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Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

Date post: 29-Jun-2015
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Une interprétation de la crise économique du Pérou des années 80s, des politiques populistes du gouvernement Garcia, du brutal ajustement de Fujimori des 90s et la poursuite d'une spécialisation internationale défavorable suivie d'une désindustrialisation et une dépendance alimentaire croissantes.
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Page 1: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 4

jan -mars 1992

)~rou crise minieacutere el reacuteinsertion intemationale

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Ce travail preacuteliminaire part des hypothcses suivantes - La crise eacuteconomique du Peacuterou sinscrit dans le cadre

de la crise des pays minicrs lieacutee aacute la laquotroisieme reacutevolution industrielleraquo qui a entraiacuteneacute la chute du rythme de consommation et des prix des meacutetaux Mais elle est surtout la conseacutequence du maintien dune speacutecialisation peacuteripheacuterique traditionnelle et de plus en plus deacutefavorable dans le contexte de la division internationale du travail (DIT) Au Peacuterou comme dans dautres pays miniers le maintien de cette speacutecialisation sest accompagneacute dune strateacutegie dindustrialisation geacuteneacuteratrice de deacuteseacutequilishybres de la deacuteteacuterioration de lagriculture et dun endettement exteacuterieur croissant qui la plupart du temps na pas eacuteteacute utiliseacute de maniere a favoriser la production

- A un niveau plus speacutecifique la graviteacute de la crise peacuteruvienne est due au role neacutefaste joueacute par lEtat dans la conception et 1application de politiques a court et a long terme et dans la gestion de la rente miniere LEtat controle directement (par ses entreprises) ou indirectement (par les impots les politiques appliqueacutees etc) la perception et lutilisation de la rente miniere De plus lendettement exteacuterieur (dont le secteur public est le principal responsable) a eacuteteacute obtenu grace a la garantie des revenus de lexportation de produits mlOlers

Enfin la question fondamentale qui oriente notre travail est celle-ci eacutetant donneacute la continuation de la crise des meacutetaux et les tendances deacutefavorables des prix sous quelles conditions la poursuite dune speacutecialisation primaire est-elle viable a unemiddot eacutepoque ou les ressources naturelles ne peuvent plus etre automatiquement consideacutereacutees comme des richesses et ou exporter des matieres premieres en valorisant un avantage naturel comparatif ne constitue plus une source assureacutee de transferts nets de ressources de lexteacuterieur vers le pays hote

De la crise structurelle a Iajustement

La dimension de la crlse Depuis de nombreuses anneacutees la situation eacuteconomique

socialc et politique duOPeacuterou ne cesse de se deacuteteacuteriorer La crise eacuteconomique qui a commenceacute en 1975 na pu etre surmonteacutee malgreacute lapplication de recettes orthodoxes (parmi celles qui sont recommandeacutees par le FMI) ou heacuteteacuterodoxes comme celles que le gouverncment dAlaacuten Garciacutea a mises en pratique pendant la peacuteriode 1985-199U En 1990 leacuteconomie peacuteruvienne a connu un taux dinflation de 7658 (voir tableau 1) ceacutetait le plus eacuteleveacute de la reacutegion apres le Nicaragua (8500 ) et lun des plus eacuteleveacutes du monde En 1986 linflation peacuteruvienne neacutetait laquo queraquo de 629 Lactiacuteviteacute eacuteconomique connait depuis de nombreuses anneacutecs une deacuteteacuterioration consideacuterable quiacute sest accentueacutee apres lexpeacuteshyrience populiste des p remieres anneacutees du gouver ement Garciacutea La

chute de la production jointe a un taux de croissance population ont entraineacute une baisse cumuleacutee du produit 302 entre 1981 et 1990(1)

eacuteleveacute de la par tete de

Tableau 1 Peacuterou eacutevolution eacuteconomique reacutecente

1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991

PIS reacuteel croissance en J7 -2 -120 48 22 87 80 -84 -114 -4 9 20 Inllalion (IPC) en 727 729 1251 1115 1583 629 1145 1723 2777 7658 185 4 Exportations F08 (millions dollars) 3249 3293 3015 3147 2978 2531 2661 2694 3542 3276 3320 Importations F08 (millioos dollars) 3802 3721 2722 2140 1806 2596 3182 2750 2140 2885 3265 Balance commerciale (millioos de dollars) -553 -428 293 1007 1172 -65 -521 -56 1402 391 55 Compte courant (millioos de dollars) -1733-1612 -875 -223 135 -1077 -1481 -1138 -254middot -1630 -2375 Detle exteacuterieure totate (millions de dollars) nd 13021 15153 15340 16651 17840 19286 18919 18910 19890 nd ReacuteselVes totales sans or (millioos dollars) nd nd 1366 1630 1842 1407 546 511 808 1090 la) nd Taux de dmge eledif reacuteel resexp (1985 = 100) 122 135 118 119 100 119 135 119 192 263 333 Deacuteficit du secteur pUblic en du PtB 67 73 98 76 JO 51 67 91 nd nd nd

(a) Les montants sont donneacutes pour la fin de chaque anneacutee En juillet 1990 cest-a-dire vers la fin du gouvernement Garciacutea les reacuteserves eacutetaient de 458 millions de dollars Sources CEPAL FMI-IFS Banque Sudameris

En juillet 1990 un nouveau gouvernement a pris ses fonctions et les poli tiques dajustement sont poursuivies mais en deacutepit de lobtention de quelques reacutesultats notamment dune forte reacuteduction de linflation on ne peut pas affinner que leacuteconomie ait atteint une stabiEteacute lui pennettant de trouver doreacutenavant de nouvelles sources de croissance durable

Les facteurs structurels de la cnse Comme dans dautres pays de la reacutegion lindustrialisation

a eacuteteacute favoriseacutee pendant des deacuteccnnies par dimportantes mesures protectionnistes au deacutetriment dautres secteurs La politique de promotion de lindustrie a fortement peacutenaliseacute lagriculture et en particulier la production daliments a laquelle se consacraient pres dun million de petits proprieacutetaires

La strateacutegie dindustrialisation par substitution des imporshytations (1SI) inaugureacutee dans les anneacutees 1950 a manifesteacute une forte deacutependance a leacutegard dimportations croissantes de biens intermeacutediaires et de biens d eacuteq uipement En priacutencipe cela devait etre financeacute par les exportations de minerais qui constituent depuis les anneacutees 1950 la nouvelle speacutecialisation de leacuteconomie peacuteruvienne dans leacuteconomie internashytionale A partir des anneacutees 1960 et en particulier dans les anneacutees 1970 Iendettement exteacuterieur a contribueacute a financer une balance cornmerciale qui sous la pression de lindustrialisation et avec la crise du marcheacute international des matiacuteeres premieres des anneacutees 1970 a commenceacute a manifester des tendances au deacuteficit structurel En 1975 la valcur des importations destineacutees a lindustriacutee a eacuteteacute supeacuterieure a la valeur de Iensemble des exportations peacuteruviennes Depuis la fin des anneacutees 1970 et surtout pendant la premiere moitieacute des anneacutees 1980 des mesures de stabilisation de type orthodoxe ont eacuteteacute appliqueacutees Elles viacutesaient a

(1) CEPA L Balance prfliminar de la economiacutea de Ameacuterica lalIacutella y el Caribe 1990

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engendrer un exceacutedent en dollars destineacute au paiement de la dette mais elles ne sattaquaient pas aux facteurs structurels que nous avons mentionneacutes La situation sest aggraveacutee depuis 1982 anneacutee qui a vu lapparition du probleme de la dette exteacuterieure latino-ameacutericaine linterruption du flux de capitaux en provenance de lexteacuterieur et Iinversion du mouvement des capitaux Depuis 1984 le Peacuterou a eu partiellement recours a des moratoires Les politiques dajustement ont eacuteteacute de type orthodoxe ou traditionnel et Ol1t eacuteteacute centreacutees sur la limitation de la demande inteacuterieure et sur la reacuteduction brutale des importations En 1985 les importations eacutetaient plus de deux fois infeacuterieures a celles de 1981 Cela a permis davoir une balance comnierciale exceacutedentaire de 1172 millions de dollars en deacutepit du fait quen 1985 les exportations eacutetaient infeacuterieures de 84 a celles de 1981 Quant aux salaires reacuteels moyens des ouvriers de 1aire meacutetropoli taine de Lima (les seuls chiffres disponibles) ils avaient perdu en 1985 224 de leur pouvoir dachat de 1980 Ce chiffre masque limportance du probleme car en 1980 ces salaires avaient deacuteja perdu 274 de leur pouvoir dachat de 1973

Le gouvernement de Garciacutea a essayeacute de faire du popushylisme mais sans disposer de moyens financiers comparables par exemple a ceux des militaires reacuteformistes des anneacutees 1970 Le discours du gouvernement et certaines de ses actions ont fini par marginaliser le Peacuterou dans le contexte financier international Le gouvernement a essayeacute de relancer leacuteconomie par laugmentation de la consommation Un des meacutecanismes principaux a eacuteteacute laugmentation des salaires Lexpeacuterience a dureacute deux ans et a entraineacute la disparition des reacuteserves en devises une sureacutevaluation record du taux de change ainsi quune forte augmentation du deacuteficit budgeacutetaire (voir tableau 1) Apres les reacutesultats artificiels de 1986 et 1987 leacuteconomie a continueacute a se deacutegrader et a sombreacute dans une terrible reacutecession et dans lhyperinflation A la fin du gouvernement de Garciacutea (juillet 1990) les salaires reacuteels dans le secteur priveacute et public correspondaient respectivement a461 et 37 du niveau atteint au deacutebut de ce gouvernement (juillet 1985)

Le long processus dapplication de la strateacutegie de IISI a entraiacuteneacute la constitution dune industrie leacutegere fortement deacutependante de Iexteacuterieur Cette pseudo-industrialisation sest accompagneacutee dune urbanisation acceacuteleacutereacutee Des millions de paysans expulseacutes par la crise agraire et la misere de la campagne sont alleacutes sinstaller dans la capitalc et dans les principales villes du pays En 1940 avant que 1ISI ne soit mise en pratique 353 seulement de la population habitaient dans les villes Actuellement 70 oe dune population totale de 22 milions dhabitants sont des citadins et un tiers dentre eux habitent Lima Les travailleurs salarieacutes ne constituent que 30 de la main-dreuvre occupeacutee et seule une pe tite partie dentre eux travaille dans lindustric creacutee par IISI Entre 1980 et 1990 le pouvoir dachat des salaires reacuteels moyens a diminueacute de 561 Du fait de ce processus la majoriteacute des travailleurs peacuteruiens fait partie du laquosecteur informel raquo cest-a-diacutere de ceux quiacute a

la ville comme a la campagne mettent au point des strateacutegies de survie En 1986 le gouvernement estimait que 10 de la population recevaient 52 du revenu national (c) Depuis cette situation sest aggraveacutee et la reacutepartition du revenu est sans doute une des plus ineacutegales du monde

Economie tourneacutee vers Iexteacuterieur et deacutependance alimentaire Nous devons reconnaitre que lanalyse est surtout effecshy

tueacutee dans le contexte dulaquo secteur exteacuterieurraquo de leacuteconomie peacutenvienne Mais cela ne correspond pas a une seacuteparation meacutetaphysique davec les questions internes Le reacutegimemiddotdaccumulation de eacuteconomie peacuteruvienne a deux axes dune part la strateacutegie dindustrialisation substitutive avec ses effets sur la structure interne de la production et dautre parto linsertion traditionnelle (a la fois par les exportations et par les importations) dans leacuteconomie internationale Cest limportance de ces liens avec lexteacuterieur que nous avons voulu souligner

Il ne sagit done absolument pas de sous-estimer la prioriteacute qui doit etre accordeacutee a leffort interne de transformation dun appareil productif dont la dynamique est toujours celle des eacutechanges avec lexteacuterieur Pour citer un exempIe la deacutependance en ce qui concerne les importations de produits alimentaires augmente de fa~on consideacuterable en 1989 22 des importations peacuteruviennes ont eacuteteacute constitueacutees par des aliments (17 en 1965) De 1979 a 1989 les importations de ceacutereacuteales sont passeacutees de 637 a 1065 milliers de tonnes Sans preacutetendre deacutefendre des scheacutemas messianiques milleacutenaristes ou du type laquoempire socialiste des Incas raquo il faut signaler quavant iarriveacutee des Espagnols les Peacuteruviens ne connaissaient pas le laquoprobleme de Malthusraquo ()) et comme dit Reneacute Dumont (~ laquoLe Peacuterou montagneux des Incas nourrissait mieux un plus grand nombre dhommes dans la sierra andine quaujourdhui il ne disposait pourtant que ~un outillage deacuterisoire deacuteriveacute du baton a fouir mais iI eacutetait encadreacute par une organisation sociale rigoureusement planifieacutee raquo En somme un pays autosuffisant ou on connaissait depuis des milliers d anneacutees la pomme de terre (9000 ans) le mamiddotis la tomate le yucca la patate douce la calebasse et beaucoup dautres produits(51 sest transformeacute apres des siecles de conquete de colonisation et de neacuteocolonisation en un pays de 22 millions d~habitants dont la majoriteacute est aux prises avec la pauvreteacute Dans les deacutepartements de Ayacucho Huancavelica Apurimac Cuzco et Puno certaines provinces ont une population comparable a celle de pays comme le Bouthan ou le Lesotho et leur PNB par habitant est de 200 dollars par an ce qui est tres eacuteloigneacute de la moyenne nationale peacuteruvienne de 1010 dolus en 1989 Qui plus est ces deacutepartements subissent les catastlophcs ilaturcllcs comme la seacutecheresse de 1983 qui

(2) Preacutesidcnce de la Reacutepubliquc du Peacuterou Plan nacional de desarrollo a mediano plazo 1986shy191)(J janier 19~6 (J) Vuumli r Joseacute CJrl)~ LHI~Iacutelcsu i lele CIIScnUI efe illlaf(lacioacuten dc la rcalidad pcruulla eacutedi l ion de Jlt)75 r 13 (~) La (foissullcc de fu [cJllillt l EJitions Ju Seuil lJXJ (5) Fernando CJbl(~l~ -griculfllra 1 lIutrlciaacutell (11 t jgtNIIacute l3anco Agrario Lima [lJXiquest

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a deacutetruit entre 60 et 90 des reacutecoltes (6) Par ailleurs cette population est prise entre deux dangers Sentier lumineux et les Forces armeacutees Fin 1990 douze deacutepartements setrouvaient sous le controle des Forces armeacutees Cela repreacutesentait 60 du territoire national et la moitieacute de la population

Le probleme de la dette exteacuterieure Le poids de la deUe exteacuterieure

Au cours des dernieres anneacutees la dette exteacuterieure du Peacuterou a augmenteacute non pas a cause de lobtention de nouveaux creacutedits ou de lafflux de capitaux exteacuterieurs mais a cause des conseacuteguences financieres des retards dans le remboursement de eette dette

La charge de la dette exteacuterieure peacuteruvienne est une des plus eacuteleveacutees de la reacutegion En 1965 le total de la dette exteacuterieure rembourseacutee repreacutesentait 208 des exportations de biens et services En 1989 ce pourcentage est passeacute a432 Les inteacuterets verseacutes ont repreacutesenteacute a eux seuls 317 des exportations en 1990 En 1980 la dette exteacuterieure totale du Peacuterou eacutetait de 9638 millions de dollars en 1990 elle eacutetait de 19890 millions de dollars ce gui signifie guelle avait augmenteacute de 106 Mais pendant la meme peacuteriode les exportations de biens et services - celles gui en principe permettent dobtenir les dollars neacutecessaires au paiement de la dette - ont baisseacute de 162

Dans un tel contexte leacutenorme dette exteacuterieure du Peacuterou est devenue impossible a rembourser tout au moins dans les conditions dans lesguelles elle avait eacuteteacute contracteacutee Pour avoir une chance de succes toute solution envisageacutee doit prendre en consideacuteration la coshyresponsabiliteacute des deacutebiteurs et des creacuteanciers et les veacuteritables capaciteacutes de remboursement du pays

Le destin improductif de la deUe laquo eacuteleacutephants blancsraquo et arrnements

Le Peacuterou a eacuteteacute un des premiers pays du tiers monde a obtenir a partir du milieu des anneacutees 1960 les creacutedits de leuromarcheacute europeacuteen Puis dans les anneacutees 1970 il a recu de nouveaux creacutedits dans le cadre de leacuteconomie dendettement international et du recyclage des peacutetrodollars Au cours de la peacuteriode 1969-1984 une grande partie du creacutedit a eacuteteacute utiliseacutee pour acheter des armements et pour reacutegler les deacutepenses plus eacuteleveacutees lieacutees aux refinancements successifs Ainsi 3591 millions de dollars ont eacuteteacute consacreacutes a Iachat darmements (voir tablea u 2) Une part importante des deacutepenses consacreacutees a des projets productifs a des travaux dinfrastructure et a des programrnes sociaux est alleacutee a des projets deacutemesureacutes et anti-eacuteconomiques Les cas les plus marguants sont Ioleacuteoduc du nord-est et Iirrigation de Majes qui constituent deux veacuteritablcs laquo eacuteleacutephants blancsraquo dont le cout total est

(6) Voir Sylvic Uallay laquoLmiddotagricultun peacuteruvlcnne il Ieacuteprcuve Ju libeacuteralismc rohleacutelllcs (fAllleacuteriquc arillc ndeg 73 3 trimestre 1ltj~t

denviron 33 milliards de dollars ces projets OIlt eacuteteacute reacutealiseacutes sous le gouvernement militaire entre 1968 et 1975

Tableau 2 Peacuterou dette publique exteacuterieure Les deacuteboursements et S8 destination par secteurs

1969-1975 Gouvern Velasco

1975-1980 Gouvern Morales

1981-1984 Gouvem Belaunde

Seltteurs millions

US dollars

du total mlions

US dollars

du total millions

US dollars

du total

a) Seeteurs produetils 769 210 881 176 Agrieulture 265 72 391 78 Industrie 235 64 308 74 Mines 215 59 157 31 Peche 51 14 14 3 Tourisme 3 1 11 2

b) Infrastrueture 693 189 868 17 3 Energie 158 43 427 85 Transports 504 137 372 74 Commeree 5 1 Communieations 25 7 69 14

e) Seeleurs soeiaux 474 129 741 148

4451 (a) 495 Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan-mars 1992

Peacuterou crise minieacuterciquest et reacuteinsertion

d) Deacutefense 566 154 1756 286 1269 14 1 inlernalionale

e) Refinaneemenl de la detle 821 224 1614 263 2270 308 77

f) Aulres 340 93 281 56 502 56

Total 3664 1000 6141 1000 8992 1000

(a) 1I ny a pas des donneacutees deacutesagreacutegeacutees seIon la Banque cenlrale il sagit de deacuteboursements destineacutes a proiexclets dinvestissernent bull Source eacutelaboration a partir des donneacutees fournies par la Direction du creacutedil pubtic du ministeacutere de lEconomie el des Finances

Loleacuteoduc de la selva

Loleacuteoduc transandin construit dans les anneacutees 1970 avait eacuteteacute preacutevu pour transporter leacutequivalent de 200000 barils de peacutetrole par jour et eacuteventuellement jusqu3 350000 barils laquoQuand on a envisageacute pour la premiere fois de construire un oleacuteoduc - au deacutebut des anneacutees 1970 - son cout eacutetait estimeacute 3 350 millions de dollars mais des augmentations successives ont porteacute le eout reacuted 3 pres de 800 millions de dollars raquo(]l Le projet et son exeacuteeution se sont aeeompagneacutes dune importante propagande officielle Au deacutebut de lanneacutee 1972 les manehetshytes des journaux affirmaient que les reacuteserves peacuter~viennes eacutetaient immenses et quelles eacutequivalaient 3 la produetion des Etats-Unis ou de IUnion sovieacutetique On citait des affirmations de responsables du seeteur public sclon lesquees la selva laquoflottait sur une mer de peacutetroleraquo Un geacuteologue eacutetranger engageacute par lentreprise publique Petroperu est alieacute jusqu3 preacutevoir une production de 10 millions de barils par jour en

(7) Roben Dnmiddotlin Lvs fiexclmuJS lransnacionalts y el fillll1 ciamiel1U eXlernu Je Ameacuterica Illlilla La experiencia de PalIacute 1965-1976 CEPAL Nations unies YiexclO

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1980(~) En 1980 la production natteignait que 195000 barils par jour(~) En 1989 le total de la production peacuteruvienne a eacuteteacute de 130000 barils sur lesquels seuls 82000 barils ont eacuteteacute produits dans la selva amazonienne De sorte que le transport de la totaliteacute du peacutetrole de la selva par Ioleacuteoduc ne repreacutesente que 41 de sa capaciteacute A partir de 19R7 le Peacuterou est devenu importateur net de peacutetrolc et sa production inteacutericure ne cesse de deacutecroitre depuis 1985 Linvestissement et par conseacutequent les reacuteserves ont diminueacute fortement au cours des dernieres anneacutees Les erreurs de la poli tique peacutetroliere et les confliacutets avec les entreprises eacutetrangeres sont responsables de la situation actuelle Par ailleurs en deacutepit de limpoacutertance du total des reacuteserves prouveacutees probables et potentielles (20 a 40 milliacuteards de barils) les reacuteserves prouveacutees ne sont que de 415 millions de barils (37 de moins quen 1985) ce qui correspond a une dizaine danneacutees de production La situation actuelle est loiacuten detre prometteuse eacutetant donneacute que laquo dune facon geacuteneacuterale le peacutetrole peacuteruvien est lourd et de meacutediocre qualiteacute eu eacutegard aux besoins du marcheacute raquo(ll1)

Lirrigation de Majes

Lautre projet deacutemesureacute est celui de Iirrigation de Majes eacutegalement reacutealiseacute au cours des anneacutees 1970 par le gouvernement reacuteformiste du geacuteneacuteral Velasco_ En reacutesumeacute il sagit damener les eaux des rivieres de la sierra de Arequipa jusqua la cote deacutesertique La reacutealisation du projet nest pas encore acheveacutee Selon leacutetude initiale linvestissement total neacutecessaire eacutetait de 170 millions de dollars mais en 1984 le cout total atteignait 2500 millions de dollars (11) Le projet de Majes concu dans les anneacutees 1950 a eacuteteacute reacutealiseacute par le geacuteneacuteral Velasco dans le but de se concilier la population de Arequipa qui jusque-la (1970) ne manifestait pas beaucoup denthousiasme envers la laquo reacutevolushytion raquo Limpact eacuteconomique et social est tres faible -mais la charge financiere que cela fait peser sur le pays est tres importante En deacutecembre 1985 un rapport de la Banque mondiale affirmait que laquo Majes est encore loin detre termineacute et comme son achevement serait anti-eacuteconomique la meilleure solution est den interrompre la reacutealisation raquo Cependant le projet a suivi son cours sous le gouvernement Garciacutea (1985-1990) et il a constitueacute un des principaux postes de linvestissement public Certains analystes signalent que le rapport investissement brutPIB reste laquo parashy

_doxalement eacuteleveacute raquo bien quiexcliexcl soiacutet tombeacute de 339 en 1980 a 225 en 1989 U ne grande partie de cet investissement a servi a financer avec de largent emprunteacute a lexteacuterieur de nombreux contrats relatifs a des projets mal eacutetudieacutes et a rachat darmements La peacuteriode 1970-1978 a connu un veacuteritable boom de ce type de contrats Le taux de rendement net de nombre de ces projets est neacutegatif Le projet t1ajes en est un

(8) R Dcin op_ cit voir pp 36-38 el 158-161 (1) ES _ Instituto de dcsarrolk) cconoacutemlco Sifllilciaacutel perocra iexcl )cmUIU Diugl()Slco ) Sil IIhuacute-iexclJciuacutel (1 el CUIcx() ilcrtociUlal Lima kTIacutelr 1lt)8_ (10) [3lrh_jUe Sudllleacuteris SilaiUII peacuteruliuacutec en AllleacuterUacutellt liIC (1 Jlt)lt)U [tudes eacuteconolllishyque~ kTilr 99l (1) Peruacute Econoacutemico Miljes Al-alces (I(SIIPUCS(lS r A rC(luifnlus lloclllbrc lt)iexcl-l_

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 2: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

chute de la production jointe a un taux de croissance population ont entraineacute une baisse cumuleacutee du produit 302 entre 1981 et 1990(1)

eacuteleveacute de la par tete de

Tableau 1 Peacuterou eacutevolution eacuteconomique reacutecente

1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991

PIS reacuteel croissance en J7 -2 -120 48 22 87 80 -84 -114 -4 9 20 Inllalion (IPC) en 727 729 1251 1115 1583 629 1145 1723 2777 7658 185 4 Exportations F08 (millions dollars) 3249 3293 3015 3147 2978 2531 2661 2694 3542 3276 3320 Importations F08 (millioos dollars) 3802 3721 2722 2140 1806 2596 3182 2750 2140 2885 3265 Balance commerciale (millioos de dollars) -553 -428 293 1007 1172 -65 -521 -56 1402 391 55 Compte courant (millioos de dollars) -1733-1612 -875 -223 135 -1077 -1481 -1138 -254middot -1630 -2375 Detle exteacuterieure totate (millions de dollars) nd 13021 15153 15340 16651 17840 19286 18919 18910 19890 nd ReacuteselVes totales sans or (millioos dollars) nd nd 1366 1630 1842 1407 546 511 808 1090 la) nd Taux de dmge eledif reacuteel resexp (1985 = 100) 122 135 118 119 100 119 135 119 192 263 333 Deacuteficit du secteur pUblic en du PtB 67 73 98 76 JO 51 67 91 nd nd nd

(a) Les montants sont donneacutes pour la fin de chaque anneacutee En juillet 1990 cest-a-dire vers la fin du gouvernement Garciacutea les reacuteserves eacutetaient de 458 millions de dollars Sources CEPAL FMI-IFS Banque Sudameris

En juillet 1990 un nouveau gouvernement a pris ses fonctions et les poli tiques dajustement sont poursuivies mais en deacutepit de lobtention de quelques reacutesultats notamment dune forte reacuteduction de linflation on ne peut pas affinner que leacuteconomie ait atteint une stabiEteacute lui pennettant de trouver doreacutenavant de nouvelles sources de croissance durable

Les facteurs structurels de la cnse Comme dans dautres pays de la reacutegion lindustrialisation

a eacuteteacute favoriseacutee pendant des deacuteccnnies par dimportantes mesures protectionnistes au deacutetriment dautres secteurs La politique de promotion de lindustrie a fortement peacutenaliseacute lagriculture et en particulier la production daliments a laquelle se consacraient pres dun million de petits proprieacutetaires

La strateacutegie dindustrialisation par substitution des imporshytations (1SI) inaugureacutee dans les anneacutees 1950 a manifesteacute une forte deacutependance a leacutegard dimportations croissantes de biens intermeacutediaires et de biens d eacuteq uipement En priacutencipe cela devait etre financeacute par les exportations de minerais qui constituent depuis les anneacutees 1950 la nouvelle speacutecialisation de leacuteconomie peacuteruvienne dans leacuteconomie internashytionale A partir des anneacutees 1960 et en particulier dans les anneacutees 1970 Iendettement exteacuterieur a contribueacute a financer une balance cornmerciale qui sous la pression de lindustrialisation et avec la crise du marcheacute international des matiacuteeres premieres des anneacutees 1970 a commenceacute a manifester des tendances au deacuteficit structurel En 1975 la valcur des importations destineacutees a lindustriacutee a eacuteteacute supeacuterieure a la valeur de Iensemble des exportations peacuteruviennes Depuis la fin des anneacutees 1970 et surtout pendant la premiere moitieacute des anneacutees 1980 des mesures de stabilisation de type orthodoxe ont eacuteteacute appliqueacutees Elles viacutesaient a

(1) CEPA L Balance prfliminar de la economiacutea de Ameacuterica lalIacutella y el Caribe 1990

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engendrer un exceacutedent en dollars destineacute au paiement de la dette mais elles ne sattaquaient pas aux facteurs structurels que nous avons mentionneacutes La situation sest aggraveacutee depuis 1982 anneacutee qui a vu lapparition du probleme de la dette exteacuterieure latino-ameacutericaine linterruption du flux de capitaux en provenance de lexteacuterieur et Iinversion du mouvement des capitaux Depuis 1984 le Peacuterou a eu partiellement recours a des moratoires Les politiques dajustement ont eacuteteacute de type orthodoxe ou traditionnel et Ol1t eacuteteacute centreacutees sur la limitation de la demande inteacuterieure et sur la reacuteduction brutale des importations En 1985 les importations eacutetaient plus de deux fois infeacuterieures a celles de 1981 Cela a permis davoir une balance comnierciale exceacutedentaire de 1172 millions de dollars en deacutepit du fait quen 1985 les exportations eacutetaient infeacuterieures de 84 a celles de 1981 Quant aux salaires reacuteels moyens des ouvriers de 1aire meacutetropoli taine de Lima (les seuls chiffres disponibles) ils avaient perdu en 1985 224 de leur pouvoir dachat de 1980 Ce chiffre masque limportance du probleme car en 1980 ces salaires avaient deacuteja perdu 274 de leur pouvoir dachat de 1973

Le gouvernement de Garciacutea a essayeacute de faire du popushylisme mais sans disposer de moyens financiers comparables par exemple a ceux des militaires reacuteformistes des anneacutees 1970 Le discours du gouvernement et certaines de ses actions ont fini par marginaliser le Peacuterou dans le contexte financier international Le gouvernement a essayeacute de relancer leacuteconomie par laugmentation de la consommation Un des meacutecanismes principaux a eacuteteacute laugmentation des salaires Lexpeacuterience a dureacute deux ans et a entraineacute la disparition des reacuteserves en devises une sureacutevaluation record du taux de change ainsi quune forte augmentation du deacuteficit budgeacutetaire (voir tableau 1) Apres les reacutesultats artificiels de 1986 et 1987 leacuteconomie a continueacute a se deacutegrader et a sombreacute dans une terrible reacutecession et dans lhyperinflation A la fin du gouvernement de Garciacutea (juillet 1990) les salaires reacuteels dans le secteur priveacute et public correspondaient respectivement a461 et 37 du niveau atteint au deacutebut de ce gouvernement (juillet 1985)

Le long processus dapplication de la strateacutegie de IISI a entraiacuteneacute la constitution dune industrie leacutegere fortement deacutependante de Iexteacuterieur Cette pseudo-industrialisation sest accompagneacutee dune urbanisation acceacuteleacutereacutee Des millions de paysans expulseacutes par la crise agraire et la misere de la campagne sont alleacutes sinstaller dans la capitalc et dans les principales villes du pays En 1940 avant que 1ISI ne soit mise en pratique 353 seulement de la population habitaient dans les villes Actuellement 70 oe dune population totale de 22 milions dhabitants sont des citadins et un tiers dentre eux habitent Lima Les travailleurs salarieacutes ne constituent que 30 de la main-dreuvre occupeacutee et seule une pe tite partie dentre eux travaille dans lindustric creacutee par IISI Entre 1980 et 1990 le pouvoir dachat des salaires reacuteels moyens a diminueacute de 561 Du fait de ce processus la majoriteacute des travailleurs peacuteruiens fait partie du laquosecteur informel raquo cest-a-diacutere de ceux quiacute a

la ville comme a la campagne mettent au point des strateacutegies de survie En 1986 le gouvernement estimait que 10 de la population recevaient 52 du revenu national (c) Depuis cette situation sest aggraveacutee et la reacutepartition du revenu est sans doute une des plus ineacutegales du monde

Economie tourneacutee vers Iexteacuterieur et deacutependance alimentaire Nous devons reconnaitre que lanalyse est surtout effecshy

tueacutee dans le contexte dulaquo secteur exteacuterieurraquo de leacuteconomie peacutenvienne Mais cela ne correspond pas a une seacuteparation meacutetaphysique davec les questions internes Le reacutegimemiddotdaccumulation de eacuteconomie peacuteruvienne a deux axes dune part la strateacutegie dindustrialisation substitutive avec ses effets sur la structure interne de la production et dautre parto linsertion traditionnelle (a la fois par les exportations et par les importations) dans leacuteconomie internationale Cest limportance de ces liens avec lexteacuterieur que nous avons voulu souligner

Il ne sagit done absolument pas de sous-estimer la prioriteacute qui doit etre accordeacutee a leffort interne de transformation dun appareil productif dont la dynamique est toujours celle des eacutechanges avec lexteacuterieur Pour citer un exempIe la deacutependance en ce qui concerne les importations de produits alimentaires augmente de fa~on consideacuterable en 1989 22 des importations peacuteruviennes ont eacuteteacute constitueacutees par des aliments (17 en 1965) De 1979 a 1989 les importations de ceacutereacuteales sont passeacutees de 637 a 1065 milliers de tonnes Sans preacutetendre deacutefendre des scheacutemas messianiques milleacutenaristes ou du type laquoempire socialiste des Incas raquo il faut signaler quavant iarriveacutee des Espagnols les Peacuteruviens ne connaissaient pas le laquoprobleme de Malthusraquo ()) et comme dit Reneacute Dumont (~ laquoLe Peacuterou montagneux des Incas nourrissait mieux un plus grand nombre dhommes dans la sierra andine quaujourdhui il ne disposait pourtant que ~un outillage deacuterisoire deacuteriveacute du baton a fouir mais iI eacutetait encadreacute par une organisation sociale rigoureusement planifieacutee raquo En somme un pays autosuffisant ou on connaissait depuis des milliers d anneacutees la pomme de terre (9000 ans) le mamiddotis la tomate le yucca la patate douce la calebasse et beaucoup dautres produits(51 sest transformeacute apres des siecles de conquete de colonisation et de neacuteocolonisation en un pays de 22 millions d~habitants dont la majoriteacute est aux prises avec la pauvreteacute Dans les deacutepartements de Ayacucho Huancavelica Apurimac Cuzco et Puno certaines provinces ont une population comparable a celle de pays comme le Bouthan ou le Lesotho et leur PNB par habitant est de 200 dollars par an ce qui est tres eacuteloigneacute de la moyenne nationale peacuteruvienne de 1010 dolus en 1989 Qui plus est ces deacutepartements subissent les catastlophcs ilaturcllcs comme la seacutecheresse de 1983 qui

(2) Preacutesidcnce de la Reacutepubliquc du Peacuterou Plan nacional de desarrollo a mediano plazo 1986shy191)(J janier 19~6 (J) Vuumli r Joseacute CJrl)~ LHI~Iacutelcsu i lele CIIScnUI efe illlaf(lacioacuten dc la rcalidad pcruulla eacutedi l ion de Jlt)75 r 13 (~) La (foissullcc de fu [cJllillt l EJitions Ju Seuil lJXJ (5) Fernando CJbl(~l~ -griculfllra 1 lIutrlciaacutell (11 t jgtNIIacute l3anco Agrario Lima [lJXiquest

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a deacutetruit entre 60 et 90 des reacutecoltes (6) Par ailleurs cette population est prise entre deux dangers Sentier lumineux et les Forces armeacutees Fin 1990 douze deacutepartements setrouvaient sous le controle des Forces armeacutees Cela repreacutesentait 60 du territoire national et la moitieacute de la population

Le probleme de la dette exteacuterieure Le poids de la deUe exteacuterieure

Au cours des dernieres anneacutees la dette exteacuterieure du Peacuterou a augmenteacute non pas a cause de lobtention de nouveaux creacutedits ou de lafflux de capitaux exteacuterieurs mais a cause des conseacuteguences financieres des retards dans le remboursement de eette dette

La charge de la dette exteacuterieure peacuteruvienne est une des plus eacuteleveacutees de la reacutegion En 1965 le total de la dette exteacuterieure rembourseacutee repreacutesentait 208 des exportations de biens et services En 1989 ce pourcentage est passeacute a432 Les inteacuterets verseacutes ont repreacutesenteacute a eux seuls 317 des exportations en 1990 En 1980 la dette exteacuterieure totale du Peacuterou eacutetait de 9638 millions de dollars en 1990 elle eacutetait de 19890 millions de dollars ce gui signifie guelle avait augmenteacute de 106 Mais pendant la meme peacuteriode les exportations de biens et services - celles gui en principe permettent dobtenir les dollars neacutecessaires au paiement de la dette - ont baisseacute de 162

Dans un tel contexte leacutenorme dette exteacuterieure du Peacuterou est devenue impossible a rembourser tout au moins dans les conditions dans lesguelles elle avait eacuteteacute contracteacutee Pour avoir une chance de succes toute solution envisageacutee doit prendre en consideacuteration la coshyresponsabiliteacute des deacutebiteurs et des creacuteanciers et les veacuteritables capaciteacutes de remboursement du pays

Le destin improductif de la deUe laquo eacuteleacutephants blancsraquo et arrnements

Le Peacuterou a eacuteteacute un des premiers pays du tiers monde a obtenir a partir du milieu des anneacutees 1960 les creacutedits de leuromarcheacute europeacuteen Puis dans les anneacutees 1970 il a recu de nouveaux creacutedits dans le cadre de leacuteconomie dendettement international et du recyclage des peacutetrodollars Au cours de la peacuteriode 1969-1984 une grande partie du creacutedit a eacuteteacute utiliseacutee pour acheter des armements et pour reacutegler les deacutepenses plus eacuteleveacutees lieacutees aux refinancements successifs Ainsi 3591 millions de dollars ont eacuteteacute consacreacutes a Iachat darmements (voir tablea u 2) Une part importante des deacutepenses consacreacutees a des projets productifs a des travaux dinfrastructure et a des programrnes sociaux est alleacutee a des projets deacutemesureacutes et anti-eacuteconomiques Les cas les plus marguants sont Ioleacuteoduc du nord-est et Iirrigation de Majes qui constituent deux veacuteritablcs laquo eacuteleacutephants blancsraquo dont le cout total est

(6) Voir Sylvic Uallay laquoLmiddotagricultun peacuteruvlcnne il Ieacuteprcuve Ju libeacuteralismc rohleacutelllcs (fAllleacuteriquc arillc ndeg 73 3 trimestre 1ltj~t

denviron 33 milliards de dollars ces projets OIlt eacuteteacute reacutealiseacutes sous le gouvernement militaire entre 1968 et 1975

Tableau 2 Peacuterou dette publique exteacuterieure Les deacuteboursements et S8 destination par secteurs

1969-1975 Gouvern Velasco

1975-1980 Gouvern Morales

1981-1984 Gouvem Belaunde

Seltteurs millions

US dollars

du total mlions

US dollars

du total millions

US dollars

du total

a) Seeteurs produetils 769 210 881 176 Agrieulture 265 72 391 78 Industrie 235 64 308 74 Mines 215 59 157 31 Peche 51 14 14 3 Tourisme 3 1 11 2

b) Infrastrueture 693 189 868 17 3 Energie 158 43 427 85 Transports 504 137 372 74 Commeree 5 1 Communieations 25 7 69 14

e) Seeleurs soeiaux 474 129 741 148

4451 (a) 495 Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan-mars 1992

Peacuterou crise minieacuterciquest et reacuteinsertion

d) Deacutefense 566 154 1756 286 1269 14 1 inlernalionale

e) Refinaneemenl de la detle 821 224 1614 263 2270 308 77

f) Aulres 340 93 281 56 502 56

Total 3664 1000 6141 1000 8992 1000

(a) 1I ny a pas des donneacutees deacutesagreacutegeacutees seIon la Banque cenlrale il sagit de deacuteboursements destineacutes a proiexclets dinvestissernent bull Source eacutelaboration a partir des donneacutees fournies par la Direction du creacutedil pubtic du ministeacutere de lEconomie el des Finances

Loleacuteoduc de la selva

Loleacuteoduc transandin construit dans les anneacutees 1970 avait eacuteteacute preacutevu pour transporter leacutequivalent de 200000 barils de peacutetrole par jour et eacuteventuellement jusqu3 350000 barils laquoQuand on a envisageacute pour la premiere fois de construire un oleacuteoduc - au deacutebut des anneacutees 1970 - son cout eacutetait estimeacute 3 350 millions de dollars mais des augmentations successives ont porteacute le eout reacuted 3 pres de 800 millions de dollars raquo(]l Le projet et son exeacuteeution se sont aeeompagneacutes dune importante propagande officielle Au deacutebut de lanneacutee 1972 les manehetshytes des journaux affirmaient que les reacuteserves peacuter~viennes eacutetaient immenses et quelles eacutequivalaient 3 la produetion des Etats-Unis ou de IUnion sovieacutetique On citait des affirmations de responsables du seeteur public sclon lesquees la selva laquoflottait sur une mer de peacutetroleraquo Un geacuteologue eacutetranger engageacute par lentreprise publique Petroperu est alieacute jusqu3 preacutevoir une production de 10 millions de barils par jour en

(7) Roben Dnmiddotlin Lvs fiexclmuJS lransnacionalts y el fillll1 ciamiel1U eXlernu Je Ameacuterica Illlilla La experiencia de PalIacute 1965-1976 CEPAL Nations unies YiexclO

Problemes dAmeacuterique

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bu crise minieacutere el reacuteinsertion internationale

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1980(~) En 1980 la production natteignait que 195000 barils par jour(~) En 1989 le total de la production peacuteruvienne a eacuteteacute de 130000 barils sur lesquels seuls 82000 barils ont eacuteteacute produits dans la selva amazonienne De sorte que le transport de la totaliteacute du peacutetrole de la selva par Ioleacuteoduc ne repreacutesente que 41 de sa capaciteacute A partir de 19R7 le Peacuterou est devenu importateur net de peacutetrolc et sa production inteacutericure ne cesse de deacutecroitre depuis 1985 Linvestissement et par conseacutequent les reacuteserves ont diminueacute fortement au cours des dernieres anneacutees Les erreurs de la poli tique peacutetroliere et les confliacutets avec les entreprises eacutetrangeres sont responsables de la situation actuelle Par ailleurs en deacutepit de limpoacutertance du total des reacuteserves prouveacutees probables et potentielles (20 a 40 milliacuteards de barils) les reacuteserves prouveacutees ne sont que de 415 millions de barils (37 de moins quen 1985) ce qui correspond a une dizaine danneacutees de production La situation actuelle est loiacuten detre prometteuse eacutetant donneacute que laquo dune facon geacuteneacuterale le peacutetrole peacuteruvien est lourd et de meacutediocre qualiteacute eu eacutegard aux besoins du marcheacute raquo(ll1)

Lirrigation de Majes

Lautre projet deacutemesureacute est celui de Iirrigation de Majes eacutegalement reacutealiseacute au cours des anneacutees 1970 par le gouvernement reacuteformiste du geacuteneacuteral Velasco_ En reacutesumeacute il sagit damener les eaux des rivieres de la sierra de Arequipa jusqua la cote deacutesertique La reacutealisation du projet nest pas encore acheveacutee Selon leacutetude initiale linvestissement total neacutecessaire eacutetait de 170 millions de dollars mais en 1984 le cout total atteignait 2500 millions de dollars (11) Le projet de Majes concu dans les anneacutees 1950 a eacuteteacute reacutealiseacute par le geacuteneacuteral Velasco dans le but de se concilier la population de Arequipa qui jusque-la (1970) ne manifestait pas beaucoup denthousiasme envers la laquo reacutevolushytion raquo Limpact eacuteconomique et social est tres faible -mais la charge financiere que cela fait peser sur le pays est tres importante En deacutecembre 1985 un rapport de la Banque mondiale affirmait que laquo Majes est encore loin detre termineacute et comme son achevement serait anti-eacuteconomique la meilleure solution est den interrompre la reacutealisation raquo Cependant le projet a suivi son cours sous le gouvernement Garciacutea (1985-1990) et il a constitueacute un des principaux postes de linvestissement public Certains analystes signalent que le rapport investissement brutPIB reste laquo parashy

_doxalement eacuteleveacute raquo bien quiexcliexcl soiacutet tombeacute de 339 en 1980 a 225 en 1989 U ne grande partie de cet investissement a servi a financer avec de largent emprunteacute a lexteacuterieur de nombreux contrats relatifs a des projets mal eacutetudieacutes et a rachat darmements La peacuteriode 1970-1978 a connu un veacuteritable boom de ce type de contrats Le taux de rendement net de nombre de ces projets est neacutegatif Le projet t1ajes en est un

(8) R Dcin op_ cit voir pp 36-38 el 158-161 (1) ES _ Instituto de dcsarrolk) cconoacutemlco Sifllilciaacutel perocra iexcl )cmUIU Diugl()Slco ) Sil IIhuacute-iexclJciuacutel (1 el CUIcx() ilcrtociUlal Lima kTIacutelr 1lt)8_ (10) [3lrh_jUe Sudllleacuteris SilaiUII peacuteruliuacutec en AllleacuterUacutellt liIC (1 Jlt)lt)U [tudes eacuteconolllishyque~ kTilr 99l (1) Peruacute Econoacutemico Miljes Al-alces (I(SIIPUCS(lS r A rC(luifnlus lloclllbrc lt)iexcl-l_

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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Peacuterou crise minier et reacuteinsertion internationale

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

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Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 3: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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Peacuterou crise minieacutere el reacuteinsertlon inlemalionale

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engendrer un exceacutedent en dollars destineacute au paiement de la dette mais elles ne sattaquaient pas aux facteurs structurels que nous avons mentionneacutes La situation sest aggraveacutee depuis 1982 anneacutee qui a vu lapparition du probleme de la dette exteacuterieure latino-ameacutericaine linterruption du flux de capitaux en provenance de lexteacuterieur et Iinversion du mouvement des capitaux Depuis 1984 le Peacuterou a eu partiellement recours a des moratoires Les politiques dajustement ont eacuteteacute de type orthodoxe ou traditionnel et Ol1t eacuteteacute centreacutees sur la limitation de la demande inteacuterieure et sur la reacuteduction brutale des importations En 1985 les importations eacutetaient plus de deux fois infeacuterieures a celles de 1981 Cela a permis davoir une balance comnierciale exceacutedentaire de 1172 millions de dollars en deacutepit du fait quen 1985 les exportations eacutetaient infeacuterieures de 84 a celles de 1981 Quant aux salaires reacuteels moyens des ouvriers de 1aire meacutetropoli taine de Lima (les seuls chiffres disponibles) ils avaient perdu en 1985 224 de leur pouvoir dachat de 1980 Ce chiffre masque limportance du probleme car en 1980 ces salaires avaient deacuteja perdu 274 de leur pouvoir dachat de 1973

Le gouvernement de Garciacutea a essayeacute de faire du popushylisme mais sans disposer de moyens financiers comparables par exemple a ceux des militaires reacuteformistes des anneacutees 1970 Le discours du gouvernement et certaines de ses actions ont fini par marginaliser le Peacuterou dans le contexte financier international Le gouvernement a essayeacute de relancer leacuteconomie par laugmentation de la consommation Un des meacutecanismes principaux a eacuteteacute laugmentation des salaires Lexpeacuterience a dureacute deux ans et a entraineacute la disparition des reacuteserves en devises une sureacutevaluation record du taux de change ainsi quune forte augmentation du deacuteficit budgeacutetaire (voir tableau 1) Apres les reacutesultats artificiels de 1986 et 1987 leacuteconomie a continueacute a se deacutegrader et a sombreacute dans une terrible reacutecession et dans lhyperinflation A la fin du gouvernement de Garciacutea (juillet 1990) les salaires reacuteels dans le secteur priveacute et public correspondaient respectivement a461 et 37 du niveau atteint au deacutebut de ce gouvernement (juillet 1985)

Le long processus dapplication de la strateacutegie de IISI a entraiacuteneacute la constitution dune industrie leacutegere fortement deacutependante de Iexteacuterieur Cette pseudo-industrialisation sest accompagneacutee dune urbanisation acceacuteleacutereacutee Des millions de paysans expulseacutes par la crise agraire et la misere de la campagne sont alleacutes sinstaller dans la capitalc et dans les principales villes du pays En 1940 avant que 1ISI ne soit mise en pratique 353 seulement de la population habitaient dans les villes Actuellement 70 oe dune population totale de 22 milions dhabitants sont des citadins et un tiers dentre eux habitent Lima Les travailleurs salarieacutes ne constituent que 30 de la main-dreuvre occupeacutee et seule une pe tite partie dentre eux travaille dans lindustric creacutee par IISI Entre 1980 et 1990 le pouvoir dachat des salaires reacuteels moyens a diminueacute de 561 Du fait de ce processus la majoriteacute des travailleurs peacuteruiens fait partie du laquosecteur informel raquo cest-a-diacutere de ceux quiacute a

la ville comme a la campagne mettent au point des strateacutegies de survie En 1986 le gouvernement estimait que 10 de la population recevaient 52 du revenu national (c) Depuis cette situation sest aggraveacutee et la reacutepartition du revenu est sans doute une des plus ineacutegales du monde

Economie tourneacutee vers Iexteacuterieur et deacutependance alimentaire Nous devons reconnaitre que lanalyse est surtout effecshy

tueacutee dans le contexte dulaquo secteur exteacuterieurraquo de leacuteconomie peacutenvienne Mais cela ne correspond pas a une seacuteparation meacutetaphysique davec les questions internes Le reacutegimemiddotdaccumulation de eacuteconomie peacuteruvienne a deux axes dune part la strateacutegie dindustrialisation substitutive avec ses effets sur la structure interne de la production et dautre parto linsertion traditionnelle (a la fois par les exportations et par les importations) dans leacuteconomie internationale Cest limportance de ces liens avec lexteacuterieur que nous avons voulu souligner

Il ne sagit done absolument pas de sous-estimer la prioriteacute qui doit etre accordeacutee a leffort interne de transformation dun appareil productif dont la dynamique est toujours celle des eacutechanges avec lexteacuterieur Pour citer un exempIe la deacutependance en ce qui concerne les importations de produits alimentaires augmente de fa~on consideacuterable en 1989 22 des importations peacuteruviennes ont eacuteteacute constitueacutees par des aliments (17 en 1965) De 1979 a 1989 les importations de ceacutereacuteales sont passeacutees de 637 a 1065 milliers de tonnes Sans preacutetendre deacutefendre des scheacutemas messianiques milleacutenaristes ou du type laquoempire socialiste des Incas raquo il faut signaler quavant iarriveacutee des Espagnols les Peacuteruviens ne connaissaient pas le laquoprobleme de Malthusraquo ()) et comme dit Reneacute Dumont (~ laquoLe Peacuterou montagneux des Incas nourrissait mieux un plus grand nombre dhommes dans la sierra andine quaujourdhui il ne disposait pourtant que ~un outillage deacuterisoire deacuteriveacute du baton a fouir mais iI eacutetait encadreacute par une organisation sociale rigoureusement planifieacutee raquo En somme un pays autosuffisant ou on connaissait depuis des milliers d anneacutees la pomme de terre (9000 ans) le mamiddotis la tomate le yucca la patate douce la calebasse et beaucoup dautres produits(51 sest transformeacute apres des siecles de conquete de colonisation et de neacuteocolonisation en un pays de 22 millions d~habitants dont la majoriteacute est aux prises avec la pauvreteacute Dans les deacutepartements de Ayacucho Huancavelica Apurimac Cuzco et Puno certaines provinces ont une population comparable a celle de pays comme le Bouthan ou le Lesotho et leur PNB par habitant est de 200 dollars par an ce qui est tres eacuteloigneacute de la moyenne nationale peacuteruvienne de 1010 dolus en 1989 Qui plus est ces deacutepartements subissent les catastlophcs ilaturcllcs comme la seacutecheresse de 1983 qui

(2) Preacutesidcnce de la Reacutepubliquc du Peacuterou Plan nacional de desarrollo a mediano plazo 1986shy191)(J janier 19~6 (J) Vuumli r Joseacute CJrl)~ LHI~Iacutelcsu i lele CIIScnUI efe illlaf(lacioacuten dc la rcalidad pcruulla eacutedi l ion de Jlt)75 r 13 (~) La (foissullcc de fu [cJllillt l EJitions Ju Seuil lJXJ (5) Fernando CJbl(~l~ -griculfllra 1 lIutrlciaacutell (11 t jgtNIIacute l3anco Agrario Lima [lJXiquest

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a deacutetruit entre 60 et 90 des reacutecoltes (6) Par ailleurs cette population est prise entre deux dangers Sentier lumineux et les Forces armeacutees Fin 1990 douze deacutepartements setrouvaient sous le controle des Forces armeacutees Cela repreacutesentait 60 du territoire national et la moitieacute de la population

Le probleme de la dette exteacuterieure Le poids de la deUe exteacuterieure

Au cours des dernieres anneacutees la dette exteacuterieure du Peacuterou a augmenteacute non pas a cause de lobtention de nouveaux creacutedits ou de lafflux de capitaux exteacuterieurs mais a cause des conseacuteguences financieres des retards dans le remboursement de eette dette

La charge de la dette exteacuterieure peacuteruvienne est une des plus eacuteleveacutees de la reacutegion En 1965 le total de la dette exteacuterieure rembourseacutee repreacutesentait 208 des exportations de biens et services En 1989 ce pourcentage est passeacute a432 Les inteacuterets verseacutes ont repreacutesenteacute a eux seuls 317 des exportations en 1990 En 1980 la dette exteacuterieure totale du Peacuterou eacutetait de 9638 millions de dollars en 1990 elle eacutetait de 19890 millions de dollars ce gui signifie guelle avait augmenteacute de 106 Mais pendant la meme peacuteriode les exportations de biens et services - celles gui en principe permettent dobtenir les dollars neacutecessaires au paiement de la dette - ont baisseacute de 162

Dans un tel contexte leacutenorme dette exteacuterieure du Peacuterou est devenue impossible a rembourser tout au moins dans les conditions dans lesguelles elle avait eacuteteacute contracteacutee Pour avoir une chance de succes toute solution envisageacutee doit prendre en consideacuteration la coshyresponsabiliteacute des deacutebiteurs et des creacuteanciers et les veacuteritables capaciteacutes de remboursement du pays

Le destin improductif de la deUe laquo eacuteleacutephants blancsraquo et arrnements

Le Peacuterou a eacuteteacute un des premiers pays du tiers monde a obtenir a partir du milieu des anneacutees 1960 les creacutedits de leuromarcheacute europeacuteen Puis dans les anneacutees 1970 il a recu de nouveaux creacutedits dans le cadre de leacuteconomie dendettement international et du recyclage des peacutetrodollars Au cours de la peacuteriode 1969-1984 une grande partie du creacutedit a eacuteteacute utiliseacutee pour acheter des armements et pour reacutegler les deacutepenses plus eacuteleveacutees lieacutees aux refinancements successifs Ainsi 3591 millions de dollars ont eacuteteacute consacreacutes a Iachat darmements (voir tablea u 2) Une part importante des deacutepenses consacreacutees a des projets productifs a des travaux dinfrastructure et a des programrnes sociaux est alleacutee a des projets deacutemesureacutes et anti-eacuteconomiques Les cas les plus marguants sont Ioleacuteoduc du nord-est et Iirrigation de Majes qui constituent deux veacuteritablcs laquo eacuteleacutephants blancsraquo dont le cout total est

(6) Voir Sylvic Uallay laquoLmiddotagricultun peacuteruvlcnne il Ieacuteprcuve Ju libeacuteralismc rohleacutelllcs (fAllleacuteriquc arillc ndeg 73 3 trimestre 1ltj~t

denviron 33 milliards de dollars ces projets OIlt eacuteteacute reacutealiseacutes sous le gouvernement militaire entre 1968 et 1975

Tableau 2 Peacuterou dette publique exteacuterieure Les deacuteboursements et S8 destination par secteurs

1969-1975 Gouvern Velasco

1975-1980 Gouvern Morales

1981-1984 Gouvem Belaunde

Seltteurs millions

US dollars

du total mlions

US dollars

du total millions

US dollars

du total

a) Seeteurs produetils 769 210 881 176 Agrieulture 265 72 391 78 Industrie 235 64 308 74 Mines 215 59 157 31 Peche 51 14 14 3 Tourisme 3 1 11 2

b) Infrastrueture 693 189 868 17 3 Energie 158 43 427 85 Transports 504 137 372 74 Commeree 5 1 Communieations 25 7 69 14

e) Seeleurs soeiaux 474 129 741 148

4451 (a) 495 Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan-mars 1992

Peacuterou crise minieacuterciquest et reacuteinsertion

d) Deacutefense 566 154 1756 286 1269 14 1 inlernalionale

e) Refinaneemenl de la detle 821 224 1614 263 2270 308 77

f) Aulres 340 93 281 56 502 56

Total 3664 1000 6141 1000 8992 1000

(a) 1I ny a pas des donneacutees deacutesagreacutegeacutees seIon la Banque cenlrale il sagit de deacuteboursements destineacutes a proiexclets dinvestissernent bull Source eacutelaboration a partir des donneacutees fournies par la Direction du creacutedil pubtic du ministeacutere de lEconomie el des Finances

Loleacuteoduc de la selva

Loleacuteoduc transandin construit dans les anneacutees 1970 avait eacuteteacute preacutevu pour transporter leacutequivalent de 200000 barils de peacutetrole par jour et eacuteventuellement jusqu3 350000 barils laquoQuand on a envisageacute pour la premiere fois de construire un oleacuteoduc - au deacutebut des anneacutees 1970 - son cout eacutetait estimeacute 3 350 millions de dollars mais des augmentations successives ont porteacute le eout reacuted 3 pres de 800 millions de dollars raquo(]l Le projet et son exeacuteeution se sont aeeompagneacutes dune importante propagande officielle Au deacutebut de lanneacutee 1972 les manehetshytes des journaux affirmaient que les reacuteserves peacuter~viennes eacutetaient immenses et quelles eacutequivalaient 3 la produetion des Etats-Unis ou de IUnion sovieacutetique On citait des affirmations de responsables du seeteur public sclon lesquees la selva laquoflottait sur une mer de peacutetroleraquo Un geacuteologue eacutetranger engageacute par lentreprise publique Petroperu est alieacute jusqu3 preacutevoir une production de 10 millions de barils par jour en

(7) Roben Dnmiddotlin Lvs fiexclmuJS lransnacionalts y el fillll1 ciamiel1U eXlernu Je Ameacuterica Illlilla La experiencia de PalIacute 1965-1976 CEPAL Nations unies YiexclO

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bu crise minieacutere el reacuteinsertion internationale

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1980(~) En 1980 la production natteignait que 195000 barils par jour(~) En 1989 le total de la production peacuteruvienne a eacuteteacute de 130000 barils sur lesquels seuls 82000 barils ont eacuteteacute produits dans la selva amazonienne De sorte que le transport de la totaliteacute du peacutetrole de la selva par Ioleacuteoduc ne repreacutesente que 41 de sa capaciteacute A partir de 19R7 le Peacuterou est devenu importateur net de peacutetrolc et sa production inteacutericure ne cesse de deacutecroitre depuis 1985 Linvestissement et par conseacutequent les reacuteserves ont diminueacute fortement au cours des dernieres anneacutees Les erreurs de la poli tique peacutetroliere et les confliacutets avec les entreprises eacutetrangeres sont responsables de la situation actuelle Par ailleurs en deacutepit de limpoacutertance du total des reacuteserves prouveacutees probables et potentielles (20 a 40 milliacuteards de barils) les reacuteserves prouveacutees ne sont que de 415 millions de barils (37 de moins quen 1985) ce qui correspond a une dizaine danneacutees de production La situation actuelle est loiacuten detre prometteuse eacutetant donneacute que laquo dune facon geacuteneacuterale le peacutetrole peacuteruvien est lourd et de meacutediocre qualiteacute eu eacutegard aux besoins du marcheacute raquo(ll1)

Lirrigation de Majes

Lautre projet deacutemesureacute est celui de Iirrigation de Majes eacutegalement reacutealiseacute au cours des anneacutees 1970 par le gouvernement reacuteformiste du geacuteneacuteral Velasco_ En reacutesumeacute il sagit damener les eaux des rivieres de la sierra de Arequipa jusqua la cote deacutesertique La reacutealisation du projet nest pas encore acheveacutee Selon leacutetude initiale linvestissement total neacutecessaire eacutetait de 170 millions de dollars mais en 1984 le cout total atteignait 2500 millions de dollars (11) Le projet de Majes concu dans les anneacutees 1950 a eacuteteacute reacutealiseacute par le geacuteneacuteral Velasco dans le but de se concilier la population de Arequipa qui jusque-la (1970) ne manifestait pas beaucoup denthousiasme envers la laquo reacutevolushytion raquo Limpact eacuteconomique et social est tres faible -mais la charge financiere que cela fait peser sur le pays est tres importante En deacutecembre 1985 un rapport de la Banque mondiale affirmait que laquo Majes est encore loin detre termineacute et comme son achevement serait anti-eacuteconomique la meilleure solution est den interrompre la reacutealisation raquo Cependant le projet a suivi son cours sous le gouvernement Garciacutea (1985-1990) et il a constitueacute un des principaux postes de linvestissement public Certains analystes signalent que le rapport investissement brutPIB reste laquo parashy

_doxalement eacuteleveacute raquo bien quiexcliexcl soiacutet tombeacute de 339 en 1980 a 225 en 1989 U ne grande partie de cet investissement a servi a financer avec de largent emprunteacute a lexteacuterieur de nombreux contrats relatifs a des projets mal eacutetudieacutes et a rachat darmements La peacuteriode 1970-1978 a connu un veacuteritable boom de ce type de contrats Le taux de rendement net de nombre de ces projets est neacutegatif Le projet t1ajes en est un

(8) R Dcin op_ cit voir pp 36-38 el 158-161 (1) ES _ Instituto de dcsarrolk) cconoacutemlco Sifllilciaacutel perocra iexcl )cmUIU Diugl()Slco ) Sil IIhuacute-iexclJciuacutel (1 el CUIcx() ilcrtociUlal Lima kTIacutelr 1lt)8_ (10) [3lrh_jUe Sudllleacuteris SilaiUII peacuteruliuacutec en AllleacuterUacutellt liIC (1 Jlt)lt)U [tudes eacuteconolllishyque~ kTilr 99l (1) Peruacute Econoacutemico Miljes Al-alces (I(SIIPUCS(lS r A rC(luifnlus lloclllbrc lt)iexcl-l_

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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Peacuterou crise minieacutere el reacuteinsertion intemationale

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~rovcrise miniere et reacuteinsertion intemationale

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

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Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 4: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

la ville comme a la campagne mettent au point des strateacutegies de survie En 1986 le gouvernement estimait que 10 de la population recevaient 52 du revenu national (c) Depuis cette situation sest aggraveacutee et la reacutepartition du revenu est sans doute une des plus ineacutegales du monde

Economie tourneacutee vers Iexteacuterieur et deacutependance alimentaire Nous devons reconnaitre que lanalyse est surtout effecshy

tueacutee dans le contexte dulaquo secteur exteacuterieurraquo de leacuteconomie peacutenvienne Mais cela ne correspond pas a une seacuteparation meacutetaphysique davec les questions internes Le reacutegimemiddotdaccumulation de eacuteconomie peacuteruvienne a deux axes dune part la strateacutegie dindustrialisation substitutive avec ses effets sur la structure interne de la production et dautre parto linsertion traditionnelle (a la fois par les exportations et par les importations) dans leacuteconomie internationale Cest limportance de ces liens avec lexteacuterieur que nous avons voulu souligner

Il ne sagit done absolument pas de sous-estimer la prioriteacute qui doit etre accordeacutee a leffort interne de transformation dun appareil productif dont la dynamique est toujours celle des eacutechanges avec lexteacuterieur Pour citer un exempIe la deacutependance en ce qui concerne les importations de produits alimentaires augmente de fa~on consideacuterable en 1989 22 des importations peacuteruviennes ont eacuteteacute constitueacutees par des aliments (17 en 1965) De 1979 a 1989 les importations de ceacutereacuteales sont passeacutees de 637 a 1065 milliers de tonnes Sans preacutetendre deacutefendre des scheacutemas messianiques milleacutenaristes ou du type laquoempire socialiste des Incas raquo il faut signaler quavant iarriveacutee des Espagnols les Peacuteruviens ne connaissaient pas le laquoprobleme de Malthusraquo ()) et comme dit Reneacute Dumont (~ laquoLe Peacuterou montagneux des Incas nourrissait mieux un plus grand nombre dhommes dans la sierra andine quaujourdhui il ne disposait pourtant que ~un outillage deacuterisoire deacuteriveacute du baton a fouir mais iI eacutetait encadreacute par une organisation sociale rigoureusement planifieacutee raquo En somme un pays autosuffisant ou on connaissait depuis des milliers d anneacutees la pomme de terre (9000 ans) le mamiddotis la tomate le yucca la patate douce la calebasse et beaucoup dautres produits(51 sest transformeacute apres des siecles de conquete de colonisation et de neacuteocolonisation en un pays de 22 millions d~habitants dont la majoriteacute est aux prises avec la pauvreteacute Dans les deacutepartements de Ayacucho Huancavelica Apurimac Cuzco et Puno certaines provinces ont une population comparable a celle de pays comme le Bouthan ou le Lesotho et leur PNB par habitant est de 200 dollars par an ce qui est tres eacuteloigneacute de la moyenne nationale peacuteruvienne de 1010 dolus en 1989 Qui plus est ces deacutepartements subissent les catastlophcs ilaturcllcs comme la seacutecheresse de 1983 qui

(2) Preacutesidcnce de la Reacutepubliquc du Peacuterou Plan nacional de desarrollo a mediano plazo 1986shy191)(J janier 19~6 (J) Vuumli r Joseacute CJrl)~ LHI~Iacutelcsu i lele CIIScnUI efe illlaf(lacioacuten dc la rcalidad pcruulla eacutedi l ion de Jlt)75 r 13 (~) La (foissullcc de fu [cJllillt l EJitions Ju Seuil lJXJ (5) Fernando CJbl(~l~ -griculfllra 1 lIutrlciaacutell (11 t jgtNIIacute l3anco Agrario Lima [lJXiquest

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a deacutetruit entre 60 et 90 des reacutecoltes (6) Par ailleurs cette population est prise entre deux dangers Sentier lumineux et les Forces armeacutees Fin 1990 douze deacutepartements setrouvaient sous le controle des Forces armeacutees Cela repreacutesentait 60 du territoire national et la moitieacute de la population

Le probleme de la dette exteacuterieure Le poids de la deUe exteacuterieure

Au cours des dernieres anneacutees la dette exteacuterieure du Peacuterou a augmenteacute non pas a cause de lobtention de nouveaux creacutedits ou de lafflux de capitaux exteacuterieurs mais a cause des conseacuteguences financieres des retards dans le remboursement de eette dette

La charge de la dette exteacuterieure peacuteruvienne est une des plus eacuteleveacutees de la reacutegion En 1965 le total de la dette exteacuterieure rembourseacutee repreacutesentait 208 des exportations de biens et services En 1989 ce pourcentage est passeacute a432 Les inteacuterets verseacutes ont repreacutesenteacute a eux seuls 317 des exportations en 1990 En 1980 la dette exteacuterieure totale du Peacuterou eacutetait de 9638 millions de dollars en 1990 elle eacutetait de 19890 millions de dollars ce gui signifie guelle avait augmenteacute de 106 Mais pendant la meme peacuteriode les exportations de biens et services - celles gui en principe permettent dobtenir les dollars neacutecessaires au paiement de la dette - ont baisseacute de 162

Dans un tel contexte leacutenorme dette exteacuterieure du Peacuterou est devenue impossible a rembourser tout au moins dans les conditions dans lesguelles elle avait eacuteteacute contracteacutee Pour avoir une chance de succes toute solution envisageacutee doit prendre en consideacuteration la coshyresponsabiliteacute des deacutebiteurs et des creacuteanciers et les veacuteritables capaciteacutes de remboursement du pays

Le destin improductif de la deUe laquo eacuteleacutephants blancsraquo et arrnements

Le Peacuterou a eacuteteacute un des premiers pays du tiers monde a obtenir a partir du milieu des anneacutees 1960 les creacutedits de leuromarcheacute europeacuteen Puis dans les anneacutees 1970 il a recu de nouveaux creacutedits dans le cadre de leacuteconomie dendettement international et du recyclage des peacutetrodollars Au cours de la peacuteriode 1969-1984 une grande partie du creacutedit a eacuteteacute utiliseacutee pour acheter des armements et pour reacutegler les deacutepenses plus eacuteleveacutees lieacutees aux refinancements successifs Ainsi 3591 millions de dollars ont eacuteteacute consacreacutes a Iachat darmements (voir tablea u 2) Une part importante des deacutepenses consacreacutees a des projets productifs a des travaux dinfrastructure et a des programrnes sociaux est alleacutee a des projets deacutemesureacutes et anti-eacuteconomiques Les cas les plus marguants sont Ioleacuteoduc du nord-est et Iirrigation de Majes qui constituent deux veacuteritablcs laquo eacuteleacutephants blancsraquo dont le cout total est

(6) Voir Sylvic Uallay laquoLmiddotagricultun peacuteruvlcnne il Ieacuteprcuve Ju libeacuteralismc rohleacutelllcs (fAllleacuteriquc arillc ndeg 73 3 trimestre 1ltj~t

denviron 33 milliards de dollars ces projets OIlt eacuteteacute reacutealiseacutes sous le gouvernement militaire entre 1968 et 1975

Tableau 2 Peacuterou dette publique exteacuterieure Les deacuteboursements et S8 destination par secteurs

1969-1975 Gouvern Velasco

1975-1980 Gouvern Morales

1981-1984 Gouvem Belaunde

Seltteurs millions

US dollars

du total mlions

US dollars

du total millions

US dollars

du total

a) Seeteurs produetils 769 210 881 176 Agrieulture 265 72 391 78 Industrie 235 64 308 74 Mines 215 59 157 31 Peche 51 14 14 3 Tourisme 3 1 11 2

b) Infrastrueture 693 189 868 17 3 Energie 158 43 427 85 Transports 504 137 372 74 Commeree 5 1 Communieations 25 7 69 14

e) Seeleurs soeiaux 474 129 741 148

4451 (a) 495 Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan-mars 1992

Peacuterou crise minieacuterciquest et reacuteinsertion

d) Deacutefense 566 154 1756 286 1269 14 1 inlernalionale

e) Refinaneemenl de la detle 821 224 1614 263 2270 308 77

f) Aulres 340 93 281 56 502 56

Total 3664 1000 6141 1000 8992 1000

(a) 1I ny a pas des donneacutees deacutesagreacutegeacutees seIon la Banque cenlrale il sagit de deacuteboursements destineacutes a proiexclets dinvestissernent bull Source eacutelaboration a partir des donneacutees fournies par la Direction du creacutedil pubtic du ministeacutere de lEconomie el des Finances

Loleacuteoduc de la selva

Loleacuteoduc transandin construit dans les anneacutees 1970 avait eacuteteacute preacutevu pour transporter leacutequivalent de 200000 barils de peacutetrole par jour et eacuteventuellement jusqu3 350000 barils laquoQuand on a envisageacute pour la premiere fois de construire un oleacuteoduc - au deacutebut des anneacutees 1970 - son cout eacutetait estimeacute 3 350 millions de dollars mais des augmentations successives ont porteacute le eout reacuted 3 pres de 800 millions de dollars raquo(]l Le projet et son exeacuteeution se sont aeeompagneacutes dune importante propagande officielle Au deacutebut de lanneacutee 1972 les manehetshytes des journaux affirmaient que les reacuteserves peacuter~viennes eacutetaient immenses et quelles eacutequivalaient 3 la produetion des Etats-Unis ou de IUnion sovieacutetique On citait des affirmations de responsables du seeteur public sclon lesquees la selva laquoflottait sur une mer de peacutetroleraquo Un geacuteologue eacutetranger engageacute par lentreprise publique Petroperu est alieacute jusqu3 preacutevoir une production de 10 millions de barils par jour en

(7) Roben Dnmiddotlin Lvs fiexclmuJS lransnacionalts y el fillll1 ciamiel1U eXlernu Je Ameacuterica Illlilla La experiencia de PalIacute 1965-1976 CEPAL Nations unies YiexclO

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1980(~) En 1980 la production natteignait que 195000 barils par jour(~) En 1989 le total de la production peacuteruvienne a eacuteteacute de 130000 barils sur lesquels seuls 82000 barils ont eacuteteacute produits dans la selva amazonienne De sorte que le transport de la totaliteacute du peacutetrole de la selva par Ioleacuteoduc ne repreacutesente que 41 de sa capaciteacute A partir de 19R7 le Peacuterou est devenu importateur net de peacutetrolc et sa production inteacutericure ne cesse de deacutecroitre depuis 1985 Linvestissement et par conseacutequent les reacuteserves ont diminueacute fortement au cours des dernieres anneacutees Les erreurs de la poli tique peacutetroliere et les confliacutets avec les entreprises eacutetrangeres sont responsables de la situation actuelle Par ailleurs en deacutepit de limpoacutertance du total des reacuteserves prouveacutees probables et potentielles (20 a 40 milliacuteards de barils) les reacuteserves prouveacutees ne sont que de 415 millions de barils (37 de moins quen 1985) ce qui correspond a une dizaine danneacutees de production La situation actuelle est loiacuten detre prometteuse eacutetant donneacute que laquo dune facon geacuteneacuterale le peacutetrole peacuteruvien est lourd et de meacutediocre qualiteacute eu eacutegard aux besoins du marcheacute raquo(ll1)

Lirrigation de Majes

Lautre projet deacutemesureacute est celui de Iirrigation de Majes eacutegalement reacutealiseacute au cours des anneacutees 1970 par le gouvernement reacuteformiste du geacuteneacuteral Velasco_ En reacutesumeacute il sagit damener les eaux des rivieres de la sierra de Arequipa jusqua la cote deacutesertique La reacutealisation du projet nest pas encore acheveacutee Selon leacutetude initiale linvestissement total neacutecessaire eacutetait de 170 millions de dollars mais en 1984 le cout total atteignait 2500 millions de dollars (11) Le projet de Majes concu dans les anneacutees 1950 a eacuteteacute reacutealiseacute par le geacuteneacuteral Velasco dans le but de se concilier la population de Arequipa qui jusque-la (1970) ne manifestait pas beaucoup denthousiasme envers la laquo reacutevolushytion raquo Limpact eacuteconomique et social est tres faible -mais la charge financiere que cela fait peser sur le pays est tres importante En deacutecembre 1985 un rapport de la Banque mondiale affirmait que laquo Majes est encore loin detre termineacute et comme son achevement serait anti-eacuteconomique la meilleure solution est den interrompre la reacutealisation raquo Cependant le projet a suivi son cours sous le gouvernement Garciacutea (1985-1990) et il a constitueacute un des principaux postes de linvestissement public Certains analystes signalent que le rapport investissement brutPIB reste laquo parashy

_doxalement eacuteleveacute raquo bien quiexcliexcl soiacutet tombeacute de 339 en 1980 a 225 en 1989 U ne grande partie de cet investissement a servi a financer avec de largent emprunteacute a lexteacuterieur de nombreux contrats relatifs a des projets mal eacutetudieacutes et a rachat darmements La peacuteriode 1970-1978 a connu un veacuteritable boom de ce type de contrats Le taux de rendement net de nombre de ces projets est neacutegatif Le projet t1ajes en est un

(8) R Dcin op_ cit voir pp 36-38 el 158-161 (1) ES _ Instituto de dcsarrolk) cconoacutemlco Sifllilciaacutel perocra iexcl )cmUIU Diugl()Slco ) Sil IIhuacute-iexclJciuacutel (1 el CUIcx() ilcrtociUlal Lima kTIacutelr 1lt)8_ (10) [3lrh_jUe Sudllleacuteris SilaiUII peacuteruliuacutec en AllleacuterUacutellt liIC (1 Jlt)lt)U [tudes eacuteconolllishyque~ kTilr 99l (1) Peruacute Econoacutemico Miljes Al-alces (I(SIIPUCS(lS r A rC(luifnlus lloclllbrc lt)iexcl-l_

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

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Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 5: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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Jeacuterou crise minieacutere et reacuteinsertion intemationale

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a deacutetruit entre 60 et 90 des reacutecoltes (6) Par ailleurs cette population est prise entre deux dangers Sentier lumineux et les Forces armeacutees Fin 1990 douze deacutepartements setrouvaient sous le controle des Forces armeacutees Cela repreacutesentait 60 du territoire national et la moitieacute de la population

Le probleme de la dette exteacuterieure Le poids de la deUe exteacuterieure

Au cours des dernieres anneacutees la dette exteacuterieure du Peacuterou a augmenteacute non pas a cause de lobtention de nouveaux creacutedits ou de lafflux de capitaux exteacuterieurs mais a cause des conseacuteguences financieres des retards dans le remboursement de eette dette

La charge de la dette exteacuterieure peacuteruvienne est une des plus eacuteleveacutees de la reacutegion En 1965 le total de la dette exteacuterieure rembourseacutee repreacutesentait 208 des exportations de biens et services En 1989 ce pourcentage est passeacute a432 Les inteacuterets verseacutes ont repreacutesenteacute a eux seuls 317 des exportations en 1990 En 1980 la dette exteacuterieure totale du Peacuterou eacutetait de 9638 millions de dollars en 1990 elle eacutetait de 19890 millions de dollars ce gui signifie guelle avait augmenteacute de 106 Mais pendant la meme peacuteriode les exportations de biens et services - celles gui en principe permettent dobtenir les dollars neacutecessaires au paiement de la dette - ont baisseacute de 162

Dans un tel contexte leacutenorme dette exteacuterieure du Peacuterou est devenue impossible a rembourser tout au moins dans les conditions dans lesguelles elle avait eacuteteacute contracteacutee Pour avoir une chance de succes toute solution envisageacutee doit prendre en consideacuteration la coshyresponsabiliteacute des deacutebiteurs et des creacuteanciers et les veacuteritables capaciteacutes de remboursement du pays

Le destin improductif de la deUe laquo eacuteleacutephants blancsraquo et arrnements

Le Peacuterou a eacuteteacute un des premiers pays du tiers monde a obtenir a partir du milieu des anneacutees 1960 les creacutedits de leuromarcheacute europeacuteen Puis dans les anneacutees 1970 il a recu de nouveaux creacutedits dans le cadre de leacuteconomie dendettement international et du recyclage des peacutetrodollars Au cours de la peacuteriode 1969-1984 une grande partie du creacutedit a eacuteteacute utiliseacutee pour acheter des armements et pour reacutegler les deacutepenses plus eacuteleveacutees lieacutees aux refinancements successifs Ainsi 3591 millions de dollars ont eacuteteacute consacreacutes a Iachat darmements (voir tablea u 2) Une part importante des deacutepenses consacreacutees a des projets productifs a des travaux dinfrastructure et a des programrnes sociaux est alleacutee a des projets deacutemesureacutes et anti-eacuteconomiques Les cas les plus marguants sont Ioleacuteoduc du nord-est et Iirrigation de Majes qui constituent deux veacuteritablcs laquo eacuteleacutephants blancsraquo dont le cout total est

(6) Voir Sylvic Uallay laquoLmiddotagricultun peacuteruvlcnne il Ieacuteprcuve Ju libeacuteralismc rohleacutelllcs (fAllleacuteriquc arillc ndeg 73 3 trimestre 1ltj~t

denviron 33 milliards de dollars ces projets OIlt eacuteteacute reacutealiseacutes sous le gouvernement militaire entre 1968 et 1975

Tableau 2 Peacuterou dette publique exteacuterieure Les deacuteboursements et S8 destination par secteurs

1969-1975 Gouvern Velasco

1975-1980 Gouvern Morales

1981-1984 Gouvem Belaunde

Seltteurs millions

US dollars

du total mlions

US dollars

du total millions

US dollars

du total

a) Seeteurs produetils 769 210 881 176 Agrieulture 265 72 391 78 Industrie 235 64 308 74 Mines 215 59 157 31 Peche 51 14 14 3 Tourisme 3 1 11 2

b) Infrastrueture 693 189 868 17 3 Energie 158 43 427 85 Transports 504 137 372 74 Commeree 5 1 Communieations 25 7 69 14

e) Seeleurs soeiaux 474 129 741 148

4451 (a) 495 Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan-mars 1992

Peacuterou crise minieacuterciquest et reacuteinsertion

d) Deacutefense 566 154 1756 286 1269 14 1 inlernalionale

e) Refinaneemenl de la detle 821 224 1614 263 2270 308 77

f) Aulres 340 93 281 56 502 56

Total 3664 1000 6141 1000 8992 1000

(a) 1I ny a pas des donneacutees deacutesagreacutegeacutees seIon la Banque cenlrale il sagit de deacuteboursements destineacutes a proiexclets dinvestissernent bull Source eacutelaboration a partir des donneacutees fournies par la Direction du creacutedil pubtic du ministeacutere de lEconomie el des Finances

Loleacuteoduc de la selva

Loleacuteoduc transandin construit dans les anneacutees 1970 avait eacuteteacute preacutevu pour transporter leacutequivalent de 200000 barils de peacutetrole par jour et eacuteventuellement jusqu3 350000 barils laquoQuand on a envisageacute pour la premiere fois de construire un oleacuteoduc - au deacutebut des anneacutees 1970 - son cout eacutetait estimeacute 3 350 millions de dollars mais des augmentations successives ont porteacute le eout reacuted 3 pres de 800 millions de dollars raquo(]l Le projet et son exeacuteeution se sont aeeompagneacutes dune importante propagande officielle Au deacutebut de lanneacutee 1972 les manehetshytes des journaux affirmaient que les reacuteserves peacuter~viennes eacutetaient immenses et quelles eacutequivalaient 3 la produetion des Etats-Unis ou de IUnion sovieacutetique On citait des affirmations de responsables du seeteur public sclon lesquees la selva laquoflottait sur une mer de peacutetroleraquo Un geacuteologue eacutetranger engageacute par lentreprise publique Petroperu est alieacute jusqu3 preacutevoir une production de 10 millions de barils par jour en

(7) Roben Dnmiddotlin Lvs fiexclmuJS lransnacionalts y el fillll1 ciamiel1U eXlernu Je Ameacuterica Illlilla La experiencia de PalIacute 1965-1976 CEPAL Nations unies YiexclO

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bu crise minieacutere el reacuteinsertion internationale

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1980(~) En 1980 la production natteignait que 195000 barils par jour(~) En 1989 le total de la production peacuteruvienne a eacuteteacute de 130000 barils sur lesquels seuls 82000 barils ont eacuteteacute produits dans la selva amazonienne De sorte que le transport de la totaliteacute du peacutetrole de la selva par Ioleacuteoduc ne repreacutesente que 41 de sa capaciteacute A partir de 19R7 le Peacuterou est devenu importateur net de peacutetrolc et sa production inteacutericure ne cesse de deacutecroitre depuis 1985 Linvestissement et par conseacutequent les reacuteserves ont diminueacute fortement au cours des dernieres anneacutees Les erreurs de la poli tique peacutetroliere et les confliacutets avec les entreprises eacutetrangeres sont responsables de la situation actuelle Par ailleurs en deacutepit de limpoacutertance du total des reacuteserves prouveacutees probables et potentielles (20 a 40 milliacuteards de barils) les reacuteserves prouveacutees ne sont que de 415 millions de barils (37 de moins quen 1985) ce qui correspond a une dizaine danneacutees de production La situation actuelle est loiacuten detre prometteuse eacutetant donneacute que laquo dune facon geacuteneacuterale le peacutetrole peacuteruvien est lourd et de meacutediocre qualiteacute eu eacutegard aux besoins du marcheacute raquo(ll1)

Lirrigation de Majes

Lautre projet deacutemesureacute est celui de Iirrigation de Majes eacutegalement reacutealiseacute au cours des anneacutees 1970 par le gouvernement reacuteformiste du geacuteneacuteral Velasco_ En reacutesumeacute il sagit damener les eaux des rivieres de la sierra de Arequipa jusqua la cote deacutesertique La reacutealisation du projet nest pas encore acheveacutee Selon leacutetude initiale linvestissement total neacutecessaire eacutetait de 170 millions de dollars mais en 1984 le cout total atteignait 2500 millions de dollars (11) Le projet de Majes concu dans les anneacutees 1950 a eacuteteacute reacutealiseacute par le geacuteneacuteral Velasco dans le but de se concilier la population de Arequipa qui jusque-la (1970) ne manifestait pas beaucoup denthousiasme envers la laquo reacutevolushytion raquo Limpact eacuteconomique et social est tres faible -mais la charge financiere que cela fait peser sur le pays est tres importante En deacutecembre 1985 un rapport de la Banque mondiale affirmait que laquo Majes est encore loin detre termineacute et comme son achevement serait anti-eacuteconomique la meilleure solution est den interrompre la reacutealisation raquo Cependant le projet a suivi son cours sous le gouvernement Garciacutea (1985-1990) et il a constitueacute un des principaux postes de linvestissement public Certains analystes signalent que le rapport investissement brutPIB reste laquo parashy

_doxalement eacuteleveacute raquo bien quiexcliexcl soiacutet tombeacute de 339 en 1980 a 225 en 1989 U ne grande partie de cet investissement a servi a financer avec de largent emprunteacute a lexteacuterieur de nombreux contrats relatifs a des projets mal eacutetudieacutes et a rachat darmements La peacuteriode 1970-1978 a connu un veacuteritable boom de ce type de contrats Le taux de rendement net de nombre de ces projets est neacutegatif Le projet t1ajes en est un

(8) R Dcin op_ cit voir pp 36-38 el 158-161 (1) ES _ Instituto de dcsarrolk) cconoacutemlco Sifllilciaacutel perocra iexcl )cmUIU Diugl()Slco ) Sil IIhuacute-iexclJciuacutel (1 el CUIcx() ilcrtociUlal Lima kTIacutelr 1lt)8_ (10) [3lrh_jUe Sudllleacuteris SilaiUII peacuteruliuacutec en AllleacuterUacutellt liIC (1 Jlt)lt)U [tudes eacuteconolllishyque~ kTilr 99l (1) Peruacute Econoacutemico Miljes Al-alces (I(SIIPUCS(lS r A rC(luifnlus lloclllbrc lt)iexcl-l_

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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~rltgtvcrise minieacutere et reacuteinse rtion intemationale

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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iquestrl v

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

90

cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 6: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

denviron 33 milliards de dollars ces projets OIlt eacuteteacute reacutealiseacutes sous le gouvernement militaire entre 1968 et 1975

Tableau 2 Peacuterou dette publique exteacuterieure Les deacuteboursements et S8 destination par secteurs

1969-1975 Gouvern Velasco

1975-1980 Gouvern Morales

1981-1984 Gouvem Belaunde

Seltteurs millions

US dollars

du total mlions

US dollars

du total millions

US dollars

du total

a) Seeteurs produetils 769 210 881 176 Agrieulture 265 72 391 78 Industrie 235 64 308 74 Mines 215 59 157 31 Peche 51 14 14 3 Tourisme 3 1 11 2

b) Infrastrueture 693 189 868 17 3 Energie 158 43 427 85 Transports 504 137 372 74 Commeree 5 1 Communieations 25 7 69 14

e) Seeleurs soeiaux 474 129 741 148

4451 (a) 495 Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan-mars 1992

Peacuterou crise minieacuterciquest et reacuteinsertion

d) Deacutefense 566 154 1756 286 1269 14 1 inlernalionale

e) Refinaneemenl de la detle 821 224 1614 263 2270 308 77

f) Aulres 340 93 281 56 502 56

Total 3664 1000 6141 1000 8992 1000

(a) 1I ny a pas des donneacutees deacutesagreacutegeacutees seIon la Banque cenlrale il sagit de deacuteboursements destineacutes a proiexclets dinvestissernent bull Source eacutelaboration a partir des donneacutees fournies par la Direction du creacutedil pubtic du ministeacutere de lEconomie el des Finances

Loleacuteoduc de la selva

Loleacuteoduc transandin construit dans les anneacutees 1970 avait eacuteteacute preacutevu pour transporter leacutequivalent de 200000 barils de peacutetrole par jour et eacuteventuellement jusqu3 350000 barils laquoQuand on a envisageacute pour la premiere fois de construire un oleacuteoduc - au deacutebut des anneacutees 1970 - son cout eacutetait estimeacute 3 350 millions de dollars mais des augmentations successives ont porteacute le eout reacuted 3 pres de 800 millions de dollars raquo(]l Le projet et son exeacuteeution se sont aeeompagneacutes dune importante propagande officielle Au deacutebut de lanneacutee 1972 les manehetshytes des journaux affirmaient que les reacuteserves peacuter~viennes eacutetaient immenses et quelles eacutequivalaient 3 la produetion des Etats-Unis ou de IUnion sovieacutetique On citait des affirmations de responsables du seeteur public sclon lesquees la selva laquoflottait sur une mer de peacutetroleraquo Un geacuteologue eacutetranger engageacute par lentreprise publique Petroperu est alieacute jusqu3 preacutevoir une production de 10 millions de barils par jour en

(7) Roben Dnmiddotlin Lvs fiexclmuJS lransnacionalts y el fillll1 ciamiel1U eXlernu Je Ameacuterica Illlilla La experiencia de PalIacute 1965-1976 CEPAL Nations unies YiexclO

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latine Ndeg 4

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bu crise minieacutere el reacuteinsertion internationale

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1980(~) En 1980 la production natteignait que 195000 barils par jour(~) En 1989 le total de la production peacuteruvienne a eacuteteacute de 130000 barils sur lesquels seuls 82000 barils ont eacuteteacute produits dans la selva amazonienne De sorte que le transport de la totaliteacute du peacutetrole de la selva par Ioleacuteoduc ne repreacutesente que 41 de sa capaciteacute A partir de 19R7 le Peacuterou est devenu importateur net de peacutetrolc et sa production inteacutericure ne cesse de deacutecroitre depuis 1985 Linvestissement et par conseacutequent les reacuteserves ont diminueacute fortement au cours des dernieres anneacutees Les erreurs de la poli tique peacutetroliere et les confliacutets avec les entreprises eacutetrangeres sont responsables de la situation actuelle Par ailleurs en deacutepit de limpoacutertance du total des reacuteserves prouveacutees probables et potentielles (20 a 40 milliacuteards de barils) les reacuteserves prouveacutees ne sont que de 415 millions de barils (37 de moins quen 1985) ce qui correspond a une dizaine danneacutees de production La situation actuelle est loiacuten detre prometteuse eacutetant donneacute que laquo dune facon geacuteneacuterale le peacutetrole peacuteruvien est lourd et de meacutediocre qualiteacute eu eacutegard aux besoins du marcheacute raquo(ll1)

Lirrigation de Majes

Lautre projet deacutemesureacute est celui de Iirrigation de Majes eacutegalement reacutealiseacute au cours des anneacutees 1970 par le gouvernement reacuteformiste du geacuteneacuteral Velasco_ En reacutesumeacute il sagit damener les eaux des rivieres de la sierra de Arequipa jusqua la cote deacutesertique La reacutealisation du projet nest pas encore acheveacutee Selon leacutetude initiale linvestissement total neacutecessaire eacutetait de 170 millions de dollars mais en 1984 le cout total atteignait 2500 millions de dollars (11) Le projet de Majes concu dans les anneacutees 1950 a eacuteteacute reacutealiseacute par le geacuteneacuteral Velasco dans le but de se concilier la population de Arequipa qui jusque-la (1970) ne manifestait pas beaucoup denthousiasme envers la laquo reacutevolushytion raquo Limpact eacuteconomique et social est tres faible -mais la charge financiere que cela fait peser sur le pays est tres importante En deacutecembre 1985 un rapport de la Banque mondiale affirmait que laquo Majes est encore loin detre termineacute et comme son achevement serait anti-eacuteconomique la meilleure solution est den interrompre la reacutealisation raquo Cependant le projet a suivi son cours sous le gouvernement Garciacutea (1985-1990) et il a constitueacute un des principaux postes de linvestissement public Certains analystes signalent que le rapport investissement brutPIB reste laquo parashy

_doxalement eacuteleveacute raquo bien quiexcliexcl soiacutet tombeacute de 339 en 1980 a 225 en 1989 U ne grande partie de cet investissement a servi a financer avec de largent emprunteacute a lexteacuterieur de nombreux contrats relatifs a des projets mal eacutetudieacutes et a rachat darmements La peacuteriode 1970-1978 a connu un veacuteritable boom de ce type de contrats Le taux de rendement net de nombre de ces projets est neacutegatif Le projet t1ajes en est un

(8) R Dcin op_ cit voir pp 36-38 el 158-161 (1) ES _ Instituto de dcsarrolk) cconoacutemlco Sifllilciaacutel perocra iexcl )cmUIU Diugl()Slco ) Sil IIhuacute-iexclJciuacutel (1 el CUIcx() ilcrtociUlal Lima kTIacutelr 1lt)8_ (10) [3lrh_jUe Sudllleacuteris SilaiUII peacuteruliuacutec en AllleacuterUacutellt liIC (1 Jlt)lt)U [tudes eacuteconolllishyque~ kTilr 99l (1) Peruacute Econoacutemico Miljes Al-alces (I(SIIPUCS(lS r A rC(luifnlus lloclllbrc lt)iexcl-l_

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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Peacuterou crise minieacutere el reacuteinsertion internalionale

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~rltgtvcrise minieacutere et reacuteinse rtion intemationale

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

Problembullbull dAmeacuterlque latine Ndeg 4 jan-mars 1992

Peacuterou cnse minieacutere et reacuteinsertion intemationale

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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Peacuterou crise minieacutere el reacuteinsertion intemationale

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Problltmes dAmeacuterique

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~rovcrise miniere et reacuteinsertion intemationale

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

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Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 7: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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bu crise minieacutere el reacuteinsertion internationale

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1980(~) En 1980 la production natteignait que 195000 barils par jour(~) En 1989 le total de la production peacuteruvienne a eacuteteacute de 130000 barils sur lesquels seuls 82000 barils ont eacuteteacute produits dans la selva amazonienne De sorte que le transport de la totaliteacute du peacutetrole de la selva par Ioleacuteoduc ne repreacutesente que 41 de sa capaciteacute A partir de 19R7 le Peacuterou est devenu importateur net de peacutetrolc et sa production inteacutericure ne cesse de deacutecroitre depuis 1985 Linvestissement et par conseacutequent les reacuteserves ont diminueacute fortement au cours des dernieres anneacutees Les erreurs de la poli tique peacutetroliere et les confliacutets avec les entreprises eacutetrangeres sont responsables de la situation actuelle Par ailleurs en deacutepit de limpoacutertance du total des reacuteserves prouveacutees probables et potentielles (20 a 40 milliacuteards de barils) les reacuteserves prouveacutees ne sont que de 415 millions de barils (37 de moins quen 1985) ce qui correspond a une dizaine danneacutees de production La situation actuelle est loiacuten detre prometteuse eacutetant donneacute que laquo dune facon geacuteneacuterale le peacutetrole peacuteruvien est lourd et de meacutediocre qualiteacute eu eacutegard aux besoins du marcheacute raquo(ll1)

Lirrigation de Majes

Lautre projet deacutemesureacute est celui de Iirrigation de Majes eacutegalement reacutealiseacute au cours des anneacutees 1970 par le gouvernement reacuteformiste du geacuteneacuteral Velasco_ En reacutesumeacute il sagit damener les eaux des rivieres de la sierra de Arequipa jusqua la cote deacutesertique La reacutealisation du projet nest pas encore acheveacutee Selon leacutetude initiale linvestissement total neacutecessaire eacutetait de 170 millions de dollars mais en 1984 le cout total atteignait 2500 millions de dollars (11) Le projet de Majes concu dans les anneacutees 1950 a eacuteteacute reacutealiseacute par le geacuteneacuteral Velasco dans le but de se concilier la population de Arequipa qui jusque-la (1970) ne manifestait pas beaucoup denthousiasme envers la laquo reacutevolushytion raquo Limpact eacuteconomique et social est tres faible -mais la charge financiere que cela fait peser sur le pays est tres importante En deacutecembre 1985 un rapport de la Banque mondiale affirmait que laquo Majes est encore loin detre termineacute et comme son achevement serait anti-eacuteconomique la meilleure solution est den interrompre la reacutealisation raquo Cependant le projet a suivi son cours sous le gouvernement Garciacutea (1985-1990) et il a constitueacute un des principaux postes de linvestissement public Certains analystes signalent que le rapport investissement brutPIB reste laquo parashy

_doxalement eacuteleveacute raquo bien quiexcliexcl soiacutet tombeacute de 339 en 1980 a 225 en 1989 U ne grande partie de cet investissement a servi a financer avec de largent emprunteacute a lexteacuterieur de nombreux contrats relatifs a des projets mal eacutetudieacutes et a rachat darmements La peacuteriode 1970-1978 a connu un veacuteritable boom de ce type de contrats Le taux de rendement net de nombre de ces projets est neacutegatif Le projet t1ajes en est un

(8) R Dcin op_ cit voir pp 36-38 el 158-161 (1) ES _ Instituto de dcsarrolk) cconoacutemlco Sifllilciaacutel perocra iexcl )cmUIU Diugl()Slco ) Sil IIhuacute-iexclJciuacutel (1 el CUIcx() ilcrtociUlal Lima kTIacutelr 1lt)8_ (10) [3lrh_jUe Sudllleacuteris SilaiUII peacuteruliuacutec en AllleacuterUacutellt liIC (1 Jlt)lt)U [tudes eacuteconolllishyque~ kTilr 99l (1) Peruacute Econoacutemico Miljes Al-alces (I(SIIPUCS(lS r A rC(luifnlus lloclllbrc lt)iexcl-l_

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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Peacuterou crise minieacutere el reacuteinsertion internalionale

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~rltgtvcrise minieacutere et reacuteinse rtion intemationale

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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Peacuterou cnse minieacutere et reacuteinsertion intemationale

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

Problemes dAmeacuterlque latine Ndeg 4 jan -mars 992

Peacuterou crise minier et reacuteinsertion internationale

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Probleme dAmeacuterique

latine Ndeg 4

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan -mars 1992

Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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latine Ndeg 4

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iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

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Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 8: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

exemple puisque le cout total par hectare une fois la reacutealisation termlOee a eacuteteacute eacutevalueacute en 1985 a 22500 dollars soi t quatre a six fois plus que pour les autres projets dirrigation de la coacutete En 1985 on estimait en outre que cent millions de dollars eacutetaient neacutecessaires pour achever la premiere eacutetape et mettre en service 20000 hectares Mais avec le meme investissement on aurait pu mettre en valeur 100000 hectares sur la cote du Peacuterou Le fait que depuis 1981 la Banque mondiale ait recommandeacute sans succes de laquoproceacuteder a des reacuteductions des deacutepenses consacreacutees a un projet comme celui de Majes qui ne feraient certainement pas diminuer le taux de croissance raquo(12) montre bien a quel point les gouvernements successifs ont useacute de leur laquoautonomie relativeraquo de la maniere la plus improductive qui soit et ont tellement augmenteacute le poids de la detre quactuellement elle ne peut plus etre rembourseacutee En 1990 8000 hectares seulement sont irrigueacutes et cette superficie nest pas totalement exploiteacutee Selon un calcul optimiste on pourrait y ajouter 7000 hectares qui sont en cours dinstallation Toutefois on est loin des 60000 hectares preacutevus Selon des calculs reacutecents 850 millions de doIlars avaient eacuteteacute investis dans le projet en 1990 ce qui correspond a 106000 dollars par hectare si lon considere que 8000 hectares seulement sont effectivement irrigueacutes L impact neacutegatif du projet est eacutegalement perceptible a dautres niveaux comme par exemple leacuteconomie paysanne laquoHeacutelas du fait du barrage ou des autres installations les systemes traditionnels dirrigation eux manquent parfois deau raquo(Ll

En 1990 du fait de la politique de restriction budgeacutetaire et surtout de rabsence de financement international (BIRD BID Club de Paris) tous les grands projets sauf un (Chavimochic) ont eacuteteacute bloqueacutes(I~)

Le laquoFujichocraquo et ses effets eacuteconomiq ues et sociaux (15)

Le nouveau gouvernement du preacutesident Fujimori deacutecida dappliquer un plan de stabilisation dans la plus pure orthodoxie des meilleurs temps du F~1I La libeacuteration des prix la suppression des subventions le gel des salaires dans le secteur public runification et la libeacuteration du taux de change la forte reacuteduction des droits de douane comptent parmiacute les plus importantes mesures adopteacutees en aout 1990 Cela eut une reacutepercussion brutale sur les prix - quiacute ce mois-El augmentcrent de 397 CJc (un record dans lhistoiacutere peacuteruiennc) - ccb provoqua eacutegalement une reacuteduction consideacuterable des salaircs reacuteels une

() 2) Bl~cO r1l1oial PerlIacute Prillcipales COllclLSioIlCS y recomelldaciollCS ell maiexclerill lit iexclJtiIrroCi Etude de la Banque inondiak 27 avril 1981 (13) Pierre Gaillard Pour toule Icau du P~rou Ceacuteo n 132 kTicr 1990 (14) Reacutectmmcnt 101$ de la d~couverte dun giscment de gaz J Camisea (au nord du Cuzco) corresrondallt 1 19 milliard de harils de peacutetrole le goucrnemc nt a oulu n~gocIacuteer 11 creacuteatIacuteon d middotullc joint -vcnturc mai5 k projet cs tirn~ 3 deu lllilliards de dollars na illlr ~ l jllylliexcl preacutesellt aucun asucil eacutetr~lncr (15) Pour un diquestIL)p~l1lc~t plus approfondi d edte parti oir O SU~UumlCl t(II (

prohlhllcs eacutecololliCiexcllIts e plal FlIjil1lori d la (ilesioll de lu rtilscrtol illCflllltOlu( FSLAC Paris juin lt)l)I d~)urnent pr~lirnillair

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 9: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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~rltgtvcrise minieacutere et reacuteinse rtion intemationale

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chute de la demande interne et laggravation de la reacutecession Le gouvernemeht deacutecida alors deffcctuer lajustement qui eacutetait devenu ineacutevitable eacutetant donneacute limportance des deacuteseacutequilibres heacuteriteacutes Un plan fut eacutetabli a cette fin en coordination avec le FMI - bien qu il ny ait pas daccord en vigueur - et les mesures furent appliqueacutees dans le cadre dun laquoprogramme daccumulation de droitsraquo qui devait au vu de ses reacutesultats permettre une normalisation des relations ave e cet organisme et la reacuteinsertion du Peacuterou dans le systeme financier international (SFI) TI deviendrait alors possible entre autres choses d envisager la reneacutegociashytion de la dette exteacuterieure

Par la suite linflation a pu etre reacutedLiite grace a une poli tique moneacutetaire stricte et a un controle indirect du taux de change qui malgreacute sa deacutevaluation nominale est resteacute sureacutevalueacute Le taux dinflation qui eacutetait de 7658 en 1990 est tombeacute a 1854 en 1991 et selon certaines preacutevisions il pourrait descendre jusqua 80 en 1992 Mais la reacutecession continue la production na augmenteacute que de 2 en 1991 (O en termes de PIB par teacutete) (voir tableau 1) et ne saccroitra que de 1 en 1992(16) Fin 199053 oa seulement de la population active eacutetaient employeacutes dans des conditions satisfaisantes cest-a-dire quils percevaient au moins le minimum leacutegal (30 dollars par mois) 863 de la population eacutetaient sous-employeacutes cest-a-dire quils navaient pas un emploi a plein temps ou qu ils ne percevaient meme pas le minimum leacutegal Etant donneacute que la reacutecession se poursuit la situation de lemploi sest en fait deacutegradeacutee en 1991 De meme on peut constater une contraction des revenus reacuteels des travailleurs - un des axes de la politique dajustement - puisque au milieu de lanneacutee 1991 les salaires reacuteels ne repreacutesentent plus que 36 de leur valeur de 1986

Bien quapparemment le taux de change flotte librement la monnaie peacuteruvienne continue a etre sureacutevalueacutee Cela est dli a lafflux de dollars lieacute au trafic de drogue qui est devenu en outre la principale source de lameacutelioration du niveau des reacuteserves en devises internationales de la Banque centrale Ce meacutecanismemiddot permet de ralentir le rythme de la deacutevaluation et contribue done a limiter laugmentation des prix sur le marcheacute inteacuterieur Rappelons quaux importations de biens deacutequipeshyment et de biens intermeacutediaires sajoutent les importations de produits alimentaires qui repreacutesentent 22 a 25 des importations totales contrairement a ce qui se produit dans la plupart des pays de la reacutegion eest pourquoi la suppression des subventions ainsi que la deacutevaluation du taux de change se reacutepercutent automatiquement sur les prix et par conseacutequent sur le niveau de vie de la plus grande partie de la population

A partir de mars 1991 avec un nouveau ministre de IEacuteconomie plus moneacutetariste que le preacuteceacutedent le gouvernement a poursuii son plan de stabilisation et a esquisseacute un plan dajustement structurel Ce plan comporte une reacuteduction importante du role de lEacutetat dans leacuteconomie la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur et la promotion des exportations en particulier dans les secteurs minier et agroshyalimentaire Ainsi les droits de douane ont eacuteteacute fortement reacuteduits les obstacles 3 linvestissement el a Iafflux de capitaux eacutetrangers ont eacuteteacute

(16) Lc~ dnnn~cs statistiqucs prOicnnen ue Tlle EU Pem Coulllry Profiacutee lIJCJ-1W2 e PCfI-BclilmiddotiCl COlllln RCJorl numeacuteros 1 2 et J 1991

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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Peacuterou crise minier et reacuteinsertion internationale

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

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Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 10: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

supprimeacutes et la vente totale ou partielle dune grande partie des 250 entreprises publiques ainsi que la reacuteduction de pres dun million du nombre des agents de lEtat ont eacuteteacute annonceacutees Par ailleurs le gouvernement a annonceacute la privatisation des ports peacuteruviens dans le but daugmenter leur compeacutetitiviteacute Le gouvernement a deacutecideacute eacutegalement dassouplir le marcheacute du travail en introduisant par exemple des modifications a la loi de stabiliteacute de lemploi qui permettront daugmenter le nombre des motifs de licenciement

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure Grace aux mesures appliqueacutees et au soutien apporteacute par

le FMI aun programme eacuteconomique qui va jusqua la fin de lanneacutee 1992 le gouvernement a pu signer le 18 septembre 1991 un accord de reacuteeacutechelonnement de la dette exteacuterieure du Peacuterou avec les gouvernements et institutions des pays membres du Club de Paris Ainsi de nouveaux deacutelais de remboursement compris entre 10 et 15 ans a partir de 1992 ont eacuteteacute eacutetablis cette mesure conceme une partie importante (78 milliards de dollars) du total de la dette exteacuterieure (20 milliards de dollars) Lautre partie importante de la dette - la dette envers les banques commerciales - devra en principe etre reneacutegocieacutee a New York en mars 1992 dans des conditions similaires acelles du Club de Paris( 17l

La reneacutegociation de la dette exteacuterieure repreacutesente un soulagement financier important pour le gouvemement actuel dans la mesure ou une grande partie du service de la dette qui devrait etre payeacute a court et a moyen terme sera reporteacutee dans le moyen et le long terme Mais le fait dajoumer le paiement dune importante charge financiere (pratique dont tous les gouvernements ont useacute depuis le milieu des anneacutees 1970) doit saccompagner des maintenant de la constitution dune capaciteacute de paiement adapteacutee aux besoins Et cela ne sera possible (sans avoir recours a la reacuteduction des importations) que par une augmentation soutenue des exportations Cest pourquoi il faut signaler linsuffisance de la strateacutegie du gouvernement en ce qui concerne le deacuteveloppement des exportations qui risgue de nous faire assister dans quelques anneacutees a de nouveaux ajustements reacutecessifs

La troisieme reacutevolution industrielle la crise miniere et le role de lEacutetat

La cnse des pays mlnlers La crise de leacuteconomie peacuteruvienne sinscrit dans le

contexte de la crise des pays minien et en particulier de celle des

(17) Voir banque Sudamaacuteis Le probleme de la delle eXleacuterieure de Ameacuterique lalIacutene de 1982 a 1991 Etudes eacuteconomiques novembre 1991

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 11: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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aacuterou crise minieacute re el reacuteinsertion inlemalionale

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exportateurs de cuivre Le Peacuterou fait partie des quelques eacuteconomies minieres de la reacutegion (avec la Bolivie le Chili la Jamalque et le Surinam) et du tiers monde(18) Comme le montre le tableau 3 les exportations de produits miniers repreacutesentent depuis les anneacutees soixante pres de 50 des exportations peacuteruviennes et le cuivre est le plus important de ces produits

Tableau 3 Peacuterou structure des exportations de marchandises 194748-1990 (en pourcentages)

1947-48 1967-68 19n-7~ 1985 1990

Produits miniers 240 494 522 429 465 dont cuivre 66 269 227 160 223

Peacutetrole el deacuteriveacutes 142 12 30 217 80 Prod agricoles 52 1 191 196 75 54 Prod de la peche 265 104 40 104 Prod non traditionnels 91 38 14 8 240 297

Total 1000 1000 1000 1000 1000

Source Oniz de Zevallos Sin tesis y estadisticas del desarrollo econoacutemico del Peruacute 1948-1978 IPAE The Economist Inteligence Unit Peru Country Profile 1991-1992 Banco Central de Reserva del Peruacute Nota semanal nO 40 23 octobre 1990

Tableau 4 Eacutevolution de la speacutecialisation des exportations dans les PED

Participation des produits primaires dans les exportatlons des marchandlses (en )

1960 1979 1988 1989

NPI Coreacutee du Sud 86 11 7 7 Singapour 74 49 26 27 Mexique 84 61 45 55 8reacutesil 97 61 52 48

PED DU CIPEC Peacuterou 96 89 78 81 Chili 96 80 85 90 Zauumle 99 93 91 91 Zambie 94 99 98 95

Source Ba1Que mondiale Rapport sur fe deacuteveloppemenl dans le monde 1982 1990 et 1991

Au premier abord la crise peacuteruvienne se preacutesente comme la conseacutequence de la crise du marcheacute international des matieres premieres (qui repreacutesentent 81 des exportations du Peacuterou en 1989) (voir tableau 4) cette cose se ttaduit par la chute des prix de presque tous les principaux produits dexportatiacuteon du Peacuterou En 1990 le cuivre le zinc le plomb le fer et largent ont repreacutesenteacute 46 des exportations du Peacuterou le cuivre repreacutesentant a lui seul 223 (voir tableau 3) Si Ion

(18) Si ron classe parmi les laquopays mtnlersraquo eeux dont les exportations de minerais et de meacutetaux r~priquests~ntent au moins 40 ceacute de kurs exportations totales on peut eompter 17 eacuteeonomies mini~rts Bolivi~ Bostwana Chili Guyana Jamaiquc Guineacutee Libeacuteria Maroe Mauritanie Nig~r Paacuteou Papouasie-Nouvelk Guineacutee Sierra L~onc Surinam Toga Zaire et Zambie Il sagit d~ pays ayant connu des dynamiques eacuteeonomiques baseacutees sur les r~ntes dun seeteur minia ~xportateur Voir Olivier Bomsel L ime5tis5ement minia el meacutetallurgique dan5 le rier5 monde La fin de5 gramls projel5 OCDE Centre de Deacuteveloppeacutement 1990

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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~rovcrise miniere et reacuteinsertion intemationale

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan -mars 1992

Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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latine Ndeg 4

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iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 12: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

prend pour base 1979-1981=100 lindice des prix (en dollars constants) des meacutetaux et minerais eacutetabli par la Bangue mondiale eacutetait de 143 en 1970 80 en 1985 et sefOn les preacutevisions de cet organisme il tombera a 66 en lan 2000

Au milieu de lanneacutee 1991 le prix de tous les principaux produits dexportation peacuteruviens (minerais farine de poisson cafeacute) eacutetait infeacuterieur a celui de 1990 Le zinc gui eacutetait le seul produit gui eacutechappait a cette tendance avait en aouacutet 1991 un prix infeacuterieur de 30 a celui de 1990

La reacutevolution industrielle et la crise miniere

On peut parler dune crise structurelle de linsertion traditionnelle des eacuteconomies minieres gui se traduit par une reacuteduction de lutilisation relative des meacutetaux pour la fabrication des produits manufactureacutes On retrouve le meme meacutecanisme pour tous les meacutetaux non ferreux eest ainsi que la consommation unitaire de plomb et deacutetain na cesseacute de baisser depuis 1950 pour le cuivre et le zinc le mouvement de baisse eacutetait deacuteja ancien mais iI sest acceacuteleacutereacute dans la derniere peacuteriode (depuis 1964 et 1973 respectivement) enfin ce mouvement succede a une phase anteacuterieure de hausse pour largent (depuis 1966) et laluminium (depuis 1973) En somme tous les produits les plus importants des pays miniers dAmeacuterique latine sont toucheacutes(19) La consommation de cuivre qui a augmenteacute denviron 3 par an entre le deacutebut des anneacutees 1960 et la fin des anneacutees 1970 augmente actuellement de 18 quant aux prix reacuteels qui ont diminueacute de 24 par an en moyenne entre 1962 et 1980 ils ont diminueacute de 51 entre 1980 et 1989 Selon les preacutevisions de la Banque mondiale au deacutebut du siec1e prochain le prix du cuivre sera infeacuterieur de 28 en termes reacuteels a celui de 1990 (20) bull

Depuis le deacutebut des anneacutees 1980 jusgua la mi-1987 lindustrie miniere mondiale a connu la plus grave crise de son histoire(2l) Limpact de la laquotroisieme reacutevolution industrieIacuteleraquo se manifeste par la deacutemateacuterialisation et la miniaturisation de la production auxguels sajoushytent lapparition de produits de substitution et le progres du recyclage des meacutetaux

(19) Voir laquoMatieres premieres les gagnants et les perdantsraquo La lettre du CEPIl ndeg 53 feacutevrier 1986 Voir aussi Geacuterard Lafay et al Commerce international la fin des avamages acquis Economica 1989 (20) Voir Price prospecLS for major primar) commodities 1990-2005 vol 1 Banque mondiale 1990 Voir aussi Bernard Fischer laquo Produits de base de la deacutependance au deacuteveloppement raquo LObservafeur de rOCDE avril-mai 1991shy(21) Voir O Bomsel op cit 1990 pour une analyse reacutecente de la crise du mode de croissance de Iindustrie miniere et meacutetallurgique cest-a-dire de la dynamique de Iinvestisscment des entreprises et de la reacutegulation des marcheacutes consideacutereacutees comme indissociables

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~rovcrise miniere et reacuteinsertion intemationale

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan -mars 1992

Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 4

an-mars 1992

iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 13: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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~rovcrise miniere et reacuteinsertion intemationale

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La crise minieacutere au Peacuterou et le role de lEacutetat A un niveau plus speacutecifique la crise peacuteruvienne (et par

extension celle des pays miniers) est en relation avec le role joueacute par lEacutetat dans la conception et lapplication des politiques a court et a long terme et surtout dans la gestion de la rente miniere(22) LEacutetat a controleacute directement par ses entreprises ou indirectement (par les impots et les politiques appliqueacutees) la perception et Iutilisation de la rente miniere Une grande partie de la dette exteacuterieure a meme eacuteteacute contracteacutee avec la garantie des revenus tireacutes des futures exportations de produits miniers

Quatre compagnies dEacutetat Centromiacuten MineroPeruacute Tinshytaya et HierroPeruacute et une c0lTpagnie priveacutee eacutetrangere la Southern (dans laquelle ASARCO des Etats-Unis deacutetient 52 du capital) repreacutesentent 70 de la production et 40 des exportations minieres Il existe en outre quarante mines de taille moyenne et cinq cents petites entreprises minieres Ces dernieres anneacutees la production miniere a baisseacute pour deux raisons principales les greves (par exemple trois mois en 1988 anneacutee au cours de laquelle la production a baisseacute de 238 ) et la sureacutevaluation record du taux de change (voir tableau 1) De plus ce secteur est devenu une cible de preacutedilection pour les attentats terroristes Les dommages causeacutes par ces attaques aux installations et a la production miniacuteeres entre 1980 et 1990 sont eacutevalueacutes a 500 millions de dollars En 1989 lentreprise Centromiacuten a subiacute cent cinquante attaques terroristes et des pertes correspondant a 34 millions de dollars En 1991 le nouveau gouvernement a deacutecreacuteteacute le secteur minier en eacutetat durgence pour tenter de stopper le processus de pertes des quinze plus grandes entreprises et la banqueroute des petites et moyennes entreprises

Le secteur minier est soumis aux tendances deacutefavorables du marcheacute international mais aussi a des conditions internes adverses qui par exemple ne lui ont pas permis de beacuteneacuteficier de la remonteacutee des prix entre 1987 et 1990 Le Peacuterou possede dimportantes reacuteserves mineacuterales et de nombreux projets dont leacutetude est avanceacutee sont dans lattente dun financement ou dun partenaire eacutetranger Ces dernieres anneacutees (en particulier sous le gtgtuvernement Garciacutea) linvestissement eacutetranger dans le secteur minier (comme dans tous les secteurs) a stagneacute acause de lincoheacuterence de la poli tique gouvernementale et des conditions eacuteconomiques sociales et poli tiques difficiles

Le programme de privatisation du gouvernef1ent actuel inclut une seacuterie dentreprises minieres dans lesquelles rEtat a une participation mais il ne touche pas pour le moment les entreprises les plus importantes que nous avons mentionneacutees Cependant la restructuration du secteur minier devra neacutecessairement passer par les grandes entreprises de rEtat dont la situation financiere difficile nest pas seulement due a la baisse des prix internationaux

(22) Le concept de rente mlOiaacutec corrcspond au exceacutedcnts reacutealiseacutes par les factcurs de proJuction (tare main-dmiddotQunc capital) par rapport ce qui serilit neacutecessaire et suffisant pour inciter les proprieacutetaires de ces facteurs aacute proposer leurs services Voir Gobind Nilnkani laquo Probkmils (le desarrollo de I()s paiacuteses exportadores de minerales no comhustibles Fillallzas y Desarrollo mars 19HO

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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Peacuterou crise minier et reacuteinsertion internationale

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan -mars 1992

Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 4

an-mars 1992

iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 14: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

Lentreprise dEacutetat Centromiacuten qui reacutesulte dune nationalishysation en 1973 fourni~ un bon exemple de linefficaciteacute de la gestion des entreprises par rEtat Il sagit dune entreprise qui exploite un complexe polymeacutetallique qui repreacutesente 33 de la production miniere du Peacuterou et qui au dernier trimestre 1991 perdait quatre millions de dollars par mois Actuellement lentreprise emploie 17120 personnes (15420 en 1974) sa productiviteacute (tonnes produites par travailleur) a diminueacute de 27 entre 1985 et 1989 cest-a-dire dans une peacuteriode de hausse des prix internationaux Les pertes cumuleacutees de lentreprise de 1975 a 1990 se sont eacuteleveacutees a 301 millions de dollars (98 millions en 1990) Cependant cette entreprise a verseacute au fisc leacutequivalentde 1030 millions de dollars entre 1975 et 1989(23) A titre comparatif en 1982 lentreprise chilienne Codelco employait 26000 personnes (53 de plus queCentromiacuten) mais son chiffre daffaires a eacuteteacute de 15 milliard de dollars (275 de plus que Centromiacuten avec 400 millions de dollars) La me me anneacutee lentreprise priveacutee la plus importante du secteur minier peacuteruvien SQuthern Peru Copper Corporation employait 6400 personnes et le montant de ses ventes seacutelevait a 350 millions de dollars ce qui revient a dire qu elle obtenait un chiffre daffaires voisin de celui de Centromiacuten tout en ayant un personnel presque trois fois moins imporshytant (1~l En 1990 alors que Centromiacuten perdait 98 millions de dollars Codelco gagnait 153 miUiard de dollars Centromiacuten repreacutesente un cas type dentreprise publique qui a consideacuterablement accru son endettement exteacuterieur (324 millions de dollars en 1991) mais na pas utiliseacute ces creacutedits pour augmenter la jJroductiviteacute et pour maintenir le niveau de la rente diffeacuterentielle(5l LEtat face a la crise des matieres premieres mineacuterales a preacutefeacutereacute relancer lexpansion de Centromiacuten par des investissements a hauts risques en aval mais pennettant le maintien des emplois plutoacutet que de consolider lentreprise en modernisant les mines Les investissements reacutealiseacutes entre 1975 et 1985 seacutelevent a 644 miHions de dollars

Ce choix aggraveacute par le mairltien de ponctions fiscales importantes a acceacuteleacutereacute la deacutecapitalisation de Centromiacuten O Bomsel concluait en 1986 laquoIl semble done dans cette entreprise que lEacutetat dont on peut souligner quil na pas dinterIocuteurs externes partie prenante dans la gestion de la compagnie risque de laisser se poursuivre la marginalisation de maniere irreacuteversible jusqua ce quil soit trop tard pour bloquer le processusraquo (26) Les analyses faites en 1991 quiacute annoncent leacuteventllaliteacute de sa privatisation signalent que lentreprise a poursuivi un plan daugmentation de la capaciteacute de la mine erroneacute sans se soucier

(23) Manuel Cisneros et Ceacutesar Aliaga Estudio econoacutemico-laboral sobre la empresa CenrromiacutenshyPeruacute S A IPEMIN Lima 1991 (24) O Bomsel Dynamiques eacuteconomiques des pays minien et illsabiliteacute des marcheacutes de matieres premieres minhales these de docteur en eacuteconomie Ecole nationaie supeacuterieurc dcs Mines de Paris 1986 (25) Voir O Bomslt1 op cit 1986 laquo JI semble quau Peacuterou les conditions ne soient pas reacuteunies pour que Centromiacuten eacutechappe a la marginalisation En effet les investissements reacutealiseacutes par lentreprise dcpuis la fin des anneacutees 1970ont principakmcnt concerneacute la meacutetallurgic uumll la compeacutetitivitiquest de b firme iquesttait la muumlins menaceacutee Par contre les gains de pruumlductivileacute indispensables pour le maintiiquestn des rentes diffeacuterenticlles et facilement reacutealisables par la meacutecanisation progressive des exploitatiuumlns minieres nont pu ctre obtenus raquo

(26) O Bomsel ibid p60

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan -mars 1992

Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 4

an-mars 1992

iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

( oI ore [oror o 01 0 iexcl() 11 - 0 kil) o ltlllt Ilt)JII [ 71 lo ( ~l)) lt ~ () llltIIli ~ol iacute lt11 I( I

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 15: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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r~rise minieacutere el reacuteinsertion inlemalionale

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de renouveler les eacutequipements de moderniser et d augmenter la productiviteacute De meme le processus de diversification a eacuteteacute interrompu et la possibiliteacute dintervenir dans le traitement semi-industriel et industriel des produits miniers a eacuteteacute abandonneacutee (27) Le cas peacuteruvien deacutemontre leacutechec de la nationalisation de mines qui pour la plupart sont exploiteacutees depuis fort longtemps (plus de cent ans pour certaines) sont souterraines ont des couts dexploitation eacuteleveacutes et une faible productiviteacute et par conseacutequent une faible rentabiliteacute Etant donneacute la tendance des prix a la baisse si Centromiacuten ne parvient pas a se restructurer cette entreprise risque de devenir completement marginale et de subir le meme sort que Comibol en Bolivie On peut se faire une ideacutee densernble des reacutesultats d~ la gestion peu aviseacutee des entreprises publiques du secteur minier par lEtat si lon considere que entre 1985 et 1989 ces entreprises ont eu 456 millions de dollars de pertes tan di s que la Southern reacutealisait 251 millions de dollars de profits

Lexpeacuterience internationale deacutemontre que les avantages comparatifs et la compeacutetitiviteacute en geacuteneacuteral peuvent etre maintenus (comme dans le cas isoleacute du Chili) grace a une augmentation de la productiviteacute une meilleure gestion de lentreprise el une politique de commercialisation agressive qui auraient pour effet des couts relatifs plus faibles au niveau international Bien que dans le cas peacuteruvien il nest pas douteux qua court terme une deacutepreacuteciation du taux de change reacuteel simpose on ne peut pas eacutevaluer les conseacutequences sur la compeacutetitiviteacute et les prix deacutecoulant dune deacutepreacuteciation reacuteelle permanente du taux de change Le Chili sest diffeacuterencieacute des autres pays miniers par la modernisation technologique et la stabiliteacute politique (malgreacute ou a cause de Pinochet) Le Chili a pu conqueacuterir la plus grande partie du marcheacute international du cuivre tout en se trouvant dans un marcheacute en deacutec1in mais cela sest effectueacute grace a lapplication dune strateacutegie et dun ensemble de mesures dans un contexte poli tique particulier 11 faut tenir compte du fait que la rationaliteacute capita liste de Codelco imposeacutee par la dictature de Pinochet a permis a cette entreprise de mettre fin a un rapport salarial quiacute nt reposait pas sur les variations de laproductiviteacute La profonde restructuration et la modernisation effectueacutees dans la Codelco ont permis dameacuteliorer sa compeacutetitiviteacute Actuellement cest une des entreprises minie res les plus productives et les plus rentables du monde Le complexe Codelco-Chile a progresseacute dans ~lusieurs domaines particulierement dans celui de la commercialisation (28 et il est un des rares a avoir des accords dinteacutegration verticale dans les pays industrialiseacutes avec des entreprises eacutetrangeres associeacutees

La crise du o secteur minier qui dans l~ cas peacuteruvien ne deacutepend pas seulement comme nous lavons vu de la crise internationale mais aussi du blocage structurel de leacuteconomie dans son ensemble est a lorigine des poli tiques dajustement La plupart des vertus du secteur minier sont menaceacutees dont la principale celle detrc une sourcc croissante de devises et de ressources fiscales

(27) Voir SUelll Mineriacutea n J4 Lima 19lt)1 (28) Jorge Bande laquoLa experiencia de comercializacioacuten del cobre de Codelco n in H Campodoacuteshynico Siwacioacuten y perspectivas de la mineriacutea del cobre DESCO Lima 1988

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

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Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan -mars 1992

Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 4

an-mars 1992

iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

middot(-7 ) O)ir blti~iexcl Uarh~riexcl laquol1 in ~ r(i)fI n)ll1~r(iiI J~ llleacuteril1 1iexcltiIU omiddoto NIS[II d( tI (()( 11 iexcl l I)uacutet 1~Oo

(3S ) C) t1J) R)tlc~ laquoC0ll1I1Ctili Idld prpdllcliiacutedIJ ~o 1I1 rci()fl lt l IILI k I11Lriliexcl LI(IIII 00 0

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illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 16: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

Leacuteconomie peacuteruvienne et la question de la reacuteinsertion internationale Lanalyse que nous avons effectueacutee nous conduit a

conclure que les gouvernements des pays miniers sont confronteacutes a un triple problel11e 1) comment optimiser et retenir la rente miniere pour Iaffecter J leacutepargne et a la consommation domestique (probleme de 1laquo imposition raquo) 2) comment diriger Iactiviteacute eacuteconomique a long terme face aux risques et aux incertitudes concernant Iimportance des revenus miniers que ron peut attendre (probleme laquomacroeacuteconomique raquo) 3) comment laquoventiler) es revenus miniers et eacutechelonner dans le temps leur attribution (probleme de 1laquo investissement raquo) (~lt) II est eacutevident que le secteur minier peacuteruvien continuera a etre important mais son role ne peut pas se limiter au financement dun budget public improductif et deacuteficitaire dont jusqua maintenant pres de 50 sont consacreacutes au rem boursemen t de la dette exteacuterieure et a la deacutefense nationale Il ne faut pas non plus que les devises provenant des exportations de matieres premieres continuent a financer les importations dune industrie surproteacutegeacutee et ineffi-cace

Lajustement structurel qui se profile a partir de mars 1991 semble sinscrire dans la ligne traditionnelle du FMI dinspiration neacuteo-c1assique qui prend pour objectif une croissance baseacutee sur les exportations - consideacuterant que les avantages comparatifs reposent sur rabondance relative des facteurs de production (main-dcruvre et ressources naturelles) - et qui propose essentiellement la poursuite dune speacutecialisation dans lexportation de matieres premieres minieres et agricoles Lhistoire eacuteconomique du Peacuterou ne manque pas douvertures fondeacutees sur des ressources non renouvelables (par exemple le guano au XIX siecle) qui ont creacuteeacute une certaine richesse mais qui ont eu Iinconveacutenient de faire naitre des habitudes et des structures eacuteconomiques et sociales qui une fois les ressources eacutepuiseacutees ont conduit le pays a un eacutetat de pauvreteacute pire que celui qui avait preacuteceacutedeacute la bonanza La socieacuteteacute peacuteruvienne a payeacute tres cher robtention de revenus faciles paree que le pays na pas penseacute a deacutevelopper dautres sources de commerce rentables 1(1)

Lexpeacuterience chilienne semble avoir enthousiasmeacute les JeacuteciJeurs peacuteruiens Ainsi signale-tcon Iexistence dimportantes reacuteserves de divers mineacuteraux et affirme-t-on que laquosi 10n considere le deacuteeloppeshyment reacutecent de iexcl-agro-industrie au Chili pays 1110ins riche en cunJitions naturelles les possibiliteacutes de Iagro-industrie sont eacutenormes raquo(111 et que le secteur textile laquoreacutesume mieux que tout autre les magnifiques possibiliteacutes de lindustrie reposant sur Jeux ressources quelle a en abondmcc des matieres premieres de qualiteacute et une main-dcruvre quaiifieacuteeraquo

J(2CJ) llir Pil J)IIliel E((lnollllc poliy in Iiexclinaol dporllng ((lllltrlts W(t (1 ( t l(omtli bull

Vorkillg Parcr Sl)-Ih Cl)llHiexclJu School uf 1ines 19S9 C~(l) Vuir lmiddotilltLressiexclnlL rdkxion sur ce rrobkme Je Carl()~ F Diacuteiexclz-iexclkpI1Jru ECllnollliacutea ahicrtiexcl y roliacuteticiexcl ceacuterriexclJiexcl) n El Trimestre (cunaacutelllicu 11 1()7 ~1eacuteXiCll ]lJiexcl)l (11) itlllicuacuteiacuten de 1lt1 tC(l(JIIlI ) (rWI( lLlllcl) regiollal JLI ~llrlLmiddot IJ()I P IIJ

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan -mars 1992

Peacuterou crise minieacutere et reacutelnsertion internationale

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 4

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iquestrl v

cnse mrnrere el reacuteinsertion intemationale

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

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iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

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illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 17: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

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Pour suivre lexel11ple du Chili le Peacuterou a la tentation de prol11ouvoir ses exportations de maticres premicres mais 011 pcut se uemanuer si cette solutiol1 est viable a moyen et ~l long terme AillSi par exemple cest en saplmyant sur UIlC ameacutehoration de la productiviteacute et aideacute par ulle importante deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change que le Chili a mis au point une strateacutegie de forte agressiviteacute commerciale qui lui a permis de prendre une part importante du marcheacute aux deacutepens dautres pays Le Peacuterou qui a meneacute une politique tres diffeacuterente en a subi les conseacutequences en ce qui conccrne le cuivre et la farine de pOlsson

Le cas du Chili de Pinochet qui fait r~ver les secteurs proches du gouvernement doit conduire a tenir compte de certains aspects concrets Par exemple les limites quimpose a la poursuite de la croissance eacuteconomique le processus de laquotertiarisationraquo et de laquo deacutesindustrialisation raquo(32) de leacuteconomie au cours des deux dernieres deacutecennies La part de lindustrie manufacturiere dan s le PIB est tombeacutee de 24 a20 entre 1965 et 1989 Cela a rendu preacutecaires les perspectives de leacuteconomie chilienne qui reacutealise 38 de son PIB a lexteacuterieur cn) et dans laquelle les matieres premieres (dont 50 de produits miniers) consti tuent 90 des exportations (voir tableau 4) Sous le reacutegime de Pinochet rnalgreacute limportance des capitaux venus de lexteacuterieur sous forme de rente miniere ou de dette exteacuterieure lappareil industriel na pas eacuteteacute deacuteveloppeacute Le maintien du rythme de croissance du PIB (le Chili est leacuteconomie la plus ouverte de la reacutegion) deacutepend done en grande partie des exportations de produits tels que le cuivre les fruits le bois et la farine de poisson La baisse reacutecente du prix du cuivre et les preacutevisions de baisse pour le moyen terme ainsi que les difficulteacutes pour continuer a stimuler (par le taux de change par exemple) les autres exportations montrent quil ne sera pas aiseacute de maintenir ce rythme de croissance Cependant apres un long processus de deacutesind ustrialisation relative et de stagnation de linvestissement lindustrie manufacturiere connalt depuis peu une reprise sensible En tout eacutetat de cause au Chili les choses ne se preacutesentent pas de la meme maniere qu au Peacuterou le middot gouvernement deacutemocratique quiacute a pris ses fonctions en mars 1990 jouiacutet dune relative stabiliteacute politique et le pays est consideacutereacute comme a faible risque ce qui permet lacces al creacutedit intern3tiacuteol1al et Icntreacutee dimportants investissements eacutetrangers Le Chili a eacutegalcment la possibiliteacute de continuer a exporter deacutenormes volumes de cuivre malgreacute la chute des prix eacutetant donneacute que ses couts de production sont les plus faiacutebles du monde~) Aucune de ces conditions nest preacutesente dans le Peacuterou actuel

Lexpeacuterience bolivienne dapres 1985 prouve que lajusteshyment peut venir a bout de lhyperinflation mais que la reprise de la

(32) Voir Goacutenzalo Martncr Chili la reacuteponse neacuteo-libeacuterale in C Ominami (sous la dircction de) Ameacuterique lorifle les riposres iquestiexcl la crise Cetral-LHarmattan Paris 1988 (11) lli r Banq uc mondialc Rap[lorr sur II dhdo[l[lolleflr dafls le mOlde 1491 (14) ~131reacute Sil speacutecialisation dans des activiteacutes en reacutegrcssion au nivcau internalional le Chill a riquestu~~i jU~4u aacute rreacutesellt iexcl augmtnteacuter sts volumeacutes uumlcxrortation au diquesttrimcnt dautrt~

rroJuctLur~ moins compeacutetitifs C Olllinallli et R L1Jrid Le Jiquesttoppemcllt Ju ~tcteacuteur

L I~(lrll(ur eacutekments uumleacutevalu3tion Pruhleacutel1lls Jl1muacute(IIC uliiexclc n 94 ] trimcstre ]lJSl ~ lll)

croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

latine

iexcl -rnars 1992 iquest CQ J

crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

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illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

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Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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croissance eacuteconornique pcut difficilcment continuer a etre baseacute e sur ulle eacuteconomic traditioIlnelle exportatrice dc Illaticrcs premicres 11111l1Crcs Jusquuuml maintcnant en deacutepit du traiternent priileacutegieacute qllclle reltoit de la part du SFL la Solivie ne parvient pas a augmenter son PN13 par habitant qui est le plus faible dAmeacuteriquc du Sud

En centrant les possibiliteacutes de croissancc sur les exportashytions de rnineacuteraux et de produits agro-alimentaires le gouvernement maintient une speacutecialisation traditionnelle et en reacutegressioll dans la divisioll internationale du travail Or a) On ne pcut faire face aacute unc plus forte concurrence quen creacuteant et en rnaintenant des avantages comparatifs dynamiques par Iinnovation et lameacutelioration constante de la productiviteacute Cependant dans la mesure ou laugmentation de la production et de la productiviteacute se geacuteneacuteralise dans les principaux pays producteurs elle peut entraLner la chute des prix internationaux et annuler les efforts nationaux b) La compeacutetitiviteacute internationale des produits peacuteruviens ne peut pas continuer a etre baseacute e exclusivement sur labondance en ressources naturelles et en main-dceuvre bon marcheacute Pour que le Peacuterou puisse placer ses produits sur le marcheacute internationaL il doit se speacutecialiser dans des activiteacutes en progression et a faible cout relatif au niveau international c) La croissance baseacutee sur les exportations implique leacutelimination du contexte actuel de sureacutevaluatioll du taux de change mais cela comporte de seacuterieux risques dinflation que le gouvernement doit preacutevoir d) Si les exportations doivent etre stimuleacutees de maniere seacutelective par tout un ensemble de dispositifs il faut neacuteanmoins tenir compte des difficulteacutes qui seront rencontreacutees a court et a moyen term~ pour augmenter la production exportable la grave crise financiere de lEtat linsuffisance des investissements publics (et aussi priveacutes)LI due en grande partie a la profonde instabiliteacute poli tique et au climat de violence et le manque dinfrastructures de toute sorte une partie de celles-ci ayant eacuteteacute deacutetruite par le terrorisme Lloacute1

Au Peacuterou 10 seulement des routes sont paiquestes et 70 des 2500 kilometres de voies fern~es sont dans un eacutetat deacuteplorable Le cout des ports peacuteru~iens est trois fois plus eacuteleveacute que celui des ports chiliens e) La deacutetermination des scctcurs et des produits dexportation apromouvoir devra reacutesulter deacutetudcs deacutetailleacutecs sur la production la consommation les couts et tcnir compte dc ]offre de la demande des prix intcrnltltionau et de possibiliteacutes concretes des producteurs piquestrUiens

En SOl1ll11e la reacuteinsertion du Peacuterou dans l~conomic internationac passc par la rcstructuration de lappareil productif la creacuteation et le diquestcloppcment daantages comparatifs par deacutefinition dynamiques et par lobtention dune compeacutetitiitiquest intcrnationalc fondeacutec sur des augmentations de la productiviteacute par une reacuteduction des couts par rapport au pays concurrents Aucune eacuteconomie solide ne peut etre

(35) Linestissemlnt inl0rieur hruL qui Iait stagneacute entre 1 et 19~() a haiss0 entrl 19H5 It (fN iexcl un nthml nllWI1 mnul de -l ( (() fU ciquestlUr dL~ Ji J~rnliquestre~ tIl1l0ls k~ penes l11at0riexclelk Juo t des del ltle ahotage (lllt llUILS 1 ~ miiexcltrj tk doiexclrs el ljlli e(Jrre~p(lIlJ 1 pi u JL ix anneacutees dexpvrtations IlltiexcltS iexclJu ]0rllu Lt ILkIlLL I~t UIl dc rrillLq)dUX faCur LjUI empce1lnt It rLprisl des 111lStISSLI11Cllb Llr 11 11 IlL 11111lirI 01 rrLeiltr1ent U111 J ~ (Ibk prlikgills iexclJI iexclttcntat c rHlrIQL

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 4 jan mars 1992

Peacuterou crise minlere el reacuteinsertion inlernalionale

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Problemes dAmeacuterique

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crise miniere e reacuteinsertion internationale

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cOllstrllitc sur la base dun protectionnisme sans distinction de subvenshytions et de controles arbitraires des prix de sllreacuteval11ations deacutemagogiques du taux de change Le Peacuterou doit perdre lillllSioll qllil peut al1leacuteliorer son inscrtion internationale par [octroi de sllbventions ~l la production et ~l leportatiol1 de produits manllfactureacuteso Lcxpeacuteriel1ce latino-ameacuterishycaine a deacutemontreacute que cela fi[lit toujours par aggraver les tendances deacuteficitaires du secteur public(ol7)o

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1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

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11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

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Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

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crise miniere e reacuteinsertion internationale

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Un nouvcau discours commencc uuml se faire entendre dans la reacutegioll comme par exemple laquoLa politique eacuteconomique de lAmeacuterique latine doit accorder la prioriteacute aux exportationso o o Dans cette optique la reacuteduction des obstacles au complerce est une eacutetape initiale indispensashyble mais insuffisante raquo(0

1) Ce probleme se pose aussi au Peacuterou mais la

question essentielle POu( ce pays est de trouer la voie dune speacutecialisation internationale efficace dans le but datteindre des objectifs de croissance eacuteconomique soutenue

11 est tres dangereux en pleine troisieme reacutevolution industrielle de vouloir faire reposer la croissance eacuteconomique sur Iexportation de produits de base qui sont en difficulteacute dans le commerce international Dans le cas des produits miniers il faut tenir un tres grand compte des tendances deacutefavorables de la consommation et des prix et de la deacutesorganisation des marcheacuteso Ainsi O Bomsel affirme-tshyil que les graacutends projets miniers dexportation dans le tiers monde ont peu daenir et que laquoon voit nH~me de grands exportateurs (Zambie et Chili pour le cuivre) rechercher dans les pays consommateurs des participations dans des uniteacutes de transformation Finalement les nouvelshyles formes dinvestissement associent les producteurs et les c1ients consommateurs en deacuteveloppant de nouvelles modaliteacutes de financement et en eacutetablissant de noueaux liens dinteacutegration verticale Lindustrie miniere est une industrie tres lourde en capitaL qui fournit un produit standard qui ne beacuteneacuteficie d aucun avantage qualitatif dont la demande internationale est devenue impreacutevisible et qui est devenue une activiteacute 1 hallt risque raquo(~) bull

La deacutefinitioll des sccteurs exportateurs cst importante pour la deacutetermination des bases de la nouelle croissance peacuteruvienne ~ linsi que pOllr le financement de la rccoT1ersion de lappareil productif interne et pour le paicment de la dettc cxteacutericure Mais ce qui est le plus important cest la neacuteccssiteacute de reacuteoricnter lappareil de production cssentielkment en fonction des bcsoins internes De 1951 a 19~9 la production nationa1e de bleacute cst passeacutee de 157000 tonncs ~l 14ltJO()() tonnes et res Peacuteruiens importent ltlctLIelkmcnt ltJO Clc du bleacute lJuils consomment Ccpcndant au cours de celte llleIllC peacuteriode la production dc cuirc est passeacutee de 32000 tonnes 1 364000 tonnes et le Peacuterou exporte 90 du cuiTe quiexcliexcl produit Une telle logiquc de production ne peut etre mainlcnue Dans ce domainc lEtat a COTllTlle le Jeacutemontrc Iexpeacutericnce

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illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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Page 20: Pérou, ajustement, crise minière et réinsertion internationale. octavio suarez

illternatiollalc reacuteecntc unc importancc capitalc La stabilisatioll ccstshyiexcl-dire le controacutec dc Iillflatioll et la reacuteduction du deacuteficit budgeacutetairc cst importantc mais insuffisantc Une strateacutegic speacutecifiquc dilldustrialisatioll par substitution dcs importations a eacutechoueacute l11ais lc Peacuterou cst Cll mesurc dc pratiquer la substitutioI1 dcs importatiolls agrienlcs et industriclles Un dcs moyens de reI1vcrser la tcndancc uacute la deacuteteacuterioratioI1 dcs tcrmcs de Ieacutechange est d augmen ter la productiviteacute dans le secteur agricole qui produit pour la consommation internc et de reacuteduire aiI1si leacutenorme deacutepcndance alimentaire La solution de rechange pour le Peacuterou pourrait ctre une combinaison efficace du maintien de certaines exportations et dc la substitution dimportations

Pour le moment les deacutecisions du gouvernement Fujimori shycomme lajustement brutal daput 1990 et les mesures qui ront suivi shyont un cout social eacuteleveacute et peuvent donc cOllduire a une aggravation des conf1its sociaux si eIles ne donnellt pas les reacutesultats attendus Par son origine populaire quiacute le libere des engagements avec les groupes traditiacuteonnels de pouvoiacuter le gouvernement actuel a la possiacutebiliteacute historique de mettre en route la reconstruction de Iappareil de productiacuteon En mcme temps lajustement a entraineacute sur le front interne un rnouvement de revendication sociale croissante qui peut se radicaliser et aller jusqua ltlneacuteantir tous les efforts reacutealiseacutes jusqua maintenant Nayant ni rnajoriteacute dans les chambres do Congres ni un parti organiseacute (il commenee mcme a se fissurer) ni une influence dans les diffeacuterentes organisations de travailleurs ou demployeurs le gouvernement peut voir seacuteloigner les possibiliteacutes diacutemposer la neacutegociation et la concertatiacuteon en vue deacutetablir un pacte social capable dapporter au pays la stabiliteacute politique neacutecessaire et suffisante pour appliquer les mesures que la graviteacute de la situation exige Lexpeacuterience internationale des deux dernuuml~res deacutecennies montre que les pays en deacuteveloppement qui Ollt atteintles taux de croissance et de deacuteveloppement eacuteconomiques les plus eacuteleveacutes sont ceux quiacute ont appliqueacute unc strateacutegie er des politiques eacuteconomiques coheacuterentes et souplcs adapteacutees au changement de Ieacuteconomie mondia)e f1ais ce sont aussi ccux qui se so nt doteacutes dune stabiliteacute politique relative et durable ~lSSUraI1t en deacute pir des changemcnts de gouernel11cllt la COlllilluiteacute ct le sens de la srr3reacutegie et des politiques fondamentalcs

Problemes dAmeacuterique latine

Jan -mars 1992

Peacuterou cr ise mlnieacutere el reacuteinsert ion Internalonaie

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