5/17/2018 Pepin- Platonisme et antiplatonisme dans le trait de Plotin Sur les nombres - ...
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Platonisme et antiplatonisme dans le traité de Plotin Sur les nombres (VI.6 [34])
Author(s): Jean PépinReviewed work(s):Source: Phronesis, Vol. 24, No. 2 (1979), pp. 197-208Published by: BRILLStable URL: http://www.jstor.org/stable/4182067 .
Accessed: 17/04/2012 17:26
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Platonisme et antiplatonismedans le traitede Plotin
Sur les nombres(VI.6 [34])*
JEAN PIPIN
ILa theorie plotinienne de l'infinite et
la theologie negative du Parmenide
Les editeurs signalent dans les premierespages du traiteVI.6 quelquesmotsqui pourraient aireentendreun certainechodu Parmknide.Maisilsemble que le souvenirdece dialogueplatoniciendepassede beaucoupcesmaigres ormules,et soit en realitepresentd'unboutA 'autreduchapitre3de Plotin.
Carl'essentielde ce chapitre Apartirde la ligne 9) estconsacr6Atraiterde 1'a'nELPLan montrantque l'on doit Ason proposaffirmer, t en memetempsnierdiverscouplesde qualitescontraires; e proc6d6est clairement
avoue aux lignes26-28: T'Lv oiv LVT'TwVoA1OEtEv vrnv; [...J"H Ta VLVTL'a&jia xoVLOV& Evovwrt (et encore en 30-31: 'AXX& 'rp6 TOLV LVEUOXL 8iXov, o
oV'TEpOV'
pLOp'vws). Mais on saitquetelle estdejA a doublefaqondont leParmeinidedecrit l'Un: dans la premi6re hypothUse,Platon applique Al'Un-qui-est-un a negationdescouplesdecontraires, vec des formulesdutype oVT ..., OiSVT .; dans la deuxieme hypothese, les couples decontraires ont en revancheaffirm6ssimultan6mentde l'Un-qui-est,avecdes formules du type xoi ..., XUL ..., ou TE Xtt. ... II semble donc quePlotin,voulant d6crire a notion de l'infinite, se soit souvenudu doubleproc6d6mis en oeuvrepar PlatonAproposde l'Un.
Cette impression se confirmesi l'on observequels sont les couples decontraires nvoqu6sparles deux auteurs.
Plotinmentionne Acet 6gard:1 l'etre et le non-etre: 'infiniteest et n'est pasparmi es etres,oivao?vTOlS
VOLV- OVX EVTOlS OUOLV(lignes 10-11; cf. 1-2);2? la limite et l'illimite:etant par d6finition l'illimit6, l'infinit6fuit2 la
limite, mais elle est attrap6e par elle et envelopp6e de l'ext6rieur(12-16);
30 le lieu et l'absence de lieu (16-18);
* Le plan de cette etude suit approximativement 'ordrememe des chapitresde Plotin.
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40 le mouvement et l'immobilite: I'infinite n'est ni en mouvement ni
immobile, ovi' oivXLvoGLo. 'AXX'o8& ETiXEVV ( 18-26),elle est a la foisimmobile et en mouvement, xoLl?Tr'S Xal XLVOUiEVOV(29-30), XiVTOLsxdi
[... .] OTOOLS(38-43);50 le grand et le petit: l'infinite est l'un et l'autre, xo [.L. .1 ieyaxx%xLuALXpoV
[... .I yiVTiTaL (28-29), mais ni l'un ni l'autre (3 1);
60 I'un et le multiple: l'infinite est une et non une, multiple et non multiple
(35-38).
Or tous ces couples de contraires ont e envisages dans le Parmenide:
1? l'Un est et n'est pas (155 e 6-7, traisiEmehypothEse);20 l'Un-qui-est-un n'est envelopp6 ni par un autre ni par soi (138 a 4 et 8);
l'Un-qui-est est enveloppe par lui-meme, et donc limite, tout en etant
illimite (144 e 9-145 a 3; 145c 6-7);
30 l'Un-qui-est-un n'est nulle part (138 a 2 et b 5-6);
40 l'Un-qui-est-un n'est ni immobile ni en mouvement, oiVTE ? GTnX?vFVT
XLVVTXLt (138 e 7-139 b 4); notamment, il n'a pas de mouvement local
(138 d 3); en revanche, l'Un de la troisieme hypothese est et immobile et
en mouvement, '?aTnX Tr XOt XLVELTOtl (156 e 4);3
50 l'Un-qui-est n'a ni grandeur ni petitesse, pVqTE iy?EOoS [LnTE OLX67XpTTC
Fxov (150 d 3-4; 150 e 2-3); il est plus grand et plus petit que soi-meme
(151a 1-2);460 1'Un-qui-est-un n'est pas un (141 e 10-12); l'Un-qui-est sera un et
multiple (145 a 2-3); il est d'une part un et multiple, d'autre partni un ni
multiple (155 e 4-6).5Tout se passe donc comme si Plotin, voulant decrire lI'rreapCo, avait
transpose "en n6gatif' les caracteres que le Parmenide assignait A l'Un.
Ainsi aurait-il fait egalement a propos de la matiere, qui d'ailleurs ne
differe pasde l'infini (Enn. II 4
[12]15, 10; 17-18; 35-37; III 6
[2617, 8; c'est
aussi le cas du mal, decrit comme etant, par rapport au bien, oLov . . .
tTrElpOV rpOSTEpas, I 8 [51] 3, 13-14; or, on le sait par 18, 5, 8-9, etc., le mal
v6ritable n'est autre que la mati&re);car la mati&reelle aussi est dite
puissance des contraires (III 6, 7, 16-17; 17, 35-37), immobile et non
immobile (1II 6, 7, 14: eca'vxopsvx ev GaTcEL), elle est le grand et le petit, et
n'est ni le grand ni le petit (III 6, 7, 17 et 21-22; II 4, 11, 33-34), etc.6 On
pourrait voir la, de la part de Plotin, comme un effort d' "a-th6ologie"
negative, qui serait le revers de la theologie negative du Parmenide.7
Ce rapprochement avec le Parmeniderendrait raison des mots de VI 6, 3,
12: 'S xcxiT4 Xpovw, que l'onestparfoistent6d'exclurecommeune glose.Car le Parmenide 151e 3 sq. fait longuement etat de la participation de l'Un
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au temps, a propos de I'etre et du devenir de l'Un; et c'est par la prise en
consideration du temps que la troisieme hypothese tente de surmonter lescontradictions apparues dans la notion de l'Un (155 e 6 sq.). Sans meme yajouter,comme font Henryet Schwyzer,<?V> T yp6vw. ni corriger otL enx&v selon une suggestion que leur a faite J. Igal, on peut donc entendre
ainsi la formule de Plotin: si elle n'est pas limitee, l'infinit&ne fait pas
partie de ce qui est, mais peut-etre de ce qui devient, "comme <elle en fait
partie> aussi par I'action du temps".
11
Le nombre et les cinq genres du Sophiste
Au debut du chapitre 4, Plotin examine le statut des nombres dans l'intel-
ligible. Trois hypotheses:
1. les nombres s'ajoutent aux formes ou encore les accompagnent (k'rL-
yLVO,uivv[. . .1 xOt, UpxxoXovOotvTWv); ainsi, l'etre etant premier,
nous avons conKua son propos la monade, puis, le mouvement et le
repos venant de lui, nous avons conqu le trois, et ainsi de suite;
2. ou bien les nombres ont e co-engendres (avvrycvvi*j0,qui s'oppose
a ?iTLyLvo[iEvwv)vec les formes:2.1. soit qu'avec chaque forme ait ete engendree une seule monade <on
aurait alors, non pas la serie des nombres, mais un ensemble de
monades>,
2.2. soit qu'au premier etre (intelligible) soit attachee la monade, a celui
qui le suit la dyade, et ainsi de suite dans l'ordre;
3. ou enfin le nombre est conqu en soi; deux cas sont alors Aenvisager,
selon qu'il est anterieur ou posterieur aux autres formes.8
Quand il illustre la premi&rehypothese par l'exemple du mouvement et
du repos qui, venant apres I'etre,nous auraient permis de concevoir le trois,
Plotin se souvient du Sophiste 250 b 8-c 2 et 254 d 4-12; car c'est la que
Platon, apr&s avoir montre que le repos n'est pas en mouvement, ni le
mouvement en repos, ni l'etre en repos non plus qu'en mouvement, conclut
que l'etre se revele al'ame en tiers ajoute au repos et au mouvement, et que
voila les trois premiers genres. A ceux-ci, on le sait, la suite du dialogue (254
d 14-256 d4) adjoint le meme et l'autre, pour arriver au total de cinq genres
distincts. Mais cette doctrine platonicienne dgalement est introduite par
Plotin dans son traite: c'est au debut du chapitre 9, 3-4, quand il se
demande si les cinq genres en question ont engendre le nombre ou si c'est le
nombre qui les a engendres.9 Davantage, si, de ces pages du Sophiste, on
rapproche le Parmenide 143 a 4-144 a 9, oii Platon montre le nombre
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engendre Apartirde trois de ces cinq genres,Asavoir e ev (equivalentdu
meme du Sophiste), 'ovat(at le ETEpOV, on voit que 1'hypothEse,nonc6epar Plotin (et bientot rejetee),selon laquelle les cinq genresauraienten-gendr6 e nombre,n'est autreque celle de Platon; dentification onfirm&eparle fait que Plotin avaitd'abord 9, 1-2)donn6,de la memehypothese,une presentationun peu diff6rente,oiu 'o'voi est dite avoirengendr6 enombrepar son propre morcellement [,LEpLaL); car, dans le Parmenideaussi, 144 b 4-e 7, la g6n6rationdu nombres'op&re ar le morcellement
(LERpkpaL) de 1'oivoaa.C'est encoreau problemede la situation du nombre relativementaux
grandsgenresdu Sophistequ'estconsacreen partie e chapitre13de Plotin.On y lit par exemple que le pens6eprendnecessairementappui sur l'unpour dire autre, ce qui montreque I'autre est posterieur 13, 10-12);celarevientclairementAaffirmer'antftiorit6de l'unpar rapportaucinquidmegenre du Sophiste.La relationa ce dialogue devient plus etroiteversla findu chapitre (13, 41-45): pour montrerque, sans l'un et le nombre,il estimpossiblede penserou de direquelque chose TL), Plotinobserveque dire"Squelquehose", au singulier Tr), au duel (TLVE) ou au masculinpluriel(TLv&s), c'est aussi dire ?v, ,o ou noxxoiv$;en cela, il suit de tres pres le
Sophiste237d 6-10, oii Platon,voulant6tablirque le non-etrene peutetreattribuE u L, formulaitune remarque dentique:&v&xyrX'TOV TLXEyoVTOLV
y? TL XyELV |. ..] 'Ev6sy&p 8i '6 oyE "Ti" qpivELSCa1ioV LVaL, TO 8E "TLV"
&VOLV,TO 8E "TLVk" ITOXXVV.1
Ce rapprochement ien assureengagea ne rien modifier,en 13, 42-43,du texte ni de la ponctuationdes Enneades, t deconseille a correctiondeXEyrL en X,y (Theiler). II n'est pas impossible que l'on puisse en tirerencore un &claircissementourla ligne 41; en Sophiste237 d 1-4 en effet,c'est-A-diremm6diatement vantle texte qui vient d'etrecit6,Platonpose
que le mot TL est toujoursdit de I'etre,To "Ti" [...1 &' OVTL X-yOjcVexacoTTE;1 cet6nonceplatonicienne transparaitrait-ilas en 13,41? Si telest le cas, voici ce que Plotinaurait voulu dire dans ce passageobscur:"mais si (la pensfe>savait d'avance que cet <un> st quelque chose (sicHenry-Schwyzer), 'est qu'ilest identiquea l'etre".
IIIVariations autour du "Vivantparfait" du Time'e2
Le chapitre7 de Plotin ne traitepas du nombreen tantque tel, maisdu
mondeintelligible,de la faKondont il renferme es objetsintelligibles,de
son rapportA l'Ame. Pour designeret decrirecet aspect objectifde la
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deuxidme hypostase, le philosophe, aprds avoir employe le mot non pla-
tonicien130XvTO~AOV(7, 15,et aussi 8, 2), recourt au langage de Platon: c'estle Vivant parfait (To6TOVTEX'S @,ov), qui embrasse en lui-meme tous les
vivants ?V acvxTJ T&'rarVTrcCCxxTFplexov) commel'universvisibleembrassetous les etres visibles (rv'ra Ta?VTlr4OpaT') (7, 15-19,et aussi 8, 18-19). On
reconnait IA un assortiment de formules tirees du Timee, 31 b 1-2 (TX
ITvTEXEZLw),31 a 4-5 (ITEpLovOVIxt [.. .1Mxa), t 30 c 9-d2 (T& ..] Cp
VTU I.. .1 V 'EaVTtO 1TEpLXYPl0V EXEL, XtO&'rrrp 08c 0 x6ac.ws [tS& 6oza TFr ''XXa
Le chapitre 8 poursuit l'analyse de la deuxidme hypostase, en vue de
determiner auquel de ses niveaux se situe le nombre (c'est a ce r6sultatqu'est ordonn6 le developpement des deux chapitres). A cet effet, Plotin
distingue, outre le Vivant-en-soi, deux autres termes qui sont l'Intellect et
1'Essence ou Etre (8, 1-2). L'adjonction de l'Intellect au Vivant s'inspire
encore du Time'e,39 e 8-9, ou il est dit que le vovs voit les Idees dans le
Vivant-en-soi; evoquer l'Intellect et la Vie a propos de l'Ttre, c'est d'autre
part integrer 1'enseignement cdlbre du Sophiste 248 e 7-249 a 9, qui
affirme la presence de voivset Cwi dans le 'TCosXVTeXOv. Vivant (ou Vie),
Intellect (ou Pensee) et lEtre onstituent chez Plotin une triade bien connue,
ordinairement enoncee dans l'ordre ?tre-Vie-Intellect; 14 ici au contraire, etde la faqon la plus nette (rp&rov . . ., EXLT . . ., EIa . . .), c'est une autre
hierarchie qui apparalt, oui 1'Etre est encore premier, mais l'Intellect
deuxidme (en sa qualite d'acte de l'Essence), et le Vivant en dernier lieu; a
la suite de quoi Plotin explique pourquoi le nombre ne peut se trouver
originellement au rang ni du Vivant, ni de l'Intellect (8, 15-22). Cette
repartition nouvelle des trois termes traduit, de la part de Plotin, un second
etat de son exeg&se des textes platoniciens; elle se rencontre plusieurs fois
encore dans le traite Sur les nombre.s,15mais il semble bien qu'elle soit
absente de tous les autres trait6s.16Quelle est la raison de ce changement deperspective? Peut-etre le souci de Plotin de se distinguer des gnostiques qui,
interpretant eux aussi le Timee 39 e 8-10, en degageaient une hierarchie dumonde intelligible culminant dans un principe qui contient en soi tous les8tres,17c'est-A-dire dans le Vivant-en-soi de Platon. Plus probablement le
philosophe cedait-il aux exigences de sa theorie du nombre; du point devue du nombre en effet, comme P'abien vu P. Hadot,18 le Vivant-en-soi,
qui, malgr6 son unite, egale en nombre la totalite des vivants particuliers
qu'il contient (7, 17-18),19 represente une multiplicite plus divisee quel'tre et l'Intellect, et doit donc venir aprds eux. Ce qui est siur,c'est que le
reperage des deux facons qu'eut Plotin d'agencer les troiscomposants de ladeuxidme hypostase n'est pas une decouverte moderne; car Proclus avait
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dejA relev6 la discordance avec la plus grande nettetd, et oppose sur ce
point justement l'Enne'adeVI 6,8, 17-18 A III 9 [13] 1; l'explication qu'il endonne diff&red'ailleurs de celles qui viennent d'etre propos6es ci-dessus;
elle illustre sa tendance, qui est commune dans le neoplatonisme tardif, A
rdsoudre les problWmes meme de pure histoire, comme celui-ci) par l'in-
troduction d'entit6s nouvelles dans l'ordre hi6rarchique anterieur: c'est
que Plotin aurait conqu deux Intellects, l'un sup&rieurau Vivant, I'autre
inf6rieur.20
Le souvenir des pages 30 c-31 b du Timee reapparait au chapitre 15,
quand Plotin s'int&ressede nouveau au Vivant parfait (il repetera trois fois,
lignes 8 A I1, l'expression IOWTveXEsovde 31 b 1) et rappelle que c'est sonunite qu'a imit6e, autant qu'il lui 6tait possible, le vivant total d'ici-bas par
sa propre unite (15, 1-5). Mais ce qui suit cet exorde platonicien n'est plus
platonicien, A savoir: 10 que le Vivant parfait est le nombre total, et que le
nombre lui est par consequent ant6rieur; 2? que l'Intellect, groupant tous
les intellects particuliers et tous les actes de l'intellect (qui, les uns et les
autres, ont un nombre), ne peut non plus poss6der le nombre a titre
premier; 30 que c'est seulement dans l'tre que se trouve le nombre, avec
lequel 1'1tre engendre les etres (15, 6-25). Vivant, intellect, Etre, on recon-
nait, dans l'ordre ascendant cette fois, la triade de VI 6, 8, 17-18, resumeed6jAau debut du chapitre (15, 2-3); ce nouveau developpement se rattache
donc encore, indirectement, A 'ex6gese du Time'e39 e 8-9.
A la fin du chapitre 17, Plotin amalgame deux bouts de Timee qu'il
n'avait encore cites que s6pares: il nomme A nouveau deux fois le -rrYVTEXEs
wpovde 31 b 1, pour dire, comme il le lisait en 39 e 8-9, qu'en lui est tout ce
que voit l'Intellect (17, 38-39). Comme ailleurs, le souvenir de ce dernier
texte platonicien vient A Plotin occup6 de la triade interieure au monde
intelligible; l'int&ressant ci est que l'on surprend ensemble les deux 6tats
de l'ex6g6se et les deux ordonnances de la triade, dont la concurrencedevait frapper Proclus. LUttre est en toute hypothese premier; examinant
en effet le statut des figures geometriques dans l'intelligible, Plotin affirme
que la figure est toujours une dans l'Ttre, et ne se divise qu'ensuite ( 17, 28).
Mais cette division commence-t-elle dans le Vivant ou avant lui (= dans
l'Intellect)? (17, 28-29); dans leur 6tat divise, les figures sont-elles dans le
Vivant, ou d'abord dans l'Intellect? (17, 34-35); ces propos refltent la
these, propre au trait6, selon laquelle le Vivant serait au bas de l'echelle.
Mais voici que l'autre these vient en balance: du fait qu'assurement les
figures divisees sont dans le Vivant, il s'ensuit qu'ellessont
primitivementdans le Vivant si le Vivant embrasse l'Intellect, primitivement dans l'In-
tellect si celui-ci pr&cddee Vivant dans la hi&rarchie 17, 35-37). Argument
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pour la priorite de l'Intellect: dans le Vivant, il y aussi des ames; argument
pour la priorite du Vivant: ce que dit Platon, que 1'Intellectvoit les formesdans le Vivant (17, 38-40). Plotin opte finalement pour la priorite del'Intellect, et se debarrasse de I'argument tire de Platon en entendant la"'vue"dont parle celui-ci comme I'actequi fait exister le Vivant (17, 40-41).
Dans les pages 30 c-3 1 b du Timee, tant de fois pr6sentes dans le trait6Sur les nombres,il est un passage (31 a 4-b 1)dont Plotin n'a pas encore faitetat. Platon y explique pourquoi le Vivant intelligible ne peut etrejumel6avec un autre: c'est qu'il faudrait alors un autre Vivant qui envelopperaitces deux-la, et c'est de lui que le monde sensible serait la copie. Cet
argument de recurrence, qui n'est pas sans rappeler celui du "troisidmehomme",21transparaltdans le chapitre 18de Plotin, A 'appui de l'unicit6,non plus du Vivant, mais de l'ttre: si l'Etre avait un contraire, celui-ci netiendrait pas de lui son etre, mais d'un autre principe, ant6rieuret communAtous deux, et c'est lui qui serait l'etre (18, 40-42). Cette substitution del'Ttre au Vivant, dans un argument qui, formellement, demeure identique,illustre la modification que le traite Sur les nombresfait subir a la doctrineplatonicienne du monde intelligible; toute la fin de ce chapitre 18 etdernier est un hymne Ala suprematie de l'1tre, qui ne le cede qu'au Bien
(18, 49-50), mais l'emporte sur le Vivant et l'Intellect malgre l'eminence deceux-ci. Car la triade si souvent rencontree apparait la encore, pour laderni6re fois (18, 35-36 et 51-52); il est clair que I'ttre en tient le sommet,mais on ne voit pas exactement ici auquel des deux derniers termes Plotinaccorde la preeminence sur l'autre.
IV
L'un et l'etre chez Plotin et dans le Parmenide
A la fin du chapitre 13 viennentquelques lignes importantes
sur lepro-blWmede la priorite respective de l'Un et de l'etre. Plotin a montre aupa-
ravant - d'apres le Sophiste, ainsi qu'on 1'a vu - que la preexistence del'Un est necessaire a tout discours et A toute pensee. Allant plus loin, ilaffirme maintenant qu'elle l'est a l'existence meme de chaque etre: il n'estaucun etre qui ne soit un, l'Un est anterieur a l'etre et l'engendre (13,50 51);22 la formule ov'&vy&pov, o [ii1 Evpourrait etre une allusion a lathUsede Parmenide, qui sera citee nommement en 18,42-43 sous la formeEV[... T'o 0v2
Cette these de la priorite de l'Un relativement a l'etre, Plotin la confirmeensuite en invoquant, sans nommer Platon, plusieurs formules emprunteesau Parme'nideplatonicien. Parlant de l'Un-qui-est ('iv ov),Platon aurait nie
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qu'il y e'ut d'abord 1'etre, puis l'Un (13, 51-52); la reference est ici au
Parmenide 142 d 4-5 et e 1:dans le tout qu'est le '?v OV, les parties sont le 'Evet l'ov; a ceci pres que Plotin force la pensee de son predeceseur en posantentre les deux termes une succession ontologique (oVxoy ELT EV)24 ui n'estpas marquee chez Platon. Dans I'etre en effet, poursuit Plotin, il y auraitaussi l'Un-multiple, '?V roXX&t,andis que dans l'Un il n'y a pas 1'etre,saufen ce sens que l'Un produirait l'etre en s'inclinant pour l'engendrer (13,52-54). Cette notion de l'Un multiple present, non seulement dans l'Un-qui-est, mais meme dans l'Un en soi en tant que fractionne par 1'etre,provient du dialogue platonicien, 143a 5-6 (To 'Evoyv roXX&) t 144e 4-7 (Tb
yo vTrroAX); Plotin avait deja utilise ces textes en V 1 [10] 8, 26, pourmontrer la sup6riorite de Platon par rapportAParmenidedont le tort fut dem6connalitreque I'etrecomporte aussi la multiplicit6.25 Quant A 'idee que,dans l'Un, il n'y a pas 1'etre,elle peut egalement remonterau Parmenide,oul'on voit que l'Un de la premiere hypothese ne participe aucunement A
l'etre (141 e 9-10); que l'Un de la deuxieme hypothese, s'il participeA 'etre,n'est pas etre, qu'il est autre que l'etre (143 b 2-4).
Ces emprunts averes au Parmenide, a la deuxieme hypothese notam-ment, ne peuvent masquer la transformation que Plotin impose a la doc-
trine platonicienne. Son idee essentielle, a savoir que l'Un est anterieur Al'etre, qu'il 1'engendre,qu'il le produit,26ne s'exprime pas dans le dialogue:ni dans la premiere hypothese, qui s'acheve par la negation de tout passagede l'Un a l'etre (141 e 10-142 a 2); ni davantage dans la deuxieme hy-pothUse, oiu l'on rencontre pourtant, appliquee Al'Un et Al'etre, la meta-phore de 1'engendrement;mais c'est pour signifier que 1'etreest gros (GyxEL)de l'Un, tout autant que l'Un gros de I'etre,bref pour etablir entre les deuxtermes une generation reciproque (142 e 6-143 a 1); et c'est precisementcette r6ciprocitA ndefiniment repetee qui, introduisant la dualite non seu-lement dans l'Un-qui-est, mais dans
ses parties, puis dans les parties deses
parties, etc., permettra la generation de la totalite du nombre (143 a- 144a).De divers passages du traite Sur les nombresse degage un processus tout
different. L'anteriorite de l'Un relativement a 1'etre,que l'on vient de voirposee dans le chapitre 13, 1'etait dejAen 5, 35-38 comme condition de laparticipation de l'etre a l'Un; et Plotin precisait alors qu'il ne s'agit passeulement de l'Un comme premiere hypostase, mais aussi de celui qui est
attribue aux formes intelligibles. Les chapitres 9 et 15 prolongent vers lebas cette amorce de hierarchie, en examinant comment s'y rattachent deuxautres termes qui sont le nombre et les etres. Sans oser se prononcer tropnettement sur la situation de l'un numerique par rapport aux etres et Al'etre, Plotin pose que le nombre est posterieur a 1'etreet ne de lui; puisque,
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d'autre part, I'etre est parce qu'il est un et que deux etres sont parce qu'ils
sont deux, il s'ensuivra et que l'Un pr&cdde 'etreet que le nombre pre&cdeles etres (9, 7-13 et 23-39); en conjuguant les donnees fournies par ce
passage, on voit se dessiner clairement la hierarchie des quatre niveaux.27
Plotin montrera enfin que celle-ci obeit a une stricte proportion d6finie par
les deux notions de "presidence" et de "rattachement": quand, en com-
pagnie du nombre qui lui est int6rieur, 1'etre engendre les etres, il fait
presider (QrpoaTrqo&aa[Evov)es nombres Aleur existence, tout de meme que
l'Un preside a 1'existence de I'etre; d'autre part, l'Un rattache (vv6r('rTov)
1'etre au Premier principe, et pareillement I'etre, devenu nombre, se rat-
tache a lui-meme les etres, en sorte que le nombre primordial est pour lesetres la source de 1'existence (15, 24-35);28en d'autres termes, l'Un entre-
tient avec 1'etre le meme double rapport que le nombre avec les etres. Si
l'on voulait systematiser 1'enseignement de ces textes plotiniens et le dis-
tinguer des positions du Parmenide, on aboutirait a un schema du genre de
celui-ci:
PLATON PLOTIN
l'Un I'etre l'Un
l'Un le nombreles nombres l'etre l'etre les etres
le nombre
les etres
C.N.R.S., Paris
I Ainsi 1, 1-2: la sequence en ordredegrade Ev- iTi10os &rELpiOt voque la sequencesemblabledu Parm. 144a 4-6: Ev- &pLOt6SU?TOXX ITXiOS xlTcEpOV (R. Beutleret W.Theiler,commentairead loc., Bd. III b, p. 444); 2, 1: spPLO1WTIs OLITFpLxas st a rapprocherdu Parm. 144 a 6: 'rr&Epos&pLO[L6sTXiOEL;3,5: 'Ev v rXijos se lit deja en Parm. 143 a 2: T6
'iXiOos [.v. .] 'v OV C'T (les deux derniers rapprochements sont indiques par P. Henry etH.-R. Schwyzer,edit. maior,apparatad loc., t. III, p. 178-179;on prendragarde que ledernier, exact in verbis,recouvre en r&aliteun renversementde sens de Platon [I'Un-qui-est, en raison de sa dualite constitutive,sera multipliciteinfiniel a Plotin [la multi-plicitEn'est pas totale parcequ'elle est une multiplicite]).2 Le contrairefuitson contraire, ormuleplatonicienne, cf. Phedon102d 9.3 Le
Sophisteapplique le memetraitementA 'Etretotal,qui est dit etrea la fois immobileet en mouvement(249 d 3-4), puis ni en repos ni en mouvement(250 c 6-7; d 1-4).4 De cette affirmationde la transcendancede l'Un relativementaux notions de grand et
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de petit, on peut rapprocher le temoignage d'Aristote sur une doctrine que l'on faitremonter aux lecons non ecrites de Platon Sur le bien:les Idees auraientpour principemateriel e Grand et le Petit, et pour principesubstantiel 'Un (Aristote,Metaph.A 6, 987b 20-2 1); de plus, ce qui rejointd'une certainefaqon a these de Plotin, e Grandet le Petitsont, dans cette perspective, constitutifs de l'Infini, TO8'&`1rrapov ?x [E-y6Xov xoi 1pIXpOV
(ibid.987 b 26; de meme Phys.III 4, 203 a 15-16;ces textes aristoteliciens ccupent es nos
22 A et 23 A, p. 477 et 481, durecueil de K. Gaiser, Platonsungeschriebene ehre.Studienzursystematischen ndgeschichtlichenBegrundung er Wissenschaftenn derPlatonischenSchule(Stuttgart21968). Sur1' &TrIpOVcomme matiere des Idees, cf. C. J. De Vogel, "Latheorie de 1'&L"Elpov hez Platon et dans la traditionplatonicienne",dans Revuephilos.,149(1959) 21-39; J. M. Rist, "The Indefinite Dyad and Intelligible Matter n Plotinus",dans TheClassicalQuarterly,12 (1962) 99-107.5 Surl'un qui est un et multiple, cf. encore Philebe 14c 8-9 et e 3-5.6 Voir le commentairede R. Beutler et W. Theiler sur Enn. VI 6, 3, 19, p. 446.7 Sur ces deux infinites opposees, cf. R. Mondolfo, L'infinitonelpensierodell'Antichitaiclassica, collect. "IIpensieroclassico", V (Firenze 1956), p. 519 sq.: "InfinitA ositivadiDio da Filone ai neoplatonici"; A. Charles, "Note sur l'AHEIPON chez Plotin et Pro-clus", dansAnnales de la Fac.des Lettresd'A x, 43 (1968) 147-151.8 Enn. VI 6, 4, 1-11. Le chapitre 5 va reprendre es deux premiereshypotheses(la I re en5, 1-4,la 2een 5, 41), en montrantqu'elles conduisent elles-memesa la troisi&me.9 On sait que Plotin reviendra longuement sur les cinq genres du Sophistedans sondeuxieme traiteSur les genres de l'etre,VI 2 [43],chapitres7 et 8, sur quoi cf. G. Nebel,Plotins Kategorien der intelligiblen Welt.Ein Beitrag zur Geschichteder Idee,collect."HeidelbergerAbhandl. zur Philosophie und ihrer Gesch.", 18 (Tuibingen1929), p.49-54; K.-H. Volkmann-Schluck,Plotin als Interpretder OntologiePlatos, diss. Leipzig(1941), collect. "Philosophische Abhandlungen", X (Frankfurt am Main3 1966), p.108-112;0. Hoppe, Die Gene n Plotins Enn. VI 2. Interpretationenu Quelle,Tradition,
Bedeutungder'rrp&TctyvqbeiPlotin,diss.Gottingen( 1965),p. 54-64;KI.Wurm,SubstanzundQualitat.EinBeitragzurInterpretation erplotinischenTraktateVI1,2 und3, collect."Quellenund Studien zur Philos.",5 (Berlin-NewYork 1973),p. 221-240.10 Argumentcomparable en Republ.V 478 b 6-c 1:TL80o$iFLV, c'est?-VTl 8Ot6&IV, d'oui lsuit que le non-etre n'est pas l'objet de l'opinion.11 Meme inf&renceen The&tete188 e 6-189 a 9, decompos&een deux temps: 10 TI
implique ?v(impossibilite que E'L IS OpaWEV TI, Op&8? oVO&v,88e 6); 20 ?V L mplique ovTI (impossibilite que 'O 8&'VI 80o&V OiVXO.VI, 189a 9). Agencementun peu different dela meme these dans le Parmenide144c 3-7,qui revienta dire:TI'6LoTL estnecessairementEVTI parce que TI, A ui seul, est necessairement?V TI.
12 L'influence du Tim&eur Plotin a ete etudi&epar P. P. Matter,Zum Einflussdesplatonischen "Timaios"auf das Denken Plotin7s. iss. Bern (Winterthur1964); pour letraiteVI 6, cf. p. 98-11 1.13 Absenten toutcas de L. Brandwood,A Wordlndex to Plato (Leeds 1976);otvTO~Covetrouve chez Aristote, Top.V 7, 137b 11. maisavec le sens d"'ldeede animal".14 Voir les textes cites par P. Hadot,"Etre.Vie. Pens& chez Plotin et avantPlotin",dansLes sources de Plotin, Entretiens de la Fondation Hardt sur l'Antiquite classique, V
(Vandoeuvres-Geneve 1960). p. 108-117: le trait6 Sur les nomnbresui-meme semble
refleter parfois l'ordrehabituel. ainsi en 9. 27-29 (o6aia-sCpov-voi5s).n 18,31-33 (ovi'ox-zrj-qpp6vrjaLs),t jusqu'en 8. 10-12 (oavsiv [...1 'WTxwr6TT11x'xi voEpw&T'V). Pour
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l'exegese du Tim&e 9 e dans la tradition platonicienne, voir P. Hadot, Porphyreet
Victorinus Paris 1968), tI, p. 428-432.15 Ainsi VI 6, 9, 29-31; 15, 2-3; 17,28-29; on aura bient6tA revenirsur ces trois textes.En16, 49, l'ordrede 1'Etre st, semblablement,donne pour anterieurAcelui du Vivant.16 Sauf peut-etre de VI 7 [38]36, 12 (posterieur de peu a VI 6 dans la chronologie de
Porphyre).17 Cf. II 9 [33] 6, 14-20,avec le commentairede V. Cilento, Plotino,Paideiaantignostica.Ricostruzioned'un unico scritto da "Enneadi" II 8, V 8, V 5, II 9, collect. "Testiconcommento filol.", IX (Firenze 1971), p. 240. On sait que ce traite Contre es gnostiquesprecede immediatement,dans la chronologie de Porphyre, e traite Sur les nombres.18 Art. cit., p. 118.
19 Cf. encore 16,47-48, ou le Vivant intelligibleest dit pluriel, UXdo;17,28-31:une dans
l'Etre, la figure geometrique se divise dans le Vivant, en ce sens que les figures serepartissententre les differentes formes intelligibles, tout comme le fait le Vivant lui-meme.20 Proclus, n Plat. Tim.comment. 0 cd, ed. Diehl, I, p. 427, 6-15, surquoi cf. la note de latraductionde A. J. Festugiere,Proclus,Commentaireurle Tim&e,I (Paris 1967),p. 305;P. Henry, btudesplotiniennes,I: Les e'tatsdu texte de Plotin, collect. "Museum Lessia-num", sect. philos., 20 (Paris-Bruxelles 1938), p. 228; H.-R. Schwyzer,art. "Plotinos",dans RE, XXI 1(1951), col. 555, en bas.21 Employecontre les platonicienspar Aristote,De ideis, fgt 4 Ross, p. 125-126 surquoicf. P. Wilpert,ZweiaristotelischeFruhschriften berdie Ideenlehre Regensburg 1949),p.83-97), Sophist.Elench. 22, 178b 36 sq., et Metaph.A 9, 990 b 17; dejAamorce par Platon
lui-meme, Parmen.132 ab. Plotin a manie une formede raisonnement res procheen II4[12] 7, 7-9: si le melange d'Anaxagoreetait un etre au meme titre que 1'tre, il faudraitau-dessus d'eux un troisieme terme; et encore en V 5 [32] 4, 12-16: si l'Un pouvait fairenombre avec autre chose - ce qu'il refuse -, il y aurait un terme communA ui et Acettechose, et ce termelui serait anterieur;or rien ne doit lui etreanterieur.22 L'anterioritede l'Un par rapportA1'etre st une these plotiniennesouvent affirmee,cf.par exemple VI 9 [9] 2, 29-30:To bLVEV?V6 'npCxOV, O 8? VOVSXOtiT& Et&q L T6 OV OV 1pCTT.
23 le '?v st indique parmi les attributsde I'Ttredans le fgt B 8, vers 6, de Parmenide,ed.Diels-Kranz,I, p. 235, sur quoi cf. L. Taran,Parmenides Princeton1965),p. 188-191; urla referenceAParmenideen 18, 42-43 de Plotin, voirV. Cilento,"Parmenide n Plotino",dans Giorn. riticodellaFilosofia tal.,43 (1964) 196;Plotin avait dejA, n V 1[10]8,23-23,
rapporteA Parmenide d'avoir, non pas attribue l'unite A 1'Ttre,mais, ce qui est toutdifferent,identifie 1'Ttreet l'Un; aussi reprochait-ilalors au presocratiqued'avoir me-connu la multiplicite de l'Ttre,tandis qu'il I'approuveen VI 6, 18 d'en avoir affirm61'unit6.24 Cf. de meme 14,13: '?V, ELTa OSv; t encore VI 7 [38] 8, 17-18: 'noXX&L TOUTO T6 ?V ELVcLL
OV RET& TO TaVTn ?V.
25 Cf. H.-R. Schwyzer, art. cit., col. 553-554.26 13, 51-54:yEVV).V, nO0LijELMV. Lameme doctrine,avec les deux memesverbes, etait dejAformulee dans un traite de peu anterieurAcelui-ci, A savoir en V 5 [32]5, 5-7: bien quel'Un demeure en lui-meme,il produit ?oLrt) les etres, il les engendre(yEvviiaxL);urV 5,
4-5, consacre aux rapports de l'Un et du nombre, et qui presente beaucoup de points
communs avec le traiteVI 6, voir D. Roloff, Plotin, Die Gross-schriftI, 8- V,8-V, 5-II, 9,dans"Untersuchungen ur antikenLiteraturund Geschichte",8 (Berlin 1970),p. 108sq.
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27 Cette hierarchie se trouve interfereravec celle que l'on a rappelee plus haut entre
1'Etre, 'Intellect et le Vivant-en-soi;car ce dernier,qui reflete l'aspectpluriel du mondeintelligible, en vient facilementAdesigner a totalite des etres particuliers.C'est ce qu l'onvoit chez Proclus, Theol.plat. IV 32, ed. Portus,p. 231, 3-7: "Plotinplacele nombreavant
le Vivant-en-soi, il dit que l'-tre primordialproduit A partirde lui-memele nombre,et
que le milieu entre l'ttre unitaire(rov3 VOS 6VTos) et le Vivant-en-soiest occupe par lenombre, qui est la base et le lieu des 8tres"; a referencea Plotin (commeaussi en Theol.plat. I 11, ed. Saffrey-Westerink,p. 15-19)concerne probablement,bien qu'il y soit peureconnaissable, e chapitre 9 de VI 6, cf. P. Henry, op. cit., p. 228.28 Sur ce texte fondamental, on consultera H. J. Kramer,Der Ursprung er Geistmeta-
physik. Untersuchungenzur Geschichte des Platonismus zwischen Platon und Plotin
(Amsterdam 1964), p. 301; F.-P. Hager, Der Geist und das Eine. Untersuchungenum
Problem der Wesensbestimmung es hochstenPrinzips als Geist oderals Eines in dergriechischenPhilosophie, ollect. "Noctes romanae", 12(Bern-Stuttgart 970),p. 335-339.
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