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May/June Mini-Issue Voix de Marrakech Voice

Date post: 12-Mar-2016
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A mini issue of Voix de Marrakech Voice (VMV) Magazine. Visit the Festival of Roses in Kelaat M'Gouna Morocco. Also includes "Hands of Morocco" a photography exhibit at Cafe du Livre in Marrakech by photographer Joan Rundo.
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1 Road Trip of Roses Un voyage parsemé de roses
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Road Trip of RosesUn voyage parsemé de roses

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Road Trip

Each May, for the past 50 years, the small town of Kelaâ M’Gouna Morocco has hosted the sweet smelling Festival of Roses. It is a jubilant celebration of the local rose harvest when tons of rose blooms are collected to be made into rose water. Kelaâ M’Gouna is

located about 300 kilometers from Marrakech so driving ourselves means getting there will be half the fun.

Chaque mois de mai, depuis 50 ans, la petite ville de Kelaâ M’Gouna au Maroc a accueilli le parfumé Festival de la rose. On y fête de façon réjouissante la récolte locale de la rose lorsque l’on ramasse des tonnes de pétales pour en faire de l’eau de rose. Kelaâ M’Gouna est

située à environ 300 kilomètres de Marrakech, ce qui signifie que notre voyage en voiture pour s’y rendre constituera la moitié du divertissement.

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Road Trip

On a sunny Wednesday morning we’re ready to leave Marrakech. The gas tank is full, the tires have been checked and the car is loaded. I must admit to being both excited and apprehensive about the road ahead. The Tizi n Tichka road, built by the French between 1926 and 1939, is a thing of legend. It cuts through the High Atlas mountains in twists and hairpin turns and will make up the bulk of our journey.

We head east out of town on the Route de Ouarzazate. In mere minutes we are in the countryside. Small villages spring up at odd intervals, hugging the road. Farms and fields spread out in either direction and the snow-covered High Atlas loom in the distance. It’s not long before the road begins to curve and bend, starting to rise through the foothills of the mountains. Incredible shades of green, the grass and palm trees, begin to blend with the ochre and russet hills.

There is a lot of life along the road. Small villages made up of mud brick buildings perch on hills or nestle into valleys.

Un mercredi matin ensoleillé, on est prêts à quittter Marrakech. Le réservoir à essence est rempli, les pneus sont au point et la voiture est chargée. Je dois admettre être à la fois enthousiasmée et appréhensive au sujet de la route à venir. La route Tizi n Tichka, construite par les français entre 1926 et 1939, est une véritable légende. Coupant à travers le Haut-Atlas au moyen de tournants et virages en épingle à cheveux, elle constitue la plus grande partie de notre voyage.

On sort de la ville à l’est sur la Route de Ouarzazate. Dans l’espace de quelques minutes, nous nous retrouvons dans la campagne. De petits villages surgissent occasionnellement, serrant la route. Des fermes et champs sont dispersés dans chaque direction et le Haut-Atlas apparaît au loin. La route ne tarda pas à faire une courbe et tourner, commençant à s’élever à travers les contreforts des montagnes. Des nuances de vert incroyables, l’herbe et les palmiers, commençent à se fondre avec les colines ocres et roussâtres.

Il y a beaucoup de vie le long de la route. De petits villages composés de bâtiments en brique de terre sont perchés sur des colines ou se nichent dans des vallées. On voit des

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Road TripWe see women tending fields and children walking along the roadside on their way to school. Men stand at curves in the road, holding out fossils and geodes for sale. There are signs for cafes and hotels in unexpected places. Cars and buses pass. Huge trucks lumber, ever so slowly, up the hills. And all the while, the road climbs. The air outside our rolled down windows begins to cool.

We stop for lunch in the town of Taddarte, not far from the mountain pass. We chose a restaurant with a terrace and enjoy our tajines while looking out at the mountains and blooming almond trees. From Taddarte we make the final ascent, in a series of incredible switchbacks. Our tires cling to the road with each hairpin bend. Turn after turn, we climb. We pull the car over to the rocky shoulder to see the road we’ve already covered. It unravels behind us like a roll of cement ribbon. We make the final ascent to 2,260 meters, the top of the Tichka pass. At the top we find a sign marking the altitude, as well as the obligatory cafes and shops.

The descent seems easier, less harrowing, perhaps because I can see the road in front of us. We begin to wind our way down the mountains, watching the landscape change color again. For the moment, red and green disappear and everywhere we look is a golden, sandy color. We are approaching the desert, the land of oasis and kasbahs. We will sleep in Ouarzazate, but first turn left onto a thin road that leads to one of the region’s marvels.

About 11 kilometers from the main road we see it. Ait Ben Haddou, a magnificent ksar or fortified town, estimated to have been built around the 11th century, comes into view. Clinging to an outcropping of orange-red rock, looking out over the riverbed and oasis, the ksar is remarkable. Used as a location in many popular films, and repeatedly restored by filmmakers, Ait Ben Haddou offers visitors an amalgam of what is and what might have been.

We walk down to the river. Locals have made rudimentary stepping stone bridges for visitors to cross the water and we hop across from one stone to the next. We approach the main gate where we hear the sounds of sheep and donkeys. While we’re peaking into the sheep paddock, a local man approaches and asks us to pay 10 dirhams a person to enter the ksar. Though this is a UNESCO listed site, the welcoming committee is unofficial. The few families that still inhabit Ait Ben Haddou have hung a sign and taken it upon themselves to collect a fee from tourists. While it is hard to say where the money goes, 10 dirhams is not much and a glass of tea is offered with entry, making this a bargain in my book.

Inside, we climb around the ksar like children in a playground. Huge, uneven steps carry us to dusty roof

femmes s’occuper de champs et des enfants marcher au bord de la route, se rendant à l’école. Des hommes se tiennent à des virages sur la route, faisant la vente de fossiles et géodes. il y a des paneaux indicateurs pour des cafés et hotels dans des endroits inattendus. Des voitures et bus passent. D’immenses camions se traînent péniblement sur les colines et pendant tout ce temps, la route grimpe. L’air en-dehors de nos fenêtres baissées commence à se refroidir.

On s’arrêta pour déjeuner dans la ville de Taddarte, pas trop loin du col de montagne. On choisit un restaurant avec une terrasse et dégusta des tajines tout en admirant les montagnes et les amandiers en fleur. De Taddarte, on fit l’ascension finale, dans une série de montagnes russes incroyables. Nos pneus collent à la route avec chaque virage en épingle à cheveux. Tournant après tournant, on grimpa. On arrêta la voiture sur l’épaule rocheuse pour examiner la route que l’on avait dejà parcourue. Elle se démêlait derrière nous comme un ruban de ciment. On fit l’ascension finale à 2260 mètres, le sommet du col de Tichka. En haut on trouve un panneau indiquant l’altitude, de même que les cafés et magasins obligatoires.

La descente paraît plus facile, moins pénible, peut-être parce-que je peux voir la route devant nous. On commence à serpenter, tout en observant le paysage changer à nouveau de couleur.Pour l’instant, le rouge et le vert disparaissent et partout où nous regardons, nous voyons une couleur dorée et sable. Nous approchons du désert, la terre des oasis et kasbahs. Nous passerons la nuit à Ouarzazate, mais d’abord tournons à gauche sur une route étroite, qui mène à une des merveilles de la région.

A environ 11 kilomètres de la route principale on le voit. Ait Ben Haddou, un ksar magnifique ou une ville fortifiée apparaît. On estime sa construction approximativement au onzième siècle. S’accrochant à l’affleurement de roc rouge orangé, ayant vue sur le lit de la rivère et l’oasis, le ksar est remarquable. Utilisé comme lieu de tournage pour de nombreux films populaires et répétitivement restauré par des cinéastes, Ait Ben Haddou offre aux visiteurs un amalgame de ce qui est et de ce qui aurait pu être.

On descend jusqu’à la rivière. Les gens du pays ont construit des ponts en pierre de gué rudimentaires pour permettre aux visiteurs de traverser l’eau et on saute d’une pierre à l’autre jusqu’à l’autre côté. On s’approche de la barrière principale où on entend le bruit des moutons et des ânes. Alors que l’on jette un coup d’oeil à l’enclos des moutons, un homme du pays s’approche et nous demande de payer 10 dirhams chacun afin d’entrer dans le ksar. Bien que ce site soit côté par l’ UNESCO, le commité d’accueil n’est pas officiel. Les quelques familles qui habitent toujours à Ait Ben Haddou ont pendu un paneau et ont pris sur eux de charger les touristes. Alors qu’il est difficile de dire où va l’argent, 10 dirhams, ce n’est pas beaucoup, de plus l’entrée comprend un verre de thé, ce qui qualifie cet endroit d’une affaire dans mon livre.

A l’intérieur, on grimpe le ksar comme des enfants dans une aire de jeu. D’énormes marches irrégulières nous mènent

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tops. Stairways follow the main walkways and peeking around corners always offers an interesting new view. We head to the top of the complex, where the ksar’s granary sits on a hill overlooking the valley in every direction. Near the top a local boy with beguiling blue-green eyes tries to sell us a live lizard, which I politely decline. We watch the light change as the sun moves through the sky, highlighting and shadowing different architectural details.

On our way back down we chose new paths and stumble upon the only guest house within the walls of the town. Just next door a friendly looking Berber man sticks his head out to invite us in. In a mixture of French, English and Arabic he tells us that he is an architect and has worked on all the movies filmed in the town since 1962’s Lawrence of Arabia. Mr. Hamadi shows off pictures and props, names actors and directors and leads us around the house. He is happy and charming. Not surprisingly the tour ends inside his little shop. The walls are lined with paintings of desert scenes done in tea, saffron and indigo which are heated over open flames to set the colors. I have fallen in love with these natural watercolor sketches and chose one to purchase. As Mr. Hamadi wraps up my purchase we talk about life in the ksar. He tells us that only 10 families live here now. Most of the other inhabitants have moved across the river to the new town. He hopes that the availability of running water and electricity, which are recent developments, may convince more people to come back. «If not,» he says pragmatically, «we can always rent out the houses.»

à des toîts poussiéreux. Des escaliers suivent les passages principaux. Jeter un coup d’oeil derrière les coins offre toujours une nouvelle vue intéressante. On se dirige vers le sommet du complexe, où le grenier du ksar est perché sur une coline donnant sur la vallée dans chaque direction. Près du sommet, un garçon du pays, aux yeux bleu-vert séduisants, essaye de nous vendre un lézard. Je déclinai poliment. On observe le changement de lumière, alors que le soleil bouge à travers le ciel, mettant en valeur et assombrissant différents détails architecturaux.

En redescendant, on choisit de nouveaux chemins et par hasard avons trouvé l’unique pension de famille dans les murs de la ville. Juste à côté, un berbère d’apparance sympathique passé la tête au-dehors et nous invite à entrer. Dans un mélange de français, anglais et arabe, il nous dit qu’il est architecte et a travaillé dans tous les tournages depuis Laurence d’Arabie en 1962. Mr Hamadi nous montre des photos et accessoires, nomme des acteurs et directeurs et nous offre un tour guidé de la maison. Il est heureux et charmant. On n’est pas surpris de terminer le tour dans son petit magasin. Les murs sont ornés de tableaux dépictant le desert aux couleurs thé, saffran, indigo, qui sont chauffés au-dessus d’un feu pour faire tenir les couleurs. Je suis tombée amoureuse de ces aquarelles naturelles et en choisi une. Pendant que Mr Hamadi emballe mon achat, on parle de la vie au ksar. Il nous dit que seulement 10 familles vivent ici à présent. La plupart des autres habitants ont déménagé de l’autre côté de la rivière dans la nouvelle ville. Il espère que l’eau et l’électricité, qui viennent d’être installées,peuvent potentiellement convincre plus de gens de revenir. “Sinon”, dit-il de façon pragmatique, “on peut toujours louer les maisons.”

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Road TripWe’re back in the car for the 30 kilometer stretch to Ouarzazate. The city is the largest in the region and a jumping off point for excursions to the desert. Still, it has a sleepy vibe, quiet and relaxed. In the center of town we head to the Taorirt Kasbah. Built in the 18th century, the kasbah was formerly home to the Galaoui clan, who ruled the southern trade routes. Visitors can tour some of the kasbah’s 300 rooms, but we skip the guided tour to wander the small section of the kasbah that is still inhabited. We enter down an alley to the left of the main gate and find a busy little warren of cramped streets, bustling with daily life.

The next day, we head east out of the city. We turn onto a small dirt track to get closer to the Reservoir El Mansour Dahbi which goes on for many kilometers and lies just south of the main road. The area around the reservoir is a rainbow of rock and vegetation. The water is turquoise. It’s shocking to see so much water in the middle of the arid landscape but the people in these parts are certainly water-wise. People here have been bending water to their will since the 10th century. This is the road of oases, the road of 1,000 kasbahs.

In this part of Morocco, take nearly any path, cracked concrete road or little dirt track and you will come upon a kasbah. Most of these fortified houses are in various

On se retrouve dans la voiture pour un parcours de 30 kilomètres jusqu’à Ouarzazate. La ville est la plus grande de la region et un tremplin pour les excursions au désert. Malgré tout, elle a une ambiance tranquille et relax. Au centre de la ville, on se dirige vers la Taorirt Kasbah. Construite au dix-huitième siècle, la Kasbah était autrefois le refuge du clan Galaoris, qui dirigeait les routes commerçantes du sud. Les visiteurs peuvent voir quelques-unes des 300 pièces, mais on passa le tour guide afin de se balader dans la petite section de la Kasbah qui est toujours habitée. On descend une ruelle à gauche de la porte principale et on se retrouve dans un petit labyrinthe de rues étroites très fréquentées, débordant de vie quotidiennes.

Le lendemain, on quitte la ville et se dirige à l’est. On tourney sur un petit chemin de terre pour s’approcher du Réservoir El Mansour Dahbi qui continue sur de nombreux kilomètres et se situe au sud de la route principale. Le territoire autour du reservoir est un arc-en-ciel de rochers et végétation. L’eau y est turquoise. Il est choquant de voir autant d’eau au milieu du paysage arride mais question eau, les gens de cette region sont certainement malins. Ils l’ont soumises à leur volonté depuis le dizième siècle. C’est la route des oasis, la route des 1000 kasbahs.

Dans cette partie du Maroc, prenez presque n’importe quel chemin, route en bêton craquée ou petit chemin poussiéreux et vous vous retrouverez nez à nez avec une Kasbah. La plupart de ces maisons fortifiées sont en mauvais état, entourées par des palmeraies non entretenues, leurs

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“...this is a particularly beautiful stretch of land and we have gorgeous blue skies and sunshine as travelling companions.”

“...C’est un territoire particulièrement beau et nous sommes accompagnés d’un ciel bleu magnifique et de soleil. ”

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Road Tripstates of disrepair, surrounded by untended palm groves, their mud brick walls nearly blending in to the landscape. There are a few, however, that have been restored which now act as guest houses and quasi-museums. Near Skoura we seek the advice of date sellers, sitting in the shade of palm trees along the road. After tasting their wares, another product for which the region is famous, they direct us to place that offers camel rides around the oases. We bounce over a dusty, dry riverbed, following stone markers painted white, wishing we had a 4x4. We find a tiny tented camp nestled in a clearing between the palms. The camel is a wobbly means of transportation, but at least it doesn’t damage the fragile ecosystems of the palm groves, like the quad bikes people more commonly use to explore the oases.

We’ve given ourselves some extra time before the rose festival, so we can visit another of the regions attractions, the Dades Gorge. We pass through Kelaâ M’Gouna, already fragrant with blooms, to the town of Boumalne Dades. The Dades Gorge starts just north of town, though it’s hard to pinpoint where. We are so struck by the mind-blowing, rust colored rock formations that we’re in the gorge before we know it. To be fair, Dades Gorge is not what I would normally consider a gorge, perhaps it should be called a canyon. But titles aside, this is a particularly beautiful stretch of land and we have gorgeous blue skies and sunshine as travelling companions. This is another road of switchbacks and views and we stop the car frequently to peer carefully over the edge, at more terraced fields of almond and walnut trees, at the bubbling river and kasbahs.

The next morning we head west, back to Kelaâ M’Gouna and the Rose Festival. The town has come alive. Ruddy cheeked children line the road holding out rose garlands. There are side streets blocked off and crowds milling about the center of town. And everywhere, there is music and the smell of roses. The roses are a breed from Damascus which have thrived in the heat and semi-arid conditions. They may have arrived with pilgrims who travelled to Mecca, though it also claimed that they were brought here by the French. Wherever they came from, they grow in abundance in the valleys surrounding the town, in over 4,000 kilometers of hedgerows. Their hardiness is to be celebrated because it takes several thousand kilograms of petals to produce a single liter of oil. Rose shops selling all manner of rose derived products abound in town and can be located by their heady scent and riotous pink displays.

Before the main events of the festival on Saturday we decide to take a look at the Dagger Cooperative on the eastern edge of town. It is a huge complex of workshops and showrooms which first opened in 1981. The cooperative employs 70 artisans who produce daggers

murs en briques de terre, se fondant pratiquement dans le paysage. Il y en a cependant quelques-unes qui ont été restaurées et servent à présent de pensions de familles et quasi-musées. Près de Skoura, on suit le conseil de vendeurs de dattes, assis à l’ombre des palmiers le long de la route. Après avoir goûté leur merchandise, un autre produit qui rend la region célèbre, ils nous indiquent un endroit qui offre des promenades à dos de chameau autour des oasis. On saute sur un lit de rivière poussiéreux, sec, suivant les marquages de pierre paints en blanc, souhaitant avoir un 4 par 4. On trouve un camp de tentes minuscules, niché dans la clairière entre les palmiers. Le chameau est un mode de transport vacillant mais au moins il n’abîme pas les écosystèmes fragiles des palmeraies, comme les quads que les gens utilisent communément pour explorer les oasis.

Nous nous sommes donné un peu plus de temps avant le Festival de la rose afin de pouvoir visiter une autre attraction de la région, la Gorge Dades. On passe par Kelaâ M’Gouna, déjà parfumée de fleurs et nous retrouvons dans la ville de Boumalne Dades. La Gorge Dades débute juste au nord de la ville, même s’il est difficile de déterminer où. Nous sommes tellement émerveillés par les formations rocheuses hallucinantes que nous nous retrouvons dans la gorge en un rien de temps. Pour être honnête, la Gorge Dades n’est pas ce que je considère normalement une gorge. Peut-être devrait-on l’appeler un canyon. Gorge ou canyon, c’est un territoire particulièrement beau et nous sommes accompagnés d’un ciel bleu magnifique et de soleil. C’est une autre route de montagnes russes, de vues et nous arrêtons fréquemment la voiture pour regarder attentivement, au-dessus du rebord, plus de champs d’amandiers et noyers en terrasses, la rivière bouillonnante et kasbahs.

Le lendemain matin, on se dirige vers l’ouest, de retour à Kelaâ M’Gouna, et le Festival de la rose. La ville s’est réveillée. Des enfants rougeaux, tenant des guirlandes de roses, bordent la route. Des routes transversales sont bloquées et une foule s’affaire dans le centre de la ville. Partout, il y a de la musique et le parfum des roses. Cette espèce, provenant de Damas a proliféré dans la chaleur et les conditions semi-arides.Il est possible qu’elle soit arrivée avec des pélerins qui voyageaient jusqu’à la Mecque, cependant, on a aussi pretendu qu’elle a été apportée ici par les français. Quelque-soit la provenance, ces roses poussent en abondance dans la vallée entourant la ville, dans plus de 4000 kilomètres de haies vives. Leur vigueur doit se fêter car celà prend plusieurs milliers de kilogrammes de pétales pour produire un seul litre d’huile. Les magasins de roses qui vendent toutes sortes de produits dérivés de cette fleur, abondent en ville et peuvent se localiser au moyen de leur parfum enivrant et de leurs étalages roses tapageurs.

Avant les évènements principaux du festival samedi, on décide de jeter un coup d’oeil à la Coopérative des Poignards, sur la partie est de la ville. C’est un complexe immense d’ateliers et de salles d’exposition qui ouvrit en 1981. La coopérative emploie 70 artisans qui produisent des poignards d’une beauté incomparable. L’art de la fabrication de poignards a été pratiquée dans la region depuis 700 ans et est influencé par un mélange de cultures juives, berbères

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Road Tripof staggering beauty. The art of dagger making has been practiced in the area for 700 years and is influenced by mix of Jewish, Berber (Amazigh) and Islamic cultures. As I look through the examples in the main showroom I daydream about Bedouin warriors a la Lawrence of Arabia. It seems, however, that even this ancient art has become quite modern -the manager informs me you can find the cooperative on facebook! There is a push to modernize operations here, in order to make the daggers more widely available. This is a big year for the cooperative, as they will be sending a representative to the UNESCO designated Santa Fe International Folk Art Market, which happens to be the largest in the world.

On Saturday, the Rose Festival is in full swing. The streets are full or smiling faces and the air is heavy with the perfume of thousands of roses. The harvest has been a success and now it is time to celebrate. Crowds gather to hear musicians and watch the performance of a Berber wedding dance. Others walk leisurely through the sprawling souk that lines the main road. Vendors sell ice cream and sweets, which many sticky-faced children are enjoying immensely. We view the parade of regal looking men or horseback who are followed by exuberantly colored floats. A top the most ornate floats ride the contenders for Queen of the Rose Festival. They are young and fresh-faced, dressed in the traditional clothing of their villages, throwing rose petals at the crowds that line the street. The atmosphere is one of joy. The energy is contagious. We clap along to the music, share smiles with the locals. This is what we travelled here for, to share in the excitement of a harvest so important to this region. It has been well worth the trip. The stories are true -Kelaâ M’Gouna is truly the sweetest smelling town in all of Morocco.

(Amazigh) et islamiques. Alors que j’examine les modèles dans la salle d’exposition principale, je rêvasse de guerriers bédoins à la Laurence D’Arabie. On dirait que même cet art ancient est devenu très moderne- le manager m’informe que l’on peut trouver la coopération sur Facebook! On encourage à moderniser les opérations ici afin de rendre les poignards disponibles plus largement. C’est une grande année pour la coopérative. Ils vont envoyer un représentant au Marché International de l’Art Populaire à Santa Fe, désigné par l’UNESCO, qui s’avère être le plus grand du monde.

Samedi, le Festival de la rose bât son plein. Les rues sont remplies de visages souriants et l’air est imprégné du parfum de milliers de roses. La récolte a été un succès et maintenant il est temps de fêter. La foule se rassemble pour écouter des musiciens et assister à la performance d’une dance de marriage berbère. D’autres se promènent à loisir dans le souk tentaculaire qui borde la route prinicipale. Des marchands vendent des crèmes glacées et bombons, dont beaucoup d’enfants aux visages poisseux raffolent. On observe le défile d’hommes majestueux ou à cheval, qui sont suivis par des chars aux couleurs exubérantes. Sur les chars les mieux décorés se

trouvent les concurrentes au titre de Reine du Festival de la rose. Elles sont jeunes, au visages frais, habillées du costume traditionnel de leur village, jetant des pétales de roses à la foule qui borde la rue. L’atmosphère est joyeuse. L’énergie est contagieuse. On frappe des mains au rythme de la musique et sourit aux habitants. Nous avons voyagé jusqu’ici pour partager l’enthousiasme créé par une récolte qui signifie tellement pour cette région. Le voyage en vaut bien la peine. Les histoires sont vraies-kelaâ M’Gouna est pour sûr la ville au parfum le plus fleuri du Maroc.

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Valley of Roses

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Along the way

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Le long du chemin

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Hands of Morocco / les mains du maroc

Exhibition : cafe du livre May 1 - June 30, 2012

Photos : Joan RundoText : Moulay Seddik Rabbaj

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Hands of Morocco“The hands of Morocco”: a collection of photos that want to offer an unusual portrait of Morocco. A symbol of ward off the evil eye, a “canvas” for arabesques of henna and the creator of objects in daily use or works of art…. The hand is omnipresent in Morocco. My first photo of a “hand of Morocco” was that of a friend separating the wheat from the chaff and I thought that the hand could be a good subject for photos of Morocco and in particular of the activities of Moroccans, for whom I have great respect and affection. Each photo aims to seize a moment from real life, where hands are working, praying or playing… Each photo is a moment shared, a moment in Moroccan life, a glass of tea offered, a chance meeting, a generous invitation, a moment stolen from life… Speaking about this project with the writer My Seddik Rabbaj, we had the idea for a joint effort; my photos and his words; what the images evoked for him, his childhood memories, his thoughts on the traditions and habits of Moroccans… The “Hands of Morocco”: a way and an invitation to explore a country and a people of great warmth and hospitality. - Joan Rundo

« Les Mains du Maroc » : une collection de photographies qui veulent offrir un portrait insolite du Maroc. Symbole pour éloigner le mauvais œil, « support » pour les arabesques du henné, créa-trice d’objets quotidiens ou d’œuvres d’art… la main est présente partout au Maroc. Ma première photographie d’une « Main du Maroc » était celle d’une amie en train de séparer l’ivraie du bon grain du blé. J’ai constaté que la main est un bon thème pour des photos du Maroc, et surtout des activités des Marocains, pour qui j’éprouve un grand respect et amour. Chaque photo veut saisir un moment sur le vif, la vie réelle, la vie vécue, où les mains travaillent, prient, jouent… Chaque photo est un moment de partage, un moment de vie marocaine, un verre de thé offert, une rencontre fortuite, une invitation généreuse, un instant volé à la vie ….C’est en parlant de ce projet avec l’écri-vain My Seddik Rabbaj, que nous avons eu l’idée d’en faire un travail conjoint : mes photographies et ses textes ; ce que les images évoquaient pour lui, des souvenirs d’enfance, des nouvelles, des réflexions sur des traditions ou des habitudes des Marocains…Les « Mains du Maroc » : une façon, une invitation pour explorer un pays, un peuple on ne peut plus chaleureux et hospitalier. - Joan Rundo

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Music is said to be a universal lan-guage: in Marrakech it is like the air you breathe. Silence is almost unknown :cascades of rhythms tumble out of all the medina’s little shops. You can hear the Koran being recited, the latest Oriental pop hit from Lebanon with singers like Nancy Ajram or Haifa, who inhabit the dreams of male Moroccans of all ages or the gentle notes of Arab-Andalusian music, the music from the courts of Granada and Cordoba, which found refuge in our cities of Fez, Té-touan and Rabat after the exile of the Jews and Muslims from the Iberian Pe-ninsula at the end of the 15th century.

It doesn’t take much to make music in Marrakech : hands, an old plastic bottle, a tray: everything is used to give rhythm to the moment, to make the day pass, raise spirits and get pas-sers-by tapping their feet.

On dit que la musique est un langage universel: à Marrakech c’est comme l’air qu’on respire. Le silence est un moment quasi inconnu : des cascades de rythmes s’enfuient de toutes les échoppes de la medina. On entend la récitation du Coran, la dernière tube du pop « oriental », qui arrive du Liban avec des chanteuses comme Nancy Ajram ou Haifa, qui peuplent les rêves des mâles marocains de toutes les âges, ou les douces notes de la musique arabo-andalouse, la musique des cours de Grenade et de Cordoue, qui a trouvé refuge dans nos villes de Fès, Tétouan et Rabat après l’exil des Juifs et des Musulmans de la Péninsule ibérique à la fin du 15ème siècle.

Il ne faut pas grand’chose pour faire de la musique à Marrakech : les mains, une vieille bouteille en plastique, un plateau : tout est utile pour donner du rythme au moment, scander la jour-née, remonter le moral et faire taper les pieds des passants.

The rhythms of Marrakech / Les rythmes de Marrakech, 2010

Les mains du Maroc

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In Morocco, as everywhere else now, people have little choice but to use mo-dern factory-made product, but they still prefer handcrafted products, the ones made in little shops in the heart of the medina, by craftsmen who only have their love for their trade, which they hand down to future generations.

How much they materially earn is not important for these miracle workers, it’s the quality of the article that is the most important. The craftsman can spend up to six months labouring eve-ry day over an object, turning it round in his hands like a conjurer, hoping to make it into a work of art. He is only satisfied when there is no more room for even one more touch, the day he decides, like an artist, that his painting is finished and it is time for the exhi-bition. All these days of work have no price for him, yet a simple compliment makes him feel as though he is walking on a cloud.

Au Maroc, comme ailleurs, les gens consomment, par obligation, les pro-duits modernes faits avec des machines dans des usines, mais préfèrent plutôt les produits artisanaux, ceux qui sont fabriqués dans des échoppes au fond de la médina, par des artisans qui ne possèdent que leur amour pour leurs métiers et qui veillent à les transmettre aux générations à venir.

Peu importe le gain matériel pour ces faiseurs de miracle, la qualité de l’article l’emporte sur tout. Le fabri-quant peut se pencher six mois sur un objet en passant le clair de son temps, chaque jour, à le manier entre ses doigts comme un prestidigitateur, es-pérant en faire une œuvre d’art. Il n’est satisfait que le jour où il ne reste plus de place pour aucune touche, le jour où il estime, comme un peintre, que son tableau est fini. A ce moment-là, vient le temps de l’exposition. Aucun prix ne vaut pour lui les jours de labeur, cepen-dant une simple reconnaissance le fait planer dans les cieux.

Arabesques of plaster, Marrakech / Arabesques de plâtre, Marrakech, 2010

Hands of Morocco

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Les mains du Maroc

There is a secret language in Morocco : berchman, marwaj, okkad, sfifa, zwak… these are all terms that belong to the art of sewing and embroidery. Deci-ding on a ceremony is not to be taken lightly : it takes hours and hours of dis-cussions and negotiations to choose – first with the man who sells the fabrics, then with the tailor – the material, the colour, the shape and the trimmings for an outfit. Tailors work in tiny works-hops, their fingers fly over the fabric and the caftan comes to life before their eyes. When the caftan goes into the hands of the craftsmen in charge of the trimmings, it takes on all the richness which will make it stand out on the special occasion. At weddings, women wear these creations are as impressive as those at Paris haute couture fashion shows : for the young and not so young, the celebration is an excuse for a new caftan, to show off in frenetic dancing…or sitting compose-dly, watching the dancers…

Il existe un vocabulaire secret au Ma-roc : berchman, marwaj, okkad, sfifa, zwak… ce sont des termes qui appar-tiennent à l’art de le couture et de la passementerie. Les décisions qu’il faut prendre pour un vêtement de cérémo-nie ne sont pas prises à la légère : il faut des heures et des heures de dis-cussions et de négociations pour choi-sir – d’abord avec le vendeur de tissus, ensuite avec le tailleur – l’étoffe, la couleur, la forme et les finitions d’un vêtement. Les tailleurs travaillent dans des échoppes minuscules, les doigts voltigent sur le tissu, l’habit semble prendre vie devant les yeux. Quand le caftan passe dans les mains de l’artisan de la passementerie, celui confère à l’habit toute la richesse qui le distinguera à l’occasion spéciale. Aux mariages, les femmes portent ces créa-tions qui n’ont rien à envier des défilés de Paris : pour les jeunes et les moins jeunes, la fête est un prétexte pour un nouveau caftan, à exhiber dans des danses frénétiques…ou sagement, en regardant les danseuses…

Lalla Zahra Marrakech / Lalla Zahra Marrakech, 2010

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Hands of Morocco

The hand of Fatima or khmisa has no religious significance whatsoever. On the contrary, it is even against the prin-ciples of Islam.

Did my mother know that? Absolutely not. It was her firm and strong belief that this object was of Muslim origin. She would put khmisas, that she bought in Moulay Brahim, under our clothes, She believed that the hands bought in front of this saint’s sanctuary had grea-ter power than those bought in Jmaâ El Fna or in any other souk. Every week, after our weekly visit to the neighbou-rhood hammam, my mother would ask us to put on a gandoura and straddle a brazier where incense was burning. She would stretch the tunic with her hands, waiting for the smoke to come out through the neck. Then it would be the turn of the next brother to put on the gandoura and mother would tie a thread around our necks, with the pro-tecting hand hanging from it.

La main de Fatima ou khmisa n’a au-cune signification religieuse. Bien au contraire, l’islam la considère même comme contraire à ses principes.

Ma mère savait-elle tout cela ? Abso-lument pas. Elle croyait dur comme fer à l’origine islamique de cet objet. Elle nous mettait sous les vêtements des khmisa, qu’elle achetait à Mou-lay Brahim. Elle croyait que les mains achetées devant le sanctuaire de ce saint auraient un pouvoir autre que celles achetées à Jmaâ El Fna où dans n’importe quel autre souk. Chaque fois, après la douche qu’on prenait une fois par semaine dans le bain maure du quartier, ma mère nous demandait, un par un, de mettre une gandoura et d’écarter les jambes sur un brasero dans lequel brûlait un encens. Elle tendait l’habit avec ses deux mains et attendait à ce que la fumée sorte par le col. Une fois l’opération réussie, on passait la gandoura au frère et on ten-dait le cou à maman pour qu’elle noue le fil sur lequel est fixée la main protec-trice.

Collection of khmisas, Marrakech / Collection de khmisa, Marrakech, 2010


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