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Date post: 04-Dec-2018
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86 R. P. H. M. Dubois, S. J., depuis longtemps des Himyarites et du monde antique. Cependantcette côte Nord-Ouest est un centrebien moins actif de rayonnementquela côte Est. C’est un l’ait! si extraordinaire qu’il soit (p. 286). M. Gautier résume ensuitesa penséesur le peuplementdans trois faits: 1° Fait. D’après les traditions, les dynasties des tribus remontent au débarquementau sud-est d’étrangers. Celui des Zafi-Ramini le plus fécond aurait donné des rois aux Antanosy, Bara, Tanala, Betsileo. 2° Fait. Il y a pousséede l’Est à l’Ouest. Depuis dessièclesla côte Sud- Est a exporté des hommesdans le centre et dans l’Ouest. F’Est nous apparaît comme surpeuplé. On cite en particulier la constitution politique du Boueni qui vient du Sud-est. 3° Fait. Fe Nord-Ouest, par contre, reste sans influence. Les Antalaotra resserréspar les pousséesdesZafi-Ibrahim, se fondent avec les Betsimisaraka. Pour l’Imerina, M. Gautier pensequ’il y eut longtemps entre Vazimba et étrangers bonne entente (p. 340). Fa conquêteserait du XVIIe siècle. Mais l’arrivée pacifique de ces étrangers date de plus loin. Fe texte de Mariano parlant du royaume Flova l’indique clairement. De la thèse de M. Gautier, outre les considérations de linguistique que nous avons étudiées dans la deuxième partie, je recueille surtout cette constatation, qui sera confirmée de plus en plus par les textes et par les traditions, que le peuplement de Madagascar s’e s t fait de 1’ Esta l’O ues t, encore un fait qui, dans ce qui suivra, aura sa très grande, importance. Chap. IV : La Thèse de M. A. Grandidier. Fa thèse de M. Grandidier occupedans l’étude des Origines Malaches une place spécialementimportante.Elle a fait faire à la solution du problème un pas décisif en établissant la part prépondérante que l’élément malayo- polynésiena dans la formation des tribus malgaches.Sans négliger les argu¬ ments de linguistique, M. A. Grandidier a développé surtout, et avec une richesse extraordinaire, les arguments ethnologiques. Sa comparaison des mœurs Océaniennes avec les mœurs malgachesest classiqueen la matière. Je m’étendrai donc tout particulièrement sur cette thèse, d’autant plus volontiers qu’elle embrasse toute la question, aussi bien le problème du peuplementprimitif de ,1’île que le «Mystère» des Hova-Ambaniandro.Tout en résumant,je m’efforcerai de donner la penséepleine et entièrede notre illustre savant; j’y joindrai celle de M. De Quatrefages, avecqui il s’estassociébien souvent danscetteétudesi difficile, et à quil il a fourni le meilleur de sa docu¬ mentation ou de ses explications. On peut ramenerles développementsdela thèseà trois parties: 1° La population primitive de l’île. 2° La migration malayo-polonésienne. 3° L’origine des Andriana et des Hova chez les Ambaniandro. A. La Population Primitive. M. Grandidier se pose nettementla question de races africaines avant précédéles races malayo-polynésienneset voici ce qu’il écrit (Ethn., p. 14):
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86 R. P. H. M. Dubois, S. J.,

depuis longtemps des Himyarites et du monde antique. Cependantcette côte

Nord-Ouestest un centrebienmoins actif de rayonnementque la côteEst.C’est

un l’ait! si extraordinaire qu’il soit (p. 286).M. Gautier résumeensuitesa penséesur le peuplementdans trois faits:

1° Fait. D’après les traditions, les dynasties des tribus remontent au

débarquementau sud-est d’étrangers. Celui des Zafi-Ramini le plus fécond

aurait donnédes rois aux Antanosy, Bara, Tanala, Betsileo.

2° Fait. Il y a pousséede l’Est à l’Ouest. Depuis dessièclesla côteSud-

Est a exportédeshommesdans le centreet dans l’Ouest. F’Est nous apparaît

commesurpeuplé.On cite en particulier la constitutionpolitique du Boueni qui

vient du Sud-est.3° Fait. Fe Nord-Ouest, par contre, restesans influence. Les Antalaotra

resserréspar les pousséesdesZafi-Ibrahim, se fondent aveclesBetsimisaraka.

Pour l’Imerina, M. Gautier pensequ’il y eut longtempsentre Vazimba

et étrangers bonne entente(p. 340). Fa conquêteserait du XVIIe siècle.Mais

l’arrivée pacifique de ces étrangers date de plus loin. Fe texte de Mariano

parlant du royaume Flova l’indique clairement.De la thèse de M. Gautier, outre les considérations de linguistique que

nous avons étudiées dans la deuxième partie, je recueille surtout cette

constatation, qui sera confirmée de plus en plus par les textes et par les

traditions, que le peuplement de Madagascar s’e s t fait de

1’Esta l’O ues t, encore un fait qui, dans ce qui suivra, aura sa très grande,

importance.Chap. IV : La Thèse de M. A. Grandidier.

Fa thèsede M. Grandidier occupedans l’étude desOrigines Malaches

une place spécialementimportante. Elle a fait faire à la solution du problème

un pas décisif en établissant la part prépondérante que l’élément malayo-

polynésiena dans la formation destribus malgaches.Sansnégliger les argu¬

ments de linguistique, M. A. Grandidier a développésurtout, et avec une

richesse extraordinaire, les arguments ethnologiques. Sa comparaison des

mœursOcéaniennesavec les mœursmalgachesest classiqueen la matière.

Je m’étendrai donc tout particulièrement sur cette thèse, d’autant plus

volontiers qu’elle embrassetoute la question, aussi bien le problème du

peuplementprimitif de ,1’îleque le «Mystère»desHova-Ambaniandro.Tout en

résumant,je m’efforcerai de donner la penséepleine et entièrede notre illustre

savant; j’y joindrai cellede M. De Quatrefages, avecqui il s’estassociébien

souvent danscetteétudesi difficile, et à quil il a fourni le meilleur de sa docu¬mentationou de sesexplications.

On peut ramenerles développementsde la thèseà trois parties:

1° La population primitive de l’île.

2° La migration malayo-polonésienne.3° L’origine desAndriana et desHova chez les Ambaniandro.

A. La PopulationPrimitive.

M. Grandidier se posenettementla questionde races africaines avant

précédéles racesmalayo-polynésienneset voici ce qu’il écrit (Ethn., p. 14):

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Les Origines des Malgaches. 87

sLes premiers nègres que les courants ont amené sur les côtes de Mada¬

gascar et dont les descendants forment le fond de toute la poulation de toute File,

ont-ils trouvé cette île occupée par des habitants d’une autre race, issue d’immigrants

africains? C’est ce que l’on ne saurait dire dans l’état actuel de nos connaissances

(1901). S’il y avait des aborigènes, ils devaient être en bien petit nombre et dans un

état de civilisation très inférieur, puisque, ni dans les mœurs, ni dans la langue de nos

Malgaches actuels, on ne trouve de trace de leur influence. 11 n’est pas malaisé de

voir que des mots d’origine étrangère, africaine, arabe, ou autre, qui surnagent au

milieu des mots mélano-polynésiens ont été greffés sur la langue au fur et à mesure

cîes besoins et de l’introduction d’objects inconnus, de connaissances nouvelles ou de

coutumes étrangères.»«En plusieurs régions de l’ile, on a trouvé, mêlés à des ossements d’animaux

aujourd’hui disparus, des fragments de poteries qui ne sont pas l’œuvre des habitants

actuels, mais probablement celle d’anciennes colonies de race inconnue qui ne de¬

vaient plus du reste exister à Madagascar lors des premières immigrations indo¬

mélanésiennes,car ces poteries dénotent un état de civilisation assez avancé, et les

peuplades, capables de les fabriquer n’eussent pas été absorbées par les nouveau-

venus que leurs praos ou jonques amenaient en petit nombre, à moins que cantonnés

d’abord dans une région, ceux-ci ne s’y soient multipliés, et aient fait ensuite la guerre

aux premiers occupants et les aient détruits. Toutefois, il est difficile de concevoir la dis¬

parition totale d une population déjà civilisée, et si cette population a été réduite à l’escla¬

vage ou au setvage, elle aurait dans une certaine mesure au moins, marqué de son ern-

preinte les mœurs et le langage des conquérants; il n’est pas douteux qu’il eût survécu

quelques tribus que la différence de leurs mœurs et de leur langage eût signalées dès

longtemps à l’attention des voyageurs.»

ü est toute une foule de questions que M. A. Grandidier se pose dans

ce seultexte,c’est toute uneséried’observationscapitalesqui y sont suggérées,

c’est toute une suite de problèmes que le grand savant se déclare dans

l’impuissancede résoudrefaute de dcumentationencoresuffisante.Il importe

toutefois d’en faire ressortir quelquesremarquesplus importantes,car j’aurai

moi-mêmeplus tard à y appuyer.

1° Il a pu y avoir à Madagascar des Africains, mais ces Africains

'étaient en petit nombre et peu civilisés, car si lapopulation évincéeavait été

de quelquevaleur on aurait de sestraces, soit dans les moeurs,soit dans la

langue de nos Malgaches. Je reviendrai plus d’une fois sur cet argument

capital. Toujours on se heuite lorsqu’il s’agit d’admettre à Madagascar

quelquemélange,contie cette implacableunité demoeurset surtout de langue

qui englobe toutes les tribus sans exception, sans que l’on puisse

découvrir ici ou là quelque ilôt témoin d’u n autre

idiome ou d’une autre race qui aient entamé cette unité.

2° M. Grandidier estimeque les immigrants malayo-polynésiensétaient

en petit nombrelorsqu’ilsfurent amenéspour la premièrefois par leurs praos

et il sedemandeensuitesi cepetit groupe n’a pas.commencépar se développer

dans quelquecoin de l’île pour étendre ensuite son action en chassantet en

détruisant les premiers occupants.

Ce sont encoredeux points sur lesquelsjemesensd’accordavec lui. Si

j’explique autrement que lui la venue de ceux qu’il appelle des malayo-

polynésiens, j’estime avec lui qu’ils ont fait d’abord un groupement peu

nombreux mais absolument unique qui s’est développépeu à peu

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88 R. P. H. M. Dubois, S. J.,

poussantdevant lui des petits groupes autocthonesde faible résistanceet defaible densité.

3° Pour ce qui est de ces restesd’une civilisation disparue appartenantà une race antérieure aux Malgaches actuels, il peut y avoir à cela doubleexplication,soit qu’on admetteque parmi les Africains qui ont peuplé Mada¬gascar il y avait déjà quelqueindustrie, soit qu’on attribue cesvestigesà quel¬quesgroupessupérieursamenéspar accidentdans la Grande-Ile commeil yen a eu tant surtout au Nord et au Nord-Ouest, mais disparus depuislongtemps.

DernièrementM. Waterlot présentait à l’Institut d’Anthropologie desmobiliers de sépultures de la côte Nord-Ouest de Madagascar; des brûle-parfums, desvases,desassiettesen terre cuite,d’un type inconnu actuellement.Je penseque leur decouverten’a rien qui doive tellement nous surprendrequand on satt que la cote Nord-Ouest a été visitée de temps immémorial parles Arabeset les Semites.

A ce propos M. Verneau faisait remarquerque les influencesafricainessesont fait sentir dansune grande proportion à Madagascaret M. G. Julienajoutait:«Les traces de l’influence africaine ne ¿ w

Antalaotra ni aux usages n « aS mitent a Madagascar, ni aux sépultures“ MJ —“

B. La MigrationMalayo-Polynésienne.M. De Quatrefages dans son Histoire des RacesHumaines (d. 396)pToouToTé;!3 Sit"a1i<>"'11sen*lerait- à l’entendre, que les nègres

Voici comment^exprime:^ ^ Afri«te * Otande.Il«.

«Les Arabes ont pénétré à diverses reprises dans l„ r- asont venus se placer des Malais que M Grandioif* Grande'Ile- • • ■A cote d eux

rais et dont les Hovas ont conservé le type plusPenSeP°uvoir rattacher aux Madu-

ceux-ci par l’intermédiaire de plusieurs tribuson°U m°mS altéré par le crolsement- ^

présente les caractères craniologiques des Bantou*3UX ^akalava, dont une Paid'e

chent des Mélanésiens par ces mêmes caractères* 1S^Ue d’aidres se rappro-

«Mais toutes ces populations n’ont qu’une irattache aux idiomes Océaniens...» angue... et cette langue se

«Il faut donc admettre qu’à une époque indéterminé a ,lation nègre venant des régions orientales a abordé m h

°rt ancienne’ .une.popu*

étaient dolicocéphales et qu’ils parlaient un dialecte océan!aga^Car’ que ^ immi£rant;>

toutes les exigences de cette hypothèse que confirmentCde^ateTn s^ufl«Quand,niEiq comme M. Feoueuv.lle, a sigualé la ressemblance entre les Mélanésienset certains Malgaches ...»

«Les considérations tirées de la linguistique confirment w . „conduit l’étude des caractères physiques..

' auxquelles

«Elles permettent d’aller plus loin. Si l’on tient compte des Indications que peutfournir l’étude des langues sur la successiondes populations, on sera conduit à admettreque ces émigrés orientaux ont précédé les Africains à Madagascar etavaient peut-être peuplé l’île entière avant de se mêler aux Bantous et aux Mozatnbiquesou tout au moins, qu’ils étaient assez nombreux et assez forts pour imposer leur langueà toutes les tribus indigènes. En se plaçant à ce point de vue, Madagascar apparaît comme


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