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Politiques de formation et développement territorial: quelles … › hal-01180941 › file ›...

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HAL Id: hal-01180941 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01180941 Submitted on 28 Jul 2015 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Politiques de formation et développement territorial : quelles opportunités pour les nouvelles Régions ? J.M. Callois To cite this version: J.M. Callois. Politiques de formation et développement territorial : quelles opportunités pour les nou- velles Régions ?. Construire les proximités dans un monde global - enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, May 2015, Tours, France. 19 p. hal-01180941
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HAL Id: hal-01180941https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01180941

Submitted on 28 Jul 2015

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Politiques de formation et développement territorial :quelles opportunités pour les nouvelles Régions ?

J.M. Callois

To cite this version:J.M. Callois. Politiques de formation et développement territorial : quelles opportunités pour les nou-velles Régions ?. Construire les proximités dans un monde global - enjeux territoriaux, organisationnelset sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, May 2015, Tours, France. 19 p. �hal-01180941�

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Politiques de formation et développement territorial :

quelles opportunités pour les nouvelles Régions ?

Jean-Marc CALLOIS

Département Territoires, IRSTEA

[email protected]

21 Mai 2015

8èmes journées de la Proximité, Université de Tours

Les Régions, collectivités en charge du pilotage stratégique du développement territorial ont à

leur disposition deux leviers complémentaires pour favoriser la création d’emploi de valeur-

ajoutée sur leur territoire : d’une part les compétences en matière de formation professionnelle

initiale et continue, et d’autre part le rôle de chef de file en matière de développement

économique. Ces deux leviers devraient agir de manière synergique pour favoriser l’adaptation

du capital humain et du capital productif et l’innovation. Cet article examine l’interconnexion

réelle de ces deux types de politiques et propose des pistes pour mieux les articuler dans le

contexte de réforme territoriale en cours.

Dans une première partie, il montre que ces deux leviers sont actuellement très peu articulés en

pratique, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, ils sont régis par des cadres législatifs et

réglementaires très différents (code de l’éducation, code du travail, code rural, réglementation

européenne des aides publiques…). D’autre part, l’organisation des services et des programmes

régionaux reste souvent très peu propice à cette synergie. Enfin, le partage des compétences entre

l’Etat, les Régions et les organisations représentatives du monde de l’entreprise (partenaires

sociaux, organismes consulaires, clusters industriels…) reste entaché d’un grand flou et

d’importants coûts de transaction.

Dans une deuxième partie, trois cas de tentatives de mise en synergie de politiques économique et

de formation sont présentés : le premier, à l’initiative de la Région pour répondre à la demande

d’un groupement d’entreprises de l’aéronautique, le second découlant de la mobilisation d’un

collectif d’enseignants pour développer un pôle sur la filière bois, le troisième pour répondre à un

besoin structurel de salariés formés aux métiers industriels dans une zone rurale. Les différents

freins et leviers sont analysés selon un cadre théorique inspiré de l’économie néo-institutionnelle.

L’analyse montre le rôle déterminant de l’organisation des représentants du monde économique

dans la réussite de ces démarches, mais aussi les inefficacités découlant du découpage des

différentes compétences entre l’Etat et les collectivités.

La troisième partie propose quelques pistes pour que les politiques de formation et d’éducation

participent activement à l’objectif de dynamisation des économies régionales affiché dans la

réforme territoriale.

Mots-clés : développement régional, politiques de formation, économie néo-institutionnelle,

réforme territoriale, stratégies territoriales.

in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA

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1. Introduction

L’une des principales raisons d’être des Régions est d’impulser et de mettre en œuvre des

politiques complémentaires favorables au développement équilibré de leur territoire. Parmi leurs

compétences majeures figurent l’action économique, la formation et l’aménagement du territoire.

Ces politiques semblent correspondre de manière assez naturelle au triptyque classique des

facteurs de production – Terre, Capital, Travail. Les politiques d’aménagement du territoire

répondent au facteur Terre et incluent différentes interventions en compétence directe (trains

express régionaux) mais surtout indirecte (soutien à des infrastructures telles que les zones

d’activité économique). L’action économique (facteur « Capital », et plus marginalement

« Travail »), pour laquelle la Région dispose d’un rôle de chef de file, incluent différentes

interventions de soutien aux investissements, à l’innovation (y compris la recherche qui lui est

rattachée dans le cadre budgétaire officiel), et à la création d’emploi. Enfin, la composante

éducation-formation recouvre un ensemble hétéroclite de compétences comprenant la

construction et l’entretien des lycées, la politique de l’apprentissage, et la mise en place de

formations professionnelles à destination des demandeurs d’emploi. S’y ajoutent des

interventions facultatives, en faveur de l’enseignement supérieur ou de la formation des salariés.

L’examen des interventions des Régions montre rapidement que l’équation simple

« développement régional = consolidation des facteurs terre, capital, travail » se traduit en réalité

par un grand foisonnement des types d’intervention et des compétences, qui peuvent être selon

les cas obligatoires (construction et entretien des lycées), obligatoires avec possibilité de

délégation à d’autres collectivités (action économique), exclusives (apprentissage), exclusives

avec exceptions (formation des demandeurs d’emploi), partagées avec d’autres collectivités

(culture), ou facultatives. En outre, la Région dispose de compétences en matière de stratégie et

de planification, dans les principaux domaines précités (contrat de plan régional de

développement des formations professionnelles, schéma régional de développement économique,

schéma régional d’aménagement durable du territoire, et autres schémas relatifs aux transports, à

l’énergie, ainsi qu’aux politiques environnementales).

Il n’existe pas de justification théorique claire à la constitution des Régions, et encore moins à la

liste de leurs compétences (Privat, 2003), qui est le fruit d’épisodes successifs de décentralisation,

en trois vagues principales (1982, 2005 puis 2014-2015), avec des vagues secondaires (par

exemple les actions d’insertion des jeunes en difficulté en 1993). Le principe de décentralisation

est classiquement justifié par les travaux fondateurs de Tiebout (1957) et Oates (1972). En

l’absence d’économies d’échelle et d’externalités entre les juridictions, une détermination du

niveau et des caractéristiques des biens collectifs au niveau local assure un bien-être plus élevé,

en raison d’une meilleure prise en compte des préférences et des besoins locaux. Le choix de

décentraliser ou non une politique et la définition de l’échelle géographique pertinente résulte

alors du croisement de plusieurs critères : la variabilité spatiale des besoins ou des préférences,

les économies d’échelle et les externalités spatiales. En particulier, lorsque les effets de

débordement sont importants, la centralisation peut s’avérer plus efficace (Brockwood, 1993).

Ce cadre théorique permet de justifier l’existence de collectivités de niveau intermédiaire comme

les Régions, caractérisées par une certaine homogénéité des préférences (culture), des avantages

comparatifs (conditions agro-climatiques, tradition industrielle, accessibilité…) à même de

piloter des politiques où les économies d’échelle sont importantes (grandes infrastructures, pôles

d’innovation), ainsi que les effets de débordement spatiaux (migrations internes au cours du cycle

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de vie, migrations domicile-travail, relations client-fournisseur). Observons tout de suite, qu’à

l’exception des migrations au cours du cycle de vie, ces deux dernières catégories d’effet jouent

souvent plus au niveau des agglomérations qu’au niveau des régions. Il n’est donc pas aisé de

déterminer clairement le périmètre géographique et de compétences des différents types de

collectivité. Nous reviendrons sur ce point en conclusion.

Cette grille de lecture simple permet cependant de justifier que la Région dispose à la fois du

levier « formation » et du levier « action économique ». Alors que l’enseignement fondamental

relève à juste titre de l’Etat, les formations professionnelles doivent être conçues en fonction des

perspectives d’emploi données par l’économie locale. Inversement, le soutien à l’économie doit

tenir compte des caractéristiques de la main-d’œuvre locale et des possibilités d’innovation

matérialisées en particulier par les laboratoires de recherche publics et privés. Ces deux leviers

devraient agir de manière synergique pour favoriser l’adaptation du capital humain et du capital

productif, et in fine des trajectoires de développement harmonieuses, en cohérence avec les

caractéristiques humaines et géographiques.

Les questions de formation sont souvent en filigrane des travaux sur la proximité et le

développement territorial (notamment sous l’aspect innovation, cf. par exemple Massard et Torre,

2004). Mais elles sont rarement abordées dans leur dimension organisationnelle, et en particulier

sur le plan des interactions entre les différents acteurs en charge de leur financement et de leur

mise en œuvre (Bel, 2007). L’objet de cet article est d’examiner l’interconnexion réelle de ces

deux types de politiques et de proposer des pistes pour mieux les articuler dans le contexte de

réforme territoriale actuellement en cours. Dans une première partie, il montre que ces deux

leviers, formation et action économique sont en réalité difficiles peu articulées en pratique. Cette

situation tient d’une part à une complexité réglementaire et organisationnelle qui rend souvent les

différentes politiques concernées relativement étanches les unes avec les autres. La deuxième

partie présente, trois cas contrastés de tentatives de mise en synergie de politiques économique et

de formation, qui diffèrent essentiellement par le type d’acteur à l’origine de l’impulsion. Ces cas

sont analysés selon un cadre théorique inspiré de l’économie néo-institutionnelle, ce qui permet

de montrer le caractère souvent inadapté des formes d’organisation en présence. La troisième

partie propose quelques pistes pour que les politiques de formation et d’éducation participent

activement à l’objectif de dynamisation des économies régionales affiché dans la réforme

territoriale.

2. L’articulation réelle entre politiques de formation et de développement économique

Les politiques en faveur de la formation initiale, de la formation continue, de la recherche et

enseignement supérieur, de l’innovation et du développement économique devraient former un

continuum au service du développement harmonieux des régions, en favorisant l’orientation des

formations vers les métiers les plus porteurs et des aides aux entreprises vers les activités les plus

à même de proposer aux habitants des emplois durables et de bonnes conditions de travail. Mais

c’est un fait depuis longtemps établi qu’il n’est pas possible de considérer la relation formation-

emploi de manière mécaniste (Tanguy, 1986; Couppié et al 2005; Trouvé, 2009). Les incertitudes

relatives aux compétences et des appétences des travailleurs, ainsi qu’à l’évolution des métiers,

rendent en particulier vaine toute velléité de planification, à quelque échelon que ce soit.

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Pour autant, la présence au sein d’une même collectivité de ces différentes politiques devrait

permettre de réduire au maximum les contradictions entre l’offre de formation professionnelle, et

les projets économiques soutenus. Or, il s’avère que cette mise en cohérence n’est souvent pas

assurée. On discutera dans cette partie trois principales raisons à cette situation. D’abord, ces

politiques sont régies par des cadres législatifs et réglementaires très différents. Ensuite,

l’organisation des services et des programmes régionaux reste souvent très peu propice à cette

synergie. Enfin, le partage des compétences entre l’Etat, les Régions et les organisations

représentatives du monde de l’entreprise (partenaires sociaux, organismes consulaires, clusters

industriels…) reste entaché d’un grand flou et d’importants coûts de transaction.

2.1.Un cadre réglementaire complexe et peu harmonisé

Un premier frein à une articulation efficiente entre politiques de formation et de développement

économique est la dispersion réglementaire. La simple liste des différentes sources de normes

permet d’en avoir rapidement une idée. Ainsi, au-delà du Code général des collectivités

territoriales qui régit les compétences et le fonctionnement des collectivités :

- Les politiques d’éducation et de formation professionnelle sous statut scolaire relèvent du

Code de l’éducation, du Code rural (pour l’enseignement agricole), et marginalement du

Code du sport (pour le secteur jeunesse et sport)

- Les formations sanitaires et sociales relèvent du Code de la santé

- L’apprentissage relève du Code du travail et du Code de l’éducation (qui régit en

particulier la délivrance des diplômes)

- Les dispositifs d’animation économique relèvent du Code du commerce et du Code de

l’artisanat,

- Les politiques économiques et d’innovation sont essentiellement régies par les règles

européennes en matière d’aides d’état, et les régimes d’aide notifiés qui en découlent.

On note en particulier une spécificité française, qui est que la formation professionnelle est

rattachée au droit du travail. Cela se traduit par le fait que l’ensemble du système de formation

des salariés est géré par des organisations paritaires. En outre, les branches professionnelles ont la

possibilité de créer leurs propres systèmes de certification, qui se rajoutent aux diplômes délivrés

par les autorités académiques (qui dépendent de l’Etat) et aux titres professionnels délivrés par le

Ministère du travail (on pourra consulter l’ouvrage de référence de Centre-Inffo, 2015 pour des

éléments détaillés).

De ce fait, dans le monde de l’entreprise, coexistent deux systèmes de représentation : l’un basé

sur le Code du travail (organisations paritaires), l’autre sur les Codes du commerce et de

l’artisanat (organises consulaires). On retrouve les mêmes syndicats patronaux dans la

gouvernance des deux types d’organisation, mais il s’agit bien de deux circuits distincts, et cette

distinction se retrouve y compris au sein même des entreprises. Ainsi, si les CCI jouent souvent

un rôle d’organisme de formation (gestion de centre de formation d’apprentis en particulier), elles

se positionnent dans ce cas en tant que prestataire, rôle tout à fait différent de leur fonction

d’animation économique. En plus de ces deux circuits existent bien entendu d’autres

organisations plus locales (clusters, clubs d’entreprises…).

Cette complexité réglementaire n’est pas forcément synonyme d’inefficacité. Après tout, tout

découpage est arbitraire et résulte d’arbitrages nécessaires. Au niveau régional, le contrat de plan

régional de développement des formations professionnelles (CPRDFP), cosigné entre la Région,

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le préfet de région, et les autorités académiques (Recteur, DRAAF), est censé assurer une

cohérence des différentes politiques, en accord avec les besoins du monde économique. De

même, la création des DIRECCTE en 2009, regroupant les actions de l’Etat dans le secteur

emploi-formation professionnelle (DRTEFP) et la partie développement économique des DRIRE,

avait pour but de favoriser une action cohérente de l’Etat en région sur ces différentes politiques.

Mais qu’en est-il au sein des Régions, qui disposent aujourd’hui de l’essentiel des leviers

financiers d’intervention ?

2.2.Une organisation des services souvent peu propice à la synergie économie-formation

Le tableau 1 est issu de l’analyse de l’organigramme des 22 Régions métropolitaines. Pour

faciliter la lecture, une présentation en hachures permet de voir quelles politiques sont reliées

entre elles dans l’organisation des services. L’unité de référence est le niveau « N-1 », qui selon

les cas s’intitule direction, DGA, DGD, pôle, unité… Les politiques étudiées sont les suivantes :

lycées (qui est parfois séparée en deux avec une partie patrimoine et une partie fonctionnement et

action éducative), formations sanitaires et sociales (FSS), apprentissage (App), formation

professionnelle continue (FPC), action économique, innovation, enseignement supérieur-

recherche (ESR).

Tableau 1. Organisation du continuum formation-économie dans les différentes Régions

Lycées FSS App FPC Eco Innov ESR

Alsace

Aquitaine

Auvergne

Basse-Normandie

Bourgogne

Bretagne

Centre

Champ.-Ardenne

Corse

Franche-Comté

Haute-Normandie

Ile-de-France

Languedoc

Roussillon

Limousin

Lorraine

Midi-Pyrénées

Nord-Pas-de-Calais

PACA

Pays de la Loire

Picardie

Poitou-Charentes

Rhône-Alpes

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Ce tableau illustre la grande diversité des modes d’organisations selon les régions. On voit

cependant clairement que la séparation entre politiques de formation et politiques économiques

est le cas le plus fréquent. Seules 6 Régions (Basse-Normandie, Centre, Ile-de-France, Nord-Pas-

de-Calais, PACA, Rhône-Alpes) affichent une direction commune pour ces différentes politiques.

Parmi ces 6 Régions 5 incluent le bloc enseignement supérieur-recherche à cet ensemble. Par

contre, la place de la partie formation initiale (Apprentissage et Formations sanitaires et sociales)

semble faire l’objet d’hésitation, parfois rattachée aux lycées, parfois à la formation

professionnelle continue. Un apprenti est en effet dans une situation hybride : il est à la fois en

formation initiale (il prépare un diplôme reconnu par l’Etat) et salarié d’une entreprise. On peut

constater que les grandes Régions semblent plus enclines à regrouper les composantes formation

et économie. Cette observation peut néanmoins être un effet d’optique dû au fait que les

administrations concernées ont souvent un niveau supplémentaire, et que le regroupement peut

relever plus de l’affichage que de la réalité opérationnelle.

L’observation de la place des politiques enseignement supérieur-recherche est intéressante, car

celles-ci sont parfois rattachées à la politique d’éducation, dans une logique de proximité

institutionnelle avec la formation initiale, et parfois rattachées à la politique d’innovation, qui

dépend quasiment toujours de la direction de l’économie. Ainsi, plutôt que d’imaginer un

gradient depuis les savoirs fondamentaux jusqu’à la production, on peut représenter le continuum

de ces politiques plutôt de manière circulaire. La figure 1 propose une représentation de ce

continuum en croisant deux types de gradient, l’un basé sur l’opposition capital humain / capital

physique, l’autre sur un continuum connaissances-compétences-production.

Figure 1. Une représentation du continuum des politiques formation-éducation

Cette représentation permet de comprendre les différentes logiques possibles d’organisation, et

les dilemmes qui leur sont liés, selon que l’on se focalise sur la dichotomie classique entre

développement de capital physique et de capital humain, ou sur une approche plus centrée sur

l’objectif d’activité économique1. Une lecture en termes de catégories de proximité, rattache le

regroupement d’un bloc « éducation-formation » à une logique de proximité institutionnelle, et le

regroupement « formation-emploi-économie-innovation » à une logique de proximité organisée.

1 Ce diagramme n’épuise pas les dilemmes organisationnels, puisque selon les cas, on rattache les lycées au patrimoine (dans une logique de

focalisation sur la dimension de gestion patrimoniale), ou à un ensemble culture-sport-jeunesse. De même, dans de rares cas, l’agriculture et le

tourisme sont séparés du développement économique et rattachés à l’action territoriale. Mais au vu des différents organigrammes, on voit bien que la tension principale se situe dans le rattachement ou non de la formation professionnelle et de l’action économique.

Capital

humain

Capital

physique

Connaissance

Production

Lycées

FSS App

FPC Action

économique

Innovation

ESR

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Un des facteurs qui ne facilite pas une organisation plus fluide et plus synergiques entre services

en charge de la formation et du développement économique, est que la nature des compétences

est très variée selon les types de politiques, et notamment la répartition des rôles avec l’Etat et les

organismes professionnels ne facilite pas la lisibilité et l’opérationnalité du système.

2.3 Une répartition des compétences ambigüe entre la Région et ses partenaires

La Région est loin d’être seule dans les différentes politiques qu’elle mène, y compris quand elle

dispose d’une compétence « exclusive »… Ainsi, elle a bien compétence exclusive pour

l’entretien des lycées, mais aucune marge d’intervention sur le plan de l’activité pédagogique

(sauf lorsqu’il s’agit par exemple de financer des outils de e-learning que l’Education nationale

n’a pas les moyens de payer). Deux points posent en particulier problème.

La première source de complexité est que les Régions ne maîtrisent pas totalement l’application

de la politique de formation des demandeurs d’emploi. D’abord, elles n’ont pas compétence pour

l’accompagnement des demandeurs d’emploi et en particulier la prescription des formations

qu’elles mettent en place. Celle-ci relève essentiellement de Pôle emploi, qui n’a pas de compte à

rendre aux Régions, bien que dans la plupart des cas des conventions de partenariat existent.

Cette situation est moins vraie dans le cas de l’accompagnement des jeunes effectué par les

Missions locales, qui sont financées par les Régions.

Ensuite, les Régions ne sont pas les seuls opérateurs publics à mettre en place ce type de

formation. Pôle emploi le fait aussi, et c’est en général par son truchement que l’Etat intervient

dans ce domaine. Par ailleurs, la précarisation croissante d’une grande partie des salariés

(multiplication des contrats courts et plus généralement de l’insécurité de l’emploi) a

profondément modifié les dispositifs de formation des salariés gérés par les Organismes

Paritaires Collecteurs Agréés. Ces derniers interviennent de plus en plus au profit de salariés

récemment licenciés (reconversion) ou de demandeurs d’emploi ayant une perspective

d’embauche. Cette situation rend très floue la distinction entre formation des salariés et des

demandeurs d’emplois. Elle implique des coûts de coordination non négligeables, et tend à diluer

les responsabilités.

Le second aspect est qu’en matière de développement économique, le rôle de chef de file de la

Région est essentiellement théorique. Bien que l’Etat n’ait quasiment pas gardé d’aide directe aux

entreprises (à quelques exceptions près : Prime d’Aménagement du Territoire en particulier), les

autres collectivités souhaitent en général soutenir les projets symboliquement importants

localement (grands projets ou a contrario artisanat et commerce de proximité). C’est en

particulier le cas des grandes agglomérations, qui souhaitent souvent s’investir fortement sur

l’économie.

Afin d’identifier les marges de progrès du système actuel, nous allons nous attacher maintenant à

décrire plus finement des cas concrets où il est apparu nécessaire d’articuler les actions en faveur

de la formation et de l’économie.

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3. Trois études de cas contrastées

Dans cette partie sont présentés et discutés trois exemples de problèmes d’articulation entre

formation et développement économique, issus de la région Auvergne – région où les directions

en charge de la formation et de l’économie sont séparées. Ils relèvent de situations très différentes

en termes de niveau d’initiative. Dans le premier cas, il s’agit un projet (le « pôle aéronautique

auvergnat ») impulsé par des institutions régionales (Rectorat et la Région en particulier). Le

second correspond à une demande d’une grande entreprise en manque structurel de main d’œuvre

qualifiée. Le troisième est un projet de création de pôle sur les métiers du bois à l’initiative de

l’équipe pédagogique d’un lycée professionnel.

3.1.Le « pôle aéronautique » auvergnat

L’Auvergne n’est pas particulièrement identifiée comme une région aéronautique. Pourtant, du

fait de son histoire industrielle autour de grandes entreprises comme Michelin à Clermont-

Ferrand et Péchiney (aujourd’hui groupe Constellium) à Issoire, elle compte un grand nombre de

sous-traitants des grands donneurs d’ordre du secteur, et certaines estimations en font la 5ème

région aéronautique de France, avec environ 13.000 emplois.

Interpellé par les représentants de l’association régionale des entreprises du secteur (AVIA) lors

du salon du Bourget en 2007, le président du conseil régional prend l’engagement de mettre en

place les formations nécessaires aux besoins des entreprises et de créer un « pôle régional de

formation aéronautique ». A cette époque, on ne dénombrait qu’une cinquantaine d’élèves et

apprentis dans les formations régionales spécialisées sur les métiers de l’aéronautique. Dès la

rentrée 2009, les formations existantes par la voie de l’apprentissage sont ouvertes par le Rectorat

en voie scolaire. Les effectifs totaux vont plus que tripler en cinq ans (tableau 2). Les sections

correspondantes ont des taux de pression (nombre de 1er

vœux / capacité d’accueil) importants

(environ 300%, ce qui est très élevé pour des formations professionnelles industrielles).

Le « pôle de formation » reste cependant essentiellement un concept, car les formations

concernées sont dispersées sur plusieurs établissements, et surtout elles sont limitées au niveau

bac pro, alors que les entreprises ont impérativement besoin de compétences plus pointues pour

rester compétitives. Le dossier est resté relativement bloqué pendant plusieurs années,

essentiellement du fait de la complexité de l’infrastructure de formation existante : regrouper les

formations aéronautiques impliquerait trop de modifications dans la configuration des lycées

existant et nécessiterait des investissements matériels conséquents.

L’élaboration du CPRDFP en 2011 va fournir l’occasion de relancer le processus. La création

d’un bâtiment dédié aux formations aéronautiques sur le site de l’aéroport de Clermont-Ferrand

est décidée en 2012. Un BTS aéronautique est ouvert en 2013, avec le projet de permettre ensuite

des poursuites d’études en licence professionnelle, et de faire le lien avec les formations

d’ingénieur de l’Institut de Formation en Mécanique Avancée.

Au final, la « maturation » du projet de pôle de formation aéronautique, devenu « Aérocampus »,

aura duré 6 ans. Ce projet constitue-t-il un cas exemplaire de stimulation conjointe d’un secteur

économique et de l’emploi ? A ce jour, c’est loin d’être évident. L’augmentation forte des

effectifs constatée après l’annonce de création du pôle est essentiellement due à l’augmentation

des effectifs sous statut scolaire. Les entreprises n’ont pas fortement augmenté leur nombre

in : Construire les proximités dans un monde global – enjeux territoriaux, organisationnels et sociétaux, 8èmes journées de la Proximité, 20-22 mai 2015, Tours FRA

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d’apprentis. De plus, la moitié d’entre eux ont eu un contrat chez une entreprise externe à la

région, et inversement la moitié des apprentis dans des entreprises auvergnates étaient formées

dans un centre extérieur à la région. Il faudra attendre l’effet de l’ouverture de formations

supérieures pour voir si une réelle « symbiose » se dessine entre main d’œuvre et entreprises

locales.

Tableau 2. Effectifs en formation dédiée « aéronautique »

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Apprentis 15 23 29 25 27 43 43 39 45

Scolaires 36 36 69 110 134 115 112 145 180

Total 51 59 98 135 161 158 155 184 225

Ce constat en demi-teinte est le résultat de plusieurs facteurs, qui n’ont pas de lien direct avec

l’organisation interne de la Région. Le service public de la formation professionnelle initiale

constitue un bon exemple de ce que l’on appelle une forme hybride en économie néo-

institutionnelle (Ménard, 2010). La partie scolaire relève de deux autorités administratives, le

Rectorat et la Région. La partie apprentissage relève essentiellement de la Région, qui autorise

les CFA sous une forme rappelant par certains aspects le principe de la délégation de service

public. Le Rectorat et la Région ont des intérêts en théorie convergents, à savoir le bon

fonctionnement des établissements scolaires et la réussite des enfants. Mais en pratique,

l’allocation des moyens se fait selon des logiques assez différentes, qui impliquent des

négociations permanentes. La Région cherche avant tout à optimiser son patrimoine, ce qui

implique une recherche d’économies d’échelle et de rentabilisation des investissements. Le

Rectorat est d’abord préoccupé par la gestion des personnels pédagogiques.

Cette situation aboutit à une inertie certaine du système. A cela s’ajoute le fait que les besoins des

entreprises ne sont pas évidents à objectiver. Cette expression des besoins est encore compliquée

par des intérêts divergents des trois principaux types de représentation des entreprises :

- La branche de la métallurgie (UIMM) ne considère pas l’aéronautique comme une

composante séparée de la métallurgie, et surtout possède ses propres outils de formation.

Elle n’a aucun intérêt à ce que se structure une offre publique qui pourrait venir les

concurrencer sur le créneau de la formation continue,

- Les CCI cherchent essentiellement à valoriser les outils de formation qu’elles gèrent

(CFA), et ne se sont pas – au-delà des déclarations – associées au projet,

- L’association AVIA, à l’origine de la demande de création du pôle, n’inclut pas toutes les

entreprises du secteur, marqué par une forte concurrence.

Au final, on peut affirmer que la création du pôle a été une opération utile, car elle permet de

consolider des formations industrielles attractives pour les jeunes, dans un secteur qui est l’un des

plus dynamiques de l’industrie. Mais il n’est pas évident que le chemin parcouru pour y arriver

ait été optimal.

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3.2.Redynamiser l’industrie rurale : le cas d’Aubert et Duval aux Ancizes

Les Combrailles sont une petite région rurale au nord-ouest du département du Puy-de-Dôme

(structurée en Pays porté par un syndicat mixte créé en 1985), qui présente la particularité d’avoir

une forte histoire industrielle, à l’origine liée à la présence de mines. L’aciérie Aubert et Duval

(groupe Eramet) aux Ancizes est l’un des plus gros établissements de la région avec environ

1.500 salariés. En 2008, le président de la société annonce un investissement majeur en vue du

développement d’une filière de production de pièces en titane pour l’industrie aéronautique. Le

site des Ancizes étant mis en compétition avec d’autres unités du groupe, les principaux acteurs

publics (SGAR, Région, Département, Pays) se mobilisent afin de proposer une offre

« packagée » pour favoriser l’accueil de l’investissement de 40 M€ devant générer quelques 400

emplois. L’ensemble des dispositifs d’aide à l’investissement sont mobilisés, et la Région

s’engage à mettre en place des actions de formation continue spécifiques pour les demandeurs

d’emploi intéressés pour intégrer l’entreprise.

(source Google Maps)

En 2011, le président d’Aubert et Duval interpelle à nouveau les pouvoirs publics sur la difficulté

à recruter des personnels pour le site des Ancizes. Les moyens de divers organismes de formation

sont mobilisés, avec des financements de la Région, de Pôle emploi et de la branche de la

métallurgie. Mais il apparaît que soit les stagiaires positionnés ne répondaient pas aux exigences

qualitatives de l’entreprise, soit il n’y avait pas du tout de candidat. Un élément symptomatique :

cette année-là, la formation initiale dispensée au lycée professionnel le plus proche, le lycée

Desaix, ne recrute aucun candidat (cf. tableau 3).

Tableau 3. Effectifs en bac pro « Pilote de systèmes de production automatisés »

(devenu « Pilote de ligne de production »)

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Entrants en bac pro

PSPA / PLP

10 6 0 10 9 8 10

Effectif lycée Desaix 140 168 189 179 180 204 203

Avec une opération « musclée » de sensibilisation des jeunes collégiens et de leurs familles, dans

laquelle le député et le Recteur en personne vont s’impliquer, cette formation finit par retrouver

un peu d’attractivité pour se stabiliser autour d’une dizaine d’élèves.

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Au final, sur ce projet la coordination entre services en charge de la formation et de l’économie a

plutôt bien fonctionné. Le point de blocage a été essentiellement externe, et renvoie à la

problématique de base de la relation emploi-formation : aucun mécanisme n’assure qu’il y ait

adéquation entre appétence des apprenants et existence de débouchés. Lorsque le hiatus entre les

deux est élevé, comme dans ce cas où l’image négative des métiers s’ajoutait à l’isolement

géographique, des efforts notables doivent être faits en matière de sensibilisation et

d’accompagnement. En l’occurrence la coordination entre les organisations concernées a été

assurée, même si le résultat final paraît modeste. La raison principale était une demande assez

précise et une injonction politique forte.

3.3.La ressource bois : le projet du lycée de Murat

C’est un lieu commun que de dire que la ressource en bois est sous-exploitée en France. Ainsi, les

estimations réalisées par le Cemagref en 2009 (étude en cours d’actualisation par le FCBA et

l’IGN) font état de plus de 800.000 m3 supplémentaires de bois d’œuvre mobilisables

annuellement en Auvergne, contre 1.475 actuellement récoltés. La filière bois souffre aussi d’un

manque d’intégration qui aboutit en particulier à un fort déficit commercial du secteur de

l’ameublement (plus de 2 milliards d’euros de déficit), ce qui est paradoxal vu l’abondance de la

ressource.

Fort logiquement, au vu de la richesse du capital de bois sur pied en Auvergne, la Région a

souhaité se saisir du sujet. Cela a pris deux formes séparées : côté économie, un programme

d’aides à l’investissement dédié à l’industrie du bois, et côté formation, le projet de réalisation

d’un Contrat d’objectifs pour coordonner les actions de formation des différents acteurs (Région,

DIRECCTE, autorités académiques, monde économique). Lancé en 2006, ce projet de Contrat

d’objectifs a rapidement buté sur la complexité du secteur. En effet, il fallait réunir pas moins

d’une quinzaine d’acteurs, couvrant un champ allant de l’exploitation agricole au bâtiment, en

passant par les représentants des scieurs, de l’ameublement etc.

Cette complexité institutionnelle rend intéressante l’idée de se pencher sur une initiative émanant

du terrain. Cette initiative se situe dans le contexte de forte décroissance des effectifs du lycée

professionnel de Murat dans le Cantal, qui avec une centaine d’élèves est le plus petit lycée

d’Auvergne (tableau 4). Spécialisé à l’origine dans le bâtiment, les formations à la transformation

du bois sont devenues son principal élément d’identité.

Tableau 3. Effectifs du lycée de Murat

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Menuiserie 23 34 49 49 37 31 36

Ebéniste & arts du bois 96 77 56 49 57 55 40

Construction bois 0 0 0 12 22 25 31

Total 119 111 105 110 116 111 107

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La perspective de possible fermeture du lycée, annoncée dès 2009, et sa situation au sein d’un

parc naturel régional, et, va amener l’équipe enseignante à se mobiliser pour faire accepter le

principe d’un pôle de formation aux métiers de la transformation du bois. Sous la pression des

élus locaux auprès du Rectorat et de la Région, une section de « technicien constructeur bois » est

ouverte à la rentrée 2011, ce qui ne paraissait pas une décision très rationnelle du fait de

l’existence de sections identiques (à Riom et à Espaly près du Puy-en-Velay). De fait, en 2014,

deux de ces trois sections remplissent peu (taux de pression de 50% à Murat et de 67% à Espaly).

(source Google Maps)

Afin de renforcer l’ancrage territorial de l’activité du lycée de Murat, une association est créée

(RELET : Réseau d’Echanges Lycée Entreprise Territoires), regroupant outre le lycée, plusieurs

communes et intercommunalités, le PNR, des entreprises locales. Elle candidate en 2011 au

soutien du programme LEADER pour des actions d’animation et de promotion. Le soutien est

refusé, essentiellement du fait du caractère très artificiel du projet, motivé par l’objectif principal

de sauvegarde du lycée.

Au final, si l’association RELET existe encore, et bénéficie de l’adhésion bienveillante de

quelques acteurs locaux publics et privés, sa création a été essentiellement un non-évènement, et

le projet n’a jamais convaincu les responsables régionaux. Le secteur de Murat ne présente pas de

spécificité particulière au regard de la ressource en bois ni des entreprises de transformation. Le

caractère très dispersé des uns et des autres rend donc très illusoire la possibilité de réussite d’une

telle entreprise de structuration « bottom-up » d’un outil de formation.

3.4.Synthèse sur les études de cas : un cadre d’analyse simple

Ces études de cas, de niveaux très variés, donnent déjà quelques enseignements sur les synergies

possibles entre politiques économique et de formation pour le développement régional. Tout

d’abord, même lorsqu’il existe un lien évident entre projet économique et besoin de formation, un

lien fonctionnel entre les deux types de politiques n’est pas forcément nécessaire. Cela est dû au

fait que les complexités du système de formation sont telles qu’elles nécessitent une organisation

tournée vers la gestion de cette complexité : dialogue avec les autorités académiques, et avec les

branches professionnelles notamment. Un des enjeux est notamment d’assurer la cohérence des

signaux envoyés par les acteurs de l’orientation et de l’accompagnement et l’offre de formation

existante. Alors que les politiques de développement économique consistent essentiellement en

des soutiens ponctuels sur des projets d’investissement porteurs, dont les effets en termes de

ressources humaines sont soit eux aussi ponctuels, soit décalés dans le temps.

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Par ailleurs, la notion de spécificité des actifs, centrale en économie néo-institutionnelle

(Williamson, 2009), est un élément explicatif fort de la pertinence d’une prise en main par les

institutions régionales. Reprenons le cas des formations en transformation du bois. Celles-ci

nécessitent des investissements onéreux en machines et en adaptation de bâtiments (évacuation

d’air notamment). La situation actuelle, où existent de nombreuses formations en menuiserie,

plutôt attractives pour les jeunes garçons, mais aux débouchés incertains, n’est assurément pas

optimale. A contrario, dans le secteur sanitaire et social, traditionnellement très attractif pour les

jeunes filles, la mise en place des formations exige peu d’investissements spécifiques. Une

initiative « bottom-up », émanant du terrain, a alors beaucoup plus de chances de réussir, comme

ce fut le cas de plusieurs formations expérimentales mises en place dans diverses zones de la

région.

Il en est de même du facteur « incertitude », qui se traduit par la difficulté plus ou moins grande à

attirer des apprenants ou à prévoir des perspectives d’embauche. Une élévation de l’incertitude

devrait amener une intervention plus forte des institutions publiques, celles chargées de

l’orientation et de l’accompagnement pour la problématique de l’attractivité des formations,

celles chargées des politiques économiques pour celle des perspectives d’embauche. Le cas du

pôle de formation aéronautique a été impulsé initialement par une demande d’une association

d’entreprises, qualifiée par les services régionaux en charge de l’action économique. Ce type

d’analyse gagnerait à être généralisé à d’autres secteurs. Ce travail n’est pas évident, car comme

on l’a vu, les représentants des entreprises forment divers ensembles aux objectifs hétérogènes.

Au final, on peut résumer par un tableau croisant la dimension spécificité des actifs et incertitude

les différentes situations en matière d’enjeux de mise en œuvre de politiques (Figure 2), et les

orientations prioritaires à mettre en œuvre. Ce tableau, dans le même esprit que le modèle

d’organisation économique de Callois (2013) montre la diversité des approches possibles.

Figure 2. Enjeux organisationnels selon les caractéristiques des formations

en termes de coûts de transaction

On note ainsi l’importance d’une forte implication de l’expertise régionale, en lien avec le monde

de l’entreprise, lorsque le degré d’incertitude est fort, y compris en cas d’actifs peu spécifiques

comme dans le cas de beaucoup d’activités tertiaires non résidentielles. A l’inverse, les métiers à

forte spécificité dans les investissements et faible niveau de risques peuvent se gérer avec un

pilotage classique par les branches professionnelles.

Actifs très

spécifiques

Actifs peu

spécifiques

Faible

incertitude

Forte

incertitude Ex.

commerce Ex.

industrie

Ex. sanitaire

et social Ex. métiers

de bouche

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4. Quelles pistes pour renforcer la synergie entre politiques régionales dans un contexte

de réforme territoriale ?

Quelles implications pratiques peut-on tirer des études de cas et de la discussion précédente en

termes d’organisation des politiques de formation et d’action économique ? Nous présenterons

dans cette section trois éléments de réflexion : d’abord, les considérations organisationnelles

internes aux Régions, puis les éléments de légitimité de l’action régionale, et enfin des

considérations plus vastes sur le système d’acteurs actuel.

4.1.Une structuration des services qui doit rester centrée sur l’efficacité du continuum

formation initiale-formation continue

La situation actuelle présentée dans le tableau 1, qui montre que la plupart des Régions

regroupent les politiques de formation et d’éducation, peut s’interpréter comme un signe de

conservatisme, mais l’analyse du fonctionnement effectif de ces politiques suggère qu’il est

essentiel d’avoir une organisation administrative tournée vers l’objectif d’un dialogue efficace

avec les nombreuses structures en charge de questions d’éducation et de formation. Cet objectif

nécessite une technicité spécifique, au regard de la complexité de l’environnement réglementaire

et institutionnel. Les quelques exemples analysés montrent qu’à chaque fois qu’un dossier a été

porté de manière conjointe économie-formation, les différentes parties ont chacune avancé de

manière séparée, du fait des mécanismes différenciés qu’il a fallu activer.

Surtout, les interventions des deux types de politiques diffèrent fondamentalement du fait d’un

caractère universel pour ce qui est de la formation (assurer à tout lycéen une scolarité, à tout

demandeur d’emploi un accès à la formation), et ponctuel ou idiosyncrasique pour ce qui est du

développement économique (dossiers individuels d’aide aux entreprises, projets de grappes ou

cluster d’entreprises…). Cela répond à des logiques d’action complètement différentes, qui se

situent à des échelles de temps sans rapport immédiat. L’analyse des différents cas de la section

précédente conduit cependant à préconiser une certaine flexibilité selon les secteurs dans la

conception et la mise en œuvre des politiques.

En revanche, la mise en connexion de l’expertise issue de ces deux types de politiques s’avère

importante, et la Région est l’organisation la mieux armée pour la conduire, bien que les

DIRECCTE aient aussi pris ce type d’initiative. Dans la plupart des régions existent des

observatoires emploi-formation (OREF), qui visent notamment à guider les acheteurs de

formation publics et privés dans leurs orientations. Il est utile de croiser ces données avec les

tendances issues du travail des services en charge de l’accompagnement de l’innovation et de

l’investissement dans les entreprises, à même de déceler les tendances de moyen terme et les

signaux faibles.

De fait, quelques Régions ont déjà mis en place des missions transversales sur l’évolution des

besoins de l’économie. Ce besoin est appelé à croître dans le contexte d’environnement

économique incertain, et avec des Régions plus grandes qui vont devoir se mettre en situation

d’appréhender de manière fine les tendances à l’œuvre sur l’ensemble de leur territoire. Cela

rendra d’autant plus nécessaire une présence active sur le terrain, avec des agents régionaux à

même de délivrer une information globale sur les politiques menées par la collectivité, et de

caractériser les évolutions locales de l’activité économique et du marché du travail.

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4.2.Une appréhension globale des réalités économiques et humaines qui justifient pleinement

le rôle de la Région

Cette focalisation de l’intégration entre politiques formation-action économique sur les actions

d’information, de veille et d’expertise ne vient nullement contredire la légitimité de rassembler

ces politiques au niveau régional.

L’échelon national (voire européen) a toute sa pertinence pour analyser les grandes tendances de

l’économie (technologies émergentes, fonctionnement des marchés internationaux…). Mais ces

tendances se déclinent de façon différenciée selon les régions, en raison des caractéristiques de la

main-d’œuvre et des structures de recherche et d’innovation. Le cas du secteur aéronautique

auvergnat est assez exemplaire à cet égard : composé essentiellement de sous-traitants, l’enjeu

principal pour le tissu économique est de maintenir un fort niveau de technicité (focus sur les

formations de niveau BTS ou licence pro), mais pas de se situer à la pointe des innovations du

secteur.

Un autre aspect du rôle de l’échelon régional, est qu’il correspond à des réalités migratoires en

termes de cycle de vie, notamment au travers des cycles d’études des jeunes (lycée puis

enseignement supérieur), puis de la recherche d’emploi. L’extension de certaines compétences en

matière de transports (mobilité interurbaine), prévue par la loi NOTRe, se justifie notamment par

le fait que l’échelle départementale est souvent insuffisante par rapport aux schémas de

déplacement actuel. Cette problématique de déplacement est particulièrement symptomatique

dans le cas de l’apprentissage, où un apprenti alterne souvent entre son domicile, celui de son

employeur et son CFA.

Enfin, les différentes régions se caractérisent aussi par des conditions sociologiques et

institutionnelles différentes, qui induisent des capacités différentes à adopter des innovations ou

des modes d’organisation. L’analyse esquissée dans la figure 2, qui implique un plus ou moins

grand degré d’initiative octroyé aux acteurs locaux ou au monde économique, est de toute

évidence à moduler selon la capacité d’organisation plus ou moins grande de ces différents

acteurs. Il est clair que l’analyse de l’organisation de la formation pour la filière bois aurait été

complétement différente dans la région Aquitaine…

Bien entendu, les échelles pertinentes relatives à ces différents facteurs ne se recouperont que très

rarement, et l’organisation géographique doit donc résulter d’un compromis. Le cas particulier

des métropoles doit être discuté ici. Certaines d’entre elles regroupent un grand nombre des

caractéristiques énoncées plus haut : pôles d’innovation, grappes d’entreprises, présence

simultanée de main d’œuvre et d’opportunités d’emploi, migrations internes au cours du cycle de

vie… Il est clair que dans certains cas cela peut questionner le rôle de la région en tant que chef

d’orchestre du développement économique, mais aussi de la formation. Cela impliquera en tous

cas un partage clair des rôles, et qui pourrait être différencié selon les avantages comparatifs de

chaque région, qui à ce jour n’est nullement prévu dans le projet de loi NOTRe.

Ces différents éléments tendent par ailleurs à suggérer que la plus-value d’avoir des régions plus

vastes sur le développement territorial est plus qu’incertaine. Les nouvelles grandes régions ne

correspondent guère à des réalités migratoires et encore moins culturelles. Elles comportent

parfois plusieurs agglomérations, dont les complémentarités ne sont pas évidentes et dont la

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concurrence se trouvera renforcée. En vertu d’un principe classique en économie géographique,

selon lequel l’intégration de deux entités géographiques tend à renforcer la concentration dans

l’entité la plus productive, il y a un risque que cela fragilise même certaines dynamiques locales.

Dans tous les cas, les nouvelles régions seront confrontées à des dilemmes complexes entre

augmentation de la productivité et aménagement du territoire.

4.3.Un contexte institutionnel global qui reste peu propice à l’efficacité des politiques

Au-delà de ces considérations internes aux Régions, il convient de rappeler qu’elles ne

constituent qu’un acteur au sein d’un système des plus complexes. Si elles ont une grande

maîtrise sur l’enseignement secondaire, quasiment totale sur l’apprentissage, et majoritaire sur la

formation des demandeurs d’emplois, l’efficacité de leurs politiques est limitée par divers

doublons et par la complexité de l’organisation des représentants du monde de l’entreprise. Cela

aboutit à une confusion et une dilution des responsabilités, qui ne facilite pas l’évaluation de

l’action publique.

L’octroi aux Régions, en 2012, d’un pouvoir de décision sur la carte des formations scolaires en

enseignement professionnel, qui fait le parallèle avec la situation pour l’apprentissage, a été un

progrès dans la clarification des compétences. De même que la division par plus de deux du

nombre d’OPCA, également en 2012, ce qui diminue le nombre d’interlocuteurs. Ils restent

cependant structurés selon un mode historiquement lié aux négociations de branche, qui est

parfois assez différent des secteurs économiques, dont la définition est avant tout basée sur la

notion de produit final. Ainsi, on l’a vu, l’aéronautique peine à être identifiée au sein de la

branche de la métallurgie. Inversement, le secteur agroalimentaire, stratégique pour le commerce

extérieur français, est divisé en une quarantaine de branches, avec chacune leurs accords

spécifiques (fort heureusement le plus souvent des accords communs existent, et des associations

régionales chapeautent les différentes branches). La situation est encore pire pour la filière bois,

ce qui n’est pas étranger au paradoxe d’un secteur avec un fort potentiel non valorisé.

Cette situation résulte de la dynamique propre aux différentes organisations concernées, et aux

subtils équilibres et jeux d’influences entre les différents représentants des partenaires sociaux. Il

est cependant clair qu’elle compte pour beaucoup dans l’inefficacité du système actuel, à laquelle

au final les Régions n’ont pas grand-chose à voir, puisqu’elles ne pèsent que moins d’un

cinquième des dépenses globales de formation.

Par contre, il est évident qu’une rationalisation de cette partie du système de la formation

continue permettrait d’une part de faciliter l’évaluation de l’efficacité des politiques régionales,

d’autre part de permettre aux Régions d’utiliser pleinement leurs compétences pour faire levier

sur le développement territorial via la formation. La présence d’interlocuteurs habilités à

représenter les intérêts des entreprises régionales au regard du contexte macroéconomique, à faire

état des spécificités des tendances locales, est un élément clé pour nourrir la tâche d’observation

territoriale et bâtir des politiques cohérentes et pertinentes.

Il s’agit à l’évidence d’un chantier de longue haleine, qui comporte de multiples résistances,

auxquelles les gouvernements successifs se sont attaqués. Il est cependant essentiel de le

poursuivre, tant il contribue à l’exigence de modernisation et de décloisonnement des structures

qui composent le paysage institutionnel, et qui engendrent une méfiance généralisée envers les

institutions (Algan et Cahuc, 2010).

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5. Conclusion

Malgré les nombreuses études existantes sur la relation emploi-formation, la relation des

politiques régionales avec le développement territorial n’a pas encore été beaucoup étudiée sous

l’angle de l’organisation des structures en charge de ces politiques (Simon-Zarca et Vernières,

2007). Le sujet de la relation emploi-formation est déjà extrêmement vaste et complexe en soi.

L’analyse proposée dans cet article montre l’intérêt de tenir compte des facteurs institutionnels et

organisationnels, qui modulent l’efficacité des politiques régionales et leur permettent ou non

d’être réellement des acteurs en situation d’impulser des « stratégies territoriales ».

Au-delà du constat récurrent de la complexité du système actuel, plusieurs idées fortes se

dégagent de l’analyse. D’abord, l’importance d’avoir un bloc éducation-formation solide, à même

d’interagir efficacement avec l’ensemble des interlocuteurs. Ensuite, le développement d’une

fonction transversale d’information, d’expertise et de prospective sur l’ensemble du continuum

éducation – formation / marché du travail – activité économique. Cette fonction devant croiser

une présence forte sur le terrain et une capacité d’expertise pointue. Enfin, la nécessité pour l’Etat

de poursuivre les efforts de restructuration des opérateurs en charge de la formation et de

l’accompagnement des salariés.

La place future des métropoles reste une grande interrogation, et des ambiguïtés et concurrences

sont à prévoir. Dans une large mesure, la volonté de mettre en place des régions plus grandes

témoigne d’une ambiguïté, voire une confusion, entre développement régional et phénomène de

métropolisation (Bouba-Olga et Grossetti, 2015). L’importance d’avoir des métropoles fortes

dans un contexte mondialisé est clairement un enjeu pour certaines régions. Mais, ce n’est pas un

cas général (Gordon et McCann 2013; Isaksen et Karlsen, 2013), et le rôle des régions se situe à

un niveau plus intégrateur, leur première raison d’être est d’assurer un développement territorial

équilibré.

L’actuel projet de loi « NOTRe » ne comporte pas de modification substantielle des compétences

des Régions, à part des évolutions sur la mobilité interurbaine (qui on l’a vu, est une opportunité

pour davantage de cohérence de l’action régionale). Les Régions restent chef de file des

interventions économiques, mais peuvent toujours partager cette compétence avec les

Départements, les communes et leurs regroupements, dont les métropoles. L’absence de

clarification des compétences des uns et des autres est potentiellement une source future

d’inefficacité.

Cet article ne tient quasiment pas compte d’un autre grand domaine d’intervention des Régions,

celui de l’aménagement du territoire, qui inclut des activités de pilotage stratégique (schémas,

politique contractuelle), de financement d’investissements publics structurants, la compétence

transport, les parcs naturels régionaux et par extension les politiques environnementales, voire

culturelles et sportives. Relativement séparées des politiques économie et formation dans la

plupart des organigrammes actuels, elles ont bien entendu vocation à s’inscrire en cohérence avec

les orientations de ces dernières. Un approfondissement intéressant de ces analyses serait de

définir plus précisément les montages organisationnels les plus pertinents, secteur d’activités par

secteur d’activités, ce qui pourrait notamment éclairer le rôle des politiques territoriales

contractuelles en matière de formation et d’emploi.

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