MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES
GOUVERNEMENTALES
COMMISSION DES SERVICES FINANCIERS DE
L’ONTARIO
Le 15 avril 2013
Table des matières
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES
1. INTRODUCTION ................................................................................................................ 1
2. LE MARCHÉ DE L’ASSURANCE-AUTOMOBILE EN ONTARIO ...................................... 4
3. LE SYSTÈME D’ASSURANCE-AUTOMOBILE EN ONTARIO .......................................... 5
a) Responsabilité civile .................................................................................................... 9
b) Indemnités d’accident légales ...................................................................................... 9
c) Garanties pour dommages matériels ..........................................................................12
d) Autres garanties facultatives .......................................................................................12
4. LE RÔLE DE LA COMMISSION DES SERVICES FINANCIERS DE L’ONTARIO (CSFO) 1
5. TAUX D'ASSURANCE-AUTOMOBILE ET SYSTÈMES DE CLASSEMENT DES
RISQUES ................................................................................................................................... 1
a) Généralités .................................................................................................................. 1
b) Établissement des tarifs individuels d’assurance-automobile ....................................... 3
c) Incidence de la suppression de la tarification en fonction du territoire .......................... 5
d) Déclaration de taux et processus d'examen ................................................................. 7
6. RÉSULTATS FINANCIERS DES ASSUREURS ................................................................ 1
7. L’ÉVOLUTION DE L’ASSURANCE-AUTOMOBILE EN ONTARIO ................................... 5
a) Fin des années 1980 ................................................................................................... 5
b) 1990 – Régime de protection des automobilistes de l’Ontario (RPAO)......................... 6
c) 1994 – Projet de loi 164 ............................................................................................... 6
d) 1996 – Projet de loi 59 ................................................................................................. 1
e) Réformes de 2003 ....................................................................................................... 1
8. LES SYSTÈMES D’ASSURANCE-AUTOMOBILE D’AUTRES PROVINCES .................... 1
a) Systèmes administrés par le secteur privé et systèmes administrés par le
gouvernement ..................................................................................................................... 1
b) Structure d’indemnisation ............................................................................................. 1
c) Antécédents en matière de demandes de règlement dans d’autres provinces ............. 5
9. PROBLÈMES ET PRESSIONS DE 2006 À 2010 ............................................................... 6
a) Augmentation rapide des coûts des indemnités d’accident .......................................... 8
b) Augmentation plus rapide des coûts dans la région du Grand Toronto ........................ 9
c) Principales composantes de l’augmentation des indemnités d’accident ......................11
d) Comparaison avec d’autres garanties .........................................................................12
e) Diminution du nombre de blessures déclarées ............................................................12
f) Antécédents d’autres provinces ................................................................................... 1
g) Facteurs contribuant à la hausse des coûts ................................................................. 2
10. RÉFORMES DE 2010 ET AUTRES INITIATIVES RÉCENTES ....................................... 1
11. AVANCEMENT DES RÉFORMES DE 2010 ET DES AUTRES INITIATIVES................. 1
12. CONCLUSION ................................................................................................................ 9
ANNEXE ...................................................................................................................................10
BIBLIOGRAPHIE .....................................................................................................................14
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES
1. INTRODUCTION
L’assurance-automobile est une forme d’assurance de dommages (également
appelée assurance IARD) souscrite par les propriétaires et les conducteurs de
véhicules automobiles auprès d’une compagnie d’assurance qui s’engage pour sa
part à indemniser les victimes d’accidents des coûts admissibles liés aux
dommages aux véhicules et aux lésions corporelles. Outre l’indemnisation,
l’assureur s’engage à protéger le propriétaire et le conducteur du véhicule de toute
réclamation juridique pour des dommages ou des lésions causés à d’autres
personnes. Les primes d’assurance-automobile payées par les conducteurs
représentent le coût du transfert de risque de perte vers l’assureur.
Depuis 1980, l’assurance-automobile est obligatoire pour les conducteurs de
l’Ontario. Chaque propriétaire de véhicule doit souscrire une assurance-
automobile auprès d’une compagnie d’assurance privée, que ce soit par
l’intermédiaire d’un courtier d’assurance IARD ou directement de la compagnie par
l’entremise d’un agent.
Afin d’atténuer l’augmentation des coûts d’assurance-automobile, le gouvernement
a lancé en 1990 ce que l’on appelle couramment le premier système sans égard à
la responsabilité de l’Ontario. Dans le cadre de ce nouveau système, toutes les
personnes blessées dans un accident d’automobile ont plus rapidement accès aux
ressources de leur assureur pour payer leur rétablissement (quel que soit le
responsable), qu’il s’agisse de lésions corporelles ou de dommages au véhicule.
Toutefois, la capacité à recevoir des indemnités d’accident ne dépend pas de la
« responsabilité ». On disait de ce nouveau système sans égard à la
responsabilité qu’il était assorti d’un « seuil », car il imposait par un seuil lexical
une limite restrictive au droit d’intenter des poursuites. Le seuil lexical était un
décès, un préjudice esthétique grave et permanent ou une déficience grave et
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permanente d’une fonction corporelle importante causée par une blessure
permanente d'ordre physique.
En revanche, dans un système fondé sur la « faute » ou la « responsabilité
délictuelle », le conducteur qui porte la responsabilité d’un accident est
responsable du paiement des dépenses médicales de la victime et de
l’indemnisation pour les autres dommages, comme la perte de salaire et les
souffrances et douleur. Les différends concernant la désignation de la
responsabilité et le montant des indemnités sont tranchés par les tribunaux.
Aujourd’hui, une personne blessée dans un accident peut intenter des poursuites
contre le conducteur responsable afin de se faire indemniser d’une perte
économique ou des frais relatifs aux soins de santé dépassant ses garanties pour
indemnités d’accident, ainsi que pour les souffrances et douleur, si cette personne
atteint un seuil, à savoir un décès, un préjudice esthétique grave et permanent ou
une déficience grave et permanente d’une fonction corporelle, mentale ou
psychique importante.
Pour qu’une assurance-automobile ait un prix équitable et soit abordable et
disponible, il faut maintenir un équilibre entre le prix et les garanties appropriées
dont les titulaires de police ont besoin en cas d’accident. Traditionnellement, les
réformes du système de l’Ontario ont été en grande partie motivées par le besoin
de stabiliser les primes et les coûts croissants et de rétablir cet équilibre.
Le système d’assurance-automobile est complexe et a connu plusieurs réformes
au cours des 25 dernières années. Chaque série de changements est parvenue
initialement à stabiliser les coûts et les primes, mais a ensuite été suivie d’un autre
cycle de hausse des coûts. De plus, malgré les réformes, le système d’assurance-
automobile demeure exposé aux défis liés à la fraude et à l’abus du système qui,
si l’on n’y remédie pas, contribueront toujours à une hausse des primes.
Les réformes annoncées par le gouvernement en 2009 et mises en œuvre en
septembre 2010 ont résorbé la hausse des coûts, ont stabilisé les primes et ont
donné aux conducteurs davantage d’options et de souplesse dans le choix des
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niveaux de protection. Soucieux d’éviter que le passé se répète, le gouvernement
continue de mettre l'accent sur l’amélioration du produit et du système
d'assurance-automobile en Ontario. De nouvelles initiatives ont été annoncées
dans les deux derniers budgets de l’Ontario, en particulier l’établissement d’un
Groupe de travail antifraude de l’assurance-automobile et une plus grande place
accordée aux approches fondées sur les faits pour le traitement et le
rétablissement des blessures.
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2. LE MARCHÉ DE L’ASSURANCE-AUTOMOBILE EN ONTARIO
L’Ontario compte plus de 9 millions de conducteurs et 6,7 millions de véhicules de
tourisme assurés. L’assurance-automobile y est offerte par des sociétés privées.
En 2011, les assureurs IARD en Ontario ont reçu environ 20,8 milliards de dollars
en primes directes souscrites. Cette même année, le total des primes
d’assurance-automobile souscrites s’élevait à environ 11,7 milliards de dollars, soit
56,3 p. 100 de la totalité du marché IARD. Sur ce montant, les primes directes
souscrites pour des véhicules de tourisme représentaient environ 10,3 milliards de
dollars.
L’Ontario jouit d’un marché de l’assurance-automobile concurrentiel, avec
192 sociétés autorisées à exercer et plus de 100 sociétés qui souscrivent de
l’assurance-automobile pour véhicules de tourisme. En 2011, 20 compagnies
d’assurance-automobile représentaient 80 p. 100 du marché de l’assurance-
automobile. L’assurance-automobile pour véhicule de tourisme représente environ
88 p. 100 des primes d’assurance-automobile en Ontario. Les autres catégories
d’assurance-automobile (commerciale, motocyclette, motoneige, autobus, etc.)
constituent les 12 p. 100 restants.
Le gouvernement prescrit les indemnités d’accident et établit les garanties
minimales obligatoires pour l’assurance-automobile tandis que la Commission des
services financiers de l’Ontario (CSFO) réglemente les assureurs et approuve les
taux des assureurs. En vertu de la législation, le processus d'approbation tarifaire
garantit que les taux proposés par les compagnies sont équitables et raisonnables
dans les circonstances, ne sont pas excessifs et ne portent pas atteinte à la
solvabilité financière de la compagnie.
Étant donné que les discussions concernant le système d’assurance-automobile
en Ontario sont principalement liées à l’assurance-automobile pour les véhicules
de tourisme, ce thème sera au centre du présent mémoire.
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3. LE SYSTÈME D’ASSURANCE-AUTOMOBILE EN ONTARIO
En Ontario, comme dans les autres provinces, l’assurance-automobile est
obligatoire pour tous les consommateurs propriétaires d’un véhicule utilisé sur des
voies publiques. Avant 1980 et l’introduction de l’assurance-automobile
obligatoire, les propriétaires de véhicules avaient le choix entre la souscription
d’une assurance et le paiement de frais au Fonds d'indemnisation des victimes
d'accidents de véhicules automobiles (FIVAVA), qui assurait la défense contre les
demandes d’indemnisation et qui payaient les indemnités lorsqu’un conducteur
responsable d’un accident ne donnait pas suite à un jugement. Souvent, les
victimes d’accident devaient aller devant les tribunaux pour établir qui portait la
responsabilité de l’accident et pour obtenir les indemnités dont elles pouvaient
avoir besoin pour le rétablissement de blessures ou pour les dommages subis par
leur véhicule dans l’accident.
Les responsabilités financières et les coûts croissants imposés au FIVAVA et le
nombre de conducteurs non assurés ont incité le gouvernement de l’époque à
rendre obligatoire l’assurance-automobile.
Compte tenu du caractère obligatoire du système, les gouvernements ont
pertinemment élaboré un régime complet de réglementation afin de protéger les
consommateurs et de réglementer la conduite des assureurs. En Ontario, ce
régime comprend l’établissement de niveaux de protection obligatoires et
facultatifs devant être inclus dans les polices d’assurance-automobile et proposés
aux consommateurs. Les différentes modifications et réformes mises en œuvre
par les gouvernements au cours des 25 dernières années visaient principalement
l’équilibre entre le droit d’intenter des poursuites au moyen de garanties de
responsabilité civile (décrites en détail plus avant) et les indemnités d’accident
légales. En 1990, le régime a connu une véritable transformation avec le passage
d’une indemnisation fondée sur les montants adjugés par la cour à une
indemnisation reposant sur un accès plus rapide à des indemnités d’accident
élargies sans égard à la responsabilité, grâce à la promulgation de la Loi modifiant
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les lois concernant les assurances (projet de loi 68), couramment appelée Régime
de protection des automobilistes de l'Ontario (ou RPAO, décrit en détail ci-après).
La vente des produits d’assurance-automobile est réalisée par des agents et des
courtiers d’assurance IARD, qui doivent être tous deux titulaires d'un permis pour
la vente de produits d’assurance. La distinction entre un agent et un courtier
réside dans le fait qu’un agent vend des produits d’assurance directement pour un
assureur particulier (assureur direct), tandis que le courtier est un professionnel
indépendant qui peut vendre des produits d’assurance au nom de plusieurs
assureurs en échange d’une commission. Jusqu’ici, la plupart des produits
d’assurance-automobile étaient vendus par des courtiers indépendants qui
servaient leurs clients en cherchant la police et le prix convenant le mieux aux
besoins d’une personne parmi diverses compagnies d’assurance avec lesquelles
le courtier avait conclu des contrats pour la vente de leurs produits. Désormais,
les produits d’assurance sont de plus en plus vendus par des assureurs directs.
C’est la CSFO qui délivre des permis aux agents d’assurance IARD et réglemente
cette profession. En avril 2013, il y avait 6 612 agents d’assurance IARD titulaires
d’un permis pour la vente de produits d’assurance de dommages, y compris
l'assurance-automobile.
Les courtiers d’assurance IARD sont réglementés par l’organisme Courtiers
d'assurances inscrits de l'Ontario (CAIO). Les CAIO est une société autofinancée
et autonome. Établi en 1981 en vertu du la Loi sur les courtiers d’assurances
inscrits, cet organisme est responsable de la délivrance des permis, des normes
de pratique, de la prévention des inconduites et de l’application de mesures de
discipline à ses membres. En 2011-2012, il y avait 17 526 courtiers d’assurance
IARD inscrits. La CSFO collabore étroitement avec les CAIO relativement aux
questions émergentes et au sein de comités. La CSFO veille également à ce que
les CAIO s’acquittent de leurs responsabilités en matière de réglementation et
agissent pour protéger les intérêts du public en réalisant un examen annuel des
activités des CAIO donnant lieu à la présentation d'un rapport au ministre des
Finances.
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Garanties
L’Ontario a actuellement en place un système de garanties obligatoires assorti de
garanties et d’indemnités facultatives supplémentaires que les consommateurs
peuvent acheter. Le tableau qui suit recense ces garanties obligatoires et
facultatives, avec notamment les choix élargis offerts aux consommateurs en
matière d’indemnités d’accident légales mis en œuvre par le gouvernement actuel
dans le cadre des réformes de septembre 2010.
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Garanties d’assurance-automobile de l’Ontario
Garanties obligatoires Garanties facultatives
Responsabilité civile • Couvre les demandes de
règlement découlant de poursuites judiciaires pour dommages économiques et pour souffrances et douleur
• Le montant minimal de la garantie en vertu de la loi est 200 000 $.
• Les indemnités pour souffrances et douleur accordées par la cour sont assorties de franchises obligatoires.
Annexe sur les indemnités d’accident légales (AIAL)
• Prévoit des indemnités si une personne est blessée dans un accident, quel qu’en soit le responsable.
• Prévoit des indemnités pour frais médicaux et de réadaptation, remplacement de revenu, soins auxiliaires et frais funéraires et prestations de décès.
Indemnisation directe • Couvre les dommages à un
véhicule assuré dans la mesure où un autre conducteur est responsable de l’accident.
Automobile non assurée • Couvre les dommages causés par
un automobiliste non assuré.
Responsabilité civile • Possibilité de plafonds plus élevés
pour la garantie Responsabilité civile; dans la plupart des polices, la garantie de base est de 1 million de dollars.
• Franchise obligatoire moins élevée.
Indemnisation directe • Diverses franchises proposées, dont
0 $
Collision • Couvre le paiement des réparations
d’un véhicule assuré lorsque le conducteur assuré est fautif. Diverses franchises sont proposées.
Assurance multirisque • Couvre les pertes découlant d’un vol,
d’un incendie ou de dommages autres que ceux résultant d’une collision. Diverses franchises sont proposées.
Indemnités d’accident facultatives • Peuvent comprendre des montants
de garantie supérieurs pour les indemnités d’accident de base ou des garanties telles que les frais de travaux ménagers et de soignants.
Autres garanties facultatives • P. ex., une garantie couvrant les frais
de location d’un véhicule pendant que le véhicule de l’assuré est en réparation et le coût intégral de remplacement d’un véhicule relativement neuf.
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a) Responsabilité civile
La garantie minimale exigée en Ontario pour la responsabilité civile est 200 000 $.
Les conducteurs ont l’option de souscrire un montant plus élevé, en général
500 000 $, 1 million de dollars ou 2 millions de dollars. Le montant de base que
souscrivent généralement les conducteurs est 1 million de dollars. Actuellement,
plus de 99 p. 100 des conducteurs souscrivent un montant supérieur au minimum
obligatoire de 200 000 $.1
Lorsqu’une personne est blessée dans un accident dont le conducteur n’est pas
responsable, cette personne peut poursuivre le conducteur responsable en vue de
se faire indemniser la part d’une perte économique ou des frais relatifs aux soins
de santé qui dépasse leurs garanties d’indemnités d’accident et souffrances et
douleur. Pour que l’on puisse intenter des poursuites pour les frais de soins de
santé excédentaires et pour souffrances et douleur, les lésions de la personne
blessée doivent atteindre un seuil de préjudice esthétique grave et permanent ou
une déficience grave et permanente d’une fonction corporelle, mentale ou
psychique importante. Une franchise de 30 000 $ (ou 15 000 $ pour les membres
de la famille en vertu de la Loi sur le droit de la famille) s’applique également aux
indemnités octroyées par un tribunal pour souffrances et douleur. Cette franchise
ne s’applique pas si les indemnités octroyées par un tribunal pour souffrances et
douleur dépassent 100 000 $ (ou 50 000 $ pour les membres de la famille en vertu
de la Loi sur le droit de la famille).
b) Indemnités d’accident légales
Les réformes de l’assurance-automobile de 2010 ont créé un nouvel ensemble
type d’indemnités d’accident légale énoncé dans l’Annexe sur les indemnités
d’accident légales (AIAL), un règlement pris en application de la Loi sur les
assurances. Ces indemnités sont payables par l’assureur de la personne blessée,
sans égard à la responsabilité. Certains croient de façon erronée que les plafonds
1 Agence statistique d'assurance générale
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d’indemnités possibles constituent le total des indemnités qu’ils peuvent s’attendre
à toucher. Ces indemnités sont assujetties aux critères énoncés dans la
réglementation et doivent être évaluées en fonction de ces normes ainsi que de la
portée et la nature des blessures. Les réformes annoncées par le gouvernement
mettent de l’avant une approche fondée sur les faits en matière de traitement et de
rétablissement des blessures qui s’appuie sur les connaissances scientifiques et
médicales actuelles. Les réformes donnent également aux propriétaires et aux
conducteurs la capacité de souscrire des garanties facultatives plus élevées
convenant le mieux à leurs besoins et à leur situation financière. Le tableau
ci-dessous résume les principales garanties pour indemnités d’accidents et les
choix supplémentaires auxquels les consommateurs ont accès.
Garantie Indemnités
d’accident légales
Garantie dans le cadre d’une
police-type d’assurance-
automobile
Options proposées pour des
indemnités plus élevées
Indemnités pour frais médicaux,
de réadaptation et de soins
auxiliaires
- pour des blessures non
invalidantes
50 000 $ pour frais médicaux et
de réadaptation, y compris les
frais d'évaluation; 36 000 $
pour les indemnités de soins
auxiliaires.
100 000 $ ou 1 100 000 $ pour des
frais médicaux et de réadaptation, y
compris les frais d'évaluation;
72 000 $ ou 1 072 000 $ pour les
indemnités de soins auxiliaires.
Indemnités pour frais médicaux,
de réadaptation et de soins
auxiliaires
- pour des blessures invalidantes
1 000 000 $ pour des frais
médicaux et de réadaptation, y
compris les frais d’évaluation;
1 000 000 $ pour les
indemnités de soins auxiliaires.
1 000 000 $ supplémentaires
d’indemnités pour frais médicaux, de
réadaptation et de soins auxiliaires, y
compris les frais d'évaluation.
Indemnité de soignant Jusqu’à 250 $ par semaine pour
la première personne à charge
plus 50 $ par personne à charge
supplémentaire; seulement pour
des blessures invalidantes.
Jusqu’à 250 $ par semaine pour la
première personne à charge plus 50 $
par personne à charge
supplémentaire; pour toutes les
blessures
Frais de travaux ménagers et
d’entretien du domicile
Jusqu’à 100 $ par semaine;
seulement pour des blessures
invalidantes.
Jusqu’à 100 $ par semaine; pour
toutes les blessures.
Indemnités de remplacement de
revenu
70 p. 100 du revenu brut
Jusqu’à 400 $ par semaine.
Le plafond hebdomadaire peut être
augmenté à 600 $, 800 $ ou 1 000 $
par semaine.
Indemnité de personne à charge Pas prévue.
Jusqu'à 75 $ par semaine pour la
première personne à charge et 25 $
par semaine pour chaque personne à
charge additionnelle jusqu'à
concurrence de 150 $ par semaine.
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Garantie Indemnités
d’accident légales
Garantie dans le cadre d’une
police-type d’assurance-
automobile
Options proposées pour des
indemnités plus élevées
Prestations de décès et indemnité
pour frais funéraires
Indemnité forfaitaire de
25 000 $ au conjoint
admissible; indemnité
forfaitaire de 10 000 $ à chaque
personne à charge; indemnité
maximale de 6 000 $ pour frais
funéraires.
Indemnité forfaitaire de 50 000 $ au
conjoint admissible; indemnité
forfaitaire de 20 000 $ à chaque
personne à charge; indemnité
maximale de 8 000 $ pour frais
funéraires.
Indemnité d’indexation –
applicable à l'indemnité de
remplacement de revenu, à
l'indemnité de personne sans
revenu d'emploi, à l’indemnité
de soignant, à l'indemnité pour
frais de soins auxiliaires ou frais
médicaux et frais de réadaptation
Pas prévue.
Rajustement annuel selon l'Indice
des prix à la consommation pour le
Canada.
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c) Garanties pour dommages matériels
Les dommages matériels subis par un véhicule sont indemnisés par diverses
garanties. L’une d’elles est la garantie Indemnisation directe, qui couvre les
dommages à un véhicule ou à son contenu ainsi que la perte de l’usage du
véhicule ou de son contenu, dans la mesure où une autre personne est
responsable de l’accident. Cette garantie est appelée « indemnisation directe »
parce que, bien qu'une autre personne ait causé les dommages, l'indemnité est
payée directement par l’assureur même de la personne ayant subi les dommages
et non par celui de la personne fautive.
La garantie facultative Collision couvre également les dommages matériels infligés
au véhicule de l’assuré dans la proportion où cette personne est responsable de
l’accident. La garantie facultative Risques multiples rembourse les pertes autres
que celles couvertes par la garantie Collision, comme celles découlant d’un vol,
d’un acte de vandalisme, d’un incendie ou de dommages autres que ceux résultant
d’une collision. Chacune de ces garanties pour dommages matériels a des
niveaux de base et facultatifs pour les franchises applicables.
d) Autres garanties facultatives
Il existe d’autres garanties facultatives connues sous le nom d’avenants, qui sont
des ententes particulières entre assureurs et consommateurs permettant l’ajout ou
la diminution de certaines garanties dans des situations données. Les avenants
les plus courants concernent les protections suivantes : véhicules loués, perte de
l’usage du véhicule, retrait de la déduction pour dépréciation et protection de la
famille.
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4. LE RÔLE DE LA COMMISSION DES SERVICES FINANCIERS DE L’ONTARIO (CSFO)
La CSFO est un organisme du gouvernement de l’Ontario relevant du ministre des
Finances et chargé de réglementer l’assurance-automobile.
S’appuyant sur la Loi de 1997 sur la Commission des services financiers de
l’Ontario, la Loi sur les assurances, la Loi de 2003 sur la stabilisation des taux
d’assurance-automobile et la Loi sur l’assurance-automobile obligatoire, la CSFO
est chargée de fournir des services de réglementation afin de protéger l'intérêt du
public et de favoriser la confiance du public dans l’assurance-automobile par ses
activités liées à la délivrance de permis, la souscription, l’approbation des
catégories et des taux, la surveillance et l’application. La Loi sur les assurances et
les règlements s’y rattachant énoncent le produit type d’assurance-automobile.
La législation définit comme suit le pouvoir de réglementer le secteur de
l’assurance-automobile :
approuver les règles de souscription, les taux de primes et les systèmes de
classement des risques des assureurs qui sont les facteurs utilisés pour fixer
les primes d’assurance-automobile;
administrer un processus de règlement des différends ayant trait à l’AIAL entre
les demandeurs et les assureurs;
réglementer les pratiques de l’industrie de l’assurance en enquêtant sur les
plaintes et en prenant des mesures d’application de la loi en cas de pratiques
injustes ou trompeuses et d’infraction à la législation;
faire appliquer la loi par d’autres usagers du système (p. ex, les fournisseurs de
soins de santé et les personnes non titulaires de permis);
surveiller la Facility Association (FA), qui propose de l’assurance-automobile
aux conducteurs à risque élevé incapables d’obtenir une police d’assurance
dans le marché ordinaire;
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offrir aux consommateurs de l’information et du matériel pédagogique sur le
système d’assurance-automobile;
administrer le Fonds d’indemnisation des victimes d’accidents de véhicules
automobiles (FIVAVA), qui verse des indemnités d’accident aux personnes
blessées dans des accidents d’automobile lorsqu’elles ne sont pas couvertes
par une police d’assurance;
travailler avec les intervenants à l’amélioration du fonctionnement du système
et conseiller le gouvernement sur les modifications à apporter au système
d’assurance-automobile.
Chaque assureur qui souscrit de l'assurance-automobile doit demander au
surintendant d'approuver le système de classement des risques et les règles qu'il
prévoit utiliser pour établir les taux de chaque garantie et catégorie d'assurance-
automobile.
Les normes prévues par la loi pour l'approbation du classement des risques
obligent le surintendant à refuser d'approuver la totalité ou une partie d'une
demande et lui permettent d'obliger l'assureur à modifier un système de
classement des risques s'il n'est pas équitable et raisonnable dans les
circonstances, ne prévoit pas les risques de manière raisonnable et ne distingue
pas les risques de façon équitable.
Les normes prévues par la loi pour l'approbation des taux obligent le surintendant
à refuser d'approuver la totalité ou une partie d'une demande et lui permettent
d'obliger l'assureur à réduire ou à modifier les taux s'ils ne sont pas équitables et
raisonnables dans les circonstances, s'ils nuiraient à la solvabilité de l'assureur ou
s'ils sont excessifs relativement à la situation financière de l'assureur.
Toutefois, la législation ne permet pas au surintendant d'ordonner un taux
particulier, c'est-à-dire qu'elle ne prévoit pas de fonction d'établissement des taux.
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Cette norme s'applique pour chaque compagnie. La réglementation prévoit les
exigences et les interdictions relativement aux éléments dont on peut et ne peut
pas tenir compte dans le classement des risques.
Les compagnies d’assurance doivent présenter les critères établis pour la
sélection et le rejet des consommateurs (les règles de souscription) avant leur
mise en application.
La réglementation prise en application de la Loi sur les assurances définit les
critères qui ne peuvent pas être appliqués pour refuser de fournir une police. Par
exemple, l’état de santé, le revenu ou la situation d’emploi et la cote de solvabilité
d’une personne ne peuvent pas être utilisés pour un tel refus.
La CSFO surveille également les activités de la Facility Association. La FA a été
créée sous la forme d’une association à but non lucratif en Ontario en 1979 dans
le cadre des révisions apportées à la Loi sur l’assurance-automobile obligatoire.
Elle sert d’assureur de dernier recours pour les conducteurs à risque élevé qui ne
peuvent pas souscrire d’assurance-automobile dans le marché ordinaire.
La FA opère en Alberta, en Ontario, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick,
à Terre-Neuve, dans l’Île-du-Prince-Édouard, dans les Territoires du Nord-Ouest,
au Nunavut et au Yukon. Tous les assureurs de l’Ontario sont membres de la FA,
et chaque membre se voit attribuer une part des primes, des demandes de
règlement, des dépenses et des revenus de placement de la FA. En Ontario, la
FA gère le marché résiduel, le segment à risque élevé, ainsi qu’un groupe de
partage du risque permettant aux assureurs de partager le risque lié à certains
conducteurs, jusqu’à concurrence de 5 p. 100, entre tous les assureurs.
Actuellement, le marché résiduel assure quelque 4 480 véhicules de tourisme, soit
une baisse importante par rapport aux plus de 220 000 véhicules couverts en
2004.2
Par l’entremise du FIVAVA, la CSFO indemnise des lésions corporelles ou des
dommages matériels les personnes touchées par des accidents d’automobile 2 Facility Association
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 4
lorsqu’on ne trouve aucune assurance-automobile pour régler la demande
d’indemnités (p. ex., lorsque le conducteur n’a pas d’assurance-automobile ou en
cas d’accident avec délit de fuite).
Une modification apportée en 2003 à la Loi sur les assurances exige que le
surintendant des services financiers effectue tous les cinq ans un examen de la
partie VI de cette loi, qui traite de l’assurance-automobile, et qu’il recommande au
ministre des Finances les modifications qui renforceront, le cas échéant, l’efficacité
et l’administration de cette partie de la Loi. Le premier examen de ce genre a été
achevé en 2009 et a jeté les bases des délibérations du gouvernement dans la
préparation des réformes de 2010.
Par ailleurs, la CSFO examine régulièrement l’AIAL pour faire en sorte qu’elle soit
actualisée et adaptée aux besoins.
La CSFO offre également aux consommateurs un vaste éventail d’information et
de matériel pédagogique sur le système d’assurance-automobile. Cette
information est diffusée sur le site Web de la CSFO ainsi qu’à l’occasion de salons
commerciaux et d’autres manifestations auxquelles assistent des conducteurs.
Parmi la gamme de produits disponibles, mentionnons des brochures expliquant le
fonctionnement du système d’assurance-automobile, un tutoriel sur l’établissement
des taux, des conseils pour faire des économies et la voie à suivre en cas
d’accident. En collaboration avec le Groupe de travail antifraude de l’assurance-
automobile, la CSFO a également enrichi son site Web en ce qui concerne la
fraude et ce que les consommateurs peuvent faire pour la combattre. En plus de
ce matériel, la CSFO dispose d’un centre de contact qui a répondu à plus de
5 490 demandes de renseignements sur l’assurance-automobile en 2012-2013.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
5. TAUX D'ASSURANCE-AUTOMOBILE ET SYSTÈMES DE CLASSEMENT DES
RISQUES
a) Généralités
Comme cela a été mentionné ci-avant, l’assurance est un contrat protégeant
financièrement les consommateurs contre une perte. Une grande partie des fonds
issus des primes sera utilisée dans les années suivantes pour régler des
demandes d’indemnités. Cela signifie que les taux d’assurance sont fixés avant
que ses coûts ne soient totalement connus. Les assureurs mettent de côté ou
réservent des fonds et les placent pour être en mesure de s’acquitter de ces
obligations à venir. Pour faire en sorte que les primes collectées suffisent à
répondre aux besoins futurs, on effectue des estimations actuarielles des coûts
futurs ou possibles, en tenant compte notamment des coûts liés aux sinistres, des
coûts administratifs (frais généraux) et d’une provision au titre du rendement du
capital.
Les assureurs et les actuaires utilisent les antécédents en matière de demandes
de règlement dans l’estimation des coûts futurs. Leur objectif est de déterminer
les taux à appliquer à un consommateur pour la durée du contrat d’assurance afin
de couvrir les sinistres, les frais d’exploitation et le rendement versé aux
investisseurs, après avoir pris en compte le revenu de placement. On fait appel à
des actuaires, qui sont experts dans le processus d’établissement des taux.
L’établissement des taux passe par l’estimation du coût final des sinistres. Les
assureurs utilisent les données relatives aux « années de survenance », c.-à-d.
qu’ils étudient les données liées aux sinistres en fonction de l’année où l’accident
est survenu, et non les données relatives à l’exercice financier.
Le coût des sinistres pour les années de survenance varie au fur et à mesure que
d'autres données s'ajoutent, surtout pour les garanties comme les indemnités de
responsabilité civile, pour blessures corporelles ou d'accident, pour lesquelles le
versement se fait sur plusieurs années.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
Le processus d'évaluation du coût final de l'accident est appelé la matérialisation
des sinistres. Les sinistres se matérialisent en fonction : a) du temps écoulé entre
le moment du sinistre et le moment où il est déclaré à la compagnie d'assurance;
b) des estimations initiales des experts en sinistre qui peuvent être différentes du
montant final du règlement. Les actuaires examinent les tendances de
matérialisation des sinistres par le passé afin d'estimer le montant des sinistres
futurs. Après un certain nombre d'années, les données sur les années de
survenance se stabilisent et ne sont plus aussi volatiles.
Pour estimer le coût des sinistres pour une période future, les actuaires tiennent
aussi compte du coût des sinistres sur un certain nombre d'années de survenance.
Par exemple, pour déterminer les tarifs pour 2013, les actuaires regarderaient
probablement le coût des sinistres pour les années de survenance 2008 à 2012 et
pondèreraient les antécédents en matière de demandes de règlement. S'ils ne
tenaient compte que des coûts des sinistres pour une année, les taux seraient très
volatils et ne respecteraient pas les pratiques actuarielles d'établissement des
taux.
De plus, lorsqu'un changement est apporté au produit d'assurance-automobile, par
exemple à la suite des réformes récentes de l'assurance-automobile, des facteurs
de rajustement sont appliqués aux coûts des sinistres passés afin de tenir compte
du nouvel environnement.
Le processus d'établissement des taux comprend aussi une estimation de
l'inflation des sinistres (aussi appelée tendance des sinistres), de sorte que les
tarifs tiennent compte des coûts prévus pendant la période de la police.
Les assureurs estiment également les dépenses liées à l'expertise des sinistres,
soit les dépenses liées au règlement du sinistre qui ne sont pas versées au
demandeur, les dépenses générales (qui comprennent les commissions, les taxes
et les frais généraux) et une disposition relative aux profits. La disposition relative
aux profits peut être exprimée sous forme de rendement sur le capital-actions, et
une hypothèse doit être faite pour la convertir en primes.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 3
Les assureurs doivent aussi tenir compte du revenu de placement. Comme le
sinistre n'est pas réglé en entier immédiatement, dans plusieurs cas l'assureur
peut tirer un revenu de placement sur les flux de trésorerie.
Les coûts administratifs comprennent le coût du traitement et de l’évaluation des
demandes de règlement. Les compagnies utilisent diverses approches pour le
traitement de ces demandes, en ayant recours à du personnel interne chargé de
ces demandes, à des experts en sinistre indépendants – qui travaillent sous
contrat et ne sont pas employés de la compagnie – ou encore à une combinaison
de ces deux méthodes.
Selon le nombre et le montant réels des demandes de règlement, le revenu de
placement obtenu et les coûts administratifs, l’assureur peut enregistrer un profit
ou une perte sur les primes imposées pendant une période donnée.
Le processus d'établissement des taux est prospectif, puisque les taux sont fixés
pour la période future pendant laquelle les polices sont en vigueur. Ce processus
ne vise pas à augmenter les tarifs afin de recouvrer les pertes passées ni à réduire
les tarifs à la suite de profits.
b) Établissement des tarifs individuels d’assurance-automobile
Tous les consommateurs ne paient pas le même tarif. Le montant des primes
varie selon les facteurs de risque. Les tarifs d’assurance-automobile sont
déterminés en appliquant divers facteurs, comme le profil individuel du conducteur,
le montant des garanties souscrites, la franchise choisie, le lieu et la compagnie
d’assurance retenue.
Les principes actuariels exigent que les tarifs reflètent le risque (les coûts des
sinistres). De même que les taux, les coûts des sinistres varient selon l’endroit
dans la province.
Le profil individuel du conducteur comprend le dossier de conduite, incluant tous
les accidents dont le conducteur était responsable à plus de 25 p. 100,
habituellement au cours des six dernières années, et les condamnations pour
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 4
infraction au Code de la route remontant aux trois dernières années, le lieu de
résidence de la personne; si la personne a suivi ou non un cours de conduite; le
nombre de kilomètres parcourus par la personne au volant; l’âge et le nombre
d’années de conduite; le genre d’utilisation (pour les loisirs, pour aller au travail,
pour les affaires); les autres personnes du foyer qui peuvent conduire une voiture
et le genre de véhicule utilisé.
Parmi les autres facteurs influant sur les tarifs, mentionnons les garanties
facultatives supplémentaires souscrites (notamment les options de garanties
Indemnités d’accident, Responsabilité civile, Collision et Risques multiples) et le
niveau des franchises retenues pour certaines garanties comme la Collision
(dommages au véhicule en cas d’accident avec responsabilité) et les Risques
multiples (vol, vandalisme, grêle, etc.).
Les tarifs d’assurance-automobile varient également en fonction du lieu de
résidence de la personne. La tarification en fonction du territoire tient compte du
fait que tous les véhicules dans un territoire donné partagent des risques
semblables liés à la densité de la circulation, au relief, à l’infrastructure et aux
conditions routières, aux limites de vitesse, aux taux de criminalité (liés aux vols de
véhicules) et aux conditions météorologiques. Chaque compagnie établit ses
propres territoires à partir de ses données et renseignements sur le marché ainsi
que des lieux où est concentrée sa clientèle. Parallèlement à l’évolution du
système d’assurance-automobile et à la croissance démographique, les
compagnies d’assurance ont augmenté le nombre de territoires afin de mieux
refléter le risque et les antécédents en matière de demandes de règlement.
La CSFO a publié des lignes directrices pour s’assurer que la tarification en
fonction du territoire se fasse de manière équitable. En voici quelques-unes :
pas plus de 55 territoires en Ontario et pas plus de 10 territoires pour la ville de
Toronto;
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 5
un minimum de 2 500 véhicules dans chaque territoire, afin d’assurer la
crédibilité statistique et d’éviter de cibler certains risques de manière
inéquitable;
les assureurs doivent veiller à ce que les territoires soient contigus (c.-à-d.
qu’ils ne peuvent pas former un territoire en associant une série de poches
isolées). En général, les assureurs utilisent les trois premiers caractères d’un
code postal (qui désignent la région de tri d’acheminement) pour définir les
territoires;
lors de l’établissement d’un nouveau territoire, les tarifs ne doivent pas changer
de plus de 10 p. 100 par rapport au territoire existant.
Les assureurs souscrivent des risques différemment selon les antécédents et
l’analyse des données de leur compagnie. Les compagnies peuvent utiliser divers
systèmes de classement des risques. Elles peuvent aussi appliquer des règles
quant au genre de risques qu’elles accepteront ou pas. Néanmoins, toutes les
règles de souscription doivent être déposées et approuvées par la CSFO et être
conformes à la Loi sur les assurances.
c) Incidence de la suppression de la tarification en fonction du territoire
Le recours à la tarification en fonction du territoire est un outil standard traditionnel
dans le processus d’établissement des tarifs des systèmes d’assurance-
automobile. La tarification territoriale renforce la capacité des compagnies
d’assurance de souscrire un risque et d’en établir le prix avec plus d’exactitude en
faisant le lien entre les primes et les antécédents en matière de demandes de
règlements dans les différents territoires. Dans une province aussi vaste que
l’Ontario, caractérisée par un mélange de zones urbaines et rurales, des
différentes climatiques importantes, des variations du point de vue de la qualité
des routes et de la densité de la circulation ainsi que d’autres différences, la
suppression des territoires se traduirait par un accroissement important du
financement des conducteurs vivant dans les zones où le nombre de demandes de
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 6
règlement est plus élevé par les conducteurs établis dans les zones où ce nombre
est moins élevé.
Des discussions ont eu lieu récemment sur la possibilité de ne plus tenir compte
des territoires ou du lieu de résidence pour la tarification. La CSFO a analysé
l’incidence de ce changement possible en prenant comme hypothèse que la
suppression de la tarification territoriale signifiera le paiement de primes identiques
par tous les conducteurs de la province. Si une prime souscrite moyenne
de 1 381 $ (établie selon la prime souscrite moyenne au cours des six dernières
années) était fixée pour la province, cela se traduirait par un interfinancement
important entre les collectivités de toute la province. Le tableau ci-après illustre les
effets possibles pour cinq collectivités ontariennes. La région du grand Toronto
pourrait bénéficier d’une réduction de 24 p. 100 tandis que d’autres collectivités
pourraient subir des hausses allant de 24 à 41 p. 100.
Source : Commission des services financiers de l’Ontario
Le diagramme ci-après illustre l’effet d’un tel changement sur le montant des
primes. La RGT pourrait enregistrer une réduction des primes d’environ 429 $
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 7
tandis que les autres collectivités indiquées pourraient subir des hausses de
primes de 270 $ à 400 $.
Source : Commission des services financiers de l’Ontario
Comme le montrent les diagrammes, la suppression des territoires se traduirait par
un interfinancement entre les régions de la province aux coûts les plus élevés et
celles aux coûts les moins élevés.
d) Déclaration de taux et processus d'examen
Les assureurs doivent déposer leurs taux et leurs systèmes de classement des
risques auprès du surintendant pour approbation. Selon la complexité des
changements proposés, il faut normalement jusqu'à 60 jours à une compagnie
pour préparer ce dépôt. Au cours des dernières années, les assureurs se sont
servis de modèles analytiques plus complexes pour établir les prix. Ces modèles
peuvent rallonger le temps de préparation des dépôts.
Bien que les actuaires soient principalement ceux qui s'occupent de la préparation
d'un tel dépôt, les taux proposés et le système de classement des risques peuvent
aussi tenir compte de l'environnement concurrentiel. Le personnel de souscription
de la compagnie participe aussi à ce processus et des comparaisons avec les taux
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 8
d'autres compagnies du marché peuvent influencer la décision sur les taux à
proposer.
La CSFO a élaboré des lignes directrices sur l'approbation des dépôts à l'intention
des assureurs; ces lignes directrices varient selon la nature du dépôt. Des lignes
directrices abrégées ont été approuvées pour les dépôts visant des réductions des
tarifs. Des lignes directrices intégrales sur les dépôts ont été approuvées pour les
autres modifications, y compris les modifications du système de classement des
risques de l'assureur. Tous les dépôts se font par voie électronique. Les dépôts
intégraux peuvent compter plusieurs centaines de pages.
Les dépôts intégraux requièrent le dépôt d'un « certificat de l'actuaire » par un
fellow de l'Institut canadien des actuaires attestant que les données utilisées dans
le dépôt « sont fiables et suffisantes pour déterminer les modifications de taux
indiquées » et que les modifications de taux indiquées ont été calculées
conformément aux pratiques actuarielles reconnues. La modification de taux
indiquée est celle calculée par l'actuaire, fondée sur les hypothèses utilisées pour
le dépôt, compte tenu des coûts des sinistres, des dépenses, du revenu de
placement et du taux de rendement des capitaux propres (RCP) prévus.
Les dépôts intégraux exigent l'inclusion d'un « certificat du membre de la
direction ». Ce membre de la direction doit attester « que les taux proposés sont
justes et raisonnables, qu’ils ne compromettent pas la solvabilité de l’assureur et
qu’ils ne sont pas excessifs compte tenu de la situation financière de l’assureur ».
Comme il est mentionné précédemment, l'actuaire atteste des modifications de
taux indiquées alors que le membre de la direction atteste des taux proposés. La
modification des taux proposée peut être inférieure à la modification de taux
indiquée en raison des pressions concurrentielles. Lorsque la modification des
taux proposée est inférieure à la modification de taux indiquée, le RCP des taux
proposés est inférieur au RCP utilisé pour le calcul de l'actuaire.
Un dépôt intégral comprend toutes les données et les hypothèses qui ont servi à
établir les taux proposés.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 9
Les actuaires de la CSFO étudient les hypothèses utilisées par les compagnies
pour les déclarations de taux afin d'en évaluer le caractère raisonnable. De plus,
ils calculent de manière indépendante les besoins d’une compagnie pour ce qui a
trait aux taux, en appliquant des normes actuarielles reconnues. Les
changements aux éléments tarifaires sont aussi examinés afin de s'assurer qu'ils
respectent les exigences réglementaires et les lignes directrices de la CSFO (soit
les lignes directrices sur les taux territoriaux).
Un RCP de 12 p. 100 est actuellement utilisé dans ce processus par la CSFO, qui
reconnaît ainsi qu’un rendement du capital est nécessaire pour les actionnaires qui
investissent dans une activité commerciale. Le RCP n’est qu’un des facteurs pris
en compte pour étudier le caractère raisonnable des taux proposés.
Après l'examen du dépôt, des discussions sont entreprises avec l'assureur lorsqu'il
existe des différences dans les hypothèses qui sont importantes pour les
modifications de taux proposées. L'assureur doit modifier ses taux ou ses
systèmes de classement des risques proposés s'ils ne respectent pas les normes
prévues par la loi.
Après l'approbation du dépôt, la date de prise d'effet des modifications de taux doit
respecter les dispositions de la réglementation (avis d'au moins 45 jours au
courtier et d'au moins 30 jours au client). En pratique, la plupart des
renouvellements sont publiés environ 60 jours après l'approbation par la CSFO,
lorsque l'assurance est souscrite par l'entremise d'un courtier. Les assureurs qui
traitent directement avec leur clientèle ont besoin de moins de temps.
La plupart des polices d'assurance-automobile sont vendues sur une base
annuelle. Il faut donc 12 mois pour que toutes les polices soient émises avec les
taux et les systèmes de classement des risques révisés. Seul le douzième des
polices d'une compagnie doit être renouvelé au cours d'un mois donné, si les
polices sont distribuées uniformément pendant l'année.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
6. RÉSULTATS FINANCIERS DES ASSUREURS
Les résultats financiers des assureurs IARD constitués sous le régime des lois
fédérales, dont fait partie la majorité des assureurs-automobiles titulaires d'un
permis en Ontario, sont déclarés au Bureau du surintendant des institutions
financières (BSIF) et publiés par celui-ci. Le BSIF est l'organisme de
réglementation prudentielle et le superviseur des compagnies d'assurances
constituées sous le régime des lois fédérales. Les résultats financiers publiés sont
affichés chaque trimestre sur le site Web du BSIF, sans être divisés par province ou
par catégorie d’assurance. Les résultats publiés des assureurs IARD comprennent
l'assurance-automobile, biens, responsabilité civile, cautionnement, chaudières et
machines, réassurance et autres catégories d'assurance. Les profits déclarés
représentent les résultats issus de la vente de produits d’assurance dans toutes ces
catégories partout au Canada. Certaines de ces compagnies ne vendent pas
d’assurance-automobile en Ontario.
En mars 2013, le BSIF a publié les résultats financiers des compagnies d’assurance
IARD assujetties à la réglementation fédérale pour l’année civile 2012. Comparés
avec ceux de 2011, les résultats montrent une amélioration du bénéfice net après
impôts et une hausse du rendement des capitaux propres (RCP) de 9,5 p. 100
à 11,4 p. 100. Ceci est surtout dû à l'amélioration des résultats de souscription
dans toutes les branches d'activité.
Le tableau suivant présente la sinistralité (le coût des sinistres exprimé en
pourcentage des primes).
SINISTRALITÉ
DES ASSUREURS IARD AU CANADA
LIGNE 2011 2012
Biens personnels 68,0
% 58,7 %
Biens commerciaux 70,9 %
66,2 %
Responsabilité civile 60,4
% 56,1 %
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
Automobile 76,0
% 73,3 %
Automobile en Ontario seulement 81,2 %
76,6 %
Source : Bureau du surintendant des institutions financières Canada
Les résultats des 11 dernières années pour toutes les branches d'assurance IARD
sont résumés dans le tableau suivant.
RÉSULTATS FINANCIERS DES ASSUREURS IARD AU CANADA
ANNÉE BÉNÉFICE NET
APRÈS IMPÔTS (en millions)
RENDEMENT DES CAPITAUX PROPRES
2002 242 $ 1,4 %
2003 2 199 $ 11,9 %
2004 4 084 $ 19,0 %
2005 4 043 $ 16,5 %
2006 5 534 $ 20,1 %
2007 4 949 $ 16,1 %
2008 2 485 $ 7,8 %
2009 2 524 $ 7,6 %
2010 2 440 $ 6,8 %
2011 3 555 $ 9,5 %
2012 4 417 $ 11,4 %
Source : Bureau du surintendant des institutions financières Canada
Données relatives à l'exercice financier
En regardant les données relatives à l'exercice financier, il est important de
comprendre que les primes relatives à une police ne sont comptabilisées que
pendant la période de la police. Par exemple, si une police annuelle est
renouvelée le 1er septembre 2012 au coût de 1 200 $, le tiers de cette somme (soit
400 $) est comptabilisé en 2012, et le reste (800 $) est comptabilisé en 2013. De
plus, les polices d'assurance sont renouvelées à différents moments. Dans le cas
des polices annuelles, lorsque l'assureur obtient l'approbation des modifications de
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 3
taux, il faut une année complète pour que les polices soient renouvelées et que les
nouveaux taux soient facturés, et deux années pour que les primes soient
comptabilisées. Il est important d'évaluer l'incidence des modifications de taux
(augmentations ou diminutions) et leurs dates de prise d'effet sur les recettes
provenant des primes et le profit ou la perte potentiel pour une année.
En observant les données relatives à l'exercice financier, il est également
important de comprendre l'incidence des estimations du passif des sinistres sur le
coût des sinistres dans un exercice donné. Toute modification des estimations du
passif des sinistres est comptabilisée l'année où les estimations sont révisées, peu
importe le moment où l'accident est survenu. Il est à noter que l'estimation du
passif des sinistres est un processus de nature incertaine. Ceci peut être aggravé
par des modifications au produit ou au système d'assurance-automobile.
Pour estimer le passif des sinistres total, escompté pour un exercice donné,
l'actuaire doit tenir compte :
1. des sommes versées pour les sinistres survenus au plus tard à la fin de
l'exercice;
2. des réserves pour des dossiers particuliers constituées par des experts en
sinistres pour les sinistres dont la compagnie est au courant avant la fin de
l'exercice;
3. de l'estimation des lacunes des réserves pour des sinistres à la fin de
l'exercice;
4. de l'estimation des coûts pour les accidents survenus au plus tard à la fin de
l'exercice et qui n'ont pas encore été déclarés à la compagnie d'assurance
(aussi appelés sinistres survenus mais non déclarés, ou SND);
5. de l'estimation des coûts de règlement des sinistres à verser pour les sinistres
résultant d'accidents survenus au plus tard à la fin de l'exercice;
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 4
6. d'une disposition pour les variations défavorables calculées conformément aux
normes de l'Institut canadien des actuaires.
Les coûts des sinistres déclarés dans les états financiers tiennent compte des
sinistres réellement payés au cours de l'année (peu importe le moment où
l'accident est survenu) et la variation du passif des sinistres entre la fin de
l'exercice antérieur et la fin de l'exercice courant.
La révision du passif des sinistres estimé pour les accidents survenus dans les
exercices antérieurs peut avoir une incidence défavorable sur le calcul du revenu
et des pertes nets de l'exercice courant. L'augmentation des sinistres estimés par
rapport aux exercices antérieurs est appelée un « développement défavorable » et
une diminution est appelée un « développement favorable ». Par conséquent, il ne
faut pas présumer qu'un profit ou une perte dans un exercice donné n'est dû
qu'aux accidents survenus au cours de cet exercice.
Du point de vue financier, la sinistralité vécue des assureurs s'est améliorée,
passant de 99,7 p. 100 en 2010 à 81,2 p. 100 en 2011, puis à 76,6 p. 100 en 2012
pour l'assurance-automobile en Ontario. La sinistralité dans le domaine de
l'automobile en Ontario est plus élevée que la sinistralité globale du domaine de
l'automobile pour le reste du Canada.
La sinistralité vécue concernant les indemnités d’accident d'automobile en Ontario
s’est elle aussi améliorée, passant de 150,5 p. 100 en 2010 à 77,2 p. 100 en 2011
et à 51,3 p. 100 selon les données financières du BSIF.
Toutefois, bien que la sinistralité vécue concernant les indemnités d'accident ait
diminué, la sinistralité vécue concernant la responsabilité civile dans le domaine de
l'automobile en Ontario a augmenté. En 2010, la sinistralité vécue était de
79,5 p. 100 et elle a augmenté, passant à 90,8 p. 100 en 2011 et à 100,3 p. 100
en 2012.3 Il nous est donné d'entendre qu'il y a eu une incidence défavorable pour
les années de survenance antérieures relativement à la couverture pour la
responsabilité civile, blessures corporelles. 3 Bureau du surintendant des institutions financières Canada
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 5
7. L’ÉVOLUTION DE L’ASSURANCE-AUTOMOBILE EN ONTARIO
Les gouvernements successifs ont dû réagir à la hausse des coûts de l’assurance-
automobile et rétablir un bon équilibre entre les prix et les garanties en adoptant
plusieurs réformes. La plupart de ces réformes étaient centrées sur le droit
d’intenter des poursuites (le système de responsabilité civile délictuelle) et la
structure des indemnités d’accident. Voici une description de l’évolution du
système au cours des 25 dernières années.
a) Fin des années 1980
Vers le milieu des années 1980, le groupe de travail des assurances de l’Ontario,
dirigé par M. David Slater, fut formé pour étudier les problèmes liés à la
disponibilité, l’abordabilité et la pertinence de l’assurance responsabilité civile en
Ontario.
Le groupe de travail Slater publia son rapport en mai 1986. Même si ses travaux
étaient centrés sur les formes d’assurance responsabilité civile autres que
l’automobile, M. Slater faisait quelques recommandations concernant l’assurance-
automobile et la question de la réforme en matière de responsabilité civile
délictuelle.
En novembre 1986, le gouvernement chargea le juge Coulter Osborne d’effectuer
un examen du système de responsabilité civile délictuelle relativement à
l’indemnisation des blessures découlant d’accidents automobiles ainsi que des
conséquences de la mise en œuvre d’un régime d’indemnités d’accident
automobile sans égard à la responsabilité.
Le rapport d’enquête sur l’indemnisation des accidents automobiles en Ontario
(The Report of Inquiry into Motor Vehicle Accident Compensation in Ontario,
également appelé « rapport Osborne ») du juge Coulter Osborne a été publié
en 1988. Néanmoins, les coûts continuèrent d’augmenter, en raison
essentiellement des coûts des litiges et des indemnités accordées par les
tribunaux. Cela incita le gouvernement libéral à mettre en œuvre en 1990 des
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 6
réformes mentionnées ci-avant et couramment appelées RPAO.
b) 1990 – Régime de protection des automobilistes de l’Ontario (RPAO)
Le RPAO représentait un tournant fondamental avec le passage d’une
indemnisation essentiellement axée sur le système de responsabilité civile
délictuelle à des indemnités principalement versées directement pour des
dommages matériels et à des indemnités d’accident sans égard à la responsabilité
pour des blessures. En contrepartie de ces indemnités d’accident plus élevées,
l’accès au droit d’intenter des poursuites en dommages-intérêts pour perte
économique et souffrances et douleur était limité aux affaires concernant un
« décès » ou des blessures au caractère « permanent », « grave » et « corporel ».
Les modifications mettaient également en œuvre plusieurs recommandations
formulées dans le rapport Osborne. De plus, un système d’approbation des taux
fut introduit, ainsi qu’un système de médiation et d’arbitrage pour les différends
entre les demandeurs et les compagnies d’assurance. Ce système fut pris en
charge à l’extérieur des tribunaux par la Commission des assurances de l'Ontario
(le prédécesseur de la CSFO).
c) 1994 – Projet de loi 164
En septembre 1990, un gouvernement du Nouveau Parti démocratique fut élu.
Son programme incluait l’établissement d’un système public d’assurance-
automobile. En septembre 1991, le gouvernement décida de ne pas donner suite
à un système gouvernemental, et préféra mettre en œuvre une annexe élargie
d’indemnités d’accident en janvier 1994, par le projet de loi 164 (Loi de 1993
modifiant les lois concernant les assurances). Les réformes augmentaient
sensiblement le montant des indemnités d’accident et l’accès à ces indemnités
tout en supprimant le droit d’intenter des poursuites pour dommages économiques,
et elles élargissaient l’accès aux poursuites pour souffrances et douleur en cas de
blessures graves. Une hausse des coûts et des primes s’ensuivit.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
d) 1996 – Projet de loi 59
Après l’élection du Parti progressif-conservateur en 1995, le gouvernement
réintroduisit le droit d’intenter des poursuites pour pertes économiques et maintint
un accès limité aux tribunaux pour souffrances et douleur, avec une franchise
de 15 000 $. La protection obligatoire contre les frais médicaux et de réadaptation
fut également réduite à 100 000 $ pour les blessures non invalidantes et à 1 million
de dollars pour les blessures invalidantes. Parmi les autres modifications
apportées, mentionnons la capacité du commissaire aux assurances (le
prédécesseur du surintendant des services financiers) de publier des barèmes
d’honoraires applicables aux services et fournisseurs de soins de santé, ainsi que
l’exigence imposée aux fournisseurs de présenter des programmes de traitement
et de demander une approbation préalable avant de commencer le traitement.
Malgré une stabilisation initiale des coûts et des primes après 1996, on constatait
en 2000 une hausse notable des coûts.
e) Réformes de 2003
En réponse à l’escalade des coûts liés aux indemnités d’accident et aux montants
octroyés par les tribunaux, les primes augmentèrent notablement à la suite de
mesures prises par le gouvernement en 2003. Cette année-là, plusieurs réformes
importantes furent mises en œuvre, notamment le projet de loi 198 intitulé Loi de
2002 sur le respect de l’engagement d’assurer une économie saine (mesures
budgétaires) déposé par le gouvernement progressiste-conservateur :
• l’adoption de Lignes directrices pré-autorisées pour les blessures associées
à une entorse cervicale, qui représentaient la majorité des demandes de
remboursement de frais médicaux ou de réadaptation de l’assurance-
automobile. Une limite était fixée au montant pouvant être facturé sans
approbation préalable;
• la réduction de 30 p. 100 du tarif horaire maximal de la plupart des
fournisseurs de soins de santé par la publication de lignes directrices pour
les honoraires professionnels;
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
• l’élargissement du droit d’intenter des poursuites pour les frais de soins de
santé excédentaires;
• le doublement de la franchise applicable aux montants adjugés par les
tribunaux pour douleur et souffrances, qui passait à 30 000 $ (et à 15 000 $
pour les membres de la famille relativement aux montants octroyés en vertu
de la Loi sur le droit de la famille);
• l’amorce d’un examen périodique, tous les cinq ans, du système
d’assurance-automobile par le surintendant des services financiers, avec
présentation d’un rapport au ministre des Finances.
Plus tard en 2003, le gouvernement libéral présenta le projet de loi 5, la Loi
de 2003 sur la stabilisation des taux d'assurance-automobile, comme mesure
temporaire visant à geler les taux d’assurance-automobile et à faciliter une
réduction des taux de 10 p. 100. Le projet de loi 5 élargissait également les
pouvoirs du surintendant concernant le traitement des demandes tarifaires.
Comme dans la plupart des cycles précédents, les réformes furent dans
l’ensemble suivies d’une réduction des primes et d’une stabilité accrue des coûts.
Cependant, les primes repartirent à la hausse en 2008, même si ce n’est qu’à la fin
de 2009 que la prime nominale moyenne atteignit sa valeur de 2003.
La hausse des coûts et des primes incita le gouvernement à se pencher sur la
configuration des produits d’assurance-automobile à partir des recommandations
formulées par le surintendant des services financiers dans le Rapport sur l’examen
quinquennal de l’assurance automobile du 31 mars 2009 et d’autres travaux. Les
réformes furent mises en œuvre par le gouvernement en septembre 2010.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 3
Même si les hausses moyennes des primes d’assurance-automobile ont été
maintenues à un niveau inférieur au taux d’inflation depuis 20044, le gouvernement
demeure concentré sur les nouveaux enjeux liés à l’assurance-automobile. Des
initiatives ont été incluses dans les budgets de l’Ontario 2011 et 2012 afin
d’empêcher une reprise du cycle de hausse des coûts et des primes.
Le tableau suivant illustre la fluctuation cyclique des primes décrite dans la
présente section.
Source : Commission des services financiers de l’Ontario
4 Budget de l’Ontario 2012, Des mesures décisives pour l’Ontario, Documents budgétaires, Graphique 1.9, page 56
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
8. LES SYSTÈMES D’ASSURANCE-AUTOMOBILE D’AUTRES PROVINCES
La comparaison des antécédents de l’Ontario en matière de demandes de
règlement avec ceux d’autres provinces n’est pas favorable, et fait l’objet d’une
discussion détaillée un peu plus loin. La présente section donne un aperçu des
différentes lois et structures d’indemnisation en place pour la prestation d’un
système d’assurance-automobile obligatoire dans d’autres provinces.
a) Systèmes administrés par le secteur privé et systèmes administrés par le
gouvernement
L’Alberta, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-
Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador de même que les trois territoires ont un
système d’assurance-automobile offert par le secteur privé. Quatre provinces
fournissent de l'assurance-automobile par l'intermédiaire de compagnies
appartenant à l'État, soit le Québec, le Manitoba, la Saskatchewan et la Colombie-
Britannique. Le Québec a un système hybride où l’assureur gouvernemental offre
l’assurance contre les blessures et les décès, tandis que les assureurs privés sont
les seuls à proposer des protections contre les dommages aux véhicules.
b) Structure d’indemnisation
Chaque province a en place des cadres d’indemnisation différents, qui vont de
systèmes complets sans égard à la responsabilité et sans droit de poursuivre au
Manitoba et au Québec, à des systèmes mixtes sans égard à la responsabilité et
de responsabilité civile délictuelle dans lesquels l’indemnisation se fait par un
système mixte fondé sur les indemnités d’accident et le droit de poursuivre les
parties responsables. La Saskatchewan a en place un système permettant aux
consommateurs de choisir entre un système complet sans égard à la
responsabilité et un autre combinant des indemnités d’accident limitées et le droit
de poursuivre les parties responsables pour obtenir des dommages-intérêts
supplémentaires. La plupart des consommateurs de la Saskatchewan choisissent
le produit complet sans égard à la responsabilité.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
Malgré le total plus élevé d’indemnités pour frais médicaux et de réadaptation
accessibles en Saskatchewan et au Manitoba, comme l’indique le Rapport annuel
2011 du Bureau du vérificateur général de l’Ontario, les coûts moyens par sinistre
pour les indemnités d’accident payées dans ces provinces en 2010 étaient
inférieurs à ceux de l’Ontario.5
5 Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de l’Ontario, page 56
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 3
Le tableau ci-dessous résume la structure d’indemnisation en Ontario et dans d’autres provinces.
Principales garanties pour indemnités d’accident de base au Canada
Offert par le
secteur public ou
privé
Responsa
bilité
civile
Frais médicaux
et de
réadaptation
Soins
auxiliaires
Remplacement
de revenu
Décès et frais
funéraires
Secteur privé
Ontario 200 000 $ 50 000 $
limitée à 10 ans où à
l’âge de 25 ans si
moins de 15 ans,
1 000 000 $ pour des
blessures
invalidantes
36 000 $ max.
pour les 104
premières
semaines,
1 000 000 $ à vie
pour des blessures
invalidantes
Jusqu’à 400 $ par
semaine
De 10 000 $ à
25 000 $,
6 000 $ pour frais
funéraires
Alberta 200 000 $ 50 000 $
limitée à 2 ans
Pas de garantie
supplémentaire.
Incluse dans la
limite imposée
aux soins
médicaux.
Jusqu’à 400 $ par
semaine
De 3 000 $ à 15 000 $,
+ 2 000 $ par pers. à
charge en cas de décès
du chef de famille,
5 000 $ pour frais
funéraires
Terre-Neuve-et-
Labrador
200 000 $ Facultative
25 000 $
limitée à 4 ans
Facultative
Pas de garantie
supplémentaire.
Incluse dans la
limite imposée
aux soins
médicaux.
Facultative
Jusqu'à 140 $
par semaine
Facultative
De 2 000 $ à 10 000 $,
1 000 $ facultatifs pour
frais funéraires
Nouvelle-Écosse 500 000 $ 50 000 $
limitée à 4 ans
Pas de garantie
supplémentaire.
Incluse dans la
limite imposée
aux soins
médicaux.
Jusqu’à 250 $ par
semaine
De 5 000 $ à 25 000 $,
2 500 $ pour frais
funéraires
Nouveau-
Brunswick
200 000 $ 50 000 $
limitée à 4 ans
Pas de garantie
supplémentaire.
Incluse dans la
limite imposée
aux soins
médicaux.
Jusqu’à 250 $ par
semaine
De 5 000 $ à 50 000 $,
+ 1 000 $ par pers. à
charge en cas de décès
du chef de famille,
2 500 $ pour frais
funéraires
Île-du-Prince-
Édouard
200 000 $ 25 000 $
limitée à 4 ans
Pas de garantie
supplémentaire.
Incluse dans la
limite imposée
aux soins
médicaux.
Jusqu’à 140 $ par
semaine
2 000 $ à 10 000 $, +
1 000 $ par pers. à
charge en cas de décès
du chef de famille,
1 000 $ pour frais
funéraires
Secteur public
Colombie-
Britannique
200 000 $ 150 000 $ Pas de garantie
supplémentaire.
Incluse dans la
limite imposée
aux soins
médicaux.
Jusqu’à 300 $ par
semaine
De 1 500 $ à 5 000 $, +
1 000 $ par enfant +
jusqu’à 145 $ par
semaine et par
survivant pendant 104
semaines en cas de
décès du chef de
famille, 2 500 $ pour
frais funéraires
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 4
Principales garanties pour indemnités d’accident de base au Canada
Offert par le
secteur public ou
privé
Responsa
bilité
civile
Frais médicaux
et de
réadaptation
Soins
auxiliaires
Remplacement
de revenu
Décès et frais
funéraires
Saskatchewan –
Sans égard à la
responsabilité
200 000 $ 6 382 084 $ Fonctionnelle -
805 $ par semaine,
Cognitive - 404 $
par semaine
Fondé sur un revenu
brut max. de
86 463 $
De 29 262 $ à
65 840 $, + 5 % de
l’indemnité calculée
pour chaque enfant à
charge, 9 573 $ pour
frais funéraires
Saskatchewan –
Responsabilité
délictuelle
200 000 $ 24 954 $ ou
187 158 $ pour des
blessures
invalidantes
Aucune Jusqu’à 376 $ par
semaine
56 147 $ min. + 5 % de
l’indemnité calculée
pour chaque enfant à
charge, 6 239 $ pour
frais funéraires
Manitoba 200 000 $ Aucune limite
spécifiée
Aide pour soins
personnels –
jusqu’à 4 334 $
par mois max.
Fondé sur un revenu
brut max. de
87 000 $
De 12 871 $ à
435 000 $, 7 553 $
pour frais funéraires
Québec 50 000 $
- biens
Aucune limite
spécifiée
Jusqu’à 821 $ par
semaine
Fondé sur un revenu
brut max. de
67 500 $
52 546 $ à 337 500 $,
4 913 $ pour frais
funéraires
Sources : Sites Web de divers gouvernements provinciaux; Bureau d’assurance du Canada.
Parmi les provinces où l’assurance-automobile est offerte par le secteur privé,
l’Ontario continue de proposer les structures d’indemnités d’accident les plus
généreuses pour l’indemnisation des personnes blessées dans des accidents.
Un exemple de la flexibilité et de la souplesse supérieures du système ontarien a
été relevé dans le Rapport sur l’examen quinquennal de l’assurance automobile6,
soit la capacité des fournisseurs de soins de santé à déclencher le traitement et à
attester l’invalidité. En Ontario, il y a 21 professions de santé auto-réglementées
et plusieurs autres professions en voie de devenir des professions de santé
réglementées. En avril 2013, trois nouvelles professions de santé, soit la
kinésiologie, la médecine traditionnelle chinoise et l'acupuncture, sont devenues
réglementées en vertu de la Loi de 1991 sur les professions de la santé
réglementées. Les personnes qui pratiquent ces professions peuvent donc
recommander des traitements et faire des évaluations aux termes de l'AIAL.
D'autres provinces dont le marché de l'assurance-automobile est semblable
6 Rapport sur l’examen quinquennal de l’assurance-automobile, Mars 31 2009 [sic], Commission
des services financiers de l’Ontario, page 46
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 5
limitent à moins de professionnels de la santé le droit d’attester le traitement et
l’invalidité.
c) Antécédents en matière de demandes de règlement dans d’autres provinces
Comme l’indique le Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de
l’Ontario, le coût moyen des sinistres en Ontario pour les véhicules de tourisme est
plus élevé que dans les autres provinces ayant communiqué leurs données, y
compris certains des systèmes d’assurance-automobile gouvernementaux.7 Même
si une partie de ces coûts plus élevés peut être attribuable au généreux régime
d’indemnités d’accident en place en Ontario, l’écart important avec les autres
provinces est probablement lié à d’autres facteurs comme la fraude et les incitatifs
prévus dans le système, qui encouragent une plus grande utilisation par certains
des participants. Une comparaison avec les coûts des sinistres dans les provinces
dotées de systèmes d’assurance offerts par le secteur privé est présentée plus en
détail à la section suivante. Cette comparaison met en évidence ces coûts de
règlement plus élevés.
7 Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de l’Ontario, pages 55 et 56
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 6
9. PROBLÈMES ET PRESSIONS DE 2006 À 2010
Comme l’indiquent le Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de
l’Ontario, le Rapport intérimaire du Groupe de travail antifraude de l’assurance-
automobile de l’Ontario (décembre 2011) et le Rapport sur l’examen quinquennal
de l’assurance automobile de 2009, le coût total des sinistres d’assurance-
automobile en Ontario a connu une augmentation spectaculaire. Le tableau
suivant a été mis à jour pour tenir compte des données les plus récentes obtenues
de l'Agence statistique d’assurance générale (ASAG) pour les années de
survenance 2006 à 2010, qui démontrent une hausse de 2,66 milliards de dollars
au cours des cinq dernières années, soit 404 $ par véhicule.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
Pendant cette période, l’augmentation des primes n’a pas compensé l’escalade
des coûts, ce qui a provoqué une détérioration de la santé financière des
assureurs automobiles. La sinistralité, qui est un indicateur de la santé financière
de l’assureur, est le rapport entre le coût moyen des sinistres par véhicule et les
primes perçues. Tout rapport supérieur à 80 p. 100 du total des coûts des
sinistres et du total des recettes provenant des primes peut se traduire par une
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 7
perte pour une compagnie d’assurance lorsque les autres frais administratifs et
généraux (moins le revenu de placement) sont pris en compte.
Comme l’illustre le graphique ci-dessous, la sinistralité des compagnies s’est
détériorée, passant de 71 p. 100 en 2006 à 89 p. 100 en 2010. Les coûts moyens
des sinistres par véhicule ont augmenté de 38 p. 100, alors que le montant moyen
des primes perçues par véhicule augmentait de 9,6 p. 100, passant de 1 306 $ à
1 432 $.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
Comme l’indique le Rapport annuel du vérificateur général, les sinistralités
déclarées à la CSFO par les 40 principaux assureurs automobile en Ontario
variaient de 65 p. 100 à 176 p. 100 en 2010.8 Cette tendance à la hausse des
coûts des sinistres et des sinistralités vécues n’était pas durable; les compagnies
auraient pu continuer de fonctionner pendant un certain temps en injectant des
capitaux supplémentaires dans leurs activités, mais, si les réformes de 2010
n’avaient pas été mises en œuvre, les compagnies auraient été contraintes
8 Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de l’Ontario, page 54.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 8
d’accroître considérablement les primes ou d’étudier la pertinence de leur
présence dans le marché de l’assurance-automobile en Ontario.
a) Augmentation rapide des coûts des indemnités d’accident
La ventilation de ces coûts par garantie montre que l’augmentation la plus
spectaculaire se rattache aux indemnités d’accident.
Le diagramme ci-dessous montre que ces coûts ont presque doublé pendant la
période en question, avec une hausse de 93 p. 100. Sur les 2,66 milliards de
dollars d’augmentation du total des coûts des sinistres, 1,89 milliard de dollars
(70 p. 100) provenaient des coûts des indemnités d’accident.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 9
Du fait de cette hausse spectaculaire, une proportion croissante des coûts est
attribuable aux indemnités d’accident. Les diagrammes suivants illustrent cette
évolution spectaculaire sur la période de six ans au cours de laquelle les
indemnités d’accident, qui représentaient 33 p. 100 du total des coûts après les
réformes de 2004, ont atteint 48 p. 100 en 2010.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
b) Augmentation plus rapide des coûts dans la région du grand Toronto
La ventilation de ces coûts par secteurs de la province montre que l’augmentation
des indemnités d’accident est plus importante dans la région du grand Toronto
(RGT) que dans le reste de l’Ontario.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 10
Le diagramme ci-après illustre l’évolution des coûts des demandes d’indemnités
d’accident dans la RGT, dans les régions urbaines autres que la RGT et dans les
régions rurales de l’Ontario. On a utilisé ici les coûts des sinistres par véhicule
assuré de manière à ce que la croissance démographique n’influe pas sur les
données. Le diagramme montre que l’écart entre les coûts des indemnités
d’accident dans la RGT et ces mêmes coûts dans les autres régions de l’Ontario a
augmenté sensiblement entre 2006 et 2010. Les coûts des accidents par véhicule
dans la RGT ont augmenté de 675 $ par véhicule alors qu'il n'y a pas eu de
hausse dans les régions rurales et qu'il y a eu une hausse de 61 $ dans les
régions urbaines autres que la RGT.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
Les données disponibles n’expliquent pas clairement l’ampleur de cette
croissance; seuls 45 p. 100 des accidents automobiles occasionnant des
blessures ont lieu dans la RGT, et rien ne montre que les blessures subies à
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 11
l’occasion de collisions ayant lieu dans la RGT sont plus graves que dans d’autres
secteurs de la province.9
c) Principales composantes de l’augmentation des indemnités d’accident
Le graphique ci-dessous met en évidence certaines des principales composantes de
l’augmentation des coûts des indemnités d’accident de 2006 à 2010, avec
notamment des hausses des coûts des travaux ménagers de 128 p. 100, des coûts
de soignant de 154 p. 100, des coûts des soins auxiliaires de 43 p. 100 et des frais
médicaux de 97 p. 100. La hausse la plus inquiétante et la plus importante
(176 p. 100) a été celle du coût des évaluations et des examens qui ne fournissent
aucun traitement ni service de réadaptation aux personnes blessées. En 2006, les
assureurs ont dépensé 1,94 $ en traitements médicaux et en services de
réadaptation pour les victimes de collision de véhicule automobile pour chaque
dollar dépensé pour l’examen et l’évaluation de leurs blessures. En 2010, les
assureurs avaient dépensé 1,38 $ en traitements médicaux et de réadaptation pour
les victimes de collision de véhicule automobile pour chaque dollar dépensé pour
l’examen et l’évaluation de leurs blessures.
9 Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de l’Ontario, page 66
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 12
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
d) Comparaison avec d’autres garanties
On constate une autre tendance préoccupante en comparant la hausse
de 93 p. 100 des coûts des indemnités d’accident avec d’autres garanties des
polices d’assurance-automobile. Le diagramme ci-avant montre la stabilité des
coûts liés aux dommages matériels payés pour réparer et remplacer les véhicules
endommagés dans des accidents, par des événements météorologiques, des
actes de vandalisme ou des vols pendant cette période. Cet écart au niveau des
tendances est encore plus notable lorsque l’on examine le nombre réel d’accidents
et de blessures déclarés au ministère des Transports de l’Ontario (MTO) pour
cette période.
e) Diminution du nombre de blessures déclarées
Une autre divergence avec cette augmentation spectaculaire des coûts, également
relevée dans le Rapport annuel du vérificateur général et dans le Rapport
intérimaire du Groupe de travail antifraude de l’assurance-automobile de l’Ontario,
est la diminution réelle du nombre de collisions causant des lésions corporelles
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 13
déclarées au MTO. De 2006 à 2010, le nombre de collisions ayant causé des
lésions corporelles a diminué de 6,3 p. 100, tandis que le nombre de personnes
ayant été déclarées blessées a baissé de 6,2 p. 100.10
Compte tenu de la tendance relative aux coûts des sinistres, on pourrait s’attendre
à ce que le nombre d’accidents déclarés ayant causé des lésions personnelles et
le nombre des demandes pour blessures évoluent en parallèle. Pendant la même
période où a été enregistrée une baisse des lésions corporelles déclarées au
MTO, le nombre de demandes pour blessures présentées aux assureurs
automobiles de l’Ontario a augmenté de 27,9 p. 100, soit 17 366 demandes de
règlement de plus.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011 et Ministère des Transports de l’Ontario – Rapport annuel sur la sécurité routière de l'Ontario, 2010
10 Source : Ministère des Transports de l’Ontario – Rapport annuel sur la sécurité routière de l'Ontario, 2010
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
f) Antécédents d’autres provinces
Le montant global et l’augmentation des demandes de règlement et des coûts des
indemnités d’accident en Ontario sont également bien plus élevés que ceux des
autres provinces dont les systèmes d’assurance-automobile sont offerts par le
secteur privé.
En 2010, le coût moyen d’une demande d’indemnités d’accident dépassait les
49 000 $ en Ontario, alors que cette moyenne variait d'environ 3 600 $ à un peu
moins de 12 000 $ dans les autres provinces ayant des systèmes d’assurance-
automobile offerts par le secteur privé. Cela pourrait être partiellement lié au
caractère généreux du système d’indemnités d’accident de l’Ontario; cependant,
un tel écart entre l’Ontario et les autres provinces dotées d’un système semblable
ne peut pas s’expliquer uniquement par le montant des indemnités d’accident.
Dans son Rapport annuel 2011, le vérificateur général de l’Ontario relevait que ces
coûts étaient plus élevés que ceux effectués dans le cadre des systèmes
d’assurance-automobile gérés par le gouvernement du Manitoba, où il n’existe pas
de droit de poursuivre, et de la Saskatchewan, qui offre, comme cela a déjà été
mentionné, le choix entre différents systèmes.11
De même, les coûts liés à la responsabilité civile en Ontario demeurent élevés par
rapport aux autres provinces, malgré les restrictions imposées concernant le droit
de poursuivre.
11 Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de l’Ontario, page 56.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
Coûts des sinistres d’assurance-automobile Coût moyen par demande ($) par garantie principale
Ontario et autres territoires ayant un système offert par le secteur privé – de 2006 à 2010
Ontario Alberta12
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Terre-Neuve-et-Labrador
Île-du-Prince-Édouard
Responsabilité civile
2006 12 110 9 938 9 566 8 841 12 580 11 179
2007 12 420 10 662 8 334 8 734 14 270 9 172
2008 12 124 10 722 8 488 7 650 14 600 9 327
2009 13 616 9 833 9 024 7 870 13 894 8 653
2010 13 998 9 915 8 091 8 250 15 857 11 121
Indemnités d’accident
2006 32 572 2 782 10 556 5 615 4 963 5 967
2007 36 515 3 060 9 880 4 915 6 070 6 706
2008 40 716 3 506 10 914 4 654 5 443 5 380
2009 52 227 3 764 11 570 4 948 5 583 6 638
2010 49 170 3 636 11 983 5 954 6920 6 054
Collision (toutes franchises)
2006 4 968 3 711 5 010 3 708 4 167 3 836
2007 5 106 4 311 4 863 4 017 4 196 3 802
2008 5 327 5 047 5 095 4 409 4 439 3 686
2009 5 190 4 923 5 011 4 176 4 111 3 590
2010 5 515 4 756 5 245 4 323 4 176 3 618
Risques multiples (toutes franchises)
2006 2 547 3 149 1 647 1 390 1 025 627
2007 2 565 3 926 1 711 1 345 1 129 647
2008 2 599 4 171 1 565 1 409 1 119 734
2009 2 365 4 564 1 368 1 340 1 120 640
2010 2 219 4 855 1 486 1 432 1 194 649
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
*En Alberta, la garantie Responsabilité civile comprend la garantie Automobile non assurée.
Comme l’illustre le diagramme ci-après adapté à partir du Rapport intérimaire du
Groupe de travail antifraude de l’assurance-automobile de l’Ontario avec des
données à jour pour 2006 à 2010 et en date de 2011, les coûts des demandes
d’indemnités d’accident se sont accrus plus rapidement en Ontario que dans les
quatre autres provinces canadiennes où l’assurance-automobile est offerte par le
secteur privé.
12
En Alberta, la garantie Responsabilité civile comprend la garantie Automobile non assurée.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
g) Facteurs contribuant à la hausse des coûts
Comme l’indiquait le Rapport sur l’examen quinquennal de l’assurance automobile
de 2009 de la CSFO, le facteur principal contribuant à cette hausse des coûts
n’était pas une augmentation du nombre d’accidents ou de blessures, mais une
surutilisation des indemnités d’accident par les participants au système et une
surévaluation et un surtraitement des patients. Il semble que les participants ont
profité des faiblesses du système, en particulier le manque de contrôles des coûts
et de limites relatives aux examens et aux évaluations. Ce niveau de coûts et
d’évaluations diverge de celui des autres provinces. Le recours accru aux
indemnités s’est également accompagné d’une hausse du nombre de différends
présentés aux services de règlement des différends de la CSFO.
Un facteur contribuant à cette surutilisation est le manque de responsabilisation
entourant la personne assumant la gestion du traitement et de la réadaptation d’un
patient. Comme nous l’avons déjà indiqué, il existe en Ontario un grand nombre
de cliniques et de fournisseurs de soins de santé desservant les auteurs de
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 3
demandes d’indemnités d’assurance-automobile. En février 2011, chaque
fournisseur et chaque installation de soins de santé de l’Ontario étaient tenus
d’utiliser le Système de demandes de règlement pour soins de santé liés à
l’assurance-automobile (DRSSAA) pour transmettre les formulaires de demande
de règlement d’assurance-automobile aux assureurs. Le DRSSAA est un système
centralisé qui transmet les renseignements figurant sur certains formulaires de
demande d’assurance-automobile de l’Ontario échangés entre assureurs et
fournisseurs de soins de santé. Le DRSSAA, qui appartient à l’industrie des
assurances, a été constitué sous la forme d’une société à but non lucratif. Son
utilisation est imposée par la CSFO. En date du 28 février 2013, le DRSSAA
comptait 9 310 cliniques et 30 531 fournisseurs de soins de santé13 autorisés à
facturer aux assureurs automobiles des services aux victimes d'accident. Comme
cela a déjà été mentionné, les statistiques du MTO révèlent une tendance à la
baisse des accidents ayant causé des lésions corporelles. Dans les dernières
données disponibles, on comptait environ 64 500 lésions corporelles attribuables à
des accidents automobile, la grande majorité étant des blessures légères.
Un exemple clair de la surutilisation du système a été la période qui a précédé
l’entrée en vigueur des réformes le 1er septembre 2010. Le système DRSSAA,
qui était alors en phase pilote et n’avait pas été intégralement mis en œuvre, et les
assureurs automobiles ont signalé une hausse importante du nombre de
formulaires de demandes de règlement présentés pour le traitement et
l’évaluation, alors même que rien n’indiquait de hausse parallèle du nombre
d’accidents. En août 2010 – un mois avant l’entrée en vigueur des réformes de
septembre 2010 – les fournisseurs de soins de santé ont présenté plus
de 205 500 formulaires de demande par l'intermédiaire du système DRSSAA. Ce
chiffre ne tient pas compte des autres formulaires imprimés de demande de
règlement que certains fournisseurs continuaient de présenter en dehors du
système DRSSAA pendant cette phase pilote. En septembre 2010, un mois plus
13 Système de demandes de règlement pour soins de santé liés à l’assurance-automobile
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 4
tard, le nombre de demandes présentées par l'intermédiaire du système DRSSAA
avait baissé jusqu’à 143 478.14
Les données montrent que le nombre de formulaires de demande de règlement
présentés aux assureurs était légèrement supérieur à 72 000 en février 2012,
comme l’indique le diagramme suivant.
Source : Statistiques opérationnelles du DRSSAA en février 2013
Les assureurs ont eux aussi une part de responsabilité pour la surutilisation et la
hausse des coûts dans le cadre du système, en particulier pour ce qui a trait à la
gestion des demandes de règlement. Apparemment, certaines compagnies n’ont
pas fait preuve d’une diligence raisonnable suffisante dans l’examen et l’évaluation
des demandes de règlements et des évaluations proposées, ce qui pourrait être
compréhensible, compte tenu du volume de demandes de règlement reçues avant
les réformes. Toutefois, faute d’une bonne application des normes en matière de
gestion des demandes, les coûts des demandes non justifiées, voire frauduleuses,
ont été transférés aux consommateurs. 14 Mémoire au Comité permanent des finances et des affaires économiques, 9 juillet 2012
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 5
De plus, de 2006 à 2010, une croissance notable des services juridiques offerts
aux auteurs de demandes de règlement a été enregistrée, comme le montre
l’énorme augmentation du nombre de demandes contestées dans le cadre du
processus de médiation à la CSFO. En 2006, la CSFO a reçu 13 015 demandes
de médiation; en 2010, ce chiffre avait plus que doublé, atteignant
27 956 demandes. En 2012, la CSFO a reçu 28 389 demandes de médiation et a
reçu un sommet de 36 486 demandes en 2011. Ces chiffres sont en porte-à-faux
avec la diminution déjà mentionnée du nombre de collisions ayant causé des
lésions corporelles de 2006 à 2010. Plus de 98 p. 100 de ces dossiers de
médiation incluaient des services de représentation juridique.
Comme le relevait le Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de
l’Ontario, environ 80 p. 100 de toutes les demandes de médiation venaient de la
RGT, alors même que seulement 45 p. 100 des accidents automobiles ayant
occasionné des blessures s’étaient produits dans cette région. Comme il a déjà
été mentionné, rien ne permet de penser que les blessures subies lors de
collisions dans la RGT sont plus graves que celles enregistrées dans d’autres
régions de la province.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
10. RÉFORMES DE 2010 ET AUTRES INITIATIVES RÉCENTES
En septembre 2010, le gouvernement a réagi aux pressions et aux problèmes
touchant le système d’assurance-automobile par la mise en œuvre d’une série de
réformes. Ces réformes comprenaient de nouveaux contrôles des coûts, l’accent
mis sur des approches fondées sur les faits en matière de traitement et
l’élargissement des options offertes aux consommateurs. Voici certains des
principaux changements apportés :
les garanties standard pour frais médicaux et d’indemnité de soins
auxiliaires ont été réduites (les consommateurs ayant l’option de souscrire
des garanties supplémentaires selon leurs besoins et leur budget);
la garantie pour frais de soignants, travaux ménagers et entretien du
domicile a été rendue facultative pour les blessures non invalidantes;
les frais des évaluations ont été plafonnés à 2 000 $ par évaluation, que
l’évaluation soit demandée par l’assureur ou l’auteur de la demande;
la garantie pour le traitement de blessures légères a été plafonnée
à 3 500 $;
les assureurs sont désormais tenus de fournir tous les deux mois aux
requérants un relevé indiquant le montant des indemnités restantes pour les
frais médicaux, de réadaptation et de soins auxiliaires;
d’autres options sont offertes afin de permettre aux consommateurs
d’adapter les garanties à leurs besoins.
Un aperçu détaillé de ces changements est présenté à l’annexe.
En plus des réformes de 2010, le gouvernement et la CSFO ont activement pris
d'autres mesures au cours des dernières années afin de réduire la complexité du
système, d'en contrôler les coûts et d'éviter les fraudes, notamment ;
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
deux études entreprises par la CSFO entre 2010 et 2012 axées sur
l'élaboration d'approches fondées sur les faits pour le traitement et le
rétablissement des victimes d'accidents;
le gouvernement a formé en juillet 2011 le Groupe de travail antifraude de
l’assurance-automobile et l'a chargé d’évaluer la portée et la nature de la
fraude au sein du système d’assurance-automobile de l’Ontario et de
présenter des recommandations visant à résorber la fraude;
une série d'initiatives opérationnelles visant à améliorer l'efficacité et la
productivité et à harmoniser les processus et les procédures du système de
règlement des différends ayant trait à l'assurance-automobile;
de plus, le gouvernement a aussi annoncé dans le budget 2012 qu'il
examinerait le système de règlement des différends ayant trait à
l'assurance-automobile, qui n'a pas été beaucoup modifié depuis sa
création en 1990.
Ensemble, ces mesures visent à éviter une répétition du cycle d’escalade des
coûts des sinistres qui a suivi la plupart des réformes précédentes.
La prochaine section décrit l'avancement des projets et activités critiques.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
11. AVANCEMENT DES RÉFORMES DE 2010 ET DES AUTRES INITIATIVES
Réformes de 2010, améliorations du système et mesures de contrôle des
coûts
L'incidence cumulative des réformes de 2010 et de nombreuses initiatives du
gouvernement et de la CSFO mises en œuvre au cours des dernières années a
permis d'équilibrer et de stabiliser le système d'assurance-automobile.
La marque de cette transition réussie est la stabilisation des taux. Par exemple,
en 2011, globalement, les modifications tarifaires annuelles approuvées par la
CSFO ont représenté une hausse de 4,83 p. 100, alors que ce pourcentage était
de 6,18 p. 100 en 2010 et de 8,77 p. 100 en 2009. En 2012, les taux ont diminué
en moyenne de 0,26 p. 100 et la tendance s'est poursuivie au cours du premier
trimestre de 2013 avec une diminution de 0,03 p. 100 pour le marché dans son
ensemble.
Les taux se sont stabilisés grâce à la diminution des coûts des assureurs en raison
des changements amenés par les réformes automobiles de 2010 et des fraudes et
de l'abus du système.
L'amélioration des pratiques de traitement des sinistres par les assureurs, qui
doivent maintenant attester qu'ils ont des processus et des contrôles de traitement
des sinistres adéquats, et les grands efforts contre les fraudes déployés par la
CSFO, le secteur de l'assurance et les services policiers ont aussi joué un rôle
pour aider à stabiliser le système.
Réduction du coût des sinistres
Les tableaux suivants présentent l'information la plus récente publiée par l'ASAG
comprenant l'année de survenance 2011. Toutefois, comme il a été mentionné
précédemment, les données de l'année de survenance peuvent changer, surtout
dans les premières années puisque peu de versements ont déjà été faits.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
Ces graphiques démontrent les coûts à ce niveau de couverture pour une police
typique. En 2004, le coût des indemnités d'accident n'était que de 33 p. 100 du
total du coût des sinistres. Ce pourcentage a cru à 48 p. 100 en 2010 et est
redescendu à 31 p. 100 en 2011. Les coûts ayant trait à la responsabilité civile,
blessures corporelles (RC-BC) étaient de 28 p. 100 pour une police typique
en 2004, de 27 p. 100 en 2010 et maintenant de 35 p. 100. Une augmentation des
coûts ayant trait à la RC-BC est attendue puisque les personnes blessées qui ne
sont pas responsables peuvent poursuivre la partie responsable pour l'excédent
de sinistres économiques. Toute diminution de la garantie disponible aux termes
des indemnités d'accident peut augmenter les coûts ayant trait à la RC-BC.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
Comme il a déjà été mentionné, il est encore très tôt pour déterminer l'incidence
des taux en regardant les coûts de l'année de survenance 2011. Les personnes
blessées ont deux ans pour présenter une poursuite si elles ont été blessées dans
un accident; le règlement complet peut donc prendre plusieurs années. Dans le
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 3
cas de l'assurance RC-BC, habituellement moins de 2 p. 100 est réellement versé
dans l'année de survenance de l'accident. Cinq années plus tard, environ
60 p. 100 du montant total du sinistre a été versé et, après sept ans, environ
85 p. 100 a été versé dans un modèle typique de paiement des sinistres dans le
secteur.
Comme le démontre le graphique suivant, les coûts changent ou « évoluent » avec
le temps. Par exemple, pour les accidents survenus à la fin de 2008, le coût
estimé des sinistres de RC-BC était de 232 $. Ce montant est passé à 245 $ pour
l'année de déclaration 2009, à 256 $ pour 2010 et à 263 $ pour 2011. En
regardant les années de survenance 2009 et 2010, on remarque une grande
augmentation pour l'année de déclaration 2011.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 1
Le deuxième graphique présente les résultats pour les indemnités d'accident.
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
Les graphiques suivants présentent les coûts des sinistres en Ontario
comparativement aux autres territoires canadiens fondés sur les données de
l'ASAG. La responsabilité civile comprend à la fois les coûts liés aux blessures
corporelles et aux dommages matériels lorsqu'une tierce partie est responsable.
Malgré le fait que le système d'indemnité de l'Ontario pour les personnes blessées
dans des accidents soit fondé sur une gamme complète d'indemnités d'accident
comparativement à d'autres provinces, le coût de la responsabilité civile est tout de
même assez élevé. Comme il est mentionné plus tard dans le présent rapport, la
CSFO est en train de mener une étude sur la RC-BC afin de voir la façon dont les
victimes d'accidents sont réellement indemnisées.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 2
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 3
Source : Agence statistique d’assurance générale, 2011
Examen du taux de rendement des capitaux propres
La CSFO a embauché des experts financiers pour examiner le taux de RCP utilisé
par la CSFO dans l'examen des taux. Le rapport des spécialistes devrait être
terminé au printemps 2013.
Mesures antifraudes
En décembre 2011, le Groupe de travail antifraude de l’assurance-automobile (le
groupe de travail) a publié un rapport intérimaire, puis il a publié son rapport final
en novembre 2012.
Le rapport final du groupe de travail comprenait 38 recommandations ciblées pour
examiner 4 secteurs clés : la prévention, la détection, l'application de la loi et les
rôles en matière de réglementation. Les recommandations finales présentaient une
stratégie antifraude intégrée en renforçant le rôle de chaque participant du
système d'assurance-automobile, y compris les assureurs, les professionnels de la
santé et les juristes, les consommateurs, la CSFO (à titre d'autorité de
réglementation) et le gouvernement.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 4
En réponse aux recommandations du groupe de travail, le ministre des Finances a
annoncé une première vague de modifications réglementaires en janvier 2013
visant à améliorer la responsabilisation des assureurs, des juristes, des
fournisseurs de services et des demandeurs du secteur de l'assurance-automobile
de la façon suivante :
en précisant que les assureurs devraient donner aux demandeurs toutes les
raisons du refus d'une demande aux termes de l'Annexe sur les indemnités
d’accident légales (AIAL);
en exigeant des assureurs qu’ils ventilent les frais dans un relevé bimestriel
des prestations de soins médicaux et de réadaptation versés pour le
compte du demandeur aux termes de l'AIAL;
en augmentant l’importance du rôle des demandeurs dans le cadre de la
prévention de la fraude en exigeant d’eux qu’ils confirment leur présence
aux cliniques de santé aux termes de l'AIAL;
en assujettissant les fournisseurs à des sanctions pour avoir surfacturé les
assureurs pour les biens et services fournis aux termes de l'AIAL;
en rendant injustes ou trompeurs les actes ou pratiques des fournisseurs de
services qui demandent aux clients de signer des formulaires vierges;
en permettant aux assureurs de demander un examen supplémentaire sous
serment d'un demandeur quand un différend survient entre assureurs
concernant la priorité;
en précisant que les dispenses accordées aux avocats et aux parajuristes
concernant les actes ou les pratiques malhonnêtes ou mensongers ne
s’appliquent que lorsque la personne agit en tant que professionnel.
Les modifications réglementaires portent sur cinq des 38 recommandations du
groupe de travail et prendront effet le 1er juin 2013.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 5
De plus, la CSFO dirige une équipe de travail qui enquête sur l’utilisation possible
du DRSSAA pour détecter et prévenir la fraude. Il existe deux initiatives
antifraudes du DRSSAA en cours qui permettent de découvrir et d'éliminer la
fraude : le Professional Credential Tracker et les rapports interentreprises.
Le Professional Credential Tracker est un programme pilote qui permet à un
professionnel de la santé de vérifier les établissements qui utilisent leurs titres de
compétence pour facturer les assureurs et de cerner et signaler toute activité
suspecte.
Les rapports interentreprises sont un relevé mensuel envoyé à la fois à l'assureur
et à l'établissement de santé. Ce relevé permet aux deux parties d'examiner les
activités de facturation pour un mois donné et de relever les anomalies.
Attestation par les assureurs
La CSFO exige maintenant que l’attestation d’assurance-automobile renferme des
renseignements sur les processus et les contrôles utilisés par les assureurs aux
fins des demandes de règlement, en plus de l’utilisation de taux approuvés, d’un
système de classement des risques et de règles de tarification. Cette obligation est
imposée par l’article 31 de la Loi sur les assurances.
Sanctions administratives pécuniaires
Depuis le 1er janvier 2013, la CSFO peut imposer des sanctions administratives
pécuniaires pour des contraventions de la Loi sur les assurances ou de ses
règlements. Ceci constitue pour la CSFO un outil d'application supplémentaire
pour les actes ou pratiques injustes ou trompeurs ou les abus dans le système
d'assurance-automobile.
Décisions fondées sur les faits
Projet de protocole pour les blessures légères
Le Rapport sur l’examen quinquennal du surintendant publié en 2009 contenait
une recommandation visant l'élaboration d'un protocole de traitement pour les
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 6
blessures légères tenant compte de la littérature scientifique et médicale actuelle.
Cette recommandation a été acceptée par le gouvernement et confirmée dans le
budget de 2012 de l'Ontario, qui reconnaissait que les nouvelles approches
scientifiques et fondées sur les faits peuvent être appliquées au traitement des
blessures légères causées par les accidents automobiles.
Pour mettre en œuvre cette recommandation, la CSFO a conclu un contrat de
consultation avec des experts scientifiques afin d'élaborer le protocole de
traitement des blessures légères (PTBL).
Les scientifiques et d'autres experts contribueront à l'élaboration d'un PTBL fondé
sur les faits qui fera partie de la nouvelle Ligne directrice sur les blessures légères,
sous réserve de l'approbation du gouvernement. Lorsqu'elle sera approuvée, les
assureurs et les fournisseurs de soins de santé pourront se servir du PTBL afin de
traiter les blessures légères résultant d’un accident de véhicule automobile et offrir
un ensemble cohérent de soins, fondé sur des preuves scientifiques et médicales
d’actualité.
Le PTBL comprendra des règles de prédiction clinique pour évaluer les patients
qui peuvent être plus à risque d'avoir des douleurs chroniques et une invalidité.
De plus, il sera axé sur le résultat des traitements et donnera aux fournisseurs de
services de santé des jalons pour évaluer la progression.
Le projet devrait être réalisé au printemps 2014.
Révision de la définition de « déficience invalidante »
Les réformes gouvernementales de l’assurance-automobile de 2010 comprenaient
un engagement visant à garantir que les victimes d’accident les plus gravement
blessées sont traitées comme il se doit. Le gouvernement a demandé à la CSFO
de consulter le milieu médical sur la définition du terme « déficience invalidante »
tel qu’il est utilisé dans l’AIAL et d’établir la qualification et l'expérience exigées des
professionnels de la santé qui procèdent aux évaluations de la déficience
invalidante.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 7
En décembre 2010, la CSFO formait un comité d’experts composé de cliniciens et
d’universitaires et chargé d’examiner et de formuler des recommandations au
surintendant des services financiers.
Au printemps et à l'été 2011, le comité d'experts a présenté des recommandations
sur les changements à apporter à la définition de déficience invalidante et sur la
formation, les qualifications et l'expérience des évaluateurs de la déficience
invalidante aux termes de l'AIAL. La CSFO a consulté des intervenants au sujet
de ces recommandations.
Selon les conseils et les commentaires des intervenants, le surintendant a
présenté au ministre le Rapport du surintendant sur la définition de la déficience
invalidante (le rapport du surintendant).
Le rapport du surintendant contenait des recommandations pour améliorer les
indemnités disponibles pour les personnes ayant une déficience invalidante et la
justesse et la prévisibilité du processus de décision par :
la mise à jour et le raffinement de la définition de déficience invalidante en
fonction des faits médicaux et scientifiques objectifs;
l'éclaircissement de la définition de cécité légale;
la désignation automatique des enfants ayant subi de graves blessures au
cerveau;
la création d’une nouvelle prestation provisoire de 50 000 $ pour frais
médicaux, frais de réadaptation et soins auxiliaires supplémentaires pour
certaines blessures graves avant que ne soit fait le constat de déficience
invalidante.
l’utilisation d’outils cliniques nouveaux ou actualisés pendant l'évaluation liée à
des traumatismes médullaires et cérébraux, à des troubles psychiatriques et à
une déficience grave de la mobilité ambulatoire découlant d’un éventail de
blessures;
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 8
l'examen des qualifications et de l'expérience des évaluateurs de déficience
invalidante.
Le ministère des Finances a publié le rapport du surintendant en juin 2012 et
demandait que les commentaires lui soient envoyés avant la fin d'août 2012.
Le 15 mars 2013, le ministère des Finances a organisé une table ronde avec un
certain nombre d'intervenants pour préciser les positions et voir s'il est possible
d'en venir à un consensus sur la définition de déficience invalidante. Le
gouvernement évaluera tous les renseignements obtenus avant de choisir les
prochaines mesures à prendre.
Étude des dossiers fermés de demande d'indemnisation pour blessures
corporelles
À l’automne 2012, la CSFO a retenu les services de consultants afin d’effectuer
une étude des sinistres réglés liés aux demandes de règlement présentées au titre
de la garantie Responsabilité civile - lésions corporelles. L’étude analysera les
demandes de règlement de certains assureurs et permettra de recueillir des
données sur les facteurs qui contribuent à l’évolution des coûts. La dernière
étude complète de ce genre a été réalisée en 1986.
Initiatives liées au système de règlement des différends dans le domaine de
l'assurance-automobile
Dans le Budget de l’Ontario 2012, le gouvernement annonçait qu’il entreprendrait
un examen du système de règlement des différends touchant
l’assurance-automobile. La CSFO soutiendra l’examen prévu par le
gouvernement.
De plus, la CSFO a déjà mis en œuvre diverses initiatives visant à améliorer
l'efficacité du système de règlement des différends et à réduire les délais dans
l'attribution des dossiers. Dans le cas de la médiation, ceci comprend un système
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 9
d’établissement électronique du rôle, un processus de consentement de
renonciation à la médiation (par les deux parties), un processus de demande de
renonciation (pour les demandes qui datent de plus de 60 jours) et un nouveau
projet pilote pour assurer la constance du processus d'ajournement ou de report.
De plus, à l'automne 2012, la CSFO a attribué des dossiers de médiation et
d'arbitrage à un fournisseur privé de services de médiation à raison de 2 000 et
500 dossiers par mois, respectivement. Les services de ce fournisseur privé ont
été obtenus à la suite d'un processus ouvert de demandes de propositions.
Enfin, comme il a déjà été mentionné, le fait que la CSFO a reçu
28 389 demandes de médiations en 2012, ce qui représente une baisse par
rapport aux 36 496 demandes reçues en 2011, constitue une preuve que le
système de règlement de différends se stabilise.
12. CONCLUSION
Le présent mémoire donne un aperçu de l'état actuel du système de l'assurance-
automobile en Ontario et souligne la progression de la stabilisation des taux, de la
réduction de la fraude et de l'abus et de l'ouverture de possibilités pour réduire
encore les taux à l'avenir. Le gouvernement doit continuer d'être vigilant, de
surveiller l'incidence des réformes et de porter une attention particulière à la
conception du système pour s'assurer qu'il continue de servir les intérêts du public.
Cet intérêt compte deux volets : veiller à ce que les conducteurs de l’Ontario aient
accès à des polices d’assurance abordables fournissant une indemnisation
suffisante pour les dommages ou les blessures en cas d’accident et favoriser un
marché de l'assurance-automobile sain et concurrentiel.
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 10
ANNEXE
Comparaison des principales réformes du 1er septembre 2010 concernant les
indemnités d’accident et la responsabilité civile délictuelle avec le système
précédent
Système précédent Réformes entrées en vigueur le 1
er septembre 2010
Indemnités de remplacement de revenu
80 % du revenu net jusqu’à 400 $ par semaine après 1 semaine d’invalidité
le critère pour les 104 premières semaines est « une incapacité importante à accomplir les tâches de son emploi avant l’accident »
indemnité limitée aux 12 semaines suivant l’accident pour les blessures associées à une entorse cervicale de stade I et à 16 semaines pour les blessures associées à une entorse cervicale de stade II
70 % du revenu net jusqu’à 400 $ par semaine après 1 semaine d’invalidité
le critère pour les 104 premières semaines est « une incapacité importante à accomplir les tâches de son emploi avant l’accident »
Indemnité facultative de remplacement de revenu
l’indemnité facultative prévoit
jusqu’à 600 $, 800 $ ou 1 000 $ par
semaine
aucun changement
Indemnité de personne sans revenu d'emploi
185 $ par semaine après 26 semaines d’invalidité
le critère est « l’incapacité totale à mener une vie normale » et soit de ne pas être admissible à une IRR, soit être étudiant à plein temps soit avoir obtenu son diplôme au cours de l’année écoulée, mais être sans emploi
aucun changement
Indemnité de soignant
250 $ par semaine pour la première personne ayant besoin de soins et 50 $ pour chaque autre personne
le critère pour les 104 premières semaines est « une incapacité importante à dispenser les soins »
après 104 semaines, l’indemnité continue d’être versée en cas d’« incapacité totale à mener une vie normale »
en vertu d’une police type, payable uniquement aux personnes ayant des déficiences invalidantes
offerte comme indemnité facultative
pour des blessures non invalidantes
MÉMOIRE AU COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES GOUVERNEMENTALES Page 11
Système précédent Réformes entrées en vigueur le 1
er septembre 2010
Frais de travaux ménagers et d’entretien du domicile
100 $ par semaine pendant 104 semaines pour les déficiences non invalidantes
100 $ par semaine à vie pour des déficiences invalidantes
en vertu d’une police type, payable uniquement aux personnes ayant des déficiences invalidantes
offerte comme indemnité facultative pour des blessures non invalidantes
Indemnités pour frais médicaux et de réadaptation
100 000 $ maximum pendant 10 ans ou jusqu’à 25 ans pour les pers. de moins de 15 ans
1 million de dollars max. à vie pour des déficiences invalidantes
autorisation préalable (dans les 10 jours) de l’assureur exigée pour les biens et services, à l’exception des services d’ambulance urgents
aucune autorisation préalable exigée pour les blessures associées à une entorse cervicale de stade I ou II traitées dans le cadre de Lignes directrices préautorisées
50 000 $ maximum pendant 10 ans ou jusqu’à 25 ans pour les pers. de moins de 15 ans
indemnités facultatives de 100 000 $ et 1 million de dollars combinées avec l’indemnité de soins auxiliaires disponible
1 million de dollars max. à vie pour des déficiences invalidantes
3 500 $ maximum pour des blessures légères – entorse, foulure, entorse cervicale, contusion, excoriation, lacération ou subluxation et toute séquelle s'y rattachant sur le plan clinique
autorisation préalable (dans les 10 jours) de l’assureur exigée pour les biens et services, à l’exception des services d’ambulance urgents, des médicaments sur ordonnance et des biens de moins de 250 $
aucune autorisation préalable exigée pour les blessures associées à une entorse cervicale de stade I ou II traitées dans le cadre de Lignes directrices préautorisées
Indemnité de soins auxiliaires
jusqu’à 3 000 $ par mois pour les frais engagés jusqu’à un total maximum de 72 000 $ dans les 104 premières semaines
jusqu’à 6 000 $ par mois pour les frais engagés avec une garantie maximale à vie de 1 million de dollars pour les déficiences invalidantes
aucune indemnité de soins auxiliaires payable pour les blessures associées à une entorse cervicale de stade I ou II
jusqu’à 3 000 $ par mois pour les frais engagés jusqu’à un total maximum de 36 000 $ dans les 104 premières semaines
indemnité facultative de 72 000 $
proposée
jusqu’à 6 000 $ par mois pour les frais engagés avec une garantie maximale à vie de 1 million de dollars pour les déficiences invalidantes
aucune indemnité de soins auxiliaires payable pour les blessures légères
les frais engagés sont définis comme les services reçus d’une personne dans le cadre de son emploi ou d’une personne qui a subi une perte pécuniaire à l’occasion de la fourniture des services
Indemnité facultative pour
jusqu’à 1 100 000 $ à vie pour les frais médicaux et de réadaptation et
aucun changement
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er septembre 2010
frais médicaux, de réadaptation et de soins auxiliaires
jusqu’à 1 072 000 $ à vie pour les dépenses de soins auxiliaires (mais sans dépasser 1 172 000 $ pris ensemble) en cas de déficience non invalidante
jusqu’à 2 millions de dollars à vie pour les frais médicaux et de réadaptation et jusqu’à 2 millions de dollars à vie pour les dépenses de soins auxiliaires (mais sans dépasser 3 millions de dollars pris ensemble) en cas de déficience invalidante
Examens et évaluations médicales demandés par l’assuré
les évaluations demandées par l’assuré ne sont pas assujetties à un plafond monétaire, mais doivent faire l’objet d’une autorisation préalable (dans les 3 jours) par l’assureur au-delà de 200 $
contre-examens possibles en cas de refus de verser des indemnités après un examen exigé par l’assureur plafonnés à 900 $ (aucun plafond pour les déficiences invalidantes)
les évaluations demandées par le demandeur sont assujetties au plafond monétaire pour les frais médicaux et de réadaptation choisi par l’assuré et doivent faire l’objet d’une approbation préalable (dans les 10 jours) par l’assureur
remplissage des formulaires (y compris les évaluations) plafonné à 200 $ par les Lignes directrices sur les services professionnels
toutes les autres évaluations demandées par l’assuré plafonnées à 2 000 $
les rapports sur les coûts des soins à venir ne sont pas recouvrables
évaluations des besoins en soins auxiliaires effectuées exclusivement par des ergothérapeutes et du personnel infirmier autorisé
évaluations de la déficience invalidante effectuées exclusivement par des médecins ou, en cas de traumatisme crânien, par des neuropsychologues
évaluations à domicile non offertes pour les blessures légères
aucun contre-examen possible
Examen exigé par l’assureur
l’examen exigé par l’assureur est requis pour un refus de verser une indemnité pour des raisons médicales
limites temporelles et géographiques pour la tenue des examens exigés par l’assureur
les examens exigés par l’assureur ne sont pas assujettis à des plafonds monétaires
les examens exigés par l’assureur sont discrétionnaires
aucune limite géographique ou temporelle
examens exigés par l’assureur plafonnés à 2 000 $
Prestations de décès
25 000 $ versés au conjoint survivant
Aucun changement
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er septembre 2010
10 000 $ versés à chaque personne à charge
10 000 $ versés pour la perte de chaque personne à charge
Frais funéraires
6 000 $ maximum pour frais funéraires
Aucun changement
Prestations de décès et indemnité pour frais funéraires facultatives
50 000 $ versés au conjoint survivant
20 000 $ versés à chaque personne à charge
20 000 $ versés pour la perte de chaque personne à charge
8 000 $ max. pour frais funéraires
Aucun changement
Indemnité facultative de personne à charge
l’indemnité facultative prévoit 75 $ par semaine pour la première personne à charge et 25 $ pour chaque personne à charge supplémentaire jusqu’à un max. de 150 $ par semaine
Aucun changement
Indemnité d’indexation facultative
la garantie facultative fait augmenter chaque année le plafond des indemnités de remplacement de revenu, de personne sans revenu d’emploi, de soignant et de frais médicaux, de réadaptation et de soins auxiliaires selon l’évolution de l’IPC
Aucun changement
Frais d'études engagés inutilement
jusqu’à 15 000 $ en frais d'études engagés inutilement (frais de scolarité, livres, matériel, gîte et couvert)
Aucun changement
Frais des personnes en visite
frais engagés pour des membres de la famille (tel que défini dans l’AIAL) qui rendent visite à la personne assurée pendant son traitement ou son rétablissement
Aucun changement
Intérêts 2 % par mois composé mensuellement
1 % par mois composé mensuellement
Déficience invalidante
La définition comprend la perte des deux bras, des deux jambes ou d’un bras et d’une jambe
définition élargie à la perte d’un bras ou d’une jambe
Franchise pour les dommages-intérêts octroyés pour souffrances et douleur
30 000 $ (15 000 $ pour les demandes liées à la Loi sur le droit de la famille [LDF]);
aucune franchise ne s’applique si les dommages généraux dépassent 100 000 $ (50 000 $ pour les demandes liées à la LDF)
option de contracter un avenant afin de réduire la franchise à 20 000 $ (10 000 $ pour les demandes liées à la LDF)
aucune franchise ne s’applique si les dommages généraux dépassent 100 000 $ (50 000 $ pour les demandes liées à la LDF)
aucune franchise ne s’applique aux demandes d’indemnités en cas de décès
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BIBLIOGRAPHIE
Budget de l’Ontario 2012, Des mesures décisives pour l’Ontario, Documents budgétaires,
l’honorable Dwight Duncan, ministre des Finances
Rapport du surintendant sur la définition de la déficience invalidante de l’Annexe sur les
indemnités d’accident légales, le 15 décembre 2011
Groupe de travail antifraude de l’assurance-automobile de l’Ontario, Rapport intérimaire,
décembre 2011
Groupe de travail antifraude de l’assurance-automobile de l’Ontario, Rapport final,
novembre 2012
Rapport annuel 2011 du Bureau du vérificateur général de l’Ontario, décembre 2011
Changements à apporter à la définition de la déficience invalidante – Recommandations,
Rapport final du comité d’experts sur les déficiences invalidantes au surintendant, 22
avril 2011, comité d’experts sur les déficiences invalidantes
Formation, qualification et expérience des évaluateurs qui procèdent aux évaluations de
la déficience invalidante – Recommandations, Rapport final du comité d’experts sur les
déficiences invalidantes au surintendant, 21 juin 2011, comité d’experts sur les
déficiences invalidantes
Rapport sur l’examen quinquennal de l’assurance-automobile, Mars 31 2009 [sic], Le
surintendant des services financiers, Commission des services financiers de l’Ontario
Facility Association
Agence statistique d’assurance générale
Système de demandes de règlement pour soins de santé liés à l’assurance-automobile
Bureau d’assurance du Canada
Insurance-Canada.ca
Bureau du surintendant des institutions financières Canada
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Rapport annuel sur la sécurité routière en Ontario 2010, Ministère des Transports de
l’Ontario