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Les songhay http://www.aluka.org/action/showMetadata?doi=10.5555/AL.CH.DOCUMENT.sip200015 Use of the Aluka digital library is subject to Aluka’s Terms and Conditions, available at http://www.aluka.org/page/about/termsConditions.jsp. By using Aluka, you agree that you have read and will abide by the Terms and Conditions. Among other things, the Terms and Conditions provide that the content in the Aluka digital library is only for personal, non-commercial use by authorized users of Aluka in connection with research, scholarship, and education. The content in the Aluka digital library is subject to copyright, with the exception of certain governmental works and very old materials that may be in the public domain under applicable law. Permission must be sought from Aluka and/or the applicable copyright holder in connection with any duplication or distribution of these materials where required by applicable law. Aluka is a not-for-profit initiative dedicated to creating and preserving a digital archive of materials about and from the developing world. For more information about Aluka, please see http://www.aluka.org
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Les songhay

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Les songhay

Author/Creator Rouch, Jean

Date 1954

Resource type Books

Language French

Subject

Coverage (spatial) Middle Niger, Mali, Djenné

Source Smithsonian Institution Libraries, DT551 .R6X

Relation Monographies Ethnologiques Africaines

Rights By kind permission of Joceleyne Rouch.

Description This is a famous ethnographic study of the Songhay by thenoted French anthropologist (and later filmmaker) JeanRouch (d. 2004). He based his research on numerous visitsand stays in Niger during the 1940's and 1950's. It was oneof the first in a series of anthropological studies publishedby the CNRS called "Monographies EthnologiquesAfricaines." TABLE DES MATIÈRES: AVANT-PROPOS;Situation géographique et climatique; Situation ethnique ethistorique; Nomenclature; Groupes divers et répartition;Populations voisines; Aperçu démographique; Histoire etorigine traditionnelles; La langue songhay; Diffusion;Dialectes; Caractéristiques ; Classification 14; Vieéconomique; Agriculture; Elevage; Pêche; Chasse;Artisanat; Activité commerciale; Migrations saisonnières;Vêtements et parures; Organisation sociale; Formesd'établissement et habitat; Groupements et parentés;Classes d'âge, initiation; Associations; Esclavage, castes,chefferies; Droit et propriété;Position des femmes;Principaux éléments de la culture; Caractéristiquesphysiques, mentalité; Cycle de la vie d'un individu; Religionet magie; L'évolution; Enseignement et assistancemédicale; Le Songhay et l'avenir; Essai de bibliographieanalytique; Bibliographie; Ouvrages généraux; Géographie;Préhistoire archéologique; Histoire; Anthropologie;Démographie; Linguistique; Vie économique; Organisation

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sociale; Art et religion; Index; bibliographique alphabétique;Carte de répartition ethnique.

Format extent(length/size)

100 pages

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UIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOai.LllSNI NVINOSHÅIY1lSS318VU81w z I~ æ jSOA~4 0 vi0 n<*G\ g_NVINOSHJJ~~iIS_39IIinRARIEssNvTsoijruoNNVNOHIAS (n~H1LBRRE SMITHSONIAN INSTITUTIONN(inj5INIO111SS3lUV891 z z0SI-VIOHIý S3,~91 LIRRE 0MTSNA NTTTOlESM ITHSONIAN I1NSTITUT ION NOuLfiI.LSNI NVINOSHI1V4SS31?ffugl-l LizN Zzz 2 /LSNI-NVINOSHI1VNS S31H~V>I 611 118RAR JES SMITHSONJANINSTITUTION N(7Z </ R:>(/0w lES1, uSISMITHSONIN INSTITUION NOI.LLLLSNI iv;HISSI~V91I

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AF R I CAI NJEAN ROUCHC. N. R. S.LESSONGHiAY",E * Q eUPRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE

LES SONGHAY

MONOGRAPHIES ETHNOLOGIQUES AFRICAINESpubliées sous le patronage de 1'INSTITUT INTERNATIONAL AFRICAINde LondresDiLLESSONGHAYparJean ROUCHC. N. R. S., ParisPRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS-VI1 1954-. 'r~ ~ ~-

DÉPOT LÉGALire édition 1er trimestre 1954TOUS DROITSde traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous paysCOPYRIGHTby Presses Universitaires de France, 1954

AVANT-PROPOSDepuis 1945, l'Institut International Africain s'occupe de la préparation et de lapublication d'une série d'études ethnographiques de l'Afrique, ayant pour but deprésenter, sous une forme commode, un résumé des connaissances actuelles surles divers peuples de l'Afrique, concernant l'environnement naturel, l'économie etles métiers, la structure sociale, l'organisation politique, les croyances et ritesreligieux. Les documents déjà publiés fournissent la base de ces éludes, maisnombre de documents inédits provenant de rapports administratifset des archivesde sociétés missionnaires sont utilisés ainsi que des observationsfaites sur placeet des communications spéciales par des ethnologues et autres personnescompétentes. Chacun des volumes de cette collection est consacré àun peuple ou

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à un groupe de peuples apparentés; il contient une bibliographie détaillée et unecarte géographique.Le Comité de Direction de cette collection a été placé sous la présidence du prRadcliffe-Brown; le directeur de l'Institut est chargé d'organiser la rédaction. Lagénéreuse collaboration de nombreux instituts de recherche et defonctionnairesdes administrations, en Europe et dans des territoires africains, est assurée, ainsique les services d'ethnologues expérimentés.Les travaux ont été instaurés avec l'aide d'une subvention des British ColonialDevelopment and Welfare Funds, sur la recommandation du SocialScienceResearch Council. Cette subvention a été employée principalement,mais nonexclusivement, pour le financement d'études se rattachant auxterritoiresbritanniques. Une subvention supplémentaire du Gouvernement duSoudan anglo-égyptien a apporté une aide à la préparation et à la publication dessectionsintéressant ce territoire.Le ministère de la France d'Outre-Mer et l'Institut Français d'Afrique Noire sesont intéressés à cette étude et grâce à leurs bons offices des subventions ont étéoctroyées par les Gouvernements de l'Afrique occidentale française et duCameroun français pour la préparation et la publication des sections se rapportantà ces régions. Ces sections ont été rédigées par des ethnologues français, avecl'appui et les conseils de M. Griaule, professeur à la Sorbonne et du pr Th.Monod, directeur de l'Institut Français d'Afrique Noire.La collaboration des autorités belges pour cette étude a été obtenuegrâce auxbons offices de feu le Pr De Jonghe, qui s'assura l'intérêt de la Commissiond'Ethnologie de l'Institut Royal colonial belge. La collaborationde l'Institut pourla Recherche scientifique en Afrique centrale a été aussi accordée.Le travailconcernant les territoires belges est effectué sous la direction dupr Olbrechts, auCentre de Documentation

LES SONGHAYdu Musée du Congo belge, à Tervueren, où Mlle Boone, et les membres de sonservice, s'emploient au rassemblement et au classement d'une documentationconsidérable concernant les peuples du Congo belge et du Ruanda-Urundi. Ilstravaillent en collaboration étroite avec les ethnologues qui sont sur place,auxquels les projets de communications sont soumis pour vérification.L'Institut International Africain désire exprimer toute sa reconnaissance auxorganisations officielles, dont l'aide financière a permis l'exécution de cette élude,et aux nombreux savants, directeurs d'organisations de recherche, fonctionnairesdes administrations, missionnaires et autres, qui ont collaboré à ces travaux, etqui, en accordant des facilités à nos chercheurs, en lisant leurs manuscrits,partagent le mérite qui pourrait être attribué aux auteurs des diverses seclions.Étant donné que la valeur inégale des documents existants, et que la diversité desméthodes employées dans leur recueil ont été parmi les raisons pourlesquellescelle étude a été entreprise, il est évident que ces exposés ne peuvent êtreconsidérés comme complets et définitifs. On a l'espoir, cependant, qu'ilsdonneront une description assez claire de l'état actuel de nos connaissances, qu'ils

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indiqueront leurs lacunes et les points où des recherches complémentaires sontnécessaires.

Cette étude générale des Songhay est le résultat de plusieurs enquêtes menées surle terrain :1. 1941-1942. Prise de contact et enquêtes dans la région de Niamey(Niger).2. 1946-1947. Descente du Niger en pirogue (avec Jean Sauvy etPierre Ponty).3. 1948-1949. Étude des groupes songhay de Tillabéry (Niger) et deHombori (Soudan).4. 1950-1951. Étude des migrations des Songhay en Gold Coast.C'est aussi le résultat de la compilation de nombreux travaux d'administrateurs,d'officiers ou de missionnaires. Ces travaux sont principalement desmonographies de cercles ou de subdivisions. Par suite de l'éparpillement desSonghay entre les territoires du Soudan, du Niger, de la Haute-Volta, duDahomey et du Nigeria britannique, aucun travail de synthèse n'existe encore surce groupement de plus d'un demimillion d'habitants et dont l'influence culturelledépasse largement le Nord de la boucle du Niger (1).(1) Le plan systématique de la Collection a été respecté. Deux rubriques ont étévolontairement abrégées car elles font l'objet d'importantes publications, l'histoired'une part, et la religion et la magie d'autre part.

CHAPITRE PREMIERSITUATION GÉOGRAPHIQUE ET CLIMATIQUELe pays songhay (1) est essentiellement composé du Nord de la boucle du Niger,très exactement de la portion du fleuve qui va du lac Débo à l'embouchure duBirni n Kebbi en Nigeria.Relief. - C'est un pays pratiquement sans relief, en dehors des mornes croupeslatéritiques de la vallée de Niamey ou des chicots de grès du massif deHombori,d'une infinie monotonie en dehors de la vallée même du fleuve.Climal. - Le pays songhay est soumis à un climat « tropicalsoudanien », ou «sahélien sec et froid, chaud et humide » (2), caractérisé par une saison sèched'hiver (huit à neuf mois) et une saison de pluies d'été (quatre à trois mois). Lesprécipitations annuelles varient de 20 cm. au nord (Tombouctou) à100 cm. au sud(Gaya). La ligne des précipitations de 50 cm. (légèrement en dessous du parallèledu 15e degré, avec une inflexion vers le nord à Hombori) correspond à la limitedes cultures non irriguées, c'est-à-dire la limite entre la vie sédentaire et la vienomade: au nord la vie sédentaire se limite aux abords mêmes du fleuve et de sesdiverticules, au sud au contraire, elle s'étend très en dehors de la vallée même dufleuve.Sols. - Les sols du pays songhay ne sont pas particulièrement favorables :menacés au nord par l'envahissement des ergs de sable stérile, ausud par lalatéritisation. Les bonnes terres se limitent ainsi, dans le Nord, au ruban fertile dela vallée du Niger et, au sud, à cette vallée et aux vallées des affluents protégées

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par une végétation plus abondante, vallées des affluents temporaires marquant ensaison sèche une ligne de puits (Gorouol, Anzourou, Téra) ou vallées plus largesd'affluents « fossilisés », les dallol (Zermaganda, Bosso, Maouri) (3).Ainsi climats et qualités des sols limitent finalement le pays songhay au fleuvemême et à ses affluents.Régime du fleuve. - Les pluies locales sont insuffisantes (sinon à l'extrême sudvers Boussa) pour influencer les crues du Niger. Celles-ci sont déterminées par lesprécipitations dans le bassin du Haut Niger, en Guinée et au Soudan septentrional.La crue, régularisée par le réservoir(1) URvoY, Le bassin du Niger, 1. F. A. N. (n0 46); ROUCH, Elémentsdegéographie songhay, à paraître, et les ouvrages du no 35 au no 46.(2) FnOLow, no 46, p. 150. Voir p. 151, les caractéristiques météorologiques dece climat.(3) Voir AUBRÉVILLE (A.) (no 45), MENIAUD (no 153).J. ROUCH i

2 LES SONGHAYdu lac Débo, atteint le pays songhay avec un retard de six mois environ, si bienque le régime du Niger au Songhay a l'allure paradoxale suivante :quand il pleut(juin, septembre) le fleuve est bas, quand il ne pleut pas (octobre-mai), il est haut.Ce régime favorise d'ailleurs les cultures, les terres les plus fertiles étant cellesdécouvertes par les eaux, celles-ci étant basses justement pendant la saison despluies (1).(1) Voir MOURGUES (no 27), FIROLOW (n0 44), LENFANT (n0 37),MENIAUD (n0 153).

CHAPITRE IISITUATION ETHNIQUE ET HISTORIQUE1) NomenclatureLes indigènes s'appellent eux-mêmes Songhay, qui se prononceSonghoy versTombouctou, Songhay vers Tillabéry, et Sonray chez les Zerma etau Dendi. Je neconnais pas l'étymologie de ce mot (1).La nomenclature des différents sous-groupes et des assimilés sera donnée plusloin.Les voisins des Songhay les appellent de la même façon (Sonray ou Songoy),mais les désignent aussi suivant des expressions particulières: ainsi les gens duBambara les appellent Kogroboro qui est un terme songhay :« homme du village», employé sans doute par les Songhay eux-mêmes pour désigner,à l'étranger, uncompatriote. A l'est, les Songhay sont assimilés aux Zerma et appelés Zabermawa« les gens du Zaberma » (2).2) Groupes divers et répartition territorialeCes groupements correspondent aux absorptions successives de groupementsétrangers autour d'un noyau central. Malgré des assimilations souvent totales, lességrégations traditionnelles demeurent scrupuleusement respectées. Je classeraiici ces différents groupements dans l'ordre chronologique de leur assimilation auSonghay, ce qui permettra de retrouver les grandes phases de l'Histoire

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a) SONGHAY PROPREMENT DITSMaîlres du solKado bi dans tout le Songhay oriental: Anzourou, Gorouol, Ayorou, Téra, Dargol,Kokoro (où ils sont même appelés du nom de leur groupe d'origine kurumey),Namaro;Gabibi Arbi ou (hommes noirs), correspondant sans doute aux précédents. Danstout le Nord de la boucle, de Tombouctou à Gao.(1) Les descendants des Sonni, et eux seuls sont appelés Sohantge, qui vientpresque certainement de songhay tge « les gens du Songhay », le Songhay servantici à désigner l'ancienne dynastie. Ces Sohanlye étant pour la plupart desmagiciens, ce mot désigne par extension les grands magiciens.(2) Je ne connais pas les appellations Peul, Mossi, Touareg. Le nom de kissourdonné par René CAILLIÉ (no 3) aux Songhay viendrait, non pas comme lesuppose BARTH (no 119) de leur langue songhay kine ou tout simplement kine,mais de kissou, région entre Tombouctou et Goundam.

LES SONGHAYMaîtres des eauxSorko (étymologie ?) divisés en groupesFono dans la région lacustre du Bara, où ils se sont mélangés à desBozo, maîtresdes eaux et de la terre (ce qui est normal dans un pays amphibie);Faran tout le long du Niger, du lac Débo (dans le Bara, ils alternent avec les Fono,et se sont aussi quelquefois mélangés aux Bozo) à Yauri (groupessorkawa). Leursprincipaux établissements correspondent aux biefs où se trouvent des coloniesd'hippopotames : Kermachawé, Bamba, Dyedes, Fafa, Firgoun,Namaro, « W »,Bosia, Dendi et embouchure du Kebbi.Rattachons à ces groupes les Do magiciens du fleuve, et les Korongog pêcheursau filet correspondant aux Somono du Mandé et du Bambara.Maîtres de la brousseGow (étymologie ?), chasseurs répartis dans tout le Songhay dans les régionsriches en gibier : dans tout le Bara à Hombori, au Gorouol, Anzourou,Zermaganda, « W ».Descendants des Za et des SonniSohantye, c'est-à-dire « gens du Songhay », appelés aussi Si hamey « descendantsde Si ». Ils sont restés aux emplacements qu'occupèrent leurs ancêtres aprèsl'usurpation du pouvoir par l'Askya Mohammed, dans l'Anzourou, leGorouol(village de Wanzerbé), l'Ayorou (Firgoun et Doulsou), Boubon, Karma, etquelques-uns à Hombori. Ils sont magiciens.Descendants des AskyaMamar hamey « descendants de l'Askya Mohammed ». Ils portent le titre demeyga qui est une marque de noblesse, qu'ils partagent avec lesSohantye.Installés en groupes épars dans le Nord de la boucle, et au sud au Kokoro,Ayorou, Gorouol, Téra, Dargol, Namaro et Dendi, dont ils ont leschefferies.b) AssIMILÉS

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Zerma, immigrants venus de l'ouest. Appelés aussi Dyerma ou Zaberma. Installésen deux groupes au Zermaganda et dans le Zaberma, région qui comprend leDallol Bosso, la région de Dosso et sur le fleuve de Namaro à Boumba.Arma, descendants des conquérants marocains. arma viendrait del'arabe râmi «lanceur de projectile ». Établis aux anciens postes marocains, Tombouctou,Bourrem, Boya dont ils ont les chefferies, et également à Goundam, Tindirma,Gao où l'on trouve quelques familles. Ils portent le nom de Touré (voirPEFONTAN, no 26).Kourtey descendants d'immigrants peul venus par le fleuve en se livrant aubrigandage. Métissés avec des Sorko. Installés dans les lies de l'archipel deTillabéry, sur les rives du Niger entre Niamey et Say (aux alentoursde Dounga) eten Nigeria sur le Niger à Zaria « kala-kala ».

SITUATION ETHNIQUE ET HISTORIQUEc) DIVERSAjoutons différents groupes plus ou moins assimilés ou séparés des autres : lesWoggo des îles de Tillabéry et de Nigeria, très proches des Kourtey, par leursmanières de vivre; les Tyenga du Dendi, réputés maîtres du sol mais non assimilésparfaitement (surtout ceux de Nigeria, les Tyengawa comme les appellent lesHaoussa); les Koromba, anciens maîtres du sol plus ou moins évincés et repliésdans la région d'Aribinda ; quelques Kumbebe, Dogon de la plaine comme ceuxde Labbézenga; enfin les colonies peul et certains groupes de Touareg, Bella etforgerons garasa ou selye qui sont peu à peu absorbés.L'ensemble du Songhay se présente sur le terrain comme deux poches, la régionlacustre à l'ouest, et la région des Dallol à l'est, réunies par le mince cordon de laboucle du Niger qui dans le Nord, sur les 700 km. qui séparent Tombouctou deAnsongo, traverse une brousse ouverte seulement aux nomades.De plus, aumilieu du pays mossi et gourma, des petits îlots pointillent la corde decet arc :Maransé de Kaya et de Ouahigouya; Songhay de Hombori, de Filyo, Tinyé,Aribinda, Beïga. Ajoutons enfin les colonies songhay toujours plus importantes deMopti, Djenné, Kouli-Koro, Bamako, et de Kumassi.3) Populations voisinesLes Songhay sont à la limite de l'Afrique Noire et de l'Afrique Blanche, à la limitede la vie sédentaire et de la vie nomade.Au nord se trouvent les Maures, les Touareg et leurs captifs Bella. Ces nomades(parfois sédentarisés) pénètrent assez profondément en pays songhay, certainsgroupes nomadisent à l'intérieur même de la boucle du Niger.Au sud-ouest, en aval du lac Débo, se trouvent les Bambara et les groupements depêcheurs bozo et somono (souvent itinérant de Ségou à Gao).Au sud, les Songhay sont les voisins des Dogon de la falaise de Bandiagara, desKoromba de la région d'Aribinda, des Peul sédentaires du Liptako, des Mossi etdes Gourmantche de Haute-Volta.Au sud-est se trouvent les Bargou ou Borgawa du Dahomey et NordNigeria, lesKabbawa du Kebbi, les Sorkawa, pêcheurs basés au Kebbi, issus dugroupementsonghay des pêcheurs sorko et itinérant sur le Niger du lac Déboau delta (1).

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A l'est se trouvent les groupements parlant le haoussa et dont certains éléments(commerçants) sont venus s'établir en pays songhay, formant dans les villages devéritables quartiers haoussa.4) Aperçu démographiqueIl n'est pas encore possible d'obtenir des renseignements démographiques précissur les Songhay. Leur éparpillement entre quatre terri-(1) Voir HARRIS (non 156-157), ROUCH (no 162).

LES SONGHAYtoires administratifs français et un territoire britannique ne simplifie pas lesrecherches, les Songhay étant souvent classés dans les recensements sous desrubriques diverses (Kado, Koyroboro, Zabermawa...) et assimilés à d'autresgroupes étrangers. Les chiffres que l'on trouvera ci-après proviennent de sourcesdiverses. Le premier essai de synthèse est celui de Delafosse (no 19), quidénombra un total de 100.000 Songhay en 1909. Mais Delafosse selimita àl'ancien territoire du Haut Sénégal Niger, c'est-à-dire en négligeant la rive gauchedu fleuve dans le Moyen Niger (Gao, Ansongo, Tillabéry, Niamey, Dosso). Leschiffres donnés par Mourgues en 1930 (no 27), correspondent àun territoireéquivalent, et les 140.000 Songhay qu'il y dénombre attestent déjà l'accroissementde la population. Ardant du Picq, en 1931 (no 30) donne un tableau trèscompletdes populations du Niger Ouest ; il dénombre un total de 335.000Songhay-Zermaet assimilés (80.000 Songhay, 200.000 Zerma, 10.000 Dendi, 40.000 Kourtey,5.000 Tyenga). Ces chiffres correspondent aux territoires de larive gauche duMoyen Niger, Téra et Dori étant alors rattachés à la Haute-Volta. Coutouly (no24), en 1923, dénombrait 30.000 Songhay dans le Dori-Téra. Enadditionnant cestrois derniers chiffres on arrive à un total de 500.000 Songhay et assimilés pourSoudan-Niger-Haute-Volta en 1930 environ. En y ajoutant les 30.000 Zabermawaque Meek dénombre en Northern Nigeria en 1921, et 20.000 Dendi du NordDahomey, on peut estimer qu'en 1930 il y avait approximativement550.000Songhay et assimilés.Les renseignements d'Urvoy (no 112), provenant vraisemblablement de sourcesanalogues, confirment ce chiffre : Urvoy compte 320.000 Songhay (dont 20.000Dendi), 218.000 Songhay assimilés (185.000 Zerma, 25.000 Kourtey, 8.000Woggo), ce qui fait un total de 540.000 Songhay pour les seuls territoires français.La différence d'estimation des Zerma (185.000 chez Urvoy et 200.000 chezArdant du Picq provient sans doute du fait qu'Ardant du Picq avait classé commeZerma certains Songhay).Les chiffres plus récents que je cite proviennent, soit des recensements des années1950-1951, soit de l'Annuaire statistique de l'A. O. F (1950). Je les ai classés parTerritoires et par Cercles:1) SOUDANBamako 500 SonghaySegou 1.500Mopti 5.500Issa ber 8.500Goundam. 53.500

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Tombouctou 25.500Gao. 86.000Bandiagara 10.000 - (Hombori)San.. 500Soit. 191.500 Songhay au Soudan

SITUATION ETHNIQUE ET HISTORIQUE2) HAUTE-VOLTA5.000 Songhay à Dori même, et dans Fala1.000 Zerma gountou.5.000 Songhay1.000 Zermaen Haute-Volta (sans compterles petits groupes de Maransé de la région de Ouahigouya et du Yatenga que l'onpeutestimer à 2.000 individus.3) DAHOMEY11.000 Dendi (groupés dans le canton de Parakou) 16.500 27.500 Dendi auDahomey4) NiGERTillabéryNiamey DossoTahoua-Maradi Agadès. Soit.108.000 62.000 11.000 12.500 90.000 4.000 10.000 5.000 74.500 1.000 5.000113.000 227.500 16.500 11.000 10.000 5.000SonghayZerma Woggo Kourtey Zerma Kourtey Dendi TyengaZerma Zerma Songhay(ilot de Téguida N'tessoum)Songhay j Zerma Kourtey au Niger Woggo Dendi Tyenga5) NIGERIA (anciens chiffres de Meek)Sokoto28.000 6.000 12.000 7.000 28.000 6.000 12.000 7.000Soit.Zerma (et sans doute Dendi) Songhay (pêcheurs Sorkawa) GungawaTyenga Zerma Songhay-Sorkawa en Northern Nigeria GungawaTyengaDoriSoit.Parakou. Kandi. Soit.

LES SONGHAYTOTAL POUR L'AFRIQUE OCCIDENTALEOn peut donc estimer qu'il existe au total: 309.500 Songhay6.000 Songhay-Sorkawa27.500 Songhay-Dendi256.000 Zerma

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16.500 Kourtey11.000 Woggo12.000 Tyenga12.000 Gungawa2.000 MaranséSoit. 652.500 Songhay et assimilés (en 1950)5) Histoire et origines traditionnellesL'histoire des Songhay (ROUCH, no 106, Contribution à l'histoire desSonghay, àparaître I. F A. N.) (1) est avant tout l'histoire d'un fleuve, le Niger. C'est sur cefleuve que s'avancèrent les pêcheurs, avant-garde des conquêtes du Songhay, c'estle long du fleuve que s'échelonnèrent les colonies Songhay, c'estle fleuve quifournit ensuite le lien le plus puissant de cet immense empire.L'origine du Songhay est confuse. Des traces de civilisations anciennes (2) sontvisibles dans tout le territoire sous forme de gisements néolithiques, demonuments lithiques (Tondidarou), d'abris sous roche, d'enceintes fortifiées, dedigues importantes et de canaux d'irrigation ou de navigation, de citernes, deruines de villes détruites, de tumuli et de buttes d'ordures, de gravures rupestres.Les traditions attribuent ces ouvrages aux « hommes d'avant », terme qui mélangela préhistoire, la protohistoire et l'histoire. Il semble cependant que tout le payssonghay était jadis peuplé par un même groupement d'individus, maîtres de laterre et maîtres de l'eau (dont les descendants actuels sont les Koromba (et « Kado») de la brousse et les Do du fleuve) rattachés à la grande famille voltaïque.A une époque indéterminée, des pêcheurs, les Sorko, venus peutêtre du Tchad parla Benoué, vinrent s'installer dans la région des rapides de Labbezenga. Ils prirentla maîtrise du fleuve au détriment des maîtres de l'eau traditionnels,les Do. Demême, des chasseurs, les Gow (apparentés sans doute aux Sorko), circulèrent dansla brousse, prenant la maîtrise des terres non cultivées par les maîtres du sol. Laville la plus importante de ce noyau songhay était Koukya.DELAFOSSE (no 19) situe vers le vile siècle l'arrivée à Koukya d'un groupe deBerbères (chrétiens) issus des Lemta de Lybie. Un Berbère prit la chefferie deKoukya, après avoir tué le monstre marin qui(1) Voir aussi surtout DELAFOSSE (no 19), MOURGUES (nos 27), URVOY (no2, 102), MONTEIL (no 101) et en général les ouvrages (no 48 à no106).(2) Voir (no 48) à (no 72).

SITUATION ETHNIQUE ET HISTORIQUEterrorisait les Songhay. Il fut, sous le nom de Za Al Ayamen, le fondateur de ladynastie des Za de Koukya. Les pêcheurs sorko, sous la conduitedu cheflégendaire Faran Maka Bote, remontèrent le Niger pour s'éloignerde cet intrus, ilsfondèrent Gao et Bamba et ne s'arrêtèrent que vers Mopti devant la résistance despêcheurs bozo de la région lacustre.L'histoire du Songhay à partir de cette époque nous est connue par deuxmanuscrits, écrits vers le milieu du xviie siècle par deux lettrés songhay vivant àTombouctou (Sâdi, auteur du Tarikh es Soudan et Kati, auteur du Tarikh elFettach, n08 86 et 87).

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Quinze Za s'étaient succédé à Koukya quand l'un d'eux, le Za Kosoy se convertit àl'Islam propagé par des commerçants de Gao. Il transporta sa capitale à Gao,devenu un très important marché; le Songhay fut dès lors connu sous le nom de «pays de Gao » ou, plus pompeusement, « empire de Gao ». En fait, cet empire netarda pas à passer sous l'autorité du très puissant empire du Mali (vers la fin duxiîîe siècle ou le début du xive).Vers la fin du xive siècle (1), un fils du 20e Za de Gao se révolta contre le Mali, ilprit la chefferie du Songhay avec le titre de Sonni ou de Si, nom nouveau de latoujours même dynastie issue du Za de Koukya.Le 18e Sonni, Sonni Ali, connu sous le simple nom de « Si », prit le pouvoir en1464. C'était un homme rude et courageux, très versé dans les arts magiques. Ilrégna de 1464 à 1492, passant son temps à guerroyer et à organiser ses conquêtes.Il fut le véritable fondateur de l'empire songhay. Il fut toujours vainqueur etconquit le territoire du Niger où les pêcheurs sorko avaient installé des bases,c'est-à-dire depuis les rapides de Boussa jusqu'à Djenné. Sesennemis furentsurtout les Peul, les Malinké et les Mossi, et les prêtres de l'Islam de quelqueorigine qu'ils fussent. Il mourut dans des conditions mystérieuses. Sesdescendants, les Sohanlye, sont des magiciens réputés.Son successeur, Barou, fut dépossédé de la chefferie en 1493 par l'un deslieutenants du Sonni Ali, Mohammed (connu sous le nom de mamar) qui prit letitre d'Askya. Il fut le fondateur d'une nouvelle dynastie, la dynastie des Askya.L'Askya Mohammed était un farouche Musulman; de 1495 à 1497 il fit lepèlerinage de La Mecque où il reçut le titre de « Khalife pour le Soudan». Fort decette puissance spirituelle, il consolida l'empire songhay, organisant etadministrant avec autorité l'immense territoire conquis par Sonni Ali. Il fut moinsheureux que le conquérant dans ses entreprises militaires, mais ilélargitsensiblement les frontières du Songhay (du Sègou jusqu'à l'AIr). Cependant en1519, après vingtsix années de règne, l'Askya Mohammed devintaveugle, et sesfils complotèrent contre lui. En 1529, son fils Moussa le dépossédaet l'exila dansune ile du Niger. Il mourut en 1538 à Gao.(1) Voir les corrections apportées par Monteil à Delafosse, MONTEIL (no 101, p.367-372).

LES SONGHAYL'Askya Mohammed eut 8 successeurs qui avec le titre d'Askya régnèrent à Gaode 1528 à 1591. Le Songhay était le plus grand empire d'alors et les filset petits-fils de l'Askya Mohammed se trouvant à la tête d'un état bien organisé nesongeaient qu'à s'emparer du pouvoir. Pendant soixante ans ce fut la lutteincessante des frères ennemis.Le Sultan du Maroc, avide de s'emparer des grandes richesses qu'il croyait trouverdans « l'empire de l'or », profita de ces désaccords et de ces querelles pour lancerune attaque contre le Soudan. Après deux tentatives malheureuses,en 1591, unecolonne de 3.000 hommes d'armes, marocains ou renégats espagnols, traversait leSahara sous la conduite d'un renégat, le pacha Djouder (1). Les Songhay, fortspourtant de 30.000 à 40.000 hommes, prenaient la fuite, le 12 avril1591, devantles mousquets marocains, près de la colline de Tondibi. L'Askya Issihak, mal

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conseillé par son « chapelain » musulman, n'essaya pas de résister. Sonsuccesseur, Mohammed Gao, aussi mal conseillé, entraîna à la finde 1591 laplupart des dignitaires songhay dans un guet-apens marocain où tout le monde futmassacré.Les dignitaires songhay qui avaient réussi à s'enfuir se groupèrent autour d'unchef énergique, Nouhou, qui devint le chef des Songhay « résistants » au sud del'empire, au Dendi. Les Marocains et des Songhay « collaborateurs» tenaient leNord et l'Ouest (Gao, Tombouctou, Djenné). De 1591 à 1599, Nouhou résistaavec succès aux Marocains mais, sans arriver à reconquérir le territoire perdu.Après 1650, la situation devint plus confuse : les Marocains déçusde la pauvretédu Songhay, n'envoyaient plus que quelques maigres renforts.Les successeurs deNouhou, malgré l'aide du Kebbi et d'un groupe fort important, lesZerma venus del'Ouest, se lassèrent de cette guerre sans issue. En 1660 (date à laquelle s'arrêtentles chroniques de Tombouctou), le Songhay du Nord avait « digéré» lesconquérants marocains et leurs descendants, les Arma ; l'autorité du pacha deTombouctou était branlante. Au Dendi, les anciennes rivalités des fils des Askyaavaient repris; chacun se créa un petit état plus ou moins indépendant: le Songhayétait complètement morcelé.Le xvIIIe et le xIxe siècles furent les siècles des invasions. Les voisins, anciensvassaux de l'empire de Gao, profitèrent de l'émiettement du Songhay pourl'envahir.Dès 1670 les Bambara de Segou vassalisèrent Tombouctou, les Touaregs'attaquèrent à Gao dont ils s'emparèrent. Au début du xIxe les Peul de tout leSoudan s'organisèrent et poussés par Ousman dan Fodio qui s'était emparé duSokoto, déclenchèrent la « guerre sainte ». Sous le prétexte de convertir lesidolâtres, les Peul attaquèrent l'ancien Dendi. Pendant plus de cinquante ans, lesSonghay du Dendi, les Zerma et le Kebbi résistèrent à ces fanatiques cruels. Tantbien que mal ils restèrent indépendants mais se convertirent quand même àl'Islam.(1) Voir en particulier Le manuscrit de l'Anonyme (n0 90), DELAFOSSE (n0 91),BOVILL (no 92), PEFONTAN (no 99) et les très belles pages sur Djouder deBERAUDVILLARS (n0 102 bis).

SITUATION ETHNIQUE ET HISTORIQUE ilSur ce pays mis en pièces par les Peul, les Touareg portèrent le coupfatal. Lavallée du Niger en aval de Labbezenga supporta leurs terribles assauts jusqu'à laconquête européenne : seul l'état de l'Anzourou, sur la rive gauche du Niger, sousl'impulsion de chefs descendant de Sonni Ali, sut rester indépendant.Et ce fut la conquête européenne. Elle avait été précédée d'explorations (MungoPark en 1795-1797 et en 1805, Laing en 1826, René Caillié en 1828,Barth en1850-1855). Les Français dès 1884 attaquaient le Niger à partirde l'ouest, en1894 s'emparaient de Tombouctou, en 1896 s'établissaient à Dori,en 1897 à Say,en 1898 à Gao, en 1900, achevaient la pacification par la déroutedes Touareg.

CHAPITRE IIILA LANGUE SONGHAY

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1) DiffusionTous ces gens parlent le songhay On ne constate qu'un certain bilinguisme chezles groupes en absorption, les Tyenga, les Peul, les Koromba, les Touareg. Lesassimilés comme les Arma, les Zerma, les Kourtey ne parlent que le songhay.Mais cette langue est aussi largement diffusée chez les populations voisines ; c'estla langue franche de tout le nord du Soudan. Delafosse prétend (no 19, T. I, p.287) que les Songhay forment seulement le quart de la population parlant leurlangue. Je ne peux vérifier ce chiffre mais j'ai pu constater que toute la populationde la région de Mopti, Djenné, et de nombreux groupes du Maçina parlent lesonghay (en plus de leurs langues propres, bambara, sonninké ou bozo). ADjenné, en particulier, où ne se trouvent qu'une centaine de vrais Songhay, lesonghay est la langue principale.Les raisons de cette diffusion sont, d'une part, l'assez grande facilité de cettelangue et, d'autre part, son emploi très ancien par les pêcheurs et bateliers Sorkoqui l'ont largement répandue tout le long du Niger. Si bien qu'il n'yaurait aucunecrainte à dire avec Delafosse que plus d'un million d'hommes parlentle songhay.2) DialectesMalgré cette vaste répartition, on ne peut différencier que deux dialectes : lesonghay du nord, ou songhay proprement dit, et le songhay du sud ou zerma (1).Les différences principales entre ces deux grands dialectes sont, d'aprèsARDANT DU PICQ (no 131) : un dosage différent en mots d'origine étrangère(même nombre de mots arabes, mais 177 mots haoussa en zerma, 80 motshaoussa seulement en songhay, ce qui est très explicable géographiquement par laproximité Zerma-Haoussa) ; des contextures différentes de mots d'originesonghay(1) Des différences plus subtiles peuvent être sans doute constatéesà l'intérieur deces deux grands groupes (patois). Je signalerai simplement que j'ai constaté desprononciations analogues à l'extrême amont et à l'extrême avaldu Songhay. Parexemple le harpon des pêcheurs sorko se prononce dyo et dyogu àNiafunké et àl'embouchure du Kebbi, alors dansque le Centre il se prononce zogu.Une étudedu patois dendi fera peut-être apparaître d'autres différences, mais jusqu'à nouvelordre, je ne considère pas le dendi comme un dialecte différent du zerma.

LA LANGUE SONGHAY(le zerma transforme le h du songhay en f, l'a en e ou o, le dy initial en z, nasalisele d ou k initial, etc.) ; des attributions contraires à la particule verbalena qui ensonghay a un sens passé négatif et en zerma un sens passé affirmatif; enfincertaines différences de syntaxe. Delafosse fait de ces différences de syntaxe ladistinction essentielle entre le zerma et le songhay (no 143, p. 544)« en songoi lecomplément du verbe suit en général le verbe.., le zerma, extrêmement voisin dusongoi, par ailleurs, suit la règle générale laquelle consiste à mettre lecomplémentdu verbe immédiatement avant le radical verbal; parfois cependant, en zerma, lecomplément d'un verbe non pourvu de préfixe, suit ce verbe au lieude le précéder». Delafosse s'appuyait sur les textes de Hacquard et Dupuis (no 124, p. 79-91) en« idiome des Djermas », où la règle de Delafosse ne se vérifie pas exactement. Enfait, en songhay, le complément suit le verbe (que celui-ci soit pourvu ou non

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d'une particule), alors qu'en zerma, le complément suit le verbe,sauf si celui-ci estpourvu d'une particule, dans ce cas, le complément se place, en général, entre laparticule et le verbe.Cependant ces deux dialectes restent très voisins : l'unité du songhay-zerma estprouvée par « l'existence d'un grand nombre de mots semblables » (ARDANT DUPIcQ, no 131, p. 14), par une syntaxe et des tournures extrêmement voisines, dontles écarts n'empêchent absolument pas une mutuelle compréhension. Comme lefaisait remarquer Mgr Hacquard en 1897, après avoir pu constater, au cours de lamission Hourst, que l'idiome de Tombouctou était fort voisin de celui de Say «des habitants de Tombouctou, transportés à Say, y conversent sans difficulté avecles indigènes » (nO 124, introduction).3) Caractéristiques de la langue songhayVoici les caractéristiques essentielles de la langue songhay:Le songhay est une langue dont les classes nominales ont complètement disparu(peut-être est-il possible d'en retrouver certaines traces dans les radicauxcaractéristiques de certaines catégories, signalées dans le lexique d'ARDANT DUPICQ, no 131). Le substantif est invariable, le genre est seulementindiqué quandcela est nécessaire (sexes d'êtres vivants) par des suffixes degenre(exceptionnellement préfixe dans le cas des hommes). Le pluriel est marqué paraddition d'un suffixe (yo en songhay, ey ou yen en zerma). Des substantifs sontformés à partir des verbes par des suffixes (koy pour désignercelui qui faitl'action, ey ou yen pour désigner celui qui la subit, ri, rgi, ou irgipour désignerl'objet qui sert à faire l'action), et de même à partir des adjectifs (suffixe lareypour indiquer l'état qualifié), l'adjectif suit le substantif. Le nom régi suit le nomrégissant.Les aspects verbaux sont déterminés par des particules verbales.Le verbe sans particule est au passé, ou au participe passé. Le mode transitif et lemode intransitif ne se distinguent alors que par la présence ou l'absence decomplément. La particule du présent est gai c'est également la forme future, laparticule du passé est na (en zerma seulement),

LES SONGHAYla particule du subjonctif et de l'impératif est ma, l'infinitif ne s'emploie qu'aprèsun autre verbe auquel il est relié par la particule ka. La forme négative estmarquée au présent-futur, par la particule si (qui remplace ga),au subjonctif-impératif par la même particule si qui s'ajoute à la particule ma, au passé parmana, en zerma (qui remplace na), et par na, en songhay. Enfin lesensembles departicules go ga ou ba ka (que l'on peut traduire : « être étant » et « aimer... »)indiquent une action prête à se réaliser : « être sur le point de » ; go no ga indiqueune action en train de se réaliser « être en train de ». Toutes ces particulesverbales précèdent le verbe.La construction de la phrase songhay est « souple et variée » (ARDANT DUPICQ) : le sujet (pronom ou nom) précède le verbe. Le complément direct suit leverbe (sauf en zerma, quand il est bref, où il se place entre la particule verbale etle verbe). Le complément indirect suit le complément direct, sauf les pronomsindirects sans préposition qui précèdent le verbe (« il m'a envoyé un mouton »).

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Les adverbes se placent au début de la phrase (ou après la particule verbale etavant le complément direct, en zerma). Les prépositions se placentaprès le nomou le pronom (sauf nda « avec » qui se place avant le nom ou le pronom). Le nomrégi suit le nom régissant. Le qualificatif, le déterminatif et le nombre suivent lequalifié, le déterminé et le nombré.4) ClassificationMIGEOD (no 138), en 1913, en se basant sur le manuel de Hacquard et Dupuis(no 124), étudia grammaticalement et phonologiquement le songhay Saclassification, appuyée sur la numération et sur les pronoms, parait « tout à faitinsuffisante » (Notes inédites de DELAFOSSE). Le songhay est classédans la 5ecatégorie, « Langues primitives et non classées ailleurs », sans connexion avec leslangues voisines haoussa et mandingue (t. I, p. 317).DELAFOSSE (no 142), en 1914, entreprit de classer les langues africaines parcomposition de vocables (juxtaposition, agglutination, flexion). Ilétablit ainsi 8catégories, le songhay entrant dans la 6e, « langues agglutinantes procédant parsuffixes et plus rarement par préfixes, mais ayant perdu complètement la notiondes classes de noms» (no 142, p. 18). Le songhay est, d'autre part, considérécomme « remarquable par sa simplicité et ses nombreux emprunts aux principaleslangues voisines... idiome commercial dont la fortune a été et est encoreextraordinaire : il n'est pas impossible qu'il faille rattacher le songhay aux languesmandé ».En 1924, DELAFOSSE (nO 143), après avoir souligné l'unité de toutes leslangues africaines, les classait d'après les caractères des classes nominales, de laconjugaison, de la syntaxe de position..., en 17 groupes. Le songhay est classédans le 14e groupe Nigéro-sénégalais qui comprend 36 langues,dont les languesmandingues, le dogon et le boussa (et dans les 1er et 2e sous-groupes du Nord-Estsonghay et zerma). Les caractéristiques du groupe nigéro-sénégalais sont : classesnominales dispa-

LA LANGUE SONGHAYrues, nombreux préfixes verbaux, ordre sujet-complément-verbe (sauf pour lesonghay, ainsi que nous l'avons vu au paragraphe précédent, pluriel par additiond'un suffixe... (no 143, p. 543). Ce classement parait aujourd'hui un peusystématique pour le songhay, qui fait souvent exception à ces règles générales.Cependant, il a été conservé par d'autres linguistes. L. HOMBURGER (nos 145,146) classe le songhay dans la même catégorie. Seul WESTERMANN (no 452),qui se base surtout semble-t-il sur KOELLE (no 117), classe le songhay dans lacatégorie soudanaise, groupe nigritique (radicaux monosyllabes àconsonneinitiale et à voyelle finale, ordre sujet-complément-verbe...),à côté des langues duCameroun et du bas-Niger, séparé des langues mandingues (« Lesonghay est dunigritique pur »).Toutes ces classifications sont un peu contradictoires. Il semble que laclassification Delafosse-Homburger, qui rattache le songhay au groupemandingue, si elle est satisfaisante sur le plan géographique, l'est un peu moinshistoriquement (linguistiquement Delafosse signale lui-même deuxexceptions àla règle générale). Les Songhay en effet se rattachent moins auxtraditions

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mandingues (populations issues du « Mali ») qu'aux traditions de l'Est(populations de la tradition kisra) : alors que toutes les populations qui se trouventen amont de Tombouctou sur le fleuve se déclarent issues du mandingue, en avalde Tombouctou elles se déclarent issues de Gao ou venues en remontant le fleuve(sauf le groupe zerma qui se rattache au « Mali »). Ceci pourraitfournir unargument à la thèse Westermann, classant le songhay à côté des languesnubiennes, de la basse Côte, et du Cameroun.En somme, une étude serrée de la langue songhay reste à faire, il n'est pasimpossible qu'elle permette de révéler la mystérieuse migration des pêcheurssorko : le songhay a été sans doute apporté à Koukya par ces pêcheurs itinérantsqui l'imposèrent aux « maîtres du sol » (qui parlaient des langues «voltaïques »mossi, gourmantché, koromba). Les résidus de ces langues archaïques despremiers occupants d'une part, et des Sorko d'autre part, se retrouvent, dans lestextes rituels, sous la forme de ce que les Songhay appellent d'une part holey kine« langue des génies » et d'autre part sorkey kine « langue des Sorko ».Malheureusement l'oubli presque total de l'usage de ces langues m'a empêchétoute enquête dans ces domaines.Au cours des siècles, cette langue a subi des modifications importantes causéespar les influences extérieures, mais je pense que ces modifications ont intéressésurtout le vocabulaire (qu'elles enrichissaient) (1).(1) Cette étude des influences étrangères reste aussi à faire. ARDANT DU PICQ(n0 131, p. 14) n'a fait que l'esquisser, ainsi que HACQUARD et Duuis (n0 124).Sur 4.000 mots au total on peut ainsi compter270 - arabes;180 - haoussa;8 - tamasheq;7 - peul;4 - mandingues.Mais cette liste est certainement bien incomplète, je ne la donne qu'à titreindicatif.

16 LES SONGHAYLa raison de cette permanence est encore la facilité et la relative simplicité dusonghay, langue sans genre, et d'une syntaxe aisée.Ainsi, la langue songhay est à l'image de la population qui l'a diffuséeet sescaractères principaux sont sa permanence, et aussi ses remarquables qualitésd'assimilation et de force d'expansion (1).(1) Je n'ai pu parler de la richesse du vocabulaire faute d'une étude linguistiquesuffisante (lorsque le travail sur la langue zerma de N. LÉcA sera publié, onpossédera des bases sérieuses pour une étude de cet ordre). DELAFO SE estimebien rapidement que la langue songhay est très pauvre. ARDANT DUPICQ arelevé plus de 4.000 mots, mais il reconnaît lui-même les grandes lacunes de sondictionnaire. Les textes rituels, que je cite par ailleurs, montrent quesous uneapparente pauvreté, le songhay est une langue permettant des tournurescomplexes d'une étonnante précision.

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CHAPITRE IVVIE ÉCONOMIQUE1) AgricultureSi l'agriculture était jadis réservée aux « maitres du sol » elle est aujourd'huipratiquée par tous les Songhay.Le mil (hayni) est cultivé presque dans tout le pays songhay, sousles variétéssuivantes (1) :Gros mil (saba dans le Nord, hamo dans le Sud), rouge ou blanc (lyirey ou koare),cultivées dans les basses terres de la vallée du fleuve et les dépressions de labrousse. Au nord, où les pluies sont insuffisantes, il est semé en mars lorsque lespremières terres meubles et gorgées d'eau émergent du fleuve (MOURGUES, nO27) ; on le récolte en août. Au sud, on le sème en mi-juillet dans les terres déjàbien arrosées, on le récolte à la mi-octobre.Petit mil (hayni dans le Nord, darankoba dans le Sud) ou mil ordinaire, avec lesvariétés blanches (somno) ou rouges (hayni tyirey). C'est un mil qui demandemoins d'humidité que le gros mil. Il se cultive dans les terres meubles moinsirriguées. Il se sème en juin-juillet et se récolte en octobre. Il forme la nourriturede base.Le mil est consommé pilé en farine (hamni) au mortier de bois; il est préparé sousles formes de beignet (maasa), bouillies (épaisses hari-koareou taso, liquideskawi), boules (donu), couscous (hauru) et gâteau mélangé à du lait aigre (hauru-kogu) (2).Le riz (mo). - Il est cultivé dans toute la vallée du fleuve, sous les formes de riz deplaine ou de variétés flottantes. Les rizières sont de simples cuvettes aménagéespar des digues (digues indigènes de fascines bouchant d'étroits goulots - rizière deAyorou - ou digues de l'administration fermant de vastes dépressions - cuvettes deFirgoun, Kollo, Koulou). Le riz est utilisé en cuisine comme le mil,pilé en farine,et en grains bouillis. Le riz est très prisé mais seulement comme nourritured'appoint.AUTRES CULTURES D'APPOINTLe blé (alkama, mot arabe, surtout dans le Nord), introduit d'Afrique du Nord,sans doute par les Marocains ; il se consomme en couscous (kouskousu) ou en unesorte de vermicelle (kala) ; il est moulu avec les anciennes meules depierre (lulutondi).(l) Voir surtout MARCHAI, (no 161) et MENIAUD (no 153).2) Pour les détails de préparation de la nourriture chez les Zerma,voir L.cOSuR,no 158, p. 165-173.J. ROUCH 2

LES SONGHAYLe maïs (kolokoti ou masara kama « ce qui se ronge et qui vient d'Égypte »), secultive en profitant d'un cycle de végétation très court (trois mois), dans lesdépressions suffisamment humides, par exemple au lac Faguibine.Il se mangegrillé.

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Le fonio (ansi). - En général, il ne se cultive pas, il pousse naturellement dans lesbas fonds humides de brousse. Il est recueilli dans un petit panier spécial (zetu)qu'on « balance au-dessus des épis pour recueillir les grains » (P.CRos, nO 33).Le manioc (rogo). - Il s'accommode de terrains plus pauvres, mais sa culture estd'importation Haoussa (comme son nom) et beaucoup de Songhay «mangeurs demil » traditionnels n'en veulent pas.Le niébé (dunguri). - Il est semé à la fin juillet, on le récolte vert dèsla finseptembre en cas de soudure difficile, ou mûr au début novembre.L'arachide (demsi). - C'est une culture (P GRos, no 33) pratiquéetout autour descases pendant la saison des pluies. Par suite de la demande administrative del'arachide, sa culture tend à se développer, bien que les Songhay considèrentqu'elle épuise trop rapidement les sols.CULTURES EN JARDINSAux alentours des cases sont entretenus et irrigués souvent artificiellement devéritables jardins (dyambu). Les femmes et les hommes y cultiventprincipalement:Le gombo, le piment (dendi), l'oseille (ggisima), la tomate (kotonaou dyatum),l'oignon (albasa, mot arabe), la citrouille (tenda) qui servent àpréparer les sauces.Le melon (kaney), la pastèque (kankani), la papaye (dendi mufa «la pommecannelle du Dendi ») venue du Sud, qui, avec les très rares dattiers (Hombori etBamba) fournissent les seuls fruits domestiques du Songhay. Le calebassier(gasinya), semé auprès des cases, fournit les ustensiles de cuisine.Le tabac (laba), semé en planches. - C'est une culture de saisonfroide quidemande un jardinage soigneux (irrigation). La plante est coupée et séchée ausoleil. Le meilleur tabac est celui du nord de la boucle vers Gourma-Rharous etBourrem, il est exporté en pirogue vers Gao et Ansongo, et à l'amont vers Diré etMopti (voir BAILLAUD, no 148).Le coton (hâbu). - Le coton est cultivé dans des champs, le long du Niger et prèsdes mares d'hivernage. C'est une culture presque essentiellement de femmes. Lessemailles se font en début juillet et la récolte en fin octobre. C'estun coton àcourte soie. Il est préparé, cardé et filé par les femmes, qui donnent ou vendent lefil aux tisserands.PRODUITS DE CUEILLETTEPlantes servant à la préparation des sauces ou à pimenter les plats: herbes dehandini et de tube, les feuilles de faigidini qui sont mêlées à la boule demil; desgraines de sirkalinda ou de toyganda (Sesamum

VIE ÉCONOMIQUEindicum) que l'on cuit dans le couscous. Ou bien des plantes servant elles-mêmesd'aliments : (« épinards » de GIRON COURT, nO 42), feuilles de karu(Aeschynomene indica), d'adyelep (?) (Cralaeva religiosa L.), farugyoma(Hybiscus furcatus Boxb), de foyganda (Sesamum indicum). (identifications deGIRONCOURT, n0 42).Enfin il faut signaler avec LEcEUR (no 158, p. 166-167) les baiessauvagesrécoltées dans la brousse et «grignotées entre les repas »: baiesrouges de darey(Zizyphus jujuba), les graines de hanli, les fruits du mufan (Anona senegalensis)

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et du dinay (Scelocarya Birrea), les tiges et les graines de nénuphar, les cosses debosey (tamarinier), l'écorce du fruit de kangaw (palmier de thébaide)(identification AUBREVILLE, no 45).TECHNIQUES DE L'AGRICULTURELes terrains de cultures (Jari) se trouvent dans la brousse avoisinant les villages.Les terres sont cultivées jusqu'à épuisement (une dizaine d'années hors desalluvions du fleuve) et laissées en jachères pendant une période de dix à vingt ans.Avec l'accroissement récent de la population, les champs proches des villagessont devenus souvent insuffisants. Il a fallu chercher des nouvelles terres souventtrès éloignées, d'où la création de « villages de culture » qui, d'abord temporairesdeviennent permanents si l'eau est suffisante en saison sèche.La culture principale est la culture du mil. Les Songhay de l'Anzourou, qui sontchaque année à la limite de la famine, refusent obstinément de cultiver du manioc: « Dieu nous a donné le mil, nos pères ont cultivé le mil, nous sommes desSonghay, des cultivateurs de mil, pourquoi cultiverions-nous autrechose ? »(recueilli par P CROS, no 33). Le mil est donc la grande affaire qui occupe leshommes de mai (semailles) à octobre (récoltes) (1).L'outillage employé pour les travaux des champs est très simple. Au nord jusqu'àAnsongo, c'est surtout la daba, houe classique (kumo) à manche plus ou moinslong qui est employée pour retourner la terre des champs des berges du Niger.Plus au sud, à la houe s'ajoute le sarcloir (kalma), qui permet de creuser le sol trèssuperficiellement sans se baisser. Le kumo me parait d'origine «voltaïque »,(Koromba et Gourmantché), alors que le kalma serait d'origine haoussa (2). Le solest simplement creusé en trous réguliers et peu profonds, puis remis en place avecle pied. Kalma et kimo servent à sarcler. La moisson se fait avec de courtesfaucilles (koma), ou de simples couteaux (zama).Ces outils sont employés pour toutes les autres cultures. L'irrigationdes jardins sefait par des canaux d'amenée, procédant par paliers successifs: l'eau est d'abordpuisée du fleuve dans le premier canal, puis de celui-ci dans lesecond, et ainsi desuite jusqu'à la hauteur nécessaire.Les travaux des champs par leur brièveté et leur précarité imposent(1) Voir MARCHAL (n0 161).(2) Et non pas uniquement « zerma » comme le dit PEDRALS (njo 103,p. 85),

LES SONGHAYaux hommes des travaux collectifs. Jadis, les « esclaves » des fermes des Askyaétaient ainsi réunis pour travailler en équipe. Aujourd'hui, les paysans d'un mêmevillage se réunissent pour aller cultiver successivement dans les champs dechacun, le propriétaire du champ aura à charge de les nourrir, c'est le système dela « culture-invitation ».L'administration française a essayé de « rationaliser » cette agriculture indigène.En particulier, on a voulu lutter contre l'appauvrissement systématique des terres,en essayant d'introduire des cultures enrichissantes à engrais(1). « Il a fallu, àforce d'échecs, revenir à des jugements moins sommaires sur la culture itinérante,avec jachère arborée et brûlis » (RICHARD-MOLARD, L'Afrique occidenialefrançaise, Paris, Berger-Levrault, 1949, p. 120). On a tenté demême l'introduction

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de moyens mécaniques, mais ici encore, la simple charrue n'a pas prouvé sasupériorité au kumo ou au kalma dans des terres aussi pauvres etfragiles. J'ai déjàdit l'opposition des Songhay contre les cultures autres que le mil ; pour pallier lesfamines, l'administration a cherché alors à faire pratiquer aux Songhay uneéconomie du mil plus prudente, en faisant élever aux abords des villages desgreniers de réserve dont le remplissage était surveillé et l'ouverture interdite avantla soudure. Cette opération fut (et est) singulièrement impopulaire, le Soudan et laHaute-Volta ont abandonné les greniers de réserve, le Niger y est encore trèsattaché ; les Songhay appellent ces greniers anasara boa, « les greniers des Blancs» et les considèrent comme n'ayant aucune utilité ; il n'est pas rare qu'à l'ouverturedes greniers, tout leur contenu soit consommé en quelques jours (2). Cetteéconomie paysanne, qui nous semble si dangereusement insouciante, serait plutôtune adaptation presque métaphysique aux exigences de la nature, qui limite àdeux ou trois mois la saison de pluies qui, d'une année à l'autre, varient enintensité de 1 à 5. La famine et l'abondance ne sont que les conséquencesacceptées de ces sautes continuelles d'humeur des moniteurs de la nature.Les travaux des champs n'occupent les paysans d'une façon intensive que dejuillet à octobre, juin et novembre étant pris par les cultures secondaires. On peutdonc considérer que trois à quatre mois de travaux aux champs suffisent à nourrir(tant bien que mal) le Songhay. Cette brièveté explique la participation presquegénérale des hommes, qu'ils soient chasseurs, pêcheurs ou artisans, nobles oucaptifs, à la culture. Pendant les autres mois de la saison sèche, lesautres activitésreprennent, les artisans travaillent, les hommes réparent les cases des villages,entretiennent les puits, se reposent ou partent travailler aux chantiers voisins etsurtout en Gold Coast.(1) Voir à ce sujet MENIAUD (n0 153), t. I, p. 380 et suiv., considérations sur la« lourde ignorance » des habitants du « formidable grenier nigérien » (écrit en1912).(2) PERIE et SELLIER (no 105, p. 1070). Administrativement, cette institutiondes greniers de réserve est ainsi motivée: « La crainte de voir réapparaître ceteffroyable fléau (la famine) hante tous les amis du pays; elle a dicté àl'Administration une rigoureuse politique alimentaire, basée sur l'obligation deconstituer des « greniers de réserve ». »

VIE ÉCONOMIQUE2) ÉlevageL'élevage n'est pratiqué de façon intensive que par les nomades peul ou touareg.Cependant, chaque Songhay pratique l'élevage occasionnellement. Il a encore laspécialité de l'élevage des chevaux (juments poulinières de la région lacustre)(MouRGuEs, no 27). L'acquisition des ovins ou caprins se fait après les récoltes,par échange de mil avec les nomades. Les troupeaux de boeufs à bosse, demoutons et de chèvres sont confiés soit à des bergers nomades, soit à des enfantsdu village, qui les gardent en brousse et les ramènent chaque soir. Sur le fleuve,les animaux sont souvent laissés en liberté dans les pacages des îlesoù le bourgou(Echinochloa siagnipa) leur fournit une nourriture abondante.

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Sauf dans les grandes agglomérations, la viande des boeufs et moutons n'est pasconsommée régulièrement. Leur élevage est une activité d'appoint qui permet unimportant commerce.Par contre, le lait des vaches est très largement utilisé dans la cuisine quotidienne.Les ânes servent au transport des marchandises, de villages en villages, etjusqu'aux marchés de brousse.Les chevaux sont réservés aux personnages importants, dont ilssontd'inséparables compagnons (pour aller d'un bout d'un village à l'autre, un chef ouun noble ne se déplace qu'à cheval). Ils sont choisis, élevés, dressés et entretenusavec le plus grand soin. Aujourd'hui comme autrefois, les Songhay sontd'extraordinaires cavaliers (1).Enfin, dans chaque concession, se pratique un élevage de basse-cour, de poulets,canards, pintades, dindons, pigeons, oies et aussi de chiens et de chats. De plus, auGourma, la cueillette du miel a entraîné un « élevage » des abeilles en brousse(ruches accrochées aux arbres).3) PêcheLa pêche, en dehors d'une pêche très occasionnelle des paysans des rives duNiger, est réservée aux Sorko et aux Korongoy. Les Sorko sontsurtout des «pêcheurs ») d'hippopotames, de crocodiles et de lamantins. LesKorongoy, quisont une petite minorité comparable au groupe des Somono, sont des pêcheurs depoisson au filet.C'est la répartition des troupeaux d'hippopotames, le long du Niger,qui a décidédes principaux établissements des Sorko. La chasse à l'hippopotame, interditeaujourd'hui par l'administration, était, en fait, un véritable élevage. Les pêcheursconnaissaient toutes les bêtes(1) Une étude de l'élevage du cheval chez les Songhay serait particulièrementintéressante, en particulier sur les traitements des diverses maladies des chevaux.Voir sur' les races de chevaux, MENIAUD (n0 135, t. I, p. 106), et sur lesmaladies (ibid., p. 121).Voici à titre d'indication le recensement des animaux du canton songhay del'Anzourou : pour 7.350 habitants en 1947, il y avait 6 chameaux, 8.000 ovins,4.700 bovins, 630 ânes et 330 chevaux (rapport de tournée de P.CROS, no 33).Il est assez intéressant de remarquer que les nomades de l'Anzourou ne possèdentplus aujourd'hui de chameaux, alors que les sédentaires songhayen possèdent 6.

LES SONGHAYdes troupeaux et n'en tuaient chaque année que le nombre nécessaire ; ladisparition de l'hippopotame est surtout le fait des chasseurs européens, qui sesont livrés et continuent à se livrer, sous le prétexte de chasse sportive, à deridicules massacres (1). Les Sorko pratiquent néanmoins cette chasseoccasionnellement. La technique n'a pas changé depuis que Ibn Batouta l'observapour la première fois en 1352, en allant de Tombouctou à Gao : l'animal estharponné, fatigué par la remorque d'une lourde pirogue et achevé à coups delance. La chair est boucannée et elle peut être conservée plusieurs mois (2).Les Sorko, chasseurs traditionnels d'hippopotames, ont montrépour les autrespêches (poissons par filets ou nasses) une répulsion comparableà celle des

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cultivateurs de mil pour les autres cultures. S'ils continuent à pêcher les lamantinset crocodiles, et à harponner les poissons qui passent à côté de leur pirogue, ilsont, pour la plupart, renoncé à cette seule activité de la pêche et sont devenuscultivateurs et prêtres du génie du tonnerre.Seuls, les pêcheurs dendi et les Sorko du Kebbi (Sorkawa) se sontadaptés à lapêche du poisson par filets et nasses. Ceux-ci cultivent à peine etne viventpratiquement que de leur pêche. Les poissons ramassés pendantles campagnes depêche sont échangés sur place contre du mil, et surtout séchés etfumés pour êtrerevendus à plus de1.000 kilomètres en aval, en Nigeria (3).Les Korongoy du nord de la boucle, par contre, sont de traditionnelspêcheurs aufilet, installés dans la région lacustre, et sans doute anciens maltres des eaux (do)avant l'arrivée des Sorko. Mais leur nombre est limité, aussi Bozo et Somono duMaçina et du Ségou ont pris l'habitude de venir faire campagne depêche danscette partie du Niger.Les instruments de tous ces pêcheurs sont : les pirogues (hi) en planches cousuesen amont d'Ansongo, en deux troncs creusés assemblés par une couture centraleen aval, et de plus en plus remplacées par les légères pirogues monoxyles que lespêcheurs sorkawa et dendi rapportent du delta ; les harpons, les zogu traditionnelsdes Sorko, le dame et le hargyi ; les nasses gura et hundurulu ; les filels sennes(laru), éperviers (byirgi), épuisettes (kamba laru) (4).Aucune tentative de rationalisation de la pêche n'a été tentée par l'administrationdepuis les échecs des flottilles de pêche du Débo et de la région lacustre (5) (lepoisson préparé rationnellement ne trouvait plus d'acheteurs). La seuleréglementation en vigueur est la taxation du poisson à la frontière deNigeria (etdepuis 1950 à la frontière du Niger et du Soudan français).(1) La réglementation actuelle permet au détenteur du permis de moyenne chassed'abattre deux hippopotames. Il est inutile de dire que la chasse à l'hippopotameau fusil n'a aucun caractère sportif.(2) Pour les détails de cette chasse, voir RoucH, no 160.(3) Voir HARRIS (no 156-157), RoucH (noB 162).(4) Voir aussi DUPUIS-YAKOUBA, no 154, p. 94-122, renseignements sur lespirogues, les engins de pêche, les poissons de la région de Tombouctou.(5) Voir DuBois (no 152).

VIE ÉCONOMIQUE4) ChasseSi beaucoup de Songhay chassent pour leur plaisir, les chasseurs gow, seulspeuvent s'attaquer à toutes les bêtes sauvages de la brousse. Armés d'une lance oude flèches empoisonnées, ils n'hésitent pas à combattre l'éléphant, le buffle ou lelion. Mais ces grands chasseurs sont de plus en plus rares, ils ne suffisent pas àdébarrasser des lions les villages de brousse, qui doivent maintenant faire appelaux chasseurs haoussa de Tahoua.Les Gow sont répartis au Songhay dans les terrains les plus giboyeuxBara,Anzourou, Goruol, Sirba, « W ». Ils chassent à l'arc et à la flèche empoisonnée, lelion, les antilopes et les gazelles ; à la lance (empoisonnée ou non),l'éléphant, la

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girafe ; au piège, la gazelle et la hyène ; au filet, la pintade. La science secrète desGow consiste en la préparation du poison (nadyi), la connaissance des charmesd'invisibilité et d'invulnérabilité, et surtout, peut-être, l'art de lamise à mort dugibier (1).La viande de chasse n'est pas conservée. Elle est consommée immédiatement ouéchangée contre du mil. Les peaux de lion ou de panthère sont gardées séchées etvendues aux Européens et surtout en GoldCoast. Les « massacres» sont gardéspar le chasseur et placés en trophées sur un arbre voisin de sa concession ou sur letoit de celle-ci.5) L'artisanatL'industrie songhay (2) est limitée aux travaux du fer, du bois, de lapoterie, ducuir, du coton. Chacun d'eux est pratiqué par une caste artisanale.D'autresactivités, comme celle de perruquier, tailleur, fabricant de natte, maçon, n'ont pasce caractère exclusif._Forgerons _dqam ou -rudamf- Ce sont d'anciens « maîtres de la terre »(Koromba ?) qui reçurent le secret de l'extraction du fer, et sans doute, au momentde l'arrivée des Berbères à Koukya, le secret de la trempe par des forgeronschrétiens. Le fer était extrait dans des hauts fourneaux en argile.Cette opérationne se pratique presque plus aujourd'hui par suite de l'introduction de fer européen.Le grand travail des dyam est aujourd'hui celui de la forge. Ils y fabriquent surtoutles outils des paysans, les armes des pêcheurs et des chasseurs. Souvent ils fontaussi le travail de bijoutier (ura dyam), coulant dans des moules d'argile etciselant le cuivre, l'argent ou l'or, en bagues, bracelets, boucles d'oreille.Les garasa, «c forgerons des Touareg », mais d'une singulière indépendance,s'étabfl ssent très souvent dans les- villages songhay. Ils s'y livrent au travail de laforge (avec une spécialisation pour les armes blanches), à des petits travaux demenuiserie ou d'ébénisterie, et leurs femmes travaillent le cuir.(1) Voir sur les chasseurs gow, les textes remarquables recueillis et traduits parDUPUIS-YAKOUBA (no 135).(2) Voir surtout le classique DuPUIs-YAKOUBA (n0 154).

LES SONGHAYLes uns et les autres emploient les mêmes techniques simples : la forge s'abritesous un hangar, dans un coin du village ; une ou deux enclumes sont fichées dansdes troncs enterrés. Le foyer est un trou dans le sable rempli de charbon de bois etsoumis à la soufflerie de deux soufflets en peau reliés à une pipe double en argile,et maniés par un apprenti (le fils du forgeron). Le métal tenu par des pinces, estbattu par des masses en forme de fuseau.Menuisiers (selge). - Ils forment une caste particulière, dont le noyau est la régionde la-Si-ba (affluent du Niger) qui est très boisée. Leur grand travail est laconstruction des irogueskole-kole, de deux troncs creusés, et réunis par une cifûrecentrale.- Un bon setye fait 5 pirogues dans une année. Ce sont lessetyeégalement qui taillent les pagaies, et fabriquent les mortiers àmil.Les outils des setye sont les haches desi, l'herminette lyara (àemmanchure à soie),et le grattoir en forme de « ? » kosigi.

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Dans les régions où il n'y a pas de setye, ce sont les forgerons quifont le travail demenuisiers (certains même s'y spécialisent, on les appelle bundu-dyam, « ouvriersdu bois »).Poterie. - Ce sont les femmes qui fabriquent les poteries (kusu);en général, 1Emmes de fIrgerons sont les potières les plus renommées. Les pots sont montés à lamain, puis le modelage est terminé à l'aide de petits battoirs de bois. Une premièredécoration est souvent faite alors par lissage, ou impression de motifs (nattes,doigts...). Les poteries, une fois séchées à l'intérieur de la case, sont rassembléespour la cuisson, sous un feu allumé en plein air. Après cuisson,une deuxièmedécoration est faite par peintures. Les poteries ainsi préparées servent aux usagesdomestiques : marmites, vases, cruches, gargoulettes.Travail du cuir (kuru larey). - Les femmes des forgerons garasa sont lesmeilleures tanneuses (kuru monkoy) du -So-nghay. Seules, lespeaux de chèvre oude mouton sont tannées. Elles sont teintes (noir, rouge, jaune, çérd-éSaê , iêées(au repoussoir, par motifs peints, par grattage). Les femmes garasa confectionnentavec elles des harnais, des sacs et des coussins ; elles les vendent également auxcordonniers.Les cordonniers (tam lakoy) fabriquent des sandales (tanu), desbottes (muku outimaku), des mules (selbi). Les semelles sont en cuir non tanné (chèvre, bouf,antilope), et, depuis quelques années, en pneus d'automobile. Leslanières sontquelquefois en cuir non tanné (sandales « anti-cram-cram ») et le plus souvent encuir souple et orné. Les plus belles bottes sont faites à Tombouctou (bottessouples en cuir blanc, brodé de laines de couleur) par les arma, descendants desconquérants marocains dont c'est à peu près le seul métier (PEFONTAN, no 26).Travail du colon. - Le coton est préparé et filé au fuseau par les femmes de toutesconditions. Il est tissé par les tisserands (lyakey) en petites bandes, larges commela main. Le métier est du type classique soudanais. Des jeux de filsde couleurpermettent les effets décoratifs.Le coton est teint en bleu indigo, en rouge ou en jaune (sini, tyrendi, seyendi) pardes teinturiers spécialistes (sini koy «mattres de l'indigo »), avant ou après letissage.

VIE ÉCONOMIQUELes bandes de coton sont assemblées directement par les tisserands en couvertures(dâburi), dont chaque région a la spécialité (1).D'autres bandes sont vendues aux tailleurs Iakoy qui les assemblent en vêtements(bankareg) (2).Pour conclure cette étude de l'artisanat je donnerai la proportion des artisansprincipaux du canton de l'Anzourou : en 1947, pour 7.350 habitants,il y avait 5forgerons, 3 cordonniers, et 29 tisserands. Notons encore ici que l'introduction destechniques européennes n'a pas modifié considérablement l'artisanat de brousse.Cependant, les forgerons ont abandonné presque totalement l'extraction du fer, etles tisserands doivent lutter contre la concurrence des cotonnadesd'importation.Dans les villes, des modifications beaucoup plus sensibles se sontmanifestées, lestailleurs se sont fournis de machines à coudre (« batteries » de machines à coudreà Gao ou à Niamey), les cordonniers se sont mis à confectionner des sandales ou

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des bottes au goût européen, et surtout de nouveaux artisans sont apparus :mécaniciens, et surtout chauffeurs, qui forment une nouvelle « noblesse ducambouis » dont le mythe s'est déjà emparé et dont les gestes obéissent à un rituelaussi précis que celui des chasseurs de la brousse ; j'en parlerai ailleurs au sujet duculte des Haouka.(1) Couvertures de Niafunké, bleues à petits motifs rouges et blancs; couverturesde Goundam, à carreaux bleus et blancs, brodés de jaune et de rouge; couverturesde Tillabèry, à petits motifs bleus et rouges marron, couverturesde Dori à grandesrayures transversales.(2) Je n'ai pas parlé des activités artisanales moins spécialisées.Citons l'extractiondu sel (soso) par lavage des terres natronées et qui se pratique ausud du Zermadans le Fogha (voir BARTH, no 4, t. IV, p. 226-230, et MENIAUD, no 153, t. II,p. 209-213), dans le Zermaganda et dans les îles d'Ayorou. Ce sont les femmes debasse oaste (en majorité des potières) qui lavent la terre qu'elles lèvent en buttesde plusieurs mètres de haut. Elles en extraient du sel grisâtre, etune sorte desalpêtre qui servait jadis à fabriquer de la poudre à fusil.La fabrication des bracelets de pierre (kondi) est une spécialitéde Hombori. Lemarbre est troué au ciseau, martelé, et poli par frottement sur les dalles de grès.La corderie. - Les cordes (korfo) en fibres de disima à trois torons, que tout lemonde sait fabriquer, mais surtout les pêcheurs et certains spécialistes qui en fontcommerce, les korfo hinsakog. Les cordes servent à tous les usages: couture despirogues, cordes des puits, chargement des bourricots...La vannerie. - C'est un travail de saison sèche fait aussi bien par les hommes quepar les femmes. Les productions sont les « seccots » qui ferment lescases (dla),nattes en tige de mil; les nattes de sol (zwey) de 10 bandes parallèlesassembléeset de couleurs différentes (voir P. CROS, n0 33), ou en ellipse spiralée (windi-wanda), toutes deux faites en feuilles de palmier doum; les nattes en fibres depalmier assemblées par des fils de coton, sur un véritable métier (langara) quiservent de -natte de sol ou de cloisons à l'intérieur des cases (dans lenord, ellesrecouvrent les « cases-tortues »); les vans (fandu) en vanneriespiralée et decouleurs différentes qui servent à vanner, à s'éventer, à recouvrir les calebasses etles vases; les delge, supports en vannerie qui servent à accrocher les vases et lescalebasses aux murs des cases, les paniers hémisphériques kila.Les coiffures. - Les coiffeurs (wandyam) rasent la tête, font dessaignées, mettentdes ventouses. Les coiffeuses sont spécialisées dans les coiffures des femmes quisont un élément essentiel de la coquetterie (voir DUPUIs-YAKoUBA, no 23;GirONCOURT, no 171).Enfin, les bouchers (fawako), les boulangers (lakula hinsa koy),les ramasseurs debois mort (turi koyo), les porteurs d'eau (tagala koyo), etc.,dont les activités sontsurtout liées aux marchés.Notons dès maintenant que la magie pourrait être rangée dans cette étude del'artisanat, le korte, charme magique étant devenu une marchandise de premièreimportance.

LES SONGHAY6) Activité commerciale, les marchés

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Les produits de toutes ces activités s'échangent directement à l'intérieur desvillages. Mais tous les villages n'ont pas d'économie fermée, ilsfont les échangesavec d'autres villages au cours des marchés. Dans la brousse, ainsi, chaquesemaine les marchés drainent des marchandises venues de toute larégionavoisinante, et surtout permettent entre ces hommes des rencontres fréquentes, carun marché africain est moins un lieu où l'on achète et l'on vend, qu'un lieu où l'onse voit et où l'on se parle.On peut classer ces marchés suivant leurs spécialisations (1) enmarchés locaux(par exemple vers Niamey, les marchés de Boubon, Lamordé, Kolo)hebdomadaires, mais qui ne réunissent que des gens faisant au maximum unedemi-journée de marche pour s'y rendre, marchés urbains (par exemple Niamey,Gao, Tombouctou) journaliers, drainant les marchandises et les hommes venus defort loin, mais essentiellement « centripètes » puisque leur rôle est de fournir à lapopulation urbaine les marchandises qu'elle ne produit pas ; marchés régionaux(par exemple Ayorou, Méhanna, Wanzerbé, Gothey) hebdomadaires, et qui sonten fait inter-régionaux : « Ils mettent une fois par semaine, en contact leséconomies complémentaires des pasteurs et des agriculteurs, et groupent desproduits de régions extrêmement différentes. Ils sont fréquentéspar des gensvenus de très loin, effectuant un voyage qui dure parfois plusieurs jours, à pied, enpirogue, ou montés sur des boeufs porteurs et des chameaux » (Jean SAuvY, no159). De plus, contrairement aux marchés urbains, ils sont à la fois « centripètes »et « centrifuges»: ils distribuent des produits d'origine lointaine (sel, kola, tissuseuropéens) et rassemblent pour l'exportation certains éléments(boeufs à Méhanaet Wanzerbé pour la Gold Coast, bovins et caprins à Gothey pourles abattoirs deNiamey). La position excentrique de ces marchés n'est pas indépendante du soucid'éviter le contrôle administratif, à Niamey « la fonction administrativea tué lafonction commerciale » (Jean SAuvY, no 159).Tous ces marchés commencent en général vers 10 heures du matinet l'activitécommerciale proprement dite dure jusqu'à 3 heures de l'après-midi.Mais lemarché ne cesse pas pour autant, les vendeurs de brochettes et decigarettes, lesvendeuses de kola et de parfums, gardent leurs éventaires de tentations. Avec lesoir, les jeunes coquettes se promènent dans leurs plus beaux atours, les jeunesgens organisent des courses de chevaux, les hommes plus sagess'asseyent au grédes rencontres et bavardent. A la nuit, des feux s'allument, des danses de filles etde garçons font rivaliser gens de brousse et citadins ; les prostituées se promènent,flattées par les compliments des garçons, autour de petites lampes àpétrole, desjeux de hasard s'organisent sous la surveillance de jeunes « croupiers » habiles àdétecter les billets mal recollés. Ainsi,(1) J'emprunte ces informations à l'excellente étude Un marché urbain africainNiamey, Jean SAUVY, no 159.

VIE ÉCONOMIQUEbien des gains de la journée s'en vont en cadeaux, en mises perdues,maisqu'importe, ces plaisirs sont l'un des rôles primordiaux du marché (1).Les courants commerciaux. - L'une des richesses du Songhay, fut sa positionprivilégiée à la frontière de l'Afrique Noire et de l'Afrique Blanche,sur les routes

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commerciales qui conduisaient du Mali à l'Égypte. Aujourd'hui lesroutes duNord, malgré les lignes automobiles à travers le Sahara, n'ont plusla mêmeimportance. Seul le sel de Taodeni continue à venir par caravane jusqu'àTombouctou d'où il se répartit dans tout le Songhay ; mais la plupart des autresmarchandises viennent de la côte, et c'est vers la côte que partentles raresproductions de ce pays. Le fleuve, s'il est une artère commerciale de premièreimportance au Mandé ou au Bambara, ne joue pas un rôle aussi capital auSonghay ; sans doute il continue à être entre les différentes provinces de ce paysun élément de liaison indiscutable, mais le manque de navigabilité du tronçonGao-Niamey, et surtout le barrage des rapides de Boussa à l'aval,ont limité ledéveloppement de ses transports maritimes, les pirogues spécialisées franchissantseules ces zones dangereuses (2). Cependant tout le nord du Songhay jusqu'à Gaoest tributaire du Niger : il importe les marchandises européennes depuis Bamakopar le fleuve, il exporte vers le Macina les poissons, le sel, par ce même fleuve.Au Songhay du Sud, il en va très différemment. Les marchandisesimportéesviennent soit du Dahomey, par le chemin Cotonou-Malanville-Niamey,soit deNigeria par Kano et les colporteurs haoussa, soit de Gold Coast parle cheminKumassi-SansanéMango. Les marchandises exportées, surtoutdes troupeaux deboeufs et l'arachide, prennent à l'envers les chemins des territoires anglais ; seul lepoisson séché descend le Niger vers Jebba et Onisha en Nigeria (voir carte decourants commerciaux, MENIAUD (no 153), t. I, p. 250 et tableaux, p. 50).L'évolution économique. - Les premiers voyageurs avaient cru voir dans le payssonghay une nouvelle Égypte (3) (le Nil français de LENFANT). Mais cetteprospérité limitée au cordon étroit du fleuve, parait aujourd'hui un leurre. LeSonghay, riche empire dans les conditions de l'économie africaineancienne,semble dans l'état actuel des recherches, condamné à une assezgrande pauvreté :le sous-sol, en dehors de quelques gisements de phosphates dans larégion deTosay, n'a pas encore révélé de richesses minières exploitables (lalongueur dutransport exige des minerais particulièrement riches). Les sols suffisent à peine ànourrir une population sous-alimentée, le Nord n'exporte rien, et seul le Sudexporte de l'arachide vers la Nigeria (les pays zerma et haoussa duNiger de l'Estexportaient, en 1948, 35.000 tonnes d'arachide en Nigeria, soit 1/10 de laproduction du Sénégal). Le peuplement(1) Voir aussi pour les marchés de la région de Djenné, MONTEIL (no16) ; pourceux de la région de Dosso, ROBIN (n0 31).(2) Sur la navigabilité du Niger, voir surtout TOUTÉE (no 8), LENFANT (n0 37)et MENIAUD (no 153).(3) Sauf BAILLAUD (no 148), chargé de la première mission économique en1898.

LES SONGHAYarbustif a été insuffisant à supporter les travaux de construction administrative(disparition du rônier en amont de Say, disparition du « doum » versTombouctou) et les besoins des machines à vapeur des bateaux du Niger.Signalons cependant que le Nord du Songhay exporte encore de la gomme, 1.000tonnes en 1930 (Mourgues, no 27). L'élevage est, en fait, la granderichesse de ces

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pays ; très approximativement, j'estime que les Songhay et assimiléspossèdent50.000 chevaux (soit 1/4 de toute l'A. O. F.), et partagent avec les nomades bellaet touareg et avec les Peul établis sur leur territoire, 1.500.000 bovins (1/4 detoute l'A. O. F.) et 3.000.000 ovins-caprins (1/6 de toute l'A. O. F.); mais cetterichesse ne sera vraiment exploitable que lorsque seront résolus les gravesproblèmes de la vie des troupeaux en saison sèche, leur élevage pourla vente(contraire aux traditions peul), la mise de la viande en conserve et la conservationdes peaux, ou le transport de viandes frigorifiées ; pour le moment,les troupeauxsont conduits à pied depuis les marchés de Dor, Wanzerbé, Méhanna et du Zermavers la Gold Coast et le Nigeria, soit par des maquignons peul, haoussa ousonghay-zerma, soit par des acheteurs de la côte qui viennent les chercher eux-mêmes ; notons que cette exportation est de l'ordre du quart de l'exportation totalede bétail de l'A. O. F. (qui elle-même ne représente, en valeur, que 1,7 % desexportations d'A. O. F - d'après Richard-Molard). Enfin, la pêche dans le Nigerest un élément non négligeable de la vie économique du Songhay : toute cettepartie du fleuve est particulièrement poissonneuse et, chaque année, les flottillesde pêcheurs parties du sud - Somono et Bozo, du Macina - Sorkawa du Dendi etde Nigeria) viennent au nord en campagne de pêche ; quoique cette industrie nerapporte qu'indirectement aux Songhay, on peut espérer que lespêcheurs sorko,las de se voir prendre, dans leurs eaux, leur poisson, se mettront un jour auxtechniques plus rationnelles du filet et des nasses, et exploiteront eux-mêmes lapêche (en 1948 plus de 450 tonnes de poisson sec passaient la frontière deNigeria).En somme, les exportations actuelles du pays songhay sont un peu d'arachide, dubétail, du poisson sec et de la gomme. Le développement de l'agriculture (et del'élevage) se heurte surtout au terrible climat contre lequel les hommes ne peuventencore rien ; le développement de l'industrialisation se heurte aumanque dematières premières et de source d'énergie (l'utilisation des seuilscomme ceux deLabbezenga posent de très difficiles problèmes), enfin les richessesichtyologiques du Niger ne sont pas inépuisables. Un moment, le projet (depuis ensommeil) du transaharien fit parler de ces pays comme de « la plaquetournante »de l'Afrique Occidentale ; le développement des transports maritimes et aériens aeffacé toute possibilité de ce genre, les réseaux routiers existant en ce moment(routes Mopti-Gao, Niamey-Gao, Niamey-Dosso-Gaya-Zinder, Niamey-Fada)paraissent suffisants au trafic automobile, les caravanes marchandes indigènespréférant des itinéraires plus discrets. En dehors de quelques entreprisesintéressantes (élevage du mouton d'El Oualadji, cuvettes de riz de Firgoun) et desdeux ou trois grandes villes administratives (Tombouctou, Gao,

VIE ÉCONOMIQUENiamey), le Songhay se retrouve replié sur ses anciens moyens deproduction, deculture précaire, de chasse incertaine, d'élevage presque pour le plaisir, de pêcheau harpon. Et pour le moment on ne voit pas bien ce qui pourrait y changerquelque chose (1).7) Migrations saisonnières

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Cette pauvreté relative du Songhay peut expliquer les très importantes migrationssaisonnières des jeunes gens et des hommes de ce pays vers l'étranger, enparticulier vers la Gold Coast (2). En dehors de toute idée de gain, la migration deGold Coast a des causes plus profondes, c'est une véritable épreuve de jeunesgens (qui ensuite y prennent goût). Dans toute la région de Tillabéry-Ansongo, unjeune homme, pour se marier, doit avoir été au moins une fois à Koumassi ou àAccra, et en avoir rapporté des pagnes de couleur. Cette migration a fait l'objetd'une enquête et de publications particulières, mais il faut noter dès maintenant,son caractère très général (en 1947, sur 7.000 habitants de l'Anzourou, 441 setrouvaient en Gold Coast), et toute l'affabulation qui entoure cesvoyages(aventures merveilleuses du chemin, Koumassi « la cité de l'amour», Koumassi «le marché des marchés », les vols impunis...). Sur place, les Songhay laissentvolontiers le travail des mines aux Mossi et préfèrent les petits métiers de la ville(docker, manouvres, marchands de bimbeloteries, de tissus...). Pour tous ceux quisont allés à Koumassi et Accra, ces villes sont des sortes de La Mecque, descreusets de nouvelles religions, en particulier des danses de possession (Haouka).8) Vêtements et parures (3)Il faut distinguer la tenue de travail et celle de « sortie ». La tenue detravail del'homme est un pantalon à coulisse (mudun ou sibi), celle de la femme est unpagne (lafe) ou dans la région d'Ayorou une sorte de longue robe (bankarey). Lacouleur de ces vêtements est souvent l'indigo foncé. En dehors dutravail,l'homme porte un « boubou » (1ilbi) sur le pantalon, et un fula, simplebonnet.Les costumes plus apprêtés sont faits souvent d'une superposition de simplesvêtements : l'homme au-dessus d'un Iibi porte un burnous (burnusu) plus oumoins brodé ou une grande pièce d'étoffe jeté sur ses épaules (semfili), autour desa calotte il porte un turban (labey) plat (le turban large étant signe de chefferie) ;dans le Nord, il ajoute un voile qui lui cache le bas du visage et le protège du vent(nakam). Ce dernier est souvent en tissus(1) Je n'ai pas parlé de l'ancien commerce très florissant des esclaves. Voir à cesujet GUILLAUMET, no 147.(2) Voir NED NOLL (no 149), commerce itinérant des Zerma à l'époque de laconquête, prélude des migrations de Gold Coast, et plus particulièrement RoBIN(no 31), migrations du Cercle de Dosso, et ROUCH (no 160).(3) Voir DUPUIS-YAKOUBA, no 23, p. 254 et fig. 2, et surtout n0 154, p. 29 à35, le chapitre des tailleurs, pl. XIII à XV bis qui donne les principaux vêtementsd'homme, et leurs broderies, pl. XVI et XVII.

LES SONGHAYrecouvert d'une couche luisante d'indigo lustré, que vendent les Haoussa et qui estd'un prix fabuleux. Les femmes au-dessus d'un pagne de cotonnade imprimée,portent une sorte de robe de couleur (saya) et depuis quelques années, unecamisole courte en cotonnade brodée de motifs en blanc (mode « de Gaulle »). Latête est recouverte d'un mouchoir de couleur noué d'une certaine façon. Toutes cesmodes varient évidemment suivant les régions, les élégances les plusraffinéesparaissant localisées dans la région d'Ayorou et à Hombori. Ce sont les prostituées

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(dont le costume de travail est le même que celui de fête) qui sont lesvedettes etqui lancent les modes.La coiffure (1) a également la première place. Les hommes en général, se rasent latête ; seuls, les Sorko de la région de Bamba se tressent les cheveuxdans le cou,et certains Zima laissent pousser des mèches irrégulières. Les femmes, par contre,se livrent à un art véritable de la coiffure. Celle-ci varie avec le lieu, la mode et lacaste des femmes. Dans le Nord, les femmes ont une longue tresse dans le dos(postiche) ornée de coquillage ou d'un anneau de cornaline, au sud d'Ansongo (età Hombori) elles relèvent leurs cheveux en cimier, au-dessus d'un petit coussin decrin (ivafa) (le double cimier en croix est une coiffure « de Gaulle »). Plus au sud,le cimier est moins haut. Enfin, dans les villes, la coiffure « bambara » avec deuxmèches relevées au-dessus des oreilles est très répandue. Lescoiffures desfemmes sont ointes de beurre, parfumées, ornées de pièces d'argent ou de perles.Le passage des mains et des pieds au henné est très fréquent, les femmes commeles hommes se mettent de l'antimoine sur les paupières. Les parfums sont usésavec prodigalité. Les bijoux, enfin, sont nombreux : bagues, ceintures de perlesdes femmes portées sur la peau, colliers, boucles d'oreille (hommes et femmes)(2), bracelets de poignet et de chevilles (les femmes zerma en portent d'énormesqui nécessitent un petit bracelet de cuir en support), et chez lesZerma, bijou nasalen forme de cadenas.(1) Voir les planches et dessins de DUPUIs-YAKouBA (no 23) etGIRONCOURT (no 171).(2) A Tombouctou, où l'influence de l'élégance bambara se faitsentir, les bijouxd'or sont nombreux (DuPuIS-YAKOUBA, no23, p. 254; no 154, p.36-44). Maisles bijoutiers y fabriquent aussi des « faux » étonnants de ressemblance, avec dela cire et de la paille, voir à ce sujet LHOTE (no 182) et PARIS (no 183).

CHAPITRE VORGANISATION SOCIALEL'étude de l'organisation sociale des Songhay devrait être l'aboutissement d'uneenquête générale sur cette population. Je me bornerai à signaler ici les élémentsles plus évidents.1) Formes d'établissement, habitatTous les groupes sociaux, plus ou moins caractérisés, se trouvent inscrits sur leterrain : au couple correspond la maison, à la famille réduite correspond laconcession, et l'on retrouve à l'intérieur du village des ségrégations en quartiers denobles, captifs, artisans, pêcheurs.Tous ces établissements humains seront étudiés ici en allant du plus simple auplus général, de la « case » au « canton » et « pays ».Le type de maison varie avec les régions :1) A l'ouest du Débo, à Tombouctou, c'est la case carrée (gar) à terrasse, en argile,du type « bambara » qui domine ;2) De Tombouctou à Ansongo, dans l'étroite frange habitable qui borde le fleuve,c'est la case tortue (tende) (suivant l'excellente expression d'Urvoy) (no 112, p.36), case de natte hémi-ellipsoïdale, montée sur une armature debois en arceau ;cette case permet de suivre les crues du fleuve, par une sorte de « migration

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sédentaire » (MOURGUES, no 27) ; elle est construite par les femmesetappartient à celles-ci (quand un homme divorce, il se trouve sanslogis) ;3) D'Ansongo à Tillabéry, c'est la case ronde à murs d'argile et àtoit de paille(bombu) ; les murs sont construits par les hommes ainsi que la toiture (qui n'estpas conique mais en obus, par encastrement dans le mur), les femmes en font ladécoration intérieure avec de l'argile (botogo) ; de simples paillottes (bugu)voisinent ces cases, ainsi que des greniers caractéristiques(boa), en formed'amphore, en argile barbelée de pierres (construits par les femmes);4) Dans la brousse environnante, et de Tillabéry à Yauri (et au delà), c'est lapaillotte (bugu) qui domine, les greniers étant eux-mêmes faits en « paillottes »surhaussées.Seules, les villes ont une architecture particulière, cases à étage de Tombouctou,maisons carrées en argile de Gao, Tombouctou ou Goundam. Enfin,à Hombori etdans la région, les cases sont faites avec des murs de pierre (ourdés ou non àl'argile) et des toits en terrasse (tondi hu).

LES SONGHAYLes cases sont réparées tous les ans, après l'hivernage : réfection des terrasses,changement de la paille des toitures. Les femmes les décorent intérieurement avecdes motifs en argile, des peintures, des vases suspendus, des nattes, des assiettesémaillées, des cuvettes ou des calebasses, des photographies prises dans desrevues européennes. Le mobilier (1) est constitué surtout par une banquetted'argile où se place une natte ou le tara (lit), et quelques escabeauxtrès bas (tati).La cuisine se fait dans une petite case attenante. Quand un homme est marié,chacune de ses femmes a sa case et sa cuisine particulière.Les cases sont réunies en concessions familiales (windi « tour »), fermées ou nonpar des murettes ou de simples « seccots » (2).Les concessions sont groupées en quartiers (farandi) suivant une structure quin'est pas évidente ; chaque quartier groupe des ensembles assezbien définis(étrangers, captifs, anciens maîtres du sol...).Un village (koyra) est formé par toutes ces concessions, avec, enplus, ses placesde réunion, et quelques édifices publics (mosquée, ou « case des génies », maisondes enfants, abris du marché...), c'est une « communauté de gens exploitant unmême territoire et ayant à leur tête un chef de village » (ROBIN, no 31, p. 78).Les villages songhay ont en général de 200 à 1.000 habitants.Le canton (labu) est un ensemble de villages (de 6 à 25 villages, 3.000 à 5.000habitants) correspondant en général à un groupement anciennement soumis à lamême autorité (par exemple anciens petits États résiduels du Songhay), etrespecté par l'administration. Quand cette autorité n'existait pas, l'administrationl'a créée avec plus ou moins de bonheur. Le canton présente ainsi une unitégéographique et politique, rarement une unité ethnique.Le pays (ganda) est l'ensemble des cantons. On peut considérer qu'il existe unpays songhay, correspondant à l'ancien territoire de l'empire songhay. Malgré desinfluences extérieures successives très diverses, une unité certaine s'y révèle :même langue, mêmes traditions historiques, mêmes croyances, mêmes

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groupements sociaux représentés et, malgré certaines divergences, mêmescoutumes.Si aujourd'hui, par suite du morcellement du Songhay entre 4 territoiresadministratifs distincts (sans compter les groupes de Nigeria du Nord), cette unitén'est plus évidente, jadis elle était représentée symboliquement aucours de toutesles cérémonies : les dignitaires et les chefs de provinces rassemblés autour duSonni ou de l'Askya, étaient groupés suivant un ordre strict représentantgéographiquement et politiquement l'empire songhay (voir les Tarikh, n0 86 et 87,et ROUCH, no 106). De nos jours, si les petits états résidus de l'ancienEmpirerestent farouchement fidèles à ces traditions et ce protocole, ils ne peuvent plusoffrir de tels déploiements d'autorité. Seul, le chef de Dosso, le Zermakoy quin'est en fait que le chef d'un canton de 50.000 habitants, mais(1l Voir DUPUIS-YAKOUBA, no 23.(2 Certaines concessions peuvent atteindre la dimension d'un quartier, parexemple les concessions de chefs de grande autorité qui groupent la familleproprement dite du chef, celles de ses frères, celles de ses conseillers, et celles desserviteurs.

ORGANISATION SOCIALEbénéficiant du très fort appui de l'administration française (1), essaye dereconstituer l'ancien cérémonial : il s'entoure de « cavaliers » dont la plupart sontà la fois dignitaires (titres empruntés au Haoussa) et chefs de régions : sonconseiller, le marafa, est chef de la région de Dosso ; son héritier présomptif, lezarumey, est le chef de la région du Sud-Ouest; le favori, mizindadi,est le chef dela région Ouest... (ROBIN, no 31, p. 74).2) Groupements et parentésa) CLANS-INTERDITSJe ne crois pas qu'il existe de clans proprement dits chez les Songhay, c'est-à-diredes groupements exogamiques ayant en commun nom, devise, interditet filiationunilinéaire. Même les groupes analogues et non exogamiques quel'on trouve chezles Mandingues et Bambara n'ont que de lointains équivalents au Songhay. Dansle Nord-Ouest, par suite de l'influence bambara, les hommes se réclament decertains groupes, ce qui a fait dire à Delafosse (ne 19) que les Songhay avaientcomme clans les Haydara et les Meîga. Mais plus on va vers l'aval, plus cesnotions se dissolvent. C'est ainsi que meyga, qui est le zanu (devise) desdescendants des Sonni et des Askya, me paralt être davantage un titre qu'un nomde clan, et que le groupe qu'il désigne est plutôt la caste noble des Songhay. Iln'est pas impossible que ce groupe dérive d'un clan (2), mais les influencesétrangères, en particulier l'Islam, lui ont fait perdre aujourd'hui presque tous sescaractères claniques ; et même les hommes libres et certains pêcheurs de bassecaste plus ou moins asservis se disent aujourd'hui meyga (c'est devenu un simpleterme de flatterie) (3).Les interdits de groupes pourront peut-être donner des indications intéressantes.Ils sont appelés kabi. Je n'en connais que quelques-uns : les Meyga ne peuventmanger de lamantin (ayu), les Dyite ne peuvent manger de silure (desi), les Tourene peuvent toucher les étoffes teintes en indigo du Mossi ou du Haoussa, les

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Kourley ne peuvent manger d'iguane (komni), les Sorko et lés « danseurs depossession » ne peuvent(1) Pour remercier cette chefferie zerma de sa fidélité au momentde la conquêteet pendant la guerre 14-18, le Zermakoy de Dosso a reçu en 1926 letitre de « chefde province », voir ROBiN, no 31, p. 67-77.(2) Dont le zamu (devise) aurait été moy et l'origine la ville de Data, comme je l'aidit ailleurs (no 106) à propos de la remarque du Tarikh-el Fettach sur l'originecommune des Sonni, des Askya et du Môri Haougaro.(3) Voici à titre indicatif les principaux zamu (« devises ») que jeconnais:Meyga : nobles songhay et anciens serfs de la maison royale;Ture : musulmans et Arma descendants des marocains;Taraore : « Les affranchis ou clients des Chorfa » (DuPuIs-YAKoUBA, no 21);Sise : tous les alfa (marabouts) ;Haydara : familles de Tombouctou et de Djenné (?);Nabo kantabo : les pêcheurs sorko du groupe de Faran Maka Bote;Tyuro ba : les pêcheurs sorko du groupe de Fono ;Kantao : les pêcheurs korongoy, dyite maîtres de l'eau (do)...Et pour les Zerma: Lafare, Kogoriboro, Derye, Kurnnamey (purs Zerma) ; Kale,Gube, Gahda, Wazi, Namare, Golle, Sabiri, etc. (Zerma assimilés).J. ROUCH 3

LES SONGHAYmanger (ou tuer) le kagu (grue couronnée), les Sorko pêcheursne peuvent mangerle desi (silure), les magiciens sohantye, descendants des Sonni ne peuvent tuer lezeyban (vautour), les Zerma Kallé ne peuvent manger (ou tuer) la tourterelle(kolongey), etc. On voit que ces interdits s'adressent à des groupements très divers: castes royales ou artisanales, groupes ethniques et fractions religieuses oumagiques (1). Les groupes qui ont un même interdit s'appellentdes kabila (queDupuis-Yakouba traduit très vaguement par « Tribu, famille »).b) PARENTÉS PAR PLAISANTERIESEn songhay, cette relation entre deux groupements s'appelle base larey que l'onpeut traduire par « affaire de cousinage », le mot base désignant les cousinscroisés (les fils de deux frères se disent « frères »). Mais le baselarey ne paraitpas avoir la rigidité du senenkuya des voisins bambara qui interdit toute alliancepar mariage entre deux senenku. Il semble que seules les unions entre les groupessuivants soient interdites les Sorko et les Dogon, les Sorko et les Bella, lesSohanlye et les forgerons garasa, (ceux-ci ainsi que les menuisiers selye sontfrappés d'interdit pour tous les autres groupements), les Zerma et les Gurunsi...Par contre, sont considérés comme base, mais avec possibilité d'unions, lesSohanlye descendants des Sonni et les Mamar hama descendants des Askya(descendants effectivement de Si et de sa sour Kasey), les Songhay purs et lesZerma, les Songhay-Zerma et les Haoussa du Gobir, les Kourley et les Bazi(habitants de la région d'Ansongo), etc. Ici encore apparaît la complexité de cettenotion (2), qui englobe des groupements peu homogènes (allant degrands groupesethniques à de simples familles, et sans doute même à des individus),et qui, entout cas, ne correspondent pas aux groupements ayant le même zamu (« devise » ;

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il y a des base à l'intérieur du groupe meyga), ou le même kabi («interdit » ; lesSorko et danseurs de possession ont le même kabi mais ne sont pas base).Il ne m'est pas possible de définir avec exactitude le système de filiation quidétermine l'appartenance à ces divers groupements : les filiations patrilinéaires etmatrilinéaires s'interfèrent, et comme des unions sont permises entre lesgroupements, les descendants peuvent appartenir à la fois à plusieurs de cesgroupements. La filiation par voie paternelle est celle qui se déclare(en particulierpar les « devises » que chantent les griots), mais la filiation maternelle, beaucoupplus secrète, n'en est pas moins très importante. Je m'en suis aperçu au cours decertaines cérémonies, où un individu flatté par les griots levait les deuxmains enl'air s'il se rattachait au groupe dont on disait les zamu, par son père et par samère, ne levait que la main droite ou la main(1) Voir pour les interdits zerma LECoeUR, no 158, p. 173... avec cet auteur,remarquons les autres interdits alimentaires « allant de soi » : singe, chien, cheval,âne ; ou coraniques : cochon, alcool.(2) Sur l'affaiblissement progressif de ces notions, voir les trèsbelles pages deLECoeUB, n0 158, p. 176-177.

ORGANISATION SOCIALEgauche suivant qu'il se rattachait au groupe par son père ou parsa mère seulement(et levant plus tard l'autre bras si les griots chantaient les zamu del'autre groupeauquel il se rattachait). Notons, dès maintenant, que la filiation maternelle estd'une importance considérable en religion et magie, car c'est par le lait de la mèreque s'acquièrent certains pouvoirs.c) LA GRANDE FAMILLELa grande famille parait une notion plus précise, elle est désignéepar le mot dumiqui signifie aussi « semence », et elle englobe les descendants de l'ancêtrecommun qui en fut le héros fondateur. Les membres de ces groupements sont leshama (ou hamey, descendants). Ainsi sont les Si hama descendantsdes Sonni, lesMamar hama descendants de l'Askya Mohammed, les faran hama descendants duSorko Faran Maka Bote, les Fono hama descendants du Sorko Fono,etc. Cesgrandes familles sont, en général, endogamiques de préférence,afin de garantirpar les deux filiations les avantages du groupe. Cependant, en cas d'alliance entredeux familles, les descendants seront considérés comme appartenant «officiellement » au groupe paternel et « officieusement » au groupe maternel :Barake, magicien de Wanzerbé, se dit Si hama par son père et Mamar hama par samère; Yabilan Fodyo, Tôru boro (homme des Tôrou) de Begorou-Tondo près deTéra, est un mélange encore plus complexe, tout à la fois sorko, sihama etkurumu. Les grandes familles sont les prolongements des famillesqui détenaientautrefois les différentes autorités (chefferie de l'eau, chefferie du Songhay) et queles vicissitudes de l'Histoire ont éparpillées, mais qui, je l'ai déjà dit,continuent àse considérer comme un même groupe. Par exemple, les pêcheurssorkawa, issus,depuis six siècles ou davantage, de la branche tyarakoy des Sorko Faran, et neparlant plus le songhay, sont reçus par les descendants directs comme des frères etont sur les eaux les mêmes droits de pêche, au cours de leurs campagnes auSonghay.

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Cependant, cet émiettement de ce qui était autrefois un ensemble unique, a aboutià une ségrégation en sous-groupes pratiquement autonomes, groupésterritorialement, chacun d'eux fonctionnant à l'image de l'ensemble préexistant.On peut classer dans ce type de groupements les petits états songhay résultant del'ancien Dendi, les colonies sorko résultant des anciennes migrations faran etfono, et, déjà, à l'état fossile, les petits groupes d'anciens maîtres de la terre et deseaux, les Kurumey et Do (1).Le fonctionnement le plus connu de ces groupements est celui de la succession(de la chefferie, en particulier). Chez les Songhay, descendants des Askya, elle estdécalquée sur celle du grand empire, la chefferie passant aux frères cadets ou auxfils, le choix se faisant d'après le(1) Les uns peuvent d'ailleurs coiffer les autres, par exemple, les Sorko, Kurumeyet Do faisant partie d'une même maison royale.

LES SONGHAYprestige des prétendants (la filiation maternelle ne joue pas grand rôle ici, les «têtes brillantes » d'une famille étant le plus souvent fils de concubines (1)). Chezles Zerma, le système décrit par Ardant du Picq (no 30, p. 57-59) estintéressant:la chefferie se transmet de générations en générations, plus exactement denyakafosina en nyakafosina; une nyakalosina est composée de « tous les membresd'une famille appartenant à une même génération », de ce que nous appellerionsles frères, sours et cousins de tous degrés. Le principe paraît en être le suivant : àmoins d'une « tête brillante », la succession passe à l'aîné de la nyakafosinainférieure à celle du chef à remplacer. Le mot lui-même, nyakafosina est curieux,je propose comme étymologie nya ka fo dyina « mère qui est seule ancêtre », cequi semble signifier « descendants de la même mère ». Ainsi, une nyakafosinaparait avoir été à l'origine la descendance d'une seule épouse,les enfants desautres épouses étant exclus de la chefferie. Dans certains groupements, lasuccession passe même encore à des femmes : ainsi, à la mort de Daoudou, chefdes Sorko de Niamey, c'est sa fille Kalia qui a pris la chefferie (et qui continue àl'exercer au moins sur le plan spirituel), et à Hombori, à la mort de Karsani,kurumu propriétaire du sol, c'est sa fille Digyel qui a pris sa suite, c'est-à-dire laresponsabilité des récoltes de toute la région. (La tradition des meyga del'Ansourou veut qu'une femme Aïssa Bonkano ait eu la chefferie pendant lamigration de Gao à Bangutende.)d) LA FAMILLE RÉDUITEA l'intérieur de ces grandes familles se trouvent les familles réduiles qui neparaissent pas avoir d'unité sociale (je ne leur connais pas de noms), elles neforment que des éléments peu différenciés de la grande famille.Les termes de parenté employés sont les suivants : père baba ; mère nya ; fils ize ;fille ize wey ; frère harme, soeur weyme ; aîné bere (« grand »), puiné kayna («petit »), cadet koda ; oncle paternel baba ber ou baba kayna (« frère aîné » ou «puiné du père »), oncle maternel hasey ; tante paternelle nya berou nya kayna («sour aînée » ou « cadette de la mère »), tante maternelle hawey ; les « cousins »s'appellent entre eux « frères » sauf les cousins croisés qui s'appellent base; lesneveux et nièces sont appelés « fils » et « filles »; mari kurnye, épouse wende

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(sans doute wey nda « femme avec »), les épouses d'un même mari s'appellententre elles weylye ; concubine wahay ; grand-père kay ; grand-mère kay ou kaywey ; les parents par alliance s'appellent réciproquement handyure, sauf les frèrespuînés de l'un des conjoints qui appellent l'autre fenga et réciproquement (pour lesfemmes on ajoute wey à ces deux termes). Les « captifs de case » quisontassimilés aux familles sont appelés « fils » (renseignements de DuPUIS-YAKoUB À, no 130, p. 60).(1) Mais cette filiation joue d'autres rôles très importants : par exemple l'AskyaMohammed ne pourra vaincre les Bariba, parce qu'il a tété le lait d'une captivebariba, voir RoucH, no 106.

ORGANISATION SOCIALEe) MARIAGELes fiançailles entre enfants semblent fréquentes, surtout dans lescastessupérieures (les meyga), mais elles sont tenues presque secrètes. Lorsqu'un garçona décidé d'épouser une fille, les discussions préliminaires entre les parents sontd'une très grande discrétion. Les seules interdictions que je connaisse en dehorsdu base tarey (parenté par plaisanterie), sont celles prohibantl'inceste. Le mariageentre cousins croisés est admis (mais non recherché), le mariage avec la fille d'uneconcubine (fille d'un autre lit) est admis.La règle de l'Islam des 4 femmes légitimes et des concubines paraitobservée.Mais, par suite de la sex-ratio beaucoup d'unions sont monogames (1). Lapolygamie est un alman ize « un signe de richesse ». La première femme a desprérogatives.Les garçons se marient vers 18 ans et les filles vers 15 ans. Les filles doivent êtrevierges, en principe (ceci parait encore très strict en brousse). Les garçons, parcontre, ont eu toute latitude pour fréquenter les prostituées. Quand les parents sesont mis d'accord, le futur époux verse une partie de la « dot », parl'intermédiairede son oncle paternel, le plus souvent, pour « retenir » la fille. Cela lui permet deverser une « dot » élevée en plusieurs fois. La « dot » est constituée d'un ou dedeux boeufs, de tissus et de pagnes.(La cérémonie proprement dite sera décrite ultérieurement.)Le divorce (fey ou firandi «séparer ») est assez fréquent ; il est causé soit parsimple répudiation du mari (sa femme a un amant ou est stérile), par demande dela femme aux autorités (cadi, chef, administration). Il s'ensuit delonguestractations au sujet du remboursement d'une partie de la «dot » par les parents dela femme.Une femme divorcée peut se remarier, mais seulement après trois menstruations(sauf si elle est enceinte). Une femme veuve peut se remarier mais seulementaprès quatre mois et dix jours. Si ces délais ne sont pas respectés il s'ensuit degraves maladies des organes génitaux (coutume de Hombori, PAGÈS, nO 163).Un homme qui épouse à nouveau une femme dont il s'était séparé esttenu del'habiller à neuf.La prostitution tend à se répandre de plus en plus par suite de l'expansion desvilles. En général, une prostituée, wey kuru (« femme de tout le monde ») est unefemme divorcée à laquelle les parents ont « coupé les vivres , furieuxd'avoir été

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obligés de rembourser une partie de la « dot)» qu'ils avaient reçue. Les prostituéesont pour clients les jeunes gens (haruasu) non mariés, et les voyageurs. Elles nesont l'objet d'aucune réprobation de la part des autres femmes. Elles se remarienttrès souvent, et seules, les plus indépendantes restent prostituées toute leur vie.C'est parmi elles qu'est élue la responsable des prostituées, appelée du nom haussade magazya. Son intronisation(1) Voir Essai démographique sur les hommes et les dieux du canton d'Aqorou(Niger), RoucH, à paraltre. Sur 1.000 maris, 903 avaient une femme, 87 deuxfemmes, 8 trois femmes, 2 quatre femmes.

LES SONGHAYdonne lieu à une fête, sorte de parodie de la prise de chefferie (la magazya estvêtue en homme et reçoit un turban) (1).Relations extra-conjugales. - Le mari n'a pas le droit d'avoir de relations sexuellesavec ses servantes (2). Il a le droit de fréquenter autant de concubines qu'il le veut,le vendredi (coutume islamique) et à l'heure de la sieste. Ces concubines sont desfemmes captives. La femme par contre, n'a le droit à aucun « extra». Cependant,les femmes ont souvent des amants (haruasu). Je renvoie aux contes zermarecueillis par ARDANT DU PICQ (n0 131, p. 51 à 97) où les aventures de marisjaloux et trompés sont fréquentes, et particulièrement drôles.Célibat. - Les célibataires âgés sont très rares, on les appelle falamiri (étym. ?)pour désigner aussi bien les vieux garçons que les vieilles filles.Interdits sexuels. - Les relations sexuelles sont interdites pendant lesmenstruations (dyibi « saleté »), et après les accouchements, trentetrois joursaprès la naissance d'un garçon et quarante-quatre jours après la naissance d'unefille (coutume de Hombori). Les déviations sexuelles paraissentpeu répandues.3) Classes d'âgeJusqu'à 5 ou 6 ans les enfants, qui habitent dans la chambre de leur mère, et nes"en éloignent jamais beaucoup sont appelés ize kayna, ize meyra, zanka kayna «jeunes enfants ».De 6 ans à la circoncision, le garçon est un dyololo koy « possesseurde prépuce». Il n'a pas le droit de tuer les bêtes, il ne peut apprendre les choses importantes(par exemple les sciences magiques ou le Coran), il est considéré comme un êtresans sexe.Après la circoncision, il est un kotya, un jeune mâle, puis après la puberté unharuasu « un mâle bouillant ».Une fois marié il devient simplement un har «un homme ».Devenu vieux on l'appelle harkusu « vieillard », « marmite mâle ».La fille après 6 ans devient une dembente « celle qui reste à la maison », elle aidesa mère aux travaux domestiques.Après la puberté, elle devient une wandya « jeune fille », en âge d'être mariée.Dans les castes nobles songhay, elle ne pourra être mariée qu'après avoir subi lacérémonie du gosi, qui correspond à la circoncision des garçons (les basses castespratiquent l'excision dans certaines régions).La femme mariée est alors une wey « femme ».La vieille femme est appelée wey zeno (« vieille femme »).

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On le voit, il ne s'agit pas à proprement parler de classes d'âge, lesséparations lesplus nettes sont seulement celles de la circoncision (et du gosi pour les fillesnobles songhay). Les initiations qui viennent ultérieurement sont surtoutspécialisées (initiations artisanales, reli1) J'ai assisté à cettefête en janvier 1949 àAyorou.2) S'il est un « homme libre ». S'il est captif lui-même les règles sont beaucoupmoins strictes.

ORGANISATION SOCIALEgieuses, magiques), et ne paraissent pas liées à des échelles de grades successifs.La circoncision (bangu) et le gosi qui sont des cérémonies fort importantes sontdécrites ailleurs (RoucH, no 185, voir également GRIAULE, no 175, Dupuis, no22). Disons simplement ici que la circoncision se pratique chez les garçons âgésde 5 à 12 ans. Elle est faite suivant les lieux par un sohanlye, unmagicien de ranginférieur, un boucher ou un perruquier. Le premier circoncis est le falanga qui estchef des autres circoncis pendant la cérémonie (et conserve ensuite un certainprestige). L'opération est suivie d'une retraite (de quatorze ou quarante jours) aucours de laquelle sont révélées les « connaissances ». L'initiation des filles noblesou gosi coïncide souvent avec le jour de sortie des circoncis. Les fils de forgeronszam sont circoncis par leur père lui-même, à l'endroit où il a l'habitude d'extrairele fer.4) AssociationsLes promotions de circoncis ne paraissent pas former de groupes durables(analogues aux ton bambara). Cependant les garçons (et les filles) des villages serassemblent en groupes souvent très autonomes et qui sont depetites associations.Souvent, il ne s'agit que d'un groupe de garçons (ou de filles), de8 à 14 ans, ayantune maison commune, et une certaine indépendance, bien que sousla surveillanced'un aîné responsable ; mais quelquefois, plusieurs associations groupent chacunedes enfants ayant à peu près le même âge : c'est le cas des associations trèsélaborées de garçons et de filles observées par Dupuis-Yakouba àTombouctou(1).A Tombouctou, les Iyere ferey (« groupe d'amis ») ou plus simplement ko («groupe »), sont des associations d'enfants ayant un chef, un juge, un lieutenant, unhéraut. Le chef des garçons aseku (« cheikh ») a une certaine autorité sur la «cheftaine » weydya (« femme envoyée ») qui commande un groupe de filles d'âgecorrespondant. Chaque ko est indépendante, mais il est tenu de prendre l'avisd'une ko plus ancienne. Les membres d'une même ko, les ko yo ou kondey, restentsolidaires les uns des autres toute leur vie, ils saident mutuellement en toutescirconstances, mariages, ennuis domestiques, construction d'une maison, et ceciquelle que soit leur caste (les nobles n'hésitent pas alors à faire le travail demaçons ou de manouvres). Toutes les ko, en cas de litige à l'intérieur de l'uned'elles, se réunissent en dyemâ, sorte de cour suprême présidée par le doyen desaseku. Cette organisation, qui tirerait son origine de la construction en commund'une des mosquées de Tombouctou, parait limitée à cette région.

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Il n'existe pas au Songhay de société « secrète » comparable à celles des paysmandingues, des groupes assez exclusifs comme les danseurs depossession onttoutes leurs réunions publiques (2).(1) DuPUIS-YAKOUBA, no 21, p. 234-235.(2) Les magiciens sohanlye, comme ceux de Wanzerbé, travaillent dans le secret,mais en dehors de quelques réunions (danses collectives), c'est toujours un travailsolitaire.

LES SONGHAY5) Esclavage, castes et chefferiesLa société songhay comprend du bas en haut de l'échelle : les esclaves, les captifs,les castes d'artisans et griots, les hommes libres, les chefs.Lesesclaves (homme banga, femme kongo). - C'étaient les prisonniers faits à laguerre, et non libérés (par suite de leur courage ou de liens lointains de parenté).Quelle que fût leur condition sociale antérieure, ils étaient devenus lapropriété decelui qui les avait vaincus. Les esclaves constituaient une richesse que l'onpouvait échanger contre une autre. En général les esclaves se trouvaient distribuésentre différentes maisons de chefs et d'hommes libres, ou bien restaient groupésen castes serviles tenues à exploiter la terre ou le fleuve au profit de leur maître.Sous les Askya, cette exploitation se manifestait par le versement d'une prestationcoutumière en grain, en poisson, en lances ou flèches (voir RoucH, no106). Ensomme, n'étaient esclaves que les gens faits prisonniers, leurs descendantsdevenant des captifs.Commerce des esclaves. - Du temps de la grandeur de l'Empire songhay, lecommerce des esclaves ne se pratiquait que localement, il s'agissaitsurtout pourles conquérants de se fournir en main-d'oeuvre paysanne pouvant mettre en valeurles terres immenses dont ils- s'étaient emparés. Après la conquête marocaine et ladéfaite du Songhay, il en alla tout autrement, un véritable commerceinternationals'établit et se développa. Il ne semble pas que les Songhay aient participé de façondirecte à l'approvisionnement des marchés de la basse Côte, mais, par contre, ilsfournirent un nombre important de caravanes à destination de l'Afrique du Nord,en particulier vers le Maroc vainqueur. Ces esclaves (200 en 1591, 1.200 en1593...) y formèrent le noyau des troupes noires marocaines (1).En 1825, quand Caillié visita Tombouctou, cette ville tirait encore sa richesse ducommerce du sel et des esclaves, et la caravane de 400 chameaux qui le ramenaau Maroc était surtout chargée d'esclaves (no 3, t. III).En 1854, quand Barth séjourna à Tombouctou (no 4, vol. V, p. 36), ilnota que lecommerce des esclaves était inférieur à 4.000 par an, comme on l'avait estimé(mais il remarque que l'état d'anarchie de Tombouctou n'est peut-être pas étrangerà cette baisse du commerce).En 1887, pendant le séjour de Lenz (no 5, t. I, p. 168), le commerce des esclavessemble encore florissant.(1) Tous ces Noirs venus du Songhay furent groupés au Maroc, à Mechra erHemel, où ils étaient surtout destinés à se reproduire. Au xviiie siècle, leurnombre atteignit 150.000. Cette armée où les descendants de Songhay devaientêtre en nombre important devint finalement si puissante qu'elle occasionna des

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troubles, détenant le pouvoir occulte et détrônant les sultans. Les expéditions derecrutement au Soudan (Ahmed, le neveu du sultan Moulai Ismaïl était venu leveren 1672 une armée noire à Tombouctou) cessèrent, et les sultans s'efforcèrent dediminuer le nombre des Noirs au Maroc. Vers la fin du xvie siècle, ils neformaient plus que la garde du sultan. (Voir DELAFOSSE, Les débutsdes troupesnoires au Maroc, dans Hespéris, III, 1923, p. 1-11.)

ORGANISATION SOCIALEA la conquête européenne, ce commerce cessa évidemment, mais ilétait tellementancré dans les mours, qu'il fallut parfois le tolérer et que certaines colonnes enfirent même un système (voir GUILLAUMET, no 147) et un moyen d'action surles troupes indigènes.Les captifs ou serts (horso). - Les esclaves qui restaient au Songhay groupés ourépartis dans les différentes maisons et familles se mariaient entre eux. Seules lesfemmes devenaient parfois concubines des maîtres, et leurs enfants faisaientpartie de la famille de ces maîtres (tous les Askya, sauf le premier, furent desenfants de concubines). Les descendants de deux esclaves devenaient des captifs(horso) qui faisaient déjà partie du groupement de leur maître : les horsoparticuliers entraient dans la grande famille, les horso restés groupés entraientdans la société. C'est ainsi que se sont formés les actuels « captifs de case » et lescastes serviles.Les captifs de case, remplissent auprès de leur maître les besognes nécessaires à lavie domestique ; les femmes préparent la cuisine, les hommes tissent, élèvent lesenfants, aident aux travaux des champs. Ils ne peuvent être échangés ou vendusqu'en cas extrêmement graves, et encore à la condition d'être rachetés ensuite parleurs maîtres ou leurs descendants. Beaucoup prennent un ascendant considérableet deviennent les véritables maîtres d'une famille, tout en restant dans une humbleposition. Les maîtres seuls peuvent les affranchir (buruisinendi) ils deviennentalors des « hommes libres ». De génération en génération, les captifs de case ontune position de plus en plus libre ; dans le Nord, en 4 générations, ils sontconsidérés comme assimilés aux gens des castes artisanales (on les appellesuccessivement horso, sule, sule sule et enfin gabibi nom qu'ils partagent avec lescultivateurs, anciens maîtres du sol (DuPuIS-YAKOUBA, no 21, p. 234).Les castes serviles ont suivi une évolution semblable : les maîtres dusol kado ougabibi, certains groupes de pêcheurs sorko exploitent les terres ou lefleuve à leurpropre compte, ne versant aux maîtres qu'un impôt fictif ou dérisoire.L'administration française, en supprimant la servilité, n'a faitqu'entériner cet étatde fait (tout en libérant les groupes songhay de la tutelle peul et touareg). Maisl'égalité totale de tous les hommes que cette administration a essayé d'introduires'est heurtée à une singulière inertie de la part des captifs eux-mêmes, quin'admettent de véritable libération que celle venant de la part de leur maître.Les castes d'artisans et de griots. - Ces castes sont en somme les prolongementsdes castes serviles. Certaines, comme le groupe sorko de l'est, n'est pas considéréecomme servile mais comme une dumi kayna « petite race » dont on reconnaîtcependant l'importance religieuse. Il en va de même pour les maîtres du sol.

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Les castes de forgeron zam et garasa sont tenues beaucoup plus àl'écart, ce sontles seules qui se soient conservées strictement endogamiques. Comme partoutailleurs au Soudan, elles sont, à la fois, méprisées et craintes.Les castes de griots, gesere, sont à part. Leur rôle dans l'histoire du

LES SONGHAYSonghay fut considérable, ils étaient chargés de « faire le courage» : ainsi cesmagiciens verbaux sont devenus peu à peu des historiens. Aujourd'hui, certainssont demeurés auprès des chefs dont ils conservent les traditions familiales, etd'autres gagnent leurs vies en « griottant » tout le monde ; de villages en villages,ils vont chanter et crier les nouvelles (louanges ou injures selon lagénérosité desintéressés) des gens des villages, louangeant (sabu) ou «gâtant» (fumbu) un nomdans tout le pays. Ils sont groupés dans certains quartiers (surtout au Dargol) oumême par villages entiers (Firokoyra dans le Kokoro) (1).Les hommes libres (boro kini « homme libre »). - C'est la masse du peuplesonghay, formée soit des anciens nobles, soit des anciennes castes serviles,libérées par leur maitre, les événements ou le temps ; ainsi beaucoupde Sorko, lesGow chasseurs, la majorité des cultivateurs sont considérés commedes hommeslibres, car ces professions ne sont pas avilissantes (on peut direqu'il y a unenoblesse du fleuve, une noblesse de la brousse, une noblesse du mil). C'est parmieux que se recrute l'assemblée des notables devant laquelle chacun estresponsable.Les chefs. - En principe, ce sont les nobles, les meyga ; mais en fait lesdescendants des Sonni et Askya ne gouvernent que quelques territoires de l'ancienSonghay (Anzourou, Ayorou, Goruol, Hombori, Kokoro, Tèra, Dargol, Namaro,Dendi), les vicissitudes historiques les ont ailleurs détrônésau profit de Peul,Marocains, Zerma... Mais seuls, les meyga et les princes zerma,ont conservéquelque prestige et quelque autorité effective. Ils forment une sorte de casteroyale qui, tout en permettant de nombreuses alliances avec les autres hommeslibres (et avec les concubines captives), a conservé une pureté de race certaine :les petits amiru de l'Anzourou, de Hombori, du Goruol, du Dargol,du Kokoro, duNamaro, de l'Ayorou et du Dendi ont encore un singulier « air de famille » qui lesdistingue au premier abord des autres hommes (2).Che/feries de provinces et de canton. - Seuls les états reliquats duSonghay et duZerma ont conservé leur chefferie traditionnelle. Le chef est un meyga (sauf auTéra où l'administration avait nommé un Peul mais qui a été à sa mort remplacépar un meyga), il porte le titre de amiru (émir), et un large turbanen signe dechefferie. Il conserve jalousement quelques insignes de chefferie (pointe de lanceou d'étendard(1) Cette notion du griot est capitale. En dehors de ces professionnels, chaqueSonghay est toujours un peu griot de quelque chose, le prêtre est legriot desdivinités, le magicien est le griot de certaines puissances, le chef legriot de sesancêtres, le chasseur le griot de son gibier, le pêcheur griot de ses poissons, lecultivateur griot des divinités protectrices des champs, etc.Signalons en plus l'existence de castes de chanteurs, les mabe de Tombouctou,descendants de chanteuses peul faites captives par les Askya ; etdes « individuels

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» de talent comme Tabana Izé chanteur de Niamey, le chanteur danseurDanMaraga « louangeur » officiel de l'administration vers Tillabéry,et surtout lacélèbre Aisata Gaudelizé, fille sorko, véritable vedette de la chanson, renomméede la Nigeria à Bamako.(2) Il est intéressant de remarquer aussi que les Arma descendants desconquérants marocains ont conservé jusqu'à nos jours une stricte hiérarchie. Lesnobles sont les markasi (descendants des gens de Marrakech), la bourgeoisie estformée des alfasi (descendants des gens de Fès), le peuple des filali, hala, andalu(descendants des gens du Tafilalet, des Bédouins et des Andalous).

ORGANISATION SOCIALEentraves d'esclave, à Tèra), et porte de nombreux korle (charmes magiques)protégeant son autorité. Il est aidé par ses notables (frères et patriarches) et réunitparfois une assemblée de chefs de village (ou de chefs de cantonsà Dosso). Il ases griots qui l'accompagnent dans ses déplacements. Dans ces territoires,l'administration française a conservé, en général, ces chefferies, en transformantles états existant en canions. Les chefs servent surtout d'intermédiaires entrel'administration et les indigènes (1).Dans le nord du Songhay, l'anarchie consécutive aux invasions marocaines peul ettouareg, avait effacé toute chefferie traditionnelle, et toute notion de province.L'administration française a morcelé le territoire en cantons plusou moins fictifs(le long du Niger c'est une suite d'étroits rubans) et confié la chefferie aux armaou sirfey (descendants du prophète).Les chefs de canton doivent être élus par les hommes du canton et leur électiondoit être acceptée par l'administration.Chefferies de village. - Les chefs de village, koyra koy ou bonkoyno (« celui qui ala tête »), sont en général choisis dans la descendance du fondateur du village, ilsappartiennent à toutes les catégories sociales (aussi bien meyga qu'anciens captifsou griots). Lorsque le village est formé de plusieurs quartiers de grandes famillesdifférentes, l'autorité du chef de village ne dépasse pas beaucoup celle de « porte-parole » du chef de canton, c'est-à-dire, aujourd'hui, de l'administration. Aucontraire, quand un village est formé d'une seule grande famille,l'autorité du chefest bien plus effective, et s'oppose souvent à l'autorité du chef du canton ; cesvillages sont considérés comme « turbulents » par l'administration.6) Droit et propriétéDROITLe droit coutumier songhay et zerma est très proche du droit musulman. Dans lesrégions très islamisées (Songhay de Tombouctou et Gao), il en est l'interprétationdirecte. Plus on va vers le Sud, et plus l'influence de l'Islam décroît (2).Néanmoins on peut considérer que dans tout le Songhay, c'est le droit musulmande coutume Malékite (le livre de base est la Risâla d'El Qairouani) quireste labase du droit songhay.Avant l'arrivée des Européens, c'était l'assemblée locale, présidée par le chef devillage ou le Cadi, qui sanctionnait. Les peines allaient des coups deverges à lamain coupée (vol), de la lapidation à mort (adultère) au supplice (lèse-majesté)(voir à ce sujet les chroniques Tarikh, surtout celles de KATI, no87, qui était «

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Cadi »; par exemple après la révolte du Balama, son complice chef de Homboriest enterré vivant).(1) Voir SERE DE RIVIÈRE (ne 34), le renforcement des chefferies indigènesdans la colonie du Niger, où le « politique » a la plus grande importance.(2) La comparaison des coutumiers de Gao et de Gaya (noa 164 et 165) fait bienressortir cette différence. Par exemple, au nord, c'est le Cadi qui fait respecter laloi, au sud, c'est le chef de village.

LES SONGHAYAujourd'hui, l'assemblée locale (présidée par le chef de village ou le marabout) nepeut statuer que pour les cas simples de justice civile. Dans les cas plusimportants de justice civile, c'est le tribunal coutumier (président notable ou Cadi,deux assesseurs de chaque coutume) qui est compétent. Mais cestribunaux sontfacultatifs et n'existent que dans certains chefs-lieux (Tillabéry). Le TribunalCoutumier renvoie au Tribunal du 1er degré présidé de droit par l'Administrateuradjoint au commandant de cercle assisté de deux assesseurs de la région (affairesciviles et commerciales inférieures à un certain chiffre). Ce Tribunal renvoie à unTribunal du 2e degré présidé par le commandant de cercle.Pour la justice pénale, il existe à l'échelon Cercle un juge de paix à compétencerestreinte ; à l'échelon Territoire un Tribunal de Première Instance, et une Courd'Assises de l'A. O. F. C'est le Code pénal français qui est appliqué.PROPRIÉTÉPropriélé de la terre. - Le système le plus répandu est celui de la propriétécollective de la terre par les familles réduites. Il semble qu'autrefois la terre étaitla propriété du chef de village (et a fortiori du chef de canton et du chef suprême),les sujets n'avaient sur elle qu'un droit d'usufruit. La récolte appartenaitentièrement au cultivateur qui payait au chef un impôt prévu à l'avance etindépendant de l'importance de la récolte (voir à ce sujet les histoires des esclavesenrichis, maîtres des fermes des Askya, nos 86 et 87). Ces droitsdes chefs sur laterre passaient eux-mêmes après ceux des « maîtres du sol » descendants despremiers occupants qui avaient su s'allier avec les génies de lieu.Tous ces droits ont été conservés d'une façon ou d'une autre : les maîtres du sol,évincés, continuent à faire les sacrifices aux divinités alliées et une partie desrécoltes leur est automatiquement distribuée (1).Il est plus difficile de déterminer le respect des anciens droits deschefs. Lachefferie songhay s'est éparpillée, mais il semble que dans les petits états oùl'autorité des descendants des Askya est encore assez forte, les anciennescontributions soient plus ou moins directement versées au chef (2).La notion des terres libres, sans propriétaire, est également complexe. En principetoute terre inculte devient « morte » au bout de sept ans (PAGÈS, nO 163, p. 389); il y aurait ainsi un grand nombre de terres mortes. Il semble plutôt que ce soientdes terres « en sommeil », et qu'en dehors des zones absolument incultes(brousses sans eau et terrains de chasse) toutes les terres cultivables aient despropriétaires. Si ces terres(1) Ce respect des premiers occupants est encore très vif au Songhay, il expliqueen particulier la peur des Kurumey, Koromba anciens maîtres de presque toutes

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les terres, chassés par les Songhay, mais qui continuent à venir prendre leur part,soit sous forme de bottes de mil, soit en venant voler l'âme du mil de leurs ancienschamps (voir le paragraphe Religion et Magie).(2) Cette notion est difficile à analyser, car les Songhay considèrent évidemmentque l'impôt qu'ils payent à l'Administration correspond à celui qu'ils payaientautrefois à leur chef, d'autant plus que c'est celui-ci qui est chargé de récupérer cetimpôt pour l'administration. Néanmoins, il existe certains champs appartenant auxchefs et cultivés par la collectivité.

ORGANISATION SOCIALEsont cultivées à nouveau il faudra tenir compte des anciennes propriétés (sacrifice,part de la récolte). Les nouveaux établis dans un village reçoiventdu chef cesterres, mais en respectant ces droits.Ainsi la propriété de la terre comporte, d'une part, la propriété du terrainproprement dit, d'autre part, l'usage que l'on en fait. Si le terrain est en principeindivis (puisque inaliénable) son usage ne l'est pas: deux fils peuvent diviser lechamp que cultivaient leur père, même si ces parts sont extrêmement réduites (engénéral l'un cultive et donne une partie de la récolte à l'autre, la part étant fixée àl'avance devant deux témoins honorables sans autre formalité).Propriété de l'eau. - L'eau est divisée de la même façon que la terre. Les tronçonsdu fleuve appartiennent soit à des Do, descendants des premiers « maîtres de l'eau» (et alliés aux génies dont c'est la résidence), soit à des chefsde village (decanton, de territoire...), soit enfin à des pêcheurs sorko. Cette triple propriété estcomplexe, mais sa limite à deux dimensions (le cours du fleuve) en simplifiel'analyse, et l'on peut y découvrir une articulation précise (quiéchappait presquecomplètement dans le cas de la terre).Les Do, descendants des premiers maitres des eaux, bien que frustrésultérieurement par les pêcheurs sorko, ont conservé sur les eauxun pouvoirspirituel : ils peuvent, par exemple, « attacher le fleuve » y causant des accidentset y rendant toute pêche impossible. Ils sont seuls à pouvoir agir efficacementsous les eaux, par exemple, à en chasser les crocodiles mangeursd'hommes, à yretrouver les objets perdus, à renflouer les pirogues qui ont fait naufrage. Cepouvoir est reconnu par les autres usagers du fleuve qui réservent aux Do une partde la pêche ou des petits cadeaux. Les propriétés des Do sont limitées à certaineszones (intéressant souvent plusieurs villages) et aux affluents du Niger (parexemple ce sont les Do seuls qui pêchent dans le Goruol).Les villages (et leurs chefs) ont sur le fleuve une propriété beaucoup plusadministrative. Le fleuve est divisé en tronçons appartenant à chaque village aussibien pour la pêche que pour la culture: aux basses eaux les terres découvertes quisont de très bonne qualité ont leurs cultivateurs qui en usent comme des terresordinaires, aux hautes eaux, ces zones sont en principe réservées aux pêcheursoccasionnels du village (1). Les parties du fleuve toujours en eau appartiennentégalement au village. Ces droits de propriété se manifestaient jadis par laperception de droits de navigation, et l'interdiction de pêche aux étrangers.Aujourd'hui, ces droits sont tombés un peu en désuétude, et les pêcheurs itinérantsdu Macina ou de Nigeria, qui se fixent pour une campagne de pêche dans les eaux

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territoriales d'un village se contentent de prévenir le chef et de lui verser une partdu poisson capturé.Les Sorko, sont chasseurs d'hippopotames et occasionnellement de(1) Dans la région lacustre, les variations, d'une année à l'autre,de la zoned'inondation, sont très importantes par suite de la variation des crues. Le partagede la terre a lieu tous les ans et donne lieu à des palabres complexes.Voir à cesujet les discussions du partage des terres du lac Faguibine après laconquête(1898-1908) dans MARTY (no 170, p. 106 et suiv.).

LES SONGHAYlamantins, de crocodiles et de gros poissons. Primitivement itinérants, ilsévincèrent, en se fixant, les Do. Mais au lieu de limiter leur pouvoir à certaineszones, les Sorko l'étendirent aux biefs entiers du fleuve où les entraînait leurpoursuite des hippopotames. A l'origine, ces biefs étaient très étendus : ainsil'ancêtre des pêcheurs Faran Maka Bote, pêchait du « W » au lac Débo,en passantdans le Faguibine, et il habitait à Bamba. Aujourd'hui, les Sorko se sontsédentarisés, en se fixant dans les biefs à hippopotames. Pour eux, le fleuve estainsi divisé en zones de chasse: par exemple les Sorko des 3 villagesAyorou,Firgoun, Koutougou, qui forment un même groupe soumis à l'autorité d'un chefpêcheur, pêchent depuis Karou jusqu'à Ménana, soit sur près de100 kilomètres.Depuis la région lacustre jusqu'à Gaya, il existe ainsi une dizaine degrands biefsde pêche. Ces grands biefs sont eux-mêmes divisés en zones de propriétévillageoise et en tronçons de propriété des Do. Par exemple, le bief de 100 km.des Sorko d'Ayorou Firgoun-Koutougou, est lui-même divisé en une trentaine dezones de village et en une quinzaine de tronçons de Do (plus les affluents).Les Sorko respectent ces propriétés en donnant certaines partiesdéterminées desbêtes capturées aux chefs de villages et aux Do, ceux-ci en contrepartie les aidantmatériellement, fourniture de main-d'oeuvre et de matériel) et spirituellement(charmes magiques empêchant les accidents au cours de la chasse) (1).En somme, on peut considérer que les Do, descendants des premiersoccupants duNiger, ont conservé les droits spirituels de l'eau, ils sont encore les « maîtres del'eau », que les chefs de villages ont simplement introduit dans cesystème undroit de propriété juridique locale, ils sont « propriétaires des eauxterritoriales »,et qu'enfin les pêcheurs sorko tout en tenant compte de ces droits ont considéréque des biefs énormes leur étaient ouverts, et bien qu'aujourd'huiils limitent leurscampagnes de chasse à des zones plus réduites, ils sont encore « les maîtres dufleuve ».Propriété de la brousse. - Il semble qu'il y ait de même une propriétéde « labrousse », c'est-à-dire des terres non cultivées ; cette propriété aurait trait auxpâturages des troupeaux, aux puits, à l'extraction du fer, à la coupe des arbres, et àla chasse. Par exemple, lorsqu'un chasseur étranger vient chasser dans unterritoire, il doit prendre visà-vis du chef local, des précautions spéciales et luiverser une partie de sa chasse dans le Dendi (la tête du gibier abattuest offerte auchef de village).Autres propriétés. - Les biens privés sont surtout constitués par les richessespersonnelles (alman), troupeaux, chevaux, pirogues, ustensiles ménagers,

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vêtements (et autrefois les captifs). Ces biens sont rare(1) Les pêcheurs sorkawa,issus du groupe sorko et séparés de celui-ci depuis plusieurs siècles, admettentencore que le fleuve leur est ouvert en entier, mais ils tiennent compte égalementde ces propriétés locales au cours des migrations qui les conduisent du delta duNiger jusqu'à Mopti (cadeaux de poissons au chefs, et aux Do, cadeaux depirogues et d engins de pêche à leurs parents les Sorko. (Voir ROUCH, no 162).

ORGANISATION SOCIALEment convertis en argent, sauf pour payer l'impôt ou pour se livrer à des échanges(commerce du bétail en Gold Coast et Nigeria). Les fonctionnaires et employésdes Européens ne conservent pas leurs gains mais le transforment en nourriture,vêtements ou diverses marchandises. Signalons enfin qu'il existe des biensspirituels comme la prêtrise des danses de possession ou les connaissancesmagiques, et dont l'acquisition se fait aussi par échange (l'apprentissage de laconfection d'un charme magique est payé un ou deux boeufs).Succession. - Les biens collectifs restent automatiquement biensde famille.Quelquefois, dans les pays d'un individualisme très marqué (Hombori), et lorsquela famille est très réduite, la terre devient la propriété de quelques individus qui lamorcellent (1). L'eau et la brousse ne sont pas sujettes à succession, seules lescharges qui s'y rapportent le sont : par exemple à la mort du patronpêcheur, le filsaîné devient patron pêcheur.Les biens privés sont soumis à la succession. Les règles sont inspirées de l'Islam,au nord, c'est le Cadi qui fait office de notaire, au sud, c'est le chef de village. Envoici les règles générales (voir no 163, p. 391393, Hombori; no 164, p. 319-326,Gao; no 165, p. 330-331, Dendi).- Testament. Par testament écrit ou oral, devant deux témoins, le propriétaire nepeut léguer qu'une partie de ses biens (1/3).- Répartition de la succession. Du père, sont héritiers la ou les veuves (part de 1/8dans le Nord, 1/5 dans le Sud, 1/4 s'il n'y a pas d'enfants), les fils et les filles (lesfilles la moitié de la part des fils, l'aîné ayant droit à une part supplémentaire),père, grand-père, frères et sours (1/6 dans le Nord, ou la totalité s'il n'y a ni veuveni enfant). De la femme, le veuf prend la moitié, le reste est partagé entre lesfrères et les sours de la morte.- Droits de succession. Un dixième est réservé au chef dans le Sud.- Partage. Dans le Nord, le cadi, après avoir payé les dettes du défunt, fait desparts si possible semblables. Les veuves prennent d'abord leur part et se dispersent(elles ne font pas partie de la famille), puis les fils, puis les filles.Les biens spirituels ne sont pas soumis à des règles de succession strictes. Parexemple, c'est le magicien qui, à sa mort, désignera son successeur parmi ses filset apprentis, par contre, le successeur d'un prêtre zima de danses de possession estdésigné par les divinités ellesmêmes au cours d'une cérémonie spéciale.7) Position des femmesL'Islam au Songhay parait avoir relégué la femme dans une position trèsinférieure (le mari paye la « dot », la femme ne fait pas partie de la(1) « S'il n'y a qu'un lougan (champ) et trois héritiers par exemple, on partage lelougan si petites qu'en doivent être les parts : c'est aux héritiersà s'entendre pour

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vendre le champ, s'ils ne peuvent en tirer bon parti » (no 164, p. 325). En fait, sicette pratique avait été répandue, il s'en serait suivi un morcellement automatiquede la propriété, ce qui n'est pas.

LES SONGHAYfamille, elle n'a droit qu'à une part minime de la succession...).En fait, la femmesonghay a joué et joue encore un rôle considérable, qui n'est pas simplement celuid'une humble ménagère. Sans doute, elle doit aller chercher l'eau, préparer lacuisine, balayer la case, mais elle a aussi la charge de certaines constructions:dans le Nord elle construit sa case qui est sa propriété, au Tillabéry elle construitles greniers, partout elle décore les intérieurs des maisons. La femme n'intervientdans les travaux des champs qu'au moment des semailles et de la récolte, mais cesont des femmes le plus souvent qui cultivent les jardins de village,en particulierle coton. De plus certains métiers sont uniquement des métiers de femmes :potières, cordonnières, coiffeuses, marchandes de condiment... (1).Le développement et l'organisation de la prostitution montrent quela femmesonghay est capable d'une très grande indépendance. Le rôle desprostituées estconsidérable. La magazya, reine des prostituées d'un village (ou d'un groupe devillages) a un véritable pouvoir qui s'étend à tous les jeunes gensde lacommunauté. Le prestige de la magazya de Kumasi en Gold Coast estimmense,c'est elle qui règle tous les conflits entre les Songhay émigrés, ellejoue pour euxun rôle comparable à celui de « la mère des compagnons » des anciennescorporations françaises (2).Mais c'est surtout le rôle spirituel de la femme songhay qui est important. Lescoutumiers notent simplement que la femme allaite et élève les enfants. C'estjustement par le lait que se transmet un mystérieux pouvoir : un fils de femmesorko ayant téLé le lait d'une femme sorko sera obligé de faire le métier de Sorko,l'Askya Mohammed ayant eu une nourrice bariba ne put vaincre ultérieurementles Bariba, le Sonni Ali tenait une partie de ses pouvoirs magiques de sa mèreoriginaire du pays de Farou (Sokoto), Faran Maka Bote, l'ancêtre héros despêcheurs sorko, battu par le génie Zinkibaru dut aller pleurer devant sa mère pourqu'elle lui donne le charme vainqueur... L'histoire, les scènes dela vie de tous lesjours, les mythes réservent à la femme un rôle essentiel.Aujourd'hui encore, ce rôle essentiel se manifeste dans la vie spirituelle. Ce sontles femmes qui sont en majeure partie susceptibles d'être possédées dans lesdanses de possession; ce sont des femmes qui sont réputées les plus dangereusesmagiciennes ; c'est une femme, la vieille Kalia qui commande à tous les pêcheurssorko de la région de Niamey (son autorité spirituelle s'étend du Kebbi jusqu'àGao), et aucun des pêcheurs courageux et savants ne songerait àdiscuter lesordres de la vieille grand-mère...1) Voir le rôle économique des femmes zerma dans RoBiN, no 31, p. 89.En décembre 1950, Zumo de Koumassi mit à l'amende un certain nombre dejeunes gens qui s'étaient moqués d'elle. Cela donna lieu à une curieuse cérémonie,une sorte de « cour d'amour », où chacun essayait de se justifier,faisait desexcuses publiques, et payait une assez forte amende (de 1 à 5 livres).

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CHAPITRE VIPRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTURE1) Caractéristiques physiqueshabillement, cicatrices, mentalité1) Caractéristiques anthropologiques. - Il est prématuré de tirer des c-nclusionsdes études anthropologiques sur les Songhay (1). On peut simplement dire que lesSonghay et Zerma sont des individus de grande taille, nigritiques,dolichocéphales, mais assez fortement métissés par apport de sang blanc.2) Vêtements. - Les vêtements des Songhay qui ont été décrits ailleurs(paragraphe « Vêtements et parures »), sont ce qu'il est convenud'appeler desvêtements musulmans. Cette tenue qui au pays songhay est soumise àd'importantes variations suivant les lieux, les heures, les occupations, forme àl'étranger un véritable uniforme, permettant de reconnaitre un Songhay ou unZerma en Gold Coast. Le Songhay a un grand soin de son costume, l'homme quivoyage ou qui travaille ne conserve qu'un léger caleçon, mais quand il rentre dansun village, il s'habille. C'est une honte, par exemple, de se montrer le torse nudevant une femme (2).La pudeur des femmes est comparable ; rares sont les femmes (sauf au Dendi) quise promènent la poitrine nue.Cette notion de pudeur se manifeste à partir de la puberté. Jusquelà les petitesfilles et petits garçons se promènent souvent nus (même après la circoncision).Mais dès 12 ou 13 ans, les filles et les garçons s'habillent. En particulier ilsmettent le plus grand soin à recouvrir leurs jambes : le « short » européen esttoléré chez les hommes, mais le pantalon long lui est toujours préféré (chez lesfemmes, il n'est pas question de porter le short, et même les Songhay considèrentcomme honteux le port du short par une femme blanche).3) Cicatrices tribales. - Les cicatrices tribales des Songhay et deleurs sous-groupes ne sont pas nettement différenciées. Une certaine(1) GIRONCOURT mesura 22 sujets (no 107), KOSSOVITCH examina 185sujets (no 108), LEFRou 107 sujets (nous 109 et 109 bis), LOBSiGE-DELLNBÂCH 24 sujets (no 110), PALES 100 sujets (no 111).(2) Cette pudeur se manifeste même entre hommes. Des hommes quise baignentà la rivière n'enlèvent leurs vêtements qu'au dernier moment, et poursortir del'eau, ils cachent soigneusement leurs parties sexuelles, le plussouvent entre leurscuisses croisées.J. ROUCR 4

LES SONGHAYfantaisie s'est même introduite dans ce domaine. Il existe cependantdes marquesabsolument caractéristiques que l'on retrouve dans presque tousles groupes, unecicatrice biaise située sous l'oeil droit, le kortu des Songhay ou kitti des Zerma.Les principaux types sont les suivants (1)1. Songhay proprement ditsKotu(Koromba, SonghaySohantyé

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de Wanzerbé)Kortu et gorongo bye(3 traitade chaque côté) (Sohantyéde Wanzerbé, c Kado »)Kortu et garu ka dumbu (6 traite de chaque côté) (Songhay descendant des Askya,Dendi Sohantyé de l'AnzourouSorko du Dendi)Kortu et 3 marques sur chaque tempe(Sorko)2. Zerma et assimilésKiti et 2 marques de chaque côté (Gubey)(Gabda)Kiai et kara-kara (nombre indéterminé)(Lafare, Derye, Dakala, Kalle...)(Kourteyet quelques Sorko)13 lignes de chaque côté (TyengaetSorkawa)4) Traits essentiels du caractère. - Il est assez difficile de définir un caractère typesonghay. Mais malgré les différences de cadre géographique ou historique, decastes ou de métiers, il est possible de retrouver une certaine unitéde qualités oude défauts dont voici les plus évidents.Les Songhay ont un très grand orgueil d'être Songhay. Ils n'oublient pas qu'ilssont les descendants des maîtres d'un immense territoire. Fiers de ce passé deconquêtes et de gloire, ils ont conservé, malgré les revers ultérieurs et lesinvasions, une mentalité d'hommes libres et(1) Renseignements communiqués par R. Dutel. Les renseignementsd'URvoY(no 112, p. 39-44), ROnIN (n0 31, p. 85), sont incomplets et inexacts.Kilti (étroit)(Golle)

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTUREindépendants, presque de conquérants. Et ceci à tous les échelons sociaux, lecaptif est aussi orgueilleux des exploits des Sonni ou des Askya dela grandeépoque que leurs maltres descendants directs de ces prestigieux capitaines. Si auSonghay du Nord cette fierté n'est pas souvent perceptible, plus on va vers le Sud,plus elle se manifeste. Mais c'est surtout dans les groupes expatriés qu'elle est leplus sensible. Les groupes songhay de Bamako, Dakar, et surtoutde Gold Coastont un orgueil national qui tient presque du chauvinisme.Sur le plan.individuel, la fierté se retrouve dans une vanité à toutes épreuves : demême que les Songhay se sentent supérieurs aux autres Noirs, le Songhay doitêtre lui-même supérieur à ses compagnons. Ses efforts de coquetterievestimentaire, son désir d'acquérir des biens, son envie d'accéder à des postesélevés (s'il est employé) ou de réaliser des exploits extraordinaires, sont le plussouvent motivés par ce seul ressort. L'exemple des « Gold Coastiers » est encorecaractéristique : la Gold Coast représente surtout pour le jeune Songhay une

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aventure dangereuse, une épreuve comparable aux guerres d'autrefois. Si lepillage du temps jadis a été remplacé par le résultat de durs travaux lointains, leretour est bien celui du guerrier vainqueur : toutes les peines, tousles dangerstrouvent leur consécration dans la « minute de vérité » du retour triomphal : ces «boubou » magnifiques et enfilés les uns au-dessus des autres sont l'uniforme d'unGold Coastier héros ; ces caisses et ces colis enveloppés de papier goudronné sontle butin chèrement acquis. En quelques instants, tout est « gaspillé», les caisses etles paquets éventrés, les riches vêtements diminués de moitié. De six mois detravail il ne reste que quelques « boubous » brodés, quelques billets delivressterling, mais qu'importe ! Les griots chantent les louanges du prodigue, lesfemmes et les jeunes filles l'admirent, ses camarades sont gris de jalousie :pendant quelques instants il a été placé au-dessus de tous les autres.Cette vanité exige évidemment un certain goût du risque, un certaincourage. Lanotion de courage, de « cour debout » est assez déroutante. Les Songhayconsidèrent que cette qualité est plutôt extérieure à l'homme, que c'est un état quin'est pas donné et qui ne s'acquiert que difficilement, c'est-à-dire seulementlorsque les circonstances en valent la peine. Si un ennemi trop puissant ne peutêtre vaincu avec des moyens normaux, il faudra « faire le courage ». Le plussouvent, le « griot » est chargé de ce délicat travail. En recourant à la musique,aux phrases rythmées des devises, en rappelant les hauts faits des ancêtres, ilparvient à créer une seconde personnalité, à « lever le cour » du guerrier aucombat, du chasseur de lion, du pêcheur d'hippopotame, du « Gold Coastier »défaillant et souffrant du mal du pays. Ce courage sera évidemment éphémèremais il suffit en général à triompher de l'épreuve.Le courage à bon escient révèle chez les Songhay un certain sens de la mesure: ilest inutile d'être courageux hors de propos. Il s'ensuit une certaine nonchalancehabituelle, que les premiers observateurs confondirent avec de lalâcheté ou plussouvent encore avec de la paresse (voir

LES SONGHAYMONTEIL, no 6, A. T. no 15, COUTOULY, no 25, PERRON, n0 25).Effectivement, en dehors des trois ou quatre mois nécessaires aux travaux deschamps, toute activité semble absente du pays songhay : les hommesflânent dansles ruelles des villages où ne travaillent que les artisans (forgerons, tisserands,menuisiers) et les femmes occupées aux besognes ménagères toujoursrecommencées. Quand, par hasard, les hommes s'embauchent dans quelquechantier européen, ils ne s'y font pas remarquer par un zèle intempestif. Aussi est-on tout surpris, en Gold Coast, de retrouver ces mêmes hommes, làindolents etensommeillés, ici infatigables et pleins d'ardeur. « Les meilleurs travailleurs quenous employons » déclarait un chef de chantier des mines d'or de Prestea... Cettedifférence d'attitude tient à un grand nombre de facteurs (travaillibrement choisi,possibilité d'acquérir des marchandises ailleurs introuvables,espoir d'aventure...),mais le plus important semble être le suivant: le travail est méprisable pour unSonghay, descendant de guerriers ; il ne peut être que le fait desfemmes. Celuiqui travaille devant une femme est honni. En somme, c'est encore un mouvementde vanité qui empêche un Songhay de manier une pelle ou une pioche sur la route

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qui traverse son village, mais qui ne l'empêchera pas, à un millier de kilomètresde là, derrière une barrière de pays et de frontières, de se livreravec un zèleextraordinaire à des besognes aussi infamantes que celles de docker, « latrine boy» ou pileur de mil pour les cuisinières ashanti.Cette fidélité aux traditions, et la possibilité de les contourner, forment l'une desqualités maîtresses des Songhay, qui ont su et savent encore rester fidèles auxanciens principes tout en s'adaptant aux conditions nouvelles. Ces deux tendancesdominent toute l'histoire du Songhay : les influences sorko, berbères, mandingues,islamiques, marocaines, peul et touareg, enfin l'influence européenne ontbeaucoup moins bouleversé la culture songhay, qu'elles n'ont étéassimilées parelle. L'exemple le plus typique, peut-être parce que le plus récent,est celui desgénies haouka, ces divinités issues directement de l'armée et de l'administrationfrançaises et britanniques et introduites brutalement dans le mythe préexistant.Après quelques années d'hostilité de la part des représentants desanciennescroyances, les nouveaux dieux ont été purement et simplement intégrés au groupeancien des divinités dont ils forment une nouvelle famille : loin de les remplacer,les Haouka les ont simplement complétés. Déjà des unions se sont faites, desparentés se sont découvertes, et ce sont les Haouka eux-mêmes qui sont devenusles plus farouches défenseurs des anciens cultes.Sur le plan matériel, on retrouve les mêmes facultés qui paraissent contraires auxnotions classiques d'évolution ou d'acculturation. On aurait pupenser que, mis encontact avec un pays industrialisé et équipé comme la Gold Coast, la main-d'oeuvre songhay aurait adopté de nouvelles méthodes de faire ou de penser. Enfait, les Songhay tout en profitant au maximum des avantages matériels de ceterritoire, restent pratiquement en dehors de l'évolution de ses habitants. Ils n'ontavec eux presque aucun contact culturel. Mieux encore, ce sont eux, les gens

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTUREde brousse, qui apportent là leurs manières de penser et qui parviennent à lesdiffuser d'une certaine manière parmi les citadins d'Accra ou de Kumasi (parexemple vente de charmes magiques par les magiciens de Wanzerbé).Enfin, pour terminer ce tableau rapide du caractère songhay, il faut signalerl'heureux tempérament de tous ces gens, leur sens de l'humour et la faculté de rire,qui les empêchent d'être les odieux prétentieux que les traits précédents semblentévoquer. Même dans les circonstances les plus dramatiques, le rire garde sesdroits, désarme tout homme en colère : un cavalier tombe de cheval,un mari esttrompé, un « Gold Coastier » se fait voler son pécule, un guerrier perd soncourage et s'enfuit, un administrateur prononce des paroles furieuses : autant demotifs pour rire. Le revers de cette bonne humeur est qu'elle cause de facilesdécouragements (quand l'homme rit son cour n'est plus « debout») dont certainsfurent catastrophiques pour le Songhay.Aujourd'hui même, ces manques subits de persévérance font souvent considérerles Songhay ou les Zerma comme des bons à rien (en tout cas, bien inférieurs auxDahoméens ou aux Togolais qui ont su s'infiltrer dans les fonctionsadministratives au Niger). Quant à moi, je pense que le fait de savoir ne pas seprendre au sérieux est un signe de sagesse...

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2) Cycle de la vie d'un individuLes principaux éléments de la vie d'un individu sont la naissance, l'enfance,l'éducation, l'initiation, le mariage et la mort.Naissance. - La femme enceinte garde la plus grande discrétion sur son état. Cettediscrétion n'est pas indépendante d'une certaine peur du mal extérieur, car unefemme enceinte est dans un état particulièrement fragile. Elle doitse gardersurtout d'une certaine divinité des morts (un djinn), des génies de lafamillehargey (« les froids »), des âmes des femmes qui sont mortes en couches, et destyarkaw (sorciers voleurs d'âmes). Contre toutes ces menaces, les femmes fontappel aux prières et aux talismans des marabouts, mais surtout à lascience plusefficace des zima et magiciens. (Les menaces se concrétisent par les rêves, etsuivant la gravité de ceux-ci, des mesures efficaces sont prises.)Si la femme meurt en couches, c'est que tous les éléments malfaisants ont réussi(par la peur en particulier). Des précautions doivent être prisesimmédiatementpour que l'âme de cette femme ne vienne pas se venger dans le village. Tous lesobjets appartenant à la femme, instruments de cuisine, vêtements, quenouilles,bijoux sont ramassés et jetés en brousse. Le bois de la case, la pailledu toit sontbrûlés au même endroit (huey lonyen do « lieu où l'on brûle les cases,). Tout cequi reste de la case est soigneusement nettoyé (1).(1) Cette coutume que j'ai observée au Songhay du Sud, au Zermaganda et chezles Koromba de l'Aribinda, paraît générale et fort ancienne. Ainsi, le huey tonyendo du village de Simiri au Zermaganda, est un véritable musée de poteries, debijoux, de quenouilles de la facture « hommes d'avant » jusqu'à celle des «hommes d'aujourd'hui ». Malheureusement la crainte qui entoure ce lieu et cesobjets empêche toute étude poussée de ces objets.

LES SONGHAYQuand la délivrance approche, la femme se fait masser le ventre par les matrones.A partir du moment où la grossesse est très visible, le mari, à Tombouctou, doitenlever son pantalon après le coucher du soleil, sinon l'accouchement risque d'êtredifficile (1).La mère accouche à genoux devant un tas de sable où doit tomber l'enfant. Elleest aidée par des matrones et ne doit jamais se plaindre. Lorsque l'enfant seprésente, une matrone applique un tampon de chiffon sur l'anus pour que l'enfantn'hésite pas entre deux sorties. L'enfant tombé, on lui coupe le cordon, on lui faitquelques insuflations, on lui masse la tête, lui frotte le nez, le passe dans la fuméearomatique ; enfin on le jette en l'air et on le reçoit plusieurs fois de suite, « pouréloigner les mauvais génies ». La mère est assise, le dos appuyé aumur de la case,pour assister à toutes ces opérations. Si c'est le premier accouchement, celui-ci alieu dans la maison d'une parente. Le père donne à ses beaux-parents du mil, de laviande et du sel. Pendant quarante jours (à Hombori, trente-trois pour un garçon,quarantequatre pour une fille (2)) la mère reste à l'intérieur de la case sans changerde vêtements, elle est simplement lavée par les matrones. L'enfant est couché surune couverture et, sous son oreiller, on a caché un couteau « contre les mauvaisdjinn » (au sud, on attache quelques plumes de la collerette du zegban (vautour)au-dessus du nouveau-né pour éloigner les tyarkaw, le zeyban remplaçant ici les

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magiciens). Les amies viennent féliciter la mère après s'être marquées le front etle nez d'une ligne jaune appelée ladara.Baptême. - Sept jours après la naissance on procède à la dation du nom. Engénéral, c'est le marabout (alfa) qui propose le nom. Il le lit dans leCoran, ouchoisit un nom correspondant au jour, au mois, à un événement particulier de lanaissance (3). Un taureau (ou un mouton) est égorgé et sa viande est partagéeentre les gens du village. Ce nom est en général gardé secret, c'estle maberi, le «grand nom » et remplacé par un ma kagna « petit nom » ou surnom employé tousles jours. Chez les Songhay du Sud, peu islamisés, les noms donnés nesont pasdes noms musulmans : hasey, begunu, yabilan (c'est un nom de Dongo, génie dutonnerre), kondi, bartyire, zafara, mumuni, barake, noms dont on n'a pu medonner les étymologies, mais qui paraissent venir des noms(1) Tous les renseignements qui suivent sur l'accouchement sont tirés deDUpuisYAKOUBA, Notes sur les principales circonstances de la vie d'un Tombouclien, nu 22. Certains des rites sont d'un intérêt considérableet il est dommageque Dupuis-Yakouba un peu aveuglé par l'Islam, n'ait pas essayé de lesapprofondir. Je serai obligé de les résumer sans en donner l'interprétation.(2) Voir PAGÈS, na 163, p. 395-400.(3) Par exemple alhadi, atinni, atalala, arba, alkamisi, alzuma, asebdu, suivant lejour de la semaine. Le préféré étant alzuma « vendredi ».Dedow, almudu, almadan, tyibsi, suivant le mois.Dyira enfant né un jour de fête.Alkali/a enfant dont un des parents est mort avant son baptême.Tyegumo ou bonkano enfant dont la naissance est accompagnée d'un événementheureux.Dendera, denda, kangay enfant dont tous les aînés sont morts.Geyka (« tarder à venir ») enfant venu tard.Gani enfant né avant terme.(Rens. DUPUIS-YAKOUBA.)

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTUREsonghay préislamiques). Chez les magiciens sohantye, le premier breuvage donnéà l'enfant par sa mère est une tisane de koro kongo « palme de hyène », boissonqui donne l'extase aux Sohantye.L'enfance. - L'enfant est allaité par sa mère dans tous les cas où cela est possible.C'est par le lait, ainsi qu'il a été dit à plusieurs reprises, que sefait une partie de lafiliation: l'enfant d'une femme sorko reçoit ses pouvoirs de prêtre du génie dutonnerre, par le lait de sa mère ; le Iyarkaw, sorcier mangeur d'âmes, « attrape » letyarkaw Iarey (pouvoir de sorcier) en tétant sa mère ; le magicien sohantye reçoitune partie de ses dons de magicien par la même voie (1). Si l'enfant est allaité parune nourrice, wanya (« mère de lait »), celle-ci jouera un rôle d'hérédité aussiimportant que la mère (histoire de la nourrice bariba de l'Askya Mohammed). Lesevrage n'a lieu qu'au bout de un an et demi environ, mais dès la naissance, onhabitue l'enfant à prendre une autre nourriture, beurre frais,puis bouillie de mil.Cette opération se fait par la force, l'enfant étant maintenu la têteen bas entre lesgenoux de sa mère qui lui introduit, au milieu de pleurs, d'étouffements et de

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vomissements, la nourriture dans la bouche (gurgur). Quand l'enfant est assezsolide, on l'asseoit une ou deux heures par jour, en le coinçant dans une calebasse,puis on le couche à plat ventre sur un coussin (bambarey ou bandarey «affaire deporter sur le dos ») pour l'habituer à être porté sur le dos de sa mère. Alors, il peutsortir de la case accroché à califourchon dans le dos de sa mère (etd'autresfemmes ou petites filles) et maintenu par un pagne. Pendant toute cette période, sil'enfant est le plus souvent avec sa mère, son père s'en occupe comme il peut, lepromène dans ses bras, guide ses premiers pas.L'éducation. - L'enfant qui commence à marcher est appelé totyitolyi (« semer»).Quand il commence à parler on l'appelle baylyel ou beytye (« début du savoir »).C'est pendant la période où il est porté en croupe par sa mère, qu'il apprend lespremiers mots. Quand il peut se déplacer seul, il joue avec les autres enfants dansla concession familiale. Les frères et les sours aînés sont chargés de le surveiller.Jusqu'à 6 ou 7 ans, l'enfant couche dans la chambre de sa mère. Si c'est une fille,elle s'initie déjà aux travaux ménagers, si c'est un garçon, son père commence àlui montrer son travail. Le comportement des parents pendant toutecette périodeest d'une très grande bienveillance, les enfants songhay sont entourés dès leurjeunesse d'une atmosphère particulièrement affectueuse ; il n'est pas rare de voirun vieux grand-père jouer avec sa petite-fille, pendant une heure ou deux, tout endiscutant avec les autres notables les affaires du quartier, interrompant unesérieuse conversation pour ramasser l'enfant qui vient de tomber.Vers 6 ou 7 ans, l'enfant sort des pagnes de sa mère, les petites filles jouent entreelles, collectionnent des trésors (des boites et des perles), fabriquent des poupéesavec des os de mouton (2). Les petits(l) Voir RoUcH, no 185, chapitre « Magie ».2) Voir PARiS, no 183, les mariages des poupées de Tombouctou avec de jeunesgarçons.

LES SONGHAYgarçons se réunissent pour jouer, courir, chasser les petits rats palmistes avec desarcs et des flèches ; ils apprennent à nager, vont conduire le cheval de leur père aufleuve ou à la mare, s'initiant ainsi à l'équitation, en montant nus surun chevalsans selle lancé au grand galop. Toute cette période en somme constituel'apprentissage des connaissances générales de la vie courante. Laspécialisationviendra plus tard.L'inilialion. - C'est à partir de la circoncision que commence pourles garçons lavéritable initiation (pour les filles c'est peut-être l'époque dela puberté). J'ai déjàdit (voir § « Classes d'âge ») que la circoncision permettait l'initiation commune(sauf pour les jeunes forgerons, qui sont déjà spécialisés), detout un groupe dejeunes garçons d'un village, quels que soient leur caste ou leur groupe ethnique. Ala sortie de la circoncision, le garçon est devenu un jeune mâle qui peut acquérird'autre savoir. En général, c'est le père qui se charge d'initier son fils à son art ou àsa science (exception faite pour les ai/a, qui mettent leur garçon à l'écolecoranique qui peut être dirigée par un confrère). Ainsi le jeunepaysan apprendl'art des cultures ; le jeune pêcheur accompagne son père comme pagayeur etapprend non seulement les différents « trucs » techniques, mais encore les

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formules qui flattent les divinités ; le jeune magicien apprend à connaitre lesarbres de la brousse, à en prendre l'écorce et à préparer les korle. Le père se rendcompte alors du caractère de son fils, il le compare avec le caractère de ses autresfils, et choisit celui qui sera son véritable successeur (qui peutêtre pris d'ailleursparmi un neveu et dans certains cas parmi des apprentis étrangers) (1).Ainsi, les garçons deviennent des hommes, mais leur initiation est loin d'êtreterminée, l'expérience des anciens, leur propre expérience sontdes choses longuesà assimiler.Le mariage. - J'ai déjà dit les phases préliminaires de cette cérémonie (paiementde la « dot »). Le jeune homme qui se marie construit une case dans laconcessionde ses parents ou aménage sa case de célibataire (il y ajoute une cuisine). Cela nel'empêchera pas d'être toujours considéré comme un zanka, un «jeune homme »,par les anciens et par son père (ou son initiateur).Ces préparatifs achevés, la « dot » étant payée par les intermédiaires (alawali), unjour est fixé pour le mariage. Le cérémonial suivi dans le Nord est le suivant:dafuga, à midi, le marié et ses amis viennent simuler l'enlèvement de la futureépouse, ils attaquent sa concession à grand bruit, et tentent d'y pénétrer malgrél'opposition des parents de la femme; dans l'après-midi, s'il s'agit d'un richemariage et qu'une captive ait été comprise dans la « dot », celle-ci,que l'onappelle sada, va porter les « meubles » et les affaires de la femme à la maison del'époux ; lira ferey (« talisman qui ouvre »), après la prière du coucher du soleilles amis et invités viennent à la maison de la femme et se font montrer lescadeaux de la dot. On récite la faliha et on souhaite le(1) Je dirai ailleurs les sortes d'examens qui sanctionnent ces initiations (n0 185,chap. « Magie »).

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTUREbonheur aux époux (a ma hinsa « que cela s'arrange ! »). Le soir l'épouse estamenée à l'époux, pendant sept jours on les appellera sollan (voir Dupuis-Yakouba, nO 22, p. 103). Dans les régions où les femmes sont propriétaires deleur case, les matrones construisent une nouvelle case le jour du mariage, lanouvelle mariée attend, entourée de ses amies, assise par terre, unefemme joue duzarka (violon) et chaque jeune homme vient danser tour à tour devant la nouvellemariée ; les hommes, pendant ce temps, préparent le bouf égorgé pour lacirconstance (cérémonie observée à Lafagu, près de Rharous).Le lendemain (ou les jours suivants, dans un délai de sept jours), les matronesessayent de s'emparer de la couverture tachée de sang pour montrer au village quela fille était bien vierge. Sinon, elles l'injurient: horober dyara « vierge au grandvagin ». ize keyna weg ber, « petit enfant grande femme », i loti ganda kobe « onl'a déflorée avec le doigt ».Après le mariage, les rapports conjugaux du mari et de ses femmes se font parpériodes alternantes, chaque femme a sa case, à l'intérieur de laquelle, voilée parune natte ou une couverture est le Iongo tongo « l'alcôve ». Le mari va d'une caseà l'autre et sa nourriture ce jour-là est préparée par la femme chezlaquelle ilcouche.

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L'homme marié est devenu un har, un homme mûr. Il fait partie du groupe deshommes du village. Cependant, très souvent, il ne pourra exercer le métier de sonpère qu'à la mort de celui-ci; chez les magiciens, par exemple, unseul des enfants(ou apprentis) recevra la dernière partie de l'initiation : il sera le seul successeur.La mort et les rites funéraires. - La mort inévitable est acceptée avec un certainfatalisme. Le deuil arrête, pendant quelque temps, l'activité d'unefamille. Engénéral, les morts sont enterrés suivant le rite coranique, l'Islam étant en effetconsidéré par beaucoup comme la religion de l'au-delà. Le rite décrit par Dupuis-Yakouba (no 22, p. 104) est le suivant : le cadavre est lavé par un marabout, il estenveloppé dans une étoffe blanche et dans une natte. Les femmes poussent descris et pleurent, mais n'accompagnent pas le corps. Les hommes portent le corpssur une civière en s'arrêtant devant une mosquée pour faire une prière. Le corpsest enseveli, la tête tournée vers l'est. Pendant sept jours, les parents et amis serassemblent en silence devant la maison du mort. Les femmes gardent le deuilcinq mois et quinze jours (à Hombori, au bout de quatre mois et dix jours, quatremenstruations, elle peut se remarier, PAGÈS, no 163, p. 385), etne répondent auxétrangers qu'en frappant sur une calebasse avec un couteau. Elles portent unecoiffure spéciale, qui ne peut être faite que par une jeune fille. Les tombes et lescimetières ne sont l'objet d'aucune attention particulière. Les vieillards très âgéssont enterrés dans l'allégresse.Dans d'autres régions que Tombouctou, les rites funéraires donnent lieu à desmanifestations peu orthodoxes, ainsi à Hombori, deux fosses sontcreusées etrebouchées toutes deux comme si elles étaient pleines ; quand un zima (prêtre desgénies) est mort, les gens de son groupe doivent organiser une danse depossession pour demander la cause de la mort et désigner un successeur; quand unhomme est foudroyé, il est

LES SONGHAYnécessaire de le purifier avant toute autre opération, et c'est le génie du tonnerrequi doit lui-même (incarné dans un danseur) purifier sa victime ; enfin, lorsqu'unhomme meurt de mort violente, il faut se préserver de son âme méchante qui vachercher à se venger sur les survivants (buko ilalo « cadavre mauvais ») ; parcontre, l'âme d'un ancêtre important pourra être sollicitée et sa tombe deviendraun lieu de culte (certains Meyga sont enterrés dans leur propre maison, leurchambre fermée avec tous les meubles du mort et laissée ainsi jusqu'à ce qu'elles'écroule). On voit par ces quelques exemples, que la mort chez les Songhay n'estpas le simple passage au monde éternel d'Allah. Sous les rites coraniques,apparaissent d'autres rites, aussi soigneusement suivis. Pourcertains mêmes,ceux-là comptent seuls : ainsi, les magiciens à la mort d'un de leursparents fontles gestes précis et efficaces qui empêchent l'âme d'être conduite à Dieu ou àSatan, prenant la responsabilité de s'en occuper jusqu'à leur propre mort.L'influence de l'occupation française a localement bouleversé le schéma que jeviens de tracer. Dans les villes, les femmes accouchent dans les maternités (ce quiest une honte, disent les gens de brousse, la souffrance et l'effort de la parturienteétant nécessaires à la mère et à l'enfant). La circoncision se pratique plus rarementau dispensaire, mais cette habitude a tendance à se répandre chezles citadins (1).

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L'école française, surtout, a remplacé l'initiation artisanale ouspirituelle du père.Le résultat est la création d'une nouvelle classe sociale, que nousappelons «évoluée », et qui, se trouve dans une position délicate: ils ont assimilé une partiede notre culture au détriment d'une partie de la leur. Les gens de brousse marquentcela en ajoutant aux noms de ces élèves le nom de leur maitre d'école ou de leurpatron, et leur attitude devant eux est un mélange complexe d'envie et de crainte.Le service militaire n'a pas une telle portée, les engagements sont rares et lestournées de recrutement sont obligées de contraindre les appelésà revêtirl'uniforme ; mais le service fait voyager les jeunes gens, ce qui est considérécomme une excellente formation, leur rapporte un petit pécule, et nedure que peude temps : le libéré, après quelques jours de fierté et après avoir fait des récitsincroyables de ce qu'il a vu et fait, se marie et rentre dans le groupe familial, enoubliant lentement les mots de français qu'il a pu apprendre.(1) J'ai assisté à l'opération de la circoncision à Hombori. Les garanties d'hygiènepour cette opération bénigne paraissent suffisantes (les accidents sont très rares).Les conditions d'ambiance et leurs conséquences psychologiques considérablessur le comportement ultérieur des individus, me paraissent absolumentirremplaçables. Il me semble donc absolument ridicule d'abandonner ce rituel aubénéfice de la vanité et d'une cicatrice plus élégante.

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTURE3) Religion et magie songhayL'étude de la religion et de la magie des Songhay fait l'objet d'une publicationimportante, Essai sur la religion des Songhay (n0 185), que je résumeraisimplement ici:1. L'ISLAMPour des observateurs superficiels, les Songhay paraissent entièrement islamisés :leur vêtement, leur coiffure, leur droit, les principales manifestations du cycle dela vie d'un individu sont soumis aux règles de l'Islam et il faut biendire qu'auSonghay, sont rares les hommes qui ne font pas les 5 prières dansla journée, quine jeûnent pas au Ramadan, qui n'égorgent pas un mouton à la « Tabaski », qui netraitent pas avec respect et envie les quelques El Hadj qui ont fait le pèlerinage deLa Mecque, qui ne se prétendent pas orgueilleusement Qadria ou Tidlania...En fait, l'Islam n'est qu'une teinture plus ou moins profonde (1). Depuis le xiesiècle, date probable de la première « conversion » des Songhay, l'Islam s'estheurté à cette faculté d'assimilation et de fidélité aux coutumes qui est le traitcaractéristique de la mentalité songhay : il a moins effacé les anciennes croyancesqu'il ne leur a apporté des éléments nouveaux.Cet apport de l'Islam a d'ailleurs été considérable. A partir des villes saintes dunord de la boucle (Tombouctou) (2) ou des campements de Peuls fanatiques(Say), l'Islam a apporté aux Songhay l'ancien testament, la philosophie orientale ettout l'attirail de l'occultisme arabe. Et l'on peut dire aujourd'hui que si lesMusulmans orthodoxes sont une infinie minorité, il n'y a pas une démarchereligieuse qui n'ait été marquée par l'Islam.2. ÉLÉMENTS DE MÉTAPHYSIQUE

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La métaphysique songhay, à la différence des systèmes de pensée de populationsvoisines (Dogon ou Bambara) paraIt en particulier influencée profondément parl'Islam. Ceci tiendrait à ce que les descendants des conquérants del'empire deGao sont des « matérialistes ». Les Songhay sont bien davantage préoccupés dutemporel que de l'éternel, de leur vie de tous les jours que de leur existence dansl'au-delà. Ceci explique la réussite partielle de l'Islam qui fournit à si peu de fraisune assurance de béatitude éternelle : il suffit de quelques prières(dont(1) Voir LAIzE (n0 167) qui conclut à l'islamisation de surface au Niger.(2) Voir MARTY (no 170, t. I), qui étudie « l'Islam songhay » dans la région deTombouctou. Il est certain que cette ville fut et est encore la métropole islamiquedu Soudan, mais elle n'a de songhay que la situation et la langue : Marty divise (p.6-30) les habitants de Tombouctou en Arma (descendants de Marocains), Chorfa(descendants de Mahomet), Alfa (lettrés musulmans), Songaïdye (gens duSonghay) et étrangers. Parmi les lettrés il ne cite aucun Songhay, et précise (p. 24): « Il y a peu de personnalités notoires à citer parmi les Songaïdye. » Et il en estde même dans toute la région.

LES SONGHAYon ignore le sens), d'un jeûne d'un mois (plus ou moins respecté) etde quelquesrites (baptême, mariage, enterrement), pour devenir un alzana, unélu. Mais endehors de cette spéculation sur l'au-delà, l'Islam n'a plus grande importance et leshommes s'adressent pour les affaires de ce monde à des divinités ou des principesplus accessibles.L'enquête actuelle dans ce domaine a fait apparaître les cloisonnements suivants :Dieu est le créateur du monde, c'est « notre maître », le tout puissant et, de ce faitmême, hors d'atteinte. Il se trouve dans le septième ciel et il a peupléles cielsintermédiaires de divinités qui lui obéissent (ou lui désobéissentsystématiquement) tout en ayant une certaine autonomie.Les Maleka (anges) surveillent le monde et les hommes du septièmeciel.Iblis et les Seylan (Satan et les démons) sont les anges déchus devenus des agentsdu mal.Les Zin (djinn) furent les premiers habitants de la terre qu'ils se partagèrent endevenant des génies maîtres de lieu. A la création des hommes, les Zin devinrentinvisibles, mais continuèrent à résider dans certains endroits remarquables (arbre,montagne, rocher, rivière).Les Holey (génies) furent créés semblables aux hommes mais avec le don de serendre invisibles, de se déplacer presque instantanément d'un endroit à un autre etd'être immortels. Ils sont devenus les véritables moniteurs de la terre, des eaux etdu premier ciel, au détriment des Zin qu'ils ont asservis.Les hommes furent les derniers créés avec un corps, une force vitale et une âme.L'âme joue un rôle essentiel dans le rêve, la vie inconsciente, la possession (l'âmed'un Holey remplace l'âme d'un homme), la mort (vie de l'au-delà conforme àl'Islam avec certaines réserves dans le cas de grands initiés dont l'âme estconservée par des rites spéciaux dans des autels de famille).3. CULTES

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De ce classement découlent les différentes démarches religieusessuivant leprivilège accordé à tel principe ou telle divinité. On peut distinguer ainsi les cultessuivants :Culte de Dieu. - C'est l'Islam. Les gens du Nord de la boucle sontplus ferventsque ceux du Sud : ceci tient sans doute à l'ancienne séparation entre les Songhaydu Nord occupés par les Marocains et les Songhay du Sud revenusaux anciennescroyances.Culte d'Iblis. - Culte de Satan, mais je n'ai aucun renseignement sur ses activitéssecrètes.Culte des anges. - Ce sont des cultes personnels ou des cultes de famille qui serattachent aux cultes d'ancêtres ou aux rites magiques.Culte des Zin. - Ce sont des cultes locaux des anciens maîtres du solou des eaux.Les génies du lieu ont passé des pactes d'alliance (souvent par mariage) avec lespremiers arrivés, leur laissant l'usage de leur domaine en échange d'un culte. Lesdescendants ont continué le

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTUREculte et même s'ils ont été spoliés de leurs droits (propriété effective du sol ou dufleuve) ils ont conservé leur pouvoir religieux: ils sont devenus prêtres du géniede lieu. Si ces prêtres héréditaires n'ont plus de descendants, ce sont lesdescendants de l'usurpateur qui deviennent agents du culte.Le culte consiste en général en sacrifices cérémonials : un animal rituel, de formeet de couleurs déterminées, est sacrifié à une certaine période de l'année. Le prêtrerécite une formule, très souvent en langage archaïque (koromba, gourmantché oumossi), renouvelant l'alliance pour l'année à venir et demandant la protection pourle village ou la communauté. Les hommes seuls ont le droit d'assister àlacérémonie.En dehors de ce culte public, les prêtres des Zin se livrent à des cultes privés, àdes contacts fréquents avec leur Zin, grâce auxquels ils acquièrent une puissanceconsidérable : c'est déjà de la magie.Les cultes des Zin sont encore très répandus mais relativement discrets. Souventdes cultes ultérieurs (ancêtres ou Holey) s'y sont superposés,mais chaque villagea, au moins, un lieu protecteur (montagne, arbre ou rocher de la rivière).Culte des ancêtres. - Ce sont aussi des cultes locaux qui s'adressent au premieroccupant du sol ou à un ancêtre particulièrement puissant. Souvent ces cultes semêlent aux précédents, le culte s'adressant au Zin maître de lieu, parl'intermédiaire du premier prêtre. Les agents du culte sont encorehéréditairesmais souvent, lorsque les descendants ont disparu, le culte n'est pas poursuivi parles groupements suivants, à moins que l'ancêtre ait eu un tel prestige que l'onpuisse le considérer presque comme un Zin.Le culte consiste également en sacrifices aux autels de l'ancêtre, leplus souventsur la tombe de celui-ci, marquée simplement par des tas de pierresou par unbouquet d'arbres. Le prêtre qui est le doyen de la ligne descendante la plus directe(patrilinéaire) s'adresse à l'ancêtre en lui demandant sa protection, non seulementpour le groupe de sa famille, mais encore pour toute la communauté(village ou

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même état). Un sacrifice est fait ensuite. Parfois les pierres ou l'arbre de la tombesont arrosés de bouillie de mil à un certain jour de la semaine.Les grandes familles (chefs, pêcheurs, chasseurs, magiciens) ont ainsi des autelsd'ancêtre. Ceux-ci sont relativement personnels et le culte est très privé, à moinsque l'ancêtre ne protège encore tout le groupe ou tout le pays. Quand ce culte estparticulièrement poussé, les âmes des ancêtres, nourries de sang et de prières,restent présentes dans l'autel : les pierres ou les arbres sont alors doués d'une sortede pouvoir autonome, ils jouent un très grand rôle dans les démarches magiques.Culte des Holey. Danses de possession. - C'est le culte le plus important et le plusrépandu. Il a recouvert les cultes précédents et est parvenu à une sorte d'agrémentavec l'Islam.Les Holey sont les génies qui furent créés avant les hommes. Ils se répartirentdans le monde, ayant, comme les hommes, des races, des langueset des caractèresdifférenciés. Sept familles se partagèrent ains

LES SONGHAYle pays songhay, luttant d'abord entre elles jusqu'à l'établissementd'une strictehiérarchie puis luttant contre les Zin maîtres du sol et des eaux. Avec l'aide decertains hommes, en particulier de l'ancêtre des pêcheurs sorko, faran maka bote,les Holey triomphèrent : les Zin ou les ancêtres déifiés devinrent leursreprésentants ou gérants locaux. En somme, les anciens dieux de lieuxfirent placeà des dieux beaucoup plus généraux, aux anciens cultes de groupesémiettéssuccéda une véritable religion du pays songhay. Ainsi apparurent les divinitésmagistrales de l'eau, du ciel, de la foudre, du vent et de la pluie, des villages et dela brousse, formant, au total, un panthéon complexe mais cohérent d'une centainede divinités.Les aventures et les caractères de ces dieux sont fixés par des textesrituels, des«devises », formant un catéchisme oral. Une musique rituelle accompagne laformulation de ces devises et correspond à certains pas de danse particuliers. Desobjets rituels (armes, costumes, parfums...) forment une véritable panoplie de cesdivinités, chaque objet ayant sa forme, sa couleur, sa destination spéciale.Les agents du culte sont constitués par: les fidèles qui assistent auxcérémonies (lamajorité de la population) ; les danseurs ou « chevaux des génies », recrutés parles génies eux-mêmes et initiés au cours de cérémonies spéciales (60 0/ de lapopulation d'un village) ; les musiciens joueurs de violon (vièle) ou batteurs decalebasses, qui jouent les airs rituels et chantent les devises ; lesfemmestranquilles qui assurent l'organisation des danses ; les prétres zima spécialisésdans les danses et les initiations, qui dirigent les cérémonies, mais qui ne peuvents'adresser directement qu'aux divinités de rang inférieur; les prêtres kumbaw,gardiens des cases-temples, et spécialisés dans la protection des cultures ; lesprêtres-pêcheurs, les Sorko, prêtres magistraux du dieu de l'eauet du dieu dutonnerre, maître du ciel et dispensateur des pluies d'hivernage.Le culte consiste essentiellement en danses de possession. Au son de la musiquerituelle, au rythme des phrases des devises, les « chevaux des génies » dansentinlassablement. Le prêtre zima a ouvert la danse et exhorte les danseurs fatigués àne pas s'arrêter. Au bout de quelques heures, l'un des danseurs donne des signes

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de crise : le Zima (et les Kumbaw et Sorko s'ils sont présents) s'approche desdanseurs, récite les devises du dieu qui se manifeste ainsi. Le danseur s'arrête,hurle, tape sur le sol en tremblant. Après quelques convulsions, il se calme. Lesfemmes tranquilles le maîtrisent, le déshabillent et le revêtent du costume dugénie ; ce n'est plus un homme, c'est un dieu qui habite ce corps,qui parle parcette bouche... D'autres génies suivent le premier venu. Ils s'asseyent sur desnattes ou des mortiers retournés - le Zima ou les autres prêtres les interrogent.Pendant une demi-heure, les hommes et leurs dieux parlent directement, réglantles grandes affaires du village. Des cadeaux sont donnés aux génies qui lesrépartissent entre les agents du culte, puis la voix du génie se faitde plus en plushachée et lointaine ; le corps est secoué de frissons violents, il tombe soudaininanimé sur le sol. Quand les femmes tranquilles le relèvent, le

PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE LA CULTUREdieu qui le hantait est parti. C'est un homme hébété et fatigué quipart en titubantvers sa case...Toutes les danses de possession ont le même schéma. Elles sont assez fréquentes(tous les quinze jours en moyenne dans un village). Elles sont pratiquées auxoccasions suivantes : avant la saison des pluies, à la fin des récoltes,au milieu dela saison sèche, à l'occasion d'un accident de la foudre ou d'une sécheressecatastrophique, à l'occasion de la maladie ou de la mort d'un initié, à l'occasion degrandes pêches, à l'occasion de l'initiation d'un nouveau possédé...Ainsi, le culte des Holey, par l'intermédiaire des danses de possession, recouvre àpeu près toutes les activités matérielles des Songhay. Depuis quelques années, cesystème s'est même assimilé la présence de l'administration française (etbritannique) en introduisant dans la mythologie une nouvelle famille de divinités,les Haouka ou génies de «la force ». Ces dieux modernes soumis à une hiérarchiedécalquée sur celle de l'armée ou de l'administration furent d'abord très mal reçuset par les anciens prêtres et par les administrateurs français. Ils triomphèrentadroitement des uns et des autres et aujourd'hui leur culte est devenu un culte trèsimportant des jeunes gens, en particulier des émigrants temporaires vers la GoldCoast.4. LA MAGIEDans toutes ces démarches, les hommes adressent un culte à des principessupérieurs par l'intermédiaire de prières, de danses ou de sacrifices. Dans lamagie, au contraire, c'est à lui-même que le magicien s'adresse un culte grâceauquel il se fait supérieur, non seulement aux autres hommes, mais aux divinitéselles-mêmes: alors il ne leur adresse plus de prières mais des ordres.Tous les prêtres de l'Islam, des Zin, des ancêtres ou des Holey, se livrent à unemagie occasionnelle : les rites qu'ils pratiquent ont une puissance propre qui leurdonne parfois de fugitifs pouvoirs. Mais ces exercices sont dangereux et seulscertains hommes qualifiés peuvent s'y livrer. Ce sont les vrais magiciens, lesSohantye.Les Sohantye sont en très petit nombre (une vingtaine de familles réparties dansquelques villages). Ce sont les descendants directs (au moins par la voiepaternelle) de Sonni Ali, du Si, du conquérant fondateur de l'empire songhay.

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Le travail des magiciens est la fabrication de charmes magiques,les korte. Unkorte, un charme au sens large, est un objet (potion, poudre, pierre...) qui confèreà celui qui le possède des propriétés surnaturelles (guérison de maladie,invulnérabilité, invisibilité, victoire aux combats, aux examens, auxélections...).Cet objet acquiert ces propriétés grâce à certaines formules prononcées sur lui,grâce surtout à certains « guides » des magiciens (anges, Zin, ancêtres, ou Holey).Ainsi la magie rejoint d'une certaine façon les autres cultes.Les ennemis des magiciens sont les sorciers voleurs d'âmes (Igarkaw) contrelesquels ils luttent sans cesse (et avec lesquels ils s'allient parfois)

LES SONGHAYet surtout les autres magiciens rivaux. Pour se défendre contreces ennemis lesmagiciens d'un même village se rassemblent et organisent parfois (une ou deuxfois par an) une « danse de magicien ». Armé d'un sabre ou d'une lance, lemagicien danse et les musiciens récitent sa devise. Au bout d'uncertain temps, ilest pris d'une crise extatique (sans rapport avec la crise des danses de possession)très brève qui développe ses facultés au maximum, lui permettant dedécouvrir lemal, de lutter contre lui et de le chasser loin du village.Quoiqu'en très petit nombre, les magiciens sohantyé (en particulier ceux duvillage de Wanzerbé, au Goruol) ont un prestige extraordinaire quidépasse leSonghay. Ces hommes sont connus jusqu'en Gold Coast; à Accra ou àKumassi,les Sohantye ont réussi à supplanter les medicinemen ashanti et à leurprendre laplus grande partie de leur clientèle. Ce succès de la magie songhay tient surtout aufait qu'elle n'est pas une science morte, sclérosée dans d'anciennes formulesincompréhensibles : les magiciens sohantyé poursuivent continuellement leursrecherches, essayent d'adapter leurs hautes connaissances à la vie moderne.

CHAPITRE VIIL'ÉVOLUTIONIl a été maintes fois parlé des conséquences de la conquête puis del'administration européenne sur le mode de vie des Songhay, en particulier sur lavie économique, sur le droit et sur les croyances. Je n'envisageraiici que ledéveloppement de l'enseignement et de l'assistance médicale(1).1) Enseignement et assistance médicaleLes écoles ont été créées peu de temps après l'occupation française dans lesprincipaux chefs-lieux. Au début, l'école française a été jugée par les Songhaycomme une corvée, au même titre que les prestations. La plupart deschefs et desnobles qui étaient tenus de fournir un certain nombre d'élèves, ontnaturellementdésigné leurs captifs. L'administration, consciente de cette erreur, obligea leschefs à envoyer à l'école leurs propres fils (dans certains territoires des écolesspécialisées de fils de chefs ont été créées). Ces hésitations initiales sont encoreperceptibles aujourd'hui, certains captifs envoyés « de force » à l'École sontdevenus les hommes les plus instruits, et tout naturellement enclins à vouloirremplacer, au Songhay, la noblesse de sang, par une nouvelle noblesse du savoir.En fait, ce déséquilibre n'a pas d'aussi graves conséquences qu'on le prévoyait :les Songhay ont été habitués depuis longtemps à voir des descendants d'esclaves,

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plus intelligents que les fils légitimes, prendre la suprématie d'une famille, et dansl'histoire les exemples de « têtes brillantes » prenant la place des « têtes à bonnet» sont très fréquents. D'autre part, les captifs instruits ont conservé, malgré tout,un très grand respect des institutions traditionnelles même si la viepolitique lesoblige à déclarer souvent le contraire, ils sont Songhay avant d'être Africains,citoyens français ou militants politiques, et fiers d'être Songhay,même s'ils nesont que des descendants de captifs.Aujourd'hui, l'école est entrée dans les habitudes. Il y a des écoles(1) Je ne parlerai pas des Missions, bien qu'il existe des missions catholiques trèsimportantes à Gao et à Niamey, et une mission de l'église réforméeaméricaine àNiamey. Ces Missions, comme toutes celles qui existent en pays islamisés, n'ontpu faire chez les Songhay qu'oeuvre de témoignage, les seuls fidèles étant lesEuropéens, les Dahoméens et Togolais expatriés.J. ROUCH 5

LES SONGHAYprimaires dans chaque centre important (la plupart des chefs-lieux de canton etdes gros marchés), et à Niamey un collège moderne (embryon d'unfutur lycée), etune école professionnelle. Seuls certains territoires très traditionalistes etexcentriques comme le Goruol, l'Anzourou et le Zermaganda sont peu pénétréspar les écoles. D'ailleurs, leurs habitants ne sont pas convaincus de la nécessité del'enseignement: effectivement, le manque d'essor économique de ces régionsferme tout débouché à d'anciens élèves.Le service médical s'est développé au Songhay d'une façon analogue. Desmédecins et des infirmiers indigènes ont été formés, des dispensaires et desinfirmeries ont été ouverts dans les principaux centres, un hôpital existe àNiamey, et des tournées médicales d'infirmiers et de médecins permettent la visitedes villages de brousse. La maladie du sommeil qui n'existait que dans le Songhaydu Sud (« W ») a été vaincue, la lèpre demeure très sporadiquement, les récentssondages radiologiques systématiques ont révélé que la tuberculose était peudéveloppée, les maladies vénériennes qui sont très développées dans les centres,ne semblent pas constituer néanmoins une grave menace (études systématiques ducentre médical de Say). Les épidémies les plus dangereuses restent celles deméningite cérébro-spinale pendant la saison sèche, de typhus et de variole, maiselles sont efficacement combattues par des vaccinations massives. En somme,chez ce peuple relativement sain, vivant dans un climat dur mais salubre,l'assistance médicale contribue surtout à diminuer la mortalité infantile(vaccination), et la population depuis cinquante ans s'est accrue considérablement,doublant et même triplant dans certaines régions (PERIE-SELLIER,no 105, p.1070).2) Le Songhay et l'avenirEst-il possible de prévoir le résultat de toute cette évolution au Songhay ? Lesfacteurs sont très contradictoires : le pays songhay est un pays pauvre, et lesréussites indubitables de l'assistance médicale n'ont pas été suiviesde réussitessemblables dans le domaine économique. On ne connaît pas encore d'industried'avenir au Songhay et l'agriculture y reste terriblement précaire: la population

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s'est développée, mais les moyens de production ne se sont pas accrusparallèlement. Les Songhay ont essayé de remédier à ce déséquilibre en créant desvillages nouveaux, en s'éparpillant et en émigrant. Comme le note ROBIN (no 31,p. 93) dans le Zerma de Dosso « tandis que la population des gros villages restestationnaire ou va en diminuant, de nouveaux petits villages se créent sans cesse àleurs dépens... la famille étendue se morcelle ». Et comme la terre est pauvre, lesjeunes gens partent travailler ailleurs, surtout en Gold Coast.L'éducation reçue dans nos écoles n'a pas apporté une solution à ces problèmes.Une nouvelle génération se forme qui remplacera tout naturellement les « commis» et autres fonctionnaires ou employés dahoméens ou togolais qui occupent lesplaces administratives ou commerciales. En admettant aussi que desSonghayremplacent bon nombre d'Euro-

L'ÉVOLUTION 67péens, par une « africanisation » indispensable des cadres, il n'y aura finalementpas beaucoup de places à prendre et, à moins d'un bouleversement économiqueinattendu, tous ces Songhay et Zerma diplômés, seront obligés euxaussi dechercher des emplois dans des régions plus favorisées, et de s'expatrier. Mais ceproblème angoissant dépasse le pays songhay, et de ce fait même,le cadre denotre étude.

CHAPITRE VIIIESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUECette bibliographie du Songhay ne saurait être évidemment complète. Ainsi n'yfigurent pas bon nombre d'ouvrages généraux sur l'Afrique Noire mentionnant leSonghay (par suite de la place privilégiée qu'occupe ce groupe dans l'histoire duSoudan, tant par l'importance passée de l'empire de Gao que parl'abondance dedocuments écrits s'y rapportant). J'ai laissé de côté également lesouvrages ayanttrait à la géographie des Anciens dont on trouvera de bonnes bibliographiescommentées dans DELAFOSSE (20) OU URVOY (2). Les ouvrages ont étéclassés par matières traitées et chronologiquement.1) Bibliographies1. JOUCLA (E). - Bibliographie de l'Afrique occidentale française, in-16, Paris,1937, ouvrage complet mais malheureusementdéjà ancien.2. URvoY (Capitaine). - Essai de bibliographie des populations du Soudan central(Niger français, nord de la Nigeria anglaise), dans Bul. du Com.d'Él. Hisi. etScient. de l'A. O. F., 1936,p. 242-243.Excellente bibliographie dressée par l'auteur au moment de la rédaction de« l'histoire des populations du Soudan central » surtout dans un buthistorique,mais complété largement (ethnologie, linguistique).On trouvera de plus dans les auteurs suivant : DELAFOSSE (20) unebibliographie très complète, en particulier du point de vue historique, URVOY(47), une bibliographie des travaux géographiques et géologiques, STRUCK(140), une

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bibliographie linguistique.2) Ouvrages générauxSont classés ici les ouvrages traitant du Songhay en général. Jen'y ai pas faitfigurer les textes des voyageurs arabes, les renseignements donnés parCLAPPERTON ou douteux (ADÀMs), ceux-ci étant plutôt du domaine del'histoire. De même n'y figurent pas les récits des premiers voyageurs n'ayant pasvisité le Songhay et n'ayant eu sur cette région que des renseignements de secondemain (CLAPPERTON) ou l'ayant traversé, mais ayant péri sans avoir putransmettre leurs notes (MUNGo PARK).

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE3. CAILLIÉ (René). - Journal d'un voyage à Tombouctou el à Jennédans l'Afrique centrale, in-8o, Paris, imp. Roy., 1830, 3 vol. et1 atlas in-4o.Premier récit du voyage d'un Européen en pays songhay; a surtout unintérêt historique. Caillié, en particulier, séjourna à Tombouctoudu 20 avril au 4mai 1828. Il put, malgré la surveillance, relever un plan de la ville, mais il n'eutguère le temps d'étudier ses habitants. Il donne quelques renseignementsintéressants sur le trafic fluvial du Niger (pirogues cousues de grande taille), surl'habitat.Il put relever un petit vocabulaire du Songhay (qu'il appelle kissour, sans doutede Kissou, nom de la région s'étendant entre Goundam et Tombouctou).4. BARTH (Dr Henry). - Travels in Africa, trad. de l'allemand, in-8o,Londres, Longman, 1857, 5 vol., 144 fig., 15 cart., 12 pl.Au cours de son extraordinaire voyage de 1849-1855, le Dr Barth traversaentièrement le Songhay par Say, Dori, Hombori, Tombouctou et revint en suivantle Niger. « Cet homme admirable a tout touché et presque tout éclairci :description géographique, histoire, ethnographie, linguistique » (URvoY, op. cit.,no 2).En particulier à Tombouctou (où il séjourna plus de six mois) il traduisit certainsmanuscrits arabes et il écrivit la première histoire du Songhay. Ses études et tableschronologiques sont une base indispensable aux études historiques. Sesobservations sur les territoires du Sud (Zerma et Dendi) sont de premier ordre,mais malheureusement vues avec une « optique » peul (c'était l'époque desguerres peul). Des renseignements de seconde main, comme ceux concernant leSonghay indépendant, Goruol, Tera, Dargol (vol. V, p. 652), sont d'une étonnanteprécision.5. LENz (Oscar). - Timbouctou, voyage au Maroc, au Sahara et auSoudan, trad. de l'allemand, in-8o, Paris, Hachette, 1887,2 vol., 36 fig., 1 fac. sim., 1 carte.En juillet 1880, Lenz séjourna trois semaines à Tombouctou. Il répète Barthet observe surtout les Maures de la ville. Son voyage fut controversé car, dans sontrajet de Tombouctou à Ras El Ma, il ne signala pas le lac Faguibine. On saitdepuis que ce lac peut être suivant les années ou rempli ou presquecomplètementà sec.6. MONTEIL (Lieut.-col.). De Saint-Louis à Tripoli par le Tchad, in-fol.,

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Paris, Hachette, 1894, 463 p., 64 fig., 14 cart., 1 cart h.-t.Pendant son voyage de 1890-1891, le commandant Monteil traversale Songhaypar Dori, Say et Dosso (partie de l'itinéraire aller de Barth). Il recueillit quelquesrenseignements sur les Zerma, qui avaient alors la mauvaise réputation de pilleursde caravanes.7. VERMEERSCH. Histoire de la mission Baud-Veermeersch, Le Dahomey1894-1895, in-8o, Paris, 1898.8. TOUTÉE (Cdt). Dahomé, Niger, Touareg (récits de voyages, in-12,Paris, Colin, 1897, 370 p., 1 carte h.-t.En 1895, d'avril à juillet, le commandant Toutée, après avoir fondé lepostede Bajibo sur le Niger (en aval des rapides de Boussa), remonta le Niger enpirogue jusqu'à Sinder, au-dessus de Tillabéry. Après quelquescombats avec lesTouareg (que Hourst, avec un certain parti pris, prétend n'avoir été que desKourtey), il redescendit à son point de départ. C'était la première fois, depuisMungo Park, que l'ancien Dendi était visité par la voie fluviale. Ce livre est avanttout un récit de cette expédition, mais on y trouve des renseignements intéressants(soumission des Kourtey aux Touareg, navigation...). De plus, c'est l'un des rareslivres du genre écrits avec sincérité (par exemple Toutée est le seul auteur àdécrire lesrapides du Niger sans emphase).

70 LES SONGHAY9. ID. Du Dahomé au Sahara (La nature et l'homme), in-12, Paris, Colin, 1899,272 p., 9 fig.Complément du précédent, notes relevées aux étapes sur la géographie etl'ethnographie des territoires traversés ; renseignements intéressants sur l'habitat,la pêche, la navigation en pirogue et la guerre indigène.10. DuBois (Félix). Tombouctou la Mystérieuse, in-8o, Paris, Le Figaro,1897, 420 p., 151 fig., 11 cartes.Félix Dubois, journaliste du Figaro, visita le Songhay de l'Ouest, juste aprèsla pacification française. Dubois savait observer, rechercher le contact avec lesindigènes; il prit connaissance à Tombouctou de chroniques écrites. Son livre, destyle fort agréable, eut un certain retentissement : « Les Songhayétaient desdescendants des Nubiens du Nil. » Cette thèse, en fait, était surtout étayée parl'aspect physique de certains Songhay et surtout par l'architecture de Djenné (quin'est pas une ville songhay). En ne s'attachant pas à ces hypothèses, on trouvemalgré tout bon nombre de notes intéressant l'histoire, la vie économiqueet sociale.11. LEMAIRE (Lieut.-col.). Le Songhoï, dans Le mouvement géographique,Bruxelles, 6 déc. 1896.Compte rendu résumé du livre de Dubois, ses hypothèses de l'origine égyptiennedes Songhay sont comparées à celles de Barth.12. FORSTER (Brix). Die Songhay, dans Globus (LXXI), 1897, p. 193-195.Article semblable au précédent. Les hypothèses de Barth et de Duboisne secontredisent pas mais se complètent.13. HoURST (Lieut. de vaisseau). La Mission Hoursi, in-8o, Paris, Plon,

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1897 (sur le Niger et au pays des Touareg), 481 p., 190 fig.,1 carte.Journal de route de la descente du Niger en chalands de Koulikoro à lamerau début de 1896. Hourst, accompagné de trois officiers et du P, Hacquard,interprète de Songhay, quittait Tombouctou avec trois chalands. Ils arrivaient àSay en avril, y séjournaient pendant l'hivernage et, en septembre,repartaient versla mer. Par suite de l'hostilité des Touareg, la mission n'eut pourainsi dire aucuncontact avec les riverains jusqu'à Tillabéry. A Say, il en fut de même par suite desintrigues peul. Malgré une suffisance dans le ton du récit, on trouve certainsdocuments, surtout historiques, sur le Songhay d'Ayorou et les Zerma deSay.14. HACQUARD (Mgr A.). Monographie de Tombouctou, in-16, Paris,Sté et col. Mar., 1900, 119 p., 16 fig., 4 cart., 1 cart. h.-t.Malgré son aspect de livre de vulgarisation, ce petit livre est lapremièremonographie systématique d'une agglomération du Songhay. Malheureusement,Tombouctou n'ayant pas d'unité ethnique, les renseignements concernent desgroupes de population très divers.15. A. T (sans doute Auguste TERRIER). Le pays de Zaberma, dansBul. Com. Air. Franç. Rens. Col., 1901, p. 25-32, 1 carte h.-t.Première monographie détaillée du pays zerma (cercle de Dosso)établie aumoment où le nouveau territoire militaire (Niger français actuel) était créé etconfié au colonel Peroz (Dosso avait été occupé le 19 novembre 1898 par lelieutenant Laussu). Situation géographique, situation ethnique (quelquesconfusions entre le Dendi et le Gando), situation historique (précisions trèsintéressantes sur les guerres poules et sur la conquête européenne). Situationéconomique.Confirme le colonel Monteil sur l'état économique lamentable du Zerma ànotrearrivée par suite des guerres et de la « paresse des habitants »; aucun commerceextérieur sauf « le brigandage ».

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE16. MONTEIL (Charles). Monographie de Djenné, in-8o, Tulle, Mazeyrie,1902, 360 p., 5 fig., 2 pl., 2 cartes.Ce livre classique est un modèle du genre. Il contient des renseignementsd'une extrême précision sur la géographie, la démographie, la langue, lesreligions, la vie économique et sociale, l'histoire générale etparticulière de chaquecanton.Monteil fait ressortir que Djenné n'est plus une ville songhay (3 famillesseulement), mais une ville cosmopolite de langue songhay.i7- DESPLAGNES (Lieut. Louis). Le plateau central nigérien, in-8o, Paris,Larose, 1907, 504 p., 236 fig., 1 carte.Étude d'ensemble du nord de la boucle du Niger, la plus complète depuis lestravaux de Barth. La tentative de synthèse de l'ouvrage (dont lesbaseslinguistiques sont aussi discutables que l'origine égyptienne supposée desSonghay) rend l'ensemble assez confus : il est souvent difficile d'y retrouver lesobservations originales, parfois de premier ordre (archéologie, préhistoire,

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chansons légendaires de Faran Maka Bote, ancêtre des pêcheurssorko). Ce livre aété très décrié et peut-être injustement. A mon avis, Desplagnes a approché etmanié maladroitement certaines connaissances profondes du plushaut intérêt.18. SALVY (Lieut.). La région de Ras el Ma, dans La géographie (XXII),Paris, 1910, p. 397-408, 2 cartes.Note monographique sur la région des lacs. Quelques renseignementsdémographiques et économiques, mais surtout géographiques, en particulier surles extrêmes variations des crues du lac Faguibine (ce lac en 1897 atteignait Basel Ma, en 1910 en approchait de 30 kilomètres seulement, entraînant ledesséchement detoute la région).19. DELAFOSSE (Maurice). Hau-Sénégal-Niger, in-8°, Paris, Larose,1912, 3 vol., 80 fig., 22 cartes.&Ouvrage magnifique » (URvoy), classique et unique en son genre, base detoutes les études africaines quoique intéressant surtout le Soudan occidental (leSonghay de l'Est ne faisant pas partie de la colonie du Haut-Sénégal-Niger, maisdes territoires militaires). Le Songhay occupe une place prédominante dans cetouvrage, surtout au point de vue historique. Delafosse fait la première synthèsesystématique des documents historiques et des traditions orales, et, malgré leserreurs inhérentes à ce genre de travail, son livre reste l'indispensable auxiliairedes études historiques (t. I et I). Son étude du tome III : Les civilisationsn'intéresse pas directement les Songhay dont Delafosse ne connaissait queTombouctou.La bibliographie terminale est également essentielle.20. FROBENIUS (Leo). Und Afrika Sprach, in-4O, Berlin, Vita, 1912,3 vol., 285 fig., 4 cartes.Autre essai de synthèse mais réalisé dans un esprit très différent, celui d'unevéritable synthèse africaine. Les informations sur les Songhay proviennent de lamission que Frobenius y dirigea en 1904-1907, et qui séjourna en particulier àMopti, Tombouctou et Hombori. Au milieu d'un fouillis de renseignements, notestrès intéressantes (mais malheureusement sans indication d'origine) sur les dansesde possession et les traditions « faran maka bote » des pêcheurs sorko.21. DUPUIS-YAKOUBA (A.). Note sur la population de Tombouctou(castes et associations), dans Rev. d'Ethno. et de Socio., Paris,1910, p. 233-236.22. ID. Principales circonstances de la vie d'un Tombouctien, dansBev. d'Ethno. et de Socio., Paris, 1913, p. 100-104.

LES SONGHAY23. ID. Note sur Tombouctou (vie journalière, habillement, mobilier, etc.), dansRev. d'Elhno. et de Socio., Paris, 1914, p. 248263, 11 fig.L'ensemble de ces articles forme une sorte de monographie de Tombouctou.DUPUIS-YAKOUBA complète le travail de son ancien compagnon Hacquard.Connaissant parfaitement la langue, adopté par les gens de Tombouctou, il futsans doute l'Européen qui pénétra le plus profondément le milieu songhay. Cesnotes sont d'un intérêt particulier pour l'étude des Songhay.Il est simplement

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dommage que l'auteur se soit limité à l'étude de Tombouctou, ville tropcosmopolite.24. COUTOULY (F- DE). Les populations du cercle de Dor, dans Bul.Com. Scient. Hist. d'A. O. F., 1923, p. 269-301,471-496, 638-671.Monographie du cercle de Dor en 1921 qui s'étendait alors jusqu'au Niger,comprenant les cantons songhay de Dargol, Téra, Kokoro et Goruol (le « vrai BSonghay avec l'Ayorou et l'Anzourou). Les Songhay y sont étudiés à côté desKoromba, Peul et Touareg. Malgré un certain parti pris (suivant l'auteur, lesSonghay sont veules, chicaniers, faibles, licencieux, mais bons agriculteurs),renseignements précis sur la démographie et sur la vie sociale (chansons songhaycitées et traduites approximativement).25. PERRON (Michel). Le pays dendi, dans Bul. Com. Scientifique,Hist. d'A. O. F., 1924, p. 51-83.Partie fort intéressante d'une monographie de la subdivision de Gaya en 1917(section ethnographique et historique, la section économique n'ayant pas étépubliée) et de la subdivision de Guène (Dahomey) alors commandée par lelégendaire Moretti, formant la rive droite et la rive gauche du « paysdendi ».Description de la verdoyante vallée du Niger et de la vallée du Fogha (mines desel).Répartition ethnique : Songhay, Zerma, Tyenga, Haoussa, Peuls... Les Songhaysont considérés comme « très intelligents », très gais, mais très paresseux,indisciplinés et musulmans fort tièdes. Histoire de la migration des Songhay-Dendi, de l'organisation du Dendi de la féodalité à l'anarchie, et de la conquête(Le Denditiraillé entre l'Angleterre et la France puis entre trois colonies françaises).26. PEFONTAN (Capitaine). Les Armas, dans Bul. Com. Scient. Hist.de l'A. O. F., 1926, p. 153-179, 1 carte.Monographie des Arma du nord de la boucle du Niger, descendants desconquérants marocains du xvie siècle. Situation historique et géographique (cartede l'itinéraire de la colonne de Djouder, vie sociale et religieuse. Lesdescendantsdes guerriers marocains exercent exclusivement le métier de cordonnier. L'auteurregrette que ce groupe ethnique soit en voie de disparition car « avec eux, lacivilisation dans le monde noir avait fait un grand pas » (voir l'auteursuivant).27. MOURGUES. Le Moyen Niger et sa boucle dans la région de Tombouctou,dans Bul. Com. Afrique franç., p. 351-367, 425-436,489-499, 564-568, 623-635, 685-694, 16 fig., 2 cartes.Série de 6 articles formant une monographie très complète du Songhay duNord (ancien Songhay occupé par les Marocains). Renseignementsarchéologiques et historiques de premier ordre dont beaucoup semblent êtrepassés inaperçus.Hypothèse intéressante de la ruine de cette partie du Songhay jadis trèsflorissantepar suite de la conquête des Marocains incapables d'exploiter leursvictoires.Mourgues est le premier à signaler la puissance d'absorption desSonghay quiassimilent successivement toutes les influences étrangères. Il note, également, lepremier, la grande différence entre les Songhay du Nord-Ouest,veules et sanscaractère (Songhay occupé) et ceux du Sud-Est, fiers et intacts (les vrais Songhay

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de l'ancien Dendi). Les renseignements sur la vie économique et sur l'évolutionpossible de celle-ci sont également de grande valeur. Une réédition de ces noteséparses et peu accessibles serait nécessaire.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE28. ABADIE (Col.). La colonie du Niger, in-8O, Paris, Éd. Géo. Mar.Col., 1927, 466 p., front., 44 pl., carte h.-t.Étude de l'ensemble de la colonie (Songhay, Zerma, Haoussa, nomades...),renseignements historiques et ethnographiques provenant des monographiesinédites de cercles et subdivisions. Renseignements intéressantssur la viereligieuse, Abadie signale le premier l'existence de danses de possession chez lesSonghay-Zerma et donne une liste de génies.29. MONTEIL (Charles). Une cité soudanaise, Djenné, in-8O, Paris, Éd.Géo. Mar. Col., 1932, 301 p., 3 pl., 2 cartes.Nouvelle édition allégée et complétée de la célèbre « Monographie de 1902 »(no 17). Situation géographique, historique, ethnique, religieuse, sociale,économique, de cette ville cosmopolite de langue songhay. Renseignements trèsintéressants sur la pêche et sur les marchés. Conclusions très sages sur l'aveniréconomique de la région, nécessitant beaucoup de prudence (d'autant plusméritoirequ'à cette époque commençait la fièvre de l'Office du Niger).30. ARDANT DU PICQ (Col.). Une population africaine, les Dyermas,in-8o, Paris, Larose, 1933 (paru également dans Bul. Com.Hist. Scient., 1931), 76 p., 1 fig., 25 pl., 1 carte h.-t.Travail formé par des notes prises à Dosso en 1905-1906. Renseignementshistoriques fort intéressants, basés en particulier sur les traditions orales desZermakoy de Dosso. La migration de l'Ouest vers l'Est des Zerma décrite parArdant du Picq d'après ces traditions est devenue presque légendaire dans lestravaux historiques ultérieurs. En fait, les recherches récentes ont montré que cettemigration était complexe et que son étude demandait beaucoup plus de documentsque n'en disposait Ardant du Picq (travaux de l'administrateur Groset du capitaineDutel en cours). Les renseignements ethnologiques sont aussi fort intéressants, cesont les seuls, à peu de chose près, que l'on possède sur les Zerma: démographie,répartition ethnique, vie sociale (la vie religieuse n'est pas traitée).31. ROBIN (J.). Description de la province de Dosso, dans Bul.I. F A. N., 1947, p. 56-98, 4 pl., 1 carte.L'auteur fut administrateur à Dosso en 1933. La province de Dosso crééeen 1926 comportait la subdivision de Gaya et de Dogon-Doutchi, c'est-à-dire lazone imitée par le Dallol Bosso, le Dallol Maouri et le Niger. Son travail est uneintéressante monographie où se trouvent des renseignements surl'histoire (quereprennent Urvoy et Ardant du Picq) et surtout sur l'organisation sociale (analysede la chefferie de Dosso dont les dignitaires portent presque tousdes nomshaoussa), sur la vie religieuse (signale des interdits et la danse de possession chezles Zerma) et sur la vie économique (étude des marchés et première mention desmigrations des Zerma en Gold Coast.32. LECA (N.). Les Zerma (à paraître).

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L'auteur, qui fut administrateur durant de longues années au Niger et quiconnaît le mieux aujourd'hui la langue zerma, a préparé depuis longtemps unouvrage sur cette population. Il est regrettable que ce travail essentiel n'ait pasencore paru.33. CROS (Pierre). Les Kado de L'Anzourou (à paraître).Monographie très complète du canton songhay de l'Anzourou, seul cantonayant résisté aux envahisseurs. J'y ai pris de très nombreux renseignementsdémographiques, historiques et économiques.34. StRÉ DE RIVIÈRE (Edmond). Le Niger, in-8o, Paris, S. E. G. M. C.,1952, 94 p., 8 pl., 4 cartes.Étude générale du territoire du Niger français. L'auteur, ancien chef dubureau politique à Niamey, n'a pu utiliser, par suite du cadre étriqué qui lui était

LES SONGHAYimposé, la plupart de ses connaissances. Il s'ensuit une sorte de catalogues d'élé-'ments qu'on aurait souhaité trouver développés en détail, d'autant plus que le sujetmanque d'unité réelle: le territoire du Niger n'a d'unité que dans l'administratif(d'où le privilège donné par l'auteur au « politique »). C'est cependant un excellentouvrage de prise de contact, indispensable aux fonctionnaires, administrateurs ouvoyageurs, le premier essai de « manuel » du Niger, comparable aux « hand books» que les Anglais publient depuis bien longtemps. Il reste à souhaiter que l'auteurpuisse dans d'autres publications développer certaines études àpeine esquisséesici. (J'y ai pris certains renseignements démographiques et économiques.)Ajoutons à ces travaux intéressant particulièrement les Songhay certains ouvragesgénéraux sur l'Afrique Noire, qui les mentionnent avec plus ou moins grandbonheur :DELAVIGNETTE (Robert). Afrique Occidentale française, Paris, 1931 (« LesSonghay qui parviendraient des régions du Nil »...). - WEULERSSE (J.).L'Afrique Noire, Paris, 1934 (« Les Songhay qui sont des Mandingues... »). -BAUMANN et WESTERMANN, Les peuples et civilisations de l'Afrique (LesSonghay y sont classés dans le cercle de la Volta avec les Mossi et les Dogon et,en dehors de l'aperçu historique classique, n'ont droit à aucunemention dans larevue des civilisations), etc. Mettons de côté RICHARD-MOLLARD (Jacques).Afrique Occidentale française, 1949, qui est sans doute le meilleur essai récent desynthèse sur les milieux naturels, historiques et ethniques d'A. O. F. et AfriqueOccidentale française (Encyclopédie coloniale et maritime), 1949, où se trouventécrits par un ensemble de spécialistes une série d'articles sur la géographie,l'histoire et la préhistoire, les civilisations, la vie économique moderne.3) GéographieOn trouvera une bibliographie géographique spécialisée (139 vol.) dans URVOY(no 47). On trouve d'autre part des renseignements géographiques dans presquetous les ouvrages cités précédemment. Je ne mentionnerai ici que ceux traitantplus spécialement du pays songhay.35. BussoN (Henri). Le régime du Niger dans Annales de Géographie(IV), Paris, 1895, p. 202-209.Étude générale du fleuve de sa source à la mer. Premières hypothèses sur la

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propagation des crues. Bonne théorie sur la crue retardée par leslacs dans le Nordde la boucle. Par contre, hypothèses hasardeuses sur les crues atténuées du BasNiger par suite du manque d'observations entre Tombouctou et Jebba.36. ToUTÉE (Cdt). Principaux résultats géographiques de la MissionToutée, dans Annales de Géographie (VI), Paris, 1897, p. 133146,1 carte h.-t.Note sur les travaux de la mission, en particulier sur le régime du fleuvemoyen Niger. Toutée fait le premier remarquer la double influence de la crueatténuée venue du Haut Niger et de la crue irrégulière due aux précipitationslocales. Navigabilité et fertilité des rives du pays dendi (« une petiteÉgypte »).

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE37. LENFANT (Capitaine). Exploration hydrographique du Niger, dansBul. Géo. Hisi. Des. (XVIII), Paris, 1903, p. 25-134, 32 fig.Le capitaine Lenfant ravitailla en 1901-1902 le Niger français par uneflottille de chalands navigant sur le Bas Niger àf travers les rapides de Boussa.Il y fit une très complète étude hydrographique (confirmant Toutée)des régimesdes crues du Moyen Niger, et de la navigation par pirogues et chalands.38. VILLATTE (Lieut.). Le régime des eaux dans la région lacustre deGoundam dans La Géographie (XV), Paris, 1907, p. 253-260,1 fig., 1 carte.Observations faites par le commandant du cercle de Goundam en 1905,faisant ressortir que l'alimentation du réseau lacustre du lac Faguibine dépendaitdu seuil de Dongai situé au niveau des moyennes eaux du Niger. Parsuite, toutela région est soumise à des séries prolongées de desséchements et d'inondationssuivant l'importance des crues du Niger, elles-mêmes extrêmement variables.39. CHUDEAU (R.). Le bassin du Moyen Niger, dans La Géographie(XXI), Paris, 1910, p. 389-408, 1 carte.Étude du nord de la boucle et du Gourma. Complément ethnographique surla région de Hombori.(Voir également de cet auteur les études strictement géographiquesougéologiques dont on trouvera une liste dans URvoY.)40. MARC (Lieut. Lucien). La région de Dori, dans La Géographie (XXII),Paris, 1910, p. 247-251, 1 carte.Notes géographiques et archéologiques après un voyage de quatre mois dansle cercle de Dori.41. GIRONCOURT (Georges DE). Géographie du sommet de la boucle duNiger, géographie physique et botanique, dans Missions de Gironcouri, in-8O,Paris, St6 Géogr., 1920, p. 43-62, 9 fig.,1 carte h.-t.Étude géographique du Gourma septentrional, de la « zone des mares »comprise entre la Boucle du Niger et Hombori. Renseignementsintéressants surla flore.42. ID. Herbiers (1908-1909) se rapportant principalement à larégiondes mares (sommet de la boucle du Niger) et au Haut Dahomey (10eparallèle),dans Missions de Gironcouri, grand in-80, Paris,

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St Géogr., 1920, p. 197-259, 24 fig., 1 carte.Déterminations faites par le Pr Eugler, d'après plus de cent échantillons.Noms songhay.43. URvoY (Yves). La Mékrou et le double-V, dans Bul. Com. Air.franç. Rens. col., 1929, p. 135-140, 1 fig., 4 cartes.Étude du zig-zag du Niger et de son affluent, la Mékrou, dans la région ditedu « W ». Renseignements ethnographiques et archéologiques intéressants (enparticulier sur les ruines de constructions en pierres).44. FROLOW (V.). Le Niger Moyen. Élude polamologique, Paris, 1934,164 p., 132 fig.Cette thèse de Frolow, qui étudia le fleuve pour le compte de l'Office duNiger,apporte surtout des éléments d'étude des crues du Niger. L'auteur présente unessai de prévisions de cycles de crues.

LES SONGHAY45. AUBRaVILLE (A.). Les forêts de la colonie du Niger (Extrait d'unrapport de mission au Niger et au Nigeria), dans Bul. Com.Hist. Scient. A. 0. F., 1936, p. 1-95, 7 pl., 1 cart., 1 carte h.-t.Cet essai, très complet, contient une analyse climatique précise, une esquissepédologique, et une étude détaillée des peuplements forestiers du territoire duNiger, avec les noms indigènes (c'est un lexique indispensable auxétudesethnographiques). Étude du dessèchement et de la dégradation (naturelle oucausée par l'homme) des arbres : l'assèchement inéluctable neserait pas menaçantsil'homme ne rompait un équilibre instable (rôle néfaste des nomades).46. FROLOW (S.). Note sur le climat de Niamey dans Bul. Com. Hist.Scient. A. O. F., 1936, p. 150-187, 8 pl.Résultats des observations faites à Niamey, en 1933, par un ingénieurmétéorologiste. Le climat de Niamey, quoique un peu au sud du centregéographique du pays songhay, peut être considéré comme le « climat moyensonghay ». Il est « sahélien sec et froid, chaud et humide »... « unmauvais climat». Examen détaillé des différents facteurs météorologiques . température,humidité, pression, vents,perturbations..., nombreux graphiques.47- URvoY (Y.). Les bassins du Niger, in-4° carré, Mem. I. F A. N.,Paris, Larose, 1942, 132 p., 36 fig., 6 pl., 4 cartes.Étude géologique et géographique du Niger entre Kouroussa et laNigeriabritannique. Certaines hypothèses d'Urvoy sont discutables, mais son livre resteune synthèse fort bien faite des travaux ultérieurs. Il traite en particulier, inextenso, et avec beaucoup de détails, de la géographie du pays songhay(nombreux blocs diagrammes fort précis). En fin de volume, bibliographiegéographique deplus de 100 ouvrages.4) Préhistoire, archéologieOn trouvera des bibliographies « préhistoire » dans48. LAFORGUE (P.). Note bibliographique sur la préhistoire de l'Ouest

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africain, dans Bul. Com. Hist. Scient. A. O. F., 1936, p. 113-130.L'auteur avait publié dans le même Bulletin en 1925, une première bibliographie(état actuel de nos connaissances sur la préhistoire de l'Afrique occidentale).C'est une refonte de ce premier travail qu'il présente. Plus de 200 volumes sontcités.49. MAUNY (Raymond). La préhistoire dans Afrique Occidentale française,Ency., Col. Mar., Paris, 1949, p. 23-34, 5 fig., 1 carte.Abondante bibliographie en annexe.Dans les ouvrages généraux déjà cités, on trouvera des renseignements sur lapréhistoire et l'archéologie. Signalons particulièrement : DuBoIs (no 10) ;DESPLAGNES (nO 17) ; DELAFOSSE (no 19) ; MOURGUES (no 27) ; MARC(no 40).50. DESPLAGNES. Étude des tumuli du Killi, dans Anthr., XIV, Paris,1903, p. 151-172, 37 fig.Résultats de fouilles effectuées par Desplagnes en 1896 et 1901 dans la régionde Goundam. Mise à jour d'un important mobilier funéraire, dont certainesstatuettes zoomorphes uniques à l'heure actuelle. L'auteur suppose qu'il s'agit de latombe de chefs songhay, enterrés suivant le procédé décrit par les voyageursarabes du moyen âge.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE51. ID., Fouilles du tumulus d'El Oualadji (Soudan), dans Bul.I. F A. N., 1949, p. 1159-1173, Il fig. dont 1 carte.Fouilles effectuées en 1904 à El Oualadji, sur les bords du Niger.Chambrefunéraire écroulée. Mobilier funéraire moins riche qu'aux précédentes fouilles(poteries, figurines de terre cuite, fers de lance, flèches, harpons). Il s'agirait dela tombe d'un chef militaire et de son écuyer.52. GIRONCOURT (Georges DE). Les inscriptions lithiques du Niger etde l'Adrar, dans Bul. Sec. Géo. Min. Inst. Publ., Paris, 1914, et dans Missions deGironcourt, grand in-8°, Paris, Soc. Géo.,1920, p. 293-251, Il fig., 18 pl. dont 1 carte.53. ID. La nécropole de Bentia (inscriptions et traditions) dans C. R.Sc. Ac. Insc. Bel. Let., Paris, 1911, et dans Missions de Gironcourt, grand in-8°,Paris, Soc. Géo., 1920, p. 31-39,2 fig., 1 carte.Description de 68 sites funéraires entre Tombouctou et Labbezenga, et enparticulier de Bentia (déjà signalé par Desplagnes). Plan de la nécropole et deconstructions que l'auteur suppose être les ruines de la ville de Koukya. Traditionsorales des Echahabas qui auraient islamisé le Niger.54. VAN BERCHEM, Notes sur les inscriptions lithiques rapportées parla mission de Gironcourt, dans C. R. Acad. Insc. Bel. Let., et dansMissions deGironcourl, grand in-8°, Paris, Soc. Géo.,1920, p. 355-356.Note très brève sur le premier examen des estampages des stèles de Bentia.Date la plus ancienne 504 de l'Hégire.55. DuPuIS-YAXouBÂ. Les ruines dites de Bokar et de Kama dans larégion de Bankor (cercle de Goundam), dans Bul. Com. Hist.

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Scient. A. O. F., 1922, p. 400-406, 4 fig., 1 pl.Site fortifié dans les collines de grès du nord-est du lac Faguibine.Constructionsen terrasses, murettes de pierres et murs de soutènement, pierre gravée, citernecreusée. Ouvrages attribués aux « hommes d'avant » qui étaient desgéants.56. SADOUX. Sur l'emplacement présumé de la Casbah marocaine deKoulen (ou Koulani) (1591-1593), dans But. Com. Hist. Scient.A. O. F., 1922, p. 585-589, 1 carte.Site dit de boro kul nya (« la mère de tous les hommes » en songhay) situé àl'entrée du « W ». Les quelques fouilles effectuées n'ont révélé que des poteriesarchaïques. Cependant, l'auteur en conclut à la probabilité des vestiges d'un fortmarocain (un grand nombre de constructions semblables ont été découvertesdepuis dans la région ou ailleurs, et qu'on ne peut attribuer aux Marocains).57. LAFORGUE (Pierre). Objets anciens de la région de Gao, dans Bul.Com. Hist. Scient. A. O. F., 1923, p. 238-250, 2 fig., 2 pl.Outillage néolithique (surtout des pointes de flèche) dont les ateliers abondentdans la région de Gao.58. ID. Industrie néolithique dans la région de Gao (Soudan français),dans Bul. Soc. Préh. fran., XX, 1923, p. 117-118.Objets collectés par le capitaine Cohade à Gao.

LES SONGHAY59. MAkS (Dr E.). Note sur les pierres taillées et gravées, sur les pierresalignées et sur une muraille de pierres en ruines situées près du village deTondidaro (Soudan français), dans Bul. Com. Hist.Scient. A. 0. F., 1924, p. 223-238, 4 pl.Description du célèbre site de Tondidarou et de ses pierres gravées (sexesféminins et masculins). Alignements de pierres en lignes sinueusesou ovales.Haute muraille formant un rectangle de 80 m. sur 60 m. L'auteur considère queces travaux n'ont pas pu être exécutés par des Noirs (aucune tradition orale n'a étérecueillie).60. CLÉRISSE (Henry). Les gisements de Tondidaro (Soudan français)et les tumuli échelonnés le long du Niger de Niafunké au lac Débo (Résumé) dansIns. Inl. Anthr., 5e session, Paris, 1931,p. 273-278, 6 fig.Note sur les pierres du site précédent (rapprochées par le Dr Rivet de pierreslevées d'Abbyssinie), sur les tumuli des bords du Niger dans la régionlacustre, etsur certaines pierres à cupules dont les dessins seraient « l'écriture des hommesd'avant » d'après les traditions indigènes.61. MONOD (Th.). Une découverte au Soudan, dans Not. Air., no 2,Dakar, 1940, p. 2.Bref communiqué annonçant la découverte de stèles funérairesà Gao.62. ID. Découvertes archéologiques à Gao, dans Nol. Afr., no 9, Dakar,1941, p. 9-10.Découverte faite en 1939, par le gouverneur Chambon, des stèlesde Sané, àquelques kilomètres de Gao, description de la nécropole construiteen briques

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cuites.63. ID. Encore les stèles de Gao, dans Nol. Afrie., no 12, Dakar, 1941,p. 2.Les premiers examens des stèles révèle qu'il s'agit de gravures de styleandalou.64. AVINEN (P.). Poteries anciennes de la région de Goundam, dansNo. Afr., no 13, Dakar, 1942, p. 5-8, 2 pl.Poteries mises à jour par les Bella qui fouillent superficiellement les tumulide la région de Goundam, dans l'espoir d'y trouver un trésor. Poteries anciennesdont la facture est complètement perdue.65. LHOTE (Henri). Découverte d'un atelier de perles néolithiques dansla région de Gao, dans Bu!. Soc. Préh. franç., XXXIL et XL, 1942-43 (1942), p.277-292, 10 pl. dont 1 carte ; (1943), p. 24-35.Découverte en juillet 1939 d'un atelier de perles de quartz, situé au nord deGao, sur les bords du Tilemsi. Un outillage complet a pu être collecté. Grâce à lui,l'auteur a pu reconstituer les techniques de fabrication.66. ROUCH, SAuvY, PONTY Pierres chantantes d'Ayorou (Niger),dans No. Afric., no 20, Dakar, 1947, p. 4-6, 1 fig.Pierres chantantes, à cupules, dans l'Archipel de Tillabéry.67. ROUCH (Jean). Les gravures rupestres de Kourki, dans Bul.I. F A. N., 1949, p. 340-353, 1 carte, 6 pl.Gravures sur blocs de granit, à Kourki (sub. de Téra). Reproductions decertaines d'entre elles (cavaliers aux hautes coiffures). La tradition orale lesattribue aux « hommes d'avant », elles ont été introduites dans le mythe songhay.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE68. MAUNY (R.). État actuel de nos connaissances sur la préhistoiredu Niger, dans Bul. I. F- A. N., 1949, p. 141-158, 5 fig., 1 carte.Traite du pays songhay, mais surtout des territoires de l'Est, payshaoussaet nomades. C'est en région saharienne qu'ont été faites les plusimportantesdécouvertes. Cette note fait apparaître les grandes lacunes de nos connaissances,et l'auteur pose les principales questions à résoudre.69. SAUVAGET (J.). Les épitaphes royales de Gao, dans Bul. I. F A.N.,1950, p. 418-440, 6 pl.Traduction de 10 stèles découvertes en 1939 à Sané près de Gao (voir nos 62et 64). Les stèles sont datées des xi et xiiie siècles. Leur graphie est espagnolecaractéristique. Les inscriptions concernent des Malik (chefs)que l'auteur supposeavoir été des chefs locaux, fraîchement convertis à l'Islam (alorsen pleine périodealmoravide).70. MAUNY (R.). La tour de la mosquée de l'Askya Mohammed à Gao,dans Nol. A/ric., no 47, Dakar, 1950, p. 66-67, 1 fig.Description du tombeau de l'Askya dans son état actuel. Comparaisonavecla description faite par Barth.71. PEDRALS (Dr P DE). Archéologie de l'Afrique Noire, in-8O, Paris,Payot, 1950, 233 p., 68 fig.Il est parfois possible de tirer certains renseignements de ce livreconfus et

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prétentieux (du mauvais Frobenius). L'auteur manipule des faits souvent inexacts,les rapproche, etc. Les Songhay sont entrevus à travers Desplagnes, Maès,Gironcourt (ce dernier abondamment cité mais oublié dans la bibliographieterminale).Retenons simplement la description du site de l'ancienne mosquée de Gao (d'aprèsl'administrateur Michel) et l'attention attirée avec raison sur les manuscrits nontraduits des missions Gironcourt.72. MAUNY (R.). Note d'archéologie au sujet de Gao, dans Bul.I. F A. N., 1951, p. 837-852, 6 fig.Étude systématique de l'ancienne capitale songhay. L'auteur pense avoirdéterminé l'emplacement de l'ancienne mosquée édifiée en 1324 par KankanMoussa, chef du Mail. Les bases de cet édifice sont encore visibles.5) listoireOn trouvera des études historiques importantes dans les auteurs déjà cités :BARTH (no 4) base indispensable ; DuBOIS (no 10) ; A. T. (no 15);DESPLAGNES (no 17); DELAFOSSE (no 19) qui demeure le classique del'histoire des Songhay; PEFONTAN (n0 26) ; MOURGUES (no 27) ARDANTDU PICQ (nO 30) ; ROBIN (nO 31) ; GIRONCOURT (nos 52-53).Signalons à nouveau l'excellente bibliographie historique de URvOY (no 2), oùj'ai largement puisé.DESCRIPTIONS DE VOYAGEURS ARABES73. MAUNY (R.). L'Ouest africain chez les géographes arabes duMoyen Age, dans C. R., Ire Conf. Int. Afr. Ouest, Dakar,I. F- A. N., 1951, t. I, p. 503-508.Étude minutieuse, par le spécialiste de la question, des textes des géographesarabes, qui dès le vile siècle poussèrent des reconnaissances auSoudan, à traversle Sahara. L'auteur a classé chronologiquement ces géographeset donne unaperçu de leurs écrits.

80 LES SONGHAYIXe siècleAL KWARIZMI signale les villes de Ghana et de Kounkou (sans doute Koukya).YAKOUBI (L'histoire universelle) rapporte l'histoire de royaumes du Soudan,parmi lesquels il cite Kawkaw (sans doute Koukya ou Gao).Xe siècleSiècle des grands géographes iraniens ou irakiens, dont le plus célèbre est :74. IBN HAUKAL, Description de l'Afrique (969), trad. MAC GUCKINDE SLANE, in-8o, Paris, Journal Asiat. 1842 44 p.Cet Iranien parcourut le Sahara et atteignit Aoudaghost. Il placeles capitales duSoudan les unes par rapport aux autres. Gao est simplement mentionné.XIe siècle75. EL BEKRI (Abou Ouhaïd Abd Allah). Description de l'AfriqueSeptentrionale (1067), trad. DE SLANE, in-8o, Paris, Imp. Impér.1859.Ce géographe andalou ne vint pas en Afrique, mais il eut pour informateurs

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des commerçants du Moghreb qui parcouraient les pistes soudanaises. A cetteépoque, l'empire de Ghana est florissant, l'aventure almoravide commence, leMali (Malel) est en formation et son chef vient d'être converti à l'Islam. Gao estmentionné comme étape sur les itinéraires de Ghadamès, Tadmekka, et sur unitinéraire Sénégal, Ghana, Gao. El Bekri nous décrit la ville séparée en deuxquartiers (musulmans et infidèles) et l'étiquette de la cour, dontle roi portait letitre de kanda (reprise ensuite par le chef du Kebbi).XIIe siècle76. IDRISI (Al) (ou Edrisi). Description de l'Afrique et de l'Espagne(1150), trad. Dozy et GOEJE, in-4O, Leyde, E. J. Brill, 1866, XXIII, 266 p., trad.Glossaire, 267-391, texte arabe, 242 p.Écrit un siècle après Bekri, alors que les Almoravides ont bouleversé le Soudan,les sources d'Idrisi, géographe compilateur, ne sont pas très sûres. Il place lesvilles et les peuples (dont les noms sont souvent exacts) un peu au hasard, et sesrenseignements fourmillent d'erreurs. Le Songhay est représenté par sa capitaleKawkaw (Gao) située sur les rives d'un fleuve intérieur du Sahara.(Voir à sonsujet MONTEIL (lieut.), L'oeuvre d'Idrisi, Bul. I. F. A. N., 1939,p. 838-857, etPALMER, The central Sahara and Sudan in the Twelfth Century, Jour. afr. soc.,XXVIII,1928-1929, p. 368-378.)XIIIe siècle77 YAKOUT. Jacut's Geographische Woerterbuch (vers 1220), trad.All., Wustenfeld, in-8O, Leipzig, 1866-1870, 6 vol.Dictionnaire géographique mentionnant l'état de Koukou, état noir leplusseptentrional, et qui est sans doute le Songhay. Il est signalé comme un étatprospère dont les habitants sont islamisés. 78. IBN SAID. Diographia (vers 1280).Travail fait d'après les informations du voyageur Ibn Fathima qui alla del'Atlantique au Tchad. Il est connu d'après les citations d'IBN KHALDOUN (no81)et surtout ABOUL FEDA (no 79).

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE79. ABOUL FEDA. Géographie (1321), trad. REYNAUD, DE SLANE,in-40,Paris, Imp. Nat., 1848, 3 vol.Reprise presque textuelle du précédent. Le Songhay y est mentionné par leNiger, qui serait un affluent du Tchad.XIVe siècleC'est l'apogée du Mali. L'Afrique du Nord se penche avec curiosité sur l'AfriqueNoire, à la suite du retentissant pèlerinage de Kankan Moussa (1324-1325).80. AL OMARI. Masalik el Absar fi-Mamalik el Amsar (L'Afriquemoins l'Égypte) (vers 1435), trad. GAUDEFROY-DEMOMBYNES,in-8o, Paris, Geuthner, 1927, 222 p.Haut fonctionnaire au Caire et à Damas, AI Omari eut la possibilité de réunirune importante documentation géographique. Un chapitre entier deson ouvrageest consacré au « Mali ». Les informations proviennent des témoins du passagefastueux au Caire de Kankan Moussa. Le Songhay est considéré comme un vassal

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du Mali qui s'étend jusqu'aux mines de cuivre de Takedda (près d'Agadès). LeMali est loin d'être entièrement islamisé, et il est fait de fréquentes allusions à lamagie et aux païens anthropophages.81. IBN BATOUTAH. Voyages (1352), trad. Defrémy SANGUINETTI,in-8o, Paris, Sociét. Asiat., 1853, 5 vol.Ce voyageur infatigable (le seul avec Ibn Haoukal et Léon), originaire deTanger, parcourut entre autres, l'Afrique Occidentale par l'itinéraire Fès, Teghaza,Oualata, Mali, Tombouctou, Gao, Takedda, l'Air, le Hoggar et le Maroc. Sontémoignage est passionnant, et de nombreuses anecdotes le rendentparticulièrement vivant. Ibn Batoutah séjourna huit mois au Mali qui était encoreprépondérant au Soudan, mais proche de la décadence. A la courdu Mali, vivaitune colonie arabe et égyptienne. Tombouctou est sous la dominationdu Mali. Levoyageur alla de Tombouctou à Gao en pirogue. Il séjourna un mois àGao(Gaoucaou). Renseignements intéressants sur la navigation surle Niger et sur lachasse aux hippopotames.82. IBN KHALDOUN (1332-1406). Histoire des Berbères (1373), trad.DE SLANE, in-8o, Alger, Imp. du Gouv., 1852-1856, 4 vol.(nouv. édit. in-8o, Paris, Geuther, 1925, 5 vol.).L'auteur, originaire de Tanger, fut le premier historien arabe.Tous sestémoignages furent recueillis en Afrique du Nord. Son « histoire desBerbères »mentionne fréquemment le Soudan, mais les renseignements sont très dispersésdans son ouvrage. Les plus intéressants sont ceux qui proviennent de citationsd'IBN SAi (no 78), des informations recueillies auprès de témoinsdu pèlerinagede Kankan Moussa, et des récits d'un ancien Cadi de Gao. Ils sont groupés dans le2e vol. sous le titre Histoire des rois des peuples nègres. Il s'agitsurtoutévidemment du Mali, mais le Songhay (zeghay ou Kaokao) y est mentionnécommesoumis au Mali. (Il s'agit de l'époque de Kankan Moussa.)XVe siècle83. MAKRIzi. Description des races des Noirs et Pèlerinages des Sultansdu Tekrour (vers 1420), trad. GAUDEFROY-DEMOMBYNES d'ALOMARI (nO 80).L'auteur reprend les précédents en ajoutant quelques précisionsde dates etde cortèges des pèlerinages. Le Songhay (Gaogao) est vassal deKankan Moussa,ainsi que 13 autres états.J. BOUCS 6

82 LES SONGHAYXVIe siècle84. LÉON L'AFRICAIN. Description de l'Afrique tierce partie du monde(1526), trad. Jean TEMPORAL, grand in-8O (édition annotée parSCHEFER), Paris, E. Leroux, 1896-1898, 3 vol.Hassan Ibn Mohammed, Maure de Grenade, baptisé plus tard sous le nom deLéon, parcourut le Soudan vers 1507, au moment de l'apogée du Songhay del'Askya Mohammed (Abubacr Izchia). Ses observations sont consignées dans lelivre septième où il est traité du pays des Noirs (2e vol.). Le Songhay(sungal)

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commandé autrefois par « Soni Héli, de la lignée des Lybiens », y est longuementtraité. Les états vassaux de l'Askya sont énumérés : Oualata, Ghinée (HautSénégal), Melli, Tombouctou, Gao, Gober, Agadès, Kano, Zeg-zeg, Zanfara. Sesdescriptions, bien que souvent sommaires, sont pleines de détails intéressants(cultures, marchés, esclavage).La première édition de 1556 à Anvers fut, pendant deux siècles, la seulesource d'information soudanaise en Europe.CHRONIQUES SOUDANAISES ÉCRITES EN ARABE (« TARIKH »)85. AHMED BABA. Tekmilet ed dibadj, dans A. CHERBONNEAU, Essaisur la littérature arabe au Soudan d'après le Tekmilet ed dibad] d'Ahmed Baba leTombouclien, in-8O, Constantine, Abadie,1856, 48 p.Descendant de Berbères Goddala, Ahmed Baba vivait à Tombouctouà lafin du xvie siècle. Il fut l'auteur d'un dictionnaire biographique, et l'un des maîtresde la littérature arabe au Soudan (il était lui-même le disciple de MohammedBarhayoro, un mandingue, l'homme le plus instruit du Soudan). Ahmed Baba futle témoin de l'arrivée des Marocains à Tombouctou en 1591, il fut priset envoyécomme otage au Maroc en 1594, et il revint à Tombouctou où il mourut en 1607.On connaît surtout l'oeuvre d'Ahmed Baba par les citations qu'en fait Sadi (no 87); ceci explique la méprise de Barth, qui attribua à Amhed Baba, le« Tarikh es Soudan ».86. SADI (Abderrahman-Es). Tarikh es Soudan (vers 1655), trad.0. HOUDAS, grand in-8°, Paris, Leroux, 1898, 540 p.Cette Chronique du Soudan fut écrite par Sadi, un Tombouctien descendantde Maures et de Peul. Ce livre servit de base à Barth et Delafosse,c'est la sourcela plus classique de l'histoire du Songhay. Sans doute l'auteur ne fut pas le témoinde la grande époque songhay (il naquit en 1596, cinq ans après la conquêtemarocaine), mais il appartenait à un milieu où les traditions étaient soigneusementconservées. Sa chronique se termine en 1655, au moment de la fin deladominationeffective des Marocains.87. KATI (Mahmoud). Tarikh el Fettach (de 1520 à 1599, refonduvers 1600), trad. HOUDAS et DELAFOSSE, grand in-8o, Paris,Leroux, 1913, 361 p., 1 carte.Cette Chronique du chercheur, pour servir à l'histoire des villes, des armées et desprincipaux personnages du Tekrour, fut écrite par un lettré noir de Tombouctou.Le manuscrit fut trouvé tardivement (vers 1911), et Delafosse neput l'utiliser pourson Haut Sénégal-Niger (il fit l'inverse, se servant de ses connaissanceshistoriques pour rédiger les précieuses notes de la traduction). L'auteur fut témoindu règne de l'Askya Mohammed et l'accompagna pendant son pèlerinage.Il fut également témoin de l'invasion marocaine. L'ouvrage a étéécrit par un Noir,avec une verve étonnante, il fourmille de détails pittoresques. Un petit-fils de Katicompléta l'oeuvre originale vers 1600 (le récit proprement dit s'arrêtant en 1599).Un appendice écrit par un anonyme vers 1660 apporte certainesprécisions fortutiles.

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ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE 8388. (Anonyme.) Tedzkirei en Nizian (vers 1750), trad. HOUDAS,grandin-8O, Paris, Leroux, 1901, 416 p.Chronique très sèche des Pacha de Tombouctou, après la conquête marocaine.Ouvrage sans aucune comparaison avec les deux précédents.89. PALMER (H. R.). Sudanese Memoirs, in-8o, Lagos, Gov, Print.,1928, 3 vol., 1 fig., 3 pl., 1 carte, 2 cartes h.-t.Traduction, et commentaires de documents arabes recueillis en NorthernNigeria, par le Delafosse britannique. Ces documents intéressent plusspécialement les pays de langue haoussa, Sokoto, Kano, Bornou..., mais on ytrouve d'importantes références au Songhay qui étendit sa domination jusqu'à lafrontière du Bornou. Dans le 2e vol., l'auteur essaye de placer exactementKoukya, la première capitale des Songhay, il relève les erreurs et confusionsd'Idrisi et deses traducteurs.AUTRES CHRONIQUES90. Anonyme. Manuscrit de l'anonyme, ou plus exactement Relationde l'expédition envoyée par le roi du Maroc a la conquéte du Royaume de Gao, lepremier de ceux de Guinée, en venant de la province de Lektaoua,et de ce quis'est passéj]usqu'à présent (1591), p. 468-478, dans CASTRIES (H. DE). Laconquête du Soudan par Moulay Ahmed El Mansour, dans Hespéris,III, 1923, p.438488, 1 carte.Il ne s'agit pas ici d'une chronique au sens propre, mais d'un rapport écrit enespagnol, en 1591, sans doute par un observateur officieux espagnol à Marrakech.Ce manuscrit déjà publié en Espagne, fut « retrouvé » et traduit par le colonel deCastries. C'est un document de première importance pour l'histoire de l'expéditiondu pacha Djouder, l'auteur ayant assisté aux préparatifs, au départ de l'expédition(il nous en donne la composition exacte) et ayant eu connaissance des premiersrésultats obtenus.91. DELAFOSSE (Maurice). Les relations du Maroc avec le Soudanàtravers les âges, dans Hespéris, IV, 1924, p. 153-174.Échange à partir de 1592, d'ambassades et de présents entre le Maroc et leSoudan. Relations « scientifiques » entre le Maroc et Djenné et Tombouctou («foyer intellectuel P). Expéditions marocaines contre les salines sahariennes.Exportations de troupes noires vers le Maroc. Mais surtout un appendiceintéressant, relevant certaines erreurs du commentaire de Castries du Manuscrit del'anonyme.92. BOVILL (E. W.). The Moorish invasion of the Sudan, dans Jal. ofAir. Soc., XXVI, Londres, 1926, p. 245-262, 380-387, 2 cartes;et XXVII, Londres, 1927, p. 47-56.Article paru à la suite de la publication de Castries. Bovill relève avecDelafosse les erreurs du commentateur, puis résume les Térikh et Delafosse.Citation intéressante de lettres d'Anglais résidant au Maroc en 1594(LaurenceMadoc) et témoins de l'afflux de l'or soudanais (voir HAKLUYT, VI, p. 60; VII,p. 99-101.93. GREY-JACKSON (J.). An Account of Timbuktoo and Housa, terrilories

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in the interior of Africa, by El Haie Abd Salam Shabeeny, in-8O,Londres,Longman, Hurster, Rees, Orme, Brown, 1820, 547 p.,2 cartes h.-t.Vers 1787, un musulman natif de Tétouan, âgé de 14 ans accompagnasonpère à Tombouctou, et y résida trois ans. Après des voyages et des mésaventuresnombreux, il passa à Douvres en 1795, où l'auteur spécialiste de questions afriJ.noucH 6*

LES SONGHAYcaines, l'interrogea. Étant donné la date de ce voyage, ce documentse classeplutôt dans les documents historiques. Renseignements fort intéressants surTombouctou du xvine, On y trouve de plus le premier témoignage de danses depossession chez les Songhay.94. GIRONCOURT (Georges DE). Répertoire des manuscrits rapportésdu Soudan par la Mission de Gironcourt, dans Missions deGironcourt, grand in-8°, Soc. Géo., Paris, 1920, p. 357-369.Gironcourt recueillit au Soudan plus de 200 manuscrits, déposéssous leno 417 à la Bibliothèque de l'Institut de France, et dont aucun n'a été traduit (endehors d'un essai de Pedrals). Il serait intéressant d'entreprendre ce travail,certains de ces manuscrits donnant des listes généalogiques perdues aujourd'hui.TRAVAUX HISTORIQUES CONTEMPORAINS95. DESPLAGNES (Lieut). Notes sur les origines des populations nigériennes,dans Anlhrop., XVII, Paris, 1906, p. 525-546, 2 pl.Vastes hypothèses sur les origines égyptiennes des Soudanais, quiserontreprises et développées dans Le plateau central nigérien (no 17).96. TILHO (J.). Documents scientifiques de la mission Tilho 1906-1909,grand in-8O, Paris, Larose, 1910-1911-1914, 3 vol., 347 fig.,116 pl., 7 cartes en étui.Le 2e vol. contient une notice historique sur les Dendi (relevée sans doutelorsque Tilho commandait le poste de Gaya en 1899). Traditions de Sonni Ali (Si)et de sa sour Kassey, mère du futur Askya. Listes généalogiques des chefssonghay et dendi. D'autre part, Tilho signale les danses de possession chez lesHaoussa, et il étudie succinctement l'extraction du sel dans le DalloloFogha.97 CHÂTELAIN. Traditions relatives à l'établissement des Bornouans dans leDallol Maouri et le pays Djerma, dans But. Com. Hist.Scient. A. O. F., 1917, p. 358-361.Traditions des Baré, Maouri réputés Bornouans, actuellement disséminés aumilieu des Maouri des Dallol (et restés indépendants) et au milieu des Zerma(dontils ont adopté les coutumes).98. ID. L'exode des Djerma de l'Andjarou vers le Dallol Bosso, le Djigui et leFakara, dans Bul. Com. Hist. Scient. A. O. F., 1921,p. 273-279.Les Djerma, relégués par l'Askya Mohammed, de la région de Gao versl'Anzourou, auraient gagné le Dosso à la recherche de pâturages.

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99. PEFONTAN. Histoire de Tombouctou de sa fondation à l'occupationfrançaise, dans Bul. Com. Hisi. Scient. A. O. F., 1922,p. 81-113, 6 fac. sim., 1 carte.Étude détaillée de Tombouctou sous les dominations successives des Malinké,Touareg, Songhay, Marocains, Peul, Toucouleur et Touareg.100. BOVILL (E. W.). The Niger and the Songhai empire, dans Jal. ofAfr. Soc., XXV, Londres, 1925, p. 138-146, 1 carte.Bon résumé de Delafosse et des Tarikh. Signalons que cet auteur est un desrares historiens qui fassent ressortir le rôle essentiel dans l'histoire du Songhay, dufleuve Niger, axe de migration, route vitale de l'empire, axe de retraite enfin.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE 85101. MONTEIL (Charles). Les empires du Mali (essai d'histoire et desociologie soudanaise), dans Bul. Com. Hisi. Scient. A. O. F.,1929, p. 292-447, 1 carte.Cette étude remarquable des empires mandingues apporte des précisionsnouvelles sur l'histoire du Songhay, en particulier sur ses rapportsde vassalitéavec le Mali. L'auteur, en se basant sur les textes (no 80 et 87) que ni Barth niDelafosse n'avaient connus en rédigeant leurs livres classiques, établit que lesliens de suzeraineté du Mali sur le Songhay furent beaucoup plus souples que cesauteurs ne les avaient présentés. En particulier, la fuite d'Ali Kolon n'aurait pas eulieu en 1335 mais en 1275, avant le règne de Kankan Moussa (qui parailleurs neserait pas l'auteur de la mosquée de Gao). A partir de cette époque,le Songhayaurait été dans une semi-vassalité (passage d'Ibn Batoutah) jusqu'à ce que le SonniDandi pille le Mali (vers 1400), bâtissant ainsi la fortune du futur Songhaysur la ruine de son ancien maître.102. URVOY (Yves). Histoire des populations du Soudan central, in-80,Paris, Larose, 1936, 350 p., 8 pl., 20 cartes.Cet autre livre de base de l'histoire du Songhay complète admirablementDelafosse qui ignora le Niger oriental. L'auteur écrivit cette étudepar compilationdes prédécesseurs, par compilation des monographies de Cercleset Subdivisions,et par enquêtes sur place. Beaucoup reprochent à ce livre des erreurs de détailmais oublient qu'Urvoy eut le mérite de rassembler le premier des renseignementsdisparates (et très souvent entachés d'erreurs ou d'oublis comme la plupart desmonographies administratives). Ses idées maîtresses, ses dates,sescroquis servent de bases à tous ses successeurs.102 bis. BÉRAUD-VILLARS (J.). L'Empire de Gao, un Étal soudanaisauX XVe et XVIe siècles, in-8O, Paris, Plon, 1942, 211 p.,8 fig., 2 cartes.Bonne étude historique de l'empire de Gao de la dynastie des Sonni à laconquête marocaine. Pages remarquables sur le Pacha Djouder.103. PÉDRALS (D.-P DE). Manuel scientifique de l'Afrique Noire,in-8o,Paris, Payot, 1949, 202 p., 26 pl., 11 cartes.Dans le fouillis habituel à cet auteur, petit résumé de Delafosse (ne tenantpas compte des rectifications de Monteil), et d'Ardant du Picq.104. DUTEL (R.). Comparaison entre la généalogie sonraï de tradition

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orale et la généalogie des Askya de Gao donnée par les sourceshistoriques, dans Not. Air., no 25, Dakar, 1945, p. 22-23.Généalogie recueillie par l'auteur auprès d'un griot de Bandyo (sub. de Téra),comparaison avec les généalogies des Tarikh.105. PÉRIE et SELLIER. Histoire des populations du Cercle de Dosso(Niger), dans Bul. I. F A. N., 1950, p. 1015-1074, 5 cartes.Étude minutieuse de l'histoire du territoire actuel du cercle de Dosso, surtoutdu xviie siècle à nos jours. Cette étude a le mérite de débrouiller, à la suited'Urvoy (qu'elle complète et rectifie), la série des guerres Peul du xixe siècle. Lesauteurs ramènent très justement les « états » zerma à des notions moinsemphatiques que leurs prédécesseurs (en dehors d'A. T., n0 15, qui présentait déjàDaoidou, le héros de ces guerres, comme une sorte de repris de justice...).Plusieurscartes précises, en particulier carte d'anciens villages (tombo).106. ROUcH (Jean). Contribution à l'histoire des Songhay (à paraitre).Étude de l'histoire des Songhay, envisagée surtout dans ses rapports avec lareligion et la magie songhay.

LES SONGHAY6) Anthropologie107. VERNEAU (A.). Résultats anthropologiques de la Mission M. deGironcourt en Afrique occidentale (dans Bul. Seci. Géo. Min.Insi. Pub., 1914), et dans Missions de Gironcourt, grand in-8o,Paris, Soc. Géo., 1920, p. 371-604, 104 fig., 1 carte.Analyses de mesures faites sur 22 sujets songhay de Gao, et 3 Songhay Dendi(foncièrement négritiques, haute stature, dolichocéphalie).108. KOSSOVITCH (N.). Recherches séro-anthropologiques chez quelquespeuples du Sahara français, dans C. R. Soc. Biol., Paris, 1934, p. 759-760 etRésumé dans Anthrop., XLV, Paris, 1935, parle Dr VALLOIS, p. 177.Examen anthropologique et sérologique de 182 Songhay de la région de Gao. 109.LEFROU (Dr G.). Le Noir d'Afrique, in-8°, Paris, Payot, 1943,429 p., 32 fig., 2 phot., 8 cartes.En se basant sur les deux documents précédents, le Dr Lefrou décritanthropologiquement les Songhay comme négritiques, dolichocéphales de hautestature,fortement métissés par apport de sang blanc. 109 bis. ID. Rapportinédit, Paris,1943.Examens anthropologiques de 80 Songhay de Gao et de 27 Songhay deTombouctou.110. LOBSIGER-DELLENBACH (Marguerite). Contribution à l'étudeanthropologique de l'A. O. F., Haoussas, Bellahs, Djermas, Peuls, Touareg,Maures, dans Arch. Suis. Anthr. Gen., XVI,Genève, 1951, p. 1-86, 12 fig.Mesures faites en 1948 à Tahoua (grande taille, hypermacroskèlie,dolichocéphalie...).

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111. PALES et SAINT-PÉREUSE. Rapport non encore publié.Établi d'après les documents précédents et les examens de 50 Songhay et50 koyroboro (Songhay vivant en pays mandingue).Voir également une étude sur les crêtes papillaires digitales de 33 Songhay(hommes) dans LESTRANGE (Monique DE), des crêtes papillairesdigitales de1.491 Noirs d'Afrique occidentale, Bul. I. F. A. N., XV, no 3, juillet 1953, p,1278-1315.7) DémographieLes renseignements démographiques des ouvrages généraux sont pour la plupartpérimés. Signalons quelques renseignements généraux dans S.R. DE RIVIÈRE(no 34) et 112. URVOY (Yves). Petit alas ethno-démographique duSoudan,Mém.I. F A. N., in-4O, Paris, Larose, 1942, 46 p., 4 pl.,3 cartes h.-t.Recensement des différentes populations du nord de la boucle du Niger,comprenant les différents groupes Songhay. Une petite étude sur l'habitatcomplète l'ouvrage.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE8) L utiqueOn trouvera une bibliographie détaillée de linguistique dans URvoY (no 2) etdans STRUCK (no 140).LEXIQUES ET VOCABULAIRESLes premiers renseignements sur la langue songhay proviennent de CAILLIÉ (no3) qui donne à la fin de son troisième volume un « vocabulaire kissour». Ontrouvera par ordre chronologique des vocabulaires Songhay dans:113. LYON (George-Francis). A narrative of travels in Northern Africa,in-fol., Londres, J. Murray, 1821, 383 p., pl., carte.Contient un petit vocabulaire de la « langue de Tombouctou m.114. DENHAM-CLAPPERTON et OUDNEY. Voyages et découvertes dans leNord et dans les parties centrales de l'Afrique, trad. de l'anglais,EYRIÉS et deLARENAUDIÊRE, in-8O, Paris, A. Bertrand, 1826,3 vol., Atlas in-4o, carte h.-t.Dans le 3e vol., p. 423, vocabulaire de la langue de Tombouctou, comprenant75 mots environ et les nombres. Étude faite sous le titre général, Essai sur lalanguedu Bornou par H. J. KLAPORTH, et publié à part (in-8o, 42 p.).115. HODGSON (W B.). Notes on Northern Africa, the Sahara, andSoudan, in-8o, New York, Wiley & Putnam, 1844, 111 p.Contient un petit vocabulaire « suaing » ou « sungal ».116. BARTH (Dr Henry). Vocabulary of the language of Agadiz whichis the same as that spoken at Timbuktu and the eastern part of Bambanah, dansJal. Roy. Geo. Soc., XXI, Londres, 1851,p. 169-191.117. KOELLE (S. W.). Polyglotta Africana, in-fol., Londres,ChurchMissionary House, 1854, 24 p., 188 tab., cartes.

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Contient un vocabulaire de la langue de « Tombuktu » de 300 mots.118. RAFFENEL (A.). Nouveau voyage au pays des nègres, grandin-80,Paris, Napoléon Chaix, 1856, 2 vol., 16 fig., 2 cartes h.-t.Le 2e vol. (p. 399-427) contient un vocabulaire arama (Arma),'première étudesérieuse de la langue songhay (parlée à Djenné et Tombouctou). L'informateur futun marabout de Tombouctou rencontré dans le Kaarta (« d'une intelligence bornée»). Raffenel recueillit 700 à 800 mots et rédigea un petit essai grammaticalassez complet.119. BARTH (Dr Henry). Collection of vocabularies of central Airicanlanguages, in-4O, Gotha, J. Perthes, 1862, 2 vol.Les informateurs de Barth furent son serviteur Sombo, un Zerma quil'accompagna de Say à Tombouctou (et retour), et un TombouctiennomméDabed.Barth nota surtout la langue de Tombouctou. Il en donne une grammaire complèteet fait un essai d'étude comparative avec le haussa. Le 2« vol. contient undictionnaire de 600 mots environ.120. BASSET (R.). Essai sur l'histoire de la langue de Tombouctouetdes royaumes Songhai et Melli, in-8o, Mélanges d'Histoire etde Littérature orientale, Il, Louvain, Lefever, 1888, 27 p.Petit essai donnant quelques exemples de langues soudanaises, mais pas desonghay, à la suite d'une notice historique, résumant Barth.

LES SONGHAY121. CARON (Ed.). De Saint-Louis au port de Tombouctou, 2e éd., in-18,Paris, A. Challamel, 1891, 374 p.Contient un petit vocabulaire « sonrai ».122. DAYAN (L.-M.). Petit vocabulaire français-nègre et nègre-français(idiome de Tombouctou), in-18, Alger, 1895.Vocabulaire recueilli en Algérie.123. KRAUSE (Gottlob-Adolf). Beitrâige zum Marchenschatz des Afrikaner,dans Globus, no 72, 1897, p. 229-233, 254-258.Parmi les contes africains (Ashanti, Haoussa...), Krause cite,p. 258, un conte« sarma » (zerma) « langue proche du songhai et du dendi ». Le conte est intituléL'homme qui dit la vérité et l'homme qui ment.124. HACQUARD et Dupuis. Manuel de la langue songhay, in-8O, Paris,Maisonneuve, 1897.Essai de grammaire songhay (dialecte de Tombouctou), dictionnairefrançaissonghay, et songhay-français (1.000 mots environ).Fables données enexemple et analysées grammaticalement. Ce livre a servi de base aux étudesultérieuressur la langue.125. (Pères Blancs). Syllabaire à l'usage des indigènes de languesonghay, in-12 carré, Paris, 1898.126. ID. Méthode de lecture en langue songhay, in-12 carré, Paris, 1898.127. DuBOIS (Félix). Vocabulaire songhaï, dans Bul. Com. Afr. fran.,Paris, 1898, p. 177-178.

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Petit vocabulaire usuel de 300 mots environ.128. BASTARD (G.). Essai de lexique pour les idiomes soudanais, dansRev. Col., XVII, Paris, 1900, p. 987-1005.Au milieu de 7 vocabulaires, deux vocabulaires de songhay, 350 motsdu« dialecte de Tombouctou » et 150 mots du « dialecte de l'Est », recueillis aucoursde la mission économique 1898-1899, par G. Bastard, « homme de Lettres ».129. MARIE (Adj. E.). Vocabulaire français-dyerma et dyerma-français,in-8o, Paris, Leroux, 1914, 91 p.Grammaire succincte de zerma, mais vocabulaire de 2.000 mots environ (dontbeaucoup de mots composés). Exemples de locutions. Étude faite à Dosso de1909à 1911.130. Dupuis (Yakouba). Essai de méthode pratique pour l'élude delalangue songoï ou songai, in-8°, Paris, Leroux, 1917, 210 p.L'ouvrage le plus complet et le mieux fait sur la langue songhay. Sonauteurqui vivait à Tombouctou depuis 1896 connaissait parfaitement la langue.Grammaire détaillée et exercices méthodiques, suivis de La légendede Dinga,texte songhay traduit et annoté. En fin de volume, un dictionnaire (véritablementethnographique) de plus de 3.000 mots.131. ARDANT DU PIcQ. La langue dyerma, in-80, Paris, Larose, 1933,170 p.Complément du précédent (dialecte de l'est du Songhay). Grammaire détailléeet essai très intéressant de linguistique comparée. Vocabulaire de2.000 motsenviron. L'auteur estime son apport à 800 mots nouveaux, ce qui donnerait untotal de 4.000 mots environ pour le Songhay-Zerma. Fables, textes et traductionscités en exemple. Ce travail résulte d'études faites à Dosso en 1905-1906.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE132. CANCEL (Lieut.). Étude sur le dialecte de Tabelbala, dans Rev. Air.,Alger, 1908.Étude d'un dialecte de Noirs sahariens, très imprégnés de songhay.133. GENEVIÈRE (J.). Un « javanais » songoy, dans Nol. Air., no 21,Dakar, 1944, p. 1.Note sur la déformation systématique de la langue parlée à Goundam (enfait pratiquée dans tout le Songhay).134. DUTEL (R.). Encore des javanais ouest-africains, dansNot. Afr.,nO 34, Dakar, 1947, p. 18.Note sur des déformations analogues du zerma parlé par les enfantsde larégion de Niamey.TEXTES EN LANGUE SONGHAY135. DuPuIS-YAKOUBA. Les Gow, ou Chasseurs du Niger, grand in-80,Paris, Leroux, 1911, 303 p., 1 carte.Textes remarquables recueillis à Tombouctou, et publiés en langue songhay

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et traduction (un des plus importants recueils de textes africains). Renseignementsde premier ordre sur la chasse et sur la magie des Songhay. La préface deDelafossedonne une petite bibliographie linguistique songhay.136. ROUCH (Jean). Toponymie légendaire du « W » du Niger, dansNor. Air., n0 46, Dakar, 1950, p. 50-52, 1 carte.Relevé de lieux dits du « W » du Niger. Traditions légendaires et mythiquess'y rapportant.On trouvera enfin un recueil très important de textes religieux etmagiquessonghay (texte songhay, traduction mot à mot, et littérales, notes)dans ROUCH(no 185) à paraître.ÉTUDES DE LINGUISTIQUEEn dehors des études incorporées dans DELAFOSSE (no 9), BARTH(no 4), etl'étude de WESTERMANN (dans BAUMANN et WESTERMANN). 137-STUHLMANN (Fr.). Vergleichende Wort Verzeichnisse über Eisenerz,Stein, Eisen, Blasebalg etc., Handwerk und Industrie in Deutsch Afrika, in-8°,Hambourg, Friederischen, 1910, 163 p.,77 fig., 2 pl., 4 cartes.Donne des exemples comparés de langue borgou, dendi et zerma.138. MIGEOD (F- W H.). The Languages of West Afrika, in-80, Londres,Kegan, Trench, Trubner, 1911, 2 vol., 1 carte.Étude linguistique comparative, basée pour le songhay sur le HACQUARD etDupuis (nO 124), seul document récent existant alors. L'étude comparativegrammaticale contient certaines erreurs (par exemple, « il ne viendra pas » esttraduit a si ka koyne : « il n'est pas encore venu », etc.). Les langues sont classéesd'après la numération. Le songhay n'entre dans aucune catégorie, il semble àl'auteur sans connexion avec le mandingue ou le haoussa, ses voisins immédiats.Sagrande simplicité grammaticale serait une forme de « désagrégation ».139. WESTERMANN (Diedrich). Die Sudanspache (eine Sprach VergleichendeStudie), in-80, Hambourg, Friederichsen, 1911, 222 p.,carte h.-t.Étude comparative des langues de Gold Coast, Togo, Nigeria, Cameroun,Tchad. Carte de répartition des langues africaines par Struck.

LES SONGHAY140. STRUCK (Bernhard). Linguistic Bibliography of Northern Nigeria,dans Jal. Air. Soc., XI, Londres, 1911-12, p. 47-61, 213-230.Bibliographie linguistique critique de 43 langues de Nigeria du Nord. Lesonghay y figure sous la forme dendi (parlé par les riverains du Niger de Illo àGomba). Références à Krause, Migeod, Stuhlmann.141. WERNER (Miss A.). The languages of Africa, dans Jal. of Afr. Soc.,XII, Londres, 1912-13, p. 120-135, 1 carte h.-t.Article traitant surtout des langues de l'Est africain, une carte de répartitionmentionnant le songhay.142. DELAFOSSE (Maurice). Esquisse générale des langues de l'Afrique,

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et plus particulièrement de l'Afrique française, Société antiesclavagiste de France,Paris, Masson, 1914, 49 p., 10 pl.,1 carte h.-t.Dans cette esquisse, Delafosse classe le songhay dans les « langues agglutinantesprocédant par suffixes et plus rarement par préfixes, mais ayant perducomplètement la notion des classes des noms », à côté du mandingueet deslanguesdu Tchad, se rattachant peut-être au mandingue.143. ID. Les langues du Soudan et de la Guinée, dans A. MEILLET, Leslangues du monde, in-8o, Paris, Soc. Ling., 1924, 811 p.,16 h.-t., 7 cartes, p. 463-560.Dans cet ouvrage classique, Delafosse met en évidence l'unité des languesafricaines. Le songhay est classé dans le groupe « nigero-sénégalais » à côté dumandingue, sarakollé, dogon, etc. (36 langues au total dans ce groupe), dans le «sous-groupe du Nord-Est ». L'auteur établit une différence entre le songhay et lezerma; dans le premier, le complément suit le verbe, dans le second, il leprécède.144. ID. Les langues de l'Afrique, dans Anlhr., Paris, 1920, p. 545-549.Résumé du précédent.145. HOMBURGER (Lysias). Noms des parties du corps dans les languesnégro-africaines, Paris, Champion, 1929, 118 p.Travail basé sur le vocabulaire de MARIE (no 129). L'auteur classele songhaycomme Delafosse, dans la 14e catégorie, « nigero-sénégalaise ».146. ID. Les langues négro-africaines, in-8o, Paris, Payot, 1941, 350 p.,1 carte.Dans cet ouvrage classique, l'auteur approuve le classement de Delafosse(le songhay « nigero-sénégalais ») et conclut à l'origine égyptienne des languesafricaines. Dans son introduction historique, notons que l'auteur, à la suite destravaux de Harris (no 156) attribue aux Sorko de Yaouri (Northern Nigeria)l'origine de l'extension des Songhay le long du fleuve.146 bis. WESTERMANN (D.). Les langues et l'éducation, trad.HOMBURGER, p. 441-520, 1 carte, dans BAUMANN et WESTERMANN, Lespeuples et civilisations de l'Afrique, Paris, Payot,1948, 605 p., 461 fig., 23 cartes.Dans son classement des langues des Noirs, l'auteur distingue 4 grandsgroupes : nigritique, mandé, semi-bantou, intérieur du Soudan. Le songhay(documentation de Koelle ? (no 117)), est classé parmi les nigritiques (« radicauxmonosyllabiques », consonne, voyelle; sujet, complément, verbe; nom possesseur,nom possédé...). Le songhay est du « nigritique pur », classé à côté des languesdu Bas-Niger et de la Basse-Côte, du Haut-Nil et du Congo septentrional.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE9) Vie économiqueConsulter particulièrement MONTEIL (no 6), caravanes au Zerma; TOUTÉE (n09), la pêche ; A. T. (no 15), situation économique du Zerma à notrearrivée;MONTEIL (nos 16, 29), marchés de la région de Djenné; SALVY (no 18);

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MOURGUES (no 27), très bonne étude économique du nord de la boucle duNiger, ABADIE (no 28) ; SÉRÉ DE RIVIÈRE (no 34). 147. GUILLAUMET (E.).La vérité sur Tombouctou, l'esclavage au Soudan,in-16, Paris, Savine, 1895, 165 p., 2 cartes.Histoire de la conquête de Tombouctou, renseignements sur le commercedes esclaves dans le nord du Niger.148. BAILLAUD (E.). Les territoires français du Niger, leur valeuréconomique, dans La géographie, in-8o, sér. I, 1900, p. 9-24,6 fig., 1 carte h.-t.Compte rendu fort intéressant de la première mission économique (1898).L'auteur emprunta l'itinéraire Dakar-Bamako, puis en pirogue Bamako-Tombouctou-Gao-Say (trajet de Djenné à Say dans une pirogue de Djenné), etretour par le centre de la boucle Dori-Ouaga-Bandiagara-Bamako-Nioro-Médine.L'auteur note la pseudo-fertilité de la région lacustre, la ruine du marché deTombouctou consécutive à l'emprise Touareg puis à l'occupation française (saufpour le commerce du sel), la culture du tabac dans le nord de la boucle...L'archipel de Tillabéri, soustrait à l'influence touareg, lui semble un grenier à rizd'un grand avenir (capitale Sansané-Haoussa). Enfin l'auteur étudie le problèmede la navigabilité du Niger, loin d'en mésestimer les difficultés, il les examineavec sobriété (ce qui était nécessaire après les emphases de Hourst). (Voirégalement du mêmeauteur Sur les routes du Soudan, Toulouse, 1902.)149. NED NOLL. Le haut Dahomey d'après le lieut. Tilho, dansLa géographie, in-80, sér. I, Paris, 1900, p. 402-403, 1 carte.Petit article donnant une carte dressée par Tilho, et surtout des précisionsintéressantes sur les courants commerciaux indigènes en 1899: les Zermaéchangent leurs troupeaux contre du sel du Fogha ; ils échangentce sel contre descotonnades aux marchands Haoussa de Illo; puis avec l'aide des Dendi, ilséchangent ces cotonnades contre des noix de kola venues du Togo; enfin, ils vontvendre cesnoix de kola à Sokoto.150. LENFANT (Cap.). Le Niger, voie ouverte à notre empire Africain,Préf. Étienne, Intr. Col. Peroz., in-8°, Paris, Hachette, 1903,256 p., fig., cartes.Le capitaine Lenfant commandait en 1901 la flottille du Niger, chargée deravitailler Gaya, par le fleuve à partir de la mer. Étude géographique semblable àcelle déjà citée (no 37), et surtout étude économique un peu trop optimiste surl'avenir du a Nil français ».151. DUBOIS (Félix). La région de Gao, berceau de l'Ancien empiresonghay, dans Bul. Com. Air. Iran., 1909, p. 7, 3 fig., 3 cartes.Article extrait d'un chapitre du livre suivant.152. ID. Notre beau Niger, in-80, Paris, Flammarion, 1911, 299 p.,25 fig., 1 carte.Notes prises au cours d'un voyage au Soudan en 1907. Dix ans après sonpremier séjour l'auteur se livre à d'intéressantes comparaisons.Le thème estsurtout l'avenir économique de ces territoires.

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LES SONGHAY153. MENIAUD (Jacques). HaulSénégal-Niger (Géographie économique),in-8o, Paris, Larose, 1912, 2 vol., 3 fig., 96 pl., 12 cartes.Ce complément du livre de Delafosse a évidemment beaucoup vieilli. L'auteurqui parcourut le Milo et le Niger depuis Kankan jusqu'à Niamey, établit un bilanéconomique général. Malgré une optique de technicien sûr de sestechniques, ontrouve une quantité de renseignements fort intéressants en particulier sur lanavigabilité du Niger, sur la faune et la flore, l'agriculture, l'élevage, l'extractiondu sel, les marchés. L'auteur conclut à la prospérité de ces territoires, fonction de« l'essor technique et mental » des habitants.154. DupuIs-YAKoUBA. Industries et principales professions dela régionde Tombouctou, in-80, Paris, Larose, 1921, 190 p., 86 fig., 2 pl.Étude très détaillée des métiers des gens de Tombouctou (et par extensiondes Songhay), alimentation, maçons, tisserands, tailleurs, cordonniers, forgerons,potiers, pêcheurs, etc.155. COUTOULY (F DE). Une ville soudanaise de la Haute-Volta (Dor),dans Bul. Com. Hisi. Scient., A. 0. F., 1926, p. 487-497.Note portant surtout sur la vie commerçante de Dor, située au centre delaboucle du Niger, à la limite de la vie sédentaire et de la vie nomade.156. HÂRRis (P G.). Notes on Yauri (Sokoto province, Nigeria), dansJal. of Boy. AnIhr. Inst., no 60, 1930, p. 283-334, 8 fig., 5 pl.,1 carte.Dans cette étude très détaillée de la province de Yauri se trouvent desrenseignements de premier ordre sur la pêche et la navigationdu Niger, enparticuliersur les Sorkawa, groupe d'origine songhay.157. ID. Kebbi Fishermen, dans Jal. of Boy. Anthr, Insi., nO 72, 1942,p. 23-31, 2 fig., 1 pl.Étude des pêcheurs sédentaires du Kebbi, et précisions sur les pêcheursSorkawa basés au Kebbi.158. LE CoeuR (Ch. et M.). Initiation à l'hygiène et à la morale de l'alimentationchez les Zerma et Peul de Niamey, dans Bul.I. F A. N., 1946, p. 164-180.Enquêtes faites en 1942 parmi quelques groupes de Niamey. Renseignementsintéressants sur les interdits alimentaires.159. SAuvY (Jean). Un marché urbain africain, Niamey, dans Not.Air., no 38, Dakar, 1948, p. 1-4, 2 fig.Groupement des marchés dans la vallée du Moyen Niger. Étude détaillée dumarché de Niamey, renseignements très intéressants sur les itinéraireséconomiques (troupeaux, vivres, kola, cotonnades...).160. ROUCH (Jean). Banghawi, chasse à l'hippopotame au harponparles pêcheurs sorko du Moyen Niger, dans Bul. I. F A. N.,1948, p. 361-377, 15 fig.Techniques de la pêche songhay, plaidoyer pour une meilleure réglementationde la pêche et de la chasse.

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161. MARCHAL (A.). Les pénicillaires cultivées au Niger, dans Agr.Trop., Paris, 1950, p. 582-592, 18 fig., 2 cartes.Étude technique du mil dans la colonie du Niger, relevé des espècescultivées.Les ennemis du mil, la culture indigène, quelques mythes de culture.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE162. ROUCH (Jean). Les Sorkawa, pêcheurs itinérants du Moyen Niger,dans Africa, XX, Londres, 1950, p. 5-21, 6 fig., 2 cartes.Les Sorkawa, basés au confluent du Niger et du Gulbin Kebbi sontdesdescendants de pêcheurs sorko songhay. Ils sont devenus les plus habiles pêcheursdu Niger et leurs campagnes de pêche puis de vente de poisson les conduisent deTombouctou au delta du Niger.162 bis. ROUCH (Jean). Les migralions des Songhay en Gold Coast(à paratre).Migrations dont l'ampleur s'accroît chaque année, historique. Groupessonghay des villes, des mines, des plantations de cacao, exportation de «capitaltravail » et importation de marchandises.10) Organisation socialeVoir TOUTÉE (no 9), la guerre indigène ; DUPUIS-YAKOUBA (nos 21,22),castes, classes d'âge, cycles de la vie d'un individu ; COUTOULY (no24);ARDANT DU PICQ (no 30); ROBIN (no 31) chefferies; SÉRÉ DE RIVIÈRE (no34).163. PAGES (Pol). Le mahométisme dans le « Hombori » en 1922, dansBul. Com. Hisi. Scient. A. O. F., 1933, p. 360-410, 1 carte.L'Islam fut introduit tardivement dans le Hombori et d'une manière trèsextérieure. Renseignements intéressants sur le droit et les coutumes songhay deHombori : famille, mariage, divorce, propriété, crimes..., et sur les phases de lavie d'un individu. L'étude déborde largement le cadre de l'Islam,c'est un véritableessai sur l'organisation sociale de la communauté songhay.164. DUCHAMP. Coutume sonraï (Cercle de Gao), dans Coutumierjuridique de l'Afrique occidentale française, 3 vol., in-8°,Paris, Larose, 1939, p. 303-343, 1 carte.Ce coutumier du cercle de Gao, rédigé en 1935, est dérivé directement duCoran. C'est le « cadi » qui est chargé d'en assurer le respect. Renseignements surla famille, le mariage, les successions, les donations, les contrats.165. Anonyme. Coutume dendi (Cercle de Dosso), dans Coutumierjuridique de l'Afrique occidentale française, 3 vol., in-8°, Paris,Larose, 1939, p. 321-357Rédigé en 1932. Intéressant à comparer au précédent,puisque les Dendi sontdes Songhay issus de Gao. Ici, l'Islam a perdu sa force, il ne joue qu'un rôleextérieur. C'est le chef de village et non plus le « cadi » qui tranche.Renseignements intéressants sur la famille, le mariage, la filiation,la tutelle,l'émancipation,l'interdiction, la propriété, les successions et les contrats.11) Arts et religion

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La littérature est bien maigre sur ces sujets, les Songhay ayant été une fois pourtoutes classés parmi les Musulmans. On trouvera cependant quelquesrenseignements dans DESPLAGNES (n0 17), mythe de l'ancêtre despêcheursFaran Maka Boté ; MOUnGUES (no 27), influence néfaste de l'Islam; ABADIE(nO 28), liste des « génies » et mention des danses de possession ; GREY-GAXSON (nO 93), mention des danses de possession à Tombouctou; DUPUIS-YAKOUBA (no 135), magie de la chasse ; HARRIS (no 156), magie de la pêche;PAGs (no 163), Islam à

LES SONGHAYHombori. Sur l'art, voir CROS (no 33), nattes de l'Anzourou; DupuisYAKOUBA(no 154), bijoux de Tombouctou. 166. ANDREWS (J.-B.). Les lontaines desgénies (Seba Aioun), croyancessoudanaises à Alger, in-80, Alger, A. Jourdan, 1903, 36 p., 4fig.Étude des danses de possession pratiquées par les Noirs d'Alger. Beaucoupsont d'inspiration songhay (textes rituels songhay).167. LAIZE (off. inter.). L'Islam dans le territoire militaire du Niger,dans Bul. Com. Hist. Scient. A. 0. F., 1919, p. 173-183.Historique de l'introduction de l'Islam au Niger et de son extension. Faiblepénétration et manque d'orthodoxie des milieux savants.168. BEN HAMOUDA (prof. à la Médersah de Tombouctou). Devinettessonghaï, dans Bul. Com. Hist. Scient. A. 0. F., 1919, p. 62-67. 169. ID. Proverbessonghaï, dans Bul. Com. Hisi. Scient. A. O. F., 1919,p. 278-280.Recueil de devinettes et de proverbes commentés (employés parexemplepar les jeunes gens et jeunes filles pour les conversations en commun).170. MARTY (Paul). Éludes sur l'Islam et les tribus du Soudan, in-8o,Paris, Leroux, 1920, 4 vol., 36 fig., 1 fac. sim., 4 cartes.Dans cette étude générale, les Songhay sont limités au nord de la boucle duNiger. Cite les origines des Songhay d'après les Tarikh, énumèreles lieux saints,décrit les mosquées de la région de Tombouctou, et les rites correspondants.Conclut à l'influence profonde de l'Islam sur la vie sociale. Quelquesrenseignements intéressant la magie (lutte contre les sorciers Tyarkaw).171. GIRONCOURT (Georges DE). La coiffure féminine chez les Sonraïde Gao, dans Missions de Gironcourt, grand in-80, Paris, Soc.Géo., 1920, p. 261-268, 21 fig.Note descriptive illustrée (à comparer DuPuIS-YAKouBA, no 154).172. Anonyme. Au pays songhay, dans Bul. Inf. Rens., Dakar, 1939.Article sans grand intérêt sur les saisons du Songhay et leur rapportavec lesréunions autour des griots.173. HAMA (Boubou). Note sur les Holé, dans Éduc. Afric., Dakar,1941-1943.Boubou Hama, natif du canton de Téra, était instituteur à Niamey. Cettesérie de notes est la première étude détaillée des danses de possession au payszerma et songhay. Classification des génies, rituels de danse,initiation desnouveaux possédés.

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174. RoucH (Jean). Aperçu sur l'animisme sonray, dans Not. Atric.,no 20, Dakar, 1943, p. 4-6 et 8.Résultats des premières enquêtes menées en 1941-1942 dans la région deNiamey-Tillabéry. Exposé des grands mythes et des principaux rites du culte desgénies. Liste de génies par famille.175. GRIAULE (Marcel). Note sur la circoncision chez les Sonray deGao,dans Jal. Soc. AIr., XIII, Paris, 1943.Enquête rapide menée à Gao en 1936. Rite de la circoncision chez les Songhayde la région, chansons de circoncis.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE176. HAMA (Boubou). Le culte des ancêtres, quelques tableaux de lavied'un prêtre de la terre (Téra, Cercle de Tillabéry, Niger), dans Nol. Afr., no 23,Dakar, 1946, p. 22-23 (et dans Éd. Afr.,Dakar, 1944-45).Description très lyrique des sacrifices aux tombes d'ancêtres et aux géniesde lieu, protecteurs des champs et des villages. Regrets de la disparition descoutumes.177 DUTEL (René). Apparition d'une nouvelle amulette chez lesSonrai et Zerma du Moyen Niger, dans Nol. Air., no 25, Dakar,1945, p. 1-2, 2 fig.Amulettes zerma contre les menaces d'une année mauvaise (1944).178. ROUCH (Jean). Culte des génies chez les Sonray, dans Jal. Soc.Air., XV, Paris, 1945, p. 15-32, 2 pl.Étude des mythes et des rites de danse de possession (enquête 41).179. BOULNOIS (J.). Mystique de la fécondité, dans Bul. I. F A. N.,1945, p. 115-147.A cet article rédigé en 1936-37, le Dr Boulnois a ajouté un appendice tenantcompte d'enquêtes menées au Niger en 1941-1942: culte des serpents maîtres desrivières. Ce travail ferait l'objet d'un livre écrit en collaboration avec BoubouHama, L'empire de Gao.180. DUTEL (R.). A propos des amulettes temporaires et bon marché(Niger), dans Not. Air., no 31, Dakar, 1946, p. 21-22.Note sur les années jugées fastes ou néfastes.181. DUTEL (R.). L'animisme des populations islamisées du MoyenNiger (Songhay et Djerma), Mém. du Cent. Haut. É. Adm.Musulm., Paris, 1946 (inédit).Étude très détaillée des danses de possession en pays zerma, et de certainesmanifestations de magie des Sohantge du Niger. Résultats d'enquêtes menéesdans la région de Niamey, Téra, Dori en 1941-46.182. LHOTE (H.). Bijoux en paille de Tombouctou, dans Nol. Air.,no 32, Dakar, 1946, p. 4-8, 5 fig.Enquête faite en 1939 à Tombouctou. Copies en paille des bijoux en orbambara. Technique moulage à la cire incrustée de brins de paille.183. PARIS. Bijoux de paille et poupées de cire sonraï de Tombouctou,dans Not. Air., n° 51, Dakar, 1951, p. 84-88, 4 fig.

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Complément de l'article précédent. Fabrication récente. Renseignementsintéressants sur le mariage de poupées de cire avec un jeune garçon.184. MERCIER (P.). Une initiation au « bori » chez les Zerma de Natitingou,dans Not. Air., n 51, Dakar, 1951, p. 83-84.Initiation à la danse de possession observée dans une petite colonie zerma duNord-Dahomey. Renseignements intéressants sur la recherche d'une baguecachée,preuve de non-simulation.185. ROUCH (Jean). Essai sur la religion et la magie songhay (Thèse deDoctorat, à paraltre).Voir également LHOTE, Le Niger en kayak (dessins d'objets rituels, de dansesde possession), DUTEL, La danse des diables (dans « Tropiques »,1950), RoucH,La chevauchée des génies (« Plaisir de France », 1949), Les magiciens deWanzerbé(e Caliban », 1949), La magie et la danse (« Tropiques », 1950).

LES SONGHÂY12) Index bibliographique alphabétiqueABAoIE, 28. ABOUL FEDA, 79. AHMED BABA, 85. AL OMARI, 80.ANDREWS, 166. Anonymes, 88... 165... 172... 190. ARDANT DU PICQ, 30,131. AUBREVILLE, 45. AViNEN, 64.BAILLAUD, 148. BARTH, 4, 116, 119. BASSET, 120. BASTARD, 128. BENHAMOUDA, 168, 169. BÉRAUD-VILLARS, 102 bis. BOULNOIS, 179.BOVILL, 92, 100. BUSSON, 35.CAILLIE, 3.CANCEL, 132. CARON, 121. CHATELAIN, 97, 98. CHUDEAU, 39.CLAPPERTON, 114. CLÉRISSE, 60. COUTOULY, 24, 155. CROS, 33.DAYAN, 122. DENHAM, 114. DELAFOSSE, 19, 91, 142, 143, 144.DESPLAGNES, 17, 50, 51, 91. DuBois, 10, 127, 151, 152. DUPUIS-YAKOUBA, 21, 22, 23, 55, 124,130, 135, 154. DUCHAmP, 164. DUTEL, 104, 134, 177, 180, 181.EL BEKRI, 75.FROLOW, 44, 46. FORSTER, 12. FROBENIUS, 20.GENEVIÈRE, 133. GIRONCOURT, 41, 42, GREY-JACKSON, 93. GRIAULE,175. GUILLAUMET, 147.52, 53, 94, 171.HACQUARD, 14, 124. HAMA, 173, 176. HARRIS, 156, 157. HODGSON, 115.HOMBURGER, 145, 146. HOURST, 13.IBN BATOUTA1, 81. IBN HAUKAL, 74. IBN KHALDOUN, 82. IBN SAIM,78. IDRISI, 76.JOUCLA, 1.KATI, 87. KOELLE, 117. KOSSOVITCH, 108. KRAUSE, 123.LAFORGUE, 48, 57, 58. LECA, 32. LECoeUR, 158. LEFROU, 109, 109 bis.LEMAIRE, Il. LENFANT, 37, 150. LENZ, 5. LÉON L'AFRICAIN, 84.LOBSiGER-DELLENBACH, 110. LHOTE, 65, 82. LYON, 113.

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MAÈS, 59. MAKRIZI, 83. MARC, 40. MARCHAL, 161. MARIE, 129.MARTY, 170. MAUNY, 49, 68, 70, 72, 73. MENIAUD, 153. MERCER, 184.MIGEOD, 138. MONOD, 61, 62, 63. MONTEIL (lieut-col.), 6. MONTEIL (Ch.),16, 29, 101. MouRGuES, 27.NED-NOLL, 149.OUDNEY, 114.PAGÊS, 163. PALES, 111. PALMER, 89. PARIS, 183. PEDRALS, 71,103.(Pères Blancs), 125, 126. PEFONTAN, 26, 99. PÉRIE, 105. PÉoN,25. PONTY,67.RAFFENEL, 118. ROBIN, 31. RoucH, 66, 67, 106,136,160,162, 162 bis.174, 178, 185.SADI, 86. SADOUX, 56. SALVY, 18. SAUVAGET, 69. SAUVY, 66, 159.SELLIER, 105. SÉRÉ DE RIVIÈRE, 34. STUHLMANN, 137.STRUCK, 140.

ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUETILHO, 96. TOUTÉE, 8, 9, 36.URVOY, 2, 43, 47, 102, 112. VAN BERcHEM, 54. VERMERSCH, 7.VERNEAU, 107. VILATTE, 38. WERNER, 141. WESTERMANN, 139,149 bis.YAKOUT, 77.

TABLE DES MATIÈRESPAGESAVANT-PROPOS vCHAPITRE PREMIER. - Situation géographique et climatique 1CHAPITRE IL. - Situation ethnique et historique ..31) Nomenclature . ... 32) Groupes divers et répartition 33) Populations voisines .. 54) Aperçu démographique... 55) Histoire et origine traditionnelles 8CHAPITRE III. - La langue songhay 121) Diffusion 122) Dialectes .. 123) Caractéristiques 134) Classification 14CHAPITRE IV. - Vie économique 171) Agriculture 172) Elevage 213) Pêche 214) Chasse 235) Artisanat 236) Activité commerciale 267) Migrations saisonnières 298) Vêtements et parures .. 29

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CHAPITRE V - Organisation sociale.. 311) Formes d'établissement et habitat 312) Groupements et parentés. 333) Classes d'âge, initiation .. 384) Associations .... 395) Esclavage, castes, chefferies 406) Droit et propriété .. 437) Position des femmes 47CHAPITRE VI. - Principaux éléments de la culture 491) Caractéristiques physiques, mentalité 492) Cycle de la vie d'un individu 533) Religion et magie 59CHAPITRE VII. - L'évolution 651) Enseignement et assistance médicale 652) Le Songhay et l'avenir 66

100 LES SONGHAYCHAPITRE VIII. - Essai de bibliographie analytique 681) Bibliographie.. 682) Ouvrages généraux 683) Géographie 744) Préhistoire archéologique .. 765) Histoire 796) Anthropologie ..86 7) Démographie. 868) Linguistique 879) Vie économique 9110) Organisation sociale 9311) Art et religion ...93 12) Index bibliographique alphabétique 96HORS-TEXTE : Carte de répartition ethnique. (in-fine)1954. - Imprimerie des Presses Universitaires de France. - Vendôme (France)ÉDIT. No 23.508 IMP. No 13.457

LES SONGHAYCarte des populations+++++ Limites internationalesLimites intércoloniales. ............ Limites de CerclesO0 200 Km.

SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES3 9088 00706 9115MONOGRAPHIES ETHNOLOGIQUESAFRICAINESpubliées sous le patronage de I'INSTITUT INTERNATIONAL AFRICAINde LondresViviana PAQUES Les Bambara

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In-8° raisinIn-8° raisin.... 700 f r.Jean ROUCHLes Songhay .......... .... .... .. .... 600 fr.Monique de LESTRANGELes Coniagui-BassariIn-8' raisin .... ....................... (sous presse)Presses Universitaires de France1954. - Imp. des Presses Universitaires de France, Vendôme (France)600 fr. 13. C. + T. L.28.508

- ~ iCOkR IES SMITHSONIAN INSTITUTION NOuifIISNI NVINOSHIfl1VS S3jUi 9lL B FzA zCA <I>cnOLIJISNI_ NVINOSHII1AJS <n5 3l 3V >J li_-LPI B R AR I ES5SMITHSONIAN INSTITUTION NOIJIwkR IES SMITHSONIAN INSTITUTION' NOIIOflJÆNI NVINOSIW5S331H~VUI Bli Li B3l zz1).L iist4 Kmi z zAZCRJ.SI VNSIVI S3~Y1P LIRAIE SMITHSONIAN INSTITUTION(nNOIJ.INIOS-1VS<n531M 1Cz z C11SI-VIOHM 3US1 IRRIES SMITHSONIAN r- INSTITUTIONNOIJÅJISIN1OHJ~ 3~V8i lBzA z z,ILN VNSIV~ 3881 IRRIES SMITHSONIAN INSTITUTION NO!].N VNOHMS1VejlLBz '-z rz00,R I E£S SMITHSONIAN INSTITUTION NOIifli.IJSNP NVINOSHIIAS531IUVU911i~ L B F

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SMITHSONIAN INSTITUTION NOIIOIIISNI NVINOSH1IMSI 53 IM~VUS IILI BRAR IESNVINOSHIIS 53 1 ýJVH9 11 LIl B R AR l E S SMITHSONIAN INSTITUTIONNolflnlIlSNI>SMITHSONIAN _INSTITUTION NOunlSINI NVINOSHflVlS S31 8Vdi 97 _lLI B RAR IJESDI n(I,ý4N C3NIOHIJ S32 U1 LIBROAE WMTSNA INTTTO N01 w SN2, <4 2 -0 <NVINOSIUAI S$31M~V~8911-L,113RAR IES SMITHSONIANINSTITUTION NOiInl-IISNI81N zzr - r>0z 2


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