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Date post: 24-Dec-2015
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L'Eveil économique de l'Indochine, 1915
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L'Eveil économique de l'Indochine ["puis" (Eveil économique de l'Indochine)] ; Bulletin hebdomadaire Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
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L'Eveil économique de l'Indochine ["puis" (Eveiléconomique de l'Indochine)] ; Bulletin

hebdomadaire

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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L'Eveil économique de l'Indochine ["puis" (Eveil économique de l'Indochine)] ; Bulletin hebdomadaire. 1915.

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7—Année - Bf» £k&2& Dimanche jg g1 .Octobre 1993

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Il L'EVEIL ECONOMIQUE

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LKVEIL tugaoMjyu^ m

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IV L'EVEIL ECONOMIQUE

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LEVKIL. ECONOMIQUE

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VI .EVEIL ÉCONOMIQUE

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7mm Année NUMERO 332 Dimanche 21 Octobre 1923

Abonnement :ADMINISTRATIONET RÉDACTION -.-^ «MPkn/M fimn Edition

DE LINDOCHINE dei<«»_.... . ..„ un an 6 moisTéléphone 119 . .

BULLETIN HEBDOMADAIRE SE^ii"

*. ' **françaises. ... au cours

Qais'abonne sans frais dans Pt„nI.pr"*

IR-D ISn^otoiles bureaux de Poste. Directeur: H. CUCHEROUSSET, Rédacteur en Chet

§ P"1

P

Le Numéro. • . . 30 cents

SommaireW^Làos débloqué (suite et lin) .... Jeau BIUÏNHES CorrespondanceL'Organisme (suite) Chez nos confrères .Vftïfligfi de Henri Mouhot au Cambodge en Informations diverses

...ftp (suite). .

Le Laos débloquéLes Routes nouvelles de l'Annani au Laos

4. — Napé; le premier centre laotien,

comprend des groupes de huttes lao-

tiennes toutes bâties sur pilolis,une,pa-

gode ancienne réputée,un poste de gar-de indigène, une délégation administra-

tive, un magasin et bungalow de P. A.

Lapicque. P. A. Lapicque est le frère du

^s^Mjant,professeur de la Sorbonne. An-

cien capitaine au long cours, il est ar-

mateur à Haïphong, à Hongkong et aus-

si à Benthuy qui est le port de Vinh

.et dont il a le premier fait franchir la

i^asse à des vapeurs. C'est un homme

WHrdi) généreux, plein d'initiatives. Il a

construit de grands établissements fri-

gorifiques à Benthuy, et pour alimen-

fer^frn bestiaux cette usine, il a créé

des postes-relais et des centres d'achat

et d'élevage, notamment à Napé et plusloin à Na-kay. On doit en partie à

l'opiniâtreté de son action et de sa pro-

pagande^ la création de la route jus-

qu'au Mékong. 11 était monté à Napé

pour la première fois en 1912, et il y

avait, quelques années plus tard, com-

mencé la construction de sa présenteinstallation, avant même l'achèvement

deHfâ route à travers la Chaîne annami-

tique. C'est un précurseur, dont le ca-

ractère commande estime et sympathie.

Depuis le col de Keo-Neua, nous

avons à peu près suivi le cours de la

Nam-Pao. Après Napé, la route, durant

plusieurs kilomètres, continue à la sui-

vre, ou plutôt traverse la région ma-

melonnée où cette rivière circule en

{Suite cl fin) Reproduction interdite

serpentant. Puis au 20e km. à partir de

Napé. on quitte la route des Travaux

publics qui se dirige vers Cam-Keut, et

là commencent les 14<S km. de route

neuve, ou si l'on préfère, de « piste au-

tomobilable» qui ont été exécutés parle Commissaire du gouvernement en

résidence à Thakhek,M. Drouot.

On laisse sur la droite, puis derrière

soi, un beau massif de récifs calcaires,et l'on s'avance droit au Sud dans des

argiles rouges fort glissantes ; on grim-

pe au liane de collines boisées et hu-

mides par une série de contours dont

les courbes sont plus que hardies : c'est

une partie de la route qui devra être

manifestement reprise et réparée aprèstout violent orage, et bien entendu cha-

que année après la saison des pluies.La forêt, depuis Napé, est la grande

forêt assez ouverte, très différente de

celle de la Chaîne annamitique. Beau-

coup de paquets de bambous ; cepen-dant les hrmls troncs droits des autres

arbres sont visibles, surtout les troncs: clairs de ces magnifiques arbres canne-t lés qui s'élèvent comme des piliers d'é-

glises ogivales, les bang-lang. Forêt plushumaine, plus humanisée, avec maints

emplacements que le feu, l'écobuage,3 ce qu'en Indochine on appelle le ray,i a dévastés mais préparés pour de pas-t sagères et rapides cultures.

Les habitants n'ont que des maisons

sur pilotis, et tout leur matériel, tous

a leurs ustensiles sont de bois. Ce sont

de beaux Laotiens, corps nus ou à peu

près, têtes nues avec des Heurs dans les

cheveux ou aux oreilles. Us sont de la

grande famille ihaï, à laquelle appar-tiennent également les Siamois. Leshommes ont les cuisses tatouées, le

plus souvent à partir du haut de la jam-be, depuis la base du genou, et parfoisles tatouages se continuent non seule-

ment jusqu'au nombril, ce qui est nor-

mal, obligatoire et quasi-décent, mais

encore jusqu'au-dessus des hanches où

ils se lermwient par des festons formant

ceinture. Les femmes, surtout les plus

âgées, ont tout le haut du corps entiè-

rement nu. Elle ont assez souvent lescheveux courts, coupés en brosse. Les

hommes et les femmes ont la peau en-

core plus bronzée que les Annamites ;mais tout leur aspect est beaucoupmoins mongolique ", ils ont des paupi-ères plissées commedes Iraniens,et non

des paupières sans pli comme les An-

namites ou les Chinois; les hommes ont

un peu de barbe et de moustache com-

me des Hindous. La femme paraît ici

beaucoup moins une bête de somme ;on songe à La Chanson de Sao~Yandi de

.lean Ajalbert, ou songe aux bouns (es-

pèces de cours d amour) et aux chants

des pon-bao (jeunes gens) s'accompa-

gnant sur le traditionnel khèn (1)... En

(1) Que Ton relise toute la troisième partie,Le Laos, du livre d'Isabelle Massieu, Commentfai parcouru PIndochine, Paris, 1901, récit deses voyages de 1896 et 1891, on \ trouvera,.

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L'EVEIL ECONOMIQUE

fS

tout cas, ce sont presque uniquement . <

les hommes qui, sur les chemins, font ]les corvées et qui, avec In hotte, assu- Irent le transport.

Fait très nouveau, les transports se <

font aussi à i'aide de chars à deux roues

pleines, qui sont Irai: es par deux bê-

tes, i.et toujours par des boeufs, car en

ce domaine laotien, les boeufs sont au

moins aussi nombreux que les buffles),chars à essieux et ressorts primitifs

qui grincent on plutôt geignent si fort

que leur musique plaintive s entend

d une demi-lieue.5. — Çù et là apparaissent déjà quel-

ques pins, d'une iai'lc qui domine celle

de toutes les autres espèces ; çà et là

apparaissent aussi, soit isolés, soit prisdans les argiles, des blocs de grès.Ainsiest annoncée et amorcée une cinquièmesection de notre piste-route, et 1 une des

plus belles, région gréseuse qui s'étale

surtout en plateaux aux environs de

.">50 m. (1).Une première partie est assez décou-

verte ; la surface en a été à plus d'une

reprise livrée an feu sauvage des rays ;tantôt ce sont des clairières proprementdites avec, pour revêtement unique, de

hautes herbes, tantôt c'est ce type de

forêt pauvre qui succède après quel-

ques années à 1 incendie et qui a été

dénommée « forêt-clairière » : les ar-

bres, faux-tecks au feuillage blanchâ-

tre sont maigres et peu serrés : ils sont

par endroits aussi espacés que sont des

pommiers dans un verger normand.

Des amoncellements de blocs de grèsen boules forment de petits « chaos » et

font songer aux (( chaos » de bien autres

dimensious de la forêt de Fontaine-

bleau. Ce souvenir visuel s'impose en-

core davantage lorsqu'après quelques

groupes de pins épais, on parvient,dans la région de Na-kay, à une secon-

de partie de cette section gréseuse et

sablonneuse, où se dresse toute une

très vaste forêt à troncs droits, pas très

dense, mêlée même de quelques arbres

à feuilles caduques ; or, les arbres qui

l'emportent sur tous les autres sont là

d'immenses pins atteignant 10 m. et da-

». 221 et suiv., des détails sur celle vie. des

jeunes gens cl des jeunes filles, et surtout l'onanra un tableau précis de ce qu'était la sociétélaotienne il y a un quart de siècle; presque audébut de notre organisation administrative.

(1) Voir les relevés les plus récents du Ser-vice Géographique de l'Indochine ; le passagede laTsam-theun esta 5M m et Na-kay à 54-2m.tandis que Phn-ka-tan est à nôt ni., et latraversée de la Nam-lien à fiâS. si hien quenous pouvons légitimement parler, pour les

plateaux de grés, d'une altitude moyenne de550 m.

yantage. — Les routes son! brunes el

luisantes de la jonchée des 'Inès aiguil-les de conifères.

Les rivières dans les grès sont assez

encaissés ; on les traverse, sur de ravis-

sants et invraisemblables ponts frot-

tants. Qu'on imagine un lapis ou épaistablier de bambous tressés- large, deI m.,longparfois de 80 m.(car il est'un .

de ces ponts, celui de la Nam-lhcun,

qui a une pareille longueur) ." ce chemin

souple repose sur des faisceaux très

rapprochés de tiges de bambous qui lefont flotter et qui sont eux-mêmes rele-nus vers l'amont par des lianes à uneliane majeure, suspendue très haut au-

dessus de l'eau el passant d'une îive àl'autre ; l'auto s'élance sur le pont quiployé sous le poids comme le ferait nue

corde, mais qui, comme une corde aus-

si, se relève sans se rompre.Tons ces espaces du grand plateau

du Phu-hac (dénommé aussi partielle-ment plateau de Na-kay) — dont lacouverture est souvent de sable et lesubslralum de grès — sont très humi-des ; ils sont habiles par le cerf, parl'éléphant, par le tigre, et encore par le

coq sauvace et le gibbon:Na-kay est un

remarquable centre de chasse.On quitte les çrès vers le Sud, par

une descente raide et longue aux flancsd une vallée étroile dont les fonds el lesversants sont revêtus de la plus somp-tueuse végétation : aux derniers pinss'associent les troncs élancés, à la peaucomme couverte d'écaillés, de ces trèsbeaux palmiers qui sont les lalaniers :il atteignent là 15. 20 et 25m. (l).

0. — En sortant des grès, on traverseune vaste plaine dénudée, couverte aumoment des pluies estivales de rizièresdont le paddy est récollé au 10e mois, la

plaine de Nhommarst ; puis l'on entre

brusquement dans une dernière section

(•I) Passé ce vallon luxuriant, nous ne. ver-rons plus un latanier jusque sur les bordsmêmes du Mékong, jusqu'à Thakhe'k : il y ena là quelques-uns, t"ut petits, naguère plantésdans les jardins des fonctionnaires et sur l'alléequi court au long de la haute rive du l'orne.

au milieu d'un paysage élrange et dis-

continu qui ressuscite 1 image soit des.

archipels d'îlots calcaires delà baie d'A-

long, (l) soit des jalonnements de ré-

cifs calcaires à la limite entre Tonkin

et Annam (2).Les eaux circulent en tous sens à' tra-

vers le dédale des monticules à paroissouvent presque verticales : des cours

d'eau se perdent : hydrographie typi-

que des calcaires, confuse et partielle-ment souterraine.

La roule se fraye un passage entre

les masses et blocs de dimensions di-

verses et se dirige d'abord Nord-Sud,

puis nettement Ouest-Est, vers ïha-

khek. Tandis que le roc âpre surgit

partout, les fonds sont plutôt huani.des;la forêt n'est pas très serrée ; elle"pré-sente les beaux troncs blancs A'ëS.'bang-

lang, mêlés à de Irèsnomhrèn'x bam-

bous épineux et bambous sans épines.

Lorsque j'ai parcouru la route pour

(1) On devrait dire plus correctement : baiede lin-Ion*;.

(2) Os divers paquets de calcaires sont lesuns d'âge triasique (c'est-à-dire du début de1ère secondaire), les autres un peu plus an-ciens, soit d'âge permien (lin de 1ère primai-re), soit un peu antérieurs même au Permien.D'après les travaux de Mansuy et du comman-dant Dussaull, ceux que. nous rencontrons icisur la route de Thakhek forment bien un en-semble avec les énormes masses pareilles quis'étendent plus an Sud dans les parages du coldu Mcu-gia ; ils sont rapportés au l'ermien elils se relient également aux calcaires pus sep-tentrionaux de la région de Cam-keui que nousavons laissés sur notre droile au t'0* kilomètre ,après Napé. i es calcaires supportent évidem-ment les .très des plateaux de Na-kay, grèstriasiques qui se rattachent, eux, à l'immensecouverture gréseuse du Cambodge (par exem-ple, les grès d'Angkor aussi hien que ceux.quitonnent, beaucoup plus près de la région oùnous sommes, les rapides de Kemmèral sui-te Mékong). — Voir les travaux de Charles Ja-cob, ancien chef du Service géologique de.l'Indochine, notamment Eludai (\eoUgiqucndans le Xo>d-Anna»i cl le, Tonkin (J/vlf.. Serv.géol. de l'Indochine, vol. X, l'asc. 1, in-J>', 204pages, 26 ligures, :j. planches hors texte ;' Cariegéologique de la Province de, Thanh-hoa, ;à 1 :250.000, et la très suggestive synthèse récapi-tulative qui constitue le Pruxiômc Cahier dotColliers de la Sociale du Ccogi aphte dc.-./funoï :La géologie de l'Indochine. (Hanoï, impr..d'Ex-.trème-Orienl, 4922, in 8-, 13 pages)'.'

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L'EVEIL ECONOMIQUE

la première fois, nous avons pénétré . 1

dans cette section des calcaires à la t

tombée de la nuit : nuit de lune splen- t

dide de la veille de Pâques. Les phares £

de la voiture avaient élé brisés par les <

chocs durs et répétés subis au cours de <

la route (promenade en auto qui est '

plus qu'une simple promenade), et nous I

marchions, non sans quelque difficulté, i

au clair de lune. De temps en temps, la i

route était coupée par les arbres que les :

derniers orages avaient abattus ; nous

mettions pied à terre, nous déplacionsles troncs et les trop fortes branches, et

l'auto s'avançait ensuite « buvant l'obs-

tacle », c'est-à-dire passant hardiment

sur toute la grosse ramure.

Nous avons croisé quelques Laotiens

conduisant des chars à deux roues, atte-

lés par des couples de petits boeufs. J'ai

discerné çà et là quelques troupeaux,buffles et boeufs, passant la nuit en forêt.

Ils étaient en général surveillés et dé-

fendus contre les multiples bêtes sauva-

ges, contre le tigre surtout, par des In-

digènes groupés et accroupis autour

d'un feu ; plus d'une fois, je les ai aper-

çus qui avaient tout simplement allu-

mé l'une des extrémités du tronc d'un

grand arbre jeté bas ; l'arbre brûlait

ainsi lentement ; torche énorme de 10 à

15m. de longueur, couchée sur le sol.

La forêt paraissait paisible ; mais la

vie s'y révélait suractive par les cris

stridents des oiseaux et des singes, et

surtout par ces bruissements intenses

d'insectes qui parvenaient à dominer le

bruit du moteur. Des lucioles innom-

brables se levaient des abords de la

route et voltigeaient un instant devant

la voiture faisant comme une gerbe d'é-

tincelles .

Nous quittons enfla les calcaires et

les arbres pour traverser en peu de mi-

nutesles rizières nouvelles de Thakhek,

naguère conquises sur la forêt débrous-

saillée. L'on aboutit au grand fleuve,au Mékong. Il resplendit à la clarté de

la lune au bas de ses rives raides de

14 m. La crue estivale de 12 à 13 m. at-

teindra presque la lèvre supérieure de

ses rives ; en attendant, pendant les

basses eaux qui durent encore, des

escaliers de bois de 60 à 80 marches

permettent de descendre jusqu'au ni-

veau présent et jusqu'aux pirogues.Le Laotien est pêcheur ; les familles

les plus aisées s'en vont,durant les nuits

claires, pêcher par plaisir sur le fleuve

dans ces longues pirogues faites d'un

seul tronc d'arbre creusé : il y en a ce

soir-là une quinzaine à portée de ma

vue sur le Mékong.Là-bas,en face, sur la rive droite qui

est la rive siamoise, où s'étale la petiteville deLakhôn, qui appartient au Siam

mais qui est également peuplée de Lao- i

tiens, toute une rangée de feux flambe Iet pétille dans la nuit : ce sont les chas-seurs de cigales qui font leurs battues,Car le Laotien est friand de cigales,comme il est friat d de fourmis, de lar-ves de termites, comme il est somme

toute friand de tous les fruits et baiesde la forêt, de tous les poissons de la

rivière'

à l'humeur douce, vivant heu-

reux, sans souci du lendemain, il aime— tout en étant par ailleurs et par né-

cessité cultivateur et mangeur de riz —

il aime à se nourrir autant qu'il le peut

par la simple pratique de la cueillettesous toutes ses formes.

Je suis reçu à Thakhek dans un in-

térieur exquis, celui du Commissaire

du gouvernement, M. D'rouot, le créa-

teur de la route que je viens d'étu-

dier (1). Sa femme qui est une fort bel-

le Laotienne (Sao Têt) est là, « dévi-

dant et filant», devisant aussi au milieu

de ses w congaï » qui sont traitées com-

me les suivantes des temps homéri-

ques, comme les confidentes de notre

théâtre classique. Je les retrouverai le

lendemain, maîtresse et servantes, assi-

ses sous la véranda, devant les primi-tifs métiers à tisser et manoeuvrant à

tour de rôle les navettes... Pénélope au

milieu de ses femmes...Je les surprendsle soir dans la poétique tenue, classi-

que et coutumière, du Laos ; elles soûl

vêtues de celte large jupe à rayures ver-

ticales, retenue à la taille et qu'onnomme le sinn ; quant au haut du

corps, il n'est qu'entouré d'une échar-

pe de soie multicolore qui monte pardevant seulement jusqu'à la naissance

des seins et qui laisse admirer toute

l'ample nudité du dos, des bras et des

épaules.Après cette seule journée de marche

dure et hâtive, après cette directe tra-

versée de moins de300 km'., quelle dis-

tance parcourue entre la si' laborieuse

foule annamite aux traits impussibles,aux formes menues, aux vêlements ter-

nes, et ces beaux êtres nonchalants des

bords du Mékong, habillés de couleurs

éclatantes, la tête ou les cheveux ornés

de fleurs, aux visages épanouis, riants

et rieurs 1

De l'Annam au Laos, de l'Annamite

au Laotien, les types ethniques avec< leurs habitus caractéristiques varient

(1) M. et Mme Drouot ont cinq fils, dont lestrois aînés sont élevés au Collège de Hon-neur : ces beaux jeunes Français métis ont desphysionomies el des traits où se voit, certes,la ressemblance avec la mère laotienne, maisoù il serait bien difficile de discerner ce quenous regardons d une manière trop généraliséecomme des distinclives asiatiques, tellementils diffèrent des métis de Français et d'Anna-miles.

encore plus que les genres de vie. Entout état de cause, la très nouvelle rou-te de Vinh à Thakhek n'est pas seule-ment une coupe remarquable de géo-graphie physique ; c'est aussi une cou-

pe expressive de géographie humaine.

111. —Conséquences économiques

et politiques

Voici donc le Laos, jusqu'aujour-d'hui cerné et bloqué

— sinon rigou-reusement fermé —

appelé à une nou-velle vie économique. Le Mékong, du-rant la saison des pluies, a de tout

temps servi aux commuai ationset aux

transports ; ses affluents ou bien sontaussi largement alimentés que lui, oubien reçoivent le concours même dumaître-fleuve dont les eaux refluentdans leur propre chenal. Bref, c'est auxhautes eaux que les M< ssageries fluciales.

qui font le service sur le Mékong, ontleur principale activité ; de leur côté,à l'aide de leurs canots automobiles, leschefs de provinces suppléent à l'inexis-tence ou à l'insuffisance générale deschemins pour visiter alors les postesessentiels des districts qu'ils adminis-trent. Tout cela doit non seulement

continuer, mais aller en progressant etse développant.

Au contraire, durant la saison desbasses eaux, la vie générale et surtoutles rapports avec le monde extérieursont ralentis et presque paralysés. C'est

précisément pendant cette secondemoitié de l'aniée que les routes nou-velles multiples seront le plus solides,le mieux aménagées, et qu'ouvertes nonseulement aux autos mais aussi, nel'oublions pas, aux charrettes indigènes,aux chars à boeufs, elles remplirontleur véritable office (l).

Lu question des camions et des trac-teurs automobiles devra être traitée etdisculée ; n'y aurait-il pas urgence à enlimiter le poids maximum ? 11 y a unetelle pénurie de moyens de transport,dans ces pays qui sont économique-ment pays neufs, et il y a une telle

quantité d'hommes et de matériaux ou

matières premières à transporter qu'onen arrive ou du moins qu'on tend à re-

courir tout de suite aux moyens et auxméthodes les plus perfectionnés ; or lesroutes ne sont pas encore de qualitétechnique suffisante pour lts suppor-ter ; si l'on abuse tout de suite de la

1piste-route on la détruit. C'est ainsi que

j la Route Mandarine elle même, pour-) tant bien entretenue, souffre beaucoup3 du passage d'énormes tracteurs.

Cl). Il serait possible et souhaitable que,dans les parties non empierrées, on réservâtune piste aux autos et une autre piste aux or-nières fatales des charrettes laotiennes.

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LEVE1L ECONOMIQUE

A coup sûr, l'auto est un moyen éco-

nomique qui a une pleine signification

politique. Par la piste-route « automo-

bilable » et par la voiture circulant ai-

sément à 25 ou 30 kilomètres à l'heure

(fréquemment à une vitesse moyenne

supérieure),la sécurité est plus etmieux

maintenue qu'elle ne l'a jamais été. Or

la route n'est, en géographie humaine,vraiment route que lorsqu'elle est non

pas seulement bien construite, mais en-

core surveillée, que la police en est

faite d'un bout à l'autre, et qu'elle est

devenue en toute vérité un fait de géo-

graphie politique (1;. L'auto transforme

et rend beaucoup plus aisés l'exercice

et la continuité de toute autorité d'or-

dre administratif et politique. Elle est,à un très haut degré, un moyen prodi-

gieusement efficace de domination, el

comme sans domination sage il n'y a

pas de sécurité économique et point de

paix réelle, elle est un facteur nouveau

déterminant de l'organisation politiquede la terre.

Mais les Indigènes, les Annamites

principalement, recourent aussi à l'au-

to ; ils la pratiquent avec un goût pas-sionné, ils s'installent en nombre in-

vraisemblable dans les autos qui font

des services réguliers, et c'est dans une

auto d'une entreprise de transports de

Vinb, créée et dirigée par un Annamite

habile et intelligent) que j'ai fait la ran-

donnée transversale qui vient d'être

décrite (2).Les trois routes nouvelles ne sont

que le début essentiel d'un réseau beau-

coup plus compliqué ; en presque tou-

tes les provinces du Laos, des tronçonsont été déjà construits, et peu à peuces tronçons se rejoindront. La route

de Xiêng-Khouang dépasse cette ville à

l'Ouest de 80 km. ; elle s'approche d'un

Doint d'où elle bifurquera, une de ses

branches allant à Vientiane et l'autre à

Luang-Prabang qui est plus en amont

sur le Mékong ; de chacune de ces vil-

les, dans la direction de la route nou-

velle, des voies sont en train d'être éta-

blies ; 60 à 80 km. en existent déjà. i

11 ne s'agit donc point là de réalisa-

tions fragmentaires mais d'un fait d?en-

semble qui va orienter tout le Laos

vers l'Est, vers l'Annam, vers la mer

de Chine et le golfe du Tonkin. Le

Laos était tourné jusqu'ici 1° vers le

Siam, son voisin et son parent ethni-

que, dont le développement économi-

que intense se manifeste par de remar-

(1). Voir Jean Brunhes et Camille Vallaux.La Géographie de l'Histoire. Paris Alcan, 1921,chapitre Vlll.

(2). Voir un article curieux et bien docu-menté de Nguyên-phan-Long, La lutte entre lechemin de fer et l'automobile (Eveil économiquede VIndochine, numéro du 28 janvier 1923,p. 4 et S).

quables constructions de voies ferrées

et de roules ; et 2° en ce qui regardel'Indochine vers le bas-Mékong et la

Cochinchine : à tel point qu'au long de

la route Napé-Tbakhek une ligne télé-

graphique n'existe pas encore ; à Napése trouve un poste télégraphique, mais

si l'on veut expédier un message de

Napé à une des stations du moyen Mé-

kong, la dépêche doit être acheminée

vers la côle et aller passer au Sud par

Saigon : huit ou dix heures sont prati-

quement nécessaires pour la transmis-

sion par voie électrique, alors que parla route neuve j'ai mis moi-même six

heures de Napé à Thakhek.

Dans le Laos antérieur, que pouvait-on bien importer et exporter ? Presque

rien, et les détracteurs du Laos avaient

beau jeu. Le Laotien a peu de besoins,

et, subsistant à peu de frais, il n'a en

aucune manière le goût de l'argent. 11

n'a fait connaissance avec la nouvelle

civilisation économique, celle de pres-

que tout le reste du monde, que par le

portage. Les corvées de portage, quoi-

qu'elles fussent payées, étaient un far-

deau intolérable et l'on pourrait pres-

que dire une plaie d'une extrême gra-vité pour une population aussi peunombreuse. Lorsqu'un chef, tel qu'unRésident supérieur, allait s'installer au

Laos en venant du Tonkin et de l'An-

nam, la route était si longue et si pé-nible qu'il fallait hien compter qu'untel transfert représentait au moins mille

journées de portagell). A un tel régime,les Laotiens fuyaient leurs villages et

allaient se loger ailleurs dans l'inex-

tricable forêt ; le longdespistes les plus

fréquentées, les villages, au lieu de

s'accroître, disparaissaient. On peut

(l)M. Bosc, Résident supérieur actuel auLaos, a eu l'heureuse et courageuse idée de

rejoindre son poste à Vientiane par la voiedes airs, en avion. Naguère. M. ISorès, direc-teur du Contrôle financier de l'Indochine, estallé également par avion de Hanoï à Vien-tiane.'

affirmer hardiment que l'ouverture des

roules vient de se produire par bonheur

à l'heure-limite où allait être détermi-

née, par le développement forcé du

portage une exaspération aussi légi-time que préjudiciable.

De ce que le Laos est resté inex-

ploité, est-il sage de conclure qu'il n'a

point de richesses à exploiter sage-ment? Tous les espaces qui forment

bandes riveraines au Mékong sur sa

rive gauche ne sont qu'une forêt pres-

que continue, dont il faudra rechercher

et sélectionner les bois précieux.Par dessus tout, le Laos paraît ex-

ceptionnellement riche en minerais. Le

Tran-Ninh a de l'or et de nombreux

métaux. Dans le voisinage relatif de

Thakhek, on a découvert des minerais

de fer et d étain qui ont une teneur en

élain extraordinaire. Un canot automo-

bile peut conduire, par le Mékong, de

Thakhek vers l'amont jusqu'à Pak-hin-

boun; là on remonte en pirogue un

affluent du Mékong,et au bout de quel-

ques heures on débarque près d une

route à autos qui, en 45 km., con-

duit jusqu'aux mines de la Nam-Patene.

Une Société française est consttiuée

sous le nom de Société d'études et d'ex-

ploitation de tlndochivc ; non seulement

le travail de prospection est en bonne

voie, mais le travail d'extraction et le

traitement du minerai sur place ont

commencé et donnent des résultats tout

à fait satisfaisants ; la mine Barloloni

est en réelle exploitation.

Parler de produits miniers, c'est du

même coup postuler des modes nou-

veaux de transport, c est poser le desi-

deratum du chemin de fer. Les routes

présentes sont une « Introduction » :

le Laos ne sera en vérité débloqué vers

l'Est que le jour où il sera desservi parune voie ferrée.

Cette voie est à l'étude ; son trajet,sinon son tracé, est définitivement fixé ;elle se détachera à Tan-ap de la voie

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L'EVEIL ECONOMIQUE

4FUMEZLE "GLOBE" W*-ferrée, prochainement finie, de Vinh à r

Dong-ha, et elle aboutira, elle aussi, à a

Thakhek. Elle traversera la Chaîne An- c

namitique au col deMeu-gia dont la co- t

te exacte est seulement 418 m. Suivant t

le tracé qui sera sans doute adopté, et c

qu'est en train d'élablir en détail une 5

mission d'études, elle comportera un a

tunnel variant de 800 à 1.200 m. el pour r

la construction duquel on compte un t

minimum de quatre ans. Les longues i

controverses au sujet de l'opportunité ide cette ligne semblent êlre closes ; ce csont les champions de celte opportuni- l

té, P. A. Lapicque et Henri Cucherous- i

set, le Directeur très averti de l'Eceil

économique de l'Indochine (Hanoï), qui i

l'emportent décidément. On dit quetrois combinaisons sont en présence,ou même trois propositions pour l'en-

treprise de cette ligne nouvelle ; el par-mi les groupes qui offriraient de s'en

charger, on cite la Compagnie fiançai se

des Chemins de fer de l'Indochine el du

Yunnan ; or c'est celte compagnie qui« exécuté le fameux chemin de fer pa-radoxal du Yunnan qui monte jusqu à

Yunnanfou à 2.000 m. d'altitude, et qui,•après avoir donné de faibles espérances,est une des lignes ferrées du monde qui

procure les plus larges et les plus satis-

faisants bénéfices. Le très jeune Prési-

dent de soixante-cinq ans de son Con-

seil d'Administration, M. Gelten, qui a

été le primordial maître de l'oeuvre du

chemin de fer du Yunnan et qui a con-

servé une exceptionnelle vigueur phy-

sique et morale, est allé récemment

sur place étudier la question qui se

pose ; il est allé jusqu'au Mékong et à

Thakhek ; nous avons failli nous ren-

contrera Napé ; je l'ai revu depuis lors;il me semble fort qu'il est très enclin à

considérer la voie ferrée de Tân-Ap à

Thakhek comme un projet plus queraisonnable.

Le Laos est un haut pays clos, prisdans les montagnes. C'est une sorte de

Bolivie, toute réserve faite sur la diffé-

rence de dimensions, déformât, de ri-

chesse 1 Mais c'est une petite Bolivie ri-

che comme l'autre en gisements métal-

liques; et comme pour l'autre, il s'agitde savoir si ses productions minérales

trouveront leur issue économique vers

l'Est ou vers l'Ouest. Or, en ce qui re-

garde le Laos* nous- avons un intérêt

évident à lui procurer un déversoir na-

turel par l'Indochine, c'est-à-dire parl'Annam. Nous sommes pour l'heure en

parfaite intelligence avec notre voisin

de l'Indochine, le Royaume du Siam, et

nous devons tout faire pour maintenir

les accords, et, mieux que cela, l'accord

présent avec un Etat aussi sagement et

sérieusement gouverné. Notre entente

est constante avec son Directeur géné-

ral des Chemins de fer qui n'est autreou un des parents du souverain, le prin-ce Purachatra, homme d'une compé-tence spéciale reconnue de tous iestechniciens. Mais tandis que la politi-que des chemins de fer est menée auSiam avec une rapidité et une maîtrise

auxquelles nous rendons chaleureuse-ment hommage, nous devons être d'au-tant plus énergiquemenl incités à four-nir au Laos et aux Laotiens tous les

moyens de faire valoir les ressourcesde leur pays en utilisant les voies, lesterres et les habitants de notre domaineIndochinois fl)>

Le Laos est peuplé en majorité parce groupe de la très nombreuse famillethaï que l'on appelle les Lao ; T* quel'on a mis indûment au pluriel a faitcréer le nom barbare de Laos ; celui-ci,

prononcé à la méridionale avec insis-

tance sur la lettre finale, est devenu le

nom du pays ; puis l'on en a tiré les

mois nouveaux : Laotien et Laotienne.Il n'entre dans le plan de cet article ni

de refaire l'histoire des Lao, ni d'énu-

mérer les autres groupes assujettis ou

indépendants,tels que les Méos.les Mu,les Phong, les So, etc., que l'on rencon-tre aussi au Laos.

Les Laotiens constituent dans leur

ensemble une population soumise, faci-

le, docile ; ils ont été des persécutés et

des vaincus ; l'une de leurs cités prin-

cipales, Vientiane, a élé saccagée et ané-antie par les Siamois, en 1827 : les sta-

tues de leurs dieux, jonchant partoutles ruines de leurs temples et pagodesbouddhistes aux alentours de la petiteville déchue d'aujourd'hui, attestent

(1) Il n'est pas admissible que nous ne dé-pensions point la plus grande activité possibleà réaliser la ligne ferrée d'accès au Laos, deTàn-Ap à Thakhek par le col de Meu-gia : An-dré Duboscq rappelait naguère dans le Tempsavec opportunité que c'est nous qui avionspresque contraint les autorités Siamoises àconstruire sur leur territoire les voies d'accèsau Mékong qui sont destinées à faire la jonc-tion avec, notre ligne à nous: l'intérêt poli-tique et l'intérêt économique sont ici étroite-ment liés. Au sujet du Siam, la meilleur pu-blication récente est le numéro spécial deY Eveil Economique de l'Indochine intitulé Siam,Hanoï (1922J gr. iii"-^, 100 p., nombreusesfig. et cartes.

quelles furent la grandeur et sans dou-te la splendeur de cette ancienne capi-tale. Une capitale encore plus ancienne,

Luang-Prabang, dans la province du

Lan-Xang, demeure la résidence d'unroi régional dont la France a respectéle titre et la circonscription d'influence

politique, tout en lui faisant accepterson protectorat.

Les Laotiens ont produit et produi-sent sur tous ceux qui les approchentune impression favorable et même sé-duisante. Mais on les dit paresseux etrétifs à tout long effort. Est-ce vrai ?Leur vie est facile et n'exige pas ce tra-vail régulier et forcené qu'on pourraitappeler « à l'européenne » ; de plusils ont subi collectivement l'influence

déprimante d'avoir élé des vaincus etde ne plus être agglomérés en uue puis-sance politique de grand rayonnement.De là à les supposer ou prétendre inca-

pables de travail, il n'y a pas très loin.Pourtant les piroguiers laotiens saventcertes ce qu'est la vie dure; pourtantles cultivateurs de riz s'acharnent à bienentretenir la rizière. Pourtant, surtout,ceux qui les ont employés et qui, ayantsaisi leur nature psychologique, ont sules prendre etlesmener.déclarent qu'ilsfournissent une main-d'oeuvre liés sa-

tisfaisante : les chefs des mines d'étain

affirment qu'ils peuvent être et qu'ilssont de bons mineurs et de vrais ou-

vriers, et M. Drouol, le créateur de la

roule de Napé à Thakhek a réussi ce

magnifique tour de force en employant

uniquement de la main-d'oeuvre lao-

tienne.Subissons donc le charme des habi*»

tants du Laos, tout en ayant, à l'exem-

ple du poète très politique qu'est l'ac-

tuel Ministre des Colonies, M. Albert

Compagnied'Exportationd'Extrême-Orient

(SociétéaiwDjmeau capiul de 1.000.000 fruo)

Siège d'exploitation — Hanoï (Tonkin)Sièue social : Paris 48, Bd Haussmann

Matières premières et Produits

ïahriqués d'Extrême-Orient

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L'KVKIL ECONOMIQUE

Sarraut, une ferme confiance dans le b

développement progressif de leurs ap- h

titudes. b

Nous parvenons ainsi jusqu'à un d

dernier ordre de considération, plus t

politique qu'économique. L'auteur de i

La Mise en valeur des Colonies fravçai- l

ses (1) a pour sûr déjà réilécbi aux con- i

ditions de la « mise en valeur » du Laos : i

sera-ce avec le concours ou sans le con- i

cours de la main-d'oeuvre et de la labo- i

rieuse activité des Annamites ? <

Il en est, en Annam qui, s'occupant )

avec un zèle très fervent des popula- .

tions non-annamites, veulent exclure ]

tout Annamite des régions peuplées par

les autres groupes : tel l'administrateur i

Sabatier, à Ban-Methuot (Buon-roâ-

thuot), qu> >'égil les tribus lihadês et

Jarray (2). D'autres, par contre, sont

convaincus qu'on ne pourra mettre en

état de prospérité économique les pays

non-annamites qu'à l'aide de la main-

d'oeuvre annamite, et ce sont de beau-

coup les plus nombreux. Avec maints

administrateurs sont d'accord sur ce

point des missionnaires comme le sa-

vant Père Kemling, des Missions Etran-

gères, correspondant de YEeole fran-

çaise d'Extrême-Orient en résidence à

Konlum (Annam), ou des officiers ins-

truits et désintéressés comme le lieute-

nant-colonel Dubuisson, Chef du Servi-

ce géographique de l'Indochine à Ha-

noï (Tonkin), qui, en conclusion de sa

Conférence déjà citée sur Le Moyen Laos,

s'exprime ainsi '•

<(.Nous sommes d'avis, mes camara-

des et moi, qu'il convient d'encourager

et de développer la colonisation du

Laos par les Annamites, qui seule pour-

ra fixer dans le pays une main-d'oeuvre

indispensable à son développement éco-

nomique... Dans la province du Cam-

môn, il y avait,en 1913, 845 Annamites,

il y en a plus de 2000 aujourd'hui. Dans

la province de Savannakhet, il y en

avait 639en 1913,il y en a 1.300 aujour-

d'hui. En huit ans, la population im-

migrée a plus que doublé dans la pé-

riode de construction des routes. L'ou-

verture de celles-ci,et plus tard la cons-

truction d'un chemin de fer, autorisent,

à mon avis, les plus belles espéran-

ces (3). »

A coup sûr, entre deux régions com-

me le Laos, qui a au maximum dix ha-

bitants au kilomètre carré, et le Nord-

Annam (les trois provinces de Tbanh-

noa, de Vinh et de Ha-tinh ont ensem-

ble au moins 3millions d'habitants)dontla densité est en bien des points de plusde deux cents par kilcmètre carré, lors-

qu'on établit des voies qui sont de vé-

ritables « vases communicants », il est

bien impossible d'éviter les migrations

intérieures, à supposer même qu'on ne

les estime pas, avec M. Dubuisson, émi-

nemment désirables. Aussi bien, l'An-

namite se jette au long de la route dés

que celle-ci est ouverte. Voici un petitfait inédit qui m'a été signalé par le Ré-

sident de Vinh, M. Métaireau, et qui se

réfère à un tronçon de l'une des trois

roules nouvelles de l'Annam au Laos

(la plus septentrionale, celle qui va à

Xiêug-Khouang et au Tran-Ninh) ; le

loDg du fleuve Song-Câ à mesure quela route a été finie, les Annamites ont

essaimé et ont installé des cultures,

dans le cas particulier des cultures de

maïs, sur des alluvions qui bordent le

fleuve et sur une longueur de 50 km. au

moins : il y a là de nouveaux colons

annamites qui sont déjà enrichis, car ils

font normalement deux récolles de maïs

par an.

Mais le résultat esl que les doux ha-

bitants primitifs, les Muong, ou bien ont

élé éliminés ou se sont retirés : il n'en

resle plus. Les Annamites font le vide ;c'est ce qui explique la gravité sociale

de leur immigration ; par leur travail

agricole et surtout par leurs remarqua-bles aptitudes au négoce, ils réduisent

à rien les populations plus indolentes.

Si Savannakhet, par exemple, sur le Mé-

kong, n'est plus aujourd'hui un centre

très prospère, cela ne vient-il pas de

ce que les Annamites, établis là en assez

grand nombre, en haie et en tout cas

sans mesure, ont fait fuir les Laotiens ?

La politique actuelle des Gouver-

neurs généraux et de presque tous les

Résidents supérieurs est certainement

une politique très favorable aux indigè-

nes, et parlant à ceux qui constituent

l'énorme majorité des vingt millions

d'Indochinois de l'Indochine française,les Annamites. En vertu de ces mêmes

principes heureux et de cette politique

qui a fait ses preuves, la France se doil

à elle-même et doit à ses administrés

de défendre les groupes plus faibles etde ne point les laisser absorber ou éli-

miner par les Annamites (1).Si donc il n'est ni possible, ni dési

rable que le Laos, nouvellement ouvert

soit fermé aux Annamites, si même une

participation des Annamites aux efforts

de la mise en oeuvre qui va être tentée

est nettement souhaitable, elle doit être,à notre avis, très minutieusement sur-

veillée et mesurée. Problème délicat

dont nous posons les termes et dont il

s'agit de découvrir la formule de dosa-

ge qui le pourra résoudre, conformé-

ment aux intérêts vitaux du Laos et du

peuple laotien. Car la route n'est pas

qu'un fait économique. Qu'on le veuil-

le ou non, par la réalité de son rôle

même et par toutes les conséquences,

proches ou lointaines, qu'elle détient

en puissance ou qu'elle détermine, elle

est aussi un fait politique.JEAN HRUNHES'

( i) En ce sens, il est opportum d'annoncerque par un arrêté du Gouverneur Général p. i.en date du 27 août 1923, il vient d'être crééau Laos une Assemblée consultative indigène,appelée à donner ses avis sur les questionsd'ordre fiscal, administratif ou économique.L'assemblée se réunira chaque année dans lecourant du mois de juin à Vientiane. Ajoutonsdeux autres informations de détail se rapporttant à des questions traitées dans notre arti-cle et concernant des faits postérieurs à la ré-duction de ces pages. A la p. 426 nous faisionsprévoir l'organisation d'un train de nuit sur lavoie ferrée de Hanoï à Vinh ; or c'est chose,faite et l'on peut dire que c'est une nouvellevictoire de l'Eveil Economique. Depuis le moisde juin untrain de nuit circule une fois par se-maine entre Hanoï et Vinh — Benthuy (par

: ailleurs de Uùnghà à Tourane, on a créé untrain de nuit quotidien (\) depuis le 15 juinet de son côté la Compagnie du Yunnan a aussi

•inauguré un train de nuit hebdomadaire de

! Hanoï à Laokay). Tous progrès de l'exploitation> des lignes existantes que nous saluons et en-

courageons. A la p. 416 nous avons parlé del'opportunité et de l'urgence de lavoie de Tàn-

» Ap - Thakhek qui se détacherait du tronçon

t Vinh - Dônghà « prochainement fini > ; or,par arrêté du Gouverneur Général p. i. du 14mai 1923 un prélèvement de 3.750.000 piastres

t a été autorisé sur la Caisse de réserve du hud-

s «et pour permettre l'achèvement du tronçon.C'est la condition non ras suffisante mais

' nécessaire de la construction du Tân-Ap -s Thakhek.B

(i) N.D.L.R. — Hélas ! déjà re-1 devenu hebdomadaire.

(1) Albert Sarraut, Paris, Pavot. 1022. —

Voir Annales dc'Géoqmphie, XXXII, ir> mai

1923, p. 000-000.(2) J'ai donné des informations assez neuves

sur ces tribus des lihadés et des Jarray et surl'oeuvre de M. Sabatier dans deux articles du

Journal de la Marine marchande intitulés Chezles Primitifs de VIndochine centrale, et pour-tant en sous-titre, l'un : Le sacrifice du bufflesans fétiche el sans totem (revue citée 12 avril

•1923, p. 337-338), et l'autre. Le matriarcal(19avril 1923, p. 361-362).

(3) Ces paroles datent du milieu de l'année1922 (Cahiers de la Société de géographie de

Hanoï, Premier Cahier, p. 18).

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L'EVEIL ECONOMIQUE

L'URBANISME(Suite voir N° 329 et 330)

Dalat -L.e nouveau plan dispositions généralesDalat sera une Station d'Altitude modèle

conçue suivant un plan d'ensemble, basée isur des expériences faites ailleurs, et sur les inouveaux résultats obtenus.

Au lieu de laisser la division et la conces-sion des terrains au hasard et- à la fantaisiede chacun, le plan établi tient compte del'avenir de la ville, ce qui évitera d'avoir re-cours plus tard à des modifications coûteuseset souveut difficiles si elles ne sont pas im-possibles, et forçant quelquefois de s'accom-moder de situations gênantes pour le futurdéveloppement de l'agglomération.

L'on ne peut tolérer daus un quartier ré-servé à l'habitation, le voisinage possibled'établissements bruyants ou malproprespouvant troubler la paisible jouissance d'unepropriété daus laquelle l'on est venu cher-cher le bon air et le repos. Tout acheteurd'uu terrain saura qu'autour de sa villaviendront s'élever d'autres villas analogues,entourées aus-i de jardius d'agrément avecdes arbres. Dans les zones réservées aux ré-sidences, l'on iuterdira tout commerce, toutcafé bruyaut, tout établissemeut pouvantattirer des geus indésirables. Ces derniersélémeuts seront groupés à part tout en étantà proximité des habitations, dans des zonesréservées à cet effet.

Eu un mot, toutes les propriétés situéesdaus le périmètre de Dalat seront placéessous uu régime protecteur dont les disposi-tions ont été étudiées de manière à faciliteret à reudre agréable la vie en commun, et àobvier, autant que possible, aux difficultésproveuaut du voisinage. Il est indispensablepour les acheteurs de terrains qu'après s'êtrerendu compte par eux-mêmes de la situationpréseute, ils puisseut connaître les garantiesqui leur sout réservées pour l'aveuir.

11est nécessaire, et cela est facile à Dalat,d'établir uu règlement de voirie dans uuesprit particulier, qui en même temps qu'ilfixera les droits et les devoirs de la com-munauté envers les habitants et vice-versa,déterminera et sauvegardera ceux des habi-tants les uns vis-à-vis des autres ; c'estassurer la liberté de chacun.

L'aspect esthétique de la Station d'Altitudesera aussi envisagé. L'on soumettra avantde bâtir tous les projets de construction àl'inspection et à l'approbation du serviced'Architecture des Bâtiments Civils. Lesprojets insuffisants ou pouvant nuire à labeauté de Dalat seront refusés.

Les points de départ du nouveau plansout :

(1) Le Lac(2j L'Hôtel avec ses dépendances.(3) Le village annamite.Ces points existent déjà et c'est donc en

tenant compte de leur position que le nou-veau plan a été tracé.

(1) Le Lac — sera le grand .centre del'agglomération. Autour de sa vallée vien-dront se placer les établissements publicsles plus importants : l'Hôtel ; le Casino ;le Collège de garçons ; le Collège de filles ;le Cercle Sportif (Country Club) ; et plusloin le centre Gouvernemental. Le centreSportif sera établi dans une partie du fondde la vallée. De grands lotissements sontprévus en bordure pour des villas impor-tantes. Cette vallée formera l'axe de toute la

composition de Dalat et permettra de jugerd'un seul regard l'ensemble et l'importancede la Station d'Altitude.

(2) L'Hôtel Palace— sera amplifié, l'ony ajoutera des chambres (40), un jardin d'à.grément sera étudié à l'entour pour la pro-menade et les jeux d'enfants.

Casino. — Il sera élevé vers le lac et pla-cé presque au même niveau, en communica-tion facile avec l'Hôtel-Palace. Au pied, lelong du lac sera disposé une terrasse avecbalustrades et pavillon de thé situé directe-ment sur l'eau.

Eutre l'Hôtel-Palace et le Lac, la pente duterrain formera jardin publicdans lequel,sont déjà disposés quelques pavillons d'ha-bitation dépendant de l'Hôtel. Près du Casi-no et le loug du Lac se trouveront quelquesteuuis et des espaces pour le croquet et lesjeux de société. (Cet endroit a reçu un com-mencement d'aménagement).

Le Casino comprendra : une grande sallede réunions et de fêles avec petite scène ;des salles de jeux ; un café avec services ;une salle de lecture et des portiques pro-menades.

Centre administratif. — A l'Ouest del'Hôtel Palace sont réunis les différents ser-vices administratifs de la petite aggloméra-tion. A proximité l'on trouvera : le centrereligieux, les écoles laïques et le futur quar-tier de commerce Européen. Exceptionnel-lement pourront s y élever quelques ate-liers de constructions el de réparations d'au-tomobiles. Les premiers ne seront tolérésque pendant la période de construcliou.

Les édifices administratifs se grouperontautour d'une place publique arrangée de fa-çon à présenter uu eusemble esthétique aucentre de la ville. Des portiques donnerontaccès aux principaux édifices et faciliterontla circulation eu procurant un abri et del'ombre aux visiteurs. Uue tour avec horlo-ge dominera la place. Là, viendront s'ins-taller : les Bureaux de la future Mairie deDalat ; le Trésor ; la Poste ; le Commissai-re de Police; la Bibliothèque municipale; uue

Salle publique de Réuoions et de Cinéma ;la pompe à incendie.

Etablissements religieux. — L'Eglisesera assez vaste pour contenir au moins 300fidèles. Une salle de catkéchisme y sera ad-jointe. Au devant l'on ménagera une placeavec portiques et calvaire pour les cérémo-nies en plein air.

Auprès sout déjà groupées les Missions etles Soeurs de St Paul de Chartres.

Ecoles Primaires Européennes. — Desécoles pour les filles et les garçons pour 100élèves viendront à l'Est de l'établissementactuel du scal. Elles auront des classes avecvestiaires et de grandes cours de récréations.

Des habitations entourées de jardins se-ront réservées aux instituteurs.

Service des Travaux Publics. — Lesservices des Travaux publics seront placésplus à l'Ouest. Là se trouveront les Bureauxnés Ingénieurs, le Cadastre, les bureaux del'Architecte des Bâtiments Civils. 11ne seraitpas désirable d'y trouver des logements endehors de ceux des secrétaires indigènes.

Service Forestier. — Plus à l'embranche-ment de la route du Camly et de celle quidonne accès au Mamelon du GouverneurGénéral, nous prévoyons un Musée Ethnogra-phique, Zoologique et de Botanique, qu'ilserait intéressant de fonder sur le plateaudu Langbian.

Des salles seraient réservées pour uneexposition de la chasse, avec des spécimensde trophés des animaux sauvages les pluscurieux. Une bibliothèque spéciale y seraadjointe.

Une habitation pour le Garde Général desForêts avec un espace assez grand pour lesinstallations et les dépôts de matériel duService Forestier.

Hôtel de Second ordre. — Cet hôtel aurasurtout ia clientèle spéciale des habitantsde Dalat. Il comportera une quarantaine dechambres conveuables avec toilettes, des sal-les de réuuion, une grande salle à mangeret uu vaste café d'habitués.

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L'ÉVEIL ECONOMIQUE

Cet hôtel serait aménagé à l'Est entre lavilla Rauzy et le groupe des Travaux Pu-blics.

Centre de Commerce Européen. — Leceutre administratif sera aussi le centre decommerce Européen. Là se trouveront les

Bauques, les Boutiques pour la veule d'ob-

jets de curiosités; le Cinéma, quelques cafés,les Bureaux de Tourisme, etc..

(3) Quartier Annamite. — Ce quartiersera établi daus les meilleures conditions

hygiéniques. 11 faudra prévoir les maisonsisolées pour l'habitation et éviter les « com-partiments » qui ne seront admis que dansle quartier de commerce.

Sou extension se fera vers le Mord ou lesemplacements seront réservés pour l'aveuir.

Marchés — Ces établissements sont pré-vus daus la vallée. Il faudra faire des rem-blais pour éviter les inondations, et établirles constructions sur-devées d'au moins unmètre. Je conseille d'ériger, comme celas'est fait à Baguio plusieurs constructions :marché des légumes ; de la viande;du pois-son ; des objets de vêtements, etc Uumarché aiusi divisé est plus pittoresque etplus aéré.

Ecoles — Des emplacements seront réser-vés pour une école de 150 élèves garçous et150 élèves fille», avec cours de récréation.

Pagode— Au sommet s'élèvera une pa-gode avec terrasse, pouvant servir de jar-din public.

Gare— La gare est située à l'Est à lasortie du col au-dessous de la Banque Indus-trielle. M. Porte a demandé une surface de80m x 400m pour la gare des voyageurs etdes marchandises, avec leurs dépendances.A l'eutour, le terrain assez plat permettrad'établir uu petit centre commercial. Desemplacements seront réservés pour les entre-

Gouverneur général. Là l'on pourra édifieruue ample habitation comprenant : uu ves-tibule avec vestiaire, deux salons, une sal-le à manger, un cabinet de travail. A l'é-

tage l'on disposera 4 chambres de maîtreavec salles de bains et cabinets. Uu jardinde promenade. Uu garage avec logementdu chauffeur, des logements de boys.

Etablissements d'Educations — Collè-

ges. — Le Collège de garçous est situé aunord-est du lac, sur un mamelon à la cote1.020. 11 est prévu pour 450 élèves. Nous

peusous aussi qu'il sera préférable à Dalat,où l'espace n'est pas limité, de prendre le

système des collèges anglo-saxons, c'est-à-dire de disposer les bâtiments des classes

indépendauls des bâtiments d'habitation.Le bâtiment des classes comprendra : les

salles de cours, salles d'études, salles de

dessin, amphithéâtre de physique et de

chimie, avec laboratoire.Pour le logement des élèves deux systè-

mes se présentent. A l'Ecole des Roches,(1)les élèves logent chez les professeurs. Ils

prennent leurs repas à la table du maîtreet de sa famille, et sont seulement aslreiutsà se trouver à l'heure aux repas. En Angle-terre et aux Etats-Unis, les élèves logentdaus des bâtiments à étages (3 étages au

maximum) dans lesquels ils ont tout le con-fort d'un hôtel. Ils preuueut leurs repasdaus uu réfectoire spécial et disposentd'une salle de réunion. A proximité de ces

bâtiments, sout les terrains de jeux et les

pelouses d'exercices physiques avec alléesde promenade.

Si nous prenons le second système, ilnous faudra au moins 2 bàlimeuts d'habita-tion.

Les professeurs seront logés dans des pa-villons séparés, placés d'une façon avanta-

geuse et jouissant de la vue du lac et dela vallée du Camly.

Collège de filles — Ce collège est placé auNord de celui des garçons. 11 comportera

les mêmes divisions que ce dernier, mais lebâtiment des classes sera complété par unesalle pour la couture, une cuisiue d'instruc-tion et quelques locaux de réception pourapprendre aux jeunes filles leur futur rôlede maîtresse de maison.

Hôpitaux et Maison de Convalescents —

L'hôpital européen sera prévu pour 80 lits

(1) — C'est un établissement analogue queprévoyait M. le Gouverneur Général Long.

pots, chantiers, petites industries etc etun quartier indigène s'étendra à l'Est versles emplacements à réserver pour le futurCentre gouvernementale

Un hôtel de second ordre d'environ unevingtaine de chambres, pourra être élevé en-tre la Route de la Gare et la Boute de l'Ar-bre Broyé, vers l'Ouest.

Résidence du Gouverneur Général —

L'emplacement choisi est à l'extrémité du con-trefort Sud-Ouest du plateau du Langbian.A cet endroit il sera possible d'avoir suffi-samment de place pour prévoir uue habita-tion ample et de grands espaces de jardins deniveau. A feutrée viendraient se grouper leservice de garde et les communs où l'on trou-vera un garage pour 10 autos, un atelier deréparation, des logements de chauffeurs etde domestiques. Uu buanderie avec séchoir.

L'habitation proprement dite compren-dra : Un vestibule avec vestiaire, deux sa-lons, une grande salle à manger, une peti-te salle à manger ; des offices, une cuisineavec dépendances ; un cabinet de travailpour le Gouverneur général avec pièce poul-ies secrétaires et salle d'attente. A l'étagesout disposées deux chambres de maîtreavec salles de bains et lieux d'aisance.Daus le jardin on aménagera une habita-tion pour les invités, comportant : un sa-lon, une salle à mauger, et 4 ou 5 cham-bres de maître. Une cuisine avec ses dé-pendances.

Dans le jardin l'on trouvera des allées depromenade avec treilles, portiques d'abris.Pavillons de repos avec baucs.

De petits sentiers donneront accès dansla belle forêt de pins qui s'étend tout au-tour sur les lianes du mamelon.

Résidence du Commissaire-Délégué.—Cette construction sera placée sur un con-trefort qui se détache à l'Est du mamelon du

avec facilité d'extension. Autour seront ins-tallés des pavillons pour malades désirantvivre en famille et une habitation conforta-ble avec dépendances pour le docteur.

Uu hôpital indigène pour une centaine delits s'élèvera à proximité du quartier anna-mite.

La Maison de convalescents ne sera pasuu hôpital, mais un établissement où pour-ront être envoyées les personnes qui aurontà se remettre d'une opération chirurgicale,les femmes fatiguées après un accouche-ment, aiusi que les personnes débilitées parle climat qui désireraient avoir des soins

particuliers difficiles à trouver daus unhôtel.

Nous avons établi cette couslruction surun contrefort se détachant du lia ne de la

montagne au Sud-Est de la Bésideuce duGouverneur Général. Là seront bâtis les lo-

gements pour 80 convalescents, partie eudortoir, ou chambres séparées, et partie eu

pavillons de famille. Uu bâtiment d'iniirmiè'res et des dépeudauces seront à proximité.

Cercle Sportif. — Le bâtiment principalsera établi près du centre sportif. H sera aumilieu d'un jardin aménagé pour le jeu de

golf.11comprendra : un rez-de-chaussée élevé

sur terrasse, des salons, une grande salle à

manger, oes salles à manger particulières,uue salle de billard ; des salles de jeux ; uuecuisiue avec services. Au premier étage se-ront aménagées une quinzaine de chambres

pour les invités des membres en visite àDalat. Eulin des dépendances avec garagepour 10 autos, logements de domestiques,atelier de réparation, etc

Centre de Sports. — Un centre est silué

près des collèges, au Nord-Est du Lac.11 comprendrait : Un grand espace pour

les réunions de jeux avec tribunes, uu théâ-tre de verdure, uue piste pour les coursesà pied, une piscine en plein air pour la na-

tation, un groupe de jeux de tennis, desiustallations pour les jeux de balles, ballons,

paumes, pelottes, boules etc...Les terrains au fond de la vallée pour-

raient être inondés. H faudrait pour évitercet inconvénient régulariser le cours du

Camly par uue série de petits lacs et bas-sins.

Zone réservée aux militaires— La zonemilitaire reste à la place qui avait déjà étéchoisie dans le premier projet, toutefois,elle a été réduite, les troupes d'occupation

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L'EVEIL ECONOMIQUE 13

européennes»ètaul moins nombreuses. Dans mle plau il est prévu uue grande résidence tiavec jardiu pour le général en chef comman- s;dant les troupes ; des pavillons spéciaux pour b;les officiers. p

Ce camp sera aménagé d'une façon pilto- aresque, l'on y trouvera les divers bâtiments cavec leurs services pour le logement des sol-dats et des sous-officiers.

Le vaste camp Anglais de Tangling à Sin-

gapour peut servir de modèle pour cet éta- Iblissement.

Un cercle militaire sera établi près du cer-cle sportif civil. 11comprendra des salons de

réception, une salle à manger, salle de bil-(

lard, fumoir, bibliothèque, etc Au pre- (inier étage seront installées quelques cham- (bres pour les officiers de passage. j

Abattoirs—Nous avons prévu l'abattoir en ,aval du Camly, près du village indigène. Bienentendu, l'on ne déversera dans la rivière

que des eaux chimiquement pures et peutêtre vaudrait-il mieux éloigner encore cetétablissement pour être encore plus sûr dene pas contaminer les eaux du Camly 1Celte question sera à revoir sur place.

Il faudrait prévoir dans l'avenir un éta-blissement pour une population de 10,000personnes environ.

Marché aux Bestiaux — Un espace libresera placé à côté de l'abattoir pour la ventedu bétail.

Centre Gouvernemental'

Sur un mamelon formant promontoire en-tre la vallée du Camly et celle d'un de ses

affluents, au Nord-Est" du Lac, l'on proposed'établir les furlurs services administratifsdu Gouvernemeul de l'Indochine. Ce marne-lou se retourne vers l'Est formant un pla-teau assez vaste pour la future extension desbureaux et même quelques habitations desti-nées à des fonctionnaires devant se trouverà proximité de leurs occupations.

Le dessin comporte sept bâtiments, dont

uu, celui du milieu, pourrait être un Monu-ment important contenant une salle d'as-semblées pour le Gouvernement et les bu-reaux du Gouverneur Général. Les six au-tres bâtiments seront réservés aux Services:Domaines ; Services Economiques; TravauxPublics : Mines, Douanes et Régies, Finan-ces, Agriculture, Eaux et Forêts.

Au bas, et pour régulariser le débit du

Camly, l'on établirait une vaste pièce d'eau

d'agrément. Les collines avoisirianies seront

aménagées eu jardins et quelques habita-tions de hauts fonctionnaires pourront y être

aménagées.Sème Quartier Annamite. — Le quartier

annamite de la Gare pourrait s'étendre versle centre gouvernemental ; un marché seraétabli pour le ravitaillement des fonctionnai-res.

C'est dans ce quartier que seront logésles secrétaires indigènes, les plantons, etc.

A Rabat (Maroc), les constructions gou-vernementales sont voisines de la demeuredu Résident Général. A Dalat, l'habitationdu Gouverneur général est située à l'autreextrémité de l'agglomération, offrant ainsiau Gouverneur et à sa famille plus d'isole-ment et de tranquillité.

A Baguio, le centre gouvernemental for-me le grand axe de la station d'altitude.Nous ne pouvons, élaut donné la configu-ration de Dalat, avoir un axe aussi prédo-

minant, mais situé à l'endroit choisi, ce cen-tre commanderait une partie de la vallée etsa situation permettrait de présenter sesbâtiments convenablement, offrant un as-

pect d'ensemble monumental, en rapportavec la richesse et la grandeur de l'Indo-chine.

LES SERVICES :

L'alimentation en eau.les égouts

et l'éclairage

Le bon fonctionnement' de ces servicesdonne le degré de confort de l'habitationdaus une ville. L'économie de la conceptionet de la réalisation de ces installations, avecie minimum de dépenses d'entretien est sé-rieusement à envisager.

Alimentation en eau

Deux solutions peuvent être envisagées :lo_ Créer uu barrage pour retenir les

eaux du Camly, assez en amont,pour que les

eaux ne soient pas polluées et ensuite en-

voyer ces eaux daus un réservoir élevé quipermettrait la distribution dans la ville.

2» — Recueillir les eaux des diversessources réparties dans les vallées latéralesdes affluents du Camly.

Bien que nous préférions la seconde so-lution qui nous douuerait des eaux plus

pures, nous pensons toutefois qu'elle seraitd'une réalisation difficile. Je crains qu'ellene fournisse pas suffisamment d'eau et nous

amène à réserver au droit de ces sourcesdes terrains assez considérables pour pro-téger l'eau contre des infiltrations dange-reuses.

Dans la première solution, nous avons del'eau en abondance, le Camly débitant, d'a:près les renseignements qui nous ont été

donnés, environ 45 mètres (1) cubes parseconde, ce qui serait plus que suffisant

pour la consommation ne Dalat pendantune très longue période.

Uu projet fut établi en 1931 par le Ser-vice des Travaux Publics et les tuyauxétaient prêts à être posés. Le barrage avait

été envisagé à la cote 1020. Les eaux aprèsavoir été ameuée à la cote 1040 devaient

être élevées à la cote 1080 où le réservoirde distribution était prévu.

Eclairage

L'installation de l'Usine actuelle est desplus provisoires, (1) il s'agit de songer pourl'avenir de Dalat à obtenir une force motri-ce plus puissante et plus économique.

A notre avis il faudrait chercher de suiteà utiliser les chutes d'Aokroët et commen-cer les études le plus tôt possible de façon àprévoir une exécution rapide.

Les chutes d'Ankroèt sont formées d'unesuccession de rapides, lesquels sur une dis-tance de 200 m. offrent une dénivellationd'une dizaine de mètres, puis une cascaded'une trentaine de mètres sur un peu moinsde 100 m. en distance horizontale, ensuiteune nouvelle succession de rapides présen-tant sur 900 mètres une dénivellation de26 mètres environ ; enfin une seconde cas-cade de 1? m. de chute sur 100 m. en dis-tance horizontale soit au total une dénivel-lation de 83 mètres sur une distance de1.000 mètres.

Pour commencer l'on pourrait utiliser lapremière chute.

Hauteur de chute 35 m.Débit à l'étiage 1.500 litres.Puissance 1.500 x 35 = 52 500 kg soit

700 H. P.

Compter sur une force utile de 500 II.P.

Longueur de la conduite forcée 150 m.Pour le début, il faudrait prévoir 2 grou-

pes de 150 H.P. dont 1 de secours ; dès

que la puissance de 150 H.P. devieut in-

suffisante, ajouter un 3ème groupe, deuxfournissant le service courant, le 3ème res-taut de secours.

(1) D'après certains autres renseignements leCamly donnerait 100 litres à la seconde c'est-à-dire 8.040 mètres cubes par jour qui pour-ront suffire pour une population de 20.000

personnes (Comptant 400 litres par personnepar jour).

Egouts- Ordures ménagères

L'évacuation des eaux usées sera étudiéeavec tout le soin nécessaire. A Baguio leprincipe général comporte la réunion deseaux résiduaires de groupes de bâtiments etleur envoi daus la vallée inférieure la plusproche où elles sont reçues dans de gran-des fosses septiques dont l'efiluent est en-suite déversé daus la petite rivière coulantà cet endroit. Mais Baguio se prèle mieux

que Dalat à ce système, ayant des valléesprofondes tout à l'en tour. Au Nord du Lacles terraius s'éteudeut sensiblement de mê-me niveau, il faudra réunir les eaux uséeset les amener en aval du Camly où ellesseront épurées avant d'être jetées oaus larivière vers l'Arboretum.

Les ordures ménagères seront incinérées

(0 La force motrice est donnée par un mo-teur à explosion très bruyant et dégageant demauvaises odeurs.

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L'EVEIL ECONOMIQUE

dans des endroits choisis en dehors et assezloin des agglomérations urbaines, autantque possible en dehors des vents régnants.

Cimetières

L'on réservera des emplacements assez

éloignés de préférence dans des creux de

terrain, pour les différents cimetières euro-

péens el annamites. Le cimetières actuelau Nord de la maison des missions est con-sidéré comme provisoire.

Propriétés particulièresLotissements

Les propriétés particulières seront ven-dues selon des plans de lotissement prépa-rés à l'avance de façon à éviter que les

groupements se constituent au hasard, etaussi de manière à ce que les terrains soientde différentes catégories accessibles à toutesles bourses. Eu plus, dans le centre urbainles lotissements devront être étudiés de ma-nière à ce que l'établissement des canalisa-tions d'eau et d'égoûts ue devienne pas troponéreux par suite d'un groupement tropdisséminé.

Nous avons prévu trois catégories de ter-rains :

La 1ère de 2.000 à 2.500 m.25La 2ème de 1.000 à 1.200 m2La Sème de 500 à 600 m2

Dans les dernières catégories les maisonspourront par économie être mitoyennesmais en aucun cas être groupées à plus de8 afin d'éviter le système « comparliment ».Dans le cas de maisons contigues les pro-priétaires devront s'entendre pour ne paslaisser des murs mitoyens apparents.

Il serait à aésirer que pour éviter l'enlai-dissement de Dalat les constructions puis-sent s'exécuter sur des plans fournis parl'Administration avec garantie d'exécutionintégrale. Divers types pourraient être ainsiétablis à peu de frais et les entrepreneurspourraient s'engager à exécuter ces types«staudards» pour un prix donné. Cesystèmefonctionne actuellement avec succès en An-gleterre pour la construction de WehvingCity près de Londres.

.le pense qu'à Dalat l'on pourrait pourfaciliter le développement de la ville laisserencore, pendant un certain temps, la per-mission de construire en bois. Mais ilfaudrait pour cela demander au Service Fo-restier de désigner des endroits où les cou-

pes pourraient être faites à l'avance, et yinstaller comme à Baguio, des scieries mé-

caniques pour débiter ces bois à peu de frais.

Réalisation

L'on ne saurait trop insister sur lesmoyens pratiques de réalisation pour menerà bien une oeuvre aussi importante et aussicomplexe que la construction d'une ville ;Préparation des chantiers ; délimitation desendroits pour extraire les pierres, pourfaire les briques, pour couper le bois et lemettre en oeuvre, etc... Ce sont souvent desdétails d'exécution non étudiés qui nuisent àla bonne marche des travaux en créant unmalaise qui amène le découragement.

Il faut aussi envisager tin programme deconstruction très précis et à longue échéan-ce afin d'encourager les entreprises sérieu-ses, qui volontiers feront des frais d'instal-lation à Dalat si elles sont certaines d'avoirun courant de travaux dans l'avenir. Si cesentreprises sont bien installées la construc-tion sera à meilleur compte.

C'est pour cela qu'il est absolument né-cessaire de bien voir ce qui a été fait dansdes cas analogues, d'étudier les exemplesde stations d'altitude déjà construites bien

qu'ayant été établies dans les mêmes con-ditions et avec les mêmes difficultés, pourpouvoir juger sainement des possibilités desuccès et de l'avenir de Dalat.

Voyage de Henri Mouhot au Cambodge en 1859

Le 2 juillet, après avoir mangé le riz or-dinaire du matin, nous étions prêts à nousmettre en route ; nous n'attendions, pourcela, que les éléphants et les chariots quele roi m'avait promis. Les uns et les autresne tardent pas à arriver, et nous traversonsla ville an milieu d'une foule immense ac-courue de tous les points de la ville pournous voir. Montés sur nos éléphants, suivisde notre bagage et de plusieurs pages du roi

qui nous accompaguent jusque sur la routede Piuhalù, nous voyous toute la populationprosternée sur notre passage, sans aoute

parce qu'elle m'a vu la veille avec Sa Majesté.Nous cheminions ainsi majestueusement

au train d'une lieue à l'heure, sur une trèsbelle chaussée élevée en certains endroits de

plus de dix pieds au-dessus de la plaine boi-sée, mais marécageuse, qui s'étend jusqu'augrand canal de jonction du Touli-Sap avecle Mékong.

Parfois nous traversions de beaux pontsen bois et en pierre, qui donnent certaine-ment une meilleure et plus haute idée deladministration du Cambodge que de cellede Siam, car à Bangkok même les ruisseauxet les canaux sont franchis sur des planchesétroites et minces, ou simplement sur destroncs d'arbres jetés en travers par les soinsdes habitants et non par les autorités elles-mêmes .

A deux kilomètres à peu près d'Udongs'élève une espèce de rempart en terre, dela forme d'un fer à cheval, qui entoure unepartie de la ville, et que l'on a eu pour but

d'opposer, au besoin, à l'invasion des Anna-mites, qu'à cette époque on s'attendait en-core chaque année à voir paraître au mo-ment des grandes eaux.

Nous rencontrons sur la route une quan.

(Suite voir nos N 08 329.330)

tité de piétons allant à la ville ou en reve-nant, sans doute pour l'approvisionnementdu marché. Elle est bordée de misérablescabanes en bambous, sur pilotis, semblablesà des poulaillers et qui servent de demeu-res aux malheureux Thiâmes que le roi littransporter là, il y a un an, des plainessituées à l'est du Mékong, pour les punird'une tentative de révolte.

Nous arrivons de bonne heure le mêmejour à Piuhalù, village situé sur la rive droitedu fleuve et assez considérable. Plusieurs deses habitants descendent de Portugais etd'Aunamites réfugiés.

La cité de Piuhalù est la résidence d'unévèque français, Mgr, Miche, vicaire apos-tolique de la mission du Cambodge el duLaos.

Mgr. Miche était absent pour le moment;mais je trouvais chez lui trois bons et aima-bles missionnaires qui me prièrent d'atten-dre son retour et me reçurent avec cettecordialité et cet empressement affectueuxqu'il est si doux de rencontrer à 1étrangeret surtout de la part de compatriotes. M.Fon-taine, le plus âgé des trois, quoique jeuneencore, compte près de vingt années de mis-sion. 11 faisait autrefois partie de la missionde Cochinchine. Je l'avais vu à Bangkok, oùil avait séjourné temporairement avant d'al-ler au Cambodge ; il éiait faible et souffrantalors ; je le retrouvrai avec plaisir plus vi-goureux et plein de gaieté. J'éprouvais beau-coup de sympathie pour ce digne homme ;il ue peut y avoir assez de missionnairescomme lui.

Un de ses collègues, M. Arnoux, élaitnonseulement mon compatriote comme Fran-çais, mais comme enfant du même départe-ment ; il est né dans le canton de Russey

et moi dans celui de Montbéliard (Douhs). 11avait donc double titre à ma sympathie. 11

appartient à la mission de Cochinchine, etétait venu de chez les sauvages Sliéngs pourrenouveler ses provisions; mais il s'étaittrouvé atteint de la dyssenterie par suite dela fatigue du voyage, et n'avait pu retour-ner à sou poste avec ses gens. En entendantces braves et dévoués soldats de l'Eglise ra-conter leur misère passée et présente, j'étaisquelquefois autant amusé qu'ému, tant ils lefaisaient gaiement. C'est le propre des enfantsde notre vaillante nation de savoir souffrir etmourir le sourire sur les lèvres. Quatre jourss'écoulèrent promptemeui dans l'aimablecompagnie de ces bons piètres, qui ne te-naient pas moins à me procurer l'occasionde voir leur évêque que moi à faire sa con-naissance. Je savais que je trouverais en luiun homme supérieur sous tous les rapports ;mais je ne m'attendais pas à trouver dansce héros des missions une simplicité et unehumilité égales à son instruction et à la for-ce de son caractère. Mgr Miche est très pe-tit de taille ; mais sous une enveloppe chè-tive il concentre une vitalité et une énergieextraordinaires. Les annales de la missionde Cochinchine qui était la même que celledu Cambodge il y a peu de temps encore,doivent compter "de belles pages consacréesaux actes de ce glorieux soldat du Christ.

N'étant encore que simple missionnaire,il fut emprisonné avec un de ses confrèreset trappe de verges, affreux supplice qui à

chaque coup fait jaillir le sang et entameles chairs. La sentence exécutée, on les ra-menait dans leur carchot afin de renouvelerle supplice le lendemain lorsque les plaiescommenceraient à se cicatriser.

« Gela fait horriblement souffrir, dit l'au-

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L'EVEIL ECONOMIQUE 15

tre missionnaire à Mgr Miche, et je crainsde n'avoir pas la force de supporter unenouvelle épreuve ?

— Soyez tranquille, lui répondit celui-ci,je demanderai à recevoir les coups pourvous.»

Et il eu fut comme il l'avait dit !Ici le missionnaire est tout pour ses pau-

vres catéchistes, médecin de lame et méde-cin du corps, juge, etc. Chaque jour, il pas-se plusieurs heures à entendre leurs diffé-rends et à remettre la paix où elle est trou-blée. Et elle l'est souvent dans une contréeoù un débiteur qui ne peut payer soncréancier devient, lui et sa famille, l'esclavede cet homme.

« Tu es mou esclave, dit un individu àune jeune fille qu'il rencontre par hasard.

— Comment cela ? je ne vous connais pas.Ton père me devait ; il ne m'a pas

— Je u'ai jamais.connu mou père ; il estmort avant ma naissance.

— Yeux-lu plaider ? Nous plaiderons ».L'homme en appelle à quelque mandarin,

débute par offrir un préseut, lui en prometun autre ; son pièces est gagné, et la mal-heureuse, sans appui, devient l'esclave deson persécuteur. Cetle antique histoire

d'Appius et de Virginie se renouvelle fré-quemment au Cambodge. Les Virginius seulsfont défaut.

Depuis que j'avais mis le pied dans ce

pays, la peur s'élait emparée de mes do-

mestiques ; elle fut à sou comble quand jeleur annonçai qu'il fallait partir pour visi-ter les tribus sauvages de Stiêngs, au-delàdu «rand fleuve. Le Cambodge est certaine-ment 1res redouté des Siamois ; les monta-gnes et surtout les forêts habitées par les

Stiêngs ont, à cause de leur insalubrité, au-

près des Cambodgiens et des Annamites,une réputation analogueà celle dont Cayenuejouit parmi nous. . . x.

Ces craintes ne pouvaient m arrêter, etdès que j'eus reçu du roi de Cambodge lalettre qu'il m'avait promise, je quittai Pin-halû dans une petite barque conduite pardeux rameurs, et me dirigeai vers le Mé-

kong. . .,En descendant le cours d eau qui y conduit,

large d'à peu près douze cents mètres, jefus étonné devoir le flot remonter du sud

au nord au lieu de descendre vers le fleuve

dont il semble le tributaire.Pendant près de cinq mois de l'année, le

grand lac du Cambodge, le Touli-Sap, cou-

vre un espace immense ; mais après ce

temps il diminue de profondeur, tout en

conservant à peu de chose près la même di-mension. A l'époque des pluies, ce ne sont

utiles comme objels d'échange avec les sau-vages.

Pnom-Penh. situé au confluent de deuxgrands cours d'eau, renferme une dizaine demille d'habitants, presque tous Chiuois,sans compter une population flottante aumoins du double. Celle-ci est composée degens venus du Cambodge et surtout de Co-chinchine, et vivant dans leurs bateaux.C'était l'époque où beaucoup de pécheurs,de retour du grand lac, s'arrêtent à Pnom-Penh pon.r y vendre une partie de leur i ois-son, et rù une foule d'autres petits com-merçants y sont attirés pour acheter ducoton dont la récolte se fait avant les pluies.Après avoir parcouru la ville, longue et sale,j'arrivai sur une éminence au sommet delaquelle on a bâti une pagode sans beauténi intérêt, mais d'où la vue s'étend sur unegrande partie du pays.

D'un côté se déroule, comme deux longset larges rubans, le Mékong, et son afilueut,au milieu d'une immense plaine boisée ; del'autre, c'est la plaine encore, et encore desforêts, mais bordées au sud el au nord-ouestpar de petites chaînes de montagnes.

Quoique Pnom-Penh serve souvent depassage aux missionnaires, ma présence nemanqua pas d'exciler la curiosité du peuple.La guerre de Cochinchine èlait le sujet detoutes les conversations et la préoccupationde lous ici. Uue quantité de malheureux pé-cheurs chrétiens, qui revenaient du grandlac. n'osaient rentrer dans leurs foyers.par cequ'ils savaient qu'à chaque douane on les obli-geait à fouler la croix aux pieds, et ils atten-daient là des nouvelles de la paix que l'on

pas seulement les eaux issues des monta-

gnes qui le bordent à l'ouest, qui le gon-flent mais le trop-plein du Mékong arrête

l'écoulement du lac, et finit par y déverser

une partie de son excédant.

Partis à onze heures de Pinbalù, à la nuit

tombante nous étions rendus à Puom-Peuh,le grand bazar du Cambodge. La distance

qui sépare les deux localités est de dix-huitmilles au pins. J'avais peu de chose à ache-ter car Mgr Miche et M. Arnôux avaient

absolument voulu charger ma barque d'une

provision de riz et de poisson sec suffisante,non-seulement pour toute la durée de mon

voyage, mais pour tout le temps que je me

proposais de passer chez les Stiêngs.Je m'arrêtai un jour entier, afin de voir la

ville et faire emplette de verroterie, de fil de

laiton et de cotonnade, qui devaient mètre

était,disait-on,en train de conclure.D'uu antrecôté, ce que rapportaient les Chinois et lesAnnamites qui avaient vu la prise de la villede Saigon aurait peut-être peu flatté l'or-gueil d'un Français. Je n'avais pas vu les glo-rieux bulletins de l'amiral /j'avais la douleurd'entendre l'ennemi nous traiter de barbares,et, faisant retomber sur nous la responsa-bilité de faits partiels sans doute inévitablesen temps de guerre, et surtout dans un paysoù le soldat souffre du climat et de privationsde toute espèce, s'étonner, lui, le peuple ieplus corrompu peut-être de tout l'Orient,de ne pas trouver en nous des hommes d'unesupériorité morale aussi incontestable quenotre supériorité intellectuelle et physique.

Le jour suivant, en descendant le fleuvejusqu'à, l'extrémité sud de la ville, nouslongeâmes comme uue antre ville flottante,composée de plus de cinq cents bateaux, etpour la plupart d'assez grande dimension.Ils servent d'entrepôt à certains marchandset de résidence à d'autres. Par prudence, ilsy laissent tout leur argent et la plus grandepartie de leurs marchandises afin d'être,en cas d'alerte, toujours prêts à prendre lelarge.

Quelque temps après,nous voguions dausles eaux du Mékong, qui commençait seule-ment à grossir, car dans tout le pays la sé-cheresse avait été extrême et retardée deplus 9e deux mois.

Ce grand fleuve, dont le nom siguifie« mère des fleuves », me rappelait beau-coup le Ménam, à quelques lieues au nordde Bangkok : mais son aspect est moins gai,quoiqu'il y ait quelque chose de très impo-

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16 L'EVEIL ECONOMIQUE

sant daus sa masse d'eau plus grande et se

précipitant avec la rapidité d'un torrent. Derares embarcatious. à peine distinctes d'unbord à l'autre, le côtoient péniblement ; ses

rives, élevées de six à sept mètres eu tempsordinaire, paraissent à peu près désertes, elles forêts ne se dessinent qu'à plus d'un mil-le par delà.

Le loug du fleuve de Siam, l'élégant feuil-

lage des bambous et des palmiers se déta-che et se dessine gracieusemeut sur le ciel

bleu, et le chant des oiseaux retentit del'une à l'autre rive. Ici des troupes de mar-souins bondissant hors de l'eau et courantle nez au vent, des pélicans s'ébattent sili-ces eaux profondes, ou bien des cigognes etdes hérons que l'approche de l'homme faitfuir silencieusement au milieu des roseaux,vienuent seuls nous distraire de notre pé-nible navigation.

Nous passons devant la grande île de Ko-Sutin distante de quarante milles au plusde Pnom-Penh et que nous n'atleiguonsqu'après cinq jours d'une marche difficileet laborieuse. Le courant est si fort qu'àchaque détour du fleuve nous sommes obli-

gés tout en redoublant d'efforts avec nos

rames, de nous cramponner aux joncs de larive pour ue pas être entraîués en arrière.

Plus on remonte vers le nord, plus ontrouve le courant rapide ; c'est au pointqu'à l'époque des grandes eaux on ne fait

guère qu'un ou deux milles par jour, et

que les rameurs vout souvent le soir cher-cher à pied du feu à l'endroit où ils ont faitcuire le riz le matin.

A vingt-cinq ou trente lieues au nord deKo-Sutin, sur les confins du Laos, commen-cent les rapides et les cataractes ; il fautalors quitter les bateaux pour prendre des

pirogues que l'on est souvent obligé de trans-

porter à dos d'homme, ainsi que tout le ba-

gage, pour franchir ces passages. Je nem'arrêtai à Ko-Sutin que quelques heures,et seulement alin de serrer la main à un au-tre pionuier de la civilisation, M. Cordier,prêtre de beaucoup de mérite provicaire dela mission du Cambodge et dont celte îleforme la résidence.

Dès mon entrée dans la pauvre chapellequ'il a dû construire lui-même, j'éprouvaiune certaine compassion pour ce digue hom-me, en voyant la misère et le déuûment quirégnaient autour de moi. Depuis trois ans,le pauvre missionnaire souffre d'une dys-senterie passée à l'état chronique; cependantil ne se plaint ni de ses privations ni (ie sesmaladies ; la seule chose qui le peine, c'estle peu de chrétiens qu'il est appelé à bapti-ser, car les Cambodgiens sont fort attachésà leurs idoles.

« Mais vous, me dit-il, savez-vous oùvous allez ? Je suis étonné qu'on vous aitlaissé dépasser Pinhalû. Demandez auxCambodgiens ce qu'ils pensent des forêtsdes Stiêngs, et proposez à quelqu'un d'ici devous accompagner, personne ne vous suivra.

Les pluies ont commencé, et vous allez au-devant d'une mort presque certaine, sinond'une Gèvre qui vous fera souffrir et languit

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des aunées. J'ai eu cette fièvre, la fièvre des

juugles ; c'est quelques chose d'affreux, deterrible ; jusqu'au bout des ongles je res-sentais uue chaleur que je ne puis appelerautrement qu'iufernale, puis succédait uufroid glacial que rien ne pouvait réchauf-fer ; le plus souvent on y reste, comme tantde mes collègues que je pourrais nommer.»

Ces paroles étaient peu rassurantes ; ce-

pendant j'avais tracé mon itinéraire ; je sa-vais que cette dangereuse région renfermedes coquilles terrestres et fluviales que je netrouverais nulle part ailleurs, et que cettetribu de sauvages presque iuconnue m'of-frirait une étude curieuse et intéressante ;il n'en fallait pas davantage pour me pous-ser eu avant..le me confiai eu la bonne Pro-vidence et coutinuai ma route en re-cevant ces dernières bonnes paroles de M.Cordier.

« Que Dieu accompagne le pauvre voya-geur ! »

Douze milles plus haut, je dus laisser ma

barque pour prendre la voie de terre. Je

partis à deux heures de l'après-midi, espé-raut arriver le même jour à Pempiièlan.graud village où réside le mandarin auquella lettre du roi était adressée ; cependant ceue fut que le lendemain matin, à onze heu-

res, que nous yparvimes : nous passâmes lanuit au pied d'un arbre.à côté d'un grand feu.

Je me rendis aussitôt auprès du manda-rin qui administre toute celle partie du

pays. H me reçut fort bien, malgré le peude* valeur qu'avaient les présents que je luioffris. Il donna immédiatement l'ordre

qu'on me préparai des chariots, puis m'offritune provision de tabac, d'arec et de bétel.C'était uu homme doux et assez distiuguèdaus ses mauières pour un Cambodgien ; ilme demanda des nouvelles de la guerre deCochinchine, quelques reuseignemeiits sur

l'Europe, le temps qu'il faut pour s'y ren«lire, etc.

Eu sortant de Pemptiélan, nous nous

engageâmes, pour n'en sortir qu'à de raresintervalles, daus d'épaisses forets, et nousdûmes passer les premières heures qui sui-virent notre départ dans des bourbiers oùnos misérables chariots enfonçaient jus-qu'aux essieux et d'où les boeufs ne purentnous tirer qu'à l'aide de nos hommes. Ladernière partie de la roule fut beaucoupplus agréable ; à mesure que nous nous éle-vions, le chemin devenait sec el uni l'as-

pect de la nature beaucoup plus varié.Nous n'avions pu faire que vingt lieues

en cinq heures, et il nous en restait près detrente jusqu'à Brelum. Cequi me fatiguait leplus était le mauvais vouloir des habitantsdes villages qui me louaient des boeufs etla lenteur de ceux-ci. Quand nous n'avionspas d'abri pour la nuit, nous avions beau-coup à souffrir de la pluie et de l'humidité,

Nous gardions presque constamment noshabits humides sur le corps, et, pour corn,ble de misère, mes deux domestiques fu-rent atteiuts de lièvre intermittente ; l'An-namite surtout eut une fièvre tierce que jene réussis à couper qu'au bout de dix jours.

Nous arrivâmes à Pump-ka-Daye, srokon hameau à l'extrême froutière, habité parune vingtaine de Stiêngs qui se sont rap.proches du Cambodge afin d'échapper àl'esclavage dans leur tribu. Nos chariotss'arrêtèrent devant un petit caravansérailouvert à tous les vents, et, aussitôt aprèsavoir dégagé nos bagages, mes couducteurss'enfuirent beaucoup plus lestement qu'ilsu'étaieut venus.

Le chef du srok ne tarda pas à se présen-ter, suivi de quelques hommes. 11 avait du

sauvage daus la physionomie et du cambod-gien daus le caractère. Je lui présentai malettre ; il me la rendit eu disant qu'il nesavait pas lire.

« Eu voici à peu près le contenu, lui dis-je:

« C est I ordre du roi à tous les chefs devillage où je m'arrêterai, de me fournir deschariots pour continuer mou voyage, et jevais à Brelum ».

— Nous n'avons pas de chariots, <r futtoute la réponse.

Bref, nous nous installâmes aussi bien qnenous pûmes eu attendant, le leudemaiu. Uunouvel eutretien avec ce chef me fit voirque je n'aurais pas d'aide de lui. Je pris leparti d'envoyer Niou, avec des Cambodgiens,porter à Brelum uue lettre à M. Guillouxet d'alteudre sa répouse. Celle-ci arriva lesoir du quatrième jour ; le père Guillouxm'assurait, daus les termes de la plus frau-che cordialité, que je serais le bienvenu,qu'il s'intéressait à moi et m'aimait déjàsans me connaître, seulement parce que j'a«vais eu le courage de venir jusque-là. Cebon père m'envoyait trois des chariots dela Mission et quelques-uns de ses Anuamites,ainsi que deux Stièugs pour m'aider à ga-gner sa station. Sa lettre me rassura com-plètement sur la crainte que je ressentaisd'être peut-être un hôte importun et ma-lencontreux pour le pauvre ermite qu<eje ve-nais surprendre aiusi.

Je partis donc avec confiance et plaisir.Nous avions deux grandes journées de mar-che pour arriver à lire lu m ; nous campâmesune nuit près d'au torrent, sur nos nattes,autour d'un bon feu, pour éloigner les hôtesféroces qui abondent dans ces forêts, et laseconde dans uue cabane abandonnée à

quelques milles de Brelum ; enfin le 10 août,à neuf heures du matiu, nous débouchâmesdaus une clairière de deux cent cinquanteà trois cents mètres carrés. Nous étions en-tre deux émiuences dont toute la base plon-ge dans un profond marécage ; sur la hau-teur opoosée, j'aperçus deux longues mai-sons de bambous recouvertes de cuaume etentourées d'un jardin ; puis, se dessinant

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L'EVEIL ECONOMIQUE 17

sur le ciel, au-dessus des habitations duvoisinage, la modeste croix plantée depuisdeux ans au milieu de ces effrayantes soli-tudes par deux nobles Français. C'était laMission de Brelum. Noire apparition futsaluée par plusieurs décharges de mousque-terie ; nous y répondîmes de notre mieux,tandis qu'au milieu de ce vacarme de feuxroulants, répercutés par l'écho de la forêt etpropres à faire rentrer au fond de leurs re-paires tous les monstres du voisinage, le

pauvre père Guilloux, les jambes couvertesde plaies envenimées, résultat des coursesoù l'entraînait son zèle et qui l'avaient re-tenu sur le grabat pendant plus de six mois,s'avançait en chancelant à ma rencontre surles troncs d'arbres jetés en guise de pont au%travers du marais

Salut à toi, noble enfant de notre chèreet belle patrie ! à loi, qui braves la misère,les privations, les fatigues et les souffrances,et même la mort, pour apporter à ces sau-

vages les bienfails de la religion et de lacivilisation ! Que Dieu te récompense de tesnobles et pénibles travaux, car les hommessont impuissants à le faire, et, du reste, tarécompense n'est pas de ce monde !

La case de l'oncle Apaït était plus élé-gante que l'humble presbytère de Brelum autoit d'herbes sèches, aux paroislde roseaux,au parquet de terre nue ; mais j'y fus reçuen ami.

(à suivre)

CORRESPONDANCEHanoi le 15 Octobre 1923

Cher Monsieur Cucherousset,11me serait agréable qu'une rectification

intervieuue au texte que vous avez publiédans votre numéro 331, du 14 Octobre der-nier sur l'iudustrie indigène de la soie auTonkin.

Ce u'est pas à moi en effet qu'appartientl'heureuse modification apportée à l'appareiliudigèue à dévider les cocons, mais bien àM. Einery, spécialiste en matière de soie.

Je n'ai eu, pour ma part, qu'à m'em-ployer pour généraliser L'emploi de cet ap-pareil, mais à ce sujet eucore, je n'ai puréaliser que peu de choses, en regard de cequ'a pu obtenir M. Emery, pour la diffu-siou de cet appareil dans les régions excen-triques du Tonkin et du Nord-Annam.

Je vous prie d'agréer l'expression cor-diale de mes sentiments.

Cit. CRÉVOSTMusée Maurice Long

Hanoï, le ù Octobre1923.Le Directeur du Foyer des Etudiants

Annamites à M. Cucherousset, Directeurde /'Eveil Economique.

Cher Monsieur,Je vous serais reconnaissant de bien vou-

loir publier dans votre journal la rectificationsuivante à l'article « L'abus des souscrip-tions publiques, etc.. » paru dans votrenuméro du 2 septembre dernier que je n'aipu voir plus tôt, étant absent.

Les... erreurs qui ont eu lieu au sujet de

certaines souscriptions ouvertes dans lesprovinces pour l'oeuvre du F. E. A. et dontje fais le récit dans le 1er numéro de notreBulletin se sont produites non pas en An-nam, mais au Tonkin.

Avec mes remerciements anticipés, veuil-lez agréer, je vous prie, cher Monsieur, messalutations distingués.

P. MONET.

N.D.L.R. — Que Verreur (subtil eu-phémisme) se soit produite à Vinh ouà Namdinh, à Nhatrang ou à Laokay,cela ne change rien. Nous maintenonsque l'administration doit s'abstenir defaire passer par la voie mandarinale deslistes de souscription pour quelle oeu-vre que ce soit.

CHEZ NOS CONFRÈRESNous avons bu du lait

Et tous les hommes de bon sens en ontbu en lisant dans le Courrier d'Haï-

phong le spirituel article de Kriton. « Au

Royaume d'Utopie. » Ce serait à mourir derire si ce n'était pas au fond à lu fois bientriste et bien inquiétant. En recrutant enFrance à prix d'or de vieux mandarins uni-versitaires le Gouvernement général a crubien faire. Hélas ! les idées neuves germentrarement dans les vieux cerveaux et ces fa-meuses compétences métropolitaines n'arri-vent pas à comprendre que les Annamitesn'ont pas pour ancêtres les Gaulois. Et nosécoles, petites, moyenues et grandes vontde plus eu plus enseigner à nos jaunes pro-tégés que leurs ancêtres avaient les yeuxbleus et les cheveux blonds, qu'à Noël le solest couvert de neige, que la vigne est la

plante nationale etc.Toutes les craintes que les gens prudents

avaient éprouvées lorsque fut créée l'Uni-versité et que M. Sarraut chercha à dissiper,se trouvent aujourd'hui amplement justifiées.Il est temps qu'on jette le cri d'alarme et

que soient renvoyés à leurs chères étudesles purs intellectuels et les poètes et quedes hommes d'un solide bon sens, commel'était le docteur Cognacq, soient mis à latête de nos services d'instruction publique-

La France au Yunnan

Les relations sont des plus cordiales en-tre les autorités provinciales et les ueprésen-tants de la France. La science et la culture

française auréolées par la victoire, serventmagnifiquement uotre influence.

C'est à nos ingénieurs, à nos officiers, ànos savants que le Yunnan doit la plupartde ses progrès techniques et son avance surles provinces voisines dans l'exploitationdes découvertes les plus modernes.

C'est sous la direction et le contrôle desingénieurs du Service radiotélégraphique del'Indochine qu'est entreprise l'installationd'un réseau de T. S. F. au Yunnan. Six sta-tions sont prévues, l'une de cinquaute kilo-watts à Yuniianfou, cinq autres de huit kilo-watts en différents points de la province. Ily a quelques semaines, était inauguré, à lacapitale, un poste de huit kilowatts, enattendant la grande station qui sera bientôttermiuée. Le Yunnan peut, dès à présent,comuuiquer avec l'Europe par l'intermédi-aire de Saigon, et directement avec Pékin,le Japon, Honolulu, Manille, etc....

La création du service d'aviation a été letriomphe de l'industrie et de la techniquefrançaise. C'est la supériorité incontestableet reconnue de nos appareils qui a décidéle Yunnau à commander en France six avionsBréguet de transport, à former ses premierspilotes et mécaniciens à notre centre deBach-mai, près Hanoï, et à demander l'en,voi, à Yunnanfou, d'une mission françaisepour le montage et la mise au point des ap-pareils, et l'exéoution des vols d'essais. Lesavions viennent d'arriver ; deux d'entre euxdéjà, conduits par nos pilotes, ont survoléla ville à l'occasion des fêtes anniversairesdu retour des « Armées pacificatrices du

Pays », en dépit d'un vent très irrégulier»soufflant par instants en rafales. Une foulede Chinois ont admiré, des places publi-ques et des toits des maisons, les proues-ses de nos aviateurs.

Récemment enfin, — après M. Sylvain Lé-vi, de l'institut, qui visita le Yunnan en dé-cembre dernier et fit plusieurs conférencestrès suivies, — M. le professeur Jean Brun-hes, du Collège de France, de passage àYunnanlou, était reçu avec déférence parl'Université chinoise. Sur la demande desmaîtres et des élèves, il donnait, devant unauditoire de douze cents personnes, une le-çon très applaudie sur la « géographie hu-maine ». Pour le plus grand bien des étu-diants et des « jeunes chinois ». M. Brunhes atiré, de l'étude objective des faits, des con-clusions qui vont à rencontre des idéologiesmodernes, et montrent que les sociétés et lesnations doivent leur existence et leur gran-deur à la collaboration de l'intelligence etde l'autorité.

Si satisfaits et fiers que nous puissionsêtre de nos succès, ce n'est pas le momentde nous endormir sur nos lauriers.

La Chine, décrétée indépendante et ma-jeure à Washington, est eu fait livrée à soninexpérience. Les théories réformistes deSun Yat-Sen l'ont privée de ses appuis sé-culaires, les puissances de vénération à l'é-gard du chef de famille, dont l'empereurétait le premier. Aussi, des secousses poli-tiques sont-elles toujours à redouter.

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18 L'EVEIL KUONlMMjUK

La disparition, d'autre part, de ce quej'appellerai les « chasses gardées » a rendu

plus âpre la concurrence des puissancesétrangères par toute la Chiue. Si la Graude-

Breiagne est mal vue au Yunnan depuis son

occupation du territoire contesté de Peinmaaux coutîus de la Birmanie nous avons enface de nous les Etals-Unis et le Japon. Ce-lui-ci d rige les écoles militaires, crée uuhôpital moderne, projette uue roule quiunira Yuniianfou au point trimions de la na-

vigation sur la rivière de >aiiion-llonikoig,Ceux-là recherciieut les nappes pélrolifèr*s,et, sous le couvert de la « Young Men'sChristian Associa ion » (Association des jeu-nes geus chré'iens), développent leur iu-flueuce commerciale, prônent des théoriessociales inadéquates à la mentalité chinoise.

Eu dépit des difficultés, nous garderonsla première place. Sachons dépenser. Sou-tenons nos oeuvres françaises : hôpitaux,écoles, missions. Ayons uue politique et sui-vons-la avec ténacité, i.a claire raison laliuedoit l'emporter et contribuer à créer l'ordre

pour le plus graud bien de tous.

A. BODAUD

La Revue du Pacifique.— Août 1923.

N. D. L. R.— En somme à la petite

légation de Yuniianfou on est assez sa-

tisfait : les bons lîoers succèdent aux

bons dîners,on y boit à la Culture fran-

çaise, à la Science, à lu Claire Raison

latine, à la Victoire auréolée et autres

divinités qu'adorent les Français ; les

photographes de Yunnanfou sont fort

occupés à fixer sur le papier sensible

le réconfortant spectacle de nos fonc-

tionnaires civils et militaires admis aux

places d'honneur à la table des grandsmaréchaux, amiraux et généralissimesde la grande, noble et invincible ar-

mée céleste.

Donc félicitons-nous...et déboursons.

Pourtant,si nous en croyons les hom-

mes d'affaires, la situation, pour être

peut être un peu moins anarchique

qu'ailleurs, ne serait pas des plus bril-

lantes au Yunnan; les affaires y seraient

plutôt stagnantes et la paix assez in-

certaine.

Le monument aux morts de Pékin

Le mouumeut aux morts de la guerres'élève maintenant à Pékiu sur le rond-

point de la légation de France. 11 a coûté,tons frais compris, 767 dollars, soit moinsde 14.000 frcs, eu comptant le dollar à 18fraucs.

Les organisateurs feraient bien de douuer

quelques couseils à la ville de Hanoï, quiestime qu'à moins d'un million, elle ne peutélever à ses morts uu monument honorable.

La Revue du Pacifique

N-D.L. R. — Voilà un raisonnement

qui est Archibeau, mais qui est tout à

fait a côté de la question. Notons en pas-sant que 767 dollars font environ 6.500

frcs, car la Chine emploie le dollar

mexicain ou un dollar chinois du mê-

me poids, qui équivaut donc à notre

La Banque de l'Indochine à Ha-noï informe sa clientèle qu'elle recevraà partir du Lundi 1er Octobre jusqu'auMercredi 30 Octobre inclus les sous-

criptions à une nouvelle émission deBons du Trésor par coupures de Fcs :500 et Fcs ; 5.000 — (nominal rappor-tant 6 °/o net d impôts, coupons àéchéance des 20 Mai et 20 Novembrede chaque année (Le 1er coupon étant

payable le 20 Novembre 1923 à Fcs.12 ? —)

Ces Bons seront remboursables au

gré du porteur :au pair le 20 Mai 1926,à Fcs 515 le 20 Mai 1929,a Fcs 540 le 27 Juin 1933.Le prix d'émission est fixé à Francs :

492,50.

piastre. Mais ce que notre confrère ou-

blie de considérer c'est que l'Indochine

est la riche. Indochine, qui a trop de

tout, comme disait l'autre jour Etonna-

font, et que Hanoï en particulier est

une ville si colossalement riche qu'ellene sait que faire de ses fonds de réser-

ves.Il oublie ensuite de considérer que

M.Ducuingestun si grand artiste qu'onne saurait payer assez cher son talent,

et que la France ne se prêtant pas de

bonne grâce à rendre millionnaire celui

qui sût pétrir l'argile à l'image et

à la ressemblance de M. Sarraut, il

appartient à l'Indochine de donner

l'exemple.

Informations DiversesLe transsibérien a

Les quotidiens du Tonkin oui donne les !10 e. 11 couraut I information suivante : |

Depuis le jeudi 6 septembre, la voie jdu transsibérien est utilisée pour l'ache-minement des lettres el caries postales 1seulement, ordinaires ou recommandées, a <destination de la Sibérie et de l'Extrême-Orient, le Japon excepté. Les expéditeurs quidésireront profiler de celte facilité devront por-ter une mention de voie en conséquence, surla suscriplion de leurs correspondances. Desenvois auront lieu chaque jeudi soir de Paris,le transsibérien n'assurant pour le moment, àpartir de Moscou, qu'un départ par semaines.

N.D.ii.R. — N >us lappellerous à uos lec-teurs que uous annoncions cette prochainereprise, il y a deux mois, dans notre nu-méro du 5 août.

Cet évèuemeut rend eucore plus urgente unesolution de la question du service postal de

llaïphoug à Hongkong, renforce eucore lathéorie de ceux qui disent que Hongkongdoit être le graud port de correspondancedu Toukiii;

11 faut en revenir purement et simple-ment aux termes du contrat signé avant la

guerre avec la maisou Marty, eu considérantla subvention accordée alors comme accor-dée eu fraucs or. Les navires étant, eu fraucsor, meilleur marché qu'avant la guerre, on

pourrait mê ne exiger des uavires plus ra-

pides et aménagés pour plus de voyageurs.Daus notre numéro du 5 août nous suggé-

rions même que la ligue tonkinoise fût prolon-gée directement sur Dalny, aiusi mis à septjours de llaiphoug, ce qui permet d'entre-voir le jour où le transsibérien fonctionneracomme avant la guerre, le voyage de llai-

phoug à Paris ou à Lyon se fera en moinsde vingt jours.

Les Services Contractuels

Nous avons reçu la visite de M. Chouvetagent général des Messageries Maritimes.Nouslui avons exposé très sincèrement et en détailles griefs du public contre sa compagnie;nous avons insisté surtout sur le mauvais es-prit évident.

M . Chouvet nous a parlé des trois bateauxque la compagnie va mettre en service d'ici àPâques, ou à la Trinité. . ou à la Trinité... ouà la Trinité ! En fait de bateau nous voyonssurtout celui que la compagnie monte en cemoment au naïf public tonkinois, et en fait de« Chantilly» nous ne nous intéressons pour lemoment q Taux bonnes fraises que nous man-gerons à Métropole dans quelque temps, à lacrème de ce nom. Nous ne bourrons pas lecrâne de nos lecteurs avec la description d'unbateau qui,primo,u'est pas conforme à l'échan-tillon et,secondo, n'est pas encore à quai à Haï-phons Avec les dirigeants de cette Compagnieon peut s'attendre à toutes les surprises. En

attendant nous sommes desservis par deuxvieux bateaux russes qu'un torpilleur russepeut ramener un jour ou l'autre à Vladivostocket par le vénérable « Orénoque » dont la com-

pagnie s'apprête à célébrer le cinquantenaire.Mous ne faisons pas crédit aux Messageries

Maritimes, nous attendons de pouvoir les jugersur des actes.

Kntre autres choses nous avons dit à M.nouvel que la Cie des Messageries Maritimes

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L'EVEIL ÉCONOMIQUE 19

qui aurait pu faire tant pour rapprocher leTonkin de la Cochinchine avait par son insi-

gne mauvaise volonté creusé le fossé qui sé-

pare les deux pays.11 .serait encore temps pour mieux faire,

même avec le vieil Orénoque.

Loterie de la Société des Enfants Aban-donnés

M. le-Résident Supérieur au Tonkin-a, sur

la demande de la Société, par arrêté du 15

octobre courant, remis le tirage de la Loterieau dimanche 16 décembre prochain. Cette re-

mise du tirage à six semaines ne doit être in-

terprétée comme un indice de non réussite de

la Loterie. — Au contraire, hien peu d'oeuvresde bienfaisance ont été accueillies avec autantde faveur et il ne reste plus qu'environ une

cinquantaine de carnets non encore placés,soit 2.500 billets sur 50.000 émis. Mais il faut

que la Société fasse le rappel des carnets non

placés, procède à leur nouvelle répartitionpour répondre aux demandes faites par des

intermédiaires charitables. Avec le délai ac-

cordé par M. le Résident Supérieur lotit sera

prêt bien prêt et bien en ordre pour le 16 dé-

cembre prochain, date du lira se qui ne sera

pas reculée de nouveau.

Les soldes des fonctionnaires

Noire article du 1 '» Octobre sous cette ru-

brique nous a valu des félicitations de plu-sieurs fonctionnaires. Cependant nous avonsété mal renseigné; en fait un garde-fores-tier de Ire classe a 2.725 p. et 5.500 frcs,soit environ 280 p. par mois au taux actuel- un chef de province touche 18 000 f. plus5.915 p. cela fait 8.1(55 p. par an soit 680 p.par mois.

Ceci pour ne pas parler des indemnités quin'ont rien à l'aire dans la comparaison entre

fonctionnaires.Nous avions accepté le chiffre de 500 p. sans

examen suffisant car le train de vie et les van

tardises de certains petits fonctionnaires, quenous éviterons de désigner si vaguement quece soit,ont beaucoup contribué à faire croire

aux soldes les plus invraisemblables el dans

certains services on tend à exagérer l'évalua-

tion de ce que l'on gagne dans d'autres en vue

de demander ensuite la péréquation.Quoiqu'il en soit un garde-forestier de 1ère

classe louche, non comprises ses indemnités

dans les 280 p. ; toutes les indemnités compri-ses cela peut aller jusqu'à 386 p

Cela rétablit entre les soldes une propor-tion plus raisonnable.

Ne quittez pas la Colonie...

Sans en emporter avec vous un souvenir

vivant, sous la forme de belles aquarelles re-

présentant des paysages typiques et des scè-

nes de la vie annamite.Un choix considérable el curieux est expo-

sé aux magasins la Perle, 11-13 rue Borgins' Desbordes à Hanoï, dont râtelier groupe les

; meilleurs artistes indigènes.

Le film du voyage de Marco Polo

M. Eugène V. Lamb de New-York, tourneurde films cinématographiques, est en route pourPékin, il se prépare à gagner Calcutta par voiede terre.

Il appartient au « Fox film corporation ol'New-York » et sa tàcbeprincipale en Extrême-Orient, sera de prendre des photos scéniquesde diverses contrées en Asie qui illustrerontun film basé sur le livre de Marco Polo, con-cernant ses voyages à travers le" continentAsiatique au moyen âge.

M. Lamb emporte avec lui un équipement

complet d'appareils cinématographiques dontil se servira pendant son long séjour à traversl'Asie. Partant de Pékin il gagera Calcutta entraversant la Mongolie, le Thibet nord, le Tur-lsestan chiois, les Jndes et ainsi jusqu'à Cal-cutta.

Il projette de voyager à dos de chameau eldéclare que dans deux ans le film, qui sera lerésultat de son travail, paraîtra sur l'écran auxEtats-Unis. Il doit rejoindre à Chanjdiaï M. A.II. Eckie, un autre tourneur qui fera le voyageavec lui.

M. Lamb est bien connu à Pékin et dansd'autres cités orientales. Il séjourna pendant

Mémento des EntrepreneursOffres et adjudications

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Hanoï Hadong. . , . '.j 180.000

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Dôrig .1Construction d'un pont eu béton arme crov. dej

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id id i Construction d'un'pavillon aveo galerie de tac-!jcordemeiit Hôpital Indigène Hanoï j 100.000 i

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Haiphong (droite du Fieuve Rouge , . .j 58.000 ;12 nov. Mairie de ! Fourniture en 5 lots de 1350 tonnes de graines)

Marseille ;de ricin ! Adj.31 octobre Rès. Sup. Exploitation d'un hôtel à Dông-lloi. à Quang-

I Huê -.Ngaiet àTuy-Hoa Adjud.27 octobre T. P. Tonkin i Fourniture en t-l lots de matériaux d'empier-

j Hanoï ; renient Dour les routes coloniales en 1921. . .I

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27 octobre T. P. Tonkin j Construction d'un bureau de poste nu aie avecHanoï [cuisine à Vinh-Bao province de Hadong . . . 1.000

à Bièn-Dong province de Racgiang ..... idà Trièng-Xa province de Ktên-An. ....... idà Dong-Quan province de Ïliai-Bmh id ;'à Tho-Hoanh province de Huong-Yên , .... ida Thnân-Thanh province de Bae-Ninh .... id

9" octobre T. P. Tonkin Construetion de 2 variantes entre les km. 22.583Hanoï et 23.300 entre les km. 26.086 et 27.274 province

de .Langson 4.000

30 oct. Rés.. Mairie Construction d'un atelier municipal à Namdinh 1.700Nam-Dinh -

3 Nov. T. P. Tonkin Construction d'un pavillon HApital indigèneHanoï deBackan. 3.000

5 Nov. id Construction d'une école a 8 classes à Namdinh 15.400j

ici id Terrassementde la plate-forme entre km.82.869 i

et 106.598 2e Territoire militaire à Cao-Bang . -14.000

13 Nov. Intendance Hanoï Fourniture de 120.000 kg. de t'arme de froment.| OffresjI

Riche trouvaille de fossiles en Mongolie

A. Pékin on porte un grand intérêt à M. Hen-

ry Fairchild Osborn, le conservateur hono-

raire du Musée d'Histoire naturelle Américain,

qui se trouve actuellement au Japon.M.Osborn,un paléontologiste hien connu dans

le monde entier, s'était mis en roule pour la

Chine afin de faire une inspection personnelledes grands champs de fossiles situés en Mon-

golie, qu'on rapporte comme étant d'une plusgrande importance qu'on ne le pensait aupa-ravant.

D'autre part, M. Roy Chapman Andrews,

chef de la troisième expédition Asiatique, est

arrivé à Pékin de Erlien ; d'autres membres en

viendront plus tard.On dit que l'expédition, cet été, a fait de

telles découvertes, que le musée à New-York

pourra, dans son travail de reconstruction,

donner un tableau éclatant de la vie en Asie

il y a des milliers d'années.

Journal de Pékin

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20 L'EVEIL ECONOMIQUE

sept ans à Pékin qu'il quitta il y a 18 mois en-

viron. Pendant longtemps il fit partie du

personnel de la Légation d'Amérique. Durantla guerre il servit dans la Marine Américaineoù'il montra une grande activité. Après la

guerre il retourna à Pékin où il prit des vuesde divers endroits et dirigea la préparationd'un certain nombre de films chinois.

Politique de Pékin

La concurrence Allemande en

Extrême-Orient

Le transport des voyageurs pour Shanghaiest assuré par un paquebot allemand au prixde S.oOOfrs en première classe et 2.600 frs eu

troisième, en comptant la livre à 70 frs. On

présume que cette concurrence obligera la Ciedes Messageries Maritimes à abaisser ses prix.

Les douanes australiennes

Les douanes australiennes ont procédé à uneépuration sévère de tous les livres importésdans le pays. C'est ainsi que plusieurs romansanglais et américains, de même que le Dicame-ron et plusieurs réimpressions de livres lran_<;ais du XVIIIe siècle n'ont pas trouvé grâceaux yeux des censeurs gouvernementaux. Leconsul d'Italie à Melbpurne a envové une let-tre véhémente de protestation aux autorités,contre la mise à l'index du Décaméron, disantque.Boccace est lé père et le modèle de laprose italienne et que l'un de ses plus brillantsillustrateurs fut Norman Lindsay, un artisteaustralien.

L'Océanir Française

Travaux à l'entreprise. . 11.562 p. 50

Cautionnement provisoire. . 200 p. 00

Avis d'app:els d'offres.

Le 23 Octobre 1923 à 16 heures

Amélioration de la route coloniale n° 1

entre les km.8 et 14 section Langson-Dông-

Dang (Laugson). -.

Travaux à l'eutreprise. . 4.762 p.64

Cautionnement provisoire . . 80 p.00

Le 27'Octobre 1923 à 16 /lettres

1° — Construction de 2 variantes entreles Km. 22+.583 et 23+300 et entre les km.26 + 686 et 27 + 274 pour éviter 4 pas-sages à niveau de la route coloniale n- k

( Langsou).

Travaux à l'eutreprise . . . 3.260p.0O

Cautionnement provisoire . . 55p.00

«o _ Construction de 6 bureaux de

poste rurale avec cuisine à Vinh-ilao <llai-

Duoug) ù Biên-Dang (Bacgiang) à Dông-

Quang (Thai-biuh) à Trinh-Xa (Kiên-an)à Ttao-Hoaug (Hung-Yèn) et à Thuan-Tbanh

(Bacuiuh).Pour chaque bureau :

Travaux à l'entreprise. . . 968 p. 21

Cautionnement provisoire. . . 15 p. 00

3VOTA. — Les entrepreneurs devront

joindre leurs patentes aux pièces à produi-re obligatoirement. Faute par eux. de se

conformer au présent avis, leurs soumis-

sions seront considérées comme nou ave-*

oues.

Le 3 Novembre 1923 à 16 heures

Construction d'un pavillon pour les iso-

lés à l'Hôpital Indigène à Bac-kan.

Travaux à l'entreprise . . 2,621 p.75

Cautionnement provisoire. . 45 p. 00

Ve Foire de HanoïLA

se tiendra

du

2 au 16 Decembze ptochain

Travaux Publics Hanoi

Avis d'Adjudication

Le 5 Novembre 1923

1»— ù 16 h.— Construction d'uueScole

à 8 classes avec W. C. à Nam-Dinh.

Travaux à l'entreprise. .,. 14.016 p. 35

Cautionnement provisoire. . 230 p. 00

2o — à 16 h.15 — Travaux de terrasse-ments pour élargissement de la plate-formeeutre les P. K. 82 + 869 et 106+595 de

la route coloniale N° 4 (2ème Territoire Mi-

litaire de Caobang).

CHANGE DE LA PIASTRE

J 1^23 13 Octobre I 15 SOclobre 46 Octobre 17 Octobre 18 Octobre 19 Octobre I

Chant*e officiel du Trésor . . . 8 tr. 20 I 8 fr. 15 8 tr. 15 8 fr. 10 8 fr. 20 8 tr. 25'

Banaue t Cours argent fin àLondres 31 5/10 incoté 31 7/16 81 3/8 31 3/8 31 3/8.* \ Taux de la Livre en frcs 74 64 — 73 76 1/2 74 06 75 48 75 49

l'Indochine)Trai^es à vue sur PariS 8 15 8' *3 8 10 8 20 8 25 8 30 ]

[ Argent fin . . 31 5/16 31 7/16 31 7/16 34 3/8 31 3/8 31 3'S I

Société \ Taux de la hvre en f,'ancs "tAm ' : ' 73 76 1/2 74 06 75 43 75 49 I

rie \ 1 I' Jl

ae .A Taux New-York-Londres .Gérance .[ Traites à vue surlVente. 8 15 8 15 8 10 8 15 8 25 8 25' » France. . . . .{Achat. I ". , I

!'Sur

France. ........ . I 815 815 8 05 8 20 8 30 8 ":'.Taux de la Livre en frcs, 74 63 I 73 76 1/2 74 06 .75 48 . 75 4<)

Argent fin à Londres .. . 315/16 317/16 ,313/8 313/8 313/8

/ CoursderArg.fmàLond. 315/16 . : 31 7/16 317/16, 313,8 313/8 313/8

Hongkong \et Chang- { Taux de la livre en frcs. 74 63 74 60 73 765 74 06 75 48 75 49

1 haï Bank I • Sur Parista VUrt- - « * • • , 8 20 8 20 8 10 8 20 8 25 8 30H -v : V » Londres.....:. j

llnnoï — imnrimerie de l'Eveil Ëconnminue i- m..»»**.... ~_-_ .. n /innuponncciri-Hanoï — Imprimerie de l'EveilEconomique Le Directeur-gérant: H. CUGHKROUSSET.

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'i-ËV£IL ECONOMIQUE 7IÏ

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vin L'EVEIL lïCONOMIOUE

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L'EVEIL ECONOMIQUE IX

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L'EVEIL fiClONOAJIQPE

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L EVEIL ECONOMIQUE XI

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