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Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

Date post: 17-Feb-2015
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1 T.C. MARMARA ÜNİVERSİTESİ SOSYAL BİLİMLER ENSTİTÜSÜ KAMU YÖNETİMİ ANABİLİM DALI SİYASET VE SOSYAL BİLİMLER (FRN) BİLİM DALI LES NOUVEAUX MOUVEMENTS NATIONALISTES Yüksek Lisans Tezi SAVAŞ ÖZBEY Danışmanı Yard.Doç.Dr.Ümit ARAT İstanbul, 2006
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Page 1: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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T.C. MARMARA ÜNİVERSİTESİ

SOSYAL BİLİMLER ENSTİTÜSÜ KAMU YÖNETİMİ ANABİLİM DALI

SİYASET VE SOSYAL BİLİMLER (FRN) BİLİM DALI

LES NOUVEAUX MOUVEMENTS NATIONALISTES

Yüksek Lisans Tezi

SAVAŞ ÖZBEY

Danışmanı Yard.Doç.Dr.Ümit ARAT

İstanbul, 2006

Page 2: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION.............................................................................................................3

PREMIERE PARTIE: ÉTAT-NATION ET NATIONALISME

CHAPITRE I. UN REGARD SUR L’ÉTAT-NATION A L’EPOQUE DE

GLOBALISATION

SECTION 1. Principaux concepts de l’État-nation............................................................7

I. État-nation: Un concept d’origine européenne............................................7

A. Cadre structural de l’État-nation ...........................................................8

B. Eléments de nation ................................................................................10

II. Nationalisme: Idéologie dominante d’États-nation .....................................11

A. Conception wébérienne du nationalisme...............................................12

B. Nation: Est-elle un concept moderne?...................................................14

1. Thèse primordialiste ...............................................................15

2. Thèse moderniste....................................................................17

SECTION 2. Remise en cause de l’État-nation auprès de la construction européenne.....21

I. Comment la globalisation affecte-t-elle l’État-nation? ...............................23

II. Supranationalité de l’Union européenne à l’égard de l’État-nation ............26

CHAPITRE II. APERÇU HISTORIQUE DU NATIONALISME TURC

SECTION 1. Bases historiques du nationalisme turc dans l’Empire ottoman...................35

SECTION 2. L’effet bismarckien du kemalisme sur le nationalisme turc…….…………40

Page 3: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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DEUXIEME PARTIE: MOUVEMENTS NATIONALISTES CONTEMPORAINES

CHAPITRE I. UNE ANALYSE DES NATIONALISMES EUROPEENS

SECTION 1. National populisme des droites radicales .....................................................43

SECTION 2. Nationalisme et terrorisme ...........................................................................44

SECTION 3. Violences d’en bas........................................................................................44

SECTION 4. Nettoyage ethnique.......................................................................................46

CHAPITRE II. LE NATIONALISME EN TURQUIE : ANALYSE DE QUATRE

EXEMPLES CONTEMPORAINES

SECTION 1. La Jeunesse Avant-Garde (Öncü Gençlik-ÖG).............................................50

I. Conception de citoyenneté

II. Conception de sécurité

III. Conception économique

IV. Une anti-thèse de l’Union européenne

V. Analyse d’un gauchisme nationaliste

SECTION 2. L’Association des Avocats Turcs (Büyük Hukukçular Birliği-BHB)...........63

I. Conception de citoyenneté

II. Conception de sécurité

SECTION 3. Les Nationals Socialistes Turquistes (TTBD)..............................................67

I. La lignée de faille des loups gris et des partisans des croissants

II. Conception de citoyenneté

III. Conception de sécurité

IV. Conception économique

SECTION 4. L’Association de Culture d’Azerbaidjan (AKD)..........................................72

I. Conception de citoyenneté

II. Conception de sécurité

CONCLUSION…………………………………………………………………………..77

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………....80

ANNEXE…………………………………………………………………………………85

Page 4: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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INTRODUCTION

Lorsque nous avons decidé de travailler sur le nouvel courant nationaliste en Turquie

nous nous sommes d’abord demandé si c’était possible de séparer en morceaux cette vague

qu’en parlent tous les jours les journaux, les spécialistes et de sérieuses analyses. La question

principale était si ce tsunamie nationaliste est un bloc homogène ou il s’agit d’une diversité

où nous pourrions peut-etre trouver des trous à commencer à morceler.

La nouvelle problématique est devenue alors “comment classifier ces différents types

de nationalismes pour pouvoir aboutir à un analyse de ceux en Turquie. Est-ce qu’il existe un

ou des schémas ou catégorisations sur lesquels nous pouvons superposer les situations en

Turquie?

A la recherche de cette classification nous avons du limiter nos observations seul au

continent d’Europe. Consultant les auteurs comme Renan, Gellner, Tourraine, nous nous

sommes heurtés à une classification qui nous a parru plus facile que les autres, celle de

Michel Wieviorka, en paralellité avec Alaine Tourraine, mais beaucoup plus elevée, qui fait

une classification en partant des résultats. C’est- à -dire les différents aspects actuels des

nationalismes contemporains.

Dans sont article “Les Différents Aspects du Nationalisme” dans l’ouvrage Sociologie

des Nationalismes, Wieviorka parvient à distinguer 4 principaux types de nationalismes

suivant leurs aspects observés. Donc il ne nous restait de consulter si nous pouvions trouver

des groupes nationalistes turcs qui pourraient représenter ces quatres aspects différents. Une

telle classification pourrait aboutir à un analyse comparatif des mouvements nationalistes

turcs, soi entre eux, soi à ceux européens.

Le premier type de nationalisme de Viewiorka concerne les nationalismes que nous

pouvons appeler le type yougoslavique, qui fait nettre et qui se nourrit des conflits éthniques

comme massacre, nettoyage éthnique ou génocide.

C’était le type le plus facile à trouver un représentant de la Turquie. L’éthnicité turque

a vécu plusieurs conflits, soit dans les régions balkaniques comme Bulgarie dans en 1984, soit

dans d’autres lieux comme Chypre, en 1963 et 1974. Mais l’exemple du Haut-Karabagh était

le plus intéressant pour nous.. Parce que ce qui est en train de se passer depuis 1993 entre les

Azéris (Azerbaidjanais) et les Arméniens a Karabagh, a eu une grande réaction nationaliste et,

cette réaction est toujours vive parce qu’il y a des millions d’Azéris qui vivent en Turquie, le

problème n’est toujours pas resolu et en plus, les accuses sont réciproques: Les Arméniens,

eux aussi, blamment les turcs d’un génocide arménien au debut du XXe siècle.

Page 5: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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En prenant en compte de toutes ces specifites un analyse sur une association d’Azeris,

serait plus convenable: Parmi plusieures, nous avons choisi l’Association de Culture

d’Azerbaidjan, qui est une ancienne organisation en réalité, elle date de 1937, mais elle a fait

sa plus grand succès populaire et mobilatrice pendant les protestations de Karabagh.

Le deuxième aspect du nationalisme chez Wieviorka c’est le nationalisme séparatiste

(ou indépendentiste) qui recours à la lutte armée , voire terrorisme: C’est le cas d’ETA en

Espagne, par exemple. Ce deuxième a été appliqué en s’adressant a une terminologie de

Gellner. En se profitant de la dialectique mégalomanien/rurarien entre les macro/micro

nationalismes chez Gellner, nous avons essayé à chercher un exemple de la réaction

nationaliste turque, contre les attentats terroristes de PKK.

PKK est formé par les initiales de Partiya Karkaren Kürdistan (Parti des Ouvriers de

Kurdistan). Pour pouvoir analyser les effets megalomaniens de mouvement séparatiste des

kurdes sur le nationalisme turc, nous sommes tombés juste à la juxtaposée de PKK, Parti Des

Ouvriers (İşçi Partisi), cette fois ci du coté turc, se proclamant comme gauchiste mais qui fait

en soi un exemple assez intéressant pour distinguer les effets nationalistes mégalomaniens de

cette dialectique.

Au lieu des représentants du parti, nous avons préféré contacter Öncü Gençlik (La

Jeunesse Avant-Garde), l’embranchement de jeunesse de İşçi Partisi. Ces derniers ont formé

l’année dernière la coalition de Kızılelma avec Loups Gris (Ülkücü Gençlik), section de

jeunesse de MHP, (Parti d’Action Nationaliste) extrême droite.

Le troisième aspect du nationalisme selon Wieviorka ce sont les violences d’en bas.

Les meilleurs exemples en sont les skinheads, ou les néo-nazis en Allemagne. Ce sont en

général des groupes inorganisées mais ils sont les responsables des plus graves attantats

antisémites et antimusulmans en Europe. Une association d’İzmir appelé TTBD (Türkçü

Toplumcu Budun Derneği) pourrait en faire un bon exemple. Ils ne se sont jamais adressé à

la violence jusqu’à maintenant mais c’est un groupe qui se déclare ouvertement raciste.

D’ailleurs Toplumcu Buduncu veut dire en turc “national socialiste”. Ils parlent du droit de

nommer la Turquie, du droit à la défense légitime des turcs et proposent d’arrêter

l’augmentation de la population kurde.

Enfin, le dernier type de nationalisme chez Wieviorka c’est le national populisme qui

expose un scala du patriotisme jusqu’au fanatisme xénophobe du Front National en France.

Büyük Hukukçular Birliği (BHB), un des groupes nationalistes qui est très populaire depuis

l’année dernière, y a été choisi comme exemple. Ils ont leurs signatures sous plusieures actes

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médiatiques dont les protestations de Bartalomeos, de la Conférence sur le probleme arménien

à l’Université de Bilgi, les affaires de Logendick et d’Orhan Pamuk.

Nous avons suivi une méthodologie semi directif : Une questionnaire ou il y avait une

vaingtaine de questions sur les debats actuels et politiques en Turquie leur a été adressée. De

telle sorte que les réponses pourraient nous permettre une analyse de leur conception de

nation, nationalité, d’appartenance, de citoyenneté, de légitimité ou de menace. Öncü Gençlik

(ÖG) et Büyük Hukukçular Birliği (BHB) ont répondu face-à-face a nos questions et les deux

autres qui restent, par l’intermédiaire de postes électroniques.

Maintenant nous pouvons retourner tout au début, à notre question principale: Quand

on dit la nouvelle vague nationaliste, est-ce qu’il s’agit d’un bloc homogéne ou d’une

diversité de causes, d’aspects et de conceptions différents de ces mouvements? Lequel ou

lesquels des aspects européens du nationalisme sont rencontrés en Turquie? Est-ce que ces

groupes nationalistes ont de différentes rhétoriques oubien, nous pouvons trouver des points

où ils se coincident.? Ils ont un caractere moderniste ou primordialiste? Bismarckien ou

indépendiste, occidental ou balkanique?

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PREMIERE PARTIE

ÉTAT-NATION ET NATIONALISME

CHAPITRE I: UN REGARD SUR L’ÉTAT-NATION A L’EPOQUE DE LA

GLOBALISATION

Afin de mieux analyser les nouveaux mouvements nationalistes, leurs apparitions et

leurs évolutions ; nous avons pensé qu’il fallait déterminer en premier lieu les principaux

concepts de l’état-nation, celui-ci tels que l’état, la nation et le nationalisme et les rapports

entre ces trois concepts en partant de leur définition.

SECTION 1: Principaux concepts de l’État-nation

Avec une très générale définition l’état-nation est une forme sous laquelle un pouvoir

politique institutionnalisé s’organise dans un moment donné de l’histoire et qui trouve sa

légitimité au sein du concept de «nation». Quant au nationalisme, il constitue une idéologie

politique dont l’objectif est d’imposer cette source de légitimité en tant que la seule valeur.

L’émergence de ces concepts n’est pas synchronique. Cela nous amène à la question de

l’éventuelle antériorité de chacun des partenaires du couple État-nation.1 Il existe de

différentes approches vis-à-vis de cette question. Par exemple, Karl Marx montre la nation

espagnole comme le défenseur de la souveraineté nationale à l’époque de l’occupation

napoléonienne en 1808.2 Cependant, en tant qu’un corollaire des définitions au dessus, l’État-

nation précède la nation et le nationalisme en tant qu’une institution politique formée à la

suite de l’évolution des certaines structures politiques émergeant dans une région

géographique.3 Après être organisé sous la forme de l’État-nation, le pouvoir politique a créé

sa base de légitimité, la nation; et une idéologie politique a émergé pour répondre à cette base,

le nationalisme.

I. État-nation: Un concept d’origine européen 1 SANTAMARIA, Yves; “État-nation , histoire d’un modèle” in Nations et Nationalismes; Serge CORDELLIER (directeur); p.13. 2 SANTAMARIA, Yves; ibid, p. 15. 3 ERÖZDEN, Ozan; “Ulus-devlet”; Dost Kitabevi; Ankara; 1997; p. 47.

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L’État-nation est l’une des institutions européennes les plus caractéristiques qui s’est

développé au cours des siècles même depuis Moyen Age jusqu’à l’ère de la Révolution

française; basé d’abord sur la fidélité au monarque ou à la dynastie et puis sur un peuple ayant

une langue commune et des traditions.4 “Le terme d’État remonte à la cité grecque et à

l’Empire romain, mais c’est au 16e siècle que le terme prend son sens actuel avec l’apparition

des pouvoirs centralisateurs, attachés à une population, limités par des frontières, opposés aux

ambitions féodales. Jusqu’au 18e siècle, l’État n’est encore que la propriété du souverain de

droit divin et sa puissance s’identifie à celle du monarque. Avec le siècle des Lumières, la

Révolution française, la consolidation des frontières extérieures et la dislocation des barrières

intérieures, le terme d’État entre dans le vocabulaire politique et s’identifie à l’idée de

nation.”5 L’une des principales étapes de l’émergence de l’État-nation est le remplacement

de la fidélité féodale par l’obéissance aux institutions politiques. Ainsi, l’État-nation fonde

son pouvoir sur une base abstraite tandis qu’il l’applique sur un territoire concret. Juste à ce

stade, on met l’accent sur le concept de “patrie” qui comprend l’ensemble des territoires sur

lesquelles la souveraineté du roi/ de la nation est exercée. A partir du 13e siècle, le contenu du

concept de patrie a commencé à changer. D’un côté, la patrie devient quelque chose de sacrée

en accentuant sur le “corpus mysticum6”, de l’autre côté elle prend un sens politique avec son

nouveau contenu tel que le terrain où le pouvoir politique est pratiqué. Ainsi, la patrie trouve

sa place au sein de l’État modern. Ainsi s’opere le passage du stade agraire au stade

industrielle.7 Avec cette nouvelle perception du mot “patrie” impliquant l’ensemble des

territoires du royaume, “mourir pour la patrie” gagne un nouveau sens. Donc, la patrie s’est

transformée en une valeur pour laquelle on se sacrifie. Cette transformation exprime la

suppression des valeurs féodales.

Alors, nous allons analyser les composants de l’État-nation en le divisant en deux

sous-titres. D’abord, les éléments structuraux de l’État-nation; donc les composants du

premier partenaire du couple État-nation seront examinés. Ensuite, le second partenaire du

couple; les éléments de nation seront brièvement expliqués.

4 GOLDMANN, Kjell; “Transforming the European Nation-state”; Sage Publications; London; 2001; p. 56. 5 “État-nation” in www.fr.encyclopedia.yahoo.com/articles . 6 un terme qui indique l’acquisition d’une identité morale et l’idée d’unité et d’entité. 7 ROGER, Antoine; Les Grandes Théories du Nationalisme ; Armand Colin, Strasbourg, 2001, p. 10.

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A. Cadre structural de l’État-nation

Pour se renforcer, un État-nation doit franchir quatre seuils successifs.8 Premièrement,

l’établissement d’une frontière qui définit l’État et en-deça de laquelle il contrôle les

mouvements de population et les transactions internes et externes. Rien de durable ne peut

être construit par un État-nation s’il ne maîtrise pas cet aspect territorial primordial. Le

concept de “frontière” est aussi changé avec l’émergence des États-nations. Comme la patrie

est intégrée dans l’entité, les frontières gagnent aussi une valeur sacrée en étant les contours

de la patrie. Les divers moyens ont été utilisés pour faire accepter, à l’échelle sociale, les

nouveaux contenus des notions “patrie” et “frontière”. Le service militaire obligatoire

apparaît encore comme le moyen le plus efficace. Avec le service militaire obligatoire, la

défense des frontières intangibles est chargée à toute la nation. Un autre moyen est d’utiliser

certains éléments objectifs pour fortifier le contenu idéologique des frontières. “Misak-ı

Millî” constitue un bon exemple au second cas. Les frontières de l’Empire ottoman qui

contournaient les territoires non occupés de l’après d’Armistice de Moundros, après Ière

Guerre mondiale, ont été déterminés comme “Misak-ı Millî”9 et ils ont pris une valeur

idéologique dans le processus de la construction de l’État-nation turc.

Deuxièmement, l’établissement d’une identité politique par l’unification linguistique10,

religieuse11, puis scolaire12. Dans la construction d’un État-nation, il faut que la structure

politique coïncide avec la nation. C’est une nécessité découlant du principe de la souveraineté

nationale13. Il existe d’une influence mutuelle entre la structure sociale (la nation) et la

structure politique. D’un côté, il exige la coïncidence entre les frontières de la nation et les

frontières du pouvoir politique; de l’autre côté, l’obtention de la qualité de citoyen pour

l’individu qui devient une nécessité pour qu’il puisse être inclus dans l’entité politique. Donc,

le concept de l’appartenance nationale s’intègre avec celui de la citoyenneté. Dans les États-

nation européens, l’appartenance nationale est déterminée par le biais de citoyenneté qui est

un lien juridique entre l’État et l’individu.

8 DELANNOI, Gil, “Sociologie de la Nation”; Arman Colin, Paris, 1999, p. 59. 9 Frontières Nationales en turc. 10 François 1er impose le français comme langue de tous les actes administartifs en 1539, par l’Édit de Villers-Cotterêts. 11 Après le Traité de Westphalie, la possibilité de choisir une religion officielle dans chaque État européen emerge. Cette volonté d’unification pouvant aller jusqu’à l’interdiction de certaines religions. Par exemple, le catholicisme en Angleterre. 12 Les lois de Jules Ferry sur l’éducation obligatoire et gratuite. 13 la souveraineté nationale peut être formulée comme “le peuple; c’est la nation”. La nation est souverain et constitue une personne morale distincte des individus qui la composent, elle a une volonté propre. La souverainté national s’oppose à la souveraineté populaire qui indique que le souvrain est composé de la somme des souverainetés de chaque citoyen.

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Troisièmement, l’établissement des institutions politiques qui permettent une

participation, une représentation et une opposition à la population. Ce seuil est indispensable

pour un pouvoir politique d’un État-nation que ce soit son caractère, autoritaire ou

démocratique.

Quatrièmement, l’établissement d’une solidarité économique territoriale entre les

régions, entre les couches sociales. Ces systèmes de redistribution reposent sur

l’aménagement du territoire.

B. Eléments de nation

À l’époque de la Révolution française, la nation était un concept universel. L’objectif de

la Révolution était remplacer la souveraineté monarchique par la souveraineté nationale.14

Après que la nation devient la source de la souveraineté, elle perd ses éléments universalistes.

Il n’est plus suffisant de croire à l’idée de liberté et de lutter pour cette idée pour pouvoir

conçu comme français. Le concept de l’étranger est inventé. A partir de ce moment, la nation

est perçue comme un groupe des individus possédant des particularités inchangeables,

communes, prédéterminées et existant sur un terrain géographiquement limité.15

La nation consiste en cinq principaux éléments ; la langue, la religion, la race, l’unité de

culture et d’histoire et l’image d’ennemi, auxquels nous référencerons dans le chapitre

concernant le nationalisme turc et la fondation de l’État-nation turc. L’Analyse de ces

éléments permettrait aussi d’aborder mieux le discours des mouvements nationalistes car ils

constituent son argumentation sur ces éléments.

Constituer une unité de langue demeure comme un projet politique. Il est impossible

d’instituer l’unité de langue et de former une langue nationale sans avoir institué un système

d’éducation primaire, générale et monopoliste.16 Cependant, la diversité des langues existe

encore dans les États-nation européens même dans les plus développés.

L’unité de culture et d’histoire est l’un des principaux éléments de l’idée de la nation

développée par Ernest Renan17. Une telle idée existe aussi chez Ziya Gökalp et Atatürk. Mais

cet élément ne consiste pas dans un contenu concret et ne peut pas être défini objectivement.

Parce que la culture et l’histoire sont déterminées dans le cadre d’un projet politique. La 14 “La souveraineté appartient sans condition à la nation” est inscrit à TBMM, le parlement turc, (La Grande Assemblée de Turquie) 15 ERÖZDEN, Ozan; op.cit., p. 57 16 CHABOT, Jean-Luc; Le Nationalisme; Presses Universitaires de France, Paris; 1996; p.36. 17 RENAN, Ernest; “Qu’est-ce qu’une nation?”; p.37. “Une nation est une grande solidarité, constitutée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore (…)”

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formation de l’unité de culture et d’histoire se réalise par un processus de “faire oublier-

rappeler”. L’histoire et la culture sont réinterprétées et ont gagné leur caractère national avec

certaines déformations. Il est assez intéressant que le fondement des professorats de l’histoire

dans les universités européennes date la période suivant la Révolution de 1789. L’histoire est

devenue une discipline scientifique avec l’État-nation.

L’unité de race est le plus difficile à déterminer parmi les autres éléments de nation. La

race est aussi accentuée dans les nations qui n’ont pas encore formé un État. Elle est

remplacée par le concept de citoyenneté après être organisée en tant qu’un État. Dans certains

États-nation européens, le lien de sang est tenu pour une référence à la citoyenneté.18

En principe, la religion n’est pas liée directement à l’idée de nation. Le concept de

nation est né à l’époque de modernisation dont les plus importantes dynamiques sont la

sécularisation et la laïcisation. La nation a été conçue comme une alternative aux

communautés religieuses. Malgré cette incompatibilité, pour la plupart du temps

l’homogénéité d’une communauté définie comme la nation est perçue en référant à la religion.

Certaines structures politiques défendent l’idée consistant en la réalisation d’une homogénéité

à l’intérieur des frontières politiques par la domination d’une seule croyance religieuse. Par

exemple, les divisons nationales des peuples d’origine slave sont basées sur l’élément de

religion. C'est la religion qui sépare les nations bosnienne, croate, serbe qui parlent la même

langue et qui viennent de la même origine éthnique.

Après avoir examiné tous ces éléments de la nation, nous reprenons les mots de Ernest

Renan, « l’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours de

fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine

d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. »19

Le cinquième élément, l’image d’ennemi se différencie des autres éléments en portant

un caractère négatif. En se définissant, les groupes éthniques accentuent sur leurs différences

par rapport aux autres groupes au lieu de mettre l’accent sur leurs propres particularités. Le

facteur principal de cet élément est le fait que la plupart des États-nation a passé d’une lutte

d’indépendance ou bien ils ont subi d’une occupation juste après leur construction. La force

contre laquelle la lutte est faite forme l’image d’ennemi. Le service militaire obligatoire est le

moyen le plus important pour assurer la continuité de cette image. Le service militaire

obligatoire a une double fonction: Premièrement, le concept de l’unité prend une forme

18 ERÖZDEN Ozan, ibid., p. 112 19 RENAN, Ernest; op.cit.

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concrète chez l’individu qui participe à la défense de la patrie contre l’ennemi; deuxièmement

l’armée fonctionne comme une “école de citoyenneté”.20

II. Nationalisme: Idéologie dominante d’États-nation

Le phénomène du nationalisme est étroitement lié à la nature de l’État moderne: à la

différence des grands empires à la base agraire, qui étaient organisés comme des mosaïques

et qui visaient à la domination mais non à l’homogénéisation de leurs groupes constitutifs, les

États-nation de l’ère industrielle reposent sur la superposition de la souveraineté territoriale et

de l’homogénéité culturelle.21

Tous les individus d’une même nationalité devaient vivre dans le même État, à

l’exclusion de tout individu d’une autre nationalité. Par ailleurs, le fait que ni la notion de

« peuple » ni celle de « nation » ne possèdent de définitions universellement admises n’a

guère affaibli mais plutôt facilité l’émergence des revendications nationales, notamment en

Amérique latine, à la suite de la décolonisation, et au sein de la Russie, de l’Autriche-Hongrie

et de la Turquie, les trois grands empires multinationaux où s’affirmeront les revendications

nationales des polonais, des serbes et des grecs.22

Le nationalisme peut être défini comme une idéologie qui place la nation au centre de

ses intérêts et qui cherche à promouvoir son bien-être. Cette définition reste un peu vague

parce qu’elle manque des fins générales du nationalisme telles que l’autonomie nationale,

l’unité nationale et l’identité nationale. Selon les nationalistes, une nation ne peut pas vivre

sans atteindre à un degré suffisant de ces fins. Donc, on peut définir le nationalisme de

nouveau en partant de ces fins générales comme suivant: “c’est un mouvement idéologique

pour atteindre et maintenir l’autonomie, l’unité et l’identité pour une population dont les

membres constituent une ‘nation’ actuelle ou potentielle.”23

Alors qu’il existe plusieurs types de nationalisme possédant de différents caractères,

on peut quand même distinguer les propositions communes dans chacune de ceux-ci. On peut

les résumer comme suivant:24

- le monde est divisé en nations, chacune à son propre caractère, sa propre histoire et

destinée

- la nation est la source essentielle de la puissance politique

20 CHABOT, Jean-Luc; op.cit.; p. 24. 21 “État-nation” in www.fr.encyclopedia.yahoo.com/articles 22 Ibid. 23 SMITH, Anthony D., “Nationalism; Theory, Ideology, History”; Cambridge, 2001, p. 9 24 SMITH, Anthony D.;ibid.; p. 22

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- la fidélité à la nation dépasse toutes les autres fidélités

- pour être libre, chaque individu doit appartenir à une nation

- chaque nation nécessite d’une pleine auto-expression et d’une autonomie.

- la paix et la justice globales exigent un monde des nations autonomes

A. Conception wébérienne du nationalisme

Weber présente sa théorie de la nation à la Conférence des sociologues allemandes

comme «communauté de sentiment» se référant à la dichotomie communauté - société.25 Pour

Weber «le concept de nation appartient à la sphère des valeurs». La langue commune ne

constitue donc pas nécessairement une condition à la constitution de la nation.26 Proche du

point de vue de Renan, Weber fait remarquer que le sentiment national dépend surtout du

«souvenir» d’un destin commun. Selon lui, le sentiment national n’est nullement basé sur «un

sang commun», néanmoins il implique l’idée d’une «descendance commune». Par ce point de

vue, Weber se rapproche à l’idée du sentiment de solidarité unissant des « communautés

ethniques »27.

Weber accorde une importance à la dimension subjective et a tendance à abandonner

les facteurs strictement objectifs. Par exemple, la Suisse ne constitue pas une nation du point

de vue linguistique ou culturel, mais son sentiment de constituer une communauté nationale

repose sur des coutumes « senties subjectivement »28. Pour lui, la nation s’inscrit dans « une

légende d’une mission providentielle » qu’elle véhicule afin de remplir sa véritable « mission

culturelle » : fondée sur la certitude de la « supériorité, du caractère irremplaçable de sa

culture propre »29. Pour lui, l’affiliation nationale ne doit pas nécessairement reposer sur un

sang commun. De même, il ne serait pas hors du propos de se baser sur l’anthropologie pour

définir la nationalité, cependant ce n’est ni suffisant ni indispensable à la formation de la

nation. Aussi, le sentiment de solidarité éthnique n’est pas constitutif en lui-même de la

nation.

Weber construit une relation entre le concept de nation et la puissance politique.

« National » signifie donc quelque chose d’unitaire et une sorte de passion spécifique. Dans 25 BIRNBAUM, Pierre; “Sociologie des Nationalismes”; p. 10. Cette dichotomie est proposée par Tönnies qui prend en considération le rôle de l’État dans la transmission de la culture et, estime qu’avec la démocratisation de la culture les masses valorisent la langue nationale. 26 BIRNBAUM, Pierre; ibid., p. 10 27 Ibid., p. 11. Le mot “ethnie” a une signification assez précise chez Weber. Il l’utilise pour accentuer sur la subjectivité des valeurs qui constituent une nation. 28 Ibid., p. 11 29 Ibid., p. 11

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un groupe d’hommes unis par la communauté de langue, de confession religieuse, de mœurs

ou de destin, cette passion se liera à l’idée d’une organisation du pouvoir politique. Donc,

l’approche wébérienne de la nation, centrée sur les valeurs partagées, annonce la ferveur à

l’État, l’orgueil passionné de la puissance politique possédée par la communauté30.

Tandis que l’ethnie demeure largement imaginée chez Weber, la nation s’inscrit dans

le réel comme elle se trouve prise en charge par l’État. L’idée de « supériorité », de « mission

providentielle » impartie à la nation « homogénéisée » justifie un nationalisme menant à la

construction d’un État détenteur de la violence légitime, contrôlant le territoire et l’ensemble

des citoyens. Weber accorde donc au nationalisme un rôle réel dans l’émergence d’une nation

structurée en État. Pour lui, le nationalisme est un phénomène appartenant à la modernité31.

B. Nation : Est-elle un concept moderne ?

D’après l’idéologie nationaliste, l’identité nationale est propre aux individus, c'est à

dire aux sociétés. Elle la présente comme une expression d’une « essence » sprituelle ou

naturelle. Les nations qui s’appuient sur les identités nationales prennent leurs places sur la

scène de l’histoire avec l’émergence de cette « essence nationale ». A ce stade, une question

fondamentale des théories du nationalisme surgit: « la nation est-elle un concept appartenant

aux temps modernes, est-elle le fruit de la modernité ou bien est-ce qu’elle a des liens avec les

communautés pré-modernes, est-elle une expression d’une culture déjà existant et qui

développait au cours de l’histoire? » Cette question sépare les théoriciens du nationalisme. On

peut les qualifier généralement comme les primordialistes et les modernistes. Pour les

premiers, la nation demeure inchangée dans ses « stades géologiques », elle conserve une

essence identique à travers le temps, et les nationalistes, tels des archéologues, font résurgir

des cultures, des identités, des héritages au nom desquels ils justifient leurs mobilisations.

Pour les modernistes, la nation et le nationalisme s’épanouissent uniquement à l’âge moderne,

ils sont dépourvus de tout lien avec quelconque passé éthnique. Les théoriciens de l’approche

éthno-symbolisme32 qui constitue une place entre le primordialisme et le modernisme

considèrent la nation comme étant un concept moderne, cependant ils défendent que les

nations s’appuient sur un sentiment d’éthnicité et de culture qui existe dans l’histoire depuis

30 Ibid., p. 12 31 Ibid., p. 12 32 SMITH, Anthony D.; op.cit., pp. 45-61. Selon la classification de Anthony D. Smith, il existe quatre courants concernant les théories du nationalisme: pérennialisme, primordialisme, modernisme, ethno-symbolisme-symbolisme. Smith se déclare parmi les tenants de la thèse ethno-symbolisme et il le distingue de la thèse primordialiste. Dans cette recherche, je prends deux thèses du nationalisme (primordialisme et modernisme) et considere l’ethno-symbolisme parmi la thèse primordialiste.

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longtemps. Le fameux débat entre Ernest Gellner et Anthony D. Smith déroulé le 24 octobre

1995 à l’Université Warwick, montre les contradictions entre les deux approches; le

modernisme et l’éthno-symbolisme. Smith en tant que l’un des théoriciens le plus important

de l’approche ethno-symboliste défend que les modernistes comme Gellner ne raconte pas

toute la narration quand ils définissent les nations comme un corollaire des conditions

économiques, politiques et sociale. Smith accentue sur l’éthnicité qui se trouve à l’origine des

nations en disant “nihil ex nihilo”. A l’autre côté, selon Gellner il est suffisant de parler de la

moitié de la narration parce que l’aspect culturel préexistant ou la continuité culturelle n’est

pas importante pour les nations. La culture pré-moderne et la culture moderne ne sont pas les

mêmes.

Soit les défenseurs de la thèse primordialiste, soit les tenants de la thèse moderniste se

réfèrent largement à la conception wébérienne de la nation et du nationalisme.

1. Thèse primordialiste

Les origines du primordialisme peuvent être retrouvées chez Rousseau dans son appel

de fuir de la corruption urbaine à la nature pour récupérer l’innocence perdue. Cette

conception naturaliste est bientôt entrée à la définition du fait d’être une nation. Selon l’Abbé

Siéyès, les nations doivent être conçues comme étant les individus hors du lien social. Dans

l’état de nature, elles existent seulement sous l’ordre naturel33 :

Les nations partagent avec le Dieu, le caractère d’exister avant de toutes autres choses et

d’être originaire de tous. Autrement dit, les nations sont primordiales; elles existent à l’ordre

premier du temps et se trouvent à la base des développements ultérieurs. Ce type de discours

naturalisateur a ouvert la voie pour les formes essentielles et organiques du nationalisme et

aussi a influencé les nationalismes volontaristes34.

Comme nous avons cité au dessus, il figure nombreux de wébériennes parmi les

défenseurs de la thèse primordialiste. Par exemple, pour Edward Shils la volonté de construire

une identité nationale remonte au Moyen Age et même à l’Antiquité dans la mesure où, à

partir des liens familiaux et éthniques, se forme une nation unie autour des liens primordiaux

de la descendance d’ancêtres communs célébrée à travers une langue spécifique. Le sentiment

d’appartenance éthnique sert de fondement à la communauté nationale organisée autour de

son État et favorise la réactivation des traditions liées au passé35. Un autre théoricien du

33 HOBSBAWM, Eric, Nations et Nationalismes depuis 1870 ; La Découverte, Paris, 1995; p. 35. 34 SMITH, Anthony, op.cit., p. 51 35 BIRNBAUM, Pierre, op.cit., p. 19

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nationalisme, Walker Connor se réclame aussi à Weber en insistant sur les « dissonances

éthniques » qui provoque pour lui la naissance des nationalismes contemporains dans l’ex-

Yougoslavie, dans l’ex-Union soviétique ou à travers le monde y compris en Europe

occidentale. Pour lui, contrairement à la thèse assimilationniste et pacificatrice36, la

modernisation et l’explosion de communication stimulent l’éthnicité au lieu de l’intégration

nationale. Le nationalisme éthnique donc bénéficie de la modernisation et l’éthnonationalisme

s’enracine dans la modernité, encourageant l’épanouissement de l’État-nation où

s’harmonisent éthnicité, culte des ancêtres et domination légale-rationale37.

Anthony Smith souvent présenté comme un défenseur du primordialisme se distingue

en effet des autres primordialistes. En se déclarant parmi les tenants de l’école de l’ethno-

symbolisme, il se réfère explicitement à Weber. On peut qualifier l’ethno-symbolisme comme

une école figurant dans le primordialisme. Il se distingue du primordialisme par son attention

aux éléments subjectifs des éthnies et à leurs influences dans la formation des nations et des

nationalismes. L’ethno-symbolisme donne plus d’importance aux éléments subjectifs de

mémoire, de valeur, de sentiment, de mythe et de symbole et il cherche à comprendre “les

mondes intérieurs” de l’ethnicité et du nationalisme38.

Selon Smith, le premier souci de l’éthno-symbolisme est de s’éloigner de l’analyse

moderniste qui est basée sur les élites. Les éthno-symbolistes soulignent la relation entre les

élites variées et les couches inférieures (le peuple). Les non-élites influencent l’intelligentsia,

les leaders politiques et les bourgeois en dictant leurs innovations. Le deuxième souci

concerne l’analyse des motifs sociaux et culturels à la longue durée. C'est-à-dire, en

conduisant des investigations sur les plusieurs générations et voire pendant des siècles que

l’on peut révéler les relations compliquées entre le passé, le présent et le futur et la place des

éthnies et des nations dans l’histoire. Troisièmement, pour les éthno-symbolistes, ce qui est

important est que comment les formes antérieures de l’identité collective peuvent influencer

la naissance des nations. De l’un côté, les nations peuvent être considérées comme les formes

spécialisées (territorialisée, politisée, etc.) de l’éthnie. De l’autre côté, les nations et les

éthnies sont des formes de l’identité culturelle collective qui peuvent coexister ou compléter

l’un à l’autre. Il s’agit des plusieurs éthnies résidant dans les frontières de la communauté

politique d’une nation. En résumé, le nationalisme et les nations, loin d’être liés

36 BIRNBAUM, Pierre, ibid., p. 19. Cette thèse est proposée par Karl Deutsch, dans son ouvrage “Nationalism and Social Communication”, qui est un théoricien de nation-building. 37 BIRNBAUM, Pierre, ibid., p. 20. 38 SMITH Anthony D., op.cit., pp. 57-58.

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exclusivement à la modernité, sont des parties d’une large famille éthno-culturelle des

identités collectives et des aspirations.

Selon Smith, la survie d’une éthnie est conditionnée à l’accueil des attributs de la

nation et à l’adoption de ceux-ci à la dimension civique. Il faut qu’une éthnie entre dans le

processus de centralisation, de rationalisation, de territorialisation jusqu’à se reconstituer

comme un ensemble de citoyens. Donc, a ses yeux, le nation-building se fonde sur une

histoire éthnique préservée et re-imaginée, et le nationalisme, dans ses formes modernes

transfigure des identités anciennes. Pour lui, « l’éthnie » constitue le cœur de la nation. Il

inscrit son analyse dans le cadre d’une sociologie de l’État classique en soulignant que même

la construction des États-nations en France, Angleterre, Espagne continue de reposer sur « un

cœur éthnique » qui peut être facilement réactivé. Le nationalisme, donc selon lui, est « une

idéologie destinée à atteindre l’unité et l’identité d’une population mise en œuvre par certains

de ses membres afin qu’elle se constitue en nation ». Les intellectuels de la nation, à travers

de leurs discours, en élaborent la signification. Le nationalisme s’inscrit aussi bien dans le

processus de nation-building que dans le surgissement de mouvements réactifs menant à des

mobilisations réactionnaires au fondement éthnique, y compris dans les sociétés tournées vers

le civique que vers l’organique. Il attire l’attention sur l’inclusion récente de dimensions

éthniques au sein de nations tournées vers le civique mais qui se trouve confrontées à une

forte immigration en provenance des ex-pays colonisés. Comme on le voit, Anthony Smith

construit une sociologie du nationalisme à mi-chemin des strictes théories primordialistes et

des interprétations modernistes les plus extrêmes39.

2. Thèse moderniste

La Déclaration des droits de l’Homme et des Citoyens de 1789 stipulait; “ la source de

toutes souverainetés réside essentiellement dans la Nation: Personne ne peut exercer l’autorité

qui n’émane pas expressément de celle-ci.40 Une année après, les français célébraient “la Fête

de la Fédération”. Comme la Révolution procédait le ferveur populaire a augmenté. Un

39 BIRNBAUM, Pierre, op.cit., pp. 20-22 40 SMITH, Anthony D., op.cit., p. 43.

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nouveau drapeau est adopté avec un nouvel hymne national. Le régionalisme a été enrayé

pour créer “la république une et indivisible”.41

Tout ces faits montrent une seule chose: la naissance d’une nouvelle nation de la

France sous la forme de la République de la France. Une telle nation-building était

essentiellement un procès moderne qui n’a aucune parallèle avant 1789. Avant cette date, il

n’existait pas d’une idéologie du peuple souverain partageant une histoire et une culture

communes, auquel la fidélité suprême est due et pour lequel des sacrifices doivent être faits. Il

n’existait, aux époques antérieures, ni la question de mobiliser le peuple pour le faire

participer à la politique centrale, ni la nécessité pour les hommes de devenir les citoyens

actifs. Comme le résultat, il ne s’agissait ni de l’infrastructure et des institutions pour

répondre aux besoins et intérêts des citoyens, ni de l’éducation publique standardisée.

En tant qu’un processus de nation-building et qu’une idéologie et mouvement, le

nationalisme et ses idées concernant l’autonomie, l’unité et l’identité nationales, sont

relativement des phénomènes modernes, qui ont placé la nation souveraine, unie et unique au

centre de la scène politique.

En bref, l’approche moderniste affirme que le nationalisme est le produit de la

modernité. Mais ce n’est pas seulement le nationalisme qui est moderne, les nations, les États-

nations, les identités nationales et la communauté internationale sont aussi des concepts

modernes.

Les théoriciens de thèses modernistes se réclament aussi de la tradition wébérienne en

retenant son insistance sur la radicale nouveauté de la création d’un État homogénéisateur de

la nation42. Les théoriciens les plus importants de cette école sont Ernest Gellner, Elie

Kedourie, John Breuily, Anthony Giddens, et Benedict Anderson. Les thèses de Gellner et

d’Anderson constituent une place importante pour la présente recherche, car “la construction

de la nation turque” porte des caractéristiques convenables à ces thèses.

Ernest Gellner considère le nationalisme comme une conséquence inévitable du

passage à la modernité par lequel toutes les civilisations du monde ont été touchées depuis le

18e siècle.43 Le nationalisme était sociologiquement nécessaire dans le monde moderne. Dans

l’approche de Gellner, la modernisation est caractérisée par l’industrialisation et ses

concomitants sociaux et culturels. La modernisation a créé un nouvel type de société

industrielle nécessitant une main-d’œuvre mobile et élevée qui est capable d’engager dans le

41 HOBSBAWM, Eric ; op.cit., p. 235. 42 BIRNBAUM, Pierre, op.cit., p.23. 43 ROGER, Antoine; op.cit.; p. 19.

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travail sémantique et dans la communication “sans - contexte”44. Dans les sociétés modernes

et industrielles la structure est remplacée par la culture. La langue et la culture sont devenues

le ciment d’une société atomisée qui se base sur des individus déracinés et détraditionnés qui

ont été du s’intégrer à la machine industrielle. La seule identité acceptable pour des individus

était la citoyenneté basée sur l’éducation et la culture. Pour Gellner, pour pouvoir devenir un

citoyen, il faut être éduqué par l’éducation publique de masse, obligatoire et standardisée,

fournie par l’État.

Puis, Gellner démontre la raison pour laquelle il ne pourrait exister ni nation, ni

nationalisme dans les époques pré-modernes. D’après lui, il n’y avait pas le besoin ou l’utilité

de ces concepts dans les sociétés “agro-literate”45. Ces sociétés ont été réglées par les petites

élites qui ne partageaient pas leur culture avec la grande masse des producteurs alimentaire.

De plus, ces sociétés ont été subdivisées en diverses cultures linguistiques dont les griefs

n’ont jamais pris une forme nationale. Même le clergé, la seule couche ayant le désir de

monopoliser la culture, ne possédait pas des ressources suffisantes pour le réaliser.

Ensuite, Gellner utilise le terme “haute culture” pour signifier une culture non-élite,

mais une culture publique éduquée et standardisée qui est supportée par les spécialistes.

Gellner montre les contrastes de cette “haute culture” avec les cultures basses incultes. Ces

dernières sont des caractéristiques des sociétés pré-modernes, mais elles ne peuvent pas

survivre dans les conditions modernes; elles deviennent soit des “hautes cultures”, soit elles

périssent.46

Gellner accentue sur les nouveautés sociologiques et historiques des nations et du

nationalisme qui pourraient contenir les éléments des cultures préexistantes, mais qui ne les

nécessitent pas. Selon Gellner, les parcelles culturelles utilisées par le nationalisme sont

souvent des inventions historiques arbitraires.47 Il argument que les nations ont été créées

dans le 18e siècle et avant cette date rien n’importait.

Pour Gellner, l’idéologie nationaliste est largement hors de propos et erronée. Les

nations n’étaient pas des faits prédestinés et les humaines n’ont pas le besoin d’une nationalité

naturellement. C'est la modernité qui nécessite la formation des nations et qui font les

nationalités paraître comme des faits naturels. La modernité émerge inévitablement sous la

forme de nationalisme et le nationalisme crée les nations: le nationalisme invente les nations,

mais en ce faisant, il a le besoin de quelques marques de distinctives préexistantes. Pour 44 Ibid.; p. 23. 45 terme utilisé pour signifier les sociétés où les paysans sont alphabétisés. 46 ROGER, Antoine; Ibid., p. 20. 47 SMITH, Anthony D., op.cit., p. 65.

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Gellner, il n’importe pas la forme ou l’intensité du nationalisme ou les conjonctures dans

lesquelles il prend la forme. Car, il n’a aucun pouvoir actif ou directif, selon la théorie de

Gellner le nationalisme devient une forme culturelle nécessaire. En somme, le nationalisme

perçu par Gellner n’a pas de lien avec la définition du nationalisme générale que j’ai utilisé au

début de ce titre: les idéologies et les mouvements par lesquels le peuple recherche l’unité,

l’identité et l’autonomie pour leur nation.

Pour Gellner, le nationalisme est une forme culturelle prise par l’industrialisme, et les

idéologies nationalistes ne possèdent pas d’une puissance de désorienter le peuple mais elles

simplement masquent le bon fonctionnement de la culture industrielle48.

Un autre théoricien, Benedict Anderson, constitue une place importante pour la

recherche présente. Dans son œuvre “L’imaginaire national”, il définit la nation comme une

communauté politique imaginaire. 49

Selon Anderson, les nations sont basées sur les communautés-imprimées natales,

autrement dit, sur des langues-imprimées natales et sur des littératures natales- principalement

des romans et des journaux qui reflètent la communauté. La croissance du nombre des

individus alphabétisés est aidée par la montée des langues centralisées de l’État qui donne un

sens de stabilité aux langues particulières dans les domaines territorialement discrètes. 50

Dans l’approche d’Anderson, une révolution de la conception du temps est aussi

importante. Dans les périodes antérieures le temps a été conçu comme étant messianique et

cosmologique, tandis qu’aujourd’hui le temps et perçu comme étant homogène et linéaire. Les

événements sont attachés aux mesures de calendrier et de horloge.51

Derrière ces développements historiques pré-modernes, se trouvent des changements

sociaux et des conditions pérenniales. Ces grands changements comprennent le déclin des

communautés sacrées (des grandes religions) et des hauts centres monarchiques (des grands

empires) qui ont laissé une espace politique et culturelle pour la montée des nations.

La nation est imaginaire parce que même les membres du groupe le plus petit ne

connaissent pas la plupart des membres du groupe, ne leur rencontrent pas. Il s’agit seulement

d’une image de leur communion dans l’esprit de chacun. Renan a référé à ce sens imaginaire

en écrivant « l’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en

48 Ibid., p.68. C’est la différence essentiel entre Gellner et Kedourie. Quand on regarde à l’analyse de Kedourie qui est un théoricien moderniste, on voit qu’il considère le nationalisme en tant qu’une doctrine de “volonté”. De plus, pour Kedourie, les idéologies nationalistes déorientent et finalement détruisent le peuple. 50 Ibid., p. 79. 51 ANDERSON, Benedict; Hayali Cemaatler; Metis Yayınları, İstanbul, 1993, p. 23

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commun, et que tous aient oublié bien de choses »52. Chez Gellner aussi on peut trouver une

remarque semblable: « le nationalisme n’est pas le fait de se rendre compte de sa propre

conscience. Il invente les nations qui n’existaient pas ». Cependant, il existe une différence

entre Gellner et Anderson. Dans la théorie de Gellner, le nationalisme assimile l’invention à la

fabrication et à la fausseté, tandis que chez Anderson il l’assimile à l’imaginaire et à la

création. Pour Anderson, toutes les communautés qui sont plus grandes que les villages

primordiaux où il existe du contact face-à-face, sont imaginaires. Les communautés doivent

être distinguées non pas par leurs faussetés-réalités, mais par le style dans lequel elles sont

imaginées.

La nation est imaginaire limitée parce que même la plus grande a un fin, au-delà des

frontières il se trouve une autre nation. Aucune nation n’imagine soi-même au niveau de

l’humanité. Même les plusieurs grands nationalistes messianiques ne rêvent pas qu’un jour

tous les membres de l’humanité se joindraient.

La nation est imaginaire souveraine, parce que le concept est né à l’époque des

Lumières et de Révolution où la légitimité de la dynastie hiérarchique et divine à été détruite.

Les nations rêvent d’être libre. La porte et l’emblème de cette liberté sont l’État souverain53.

Elle est une communauté imaginaire, parce que la nation est conçue en tant qu’une

camaraderie profonde et horizontale. L’existence des nations dépend de deux conditions

pérenniales: de la fatalité de la diversité linguistique globale et de la recherche universelle de

l’immortalité qui pourrait empêcher l’oubli. C'est juste cette immortalité qu’une nation peut

conférer en accomplissant à travers de la postériorité de quelqu’un, à un membre qui n’est pas

encore né de la communauté. Finalement, c'est cette fraternité qui le rend possible, pour plus

de deux siècles, pour les millions des gens, mourir volontairement pour un tel imaginaire

limitée.54 Ici, Anderson, touche au problème central de la passion et de l’attachement à la

nation. Selon Anderson, nous sommes tous prêts à se sacrifier seulement pour ceux qui sont

considérés comme étant noble et désintéressé, comme la famille ou la nation. C'est parce que

nos identités, exigences et intérêts, notre survie sont liés aux et dépendent de ceux qui sont de

“notre famille” ou de “notre nation”, auxquelles nous nous sentons une telle dévotion que

nous sommes prêts à se sacrifier pour eux. Cela rendre les nations, de l’un côté des

52 RENAN, Ernest; op.cit.; p.31. 53 www.nationalismproject.org. 54 www.nationalismproject.org.

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communautés d’émotion et de volonté, à l’autre côté des communautés d’imagination et de

cognition.55

Mais est-ce que ces communautés qu’elles soi d’émotion ou d’imaginaire, ne subit aucun

changement ? Etant fruit des conditions spéciales que nous avons étudiées dans les chapitres

précédents, la nation conserve toujours la même imaginaire ou elle aussi elle prend a son tour

de nouvelles formes au fur et a mesure que les scènes politiques, économiques et sociales se

succèdent sans arrêt ?

SECTION 2 : Remise en cause de l’État-nation auprès de la Construction Européenne

Depuis environ deux siècles, c’est dans le cadre de l’État-nation que les démocraties

européennes ont pu se développer en adoptant et concrétisant les valeurs du libéralisme

politique: respect du l’autonomie individuelle, de la réflexion et du choix personnels,

protection des droits et libertés individuels, traitement égalitaire des citoyens de la part d’un

État neutre et impartial. Aujourd’hui ces valeurs humanistes sont largement acceptées, et le

modèle de l’État-nation est devenu un modèle copié en dehors du monde occidental. Pourtant,

avec le phénomène de la mondialisation, une question se pose: est-ce que l’État-nation peut

encore être considéré comme le garant et soutien de la démocratie? Et plus encore, comment

préserver la démocratie sur le territoire européen où l’intégration accentue le phénomène de

dénationalisation tout en essayant de préciser les contours d’une citoyenneté européenne.

Né dans l’Europe des 16e et 17e siècles et devenu un modèle mondialement adopté à

partir du 19e siècle, l’État-nation est aujourd’hui confronté aux nombreuses limitations. Les

mutations techniques, économiques et sociales du monde menacent la souveraineté territoriale

absolue. Les flux d’informations, de personnes, de capitaux, de matières premières sont de

plus en plus internationaux et cette situation rend les frontières perméables. Habermas indique

que l’État moderne est d’abord né en tant qu’État administratif (une spécialisation

fonctionnelle lui permettant de prendre des décisions engageant la collectivité) et en tant

qu’état fiscal (pour financer les fonctions administratives)56. On le constate donc, avec la

perméabilité des frontières, que les fonctions administratives de l’état-nation sont confrontées

à des risques qui ne respectent aucune frontière comme la catastrophe de Tchernobyl, les

55 SMITH, Anthony D., op.cit.; p. 80 56 CAPDEVIELLE, Jacques; “Après l’État- nation: portée et limites de l’apport habermassien pour penser la crise actuelle des modes de légitimation politique” in www.attac.org/fra/list/doc/capdeville.html

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pluies acides, criminalité organisée. A l’autre côté, les fonctions fiscales de l’état sont

tributaires de la pression de capitaux de plus en plus mobiles.

A travers la formation des blocs militaires ou le développement des réseaux

économiques, on a vu naître des instances politiques qui permettent de gouverner au-delà de

l’État-nation: FMI, Banque mondiale, GATT, ALENA, ASEAN, Union européenne. Avec ce

passage de niveau national au niveau supranational, le monde devient plus inter-connecté. Le

rôle de l’État-nation est défié et mis en question par l’émergence de ce processus global.

Le rôle de l’État peut être analysé en deux manières. De l’un côté, l’État peut être

considéré comme le véhicule pour la diffusion globale du progrès économique et technique.

De l’autre côté, il peut être présenté comme étant la source de violence et de répression, et

comme une barrière fondamentale à l’unification du monde. Il est possible à la fois

d’argumenter que l’État est affaibli par le défi de la mondialisation, et qu’il est renforcé par

les changes découlant de la mondialisation. De même, on peut considérer la puissance

technologique, économique ou militaire comme une menace contre l’État-nation, ou bien on

peut la voir comme un élément le renforçant pour contrôler ses citoyens et sa vie sociale.

Cette section de la recherche concerne à l’interrogation de la place et des missions de

l’État-nation dans le processus de la Construction européenne.

I. Comment la globalisation affecte-t-elle l’État-nation ?

L’étude des politiques internationales encore examine l’État en tant que l’élément

principal du système international. De plus, l’approche traditionnelle de la science politique

étudie le politique comme qu’il se produise soit à l’intérieur, soit parmi des États

indépendants. Cependant, le problème émerge sur la question « les activités politiques

vraiment résultent des actions autonomes des gouvernements des États indépendants? » Une

autre question qui se pose « pourrait-il être possible d’inventer une nouvelle forme de

l’identité nationale? »

A ce stade, pour pouvoir mieux examiner le cas de l’État-nation face à la

mondialisation, nous jugeons nécessaire d’accentuer sur deux concepts fondamentaux de

l’État-nation : Indépendance nationale et identité nationale qui sont les concepts largement

argumentés par les nationalistes dans leur position contre l’UE. D’abord, nous allons

examiner l’indépendance nationale en se référant à l’analyse de Goldmann qui divise ce

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concept en quatre aspects principaux: la souveraineté, l’autonomie, l’autarcie, et

l’autodétermination57.

Premièrement, le concept de « souveraineté » qui constitue un caractère ambigu dans

la science politique contemporaine sera examiné dans le sens d’autorité. C’est un droit légal

d’utiliser l’autonomie, non pas l’indépendance actuelle. Alors, on est confronté à deux types

de souveraineté: souveraineté interne et externe. La première réfère à la source ultime

d’autorité légitime à l’intérieur de l’État. De l’autre côté, la souveraineté externe indique la

reconnaissance de l’État par d’autres États en tant qu’un possesseur légitime des droits

déterminés par le droit international. En ce qui concerne la souveraineté externe de l’État, la

capacité de déclarer la guerre mérite discussion. Depuis 16e siècle jusqu’à la période de la

Guerre froide, la caractéristique principale de l’État moderne était le pouvoir de faire la guerre

et posséder le droit sur les biens et sur les vies de ses citoyens pendant la guerre. Les

nationalistes argumentent leurs discours militaristes en faisant référence à ce droit de

proclamer une guerre des États. Pourtant, le développement des armes nucléaires durant la

Guerre froide abandonnait la souveraineté des « États nucléaires », et créait un monde

moderne qui limite les guerres, qui donne aux autres États la compétence de contrôle et qui

prévoit un réseau d’information sur les actes militaires58. Il existe néanmoins les conflits entre

les petits États, la menace du terrorisme qui est le problème essentiel des pays développés.

Les nationalistes prétendent que ces nouvelles menaces contemporaines sont dues au système

occi-centrale qui a atteint à son apogée par le phénomène de la mondialisation. En

conséquence, les États ont des difficultés dans le monde d’aujourd’hui de légitimer leurs

guerres, car les relations internationales du monde contemporain sont déterminées et limitées

par les conventions bilatérales et multilatérales. Les États ne plus utiliser la guerre pour

indiquer leurs souverainetés. Cependant, il sera faux de dire que l’État-nation est en déclin,

mais l’État ne peut plus définir son existence par la possession des instruments de force sur un

territoire particulier.

Ensuite, Goldmann accentue sur le concept de l’autonomie en tant qu’un élément de

l’indépendance nationale. Il le définit comme étant le contrôle actuel. Précisément,

l’autonomie d’un État est mesurée par sa propre capacité de résoudre les problèmes et par son

niveau de liberté concernant l’intervention aux relations sociales59. L’opposition des

57 GOLDMANN, Kjell; “Transforming the European Nation-State: Dynamics of Internationalization”; FYT, London, 1996, p.60 58 HIRST, Paul; GRAHAME Thompson; “Küreselleşme Sorgulanıyor”; Birikim Yayınları, İstanbul, 1993, p. 212. 59 GOLDMANN, Kjell; op.cit., p. 63

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nationalistes au processus de l’adhésion de la Turquie à l’UE prend sens à ce point

indépendantiste.

Un autre théoricien, Keohane, définit un État autonome comme étant un état qui

« décide lui-même comment se démêler des problèmes externes et internes, y compris la

décision de chercher ou de ne pas chercher assistance des autres États en limitant sa liberté

par certains engagements ». En faisant une telle définition de l’autonomie, Keohane l’évalue

par le terme de l’efficacité. Le problème de l’autonomie de l’État dans le processus de la

mondialisation émerge à la suite de mise en question de la capacité économique des états-

nations. Il y a deux approches parmi les théoriciens faisant des recherches sur la question de

la mondialisation. Les tenants de la « théorie de globalisation » accentuent sur les firmes

transnationales et sur les forces du marché global, et affirment que ces deux acteurs ne

dépendent pas à la gouvernance publique. Le système global est dirigé par la compétition des

marchés et les politiques publiques ont un rôle secondaire. Ce point de vue considère les

gouvernements comme étant les municipalités du système60.

De l’autre côté, les critiques orientées à cette théorie interrogent la nature de

l’économie internationale en indiquant qu’il n’est encore formé un tel système économique et

que certains états continuent à dominer sur le système économique international. En dépit de

leurs caractères supranationaux, les firmes ne peuvent pas créer les circonstances convenables

pour leurs croissances et investissements. La stabilité de l’économie internationale peut être

assurée seulement par la détermination par les États des standards et des cibles communs de

gouvernance. Donc, une participation commune des États est nécessaire pour une telle

régulation internationale61. On voit cependant que les critiques formulées sur la « théorie de

globalisation » restent loin d’expliquer les problèmes des petits États dont les économies sont

ouvertes à toutes influences des marchés globales. C’est impossible pour ces États de

surmonter les grands marchés commerciaux comprenant les firmes transnationales qui

possèdent des budgets riches, large capacité d’investissement, l’expertise technique. Même les

pays le plus développés confrontent à des difficultés en faisant face à des grands blocs

politiques, économiques et militaires à moins qu’ils ne prennent place dans l’un comme

OECD, G8, UE et OTAN.

Le développement de la communication de masse et l’innovation technique des

systèmes d’information provoquent que les événements qui se sont déroulés dans une partie

du monde aient des effets immédiats dans d’autres parties. De plus, on assiste à une mobilité

60 HIST Paul, GRAHAME Thompson, op.cit., p. 210 61 Ibid., p.221.

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26

de population de grande envergure. Les Accords de Schengen, le programme Socrates de

l’UE constituent l’exemple le plus précis de cette mobilité. Pour les nationalistes ce type des

programmes signifie la dégradation de la culture turque. Toutefois, malgré tous ces

développements il est difficile de dire que le monde est devenu « un lieu ». Il existe encore les

frontières de l’État-nation et les états possèdent encore le contrôle sur ses frontières. Il

détermine encore qui peut devenir son citoyen et qui peut entrer de son territoire.

Troisièmement, Goldmann présente le concept d’autarcie dans le sens de « la capacité

d’un État de se suffire et de produire ses besoins pour sa survie »62. Le terme « besoins »

comprend toutes les ressources naturelles, agriculturelles et militaires tel que l’alimentation,

l’énergie, les armes, voire les systèmes de communication, etc. Ce qui est primordial diffère

d’un état à l’autre. En prenant en compte la large définition des « besoins » et le fait de

spécialisation, il serait difficile d’indiquer un État qui obtient une autarcie complète. Les

nationalistes prétendent que les ressources naturelles de la Turquie (et des pays turcophones)

seraient suffisantes si elles ne soient pas exploitées pas par des états impérialistes.

Le dernier concept de l’analyse de Goldmann, c’est l’autodétermination. En étant un

principe introduit au droit international après la Ière Guerre mondiale, il implique le droit de

disposer les peuples eux-mêmes. Aujourd’hui, le terme est aussi utilisé pour indiquer le droit

du peuple d’élire ses gouverneurs. En ce qui concerne la mondialisation touchant à

l’autodétermination est que l’application du ce principe peut aussi résulter comme

l’intégration à une organisation supranationale telle que l’Union européenne. Donc, une autre

question émerge : est-ce que la mondialisation politique cause aux nations d’abandonner leurs

droits d’autodétermination en utilisation ce droit?

A ce stade, il nous semble nécessaire d'observer les caractéristiques supranationales de

l’Union européenne pour mieux aborder la question ci-dessus et la position des nationalistes

face à l’intégration européenne.

II. Supranationalité de l’Union européenne à l’égard de l’État-nation

L’Union européenne (UE) a été créée par le Traité sur l’UE signé à Maastricht le 7

février 1992 et entré en vigueur le 1 novembre 1993. Elle est l’aboutissement du processus

commencé en 1951 avec la création de la Communauté européenne du Charbon et d’Acier

(CECA). Elle rassemble trois ensembles appelés « piliers ». Le premier est le pilier

communautaire à tendance fédérale comprenant les acquis de la Communauté économique

62 GOLDMANN, Kjell, op.cit., p.66

Page 27: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

27

européenne (CEE), de l’Acte unique et l’Union économique et monétaire. Le deuxième se

montre comme la politique étrangère et la sécurité commune. Finalement, le troisième pilier

correspond à la coopération policière et judicaire en matière pénale.

L’UE présente un système institutionnel hybride. La Commission européenne est un

organe supranational qui dispose du monopole de proposition, pour ce qui relève du domaine

communautaire, mais elle n’a pas de pouvoir de décision. Celui-ci est dévolu au Conseil des

Ministres qui vote les propositions de la Commission. Le Conseil peut voter à la majorité, ce

qui est un élément clairement supranational puisque des états s’étant opposés à un texte sont

obligés de l’appliquer s’il a été adopté. Cependant, il peut aussi, dans certains domaines,

comme le social et la fiscalité, voter à l’unanimité, ce qui constitue un élément

intergouvernemental préservant la souveraineté des états. De même, il reste toujours un

espace pour les états de décliner l’application des décisions des institutions communautaires

sous le prétexte de «l’ordre public».

Quant à la question du fédéralisme de l’UE, l’élément sans doute le plus fédéral du

système communautaire est le droit. L’existence d’une Cour de Justice des Communautés

Européennes (CJCE) constitue le fondement du fédéralisme européen puisqu’elle dispose de

l’autonomie de la chose jugée et que ses décisions s’imposent aux États membres. Un autre

point concernant la question du fédéralisme est la situation des régions. Les régions profitent

incontestablement de la construction européenne pour s’affirmer face à leur tutelle étatique.

La création du Comité des régions par le Traité de Maastricht confirme cette tendance à

dépasser le cadre étatique et à créer un lien direct entre régions et l’UE. Ce comité doit

obligatoirement être consulté par le Conseil des ministres et par la Commission pour qu’une

décision puisse concerner les collectivités locales. Il semble donc, difficile de sortir de

l’ambiguïté entre Europe des États et Europe Fédérale. Cette situation est due à l’existence de

deux légitimités dans la construction européenne; celle des États et celle de la Communauté. Il

s’agit de préserver à la fois les intérêts des États qui restent les acteurs principaux de la

construction européenne et continuent de garder leur souveraineté, et l’intérêt général de la

Communauté et de ses peuples. Les États ne souhaitent pas renoncer à la poursuite de la

Communauté parce qu’elle leur donne plus de poids économique et politique, mais nombre

d’entre eux demeurent attachés à leur souveraineté et à leurs spécificités. La construction

européenne essaie donc de trouver un équilibre entre ces deux objectifs. Mais cette recherche

d’équilibre cause à la complexité du système institutionnel qui le rend incompréhensible pour

les citoyens. A ce stade que l’importance de l’élaboration d’une constitution gagne le sens.

Page 28: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

28

En ce qui concerne la construction d’une identité nationale de l’état européen, il nous

semble raisonnable de référer à la thèse moderniste du nationalisme défendue par Gellner et

Anderson. Donc, l’intégration européenne peut être conçue comme étant un processus de

nation-building avec sa propre identité reformulée qui serait basée sur les valeurs et l’héritage

communs de l’Europe. Il existe des discussions sur l’héritage commun partagé par les

européens. L’héritage culturel que partagent les européens est le fruit d’une histoire

commune. En effet, la majorité des pays membres ont partagé un certain nombre

d’expériences telles que l’Empire romain et la mise en place d’un droit écrit, le christianisme

comme facteur structurant de l’Europe au Moyen Age, la philosophie des Lumières, la

Révolution industrielle avec le développement du capitalisme et de la protection sociale.

Malgré cet héritage commun, l’UE présente des diversités culturelles. Eventuelle adhésion de

la Turquie pose problème. Si l’on considère cet héritage commun en tant qu’un critère

d’adhésion, la Turquie serait exclue de l’Union. En effet, derrière le problème de

l’élargissement et l’héritage commun des européens, c’est la définition culturelle des limites

de l’UE qui est en question.

Par conséquent, il serait erroné de supposer que l’État-nation a totalement perdu ses

capacités ou qu’il reste fort qu’auparavant. Il prend une nouvelle position; il ne possède plus

un pouvoir directif, mais un statut pour légitimer et contrôler les formes de gouvernance. En

ce qui concerne le processus de l’intégration européenne, certaines directives européennes

sont élaborées en faveur de l’État-nation et ses institutions. La notion de «subsidiarité»

constitue l’un des bases de l’intégration qui indique l’utilisation du pouvoir public dans les

domaines locaux. Finalement, l’UE est une association volontaire et une organisation unique.

Ce n’est ni une fédération, ni une confédération d’États. Elle n’a pas de personnalité juridique

qui lui permettrait de conclure par exemple des accords avec des États extérieurs. Mais elle

possède des institutions fortes auxquelles les états membres ont transféré une partie de leurs

compétences.

CHAPITRE II. APERÇU HISTORIQUE DU NATIONALISME TURC

Les mobilisations nationalistes peuvent etre interpretées comme une réaction

automatique et spontanée à l’importation de modèles idéologiques étrangers. Il est aussi

Page 29: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

29

possible de voir en elles le résultat de dynamiques identitaires complexes générées par la

confrontation d’une société traditionnelle à la modernité et entretenues par la nécessité de

définir en conséquence les fondements de la collectivité.63

Les tenants de la théorie diffusionniste voient dans le nationalisme une idéologie née

en Occident (essentiellement en France, En Grande-Bretagne et en Allemagne) aux 18 et 19e

siècles, puis diffusée de manière indifférenciée sur la planète entière. Dans cette optique, les

entités nationales mobilisées tardivement n’ont d’autres possibilité que d’emprunter des

idéologies conçues pour d’autres peuples, en d’autres temps en d’autres lieux.64 De la,

procède cette différence, posée par Hugh Seton-Watson entre un nationalisme ancien (old

nationalism) maître de lui-même et apaise et un nationalisme moderne (new nationalism)

forme abatardie du premier, crispée et agressive.

Hans Kohn oppose de même un nationalisme politique et rationel, né en Occident, à

un nationalisme culturel et mystique, développé en Europe centrale et orientale, puis

rencontré en Afrique et en Asie. Le socond est une déformation du premier, au lieu d’être le

fruit d’un processus endogène.

Ces auteurs ne considerent pas le nationalisme comme la conséquence d’un

entrechoquement quasi minaral entre deux blocs de même configuration. La notion de bloc

demeure toutefois prégnante. Deux ensembles culturels compacts sont au fondement de deux

nationalismes différenciés. L’un de ces ensembles (occidental) constitue un socle parfaitement

adapté aux contours du nationalisme, sur l’autre ensemble (oriental), un nationalisme importe

et pose de guingois. Jamais l’idée ne se fait jour d’un nationalisme ne de matières ductiles et

fissiles, non point simplement mises en contact mais mélangées selon les modalités

complexes.

Elie Kedourie propose une autre forme d’argumentation diffusionniste, portée par Les

Lumières, une aspiration demiurgique à l’organisation rationnelle du monde provoque selon

lui une déstruction des répères anciens, un nationalisme réactionnaire prend forme. Cette voie

est empruntée dans un premier temps par les sociétés occidentales. Perturbée à leur tour par

une modernisation forcée, les sociétés d’Europe orientale et du Tiers-Monde cherchent

ensuite dans la même direction, et par une manière d’imitation, les moyens de leur

reassurance.65

63 ROGER, Antoine; “Les Grandes Théories du Nationalisme”; p. 73 64 BORA, Tanıl; “Milliyetçiliğin Kara Baharı”; Birikim Yayınları, İstanbul, 1995, p. 20 65 BORA, Tanıl ; Milliyetçiliğin Kara Baharı ; p. 19

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30

Les communites nationales restent considerées comme des blocs uniformes. Par une

étrange forme de replie théorique, elles ne paraissent pouvoir générer en sus qu’un

nationalisme uniforme.

Par-déla quelque distinctions, les adeptes de la théorie diffusionniste concoivent tous

le nationalisme comme l’attribut dont se dote une monade nationale pour répondre aux

troubles provoqués par une idéologie empruntée à d’autres monades.

Les analyses d’Antony D. Smith mettent quant à elles en évidence un processus

complexe melant défense d’une culture indigène et appropriation d’une culture allogène. Ce

processus se déploie selon les modalités différentes pour chacun des groupes sociaux. Qui

composent la collectivité nationale ?

La théorie de Smith n’est jamais présentée sous une forme ramassée: Il est fondé sur

l’idée que le nationalisme naît d’un heurt brutal entre les sociétés traditionnelles et la

modernité. Les valeurs ancestrales sur lesquelles reposait l’ordre établi volent en éclats sous

les assauts du progrès technique. Un nouveau modèle de société prend forme qui charri de

nouveaux codes culturels et un nouveau système de pensée. Ce choc de la modernité sème le

trouble parmi les intellectuels.

Selon Roger Antoine66, le nationalisme a pour fonction de faire vivre un modèle

politique désigné: démocratie-nation. Il sert en quelque sorte de recourroie entre deux

processus historiques. La construction de l’État et l’avennement de la démocratie

représentative. Il permet de référer le principe de souveraineté populaire au cadre territorial de

l’État. Cette logique est aujourd’hui remise en cause: L’État perdant progressivement toute

emprises sur son territoire, la démocratie-nation tend à devenir une enveloppe vide. Le

nationalisme ne peut lui rester soudé, il prend un caractère de plus en puls erratique.

Jusqu’à la fin du 18e siècle, une logique de territorialisation des identités politiques est

à l’œuvre. Pour consolider leur assisse géographique, les États qui se constituent doivent faire

en sorte que tous leurs ressortissants soient inserrés dans un même réseau de contraintes. Le

nationalisme ne se développe pas encore à proprement parler, mais son support est déjà

formé. Lorsque les principes du gouvernement représentatif sont introduits au 19e siècle, il

devient nécessaire pour l’État de dépasser le stade de la simple affirmation géographique. Des

répères symboliques doivent être posés qui permettent de visualiser la souveraineté populaire.

Le nationalisme fournit ces répères. Il ressortit alors à un mécanisme de conditionnement

66 ROGER, Antoine; op.cit. ; p. 141.

Page 31: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

31

politique, en faisant croire aux citoyens qu’ils participent activement à la conduite des affaires

de l’État.

L’emprise territoriale des États est le produit d’une longue évolution. Au début de

l’ère moderne, les populations d’Europe occidentale sont faiblement différenciées sur les

plans religieux, social, politique, culturel et technologique. Leurs niveaux de développement

économique sont sensiblement identiques.

Mais l’introduction du suffrage censitaire au 20e siècle permet de proroger la

mainmise des groupes privilegiés sur la décision politique et de maintenir à distance les

classes dangeureuses. L’égalité abstraite assurée par le suffrage permet de masquer les

inégalités concrètes mais elle ne suffit pourtant pas à assurer la paix sociale. La solution est

trouvée dans le particularisme unificateur d’un nationalisme justifié soit par des principes

idéologiques, soit par des différences ethniques ou culturelles plus réelles. Le nationalisme est

alors l’instrument qui permet de légitimer l’ordre politique établi. Dès l’instant qu’une

mobilisation nationaliste est observée, une nouvelle relation s’instaure entre l’État et ses

ressortissants. Il importe que la citoyenneté même soit ancrée dans le territoire.

L’enseignement obligatoire et la conscription favorisent l’homogénéisation culturelle et

linguistique de la nation.

Le nationalisme contribue ainsi à la formation et à l’entretien d’une démocratie-nation.

En combinant le principe de souveraineté populaire et appartenence au territoire national, il

assure un équilibre politique interne.

Mais insensiblement les pays occidentaux se defont de tous les principes sur lesquels

ils avaient édifié la démocratie-nation. Ce phénomène de déprise est d’autant plus consequent

qu’il débouche sur un phénomène de désyncnronisation. Les pays qui sortent juste d’une

expérience totalitaire entendent s’appuyer à leur tour sur les principes du gouvernement

représentatif. Pour mener cette entreprise à bien, ils doivent construire un mecanisme de

conditionnement comparable à ceux qu’ont utilisé avant eux les gouvernement occidentaux.

Ils n’ont d’autre possibilité de recourir à une forme traditonnelle de nationalisme. Les

démocraties plus anciennes n’acceptent pas ce retour aux origines. Elles ont à ce point perdu

l’habitude de se référer au territoire national.

Dans les pays occidentaux, les gouvernants ne font plus montre d’aucun volontarisme.

Ils ne menent aucune réflexion sur le devenir de la communauté, ni ne chercheant à indiquer

un horizon aux citoyens. Ils ne proposent pas un avenir meilleur mais se contentent

simplement d’enregistrer des évolutions inévitables. Le projet social et moral qui était au

fondement de l’idéal démocratique tend à disparaitre.

Page 32: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

32

La nouvelle configuration internationale plonge les démocraties anciennes dans une

complète asthenie. Elle n’autorise pas les dernières venues à se livrer au travail de pérsuation

qui leur permettrait de faire vivre à leur tour tous les principes du gouvernement représentatif.

Le nationalisme utilisé à cette fin est frappé d’illégimité par les pays occidentaux qui y

ont recours dans le passé. Les vieux nationalismes ont perdu la mémoire du bruit et de la

furreure de leur jeunesse. Ils se sont reniés et ne tolerent plus le fracas des petits derniers. Les

responsables occidentaux oublient l’axiome selon laquelle « les démocraties naissantes ont

besoin longtemps de démocrates nationaux ».

Samuel Hungtinton a raison de souligner que le nationalisme modernisateur du

mouvement des nationalites est remplacé presque partout dans le monde par un nationalisme

qui répond à ce qu’il perçoit comme une menace d’invasion et de décomposition.67 Il est

difficile de suivre Eric Hobsbawm qui défend la thèse inverse du déclin des nationalismes au

nom de l’idée, inspirée du marxisme, que les conflits sociaux sont plus fondamentaux que les

conflits nationaux.

Les marxistes eux-mêmes, et en particuliers les austro-marxistes, à la fin du 19e siècle,

avaient déjà reconnu la séparation des problèmes économiques et sociaux et des problèmes

nationaux de nature surtout culturelle. Le 20e siècle a été dominé idéologiquement par la

grande tentative léniniste et maoïste d’unifier les luttes anticapitalistes et anti-impérialistes,

les luttes de classe et les luttes nationales. Mais la seconde moitié du 20e siècle a vu

l’écroulement de cette pensée hégémonique et la séparation croissante d’un projet de

modernisation qui a été finalment absorbé dans l’économie de marché et d’un nationalisme

qui s’est rapproché, pas seulement dans le monde islamique, la défense des croyances

religieuses jusqu’à donner naissance à des nationalismes hostiles à la sécularisation de l’État.

La grande alliance de l’indépendence nationale, de la revendication sociale et du progrès

économique est bien terminée.

Ce nationalisme, souvent passif et moderé, devient agressif quand il se sent plus

menacé, c’est-à-dire en fait quand ceux qui l’expriment sont à la fois plus directement attirés

et rejetés par le monde marchand et urbain qu’ils dénoncent, monde de consommation

effrenée, du non contrôle des mœurs et de l’emancipation des femmes. Situation qui est avant

tout celle du monde musulman perimeditérranien, arabe et iranienen particulier, dont l’histoire

est dominée depuis des siècles par l’échec de la modernisation et une dépendance croissante à

l’égard des pays du nord de la Meditérranee. Face d’ombre de l’Occident, ou la violence

67 BIRNBAWM, Pierre; op.cit. ; p.137.

Page 33: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

33

nationaliste est d’autant plus grande que la modernisation économique a été plus tardive et

plus brutale, comme Iran sous les Pahlevi, en Turquie après Atatürk, en Egypte apràs Nasser

et Sadate, et en Algerie surtout où la dictature militaire a raté le modernisation du pays.

Plus la modernisation vient du dehors , plus la société se sent à la fois attirée et rejetée

par le monde impersonnel de la production, de la consommation et de l’information. La

defense des traditions est alors remplacée par une politique de mobilisation des ressources

culturelles pour la conquête du pouvoir par une élite ultranationaliste et désireuse de

s’approprier de force une modernité venue de l’extérieur. Le point d’arrivée de ces

mouvements et de ces actions politiques est la volonté d’une modernisation qui mette les

techniques et les objets de la modernité au service des valeurs culturelles, sociales et surtout

politique directement opposées à celles de l’Occident sécularisé.

Le monde d’aujourd’hui n’est ni unifié, ni divisé entre les civilisations et des religions

rivales. Il est dominé par la dissociation croissante d’une économie globalisee et d’identités

culturelles fragmantées et qui sont mobilisées par des pouvoirs qui se donnent ainsi une

légitimité qui parfois passe par la voie d’élections et plus souvent recours à des méthodes

autoritaires. Aux États-Unis, on a vu se développer le nationalisme religieux relayé

maintenant par un conservatisme extrême, et de la Serbie à des pays comme l’Indonesie ou la

Malaisie ou même Singapour. On voit se renforcer un nationalisme qui mobilise les

ressources culturelles et ethniques en même temps qu’il accepte de s’intégrer dans l’économie

internationale, quand il le peut. C’est bien de catégories politiques plutôt qu’économiques ou

culturelles dont nous avons besoin pour comprendre les tendances les plus profondes du

monde.

Le nationalisme a été presque partout présent dans les pays en développement. Même

dans les pays pionniers de l’industrialisation et de la modernisation, comme la Grande-

Bretagne, l’utilitarisme et l’esprit d’entreprise ont été accompagnés d’une conscience

impériale et d’une volonté d’hégémonie. Mais dès qu’on s’écarte du centre du développement

économique, le rôle mobilisateur de l’État s’accroît. En France, c’est constamment l’État sous

Napoléon Ier, Napoléon IIIe, puis le général de Gaulle, qui a joué le rôle principal dans

l’industrialisation. C’est plus vrai encore en Italie, au Japon et surtout en Allemagne. Mais

dans ces mêmes cas comme dans d’autres plus récents, l’État mobilisateur voulut être le

créateur d’une société civile et d’acteurs socio-autonomes. Ce qui fut particulièrement bien

réussi en Allemagne qui était devenu un pays démocratique aux lois sociales avancées, à la

vie intellectuelle active et diverse, au moment ou Bismarck quitta le pouvoir en 1890. Ce qui

n’empêchait pas le nationalisme exacerbe du Chancelier de fer de maintenir dans ce pays des

Page 34: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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tendances antidémocratiques qui se développerent aussi dans les deux autres dont l’évolution

fut parallèle. Mais au déla de ces exemples partiellement réussis , de construction d’une

société industrielle par le détour de l’état, on s’approche vite des situations ou cet état

moralisateur, à la fois nationaliste et modernisateur, ne se met plus au service de la société

civile mais de sa propre puissance et de son contrôle autoritaire ou totalitaire. Cet état n’est

pas seulement despotique et son language n’est pas celui du commandement militaire ou

administratif. Il dénonce la société, se nourrit de ses idées et de sa mémoire; il parle sa langue

en la déformant. Il parle de tradition ou de religion, de morale ou de solidarité, alors que son

action réelle est de vampiriser la société, jusqu’à ce que celle-ci, épuisée, vidée de son sang,

meure et se décompose.

Nous connaissons donc trois types de nationalisme. Ce sont les États néo-bismarckiens

dont le Bresil depuis 1930, fut longtemps l’exemple le plus important, et qui parviennent plus

ou moins bien à engendrer hors d’eux une société dont les acteurs sont capables de gérer entre

eux des changements historiques. C’est à travers de graves crises le cas de la Turquie aussi.

C’est peut-être mais beaucoup plus faiblement le cas de l’Egypte. Et l’Inde reste, malgré ses

faiblesses, une grande réussite de l’État mobilisateur. La Corée du Sud, et le Taiwan sont

récemment passés du coté des sociétés qui ont acquis leur autonomie.

En socond lieu, les nationalismes culturels qui associent un développement

économique dépendant avec l’affirmation d’une identité nationale au nom de laquelle ils

exercent un pouvoir autoritaire. C’est en Asie du Sud-Est que ce type s’est le plus développé,

mais a été influent au Mexique et il l’est au Perou.

Enfin les politiques intégristes, quand elles sont d’importance militaire, ethnique ou

religieuse, représentent la situation la plus défavorable des sociétés qui sont réduites à l’État

de ressources, manipulées et pillées par un État ou un dirigeant étatique dont l’objet principal

est d’étendre ou de maintenir son pouvoir.

Et alors ou placer le nationalisme turc dans ce tableau global Quels sont les traits

caractéristiques et conjoncturels ou il est né? Faut-il le nommer “ancien ou moderne”,

bismarckien, culturel ou intégriste? Pour répondre à ces questions, il faut bien étudier les

bases historiques du nationalisme turc et surtout l’effet du kémalisme sur celui-ci.

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SECTION 1. Bases historiques du nationalisme turc dans l’Empire ottoman

Afin de mieux analyser les bases historiques du nationalisme turc il faut remonter au

18e siècle où les mouvements de modernisation de l’Empire ottoman ont été mis sur pied.

Quand on analyse les bases historiques du nationalisme turc, on voit qu’il est un

courant d’idée qui a apparu sous l’effet de l’accumulation de plusieurs concepts au 18e siècle.

A ce stade il faut noter que le nationalisme turc est un courant assez retardé par rapport à ces

contemporaines c’est parce que la structure sociale de l’Empire ottoman n’est pas susceptible

à cette sorte de différenciation au sein de la société. La division de la société en 2 en tant que

« musulman » et « non musulman » est le caractéristique le plus frappant de la structure

sociale de l’Empire68. Contenant 18 ethnies en soi,69 l’Empire se basait sur l’unité des

individus sous une identité commune qui négligeait toute différenciation d’ethnicité. A

l’origine de la structure sociale, il y avait une hiérarchie des religions et l’islam figurait au

premier rang de cette hiérarchie. Ainsi, les individus d’origine turc n’étaient qu’une partie de

cette couche à côté des autres sujets musulmans comme les arabes, les kurdes, les

albaniens,etc.70 Il s’agissait donc d’une absorbation des ethnicités dans la religion et comme

conséquence d’une absorbation de la nation turque dans l’islam. L’identité turque, ni sa

culture ni son histoire n’a aucune prépondérance sur les autres malgré sa majorité au sein tant

de la population que de l’administration.71

Dans le processus de formation d’une nationalisme turc, la Révolution française

constitue un point de départ par ses nouveautés qu’elle a amené sur la scène internationale :

premièrement le concept de nation et deuxièmement le concept de sécularisation.72

La sécularisation étant une conséquence de la rationalisation de l’Epoque des

Lumières consiste en la purification de tout espace des effets religieux. C’est un concept qui

provoque des changements radicaux dans l’Empire ottoman puisqu’elle est tout à fait

contraire à la nature de la réglementation de la société ottomane. Ce mouvement a eu des

effets néfastes sur l’Empire et a causé à une dualité au niveau tant social qu’administratif.

Les mouvements nationalistes déclenchés par la Révolution française sont un autre

facteur qui a accéléré le nationalisme turc qui est né en tan qu’une réaction contre ceux des

autres peuples comme les grecs, les bulgariens, etc.73

68 BERKES, Niyazi; İslamiyet Milleyetçilik Sosyalizm; Köprü Yayınları, İstanbul, 1969; p. 16 69 MARDİN, Şerif; “Türkiye’de Toplum ve Siyaset”; İletişim Yayınları; İstanbul; 2000; p.235. 70 MARDİN, Şerif; Ibid.; p.168.. 71 Ibid, p.144. 72 Ibid, p.145. 73 TANIL, Bora; op.cit.; p. 252.

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36

A la lumière de ces concepts, on peut dire que le nationalisme turc est l’aboutissement

de deux événements du 18e siècle:

• Les mouvements nationalistes et guerres d’indépendances des peuples étant

sous la direction de l’Empire autrefois ;

• Recherche de modernisme plutôt d’occidentalisation de l’Empire soit au niveau

de l’administration par l’aide des réformes militaires, économiques, politiques,

etc. et soit au niveau des intellectuels ottomans.

Cette recherche de modernisme a amené la société vers une hostilité contre l’Occident

et son hégémonie dans tout domaine et cette situation s’est manifestée comme une volonté de

protéger les valeurs propres de la société ottomane. 74 Dans ce but les 3 courants d’idée ont

émergé.

• Pan ottomanisme : basé sur l’unité de l’Empire sans une diversification

d’ethnie, de langue ou de religion mais sur le fait de vivre ensemble sous

l’Empire ;

• Pan islamisme : signifie l’unité des musulmans sur le territoire de l’Empire ;

• Pan turquisme : prévoit l’unité de tous les turcs dans le monde sur un territoire

unique, celui de l’Empire ottoman, qui s’appelle « Turan ».

Il faut souligner que ces 3 courants ne sont qu’une recherche d’empêcher la

dissolution de l’Empire, autrement dit qu’une recherche pragmatiste puisque aucun d’eux

n’était soutenu par le peuple ni par une base intellectuelle formée au cours du temps.

L’émergence du Pan turquisme en tant qu’une seule idéologie gagnante dépend au fond de

l’impossible création de deux premiers courants dans une atmosphère de la « disposition des

peuples eux-mêmes ». 75

L’événement qui a mis un terme à la recherche d’une idéologie dominante parmi les

intellectuels ottomans, c’était la Guerre balkanique en 1912 parce qu’elle a montré qu’un pan

ottomanisme n’a sans aucun objet.76

La révolte dans les villes arabes contre le centre et l’autorité du califat a renforcé

l’idée de l’impossibilité du pan islamisme.77

74 MARDİN, Şerif; op.cit.; p. 164 75 Ibid, p.235. 76 TANIL, Bora; op.cit.; p.248. 77 BERKES, Niyazi; Ibid, p.13.

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37

Ainsi le pan turquisme défendu et théoriquement développé par les jeunes turcs

comme Ziya Gökalp et Yusuf Akçura a apparu comme étant la seule voie vers le salut. En

prenant en compte ces données on peut dire que le nationalisme turc apporte en soi des

caractéristiques propres à lui.

• Le nationalisme turc est né au fond d’une recherche pragmatiste qui vise au

salut de l’Empire. Autrement dit ; il ne prend pas son origine d’une

accumulation théorique et intellectuelle enrichi dans le temps ou bien d’une

volonté de la part de la population turque qui voulait de protéger sa culture.

Bien au contraire c’est une solution trouvée afin d’assurer la continuité de

l’Empire, de surmonter l’ennemi face à l’impossibilité d’une idéologie basant

sur la vie ensemble des différentes ethnies ou bien sur le thème « umma »

signifiant l’unité de tous les croyants en islam sous l’autorité d’Istanbul, du

Calife. C’est un nationalisme de réaction contre « l’autre » qui est pour la

plupart de temps l’Occident chrétien chez les pans islamistes ;

• De la part des pans turquistes, le nationalisme turc a orienté vers une réaction

contre « l’admiration de l’Occident » d’une partie des intellectuels et vers une

forte volonté de préserver quand même la culture turque ;

• Le nationalisme turc est construit sur la redéfinition de l’image de l’ennemi et

la réinterprétation de l’histoire turque surtout dans la période où la Guerre

d’Indépendance a eu lieu. Sous une unité de langue et de religion pour établir

une identité turque, selon les intellectuels de l’époque, l’unité de l’histoire et

de la culture est aussi obligatoire pour construire la nation turque. C’est pour

cette raison que ces motifs étant déjà les composants du nationalisme ont été

très souvent employés. L’image de l’ennemi se concrétise par exemple chez les

Grecs pendant la Guerre d’indépendance même jusqu’aux premières années de

la République de Turquie.

En résumé, le nationalisme turc employé dans le processus de la fondation de l’Etat-

nation turque au début des années 1920 remonte jusqu’au 18e siècle et il a pris sa forme

actuelle à la suite d’une série de réformes et il ne s’appuie aujourd’hui sur aucune de ces

notions clés du nationalisme turc embryonnaire. Il ne prend pas comme la base ni la religion,

ni l’idée de Turan.78 Mais à son origine il y a d’autres valeurs fondatrices plus convenables à

l’instauration d’un Etat-nation.

78 MARDİN, Şerif, op.cit.; pp. 184,185.

Page 38: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

38

SECTION 2. L’effet bismarckien du kémalisme sur le nationalisme turc

La Révolution kémaliste était un ensemble des réformes dont l’objectif était de

construire un État-nation dans une «unité nationale et territoriale absolue» et pour cela elle a

mis en application des politiques nationalistes.

Les kémalistes définissent leur approche du nationalisme turc de la manière

suivante :79

« Le nationalisme turc, dont l’objectif primordial est de préserver les fondements

propres du pays ainsi que son indépendance, permet d’avancer en harmonie sur la voie du

progrès et du développement avec les autres nations contemporaines. »

Avec la défaite de la Ière Guerre mondiale, le pan turquisme a pris sa fin puisque

l’impossibilité d’unir tous les turcs du monde sous l’autorité d’un seul empire a été vue par les

tenants de ce courant d’idée.80 A ce stade le kémalisme a apparu comme un nouveau courant

pour ses approches plus accordées aux dures réalités de guerre de l’époque. Le concept de

nationalisme chez les kémalistes est différent de ses précédents pour ces raisons :

• Le nationalisme kémaliste se distingue du pan ottomanisme parce que le

nationalisme kémaliste a un caractère plutôt réformiste. C'est-à-dire que son

objectif n’est pas d’assurer la survie de l’Empire ottoman mais au lieu de cela

d’instaurer un nouvel Etat qui se base sur d’autres principes comme la

démocratie, la république, etc.

• Il se distingue du pan islamisme parce que l’essence de la pratique kémaliste

est un Etat-nation laïque, il ne se réfère jamais à la religion comme la base du

nouvel Etat. Pour cela, la suppression du Califat a été prévue afin d’éviter la

référence religieuse à cet Etat.

• Le nationalisme kémaliste est différent du panturquisme c’est parce qu’il limite

la zone d’action de la Guerre d’Indépendance dans les frontières du Misak-ı

Milli (Pacte National) autrement dit sur le territoire d’Anatolie au contraire les

panturquistes visant à unifier tous les turcs du monde entier.

L’État-nation construit à la suite de la fondation de la République a orienté à créer une

nouvelle société purifiée des traditions et des affectations locales de l’Empire. Par cet aspect; 79 SAHİNLER,Menter; op.cit.; p.72 80 Ibid, p.169

Page 39: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

39

le nationalisme kémaliste se distingue de l’approche ottomane ayant pour but «la protection

de l’État» mais il se base plutôt sur un programme visant à procurer une nouvelle forme

«nationale et laïque» à la société.81 Selon Tanıl Bora cette tentations composent le coté

bismarckien (nation-building) du kémalisme.82

Le nationalisme turc du kémalisme ne demeure pas en tant qu’une théorie mais s’est

concrétisé en bénéficiant de l’air opportun de la guerre. C’est dans la première lutte

d’indépendance contre les grecs que ce nationalisme est devenu une réalité et a pris une autre

dimension. La mise sur pied d’une armée nationale a ainsi conféré à la lutte un aspect

proprement nationaliste.83 La création d’une image d’ennemi commun était obligatoire pour

pouvoir mettre ensemble les individus pour l’atteinte d’une fin commune. A ce stade, la figure

d’ennemi s’est concrétisée en tant que les grecs puisque des batailles sanglantes avaient lieu

entre la Turquie et la Grèce à l’époque. Ainsi, il s’agissait d’une atmosphère convenable à

cette figuration qui est l’un des éléments principaux du nationalisme.84

Selon le nationalisme turc chez les kémalistes il y a deux axes qui sont l’Etat-nation

laïque et la civilisation.85 La civilisation signifie au fond un processus de modernisation de la

nation turque par la guide des valeurs fondatrices de l’Occident moderne et cette référence à

l’Occident veut dire un refus de l’héritage ottoman et la construction d’une nation qui a

intériorisé les nouvelles valeurs contemporaines.86 Cette référence constitue un reflet de la

théorie à la pratique c’est parce que l’une des méthodes de construire un Etat nation est le

principe de « faire oublier - rappeler ». Dans le cas de la Turquie, les kémalistes visent à faire

oublier l’héritage ottoman pour s’échapper aux traditions faisant obstacle au progrès et au

développement et ils le remplace par un héritage dit proprement turc et visent à rappeler au

peuple l’histoire « glorieuse » des turcs venant de l’Asie Centrale.87

Le kémalisme en construisant l’État-nation n’a pas mis en jeu la religion, donc l’islam,

qui est l’un des éléments principaux du nationalisme. Les réformes kémalistes qui ont tendu

vers l’occidentalisation en tant qu’un projet de «conversion de civilisation» refusent donc les

valeurs islamiques et ottomanes. Pendant la période de construction de l’État-nation turc,

l’occidentalisation et la nationalisation se sont croisées et la figure de «l’autre» a été

déterminée comme l’Empire ottoman et la civilisation ancienne encadrée par l’islam. Dans le

81 BERKES, Niyazi; op.cit;, p.155. 82 TANIL, Bora; op.cit.; p. 137. 83 BERKES, Niyazi; op.cit.; p. 160.. 84 MARDİN Şerif, op.cit.;t p. 183 85 KIZILYÜREK, Niyazi; op. cit. p.174 86 MARDİN, Şerif; Ibid. p.239 87 BORA Tanıl, op.cit.; p. 273.

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kémalisme, l’Empire ottoman n’était qu’un chaos qui a empêché la nation turque d’atteindre

son plein développement et l’islam est considéré comme une menace potentielle de

concrétisation ou de retour de tel chaos. C’est pour cette raison que l’Empire ottoman et

l’islam à la fois ont été rejettés de l’identité nationale en construction. A cette fin, la laïcité et

le nationalisme ont été employés le plus par le régime kémaliste. Entre 1923 et 1950, c’est la

période de la figuration d’une notion de citoyenneté conformément aux principes de l’Etat

nation.88 Pour renforcer cette politique, les kémalistes ont mené une série de politiques au prix

de changer tous les fondements de la société ancienne comme l’abolition de la loi coranique,

des principes de la Charia, de l’alphabet arabe, des écoles religieuses.

Quant à l’unité de culture, d’histoire et de langue en tant que les éléments du

nationalisme, les réformes kémalistes jugeaient nécessaire le retour aux origines de la nation

turque antérieures de l’Empire et de l’islam pour une application parfaite du laïcisme. Pour

cela, une nouvelle thèse d’histoire turque et une nouvelle conception linguistique ont été

mises en œuvre. La réforme du système d’enseignement et la création de la Société turque

d’Histoire (Türk Tarih Kurumu) en 1931 et de la Société de la Langue turque (Türk Dil

Kurumu) en 1932 visaient à cimenter la société en la dotant d’une nouvelle histoire propres

aux turcs et d’une langue commune.89

Le nationalisme kémaliste apparaît ainsi une confusion des valeurs laïques et

nationalistes pour créer cette nouvelle société.90 Cette approche visant à faire raciner la

civilisation moderne au sein de la société ne rejette pas seulement le passé mais aussi elle

place «l’histoire des turcs d’Anatolie de l’avant islam» parmi les fondateurs de cette

civilisation.91

Ainsi le nationalisme turc a été institutionnalisé plus ou moins au cours du temps. La

mission de transmettre cette nouvelle idéologie au peuple a été attribuée aux « Halkevleri »

fondés en 1932. Dans les années suivantes, une approche turco-centrique dans l’analyse de

l’histoire et de la civilisation est devenue l’une des fonctions principales du nationalisme turc.

Avec la terminologie d’Alain Touraine, nous connaissons aujourd’hui trois types de

nationalismes : D’abord les politiques intégristes, quand elles sont d’importance militaire,

ethnique ou religieuses, représentent la situation la plus défavorable des sociétés qui sont

réduites à l’état de ressources, manipulées et pillées par un état ou un dirigeant étatique dont

l’objectif principal est d’étendre ou de maintenir son pouvoir. 88 MARDİN Şerif, op.cit.; p. 162. 89 SAHİNLER,Menter; op.cit; p.87. 90 Ibid, p.176. 91 MARDİN Şerif, op.cit.; p. 185.

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En second lieu, les nationalismes culturels qui associent un développement

économique dépendant avec l’affirmation d’une identité nationale au nom de laquelle ils

exercent un pouvoir autoritaire. C’est en Asie du Sud-Est que ce type s’est le plus développé,

mais il a été influent au Mexique et il l’est au Pérou.

Enfin, les états néo-bismarckiens dont le Brésil, depuis 1930, a été longtemps

l’exemple le plus important et qui parviennent à engendrer hors d’eux, une société dont les

acteurs sont capables de gérer entre eux des changements historiques. C’est à travers de grave

crises, le cas de la Turquie, une grande réussite de l’état mobilisateur.92

Le contenu du kémalisme et le contexte dans lequel il s’est formé ont été montrés pour

pouvoir comprendre de quelle manière les différents mouvements nationalistes utilisent ou

réforment le kémalisme dans leur discours. La deuxième partie de ce dossier est donc

conférée à cette utilisation et même réformation de la révolution kémaliste et ses principes par

les nationalistes contemporaines, étant le sujet de la présente recherche.

92 TOURAINE, Alain; article “Le nationalisme contre la Nation” in. Sociologie des Nationalismes, sous la direction de Birnbaum Pierre; PUF; p.410.

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DEUXIEME PARTIE

MOUVEMENTS NATIONALISTES CONTEMPORAINES

On n’a jamais autant réfléchi sur le nationalisme. On n’a jamais autant mesure à cette

aune le drame bosniaque. Aujourd’hui plus qu’hier, parce que l’événement formidable de

l’implosion des systèmes communistes à partir de 1989 continue de donner des suites dont on

ne saurait à priori prédire les effets à long terme. Un monde unipolaire s’est instaure, avec

quelques nuances ici la, qui se montre bien plus dangereux que celui bipolaire dans lequel

nous avions pris nos habitudes : Un équilibre fragile et terrifiant repose sur des terreurs

réciproques de lancer d’engins nucléaires balistiques. 93

Le nationalisme reste une source insoupçonnable de conflits. On le sait depuis

toujours. On se rappelle dans les écoles et universités les joutes scripturales auxquelles se

livrèrent Renan, Fustel de Coulanges, d’une part, les Mommsen et Strauss du côté allemand,

s’agissant de sort de l’Alsace et de la Lorraine reprises par la Prusse de Bismarck après 1871.

Un siècle avant, d’après querelles opposerant les tenants d’une monarchie représentant le

peuple et les révolutionnaires français faisant de la nation le souverain. Bien plus tard, les

traites signes après les deux guerres mondiales n’apparaissent pas à l’observateur

consciencieux comme des modèles de référence. Est-ce la faute des hommes ou manifestent-

ils l’apparition au plein jour de phénomènes anciens que sont les nationalismes ? Bien sur il

faudra revenir sur ces événements qui secrétèrent autant d’injustices que de fantasmes. Il n’en

est pas moins qu’apparurent les mots – et les réalités- de « minorités nationales », de nations,

confondus pour la première fois dans des actes diplomatiques, parce que les uns et les autres

recherchaient une identité à travers des valeurs qui leur semblaient indispensable pour

survivre : la langue, la religion, la race, une situation de fait, une volonté explicite

d’appartenir à un ensemble cohérent des coutumes ou des comportements communs. Mais le

terme de minorités nationales et ses fondements allaient faire flores sur le continent européen,

plus à l’Est sans doute qu’a l’Ouest, encore que l’Union Européenne contienne en son sein

des nationalismes qu’elle feint d’ignorer tout en les combattant.

Alors vient la question primordiale : Qu’est-ce que le nationalisme ? Nous reprendrons

les approches de J.-L. Chabot94 En schématisant, la Nation est d’abord l’amour de sa patrie,

mais si, comme l’a écrit Romain Gary, « le patriotisme c’est aimer les siens, le nationalisme,

93 SABOURİNE, Paul; “Les Nationalismes Européens ; PUF, Paris, 1996, p.3. 94 CHABOT, Jean-Luc; op.cit;, p. 23

Page 43: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

43

c’est détester les autres », on sent du fond de son cœur que le sentiment noble peut devenir

pervers. Et que le nationalisme soit défini à juste titre par une idéologie politique, laquelle

apporte une explication aux problèmes du genre humain, ne peut faire oublier les dérives

possibles : de la nation chauvine, on passe tôt à l’irrationnel, et très vite, à un prétendu

consensus totalitaire.

Au plus près désormais, reste à définir l’appellation « nationalismes européens », et en

même temps à en donner les repères qui seront notres, durant notre étude. Certes la question

nationale n’est pas la seule donnée de la société internationale, mais il ne faut pas en

méconnaître le poids, réévalue subitement à la mesure d’une histoire qui vient de revenir à la

charge de l’Est, non sans conséquences à l’Ouest.

Les révolutionnaires français ont abonde la geste de l’Europe. La période communiste

plus tard ne fut pas un couvercle si clos que l’on l’a écrit. Les nationalismes en Europe étaient

la. Et des 1989, ils savaient brouilleurs d’images à l’Est comme à l’Ouest, ou la construction

européenne recevait de plein fouet la leçon selon laquelle le nationalisme n’est plus un astre

mort ni une queue de comète. Certes la nature des nationalismes est assez différente. Encore

faut-il constater qu’en Europe de l’Ouest, il n’y a pas de nationalismes parce le droit le veut

ainsi ?

Page 44: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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CHAPITRE I : UNE ANALYSE WIEVIORKIENNE DES NATIONALISMES

EUROPEEENS

Jamais comme aujourd’hui l’idée de nation n’a semble à ce point presque partout dans

le monde, se lier prioritairement à des idéologies non ou antimodernes à l’affirmation violente

du desir d’homogénéité raciale ou éthnique. Dans le language courant, la nation semble

appartenir aux seuls nationalistes, et nationalisme est devenu synonyme de violence effective

ou à venir. Dès lors le terme même de nationalisme dans le language courant renvoie des

nuances à l’idee du mal et du malheure.95 Il devient une notion sommaire qu’un examen serre

fait vite éclater: l’analyse conduit en effet à distinguer des significations, des formes et des

registres d’actions distinctes au sein de ce que le mot nationalisme fusionne en une image

unifiée.

Limitons nos observations à la seule Europe. Selon les analyses de Wieviorka, le

nationalisme contemporain y rêvet quatre formes principales, qu’il convient de differencier

analitiquements, de façon à pouvoir examiner ensuite les rapports de complémentarité ou

d’oppositons qu’elles entretiennent: Le national-populisme des droites radicales nées ou

renouvelées à partir des années 1980, et dont le Front National en France est certainement

l’expression la plus puissante; l’indépendantisme, qui recourt eventuellement au terrorisme,

mais pas necessairement, et qui est à certains egards l’héritier des mouvements de libération

nationale et sociale des annees 1960 et 1970; la violence infrapolitiques des groupes plus ou

moins stables, skinheads par exemple conjuguant couramment références à la nation et

thématique raciste, xenophobes et antisemite; enfin, la violence étatique ou quasi étatique se

reclamant de la nation en des termes qui l’essentialisent au nom d’un principe de pureté

raciale ou ethnique. On pense ici, avant tout, à la barbarie qui déchainée en ex-Yougoslavie.

Ces quatres formes principales peuvent se meler dans la pratique, mais il n’est pas artificiel de

les distinguer analytiquement, ni même historiquement , concretement.

95 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p.369.

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SECTION 1. Le national populisme des droites radicales

Nous pouvons déclarer en premier lieu que le nationalisme est d’abord un phénomène

politique institutionnalisé par des organisations légales et légitimées par le scrutin populaire

qui leur assure une base sociale. Ce qui justifie qu’on parle du national-populisme pour

désigner des discours et un enracinement relevant du populisme.96

Ce nationalisme a des sources culturelles et politiques, mais aussi sociales. Pour parler

comme Wieviorka, ces dernieres correspondent à deux logiques principales. La première

s’alimente de la chute de certaines couches sociales ou de la peur de la chute, et, plus

largement d’une crise profonde ou se combinent la réalité et la hantise des processus de

disqualification ou de désaffiliation et un vif sentiment de danger pesant sur l’identité

nationale.97 La deuxième loqique sociale, differémment procédé du desir d’acteurs

économiquement bien placés ou de se séparer de la partie du pays qu’ils considèrent comme

un boulet ou une entrave- ce qui apparaît clairement avec le discours de la Ligue du Nord en

Italie (et qui pourrait aussi constituer l’une des sources de l’indépendentisme quebecois

aujourd’hui). Dans certaines expériences, ces deux logiques qui semblent caractériser l’une un

nationalisme plutôt de pauvres, de petites gens se sentant menacées et meprisées et l’autre un

nationalisme de riches, plus arrogant, sont comprésentes.

En France, la montée du Front National depuis le début des années 1980 correspond

avant tout à des processus de crise sociale, politique et culturelle.98 En Belqique, le puissant

Vlaams Blok (Bloc Flammand) se rapproche plutôt d’une combinaison des deux logiques de

crise et de séparatisme fondées sur des ressources économiques, tandis que le FN et Agir en

Wallonie repondent au séparatisme Flammand en s’alimentant pour l’essentiel des processus

d’une crise sociale et institutionnelle qui est particulièrement profonde.

En Italie, la Lega Nord porte le projet séparatiste d’une Padanie indépendante,

débarrassée du centre et du sud italiens. Elle les décrit comme des obstacles coûteux

interdisant toute modernisation.

L’Allemagne compose à son tour un exemple assez intéressant: Dans l’ancienne

Republique Fédérale de l’Allemagne il s’agit de regretter le cout de la réunification, dans

l’ancienne Republique Démocratique de l’Allemagne ou celle-ci est parfois vécue comme la

perte d’un ensemble de garanties.

96 BIRNBAUM, Pierre; Ibid, ; p. 368 97 PAUGAM, Serfe ; La disqualification sociale ; PUF, Paris, 1991, p.122 98 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 369

Page 46: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

46

Et partout dans l’ancien Empire soviétique, le national-populisme manifeste une

présence plus ou moins structurée, avec, en Russie des dimensions complémentaires non

négligeables qui tiennent à un profond sentiment d’humiliation nationale.

Ces divers nationalismes99 sont parfois mis en formes par des idéologues dont

l’inspiration remonte à des périodes lointaines.

Quelle que soit la logique dominante, de chute sociale ou d’appel au séparatisme sur

base d’égoisme et d’espoirs de modernisation socio-économiques, la montée du national-

populisme est en effet le fruit de triples changements. C’est pourquoi ces mouvements doivent

s’analyser dans leurs sources proprements sociales, politiques et culturelles, dans les

changements qui les provoquent par en bas.

En Russie par exemple, le nationalisme doit surtout être analysé en références à la

crise sociale du pays, à sa crise morale aussi, avec en particulier le sentiment de la nation

russe pour la déréliction de ce qui fut la Grande Armée Rouge aujourd’hui tenue en échec en

Tchechénie souvent misérable.

SECTION 2. Nationalisme et terrorisme

Un deuxième ensemble d’expériences fait du nationalisme un phénomène non moins

politique et organisé mais s’étant entraînant un rapport très différent à la violence. Restons la

aussi en Europe. Dans plusieurs situations le nationalisme procède d’une revendication

d’indépendance ou tout au moins d’une reconnaissance politique. Au contraire du national

populisme il n’est pas du moins à l’origine, celle de populations affectées par la triple crise

sociale, institutionnelle et culturelle des annees 1980 et 1990. 100

Bien d’avantage ce nationalisme est l’orientation du mouvement qui dénonce une

domination étrangère. En utilisant des termes extrêmements proches de ceux des acteurs de

lutte de libération nationale des annees 1960 et 1970.

Au pays basque Espagnol, en Irlande du Nord, en Corse par exemple, il substite des

acteurs dont le renouveau datte précisement de cette période. Les luttes de ces acteurs laissent

une place importante à la violence. Cette violence est froide, instrumentale et controlée par

ceux qui la mettent en œuvre.

99 Pour des données plus précises ; cf. Jean-Yves Camus ; les Extremismes, de L’atlantique a l’Oural, La Tour-d’Aigues ;, Ed. De l’Aube-CERA ; 1996. 100 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 370.

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Mais il faut noter qu’on constate aussi des acteurs apparus à peu près dans la même

conjoncture historique et qui ont préféré se transformer plutôt que de s’engager dans la

violence de la lutte armée. Ce fut le cas en France des mouvements Occitan101 et Breton.

SECTION 3. Violences d’en bas

Selon Wieviorka, il s’agit d’un troisième ensemble de phénoménes apparus

récemment fait du nationalisme par des acteurs peu structurés, agissant de manière souvent

brutal sur un mode d’infrapolitique. Dans toute l’Europe, on signale des violences qui visent

avant tout des personnes relevant des minorités et immigrés. Des violences qui visent avant

tout des personnes ou des groupes relevant de minorités, des immigrés, dez tziganes, des juifs.

En France le rapport de la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme

signale chaque années plusieurs meurtres à caratere raciste, ou de graves violences

antisémites. En Autriche, une vague d’attentat par letter pièges a fait plusieurs victimes depuis

1993.

Ces violences traduisent les limites de la réunification, lorsqu’elles opposent nettement

l’Est et l’Ouest. Dans les villes d’Allemagne de l’Ouest on se moque des Allemands de

l’Ouest, on les traite comme des demi-étrangers, tandis que sur la côte de la mer Baltique des

groups de skinheads humilient les étudiants ouest-allemands102

Les violences de ce type dont les skinheads sont dans plusieurs pays les acteurs les

plus décidés (on leur impute en 1994 30 % des actes de ce type de violence en Allemagne)

procèdent des idéologies généralement peu élaborées au sein des quelles les références à la

nation tendent à céder le terrain à d’autres références comme la race. Ainsi les violences

infrapolitiques les plus proches de l’idée de nation sont emportées bien au-déla du

nationalisme. La haine ou la rage sommaires qu’elles expriment ne s’accommodent que très

partiellement d’un quelconque projet nationaliste, et beuacoup plus d’idéologies radicales.

101 Cf. Alain Touraine et al., Le Pays Contre l’Etat, Pari. Seuil, 1981, p. 107. 102 WOLFGANG, Kashuba ; Les Allemands, les etrangers les uns pour les autres, l’Europe entre cultures et nations ; sous la direction de Daniel Fabre, Paris, Ed. De la Maison des Sciences de l’Homme, 1996, p.276.

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48

SECTION 4. Nettoyage ethnique

A partir de 1991, la guerre en ex-Yougoslavie a pris l’allure de violences dont

beaucoup ont mérité l‘apellation de nettoyage ethnique. La décomposition de communisme et

de l’État yougoslave est d’abord passé par la montée des nationalisme que le régime de Tito

avait su contrôler.

Dès la mort de Tito (1981) des revendications et des affirmations nationales se sont

exprimées avec des demandes des Albanais en Kosovo en 1981. Les nationalismes qui se sont

déployés étaient en fait très hétérogènes.103

Les uns ont été une ressource permettant à d’anciens acteurs de se pérpétuer, ils ont

fonctionné dans le prolongement du communisme comme les ligues communistes de Serbie et

de Montanegro. Les autres au contraire ont assuré l’expression d’une opposition à ce qui

restait du communisme. Les nationalismes de Croatie et du Bosnie-Herzegovine ont servi à

balayer les ligues des communistes aux élections libres de 1990. Ils sont à l’origine

profondement anticommunistes.

Le point de départ des violences en ex-Yougoslavie n’est pas le nationalisme lui même

mais la déstruction d’un État fédéral: avec la définition de Stevan K. Pavlowitch104 un jeu de

pouvoirs ethniques permettant à ceux qui les pratiquent de contrôler les territoires et les

ressources économiques.

Pourtant il faut toujours noter que dans d’autres expériences de décomposition d’un

système politique et étatique communiste, la question nationale a pu trouver une solution

pacifique: En Tchecoslovaquie la séparation en deux républiques s’est effectuée sans

violence.

Selon Wieviorka, il est difficile de postuler ces quatres figures du nationalismes

contemporain en Europe Le terrorisme nationaliste semble exprimer la maladie des années

1960 et 1970, la barbarie ethnique procède pour l’essentiel de la décomposition de la formule

titiste de la Yougoslavie, et si nous devons réflechir à une continuité, c’est essentiellement en

considérant le nationalisme des droites radicales et nationalistes et nationales-populistes et les

violences infrapolitiques qui se reclament pue du nationalisme.

Nous y constatons trois types principaux qui se rencontrent. Le premier est celui ou

une violence nationaliste opère sans qu’il existe de force politique de type national-populiste

et peut-être précisement en raison de leur absence ou de leur faiblesse. Il en va ainsi

103 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 371 104 Stevan K. Pavllowitch, Yougoslavie: de l’idéal d’un État-nation à la barbarie des pouvoirs ethniques, in Le Dechirement des Nations, sous la direction de Jacques Rupnik, Paris, Seuil, 1995, p.77-98

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49

notamment en Grande-Bretagne ou le National Front n’a pu se constituer en parti politique

important.

Un deuxieme cas de figure voit surgir la violence en même tamps que se développant

un ou plusieurs partis d’extrême droite. Il en est ainsi en particulier, de l’Allemagne au début

des années 1990, encore que la montée de violences xenophobes, racistes et infapolitique et

celle de partis comme les Republikaner semble être un phénomène que provisoire.

Enfin un troisième cas de figure est celui ou la violence infrapolitique est relativement

limitée, tandis qu’un ou plusieurs partis nationaux-populistes se développent. La France avec

le Front National est un bon exemple à cette troisième catégorie.105

Qu’est-ce que nous pouvons résumer de ces expériences? Faut-il renvoyer dos à dos

les deux raisonnements principaux qui viennet d’être examinés: celui qui postule la fin de

l’idée de nation, et celui qui parlent d’un nouvel éveil des nations?

Certains auteurs comme l’historicie d’inspiration marxiste Eric Hobsbawm affirment

que le discours de la nation cesse d’être un vecteur majeur du développment historique. Le

phénomène a dépassé son zenith. La chute du mur de Berlin annonce un nouvelle âge ou les

différences nationales sont bien moins importantes que le triomphe planataire du modèle

démocratique. Des auteurs comme Benedict Anderson prolongent la perspective du

déperissement de la question nationale en soulignant la montée d’autres identités culturelles

ou imaginaires. Mais on en trouve beuacoup d’autres comme Jacques Rupnik qui dit que ce à

quoi l’on assiste est au contraire la naissance, ou la renaissance du phénomène national: “La

fin du XXe siècle est marquée par le retour de la nation et des nationalismes. Avec force et

souvent violence à l’Est et au Sud, en douceur à l’Ouest.”

Wieviorka annonce qu’un phénomène décisif semble caractériser l’époque

contemporaine: Dans certaines expériences, il semble qu’on assiste plutôt à des expressions

prénationalistes de la nation, dans d’autres à des formes postnationalistes. 106

Essayons d’analyser maintenant le cas de la Turquie.

105 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 372 106 Ibid., p. 373

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50

CHAPITRE II: LE NATIONALISME EN TURQUIE : ANALYSE DE QUATRE

EXEMPLES CONTEMPORAINS

Nous avons vu dans le chapitre précédant que le nationalisme turc portait un caractère

bismarckien, mais en même temps du type modern. Il peut être décrit comme un mélange du

concept “nation building” avec les nationalismes nouveaux et agréssifs du Sud-Est Europe.

Mais quelle est la situation actuelle? Est-ce que le tsunami nationaliste dont on parle souvent

dans les journaux, analyses académiques et recherches statistiques fait parti des expressions

prénationalistes ou postnationalistes? Lequel des quatre figures que Wieviorka vient

d’évoquer est rencontré en Turquie. Y-a-t-il des exemples que l’on peut y superposer?

SECTION 1. LA JEUNESSE AVANT-GARDE (Öncü Gençlik-ÖG)

Sur le plan international le terme de gauche signifie un englobement des mouvements

politiques ou des courants idéologiques qui viennent des classes subalternes ou se réclament

de celles-ci. C’est un concept relativement vague et imprécis puisque les frontières d’un tel

terme peuvent varier selon différents pays.107

Quant à la gauche en Turquie, au sein de certains partis se dit gauchistes le processus

d’évolution de l’idéologie gauchiste se présente dans le cadre des discours et des mouvements

nationalistes dont le point d’appui se trouve dans le kémalisme. Pendant la période où le

nationalisme a atteint son apogée en Turquie la gauche turque s’est adaptée à cette vague en

articulant le slogan «l’unité et l’intégrité nationales» à ses propres principes tels que «l’anti-

impérialisme et le développement».108 Öncü Gençlik, l’embranchement de jeunesse du Parti

Ouvrier qui a forme la coalition de Kızıl Elma avec les jeunes ülkücü en fait un bon exemple :

La promotion des droits et libertés fondamentaux avec la constitution de 1961,

élaborée à la fin de l’intervention militaire du 27 mai 1960, a permis tous les courants

politiques à se lancer sur la scène. Le discours «progressiste» du kémalisme qui unifiait tous

ces courants en son sein. Dans l’atmosphère du 27 mai qui a favorisé l’anti-impérialisme, le

patriotisme et l’esprit de «Kuvva-i Milliye», un discours gauchiste contourné par le kémalisme

107 AYDINOĞLU, Ergun; Thèse de Doctorat; “La Gauche Turque des Années 60; Formation Manquée du Mouvement Politique de la Classe Ouvrière Turque”, avril, 1993, p.2,3 108 ERTEN, Bağış; “ Doğu Perinçek” in Modern Türkiye’de Siyasi Düşünce: Milliyetçilik; Cilt 4; p. 462

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51

régnait sur l’ordre politique de l’époque. De l’autre cote, sur le plan international il s’agissait

des luttes d’indépendance menées par les Tiers États contenant en soi des motifs nationaux.

De même, les années 1960 ont assisté à division parmi les partis politiques gauchistes

par rapport à leur position à l’égard du nationalisme. Une partie défendait une approche

unificatrice qui visait à une alliance avec les élites militaires en adaptant le concept du

nationalisme à leur perspectif de socialisme. De l’autre côté, il s’agissait des approches

favorisant la séparation entre le nationalisme et le militarisme. A ce stade, l’approche de Doğu

Perinçek, actuellement le leader de l’İP, est assez remarquable par ses idées concernant le

nationalisme. Il est impossible de qualifier la ligne idéologique de Perinçek, de l’IP et d’Öncü

Gençlik comme étant «un gauchisme nationaliste», mais elle représente plutôt «un

nationalisme gauchiste».109

En partant de cette petite introduction sur la gauche turque des années 1960 on peut

mieux comprendre et analyser les traits nationalistes du discours de l’İP et Öncü Gençlik : Le

Parti Ouvrier est fondé le 1er mars 1992. Il adopte le 22 septembre 1919 qui est la date de la

fondation de “Türkiye İşçi Çiftçi Sosyalist Fırkası” en tant que la date de sa propre

fondation.110 Il s’approprie donc TKP (Parti Communiste Turc) fondé par Şefik Hüsnü. L’İP

est organisé dans 77 villes.111

L’İP agit sur la scène politique par plusieurs moyens de communication. Il publie les

magazines intitulés “Teori”, “Aydınlık”, “Öncü Gençlik”, “Bilim ve Ütopya”. Il possède aussi

une chaîne de télévision appelée “Ulusal”. Le site web du parti (www.ip.org.tr) est bien

organisé qu’il est possible d’y trouver tous les documents et les magazines publiés par le parti.

De ce point de vue, on peut dire qu’il a construit un réseau de communication assez effectif. Il

se fait remarquer par ses actions en utilisant ce réseau.

Lors de la fondation de l’İP le procès concernant la dissolution du Parti Socialiste dont

le leader était Doğu Perinçek était en train d’être poursuivi devant la Cour de

l’Inconstitutionnalité. A la suite de la décision de dissolution Doğu Perinçek a été élu

président général de l’İP au cours du Congrès extraordinaire du 26 juillet 1992. Tous les

membres du Parti Socialiste ont été transférés au sein de l’İP. Perinçek est encore le

président du Parti.

109 Ibid.; p. 462 110 in web site officiel du Parti Ouvrier www.ip.org.tr/tbelgeler/tarih.htm 111 Ibid.

Page 52: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

52

Comme l’idéologie et le plan d’action de l’İP ont été formés par la ligne idéologique

de Doğu Perinçek, dès le début l’İP et Öncü Gençlik sont connus et incarnés dans sa

personnalité.

Les traits nationalistes de l’idéologie de Perinçek se concrétisent dans les années 1970.

Sa source idéologique principale est Mao, la Révolution culturelle de la Chine et la ligne anti-

soviétique de la Chine. Il formule une transformation sociale dont les moteurs seraient les

forces «nationalistes». Le concept de l’anti-impérialisme constitue une notion clé dans son

approche. Conformément à l’idéologie maoïste, il forme son idéologie sur la base d’un

imaginaire d’un monde tripolaire composé par les Etats-Unis, l’URSS et les nations

«opprimées». La promotion de l’État-nation par Perinçek prend sens dans cette polarité. Dans

ce but, il annonce l’URSS comme un ennemi et défend même le Shah d’Iran.112 Lors du

bricolage de son idéologie, il sublime l’existence et le bien-être de l’État-nation en tant qu’un

cible socialiste. En accentuant sur le concept de l’indépendance il prône les «valeurs

nationales»

La séparation faite par Perinçek entre les nations opprimées et les nations oppressives

l’aboutit au bricolage d’une idéologie «stratégique» fondée sur la détermination des «ennemis

internes et externes». Ainsi les idées de Perinçek forment autours des situations

géographiques et favorisent les alliances régionales. Après l’invasion soviétique en

Afghanistan il a proclamé l’URSS comme étant une menace imminente et a proposé le

remplacement des troupes positionnées en Egée à la frontière de l’URSS. Il s’est opposé

même aux manifestations des ouvriers de l’époque (celle des ouvriers de Tariş) en prétendant

qu’elles pourraient affaiblir le gouvernement national face à la menace soviétique. Cette

attitude de Perinçek contre l’URSS a provoqué l’abîme entre la ligne de Perinçek et les autres

approches gauchistes en Turquie.113

Dans les années 1980 et 1990, les liens nationalistes de la position politique de

Perinçek s’approfondissent. Cette orientation nationaliste prend son origine de l’approche

kémaliste du nationalisme turc. En constatant un parallélisme entre le kémalisme et les

socialisme il prend part à côté du nationalisme gauchiste kémaliste. «6 Ok est formé à la

moitié du 19e siècle lors du pratique de la «révolution démocratique nationale» des jeunes

turcs. De ce point de vue ses racines remontent même bien avant la Révolution kémaliste. 6

112 ERTEN, Bağış; op.cit.; p. 465 113 İbid.; p. 466

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Ok est toujours valable puisque notre révolution démocratique nationale n’est pas encore

complétée».114

En conséquence, Doğu Perinçek se fait remarquer sur la scène politique par son

discours conspiratif et par son obsession géostratégique qui est propre plutôt à l’imaginaire

nationaliste.

C’est le président d’Öncü Gençlik İstanbul, Tunç Akkoç age de 25, étudiant de

sciences politique a l’Université d’Istanbul qui a répondu à nos questions. Au lieu d’un jeune

étudiant exalté par ses passions politiques il avait plutôt l’air d’un derviche avec un ton doux

mais autoritaire. L’historicisme est le trait le plus remarquable de son discours, il parcourt

souvent à des exemples les plus lointains, les plus anciens ou les plus futuristiques. De façon

que l’interlocuteur se sent en face d’une nouvelle religion que des exprimassions politiques.

1. Conception de citoyenneté

« Il faut avouer qu’il y a des gens aujourd’hui qui ne se sentent pas liés à la Turquie.

C’est une réalité. Le pays risque gravement de se diviser ». En disant cette phrase Tunç

Akkoç s’adresse directement à la proposition de centralisation de l’İP.

Le projet de loi concernant la réforme sur les administrations locales est à l’ordre du

jour de l’İP comme tout autre parti politique mais l’İP adopte une approche plus différée que

les autres qui se fait remarquer par un discours extrêmement nationaliste en soi.

Tout d’abord, l’İP se trouve toujours en faveur du renforcement de l’État unitaire car il

est le seul qui puisse mettre en œuvre un État-nation par ses institutions ou par sa politique.

C’est pour cette raison que son attitude vis-à-vis du projet d’adhésion à l’Union Européenne

n’est pas étonnante du tout.

Tunç Akkoç reflète le caractère indépendantiste de la lignée d’Öncü Gençlik en

prétendant que la raison d’être de ce projet réside dans la politique expansionniste et

impérialiste des États-Unis d’Amérique et celle de l’Union européenne. Cela est imposé à la

Turquie sous le nom des « critères d’adhésion » à l’union. Le but caché est de dégrader la

stabilité du pays et de provoquer la dissolution de l’État-nation turc.

De même selon l’İP, cette réforme aurait comme conséquence le retour au pouvoir des

menaces supprimées par la Révolution kémaliste telles que les sectes et les communautés

religieuses, les forces menaces par les compétences gouvernementales.115

114 PERİNÇEK, Doğu; in Aydınlık, le 9 august 1998, p. 5 115 PERİNÇEK, Doğu; “Fetret Devri Yasası” in Aydınlık, le 28 janvier 2004, p.7

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Un autre point de départ de pour s’opposer à cette réforme, c’est que cette politique de

subsidiarité signifie la provocation de la « question kurde » parce que ce projet élabore une

base légale dans la voie de légitimation de l’organisation terroriste (PKK) puisque les

autorités locales du Sud-est seront contrôlées par celle-ci.116 D’ailleurs, il s’agit d’une

exaltation de l’État unitaire dans le discours de l’İP concernant la question kurde et ce

discours démontre encore une fois l’attitude nationaliste-centraliste du parti et d’Öncü

Gençlik.

L’İP adoptait une attitude en faveur des mouvements kurdes à la 2ème moitié des

années 1980 en mettant l’accent sur la « fraternité » entre les turcs et les kurdes sous la forme

d’un mythe issu de l’époque d’instauration de la République et ainsi il soutenait une solution

dans le cadre du Traité de Lausanne et d’ « une citoyenneté constitutionnelle » en refusant

l’aspect ethniciste du kémalisme.117 Mais au début des années 1990, l’İP a accusé tous les

flancs du mouvement kurde, même la gauche kurde, de servir d’instrument aux pièges de

l’impérialisme. Selon Öncü Gençlik et l’İP, les kurdes ont placé à côté des impérialistes en

s’adressant à la violence au lieu de résoudre la question avec l’État turc.118

En partant de cette approche, l’İP affirme que ce projet de loi provoquerait une guerre

civile puisqu’il causerait à une séparation au sein de la société turque et ainsi une menace

contre la République apparaîtrait.119 Si l’on essayait de définir ce tenu centraliste avec les

termes de Tanıl Bora il fallait dire qu’il s’agit d’un fort macro-nationalisme. Ce sont les

nationalismes qui discriminent les micro-identités au nom d’une identié une et unifiée.120

Pourtant le discours de citoyenneté est à la française. En disant « nous appelons turc le

peuple qui fondu la république turque » Tunç Akkoç souligne le caractère moderniste d’Öncü

Gençlik a propos de la citoyenneté : « Le mot turc ici est une notion politique pas raciale. Il

n’existe pas une race turque. Depuis l’Asie Centrale les turcs sont venus en Anatolie en se

melangeant avec les autres peuples.”

Le nationalisme d’Öncü Gençlik n’est pas panturquiste. L’indépendantisme et le tier-

mondisme de la lignée de Doğu Perinçek se montre comme régionalisme quand il s’agit des

turcs d’extérieur: “Nous n’utilisons pas une telle notion de turcs d’extérieurs, il y a des turcs

d’Azerbaidcan, de Turkmenistan, de Kırgısistan, etc. Nous dirions pas que la Turquie est

“patrie naturelle” pour tous les turc du monde, parce qu’ils ont leurs patries à eux, les Azeries

116 Ibid. 117 ERTEN, Bağış; op. cit., p.467 118 Ibid. 119 PERİNÇEK, Doğu; “Fetret Devri Yasası”; p. 8 120 TANIL, Bora; op.cit.; p. 21.

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ont l’Azerbaidjan par exemple. Mais leurs intérêts et sympathie envers la Turquie doivent être

considérés comme très naturels. De même Tunç Akkoç ne considère pas les peuples de

Bosnie et Tchechenie comme “turc” mais des ethnicités différentes: “Mais ils ont toujours été

en ‘relations très intimes’ avec les turcs.

Le seul trait primordialiste dans le discours de Tunç Akkoç est à ce propos des

surianies. Quand on lui demande si les surianies qui ont rejetté le statut de minorité à

Lausanne doivent être tenu comme citoyens ou minorité il répond d’une manière

ethnocentrique: “Il ne faut pas les tenir à part des autres minorités mais leur décision leur rend

politiquement des citoyens”

2. Conception de sécurité

Tunç Akkoç cite les trois institutions qu’ils compte les plus sûres: les Forces armées

turques tout d’abord. L’armée turque a une très importante tradition. Atatürk aussi il était

militaire. L’armée a une mission historique. Deuxièmement nous avons İP, qui défend le plus

l’indépendance de la Turquie. Les universités aussi sont très importants. Ils continuent

toujours à se dresser.”

Cette approche militariste n’est pas étonnante du tout, parce que selon l’İP, la

Révolution républicaine de la Lutte d’Indépendance turque a été axée sur l’armée nationale.121

L’İP se trouve dans une position en faveur du renforcement des Forces armées turques et il

place l’armée nationale au centre de la protection de l’État-nation dans son ensemble par son

économie, par son régime ou par sa structure sociologique contre les ennemis internes et

externes parce que les défaites militaires sont intolérables et peuvent produire des effets

néfastes à court terme sur le plan international.122 Une armée nationale forte est indispensable

pour la continuité d’un État-nation puisqu’elle ne se figure dans aucun conflit d’intérêts. En

outre, elle est une institution dont le fondement est raciné par les valeurs nationales au sein de

la société. Elle a un rôle à jouer en tant que garanteur des avantages de la Turquie concernant

les rapports de force dans sa géographie. La professionnalisation de l’armée nationale pourrait

la suppression des valeurs sublimes qui l’alimentent comme « l’amour de Patrie » et la

conviction de « se sacrifier pour la Patrie » faute de quoi son fonctionnement serait menacé.

Dans ce sens, l’armée nationale est un instrument de sanction dans l’accomplissement de la

mission de « protection l’unité nationale et territoriale de la Patrie » assumée par l’État-nation.

121 in site web officiel du Parti Ouvrier, www.ip.org.tr/tbelgeler/05htm 122 KARAMAN, Suphi; in brochure publiée par le Parti Ouvrier, “Ulusal Devlet, Ulusal Ordu”, mars 2000, p.10

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L’une des missions d’État vers la société est d’assurer une armée nationale forte et prête à tout

moment.123

Dans le discours de Öncü Gençlik, les Forces armées turques sont dotées d’une

mission d’être une force la plus sûre dans la lutte contre l’impérialisme et contre toute autre

menace interne ou externe. Elles ont été considérées comme le gendarme des valeurs

fondatrices de la Révolution kémaliste, de la République et de la laïcité. Pour cela, l’Armée

turque est désignée à accomplir cette mission qu’elle assume à chaque fois qu’une menace

apparaît :124

Le plus grand danger qui vient de l’interieur de la Turquie c’est ce que nous appelons

‘l’intégrisme Croisé”. C’est le gouvernement d’AKP. Erdoğan a paraphé le contrat de EU

devant le statut du Pape. Ils se disent musulmans. Mais c’est normal. L’intégrisme a toujours

été en collaboration avec l’impérialisme. Ils se nourissent l’un de l’autre. Le deuxième danger

pour nous, c’est un nationalisme dirigé par les États-Unis: c’est le nationalisme de super-

OTAN. C’est le nationalisme de la guerre froide et le gladio international. Et bien sur il y a le

séparatisme mené par l’impérialisme: PKK et Barzani. Nous avons remarqué les flamats de

Barzani pendant les protestations de Şemdinli. Ils pensent que les événements de Şemdinli

sont des opérations d’origine américaine pour affaiblir les forces armées turques et la

République : « il y a plusieurs prouves ».

Pour Tunç Akkoç, l’Armée est un « allié stratégique » avec lequel le parti peut

coopérer et soutenir dans sa lutte anti-impérialiste et ce concept d’alliance stratégique entre

l’armée et l’İP a été fortifié dans les années 1990 avec l’apparition d’une nouvelle figure

d’ennemi qui était celle des islamistes :125 D’ailleurs, il s’agit d’un parallélisme entre

l’approche de l’İP et du kémalisme en ce qui concerne la menace islamiste. Le processus du

28 février 1997 qui a abouti à l’expulsion du Refah Partisi (Parti de Prospérité) étant allié

majoritaire du gouvernement à l’époque et même à sa dissolution signifie une étape où les

slogans de l’İP ont été largement inspirés d’un laïcisme militant et au delà de celui-ci d’une

idée de restauration de l’époque de « Parti Unique » du kémalisme.126 L’essence de ces

slogans favorisait le renforcement des forces armées et de la défense nationale.127 En outre, le

123 Ibid, p.11 124 ERTEN, Bağış; op. cit.; p.468 125 Ibid, p.468 126 Ibid, p.468 127 Ibid, p.468

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57

28 février 1997 a démontré l’obligation d’une alliance entre le socialisme – bien évidemment

un concept de socialisme adopté par l’İP défini au dessus - et le kémalisme.128

Öncü Gençlik énonce les institutions fondamentales de la révolution républicaine

comme suivantes:129

• Une assemblée représentant la volonté populaire

• Un gouvernement révolutionnaire qui applique le programme de «6 Ok»

d’Atatürk

• Une société organisée

• Une armée alignée sur la révolution républicaine

Selon l’İP, c’est seulement l’armée ladite que la Turquie possède actuellement.

Ils ont une définition très claire du terrorisme : « Les violences qui visent à terroriser

la société. Mais vous ne pouvez pas montrer une seule organisation terroriste qui n’est pas

supportée par l’impérialisme. Mais Hamas est tenu à part: “Hamas doit être tenu à part. Parce

qu’il est au pouvoir dans son pays et il fonctionne dans de spiciales conditions dans leur

région. Donc utiliser la violence armée, n’est pas la seule définition. Il doit être tenu à part.”

Un régionalisme est fortement remarqué quand il cite les alliées naturelles de la

Turquie: « D’abord les pays voisins à la Turquie et deuxièmement l’organisation de

coopération Euro-Asia, il y a une telle structure en Asie entre Chine, Russie et les autres, et

dernièrement les pays qui sont en misère soit en Amerique Latine, soit en Orient ».

Quant à la conception de religion Tunç Akkoç semble avoir une côté

d’homogénéisation de l’État turc. La religion étatique n’est pas autant détestée que l’État

religieux : « la Direction des affaires religieuses (Diyanet İşleri Başkanlığı) est fondée pour

empêcher les sectes de diriger les affaires religieuses. C’est juste. Les Cem evi ne sont pas

des lieux à comparer aux mosquées. Ce ne sont pas des mosquées. Ce sont les critères dictées

par l’Union Européenne. Nous comprenons du laïcisme, la séparation des affaires mondiales

de celles religieuses. Mais pour qu’un pays soit laïc, il faut tout d’abord qu’il soit

indépendant. Aujourd’hui le laïcisme est menacé par l’impérialisme, pas par İran. Est-ce que

vous avez déjà entendu une déclaration pour la liberté des sectes de la part d’İran. Mais les

États-Unis la disent. Gülen n’est pas en İran, il est en Amérique. »

La lutte armée est considérée comme adressable dans un concept libératrice: « Nous

sommes contre toute violence. Mais nous vivons dans l’époque impérialiste. Il y a une attaque

contre les État-nations. De défendre notre patrie contre cette attaque impérialiste est un droit 128 in site web officiel du Parti Ouvrier, www.ip.org.tr/tbelgeler/05htm 129 Ibid

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pour nous. C’est le droit le plus important. » Ils sont contents que l’idam n’y existe plus dans

les lois turques. Et il sont contre la fameuse conférénce qui a été organisée à l’Université de

Bilgi : « C’etait tout à fait une conférénce hors de science. Il n’y avait personne qui disait que

les turc donnaient une lutte nationale à l’époque et il n’y a pas eu de génocide. Cette réunion

était politique. Il fallait empêcher cette organisation. »

3. Conception économique

Selon Öncü Gençlik la protection de l’État-nation passe par la mise en marche d’une

économie nationale. Les crises économiques qui ont frappées la Turquie pendant les dix

années dernières sont dues aux programmes libéraux des gouvernements postérieurs au 12

septembre, particulièrement à l’administration d’Özal. Ces programmes ont provoqué la

domination du dollar en Turquie et l’expulsion du livret turc de sa « patrie ». La Turquie est

entrée sous le contrôle des Etats-Unis. D’après Tunç Akkoç, « le système du commandement

national » de l’économie a été abîmé par les « centres de menace externes » qui sont toujours

guidés par les Etats-Unis agissant par le biais du FMI, de la Banque mondiale et de l’UE.

L’affranchissement des crises économiques peut être assuré seulement par la

dissolution des mécanismes étrangers dirigeant l’économie turque. Afin de réinstaurer « le

système du commandement national » l’İP et Öncü Gençlik annoncent un programme

économique composé des 7 décrets – loi et 5 lois.130

• Le décret-loi visant l’échange des devises avec le livret turc: Selon les comptes

de l’İP, le montant des devises en circulation en Turquie est plus de 100

milliards du dollar. Cela signifie pour İP un don fait par la Turquie aux Etats-

Unis. En absence de la monnaie nationale il n’existerait ni l’économie

nationale, ni l’État-nation. Le « gouvernement national » qui serait fondé par

l’İP interdira immédiatement la circulation du dollar et assurera celle du livret

turc en mettant terme aux activités des bureaux d’échange. En le faisant l’İP

vise la « nationalisation » de la monnaie turque.

• Le décret-loi prévoyant le remboursement des dettes internes par versements

échelonnés sur dix ans: L’İP affirme que la plupart de ces dettes sont dues aux

usuriers. Les impôts perçus par l’État ne suffissent pas à rembourser les dettes

et les intérêts aux usuriers. C’est pour cette raison que les services publics ne

130 Ibid.

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59

fonctionnent plus, les investissements ont été arrêtés. Les droits à la vie et à la

subsistance du peuple exigent le versement des dettes.

• Le décret-loi visant la suspension des dettes externes: L’İP va négocier avec

les pays et les institutions créditeurs sur un nouveau plan de payement.

• Le décret-loi prévoyant la fermeture de İMKB (la Bourse des biens meubles

d’İstanbul): L’İP considère l’İMKB comme étant un centre des opérations des

monnaies impérialistes. En établissant un parallèle entre İMKB et les casinos,

il la voit un lieu d’où certains bénéficient des gains injustes. Un bon

fonctionnement effectif de l’économie assurera avec la réanimation des

bourses des marchandises.

• Le décret-loi mettant la fin à l’importation des biens produits en Turquie:

Ainsi, l’İP vise à la favorisation de l’agriculture et l’industrie nationales. De

plus, il vise à imposer des tarifs douaniers stricts à l’importation des

marchandises luxes. Grâce à cette décision l’İP calcule 25 milliards du dollar

l’épargne prévue pour un an.

• Le décret-loi suspendant les dettes bancaires des paysans: L’İP prévoit la

suppression des dettes de l’intérêts des paysans et l’échelonnement de leurs

paiements.

• La loi interrogeant la source de la richesse: L’İP annonce cette loi comme la

première acte du « gouvernement national » fondé par celui-ci. Le montant

usurpé de l’économie nationale par les mafias coûte entre 200 milliards et 465

milliards du dollar. L’İP estime d’assurer une ressource environ 200 milliards

du dollar par la mise en vigueur de cette loi. En plus, l’İP prévoit de mettre la

fin aux politiques enrichissant les mafias et les entreprises privées. Les sources

publiques seront utilisées pour le développement de la production de

l’agriculture et de l’industrie nationales.

• La loi annonçant le retrait de la candidature de la Turquie à l’UE et de son

retrait de l’Union douanière: L’İP considère la candidature de la Turquie à

l’UE comme étant un processus détruisant l’économie, l’industrie, l’agriculture

nationales et laissant le contrôle des marchés intérieurs aux centres de menace

externes. L’İP constate un parallélisme entre le Protocole signé avec l’UE

visant l’adhésion de la Turquie à titre candidat et la Traité de Sèvres.

Page 60: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

60

• La loi mettant fin à la privatisation: D’après l’İP la privatisation des

établissements publics est imposée par les centres impérialistes. L’une des

tâches primaire du gouvernement national qui serait fondé par l’İP sera

l’expropriation des établissements qui ont été conférés aux monopoles

étrangers, aux mafias et aux holdings en collaboration avec ces deux derniers

• La loi visant à la fondation d’une Banque centrale indépendante des

institutions financières internationales et au service de l’économie nationale:

L’İP affirme que la Banque centrale de Turquie est transformé à un bureau

d’échange sous le contrôle des banques étrangères, du FMI et de la Banque

mondiale. L’İP estime ainsi d’empêcher les entreprises impérialistes afin

d’effondrer la politique économique nationale.

• La loi concernant l’expropriation des banques privées: Le système bancaire

sera organisé sur le principe du « service à la société » et en faveur d’un

développement « populiste-planné » par le biais des banques sectorielles telles

que Ziraat Bankası (Banque agricole), Emlak Bankası (Banque de logement),

Sümerbank, etc.

Öncü Gençlik étaye son discours concernant l’économie sur le principe d’un étatisme

fort. Leur programme de la politique économique prône une économie fermée. En considérant

toutes les institutions financières globales comme étant des menaces ayant une fin d’exploiter

les ressources de la Turquie, ils s’opposent à toute sorte de coopération réalisée avec les

institutions comme le FMI, la Banque mondiale. Ils les voient comme les instruments des

Etats-Unis qu’ils utilisent pour dominer sur l’économie turque. L’établissement d’un

« gouvernement national » qui appliquera un programme économique « étatiste et populaire »

est le seul moyen pour pouvoir surmonter les crises économiques qui sont, d’après Akkoç,

dues aux gouvernements « américanistes » fondés l’autrefois et même aujourd’hui. En outre,

il admet l’Union douanière en tant que la suite du Tanzimat qui est la plus importante étape de

la colonisation de la Turquie. L’adhésion de la Turquie à l’Union douanière de l’UE fortifie la

place de la Turquie parmi les « pays opprimés ». L’Union douanière signifie pour la Turquie

la colonisation, non pas un capitalisme développé. Ce processus rend l’existence de la

République de Turquie sans objet car en cas de l’absence d’un marché intérieur à protéger il

ne serait plus un État.

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61

4. Une anti-thèse de l’Union européenne

Le concept de « mondialisation » qui prend sa place à l’ordre du jour a donné une

nouvelle dimension au nationalisme de Öncü Gençlik. Il a intégré le concept de

mondialisation dans son discours comme étant un mot négatif par une interprétation anti-

impérialiste, nationaliste, voire xénophobe. Il appuie cette interprétation sur une idéologie

caractérisée par un discours d’indépendance kémaliste et par un « syndrome de Sèvres ». En

faisant une séparation entre « le monde opprimé » et « le monde oppresseur », il met en œuvre

une stratégie déterminée par la géographie. Öncü Gençlik annonce la fin des valeurs de la

civilisation occidentale et accentue sur la civilisation de l’Asie. Dans leur recherche d’une

« troisième option » formée dans le cadre de la « stratégie d’Eurasia » ils confèrent une

mission de leader à la Turquie en mettant l’accent sur le caractère unique de la Révolution

turque. C’est le côté messianiste de son discours.

Akkoç construit une différence entre « le nationalisme révolutionnaire » et « le

nationalisme rétrograde » en accusant les mouvements nationaux actuels d’être sous

l’influence de l’impérialisme. Cependant, les mouvements nationaux des « pays opprimés »

déclanchés par la Révolution d’octobre organisaient plutôt contre l’impérialisme et

apportaient « un nationalisme révolutionnaire ». Öncü Gençlik accorde au nationalisme

contemporain un double sens. Il est à la fois l’idéologie de la concurrence entre les nations se

trouvant dans le même État et l’idéologie des conflits interétatiques. Sa différence entre la

période de l’après de la Révolution d’octobre est que le nationalisme contemporaine ne tire

plus à l’impérialisme, au contraire il s’allie avec l’impérialisme. Dans le monde

d’aujourd’hui, le nationalisme et le fondamentalisme sont les alliées de l’idéologie du marché

globalisationaliste à l’échelle mondiale.

De même l’İP aussi prétend que le projet du nouvel ordre mondial est condamné à

l’échec en énumérant quelques raisons.131

• Le système impérialiste-capitaliste a divisé le monde en deux camps en tant

que celui-ci des riches et de pauvres. Alors que sept États impérialiste appelé

« le club des riches » enrichissent de plus en plus, le reste du monde devient de

moins en moins pauvre. Il n’existe aucune solution à cette polarisation en

restant dans le système.

131 Ibid.; p. 18

Page 62: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

62

• Le système capitaliste rend foux les individus. Le système d’intérêt individuel

provoque l’aliénation et le traumatisme psychologique. L’un tiers des individus

vivant dans les États européens impérialistes sont en traitement psychologique.

• Le système impérialiste-capitaliste constitue même un obstacle devant le

développement scientifique. La montée de la divination, de la sorcellerie et de

l’ignorance est totalement due au système capitaliste.

Öncü Gençlik construit donc une opposition forte à l’impérialisme en utilisant des

arguments économiques, politiques et culturels. Akkoç accuse les sociétés et les cultures

européennes d’être corrompues. Selon lui, les centres capitalistes ne représentent plus le

progrès, mais la dégression. De plus, il affirme que la Turquie est poussée au processus de la

colonisation par le nouvel ordre mondial dont la fin est la dissolution de son pouvoir politique

et de sa culture : « Son attitude concernant la question de Chypre et sa réaction contre le Plan

d’Annan prennent sens à ce point ». Il le considère comme le commencement du déchirement

de la patrie turque en formulant le slogan « la défense de la patrie commence par le Chypre ».

Il s’oppose aux programmes d’échanges universitaires de l’UE tels que Socrates, Leonardo en

prétendant que ces programmes ont l’objectif de corrompre, d’aliéner, voire de christianiser la

jeunesse turque.

5. L’Analyse d’un gauchisme nationaliste

Le Parti Ouvrier se dit d’être un parti socialiste par son Règlement, prend la source de

son discours du kémalisme que les idéologues socialistes. De même Öncü Gençlik aussi

accorde le socialisme avec le kémalisme en prétendant qu’ils ont les fins communes et que la

seule voie s’ouvrant au socialisme passe par la mise en marche du programme kémaliste. En

construisant son argumentation anti-impérialiste Tunç Akkoç éprouve une attitude éclectique.

Il néglige la finalité des reformes kémalistes qui visent au fond à atteindre au niveau du

développement de la civilisation occidentale et forme son discours sur les politiques menées

dans le contexte de la Révolution kémaliste.

L ‘effet du maoïsme chez Perinçek se voit surtout dans les propositions économiques

d’Öncü Gençlik. Ils sont contre toute organisation internationale occidentale. Mais cet

indépendantisme ne les empêche pas de proposer des projets tiers-mondistes comme Eurasia.

Ils confèrent une mission de leader à la Turquie en mettant l’accent sur le caractère unique de

la Révolution turque. C’est la côté messianiste de leur discours et il est accompagné de l’idée

de « la corruption de l’autre ». L’imaginaire géographique de Tunç Akkoç est fondée sur la

Page 63: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

63

séparation géographique entre l’Occident et l’Orient. Cette conception du monde reflète des

motifs néo-racistes puisqu’elle fait une distinction entre les civilisations en affirmant la

supériorité de l’une sur l’autre.

Akkoç tombe pour la plupart du temps dans une attitude purement xénophobe en

tentant d’expliquer chaque activité politique incompatible à sa ligne politique en construisant

un lien de causalité par l’impérialisme qu’il définit comme les « centres de menaces

externes ».

Un fort régionalisme accompagne d’une discours anti-impérialiste mène les membres

d’Öncü Gençlik a un indépendantisme tiers-mondiste. Quant à la conception de citoyenneté

ils exposent un caractère d’une part neo-bismarckien sous l’effet du kémalisme. Mais d’autre

part leur conception de citoyenneté déclarée toute à fait à la française prend une forme

républicaine-centraliste quand il s’agit de la dialectique megolomanien-rurarien entre les

nationalismes turc et kurde.

Il s’agit aussi d’un aspect militariste de Öncü Gençlik qui s’est concrétisé par sa

soutenance aux Forces d’armées turques dans le processus du 28 février 1997. Comme l’İP ils

considèrent l’armée nationale comme étant l’unique garantie de l’État-nation est ses

institutions.

SECTION 2. L’ASSOCIATION DES AVOCATS TURCS (BHB)

"L’Union européenne, c’est non. Nous n’en voulons pas", explique sans ambages Kemal

Kerinçsiz, président de Türk Hukukçu Birligi, l’Association des avocats turcs. Inconnu il y

encore un an, ce groupe de pression nationaliste a déposé une trentaine de plaintes contre des

intellectuels turcs, mais aussi contre un parlementaire européen. Ces activistes, informels et

peu nombreux, proches des Loups gris132!, sont prêts à tout pour faire se fâcher l’Union

européenne et la Turquie".

Kemal Kerinçsiz, Muammer Kocadağlı, Ramazan Kırkık, Recep Akkuş, Ramazan Selçuk,

Ramazan Bakkal... Leur stratégie consiste à porter systématiquement plainte contre les

auteurs de remarques critiques sur des sujets "sensibles" en Turquie, comme le probleme

arménien, le conflit avec les Kurdes ou le fonctionnement de la justice. A chaque procès, ils

déplacent une centaine de personnes. Aujourd’hui, ils se voient comme le fer de lance de

toutes les oppositions à la liberté d’expression et à la démocratisation du pays. Leur principale

132 Sympatisants de MHP, extreme droite

Page 64: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

64

offensive a été celle menée contre l’écrivain Orhan Pamuk, dont le procès a scandalisé les

opinions publiques européennes, en décembre 2005, avant que le parquet n’abandonne

finalement les poursuites.

Au premier rang, Kemal Kerinçsiz, qui s’est porté partie civile - en vertu de l’article 301 du

code pénal - contre Orhan Pamuk, puis contre le député européen Joost Lagendijk, venu à

Istanbul soutenir le romancier turc, est un spécialiste des coups d’éclat. Cet ancien membre du

Parti d’action nationaliste (MHP, extrême droite), considéré comme "infréquentable" par

l’establishment turc, n’hésite pas à injurier ceux qu’ils estime ennemis de sa cause. Pour

M. Lagendijk, c’est un "provocateur" qui veut "mettre en difficulté le gouvernement".133!

Pour beacoup de gens cet activisme est le signe d’une résistance d’une partie de l’armée, de la

bureaucratie et de la magistrature - "l’Etat profond", selon l’expression consacrée en Turquie -

confronté à une rationalisation du système politique à l’issue de laquelle "elles devront

commencer à rendre des comptes". 134

M. Lagendijk avait été régulièrement pris à partie par Kemal Kerinçsiz, qui avait qualifié sa

présence lors des procès des intellectuels turcs d’"intrusion des forces étrangères" en le

pointant du doigt. On peut dire que Kerinçsiz et ses troupes manient avec dexterité l’arme

médiatique. Jets de tomates pendant une conférence universitaire sur le probleme arménien,

tirades incendiaires sur les plateaux de télévision contre les "manipulations" des "puissances

étrangères" constituent certains exemples de luer stratégie propagandaire . Voici quelques

exemples médiatiques:

- La chronologie de leurs attantats commence le 6 Septembre 2005. Pendant l’exposition de

photographies organisée au mémoire des évennements de 6 et 7 Septembre (les attantats

contre les membres de la minorite greque d’İstanbul) les photographes ont été dechirées, les

visiteurs ont été insultés

- La deuxième violence a eu lieu le 17 Décembre 2005, pendant l’affaire d’Orhan Pamuk, les

représentants de l’Union Européenne y compris, Pamuk et ses sympathisants ont été attaqués.

D’après un reportage sur le problème armenien Pamuk a été accusé d’insulter l’identité

turque.

133 Le quotidien Hurriyet, 02.02.2005, page 26 134 http://www.turquieeuropeenne.org/article1053.html

Page 65: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

65

- La troisième apparence du group, c’était pendent la conférence sur le problème Arménien à

l’Université de Bilgi. Le 8 Fevrier 2006 la conférence a été annulée, il y eut des plaintes

contre les journalistes qui ont critiqué cette decision.

- Le 17 Mai 2006 ils étaient toujours au premier rang pendant l’affaire de Hırant Dink,

écrivain du journal Agos, publié pour la minorité arménienne en Turquie.

- Le 7 Juillet 2006, pendant l’Affaire de Perihan Mağden, elle a été insultée d’etre “la rose de

PKK”

- Le 23 Juillet 2006 une vieille femme a été gifflée pendant les protestations de la visite de

Karakin II, le patriarcat arménien.135

1. Conception de citoyenneté

Kemal Kerinçsiz, parlant d’un ton très calme et convaincant d’un avocat, nous a

acceuilli face à face dans son bureau, pendant trois quarts d’heure avec une grande

hospitalité. Il a commencé à expliquer leur conception de citoyenneté avec une lignée toute à

fait à la française, c’est-à-dire moderniste: “Ce que nous comprenonos de la conception de

citoyenneté du kémalisme, c’est qu’Atatürk nous pointe un nationalisme culturel plutot que de

racial. Ce nationalisme culturel a servi de base pour la jeune république turque. Cette

conception prend comme but de former une structure unitaire et nationale des gens qui vivent

en Anatolie quelque soit leur origine éthnique. »

Cette approche typiquement moderniste dans le discours de Kerinçsiz, se transforme

tout d’un coup à un volontarisme quand il s’agit de la définition de “turc”: “Nous pouvons

appeler turc celui ou ceux qui se sentent turcs. C’est une question d’appartenance. Meme un

citoyen d’origine arménienne peut se sentir et se déclarer turc. Moi, je dois alors l’accepter

comme turc. C’est totalement une question d’appartenance.”

Mais du moment où il commence à parler des turcs d’extérieur la primordialisme

devient le trait le plus claire de ses expressions. Le mot turc prend le sens d’une éthnicité

mondiale, qui aborde les frontières actuelles de la Turquie: “Il y a un monde turc dont la

population est 300 millons. Ce monde doit tard ou tot s’unifier sous une tente confédérale.

Des unités économiques, militaires peuvent s’améliorer. Comme par exemple aujourd’hui la

parole de deux états une nation avec Azerbaidjan est acceptée dans les deux cotés. Cela peut

135 La revue mensuelle Tempo, le 29.12.2005; http://www.tempodergisi.com.tr/toplum_politika/09606

Page 66: Les Nouveaux Mouvements Nationalistes Yeni Milliyeti Akimlar

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etre conçu naturellement comme six états et une nation. Malgré les différences culturelles et

éthniques les européennes parviennent à former une union. Pourquoi une ligue turque ne

pourrait pas être possible comme la ligue arabe? Les richessess naturelles et la sinergie de

venir ensemble formera une vraie force.”

Et du moment où il commence à parler des droits culturels des autres éthnicités

comme les kurdes, son approche volontariste quitte sa place pour la dénie, voire insulte:

“Nous n’acceptons pas le Kurde comme une langue. Il n’a même pas une grammaire, les mots

sont ramassés de l’arabe, de la langue perse et du turc. Si vous voulez créer une nation vous

devez d’abord créer une langue.” Ce n’est pas étonnant qu’ils soient contre tout pratique de la

langue kurde.

Son discours insultant pour les kurdes et leur culture devient encore pluraliste quand

ils commence à parler des conceptions religieuses: “DİB136 doit être reorganisée d’une façon

à répondre aux besoins des citoyennes aleouites. Les Cemevi’s137! doivent continuer à servir

comme centres culturels. La république turque ne doit jamais être un état de secte. Sinon, la

sensibilité des citoyens albeouites peut être manipulée par des organisations terroristes.”

2. Conception de sécurité

Pour faire comprendre le degré de militarisme dans le discours de BHB, il faut donner

place à ce que Kerinçsiz dit à propos des coup d’états: “Ce ne sont pas des actes, mais des

chef-d’oevres qui prennent naissance de la nation turque.” Les évennements comme ceux de

Şemdinli, où des membres des forces armées turques ont été rencontrés juste devant un

magasin bombardé, et ont été accusés de réaliser eux-mêmes cet attantat, sont considérés

comme des provocations contre l’armée: “Ce sont des provocations pour affaiblir notre armée.

Il s’agit des forces etrangères et leur pionnes qui sont à l’intérieur”.

La République Turque du Chypre Du Nord, les pays turcs comme Azerbaidjan et

Turkménistan, comme les alliés primaires de la Turquie reflètent le caractère communautaire

et primordialiste même au sujet des affaires étrangères de BHB.

Selon Kerinçsiz le séparatisme éthnique, le minoritarisme éthnique et religieux sont les

plus graves problèmes intérieurs de la Turquie. Avez les paroles de Tanıl Bora cela peut être

defini comme un macro ultranationalisme qui est contre à tout ceux micros. Le discours

laiciste y est rencontré encore: “L’intègrisme est un danger actuel pour la Turquie. C’est sur.

136 Diyanet İşleri Başkanlığı, Institution des Affaires Religieuses 137 Batiments ou les aleouites fond leurs prieres

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67

Mais il faut protéger les gens croyants qui n’utilisent pas la religion comme instrument

politique”.

Et comme chez les autres, l’armée est l’unique alliée de BHB devant ces dangers: “On

compte toujour sur l’armée turque parce que l’armée fonctionne en dehors da la vie civile et

ne s’infecte pas des maladies que l’on rencontre dans les milieux civils. Une deuxième raison

pour compter sur l’armée c’est que les forces armées ont su concerver leur vision kemaliste. A

ce point l’armée sera le dernier lieu à protéger les principes d’Atatürk.” Parce que suivant

Kerinçsiz, l’administration est devenu le jouet des forces globales, le parlement est soumis à

un seul parti, et la législation est politisée.

La centralisation bismarckienne est soulignée dans la définion du terreur aussi: “Le

terreur c’est les attantats contre la structure stabilisée. Mais le terreur ne se fait pas seulement

avec les armes. Il peut être culturel aussi. Ce qui importe c’est d’avoir le but de démolir la

structure qui existe.”

La conférence à l’Université de Bilgi est considerée comme un escalier politique pour

la reconnaissance du génocide arménienne et les demandes de territoire: “Ce n’est qu’un

morceau du puzzle international.”

De même, suivant le discours xénophobe de BHB, le projet d’adhésion de la Turquie à

l’Union Européenne n’est qu’un projet Yougoslavique: “Le projet d’adhésion à l’union est un

projet pour diviser la Turquie. Il n’ont pas l’intention de prendre la Turquie comme partenaire

égal entre eux.”

SECTION 3. NATIONAL-SOCIALISTES TURQUISTES (BUDUNCULAR-TTBD)

La synthèse turco - chamane138 fait suite à la synthèse turco-islamique ayant marqué

les années 80. Un groupe de noyau formé de 50 personnes sous l’avant-garde de M. Cengiz

Tozkoparan est en train de s’organiser à l’échelle nationale en Turquie. Le mouvement qui

expose un caractère laïc apparait au premier abord comme un mélange du Kémalisme,

nationalisme et Touranisme.139

A la suite de cette approche, l’équilibre démographique de la Turquie qui est en train

de se tourner contre les turcs et la nécessité de controler la population kurde, devient le

138 Chamanisme est la religion des turcs avant l’Islam. Le chaman est la figure religieuse qui dispose des pouvoirs tels que prévoyance de l’avenir, guérison, communication avec les esprits et magie. 139 Le quotidien Hürriyet du 12.06.2005 “Synthèse turco – chamane” par Savaş Özbey.

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problèmatique essentiel de leur discours. A part “le grand guide Atatürk”, ils se déclarent

strictement opposés aux défenseurs du Charia, aux séparatistes, au MHP, aux politiciens, à la

bureaucratie, aux travestis, aux voleurs, et à la danseuse du ventre Asena, en bref contre tout.

Le groupe qui se nomme « nationaliste », s’est manifesté dernièrement lors de la distribution

de la communication qu’ils ont effectuée dans les grandes villes. Ce document parlait de la

nécessite de croissance pour la population turque.

Le groupe en question a des membres ayant opté pour le chamanisme antérieur à

l’adoption de l’Islam par les Turcs. Le président Cent Tozkoparan âgé de 39 ans se dit

chamane. Ils boivent du lait de cheval de manière symbolique lors de rituels chamans et

chassent les mauvais esprits.

Ils s’organisent dans les universités à l’échelle nationale sur l’internet en commençant

par Izmir où loge le président Tozkoparan. Parmi les membres, il se trouvent des retraités du

secteur public, militaires, fonctionnaires, policiers, commerçants, étudiants ainsi que des

femmes.

Le président Tozkoparan qui affirme avoir un regard désintéressé à l’égard da la

politique jusqu'à présent, dit qu’ils sont dans les préparatifs pour fondation d’un parti

politique. Ces nationalistes qui adoptent un discours Kémaliste, sont pan-turkistes en même

temps (Touranisme). Les nationalistes organisés en association en 2000, transformée en plate-

forme depuis peu de temps critiquent les autres groupes nationalistes avec le Parti du

Mouvement Nationaliste (MHP) en tête. Ce groupe qui affirme rejoindre les idéalistes

(ülkücüler) sur la base du patriotisme, accuse ces derniers d’être ınfluencé par le courant

partisan du Charia.

Le discours tenu par les nationalistes accorde une place particulière aux Kurdes. Le

groupe qui considère le PKK comme insurrection Kurde est d’avis que l’équilibre

démographique est en train de changer contre les turcs et qu’il est nécessaire d’y faire face. Ils

affirment que « l’élément fondateur du pays (Turcs) a droit à l’intervention ». il serait

nécessaire d’établir le visa pour les grandes villes selon le groupe qui tient responsables les

Kurdes pour la montée de la délinquance incluant le vol à main armée.

1. La ligne de faille des partisans des loups gris et ceux des croissants

Le discours du groupe ayant une apparence relativement nouvelle porte les traces

d’une ancienne séparation datant de l’adoption de la synthèse turco- islamique par le front

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nationaliste.140 Les partisans connus comme « ceux de loup » au sein du front nationaliste

avaient perdu le premier round en 1969, au fond. L’idée de la synthèse turco - islamique

ayant son age d’or dans les années 80, est lancée par le « foyer des intellectuels » fondé par un

groupe d’académiciens de droite. Le club en question fondé en 1962 par 7 précurseurs parmi

lesquels figurent Necıp Fazıl Kısakürek et Kemalettın Erbakan, frère de Necmettin

Erbakan141!, a pris le nom « Foyer des Intellectuels » lors de l’Assemblée générale des

Nationalistes tenue en 1969. C’est l’année où le parti CKMP142 a adopté l’insigne de trois

croissants en transformant son nom en MHP sous la direction de M. Alpaslan Türkeş lors du

grand congrès tenu à Adana. Le « Foyer des Intellectuels » a réalisé son unification de

pensée en espace de 10 ans, a défini les limites de la ligne de la faille « turco - islamiste » lors

de la IIIe Assemblée Nationaliste tenue en 1979. Qui est le turc ? C’est le musulman qui peule

le turc. Telle est la réponse fournie par les esprits autorisés. La période suivant le coup d’état

du 12 septembre fut l’age d’or du Foyer des Intellectuels. Turgut Özal143 était en relation

avec le Foyer, le nombre des francs maçons de la droite devient 12 à l’échelle nationale.

Cependant le vieux conflit fait surface au début des années 90144. L’ennui résultant du

contact entre un groupe avec le mouvement d’origine gauchiste fut traité par la Revue

« Aksiyon » à partir 2000. La revue a ouvert à la discussion les signaux de la séparation de

croissant – loup sur le front nationaliste avec la rubrique « le feu rouge dans le foyer ». La

compétence du Parti de Mouvement Nationaliste (MHP) à représenter le front nationaliste est

soumise à l’interrogation sur les sites tels que www.nihalatsız, www.turkcutoplumcu.com: «

Nous sommes tombés dans cette situation à cause des idéologues défendant l’héritage

ottoman, l’Islam et la charia, en remplaçant le symbole de loup par le symbole de trois

croissants. »

Lors des meetings et des réunions, ils affirment qu’il appartient seulement aux turcs de

donner des noms à Etat Turc, que la révolution républicaine est restée incomplète le 10

novembre 1938 à 9H05145!. ; que le mouvement idéaliste (ülkücü) a abandonné l’idée

nationaliste turque après le meeting d’Adana tenu en 1969 et que la jeunesse s’est éloignée de

l’idéalisme en épousant la cause ottomane ou celle du loisir du genre « télé - volet ».

Les parents de Cenk Tozkoparan étaient des fonctionnaires. Il a étudié la comptabilité. Il a

pris place au sein du MHP d’une manière officieuse. Il a fondé l’Association « Türkçü 140 BORA, Tanıl; op.cit.; p. 89 141 Ancien premier ministre de la Turquie et chef du parti islamiste 142 Ancien titre de MHP 143 Premier ministre de l’époque 144 BORA, Tanıl; ; op.cit.; p. 121, p.185 145 La date de déces d’Atatürk

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Toplumcu Budun » en 2000 avec ses compagnons de route. L’association en question ayant

son siège à Izmir s’est transformé en plate – forme de la Pensée Surhumaine Nationaliste et

Sociale en fondant un site d’internet portant le même nom. Ils publient la revue « Kam ». Le

siège situé à Izmir, a un groupe noyau de 500 personnes. L’organisation se fait via le site

d’internet turkcutoplumcubudun.org. Le site en question est visité par 800 – 1000 personnes

chaque jour. La plate – forme a ses branches dans 50 villes. Ils affirment être en situation de

distribuer des prospectus de communication dans 10 villes. Ils s’étendent dans les grandes

villes, surtout dans la région égéenne.

Il y a des étudiants, commerçants, fonctionnaires, académiciens, militaires en retraite, et

responsables de la sécurité.

2. Conception de citoyenneté

Dans le discours raciste plutot que nationaliste de TTKB les kurdes occupent une

place tres importante. Bien qu’ils déclarent qu’ils sont contre a peu pres à tout sauf Atatürk:

İnönü, la burocratie, les integristes, les séparatistes, les travestis, meme Asena, la danseuse du

ventre, à cause de son nom.

La discrimination raciste envers les kurdes est en contradiction avec l’aspect

bismarckien du kemalisme où ils se referent: “TTBD est formé selon les directifs de Mustafa

Kemal Atatürk dans sa Discours à la Jeunesse. Comme toutes les réformes qu’il a realisées

nous sommes les poursuivants de sa conception d’état-nation.”

Ils ont organisé une campagne contre l’augmentation de la population kurde: Cenk

Tozkoparan declare ouvertement que les Buduncu prennent la race et le sang comme

essentiel. Et selon lui les kurdes sont plutot iraniens que de turcs. Ce trait anti-kurde tres

remarquable dans toutes ses phrases nous rapelle toute de suite le nationalisme et terrorisme

dans la categorisation de Wieviorka et puis ensuite la dialectique magolomanien-rurien de

Gellner. Ils parlent “du droit de nommer la Turquie”, ce qui appartient uniquement à ceux qui

portent le sang turc. Cette these primordialiste qui rappelle l’idéologie de l’Allemagne de

Hitler abordent naturellement les frontieres nationales de la Turquie et embrasse tout le

monde turc: “Tout les turcs vivants sur le monde entier sont un seul peuple pour nous”.

Pourtant les approches à propos de la religion et de sa pratique de TTKB exposent une

position politique beaucoup plus liberale qu’Öncü Gençlik par exemple: “L’Alouisme est une

des conceptions d l’Islam. Nous pensons que la réaction des aleouites contre l’éducation

obligatoire de la concepion sunnite dans les écoles a raison. Le gouvernement doit mener une

politique plus egalitaire envers les aleouites et les autres conceptions religieuses. Nous

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pensons que de tel debats ne servent qu’aux attantats contre la république laique. DİB est

nécessaire. Il doit continuer à servir la nation turque dans une structure moderne et

démocratique qui embrasse toutes les croyances.” Ce pluralisme étonnant quand il s’agit de la

religion, doit-il etre consideré avec leur sentiment de minorite religieuse? Cenk Tozkoparan,

descendant d’une famille musulmane, en choisissant le chamanisme comme croyance, fait

parti peut etre pour la premiere fois membre d’une minorité. Est-ce qu’il suffirait qu’il soit

d’une minorité sexuelle pour etre moins xenophobe envers les travestis?

Un autre trait étonnant chez les Buduncu c’est qu’ils sont beaucoup plus ouverts

envers les organisations et cooperations occidentales. Cenk Tozkopan dit: “Nous pensons

qu’il est toujours possible de faire des alliances internationales pour le bien de la Turquie,

comme l’union européenne ou autres. Mais au dela de cette perspective, notre primaire choix

est naturellement une coopération avec les autres pays turcs dont les peuples portent le meme

sang que nous. “ Cette approche nous semble comme un melagne du tiers-mondisme avec le

contre-tiers-mondisme.

Quant à la citoyenneté juridique il s’agit d’une totale confusion des termes: Il disent

que selon le 66eme article de la constituion turque, la citoyenneté est atteinte par la naissance

d’un pere ou d’une mere turc. Pourtant les surianies par exemple sont conçu comme une

minorité, bien qu’ils n’ont pas le statut juridique.

L’éxécution est un des principes de base pour les Buduncu’s: “Quand le mouvement

budouniste va venir au pouvoir notre premier déclaration sera l’éxécution d’Abdullah Öcalan.

Cette une dete à payer à notre histoire, à nos enceitres et aux nobles familles des soldats turcs

qui ont perdu leurs vies.”

3. Conception de sécurité

Le discours militariste est tres nette chez Cenk Tozkoparan. Il peut y etre trouvé meme

un historisime mistique: Il nomme les forces militaires modernes de la Turquie comme

l’armee de Mete146 !. Sur sa liste des instituions les plus comptables, l’armée turque précede ,

la législation et la Présidence de la République comme chez les autres groupes. L’armée se

conçoit comme le dernier garanti et ‘alliée naturel contre les maux qui viennent de l’intérieur,

comme de l’extérieur: “Le premier danger intérieur c’est l’integrisme islamique qui est, et a

146 Le commandant heroique des troupes Hongrois

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toujours ete en opposition à la république et aux réformes kémalistes. Le deuxieme plus grand

danger interne vient des non-turcs qui ont pu atteidre les positions les plus importantes dans le

fonctionnement de l’état, grace aux possibilites et droits leur connus par le meme état.

Troisiemment ce sont les Kurdes qui menent un mouvement séparatiste en collaborant avec

les forces extérieures. Puisqu’il leur est impossible de vaincre l’armée turque, ils essaient d’y

arriver en utilisant toute sonte de violence comme du cambriologe à la vole.” Une armée

nationale forte devient indispensable pour la continuité de l’État-nation turc. L’armée

nationale pourrait mieux devenir le foyer de promotion des valeurs sublimes comme l’amour

de patrie et la conviction de se sacrifier pour la Patrie.

4. Conception économique

Ils n’ont pas répondu à notre question sur leurs propositions économiques mais

généralement une approche libérale peut être senti dans leur discours. En principe ils ne sont

pas contre la coopération comme l’union européenne mais ils disent que pour le bien

économique du pays, l’adhésion à l’union européenne est défavorable comparée à l’union

turque. De l’autre coté, le deuxième plus grave danger extérieur vient du capitalisme

occidental : « Le premier danger extérieur pour la Turquie, c’est les attentats d’importer

d’autres systemes que celui d’Atatürk, c’est-a-dire, la république. Deuxiemment, ce sont les

cartels qui menacent le systeme d’état-nation de la Turquie en le poussant vers une

globalisation avec leur forces économiques. Dernierement une troisieme danger vient des

organisations d’origines étrangeres qui travaillent à séparer le peuple turc de sa conscience

nationale.”

A propos de l’éxécution ils ont une lignée tout à fait fashiste: “L’éxécution est un des

principes de base des Buduncu’s. Quand le mouvement budouniste va venir au pouvoir notre

premier déclaration sera l’éxécution d’Abdullah Öcalan. ”

Dans un comportement mégalomanien ils proclament qu’ils sont contre l’éducation,

l’utilisation, l’émition de toute autre langue sauf le turc.

A propos de la conférence à l’Université de Bilgi ils parlent d’une trahison burocratique et

gouvernementale: “Meme si cette conférence aurait été organisée dans Les Nations Unies au

lieu d’une université nous n’aurions aucune différence dans notre regard à cette question: La

these arménienne est completement une mensonge. Cette une comédie enscenée pour affaiblir

économiquement et politiquement la Turquie. Le gouvernement et les burocrates qui ont

permis cette mise en scene sont tous des coupables devant l’histoire.

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SECTION 4. L’ASSOCIATION DE CULTURE D’AZERBAIDJAN (AKD)

L’importance de AKD pour notre recherche vient du conflit éthnique turco-azero-arménien.

Les arméniens installés à Haut – Karabakh situé à l’ouest du pays se sont insurgés à la suite

de l’indépendance de l’Azerbaïdjan proclamée en 1992 face à l’Union Soviétique. Cette

région se trouve près de la frontière arménienne. L’armée nationale de l’Azerbaïdjan en cours

de la formation est restée faible devant les forces insurgées soutenues par l’Arménie et la

Russie. Les agglomérations telles que Gence, Hocalı sont restées sous le contrôle des rebelles.

La population azerbaidjanaise habitant les territoires occupées a du quitter cette région pour

s’installer dans les villes de l’est du pays et à Bakou. Le nombre des habitants déplacés est de

800 selon les chiffres fournis par la République de l’Azerbaïdjan.

Le massacre dans la ville Hocalı se considere comme le sommet du conflit. Hocalı ayant une

population de 7 000 personnes et une importance stratégique en raison de sa situation

géographique fut attaqué par les Arménien le 26 février 1992. Les arméniens soutenus par le

366e régiment des Russes ont fermé les arrivées et les sorties de Hocalı et déclenché le

mouvement pendant la nuit du 25 février. Le massacre fut perpétué par les arméniens sans

distinction de femme, enfant et vieux. Selon les chiffres officiels, il y a eu 613 morts dont 83

enfants et 106 femmes, en espace de cette nuit. Il y a eu 487 personnes gravement blessées, et

1275 personnes prises en otage. Le reste de la population a pu survivre en prenant fuite. Il y a

eu 26 enfants complètement orphelins et 130 enfants semi – orphelins.

A la suite de la projection sur l’écran tv, les grandes villes de la Turquie telles que Ankara,

Izmir et Istanbul ont connu des grands meetings de protestation. Il y a deux raisons qui

expliquent cet effet : Tout d’abord a cause de la population intense des Azeris dont le nombre

s’élève à 2 millions selon les estimations de l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan. On peut

trouver à l’est du pays, des grandes villes comme Iğdır où la majorité de la population est

formée par les azerbaidjanais turcs. Le second motif mobilisateur nationaliste vient de la

perception que les arméniens, accusant les turcs de génocide, attaquent cette fois-ci eux-

memes les droits d’une autre communauté turque.147

Ainsi, les événements de Karabakh occupent une place ımportante parmi les conflits

ethniques rendant efficace le réveil du nationalisme turc. Cette sensibilité est toujours vivante

par le fait que le problème ne soit toujours pas résolu, et se regenere avec les victoires

législatives remportées par les thèses arméniennes dans les parlements européens.

147 Le site web de l’association, http://www. turkseker.gov.tr

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Nous avons décidé d’examiner l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan dans cette parte en

partant du fait qu’il s’agit d’un bon exemple du nationalisme né du nettoyage d’ordre

ethnique. Le fondateur de l’association est Mehmet Emin Resulzade qui était le président du

premier Etat de l’Azerbaïdjan fonde au début du XXe siècle d’une manière éphémère.

A la suite de l’occupation de l’Azerbaïdjan par les Soviétiques Mehmet Emin Resulzade a

mené pendant la 2e guerre mondiale dans différents pays de l’Europe, de divers travaux en

tant que président de l’Assemblée Nationale d’Azerbaïdjan. Pendant cette période, il a passé

longtemps à Bucarest comme invité auprès de son ami Hamdullah Suphi Tanrıöver,

Ambassadeur de Turquie en Roumanie. Apres la fin de la guerre et la défaite des Nazis, les

soldats d’origines turques, participant à la guerre contre les russes dans l’espoir de mettre fin à

l’occupation de leur patrie se sont rendus en Turquie. Resulzade aussi s’est installé à Ankara.

Il a intensifié ses contacts avec ses compagnons de route qui se trouvaient en Turquie et dans

différents pays à travers le monde. Dans l’athmosphere bipolaire du monde et la nouvelle

sitation polipartite de la Turquie, Resulzade a placé les activités culturelles au premier plan de

ses travaux avec les nouvaux adhérents. En changeant de stratégie il a suggéré à ses

camarades l’introduction des activités culturelles en fondant une association à Ankara et en

profitant de la nouvelle situation créée par le passage à la vie polipartite en Turquie. Ayant

terminé les travaux préparatifs en peu de temps, « l’Association de Culture d’Azerbaïdjan »

(AKD) est mise en œuvre par Dr. Hamit Ataman, Dr. Aziz Alpagut et Mehmet Altunbay le 1e

février 1949 à Ankara. Cette association est devenue, en peu de temps, le foyer des Turcs

d’Azerbaïdjan et la voix de la diaspora azerbaidjanaise .148

AKD a assumé une fonction de parapluie pour le peuple d’un pays sous l’occupation. Les

réunions de samedi au siège de l’Association et les conférences en série pour discuter des

problèmes, ont été organisées de telle sorte que les manifestations avaent comme but

d’exposer la culture et les traditions azerbaidjanaises. La premiere edition de la « Revue de

Culture Turque d’Azerbaïdjan » fut publié le 1e avril 1952 pour donner une dimension durable

aux activités menées par l’Association. Sous la direction de Dr. Ahmet Yaşat, la revue a

accordé une place importante aux articles et aux informations concernant la culture, la

littérature, l’art, la vie sociale ainsi que les problèmes et l’esclavage du peuple azerbaidjanais.

La revue a connu des périodes différentes depuis le début : mensuelle pendant longtemps à

partir de 1952, ensuite trimensuelle jusqu’en 1990 et bimensuelle à partir de cette date.

148 Le site web de l’association, http://www. turkseker.gov.tr

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L’Association ne s’est pas contentée de s’intéresser aux problèmes des turcs d’Azerbaïdjan,

elle a mené aussi des travaux relatifs aux problèmes quotidiens des turcs du monde entier.

Elle a mis l’accent sur la discrimination des turcs en Bulgarie, Chypre et Irak, sans oublier la

lutte menée par les turcs de Crimée pour le retour au pays natal, ni la lutte d’indépendance des

Turcs de Turkestan.

L’Association a essayé de développer les relations multidimensionnelles avec la République

d’Azerbaïdjan depuis 1988. Elle a continué les relations culturelles introduites en 1991 avec

le Front Populaire d’Azerbaïdjan, l’académie des Sciences d’Azerbaïdjan, l’association des

journalistes d’Azerbaïdjan. AKD a des centres dans les villes comme Bursa, Izmit, Antalya,

Söke, Izmir.

Les dirigeants de l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan se sont introduits aux problèmes

politiques vecus en Azerbaïdjan au cours de l’année 1991 et ont servi d’intermédiaire entre les

partis opposants.

Le Président Elçibey a visité l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan lors de sa visite officielle

en Turquie et il a écrit ceci dans le cahier de memoire: « je suis heureux d’avoir rendu visite à

ce foyer saint ayant défendu, jusqu'à présent l’idéal de l’indépendance de l’Azerbaïdjan à

Ankara, c’est-à-dire le foyer de Mehmet Emin Resulzade. Que Dieu rende heureux ceux qui

ont protége ce foyer ». Les relations se sont développées davantage à la suite de l’élection

d’Ebulfez Elçibey comme president de la republique d’Azerbaidjan. Nationaliste et proche de

Turquie, il a invité Cemil Ünal, président de l’association et le général retraité Yaşar

Demirbulak, membre de l’Association, en Azerbaïdjan pour qu’ils l’aident. Cemil Unal est

devenu ministre de la Réforme agraire dans le gouvernement d’Elçibey.

Le secretaire generale de l’association de Culture d’Azerbaidjan (AKD) Tuncer

Kırhan a ete le plus prudent des quatre personnages interroges. En se cachant derrriere le

systeme d’e-mail il a essaye d’utiliser le minimum de mots possibles pour repondre notre

questionnaire. Pourtant il nous parrait possible de definir les caracteristiques generaux de leur

discours nationaliste.

1. Conception de citoyenneté

La conception de citoyenneté est un mélange cacaphonique de la these primordialiste

avec celle moderniste: Le mot “turc” est consideré en meme temps pour décrire la citoyenneté

constitutionnelle mais aussi pour une définition naturaliste de l’éthnicite turque: “Celui qui

déclare qu’il est turc est turc. Se dit turc pour celui qui est citoyen de la Republique Turque,

(moderniste jusqu’ici) dans le cadrage unitaire. On appelle turc, celui qui porte les affections

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de la patrie, celui qui parle le turc et qui se déinit par l’identité generale turque (naturalisme

primordialiste jusque la).” Bien qu’ils n’ont pas le statut, les surianies sont donc considerés

comme une minorité nationale. De point de vue de AKD l’éducation, les émissions en autres

langues comme le kurde, sont des instruments de “l’érosion nationale”

Selon Tuncer Kırhan une union islamic est possible. Mais un fort communautarisme

exige d’autres cercles identitaires plus importants: “Pourquoi pas? La religion est avant tout

une raison d’unité pour les gens. Mais il ne faut pas oublier qu’elle vient apres la culture et

éthnicité. “

Pourtant ce qui est étonnant dans la rethorique nationaliste d’AKD c’est

l’indépendisme et régionalisme qui empeche un discours panturkiste: “ Les turc d’extérieurs

vont devenir des super-puissances au fil du temps. Mais chacun doit survivre avec ses propres

valeurs, dans sa propre patrie.

2. Conception de sécurité

Selon le discours de AKD les plus importants dangers qui viennent de l’extérieur sont

ceux-ci: Les pays en relation avec le terreur, les organisations islamistes d’origine extérieure,

les pouvoirs impérialistes internationaux. Le terreur islamiste, des tentations hipocrytes contre

le régime et le séparatisme constituent à leurs tour les danger intérieurs. Toutes ces menaces

nécessitent un mécanisme de contrôle et de defense constitutionnelle. A ce point, la

présidence de la republique, les forces armées et la court supreme constituent les institutions

pour cette controle.

“Il y a toujours eu, il y aura toujours aussi.” proclame AKD à propos du danger

d’integrisme. Mais le trait militariste est beacoup moins souligné que les autres exemples.

Dans le domaine des affaires étrangeres se remarque une incertitude envers les organisations

internationales occidentales mais un régionalisme qui ne va pas jusqu’a tiers-mondisme:

“L’adhésion à l’Union Europeenne ne sera jamais possible. C’est un processus à faire perdre

du temps et à servir les avantages de l’Union si on ne se comporte pas assez dynamiquement

en partant de nos propres principes. Il n’est pas toujours possible d’établir de bonnes relations

avec les pays voisins mais dans un perspective international on peut citer la Grece, la Bulgarie

et l’Azerbaidjan comme ‘alliées naturels’ de la Turquie.”

Ils s’expriment toujours plus timidement à dire qu’ils sont du cote de l’éxécution en

disant “La Turquie doit etre un état de droit. Ce que le droit exige doit etre éxécuté”

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A propos de la conférence à l’Universite de Bilgi ils exposent approche assez liberale “On

voudrait qu’il y eut des défendeurs de toutes les theses, qu’il y eut des professeurs d’une plus

large diversité d’opignons.”

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CONCLUSION

D’apres l’analyse des traits caractéristiques de leurs conceptions de nation, de citoyenneté, de

sécurité, de liberté d’expression et de droits culturels et de dangers inté et extérieurs, nous

pouvons dire au premier abord que tous les quatres groupes nationalistes portent les propriétés

bismarckiennes du kémalisme. Ils essaient de paralelliser leurs expressions avec le discours

kémaliste ou bien de pointer les traits communs avec ceci.

L’effet commun du kémalisme qui peut etre facilement remarqué dans leurs comportements

politiques nous fait penser en meme temps à un double opportunisme: Cette stratégie politique

comporte en soi, d’une part le biais de se légaliser dans la scene politique, et d’autre part, un

désir de se profiter du champs fructueux kémaliste. Mais de l’autre coté, ils semblent adopter

aussi la tension moderniste-primordialiste que le kémalisme contient en soi.

Du plus gauche au plus droite, tous les quatres ont une conception tres moderniste et

volontariste de citoyenneté mais cette approche est directement quittée quant à la définition de

la nation et de l’éthnicite turque: Öncü Gençlik à part, le reste ont une imaginaire tres

balkanique de la nation. La cacacphonie de “turc”, citoyen de la République turque et “turc”,

membre de l’éthnicite turque commence juste la. A ce point la cette deuxieme définiton de

turc, comme membre de l’éthnicite turque, porte des caractéristiques fortement

primordialistes, voire raciste chez TTBD. Öncü Gençlik sous l’influence tiers mondiste de

Perinçek et AKD, à cause de son statut persque diplomatique entre la Turquie et l’Azerbaidjan

exposent un tenu régionaliste plutot que de panturkiste. Le mirco-régionalisme de AKD et

Öncü Gençlik devient un macro régionalisme panturkiste chez TTBD et BHB.

Avec les mots de Gellner le conflit avec les kurdes a un effet mégalomanien sur les quatres

groupes. Sous le sendrome de séparation, les idées centralistes vont jusqu’a l’opposition aux

droits culturels. Les journaux, les émissions, l’éducation des autres langues comme le kurdes

sont considérés comme les instruments de l’érosion nationale meme pour Öncü Gençlik,

s’affirmant gauchiste.

Le xénophobisme d’Öncü Gençlik est remarquables dans ses approches à propos des

pratiques religieux. En partant de différants points de vue les trois autres sont baeucoup plus

pluralistes dans le domaine de religion. Seul Öncü Gençlik affirme que les cemevis ne

peuvent pas etre comparées avec les mosques. AKD, TTBD et BHB accentuent les mesures

necessaires que le DİB est obligé de prendre structuellement pour pouvoir embrasser toute

croyance religieuse, y compris celle des aleouites. Ce trait laiciste dans le discours des

groupes nationaliste peut etre accordé soi a la flirte politique avec l’armée soi a la concurrence

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avec l’Iran et l’Arabie Saoudite pour l’Asie Centrale. Les panturquistes veulent se profiter de

l’avantage de la culture commune et en faire un pas en avant devant ses adversaires.

Ils sont tous les quatres cotre l’expression liberale des sujets sensibles comme le génocide

arménien mais le plus étonnat c’est que AKD expose l’approche la plus pluraliste en disant

“l’organisation serait plus respecteux s’il y avait des représentants des deux theses,

armenienne et turque”.

Quant à la catégorisation de Wieviorka, meme s’ils ne sont pas tout à fait superposables, nous

pouvons dire que chacun des quatres porte les trait caractéristiques des quatres figures

wieviorkien du nationalisme.

AKD motive du conflit Azero-armenien pour le Haut-Karabagh, parvient à mobiliser un

nationalisme du quatrieme type: Nettoyage éthnique. A part le discours panturkiste de TTBD

et BHB, l’athmosphere actuelle anti-armiénne en Turquie, à causes des accuses de génocide

envers les turcs, regrade l’identite-frere des Azeris à une identite-alliée devant un tel probleme

commun.

Non seulement le discours envers les autres minorités linguistiques, culturelles ou sexuelles

comme les travestis de TTBD mais aussi le rasisme en grands lettres dans leur approche, nuos

a parru faire de ce groupe un bon exemple du type 3, Violences d’en bas. Bien qu’il n’y a

aucun prouve qu’ils ont déjà parcouru à la violence active; leur façon d’organisation, les

slogans xénophobes commes “défence légitime contre les autres” rapelle les réthoriques

totalitaire et mystisistiques des neo-nazis.

Pourtant les membres de BHB sont des avocats. Ils ont obligatoirement une bonne éducation

et représentent sociologiquement un niveau supérieur à la classe moyenne. Leur réaction

conservative envers tout mouvement consideré “nuisible” nous a rappelle encore une fois la

raisonnement de Wieviorka: La chute de certaines couches sociales ou de la peur de la chute

devant un changement , et plus largement, d’une crise profonde où se combinent la realité et

la hantise des processus de disqualification ou de désaffiliation et un vif sentiment de danger

pesant sur l’identité nationale.

Jusqu'à maintenant nous avons vu que plusieures facteurs approuvent modeles réactionnaires

du nationalisme turc. Mais le conflit turco-kurde tient une place visuellement plus importante

dans le discours des quatres groupes, voire une kurdophobie raciste chez TTBD. Parce qu’il

fortifie les propriétés défensives du nationalisme turc et le balkanise. Ce phénomene nous

mene avec les mots de Gellner à une dialectique “mégalomaniean-rurarien du macro-

nationalisme turc et du micro-nationalisme kurde. Il est clairement visible que chaque attantat

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de PKK crée une réaction remarquable dans la mobilisation du nationalisme turc. Cet effet

mégalomanien est meme rencontré chez les groupes se positionnant à gauche.

L’enracinement de cette tenue mégalomanienne devant le séparatisme kurde va jusqu’aux

années 60. A cette période, la scène politique en Turquie a assiste à une division parmi les

partis gauchistes par rapport à leur position à l’égard du nationalisme. Une partie défendait

une approche unificatrice qui visait à une alliance avec les élites militaires en adaptant le

concept du nationalisme à leur perspectif de socialisme. De l’autre côté, il s’agissait des

approches favorisant la séparation entre le nationalisme et le militarisme. A ce stade,

l’approche de Perinçek, actuellement le leader de l’İP, est assez remarquable. Il est

impossible de qualifier la ligne idéologique de Perinçek, de l’IP et d’Öncü Gençlik comme

étant «un gauchisme nationaliste», mais elle représente plutôt «un nationalisme gauchiste»

Öncü Gençlik, se disant gauchiste, partage la meme réaction mégalomanienne dans

son discours. Issus de l’İP Öncü Gençlik accuse tous les flancs du mouvement kurde, même

la gauche kurde, de servir comme instrument aux pièges de l’impérialisme. Selon Öncü

Gençlik les kurdes se sont placé à côté des impérialistes en s’adressant à la violence au lieu

de résoudre la question avec l’état turc.149

En partant de cette approche, Öncü Gençlik affirme que les projets de décentralisation

provoqueraient une guerre civile puisqu’ils causeraient à une séparation au sein de la société

et ainsi une menace contre la république. Par conséquence ils proposent une centralisation

plus dure que les trois autres groupes. Nous pensons qu’Öncü Gençlik expose un bon exemple

de l’évolution du nationalisme turc du terrtiorial vers le culturel devant le probleme kurde.

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ANNEXES

Qu’est-ce que vous comprenez de la parole de M. Kemal Atatürk qui dit “Quelle jouie à celui

qui se dit turc” et qu’en pensez-vous?

ÖG: En disant “quelle joie à celui qui se dit turc” Atatürk ne pointe pas le sang ou la race, la

conception de turc n’est ethnique chez Atatürk. Nous appelons turc, le peuple qui a fonde la

Republique Turque.

BHB: Ce que nous comprenonos de la conception kemaliste de la citoyennete c’est

qu’Atatürk donne l’importance à un nationalsme culturelle plutot que de racial. Ce

nationalisme cultururelle a servi de base pour la jeune republique turque. Cette conception

prend comme but d’atteidre une structure unitaire et nationale des gens qui vivent en Anatolie

quelque soit leur origine ethnique.

AKD: Le mot “turc” doit etre considere ici comme celui qui se dit citoyen de la Republique

Turque dans le cadrage unitaire, celui qui porte les affections de patrie et citoyennete, celui

qui parle le turc et qui se definit par l’identite generale Turque.

TTBD: TTBD est forme selon les directifs de Mustafa Kemal Atatürk dans le Discours à la

Jeunesse. Comme toutes les reformes qu’il a fait nous sommes les takipçis de sa conception

de etat-nation.

Quels peuvent etre les trois pays allies de la Turquie?

ÖG: D’abord les pays voisins à la Turquie et deuxiemment l’organisation de cooperation

Euro-Asia, il ya une telle structure en asie entre Chine, Russie et les autres, et dernierement

les pays qui sont en misere soi en Amerique Latine, soie en Orient. (these

BHB: Republique Turque du Chypre Du Nord, les pays turcs comme Azerbaidjan,

Turkmenistan, Kirgisistan, Khazakistan, Uzbekistan, et puis des pays comme Bosnie, qui

porte les traits tres commun culturelles et historiques meme s’ils ne portent pas les caracteres

d’une meme nation.

AKD: Il n’est pas toujours possible de tenir bonnes les relations avec les pays voisins mais

dans un perspective international on peut y citer la Grece, la Bulgarie et l’Azerbaidjan.

TTBD: Nous pensons qu’il est toujours possible de faire des alliances internationales pour le

bien de la Turquie, au dela de cette perspective notre primaire choix est naturellement les

autres pays turcs dont les peuples portent le meme sang que nous.

Quels peuvent etre les trois plus graves dangers exterieurs pour la Turquie?

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ÖG: Le premier danger c’est l’imperialisme americain. Comme la turquie le reste

du monde, meme l’union europenne envisage ce danger imperialiste. Puis vient l’Union

Europenne. Et dernierement les cartels internationaux economiques comme ceux

ideologiques: Georges Soros en est un bon exemple. Il est venu en Turquie aussi, nous l’avons

proteste deux fois. Il a meme manipule les elections en Chypre.

BHB: Le plus grand danger exterieur c’est le capitalisme et sa globalisation. Deuxiemment il

y a l’Union Europeenne qui essaie d’ouvrir la porte de Sevres par la voie de paix et

dernierement nous avons Les Etats-Unis. Mais vous pouvez changer la place du numero 2

avec le numero 3. Cela n’a pas d’importance.

AKD: Les pays en relation avec le terreur, les organisations islamistes d’origine exterieure,

les pouvoirs imperialistes internationaux.

TTBD: Le premier danger exterieur pour la Turquie, c’est les attentats d’importer d’autres

systemes que celui d’Atatürk, c’est-a-dire, la republique. Deuxiemment, ce sont les cartels qui

menacent le systeme d’etat-nation de la Turquie en le poussant vers une globalisation avec

leur forces economiques. Dernierement une troisieme danger vient des organisations

d’origines etrangeres qui travaillent à separer le peuple turc de sa conscience nationale.

Quels puevent etre les trois plus graves danger interieurs pour la Turquie?

ÖG: Le plus grand danger qui vient de l’interieur de la Turquie c’est ce que nous appelons

‘l’integrisme Croisee”. C’est le gouvernement d’AKP. Erdoğan a paraphe le contrat de EU

devant le statut du Pape. Ils se disent musulmans. Mais c’est normal. L’integrisme a toujours

ete en collaboration avec l’imperialisme. Ils se nourissent l’un de l’autre. Le deuxieme danger

pour nous, c’est un nationalisme dirige par les Etats Unis: C’est le nationalisme de super-

OTAN. C’est le nationalisme de la guerre froide et le gladio international. Et biensur il y a le

separatisme menee par l’imperialisme: PKK et Barzani. Nous avons remarque les flamats de

Barzani pendant les protestations de Şemdinli.

BHB: Le separatisme ethnique, le minoritairisme ethinue et religieux sont les plus graves

problemes interieur de la Turquie.

AKD: Le terreuer islamiste, des tentations hipocryte contre le regime et le sendrome de

separatisme.

TTBD: Le premier danger interieur c’est l’integrisme islamique qui est, et a toujours ete en

opposition à la republique et les reformes kemalistes. Le deuxiemes plus grand danger interne

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ce sont les les non-turcs qui ont pu atteidre les positions les plus importantes dans le

fonctionnement de l’etat, grace aux possibilites et droits leur connus par le meme etat.

Troisiemment ce sont les Kurdes qui menent un mouvement separatiste en collaborant avec

les forces exterieures. Puisqu’il leur est impossible de vaincre l’armee turque, ils essaient d’y

arriver en utilisant toute sonte de violence comme du cambriologe à la vole.

Quels sont les trois institutions que vous comptez le plus sur?

ÖG: Les forces armees turques tout d’abord. L’armee turque a une tres importante tradition.

Atatürk aussi il etait militaire. L’armee a une mission historique. Deuxiemment nous avons

İP, qui defend le plus l’independance de la Turquie. Les universites aussi sont tres importants.

Ils continuent toujours à se dresser.

BHB: On compte toujour sur l’armee turque parce que l’armee fonctionne en dehors da la vie

civile et ne s’infecte pas des maladie que l’on rencontre dans les milieux civils. Une deuxieme

raison pour compter sur l’armee c’est que les forces armees ont su concerver leur vision

kemaliste. Si les principes d’Atatürk vont etre quittes l’armee sera le dernier lieu. En dehors

de l’armeee il n’est possible de citer d’autres constitutions. L’administration est devenu le

jouet des forces globales, le parlement est soumis a un seul parti, et yargı est politisee.

AKD: La presidence de la Republique, Les Forces Armees turques, et la Court Supreme.

TTBD: Les Forces Armees Turques, Yargı, La Presidance de la Republique.

Est-ce possible qu’on envahisse la Turquie?

ÖG: La Turquie est devant un danger d’invasion qui vient des Etats Unis. Cela se voit

clairement.

BHB: Nous ne croyons pas qu’un envahissement armee soit possible mais l’envahissement

culturelle est reelle. Un pays peut etre envahi par l’intermediaire de la guerre pscicologique et

le peuple peut etre manipule. Un envahissmenet armee n’est pas possible mais

l’envahissmenet politique, economique et culturelle est une realite actuelle.

AKD: Il n’y a pas une telle possibilite.

TTBD: Il n’y a pas un tel danger.

Est-ce possible que la Turquie soit divisee?

ÖG: Il faut avouer qu’il y a des gens aujourd’hui qui ne se sentent pas lies à la Turquie. C’est

une realite. Le pays risque gravement de se diviser.

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BHB: Le projet d’adhesion à l’union europeenne est un projet pour diviser la Turquie. Il n’ont

pas l’intention de la Turquie comme partenaire egal entre eux. C’est un projet Yougoslavique

qu’ils menent en turquie.

AKD: De telles conceptions n’ont jamais ete reussites depuis 1918. Penser à de telles choses

poirrait servir d’escalier à ceux qui en reveraient.

TTBD: Nous n’y croyons pas du tout. Bien sur qu’il y en a des uns qui revent de telles

fantasies mais nous savons que la nation turque defendera sa republique. L’histoire nous

assure de la fin des atttentats contre la patrie turque.

Comment vous definissez le terreur?

ÖG: Il y a biensur une definission univensal du terreur mais il faut le sipecialiser: Les

violences qui visent de terroriser le societe. Mais vous ne pouves pas montrere une seule

organisation terroriste qui n’est pas supporte par l’imperialisme.

BHB: Le terreur c’est les attantats contre la structure stabilisee. Mais le terreur ne se fait pas

seulement avec les armes. Il faut y citer le terreure economque, culturelle aussi. Ce qui

importe c’est d’avoir le but de demolir la structure qui existe.

AKD: Ce sont les attacques contre les dynamiques sociales, economiques, politiques et

culturelles de la societe.

TTBD: Nous pensons que l’illegalite c’est le terreur.

Est-ce qu’il y a des uns entre ceux-ci, qui ne fait (fond) pas partie de votre definition de

terreur: PKK, El Kaida, Hamas, ETA, les militans chtchtens?

ÖG: Hamas doit etre tenu à part. Parce qu’il est au pouvoir dans son pays et il fonctionne

dans de spiciales conditions dans leur region. Donc utiliser la violence armee, n’est pas la

seule definition. Il doit etre tenu à part.

BHB: Les Tchetchenes doivent etre tenu à part. Parce que leur pays est envahi et toute en

misere en etat demoli. Leur armee et leur peuple sont massacres. Il est difficile de nommer

terroristes les gens qui lutte pour un pays qui a ete deja reconnu par l’envahisseur, La Russie.

AKD: Le terreur pour nous c’est le terruer. Il n’y a pas de bons ou mauvais terroristes.

TTBD: Toutes ces formations citees sont des organisations terroristes. Toutes sont des

organisations illegales qui utilisent la violence armee.

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Quel est votre approche à prorpos des aleouites?

ÖG: Les cemevi ne sont pas des lieux à comparer avec les mosquees. Ce ne sont pas des

mosquees. Ce sont les criteres dictees par l’Union Europeenne.

AKD: C’est une conception de l’Islam. Bien que cela a ete considere comme un secte, c’est

un des dynamiques qui porte les valeurs culturelles turques à notre epoque.

TTBD: L’Alouisme est une des conceptions d l’Islam. Nous pensons que la reaction des

aleouites contre l’education obligatoire de la concepion sunnite dans les ecoles a raison. Le

gouvernement doit mener une politique plus egalitaire envers les aleouites et les autres

conceptions religieuses.

Qu’est ce que vous comprenez du laicisme?

ÖG: Nous comprenons du laicisme, la sepations des affaires mondiales de ceux religieux.

Mais pour qu’un pays soit laic il faut tout d’abord qu’il soit independant. Aujourd’hui le

lacisme est menace par l’imperialisme, pas par İran. Est-ce que vous avez deja entendu une

declaration pour la liberte des sectes de la part d’İran. Mais les Etats-Unis les disent. Gülen

n’est pas en İran, il est en Amerique.

BHB: Le laicisme c’est le systeme où le fonctionnement de l’etat se fait sans s’adresser à la

religion. Cela veut dire que la religion doit prendre place dans le coeur et les comportements

des croyants.

AKD: La Republique de Turquie est laik dans son systeme administrale. Il peut y avoir des

des conceptions individuelle dans le peuple.

TTBD: Il est difficile de dire que le laicisme marche comme il faut dans un pays où

l’integrisme est un des plus grands dangers. Nous disons que le laicisme est le plus grand

obstacle devant les contre-revolutionnaires.

Quel est votre position envers la conferance sur les Armeniens à l’universite de Bilgi?

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ÖG: C’etait tout a fait une conferance hors de science. Il n’y avait personne qui disait que les

turc donnait une lutte nationale à l’epoque et il n’y a pas eu de genocide. Cette reunion etait

politique. Il fallait empecher cette organisation.

BHB: La conferance qui a eu lieu à l’universite de Bilgi n’est pas du tout une liberte

d’affirmation. Cette une escalier politique pour la reconnaissance de la genocide et les

demandes de territoire et tazminat. C’est un morceau du puzzle.

AKD: On voudrait qu’il y eut des defendeurs de toutes les theses, qu’il y eut des professeurs

d’une plus large gamme.

TTBD: Meme si cette conferance aurait ete organisee dans Les Nations Unies au lieu d’une

universite nous n’aurions aucune differance à notre regard a cette question: Le these

armenienne est compltement une mensonge. Cette une comedie enscenee pour affaiblir la

economiquement et politiquement la Turquie. Le gouvernement et les burocrates qui ont

permis cette mise en scene sont tous coupables devant l’histoire.

Qu’est-ce que vous pensez du debat au sujet de la presence d”une organisation religieuse

comme DİB dans un etat laic (Diyanet İşleri Başkanlığı- Organisation des Affaires

Religieuses)?

ÖG: DİB est fonde pour empecher les sectes de diriger les affaires religieux. C’est juste. Mais

aujoud’hui ce structure est sorti du controle.

BHB: DİB doit etre reorganisee d’une façon à repondre les besoins des citoyennes aleouites.

Les Cemevi’s doivent continuer à servir comme centres culturels. La republique turque ne

doit jamais etre un etat de secte. Sinon, la sensibilite des citoyens albeouites peut etre

manipulee par des organisations terroristes.

AKD: Ce sont des attentats contre les constitutions institutionnelles.

TTBD: Nous pensons que de tel debats ne servent qu’aux attantats contre la republique laique.

DİB est necessaire. Il doit continuer à servir la nation turque dans une structure moderne et

democratique qui embrasse toutes les croyances.

Est-ce que vous pensez qu’il ya un danger d’integrisme en Turquie?

BHB: L’integrisme est un danger actuel pour la Turquie. C’est sur. Mais nous devons dire que

nous sommes contre une conception jacobine du laisime. Il faut accepter qu’il se puet des

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application ‘dures’ de ce principe. Il faut proteger lyes gens croyants qui n7utilisent pas la

religion comme instrument politique.

AKD: Il y a toujours eu, il y aura toujours aussi.

BUDUN: Il y a absolument un danger d’integrisme en Turquie. C’est une realite. Si les gens

qui tenaient place aupres des shieks sont en pouvoir en Turquie, il faut etre aveugle pour

pretendre qu’il n’y a pas un tel danger

Qu’est-ce que vous pensez au sujet de l’Organisation de la Conference d’Islam? Est-il

possible une unite entre tous musulmans du monde?

ÖG: Une unite à la base de la croyance d’islam entre les musulmans du monde n’est pas une

necessite. Parce que la bipolarisatin n’est pas entre les musulmens et chretiens. Il faudra

pqlustot regarder à cette nouvelle fondation de Şangay. İKÖ N7est pas fonctionel, mais nous

ne sommes pas contre.

BHB: Les unites religieuses ne sont pas possibles. Des milliards de gens, de differantes

geographies, de differants etats ne peuvent pas venir ensemble. La seule exception en est le

cas des juifs. C’est parce qu’ils une tres petite population. La cooperation est possible mais

des unites politiques ne semblent pas logiques.

AKD: Pourquoi pas? La religion est avant tout elle meme une raison d’unite pour les gens .

Mais il ne faut pas oublier qu’ell vient apres la culture et ethnicite.

TTBD: Nous prenons la race comme essentiel. C’est pourquoi ce qui importe pour nous c’est

l’unite des turcs. Une unite entre tous les musulmans n’est pas possible. Il ya plusieurs

problemems entre les etats membres de l’İKÖ, on y en trouve meme des ennemis.

Dans quelles circonstances la lutte armee peut etre consideree comme legitime?

ÖG: Nous sommes contre toute violences. Mais nous vivons dans l’epoque imperialiste. Il y a

un attacque contre les etat-nations. De defendre notre patrie cotre cette attacque imperialiste

est un droit pour nous. C’est le droit le plus important.

BHB: En cas de demolissement du systeme etatique ou encore en cas d’un ehvahissement la

lutte armee est meşru. Plusieurs exemples peuvent etre cites dans l’histoire turque. La lutte

nationale qui a commence en 1919 par exemple. Kuvai Milliye qui est ne du peuple est notre

mesure.

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AKD: Dans le seul cadre designe par l’institution.

TTBD: Nous sommes des turcs prenant comme leader Mustafa Kemal Atatürk. Nous sommes

lies de coeur à sa republique et son institution. La lutte armee c’est l’instrument de ceux qui

sont contre l’etat. Nous sommes du cote de l’etat. Selon l’heritage d’Atatürk et l’institution,

nous gardons toujours le droit à la defence legitime. J’espere que le Dieu ne nous montrera

jamais de telles circonstances.

Quel est votre position à propos de l’execution?

ÖG: Ce sont des questions avec de visages: Nous trovuons positif que l’execution n’y existe

plus. Mais nous sommes contre les directifs qui vient de l’Union europeenne.

BHB: Nous sommes du cote de l’execution. Parce que dans certains cas cela est une raison

qui soulage l’opinion publique et qui sert d’une plus grande menace pour certains crimes.

AKD: La Turquie doit etre un etat de droit. Ce que le droit exige doit etre execute

TTBD: İdam est un des principes de base des Buduncu’s. Quand le mouvement buduniste va

venir au pouvoir notre premier declaration sera juste apres l’execution d’Abdullah Öcalan.

Cette une dete à payer pour nous à notre histoire, à nos enceitres et aux nobles familles des

pertes des forces armees turques.

Qu’est ce que vous pensez à travers les coups d’etat de Septembre 12 et Fevrier 28?

ÖG: Pour le coup d’etat du Septebre 12 les Etat Unis a declare: Our boys have done. Mais

celui de Fevrier 28 etait accompagne par un mouvement de peuple aussi. Contre l’integrisme

menee par les Etats Unis.

BHB: Tous les coups d’etat sont les manipulations des forces etrangers. Pas seulement ces

deux la, le coup d’etat en Mai 27 aussi doit etre compris la dedans. Ce ne sont pas des actes,

des chef-d’oevres qui prennent naissance de la nation turque.

AKD: Il doit y avoir la possibilite de controle dans une necessite inbtitutionnelle.

TTBD: Si les circonstances qui exigent un coup d’etat sont presentes alors le coup d’etat c’est

necessaire. Tous les deux evennements sont realise mem s’il y a des cotes a discuter dans des

circonstances assez convaincantes.

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Qu’est-ce que vous pensez des evenements de Şemdinli?

ÖG: Ce sont des operations d’origine Americaine pour affaiblir les forces armees turques et la

republique. Il y a plusieurs prouves.

BHB: Ce sont des provocation pour affaiblir l’armee turque. Il s’agit des forces etrangeres et

leur pionnes qui sont à l’interieur.

AKD: Ce ne sont que des manipulations.

Est-il possible de faire une definition de Turc?

ÖG: On apelle turc le pueple qui a fonde la republique turque. Le mot turc ici est une notion

politique pas raciale. Il n’existe pas une race turque. Depuis l’Asie Centrale les turcs sont

venus en Anatolie en se melangeant avec les autres peuples.

BHB: Nous pouvons appeler turc celui ou ceux qui se sentent turcs. C’est une question

d’appartenance. Meme un citoyen d’origine armeienne peut se sentir et se declarer turc. Moi,

je dois alors l’accepter comme turc. C’est totalement une question d’appartenance.

AKD: Celui qui declare qu’il est turc est turc.

TTBD: La definition de turc est fait parfaitement par Atatürk. Nous n’avons pas une autre

definition pour turc: Ce pays e ete la scene d’une unique presence. Cette scene est la patrie

turque depuis sept millenaires. Cette patrie s’est bercee avec les vents de la nature, l’enfant

qui y grandissait s’est baigne avec les pluies de la nature. Cet enfant a d’abord eu peur des

eclaires, des tonnerres et des tempettes, mais apres il s’y est habitue, il est devenu leur fils. Il

est devenu eclaire, il est devenu tonnerres,il est devenu tempete. Il est devenu turc. Le turc

c’est ça. C’est l’eclaire, la tonnerre, le soleil qui eclaire le monde.

Qu’est-ce que vous pensez des turcs d’exterieurs?

ÖG: Nous n’utilisons pas une telle notion de turcs d’exterieurs, il y a des turcs d’Azerbaidcan,

de turkmenistan, de Kırgısistan,etc.

BHB: Il y a un monde turc dont la population est 300 millons. Ce monde doit tard ou tot

s’unifier sous une tente confederale. Des unites economiques, militaires peuvent s’ameliorer.

Comme par exemple aujourd’hui la parole de deux etats une nation avec Azerbaidjan est

acceptee dans les deux cotes. Cela peut etre conçu naturellement comme six etats et une

nation. Malgre les differences culturelles et ethniques les europeennes peuvent former une

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union. Pourquoi une ligue turque ne pourrait pas etre possible comme la ligue arabe? Les

richessess naturelles et la sinergie de venir ensemble formera une vraie force.

AKD: Ils vont devenir un etat de monde dans le temps.

TTBD: Nous sommes toujour interesses à la question des turcs d’exterieur. Pour nous le

monde turc est un seul peuple.

Est-ce que vous pensez que la Turquie est la patrie naturelle comme l’Israel l’est pour les juifs

pour tous les turcs du monde?

ÖG: Nous dirions pas patrie naturelle, parce qu’ils ont leures patries à eux, les Azeries ont

l’Azerbaidjan par exemple mais leurs interets et sympthie envers la turquie doivent etre

consideres tres naturels.

BHB: Depuis que ça a ete cree l’Anatolie a toujour ete une maison pour les turcs. Et doit

rester comme ça.

AKD: Non, tout le monde doit exister avec ses propres valeurs dans son propre milieu.

TTBD: Puisque la Turquie est le pays le plus fort du monde turc, il a ete toujours une maison

naturelle pour les turcs d’exterieur mais nous n’avons pas une conception de patrie-naturelle.

Vous pensez que les Tchetchenes et les Bosniacs sont des turcs?

ÖG: Ils ont toujours ete en relation tres intimes avec les turcs mais ils fond en mem tepms

parti d’une autre nationalite.

BHB: Nous voyons qu’ils se sentent turc. Celui qui se sent turc est turc pour nous.

AKD: Ils n’ont pas la meme ethnicite avec nous mais du point de vue de croyance nous

sommes les membres d’une meme famille.

TTBD: Non, ils ne sont pas turcs. Selon le 66eme article de l’institution turque la citoyennete

turque est atteite par la snaissance d’un papa ou mama turc.

Les surianies qui ont rejette le statut de minorte pendant la tarite de Lausanne, sont une

minorite ou des citoyens?

ÖG: Il ne faut pas les tenir à part des autres minorites mais leur decision leur rend

politiquement des citoyens.

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BHB: Les surianies se declarent minorite alors ils sont une minorite. Mais du ponit de vue de

droit de citoyennete ils sont des citoyens turcs.

AKD: Ils sont une minorite.

TTBD: Ils sont une minorite.

Qu’est-ce que vous pensez à propos des emissions de television et de radio, des journaux, et

de l’education en Kurde?

BHB: Nous sommes contre a tous ce que vous citez. Parce que nous n’acceptons pas le Kurde

comme une langue. Il n’a meme pas la grammaire, les mots sont ramasses du l’arabe, de la

farce et du turc. Si vous voulez creer une nation vous devez d’abord creer une langue.

AKD: Du point de vue d’erosion nationale et perte de concience nationale, ce sont des actes

nuisibles.

TTBD: Nous sommes contre à toutes les langues sauf le turc.


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