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Mise en page 1...Il y a un demi-siècle, une bouffée d’air frais souffla sur l’Europe :...

Date post: 03-Mar-2020
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01 LA FRANCE À LA QUADRIENNALE DE PRAGUE 2019 FRANCE AT THE 2019 PRAGUE QUADRENNIAL Philippe Quesne. «Crash Park, la vie d’une île». Nanterre-Amandiers. 2018. (Ph. Martin Argyroglo)
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LA FRANCE À LA QUADRIENNALE DE

PRAGUE 2019 FRANCE AT THE

2019 PRAGUE QUADRENNIAL

Philippe Quesne. «Crash Park, la vie d’une île». Nanterre-Amandiers. 2018. (Ph. Martin Argyroglo)

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■ Il y a un demi-siècle, une boufféed’air frais souffla sur l’Europe :d’Ouest en Est, tout semblait confor-ter le célèbre adage de « l’imaginationau pouvoir» et, en son nom, despro jets furent formulés et des déci-sions prises. Le Printemps de Prague,double du Mai parisien, suscita alorsl’enthousiasme car la fêlure du bloccommuniste semblait s’annoncer. Legrand scénographe Josef Svoboda,dont le nom signifiait justement « li-berté», eut l’initiative de créer unévé ne ment unique, à même de réunirce qui d’habitude ne s’expose pas etsubit le destin des spectacles éphé-mères : les créations scénographi -ques. La Quadriennale de Prague,qui a vu le jour en 1967, conviait lesscénographes et architectes de thé -âtre du monde entier. Les frontièresse trouvaient ainsi abattues et, sansdistinction de camp, la manifestationproposait une ouverture planétaire.Elle a acquis avec le temps une no-toriété particulière et y participer apris le sens d’un honneur pour toutscénographe convié.La quadriennale a résisté aux tempsdurs qui ont succédé à l’invasion deschars russes et à la glaciation op-pressante qui s’est instaurée, plus ri-goureuse même qu’auparavant. Desintellectuels tchèques se sont battuspour sa survie, acte d’une résistanceau nom des penseurs et artistes qui,de Jiří Honzl à Svoboda, Otomar Krej -ča et tant d’autres ont fait la répu -tation théâtrale du pays. Mais, effetpervers, une instrumentalisation po-

(1) Excavating the Remains of French Sce-nography in Prague de Carolina E. Santo etEmmanuelle Gangloff.

France is coming back to thePrague Quadrennial, an eventdedicated to stage design takingplace from June 6 to 16, 2019.Two pavilions will be on show,under the guidance of PhilippeQuesne: one in the “Countries”section, the other in the “Schools”section. The latter will be bringingtogether eight French schools,forming on this occasion the Ninth School, which will also bethe subject of an event at theFestival d’Avignon.

———Half a century ago, a breath of freshair blew over Europe: from East toWest, everything seemed to confirmthe famous May 1968 slogan “l’ima-gination au pouvoir” (“all power tothe imagination”) and, in its name,projects were formulated and deci-sions were made. The PragueSpring, equivalent of the ParisianMay, aroused enthusiasm becauseit seemed the Com munist bloc wasstarting to crack. Famed scenogra-pher Josef Svoboda, whose namefittingly means “freedom”, had theidea of creating a unique event, ca-pable of bringing together whatisn’t usually on exhibition andshares the fate of ephemeralperforman ces: scenographic crea-tions. The Prague Quadrennial,which started in 1967, invited sce-nographers and theatre architectsfrom around the world. Borderswere thus knocked down and, re-gardless of the side one was on,the event offered a window on theworld. Over time, it acquired a spe-cial notoriety and being a part of itis now an honour for any sceno-grapher who is invited. The Quadrennial withstood thehard times that followed the inva-sion of Russian tanks and the op-pressive glaciation that was esta-blished, even more strictly than

before. Czech intellectuals foughtfor its survival, an act of resistancein the name of thinkers and artistswho, from Jiří Honzl to Svoboda,Otomar Krejča and so manyothers, made the country’s theatri-cal reputation. But, perniciously,political instrumentalization inter-fered and the Quadrennial becameproof of the established power’ssuccess. Torn between these twotrends, it endured nonetheless.

REUNIONIn France, Denis Bablet worked to-wards defending the values of theQuadrennial, which awarded theGrand Prize to his exemplary bookRevolutions in stage design of the20th century (1975), but reserva-tions started surfacing little by lit-tle. Partly justified, but just partly,they ended up leading to Francedistancing itself and drawing backafter 1989, right when a rapproche-ment was expected with a post-communist country whose leader,Václav Havel, was a theatre actor.The decision born of this misun-derstanding persisted. Today, we salute the reunion withthe Prague Quadrennial under theaegis of ARTCENA, Centre Nationaldes Arts du Cirque, de la Rue et duThéâtre, with support from the Mi-nistère de la Culture, the Institutfrançais and the Institut français dePrague. Philippe Quesne, an artistrenowned for his originality andthe director of Nanterre-Aman-diers, Centre Dramatique National,along with the country’s eight sce-nography schools, constituting onthis occasion the Ninth School,have joined forces to make this re-turn to the Quadrennial into a his-toric event. The Union des Scéno-graphes strongly supports theirparticipation; moreover, a youngteam will be participating in theQuadrennial’s Site Specific Perfor-mance Festival with a project ex-ploring the course of relationshipsbetween France and the majorCzech event (1). The past shedslight on the present and, in return,the present unfolds without forget-ting the past. But let us hope theties that were severed in the pastand have now been restored arean act of reparation and not theobject of political instrumentaliza-tion. From either side. A peril thatshould be avoided! ■

Translation: Jessica Shapiro

(1) Excavating the Remains of FrenchScenography in Prague by Carolina E.Santo and Emmanuelle Gangloff.

litique s’immisça et la quadriennales’est convertie en preuve des succèsdu pouvoir en place. Écartelée entreces deux tendances, elle a pourtantperduré. Décriée ou respectée.

RETROUVAILLESEn France, Denis Bablet a œuvré pourdéfendre les valeurs de la quadrien-nale qui honora du Grand Prix son li-vre exemplaire les Révolutions scé-niques du 20e siècle (1975), mais desréserves ont progressivement com-mencé à se faire jour. En partie justi-fiées, mais seulement en partie, ellesont fini par entraîner la prise de dis-tance et l’éloignement de la Franceaprès 1989, juste quand on attendaitun rapprochement avec un payspost-communiste ayant comme lea-der un homme de théâtre, VáclavHavel. La décision issue de ce malen-tendu persista.Aujourd’hui, nous saluons les retrou-vailles avec la Quadriennale de Praguesous l’égide d’ARTCENA, Centre na-tional des arts du cirque, de la rue etdu théâtre, et avec le soutien du mi-nistère de la Culture, de l’Institutfran çais et de l’Institut français dePrague. Artiste reconnu pour son ori-ginalité et directeur de Nanterre-Amandiers, Centre dramatique na-tional, Philippe Quesne et les huitéco les de scénographie du pays, for-mant pour l’occasion la Neuvièmeécole, se sont associés dans un effortcommun afin d’ériger ce retour envéritable événement. L’Union des scé-nographes soutient vivement cetteparticipation et, par ailleurs, une jeuneéquipe participera au Site SpecificPerformance Festival de la quadrien-nale avec un projet explorant le coursdes relations entre la France et lagrande manifestation tchèque (1). Lepassé éclaire le présent et, à sontour, celui-ci s’accomplit ainsi sansrien oublier. Mais souhaitons que celien jadis rompu et aujourd’hui restaurésoit un acte de réparation et ne fassepas l’objet d’une instrumentalisationpolitique. D’un côté comme de l’autre.Évitons pareil danger !■

Georges Banu

La France renoue avec la Quadriennale de Prague,manifestation dédiée à lascénographie de spectacle qui se tiendra du 6 au 16 juin 2019.Deux pavillons y sont présentéssous la direction de PhilippeQuesne: l’un dans la section«Pays», l’autre dans la section«Écoles». Ce dernier réunit huitécoles françaises dans laNeuvième école et fait aussil’objet d’un événement pendantle Festival d’Avignon.

Parc des expositions, Prague.(Ph. Kristyna Cisarova). ExhibitionsGround, Prague

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■ En tant qu’auteur de spectacleset scénographe, quelle est votreméthode et quels sont vos outilspour mettre en chantier un nou-veau projet? Le processus de créa-tion de mes spectacles n’est jamaisprédéterminé par une conceptionscé nographique. L’idée et la formali-sation de l’espace surgissent encours de route, lorsque le travail avecles acteurs est déjà bien engagé.J’ai besoin d’expérimenter des si-tuations, mettre en partage desimages, des musiques, des textes.La scénographie se confirme sur letard, à la faveur des divers chemine-ments que nous empruntons collec-tivement. D’où le recours à des ma-tériaux bruts disponibles dans le com-merce qui peuvent être mobilisésspontanément, le plus souvent sansingénierie ni construction complexede décor. Je ne fais pas confianceaux maquettes. C’est tellement plusexcitant d’engager d’emblée de vraismatériaux à l’échelle un. J’ai dévelop -pé une esthétique du bricolage : lesformes brutes que j’assemble laissentpeu de place à des interventions dedécorateur, de peinture, etc. Le rocherde l’île de Crash Park (2018) avec sespalmiers est mon premier recours àdes éléments de décoration à pro-prement parler. J’ai commencé àcréer des spectacles avec très peu

de moyens, alors il a bien fallu recourirà une logique de la débrouille. Mesdispositifs dépendent peu du grilltech nique : tout est le plus souventau sol et peut être déplacé par les in-terprètes eux-mêmes sans le renfortde machinistes cachés.

TAUPES GÉANTESCette économie de moyens estaujourd’hui en phase avec unecons cience écologique de la scé-nographie à l’ère de l’Anthropo-cène. Le temps des grosses machi-neries scéniques des années 1980est en effet révolu. Peu de produc-tions fonctionnent aujourd’hui commele faisaient Richard Peduzzi pour Pa-trice Chéreau, Alain Françon avecJacques Gabel. Qui a encore envied’encombrer les plateaux de théâtre– et la planète – avec des construc-tions mégalomaniaques? Il est detoute façon devenu impossible defaire voyager d’énormes décors dansdes semi-remorques. Pour être mo-biles, les spectacles de théâtre et dedanse doivent rester assez légers.Disons que ma conscience écologiqueest spontanée: elle est liée à un désirvital d’indépendance et d’autonomieartistiques. C’est pourquoi je metsen scène des communautés qui ré-inventent des utopies avec ce qu’ellesont sous la main. J’ignorais que l’an-

thropologue Bruno Latour et ses col-lègues voyaient dans mes fables unpeu dérisoires une pensée de notreenvironnement. Ils se sont égalementintéressés à la façon dont le dramene se construit pas seulement avecdes acteurs mais aussi avec uneplante verte, un jet d’eau, de la fuméeou un animal. Cette attention au non-humain sur scène me vient d’un choixpresque dogmatique pour éviter dereproduire ce que je voyais sur lesscènes de théâtre lorsque j’ai débuté.C’était pour moi une manière d’enfinir avec une certaine bourgeoisiescénographique, inconsciente de ceque la planète traverse comme criseécologique.

Votre théâtre observe nos ma-nières d’habiter le monde en met-tant en intrigue les espaces. Je parssouvent d’un paysage et de ses po-tentialités. J’aime cette idée d’unmonde à inventer. Les espaces sontfaits de l’état d’âme des person-nages, de leurs désirs, de leurs vel-léités mais aussi de leur mélancolie,de leur renoncement. Du champ en-neigé de la Mélancolie des dragons(2008) aux marécages du SwampClub (2013), ils construisent des ha-bitats à leur image, à la manière desoccupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. C’est collectivement

que les interprètes de mes specta-cles se projettent sur une île, dansun marécage ou sous la neige. Lesidées viennent souvent des lieuxdans lesquels nous avons répété.Les espaces influencent les proces-sus. Pour mon premier spectacle, laDémangeaison des ailes (2003), lesvariations autour du thème de l’envolse sont imposées en réaction au lieudans lequel on travaillait, un apparte-ment abandonné. Les années que j’aiensuite passées en résidence à laMénagerie de verre, dans ce volumepanoramique et bas de plafond, ontdurablement influencé le format pa-noramique de mes scénographies.

ÉCOSYSTÈMESLes philosophes se sont beaucoupintéressés à la projection de l’êtrehumain dans le temps, beaucoupmoins dans l’espace. Des specta-cles comme les vôtres interrogentla dimension spatiale de nos exis-tences. Comme si la scénographiereprésentait la continuation de laphilosophie par d’autres moyens.Mes spectacles ne sont pas sous-tendus par une dramaturgie deconflits, de tensions, de trahisons,ni de dilemmes existentiels. La dy-namique d’identification du specta-teur se joue dans le rapport à l’es-pace. Le pacte que je propose au

Philippe Quesne. «La mélancolie des dragons».

Centre Pompidou. 2009. (Ph. Martin Argyroglo)

PHILIPPE QUESNE.ESPÈCES D’ESPACESSPECIES OF SPACES

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public repose sur un environnementfantasmatique dans lequel il aimeraitlui-même être immergé. Quand jefais du théâtre avec des taupes gé -antes, c’est l’exploration et la des-truction de leur espace de vie quiconstitue le levier dramaturgique duspectacle. Cette méthode, je l’ai éta-blie avant de créer mes propres spec-tacles. Lorsque j’étais scénographeau service de metteurs en scène oude chorégraphes, j’ai toujours éprou -vé le besoin de m’attacher aux motsavant de concevoir des espaces.Comme si je voulais avant tout m’as-surer qu’il était vraiment nécessairede créer un espace spécifique «dé-coratif». Je me souviens de MichelVinaver à l’occasion des répétitionsde l’une de ses pièces mise en scènepar Robert Cantarella. Il avait com-mencé à expliquer ses procédésd’écriture, ses tuilages de récits, et àdécrire si précisément l’espace queproduisent les mots que je me suisdit qu’il ne fallait surtout pas de dé-cor : un morceau de moquette a faitl’affaire, comme un simple tapis dedanse. Vinaver conçoit ses pièces àla manière de Beckett avec une totalemaîtrise de l’espace et des configu-rations de jeux. Beckett est un auteurterriblement inspirant pour les scé-nographes car il a poussé l’écritureen partitions, jusqu’aux indicationschorégraphiques pour les acteurs, oula lumière.

Pourtant, comme le formule Geor -ges Perec dans Espèces d’espaces,l’espace est toujours un doute.

Espèces d’espaces, c’est une bible!Quand j’étais étudiant aux Arts dé-coratifs dans les années 1990, Perec,Barthes, Baudrillard et Umberto Ecoétaient des maîtres à penser. Leurstructuralisme poétique et décon-tracté m’a beaucoup nourri. Ce n’estpas un hasard si mes spectacles seprésentent comme des listes d’ac-tions dont la vocation est d’aller aubout de toutes les possibilités. Unetentative d’épuisement des lieux,pour reprendre le titre d’un autre ou-vrage de Perec. Il y a aussi ce désird’explorer l’envers des décors. Il fautse méfier du sacré qui conditionnecertaines croyances. Pour moi, la scé-nographie est un adjuvant pour dé-jouer le vrai du faux. En ce sens, jesuis sans doute à l’opposé de RomeoCastellucci et de ses images de sai-sissement. Mes références visuellessont du côté des plasticiens qui,comme Fischli& Weiss, Thomas Hir-schhorn ou les Kabakov, livrent lesprocédés de fabrication de leurs œu-vres et déconstruisent toute illusion.Je voue aussi une immense admi-ration pour le scénographe BertNeumann, qui accompagnait lesspectacles de René Pollesch ouFrank Castorf.

Votre projet pour la Quadriennalede Prague s’oriente vers une formerésolument immersive. Si l’universfrontal du théâtre a constitué monprincipal terrain de jeu, j’ai de plus enplus envie d’aller vers des possibilitésplus englobantes. Dans cette voie, lacaverne de Welcome to Caveland!

(2016) représente une étape impor-tante. Un exercice comme celui de laquadriennale me permet de produired’autres types de dispositifs pourque les visiteurs vivent une expé-rience sensorielle et organique demon univers scénographique. Mais,au-delà de mon propre travail, l’enjeude ce pavillon est de considérer lascénographie comme l’élément cen-tral de la démarche d’artistes quicomptent aujourd’hui. Mes écosys-tèmes cristallisent une formulationscénographique qui est à l’œuvrechez d’autres artistes de théâtrecom me Claude Régy, le Zerep, Gi-sèle Vienne, Phia Ménard... dont lesmises en scène plasticiennes sontindissociables de l’espace. ■

Propos recueillis par Stéphane Malfettes

———As a scenographer and a creatorof shows, what are your methodsand tools for carrying out a newproject? The creative process ofmy plays is never predeterminedby set design. The idea and forma-lization of space appear along theway, when the work with the actorsis already in motion. I need to ex-periment with situations, to shareimages, music, texts. The sceno-graphy is established later, as aresult of various paths we take to-gether as a group. Which is why Iwork with raw materials availablein shops, which can be sponta-neously mobilized for the mostpart without engineering or com-

plex set construction. I don’t trustscale models. It’s so much moreexciting to work full-scale with realmaterials from the start. I have de-veloped DIY aesthetics: little bylittle, the crude shapes that I as-semble give way to decorating,painting, etc. The first time I usedelements of decoration per se wasfor the boulder and palm trees onthe island in Crash Park (2018). Be-cause I started creating shows withvery little means, I had to be re-sourceful. My devices generallydon’t depend on the gridiron:usually, everything is on the groundand can be moved by the actorsthemselves without any help fromhidden stagehands.

This cost-effectiveness is in stepwith today’s scenography’s ecolo-gical awareness in the era of theAnthropocene. The time for thelarge stage machinery of the 1980shas passed. Today, few productionsoperate like Peduzzi did for Chéreauor Alain Françon for Jacques Gabel.Who still wants to clutter stages –and the planet –with megalomaniacstructures? Anyway, it has becomeimpossible to carry around hugesets in artics. Plays and dance per-formances have to stay light in or-der to be mobile. My ecologicalconscience is spontaneous, so tospeak: it is linked to a vital need

Philippe Quesne. «Swamp Club».Wiener Festwochen. 2013. (Ph. Martin Argyroglo)

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for artistic independence and au-tonomy. Which is why I stage com-munities that reinvent utopias withwhat is at hand. I did not knowthat anthropologist Bruno Latourand his colleagues saw a notionof our environment in my slightlyderisory tales. They also took aninterest in the way the drama notonly unfolds with actors but alsowith a plant, a spray of water, withsmoke or an animal. Paying atten-tion to the non-human on stagecomes from a near-dogmatic choiceto avoid replicating what I saw onstage when I first started. For me,it was a way to be done with akind of scenographic bourgeoisie,unaware of the earth’s ecologicalcrisis.

Your shows examine the way weinhabit the world by including thespaces in the plot. My startingpoint is often a landscape and itspotentialities. I like the idea of in-venting a world. The spaces comefrom the characters’ state of mind,their hopes and desires, but alsofrom their melancholy, their relin-quishments. From the snow-cove-red field of La Mélancolie desDragons (2008) to the swamps ofSwamp Club (2013), they build ha-bitats in their image, like the occu-pants of the future developmentzone of Notre-Dame-des-Landes.The actors in my shows collecti-vely project themselves onto an is-land, in a swamp or in the snow.The ideas often come from the

places where we have rehearsed.Spaces influence the process. Formy first show, La Démangeaisondes Ailes (2003), the variations onthe theme of flight stemmed fromthe place where we were working,an abandoned apartment. Theyears I then spent in residency atthe Ménagerie de Verre, in that pa-noramic low-ceilinged space, haveinfluenced the panoramic formatof my scenographies on a long-term basis.

GIANT MOLESPhilosophers have often been in-terested in the human being’s pro-jection in time, but much less inspace. Shows like yours examinethe spatial dimension of our exis-tence. My shows are not underlainby a dramaturgy of conflicts, ten-sions, betrayals or existential di-lemmas. The audience’s identifica-tion dynamics take place in theirrelationship to space. The deal Ioffer them is based on a phantas-matic environment in which theywould like to be immersed. WhenI stage giant moles, it’s the explo-ration and the destruction of theirliving environment that constitutesthe show’s dramaturgical lever. Iestablished this method beforecreating my own shows. When Iwas a scenographer working forproducers or choreographers, I al-ways felt the need to focus on thewords before designing spaces. Asif I wanted first and foremost tomake sure it was really necessary

to create a specific “decorative”space. I remember author MichelVinaver during rehearsals for oneof his plays, directed by RobertCantarella. He had started explai-ning his writing process, his over-lapping of stories, and describingthe space produced by words withsuch precision that I thought therewas absolutely no need for a set: apiece of carpet did the trick, like asimple dance mat. Vinaver createshis plays in the manner of Beckett,with total control over space andperformance configurations. Beckettis an extremely inspiring author forscenographers because he pushedwriting in scores to choreographicinstructions for actors, or light.

Yet, as Georges Perec says in Spe-cies of Spaces, space is a doubt.Species of Spaces is a bible! WhenI was studying at the École Natio-nale Supérieure des Arts Décoratifsin the 1990s, Perec, Barthes, Bau-drillard and Eco were thought lea-ders. Their poetic and laid-backstructuralism really nourished me.No wonder my shows appear tobe lists of actions whose purposeit is to see all possibilities through.An attempt at exhausting places,to quote another one of Perec’sbooks. There is also a desire to ex-plore behind the scenes. We mustbe wary of the sacred that condi-tions certain beliefs. For me, sce-nography is an auxiliary for sepa-rating fact from fiction. In thatsense, I am probably the opposite

of Romeo Castellucci and his chil-ling images. My visual referencescome from plastic artists who, likeFischli and Weiss, Thomas Hir-schhorn or the Kabakovs, revealtheir production methods and de-construct any illusion. I also greatlyadmire scenographer Bert Neu-mann, who accompanied Polleschor Castorf’s shows.

Your project for the Prague Qua-drennial turns towards a resolutelyimmersive form. Although thea-tre’s frontal universe has been mymain playing field, I have been fee-ling like moving towards more in-clusive possibilities. Thus, the cavefrom Caveland (2016) representsan important step. The Quadren-nial is an exercise that helps meproduce other types of systems tolet visitors experience my sceno-graphic universe in sensory andorganic ways. But beyond my ownwork, the purpose of this pavilionis to consider scenography as thecentral element in the process ofimportant contemporary artists.My ecosystems crystallize a sceno-graphic wording put to use byother theatre artists such as ClaudeRégy, le Zerep, Gisèle Vienne, PhiaMénard… whose plastic stagingsare indissociable from space. ■

Interview by Stéphane MalfettesTranslation: Jessica Shapiro

Philippe Quesne. «La nuit destaupes». Kunstenfestivaldesarts. 2016.(Ph. Martin Argyroglo)

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■Alors que la France était absentede la Quadriennale de Prague depuis2003, Philippe Quesne est l’heureuxscénographe, metteur en scène etdi recteur de théâtre désigné pourpor ter les deux pavillons «Écoles»et «Pays» en 2019. Passionné parcet événement international de lascénographie et de l’architecture thé -âtrale, et particulièrement sensibleaux questions de transmission, il aimaginé un généreux protocole detravail au long cours.Pour avoir fréquenté la quadriennaleà deux reprises, comme visiteur,puis comme intervenant dans desworkshops, Philippe Quesne sait quela scé nographie y est présentée com -me un art à part entière. Le choix dela présence française était déjà faitquand il a été contacté, et celui dupavillon «Écoles» fortement dessiné,traduisant la volonté politique de re-présenter l’ensemble des savoir-fairedans ce domaine en France. Réunis

sous l’égide d’ARTCENA, les respon-sables pédagogiques des huit éta-blissements enseignant la scénogra-phie en France (1) ont rêvé d’uneNeu vième école, lieu utopique quirassemblerait un ou une étudiantede chaque école pour composer uneéquipe menant la réflexion, la concep-tion et la production du pavillon, sousla direction artistique de PhilippeQuesne. Pas de choix élitiste maisun désir de représentativité de l’en-semble des formations dispensées.Au sein de chacun de ces huit éta-blissements, un élève référent (2) aété choisi pour rejoindre l’équipe desconcepteurs du pavillon «Éco les».Les équipes pédagogiques ont dési-gné ces représentants selon des lo-giques différentes : désir très affirméd’un étudiant, capacité à représenterson école à Prague… L’une d’elles afait un choix de référents tournants.Mais, dans tous les cas, il n’y a pas eude mise en concurrence des élèves.

D’ailleurs, ce projet de la Neuvièmeécole inclut une plateforme numé-rique bilingue (3) qui permet de dres-ser, plus largement, les portraits deshuit établissements. Cette partie duprojet, pilotée par ARTCENA, offre àmoyen et long terme une sorte decarottage des formations qui per-met d’aller bien au-delà de la ques-tion de l’étudiant choisi et du projetmené. Une large part de cette pla-teforme est consacrée à un journalde bord numérique qui invite à ob-server les recherches et la créationdes deux pavillons.

SCÉNOGRAPHIE D’AUTEURPhilippe Quesne – qui est venu desécoles d’art pour aller vers la scéno-graphie en passant par les Arts déco-ratifs de Paris et devenir metteur enscène – considère que sa mission aessentiellement consisté à fédérer legroupe et à inventer un projet aveclui, en restant à l’écoute de l’imagi-

naire de chacun. Depuis septembre2018, les élèves ont donc été en in-cubation dans un laboratoire de dé-couverte, comme dans une desaventures de création de PhilippeQuesne. En immersion à Nanterre-Amandiers, centre dramatique natio-nal qu’il dirige, ils ont réalisé l’unedes plus grosses parties du works-hop en avril dernier. Pensée commeun projet nomade, la Neuvième écoles’est achevée en mai à Nanterreavant de quitter ce port d’attache pro-visoire pour se rendre à la Quadrien-nale de Prague.Quand on questionne Philippe Quesnesur les sources d’inspiration dugroupe, il rappelle que les étudiantsont baigné à Nanterre dans un tempsde travail consacré au thème de l’îledéserte, de l’îlot, du refuge, à l’occa-sion de la création de Crash Park (4),et qu’ils ont travaillé dans l’atmosphèred’un lieu où il est question de «scé-nographie d’auteur», c’est-à-dire de

LA NEUVIÈME ÉCOLE.UNE SCÉNOGRAPHIE NOMADETHE NINTH SCHOOL.ROVING SCENOGRAPHY

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créations imaginées à partir de l’es-pace et de la scénographie, plutôtque du texte. S’ils ont pu être mar-qués par cette manière de faire, iln’en reste pas moins que tous cesjeunes artistes ont de nombreusespréoccupations communes : fragilitéde la planète et précarité de l’écono-mie. Au-delà des simples questionsde scénographie théâtrale, ces étu-diants sont très au fait des questionsenvironnementales, intéressés parl’habitat en temps de crise, tentes,abris, projets d’installations nomades,nourris par les idées innovantes des« architectes éphémères (5) », par lanotion de communauté autour d’unlieu de vie, par la prolifération desdéchets, des rebuts et la nécessitéde la récupération… D’ailleurs, le« septième » ou « huitième conti-nent », ce fascinant paysage en traind’apparaître au milieu des océans etqui, composé de détritus en plas-tique, constitue un territoire plusgrand que la France, explique aussi,en partie, le choix de l’appellation«Neuvième école».

UTOPIES COMMUNESPour Philippe Quesne, ces analogiessont intéressantes car elles permet-tent de penser le métier de scéno-graphe comme un inventeur de fic-tions et de mondes utopiques etpossibles, côtoyant la réalité ter-rienne. Malgré leurs différences es-thétiques, les élèves semblent tousanimés par la même envie : que lepavillon de la France soit porteur dequestions écologiques et socialescruciales. Que vont-ils bâtir à partirde ces utopies communes? Aprèsêtre passée par le thème des îles etde la survie, la communauté d’explo-rateurs est arrivée à l’idée de scéno-graphie nomade. Le projet de Prague,c’est inventer la Neuvième école àpartir d’une camionnette achetéepour l’occasion : une école de la cir-culation, de la mobilité, du scéno-graphe qui veut se désenclaver desboîtes noires et visiter la planète. Lapremière étape étant celle dePrague! C’est une chance pour euxd’aller découvrir la scénographie in-ternationale lors de cette quadrien-nale extrêmement riche et inspirante.Ils ont tenu à y être tous présentspendant la durée de l’événement.C’est un choix conceptuel fort. Poserun campement est devenue unesource d’inspiration.Ils ont conçu un véhicule qui occu-pera un espace de la grande halle ou-verte à toutes les écoles de scéno-graphie. Un véhicule multi-usages, unmodule roulant au service de ces étu-diants, qui poursuivra ensuite sonvoyage. Ce véhicule-galerie/véhicule-atelier, adapté aux contraintes spa-tiales de la quadriennale, les a biensûr fait plonger dans l’histoire du

théâtre forain : caravanes ciné-clubset parades circassiennes, histoire duvéhicule au théâtre et dans les arts(de Mère Courage de Bertolt Brechtaux dispositifs de plasticiens telsl’Atelier Van Lieshout). Les étudiantsimaginent la zone française commeun lieu de programmation : radio,films, vidéos, lectures, rencontres…Chacun a une sorte de rêverie qu’ilentend préserver.À Prague, ils seront les ambassadeursde leurs écoles. Plus d’une centained’étudiants français auront par ailleursla chance de visiter la quadriennale.Le concept de ce véhicule nomadeleur permettra ensuite d’aller à Avi-gnon (pour «Les douze heures de lascénographie !» à la Maison JeanVilar le 10 juillet 2019), et de faire –s’ils le peuvent – le tour des huitécoles, en s’étoffant peut-être d’unmanifeste de la Neuvième école.Prague est le début d’une aventure. ■

Sylvie Martin-Lahmani

(1) École nationale supérieure des arts ettechniques du théâtre, ENSATT, Lyon ;Haute école des arts du Rhin-HEAR, Mul-house /Strasbourg ; École nationale supé-rieure d’architecture de Nantes ; École na-tionale supérieure des Arts Décoratifs-En-sAD, Paris ; École nationale supérieured’ar chitecture Paris La Villette, Paris ; Écolenationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, Paris ; Université Sorbonne Nou-velle-Paris 3, Paris; École du Théâtre nationalde Strasbourg-TNS, Strasbourg.

(2) La Neuvième école est composée de :Ariane Chapelet (ensa Nantes), Bianca DaCosta (EnsAD), Shehrazad Derme (EN-SATT), Camille Ranson (ENSA Paris-La Vil-lette), Estelle Baverel (ENSA Paris-Mala-quais), Clothilde Valette puis Léa Chardin(HEAR), Simon Restino (TNS), Lucie Ma-zières (Sorbonne Nouvelle-Paris 3).(3) www.quadriennaledeprague2019.fr(4) Crash Park, la vie d’une île, conception,mise en scène et scénographie de PhilippeQuesne, Nanterre-Amandiers, création2018.(5) Des collectifs d’architectes soucieuxde l’habitat en temps de crise, commeYes We Camp, Raumlabor, le PEROU…

———While France had been absent fromthe Prague Quadrennial since 2003,Philippe Quesne is the lucky sceno-grapher, stage director and theatredirector chosen to support the“Schools” and “Country” pavilionsin 2019. Passionate about this inter-national scenography and theatricalarchitecture event, and particularlymindful of the passing on of know-ledge, he has imagined a generouslong-haul working protocol. Having attended the Quadrennialon two occasions, first as a visitor,then as a workshop leader, PhilippeQuesne knows that there, sceno-graphy is considered as an artform in its own right. When hewas contacted, the presence ofFrance had already been decidedand a pavilion for “Schools” wasin the works, conveying the politi-cal desire to represent all theFrench skills in that field. Underthe aegis of ARTCENA, the educa-tional managers for the eightschools teaching scenography inFrance (1) dreamt up a Ninth

School, a utopian place which wouldbring together one student fromeach school to form a team thatwould carry out the thoughts, des-ign and production of the pavilion,with Philippe Quesne as artisticdirector. No elitist choice, only thedesire to represent the differentschoolings offered. Within each ofthese eight schools, one student(2) has been chosen to join theteam of designers for the “Schools”pavilion. The educational teamshave picked their representativesbased on different criteria: a stu-dent’s very strong desire, his orher ability to represent the schoolin Prague… One school decidedto call upon rotating students. Butin every instance, they were neverput up against each other.In fact, the Ninth School projectsinclude a bilingual digital plat-form (3) allowing to portray alleight schools. This part of the pro-ject, led by ARTCENA, offers a kindof medium-term and long-termcore sampling of the schoolings,thus going far beyond the ques-tions of which student to choseand which project to carry out. Animportant part of this platform isdevoted to a digital logbook en-couraging one to look into bothpavilions’ research and creation.Philippe Quesne – who came fromart schools to work in set design byway of the Arts Décoratifs de Parisand becoming stage director – be-lieves his mission lies mostly inuniting the group and inventing aproject with them, while stayingattentive to everyone’s imagina-tion. Since September 2018, thestudents have thus been “incuba-ting” in an exploration lab, like in

Cette page et page de gauche /this page and page left: Les étudiants de la Neuvième école et les travaux préparatoires.(Ph. Élodie Dauguet). The Ninth School students and their preliminary works

1-8-ARTCENA-TA.qxp_Mise en page 1 09/05/2019 11:37 Page69

Page 8: Mise en page 1...Il y a un demi-siècle, une bouffée d’air frais souffla sur l’Europe : d’Ouest en Est, tout semblait confor-ter le célèbre adage de « l’imagination au

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one of Philippe Quesne’s creativeadventures. Busily working at Nan-terre-Amandiers, the national thea-tre arts centre he runs, they carriedout one of the biggest parts of theworkshop last April. Thought outas a roving project, the NinthSchool was completed in May inNanterre before leaving its tempo-rary headquarters for the PragueQuadrennial.When questioned about the group’ssources of inspiration, PhilippeQuesne points out that in Nanterre,the students were immersed inwork on the themes of desert is-lands, islets, refuge, –upon thecreation of Crash Park (4)  –  in aspace that examines “arthouse sce-nography”, in other words creationsimagined on the basis of spaceand scenography rather than text.While they may have been influen-ced by this method, the fact remainsthat all these young artists havemany common concerns: the earth’sfragility and a precarious economy.Beyond the simple questions oftheatrical scenography, these stu-dents are very knowledgeable aboutenvironmental issues, interested inhabitat in times of crisis, tents, shel-ters, projects on roving facilities,nourished by the innovative ideasof “ephemeral architects (5)”, by thenotion of community built around

national scenography during thisvery rich and inspiring Quadrennial.They all wished to be present forthe length of the event. It is a strongconceptual choice. Pitching camphas become a source of inspiration.They designed a vehicle that willbe set up in the great hall open toall the scenography schools. An all-purpose vehicle for these students,a module on wheels that will thencontinue on its journey. This gal-lery-vehicle/studio-vehicle, des-igned with the Quadrennial’s spa-tial constraints in mind, naturallyled them into the history of fair-ground theatre: film club caravansand circus parades, the history ofvehicles in arts and theatre (fromBertolt Brecht’s Mother Courage todevices created by plastic artistssuch as the Atelier Van Lieshout).The students see the French sec-tion as a programming space: ra-dio, film, videos, readings, mee-tings… Each cherishes a kind ofdaydream they intend to protect. In Prague, they will be their schools’ambassadors. In addition, morethan a hundred French students willbe lucky enough to visit the Qua-drennial. The roving vehicle willthen take its passengers to Avignon(for “Les Douze Heures de la Scé-nographie!” at the Maison Jean Vi -lar on July 10th, 2019), before visiting

all eight of their schools  –  if theycan, perhaps even developing amanifesto for the Ninth School alongthe way. Prague is the beginning ofan adventure. ■

Translation: Jessica Shapiro

(1) École Nationale Supérieure des Artset Techniques du Théâtre, ENSATT, Lyon ;Haute École des Arts du Rhin-HEAR,Mulhouse/Strasbourg ; École NationaleSupérieure d’Architecture de Nantes ;École Nationale Supérieure des Arts Dé-coratifs-EnsAD, Paris ; École NationaleSupérieure d’Architecture Paris-La Vil-lette, Paris ; École Nationale Supérieured’Architecture Paris-Malaquais, Paris ;Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3,Paris ; École du Théâtre National deStrasbourg-TNS, Strasbourg.(2) The Ninth School is comprised of :Ariane Chapelet (ENSA Nantes), BiancaDa Costa (EnsAD), Shehrazad Derme(ENSATT), Camille Ranson (ENSA Paris-La Villette), Estelle Baverel (ENSA Paris-Malaquais), Clothilde Valette followedby Léa Chardin (HEAR), Simon Restino(TNS), Lucie Mazières (Sorbonne Nou-velle-Paris 3).(3) www.quadriennaledeprague2019.fr(4) Crash Park, La vie d’une île, design,stage direction et scenography by Phi-lippe Quesne, Nanterre-Amandiers, 2018.(5) Collectives of architects concernedwith habitat in times of crisis, such asYes We Camp, Raumlabor, the PEROU…

a living environment, by the proli-feration of rubbish and waste andthe necessity of collecting… In fact,the “seventh” or “eighth continent”,that fascinating landscape of plasticdetritus which is appearing in themiddle of the ocean and constitutesa territory much larger than France,also explains in part why the name“Ninth School” was chosen.

COMMON UTOPIASFor Philippe Quesne, these analo-gies are interesting because theyhelp see scenographers as inven-tors of fictions and utopian andpossible worlds rubbing shoulderswith earthly reality. Despite theiraesthetic differences, the studentsall seem to want the same thing:they want the French pavilion tofocus on ecological and crucial so-cial issues. What will they buildfrom these common utopias? Afterexploring the themes of islandsand survival, the community of ex-plorers came to the idea of rovingscenography. The Prague projectconsists in inventing the NinthSchool using a van bought for theoccasion: a school for traffic, formobility, for scenographers whowant to extricate themselves fromblack boxes and tour the world.The first stop being Prague! Theyare lucky to get to discover inter-

Quadriennale de Prague 2019,14e édition :du 6 au 16 juin 2019, Parc desexpositions, Prague.

10 juillet : Après la Quadriennale,rendez-vous à Avignon, durant le festival, « Les 12 heures de la scénographie ! » de midi à minuit.Exploration du «Pavillon des écoles»,impromptus, rencontres, projections,flash conférences et soirée. Avec : Philippe Quesne, des étudiantsscénographes, des artistes et des invités-surprises. À la MaisonJean Vilar.

La présence de la France à la Quadriennale est coordonnée parARTCENA, Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre, avecle soutien du ministère de la Culture(DGCA), de l’Institut français, de l’Institutfrançais de Prague, en coproductionavec Nanterre-Amandiers, Centredramatique national.

ARTCENA, Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre

68 rue de la Folie MéricourtF - 75011 [email protected]+ 33 (0)1 55 28 10 10www.artcena.fr

Site de la Quadriennale de Prague 2019 :www.pq.cz

Dossier réalisé par artpress et impriméà l’Imprimerie de Champagne, Langres.

LA FRANCE À LA QUADRIENNALE DE PRAGUE 2019

Cet événement est organisé enpartenariat avec les huit établissementsd’enseignement supérieur françaisformant à la scénographie : Écolenationale supérieure d’architecturede Nantes, ensa Nantes ; École nationale supérieure des ArtsDécoratifs-EnsAD, Paris ; Écolenationale supérieure des arts et techniques du théâtre, ENSATT, Lyon ;École nationale supérieured’architecture Paris La Villette, Paris ;École nationale supérieured’architecture Paris-Malaquais, Paris ;Haute école des arts du Rhin-HEAR,Mulhouse /Strasbourg ; École duThéâtre national de Strasbourg-TNS,Strasbourg ; Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3, Paris.

Et en partenariat avec la Maison Jean Vilar et l’Union des scénographes /UDS.

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