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L,:imp aet de la déficience intellectuelle sur la problématique de la ...

Date post: 31-Jan-2017
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Revue Européenne du Hondicop Mentol 1997,VoL 4, No 15, pages 3 à I5 @ DIALOGUES L,:imp aet de la déficience intellectuelle sur la problématique de la négligence parentale - France Guayt't LouiseS. Ethierrtt E rc ilia Palncio - Qui tttirt ( I) Michel Boutetq) Cette étude compare ungroupe de 10mères déficientes négligentes (MD) à ungroupe de 20 mères non-déficientes négligentes (MND), au niveau du stress parental, du réseau de soutiensocial,ainsi qu'au niveaude la gravitéde la négligence parentale. L'indexde stress parental (Abidin,1990) est utilisé po,ur mesurer le niveau de stress parental des mères, I'entrevue sur le réseau socialde Ethier, Lacharité et Couture (1990) permet de connaître la composition de leur réseau social et "l'inventaire concernant le bien-être de I'enfant en relation avec I'exercice des responsabilités parentalæ, (Magura & Moses, 1986) mesure la gravité de la situation de négligence. Lesrésultats nouspermettentde constater que,bienque les MD vivent un niveau de slress extrême dansI'exercice de leur rôleparental et qu'elles souffrent d'isolement social, leurs résultats quantà ces variables ne diffèrent pas signilicativement des MND. Toutefois, les MD présentent un niveau de négligence significativement plusgrave, dansdivers aspects du domaine parental que les MND. Les résultatsconfirment I'influence de la capacitéintellectuelle sur la négligence parentaleet plus particulièrement sur sa gravité. Cependant, Ia gravité de Ia négligence chez les mèresdéficientes, doit être comprise commele résultat de plusieurs facteurs (sfress, isolement social, pauvreté) qui, conjugués à la déficience, ont un effet négatif cumulatif sur la compétence parentale. La négligence parentale a négligence est l'échecchronique du parent à répondre aux divers besoins de son enfant quantà la santé, l'hygiène, la protection, l'éducation ou la vie émotionnelle. Ainsi, elle se définirait plutôt par I'absence de colnportements bénéfiques i\ I'enf:urtque par la présence de conduitesparentales néfastes. Ce- pendant, lorsque I'enfant grzurdit et acquiert plus d'autonomie, la négligence du parent s'accom- pagne fiéquernrnent de violence (Palacio-Quintin et Ethier.1993). Palacio-Quintin, Ethier, Jourdan-Ionescu et Lacharité (1995) ont misenrelief le fait que des études réalisées dans différents pays démontrent que la négligence est la forme demaltraitance la plus répandue. Ils citenten exemple quelques statistiques obtenues en France, auxEtats-Unis et au Québec. Ainsi I'analyse réalisée enFrance par Gabel (1993) montre que 56 7odes casde mauvais Eaiternents suivis dans un service pen- dant I'année 1990 étaient des cas denégligence. Aux Énts-Unis, selon le New-York State Cen- tml Registry for Child Abuse, 93 7o des cas de maltraitance étaient des cas de négligence Groupe de recherche en Développement dê l'enfont et de Io Fomille - Université du Québec è Trois-Rivières - CP.500, Trois-RVières - Québec, Conodo - c9A 5 H7. ?
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Revue Européenne du Hondicop Mentol

1997,VoL 4, No 15, pages 3 à I5 @ DIALOGUES

L,:imp aet de la déficience intellectuellesur la problématique de la négligence

parentale -

France Guayt'tLouise S. Ethierrtt

E rc ilia P aln cio - Qui tttirt ( I )

Michel Boutetq)

Cette étude compare un groupe de 10 mères déficientes négligentes (MD) à un groupe de20 mères non-déficientes négligentes (MND), au niveau du stress parental, du réseau desoutien social, ainsi qu'au niveau de la gravité de la négligence parentale. L'index destress parental (Abidin, 1990) est utilisé po,ur mesurer le niveau de stress parental desmères, I'entrevue sur le réseau social de Ethier, Lacharité et Couture (1990) permet deconnaître la composition de leur réseau social et "l'inventaire concernant le bien-être deI'enfant en relation avec I'exercice des responsabilités parentalæ, (Magura & Moses,1986) mesure la gravité de la situation de négligence. Les résultats nous permettentdeconstater que, bien que les MD vivent un niveau de slress extrême dans I'exercice de leurrôle parental et qu'elles souffrent d'isolement social, leurs résultats quant à ces variablesne diffèrent pas signilicativement des MND. Toutefois, les MD présentent un niveau denégligence significativement plus grave, dans divers aspects du domaine parental que lesMND. Les résultats confirment I'influence de la capacité intellectuelle sur la négligenceparentale et plus particulièrement sur sa gravité. Cependant, Ia gravité de Ia négligencechez les mères déficientes, doit être comprise comme le résultat de plusieurs facteurs(sfress, isolement social, pauvreté) qui, conjugués à la déficience, ont un effet négatifcumulatif sur la compétence parentale.

La négligence parentale

a négl igence est l 'échec chronique duparent à répondre aux divers besoins deson enfant quant à la santé, l'hygiène, la

protection, l 'éducation ou la vie émotionnelle.

Ainsi, elle se définirait plutôt par I'absence de

colnportements bénéfiques i\ I'enf:urt que par la

présence de conduites parentales néfastes. Ce-pendant, lorsque I'enfant grzurdit et acquiert plus

d'autonomie, la négligence du parent s'accom-pagne fiéquernrnent de violence (Palacio-Quintin

et Ethier. 1993).

Palacio-Quintin, Ethier, Jourdan-Ionescu etLacharité (1995) ont mis en relief le fait que desétudes réalisées dans différents pays démontrentque la négligence est la forme de maltraitance laplus répandue. Ils citent en exemple quelquesstatistiques obtenues en France, aux Etats-Uniset au Québec. Ainsi I'analyse réalisée en Francepar Gabel (1993) montre que 56 7o des cas demauvais Eaiternents suivis dans un service pen-dant I'année 1990 étaient des cas de négligence.Aux Énts-Unis, selon le New-York State Cen-tml Registry for Child Abuse, 93 7o des cas demaltraitance étaient des cas de négligence

Groupe de recherche en Développement dê l'enfont et de Io Fomille - Université du Québec è Trois-Rivières - CP.500,Trois-RVières - Québec, Conodo - c9A 5 H7.

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L'IIITPACT DE tI, NÉPICIU,ICE INTELLECTUELLE SUR LAPROBLÈUNryUT OT tI NÉCITCENCE,..

(Green. 1990). Enfin au Québec, panni les casde signalements retenus dans I'ensemble des ser-vices sociaux en 1990, 77 Vo étuent des cas denégligence, l0 Vo des cas d'abus physique et13 7a des cas d'abus sexuel.

La négligence parentale est un phénomènecornplexe et multifonne. Ainsi, la pauvreté éco-nomique (Crittenden, 1988 ; Martin et Walters,1982 ) , l a monoparen ta l i t é (Chamber land ,Bouchard et Beauùy, 1988), I ' isolement social(Mayer-Renaud et Beauclry, 1990), de mêmequ 'un n i veau é levé de s t ress (Ege land ,Breitenbucher et Rosenberg, 1980) sont des fac-teurs de risques associés à la négligence. On doitégalement considérer des variables telles que ladépression, la toxicomanie, la violence et la dé-ficience intellectuelle qui se rnanifestent en pa-rallèle à la négligence et selon différents contex-tes et dynarniques. Par conséquent, la popula-tion des méres négligentes n'est p:s hornogène ;il n'existe pas un rnodèle type de farnilles négli-gentes rnais plusieurs types (Palacio-Quintin,Couture, Paquet et aJ., 1995). Les rnères négli-gentes présentant une déficience intellectuelleconstituent I 'un de ces types de familles. Leursituation particulière fait I'objet de cette étude.Afin de connaître quel est I'irnpact de la défi-cience sur la problématique de la négligence pa-rentale, cette étude a pour objectif de comparerdes rnères négligentes déficientes à des mèresnégligentes non déficientes en fonction de leurniveau de stress parental, de leur réseau social etde la gravité de leur négligence.

Les difficultés cognitiveset Ia négligence

Certains auteurs ont identifié des déficits oulirnitations dans le fonctionnement intellectuelde parents abusifs ou négligents (Crittenden,1988 ; M:rtin & Walters, 1982; Wolfe, 1988).D'ail leurs, des études ayant pour but d'évaluerle niveau intellectuel de mères négligentes ontdérnontré que bien que certaines aient une capa-cité intellectuelle normale et rnêrne supérieure àla moyenne, un pourcentage très élevé de mères

se retrouve dans les catégories <fonctionnernentintellectuel limite> et <déficience intellectuelle>>(Borgman, 1969 ; Palacio-Quintin, Courure er al.,1995 ; Sheridan. 1956).

En tait, la déficience intellectuelle est consi-dérée comme étant un facteur de risque impor-tânt de négligence (Crinenden, 1988 ; Feldman,1986). La déficience des parents entraîne sou-vent une situation socio-économique précaire,faible revenu, emploi non spécialisé ou nonemployabilité, favorisant le développement d'uncontexte propice aux difficultés parentales (Schil-l ing et Schinke, 1984). Bien que plusieun pa-rents peuvent vivre une situation socio-écono-mique déplorable, les problèmes cognitifs et lavulnérabilité émotionnelle présentes dans la dé-ficience, se conjuguant aux effets de la pauvreté,placent les individus déficients à risque élevé dedi f f icu l tés parenta les (Whi tman, Graves etAccardo, 1989).

À cet effet, des difficultés parentales consi-dérables, ainsi qu'un pourcentage élevé de casde négligence et de placements hors du foyerfamilial. ont été observés chez des farnilles dontau moins I'un des deux parents était déficient(Accardo etWhitrnan, 1990 ; Kaminer, Jedrysek& Soles, l98l ; Seagull et Scheurer, 1986). Lanégligence serait le rype de maltraitance le pluscommun trouvé chez ce type de familles et celle-ci proviendrait d'une ignorance et d'une incapa-cité à procurer les soins nécessaires, plutôt qued'un manque de volonté ou d'intérêt envers I 'en-fant (Budd & Greenspan, 1984; Green & Paul,1974; Seagull & Scheurer, 1986; Tymchuk &Andron, 1990; Whitman, Graves et Accardo,1990).

Le sfress parental

Abidin (1990) définit le stress spécifique aurôle parental comme un état de malaise psycho-logique relié à la responsabilité de l'éducationde I'enfant. Il a été démontré que les mères né-gligentes et maltraitantes vivent un niveau destress parental significativement plus élevé,

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L'ILTPACT DE LA DÉ,FICIENCE INTELLECTUELLE SUR LA PNONTÈUITIOUE DE Nq NÉCIICTNCg...

colnparativement à des mères non maltraitantesprovenant de milieux socio-économiques com-parables. À cet égard, la rnajorité des mères né-gligentes de la population québécoise montrentun niveau de stress extrême qui se situe au 90è*percentile de la population générale (Éthier,Palacio-Quintin, Couture, Jourdan-Ionescu &Lacharité, 1 99 1 ).

Le niveau élevé de stress observé chez lesrnères négligentes serait dû à la fois à des fac-teurs de vulnérabilité personnelle (anxiété, dif-ficultés d'ajustement à une variété de situations),ainsi qu'à des facteurs environnementaux, nom-breux changelnents et événements critiques vé-cus I'année précéd.rnt le signalement, pauvreté,rnonoparentalité, isolernent, passé des mères(Bauer et Twentyman, 198-5 ; Egeland et al.,1980 ;Ethier, 1992). Crittenden (1988) expliquecornrnent le sFess est relié au comportelnent né-gligent de la rnère. Selon cet auteur, la mère adop-tcnùt une sratégie de retrait, d'ignorance de sesproblèrnes, de délégation de son autorité et de saresponsabilité face à son rôle parental, afin deréduire son niveau de stress et de se protégerphysiquernent et psychologiquement de la situa-tion. On peut se demander alors cornment se lra-duit la situation de stress chez les mères défi-cientes.

La déficience limite non seulement les habi-letés cognitives rnais également les habiletéssociales et la capacité adaptative, contribuantainsi à hausser le stress vécu quotidiennement.Whitman et al. (1989) considèrent que les pa-rents déficients sont fréquemrnent en difficulté,tant au niveau psychologique que social. I lséprouvent notamment des problèmes de langage,des difflcultés d'apprentissage, ainsi qu'une in-habileté à décoder les signaux sociaux et à utili-ser les signaux non verbaux de façon appropriée.Il leur est souvent difficile d'organiser leur quo-tidien, d'établir et de respecter un horaire, ainsique de généraliser les connaissances acquises auxsituations de la vie courânte. Enfin, i ls peuventavoir une faible estirne d'eux-rnêrnes, éprouver

un sentiment général d'impuissance et avoir ten-dance à anticiper l'échec (Schilling et Schinke,1984). Ainsi, il s'avère que les parents déficientsvivent une multiplicité d'autres stress de vie fré-quemment associés à leur déficience intellec-tuelle, en plus de ceux reliés à leur rôle parental.

Chaney, Eyman, Givens et Valdes (1985)constatent qu'un sentiment général d'impuis-sance et de manque de contrôle produiraient chezles gens déficients, particulièrernent ceux dontI'autonomie est très limitée, un stress suffisantpour provoquer des problèmes de santé tels quedes ulcères d'estomac. Enfin, O'Neil (1982 ; voirNucci et Reiss, 1987), en effectuant des obser-vations cliniques, remarque que les personnesdéficientes intellectuellernent présentant des pro-blèmes érnotionnels, semblent avoir une faibletolérance à la frustration et au stress.

L'isolement social

L'isolement social est une caractéristique desmères négligentes qui est largement reconnue parles auteurs ceuvrant dans le domaine. Ainsi, lesmères négligentes vivent dans un environnementsocial appauvri et elles ont un réseau social ré-duit, souvent stable et limité aux seuls contactssociaux avec les membres de la famille immé-diate (Crittenden, 1988 ; Salzinger, Kaplan etArtemyeff, 1983). Les travaux dePolansky, Gau-din, Ammons, Davis (1985) ont confirmé I'hy-pothèse selon laquelle les mères négligentes vi-vent dans I'isolement, notammentparce que leursnombreux besoins sernblent éloigner les sourcesde soutien. De même, selon ceraines études com-paratives (Éthier, Palacio-Quintin, Couture,Jourdan-Ionescu et Lacharité, 1993; Filion,1995), le réseau de soutien social des mères né-gligentes compte moins de personnes, est moinsdiversifié et rnoins satisfaisant que celui desrnères adéquates provenant du rnême milieusocio-économique.

Très peu d'études se sont intéressées specifi-quernent au soutien social des parents déficients.Néanrnoins celles-ci ont démontré que les pa-

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L'lùIPACT DE u, oÉptcts^lcE INTELLECTUELLE suR LA pRoBLÈ,utnput op ta NÊcttcENCE...

rents déficients reçoivent du souûen essentielle-ment des membres de leur famille et qu'ils n'ontpas de relations à I'extérieur de la farnille imrné-diate, avec des voisins ou d'autres parents(Llewel lyn, 1995 ; Tucker et Johnson, t989;Zetlin, Weisner et Gallimore, 1985). Les adulresdéficients sont habituellement plus isolés socia-lement que les adultes non-déficients (Dulaneyet Ellis, 1994 ; Peterson, Robinson et Lirrman,1983). Leur capacité à former et maintenir unréseau de soutien social est restreinte par leurdéficience intellectuelle et leurs l imita-tions concornitantes dans les habiletéssocia les et capaci tés de réc iproc i té(Krauss. Seltzer et Goodrnan, 1992).

Méthodologie

Dans le cadre de notre étude.l 'échantil lon de mères négligentes estréparti en deux groupes, soit un prernierdont la capacité intellectuelle des sujets(10) se situe dans la catégorie <défi-cience intellectuelle> des matrices deRaven et un second composé de 20 su-jets non-déficients. Les mères ont étérecrutées sur une base volontaire pannila population québécoise au Centre deprotection de I 'enfance et de lajeunessede la région Maur ic ie/Bois-Francs(CPEJ-MBF). ainsi que dans divers mi-lieux offrant des services en déficienceintellectuelle (centre de travail adapté,centre de réacl:rptation)'. D'après le jugementpro-fessionnel des praticiens travaillant auprès de cetéchantillon, les 30 mères étaient roures négligen-tes dans un ou plusieurs âspects de la vie de leursenfants. D'ailleurs, pour tous les sujets, <l'in-ventâire concernant le bien-être de I'enfant enrelation avec I'exercice des responsabilités pa-rentales> (version québécoise de Vezina etBradet, 1990 du <Child Well-Being Scaleso,Magura & Moses, 1986), fut urilisé afin de con-naître le type et la gravité de la négligence pa-rentale.

La capacité intellectuelle des mères a étê éva-

luée à I'aide des matrices progressives de Raven(Raven, Court & Raven, 1983). Dix d'entre el-les se sont avérées déficientes (MD). Les 20autres, réparties selon divers niveaux de fonc-tionnement intellectuel, ne présentaient pas dedéficience (IvSfD), (voir tableau 1). Bien queI'instrument de mesure utilisé ne permette pasde connaître la profondeur du niveau de défi-cience des mères, leur degré d'autonomie nouslaisse supposer, selon tout évidence, qu'elles pré-sentent une déficience lésère.

Tableau 1 : Niveau de fonctionnement intellectuelde l 'Échantil lon (N = 30) selon les matrices

progressives de Raven

Le niveau de conespondance des deux grou-pes à l'étude a été analysé à partir de caractéris-tiques socio-économiques telles que l'âge de larnère, le nombre d'enfants, l'âge moyen des en-fants-ciblesz, le statut conjugal et le revenu fa-milial. En consultant le tableau 2, on peut obser-ver qu'en moyenne les MD ont 34,1 ans (écarttype = 6,1), alors que les MND ont 30,9 ans (écarttype = 5,5). La différence d'âge enre les deuxgroupes n'est pas significative selon I'analyseMann-Whitney (U = 66, n.s.). De plus, les deuxgroupes ont un nombre moyen d'enfants identi-que soit 2,4 enfants. Toutefois, l'âge moyen des

M D(N = 10)

M N D(N = 20)

1 - Supérieur à la moyenne(supérieur au 95o percent i le) O "/t

2 - Au dessus de la moyenne(du 76' au 95o percentile) 35 "/"

3 - Dans la moyenne(du 26 'au 75o percent i le) 0 "/" 35 "/"

4 - Sous la moyenne(du 6" au 25 ' percent i le) 0 t/" 30 "/"

5 - Déficience(du 1o au 5 ' percent i le)

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L,II,IPACT DE LA DÉFICIENCE INTELLECTUELLE SIJR LA PRoBLÈMATIQUE DE LA NÉGLIGENCE...

enfants-cibles chez les MD (M = 77,7 mois) etchez les MND (M = 52,6 rnois) esr significa-tivement différent selon I'analyse Mann-Whitney(U = 45,5, p < .05).Cette différence esr suscep-tible d'influencer certains des résultats obtenus.Nous y reviendrons lors de la discussion des ré-sulats. La répartition des mères quant à leur stâ-tut conjugal est la mêrne pour les deux groupes(40 % sans conjoint, 60 Vo ave.c conjoint depuis3 rnois et plus). Le revenu familial a été analyséen fonction de trois niveaux soit, revenu infé-rieur à l-5 000 S (MD = 55,6 %, MND = 47,1 Vo),revenu se situant entre 15 000 $ et 25 000 $(l\.{D = 33.3 Vo,MND = 29,4 Vo) etrevenu supé-r ieur ou éga l à 2 -5 000 $ (MD = l l . l Vo ,MND = 23,5 Vo). Le Chi carré ne dérnonrreaucune différence significative dans la distribu-tion tles deux groupes quant au revenu farnilial(X' (5, N = 26) = 4.42, n.s.). Les deux groupesprésentent donc des caractéristiquessocio-démographiques équivalen-tes, exception faite de l 'âge rnoyendes enfants-cibles.

Procédure

Les évaluateurs. des étudiantsavancés en psychologie, ont tous étéfonnés et supervisés dâns leur tra-vail par des psychologues cliniciensqualifiés à intervenir dans le do-rnaine de la négligence parenLrJe.Tous les questionnaires servant àmesurer les variables à l'étude ontété passés verbalement en entrevueindividuelle. en raison des difficul-tés intellectuelles ou de l':uralpha-bétisme de cerlrines mères. Chaquernère a donc été rencontrée à domi-cile à deux ou trois reprises.

Mesures

Nous avons uti l isé le question-naire socio-démographique cons-truit par Éthier (1985), afrn d'orga-niser et standardiser les informa-

tions concernant les familles (âge, scolarité, oc-cupation, revenu farnilial et statut conjugal desmères; âge, sexe, rang, résidence, activités etcourte anamnèse de I'enfant cible). Ce question-naire est adapté pour des populations à faible re-venu, peu scolarisées et ayant une structure fa-miliale instable. Il a été validé pour une popula-tion québécoise.

L'entrevue sur le réseau social (Éthier.Lacharité & Courure, 1993) est une adaptationdu questionnaire américain de Sarason, Levine,Basharn et Sarason (1983) portant sur le réseaude soutien social intime du parent. L'entrevue aété validée auprès de parents québécois issus demilieux économiquement défavorisés, de popu-lations de parents violents et négligents (Ethieret al, 1991 ; 1993). L'entrevue pennet de con-naître la densité, soit le nombre de personnes

Tableau 2 : Caractéristiques socio-démographiques

' En raison de données manquantes pour quelques familles en ce quiconcerne le revenu familial, les pourcenlages rapportés ont été calculéssur la base des données disponibles.

de l 'échantil lon (N = 30)

M D( N = 1 0 )

M N D(N = 20)

Age moyen des mères 34,1 ansl É . r - c r r

30,9 ans

Nombre moyen d'enfants 2,4 entants 2,4 enfants

Âge moyen des enfants ciblés 77,7 mois(6,5 ans)

52 ,6 mois(4,4 ans)

Statut conjugalPourcentage de mères cohabitantavec un conjoint depuis plus de3 mois

Pourcentage de mères sansconjoint ou cohabitant avec unconjoint depuis moins de 3 mois

60 "/"

40%

60 "/"

40 "/o

Revenu famil ial '. moins de 15 000 $. d e 1 5 0 0 0 $ à 2 4 9 9 9 $. 25 000 $ et olus

55,6 "/"33,3 %11 ,1 "/"

47,1 "/"29,4y"23,5 "/"

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L'tMPACT DE La oÉptctstttcE INTELLECTUELLE suR LA pRoBLÈMATreuE DE LA NÉGL1GENCE..

intimes et la diversité, soit le nombre de catéso-ries clifférentes de personnes intirnes, qui cù-posent le réseau de soutien social de la mère. Lescatégories de personnes-soutien considérées parle questionnaire sont le conjoint, les parents (père,rnère), la farnille élargie, les enfanrs de la mère,Ies amis, les voisins, les professionnels cle la santéou supports similaires, les groupes d'entraide oufunilles-soutien, et la rnère elle-lnême. Dans lapanie résultats, I'expression <Réseau naturel> estutilisée pour désigner le nombre de personnessoutien colnposant le réseau de la mère, à I'ex-ception des intervenants ou professionnels cle lasanté. Tandis que I'expression <Réseau total> estutilisée pour désigner le nombre total de person-nes soutien, incluant les intervenants ou profes-sionnels de la santé.

L'index de stress parenllll (ISp) est une tra-duction de I'instrument américain <parentingStress Inclex> de Abiclin (1990), qui a été valildée auprès d'une population de parents québé-cois par Lacharité, Éthier & Piché (1992). L'ISPpeut être utilisé avec des parents dont les enfantssont âgés de zéro à dix ans. Il sert à lnesurer ledegré de sress ou de difficultés que le parent vitdans I'exercice de son rôle parental. C'est unquestionnaire de 101 iterns qui permet de mesu-rer deux catégories de stresseurs reliés au do-rnaine spécifique de I'exercice du rôle parenLll :le dornirine du parent (sept échelles) et le dornainede I'enfant (six échelles). Les scores bruts obte-nus peuvent être convertis en rangs percentiles.Les scores normaux se situent entre le l5è* et le75è* rang percentile. Les parents dont le scoretotal brut est supérieur à 260 (rang percen-tile > 85) devraient se voir offrir une consulta-tion professionnelle. Notons que d.rns cette étude,lorsque la mère avait plus d'un enfant, c'est lequestionnaire pour lequel le stress était le plusélevé qui a été conservé (le questionnaire de I'en-fant-cible), et ce afin de présenter le portrait leplus réaliste possible de la mère quant à sa situa-lion rnaxirnale de stress.

<L'inventaire concernant le bien-être de I'en-fant en relation avec l'exercice des responsabili-

tés pa.rentales (I.B.E.)> est la version québécoisede I'instrument américain "The child well-beingscales> développé par Magura & Moses (19g6).Il a été validé pour une population québécoisepar Vézina & Bradet (1990). Cer insrrumenr,permettant d'évaluer 43 facettes du concept debien-être de I'enfant, est conçu pour aider lespraticiens à évaluer les farnilles négligentes etviolentes dans le contexte spécifique de protec_tion de I'enfant. Composé de 43 items au tota_,I'I.B.E. perrnet, en regroupant certains items, demesurer trois types de négligence : la négligencecorporelle (NC), environnementale (NEN.1 etémotionnelle (NEM). Les résultats obtenus pourchacune des échelles, ainsi que le score globalde bien-êne de I'enfant, sont pondérés de 0 à 100en fonction de la gravité. Plus les scores pondé-rés sont bas, plus le bien-être de I'enfant estmenacé. Les résultats peuvent être classés enquatre catégories de risque : très haut risque, hautrisque, risque moyen et risque faible à nul. Lesauteurs ont proposé un seuil critique pour cha-que éche l le de nég l igence (NC = 65 ,NEN = 64. I , NEM = 6l .3) en dessous duquel lesrisques pour I'enfant sont considérés élevés ourès élevés et, dès lors, une intervention est re-quise.

Les matrices de Raven, mises au point parRaven, Court & Raven (1983), sont un instru-ment de type non-verbal qui évalue le niveauintellectuel de la personne, indépendamment dulangage et de la formation scolaire. C'est doncun instrument dit sans apports culturels (<cul-ture free>) dont I'utilisation est pafiiculièrementappropriée auprès de mères négligentes, chez quion retrouve habituellement un statut social et unniveau d'éducation plus faibles, comparative-ment à la population générale. À partir des sco-res obtenus, il est possible de situer la perfor-mance de la personne par rapport à son grouped'âge et de la classifier selon cinq catégories al-lant d'une capacité intellectuelle supérieure jus-qu'à la déficience. La catégorie <déficience in-tellectuelle> regroupe les performances se situantentre le premier et le cinquième percentile.

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L'ITIPACT DE LA DÉFICIENCE INTELLECTUELLE STJR LA PROBLÈMATISUE DE LA NÉGLIGENCE...

Résultats

Le slress parental

Les deux groupes de mères négligentes, lesMD et les MND, éprouvent un niveau de stressparenLd très élevé qui dépasse le seuil critiquesitué à 260. Les MD éprouvent un niveau destress parental global légèrement plus élevé(M=269.5) que les MND (M =267.25) (voirfigure l). La différence entre les deux groupesest non significative, comme en térnoigne I'ana-lyse Mann-Whitney (U = 99, n.s.). De même, iln'y a pas de différence significative entre les deuxgroupes lorsque le domaine du parent (U = 90,n.s.) et le domaine de I'enfant (U = 84.5, n.s.)sont pris isolérnent. Par conséquent, les MD nevivent pas plus de stress que les MND dansI'exercice de leur rôle parental.

Le réseau social

Contrairernent aux prévisions, lorsque les in-tervenants ou pro-fessionnels de lasanté ne sont pasconsidérés (voir<Rés. na ture l>dans le g raph i -que), le réseau so-c ia l des MDcompte p lus depersonnes (M =4.9) que celui desMND (M = 3.8).La différence en-

tre les deux groupes n'est cependant pas signifi-cative (U = 80, n.s.). Lorsque les professionnelsde la santé ou les intervenants sont pris en compte(voir <Réseau tolrl> dans le graphique), les MDont également plus de personnes-soutien dansleur réseau (M = 6.1) que les MND (M = 5.35).La différence entre les deux groupes est encoreici non significative (U =94, n.s.). De plus, lenombre de catégories différentes de personnes-soutien composant le réseau social des MD(M = 3) est presque identique à celui des MND(M = 3.2), (U = 82, n.s.) . Donc, les MD del'échantillon n'ont pas un réseau social moinsdcnse et moins diversifié que les MND (voir fi-gure 2).

Gravité de la négligence parentale

Tel qu'illustré à la figure 3, le score globalde l 'en fan t àI ' l .B.E est s igni-ficativement plusbas chez les MD(M = 72.03) quechez les MND(M = 82 .04) ,( U = 3 4 , p < . 0 1 ) ,démontrant une si-tuation de mauvaistrai tements plusgrave chez les en-fants des MD.

Rappelons que plus le score est bas, plus le ni-veau de développernent de I'enfant est compro-

Stress total

Dom. Enfant

Dom. Parent

0 50 't 00 150 200 250 300

Figure 1 : Résultats à l ' lSP chez les MND et les MD

Rés. naturel

Pers. supp. 1o1.

Nbr. catégories

0 2 4 6 8

Figure 2 : Réseau de sout ien socia l des MND et des MD

9

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L'�ILIPACT DE U, OÉ,rtUrtuCE INTELLECTUELLE SUR LApROBLÈUnryUO np U, NÉCttcENCE...

mis. Il est également intéressant de constater quela même situation se reproduit pour chacune destrois échelles. En effet, il y a une différence si-gnificative entre les MD et les MND autant àl 'échel le de négl igence corporel le (M desMD=72.38 ; M des MND = 83.3, U = 48.5,p < .05) qu'à l'échelle de négligence environ-nernenta le (M des MD = 80 .07 ; M desMND = 90.27 ;U = 55, p <.05) et à l'échelle denégligence érnotionnelle (M des MD = 62.29 :M des MND = 70.88; U = 35, p < .01), mon-tmnt que la négligence rnanifestée par les MDest plus miuquée dans tous les aspects du bien-être de I'enfant.

Les deux groupes ont également été compa-rés en fonction du nombre rnoyen d'échelles denégligence pour lesquelles les lnères atteignentle seuil critique, qui signifie qu'une interventionest requise en raison du risque élevé ou très élevépour I'enfant. Les MD atteignent le seuil criti-que en moyenne à 1.56 échelles de négligencesur 3. comparativement à.45 échelles sur 3 pourles MND. L'analyse révèle une différence signi-f icat ive entre les deux groupes (U = 38.5,p = .001). En somme, les résultats obtenus dé-Inontrent que non seulement les MD de l'échan-til lon présentent une négligence parentale plusgrave que les MND, mais qu'en plus, la négli-gence est très risquée pour I'enfant dans un plusgrand nornbre de dornaines (les dornaines con-cernés étant environnemental. comorel et érno-t ionnel) .

Discussion

Les mères déficientes et négligentes viventun niveau de stress parental très élevé tant porxle domaine de I'enfant que celui du parent. Lesrnoyennes des MD (M = 269.5) et des MND(M = 267 .25) demeurent comparables mais dé-passent, lorsque I'on considère les scores bruts,le 85" percentile de la population générale qué-bécoise (Lacharité, Ethier & Piché 1992). End'autres terrnes, seulement 15 Va des parentsquébécois égalent le seuil de difficultés atteintpar les parents négligens et déficients.

Les lirnitations cognitives des mères déficien-tes, ainsi que les facteurs de stress multiples quiy sont habituellernent associés (Whitman et al.1989) ne semblent pas les placer à risque plusélevé de stress dans I'exercice du rôle parentalque les mères négligentes non déficientes. La nondistinction entre les groupes peut s'expliquer no-tamment parce que les deux groupes de parentssont extrèmernent vulnérables au stress. Les ré-sultats obtenus peuvent aussi s'expliquer par laconstruction de la mesure de stress comme telle.

L'index de stress parentrl (Abidin, 1990) n'apas été validé pour une population spécifique deparents déficients. C'est un instrurnenl qui me-sure le stress vécu par le parent dans son rôleparental et non la multiplicité d'auftes stress devie causés par le fait d'être déficient, dont Whit-man et al. (1989) parlaient (problèmes de lan-gage, de généralisation, d'apprentissage, etc.). Ace sujet, Bramston, Bostock & Tehan (1993) es-t iment que plusieurs des événements vécus

comme étant stres-sants, par les gensayant une déf i-c ience in te l lec -tuelle légère, ris-quent de ne pirs êtrecouverts par lesinstruments stan-dards existants.Toutefois, en dépitde cette constata-tion,l'utilisation de

Né9. corpor.

Né9. enviro.

Né9. émotio.

Score global

Figure 3 : Résultats à l '1.8.E. chez les MND et les MD

l 0

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L,ILTPACT DE LA DÉFICIENCE INTELLECTUELLE SUR LA PRoBLÈMATIQUE DE LA NÉGLIGENCE...

I'ISP est justifiée par le firit qu'il a été validéauprès de populations présentant des caractéris-tiques semblables à celles des mères déficientesnégligentes et leurs enfants. Par exemple, Abidin( 1990) rnentionne certains auteurs I'ayant utiliséavec des parents très jeunes, très peu scolariséset de niveau socio-éconornique très faible, avecdes parents maltraitants et négligents (Johnson& d., 1983), avec des parents à risque de problè-mes parentaux (Telleen, Herzog & Kilbane,1986), ainsi qu'avec des parents d'enfants pré-sentant des retards développementaux (Cameron& On. 1989) et intellectuels (Greenberg, 1983 ;Jenkins,1989).

Selon Ie point de vue de Abidin (1990) plusun enfant est jeune, plus le pirent éprouve dustress dans I 'exerc ice de son rô le parenta l .D'autre part, selon Dowdney & Skuse (1993), ladernande pesant sur les parents déficiens croît àlnesure que leurs enfants progressent dans lestacle préscolaire. Il est donc difficile de savoirsi l 'âge plus élevé chez les enfanrs des MD ainfluencé les résultats quant au stress parental etsi oui, est-ce à la hausse ou à la baisse ?

Au niveau du réseau de soutien social. lesrnères déficientes ont 4.9 personnes intimes etles lnères non déficientes 3.8. Selon les analysesstâtistiques, les mères négligentes, qu'elles soientdéficientes ou non, ne se perçoivent pas diffé-rùrnrnent quant à la densité et à la diversité deleur réseau de soutien social. A titre de cotnpa-ra-ison, les mères québécoises de niveau socio-économique défavorisé ont en rnoyenne 5.55personnes intimes dans leur réseau (Ethier et al,1993). Nos résultats démontrent donc que lespersonnes déficientes sont, à I'instar des autresparents négligents, parmi les plus isolés de lasociété. Cependant, comrne I'ont indiqué Rosen& Burchard (1990), bien que I ' intégration so-ciale des adultes déficients soit limitée, ceux-cine se perçoivent pas nécessairement comme étantplus isolés que les autres adultes de la société.

Les enfants des MD sont négligés plus gra-vemenl et ce dans plus d'aspects de leur vie, queles enfants des MND. Malgré un niveau de stress

parental et d'isolement social comparable, lesMD présentent une conduite négligente plusgrave que les MND. Les résultats de cene étudeconfirment donc I'influence de la capacité intel-lectuelle sur la capacité des mères à prendre soinadéquatement de leun enfants. Le fait d'êûe dé-ficientes conribue à hypothéquer la capacitéparentrle des mères. En ce sens, nos résultatsrejoignent le point de vue de Crittenden (1988)et Feldman (1986), selon lequel la déficienceintellectuelle du parent représente un risque deproblèmes chez I 'enfant, notamment un risquede négligence parentale. Dans le même sens, lesétudes de Accardo & Withrnan (1990) ainsi queKaminer et al. (1981), onr rapporré une forreprévalence de cas de négligence parentale panniles familles comptant au moins un parent défi-cient.

Cela dit, nous ne pouvons conclure que ladéficience intellectuelle est I 'unique cause d'unniveau de négligence plus grave chez les parents.Selon les constats de Dowdney & Skuse ( 1993),ainsi que Borgman (1969),lorsque les mèresnégligentes envers leurs enfants présentent unedéficience légère ou un fonctionnement intellec-tuel à la lirnite de la déficience (<borderline>),le Q.l. à lui seul ne constitue pas une explicationsuffisante à la pauvre qualité des soins reçus parles enfants. Nous devons comprendre la négli-gence chez le parent déficient comme étant lerésultat de plusieurs facteurs ayant un effet cu-rnulatif sur la compétence parentale. Le tait d'êtredéficient contribuerait à aggraver le niveau denégligence parentale et ce, en addition à un ni-veau de stress parental élevé, à I'isolement so-cial, à lapauweté, et dans certains cas, à un nom-bre élevé d'enfants dans la famille, aux antécé-dents difficiles des parents dans I'enfance, etc.

L'une des lirnites de cette recherche, est lenombre restreint de sujets. Les parents déficientsconstituent une population particulièrement dif-ficile à recruter. En fait, parmi les adultes défi-cients, ce sont ceux présentant une déficiencelégère qui sont parents en majorité mais très peud'entre eux reçoivent des services des centres deréadaptation en déficience intellectuelle. Quoi-

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L,IùTPACT DE LADÉFICIENCE INTELLECTUELLE SUR LAPRoBLÈMATIQUE DE LA NÉGLIGENCE...

qu'i l en soit, en raison d'un échantil lon aussi l i-

rnité que l0 sujets déficients, les résultats doi-vent êEe interprétés et utilisés avec prudence.

De plus, ces lnères ne sont pas représenLrtives

de la population générale des parents déficients,puisqu'elles ont été recrutées à pafiir d'une po-pulation déjà identifiée comme négligente. No-

tre objectif était, rappellons-le de comparer surplu sieurs variables deux populations vul nérables

ahn d'observer les effets du déficit intellectuel.

Une autre limite de la recherche est imputa-

ble à I'instrument utilisé pour mesurer la capa-cité intellectuelle. Ainsi, selon les normes deI'auteur, concernant les rnatrices de Raven, -5 %

de la population se retrouve dans la catégorie"déficience intellectuelleo. Or. on sait que la fré-quence de la déticience intellectuelle dans lapopulation générale est estimée entre2 Vo eL3 Va.Il se peut donc qu'un sujet ayzurt une capacitéintellectuelle à la lirnite du retard ("borderline")

se retrouve rlrns la catégorie déficience intellec-

tuelle des matrices de Raven. Bien que justifiées

en raison de la neutralisation des variables cul-turelles et des habiletés de communication. les

rnittrices de Raven ne permeltent pas un juge-

rnent très précis du degré de déhcience. L'uti l i-

sation d'un instrument additionnel permettant de

conniftre le niveau exact de fonctionnement in-

tellectuel serait pertinente lors de recherches sub-sequentes.

Conclusion

Les mères déficientes sont parmi les plusdérnunies de notre société. Elles éprouvent desproblèrnes rnultiples et complexes qui sont rare-ment pris en compte par les programmes d'in-tervention qui leur sont offerts. Tout comme lesMND, elles vivent un stress parental extrême,elles sont isolées socialement et elles vivent desconditions de grande pauvreté matérielle. Tou-tefois, leur déficience intellectuelle assombriedavantage le tableau et aggrave une capacité pa-rentale déjà nès hypothéquée.

Cette recherche a permis de démontrer queles mères déficientes négligentes se distinguentdes mères non déficientes négligentes, notam-rnent en regard de I'intensité de la négligence.

Les mères négligentes présentant une défi-cience intellectuelle sont rarement desservies parles centres de réadaptation en déficience intel-lectuelle. Les services offerts par ces établisse-ments sont surtout concentrés autour des person-nes plus lirnitées. On doit comprendre aussi queles mères déficientes légères, faute d'être dépis-tées ou motivées sont rarement orientées vers cesservices spécialisés. Afin de contrer ces difficul-tés, nous devons envisager une approche con-certée qui mise à la fois sur la prévention et I'in-tervention thérapeutique.

Un dépistage précoce en rnilieu hospitalierou en centre local de services communaulaireset la mise sur pied de programmes de soutienparental en collaboration avec les intervenantsdes centres de réadaptation, permettraient d'agirdiscrètement et efficacement au niveau des ha-biletés parentales. La contribution du milieu sco-laire et du réseau de garderies serait sûrementprohtable à cette intervention préventive.

En contexte de protection on remarque queIes intervenants et professionnels sont moinshabilités pour aider les personnes qui présententdes caractéristiques associées à la déficience in-tellectuelle. Une action concertée avec les cen-tres en déficience intellectuelle serait sûrementun atout. On peut présumer que ces parents défi-cients intellectuels sont négligents en raison no-talnment de leur omaladresse> à répondre auxbesoins de leur enfant. Il s'agit d'envisager desprogrammes d'éducation qui s'accordent à leurscaractéristiques cognitives, affectives et socia-les.

Version originale : FrançaisReçu le 26/03/97

Accepté Ie 28107/97

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L,IIIIP^CT DE LA DÉFICIENCE INTELLECTUELLE SUR LA PROBLÈMATIQUE DE LA NÉGLIGENCE...

Noles' Cette recherche o été réol'sée ovec l'oide finoncière

du Fonds pour lo Formotion de Chercheurs et l'Aide àlo Recherche, oirsi qu'ovec l'oide du Corseil Québé-cois de lo Recherche Sociole, Les demondes de tirés-ù-port doiveni être odresées ô Louise S. Ethier, direc-lrice du Groupe de recherche en développement del'enfont et de lo fomille, Université du Québec ô Trois-Rivières, C,P. 500 boulevord des Forges, Trois-Rivières,Conodo, GqA 5H7.

(r) Université du Québec à Trois-RVières.(? )Cen i re de Se rv i ces en Dé f i c i ence l n t e l l ec tue l l e

Mouricie/Bois-Froncs.I Les outeurs remercient le Cenhe Jeunesse Mouricie-

Bois-Froncs, le Centre Noire-Dome de l'Enfoni de Sher-brooke, l'Atelier des Vieillês Forges de Trois-Rivières, leCen t re de Se rv i ces en Dé f i c i ence I n te l l ec tue l l eMouricie/Bois-Froncs, oinsi que le Cêntre du Florès deRosemère, de leur colloboroiion à l'expérimentotion,

: L'enfont-cible est celui qui, lorsque lo fomille dénom-broit plus d'un enfont, o été portrculièrement ciblé donscette étude et ce, sur lo bose du résultot le plus élevé àl ' index de s l ress porentol (Abidin, . l990),

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