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ParoleVivante Bagnolet...

Date post: 06-Feb-2018
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υ Bagnolet 11 et 12 décembre 2015 Alain LE NÉGRATE La Bible, parole vivante A) Introduction : A l’invitation des organisateurs de la formation, je vais m’appuyer beaucoup sur la longue Exhortation apostolique postsynodale Verbum Domini du 30 septembre 2010 par Benoît XVI 1 . Verbum Domini : Parole du Seigneur. Car Dieu parle et cherche des auditeurs. Le fil rouge – ou le guide de ce document est le Prologue de saint Jean, parce que le Prologue offre une synthèse de toute la foi chrétienne (VD n. 5) : Dieu est le Logos, la Parole. La Parole de Dieu est vivante, en effet, selon He 4, et elle se présente ici comme un critère de discernement : « Elle est vivante, (…) énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12). (cf. VD n. 87). Mais attention, la Parole de Dieu ne se résume pas à la seule Ecriture, à la seule Bible. Pour la tradition chrétienne, cette Parole de Dieu a un visage, JésusChrist. Le Fils Unique qui est tourné vers le sein du Père, a révélé le Dieu que « personne n’a jamais vu » (Jn 1, 18). La Révélation prime sur le livre. Cette Parole c’est le Verbe/Logos, à savoir le Christ luimême. DV, la Révélation divine, parle de la Parole de Dieu vivante « Elle est vivante et efficace la Parole de Dieu » (He 4, 12). B) Parole du Seigneur 1. le christianisme est la religion de la Parole de Dieu Bien sûr les Ecritures sont le lieu privilégié de la Parole de Dieu parce que les textes donnent accès à la Révélation. « La Parole divine, attestée et divinement inspirée, c’est l’Écriture Sainte, l’Ancien et le Nouveau Testament. Tout cela nous fait comprendre pourquoi, dans l’Église, nous vénérons beaucoup les Saintes Écritures, bien que la foi chrétienne ne soit pas une " religion du Livre " ». VD n. 7 cite Bernard de Clairvaux (10901153) 2 . 1 Exhortation apostolique suite du Synode « La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église », XIIe assemblée ordinaire du synode des évêques du 5 au 26 octobre 2008 à Rome. 2 VD n. 7 cite Bernard de Clairvaux (10901153) in Homelia super Missus est IV, 11 : « Qu'il me soit fait selon votre parole. » C'estàdire qu'il me soit fait au sujet du Verbe, selon ce que vous m'avez dit. Que le Verbe, qui au commencement était en Dieu, se fasse chair de ma chair, selon votre parole ! Oui, je le demande à Dieu, que le Verbe soit fait, non ce verbe qu'on prononce, qui frappe l'air et qui passe, mais un Verbe conçu, fait chair et qui demeure. Qu'il me soit fait un verbe nonseulement sensible à l’ouïe, mais un Verbe que mes yeux puissent voir, mes mains toucher et mes bras porter. Que ce ne soit pas un verbe simplement écrit et mort, mais incarné et vivant, c'estàdire, que ce ne soit pas un verbe tracé par des signes muets sur des peaux mortes mais un Verbe à forme humaine et véritablement imprimé dans mes chastes entrailles, gravé non par la pointe d'un stylet privé de vie, mais par l'opération même du SaintEsprit. Enfin qu'il me soit fait comme il n'a jamais été fait à personne avant moi, et comme il ne le sera point non plus après moi. Autrefois Dieu a parlé aux patriarches et aux prophètes de bien des manières, car on dit que la parole de Dieu s'est produite dans l'oreille de ceuxci, dans la bouche de ceuxlà et dans les mains de ces troisièmes, pour moi je demande à Dieu Formation de proximité
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Bagnolet 11 et 12 décembre 2015 Alain LE NÉGRATE 

     

La Bible, parole vivante  

A) Introduction :   A l’invitation des organisateurs de la formation, je vais m’appuyer beaucoup sur la longue Exhortation apostolique post‐synodale Verbum Domini du 30 septembre 2010 par Benoît XVI1. Verbum Domini : Parole du Seigneur. Car Dieu parle et cherche des auditeurs.  Le fil rouge – ou le guide ‐ de ce document est le Prologue de saint Jean, parce que le Prologue offre une synthèse de toute la foi chrétienne (VD n. 5) : Dieu est le Logos, la Parole. 

 La Parole de Dieu est vivante, en effet, selon He 4, et elle se présente ici comme un critère de 

discernement : « Elle est vivante, (…) énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12). (cf. VD n. 87). 

Mais attention, la Parole de Dieu ne se résume pas à la seule Ecriture, à la seule Bible. Pour la tradition chrétienne, cette Parole de Dieu a un visage, Jésus‐Christ. Le Fils Unique qui est tourné vers le sein du Père, a révélé le Dieu que « personne n’a jamais vu » (Jn 1, 18). La Révélation prime sur le livre. Cette Parole c’est le Verbe/Logos, à savoir le Christ lui‐même. DV, la Révélation divine, parle de la Parole de Dieu vivante « Elle est vivante et efficace la Parole de Dieu » (He 4, 12).  

B) Parole du Seigneur  

1. le christianisme est la religion de la Parole de Dieu 

 Bien sûr les Ecritures sont le lieu privilégié de la Parole de Dieu parce que les textes donnent accès à la Révélation. « La Parole divine, attestée et divinement inspirée, c’est l’Écriture Sainte, l’Ancien et le Nouveau Testament. Tout cela nous fait comprendre pourquoi, dans l’Église, nous vénérons beaucoup les Saintes Écritures, bien que la foi chrétienne ne soit pas une " religion du Livre " ». VD n. 7 cite Bernard de Clairvaux (1090‐1153)2. 

                                                            1 Exhortation apostolique suite du Synode « La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église », XIIe assemblée ordinaire du synode des évêques du 5 au 26 octobre 2008 à Rome. 2 VD n. 7 cite Bernard de Clairvaux (1090‐1153) in Homelia super Missus est IV, 11 : « Qu'il me soit fait selon votre parole. » C'est‐à‐dire qu'il me soit fait au sujet du Verbe, selon ce que vous m'avez dit. Que le Verbe, qui au commencement était en Dieu, se fasse chair de ma chair, selon votre parole ! Oui, je le demande à Dieu, que le Verbe soit fait, non ce verbe qu'on prononce, qui frappe l'air et qui passe, mais un Verbe conçu, fait chair et qui demeure. Qu'il me soit fait un verbe non‐seulement sensible à l’ouïe, mais un Verbe que mes yeux puissent voir, mes mains toucher et mes bras porter. Que ce ne soit pas un verbe simplement écrit et mort, mais incarné et vivant, c'est‐à‐dire, que ce ne soit pas un verbe tracé par des signes muets sur des peaux mortes mais un Verbe à forme humaine et véritablement imprimé dans mes chastes entrailles, gravé non par la pointe d'un stylet privé de vie, mais par l'opération même du Saint‐Esprit. Enfin qu'il me soit fait comme il n'a jamais été fait à personne avant moi, et comme il ne le sera point non plus après moi. Autrefois Dieu a parlé aux patriarches et aux prophètes de bien des manières, car on dit que la parole de Dieu s'est produite dans l'oreille de ceux‐ci, dans la bouche de ceux‐là et dans les mains de ces troisièmes, pour moi je demande à Dieu 

 Formation de proximité 

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« Le Christianisme est la " religion de la Parole de Dieu ", non d’« une parole écrite et muette, mais 

du Verbe incarné et vivant » (VD n. 7) Donc la Parole de Dieu vivante, c’est le Verbe qui excède le Livre des Ecritures.  Les traditions juives et musulmanes sont très attachées à la lettre. Pour les musulmans, le christianisme et le judaïsme sont aussi des religions du Livre. Mais nous refusons cela, car la Parole dépasse la lettre morte. La Parole est vivante. 

 L'islam est bien une "religion du livre" ; et c'est d'ailleurs ce qui pose problème puisque ce qui est écrit dans le livre ‐ le Coran ‐ ne peut être ni modifié ni discuté. Il n'y a pas (plus ou pas encore) d'exégèse possible en islam et les versets du Coran sont à prendre tels qu'ils sont écrits, "au pied de la lettre". Le judaïsme est aussi ‐ mais dans une mesure bien moindre ‐ une "religion du livre". Mais si le texte de la Torah doit être fidèlement transcrit, il peut ‐ il doit même ‐ être commenté, expliqué. En quelque sorte, on peut dire que si le texte est fixé de façon scrupuleuse en tant qu'il est la parole de Dieu, il faut en saisir l' "esprit" plus que la simple lettre.  Le livre n'est respecté qu'en tant qu'il est un support matériel de la Parole divine. De fait, à la messe, à la fin de la proclamation de l'Evangile du jour, le célébrant dit « Acclamons la Parole de Dieu » Retenons bien : c'est de la Parole qu'il s'agit ! A la différence du "texte" coranique écrit qui est, pour un musulman, l'enseignement reçu de Dieu, pour un catholique c'est dans la "parole" évangélique proclamée ‐ et non dans la "matérialité" du texte imprimé ou manuscrit ‐ qu'il faut chercher l'enseignement de Dieu. 

cf. 2Co 3, 1‐6 : « Aurions‐nous besoin (Paul) comme certains, de vous présenter des lettres de recommandation ou de vous en demander ? Notre lettre, c'est vous, une lettre écrite en nos cœurs, connue et lue par tous les hommes. Oui, vous êtes manifestement une lettre du Christ rédigée par nos soins, écrite non pas avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu Vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs. Telle est l'assurance que nous avons devant Dieu par le Christ. Ce n'est pas que de nous‐mêmes nous ayons qualité pour revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous ; non, c'est Dieu qui nous a donné qualité, qui nous a qualifiés pour être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'Esprit ; car la lettre tue, l'Esprit vivifie. » 

 « La Parole de Dieu n’est jamais simplement présente dans la seule littéralité du texte. » (VD n. 38). Voilà aussi pourquoi il existe une exégèse des textes bibliques : ceux‐ci ne sont pas à prendre systématiquement "au pied de la lettre" mais doivent être "scrutés", "décortiqués" à la seule lumière de la Tradition vivante de l'Eglise pour pouvoir nourrir le Peuple de Dieu, en particulier sa prière.  

    

                                                                                                                                                                                          qu'il se produise dans mon sein selon votre parole. Je ne veux point qu'il se produise comme le verbe dans le discours, le signe dans les figures, ou la vision dans les songes, mais qu'il vienne en moi en silence, qu'il s'y incarne en personne, qu'il se trouve corporellement dans mes entrailles. Que le Verbe donc qui ne pouvait et n'avait pas besoin d'être fait en lui‐même, me fasse la grâce de se faire en moi et pour moi selon votre parole. Qu'il soit fait en général pour tout le monde, mais qu'il me soit fait à moi en particulier selon votre parole. » 

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2. Dieu entre en conversation 

 « L'Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle le fait aussi pour le Corps même du∙ Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie ; de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l'offrir aux fidèles. Toujours elle eut et elle a pour règle suprême de sa foi3 les Ecritures, conjointement avec la sainte Tradition, puisque, inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la Parole de Dieu lui‐même et font résonner dans les paroles des prophètes et des apôtres la voix de l'Esprit saint. Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne elle‐même, soit nourrie et guidée par la Sainte Écriture. Dans les Saints Livres, en effet, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au‐devant de ses fils et entre en conversation avec eux ; or, la force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu'elles constituent, pour l'Église, son point d'appui et sa vigueur et, pour les enfants de l'Église, la solidité de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. Dès lors ces mots s'appliquent parfaitement à la Sainte Écriture : « Elle est vivante donc et efficace la Parole de Dieu » (He 4, 12), « qui a le pouvoir d'édifier et de donner l'héritage à tous les sanctifiés » (Ac 20, 32 ; cf 1 Th 2, 13). (Concile Vatican 2, Dei Verbum n. 21) 

 

A l’Eucharistie, il y a 2 tables : la Table de la Parole et la Table de l’Eucharistie  Les Ecritures et le Corps du Christ sont vénérés de manière analogue 

  « La liturgie est le lieu privilégié où Dieu nous parle. Il parle aujourd’hui à son Peuple qui écoute et qui répond. » (VD n. 52) La Christ est là présent dans sa Parole proclamée dans la célébration. C’est ce que VD n. 56 appelle la « sacramentalité de la Parole de Dieu »4. Le sacrement comprend toujours la parole et le geste : « La foi reconnaît le Verbe de Dieu en accueillant les gestes et les paroles par lesquels il se présente à nous ».  

Cette Parole vivante est puissante, vigoureuse pour a) la foi et pour la vie spirituelle 

 VD n. 53 parle du caractère performatif de la Parole comme le traduit bien le mot hébreu dabar qui ne sépare pas ce que Dieu dit et ce que Dieu fait. Parole et acte ensemble : 

« Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l'univers, par le souffle de sa bouche... Il parla, et ce qu'il dit exista ; il commanda, et ce qu'il dit survint. » (Ps 33(32), 6.9)  

ou « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre… Dieu dit " que la lumière soit ", et la lumière fut » (Gn 1, 1.3)      

                                                            3 Au 2ème siècle, Irénée de Lyon († 202) parle de « règle de vérité », au siècle suivant Tertullien († 220) emploie le terme « règle de foi » pour distinguer ceux qui suivent la règle et ceux qui s’en écartent. C’est l’étape avant le symbole. C’est encore Tertullien qui introduit à deux reprises ce mot « symbole », pour Symbole des Apôtres. 4 VD n. 56 : « alors par analogie à la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin consacrés. En nous approchant de l’autel et en prenant part au banquet eucharistique, nous communions réellement au Corps et au Sang du Christ. La proclamation de la Parole de Dieu dans la célébration implique la reconnaissance que le Christ lui‐même est présent et s’adresse à nous. » 

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Par la Parole Le Père entre en conversation avec les enfants de l’Eglise, ses enfants 

 Dans ce dialogue, les contractants ne sont pas sur le même pied d’égalité. Dieu fait don de lui‐même, de son amour (Le premier Dieu nous aima 1 Jn 4) et fait de nous ses « partenaires », interpellés et appelés à donner une réponse libre.  

« Dans ce dialogue avec Dieu nous nous comprenons nous‐mêmes et nous trouvons la réponse aux interrogations les plus profondes qui habitent notre cœur. » (VD n. 23) 

 Saint Augustin (354‐430) (commentaire du Psaume 85) : « Ta prière est ta parole adressée à Dieu. Quand tu lis, c’est Dieu qui te parle ; quand tu pries, c’est toi qui parles avec Dieu » (VD n. 86) 

 Pour parler avec Dieu, Dieu lui‐même nous donne le moyen. Par le livre des Psaumes (VD n. 24) bien sûr, et plus encore par la foi (l’obéissance de la foi) parce que c’est la prédication de la Parole divine qui fait surgir la foi (VD n. 25). La prédication renvoie à la vie de l’Eglise qui est le lieu de 

l’interprétation des Ecritures5 à des fins de communion ecclésiale et de vie spirituelle. 

 Saint Jérôme (347‐420), grand " amoureux " de la Parole de Dieu se demandait : « Comment pourrait‐on vivre sans la science des Écritures, à travers lesquelles on apprend à connaître le Christ lui‐même, qui est la vie des croyants ? » (VD n. 72) 

« Que chaque foyer ait sa Bible » (VD n. 85) 

« La Parole de Dieu est à la base de toute spiritualité chrétienne authentique » (VD n. 86). 

 

vie spirituelle 

 La pédagogie de la lectio divina  La Parole sollicite l'écoute, réclame d'être accueillie pour que s'établisse le dialogue que le Seigneur 

veut entretenir avec l'homme. Or, il y a une pédagogie nécessaire pour que le texte de la Bible nous 

donne accès à la Parole de Dieu et qu'en lisant nous accueillions celui qui nous parle. C'est cette 

pédagogie divine, déployée dans l'Écriture, que la Tradition chrétienne a appelée lectio divina, l'accueil priant de la Parole de Dieu dans ses trois caractéristiques : lectio, meditatio, oratio, conclues par la contemplatio et débouchant dans l'actio (cf. VD nn. 86‐87).  

communion ecclésiale 

 « Il faut éviter le risque d’une approche individualiste, en se rappelant que la Parole de Dieu nous est précisément donnée pour construire la communion, pour nous unir dans la vérité durant notre marche vers Dieu. C’est une Parole qui s’adresse à chacun personnellement, mais c’est aussi une Parole qui construit la communauté, qui construit l’Église. C’est pourquoi le texte sacré doit toujours être abordé dans la communion ecclésiale. En effet, il est très important d’effectuer une lecture communautaire, car le 

sujet vivant de l’Écriture Sainte c’est le Peuple de Dieu, c’est l’Église. [..] Le lieu privilégié 

est la liturgie, en particulier l’Eucharistie » (VD n. 86) 

                                                            5 Traditionnellement c’est le Magistère de l’Eglise qui a le rôle d’interpréter les Ecritures (Dei Verbum n. 10 : « La charge d'interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul magistère vivant de l'Eglise. ») 

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3. La Parole de Dieu dans la liturgie 

 « J'exhorte les Pasteurs de l’Église et les assistants pastoraux à faire en sorte que tous les fidèles soient éduqués à goûter le sens profond de la Parole de Dieu qui se déploie dans la liturgie tout au long de l’année, en manifestant les Mystères fondamentaux de notre foi. La juste approche de la Sainte Écriture en dépend aussi. » (Benoît XVI Verbum Domini n. 52, 20106) 

 « Dans la célébration de la liturgie, la Sainte Écriture a une importance extrême. C'est d'elle que sont tirés les textes qu'on lit et que l'homélie explique, ainsi que les psaumes que l'on chante ; c'est sous son inspiration et sous son impulsion∙que les prières, les oraisons et les hymnes liturgiques ont jailli, et c'est d'elle que les actions et les symboles reçoivent leur signification. Aussi, pour procurer la restauration, le progrès et l'adaptation de la liturgie, il faut promouvoir ce goût savoureux et vivant de la Sainte Écriture dont témoigne la vénérable tradition des rites aussi bien orientaux qu'occidentaux. » Sacrosantum Concilium (la Sainte Liturgie du 4.12.1963) n. 24 

 Depuis la Réforme les catholiques n'osaient plus lire que les Evangiles et les Actes des Apôtres, jusqu'à ce que le renouveau biblique relance la lecture intégrale du Nouveau Testament, puis de l'Ancien. 

Pour présenter aux fidèles avec plus de richesse la table de la Parole de Dieu, on ouvrira plus largement les trésors de la Bible pour que; en l'espace d’un nombre d'années déterminé, on lise au peuple la partie la plus importante des Saintes Ecritures. (SC n. 51) 

 Le lectionnaire dominical suit un cycle de 3 ans, et chaque dimanche (ou fête), on a une suite de 3 lectures. La première tirée de l'A.T. (remplacé par les Actes des Apôtres au temps pascal), la seconde des épîtres (ou de l'Apocalypse), et l'évangile.  Quels rapports a‐t‐on voulu établir entre ces trois lectures ? Ici deux théories s'affrontaient : celle de la lecture semi‐continue et celle des thèmes. Selon la première, d'origine liturgique, il suffit de lire dimanche après dimanche le même livre de la Bible en choisissant les passages les plus suggestifs; aucune relation à établir avec les autres lectures, qui restent indépendantes. La seconde théorie, plus pastorale, voudrait centrer toutes les lectures d'un même dimanche sur un seul thème, soit biblique, soit logique. Les deux théories présentent de réels avantages, à condition de ne pas appliquer leurs principes de manière rigide et unilatérale. La solution a été trouvée dans un juste milieu. Pour les grandes fêtes et les temps forts, il était souhaitable et facile que les trois lectures portent sur le mystère célébré ou les notes dominantes de la période. En revanche, une lecture semi‐continue de l'épître d'une part, de l'évangile d'autre part, convenait bien au temps ordinaire. La lecture d'A.T. est presque toujours en rapport avec l'évangile, qu'elle prépare ou permet de mieux comprendre; aux temps forts et aux grandes fêtes, elle est le plus souvent liée aussi à l'épître. Les deux lectures du N.T. sont toujours indépendantes l'une de l'autre au cours du temps ordinaire; ailleurs, elles sont généralement en rapport.  On a veillé à, ce que les deux premières lectures soient toujours très courtes : 5 ou 6 versets en moyenne. Les évangiles sont généralement un peu plus longs que les deux premières lectures. Toutefois, on indique aux gens pressés la manière d'abréger la lecture, lorsqu'il s'agit d'un texte long. Les rédacteurs du lectionnaire se sont efforcés de fournir aux chrétiens les textes les plus riches possible, dont l'ensemble soit un fidèle reflet de toute la Bible. 

« Les lectures tirées de la Sainte Écriture ne doivent jamais être remplacées par d’autres textes. » Même le psaume, qui est « Parole de Dieu par lequel nous répondons à la voix du Seigneur. » (VD n. 69).    

                                                            6 Exhortation apostolique suite du Synode « La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église », XIIe assemblée ordinaire du synode des évêques du 5 au 26 octobre 2008 à Rome. 

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C) Les saintes Ecritures Saint Jérôme : « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer Jésus‐Christ »7. 

 1. Le rapport entre l’AT et le NT (cf. VD n. 40) 

Une Bible, 2 « testaments » (Alliances, traduit par ‘testamentum’ par Jérôme au IVe siècle justement en 2Co 3, 6) Désigner « l'Ancien Testament » ne sert donc d'abord qu'à le joindre ou à l'opposer à un « Nouveau Testament ». Autrement dit, pourquoi s'intéresser à l'Ancien Testament ? Ou qu'est‐ce qui fait qu'en tant que chrétiens, nous pouvons et devons nous y intéresser ? 

 « Le Nouveau Testament lui‐même reconnaît l’Ancien Testament comme Parole de Dieu et c’est pourquoi il accueille l’autorité des Saintes Écritures du peuple juif. » (VD n. 40) 

 Si donc l'Ancien Testament présente quelque intérêt pour le chrétien, c’est en relation avec ce Jésus. Jésus de Nazareth était juif et la racine du christianisme se trouve dans l’AT. Le Nouveau Testament lui‐même s’affirme conforme à l’Ancien et proclame que dans le Mystère de la vie, de la mort et de la Résurrection du Christ, les Saintes Écritures du Peuple juif ont trouvé leur parfait accomplissement. Les chrétiens lisent l’AT à la lumière du Christ ; c’est ce que l’on appelle la lecture christologique de l’AT. Mais attention l’AT conserve sa valeur propre de Révélation. Le NT demande aussi d’être lu à la lumière de l’AT. (VD n. 41). Cf. St Paul qui n’a pas connu Jésus de son vivant, et qui est le premier à écrire les lettres du NT, ne se réfère pas à des témoignages humains. Il se réfère à l’Ecriture, aux Ecritures. 

« Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi‐même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures... » (1 Co 15, 3‐4)8. 

N'explicitant rien, Paul renvoie à des Ecritures. Paul reconnaît à des textes qui le précèdent comme ils précèdent le Christ une autorité garantissant l'authenticité ou la vérité des événements dont il parle. Pour le chrétien, vient toujours un moment où la connaissance et l'étude de ces Écritures s'imposent. L'Ancien Testament qui les désigne désormais doit devenir une lecture chrétienne. L'Ancien Testament est généralement considéré comme le recueil des « Écritures sacrées » des chrétiens et des juifs.    

                                                            7 Saint Jérôme a écrit un grand commentaire d’Isaïe en 18 livres, entre 407 et 409, qu’il a dédicacé à Eustochium en écrivant cette maxime qui aurait pu résumer toute sa vie. Citation qu’on trouve en DV n. 25 (la note 5 : Comm. in Is., Prol. : PL 24, 17.‐ Cf. Benoît XV, encycl. Spiritus Paraclitus : EB 475‐480.‐ Pie XII, encycl. Divino afflante Spiritu : EB 544). 8 Verbum Domini n. 13 (Benoît XVI, 2010) : « Saint Paul, dans la première Lettre aux Corinthiens, affirme que Jésus‐Christ est mort pour nos péchés « conformément aux Écritures » (15, 3) et qu’il est ressuscité le troisième jour « conformément aux Écritures » (15, 4). De cette manière, l’Apôtre place l’événement de la mort et de la Résurrection du Seigneur en relation avec l’histoire de l’antique Alliance de Dieu avec son Peuple. Bien plus, il nous fait comprendre que c’est de cet événement que cette histoire tire sa logique et sa véritable signification. Dans le Mystère pascal s’accomplissent « les paroles de l’Écriture ; c’est‐à‐dire que – cette mort réalisée “ conformément aux Écritures ” – est un événement qui porte en soi un Logos, une logique : la mort du Christ témoigne que la Parole de Dieu s’est faite pleinement “ chair ”, “ histoire ” humaine ». La Résurrection de Jésus se produit aussi « le troisième jour conformément aux Écritures » : puisque, suivant l’interprétation juive, la décomposition commençait après le troisième jour, la Parole de l’Écriture s’accomplit en Jésus qui ressuscite avant que ne commence la décomposition. Ainsi, en transmettant fidèlement l’enseignement des Apôtres (cf. 1 Co 15, 3), saint Paul souligne que la victoire du Christ sur la mort advient par la puissance créatrice de la Parole de Dieu. Cette puissance divine apporte l’espérance et la joie : c’est là, en définitive, le contenu libérateur de la Révélation pascale. À Pâques, Dieu se révèle lui‐même ainsi que la puissance de l’Amour trinitaire qui anéantit les forces destructrices du mal et de la mort. » 

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 L’attente messianique  Et surtout, notre profession de foi en Jésus‐Christ, Fils de Dieu dit d’abord que Jésus est le Christ (Mashiah i.e. Messie). Jésus est le Christ, cela n’a de sens que parce que le peuple d’Israël attendait le Messie.  Le message prophétique subira une mutation importante. Alors qu'avant la chute de Jérusalem, il était dominé par la dénonciation du péché et la menace d'un châtiment, l'épreuve de l'Exil va le faire passer à la consolation (2d Isaïe, le livre de la Consolation) et donc à la promesse de retour sur la Terre et de restauration. Alors l'observance des règles de l'Alliance ne sera plus liée au seul effort personnel, ∙puisque Dieu Lui‐même l'inscrira dans les cœurs (Jr, 31, 31‐34). 

En même temps cependant, cette histoire ne saurait se réduire aux fautes du présent et du passé. L'espérance demeure au cœur des Prophètes, surtout au pire moment de l'épreuve interprétée comme un châtiment divin. N'hésitant pas à intercéder pour ce peuple, pécheur certes, mais « Si petit », comme le rappellera Amos (Am, 7, 2. 5; Jr, 15, 11), ils voient dans le temps à venir, dont Dieu reste le maître, les chances d'un salut. Celui‐ci se concrétisera, d'abord avec Isaïe, dans l'avènement du nouveau roi (Is, 7, 10‐16; 9, 1‐6; 11, 1‐9), celui qui par héritage est assuré de l'onction royale, c'est‐à‐dire le « messie »  (du verbe hébreu qui signifie « oindre »). Au fil de décevantes générations, cette figure du Messie prendra progressivement des dimensions nouvelles au point de devenir une figure quasi divine. Une attente particulière naîtra de cette perspective qui déploiera, de prophète en prophète, des traits particuliers : du fils de roi au sceptre de fer, on passera au « Serviteur souffrant », expiant par son sacrifice les péchés de la communauté (Is, 52, 13‐53, 12). 

 Aussi, après l'Exil, prendra forme une figure de plus en plus forte et mystérieuse qui cristallisera l'attente de tous les déçus d'une royauté, d'un peuple et de son histoire qui, depuis les origines, auraient dû témoigner d'une sainteté divine.  La fin de la prophétie en Israël, à l’époque perse, va engager deux choses : le passage de la prophétie orale à l’enseignement écrit. (On écrit la Torah, on écrit les livres), et à l’attente messianique très forte : « Ah si tu déchirais les cieux ! » (Is 63, 199). Les derniers prophètes post‐exilique sont Aggée, Zacharie et Malachie. Dans la tradition juive on enseigne qu’à la mort de Malachie ‐ Malachie est le dernier de la liste des prophètes – l’esprit de prophétie a quitté Israël10.  Pour les chrétiens Malachie fait le lien entre l’AT et le NT puisque Ml 1, 10‐1111 annonce l’Eglise, Ml 3, 1.23‐2412 (Elie) annonce Jean‐Baptiste et Ml 3, 2013 annonce Jésus 

                                                            9 Is 63,19 – 64,2 : « Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face,  comme un feu qui enflamme les broussailles, un feu qui fait bouillonner les eaux ! Ainsi tu manifesterais ton nom à tes ennemis, les nations trembleraient devant toi, quand tu ferais des prodiges terrifiants que nous n’espérons plus. Voici que tu es descendu : les montagnes furent ébranlées devant ta face. » 10 Malachie [mon messager] serait le dernier à avoir eu l'esprit de Dieu, puisque la tradition dit qu'avec la mort des derniers prophètes, Aggée, Zacharie et Malachie, le Saint‐Esprit a quitté Israël (Tosefta Sota 13,2 ; Midrash Cantique Rabba VIII, 9,3 ; Talmud de Babylone, Sanhedrin 11a). 11 Ml 1, 10‐11 : « Qui donc d’entre vous fermera les portes du sanctuaire, pour que vous n’allumiez plus en vain le feu sur mon autel ? Je ne prends aucun plaisir en vous, –  dit le Seigneur de l’univers – , je ne désire plus l’offrande de vos mains. Car du levant au couchant du soleil, mon nom est grand parmi les nations. En tout lieu, on brûle de l’encens pour mon nom et on présente une offrande pure, car mon nom est grand parmi les nations, –  dit le Seigneur de l’univers. » 12 Ml 3, 1.23‐24 : « Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient, – dit le Seigneur de l’univers. [...] Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le 

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2. L’inspiration (et l’inerrance) des Ecritures. 

Le fait de l'inspiration entraîne une conséquence unique pour les Ecrits sacrés : le privilège d'être préservés de toute erreur.  C’est la Tradition vivante de l’Église qui nous fait comprendre la Sainte Écriture comme Parole de Dieu. Même si le Verbe de Dieu précède la Sainte Écriture, toutefois, dans la mesure où elle est inspirée par Dieu, elle contient la Parole divine (cf. 2 Tm 3, 16) (Verbum Domini n. 18) 2Tm 3, 16 : « Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice. »  Dans Verbum Domini (2010) Benoît XVI cite saint Jérôme : « Nous ne pouvons arriver à comprendre l’Écriture sans l’aide de l’Esprit Saint qui l’a inspirée. » et St Grégoire le Grand : « L'Esprit Saint a lui‐même créé les paroles des Saints Testaments, c’est lui‐même qui les ouvre. » (Verbum Domini n. 16) Ecritures inspirée, celui veut sir que c’est l’Esprit Saint qui inspire les auteurs des Ecritures et qui inspire l’Eglise dans sa tâche d’annoncer la Parole de Dieu.  Il a fallu attendre Vatican I (1870) pour avoir une définition précise de l’inspiration des Ecritures. Au moment où le moteur de la culture occidentale cessait d’être le christianisme. 

Dei Filius : « Les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament dans leur intégrité, avec toutes leurs parties, tels qu'ils sont énumérés dans le décret de ce concile [...] l'Eglise les tient pour sacrés et canoniques, non point parce que, composés par le travail de l'homme, ils ont été ensuite approuvés par son autorité, non point seulement parce qu'ils contiennent sans erreur la Révélation, mais parce qu'écrits sous l'inspiration du Saint‐Esprit, ils ont Dieu pour auteur et ont été transmis comme tels à l'Eglise. Si quelqu'un ne reçoit pas les livres de la sainte Ecriture pour sacrés et canoniques, dans leur intégrité et avec toutes leurs parties, tels qu'ils sont énumérés par le saint concile de Trente, ou s'il nie qu'ils soient divinement inspirés, qu'il soit anathème. » 

Tous les livres que l'Eglise reçoit pour sacrés et canoniques en leur intégrité et dans toutes leurs parties ont été écrits sous la dictée de l'Esprit Saint. Aucune erreur n'a pu se glisser dans l'inspiration divine. Léon XIII, dans l’Encyclique Provenditissimus (18 novembre 1893) aborde la question du rapport entre science et foi14. Dans le fait scripturaire, les choses de Dieu et les choses des hommes étaient situées chacunes dans leur ordre propre, et sur la base de leur distinction, leur articulation pouvait donc adéquatement s'établir Désormais, on devait et on pouvait proclamer que la Bible était œuvre et message divins, tout en démontrant qu'elle était aussi conjointement langage d'hommes. Les réalités destinées au salut étaient déclarées constituer la spécificité de l'enseignement contenu dans la Bible, laquelle ne propose aucune leçon d'histoire naturelle. Dès lors, l'objet de la vérité des Ecritures apparaissait‐il dans un contour déjà bien dégagé. Pie XII, dans l’encyclique Divino afflante Spiritu du 30 septembre 1943 (écrite par Augustin Béa), autorise les études bibliques avec les instruments de la critique scientifique moderne. Léon XIII avait ouvert la voie. L'encyclique demande aux exégètes de discerner et de reconnaître « quels genres littéraires les auteurs de cet âge antique ont voulu employer [...], autrement dit les formes et manières de dire [...] dont l'usage était reçu par les hommes de leur temps et de leur pays ». Une telle tâche réclame le recours à la critique, c'est‐à‐dire à des disciplines dites scientifiques. 

                                                                                                                                                                                          jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils, et le cœur des fils vers leurs pères, pour que je ne vienne pas frapper d’anathème le pays ! » 13 Ml 3, 20 : « Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. Vous sortirez en bondissant comme de jeunes veaux à la pâture. » 14 Cette préoccupation de tenir ensemble raison et foi par JP II et Benoît XVI, vg dans Verbum Domini (2010) n. 36 

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Vatican 2 s’exprime à nouveau sur l’inspiration des Ecritures : « Notre sainte Mère l'Église, de par la foi apostolique, tient pour sacrés et canoniques tous les livres tant de l'Ancien que du Nouveau Testament ; avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l'inspiration de l'Esprit saint (cf. Jn 20, 31; 2Tm 3, 16; 2P 1, 19‐21; 3, 15‐16), ils ont Dieu pour auteur et qu'ils ont été transmis comme tels à l'Église elle‐même.∙ Pour composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il a eu recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui‐même agissant en eux et par eux, ils mettent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement. Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de l'Esprit saint, il faut déclarer que les livres de l'Ecriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut. C'est pourquoi « toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice, afin que l'homme de Dieu se trouve accompli, équipé pour toute œuvre bonne »∙ (2 Tm 3, 16‐17). » (Dei Verbum, 7 décembre 1965 au n. 11)  

Retenons : Pie XII, avec l'Encyclique Divino afflante Spiritu, a ouvert les portes des Ecritures aux requêtes légitimes de la science. La question de la « vérité des Ecritures » a animé les débats pendant plusieurs siècles, et ce n’est peut‐être pas terminé pour tout le monde. Il faut répondre à la question : « Quelle part de vérité il y a dans les Ecritures ? » et « de quelle vérité s’agit‐il ? » Vatican 2 a trouvé la formule intéressante de « vérité en vue de notre salut » Cela permet de sortir des débats abstraits sur l’inerrance, sur les limites négatives de la vérité des Ecritures. La notion de « vérité en vue de notre salut » est inépuisable, et elle se manifestera chaque fois que les chercheurs et les croyants la fera se manifester. La vérité des Ecritures dépasse les vérités doctrinales et les règles morales ; elle se situe toujours au‐delà sur l’horizon de la vie du chrétien et de l’Eglise en chemin. Parce que la Révélation est automanifestation de Dieu dans sa Parole vivante.15   Herméneutique biblique DV n. 12 (cité dans VD n. 34) : Pour découvrir exactement le sens des textes sacrés, il ne faut pas porter une moindre attention au contenu et à l’unité de toute l’Ecriture, eu égard à la Tradition vivante de toute l’Eglise et à l’analogie de la foi16. Pour l’interprétation de la Bible, on doit éviter les risques de fondamentalisme ou de subjectivisme, c’est pourquoi le travail critique des biblistes est nécessaire. Mais il n’est pas suffisant parce que ces travaux ne nourrissent pas la foi. Selon VD n. 35 le risque d’une herméneutique sécularisée, fermée à la Révélation, doit être évité. Et même la réflexion critique invité à élargir les espaces de la rationalité elle‐même (n. 36). La règle est donnée en VD n. 34 : 

1) interpréter le texte en tenant compte de l’unité de l’ensemble de l’Écriture – on parle aujourd’hui d’exégèse canonique ; 

2) tenir compte ensuite de la Tradition vivante de toute l’Église, et 3) respecter enfin l’analogie de la foi. 

« Seulement dans le cas où les deux niveaux méthodologiques, celui de nature historique et critique et celui de nature théologique, sont observés, on peut alors parler d’une exégèse théologique, d’une exégèse adaptée à ce Livre ».    

                                                            15 André Paul L’inspiration et le canon des Ecritures. Cahiers Evangile n. 49, 1984 16 Rm 12, 6 : « Que celui qui a le don de prophétie l'exerce selon l'analogie de la foi », traduit aussi par « Si c’est le don de prophétie, que ce soit à proportion du message confié ». Dans le Catéchisme de l’Eglise catholique de 1992, l’analogie de la foi est définie : « Par « analogie de la foi » nous entendons la cohésion des vérités de la foi entre elles et dans le projet total de la Révélation. » (CEC p. 37, n. 114) 

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3. Le canon des Ecritures 

 Ila fallu 4 siècles à l’Eglise pour trouver le mot « canon » au sens biblique. Athanase d’Alexandrie (†373) est un des tous premiers témoins de son usage. Il faudra pourtant a endre le Concile de Trente pour avoir une définition dogmatique du canon des Ecritures. La définition officielle du canon est : « la liste ou la collection, réglée par la tradition et l'autorité de l'Eglise, des livres qui, ayant une origine divine et une autorité infaillible, contiennent ou forment eux‐mêmes la règle de la vérité inspirée par Dieu pour l'instruction des hommes.17 »   Les juifs ont arrêté la liste de leurs Ecritures saints à la fin du 1er siècle. 24 livres, mais on peut réduite à 22, comme le nombre de lettres dans l’alphabet hébreu18.  Le mot Bible est exclusivement chrétien, il vient du grec ta biblia (les livres) et est passe au latin biblia.  Le canon du NT a mis du temps à se constituer. Jusqu’à la fin du IIe siècle, les chrétiens n’avaient comme Ecritures faisant autorité que la Loi et les Prophètes, ce qu’on appellera l’AT. Puis des recueils de textes destinés au culte : collection de récits de miracles et de paroles de Jésus. Les épîtres de St Paul ont circulé rapidement, faisant autorité. Fin IIe siècle, vers 180‐190 on a un canon des livres du NT officiellement reçus par l’Eglise de Rome, le canon de Muratori découvert à Milan en 1740. Le canon existe avant que n’existe le mot lui‐même (canon). On trouve chez Irénée († 202) l’antithèse AT‐NT, c’est une antithèse théologique provenant d’Asie Mineure à la fin du IIe siècle. On trouve déjà cette théologie chez Méliton de Sardes (contemporain d’Irénée). Le mot « kanôn » désigne la « règle », règle de foi et règle de vérité dans les écrits de Tertullien au début du IIe siècle.  En établissant un canon, on exclut les livres « apocryphes » (livres cachées ou secrets), notamment au IIe siècle, ceux qu’utilisent les Gnostiques19 (combattus par Irénée et d’autres). A la Réforme les Protestants donnent au mot ‘apocryphes’ ce que nous appelons plutôt les livres ‘deutérocanoniques’. Mais Saint Jérôme fait de même en appelant ‘apocryphes’ les livres de la LXX qu’on ne trouve pas dans la Bible hébraïque. Pour Luther comme pour Jérôme, ‘apocryphe’ ne signifie pas ‘hérétique’ mais plutôt de degré inférieur.  LXX, traduction de la Bible à Alexandrie à partir du IIIe siècle av. JC. Les Evangiles citent l’AT dans le grec de la LXX.  Après 70, les juifs ont dû redéfinir les règles de leur religion sans Etat et sans Temple, en affirmant la doctrine juive de la Synagogue et de la Torah (orale et écrite). Ils se sont trouvés face au christianisme concurrent, une religion également sans Etat et sans Temple. Les juifs ont fait de la Torah leur terre portative. La Torah s’impose comme l’instrument nécessaire qui maintient les limites vitales du judaïsme. Devant l’utilisation de la LXX par les chrétiens la tradition rabbinique a abandonné cette traduction en lui préférant une autre traduction grecque, celle d’Aquila (IIe siècle après JC), plus littérale (et par 

                                                            17 Alfred Vacant et al. Dictionnaire de théologie catholique, 1899 ‐ tome II col. 1554‐1555 18 selon Flavius Josèphe dans Antiquités juives où on passe de 24 à 22 en associant Ruth au Juges et Lamentation à Jérémie 19 Une bibliothèque des Gnostiques a été découverte à Nag Hammadi en 1945. Elle date du Ive siècle. 

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antichristianisme). Aquila est le nom du traducteur, un Grec originaire du Pont qui fut baptisé puis exclu du christianisme, il s’est tourné vers le judaïsme et a été disciple de Rabbi Aqiba.  Au IVe siècle, le pape Damase (de 366 à 384) convoque un concile en 382. On n’y établit la liste complète des « divines Ecritures » reçues dans l’Eglise romaine. La liste est identique à celle du Concile de Trente (1545‐1563) établie en 1546.  

‐ La bibliothèque : examen des livres et de leur organisation20  L'organisation et la distribution de cette table des matières peuvent varier selon qu'on prend une Bible catholique, une Bible protestante, une Bible orthodoxe ou encore une Bible œcuménique et une Bible juive.  

a) La Bible juive  Pendant les 2 siècles de la domination perse (de ‐538 jusqu'en ‐332), l'ensemble des textes divers qui forment ce que l'on appelle, comme s'ils étaient unifiés, la Bible, s'est peu à peu constitué comme un tout vénéré. Dans cet ensemble, la Torah, soit l'ensemble des cinq livres attribués par la tradition à Moïse, qui comprend l'essentiel des lois religieuses, reste jusqu'à nos jours la plus sacrée. Quant au corpus des Prophètes, qui inclut ceux d'avant l'exil de Babylone (‐ 586) et ceux d'après l'exil, il a été considéré comme clos au Ve siècle avant JC avec le prophète du retour. Seuls les « Écrits » ou Hagiographes ont encore des contours mal déterminés pendant cette période. En l'an ‐132, lorsque le petit‐fils de Jésus (Josué) ben Sira traduit en grec à Alexandrie l'œuvre de son grand‐père, le Siracide ou Ecclésiastique, écrite en hébreu à Jérusalem vers ‐ 180, il distingue déjà « la Loi, les Prophètes et les autres livres » (Prologue du Si 2521). Mais ce sera vers +90 que l’Académie de Jamnia, avec Johanan Ben Zakkaï, va fixer le canon des livres saints.   

b) La TOB 2010 (9 nov 2010). La nouveauté, ce sont les 6 nouveaux livres de la tradition – du canon ‐ orthodoxe. 

Le mot canon signifie la liste officielle des livres de la Bible, avec un caractère normatif. C’est un catalogue, une énumération des livres  considérés comme les livres saints à mettre dans le livre. On n’a plus des rouleaux séparés. Vraisemblablement quand apparaissent les premiers codex (livres), le mot « canon » apparaît vers les années 350. Le NT et l’AT existent déjà, le choix des documents à mettre dans le livre sanctionne une collection qui existe déjà. Cette collection varie, mais l’essentiel se retrouve toujours. Ça varie dans les marges. Il y a des livres, surtout dans l’AT qui sont présents dans certaines listes, et pas dans d’autres. Chez les orthodoxes, on part de la LXX (traduction de la Bible en grec à Alexandrie qui commence 3e s. avant JC et se termine après JC22).) C’est dans cette traduction (grecque) que les chrétiens d’Orient 

                                                            20 Eric Junod est historien du christianisme ancien, spécialiste de la littérature apocryphe et du christianisme alexandrin. cf E. Junod et D. Marguerat Qui a fondé le christianisme ? Bayard 2010, 120 p. 21 Si Prologue 20‐30 : « En effet, ce qui est exprimé à l’origine en hébreu n’a plus la même force une fois traduit dans une autre langue. D’ailleurs, non seulement pour cet ouvrage, mais aussi pour la Loi elle‐même, les Prophètes (25) et les autres livres, la traduction présente des différences considérables avec l’original. C’est la trente‐huitième année du règne de Ptolémée Évergète que je me suis rendu en Égypte. Au cours de mon séjour, j’ai trouvé une copie de cette importante instruction. (30) J’ai jugé alors qu’il était de la plus haute nécessité de mettre tout mon zèle et tous mes efforts à traduire ce livre. » 22 Le NT cite les Ecritures dans la LXX. La traduction à Alexandrie a été faite pour les Juifs d’Alexandrie qui ne comprenaient plus le texte original. Devant l’utilisation de cette traduction par les chrétiens la tradition rabbinique a abandonné cette traduction en lui préférant une autre traduction grecque, celle d’Aquila (IIe 

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vont découvrir l’AT. Dans la LXX, il y a un certain nombre de livres dont on a perdu l’original en hébreu et en araméen, et des livres directement écrits en grec qui sont dans cette collection. Les orthodoxes ont choisi d’accepter une liste plus grande, alors qu’il n’y a jamais de décision ‘normative’. Si bien que dans la liste des orthodoxes, on a les 39 livres communs et d’autres textes en commun avec les catholiques (dans la TOB on les appelle ‘deutérocanoniques’ pour éviter de dire ‘apocryphes’) et encore 6 livres qu’on trouve jusqu’à aujourd’hui dans l’AT orthodoxe.  La TOB a commencé en 1967 par l’épître aux Romains, traduit par des protestants et orthodoxes assoiffés de rencontre. Dans la lancée, on a traduit tout le NT, puis en 1975 paraît l’AT. Une révision commence en 1988 avec une révision en profondeur du Pentateuque (les 5 premiers livres de la Bible). Paraît une nouvelle traduction de l’AT en 2004. Enfin, en 2010, la nouvelle traduction qui accueille les 6 livres deutérocanoniques des orthodoxes.  

La prière de Manassé, lu dans les monastères orthodoxes pendant le Carême. Texte de repentir et de conversion.  Ps 151 : rappel de la vie du roi David, une signature davidique des Psaumes sou forme d’action de grâces.  

 La TOB demeure un livre d’étude, pas directement liturgique. Les protestants lisent la traduction de Louis Second ou des traductions en français courant, les catholique une traduction liturgique  

La Bible en langue commune, en allemand, est parue pour la première fois en 1522. C’est le NT Testament de Luther. Luther fait une hiérarchie des textes.  L’idée qui est la sienne est que la Bible annonce le Christ. L’AT l’annonce par anticipation, tandis que dans le NT il est présent. Ce qui fait que le NT est hiérarchiquement plus important que l’AT. Dans le NT Il retient comme essentiels les textes qui présentent le plus substantiellement le Christ. L’Evangile de Jean présente la pensée du Christ, il est plus riche et plus profond que les Synoptiques. Les lettres de Paul et la 1ere lettre de Pierre ont une importance particulière ; surtout l’épître aux Romains. Luther n’aime pas beaucoup la lettre de Jacques qu’il appelle la « lettre de paille » en comparaison avec les autres. Sa théologie lui paraît non conforme à la théologie de Paul et, d’après lui, à ce que Jésus a enseigné. Luther retient davantage dans les livres ceux qui restituent le message du Christ, et cela détermine la hiérarchie des livres. C’est ce que les protestants appellent ‘un canon dans le canon’. Dans les Bibles protestantes ; jusqu’au XIXe siècle on trouve les livres deutérocanoniques (qu’il appelle injustement ‘apocryphes’), ils ont été traduits par Luther. On les trouve soit entre l’AT et le NT, soit à la fin de la Bible en petits caractères. Au XIXe s. ils disparaissent des Bibles que des sociétés bibliques impriment et diffusent en grand nombre, en Europe et dans les colonies, dans un esprit très anticatholique. Grâce à la TOB, au moins dans le monde francophone, les protestants retrouvent les livres deutérocanoniques. 

 En plus des livres deutérocanoniques, il y a des apocryphes qui ont marquent profondément la tradition chrétienne, surtout catholique et orientale : l’histoire des apôtres, celle des martyrs, les traditions relatives à Marie.  

                                                                                                                                                                                          siècle après JC), plus littérale (et par antichristianisme). Aquila est le nom du traducteur, un Grec originaire du Pont qui fut baptisé puis exclu du christianisme, il s’est tourné vers le judaïsme et a été disciple de Rabbi Aqiba. 

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‐ Trame historique  Patriarches : (Après les récits des origines, sorte de Préface à toute la Bile, on voit apparaître Abraham en Gn 12) Abraham, Isaac, Jacob. Ils ne connaissent pas Dieu avec le même nom révélé à Moïse : YHWH, Ils le connaissent comme El (d’une racine qui exprime la puissance, au pluriel Elohim – cf. Allah), El‐Shaddaï (Dieu Tout‐Puissant, ou Dieu des Montagnes, Job), El‐Roï (Dieu Voyant, Gn 16, 13), El‐Elyon (Dieu Très Haut, Gn 14, 20), El‐Sabaoth (Dieu des armées, 1S 4,4, Ps 46, 6‐7 etc.)  Exode Evénement central : la sortie d’Egypte.   

‐ Comparer Ex 19 et Ac 1 : le don de la Loi et la Pentecôte. ‐ La Haggadah de Pâque 

 Installation en Canaan, répartition des tribus, le temps des Juges. Puis la période royale. Au temps de Samuel les 2 premiers rois : Saül (tribu de Benjamin) et David (tribu de David). Puis le plus grand roi, Salomon.  1R 1, 39 : « Le prêtre Sadoc prit dans la Tente la corne d’huile et donna l’onction à Salomon. » Les Philistins ont été vaincu, le Royaume est très étendu. 1R 5, 1 : « Salomon dominait sur tous les royaumes, depuis l’Euphrate – le fleuve –, sur le pays des Philistins, et jusqu’à la frontière de l’Égypte. » La Sagesse du roi est connue jusqu’au Royaume de Saba. 1R 5, 10 : « Grande était la sagesse de Salomon, plus que la sagesse de tous les fils de l’Orient, plus que toute la sagesse de l’Égypte. » Le Temple de Jérusalem est construit.  1R 6, 13 : « “Je demeurerai au milieu des fils d’Israël, je n’abandonnerai pas mon peuple Israël”. » Le grand roi Salomon : les livres qui lui sont attribués : Cantique des Cantique, Proverbes, Qohélet. (La Sagesse est deutérocanonique, a été écrit directement en grec, ne figure pas dans le canon juif).   On entre vraiment dans l’histoire des rois avec, à la mort de Salomon la division du Royaume en 2 : Israël (Jéroboam) et Juda (Roboam). 

‐ 721 : perte du Royaume d’Israël (10 tribus) ‐ Les territoires de Benjamin et Juda, autour de Jérusalem, durent jusqu’à l’Exil 

 Pendant cette période : Isaïe et Michée, Amos, Osée  Exil, la catastrophe et la Nouvelle Alliance 

‐ 597 : première déportation ‐ 587 : deuxième déportation et Destruction du 1er Temple 

C’est l’époque de Jérémie et Ezéchiel et 2e Isaïe  Retour d’Exil, période perse pendant 2 siècles. Le Deuxième temple) Esdras, Néhémie, Aggée, Zacharie  Période grecque du IV siècle avant JC jusqu'à ‐63 (Pompée). Les Maccabées, Daniel  (Le Temple sera agrandi et embelli par Hérode Le grand et achevé en +63, détruit par Titus en +70  

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D) Conclusion  La Parole pour le monde : Verbum pro mundo 

 Puisque le thème de votre année pour ces rencontres est « Appelés au cœur du monde », je conclus par l’envoi en mission contenu dans la Parole de Dieu elle‐même. La Parole de Dieu ne peut pas être seulement pour soi. Le titre de la 3ème partie (nn. 90 à 120) de VD est Verbum pro mundo (la Parole pour le monde).  

« La Parole de Dieu fait de nous non seulement les destinataires de la Révélation divine, mais aussi ses messagers [car] toute personne de notre temps, qu’elle le sache ou non, a besoin de cette annonce. » (VD n. 91). « La mission n’est pas une réalité facultative ou optionnelle de la vie ecclésiale. » (VD n. 93) 

 Le NT porte avec insistance cette invitation à l’annonce et à l’annonce explicite.   

« Malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile ! » (1 Co 9,16) « Ce que je vous dis dans l’ombre, dites‐le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez‐le sur les toits » (Mt 10, 27). « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21) « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous, mais faites‐le avec douceur et respect » (1P 3, 15 « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). 

  « Seul Dieu répond à la soif de tout homme… et aux interrogations profondes qui habitent notre cœur » (VD n 23)  « La Parole de Dieu est la vérité salvatrice dont chaque homme a besoin en tout temps. À cette fin, l’annonce doit être explicite. L’Église doit aller vers tous avec la force de l’Esprit (cf. 1 Co 2, 5), et continuer de manière prophétique à défendre le droit des personnes à la liberté d’entendre la Parole de Dieu, en cherchant les moyens les plus efficaces pour la proclamer, même au risque de la persécution. L’Église se sent débitrice envers tous de l’annonce de la Parole qui sauve (cf. Rm 1, 14). » (VD n. 95)  

 Ce que nous avons reçu, nous ne pouvons pas le garder. Les laïcs, comme les clercs, tous les baptisés ont à exercer la mission prophétique qui découle du baptême.  Le verbe très utiliser pour parler de la mission est le verbe ‘communiquer’ : « le témoignage chrétien communique la Parole attestée dans les Ecritures » (n. 97). La communication ne se limite pas aux paroles, elle transmet la vie (n. 91), la joie (nn. 2 et 123) et l’amour (nn. 2, 107, 117). À travers tout cela c'est toujours Dieu qui se communique lui‐même, comme il l'a fait dans l'Incarnation de son   Une annonce de la Parole qui se désintéresserait du sort de l'un « de ces plus petits qui sont mes frères » (Mt 25,40) serait une contradiction et un contre‐témoignage : « Tous les croyants doivent comprendre la nécessité de "traduire en gestes d'amour la parole écoutée, car ainsi seulement l'annonce de l'Évangile devient crédible, malgré les fragilités humaines qui marquent les personnes" (Benoît XVI) » (VD n. 103).  

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La chapitre « Parole de Dieu et engagement dans le monde » couvre les nn. 99 à 108. Si l'efficacité de la Parole doit se donner à voir dans des actes, l'engagement de l'Église pour la justice et la transformation du monde devient « une exigence constitutive de l'évangélisation » (VD n. 100).  

Saint Augustin : « Il est fondamental de comprendre que la plénitude de la Loi, comme de toutes les Ecritures divines, c'est l'amour [...]. Par conséquent, ceux qui croient avoir compris les Écritures, ou au moins une partie quelconque de celles‐ci, sans s'engager à construire, à travers leur intelligence, ce double amour de Dieu et du prochain, démontrent qu'ils ne les ont pas encore comprises » (cité en VD n. 103). 

 Si les pauvres sont particulièrement attentifs au geste qui accompagne la parole, il en va de même des jeunes (VD n° 104). Dans leur désir de vérité, ils sont très sensibles au décalage entre la parole et le témoignage de vie. Les questions fondamentales qui habitent le cœur de l'homme émergent tout particulièrement au temps de la jeunesse, le temps des choix décisifs. Or, « seul Dieu sait apporter une véritable réponse à ces questions » (voir aussi VD nn. 22‐23 et 92). Aussi les jeunes ont‐ils droit à « une annonce claire », accompagnée du témoignage de vie.  La Parole de Dieu pousse l'homme à des relations animées par la droiture et la justice » (VD n. 100).  

« Le Verbe qui communique la vie divine qui transfigure la face de la terre, faisant toutes choses nouvelles » (n. 91) 

 La Parole de Dieu est porteuse de rupture – sinon de contradiction (Lc 2, 34) – qui invite à la conversion (n. 93) pourra contester la culture ambiante, selon les mots de Paul VI en 1975 : 

« [Il s'agit] d'atteindre et comme de bouleverser par la force de l'Évangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d'intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l'humanité, qui sont en opposition avec la Parole de Dieu et le dessein du salut » (VD n. 100, citant l'exhortation apostolique Evangelii nuntiandi n. 19). 

  Enfin, puisque le pape François a publié son Exhortation en 2013 « La joie de l’Evangile », on va s’arrêter sur la joie. Benoît XVI déjà a ouvert ce thème de la mission comme communication de la ‘vraie joie’, celle que le monde ne peut pas donner en suivant saint Jean 16 :  

« C’est un don et une tâche incontournable de l’Église de communiquer la joie qui vient de la rencontre avec la Personne du Christ, Parole de Dieu présente au milieu de nous. » (n. 2) « L’annonce de la Parole crée la communion et apporte la joie. Il s’agit d’une joie profonde qui jaillit du cœur même de la vie trinitaire et qui se communique à nous dans le Fils. Il s’agit de la joie, comme don ineffable, que le monde ne peut donner. On peut organiser les fêtes mais pas la joie » (n. 123) 

 La rencontre personnelle et communautaire avec la Parole de Dieu est source de joie. AMEN. 

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Formation de proximité - Bagnolet 11-12 décembre 2015

La Bible, parole vivante Alain Le Négrate

A) Introduction :

La Parole de Dieu ne se résume pas à la seule Bible. Pour la tradition vivante, cette Parole de Dieu a un visage, Jésus-Christ. Le Fils Unique qui est tourné vers le sein du Père, a révélé le Dieu que « personne n’a jamais vu » (Jn 1, 18).

B) Parole du Seigneur

1. Le christianisme est la religion de la Parole de Dieu

« Notre lettre de recommandation, c'est vous, une lettre écrite en nos cœurs, connue et lue par tous les hommes. Oui, vous êtes manifestement une lettre du Christ rédigée par nos soins, écrite non pas avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu Vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs... Dieu qui nous a qualifiés pour être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'Esprit ; car la lettre tue, l'Esprit vivifie. » (2Co 3, 2…6 )

2. Lectio divina

« L'Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle le fait aussi pour le Corps même du· Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie ; de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l'offrir aux fidèles. Toujours elle eut et elle a pour règle suprême de sa foi les Ecritures, conjointement avec la sainte Tradition, puisque, inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la Parole de Dieu lui-même et font résonner dans les paroles des prophètes et des apôtres la voix de l'Esprit saint. […] Dans les Saints Livres, en effet, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux ; or, la force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu'elles constituent, pour l'Église, son point d'appui et sa vigueur et, pour les enfants de l'Église, la solidité de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. »

(Concile Vatican 2 Dei Verbum n. 21) Le texte de la Bible donne accès à la Parole de Dieu si, en le lisant, nous accueillions celui qui nous parle. Dans la tradition chrétienne cette pédagogie s’appelle lectio divina. L'accueil priant de la Parole de Dieu a trois moments : lectio, meditatio, oratio, conclues par la contemplatio et débouchant dans l'actio. (Benoît XVI Verbum Domini nn. 86-87)

3. La Parole de Dieu dans la liturgie

« Dans la célébration de la liturgie, la Sainte Écriture a une importance extrême. C'est d'elle que sont tirés les textes qu'on lit et que l'homélie explique, ainsi que les psaumes que l'on chante ; c'est sous son inspiration et sous son impulsion·que les prières, les oraisons et les hymnes liturgiques ont jailli, et c'est d'elle que les actions et les symboles reçoivent leur signification. Aussi, pour procurer la restauration, le progrès et l'adaptation de la liturgie, il faut promouvoir ce goût savoureux et vivant de la Sainte Écriture dont témoigne la vénérable tradition des rites aussi bien orientaux qu'occidentaux. » (Concile Vatican 2 Sacrosantum Concilium n. 24)

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C) Les saintes Ecritures Saint Jérôme : « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer Jésus-Christ ».

1. Le rapport entre l’AT et le NT

Jésus est, pour les chrétiens, le Christ, c’est-à-dire le Messie. Cela ne peut pas se comprendre en dehors de l’attente messianique d’Israël dans l’AT. La racine du christianisme se trouve dans l’AT. Le Nouveau Testament lui-même s’affirme conforme à l’Ancien et proclame que dans le Mystère de la vie, de la mort et de la Résurrection du Christ, les Saintes Écritures du Peuple juif ont trouvé leur accomplissement. Les chrétiens lisent l’AT à la lumière du Christ, mais pour autant l’AT conserve sa valeur propre de Révélation. La Nouvelle Alliance n’annule pas l’Ancienne Alliance qui demeure.

2. L’inspiration (et l’inerrance) des Ecritures.

« Notre sainte Mère l'Église, de par la foi apostolique, tient pour sacrés et canoniques tous les livres tant de l'Ancien que du Nouveau Testament; avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l'inspiration de l'Esprit saint, ils ont Dieu pour auteur et qu'ils ont été transmis comme tels à l'Église elle-même.·Pour composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il a eu recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils mettent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement. Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de l'Esprit saint, il faut déclarer que les livres de l'Ecriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut. » (Concile Vatican 2 Dei Verbum n. 11) « Pour découvrir exactement le sens des textes sacrés, il ne faut pas porter une moindre attention au contenu et à l’unité de toute l’Ecriture, eu égard à la Tradition vivante de toute l’Eglise et à l’analogie de la foi. » (Dei Verbum n. 12)

3. Le canon des Ecritures

Le mot canon signifie la liste officielle des livres de la Bible, avec un caractère normatif. C’est un catalogue, une énumération des livres considérés comme les livres saints à mettre dans le livre.

• La bibliothèque (cf. tableau) • Trame historique (cf. chronologie)

D) Conclusion : Appelés au cœur du monde

« La Parole de Dieu fait de nous non seulement les destinataires de la Révélation divine, mais aussi ses messagers [car] toute personne de notre temps, qu’elle le sache ou non, a besoin de cette annonce. » (Benoît XVI Verbum Domini n. 91) « Il est fondamental de comprendre que la plénitude de la Loi, comme de toutes les Ecritures divines, c'est l'amour [...]. Par conséquent, ceux qui croient avoir compris les Écritures, ou au moins une partie quelconque de celles-ci, sans s'engager à construire, à travers leur intelligence, ce double amour de Dieu et du prochain, démontrent qu'ils ne les ont pas encore comprises » (Saint Augustin cité en VD n. 103). « L’annonce de la Parole crée la communion et apporte la joie. Il s’agit d’une joie profonde qui jaillit du cœur même de la vie trinitaire et qui se communique à nous dans le Fils. Il s’agit de la joie, comme don ineffable, que le monde ne peut donner. On peut organiser les fêtes mais pas la joie » (Benoît XVI Verbum Domini n. 123)

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