reproduit dans UP:t, I, p. 135 (163 avo J. C.) ;G. BOTTI, Testi Demoiici, I, Firenze, 1941 (164-152 avo J. C.); N. J. REICH,

New Documents [roni the Serapeum a t Memphis, Mizraim I (New-York, 1933),

pp. 9-129.

(7) Voir commentaires, infra.

(8) A. MARIETTE (Maspero), Le Serapeum de Memphis, p. 83.

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LE DRaMaS ET SES ENVIRONS.

Le Sarapieion possede deux entrees: celle pratiquee dans le mur

septentrional de l'enceinte (1 ) et celle que franchit le dromos (2). La

voie dallee (3 ) d'une longueur de 85,95 m. (4) , perpendiculaire au der-

nier troncon de l'avenue des sphinx (5), se poursuit a I'interieur du

perihole (6) . Mariette decouvrit les pierres plates de cette route qui,

d'est en ouest, penetrait dans le domaine de Sarapis.

La partie du dromos situee a I'exterieur du peribole etait bordee

de deux murs de 1,55 m. d'epaisseur et de plus de 1 m. de hauteur (') ;les fellahs qui les degageaient, les appelerent « mastabas» (mastaba

du nord (8 ) et mastaba du sud (9)). Dans leur voisinage, quelques

monuments dont Mariette trouva les traces, constituaient vraisem-

blablement un ensemble monumental annoncant les abords immediats

du domaine du dieu (10). Un temple de Nectanebo (milieu du 4e s. avo

J. C.) est bati au sud du drornos (11), et les inscriptions couvrant les

murs de I'edifice attestent la devotion particuliere de ce roi a I'egard

de l'animal sacre Apis (12). Devant le temple de Neetanebo, a I'extre-

mite orientale du dromos, un hemicycle orne des statues de onze poetes

et penseurs grecs (13) etait peut-etre un endroit destine a une halte

(1) Carte II, B 1. N. J. REICH, New Documents, p. 37.

(2) Carte II, B 2.

(3) Carte II, B 3. A. MARIETTE(Maspero), Le Serapeum de Memphis, p. 76.

(4) U. WILCKEN, Die qrieciiischen. Denkmiiler Dam Dromos, loe. cit. p. 152.

(5) Carte II, B 4.

(6) N. J. REICH, New Documents, p. 37.

(7) U. WILCKEN, Die qriecliischeti Denkmiiler Dam Drotnos, p. 152.

(8) Carte II, B 5.

(9) Carte II, B 6.

(10) A propos des fouilles recentes en eet endroit, et de l'emplacement exact de

ses monuments (hemicycle des poetes et philosophes grecs, temple de Nectanebo,

dromos, sculptures diverses), cf. J. Ph. LAUER et Ch. PICARD, Les statues plole-

maiques du Sarapieiot: de Memphis (Inst. d'Art et d'Archeologie de I'Unlversite

de Paris, vol. 3, Paris, 1955).


(12) A. MARIETTE(Maspero), Le Serapeum. de Memphis, p. 76.

(13) Carte II, B 8. U.WILCKEN, Die qriechisclieti Denkmiiler Dam Dromos, pp. 152,

160. Outre les statues mutilees deja connues, et parfois identifiees avec peine

(Pindare, Homere, Protagoras, Hesiode (?), Heraclite (?), Platon, Thales, Demetrios

de Phalere), il faut signaler les recents deblaiements effectues par J. Ph. Lauer

sur les fondations de I'cxedre de Saqqarah , Ces travaux ont permis de decouvrir

notamment une tete diadernee qui appartient probablement a la statue de Deme-

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( e ~ s o e a ) . Apres leur marche dans le desert, les visiteurs du Sarapieion

yauraient trouve un lieu de repos, avant de franchir l'enceinte du

dieu (1) . II faut encore mentionner la presence, au sud du dromos,

de quelques statues grecques (2) .

Le mastaba du nord est interrompu par deux edicules : une chapelle

egyptienne consacree a A pis (?) ( 3 ) et, a l'ouest de celle-ci, un petit

temple grec appele Avxvanuov (4). Ce luchnaption etait le local officiel

des luchnaptai, fonctionnaires qui s'occupaient des lampes dans le

culte de Sarapis (5) . Les monuments situes a l'exterieur de 1'enceinte du

Sarapieion datent soit de la fin des temps pharaoniques (temple de

Nectanebo), soit de I'epoque ptolemaique. I1s sont de construction

recente par rapport aux edifices batis a I'interieur du peribole.

LA MAISON n'OSIRIS-ApIS.

Au centre de l'enceinte du Sarapieion, Mariette decouvrit des tombes

isolees d'Apis du nouvel empire (6) . La plus ancienne date du regne

d'AmenophisIII

e). Chaque sepulture comprenait un chemin en pente,creuse dans le roc et menant a une chambre souterraine a plafond platou reposaient les restes d'un Apis. Une petite chapelle, elevee a la sur-

face du sol, au-dessus du caveau, permettait de perpetuer le culte de

trios de Phalere, cf. J. Ph. LAUER, Les statues grecques du dromos du Serapeioti i1

Saqqarali, Bull. Inst. franc. d'Archeol , orientale, 34 (Le Caire, 1952), pp. 219 sqq.

(1) Comparaison de cette exedra avec cclle qui aurait existe au Sarapieion d'Ale-

xandrie, cf. U. WILCKEN, ibid. pp. 172-3.

(2) Carte II, B 9. U. WILCKEN, Die griechischen Detikmiiker com Dromos, pp.

162 sqq., passim.


(4) Carte II, B 11. Au sujet de l'inscription mut.ilee trouvee dans les ruines 'du

luchnaption (redigee vraisemblablement au 4" s. avo J. C.) et remerciant Sarapis

pour une guerison, cf. UP Z, pp. 34-5.

(5) U. WILCKEN, Die griechischen Denktniiler Dom Dromos, pp. 158-9; UPZ,

p. 35. La (' fete dallurner la lampe » ( A V X V U l j ! t u ) est l'ancienne coutume egyp tienne

du st-tk3 (attestee deja au moyen empire, cf. les textes de Hapidjefa de Siout,

A. ERMAN, Zelui Yertraqe aus dem mittleren Reich, Zeitschrift Iur Aegyptische

Sprache, 20 (Leipzig, 1882), V, ll. 30-1, pp. 173-4; VII, 1. 46, p. 179; passim).

Les Egyptiens illuminaient les temples de leurs dieux (Osiris, Oupouat, Sebek) a

l'occasion de certaines fetes, celle du nouvel an, par exemple, cf. ID., ibid., V, 1. 36,

pp. 175, 177.

(6) Carte II, A a, b, c.

(7) Carte II, A a. Les tombes b et c datent du regne de Ramses II.

363




l'animal divin (1) . Comme le nombre des edicules et des caveaux s'ac-

croissait sans cesse, Khaemouast, fils de Ramses II, fit creuser unegalerie d'une centaine de metres de longueur qui servit de sepulture

commune aux taureaux defunts, jusqu'a l'an 20 de Psammetique

Ief (2). Des lors, il semble bien que, sous Ramses II, un sanctuaire

unique, bati au-dessus de ces souterrains, ait remplace les anciennes

chapelles particulieres des precedents Apis (3).

Ce temple central (4), que les Egyptiens appelaient Pr-Wsr-Ifp ( 5 )

« < Maison d'Osiris-Apis » ) , et Ies Grecs IIo(Jsefi7U (6) , Eaea7USlOY ou

peya Eaea7USlOY (1), recevait les offrandes destinees a tous les Apisdefunts osirifies (Osiris-Apis, Osorapis) ensevelis sous ses murs.

IIest possible, comme le veut Wilcken (8) , que desorrnais les prieres

des adorateurs ne s'adresserent plus a tel taureau determine, mais a uneeffigie symbolisant tous les animaux reposant sous l'edifice. Cet Osorapis,

image de tous les Apis defunts, apparaissait-il sous l'aspect d'un Osiris

tronant (9)? Ou sous une forme hybride - corps humain d'Osiris

et tete de taureau Apis? Les steles du Sarapieion presentent parfois

Ia divinite sous cet etrange aspect (10). La question demeurera vrai-

(1) A. MARIETTE(Maspero), Le Serapeura de Memphis, p. 117; UPZ, p. 20.

(2) Carte II, A d.

(3) E. OTTO, Beitrdqe zur Gescliichle der Siierkulie in Aegypten, (Leipzig, 1938),

p. 21.

(4) Carte II, A I.

(5) Pap. demot , 373 a, 1. 4 (201-200 avo J. C.). Cf. N. J. REICH, New Documents,

pp. 50-1; UPZ, p. 23.

(6) UPZ, 1,7, p. 102 (4e s. avo J. C.). Commentaires: UPZ, pp. 24, 104. K.

SETHE, Sarapis und die sogenannten kaiochoi des Sarapis, Zwei Probleme der grie-

chisch-tigyptischen Religionsgeschichte, (Abhandlungen der ki:iniglichen Gesellschaft

der Wissenschaften zu Gottingen, vol. 14, N° 5, Berlin, 1913), p. 5.

(7) L'examen des textes grecs et demotiques montre que les termes Maison d'Osi-

ris-Apis, Poserapi, Sarapieion, grand Sarapieion, designent tantOt Ie temple central,

tant6t tout Ie domaine compris entre les murs du peribole, cf. UP Z, pp. 27-8, 40 ;

N. J. REICH, New Documents, p. 72.

(8) UP Z, pp , 23-4.

(9) Ibid. Wilcken se fonde sur les etroits rapports existant entre Osiris et Apis

( 1 1 ce sujet : E. OTTO, Beiirtiqe zur Gescliichie der Stierkulte in Aegypten, pp. 27-8),

et sur Ie texte d'Artemisia qui cite: " Oserapis (sic) et Ies dieux qui sont « assis )

(uaefuu,'Vot) avec Oserapis IJ, cf. UPZ, I, 1, p. 101 (4e S. avo J. C.); UPZ, p. 24.

Contra: K. SETHE, Sarapis utui die sogenannten katochoi des Sarapis, p. 5, qui ne

volt pas, dans ces mots, la preuve que Ia statue du temple central soit un Osiris

tr6nant, et qui traduit uae~p,I3'VOl: « qui resident »,

(10) A. MARIETTE,Le Serapeum de Memphis, pl. 8 (tombe de l'Apis II de la 1ge

dynastie).

364




semblablement sans reponse. II ne reste pas de trace de la statue

d'Osorapis, ni du temple qui l'abritait. Cependant il convient d'ima-giner ce dernier au-dessus - ou dans le voisinage immediat - de la

sepulture commune datant de Ramses II;c'est en effet a cette epoq ue

qu'un projet d'ensemble pour l'ensevelissement des Apis fut mis a

execution, et que I'idee d'un sanctuaire unique dut naturellement voir

le jour. Ce temple central protegeant les taureaux defunts prit sans

doute de plus en plus d'extension a mesure que se developpaient le

culte d'Apis et I'etendue des souterrains (1) .

LA CHAPELLE DE SARAPIS.

A la fin du 4e s. avo J. C., les Grecs et les Egyptiens, unis par la po-

litique religieuse de Ptolemee Ier, confondirent en une commune ado-

ration l'antique Osorapis (Wsr-IJp) du temple central et sa forme hel-

Ienisee, denomrnee Sarapis (2) . II est d'ailleurs probable que le nom

L'6.eanu; etait deja employe par la population grecque d'Egypte -

avant l'intervention de Ptolemee Ier - pour designer Osorapis (3) .

Le nouveau culte prit place au Sarapieion. Les papyrus grecs men-

tionnent une « chapelle de Sarapis» a proximite d'un «local de ser-

vice des pastophores »(4). II n'est pas possible de determiner I'emplace-

ment exact du petit sanctuaire hellenistique ; mais on sait que, lorsque

des coups de couteau s'echangeaient sur le dromos (5), celui qui ne

voulait pas intervenir dans ces brutaux reglements de compte, se

refugiait dans le local des pastophores (6) . Celui-ci se trouvait donc a

proximite de la voie dallee, et la chapelle de Sarapis etait egalement

batie soit sur le dromos, soit dans son voisin age immediat C).

(1) L'etendue des « petits souterrains» correspondrait-elle a la largeur du temple

central? Lorsque la galerie creusce par Khaemouast s'effondra (carte II, A e), un

nouveau souterrain, de direction est-ouest, recueillit les restes des Apis des regnes

de Psammetique Ier, Nechao II, Apries et Amasis (carte II, A f), plus tard, les

taureaux du temps des Ptolemees (carte II, A g). II n'est pas possible de dire si

Ie temple central recouvrait egalement ces sepultures recentes,

(2) Sur l'origine de ce culte, UPZ, pp. 82-8.

(3) UPZ, pp. 86-7.

(4) T o e rp 1]p [e ee V7 :i je LO Y 7 :c OY :n ;a ]a -ro rp oe W Y 7 : 0 :n ;e o ~ 7 :c O ~ a y {w ~ 7 :0 V .E ae a:n ;[t(5 0~ ]

UPZ, 119, 10-2, p. 555 (156 avo J. C.)

(5) Carte II, B 3.

(6) UPZ, 119, 10-5, pp. 555-6 (156 avo J. C.), et commentaire: UPZ, p. 558.

(7) II n'y a aucune raison de supposer l'existence d'un sanctuaire de Sarapis,

eleve dans Ie temple central, comme Ie croit U. Wilcken, UPZ, p. 28.

365

24




D'autre part, vu que les monuments les plus recents furent con-

struits a I'exterieur du peribole (1) , je situerais la chapelle de Sarapis,qui date de l'epoque ptolemaique (2) , dans le voisinage de I'entree

orientale, et a proximite du dromos (3).

LA MAISON DE REPOS DU KEM.

A la basse epoque, les veaux nes du taureau Apis etaient veneres

a I'egal de leur pere (4) . On a suppose a juste titre, par analogie avec

le culte du taureau Boukhis, l'animal sacre d'Hermonthis, que la tombedes « enfants d'Apis» occupait un emplacement isole des autres se-

pultures (5) .

Un papyrus demotique - qui mentionne un « pretre ouab des en-

fants d'Apis» ( 6 ) - prouve deja que les veaux divins possedaient leurs

propres pretres, attaches a leur service Iuneraire. Le meme texte

nomme egalementune sepulture independante de toutes les construc-

tions connues jusqu'a present: une « maison de repos (p < y l}tp) (du)

Kem (n p km) (qui est dans la maison) d'Osiris-Apis (Pr-Wsr-lfp)

au cote septentrional (du dromos d'Osor)apis ( 1 . J t i - l J , n Wsr-Ijp) (Ie

grand dieu ...)) (1) .

Cette maison du Kern serait-elle Ie lieu de repos des enfants d'Apis ?

Je Ie croirais volontiers. Le mot kem designe un etre divin, dont la

statue est en argent (8) , et peut etre rapproche du terme kemi, nom

porte par Ie troupeau d'Apis (9) .

(1) Le temple de Nectanebo, I'hernicycle, Ie luchnaption, cf. supra: « Le dromos

et ses environs I).

(2) UPZ, pp. 82-8.

(3) Carte II, A II.

(4) E. OTTO, Beitriige zur Geschichte der Siierkulle in Aegypten, p. 17.

(5) N. J. REICH, New. Documents, p. 57.

(6) Pap. demotique 373 a, 1. 2 (201-200 avo J. C.). Cf. N. J. REICH, New. Docu-

ments, pp.48-9.

(7) Pap. demotique 373 a, 11. 2-3, (N. J. REICH, New. Documents, pp. 48-9).

(8) D'accord avec N. J. REICH, New. Documents, pp. 85-6.

(9) Kemt =betail sacre noir, cf. A. ERMAN- H. GRAPOW,Warterbuch der Aegyp-

tisclieti Sprache, V (Leipzig, 1931) p. 125, betall sacre d'Apis, de Mnevis, de Min,

de Thot, cf. E. OTTO, Beiirtiqe zur Geschichte der Stierkulte in Aegypten, p. 17.

Toute la region de la necropole memphite reservee aux taureaux sacres se nomme

d'ailleurs kemt, (I celle du Noir I) (A. ERMAN- H. GRAPOW,Warterbuch, vol. 5, p. 125)

et le betail sacre d'Apis kemi (Warierbuch, ibid.) est noir comme Osiris, qui s'appelle

ie Grand Noir, Km- Wr (War/erbuch, V, p. 126).

366




Le texte demotique fait done allusion a une statue metallique ahritee

par une « maison de repos » - c'est-a-dire une sepulture situee a

I'interieur du peribole ( « dans la maison d'Osiris-Apis »), et au nord

du dromos (1).

Je pense qu'il n'est pas possible de confondre ce tombeau du Kern

avec le grand temple central qui s'elevait a I'extremite occidentale du

dromos. II s'agit de deux constructions nettement distinctes. Et si le

kern est bien une image d'argent, symbole des animaux sacres (kernt)

du Sarapieion, cette statue n'evoquait pas Ie souvenir des taureaux

Apis, ensevelis loin de la, mais proposait aux adorateurs une effigie

des « enfants d'Apis » .

L'edifice du Kern etait vaste. II comportait des habitations et des

chapelles funeraires ; les pretres des veaux d'Apis y deposaient leurs

ustensiles sacres et les coupes d'offrandes necessaires au service divin (2) .

LE SANCTUAIRE n'ISIS.

L'existence d'un temple d'Osiris-Apis au Sarapieion permettrait

deja de supposer qu'Isis, etroitement liee au dieu (3) , possedait egale-

ment un sanctuaire a I'interieur du peribole (4) . Cette hypothese est

devenue une certitude, grace a deux textes demotiques qui citent:

« le pretre ( w O b ) de la residence (sbJ-t) ( 5 ) dIsis ... la grande deesse,

(residence) qui est dans la maison d'Osorapis, au cote septentrional

du dromos ( ! J f t - l y , ) d'Osora(pis, Ie grand dieu) » (6) .

II y avait done, dans l'enceinte de l'ouest, un sanctuaire d'Isis situe

au nord du dromos; et si l'on compare ces textes demotiques a celui

qui mentionne l'emplacement du tombeau du Kern, il est clair que

le temple d'Isis etait tout proche de cette sepulture (1) . Les habitants

du Sarapieion avaient d'ailleurs coutume d'apporter leurs offrandes

(1) Carte II, A III.

(2) Pap. demotique 373 a, 1. 3. Cf. N. J. REICH, New Documents, pp. 48-9;

commentaire: ibid., pp. 87-93.

(3) Sur l'origine de cette union, cf. J. VANDIER, La Religion eggptienne (Paris,

1944), pp. 60-1.

(4) Un sanctuaire d'Tsis-Hecate au Sarapieion, UPZ, pp. 43, 92.

(5) Au sujet de ce mot, cf. N. J. REICH, New Documents, pp. 58-9, 63.

(6) Pap. demotique 388,1. 2 (181-180 avo J. C.). Cf. N. J. REICH, New Documents,

pp.118-9. Voir aussi Pap. demotique 373a, 1. 2 (201-200 avo J.C.) dans N.J. REICH,

New Documents, pp. 48-9.

(7) Carte II, A IV.

367




« a Sarapis et a Isis » (1) , et les papyrus grecs apprennent que la deesse

etait invoquee quand on avait besoin de son aide (2) .

LE SANCTUAIRE n'Honus.

Ainsi le Sarapieion de Memphis retrouve, grace aux documents

grecs et demotiques, ses temples disparus : celui d'Osiris-Apis a l'extre-

mite occidentale du dromos, la chapelle de Sarapis pres de I'entree

orientaledu domaine du dieu, Ie tombeau du Kern et le sanctuaire

d'Isis au nord du dromos. Les textes font allusion a d'autres edifices,et en grand nombre, construits a I'interieur du peribole. On aurait

pu y soupeonner deja, sans l'aide des documents, l'existence d'un

temple d'Horus, puisque Ies sanctuaires d'Isis et d'Osiris-Apis font

songer aussitot a Horus, qui complete necessairement la triade osi-

rienne (3) .

Un document demotique confirme maintenant ce qui n'etait qu'une

hypothese: « La residence ( s b j _ - t ) (de) Horus ... le grand dieu (qui) est

dans la maison d'Osorapis» (4) .Malheureusement cette unique mention d'un temple d'Horus ne

precise aucun emplacement exact. Dans une telle circonstance, il

convient, je crois, de s'en tenir au principe deja Iormule ( 5 ) : l'antique

sanctuaire d'Osiris-Apis couvre le cceur du Sarapieion, et ses plus

anciennes sepultures; viennent ensuite, le long du dromos, des con-

structions plus recentes (tombeau du Kern, temple d'Isis) qui envahissent

progressivement, vers l'est, le terrain laisse libre; enfin, Ies edifices

hellenistiques se groupent aux abords de la partie orientale du dromos,

surtout en dehors du peribole (6) . Ce serait done dans le voisinage im-

mediat du temple d'Isis qu'il faudrait situer la residence d'Horus ("),

(1) UPZ, 42, 48-51, p. 248 (162 avo J. C.), ou ils'agit de deux jeunes filles appe-

lees « jumelles » , qui exercaient leurs fonctions au Sarapieion.

(2) « Je priai Sarapis et Isis, en disant: Viens a moi, deesse des dieux, sois in-

dulgente et ecoute-moi ». UPZ, 78, 23, p. 360 (159 avo J. C.).

(3) U. Wilcken qui ne pouvait disposer, en son temps, de nos documents demo-

tiques, formule deja cette hypothese, cf. UPZ, pp. 29, 90.

(4) Pap. dernotique 10. 236, 1. 2-3, cf. N. J. REICH, New Documents, p. 65.

(5) Cf. supra, II La chapelle de Sarapis » .

(6) Cf. supra, II Le dromos et ses environs » . Je crois utile de signaler, des a pre-

sent, que cette extension vers I'est s'accompagne de I'elargissement progressif des

souterrains des Apis vers I'ouest, Voir les conclusions de cette etude.

(7) Carte II, A V.

368




LE SANCTUAIREn'HATHOR-AsTARTE.

En vertu de ce meme principe, je pense qu'il est possible de deter-

miner approximativement l'emplacement de l'Astartieion. Astarte,

deesse guerriere venue d'Asie, comptait des adorateurs en Egypte,

des Ie nouvel empire (1). Son culte se localisa a Memphis on elle devint

la « fille de Ptah» (2), dieu de la cite (3), avant de s'etablir dans l'en-

ceinte de 1'ouest (4). Ainsi Ie Sarapieion posseda son propre temple

d'Astarte qui dependait du sanctuaire principal a Memphis (5), et

s'appelait, comme lui, a I'epoque hellenistique, Astartieion (6 ) ou

Aphrodision e ) .Aucun document ne fournit la mention de l'emplacement exact

de ce temple a I'interieur du peribole. Les papyrus grecs procurent

une seule indication, et elle est fort vague: le sanctuaire d'Astarte-

Aphrodite se trouvait a proximite du dromos (8).

L'edifice devait avoir de vastes dimensions (9) si 1'on songe qu'il

comportait vraisembablement, outre « 1'adyton de la deesse i (10) , des

magasins, des vestibules et de multiples logements pour les pretres ( 1 1 ) ,

(1) A. ERMAN,La Religion des Egyptiens (Paris, 1937), pp. 180-2; J. VANDIER,

La Religion egyptienne (Paris, 1944), pp. 206-7.

(2) \V. SPIEGELBERG,The Fragments of the Astarte Papyrus of the Amherst Col-

lection, Proceedings of the Society of Biblical Archaeology, 24 (1902), p. 49.

(3) II y avait un « temple d'Astarte» a Memphis, qu'Herodote a denomme Ie

« sanctuaire d'Aphrodite etrangere : (Hist. II, 112). Cf. Papiri Greci della Societa

Italiana, V, 531, 1, p. 114: « Les pretres d'Astarte, la deesse des Pheniciens-Egyp-

tiens a Memphis » , attaches au merne sanctuaire, qui se nomme aussi Aphrodision :

UP Z, 119, 20-1, p. 556 (156 avo J. C.).

(4) To 6V Tan f!8yaAWt Laeam8tWt 'AaTaeU8iov cf. UPZ, 6, 7 sq., p. 129

(163 avo J. C.).

(5) UPZ, p. 37.

(6) L'existence du temple d'Astarte au Sarapieion n'est surement att.estee qu'a

partir du 2e S. avo J. C. cf. UPZ, 7, 10, p. 138 (163 avo J. C.).

(7) UP Z, 119, 36, p. 556 (156 avo J. C.). Sur Hathor-Aphrodite, cf. J. VANDIER,

Religion, p. 152; A. ERMAN, Religion, pp. 50-1.

(8) C'est ce qui resulte de la lecture de tout Ie passage: UP Z, 7, 14-7, p. 138.

(9) Contra: E. REVILLOUT, Revue Egyptologique, 2 (Paris, 1881), p. 82: une

« modeste chapelle » , et U. WILCKEN, UPZ, p. 38, qui considere l'Astartieion

comme un petit temple.

(10) UP Z, 6, 22 sqq., p. 130 (163 avo J. C.).

(11) Comme dans tout temple egyptien, et deja sous l'ancien empire, cf. L. BOR-

CHARDT,Das Grabdenkmal des Ktmiqs Nejerirkara (Leipzig, 1909), pp. 11-2, 36-7 ;

pl. 10, p. 82.

369




auxquels il convient d'ajouter les habitations des pastophores, membres

du clerge qui portaient les images divines dans les processions (1).Ne peut-on supposer qu'un tel sanctuaire etait a l'origine celui de la

deesse Hathor, avec laquelle se confondirent I'Astarte asiatique, par-

venue en Egypte au nouvel empire, et l'Aphrodite grecque du temps

des Ptolemees ? Hathor avait la charge d'accueillir les defunts a leur

entree dans l'au-dela, et a la basse epoque, elle etait consideree commela deesse paredre d'Osiris (2). Elle jouait un role Iuneraire important

qui, depuis une haute epoque, dut lui accorder naturellement droit

d'acces dans. l'enceinte de l'ouest.

En conclusion, un temple d'Hathor-Astarte existait vraisemblable-

ment, des Ie nouvel empire, au Sarapieion; il faut Ie situer pres du

dromos; vu que I'edifice date probablement des temps pharaoni-

ques, c'est a mi-chemin entre Ie vieux sanctuaire d'Osiris-Apis et les

constructions hellenistiques qu'il convient de Ie situer (3), c'est-a-dire

aux environs de la residence d'Isis. Je verrais volontiers Ie temple

d'Hathor s'elever au sud du dromos, et former, face a celui d'Isis (sure-

ment au nord de la voie dallee) et aux autres constructions (Horus

et Kern), une impressionnante avenue conduisant a l'antique Maison

d'Osorapis (4).

LES SANCTUAIRESDE SEKHMET, THOT ET AMON.

Ce droit d'acces au Sarapieion - obtenu par l'Astarte asiatique

etablie a Memphis - on peut aisement imaginer que d'autres divinites

Ie reclamerent egalement. Au cours des siecles, et sur les traces d'Apis,

il est probable qu'elles tenterent une a une de quitter la Vallee et de se

batir un sanctuaire dans l'enceinte de l'ouest, en bordure du dromos

sacre.

Les documents grecs et demotiques ne livrent que peu de renseigne-

ments a ce sujet. On sait neanmoins que Sekhmet a tete de lionne,

(1) UP Z, pp. 45-6. Le mot auurt otpooiov correspond au demotique is.t hi-ntr

(endroit du temple), cf. F. L. GRIFFITH, Catalogue of the Demotic Papyri in the

J. Rylands Library III (London, 1909), p. 47, note 5. C'est dans ces pastophoria

qu'habitaient les celebres (,encatoques » , notamment Ptolemaios, fils de Glaucias.

Ace sujet, cf. U. WILCKEN, UPZ, I, passim.

(2) A. ERMAN, La Religion des Egyptiens, pp. 50, 466.

(3) Cf. principe de developpement du Sarapieion, Iormule supra: « Le sanctuaire

d'Horus » .

(4) Carte II, A VI.

370




qui etait adoree a Memphis (1), possedait une residence a I'interieur

du peribole, ainsi qu'un clerge particulier (2) . Cette deesse fut d'ail-

leurs invoquee au cours d'une affaire judiciaire qui traitait d'un acte

sacrilege commis dans le temple d'Osorapis (3).

Quant aux dieux Thot et Amon, leur culte n'est pas atteste avec

certitude au Sarapieion. Les textes mentionnent bien, sans le situer, un

temple d'Amon (4), ainsi que la presence, parmi les rnembres du person-

nel de l'enceinte de l'ouest, d'un certain Onnophris, gardien d'ibis (5),

l'animal sacre de Thot : mais on ne pourrait en conclure que Thot et

Amon possedaient effectivement un sanctuaire a I'interieur du peri-

bole (6).

LES COUPES D'AscLl§;PIOS.

L'enceinte du Sarapieion semble avoir abrite des endroits privilegies,

occupes peut-etre par un simple auteI, et reserves a des divinites dontle culte se celebrait normalement hors des murs.

Tel etait le cas d'Asclepios. On sait que son domaine se trouvait a

l'est, en bordure du desert, et que le terme Asclepieion ne designe

jamais une residence du dieu dans le Sarapieion ("). Neanmoins, les

papyrus grecs mentionnent qu' « Asclepios possede des coupes de

pierre (8 ) la-haut, dans le Sarapieion. C'est la coutume de faire chaque

jour des libations a Asclepios : (9).

Ces coupes de pierre, deposees en un lieu consacre de l'enceinte de

l'ouest (10), rappelaient probablement, a I'interieur d'un peribole en-

(1) A. ERMAN, La Religion des Egypiiens, pp. 55, 83.

(2) «Le pretre (w'b) de la residence (sb!-t) de (la deesse) Sekhrnet, (residence)

qui est dans la Maison d'Osorapis » : Pap. demo 373 b, 1. 3, N. J. REICH, New Docu-

menis, pp. 110-1 (201-200 avo J. C.). Carte II, A VII.

(3) Pap. Bologna 3173 (G. BOTTI, Tesii Demotici, I, Firenze, 1941, 2), verso 21-5,

recto 1-8 (164-152 avo J. C.).

(4 ) B Y T .p O t u c p T . p "Aiuuovoi; : UPZ, 79, 4-5, p. 365 (159 avo J. C.).

(5) lfJwfJoau6r;: UPZ, 119, 17-8, p. 556 (156 avo J. C.).

(6) Carte II, A VIII et IX.

(7) UPZ, p. 40.

(8) }.r8ewa anoyM ja.

(9) UPZ, 57, 5 sqq., p. 284 (164 avo J. C.).

(10) Contra: U. WILCKEN, UPZ, p. 40, qui pretere considerer que les coupes

d'Ascleplos ont He deposees dans Ie sanctuaire dOsorapls (Sarapieion). A propos

du terme Sarapieion designant tantot Ie temple central, tantot l'enceinte de l'ouest,

cf. supra, «La Maison dOsirrs-Apis » .

371




combre dedifices, la presence de dieux qui, tel Asclepios, y etaient

arrives tardivement, et n'auraient pu y trouver la place qui leur re-venait (1).

LES MAISONS DES VIVANTS ET LES SEPULTURES HUMAINES.

LES MAGASINS DES PETITES GENS.

Un rapide examen d'une carte du Sarapieion suffit a montrer com-

bien vaste est I'espace - demeure libre jusqu'a present - au nord

et au sud de I'axe forme par Ie dromos, Ie temple central d'Osorapis

et les grands souterrains. Cet espace etait Ie theatre d'une vie intense.

On imagine que les pelerins qui montaient au Sarapieion, esperaient

y trouver un gite et les commodites de la vie dont chacun beneficiait

dans la Vallee. Les trop rares allusions contenues dans les papyrus

grecs evo quent tout un monde de petites gens qui assuraient le ravitaille-

ment de l'enceinte de l'ouest, et y possedaient d'ailleurs des echoppes

et des magasins: des boulangers (2), des marchands de hle (3), des

porteurs d'eau (4), des portefaix et notamment des porteurs de sacs (5),

des marchands de vetements (6), des tailleuses 0, des fabricants detapis (8), des portiers (9), des coiffeurs (10) , des medecins (11) assuraient

la survie d'un populeux village au milieu des sables, et subissaient

le poids de ses soucis journaliers, accompagnes d'inevitables querelles.

Voici, par exemple, un certain Apollonios ( 1 2 ) qui, dans une plainte

adressee au stratege Posidonios, fait savoir qu'il se rendit {(Ie 25 Payni

de l'an 23 (23 juillet 158 avo J.C.) a la boutique du marchand de jones (13),

qui est situee dans le meme temple (le grand Sarapieion), pour acheter

des joncs » (14). Or le marchand se montra irascible. II desirait se

(1) Carte II, A X.

(2) ae?:ou6:n:o,: UPZ, 8, 32-5, p. 141 (161 avo J. C.).

(3) at?:O%a:n:1)Ao,: UPZ, ibid.

(4) voeo<p6eo,: UPZ, 120, 20, p. 564 (2e S. avo J. C.).

(5 ) a atA AO<p6 eo " a au uo<p 6eo ,: UPZ, 8, 32-5, p. 141 (161 avo J. C.).

(6) [/hano:n:wA1),: UPZ, 8, 32-5, p. 141 (161 avo J. C.).

(7) i :m j?:et a (~m7?:eta) : UPZ, 91, 16, p. 407 (159 avo J. C.).

(8) w:n:iov<po,: UPZ, 8, 33 bis, p. 141 (161 avo J. C.).

(9) 8veove6,: UPZ, 6, 32, p. 130 (163 avo J. C.).(10) uove6V,: UPZ, 96, 10, p. 422 (159-8 avo J. C.).

(11) la?:e6,: UPZ, 7, 7-8, p. 138 (163 avo J. C.).

(12) II s'agit du frere de Ptolemaics, fils de Glaucias, cite supra.

(13) nl 8eow :n :6AWV (8eVO:n :WAWV) .

(14) UPZ, 12, 1-16, p. 148 (158 avo J. C.).

372




debarrasser de jones de qualite mediocre. Apollonios, qui exigeait de

la marchandise de choix, discuta et obtint finalement gain de cause.Cependant l'autre avait cede de mauvaise grace, et en Ie menacant.

« Je rentrai dans mon pastophorion i (1 ) poursuit Apollonios; « apres

cela vinrent les freres du marchand, Petaus et Teos, Armes de batons

et sans aucune bienseance, ils firent irruption dans le pastophorion

que j'habite r (2). Les deux hommes etaient des aniers, habitues par

profession a manier la trique. On ne pouvait done rencontrer de plus

desagreables agresseurs, et Apollonios s'en plaint amerement au stratege

Posidonios : « Ils me rouerent de coups et me maltraiterent : (3). Cet

incident montre cornbien ilserait inexact de faire peser, sur la necropole

des Apis, Ie silence qui conviendrait a un lieu sacre,

LES AUBERGES ET LES PROPRIETES PRlVEES.

Au contraire, l'entretien des divers cultes qu'abritait Ie Sarapieion,

le ravitaillement de ses differents clerges et le logement de ses pelerins,

necessitaient sans doute une bruyante activite que dirigeait une or-

ganisation vigilante. Dans l'enceinte de l'ouest, les visiteurs trouvaient

des auberges (4) . On sait a present, grace aux documents demotiques,

que des particuliers possedaient egalement des habitations et des ter-

rains a l'interieur du perihole, « des edifices, cours et terres ... qui se

trouvent dans la Maison d'Osorapis (= l'enceinte occidentale), au

cote meridional du dromos d'Osorapis, le grand dieu : (5).

Un autre texte demotique avait deja revele l'existence de loge-

ments rattaches au tombeau du Kem (6), et situes par consequent

au nord du dromos. Je pense qu'on peut admettre que les maisons

des vivants, surement attestees au sud de la voie dallee, couvraient

egalement la partie septentrionale du domaine d'Osorapis ("). Il est

(1) Apollonios est « encatoque » comme son frere Ptolernaios, et a pris domicile

dans un pastophorion du temple d'Astarte-Aphrodite.

(2) UPZ, 12, 27-37, p. 148 (158 avo J. C.).

(3) UPZ, 13, 16-28, p. 150 (158 avo J. C.).

(4) KaTaAvp,aTa: UPZ, p. 51. On connait deja de sembI abIes auberges dans

l'Anubieion, cf. supra.

(5) Pap. demotique 373 b, 1. 3. Cf. N. J. REICH, New Documents, pp. 110-1

(201-200 avo J. C.).

(6) Pap. demotique 373 a, 1. 3. Cf. N. J. REICH, New Documents, pp. 48-9 (201-200

avo J. C.).

(7) Carte II, A XI-X!'.

373




d'ailleurs probable que l'extension du village - rapidement limitee-

a l'est, par les murs du peribole - s'est produite d'est en ouest (comme

les souterrains des Apis), alors que les sanctuaires du dromos, contenus

par la masse du temple central, se sont multiplies d'ouest en est.

Un passage important du meme texte (1 ) definit ainsi l'emplace-

ment des proprietes situees au sud de la voie dallee :

« Les terres voisines (sont):

Sud: La maison (p'y) de Harendotef, fils de Peteharourtiou, qui est

tenue par la femme Taami, fille d'Imhotep ;

Nord: Les maisons et terres non cultivees du scribe divin (ss-ntr)Nesharsemtou, fils de Apa, tenues par le pere divin (it-nJr) Im-

hotep, fils du prophete (7;m-nlr) Zeho;

Ouest: La grande rue (mit);

Est: Les terres non cultivees du pere divin Imhotep mentionne plus

haut, fils du prophete Zeho» (2).

Si Ie document signale l'existence de la « grande rue» a l'ouest des

dites proprietes, c'est qu'il existait une voie principale qui traversait

le village du nord au sud, et croisait vraisemblablement Ie dromos (3) .

A ce renseignement topographique s'ajoute un temoignage capital:

les maisons et les terrains appartiennent a des membres du personnel

sacerdotal du Sarapieion qui, leurs taches terminees, ne descendaient

pas a Memphis, mais pouvaient demeurer dans leurs proprietes du

peribole occidental.

Ainsi se precise peu a peu, autour des souterrains des Apis, la com-

plexite pittoresque de ce monde des vivants. La O U les fellahs de Ma-

riette n'avaient trouve qu'un « plateau desole », on imagine a present

la vie laborieuse des petites gens parmi leurs echoppes, la montee

incessante des pelerins vers le Sarapieion, leurs allees et venues dans

les auberges, les soucis quotidiens des particuliers installes sur des

terrains etroitement delimites par le peribole, et enfin, meles a cette

foule profane, les prophetes et les peres divins qui habitaient sur le

lieu meme de leur sacerdoce.

374

(1) Pap. demotique 373 b, 1. 3. Cf. N. J. REICH, New Documents, pp. 110-1 (201-

200 avo J. C.).

(2) Pap. demotique 373 b, 1. 4. Cf. N. J. REICH, New Documents, pp. 110-1

(201-200 avo J. C.).

(3) Carte II, AXIl-XII'.




L'EDIFICE ROYAL.

Les souverains venaient parfois leur faire visite, et adorer les dieux (1).

En octobre 163 avo J. C., c'est Ptolernee Philometor qui, apres un

heureux voyage d'Italie a Alexandrie, monte au Sarapieion pour y

faire offrande, et remercier Sarapis de lui avoir epargne les perils de

la traver see (2) . Une seconde visite royale a lieu en 158 avo J. C. Les

habitants, mettant I'evenernent a profit, tendent des requetes au Roi

et a la Reine (3).

II existait sans doute un edifice qui accueillait les Souverains - un

palais ou un refuge royal. U. Wilcken l'imagine proche du temple

d'Osorapis (4). L'hypothese semble fondee, car - en l'absence de tout

vestige archeologique et de toute allusion dans les documents - on sait

que les habitants du Sarapieion « s'adressaient au Roi par la ev e{ c ;» (5),

ou Ienetre d'audience, et que les requetes, acceptees et cachetees par

lui, etaient remises « par la ev e{ c ;» (6).

Une Ienetre semblable, qui permettait au Roi de recevoir les re-

quetes e), se trouvait pratiquee, deja au nouvel empire, dans le murdu palais corncidant avec la premiere cour d'un sanctuaire. Lessujets

du Souverain s'y reunissaient et attendaient l'apparition de leur

maitre. Sous Ramses III, par exemple, dont le temple de Medinet-

Habou possede, du cote meridional, une « Ienetre des apparitions

royales » (8), les courtisans, assembles dans le sanctuaire, peuvent voir

le Roi qui, a l'interieur de son palais, daigne les entendre et prendre

connaissance de leurs rapports. Au Sarapieion, l'utilisation d'une

({Ienetre d'audience » suppose egalement l'existence d'un edifice royal;

(1) UPZ, p. 51.

(2) OW(fw()S£c;: UPZ, 41, 4-5, p. 243 (161-160 av. J. C.). Pour Sarapis, protecteur

de la navigation, cf. UPZ, pp. 35-6.

(3) en£ooJ%u T~V l iVT£V~W, dit I'« encatoque » Ptolemaios : UPZ, 14, 1-4, p. 152

(158 avo J. C.).

(4) UPZ, pp. 17, 64-5.

(5) eV£TvX6v coi ota T'fjc; ()V(}.iooc;: UPZ, 15, 6-8, p. 172 (156 avo J. C.).

(6)UPZ, 53, 4 sqq., p. 270 (161 avo J. C.).

(7) U. WILCKEN, Zu den Kaiochoi des Serapeums, Archiv flir Papyrusforschung,

6 (Leipzig-Berlin, 1920), p. 190.

(8) H. H. NELSON - U. HOLSCHER, Medinei Habu Reports, The Oriental In-

stitute of the University of Chicago, 1928-31, pp. 1 sqq., 35, 44; U. HOLSCHER,

Erscheinunqstenster und Erscheinungsbalkon im kiiniqlicheti Palasi, Zeitschrift fur

Aegyptische Sprache, 67 (Leipzig, 1931), pp. 43-51, pi. 5-6.

375




et s'il demeure impossible de le situer, du moins peut-on songer a . celui

de Medinet-Habou et imaginer que, dans l'enceinte de l'ouest, le palaisetait contigu au mur meridional du temple d'Osorapis (1).

LES SEPULTURES HUMAINES.

Un document demotique mentionne des sepultures humaines au Sa-

rapieion: { < ( • • • les maison)s de repos (= les tombeaux) qui sont creusees

dans la montagne, et qui font pour lui (= Ie tombeau du Kern) l'ouest

(=Ies sepultures situees a . l'ouest du tombeau du Kern), Ia O U nous lais-sons (reposer n)os peres » (2). Ce texte, ainsi que ceux relatiis a . I'exis-

tence de proprietes privees, atteste I'independance relative de I'en-

ceinte de l'ouest vis-a-vis du monde exterieur : on residait dans ce

village au milieu des sables, et on s'y menageait une sepulture.

Les tombes se trouvaient a . l'ouest de la Maison de repos du Kern,

et comme celle-ci etait construite au nord du dromos, c'est dans la

partie septentrionale du perihole, et a . l'ouest de la voie dallee - sans

doutea .proximite des petits souterrains - qu'il convient de les situer (S).

Bien que ce soit la l'unique document qui mentionne des sepultures hu-

maines, il est vraisemblable qu'il en existait plusieurs groupes au

Sarapieion. La repartition des tombes en quartiers separes, dans l'en-

ceinte de Tanis, par exemple (4), peut suggerer cette hypothese.

CONCLUSIONS.

Le Sarapieion de Memphis qui,a .l'origine, n'etait que l'endroit

ou reposait le taureau divin, prit au cours des siecles une extension telle

qu'a l'epoque ptolemaique, il apparait comme une veritable cite du

desert (5). Les divinites de la Vallee, seduites tour a . tour par le prestige

(1) UPZ, pp. 64-5. Carte II, A XIII.

(2) Pap. demot.ique 373 a, 1. 3. Cf. N. J. REICH, New Documents, pp. 48-9 (201-

200 avo J. C.).

(3) Carte II, A XIV.

(4) P. MONTET, Tanis (Paris, 1942), p. 125.

(5) Au sujet de la survivance du culte d'Apis dans l'empire rornain, et de l'atti-

tude du christianisme it I'egard du « veau d'or », on consultera la belle etude de

A. HERMANN, Der Ietzie Apisstier, Jahrbuch fur Antike und Christentum, Jahrgang

3, Munster, 1960, et E. G. TURNER, My Lord Apis, Recherches de Papyrologie 2

(1962), pp. 117-121.

376




du lieu, montent vers la necropole, et y occupent un temple aupres de

l'Apis mort, Osorapis: Isis, Horus, Sekhmet, Hathor-Astarte, et enfin

Sarapis. L'entretien de leurs cultes necessite la presence, dans l'enceinte

de l'ouest, d'un personnel qui s'y installe, se reserve des terrains et se

construit des habitations. D'autre part, l'afflux croissant des pelerins,

et leur sejour a I'interieur du peribole, exige I'amenagernent d'auberges.

Enfin, pour ravitaiIIer ce monde de pretres et de visiteurs, pour lui as-

surer quelque confort, on voit se multiplier toutes les professions que

reclame la vie quotidienne. La necropole d'Apis devient ainsi une ville

du desert.

Cependant sa crise de croissance, a I'interieur d'une enceinte stricte-

ment delimitee, ne se deroula pas sans difficultes. A l'aide des travaux

de Wilcken, qui Ie premier interpret a les papyrus grecs du Sarapieion,

et en utilisant, pour les completer, les documents demotiques recem-

ment publics par Reich, voici comment je pense pouvoir retracer

l'histoire de cette croissance.

Durant Ie regne de Ramses II, au moment Oil se forme Ie projet

de creuser des souterrains pour les Apis - en renoncant a I'amenage-

ment de tombes isolees, - un premier temple d'Osorapis s'eleve vrai-

semblablement au-dessus de la galerie primitive. IIest sans doute

progressivement agrandi, et une voie sacree y conduit. Sur le terrain

s'etendant au nord et au sud de ce qui deviendra Ie dromos, quelques

habitations de pretres assurant Ie service funeraire constituent la pre-

miere ehauche du Sarapieion ptolemaique.

Cependant la montee incessante des Apis defunts necessite bientot

la modification des plans des souterrains. Ceux-ci ne peuvent s'etendre

vers l'est, puisque la se trouve Ie dromos. C'est done vers l'ouest, en

s'entoncant dans Ie desert, qu'ils vont se developper.

D'autre part, les temples s'assemblent, comme il est naturel, le

long du dromos. Les plus anciens occupent les abords du grand sane-

tuaire central d'Osorapis, tandis que les nouveaux venus sont con-

traints de se multiplier en direction de l'est. Le Sarapieion connait

done une croissance en sens oppose: ses souterrains s'agrandissent

vers l'ouest pendant que ses sanctuaires envahissent le terrain demeure

libre, en direction de l'est.Quant aux vivants, ils se logent Oil ils peuvent. Aux alentours du

dromos d'abord, afin d'assurer l'entretien des cultes - et peut-etre,

a l'origine, le long de la grande voie perpendiculaire au dromos, que

signalent les textes demotiques : sur toute l'aire du Sarapieion ensuite,

quand la place fit defaut dans la partie orientale du perihole. Je crois

377




done que c'est vers l'ouest, en suivant la route des Apis defunts, que les

vivants ont progressivement occupe l'espace demeure libre.Desormais Ie Sarapieion n'evoque plus l'image d'une necropole si-

lencieuse. L'enceinte de l'ouest, couverte de temples et de chapelles,

d'auberges et de boutiques, fut un lieu sacre et profane, un monde

on l'agitation des vivants contrastait avec la paix des souterrains,

reserves aux dieux morts.

Max GUILMOT.

SARAPIEION DE MEMPHIS ET ENVIRONS

CARTE I

A. EDIFICES DE L'EST.

1.Anubieion. - 2. Bubasteion. - 3. Asclepieion , - 4. Petite allee des sphinx.

- 5. Limite du desert.

B. GRANDE AVENUE DES SPHINX

6. Premier sphinx decouvert par A. Mariette; endroit ou furent commencees

les fouilles (1er novembre 1850).

7. 135e sphinx; point ou les recherches furent infructueuses momentane-

ment, par suite du changement de direction de la grande avenue (1er jan-

vier 1851).

8. Pyramide it degres,

C. DROMOS ET ENVIRONS.

Voir carte II.

D. ENCEINTE DE I.'OUEST.

Voir carte II.

378



c .

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . " ." ' _ I \ r "CARTE I.- D'APRES N. J. REICH, New Documents tram the Serapeum at Mem-

phis, PI. II.




CARTE II

NOTE. - Ce qui est compose en PETITES CAPITALES=emplacements certains.

en caracieres italiques = emplacements probables.

en caracteres romains =emplacements indetermines.

Z 0 N E A: ENCEINTE DE L'OUEST

a TOMBED'APIS (sepulture isolee) ; regne d'Amenophis III; la plus ancienne

sepulture decouverte au Sarapieion.

b, c TOMBES D'ApIS (sepultures Isolees) : regne de Ramses II; Ie caveau b a

H e viole avant les fouilles de Mariette; le caveau c, intact, contenait les

restes de deux Apis, morts en l'an 16 et en I'an 26 de Ramses II.

d PETITS SOUTERRAINS: tombes de cinq Apis du regne de Ramscs II et

sepultures d'Apis depoques diverses (de Ramses III a Psammetique Ier).

e EBOULEMENT dans les petits souterrains.

GRANDS SOUTERRAINS: tombes d'Apis des regnes de Psammettque Ier,

Nechao II, Apries et Amasis.

g GRANDS SOUTERRAINS: tombes d'Apis de I'epoque des Ptolemees ; sarco-

phages de granit poli.

Temple central d'Osorapis. VIII Sanctuaire de Thot (?).

II Chapelle de Sarapis. IX Sanctuaire d'Amon ( ?)

III Tombeau du Kem. X Coupes d' Asclepios.

IV Sanciuaire d'Isis. XI HABITATIONS ET TERRAINS.

V Sanctuaire d'Horus. XI' Habitations et terrains.

VI Sanctuaire d'Hathor-Astarte- XII Grande rue.

Aphrodite (Astartieion). XII' Grande rue.

VII Sanctuaire de Sekhmet , XIII Edifice royal ( ?).

XIV Sepultures humaines.

ZONE B DROMOS ET ENVIRONS

1 ENTREE SEPTENTRIONALEDU SARAPIEION.

2 ENTREE ORIENTALEDU SARAPIEION.

3 DROMOS.

4 EXTREMITE OCCIDENTALEDE LA GRANDE AVENUE DES SPHINX.

5 MASTABADU NORD.

6 MASTABADU SUD.

7 TEMPLE DE NECTANEBO.

8 HEMICYCLE.

9 STATUES GRECQUES.

10 CHAPELLE D'ApIS.

11 LUCHNAPTION.

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ENVIf\..ON,S:

CARTE II. - SARAPIEION DE MEMPHIS. RECONSTITUTION (Max Guilmot).

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