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Les Actes de Thaddée

Date post: 22-Nov-2015
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  • Andrew PALMER

    Research Associate, School of Oriental and African Studies,

    London

    LES ACTES DE THADDE

    E

    Cet article propose d'examiner les raisons qui permettent

    une datation vraisemblable des Actes de Thadde

    e, grecs, au

    temps de l'empereur He

    raclius, plus particulie

    rement entre

    l'entre

    e de celui-ci a

    Constantinople en 629 et la Pa

    que 630.

    This article refers to my edition of the Greek text, which is

    in preparation, and to the French translation of the text to be

    published in E

    crits apocryphes chre

    tiens, vol. 2, e

    d. P. Geol-

    train et J.-D. Kaestli, Paris, Gallimard. This article proposes

    to examine the reasons which allow a likely datation of the

    Greek Acts of Thaddaeus at the time of the emperor Hera-

    clius, more precisely between his entry into Constantinople in

    629 and Easter 630.

    Introduction

    Les Actes de Thadde

    e sont un texte hagiographique grec

    en prose. Ils sont conserve

    s dans quelques manuscrits liturgi-

    ques (me

    nologes), parmi les lectures comme

    moratives du

    mois d'aou

    t. Le texte est donc destine

    a

    e

    tre lu (ou bien, il a

    e

    te

    adapte

    pour e

    tre lu) a

    haute voix devant les fide

    les le jour

    de la fe

    te du saint. L'auteur utilise le me

    dium qui, pendant

    le Moyen A

    ge, permettait d'atteindre le plus grand nombre

    possible d'auditeurs avec la fre

    quence la plus re

    gulie

    re. On

    sait que la communication de masse la plus efficace est celle

    qui parvient a

    raconter en peu de mots une histoire simple et

    remplie d'images faciles a

    me

    moriser. C'est le cas des Actes

    de Thadde

    e. Mais le re

    cit n'est simple qu'a

    la surface: sa

    complexite

    appara|

    t de

    s lors que l'on se rend compte qu'il se

    distingue des autres versions connues de la le

    gende d'Abgar

    et de la tradition e

    desse

    nienne, et qu'il les contredit me

    me

    sur des points importants.

    1 L'identite

    et le champ d'activite

    de Thadde

    e. La liste

    d'apo

    tres transmise sous le nom d'E

    piphane de Salamine

    Apocrypha 13, 2002, p. 63-84

  • rapporte que ``Thadde

    e dit aussi Lebbe

    e, fre

    re du pre

    ce

    dent,

    surnomme

    Jude de Jacques, pre

    cha l'e

    vangile du Seigneur

    aux gens d'E

    desse et dans toute la Me

    sopotamie, au temps

    d'Abgar, roi d'E

    desse. Il mourut a

    Beyrouth et y fut enterre

    glorieusement

    1

    . Si cette liste remonte a

    la seconde moitie

    du

    quatrie

    me sie

    cle, cela signifie qu'il existait de

    ja

    alors un texte

    grec qui identifiait Thadde

    e, membre du groupe des Douze

    (selon certains mss. de Mt 10,3 et Mc 3,18), avec le Thadde

    e

    apo

    tre d'E

    desse en Me

    sopotamie, pre

    sente

    par Euse

    be (His-

    toire eccle

    siastique I,13) comme l'un des soixante-dix disci-

    ples du Christ (voir Luc 10,1-18), et qui localisait la mort et

    la se

    pulture de ce Thadde

    e a

    Beyrouth. Les Actes de Thadde

    e

    se fondent sur ces renseignements et remplacent par une `ve

    -

    rite

    grecque' les traditions syriaques et arme

    niennes concer-

    nant l'apo

    tre de la Me

    sopotamie.

    2 L'apo

    tre d'E

    desse: Thomas et Thadde

    e. E

    desse posse

    -

    dait le corps de l'apo

    tre Thomas. Selon le texte cite

    par Eu-

    se

    be, c'est Thomas qui envoya Thadde

    e a

    E

    desse. Il existait

    me

    me la tradition (atteste

    e par la pe

    lerine E

    ge

    rie en 384),

    peut-e

    tre ante

    rieure a

    Euse

    be, selon laquelle l'apo

    tre d'E

    -

    desse fut Thomas lui-me

    me. Le fait que Thomas s'appelait

    aussi Judas et que Thadde

    e a e

    te

    identifie

    avec un autre Ju-

    das (``Judas, fils de Jacques'', qui est mentionne

    a

    la place de

    Thadde

    e dans la liste de Luc 5,14-16), a du

    sugge

    rer a

    cer-

    tains qu'il fallait identifier Thomas et Thadde

    e. Notre texte

    tranche la question plus nettement et supprime toute men-

    tion du nom de Thomas.

    3 Lettre de Je

    sus a

    Abgar, ou re

    ponse orale et image du

    Christ. Euse

    be traduit deux lettres qu'il dit avoir trouve

    es

    dans les archives d'E

    desse: une lettre d'Abgar, roi d'E

    desse,

    demandant a

    Je

    sus de venir le gue

    rir, et une re

    ponse e

    crite

    de Je

    sus, ou

    ce dernier promet au roi de lui envoyer plus tard

    un de ses disciples pour le gue

    rir. Notre texte pre

    sente les

    choses autrement. Il rapporte le contenu de la lettre d'Abgar

    et celui de la re

    ponse de Je

    sus, mais cette re

    ponse est trans-

    mise oralement au courrier Ananias, et non pas sous forme

    A. PALMER64

    1. Texte dans Th. Schermann, Prophetarum vitae fabulosae indices apos-

    tolorum discipulorumque, Leipzig, 1907, p. 112, 11-15 ; traduction de

    F. Dolbeau, a

    para|

    tre dans E crApoc 2; F. Dolbeau propose pour cette

    liste une date contemporaine d'E

    piphane. D'autres listes d'apo

    tres si-

    tuent l'activite

    de Thadde

    e, l'un des Douze, a

    E

    desse et a

    Beyrouth : cf.

    Th. Schermann, ibid., p. 166, 8-9 ; p. 201, 26-202,2 ; p. 213, 18 ; p. 216, 24.

    Voir aussi l'index, sous ``Thadde

    e'', du 2

    e

    volume desActes apocryphes ar-

    me

    niens, trad. L. Leloir (CCSA4), Turnhout : Brepols, 1992, p. 804.

  • e

    crite. Au lieu d'une lettre, Ananias rec

    oit un linge dans le-

    quel Je

    sus a laisse

    l'empreinte de son visage, et c'est ce linge

    qui va gue

    rir le roi de sa maladie `` avant me

    me qu'arrive

    Thadde

    e''.

    4 L'inviolabilite

    promise a

    E

    desse. Les Actes de Thadde

    e

    ne disent mot de la protection divine promise a

    E

    desse par le

    Christ. Euse

    be non plus ne dit rien d'une telle promesse.

    Gra

    ce au re

    cit de la visite d'E

    ge

    rie a

    E

    desse en 384, on ap-

    prend que la lettre du Christ contient la promesse qu'aucun

    ennemi ne pourra s'emparer de la ville. De

    sormais, la lettre

    se conclut par cette promesse et devient un texte apotro-

    pa|

    que, qu'on va inscrire un peu partout sur les portes des

    villes et des maisons. Au sixie

    me sie

    cle pourtant, certains

    e

    rudits grecs vont remarquer que la promesse d'inviolabilite

    ,

    absente chez Euse

    be, est une interpolation

    2

    . Selon E

    vagre

    (fin du VI

    e

    sie

    cle), le fait qu'E

    desse ait surve

    cu au sie

    ge perse

    de 544 est du

    a

    l'image du visage du Christ, `` faite par

    Dieu''. E

    vagre admet ainsi, sous une forme nouvelle, l'ide

    e

    qu'E

    desse est prote

    ge

    e par Dieu. Notre texte en revanche

    reste muet a

    ce sujet.

    Les textes grecs du X

    e

    sie

    cle acceptent a

    la fois la lettre et

    la garantie d'inviolabilite

    3

    . Ils conside

    rent l'empreinte du vi-

    sage du Christ comme une amulette, comparable au palla-

    dion de Troie

    4

    , prote

    geant la ville qui la posse

    dait contre ses

    ennemis.

    En bref, le re

    cit des Actes de Thadde

    e pre

    sente plusieurs

    particularite

    s qui le distinguent des nombreuses autres ver-

    sions de la le

    gende d'E

    desse: notre texte est le seul, avec Eu-

    se

    be, a

    ne pas parler de l'inviolabilite

    de la ville ; il est le seul,

    a

    part la Doctrine d'Adda|

    , a

    nier l'existence d'une lettre de

    Je

    sus a

    Abgar; il est le seul a

    attribuer la gue

    rison du roi uni-

    quement a

    la pre

    sence de l'image du Christ. Il est le seul aus-

    si a

    parler d'une mission de Thadde

    e a

    la ville d'Amida et de

    donner un characte

    re juda|

    sant a

    l'e

    vangile de Thadde

    e. Il

    convient de s'interroger sur le pourquoi de ces particularite

    s.

    Les Actes de Thadde

    e sont un texte bref, mais leur inte

    re

    t est

    LES ACTES DE THADDE

    E 65

    2. Procope, Guerres, II, 12, 20-30 ; E

    vagre, Histoire eccle

    siastique IV 27.

    3. Voir les deux textes apparente

    s e

    dite

    s synoptiquement et analyse

    s par

    E. von Dobschu

    tz, Christusbilder, Leipzig, 1899, ``Beilage II. Zum Chris-

    tusbilde von Edessa'', p. 29**-107**: A gothique = texte des Me

    ne

    es

    pour la fe

    te de la translation du 16 aou

    t ; B gothique = Home

    lie pour la

    fe

    te du me

    me jour transmise sous le nom de Constantin Porphyroge

    ne

    te.

    4. La comparaison a e

    te

    e

    tablie par E. von Dobschu

    tz, dans le premier

    chapitre de son Christusbilder.

  • grand. L'enque

    te pre

    sente

    e dans les pages qui suivent doit

    contribuer a

    une meilleure compre

    hension des e

    crits apocry-

    phes chre

    tiens; elle mettra en e

    vidence le ro

    le qu'ont joue

    ,

    pendant le Moyen A

    ge, les le

    gendes relatives aux apo

    tres du

    Christ en tant que ve

    hicules de propagande religieuse et poli-

    tique.

    Thomas, Adda|

    et Thadde

    e

    La Doctrine de l'apo

    tre Adda|

    , texte syriaque du V

    e

    sie

    cle,

    raconte que Thomas l'un des douze, au premier rang des

    apo

    tres du Christ a envoye

    en Me

    sopotamie un certain

    Adda|

    , l'un des soixante-douze disciples, apre

    s l'ascension

    du Christ ressuscite

    5

    . De fait, Adda|

    a probablement existe

    ,

    mais au deuxie

    me sie

    cle et non au premier. Les E

    desse

    niens,

    parce qu'ils voulaient rapprocher leur e

    vange

    liste des apo

    -

    tres, vinrent a

    en faire le subordonne

    de Thomas.

    Les donne

    es fournies par la Doctrine d'Adda|

    correspon-

    dent a

    ce que l'on trouve au IV

    e

    sie

    cle de

    ja

    dans l'Histoire

    eccle

    siastique d'Euse

    be de Ce

    sare

    e

    6

    traduite du grec en sy-

    riaque vers 400 a

    la diffe

    rence pre

    s qu'Euse

    be appelle

    l'apo

    tre d'E

    desse `Thadda|

    os' (Thadde

    e), et non Adda|

    . Eu-

    se

    be, qui rapporte la mission de Thadde

    e en Hist. eccl. I,13,

    en fait la pie

    ce ma|

    tresse de l'introduction de son ouvrage, et

    les documents originaux qu'il cite a

    cet endroit sont destine

    s

    a

    illustrer un premier apport sensationnel de sa me

    thode. En

    les citant, il met en jeu sa re

    putation d'historien documen-

    taire, dont il est fier. Il est donc peu probable qu'il mente

    quand il dit avoir traduit litte

    ralement l'original syriaque

    conserve

    dans les archives de la ville me

    sopotamienne

    d'E

    desse. On peut affirmer avec confiance qu'Euse

    be a eu

    sous les yeux le nom syriaque inconnu d'Adda|

    utilise

    par

    les auteurs syriaques et qu'il l'a `traduit' par le nom connu

    de Th-adda|

    -os

    7

    .

    A. PALMER66

    5. Voir A. Desreumaux, Histoire du roi Abgar et de Je

    sus (Apocryphes.

    Collection de poche de l'AELAC 3), Turnhout, 1993; idem, ``Doctrine

    de l'apo

    tre Adda|

    '', dans E

    crits apocryphes chre

    tiens, I, e

    d. F. Bovon et

    P. Geoltrain, Paris, 1997 (E crApoc 1), p. 1471-1525.

    6. La date de re

    daction de l'Histoire eccle

    siastique est dispute

    e. En fa-

    veur d'une datation en 313 ou peu apre

    s, voir A. Palmer, ``The place of

    King Abgar in the scheme of Eusebius' Ecclesiastical History'', Bulletin

    de l'AELAC 8, 1998, p. 17-19.

    7. Thadde

    e, en syriaque, est ``Tadda|

    ''. Il s'agit donc d'une ``erreur de

  • C'est en 384, a

    une e

    poque ou

    l'Histoire eccle

    siastique

    d'Euse

    be n'avait encore e

    te

    traduite ni en syriaque ni en la-

    tin, que l'e

    ve

    que d'E

    desse raconta la conversion de sa ville a

    la pe

    lerine occidentale E

    ge

    rie

    8

    . Gra

    ce a

    E

    ge

    rie, nous appre-

    nons qu'E

    desse posse

    dait le `` martyrium du saint apo

    tre

    Thomas'' : `` Son corps entier a e

    te

    de

    pose

    la

    -bas, a

    E

    desse;

    c'est lui [Thomas] que Je

    sus notre Dieu avait promis d'y en-

    voyer quand il serait monte

    au ciel, dans la lettre qu'il fit

    porter au roi Abgar par le courrier Ananias, lettre que l'on

    conserve avec grande re

    ve

    rence dans la ville d'E

    desse, ou

    se

    trouve ce martyrium

    9

    .'' On rele

    vera que l'apo

    tre promis par

    Je

    sus est Thomas et qu'il n'est pas question de Thadde

    e. On

    notera aussi que Thomas e

    tait l'objet au quatrie

    me sie

    cle

    d'un culte important a

    E

    desse: la ville posse

    dait le corps du

    martyr et attirait de nombreux pe

    lerins.

    Il est frappant que la Chronique d'E

    desse, texte syriaque

    compose

    en l'an 540 a

    partir d'extraits des archives e

    pisco-

    pales, ne mentionne pas non plus Adda|

    , mais souligne par

    deux fois le culte de Thomas (voir plus loin). Il faut cepen-

    dant se me

    fier ici de l'argumentum e silentio : la Chronique

    d'E

    desse omet aussi de mentionner le personnage le plus

    connu de toute l'histoire d'E

    desse, le roi Abgar V Oukkomo

    (`le Noir'), contemporain du Christ, de me

    me que la conver-

    sion de la ville au temps des apo

    tres. Cela ame

    ne a

    supposer

    que la Chronique faisait partie d'une composition plus vaste,

    dans laquelle tout l'honneur revenait a

    Abgar V et sans

    doute aussi a

    Adda|

    , dont l'e

    ve

    que d'E

    desse en 540 portait

    d'ailleurs le nom

    10

    .

    Dans la lettre a

    Abgar traduite par Euse

    be, Je

    sus promet

    de lui envoyer l'un de ses `disciples', mais il ne le nomme

    pas. Dans les e

    vangiles, le terme mahyty

    q s'applique surtout

    aux Douze. En outre, le de

    but de la lettre (`Tu es be

    ni, parce

    que tu as cru en moi sans m'avoir vu') rappelle la parole du

    LES ACTES DE THADDE

    E 67

    traduction d'Euse

    be. S'il avait identifie

    Adda|

    avec le Tadda|

    de Mt

    10,3, on aurait pu penser que la substitution d'un nom a

    l 'autre e

    tait in-

    tentionnelle ; mais il n'en est rien puisqu'il pre

    sente Thadde

    e comme l'un

    des soixante-dix disciples (soixante-douze selon la Doctrine d'Adda|

    )

    dont parle Lc 10, 1-18, et non comme l'un des Douze.

    8. E

    ge

    rie, Journal de Voyage, 17, 1 ; 19, 2-19 ; texte et traduction dans

    P. Maraval, E

    ge

    rie. Journal de Voyage (Itine

    raire) (Sources chre

    tiennes

    296), Paris, 1982, p. 196-199; 202-213.

    9. Journal d'E

    ge

    rie 17,1, op. cit., p. 199.

    10. A. Palmer, ``Procopius and Edessa'', Antiquite

    Tardive, 8, 2000,

    p. 127-136.

  • Christ ressuscite

    a

    Thomas (Jn 20, 29: `Maintenant, parce

    que tu m'as vu, tu crois. Bienheureux ceux qui, sans m'avoir

    vu, croient en moi'). Il semble donc bien que celui qui a

    forge

    cette lettre de Je

    sus ait pense

    , non pas a

    Adda|

    , mais a

    Thomas. Cela implique que, dans l'histoire originelle, Tho-

    mas jouait le ro

    le de l'apo

    tre d'E

    desse.

    Pourtant, les Actes de Thomas ne racontent pas que Tho-

    mas soit alle

    a

    E

    desse

    11

    . Rappelons qu'on admet commune

    -

    ment que les Actes de Thomas ont e

    te

    e

    crits a

    E

    desse dans les

    premie

    res de

    cennies du troisie

    me sie

    cle, sans qu'on soit en

    mesure d'en pre

    ciser davantage la date. Or les Actes de Tho-

    mas rapportent que le roi indien Mazda|

    , qui avait fait exe

    -

    cuter `Judas' Thomas, se mit plus tard a

    la recherche de ses

    os afin de gue

    rir son fils ; mais qu'il ne les trouva pas, `car

    un des fre

    res les avait vole

    s et les avait monte

    s en Occident'.

    Ce re

    cit cense

    e

    desse

    nien, qui intrigue ses lecteurs en parlant

    de `l'Occident' sans pre

    ciser le nom du lieu, a peut-e

    tre pour

    but de les pre

    parer psychologiquement a

    la de

    couverte de

    ses os. Or, a

    supposer qu'une `de

    couverte arche

    ologique' ait

    mis au jour a

    E

    desse non seulement les ossements de l'apo

    tre

    Thomas, mais aussi la lettre d'Abgar a

    Je

    sus et la re

    ponse de

    ce dernier, on a pu facilement en conclure que Thomas e

    tait

    le disciple que Je

    sus avait promis d'envoyer a

    Abgar et on a

    pu inse

    rer dans les archives publiques ces nouveaux `faits'

    concernant l'histoire ancienne de la ville, avec les `docu-

    ments' qui semblaient les e

    tablir

    12

    .

    Une telle `de

    couverte' est facile a

    imaginer au temps du

    roi d'E

    desse Abgar VIII bar Ma`nou, qui poursuivit autour

    de l'an 200 une politique discre

    tement philochre

    tienne; elle

    se conc

    oit mal apre

    s 216, puisqu'a

    cette date E

    desse devint

    colonie romaine. Abgar VIII peut tre

    s bien avoir mis en

    sce

    ne la `de

    couverte arche

    ologique' qui re

    ve

    lait la foi de son

    ance

    tre Abgar V, et avoir ainsi justifie

    , par la `coutume des

    anciens', sa propre politique. Il lui suffisait de faire `de

    cou-

    vrir' les deux lettres. Quant au reste de l'histoire, le peuple

    se chargerait de le reconstruire, dans une direction ou dans

    une autre. Les uns, hostiles a

    Thomas a

    cause de son encra-

    tisme ou de son gnosticisme suppose

    , vont rester fide

    les a

    la

    tradition selon laquelle l'apo

    tre d'E

    desse s'appelait Adda|

    .

    A. PALMER68

    11. Voir la traduction de P.-H. Poirier et Y. Tissot dans E

    crApoc 1,

    p. 1321-1470.

    12. Voir A. Palmer, ``King Abgar of Edessa, Eusebius and Constan-

    tine'', dans The Sacred Centre as the Focus of Political Interest, e

    d.

    H. Bakker, Groningen, 1992, p. 3-29, spe

    cialement p. 26-27.

  • Les autres vont conclure, pour les raisons que j'ai pre

    ce

    dem-

    ment donne

    es, que le disciple anonyme dont parle la lettre

    de Je

    sus a

    Abgar ne pouvait e

    tre que Thomas. La version de

    ces derniers va survivre dans le culte de Thomas et la ve

    ne

    ra-

    tion de son martyrium. Les premiers vont s'efforcer d'har-

    moniser la `de

    couverte' des lettres avec la tradition authen-

    tique en faisant d'Adda|

    un contemporain de Thomas, et en

    associant indirectement Thomas a

    la mission d'Adda|

    .

    Faut-il supposer que seules les lettres se trouvaient dans

    les archives de la ville ou

    elles auraient e

    te

    place

    es par Ab-

    gar VIII et que l'e

    ve

    que Quno, qui en envoya probable-

    ment une copie a

    Euse

    be, e

    tait partisan de la tradition

    d'Adda|

    et avait ajoute

    sa version en appendice aux lettres?

    Peut-e

    tre. Mais la ve

    rite

    des faits e

    chappe a

    notre prise. La

    seule chose que l'on puisse dire avec certitude, c'est que le

    choix d'Euse

    be en faveur du nom de Thadde

    e a pre

    pare

    le

    chemin qui conduit a

    notre texte. Celui-ci en effet, en faisant

    de Thadde

    e l'un des douze, peut se passer comple

    tement de

    Thomas. Il est inte

    ressant de relever que les Actes de Thad-

    de

    e expliquent l'absence des os de Thadde

    e a

    E

    desse en si-

    tuant sa se

    pulture et son culte a

    Beyrouth.

    13

    La grande e

    glise d'E

    desse fut fonde

    e en 312/313 par

    l'e

    ve

    que Quno, celui-la

    me

    me qui a sans doute signale

    a

    Eu-

    se

    be l'existence de la correspondance d'Abgar et de Je

    sus. A

    cette e

    poque, les ossements de Thomas se trouvaient encore

    dans le ``martyrium'', ou

    E

    ge

    rie les ve

    ne

    ra en 384; c'est ce

    me

    me e

    difice que Socrate appelle le `glorieux et magnifique

    martyrium de l'apo

    tre Thomas' (Histoire eccle

    siastique, IV,

    18, a

    propos de l'anne

    e 372?). C'est le 22 aou

    t 394 que le

    sarcophage de Thomas fut transfe

    re

    du martyrium a

    la

    grande e

    glise d'E

    desse, qui devint de

    s lors `son e

    glise' ; c'est

    cette e

    glise qu'E

    ge

    rie de

    crit comme ``immense et tre

    s belle,

    agence

    e de neuf, de sorte qu'elle est vraiment digne d'e

    tre la

    maison de Dieu (ingens et valde pulchra et nova dispositione,

    ut vere digna est esse domus Dei)''. Le sarcophage de Thomas

    y fut dote

    , en l'an 441/442, d'un sanctuaire (naos) en ar-

    gent.

    14

    LES ACTES DE THADDE

    E 69

    13. Noter la diffe

    rence avec la tradition ge

    orgienne selon laquelle il fut

    enseveli a

    E

    desse : M. van Esbroeck, `Neuf listes d'Apo

    tres orientales',

    Augustinianum 34, 1994, p. 109-199, a

    la page 132 ; selon van Esbroeck,

    cette tradition est a

    dater apre

    s 519 (p. 133).

    14. Pour les informations dans ce paragraphe, voir la Chronique d'E des-

    se, s.a. 624, 705, 753.

  • En 525, une inondation de

    vastatrice de

    truisit l'e

    glise, ainsi

    qu'une grande partie de la ville. On commenc

    a tout de suite

    a

    la reconstruire, mais les travaux ne s'acheve

    rent que vers

    545. Il est possible que la Chronique d'E

    desse ait fait partie

    d'un document accompagnant une pe

    tition addresse

    e a

    Jus-

    tinien en 540 par les E

    desse

    niens, gra

    ce a

    laquelle ils obtin-

    rent de l'empereur les ressources ne

    cessaires pour accomplir

    a

    E

    desse les travaux de

    crits par Procope dans son ouvrage

    sur les E

    difices

    15

    . Cette demande d'aide impe

    riale explique-

    rait l'importance que l'auteur de la Chronique accorde aux

    e

    difices de la ville, et en particulier a

    la grande e

    glise et au

    sanctuaire de Saint Thomas.

    Il semble cependant que la nouvelle e

    glise ne fut pas

    consacre

    e a

    Thomas, mais a

    la Sainte Sagesse une de

    dicace

    che

    re a

    Justinien. Lorsqu'He

    raclius visita E

    desse, en l'an

    629, cette e

    glise appartenait aux Jacobites, qui y avaient e

    te

    installe

    s par les conque

    rants persans. L'empereur s'y rendit

    tout de me

    me le dimanche, mais l'e

    ve

    que lui refusa la

    communion en raison de l'adhe

    sion de l'empereur a

    la foi

    chalce

    donienne. He

    raclius, furieux, restitua sur-le-champ

    l'e

    glise aux Chalce

    doniens

    16

    . Comme nous allons le montrer,

    la re

    daction des Actes de Thadde

    e est a

    situer vers le temps

    de cet e

    ve

    nement, peu apre

    s la fondation d'une grande e

    glise

    pour les Chalce

    doniens d'Amida, ou

    l'empereur laissa

    l'e

    glise existante entre les mains des Jacobites

    17

    . Les deux

    e

    ve

    nements sont a

    dater de 629. Dans notre livre sur les Ac-

    tes de Thadde

    e, nous ferons l'hypothe

    se que ce texte fut des-

    tine

    a

    e

    tre lu pour la premie

    re fois a

    E

    desse et a

    Je

    rusalem le

    21 mars 630, lors du retour de la sainte croix de son exil ba-

    bylonien, ou le dimanche suivant, au cours de la liturgie pas-

    cale.

    L'auteur des Actes de Thadde

    e connaissait un texte

    peut-e

    tre le catalogue d'apo

    tres attribue

    a

    E

    piphane se-

    lon lequel l'un des Douze, le dixie

    me apo

    tre dans la liste de

    Marc (Mc 3,18: Thadde

    e) et dans celle de Matthieu (Mt

    10,3: Lebbe

    e, surnomme

    Thadde

    e), avait eu comme champ

    de mission Beyrouth et la co

    te phe

    nicienne

    18

    . Il connaissait

    A. PALMER70

    15. Procope, De Aedificiis II, 7 ; voir A. Palmer, art. cit. (supra n. 10)

    16. Voir A. Palmer, The Seventh Century in the West-Syrian Chronicles,

    Liverpool, 1993, p. 140, avec la note 323.

    17. A. Palmer, ibidem, p. 141.

    18. Voir H. J. W. Drijvers dans W. Schneemelcher, Neutestamentliche

    Apokryphen, 5. Aufl., t. I, Tu

    bingen, 1987, p. 391 (version anglaise,

    p. 494), qui se fonde sans doute ici sur un des textes cite

    s a

    la note 1.

  • e

    galement l'histoire, rapporte

    e par Euse

    be et par la Doctrine

    d'Adda|

    , de la conversion d'Abgar et d'un grand nombre de

    ses sujets par un autre Thadde

    e, l'un des soixante-dix disci-

    ples du Christ. Il connaissait probablement aussi la tradition

    arme

    nienne selon laquelle Thadde

    e avait subi le martyre a

    Buritis en Arme

    nie

    19

    ; mais il a substitue

    a

    la mission de

    Thadde

    e en Arme

    nie inte

    rieure une mission a

    Amida, qui se

    trouve dans la partie de la Me

    sopotamie la plus proche de

    l'Arme

    nie ; il a aussi remplace

    la mort violente de Thadde

    e,

    l'apo

    tre de second rang, par la mort naturelle de Thadde

    e,

    l'un des Douze, a

    Beyrouth, dont le nom ressemble a

    Buritis.

    La tradition syriaque, en revanche, raconte qu'Adda|

    c'est-a

    -dire le Thadde

    e d'Euse

    be l'un des soixante-

    douze apo

    tres, mourut et fut enseveli a

    E

    desse

    20

    .

    Ainsi, la tradition arme

    nienne et la tradition syriaque se

    contredisaient; cela a conduit l'auteur grec des Actes de

    Thadde

    e a

    re

    soudre la contradiction en les rapportant toutes

    deux a

    une `ve

    rite

    ' meilleure, c'est-a

    -dire en les inte

    grant

    dans la tradition grecque relative a

    Thadde

    e, l'un des douze

    apo

    tres.

    21

    Cette ve

    rite

    nouvelle rehausse la dignite

    des an-

    LES ACTES DE THADDE

    E 71

    19. M. van Esbroeck, ``Le roi Sanatrouk et l'apo

    tre Thadde

    e'', Revue

    des e

    tudes arme

    niennes, 9, 1972, p. 167-169 et 241-283; ``L'apo

    tre Thad-

    de

    e et le roi Sanatrouk'', dans Atti del II Simposio internazionale ``Arme-

    nia Assiria'' : Istituzioni e poteri all'epoca il-Khanide, e

    d. M. Nordio et

    B. L. Zekiyan, Venise, 1988, p. 83-106, spe

    c. p. 84 (je dois cette dernie

    re

    re

    fe

    rence a

    Jean-Daniel Kaestli). Une tradition arme

    nienne qui date

    d'avant 628, selon M. van Esbroeck, `Neuf listes d'Apo

    tres orientales',

    p. 137, dit qu'il ``fut exe

    cute

    en Arme

    nie inte

    rieure a

    l 'endroit de Biwrou-

    tia par Sanatrouk et on trouva un jour qu'il fut porte

    a

    E

    desse'' (ibidem

    p. 136). Il est possible que le me

    me lieu en Perside soit indique

    ailleurs

    par les noms d'Ormi et d'Artaz (ibidem, p. 114; Abre

    ge

    du Martyre de

    Barthe

    le

    my, section No. 19, CCSA 4, p. 522).

    20. Cette tradition est notamment repre

    sente

    e par la Doctrine d'Adda|

    ;

    voir E crits apocryphes chre

    tiens, I, p. 1522. Il existe aussi une tradition

    syriaque qui distingue Thadde

    e, lapide

    et enterre

    sur l'|

    le d'Arwad,

    d'Adda|

    , l 'apo

    tre d'E

    desse, qui mourut et fut enterre

    dans cette ville :

    voir M. van Esbroeck, `Neuf listes d'Apo

    tres orientales', p. 144. Une au-

    tre tradition syriaque, qui les distingue e

    galement l'un de l'autre, laisse

    Adda|

    subir le martyre aux mains d'He

    rode, le fils d'Abgar, et ajoute

    que ``Thadde

    e fut a

    E

    desse apre

    s [Agga|

    , le disciple d'Adda|

    ] et He

    rode

    le tua e

    galement et il fut de

    pose

    a

    E

    desse'' (ibidem, p. 156). E

    ge

    rie a vu

    le tombeau royal de la maison d'Aryou, ou

    Adda|

    fut enseveli, selon la

    Doctrine, mais l'e

    ve

    que, qui lui a dit que c'est Abgar Oukkama qui y est

    enseveli en premier, n'a dit rien de l'ensevelissement de quelque apo

    tre.

    21. A

    remarquer la tradition grecque tardive, selon laquelle Jude Thad-

    de

    e serait le fils de Joseph et le demi-fre

    re de Je

    sus, e

    leve

    avec lui et initie

  • ciennes traditions orientales en les e

    levant au rang aposto-

    lique. Elle exprime l'intention qui cadre fort bien avec la

    datation des Actes de Thadde

    e sous le re

    gne d'He

    raclius

    de re

    inte

    grer l'Orient chre

    tien au sein de l'empire romain. Il

    nous faut maintenant donner une justification plus de

    taille

    e

    de cette datation, qui a de

    ja

    e

    te

    propose

    e par trois fois de

    manie

    re anticipe

    e.

    Date et circonstances de re

    daction des Actes de Thadde

    e

    Le texte fait mention d'une image miraculeuse du Christ,

    fixe

    e dans un linge a

    quatre plis ( 3). Les images miraculeu-

    ses du Christ imprime

    es sur un linge sont un phe

    nome

    ne as-

    sez re

    pandu, dont on commence a

    parler au milieu du VI

    e

    sie

    cle

    22

    . Les Actes de Thadde

    e ne sauraient donc remonter

    A. PALMER72

    a

    ses secrets the

    urgiques, crucifie

    comme lui et me

    me a

    nestame

    `

    nw

    su-

    nanasta

    q ! Voir Nike

    tas Paphlagonis, Paris ms. Grec 1180, fol. 214v.-

    219r. (ine

    dit ?). Cette tradition se base, pour ce qui concerne la parente

    de Thadde

    e et de Je

    sus, sur une tradition arme

    nienne atteste

    e par

    l 'Abre

    ge

    du Martyre de Barthe

    le

    my, section No. 19 (CCSA 4, p. 522) et

    par le Martyre de Jacques, fre

    re du Seigneur, section No. 2 (CCSA 4, p.

    676-677.

    22. Cf. E. von Dobschu

    tz, Christusbilder. Untersuchungen zur christli-

    chen Legende (TU, N.F. 3), Leipzig, 1899, ch. 2 ; voir aussi H. Belting,

    Bild und Kult Eine Geschichte des Bildes vor dem Zeitalter der Kunst,

    Munich, 1990 ; traduction anglaise : Likeness and Presence A History

    of the Image before the Era of Art, Chicago and London, 1994, ch. 11a ;

    R. Cormack, Painting the Soul. Icons, Death Masks and Shrouds, Lon-

    don, 1997; H. L. Kessler et G. Wolf, e

    d., The Holy Face and the Paradox

    of Representation (Papers from a colloquium held at the Bibliotheca

    Hertziana, Rome, and the Villa Spelman, Florence, in 1996 = Villa Spel-

    man Colloquia 6), Bologna : Nuova Alfa, 1998. I. Wilson (The Turin

    Shroud, Harmondsworth, 1979) identifie la relique de Turin avec `la toile

    plie

    e en quatre' (il traduit ainsi le mot grec tetra

    `

    diplon, que nous

    comprenons dans un autre sens) d'E

    desse, mais celle-ci n'e

    tait pas

    connue avant le sixie

    me sie

    cle. Jacques de Saroug, dans la Vie de Daniel

    de Galash, rapporte que Daniel fit le pe

    lerinage a

    E

    desse (vers 410?) pour

    ``e

    tre be

    ni par l'image du Christ qui e

    tait la

    '' (F. Nau, Revue de l'Orient

    Chre

    tien, 15, 1920, p. 61 sans mention de la lettre !). La Doctrine

    d'Adda|

    , 6, dit qu'Abgar plac

    a le portrait du Christ ``a

    une place

    d'honneur dans l'une des pie

    ces de son palais (E crits apocryphes chre

    -

    tiens, I, p. 1488-1489). Mais dans ce dernier texte, qui doit dater d'avant

    Rabboula (mort en 436 selon la Chronique de 1234 1.180), parce que ce-

    lui-ci a supprime

    le Diatessaron, encore ce

    le

    bre

    comme e

    criture cano-

    nique par la Doctrine, a

    E

    desse (J. G. Nu

    n

    ez, La Leyenda del Rey Abgar

    y Jesu

    s : or|

    genes de cristianismo en Edesa [Apo

    crifos Cristianos 1], Ma-

  • plus haut que 550 environ. Pour fixer le terminus ad quem,

    on peut e

    galement s'appuyer sur l'histoire de l'image du

    Christ. Cette dernie

    re appartenait aux Chalce

    doniens

    d'E

    desse. En 729, lorsque l'empereur Le

    on III proposa

    d'abolir le culte des images, le patriarche Germanos s'op-

    posa a

    lui en citant l'image miraculeuse d'E

    desse, envoye

    e

    par le Christ lui-me

    me au roi Abgar, pour prouver que Dieu

    approuve un tel culte. La fac

    on dont Germanos parle de

    cette image, et en particulier l'emploi du verbe e

    napomaxa

    `

    -

    menoq qui combine l'ide

    e de s'essuyer le visage avec un linge

    et celle d'y laisser une empreinte, rappelle fortement notre

    texte (3,3-4). Celui-ci peut donc e

    tre date

    avec confiance en-

    tre 550 et 729

    23

    .

    Pour pre

    ciser l'e

    poque de la re

    daction des Actes de Thad-

    de

    e entre ces deux dates, il faut d'abord e

    tudier de pre

    s

    l'histoire de la garantie d'inviolabilite

    . Dans son Journal de

    voyage, la pe

    lerine occidentale E

    ge

    rie rapporte ce que lui au-

    rait dit l'e

    ve

    que d'E

    desse au sujet du roi Abgar sa visite

    date de 384, comme l'a montre

    P. Devos

    24

    . Elle rapporte

    d'abord au sujet de l'apo

    tre Thomas a

    E

    desse: `c'est lui que

    Je

    sus notre Dieu avait promis d'y envoyer quand il serait

    monte

    au ciel, dans la lettre qu'il fit porter au roi Abgar par

    le courrier Ananias' (Journal, 17,1). Quand l'e

    ve

    que lui

    montra le buste d'Abgar, il dit : `Voici le roi Abgar, celui

    qui, avant de voir le Seigneur

    25

    , a cru qu'il e

    tait vraiment le

    fils de Dieu' (Journal, 19,6). Il lui dit ensuite qu'Abgar, alors

    LES ACTES DE THADDE

    E 73

    drid : Ciudad Nueva, 1995, p. 64-66, recueille les datations propose

    es), il

    s'agit d'un portrait peint par Ananias, le courrier d'Abgar, non pas

    d'une image miraculeuse.

    23. En 726 de

    ja

    , Jean de Damas avait utilise

    le verbe e

    napoma

    `

    xashai

    dans le me

    me contexte. Les textes de Germain et de Jean de Damas sur

    l'image d'E

    desse sont reproduits dans von Dobschu

    tz, Christusbilder,

    p. 188*-190*.

    24. Les re

    fe

    rences au Journal d'E

    ge

    rie sont donne

    es plus haut note 6.

    Sur la date du se

    jour a

    E

    desse, voir P. Devos, ``La date du voyage

    d'E

    ge

    rie'' et ``E

    ge

    rie a

    E

    desse ; S. Thomas l'apo

    tre ; le roi Abgar'', Ana-

    lecta Bollandiana, 85, 1967, p. 165-94 et 381-400.

    25. Les mots antequam uideret Dominum sont e

    tonnants puisqu'Abgar

    n'a jamais ``vu Je

    sus''. A moins que ces paroles de l'e

    ve

    que a

    E

    ge

    rie ne

    fassent allusion au portrait du Christ rapporte

    a

    Abgar par son envoye

    ?

    Dans ce cas, la tradition du portrait, objet d'un re

    cit dans la Doctrine

    d'Adda|

    , aurait de

    ja

    existe

    en 384. Mais cette hypothe

    se se heurte au si-

    lence d'E

    ge

    rie : comment aurait-elle pu ignorer une relique aussi ve

    ne

    -

    rable?

  • que les Perses assie

    gaient la ville, fit apporter la lettre de Je

    -

    sus et prononc

    a une prie

    re en lui rappelant sa promesse:

    `Seigneur Je

    sus, tu nous avais promis qu'aucun ennemi

    n'entrerait dans cette ville, et voici maintenant que les Perses

    nous attaquent'. L'appel est entendu, et des miracles empe

    -

    chent les Perses de prendre la ville (Journal, 19,9-13). Enfin,

    l'e

    ve

    que d'E

    desse donna a

    E

    ge

    rie une copie des deux lettres ;

    elle s'aperc

    ut que le texte rec

    u e

    tait plus long que celui

    qu'elle connaissait de

    ja

    , pour l'avoir lu avant son de

    part

    dans une autre copie qui lui appartenait (Journal, 19,19).

    Par rapport a

    Euse

    be, le te

    moignage d'E

    ge

    rie se caracte

    rise

    par deux nouveaute

    s : le nom de l'apo

    tre envoye

    a

    E

    desse; la

    promesse d'inviolabilite

    . Le texte court qu'E

    ge

    rie connais-

    sait avant d'aller a

    E

    desse correspondait probablement au

    texte que nous lisons chez Euse

    be

    26

    ; la copie que lui donna

    l'e

    ve

    que contenait un supple

    ment: la promesse d'invulne

    -

    rabilite

    pour E

    desse.

    En 429, le comes Darius e

    crit a

    Augustin que Je

    sus aurait

    promis a

    un certain `satrape ou roi' que sa ville serait a

    ja-

    mais prote

    ge

    e contre ses ennemis; il tient peut-e

    tre cette in-

    formation d'E

    ge

    rie

    27

    . Nous avons de

    ja

    releve

    qu'Euse

    be ne

    sait rien de cette `promesse' de protection pour E

    desse.

    Peut-e

    tre a-t-elle e

    te

    invente

    e, soit vers 360, pour expliquer

    le fait qu'E

    desse fut e

    pargne

    e lorsque les Perses prirent la

    ville d'Amida en 359,

    28

    soit vers 380, pour donner du cou-

    rage aux Romains de

    moralise

    s par une `guerre civile' de ca-

    racte

    re religieux et par la de

    faite des arme

    es romaines a

    Adrianople (378). A

    ce moment-la

    , il e

    tait ne

    cessaire de sou-

    ligner que l'empereur Valens, qui e

    tait tombe

    a

    Adrianople,

    ne croyait pas au Christ comme y avait cru Abgar, c'est-a

    -

    dire comme au vrai fils de Dieu; seule la foi authentique be

    -

    ne

    ficie de la protection divine

    29

    . E

    desse, qui avait re

    siste

    a

    la

    politique religieuse de Valens, a peut-e

    tre de

    ja

    voulu s'af-

    A. PALMER74

    26. Voir E

    crits apocryphes chre

    tiens, I, p. 1481 et 1487-1491.

    27. Texte dans von Dobschu

    tz, Christusbilder, p. 173*-174*. Voir no-

    tamment pour la promesse : iussit insuper eius urbem ab hostibus in perpe-

    tuum esse ac semper immunem.

    28. Voir mon re

    sume

    dans Bulletin de l'AELAC 8, 1998, p. 5, pt. 7

    29. La lettre connue d'Euse

    be a du

    e

    tre remplace

    e alors par une autre

    lettre, qui contenait la promesse ; c'est sans doute aussi a

    ce moment-la

    que quelqu'un (Euloge?) ajouta dans la lettre de Je

    sus la mention du

    Pe

    re, refus implicite de l'arianisme (comparer par ex. Doctrine d'Adda|

    ,

    5 : ``je remonte aupre

    s de mon Pe

    re qui m'a envoye

    '', avec la formula-

    tion d'Euse

    be : ``je retourne a

    celui qui m'a envoye

    '').

  • firmer alors comme le symbole du royaume chre

    tien, voire

    de l'E

    glise

    30

    . C'est a

    cause de cette promesse de protection

    que la lettre du Christ est devenue un talisman

    31

    .

    La promesse de protection a aussi laisse

    une trace dans la

    tradition manuscrite des Actes de Thadde

    e. Apre

    s les mots

    `Paix a

    toi et a

    ta ville', qui ouvrent le message du Christ a

    Abgar, on lit les mots suivants dans le manuscrit de Vienne

    et dans celui d'Athe

    nes qui en de

    pend: `afin qu'aucun de ses

    ennemis ne s'empare d'elle a

    jamais' (pro

    q to

    myde

    `

    na tw

    n

    e

    jhrw

    n katisju

    `

    sai au

    ty

    q pw

    `

    pote). Il s'agit la

    d'une inter-

    polation du copiste du ms. de Vienne, qui connaissait un au-

    tre texte de la lettre ou

    la phrase est introduite, plus

    logiquement, par les mots: ``et il te donnera la paix a

    toi et a

    ceux qui sont avec toi et il fera a

    ta cite

    la garantie'', etc.

    32

    Le texte du message dans les Actes de Thadde

    e est a

    la fois

    plus e

    conomique et plus explicite que les messages conserve

    s

    chez Euse

    be et dans la Doctrine d'Adda|

    . Il remplace l'apos-

    trophe personnelle `Heureux (ou: be

    ni) es-tu' par `Paix a

    toi

    et a

    ta ville'. Ce changement s'explique peut-e

    tre par le fait

    qu'He

    raclius venait de libe

    rer la Me

    sopotamie et d'obtenir

    la paix gra

    ce a

    sa victoire. Mais en lisant `` Schalom a

    toi et a

    ta ville (c'est-a

    -dire en comprenant la `paix' dans le sens plus

    large du vocable se

    mitique

    33

    ) la phrase devient une promesse

    LES ACTES DE THADDE

    E 75

    30. Voir Socrate, Histoire eccle

    siastique, IV, 18 : Valens ordonna le mas-

    sacre des chre

    tiens d'E

    desse, rassemble

    s en plein air au martyrium de

    saint Thomas ; mais une femme courageuse de

    tourna la cole

    re des sol-

    dats ; voir aussi Rufin, HE, II, 5 ; Sozome

    ne, HE, VI, 18 ; The

    odoret,

    HE, IV, 17, 1-18, 6. Comparer la conclusion de Socrate : ``Ainsi les E

    des-

    se

    niens e

    chappe

    rent-ils a

    une de

    faite militaire aux mains de leur empe-

    reur'', avec l'introduction de The

    odoret : ``Valens, qui avait prive

    le

    troupeau de son berger [en exilant son e

    ve

    que, Euloge?], s'imposa sur lui

    comme un loup au lieu d'un berger. Dans l'e

    pisode de la femme coura-

    geuse, cette dernie

    re, modele

    e sur la me

    re des Maccabe

    es (2 Mac 7), re-

    pre

    sente E

    desse ; E

    desse, a

    son tour, repre

    sente l'E

    glise nice

    enne toute

    entie

    re que Valens s'efforce de de

    truire ; au lieu d'imiter Abgar, comme

    doit le faire tout bon empereur romain, il en est la re

    plique ne

    gative. Si

    E

    desse a surve

    cu, c'est pense-t-on parce qu'elle a e

    te

    prote

    ge

    e par le

    ciel.

    31. Pour la bibliographie des inscriptions et des papyrus contenant la

    lettre, voir M. Geerard, CANT, p. 65-66 ; M. Guarducci, Epigrafia greca,

    IV, Rome, 1978, p. 357-360; E. N. Mechtcherskaya, ``[La le

    gende

    d'Abgar et les textes grecs apotropa|

    ques] (en russe), Palestinskii Sbor-

    nik, 26 [89], 1978, p. 102-106.

    32. E. von Dobschu

    tz, Christusbilder, Beilage II, p. 48**, 18 (A go-

    thique) et p. 49**, 18 (B gothique).

    33. Voir R. Murray, The Cosmic Covenant, Londres, 1982.

  • de gue

    rison spirituelle, ce qui explique l'absence du message

    d'une re

    ponse au besoin de gue

    rison du roi. En me

    me temps,

    cette lecture explique aussi la suite.

    La Doctrine d'Adda|

    continue ainsi

    34

    : `Mais concernant ce

    que tu m'as e

    crit, que je vienne chez toi, ce pour quoi j'ai e

    te

    envoye

    ici est de

    sormais acheve

    et je monte aupre

    s de mon

    Pe

    re qui m'a envoye

    '. Au lieu de cette phrase, les Actes de

    Thadde

    e donnent un texte qui diffe

    re de tous les autres te

    -

    moins: `je suis venu dans le but de souffrir pour le monde,

    de ressusciter et de faire ressusciter les patriarches'.

    35

    Notre texte s'accorde avec Euse

    be sur les mots suivants:

    `Mais apre

    s que j'aurai e

    te

    e

    leve

    dans les cieux' (`de

    s que je

    serai remonte

    aupre

    s de lui') ; mais il ajoute ensuite le nom

    du disciple que Je

    sus promet d'envoyer il restait anonyme

    chez Euse

    be et dans la Doctrine ; il omet les mots `pour qu'il

    gue

    risse ta maladie', parce que, dans la suite des Actes de

    Thadde

    e, c'est l'image, et non l'apo

    tre, qui gue

    rira Abgar.

    Euse

    be conclut ainsi : `et il te donnera la vie, a

    toi et a

    ceux

    qui sont avec toi'. La Doctrine a un texte plus long: `et il ra-

    me

    nera tous ceux qui sont chez toi a

    la vie e

    ternelle ; que ta

    place forte soit be

    nie et qu'aucun ennemi ne s'empare d'elle

    a

    jamais !'

    36

    . Dans les Actes de Thadde

    e, le message se ter-

    mine ainsi : `lequel t'illuminera et te conduira a

    la ve

    rite

    toute entie

    re, toi et ta ville' ; cette phrase, caracte

    rise

    e par

    l'absence de la promesse, veut sans doute dire ceci : `on ne

    be

    ne

    ficie pas de la protection divine a

    moins de se laisser il-

    luminer et conduire a

    la ve

    rite

    the

    ologique toute entie

    re'.

    En 609, la ville d'E

    desse, avec toute la partie orientale de

    l'empire, fut conquise par l'ennemi perse. Par la suite,

    A. PALMER76

    34. Le ms de Saint-Pe

    tersbourg, fol. 3 verso, illustre

    dans A. Desreu-

    maux, La le

    gende du roi Abgar et de Je

    sus, p. 46, donne le texte que je tra-

    duis ici : i m hirkr RB amSh khkr X ra

    Xir Xk h X k wa . hk . w-da-ktabt li

    d-ite lwotok, haw meddem d-eshtadret `lawhy l-horko, mekil etTallaq leh,

    w-soleq 'no li lwot oby d-shaddrany.

    35. Il ne faut pas traduire tou

    q propa

    `

    toraq par `les premiers parents'

    (Adam et E

    ve), mais par `les patriarches', c'est-a

    -dire les justes d'Israe

    l.

    Ce changement dans le texte traditionnel peut avoir pour but de souli-

    gner la connection organique entre le christianisme et le juda|

    sme en vue

    de convertir les juifs.

    36. Je traduis le texte du ms de St-Pe

    tersbourg (cf. n. 34) : t a

    B ka a .r

    d

    Jk Sh Bkr

    Cah a. wa-lkul man d-it lwotok,

    napne ennun l-Hayye da-l-`olam. w-karkok nehwe brik wa-b`eldbobo

    tub lo neshtalaT beh l-`olam.

  • l'empereur He

    raclius, qui portait une autre image miracu-

    leuse du Christ en guise d'e

    tendard, regagna les territoires

    perdus. Il devait finalement les perdre a

    nouveau au profit

    des Arabes, qui s'empare

    rent d'E

    desse en 639. Durant le VI

    e

    sie

    cle, les auteurs avaient ce

    le

    bre

    le fait qu'E

    desse semblait

    imprenable pour l'ennemi et ils s'e

    taient encore fait l'e

    cho

    de la croyance selon laquelle Je

    sus avait promis au premier

    roi chre

    tien que la ville jouirait de la protection divine

    37

    . Il

    est frappant que notre texte ne souffle mot de cette pro-

    messe. L'explication de ce silence est a

    chercher dans le de

    -

    sastre de l'an 609. Par ailleurs, apre

    s 639, E

    desse a cesse

    de

    faire partie de l'empire byzantin, et il est peu probable qu'on

    ait songe

    a

    composer en grec un texte nouveau concernant

    une ville appartenant de

    sormais aux Musulmans. Nous som-

    mes ainsi amene

    s a

    situer plus pre

    cise

    ment la date de compo-

    sition des Actes de Thadde

    e dans une fourchette entre 609 et

    639.

    Notre texte parle non seulement d'E

    desse, mais aussi de

    l'e

    glise qu'aurait fonde

    e Thadde

    e dans la ville d'Amida

    (7,5). Il est le seul, parmi toutes les versions de la le

    gende re-

    lative a

    la conversion de la Me

    sopotamie, a

    faire mention

    d'Amida. Or, en 629, He

    raclius commenc

    a a

    e

    difier `la

    LES ACTES DE THADDE

    E 77

    37. Chronique de Zuqnin, I, p. 235-317 (section e

    crite en 506 dans un but

    propagandiste et incorpore

    e dans la Chronique de Zuqnin ; voir A. Pal-

    mer, ``Who wrote the Chronicle of Joshua the Stylite ?'', dans Lingua res-

    tituta orientalis. Festgabe fu

    r J. Afalg [A

    gypten und altes Testament

    20], e

    d. R. Schulz et M. Go

    rg, Wiesbaden, 1992, p. 272-284), e

    d.

    W. Wright, The Chronicle of Joshua the Stylite, London, 1882, ch. 5, 58,

    61 ; Procope, Guerres, II, 12, 20-30, spe

    c. 26 ; E

    vagre, Histoire eccle

    sias-

    tique, IV, 27 ; Papyrus Nessana 7 (6

    e

    -7

    e

    sie

    cles), l. 25, dans Excavations

    at Nessana, 2 : Literary papyri, par L. Casson et E. L. Hettich, Princeton,

    1950, p. 143-147, avec une photographie. E

    vagre admet certes la lettre

    de Je

    sus, traduite par Euse

    be, mais au sujet de la garantie de protection

    il e

    crit : ``(Cette garantie) n'est pas incluse dans ce que le Christ notre

    Dieu a e

    crit a

    Abgar, comme les gens studieux peuvent le de

    duire de

    l 'Histoire d'Euse

    be le fils de Pamphile, qui lut l'e

    p|

    tre me

    me a

    la lettre,

    mais c'est une fable qui court parmi les fide

    les et que l'on croit''. Le pa-

    pyrus Nessana est le premier te

    moin d'une tradition ou

    l 'on voit Je

    sus

    apposer a

    la lettre son sceau, apre

    s avoir de

    clare

    qu'il l 'a e

    crite toute en-

    tie

    re de sa propre main'' ; il s'agit manifestement de de

    fendre la pro-

    messe divine d'invulne

    rabilite

    , dont Procope et E

    vagre rejetaient

    l'authenticite

    . L'image est plus ambigue

    que la promesse : elle ne prote

    ge

    pas, mais elle gue

    rit ; dans le contexte historique que nous proposons ici

    pour la re

    daction des Actes de Thadde

    e, le pouvoir miraculeux de l'image

    peut vouloir dire qu'elle libe

    re la ville de l'ennemi qui l'avait vaincue et

    qu'elle re

    unit ses fide

    les divise

    s.

  • grande e

    glise d'Amida', comme le rapporte un chroniqueur

    de cette ville

    38

    .

    Durant cette me

    me anne

    e 629, He

    raclius visita E

    desse.

    Juste avant cette visite, il avait l'espoir qu'a

    la faveur de sa

    reconque

    te il allait aussi pouvoir regagner les chre

    tiens schis-

    matiques de Syrie et de Me

    sopotamie

    39

    . C'est en ce temps-la

    A. PALMER78

    38. La Chronique de Zuqnin, acheve

    e a

    Amida en 775, se fonde sur des

    sources anciennes. A propos de l'an des Grecs 940 (A.D. 628/629), nous

    y lisons : ``He

    raclius, roi des Romains, commenc

    a a

    e

    difier la grande

    e

    glise d'Amida''. A propos de l'an 944 (632/633) : ``He

    raclius, roi des

    Romains, descendit a

    E

    desse, et la bataille de Gabitha eut lieu ; les Perses

    prirent la fuite et quitte

    rent la Me

    sopotamie''. Voir A. Palmer, The Se-

    venth Century (voir n. 16), p. 57. Faut-il conclure de ces donne

    es qu'He

    -

    raclius resta ``cinq ans'' a

    Amida, tout comme Thadde

    e dans notre texte

    (7.6) ? Il semble que non. En effet, la Chronique de 1234, qui se base sur

    celle de Denys de Tel-Mahre

    , date le retour chez eux des soldats perses

    de 629-630. Selon cette me

    me source, He

    raclius passa l'hiver de 628-629

    entre l'Assyrie et l'Arme

    nie, donc non loin d'Amida. C'est dans cette re

    -

    gion qu'il rec

    ut la nouvelle de la mort de Chosroe

    s et de la capitulation

    de son fils et assassin. Apre

    s cela, He

    raclius se dirigea vers la Syrie et

    commenc

    a par visiter E

    desse, probablement pendant l'e

    te

    de l'an 629.

    Voir Palmer, The Seventh Century, p. 140-141. Dans les Actes de Thad-

    de

    e les esprits sortent des posse

    de

    s d'Amida avant que Thadde

    e ne

    s'approche d'eux. Les soldats persans sortirent des villes avant la venue

    d'He

    raclius. Si les posse

    de

    s sont les villes occupe

    es et l'apo

    tre est l'em-

    pereur, les malades sont ceux qui se sont e

    loigne

    s de l'Orthodoxie.

    39. Sur les circonstances de cette visite, voir la Chronique de Michel le

    Syrien, 11.3c (p. 408-409), base

    e elle aussi sur la chronique perdue de

    Denys de Tel-Mahre

    , qu'utilisera plus tard la Chronique de 1234 ; texte

    cite

    par A. Palmer, The Seventh Century, p. 140, note 323: ``When the

    power of Persia was removed and the Romans regained the mastery and

    possession of the cities of Syria and Mesopotamia, Heraclius came to Sy-

    ria and arrived in Edessa. The people, the priests and the monks came

    out to greet him. He admired and praised the great multitude of monks ;

    then, when he learned about their Faith, he said to some of those ac-

    companying him, `How can it be right to exclude so admirable a group

    of people from our own company?' And so he entered the city, anxious

    to make peace between the two parties. Then, when a feast-day came

    around, the King went down to the church belonging to us Orthodox

    and distributed great largesse to the whole people. When the Office and

    the divine Sacrifice were finished, the King approached to communicate

    in the Holy Mysteries, as is the custom of Christian kings. But Isaiah,

    the metropolitan of the city, in the fervour of his zeal, prevented the

    King from taking the Sacrament.'' Le langage de la source la chro-

    nique perdue de Denys de Tel-Mahre

    e

    tait plus virulent, comme l'at-

    teste la Chronique de 1234 : ``This man [Isaiah] was zealous to a fault, or

    rather, to tell the truth, an uneducated idiot. He said, `Unless you first

    anathematize the Synod of Chalcedon and the Tome of Leo in writing, I

    will not give you communion'. At this the King flared up in anger and

  • qu'il convient de dater les Actes de Thadde

    e, qui racontent la

    premie

    re conversion de ces re

    gions et qui sugge

    rent, dans le

    contexte historique de leur re

    daction, la possibilite

    qu'elles

    se convertissent a

    nouveau a

    la foi orthodoxe. En outre, le

    fait que notre texte soit le seul de toutes les variantes de la le

    -

    gende a

    s'inte

    resser a

    la conversion des Juifs pourrait bien

    refle

    ter un aspect de la politique religieuse d'He

    raclius en-

    vers le juda|

    sme.

    L'intention de l'auteur des Actes de Thadde

    e

    Il est probable que l'empereur He

    raclius ait fait composer

    les Actes de Thadde

    e pour unir son royaume en face du dan-

    ger. La de

    sunion qui fut le re

    sultat des divisions confession-

    nelles juifs, chre

    tiens ; chre

    tiens pour et contre Chalce

    -

    doine pourrait affaiblir l'empire en poussant les dissidents

    a

    chercher un appui ailleurs. L'auteur de notre texte e

    tait un

    e

    rudit en grec il connaissait Euse

    be et la liste d'apo

    tres at-

    tribue

    e a

    E

    piphane et il connaissait aussi la Doctrine

    d'Adda|

    syriaque. Il pourrait s'agir de Serge, patriarche de

    Constantinople, originaire de la Syrie, qui agissait comme la

    main droite d'He

    raclius. Le fait que le texte parle d'un roi

    chre

    tien dont la maladie avait e

    te

    gue

    rie gra

    ce a

    une image

    miraculeuse du Christ devait sans doute e

    voquer pour les

    lecteurs la figure de l'empereur He

    raclius, un usurpateur qui

    avait acquis sa le

    gitime

    par une victoire remporte

    e gra

    ce a

    une image tout a

    fait semblable. Le culte de Je

    sus-Dieu sous

    la forme d'une image miraculeuse produite par le contact di-

    rect avec son corps humain saisissable par les mains, in-

    saisissable par les yeux avait un grand avantage aux yeux

    d'He

    raclius. Il permettait de de

    passer les disputes de mots

    qui avaient cause

    les divisions de l'E

    glise, et d'en revenir a

    la

    foi simple qui e

    tait le bien commun des parties en conflit.

    Tous partageaient en effet la foi en la restauration de l'e

    tre

    humain gra

    ce a

    son union avec Dieu en Je

    sus-Christ ; mais

    les mots servant a

    exprimer cette foi e

    taient source de malen-

    tendus et de divisions. De fait, notre texte subordonne la pa-

    role a

    l'image. D'une part, en s'inspirant de la Doctrine

    d'Adda|

    , il substitue a

    la lettre du Christ un message oral.

    LES ACTES DE THADDE

    E 79

    expelled the bishop from his church.'' La source de Denys de Tel-Mahre

    e

    tait sans doute Serge Rusafoyo, un contemporain des e

    ve

    nements (voir

    Palmer, The Seventh Century, p. 99 et 140).

  • D'autre part, il attribue a

    l'image muette le ro

    le gue

    risseur

    que jouait auparavant l'apo

    tre au verbe e

    loquent.

    Tous les changements apporte

    s par l'auteur a

    la le

    gende

    ante

    rieure ont pour but de convaincre le peuple de l'empire

    romain que le salut ou la perte de cet empire de

    pendait de

    l'unite

    ou de la division de sa foi et de son corps politique.

    La ville royale venait de survivre au sie

    ge de 626. Comme le

    Christ, l'empire venait de souffrir et de `ressusciter'. De me

    -

    me, l'ascension du Christ a pu e

    tre comprise dans un sens al-

    le

    gorique: peut-e

    tre e

    voquait-elle l'ascension des amis du

    Christ dans le ciel lors sa seconde venue (I Th 4, 16-18),

    qu'He

    raclius semble avoir crue tre

    s proche. S'il tenait telle-

    ment a

    convertir les Juifs, c'est sans doute parce que Paul

    avait associe

    e

    troitement leur conversion au Christ a

    la fin

    du monde (Rm 11, 25-26)

    40

    .

    Il est possible qu'He

    raclius ait eu un grand succe

    s aupre

    s

    des habitants d'Amida a

    cause de la paix avec les Perses,

    proclame

    e pendant qu'il se trouvait dans la valle

    e du Tigre

    avec son arme

    e victorieuse. Il est e

    galement possible qu'il ait

    ordonne

    de ba

    tir la `grande e

    glise' dont parle la Chronique

    de Zuqnin une source jacobite non seulement pour les

    Chalce

    doniens prive

    s de l'ancienne e

    glise par les Jacobites,

    mais aussi pour les convertis. Cette construction e

    tait un si-

    gne donne

    aux `inde

    cis' (diakrinomenoi) d'E

    desse. De

    s lors,

    il semble probable qu'He

    raclius ait fait composer notre texte

    peu apre

    s, sans doute apre

    s sa rentre

    e a

    Constantinople en

    629, ou

    il aurait pu en parler avec le patriarche Serge, et

    avant la Pa

    que de l'an 630, qu'il fe

    ta a

    Je

    rusalem pour y ins-

    taller de nouveau la croix pille

    e en 614 et regagne

    e aux Per-

    sans. Nous proposons la liturgie pascale qui accompagna

    cette installation comme le contexte probable de la premie

    re

    re

    citation de notre texte, qui fut sans doute commente

    dans

    une home

    lie par le patriarche de Je

    rusalem.

    La re

    ception de la le

    gende dans la tradition grecque poste

    -

    rieure

    Dans les Actes de Thadde

    e, la lettre du Christ a disparu et

    il n'est plus question de la protection divine pour la ville ;

    A. PALMER80

    40. Voir G. Dagron et V. De

    roche, ``Juifs et chre

    tiens dans l'Orient du

    VII

    e

    sie

    cle'', Travaux et Me

    moires, 11, 1991, p. 17-273, surtout a

    la page

    28.

  • c'est l'image du Christ qui ope

    re la gue

    rison. Pendant l'oc-

    cupation arabe, le pe

    lerinage a

    E

    desse continua. Comme

    nous l'avons vu, l'image devint l'un des arguments que l'on

    opposa aux iconoclastes. De palladion civique, la lettre fut

    transforme

    e en amulette personnelle. Le re

    cit d'Euse

    be fut

    e

    labore

    . On raconta par exemple qu'une autre image du

    Christ, la tuile d'Hie

    rapolis (Mabboug), e

    tait elle aussi une

    image miraculeuse; elle devait son origine au fait qu'Ana-

    nias, en route de Je

    rusalem a

    E

    desse, cacha l'image faite par

    Je

    sus entre deux tuiles a

    proximite

    de cette ville. Il est pos-

    sible que cette histoire remonte au temps d'He

    raclius, qui se

    -

    journa a

    Hie

    rapolis apre

    s ses visites a

    E

    desse et a

    Je

    rusalem.

    Enfin, autour de 940, un sie

    cle apre

    s la fin de la querelle ico-

    noclaste, l'arme

    e byzantine pe

    ne

    tra en Me

    sopotamie. On

    put alors s'emparer non pas d'E

    desse, mais de l'image et de

    la lettre du Christ, avec sa promesse de protection divine. En

    l'an 944, l'empereur Romanos fit transporter ces reliques a

    Constantinople.

    La le

    gende connut alors un de

    veloppement nouveau, ins-

    pire

    par la comparaison entre Abgar et Constantin le Grand,

    qu'Euse

    be de

    ja

    avait voulu sugge

    rer. Par `Abgar' il fallait

    entendre l'empereur romain, et par `E

    desse', Constantino-

    ple. La promesse de protection recouvra sa validite

    en chan-

    geant d'objet. L'image du Christ devint le deuxie

    me

    palladion de la ville, a

    co

    te

    de l'ico

    ne de la Me

    re de Dieu: le

    16 aou

    t, le lendemain de la fe

    te de la Dormition de la Vierge

    Marie, on faisait le tour des murailles de Constantinople

    avec la relique. Puisque l'image du Christ avait sauve

    E

    desse

    lors du sie

    ge perse de 544, les habitants de Byzance se mirent

    a

    espe

    rer que cette me

    me image prote

    gerait de

    sormais leur

    ville royale. De nouveaux e

    crits virent le jour, qui racon-

    taient l'histoire d'une fac

    on nouvelle, en combinant l'apport

    de plusieurs versions et en inte

    grant le texte de la `vraie' let-

    tre.

    41

    C'est dans ces deux re

    cits que le copiste des Actes de

    Thadde

    e du manuscrit de Vienne a puise

    ses interpolations.

    Il a voulu harmoniser notre texte avec eux pour le re

    inte

    grer

    a

    la liturgie, tout en changeant le jour de la mort de Thadde

    e

    LES ACTES DE THADDE

    E 81

    41. E. von Dobschu

    tz, Christusbilder, Beilage II, donne a

    la p. 29** la

    liste des textes rattache

    s a

    l 'an 944, et sur les pages suivantes (jusqu'a

    la

    p. 129**) : 1

    o

    l'e

    dition synoptique des formes courte et longue du sermon

    de la fe

    te de la translation de l'image d'E

    desse a

    Constantinople (le 16

    aou

    t) ; 2

    o

    les e

    ditions d'un traite

    liturgique et d'une hymne concernant

    l'image ; 3

    o

    les rapports des chroniqueurs byzantins.

  • pour le faire conforme au nouveau calendrier liturgique, qui

    de

    plac

    a la fe

    te du saint au 21 aou

    t.

    En 1032, E

    desse fut reprise par les Byzantins; le ge

    ne

    ral

    Georges Maniake

    s y trouva la correspondance entre Abgar

    et le Christ e

    crite en syriaque sur parchemin. On lui expliqua

    qu'il s'agissait de la version authentique, qui contenait pour-

    tant une glose marginale indiquant que la lettre du Christ

    avait e

    te

    dicte

    e (``Va-t-en dire a

    ton ma|

    tre qui t'a envoye

    '').

    Cette me

    me glose, qui provient de la Doctrine d'Adda|

    ( 5)

    42

    , se trouve aussi dans la marge d'un e

    vange

    liaire ge

    or-

    gien ante

    rieur a

    1027, qui pre

    sente la correspondance entre

    Abgar et Je

    sus comme un supple

    ment a

    l'E

    vangile ; mais la

    glose y est en contradiction aussi bien avec le titre de la lettre

    de Je

    sus qu'avec l'illustration du manuscrit qui repre

    sente le

    Christ en train d'e

    crire la lettre de sa propre main. La glose

    ge

    orgienne de

    rive donc probablement de la traduction

    grecque de la lettre syriaque de

    couverte par Maniake

    s

    43

    .

    Yah

    .

    ya al-Antaki nous apprend que l'homme qui avait fait

    pour lui une traduction arabe du texte sur le parchemin avait

    de

    ja

    fait une traduction en grec pour l'empereur

    44

    . La

    comparaison du texte de Yah

    .

    ya avec le texte intitule

    E

    p|

    tre

    d'Abgar montre que ce dernier ne de

    rive pas du document

    rapporte

    par Maniake

    s. Cette version de la lettre, loin de se

    pre

    senter comme une dicte

    e, est certifie

    e autographe, tout

    comme l'est le papyrus n 7 de Nessana, qui date d'avant

    609. Il faudrait une e

    tude approfondie pour expliquer l'his-

    toire de l'E

    p|

    tre d'Abgar, dont la transmission est multi-

    forme. C'est ce texte qu'on trouve sur les rouleaux

    talismaniques et dans les recueils me

    dicaux; il se pre

    sente

    comme destine

    a

    e

    tre utilise

    sur la mer, sur la route, dans les

    A. PALMER82

    42. Cf.Hans-Martin Schenke,Mattha

    us-EvangeliumM(CodexScheide),

    Texte und Untersuchungen 127, Berlin : Akademie Verlag, 1981, p. 47 et

    117 (ad Mt 26,18). Jean-Daniel Dubois, a

    qui je dois cette re

    fe

    rence,

    ajoute : ``Le nom de Thadde

    e appara|

    t comme ma|

    tre d'ho

    tel pour la pre

    -

    paration de la Pa

    que, a

    la diffe

    rence de la Caverne des Tre

    sors (syriaque)

    en 48,9 et 53,17 ou

    appara|

    t le nom de Nicode

    me pour la me

    me fonc-

    tion.''

    43. Je remercie Irma Karaulashvili, qui a lu pour moi le texte ge

    orgien,

    et qui a porte

    mon attention sur plusieurs des faits raconte

    s dans le para-

    graphe suivant.

    44. Annales Yahia Ibn Said Antiochensis, dans Eutychii Patriarchae Ale-

    xandrini Annales, vol. 2, ed. L. Cheikho, B. C. de Vaux, H. Zayyat, Paris,

    1909 (CSCO, Scriptores Arabi, Ser. 3, vol. 7), 263-64.

  • cours de justice, aupre

    s des malades, aupre

    s des de

    monia-

    ques

    45

    .

    Tableau chronologique

    Sie

    cle E ve

    nements a

    E desse De

    veloppements de la le

    gende

    I

    er

    Re

    gne d'Abgar V `le Noir', contemporain de Je

    sus

    II

    e

    Mission d'Adda|

    III

    e

    Apparition des lettres d'Abgar le Noir et de Je

    sus en

    syriaque, sous Abgar VIII le Grand; Actes de Thomas ;

    de

    couverte des reliques de Thomas a

    E

    desse (vers 200)

    [il s'agit ici d'une pure supposition]

    IV

    e

    Traduction des deux lettres en grec et re

    cit de la mis-

    sion de `Thadde

    e' (Adda|

    ) par Euse

    be, Hist. eccl. I,13

    (peu apre

    s 313)

    De

    veloppement du pe

    lerinage d'E

    desse

    Apparition de la promesse qui fait de la lettre le palla-

    dion de la cite

    (cf. Journal de voyage d'E

    ge

    rie relatant

    sa visite en 384)

    V

    e

    Apparition d'un pre

    tendu document d'archive, qui

    remplace le document traduit par Euse

    be : la Doctrine

    d'Adda|

    Apparition du portrait de Je

    sus peint par le messager

    d'Abgar

    De

    veloppement d'un pe

    lerinage local lie

    a

    ce portrait

    (avant environ 410)

    Composition duMartyre de Thadde

    e arme

    nien

    VI

    e

    Les Perses assie

    gent E

    desse sans parvenir a

    la prendre

    (503, 540 et surtout 544)

    Procope constate l'absence de la promesse de protec-

    tion divine dans la lettre traduite par Euse

    be (vers 590)

    Apparition d'un certificat d'authenticite

    autographe

    du Christ (sur le verso de la lettre?) : cf. Papyrus 7 de

    Nessana

    LES ACTES DE THADDE

    E 83

    45. Voir S. Der Nersessian, ``La le

    gende d'Abgar d'apre

    s un rouleau il-

    lustre

    de la bibliothe

    que Pierpont Morgan a

    New York'', Bulletin de

    l'institut arche

    ologique bulgare, 10, 1936, p. 98-106 ; H. Hunger et Chris-

    tian Hannick, Katalog der griechischen Hss. der O

    sterreichischen Natio-

    nalbibliothek, Teil 4, Vienne, 1994, p. 200-201 (ms. suppl. gr. 116,

    rouleau de parchemin, 16

    e

    sie

    cle, lignes 84-270). Recueils me

    dicaux

    contenant l 'E

    p|

    tre d'Abgar : Paris, ms. gr. 2315, fol. 314v-317r ; N. A.

    Bees, Les mss. des Me

    te

    ores, tome 1, 2e e

    d., Athe

    nes, 1998, ms. 403, no.

    3 (fol. 119a) : 'Iatroso

    `

    fion.

  • Apparition d'une toile sur laquelle on voit l'empreinte

    du visage de Je

    sus

    E

    vagre attribue a

    cette toile l'immunite

    d'E

    desse lors

    du sie

    ge perse de 544

    VII

    e

    Prise d'E

    desse par les Perses en 609

    Victoire d'He

    raclius sur la Perse, marque

    e notamment

    par la construction d'une e

    glise a

    Amida (de

    s 628)

    Actes de Thadde

    e, contenant une histoire d'Abgar qui

    passe sous silence la promesse d'inviolabilite

    d'E

    desse

    et nie implicitement la ve

    rite

    duMartyre de Thadde

    e ar-

    me

    nien

    Commencement du culte de l'apo

    tre Bartholome

    e en

    Arme

    nie (selon M. van Esbroeck)

    VIII

    e

    Allusions aux Actes de Thadde

    e chez les iconodules

    IX

    e

    E p|

    tre d'Abgar, texte qui fait de la lettre avec la pro-

    messe une amulette personnelle

    X

    e

    Transfert a

    Constantinople de l'image d'E

    desse et de la

    lettre de Je

    sus en l'an 944: Narratio de imagine Christi

    Edessena par Constantin VII Porphyroge

    ne

    te ; traite

    li-

    turgique ; hymne; chroniques concernant l'an 944

    XI

    e

    Transfert d'E

    desse a

    Constantinople de la `vraie' lettre

    de Je

    sus (pourtant qualifie

    e en marge de dicte

    e) (1032)

    Copie du ms. de Paris, gr. 548, fide

    le a

    la forme an-

    cienne des Actes de Thadde

    e

    Copie du ms. de Vienne, hist. gr. 45, harmonisation des

    Actes de Thadde

    e avec les textes du X

    e

    sie

    cle

    Production d'une copie du ms. de Vienne : ms. 66 du

    muse

    e Be

    naki a

    Athe

    nes qui change le chiffre `70' dans

    le titre en `12'

    A. PALMER84


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