HAL Id: hal-01180941https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01180941
Submitted on 28 Jul 2015
HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.
Politiques de formation et développement territorial :quelles opportunités pour les nouvelles Régions ?
J.M. Callois
To cite this version:J.M. Callois. Politiques de formation et développement territorial : quelles opportunités pour les nou-velles Régions ?. Construire les proximités dans un monde global - enjeux territoriaux, organisationnelset sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, May 2015, Tours, France. 19 p. �hal-01180941�
Politiques de formation et développement territorial :
quelles opportunités pour les nouvelles Régions ?
Jean-Marc CALLOIS
Département Territoires, IRSTEA
21 Mai 2015
8èmes journées de la Proximité, Université de Tours
Les Régions, collectivités en charge du pilotage stratégique du développement territorial ont à
leur disposition deux leviers complémentaires pour favoriser la création d’emploi de valeur-
ajoutée sur leur territoire : d’une part les compétences en matière de formation professionnelle
initiale et continue, et d’autre part le rôle de chef de file en matière de développement
économique. Ces deux leviers devraient agir de manière synergique pour favoriser l’adaptation
du capital humain et du capital productif et l’innovation. Cet article examine l’interconnexion
réelle de ces deux types de politiques et propose des pistes pour mieux les articuler dans le
contexte de réforme territoriale en cours.
Dans une première partie, il montre que ces deux leviers sont actuellement très peu articulés en
pratique, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, ils sont régis par des cadres législatifs et
réglementaires très différents (code de l’éducation, code du travail, code rural, réglementation
européenne des aides publiques…). D’autre part, l’organisation des services et des programmes
régionaux reste souvent très peu propice à cette synergie. Enfin, le partage des compétences entre
l’Etat, les Régions et les organisations représentatives du monde de l’entreprise (partenaires
sociaux, organismes consulaires, clusters industriels…) reste entaché d’un grand flou et
d’importants coûts de transaction.
Dans une deuxième partie, trois cas de tentatives de mise en synergie de politiques économique et
de formation sont présentés : le premier, à l’initiative de la Région pour répondre à la demande
d’un groupement d’entreprises de l’aéronautique, le second découlant de la mobilisation d’un
collectif d’enseignants pour développer un pôle sur la filière bois, le troisième pour répondre à un
besoin structurel de salariés formés aux métiers industriels dans une zone rurale. Les différents
freins et leviers sont analysés selon un cadre théorique inspiré de l’économie néo-institutionnelle.
L’analyse montre le rôle déterminant de l’organisation des représentants du monde économique
dans la réussite de ces démarches, mais aussi les inefficacités découlant du découpage des
différentes compétences entre l’Etat et les collectivités.
La troisième partie propose quelques pistes pour que les politiques de formation et d’éducation
participent activement à l’objectif de dynamisation des économies régionales affiché dans la
réforme territoriale.
Mots-clés : développement régional, politiques de formation, économie néo-institutionnelle,
réforme territoriale, stratégies territoriales.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
1. Introduction
L’une des principales raisons d’être des Régions est d’impulser et de mettre en œuvre des
politiques complémentaires favorables au développement équilibré de leur territoire. Parmi leurs
compétences majeures figurent l’action économique, la formation et l’aménagement du territoire.
Ces politiques semblent correspondre de manière assez naturelle au triptyque classique des
facteurs de production – Terre, Capital, Travail. Les politiques d’aménagement du territoire
répondent au facteur Terre et incluent différentes interventions en compétence directe (trains
express régionaux) mais surtout indirecte (soutien à des infrastructures telles que les zones
d’activité économique). L’action économique (facteur « Capital », et plus marginalement
« Travail »), pour laquelle la Région dispose d’un rôle de chef de file, incluent différentes
interventions de soutien aux investissements, à l’innovation (y compris la recherche qui lui est
rattachée dans le cadre budgétaire officiel), et à la création d’emploi. Enfin, la composante
éducation-formation recouvre un ensemble hétéroclite de compétences comprenant la
construction et l’entretien des lycées, la politique de l’apprentissage, et la mise en place de
formations professionnelles à destination des demandeurs d’emploi. S’y ajoutent des
interventions facultatives, en faveur de l’enseignement supérieur ou de la formation des salariés.
L’examen des interventions des Régions montre rapidement que l’équation simple
« développement régional = consolidation des facteurs terre, capital, travail » se traduit en réalité
par un grand foisonnement des types d’intervention et des compétences, qui peuvent être selon
les cas obligatoires (construction et entretien des lycées), obligatoires avec possibilité de
délégation à d’autres collectivités (action économique), exclusives (apprentissage), exclusives
avec exceptions (formation des demandeurs d’emploi), partagées avec d’autres collectivités
(culture), ou facultatives. En outre, la Région dispose de compétences en matière de stratégie et
de planification, dans les principaux domaines précités (contrat de plan régional de
développement des formations professionnelles, schéma régional de développement économique,
schéma régional d’aménagement durable du territoire, et autres schémas relatifs aux transports, à
l’énergie, ainsi qu’aux politiques environnementales).
Il n’existe pas de justification théorique claire à la constitution des Régions, et encore moins à la
liste de leurs compétences (Privat, 2003), qui est le fruit d’épisodes successifs de décentralisation,
en trois vagues principales (1982, 2005 puis 2014-2015), avec des vagues secondaires (par
exemple les actions d’insertion des jeunes en difficulté en 1993). Le principe de décentralisation
est classiquement justifié par les travaux fondateurs de Tiebout (1957) et Oates (1972). En
l’absence d’économies d’échelle et d’externalités entre les juridictions, une détermination du
niveau et des caractéristiques des biens collectifs au niveau local assure un bien-être plus élevé,
en raison d’une meilleure prise en compte des préférences et des besoins locaux. Le choix de
décentraliser ou non une politique et la définition de l’échelle géographique pertinente résulte
alors du croisement de plusieurs critères : la variabilité spatiale des besoins ou des préférences,
les économies d’échelle et les externalités spatiales. En particulier, lorsque les effets de
débordement sont importants, la centralisation peut s’avérer plus efficace (Brockwood, 1993).
Ce cadre théorique permet de justifier l’existence de collectivités de niveau intermédiaire comme
les Régions, caractérisées par une certaine homogénéité des préférences (culture), des avantages
comparatifs (conditions agro-climatiques, tradition industrielle, accessibilité…) à même de
piloter des politiques où les économies d’échelle sont importantes (grandes infrastructures, pôles
d’innovation), ainsi que les effets de débordement spatiaux (migrations internes au cours du cycle
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
de vie, migrations domicile-travail, relations client-fournisseur). Observons tout de suite, qu’à
l’exception des migrations au cours du cycle de vie, ces deux dernières catégories d’effet jouent
souvent plus au niveau des agglomérations qu’au niveau des régions. Il n’est donc pas aisé de
déterminer clairement le périmètre géographique et de compétences des différents types de
collectivité. Nous reviendrons sur ce point en conclusion.
Cette grille de lecture simple permet cependant de justifier que la Région dispose à la fois du
levier « formation » et du levier « action économique ». Alors que l’enseignement fondamental
relève à juste titre de l’Etat, les formations professionnelles doivent être conçues en fonction des
perspectives d’emploi données par l’économie locale. Inversement, le soutien à l’économie doit
tenir compte des caractéristiques de la main-d’œuvre locale et des possibilités d’innovation
matérialisées en particulier par les laboratoires de recherche publics et privés. Ces deux leviers
devraient agir de manière synergique pour favoriser l’adaptation du capital humain et du capital
productif, et in fine des trajectoires de développement harmonieuses, en cohérence avec les
caractéristiques humaines et géographiques.
Les questions de formation sont souvent en filigrane des travaux sur la proximité et le
développement territorial (notamment sous l’aspect innovation, cf. par exemple Massard et Torre,
2004). Mais elles sont rarement abordées dans leur dimension organisationnelle, et en particulier
sur le plan des interactions entre les différents acteurs en charge de leur financement et de leur
mise en œuvre (Bel, 2007). L’objet de cet article est d’examiner l’interconnexion réelle de ces
deux types de politiques et de proposer des pistes pour mieux les articuler dans le contexte de
réforme territoriale actuellement en cours. Dans une première partie, il montre que ces deux
leviers, formation et action économique sont en réalité difficiles peu articulées en pratique. Cette
situation tient d’une part à une complexité réglementaire et organisationnelle qui rend souvent les
différentes politiques concernées relativement étanches les unes avec les autres. La deuxième
partie présente, trois cas contrastés de tentatives de mise en synergie de politiques économique et
de formation, qui diffèrent essentiellement par le type d’acteur à l’origine de l’impulsion. Ces cas
sont analysés selon un cadre théorique inspiré de l’économie néo-institutionnelle, ce qui permet
de montrer le caractère souvent inadapté des formes d’organisation en présence. La troisième
partie propose quelques pistes pour que les politiques de formation et d’éducation participent
activement à l’objectif de dynamisation des économies régionales affiché dans la réforme
territoriale.
2. L’articulation réelle entre politiques de formation et de développement économique
Les politiques en faveur de la formation initiale, de la formation continue, de la recherche et
enseignement supérieur, de l’innovation et du développement économique devraient former un
continuum au service du développement harmonieux des régions, en favorisant l’orientation des
formations vers les métiers les plus porteurs et des aides aux entreprises vers les activités les plus
à même de proposer aux habitants des emplois durables et de bonnes conditions de travail. Mais
c’est un fait depuis longtemps établi qu’il n’est pas possible de considérer la relation formation-
emploi de manière mécaniste (Tanguy, 1986; Couppié et al 2005; Trouvé, 2009). Les incertitudes
relatives aux compétences et des appétences des travailleurs, ainsi qu’à l’évolution des métiers,
rendent en particulier vaine toute velléité de planification, à quelque échelon que ce soit.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
Pour autant, la présence au sein d’une même collectivité de ces différentes politiques devrait
permettre de réduire au maximum les contradictions entre l’offre de formation professionnelle, et
les projets économiques soutenus. Or, il s’avère que cette mise en cohérence n’est souvent pas
assurée. On discutera dans cette partie trois principales raisons à cette situation. D’abord, ces
politiques sont régies par des cadres législatifs et réglementaires très différents. Ensuite,
l’organisation des services et des programmes régionaux reste souvent très peu propice à cette
synergie. Enfin, le partage des compétences entre l’Etat, les Régions et les organisations
représentatives du monde de l’entreprise (partenaires sociaux, organismes consulaires, clusters
industriels…) reste entaché d’un grand flou et d’importants coûts de transaction.
2.1.Un cadre réglementaire complexe et peu harmonisé
Un premier frein à une articulation efficiente entre politiques de formation et de développement
économique est la dispersion réglementaire. La simple liste des différentes sources de normes
permet d’en avoir rapidement une idée. Ainsi, au-delà du Code général des collectivités
territoriales qui régit les compétences et le fonctionnement des collectivités :
- Les politiques d’éducation et de formation professionnelle sous statut scolaire relèvent du
Code de l’éducation, du Code rural (pour l’enseignement agricole), et marginalement du
Code du sport (pour le secteur jeunesse et sport)
- Les formations sanitaires et sociales relèvent du Code de la santé
- L’apprentissage relève du Code du travail et du Code de l’éducation (qui régit en
particulier la délivrance des diplômes)
- Les dispositifs d’animation économique relèvent du Code du commerce et du Code de
l’artisanat,
- Les politiques économiques et d’innovation sont essentiellement régies par les règles
européennes en matière d’aides d’état, et les régimes d’aide notifiés qui en découlent.
On note en particulier une spécificité française, qui est que la formation professionnelle est
rattachée au droit du travail. Cela se traduit par le fait que l’ensemble du système de formation
des salariés est géré par des organisations paritaires. En outre, les branches professionnelles ont la
possibilité de créer leurs propres systèmes de certification, qui se rajoutent aux diplômes délivrés
par les autorités académiques (qui dépendent de l’Etat) et aux titres professionnels délivrés par le
Ministère du travail (on pourra consulter l’ouvrage de référence de Centre-Inffo, 2015 pour des
éléments détaillés).
De ce fait, dans le monde de l’entreprise, coexistent deux systèmes de représentation : l’un basé
sur le Code du travail (organisations paritaires), l’autre sur les Codes du commerce et de
l’artisanat (organises consulaires). On retrouve les mêmes syndicats patronaux dans la
gouvernance des deux types d’organisation, mais il s’agit bien de deux circuits distincts, et cette
distinction se retrouve y compris au sein même des entreprises. Ainsi, si les CCI jouent souvent
un rôle d’organisme de formation (gestion de centre de formation d’apprentis en particulier), elles
se positionnent dans ce cas en tant que prestataire, rôle tout à fait différent de leur fonction
d’animation économique. En plus de ces deux circuits existent bien entendu d’autres
organisations plus locales (clusters, clubs d’entreprises…).
Cette complexité réglementaire n’est pas forcément synonyme d’inefficacité. Après tout, tout
découpage est arbitraire et résulte d’arbitrages nécessaires. Au niveau régional, le contrat de plan
régional de développement des formations professionnelles (CPRDFP), cosigné entre la Région,
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
le préfet de région, et les autorités académiques (Recteur, DRAAF), est censé assurer une
cohérence des différentes politiques, en accord avec les besoins du monde économique. De
même, la création des DIRECCTE en 2009, regroupant les actions de l’Etat dans le secteur
emploi-formation professionnelle (DRTEFP) et la partie développement économique des DRIRE,
avait pour but de favoriser une action cohérente de l’Etat en région sur ces différentes politiques.
Mais qu’en est-il au sein des Régions, qui disposent aujourd’hui de l’essentiel des leviers
financiers d’intervention ?
2.2.Une organisation des services souvent peu propice à la synergie économie-formation
Le tableau 1 est issu de l’analyse de l’organigramme des 22 Régions métropolitaines. Pour
faciliter la lecture, une présentation en hachures permet de voir quelles politiques sont reliées
entre elles dans l’organisation des services. L’unité de référence est le niveau « N-1 », qui selon
les cas s’intitule direction, DGA, DGD, pôle, unité… Les politiques étudiées sont les suivantes :
lycées (qui est parfois séparée en deux avec une partie patrimoine et une partie fonctionnement et
action éducative), formations sanitaires et sociales (FSS), apprentissage (App), formation
professionnelle continue (FPC), action économique, innovation, enseignement supérieur-
recherche (ESR).
Tableau 1. Organisation du continuum formation-économie dans les différentes Régions
Lycées FSS App FPC Eco Innov ESR
Alsace
Aquitaine
Auvergne
Basse-Normandie
Bourgogne
Bretagne
Centre
Champ.-Ardenne
Corse
Franche-Comté
Haute-Normandie
Ile-de-France
Languedoc
Roussillon
Limousin
Lorraine
Midi-Pyrénées
Nord-Pas-de-Calais
PACA
Pays de la Loire
Picardie
Poitou-Charentes
Rhône-Alpes
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
Ce tableau illustre la grande diversité des modes d’organisations selon les régions. On voit
cependant clairement que la séparation entre politiques de formation et politiques économiques
est le cas le plus fréquent. Seules 6 Régions (Basse-Normandie, Centre, Ile-de-France, Nord-Pas-
de-Calais, PACA, Rhône-Alpes) affichent une direction commune pour ces différentes politiques.
Parmi ces 6 Régions 5 incluent le bloc enseignement supérieur-recherche à cet ensemble. Par
contre, la place de la partie formation initiale (Apprentissage et Formations sanitaires et sociales)
semble faire l’objet d’hésitation, parfois rattachée aux lycées, parfois à la formation
professionnelle continue. Un apprenti est en effet dans une situation hybride : il est à la fois en
formation initiale (il prépare un diplôme reconnu par l’Etat) et salarié d’une entreprise. On peut
constater que les grandes Régions semblent plus enclines à regrouper les composantes formation
et économie. Cette observation peut néanmoins être un effet d’optique dû au fait que les
administrations concernées ont souvent un niveau supplémentaire, et que le regroupement peut
relever plus de l’affichage que de la réalité opérationnelle.
L’observation de la place des politiques enseignement supérieur-recherche est intéressante, car
celles-ci sont parfois rattachées à la politique d’éducation, dans une logique de proximité
institutionnelle avec la formation initiale, et parfois rattachées à la politique d’innovation, qui
dépend quasiment toujours de la direction de l’économie. Ainsi, plutôt que d’imaginer un
gradient depuis les savoirs fondamentaux jusqu’à la production, on peut représenter le continuum
de ces politiques plutôt de manière circulaire. La figure 1 propose une représentation de ce
continuum en croisant deux types de gradient, l’un basé sur l’opposition capital humain / capital
physique, l’autre sur un continuum connaissances-compétences-production.
Figure 1. Une représentation du continuum des politiques formation-éducation
Cette représentation permet de comprendre les différentes logiques possibles d’organisation, et
les dilemmes qui leur sont liés, selon que l’on se focalise sur la dichotomie classique entre
développement de capital physique et de capital humain, ou sur une approche plus centrée sur
l’objectif d’activité économique1. Une lecture en termes de catégories de proximité, rattache le
regroupement d’un bloc « éducation-formation » à une logique de proximité institutionnelle, et le
regroupement « formation-emploi-économie-innovation » à une logique de proximité organisée.
1 Ce diagramme n’épuise pas les dilemmes organisationnels, puisque selon les cas, on rattache les lycées au patrimoine (dans une logique de
focalisation sur la dimension de gestion patrimoniale), ou à un ensemble culture-sport-jeunesse. De même, dans de rares cas, l’agriculture et le
tourisme sont séparés du développement économique et rattachés à l’action territoriale. Mais au vu des différents organigrammes, on voit bien que la tension principale se situe dans le rattachement ou non de la formation professionnelle et de l’action économique.
Capital
humain
Capital
physique
Connaissance
Production
Lycées
FSS App
FPC Action
économique
Innovation
ESR
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
Un des facteurs qui ne facilite pas une organisation plus fluide et plus synergiques entre services
en charge de la formation et du développement économique, est que la nature des compétences
est très variée selon les types de politiques, et notamment la répartition des rôles avec l’Etat et les
organismes professionnels ne facilite pas la lisibilité et l’opérationnalité du système.
2.3 Une répartition des compétences ambigüe entre la Région et ses partenaires
La Région est loin d’être seule dans les différentes politiques qu’elle mène, y compris quand elle
dispose d’une compétence « exclusive »… Ainsi, elle a bien compétence exclusive pour
l’entretien des lycées, mais aucune marge d’intervention sur le plan de l’activité pédagogique
(sauf lorsqu’il s’agit par exemple de financer des outils de e-learning que l’Education nationale
n’a pas les moyens de payer). Deux points posent en particulier problème.
La première source de complexité est que les Régions ne maîtrisent pas totalement l’application
de la politique de formation des demandeurs d’emploi. D’abord, elles n’ont pas compétence pour
l’accompagnement des demandeurs d’emploi et en particulier la prescription des formations
qu’elles mettent en place. Celle-ci relève essentiellement de Pôle emploi, qui n’a pas de compte à
rendre aux Régions, bien que dans la plupart des cas des conventions de partenariat existent.
Cette situation est moins vraie dans le cas de l’accompagnement des jeunes effectué par les
Missions locales, qui sont financées par les Régions.
Ensuite, les Régions ne sont pas les seuls opérateurs publics à mettre en place ce type de
formation. Pôle emploi le fait aussi, et c’est en général par son truchement que l’Etat intervient
dans ce domaine. Par ailleurs, la précarisation croissante d’une grande partie des salariés
(multiplication des contrats courts et plus généralement de l’insécurité de l’emploi) a
profondément modifié les dispositifs de formation des salariés gérés par les Organismes
Paritaires Collecteurs Agréés. Ces derniers interviennent de plus en plus au profit de salariés
récemment licenciés (reconversion) ou de demandeurs d’emploi ayant une perspective
d’embauche. Cette situation rend très floue la distinction entre formation des salariés et des
demandeurs d’emplois. Elle implique des coûts de coordination non négligeables, et tend à diluer
les responsabilités.
Le second aspect est qu’en matière de développement économique, le rôle de chef de file de la
Région est essentiellement théorique. Bien que l’Etat n’ait quasiment pas gardé d’aide directe aux
entreprises (à quelques exceptions près : Prime d’Aménagement du Territoire en particulier), les
autres collectivités souhaitent en général soutenir les projets symboliquement importants
localement (grands projets ou a contrario artisanat et commerce de proximité). C’est en
particulier le cas des grandes agglomérations, qui souhaitent souvent s’investir fortement sur
l’économie.
Afin d’identifier les marges de progrès du système actuel, nous allons nous attacher maintenant à
décrire plus finement des cas concrets où il est apparu nécessaire d’articuler les actions en faveur
de la formation et de l’économie.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
3. Trois études de cas contrastées
Dans cette partie sont présentés et discutés trois exemples de problèmes d’articulation entre
formation et développement économique, issus de la région Auvergne – région où les directions
en charge de la formation et de l’économie sont séparées. Ils relèvent de situations très différentes
en termes de niveau d’initiative. Dans le premier cas, il s’agit un projet (le « pôle aéronautique
auvergnat ») impulsé par des institutions régionales (Rectorat et la Région en particulier). Le
second correspond à une demande d’une grande entreprise en manque structurel de main d’œuvre
qualifiée. Le troisième est un projet de création de pôle sur les métiers du bois à l’initiative de
l’équipe pédagogique d’un lycée professionnel.
3.1.Le « pôle aéronautique » auvergnat
L’Auvergne n’est pas particulièrement identifiée comme une région aéronautique. Pourtant, du
fait de son histoire industrielle autour de grandes entreprises comme Michelin à Clermont-
Ferrand et Péchiney (aujourd’hui groupe Constellium) à Issoire, elle compte un grand nombre de
sous-traitants des grands donneurs d’ordre du secteur, et certaines estimations en font la 5ème
région aéronautique de France, avec environ 13.000 emplois.
Interpellé par les représentants de l’association régionale des entreprises du secteur (AVIA) lors
du salon du Bourget en 2007, le président du conseil régional prend l’engagement de mettre en
place les formations nécessaires aux besoins des entreprises et de créer un « pôle régional de
formation aéronautique ». A cette époque, on ne dénombrait qu’une cinquantaine d’élèves et
apprentis dans les formations régionales spécialisées sur les métiers de l’aéronautique. Dès la
rentrée 2009, les formations existantes par la voie de l’apprentissage sont ouvertes par le Rectorat
en voie scolaire. Les effectifs totaux vont plus que tripler en cinq ans (tableau 2). Les sections
correspondantes ont des taux de pression (nombre de 1er
vœux / capacité d’accueil) importants
(environ 300%, ce qui est très élevé pour des formations professionnelles industrielles).
Le « pôle de formation » reste cependant essentiellement un concept, car les formations
concernées sont dispersées sur plusieurs établissements, et surtout elles sont limitées au niveau
bac pro, alors que les entreprises ont impérativement besoin de compétences plus pointues pour
rester compétitives. Le dossier est resté relativement bloqué pendant plusieurs années,
essentiellement du fait de la complexité de l’infrastructure de formation existante : regrouper les
formations aéronautiques impliquerait trop de modifications dans la configuration des lycées
existant et nécessiterait des investissements matériels conséquents.
L’élaboration du CPRDFP en 2011 va fournir l’occasion de relancer le processus. La création
d’un bâtiment dédié aux formations aéronautiques sur le site de l’aéroport de Clermont-Ferrand
est décidée en 2012. Un BTS aéronautique est ouvert en 2013, avec le projet de permettre ensuite
des poursuites d’études en licence professionnelle, et de faire le lien avec les formations
d’ingénieur de l’Institut de Formation en Mécanique Avancée.
Au final, la « maturation » du projet de pôle de formation aéronautique, devenu « Aérocampus »,
aura duré 6 ans. Ce projet constitue-t-il un cas exemplaire de stimulation conjointe d’un secteur
économique et de l’emploi ? A ce jour, c’est loin d’être évident. L’augmentation forte des
effectifs constatée après l’annonce de création du pôle est essentiellement due à l’augmentation
des effectifs sous statut scolaire. Les entreprises n’ont pas fortement augmenté leur nombre
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
d’apprentis. De plus, la moitié d’entre eux ont eu un contrat chez une entreprise externe à la
région, et inversement la moitié des apprentis dans des entreprises auvergnates étaient formées
dans un centre extérieur à la région. Il faudra attendre l’effet de l’ouverture de formations
supérieures pour voir si une réelle « symbiose » se dessine entre main d’œuvre et entreprises
locales.
Tableau 2. Effectifs en formation dédiée « aéronautique »
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Apprentis 15 23 29 25 27 43 43 39 45
Scolaires 36 36 69 110 134 115 112 145 180
Total 51 59 98 135 161 158 155 184 225
Ce constat en demi-teinte est le résultat de plusieurs facteurs, qui n’ont pas de lien direct avec
l’organisation interne de la Région. Le service public de la formation professionnelle initiale
constitue un bon exemple de ce que l’on appelle une forme hybride en économie néo-
institutionnelle (Ménard, 2010). La partie scolaire relève de deux autorités administratives, le
Rectorat et la Région. La partie apprentissage relève essentiellement de la Région, qui autorise
les CFA sous une forme rappelant par certains aspects le principe de la délégation de service
public. Le Rectorat et la Région ont des intérêts en théorie convergents, à savoir le bon
fonctionnement des établissements scolaires et la réussite des enfants. Mais en pratique,
l’allocation des moyens se fait selon des logiques assez différentes, qui impliquent des
négociations permanentes. La Région cherche avant tout à optimiser son patrimoine, ce qui
implique une recherche d’économies d’échelle et de rentabilisation des investissements. Le
Rectorat est d’abord préoccupé par la gestion des personnels pédagogiques.
Cette situation aboutit à une inertie certaine du système. A cela s’ajoute le fait que les besoins des
entreprises ne sont pas évidents à objectiver. Cette expression des besoins est encore compliquée
par des intérêts divergents des trois principaux types de représentation des entreprises :
- La branche de la métallurgie (UIMM) ne considère pas l’aéronautique comme une
composante séparée de la métallurgie, et surtout possède ses propres outils de formation.
Elle n’a aucun intérêt à ce que se structure une offre publique qui pourrait venir les
concurrencer sur le créneau de la formation continue,
- Les CCI cherchent essentiellement à valoriser les outils de formation qu’elles gèrent
(CFA), et ne se sont pas – au-delà des déclarations – associées au projet,
- L’association AVIA, à l’origine de la demande de création du pôle, n’inclut pas toutes les
entreprises du secteur, marqué par une forte concurrence.
Au final, on peut affirmer que la création du pôle a été une opération utile, car elle permet de
consolider des formations industrielles attractives pour les jeunes, dans un secteur qui est l’un des
plus dynamiques de l’industrie. Mais il n’est pas évident que le chemin parcouru pour y arriver
ait été optimal.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
3.2.Redynamiser l’industrie rurale : le cas d’Aubert et Duval aux Ancizes
Les Combrailles sont une petite région rurale au nord-ouest du département du Puy-de-Dôme
(structurée en Pays porté par un syndicat mixte créé en 1985), qui présente la particularité d’avoir
une forte histoire industrielle, à l’origine liée à la présence de mines. L’aciérie Aubert et Duval
(groupe Eramet) aux Ancizes est l’un des plus gros établissements de la région avec environ
1.500 salariés. En 2008, le président de la société annonce un investissement majeur en vue du
développement d’une filière de production de pièces en titane pour l’industrie aéronautique. Le
site des Ancizes étant mis en compétition avec d’autres unités du groupe, les principaux acteurs
publics (SGAR, Région, Département, Pays) se mobilisent afin de proposer une offre
« packagée » pour favoriser l’accueil de l’investissement de 40 M€ devant générer quelques 400
emplois. L’ensemble des dispositifs d’aide à l’investissement sont mobilisés, et la Région
s’engage à mettre en place des actions de formation continue spécifiques pour les demandeurs
d’emploi intéressés pour intégrer l’entreprise.
(source Google Maps)
En 2011, le président d’Aubert et Duval interpelle à nouveau les pouvoirs publics sur la difficulté
à recruter des personnels pour le site des Ancizes. Les moyens de divers organismes de formation
sont mobilisés, avec des financements de la Région, de Pôle emploi et de la branche de la
métallurgie. Mais il apparaît que soit les stagiaires positionnés ne répondaient pas aux exigences
qualitatives de l’entreprise, soit il n’y avait pas du tout de candidat. Un élément symptomatique :
cette année-là, la formation initiale dispensée au lycée professionnel le plus proche, le lycée
Desaix, ne recrute aucun candidat (cf. tableau 3).
Tableau 3. Effectifs en bac pro « Pilote de systèmes de production automatisés »
(devenu « Pilote de ligne de production »)
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Entrants en bac pro
PSPA / PLP
10 6 0 10 9 8 10
Effectif lycée Desaix 140 168 189 179 180 204 203
Avec une opération « musclée » de sensibilisation des jeunes collégiens et de leurs familles, dans
laquelle le député et le Recteur en personne vont s’impliquer, cette formation finit par retrouver
un peu d’attractivité pour se stabiliser autour d’une dizaine d’élèves.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
Au final, sur ce projet la coordination entre services en charge de la formation et de l’économie a
plutôt bien fonctionné. Le point de blocage a été essentiellement externe, et renvoie à la
problématique de base de la relation emploi-formation : aucun mécanisme n’assure qu’il y ait
adéquation entre appétence des apprenants et existence de débouchés. Lorsque le hiatus entre les
deux est élevé, comme dans ce cas où l’image négative des métiers s’ajoutait à l’isolement
géographique, des efforts notables doivent être faits en matière de sensibilisation et
d’accompagnement. En l’occurrence la coordination entre les organisations concernées a été
assurée, même si le résultat final paraît modeste. La raison principale était une demande assez
précise et une injonction politique forte.
3.3.La ressource bois : le projet du lycée de Murat
C’est un lieu commun que de dire que la ressource en bois est sous-exploitée en France. Ainsi, les
estimations réalisées par le Cemagref en 2009 (étude en cours d’actualisation par le FCBA et
l’IGN) font état de plus de 800.000 m3 supplémentaires de bois d’œuvre mobilisables
annuellement en Auvergne, contre 1.475 actuellement récoltés. La filière bois souffre aussi d’un
manque d’intégration qui aboutit en particulier à un fort déficit commercial du secteur de
l’ameublement (plus de 2 milliards d’euros de déficit), ce qui est paradoxal vu l’abondance de la
ressource.
Fort logiquement, au vu de la richesse du capital de bois sur pied en Auvergne, la Région a
souhaité se saisir du sujet. Cela a pris deux formes séparées : côté économie, un programme
d’aides à l’investissement dédié à l’industrie du bois, et côté formation, le projet de réalisation
d’un Contrat d’objectifs pour coordonner les actions de formation des différents acteurs (Région,
DIRECCTE, autorités académiques, monde économique). Lancé en 2006, ce projet de Contrat
d’objectifs a rapidement buté sur la complexité du secteur. En effet, il fallait réunir pas moins
d’une quinzaine d’acteurs, couvrant un champ allant de l’exploitation agricole au bâtiment, en
passant par les représentants des scieurs, de l’ameublement etc.
Cette complexité institutionnelle rend intéressante l’idée de se pencher sur une initiative émanant
du terrain. Cette initiative se situe dans le contexte de forte décroissance des effectifs du lycée
professionnel de Murat dans le Cantal, qui avec une centaine d’élèves est le plus petit lycée
d’Auvergne (tableau 4). Spécialisé à l’origine dans le bâtiment, les formations à la transformation
du bois sont devenues son principal élément d’identité.
Tableau 3. Effectifs du lycée de Murat
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Menuiserie 23 34 49 49 37 31 36
Ebéniste & arts du bois 96 77 56 49 57 55 40
Construction bois 0 0 0 12 22 25 31
Total 119 111 105 110 116 111 107
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
La perspective de possible fermeture du lycée, annoncée dès 2009, et sa situation au sein d’un
parc naturel régional, et, va amener l’équipe enseignante à se mobiliser pour faire accepter le
principe d’un pôle de formation aux métiers de la transformation du bois. Sous la pression des
élus locaux auprès du Rectorat et de la Région, une section de « technicien constructeur bois » est
ouverte à la rentrée 2011, ce qui ne paraissait pas une décision très rationnelle du fait de
l’existence de sections identiques (à Riom et à Espaly près du Puy-en-Velay). De fait, en 2014,
deux de ces trois sections remplissent peu (taux de pression de 50% à Murat et de 67% à Espaly).
(source Google Maps)
Afin de renforcer l’ancrage territorial de l’activité du lycée de Murat, une association est créée
(RELET : Réseau d’Echanges Lycée Entreprise Territoires), regroupant outre le lycée, plusieurs
communes et intercommunalités, le PNR, des entreprises locales. Elle candidate en 2011 au
soutien du programme LEADER pour des actions d’animation et de promotion. Le soutien est
refusé, essentiellement du fait du caractère très artificiel du projet, motivé par l’objectif principal
de sauvegarde du lycée.
Au final, si l’association RELET existe encore, et bénéficie de l’adhésion bienveillante de
quelques acteurs locaux publics et privés, sa création a été essentiellement un non-évènement, et
le projet n’a jamais convaincu les responsables régionaux. Le secteur de Murat ne présente pas de
spécificité particulière au regard de la ressource en bois ni des entreprises de transformation. Le
caractère très dispersé des uns et des autres rend donc très illusoire la possibilité de réussite d’une
telle entreprise de structuration « bottom-up » d’un outil de formation.
3.4.Synthèse sur les études de cas : un cadre d’analyse simple
Ces études de cas, de niveaux très variés, donnent déjà quelques enseignements sur les synergies
possibles entre politiques économique et de formation pour le développement régional. Tout
d’abord, même lorsqu’il existe un lien évident entre projet économique et besoin de formation, un
lien fonctionnel entre les deux types de politiques n’est pas forcément nécessaire. Cela est dû au
fait que les complexités du système de formation sont telles qu’elles nécessitent une organisation
tournée vers la gestion de cette complexité : dialogue avec les autorités académiques, et avec les
branches professionnelles notamment. Un des enjeux est notamment d’assurer la cohérence des
signaux envoyés par les acteurs de l’orientation et de l’accompagnement et l’offre de formation
existante. Alors que les politiques de développement économique consistent essentiellement en
des soutiens ponctuels sur des projets d’investissement porteurs, dont les effets en termes de
ressources humaines sont soit eux aussi ponctuels, soit décalés dans le temps.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
Par ailleurs, la notion de spécificité des actifs, centrale en économie néo-institutionnelle
(Williamson, 2009), est un élément explicatif fort de la pertinence d’une prise en main par les
institutions régionales. Reprenons le cas des formations en transformation du bois. Celles-ci
nécessitent des investissements onéreux en machines et en adaptation de bâtiments (évacuation
d’air notamment). La situation actuelle, où existent de nombreuses formations en menuiserie,
plutôt attractives pour les jeunes garçons, mais aux débouchés incertains, n’est assurément pas
optimale. A contrario, dans le secteur sanitaire et social, traditionnellement très attractif pour les
jeunes filles, la mise en place des formations exige peu d’investissements spécifiques. Une
initiative « bottom-up », émanant du terrain, a alors beaucoup plus de chances de réussir, comme
ce fut le cas de plusieurs formations expérimentales mises en place dans diverses zones de la
région.
Il en est de même du facteur « incertitude », qui se traduit par la difficulté plus ou moins grande à
attirer des apprenants ou à prévoir des perspectives d’embauche. Une élévation de l’incertitude
devrait amener une intervention plus forte des institutions publiques, celles chargées de
l’orientation et de l’accompagnement pour la problématique de l’attractivité des formations,
celles chargées des politiques économiques pour celle des perspectives d’embauche. Le cas du
pôle de formation aéronautique a été impulsé initialement par une demande d’une association
d’entreprises, qualifiée par les services régionaux en charge de l’action économique. Ce type
d’analyse gagnerait à être généralisé à d’autres secteurs. Ce travail n’est pas évident, car comme
on l’a vu, les représentants des entreprises forment divers ensembles aux objectifs hétérogènes.
Au final, on peut résumer par un tableau croisant la dimension spécificité des actifs et incertitude
les différentes situations en matière d’enjeux de mise en œuvre de politiques (Figure 2), et les
orientations prioritaires à mettre en œuvre. Ce tableau, dans le même esprit que le modèle
d’organisation économique de Callois (2013) montre la diversité des approches possibles.
Figure 2. Enjeux organisationnels selon les caractéristiques des formations
en termes de coûts de transaction
On note ainsi l’importance d’une forte implication de l’expertise régionale, en lien avec le monde
de l’entreprise, lorsque le degré d’incertitude est fort, y compris en cas d’actifs peu spécifiques
comme dans le cas de beaucoup d’activités tertiaires non résidentielles. A l’inverse, les métiers à
forte spécificité dans les investissements et faible niveau de risques peuvent se gérer avec un
pilotage classique par les branches professionnelles.
Actifs très
spécifiques
Actifs peu
spécifiques
Faible
incertitude
Forte
incertitude Ex.
commerce Ex.
industrie
Ex. sanitaire
et social Ex. métiers
de bouche
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
4. Quelles pistes pour renforcer la synergie entre politiques régionales dans un contexte
de réforme territoriale ?
Quelles implications pratiques peut-on tirer des études de cas et de la discussion précédente en
termes d’organisation des politiques de formation et d’action économique ? Nous présenterons
dans cette section trois éléments de réflexion : d’abord, les considérations organisationnelles
internes aux Régions, puis les éléments de légitimité de l’action régionale, et enfin des
considérations plus vastes sur le système d’acteurs actuel.
4.1.Une structuration des services qui doit rester centrée sur l’efficacité du continuum
formation initiale-formation continue
La situation actuelle présentée dans le tableau 1, qui montre que la plupart des Régions
regroupent les politiques de formation et d’éducation, peut s’interpréter comme un signe de
conservatisme, mais l’analyse du fonctionnement effectif de ces politiques suggère qu’il est
essentiel d’avoir une organisation administrative tournée vers l’objectif d’un dialogue efficace
avec les nombreuses structures en charge de questions d’éducation et de formation. Cet objectif
nécessite une technicité spécifique, au regard de la complexité de l’environnement réglementaire
et institutionnel. Les quelques exemples analysés montrent qu’à chaque fois qu’un dossier a été
porté de manière conjointe économie-formation, les différentes parties ont chacune avancé de
manière séparée, du fait des mécanismes différenciés qu’il a fallu activer.
Surtout, les interventions des deux types de politiques diffèrent fondamentalement du fait d’un
caractère universel pour ce qui est de la formation (assurer à tout lycéen une scolarité, à tout
demandeur d’emploi un accès à la formation), et ponctuel ou idiosyncrasique pour ce qui est du
développement économique (dossiers individuels d’aide aux entreprises, projets de grappes ou
cluster d’entreprises…). Cela répond à des logiques d’action complètement différentes, qui se
situent à des échelles de temps sans rapport immédiat. L’analyse des différents cas de la section
précédente conduit cependant à préconiser une certaine flexibilité selon les secteurs dans la
conception et la mise en œuvre des politiques.
En revanche, la mise en connexion de l’expertise issue de ces deux types de politiques s’avère
importante, et la Région est l’organisation la mieux armée pour la conduire, bien que les
DIRECCTE aient aussi pris ce type d’initiative. Dans la plupart des régions existent des
observatoires emploi-formation (OREF), qui visent notamment à guider les acheteurs de
formation publics et privés dans leurs orientations. Il est utile de croiser ces données avec les
tendances issues du travail des services en charge de l’accompagnement de l’innovation et de
l’investissement dans les entreprises, à même de déceler les tendances de moyen terme et les
signaux faibles.
De fait, quelques Régions ont déjà mis en place des missions transversales sur l’évolution des
besoins de l’économie. Ce besoin est appelé à croître dans le contexte d’environnement
économique incertain, et avec des Régions plus grandes qui vont devoir se mettre en situation
d’appréhender de manière fine les tendances à l’œuvre sur l’ensemble de leur territoire. Cela
rendra d’autant plus nécessaire une présence active sur le terrain, avec des agents régionaux à
même de délivrer une information globale sur les politiques menées par la collectivité, et de
caractériser les évolutions locales de l’activité économique et du marché du travail.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
4.2.Une appréhension globale des réalités économiques et humaines qui justifient pleinement
le rôle de la Région
Cette focalisation de l’intégration entre politiques formation-action économique sur les actions
d’information, de veille et d’expertise ne vient nullement contredire la légitimité de rassembler
ces politiques au niveau régional.
L’échelon national (voire européen) a toute sa pertinence pour analyser les grandes tendances de
l’économie (technologies émergentes, fonctionnement des marchés internationaux…). Mais ces
tendances se déclinent de façon différenciée selon les régions, en raison des caractéristiques de la
main-d’œuvre et des structures de recherche et d’innovation. Le cas du secteur aéronautique
auvergnat est assez exemplaire à cet égard : composé essentiellement de sous-traitants, l’enjeu
principal pour le tissu économique est de maintenir un fort niveau de technicité (focus sur les
formations de niveau BTS ou licence pro), mais pas de se situer à la pointe des innovations du
secteur.
Un autre aspect du rôle de l’échelon régional, est qu’il correspond à des réalités migratoires en
termes de cycle de vie, notamment au travers des cycles d’études des jeunes (lycée puis
enseignement supérieur), puis de la recherche d’emploi. L’extension de certaines compétences en
matière de transports (mobilité interurbaine), prévue par la loi NOTRe, se justifie notamment par
le fait que l’échelle départementale est souvent insuffisante par rapport aux schémas de
déplacement actuel. Cette problématique de déplacement est particulièrement symptomatique
dans le cas de l’apprentissage, où un apprenti alterne souvent entre son domicile, celui de son
employeur et son CFA.
Enfin, les différentes régions se caractérisent aussi par des conditions sociologiques et
institutionnelles différentes, qui induisent des capacités différentes à adopter des innovations ou
des modes d’organisation. L’analyse esquissée dans la figure 2, qui implique un plus ou moins
grand degré d’initiative octroyé aux acteurs locaux ou au monde économique, est de toute
évidence à moduler selon la capacité d’organisation plus ou moins grande de ces différents
acteurs. Il est clair que l’analyse de l’organisation de la formation pour la filière bois aurait été
complétement différente dans la région Aquitaine…
Bien entendu, les échelles pertinentes relatives à ces différents facteurs ne se recouperont que très
rarement, et l’organisation géographique doit donc résulter d’un compromis. Le cas particulier
des métropoles doit être discuté ici. Certaines d’entre elles regroupent un grand nombre des
caractéristiques énoncées plus haut : pôles d’innovation, grappes d’entreprises, présence
simultanée de main d’œuvre et d’opportunités d’emploi, migrations internes au cours du cycle de
vie… Il est clair que dans certains cas cela peut questionner le rôle de la région en tant que chef
d’orchestre du développement économique, mais aussi de la formation. Cela impliquera en tous
cas un partage clair des rôles, et qui pourrait être différencié selon les avantages comparatifs de
chaque région, qui à ce jour n’est nullement prévu dans le projet de loi NOTRe.
Ces différents éléments tendent par ailleurs à suggérer que la plus-value d’avoir des régions plus
vastes sur le développement territorial est plus qu’incertaine. Les nouvelles grandes régions ne
correspondent guère à des réalités migratoires et encore moins culturelles. Elles comportent
parfois plusieurs agglomérations, dont les complémentarités ne sont pas évidentes et dont la
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
concurrence se trouvera renforcée. En vertu d’un principe classique en économie géographique,
selon lequel l’intégration de deux entités géographiques tend à renforcer la concentration dans
l’entité la plus productive, il y a un risque que cela fragilise même certaines dynamiques locales.
Dans tous les cas, les nouvelles régions seront confrontées à des dilemmes complexes entre
augmentation de la productivité et aménagement du territoire.
4.3.Un contexte institutionnel global qui reste peu propice à l’efficacité des politiques
Au-delà de ces considérations internes aux Régions, il convient de rappeler qu’elles ne
constituent qu’un acteur au sein d’un système des plus complexes. Si elles ont une grande
maîtrise sur l’enseignement secondaire, quasiment totale sur l’apprentissage, et majoritaire sur la
formation des demandeurs d’emplois, l’efficacité de leurs politiques est limitée par divers
doublons et par la complexité de l’organisation des représentants du monde de l’entreprise. Cela
aboutit à une confusion et une dilution des responsabilités, qui ne facilite pas l’évaluation de
l’action publique.
L’octroi aux Régions, en 2012, d’un pouvoir de décision sur la carte des formations scolaires en
enseignement professionnel, qui fait le parallèle avec la situation pour l’apprentissage, a été un
progrès dans la clarification des compétences. De même que la division par plus de deux du
nombre d’OPCA, également en 2012, ce qui diminue le nombre d’interlocuteurs. Ils restent
cependant structurés selon un mode historiquement lié aux négociations de branche, qui est
parfois assez différent des secteurs économiques, dont la définition est avant tout basée sur la
notion de produit final. Ainsi, on l’a vu, l’aéronautique peine à être identifiée au sein de la
branche de la métallurgie. Inversement, le secteur agroalimentaire, stratégique pour le commerce
extérieur français, est divisé en une quarantaine de branches, avec chacune leurs accords
spécifiques (fort heureusement le plus souvent des accords communs existent, et des associations
régionales chapeautent les différentes branches). La situation est encore pire pour la filière bois,
ce qui n’est pas étranger au paradoxe d’un secteur avec un fort potentiel non valorisé.
Cette situation résulte de la dynamique propre aux différentes organisations concernées, et aux
subtils équilibres et jeux d’influences entre les différents représentants des partenaires sociaux. Il
est cependant clair qu’elle compte pour beaucoup dans l’inefficacité du système actuel, à laquelle
au final les Régions n’ont pas grand-chose à voir, puisqu’elles ne pèsent que moins d’un
cinquième des dépenses globales de formation.
Par contre, il est évident qu’une rationalisation de cette partie du système de la formation
continue permettrait d’une part de faciliter l’évaluation de l’efficacité des politiques régionales,
d’autre part de permettre aux Régions d’utiliser pleinement leurs compétences pour faire levier
sur le développement territorial via la formation. La présence d’interlocuteurs habilités à
représenter les intérêts des entreprises régionales au regard du contexte macroéconomique, à faire
état des spécificités des tendances locales, est un élément clé pour nourrir la tâche d’observation
territoriale et bâtir des politiques cohérentes et pertinentes.
Il s’agit à l’évidence d’un chantier de longue haleine, qui comporte de multiples résistances,
auxquelles les gouvernements successifs se sont attaqués. Il est cependant essentiel de le
poursuivre, tant il contribue à l’exigence de modernisation et de décloisonnement des structures
qui composent le paysage institutionnel, et qui engendrent une méfiance généralisée envers les
institutions (Algan et Cahuc, 2010).
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
5. Conclusion
Malgré les nombreuses études existantes sur la relation emploi-formation, la relation des
politiques régionales avec le développement territorial n’a pas encore été beaucoup étudiée sous
l’angle de l’organisation des structures en charge de ces politiques (Simon-Zarca et Vernières,
2007). Le sujet de la relation emploi-formation est déjà extrêmement vaste et complexe en soi.
L’analyse proposée dans cet article montre l’intérêt de tenir compte des facteurs institutionnels et
organisationnels, qui modulent l’efficacité des politiques régionales et leur permettent ou non
d’être réellement des acteurs en situation d’impulser des « stratégies territoriales ».
Au-delà du constat récurrent de la complexité du système actuel, plusieurs idées fortes se
dégagent de l’analyse. D’abord, l’importance d’avoir un bloc éducation-formation solide, à même
d’interagir efficacement avec l’ensemble des interlocuteurs. Ensuite, le développement d’une
fonction transversale d’information, d’expertise et de prospective sur l’ensemble du continuum
éducation – formation / marché du travail – activité économique. Cette fonction devant croiser
une présence forte sur le terrain et une capacité d’expertise pointue. Enfin, la nécessité pour l’Etat
de poursuivre les efforts de restructuration des opérateurs en charge de la formation et de
l’accompagnement des salariés.
La place future des métropoles reste une grande interrogation, et des ambiguïtés et concurrences
sont à prévoir. Dans une large mesure, la volonté de mettre en place des régions plus grandes
témoigne d’une ambiguïté, voire une confusion, entre développement régional et phénomène de
métropolisation (Bouba-Olga et Grossetti, 2015). L’importance d’avoir des métropoles fortes
dans un contexte mondialisé est clairement un enjeu pour certaines régions. Mais, ce n’est pas un
cas général (Gordon et McCann 2013; Isaksen et Karlsen, 2013), et le rôle des régions se situe à
un niveau plus intégrateur, leur première raison d’être est d’assurer un développement territorial
équilibré.
L’actuel projet de loi « NOTRe » ne comporte pas de modification substantielle des compétences
des Régions, à part des évolutions sur la mobilité interurbaine (qui on l’a vu, est une opportunité
pour davantage de cohérence de l’action régionale). Les Régions restent chef de file des
interventions économiques, mais peuvent toujours partager cette compétence avec les
Départements, les communes et leurs regroupements, dont les métropoles. L’absence de
clarification des compétences des uns et des autres est potentiellement une source future
d’inefficacité.
Cet article ne tient quasiment pas compte d’un autre grand domaine d’intervention des Régions,
celui de l’aménagement du territoire, qui inclut des activités de pilotage stratégique (schémas,
politique contractuelle), de financement d’investissements publics structurants, la compétence
transport, les parcs naturels régionaux et par extension les politiques environnementales, voire
culturelles et sportives. Relativement séparées des politiques économie et formation dans la
plupart des organigrammes actuels, elles ont bien entendu vocation à s’inscrire en cohérence avec
les orientations de ces dernières. Un approfondissement intéressant de ces analyses serait de
définir plus précisément les montages organisationnels les plus pertinents, secteur d’activités par
secteur d’activités, ce qui pourrait notamment éclairer le rôle des politiques territoriales
contractuelles en matière de formation et d’emploi.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
Références
Algan Y, Cahuc P. (2010), Inherited trust and growth, American Economic Review, 100 (5), pp.
2060–2092.
Bel, M. (2007), Formation et territoire : des approches renouvelées, Formation-emploi, n°97, pp.
67-80.
Bouba-Olga O., Grossetti M. (2015), La dynamique économique des territoires français : de
l’obsession métropolitaine à la prise en compte de la diversité des configurations territoriales,
8èmes journées de la proximité, 20-21-22 mai 2015, Tours.
Brockwood B. (1998). Distributive Politics and the Benefits of Decentralisation, CSGR Working
Paper, Warwick University.
Callois JM. (2013), Social interaction and economic organization: toward an integrative
microeconomic model, Economics letters, 121(1), pp. 98-100.
Couppié T., Giret J.-F. et Lopez A. (2005), « Des formations initiales aux premiers emplois : une
correspondance plutôt mal assurée », in Giret J.-F., Lopez A. et Rose J. (dir.), Des formations
pour quels emplois ?, La Découverte-Cereq.
Centre Inffo (2015), Fiches pratiques – Tout le droit de la formation. Centre Inffo, 1498 pp.
Gordon I.R., McCann Ph, Innovation (2005), agglomeration, and regional development, J Econ
Geogr, 5 (5), pp. 523-543.
Isaksen A., Karlsen J., (2013), Can small regions construct regional advantages? The case of four
Norwegian regions, European Urban and Regional Studies, 20 (2), pp. 243-257.
Massard, N., Torre A. Crevoisier O. (2004), Proximité géographique et innovation, in Economie
de proximités. B. Pecqueur and J. B. Zimmermann. Paris, Lavoisier: 155-183.
Ménard C., (2010), L'essor des modes d'organisation hybrides, Cahiers de Friedland, 2010,
pp.67-76
Oates W (1972). Fiscal Federalism, Harcourt, Brace, Jovanovich, New York, 256 pp.
Privat C. (2003). Formation des collectivités locales : les raisons théoriques de la
décentralisation, Séminaire du GRATICE, université Paris12- Val de Marne, 10 pages.
Simon-Zarca G., Vernières (2007), Les politiques de formation dans la structuration des
territoires, Formation-emploi, n°97, pp. 5-8.
Tanguy L. (1986), L’introuvable relation formation-emploi, un état des recherches en France, La
Documentation Française, Paris, 302 p.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA
Tiebout Ch. 1956, A Pure Theory of Local Expenditures, Journal of Political Economy, Vol. 64,
No. 5, pp. 416-424.
Trouvé Ph. (2009), Faut-il encore et toujours désespérer de la relation formation-emploi ?
Dialogue avec Paul Santelmann. Formation emploi. 106 (avril-juin 2009)
Williamson, Oliver E. 2009, Transaction cost economics: the natural progression, Prize lecture,
December 8, 2009.
in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA