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Rapport de la Mission d’Observation de L’Union...

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COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE RAPPORT DE LA MISSION D’OBSERVATION DE L’UNION AFRICAINE AU PREMIER TOUR DES ELECTIONS LEGISLATIVES DU 24 NOVEMBRE 2013 EN REPUBLIQUE DE MALI
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COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE

RAPPORT DE LA MISSION D’OBSERVATION DE L’UNION AFRICAINE AU

PREMIER TOUR DES ELECTIONS LEGISLATIVES

DU 24 NOVEMBRE 2013 EN REPUBLIQUE DE MALI

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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TABLE DES MATIERES ABBREVIATION................................................................................................................................... 3

I. INTRODUCTION ............................................................................................................................... 4

II. OBJECTIFS ET METHODOLOGIE ............................................................................................. 4

Objectifs .............................................................................................................................................. 4

Méthodologie ...................................................................................................................................... 5

III. ACTIVITÉS PRE- ELECTORALES ......................................................................................... 5

Déploiement ........................................................................................................................................ 6

III. CONTEXTE DES ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2013 .......................................................... 6

Historique ............................................................................................................................................ 6

Contexte politique ............................................................................................................................... 7

IV. CONSTATS ET OBSERVATIONS ........................................................................................... 8

Cadre légal .......................................................................................................................................... 8

Organe de gestion des élections .......................................................................................................... 9

Système électoral ................................................................................................................................ 9

Règlement du contentieux électoral .................................................................................................. 10

Enregistrement des électeurs ............................................................................................................. 10

Education civique et électoral ........................................................................................................... 12

Partis politiques, campagne électorale et proclamation des résultats ............................................... 12

Participation des femmes et des jeunes ............................................................................................. 12

Medias ............................................................................................................................................... 13

Formation des agents électoraux ....................................................................................................... 13

Sécurité ............................................................................................................................................. 13

V. JOUR DU SCRUTIN .................................................................................................................... 13

Ouverture des bureaux de vote.......................................................................................................... 13

Matériel électoral .............................................................................................................................. 13

Participation électorale ...................................................................................................................... 13

Opérations de vote ............................................................................................................................ 14

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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Le personnel des bureaux de vote ................................................................................................. 14

L’observation des élections ........................................................................................................... 14

Sécurisation du vote ...................................................................................................................... 14

Dépouillement et transmission des résultats ................................................................................. 14

VI. OBSERVATION POST-ELECTORALES .............................................................................. 15

VII. CONCLUSION ET RECOMMENDATIONS ......................................................................... 15

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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ABBREVIATION

APEM : Réseau d’Appui au Processus Electoral au Mali

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CENI : Commission Electorale Nationale Indépendante

CEN-SAD : Communauté des Etats Sahélo Sahéliens

CUA : Commission de l’Union africaine

DGE : Délégation Générale aux Elections

EISA : Institut Electoral pour une Démocratie durable en Afrique

JCI : Jeune Chambre Internationale/Mali

MINUSMA : Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour la

Stabilisation au Mali

MISAHEL : Mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel

MISMA : Mission Internationale de Soutien au Mali

MOEUA : Mission d’observation électorale de l’Union Africaine

NINA : Numéro d’identité nationale

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

RAVEC : Recensement Administratif à Vocation Etat Civil

UE : Union Européenne,

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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I. INTRODUCTION

1. Sur invitation du Gouvernement de la République du Mali, la Présidente de la

Commission de l’Union africaine (CUA), S.E.Dr Nkosazana Dlamini Zuma a dépêché

au Mali, une Mission d’observation dans le cadre des élections législatives du 24

novembre 2013.

2. La Mission était dirigée par S.E.M. Dileita Mohamed Dileita, ancien Premier Ministre

de la République de Djibouti.

3. Elle était composée de cinquante (50) observateurs à court terme arrivés au Mali le 17

novembre 2013. Il s’agit de parlementaires panafricains, de responsables d’institutions

électorales, de membres de la Société Civile africaine ainsi que les représentants de la

Mission de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) dont les observateurs

des droits de l’homme présents sur le territoire national depuis le mois d’Avril 2013.

4. Ces observateurs provenaient des 22 pays africains suivants: Algérie, Bénin, Burkina

Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gambie, Guinée, Lesotho,

Liberia, Mauritanie, Niger, Nigéria, République Centrafricaine, République

Démocratique du Congo, Sénégal, Sierra Leone, Tunisie et Ouganda.

5. La Mission était assistée et supervisée par une équipe de fonctionnaires de la Commission

de l’Union africaine et du Parlement panafricain.

6. Elle a, en outre, bénéficié de l’appui technique des experts de l'Institut Electoral pour une

Démocratie durable en Afrique (EISA).

II. OBJECTIFS ET METHODOLOGIE

Objectifs

7. L’objectif de la Mission est de faire une évaluation indépendante, objective et impartiale

des élections législatives du 24 novembre au Mali.

8. En conformité avec cet objectif, la Mission de l'Union africaine a observé les élections

dans l'esprit et la lettre des dispositions des instruments ci dessous :

la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, qui est

entrée en vigueur le 15 Février 2012 et qui vise à améliorer les processus

électoraux en Afrique, à renforcer les institutions électorales et la tenue

d'élections justes, libres et transparentes;

la Déclaration de l’UA/OUA sur les principes régissant les élections

démocratiques en Afrique AHG/Décl.1 (XXXVIII) telle qu'adoptée par la

Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine en

Juillet 2002 ;

les Directives de l’Union africaine pour les missions d’observation et de suivi

des élections, les instruments internationaux pertinents régissant l'observation

des élections ;

la Constitution et les lois pertinentes de la République du Mali.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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9. Les observations et conclusions de la Mission sur les procédures de vote et de

dépouillement sont présentées dans le présent rapport, destiné aux autorités maliennes

compétentes. Il vise à faire une analyse approfondie du processus électoral et proposer les

recommandations de la Mission.

Méthodologie

10. La méthodologie adoptée a été la suivante:

Prise de contact avec les principaux acteurs du processus électoral ;

Analyse du contexte général de l’organisation des élections législatives ;

Déploiement des observateurs du scrutin sur toute l’étendue du pays;

Organisations des séances d’information et de restitutions des observateurs ;

Publication de la déclaration préliminaire ; et

Soumission du rapport final de la Mission.

11. L’évaluation du processus électoral a porté sur la régularité, la transparence, l’équité et le

déroulement du scrutin, notamment :

les conditions nécessaires à l’organisation d’élections libres, transparentes et

inclusives ;

la conformité des opérations électorales avec le cadre légal et institutionnel

régissant les élections au Mali ainsi que les standards universels et africains en

matière d’organisation des élections.

III. ACTIVITÉS PRE- ELECTORALES

12. En conformité avec les Directives de l'Union africaine en matière d’observation et de

suivi des élections, la Mission a rencontré et consulté les différentes parties prenantes du

processus électoral. Il s’agit notamment du Président de la République, du Premier

Ministre, du Ministre de la Défense, du Ministre de l’Administration du Territoire, du

Ministre de la sécurité intérieure, du Président de la Commission Electorale Nationale

Indépendante, du Délégué Général aux Elections, du Représentant spécial de la

Présidente de la Commission de l’Union Africaine, du Représentant Spécial du

Secrétaire Général des Nations Unies, des autres Missions d’observation électorale dont,

la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union

Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) de la Communauté des Etats

Sahélo Sahéliens (CENSAD) et de l’Organisation Internationale de la Francophonie

(OIF).

13. Il est ressorti de ces différentes rencontres, les constats suivants :

des efforts ont été fournis, dans l’ensemble, pour améliorer le processus électoral

au Mali eu égard aux recommandations émises par la Mission d’observation

Electorale de l’Union africaine lors des deux tours de l’élection présidentielle,

notamment, en matière de sécurité principalement dans le nord du pays. Ces

améliorations ont porté aussi sur le retrait des cartes NINA (Numéro d’identité

nationale), le rapprochement des électeurs des bureaux de vote, le renforcement

des capacités des agents électoraux, la diversification du marquage des bulletins

de vote, la garantie d’un libre accès des observateurs à toutes les phases et

opérations techniques du processus,

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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malgré ces améliorations, la sécurité demeure le défi majeur à surmonter

notamment dans le nord du pays ;

Déploiement

14. La Mission a déployé 12 équipes qui ont couvert le District de Bamako ainsi que les 8

régions du pays que sont : Gao; Kayes; Kidal, Koulikoro; Mopti; Ségou, Sikasso; et

Tombouctou.

15. Les observateurs de l’Union Africaine ont bénéficié, avant leur déploiement d’une session

d’orientation reçue des experts de l’EISA sur la méthodologie d’observation, le code de

conduite de l’observateur international ainsi que sur le cadre légal et institutionnel

régissant l’élection présidentielle au Mali.

16. Sur le terrain les observateurs de l'Union africaine ont eu des rencontres avec les acteurs

impliqués dans le processus électoral, les organisations de la société civile et les medias.

III. CONTEXTE DES ELECTIONS LEGISLATIVES DE 2013

Historique

17. Les événements du 22 Mars 2012, qui ont conduit au renversement de l’ordre politique

au Mali, ont aggravé l’environnement sécuritaire marqué par des tensions politico-

militaires déjà en cours dans le pays et dans certaines de ses régions.

18. Les initiatives de normalisation de l’environnement sécuritaire et politique entreprises

par le Gouvernement malien avec l’appui de ses partenaires régionaux et internationaux

ont nécessité la tenue d’élections crédibles, libres et transparentes sur toute l’étendue du

territoire national en vue de consolider la paix, d’initier une réconciliation des filles et

des fils du Mali, et de poursuivre les actions de développement du pays.

19. Invitée à apporter son appui à ce processus politique et à observer cette consultation

électorale, l’Union africaine, en plus des initiatives déjà entreprises, notamment la mise à

la disposition de deux experts électoraux à la CENI et la DGE a dans le cadre de

l’élection présidentielle déployé une équipe d’observateurs électoraux. Ce déploiement

s’est effectué en deux temps : un premier déploiement d’observateurs de long terme

depuis le 15 Juin 2013 ; puis un deuxième déploiement d’observateurs de court terme

depuis le 21 Juillet 2013 pour le premier tour puis le 07 aout 2013 pour le second tour.

Les observateurs de long terme ont suivi les opérations électorales jusqu’à la

proclamation définitive des résultats du second tour de l’élection présidentielle.

20. Il y a lieu de préciser que le 24 juin 2013, le Panel des sages de l’Union africaine a

effectué une Mission d’évaluation préélectorale au Mali, conformément à son mandat.

21. Les efforts militaires, les accords de paix, les compromis politiques nationaux et sociaux

ont donc favorisé la mise en œuvre de tous les aspects du processus électoral, dont les

premières échéances ont été les élections présidentielles du 28 Juillet et du 11 Août 2013.

A l’issue du second tour, Monsieur Ibrahima Boubacar Kéita sera élu président de la

République du Mali avec 77.61% au détriment de Soumaila Cissé.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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Contexte politique

22. Au cours des 20 dernières années, le Mali avait réussi à consolider une démocratie

relativement stable, le hissant au rang de référence sous-régionale voire même africaine

en la matière. Les Gouvernements en effet se succédaient au pouvoir suite à des

consultations électorales transparentes et régulières, dont les résultats ont été

globalement acceptés par les différentes forces politiques. La marche démocratique du

pays sera cependant entravée par le coup d’Etat du 22 mars 2012 mené par le capitaine

Sanogo, un mois avant la fin du deuxième mandat du Président Amani Toumani Touré, à

la suite de l’occupation du nord du pays par des bandes armées ou terroristes.

23. La recherche d’un consensus national en vue de la résolution de cette grave crise, a

conduit à la mise en place d’équipes gouvernementales successives chargées de conduire

le pays vers une normalisation sécuritaire, politique et sociale.

24. Parallèlement à la recherche d’une solution politique, des opérations militaires, à

l’initiative de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des partenaires internationaux, ont

été menées, en vue de soustraire le pays aux menaces de désintégration territoriale ainsi

qu’aux menaces de groupes armés actifs dans certaines régions.

25. Les initiatives diplomatiques nationales et internationales ont permis l’adoption de la

Résolution 2100 mettant en place, le 25 Avril 2013, la MINUSMA (Mission

Multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation au Mali) en

remplacement la MISMA (Mission Internationale de Soutien au Mali). Le 1er Juillet

2013, la MINUSMA a été officiellement installée.

26. Le 18 Juin 2013, l’Accord préliminaire d’Ouagadougou conclu entre le Gouvernement

malien et les groupes armés a ouvert la perspective de la tenue d’élections générales sur

toute l’étendue du territoire de la République du Mali.

27. Ces élections de sortie de crise et de normalisation s’annonçaient toutefois dans un

contexte particulier impliquant des contraintes sécuritaires, institutionnelles et techniques

majeures.

28. Les acteurs politiques nationaux, soucieux de sortir le pays de la crise dans laquelle il

était plongé se sont, malgré tout, engagés résolument dans ce processus de normalisation

par la tenue d’élections libres et crédibles.

29. La matérialisation d’une telle dynamique s’est notamment traduite par l’élection d’un

nouveau Président de la République en Août 2013. Ces législatives de, novembre 2013

marque un pas en avant dans la volonté de l’ensemble des Maliens à œuvrer pour la

restauration l’ordre constitutionnel.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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IV. CONSTATS ET OBSERVATIONS

Cadre légal

30. Le cadre normatif régissant l’organisation des élections législatives au Mali vise à

assurer le respect des principes démocratiques, gage de cohésion nationale. Il est

constitué de l’ensemble des instruments internationaux signés par le Mali et dont les

normes sont traduites dans le droit interne. Il s’agit notamment de :

la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ;

la Déclaration de l’OUA sur les principes régissant les élections démocratiques

en Afrique AHG/Decl.1 (XXXVIII) ; et

les Directives de l’Union Africaine pour les Missions d’observation et de suivi

des élections.

31. Au delà de ces instruments régionaux auxquels le Mali a librement adhéré, les élections

du 24 Novembre 2013 ont été régies par la Constitution du Mali et les lois en vigueur,

notamment :

la Loi électorale No 06-044 du 04 septembre 2006, modifiée par la Loi No 2011-

085 du 30 Décembre 2011 et la Loi No 2013-017 du 21 mai 2013 ; et

L’ordonnance No 91-075/PCTSP du 10 octobre 1991 portant la Charte des partis

politiques.

32. Il est important de souligner que la Constitution et les lois électorales du pays font l’objet

d’un relatif consensus de la part des partis politiques et candidats engagés dans les

élections législatives.

33. Il ressort des dispositions constitutionnelles et légales du Mali que le Parlement

comprend une chambre unique appelée Assemblée Nationale. Les membres de

l'Assemblée Nationale portent le titre de Député (Article 59 de la Constitution).

34. L’Assemblée Nationale est composée de 147 députés élus au suffrage universel direct et

secret pour un mandat de cinq (5) ans. L’élection est acquise au scrutin majoritaire à

deux tours.

35. En plus, la Constitution reconnait les droits politiques tels que la liberté d’association, de

réunion, d’opinion ainsi que le droit pour tout citoyen de participer à la gestion des

affaires publiques de son pays

36. De telles dispositions sont de nature à permettre aux Maliens de choisir librement leurs

députés.

37. En application, des dispositions constitutionnelles et légales, la Cour a validé par son

Arrêt du 24 Octobre 2013 les candidatures aux élections législatives du 24 Novembre

2013. En effet, un total de 1.141 candidats, répartis sur 417 listes, a été validé.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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38. La compétence d’arrêter et de publier la liste des candidats, de procéder au recensement

des votes, de contrôler la régularité du scrutin et de proclamer les résultats définitifs

appartient à la Cour Constitutionnelle.

Organe de gestion des élections

39. La Loi électorale malienne (Loi électorale No 06-044 du 04 Septembre 2006, modifiée

par la Loi No 2011-085 du 30 Décembre 2011 et la Loi No 2013-017 du 21 Mai 2013) a

prévu les organes compétents pour organiser et superviser les élections. Ces organes

sont : le Ministère de l’Administration Territoriale, la Commission Electorale Nationale

Indépendante (CENI) et la Délégation Générale aux Elections (DGE). La Loi définit le

rôle spécifique de chacun de ces organes tout en assurant qu’ils travaillent avec

impartialité, intégrité et transparence. Tous ces organes ne sont pas nouveaux. Ils ont été

mis en place bien avant les événements politiques du 22 Mars 2012 et contiennent par

conséquent des mécanismes de fonctionnement auxquels ses animateurs, mais également

les responsables politiques sont familiers ; ce qui constitue un atout important pour

l’instauration d’une atmosphère de confiance politique dans les aspects techniques du

processus électoral.

40. Conformément à l’article 26 de la loi électorale, le Ministère de l’Administration

Territoriale assure la préparation technique et matérielle de l’ensemble des opérations

électorales.

41. Suivant les dispositions de l’article 3 de la Loi électorale de 2013, la CENI est chargée

de la supervision et du suivi des élections.

42. Aux termes de l’article 25 de la Loi électorale, la DGE élabore et gère le fichier électoral.

Elle s’occupe par ailleurs de la gestion du financement public des partis politiques.

43. Ces organes ont des démembrements qui assurent l’effectivité du travail sur le terrain

tout en permettant la continuité de l’expertise électorale.

Système électoral

44. Comme souligné plus haut, les élections sont régies par la loi No 06-044 du 4 septembre

2006, modifiée par la loi numéro 2011-085 du 30 décembre 2011 et la loi numéro 2013-

017 du 21 mai 2013.

45. Aux termes des articles 156 et suivants de la loi électorale, pour l'élection des députés à

l'Assemblée nationale, les circonscriptions électorales sont constituées par les cercles et

les communes du District de Bamako. Les députés à l'Assemblée nationale sont élus au

scrutin majoritaire à deux (2) tours dans les cercles et les communes du District de

Bamako. Nul n'est élu au premier tour du scrutin s'il n'a pas réuni la majorité absolue des

suffrages exprimés. Si celle-ci n'est pas obtenue, il est procédé à un second tour le 21ème

jour suivant la date du premier tour.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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46. Prennent part au second tour, les deux candidats ou les deux listes de candidats ayant

obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés au premier tour. Est déclaré élu, le

candidat ou la liste de candidat qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés.

La durée du mandat de député est de cinq (5) ans.

47. Il faut souligner que le système majoritaire malien – même à deux tours – défavorise les

petits partis et peut aboutir à des résultats « injustes » du point de vue de la

représentation des différentes tendances politiques.

48. En vue d’atténuer de tels effets, les partis politiques maliens ont dans la pratique

constitué des listes consensuelles qui ont engendré des coalitions contre-nature

regroupant des partis originellement opposées.

49. De nombreux Maliens ont par ailleurs, exprimé, le vœu de voir abandonner la pratique

des deux tours aux élections législatives en raison de considérations financières.

50. En outre, le délai pour l’organisation du deuxième tour, 21 jours après la date du premier

tour, pouvant créer des problèmes techniques et organisationnels, il aurait été préférable

de le compter à partir de la proclamation des résultats définitifs du premier tour. Une

telle disposition serait de nature à minimiser l’impact des délais de proclamation des

résultats provisoires et de gestion du contentieux y relatif sur l’organisation du second

tour, accordant ainsi suffisamment de temps au Ministère en charge des élections pour

les préparatifs matériels mais aussi aux candidats pour battre campagne.

Règlement du contentieux électoral

51. L’article 167 de la loi électorale dispose que « le contentieux relatif au référendum, à

l'élection du Président de la République et des députés à l'Assemblée Nationale relève de

la Cour Constitutionnelle conformément à la loi organique déterminant les règles

d'organisation et de fonctionnement de la Cour Constitutionnelle ainsi que la procédure

suivie devant elle ».

52. En application de cette disposition, la Cour Constitutionnelle contrôle la régularité du

scrutin et en proclame les résultats définitifs. Elle détermine les règles d’organisation, de

fonctionnement ainsi que la procédure suivie devant elle.

Enregistrement des électeurs

53. Le fichier électoral a été établi par les commissions administratives prévues par les

articles 41 et 42 de la loi électorale N°06-044 du 4 septembre 2006 modifiée par la loi n°

2011-085 du 30 décembre 2011 et la loi n°2013-017 du 21 mai 2013.

54. La Mission a noté que la carte NINA a été retenue comme carte d’électeur. Cependant,

les jeunes de 18 ans, non enrôlés lors de l’opération du recensement administratif à

vocation état civil (RAVEC), n’ont pas pu exercer leur droit à réclamation, prévu à

l’article 52 de la loi électorale, eu égard aux contraintes techniques, politiques et de

temps. Il en est de même des enrôlés détenteurs des récépissés et non retrouvés sur les

listes électorales. Etant donné que l’inscription sur la liste électorale fait partie des

conditions prévues à l’article 27 de la loi électorale pour voter, ces potentiels électeurs

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non-inscrits n’ont pas pu exercer leur droit de vote. Cependant, cette situation a fait

l’objet d’un consensus de la classe politique.

55. Après l’établissement de la liste électorale caractérisée par les validations, les radiations

et les transferts pour cause de changement de domicile, la Délégation Générale aux

Elections a arrêté, la liste des électeurs au niveau national à 6 564 545 électeurs. Celle-ci

se compose de 3.345.877 femmes et 3.218.668 hommes repartis dans les différents

bureaux de vote comme ci-après.

4

I. Rappel des statistiques des électeurs de l’intérieur avant les

opérations de transfert

REGION Nbre_Lieu_Vote Nbre_Bureau Electeurs_Femmes Electeurs_Hommes

Total

Electeurs

DISTRICT DE

BAMAKO 130 2163 478638 571090 1049728

GAO 512 808 131600 130351 261951

KAYES 1802 2651 429172 372306 801478

KIDAL 204 233 14472 20623 35095

KOULIKORO 2225 3133 496495 454369 950864

MOPTI 2254 3086 477783 457297 935080

SEGOU 2444 3433 527308 501363 1028671

SIKASSO 2105 3438 616873 552108 1168981

TOMBOUCTOU 1035 1330 173536 159161 332697

Total 12 711 20 275 3 345 877 3 218 668 6 564 545

Source : DGE Mali (novembre 2013)

56. La population électorale la plus importante est celle de la région de Sikasso (1.168.981),

suivie du district de Bamako (1.049.728) et de la région de Ségou (1.028.671). Avec ses

trente-cinq mille quatre-vingt-quinze (35.095) inscrits, Kidal se présente comme la

région qui compte le moins d’électeurs soit 0,51%1. En dehors du fait que la région de

Kidal n’est pas très peuplée, ce faible taux d’électeurs peut s’expliquer par les

déplacements massifs des populations vers d’autres régions et à l’extérieur du Mali en

raison de l’attaque de la zone par les rebelles.

57. Le nombre de Maliens de l’étranger enregistré s’élève à deux cent soixante-cinq mille

cent cinquante et un (265.151). Celui des refugiés figurant sur la liste électorale s’élève à

10019 : soit, 8334 en Mauritanie, 857 au Niger et 828 au Burkina Faso.

58. Conformément à l’article 58 de la loi électorale, les listes électorales définitives étaient

publiées et affichées une semaine avant l’élection.

1. Délégation Générale aux Elections, Fichier Electoral Biométrique 2013, Statistiques Electorales.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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Education civique et électoral

59. A toutes les étapes du processus, le Gouvernement, la société civile, les medias, les partis

politiques, les chefs traditionnels et religieux, les autorités locales et les organisations

internationales, ont pris une part active dans la sensibilisation des citoyens. Mais cette

sensibilisation n’a pas positivement influé la participation des électeurs aux élections

législatives.

Partis politiques, campagne électorale et proclamation des résultats

60. Des sessions de formations spécifiques sur le processus électoral ont été organisées par

des partenaires nationaux et internationaux à l’intention des partis politiques.

61. Les organes en charge des élections, la société civile et les médias ont réitéré aux

candidats, la nécessité d’une campagne électorale apaisée.

62. La campagne électorale s’est déroulée du 3 au 22 novembre 2013 sans incident majeur

mais dans une ambiance morne et terne ; les partis et candidats ayant opté, pour une

campagne de proximité.

63. L’article 76 de la loi électorale fixant les emplacements spéciaux réservés à l’affichage

relatif à l’élection n’a pas toujours été respecté. Cependant, la Mission n’a pas eu

connaissance d’une quelconque sanction pour cette violation.

Participation des femmes et des jeunes

64. Les observateurs ont noté une importante représentation des femmes en qualité d’agents

électoraux, de délégués de partis politiques et de candidats ou d’observatrices. De

nombreuses femmes étaient également dans les bureaux de vote et dans les files d’attente

comme électrices. Cette participation importante des femmes lors du scrutin du 24

novembre 2013 a contrasté avec les candidatures féminines. En effet, sur les 1141

candidatures validées pour l’élection à la députation, l’on ne retrouve que 156 femmes

soit 14%.

65. Les femmes ne sont pas suffisamment responsabilisées dans les organes de gestion des

élections. Aucune femme n’est à la tête des organes de gestion des élections. De plus,

elles sont sous représentées à l’intérieur de ces organes. On compte une femme sur les

quinze membres de la CENI. Aucune n’est présidente de commission locale ou

communale de la CENI. Par contre, sur les neuf membres de la Cour Constitutionnelle,

quatre sont des femmes.

66. La question de l’égalité et de l’équité n’est pas suffisamment prise en compte dans les

programmes de société des candidats.

67. Il est encourageant de constater que la majorité des mandataires des candidats,

d’observateurs et d’agents électoraux était des jeunes. Cela devra constituer un aspect

important dans l’appropriation par la jeunesse de la gouvernance participative au Mali.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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Medias

68. Le Mali dispose d’un organe qui veille à une gestion équitable du temps d’antenne et de

l’espace rédactionnel consacrés aux candidats et aux formations politiques à l’occasion

des campagnes électorales. C’est l’Institution en charge de la régulation des medias.

Pendant ces élections, elle a permis à tous les candidats et partis politiques de bénéficier

de l’accès aux medias d’Etat de façon égalitaire.

69. Les médias ont joué un rôle constructif dans la sensibilisation des populations sur le

processus électoral au niveau local et national. Il en a été de même pour les artistes qui

ont utilisé ces canaux pour faire passer des messages de paix, d’unité et de cohésion

nationale.

Formation des agents électoraux

70. La formation des agents électoraux et des délégués de la CENI s’est déroulée du 22 au 23

novembre 2013, sur toute l’étendue du territoire.

Sécurité

71. La Mission a constaté que le plan de sécurisation du processus électoral, par les forces

de sécurité et de défense nationales et internationales, a été opérationnel.

72. La situation sécuritaire au Mali s’est améliorée dans l’ensemble. Cependant, elle

continue d’être une préoccupation.

73. Au moment de la finalisation du présent rapport, aucun incident majeur de nature à

perturber le bon déroulement du processus électoral n’a été observé, ni porté à l’attention

de la Mission.

V. JOUR DU SCRUTIN

Ouverture des bureaux de vote

74. La plupart des bureaux de vote visités par les observateurs de la Mission de l’Union

africaine ont ouvert à l’heure. Ils étaient en général facilement accessibles et aménagés

de manière à assurer la fluidité du vote.

Matériel électoral

75. Le matériel électoral était généralement disponible à temps et en quantité suffisante.

Participation électorale

76. La liste électorale malienne compte 6 564 545 électeurs appelés à exprimer leur voix

dans 20 275 bureaux de vote. La Mission a noté que, contrairement à l’engouement des

deux tours de la présidentielle, les Législatives ont été marquées par une faible affluence

des électeurs.

77. Si les acteurs interrogés expliquent cette désaffection par le découragement des

populations vis-à-vis des politiques, diverses raisons pourraient en être la cause,

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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notamment le désintérêt naturel des électeurs de certains pays africains pour les

élections autres que présidentielle. Outre le renforcement de la sensibilisation sur

l’intérêt des élections législatives et communales dans le dispositif démocratique, l’une

des solutions à pareille baisse de la participation pourrait résider dans le couplage des

élections législatives avec la présidentielle.

Opérations de vote

Le personnel des bureaux de vote

78. Le personnel des bureaux de vote (Présidents et assesseurs) a exercé ses fonctions dans

une ambiance conviviale et de courtoisie mutuelle. La plupart d’entre eux étaient à leurs

postes à l’heure.

L’observation des élections

79. Les équipes déployées sur le terrain ont noté dans les bureaux de vote visités la présence

d’observateurs nationaux notamment, APEM, CARITAS, JCI etc. Le réseau APEM par

exemple, suivant un plan de déploiement proportionnel au nombre des bureaux de vote, a

déployé 3700 observateurs nationaux fixes et 200 superviseurs sur l’ensemble du

territoire national.

80. Les observateurs internationaux étaient principalement composés de la CEDEAO,

l’Union Européenne, l’OIF, la CEN-SAD, l’UEMOA ainsi que des représentants de

Certaines chancelleries occidentales accréditées en République du Mali. Toutefois, la

Mission d’observation électorale de l’Union Africaine a été la seule présente dans la

région de Kidal.

Sécurisation du vote

81. Une présence effective et discrète des forces de l’ordre et de sécurité a été notée à

l’intérieur et autour des centres de vote, sans que les électeurs ne se sentent intimidés.

82. Le fait qu’il n’y ait pas eu d’incident majeur pendant le déroulement du vote le 24

novembre 2013 confirme que des mesures de sécurité adéquates ont été prises par le

gouvernement malien avec l’appui des partenaires internationaux. La Mission a

cependant noté des incidents au nord du pays dans les Régions de Tombouctou et de

Kidal. Ceux-ci ont parfois pris la forme de tentative d’empêchement du vote sans que

cela ne porte atteinte au climat général de calme qui a caractérisé le jour du scrutin.

Dépouillement et transmission des résultats

83. La procédure du dépouillement n’a pas toujours été la même dans l’ensemble des

bureaux de vote observés. Si dans certains bureaux de vote les urnes étaient ouvertes et le

comptage immédiatement effectué, dans d’autres le rapprochement entre le nombre

d’émargements des listes et le nombre de bulletins s’effectuait avant le dépouillement.

84. Par ailleurs, la Mission a relevé que le remplissage manuel des documents nécessaires au

dépouillement était long et laborieux. Les noms des candidats connus des semaines avant

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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les élections n’étaient pas repris sur les trois principaux documents de dépouillement,

notamment : «Feuille de dépouillement », « Procès-verbal des opérations électorales » et

« Récépissés des résultats des bureaux de vote ».

85. Les observateurs ont noté que, dans de nombreux bureaux de vote, les différentes fiches

de dépouillement ci-dessus citées étaient systématiquement signées et cachetées par le

Président et les assesseurs avant même que l’urne ne soit ouverte et que le comptage ne

commence. Une telle pratique peut, de l’avis de la Mission, conduire à des abus et à des

fraudes.

86. Les salles et espaces de dépouillement étaient peu éclairés par endroits. Les bureaux de

vote observés ne disposaient en effet que d’une seule lampe.

87. La Mission a noté en outre qu’après le dépouillement, le matériel électoral, notamment

les bulletins de vote utilisés et non utilisés ainsi que les documents de dépouillement

étaient proprement conditionnés et acheminés afin de servir de base au règlement

éventuel de tout contentieux.

88. Si la transmission des résultats des centres de vote aux commissions locales de

centralisation s’est effectuée dans les normes, la Mission relève cependant qu’un effort

reste à faire pour une meilleure organisation et sécurisation des plis électoraux.

89. Les enveloppes en plastique des fiches de résultats n’ont pas fait l’objet du même

traitement. Certains agents de bureaux de vote ne marquaient aucune indication sur ces

enveloppes contrairement à d’autres.

VI. OBSERVATION POST-ELECTORALES

90. L’observation de la centralisation au niveau du gouvernorat de Bamako a constitué

l’activité principale de la Mission avant son démantèlement en vue de la préparation du

second tour des élections législatives.

VII. CONCLUSION ET RECOMMENDATIONS

91. La Mission félicite le peuple malien pour le comportement responsable et citoyen qu’il a

affiché le 24 novembre 2013, pendant le déroulement des élections législatives.

92. Elle se réjouit de la prise en compte par les autorités maliennes, des recommandations des

Missions de l’Union Africaine lors des deux tours de la présidentielle. Les félicite pour la

bonne conduite du processus électoral par le Ministère de l’Administration Territoriale,

la DGE et la CENI.

93. La Mission salue la retenue et la maturité des partis politiques et des candidats dans la

conduite du processus électoral.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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94. Elle continuera de suivre avec une attention particulière toutes les phases post- scrutin

notamment le traitement et l’annonce des résultats, ainsi que le règlement du contentieux

électoral qui pourrait en résulter.

95. La Mission voudrait formuler, toutefois, les recommandations suivantes :

Au Gouvernement :

Réexaminer le cadre légal électoral malien afin de trouver un système électoral

basé sur la proportionnelle favorisant une meilleure représentativité des

formations politiques et le renforcement de la démocratie;

Mettre en place une structure unique et pérenne de gestion des élections

conformément aux dispositions de la Charte africaine de la démocratie, des

élections et de la gouvernance;

Renforcer les dispositions pour améliorer la représentation de la femme dans la

vie politique conformément au Protocole à la Charte Africaine des Droits de

l’Homme et des Peuples relatif aux Droits des femmes ;

Examiner la possibilité de coupler les élections législatives et présidentielle afin

d’améliorer la participation électorale de la population; et

Examiner la possibilité d’adopter un seul tour pour les élections législatives.

A l’organe de gestion des élections :

Renforcer la capacité des agents électoraux; et

Améliorer et sécuriser la transmission des résultats aux commissions locales de

centralisation des voix même par l’utilisation des technologies de l’information et

de la communication.

Aux candidats et partis politiques :

Continuer à privilégier le dialogue et le respect de l’intérêt général comme moyen

pour surmonter les contradictions qui pourraient surgir dans le processus politique

en cours; et

User des voies légales de recours afin d’exprimer et de régler les contestations qui

pourraient découler de la conduite des opérations électorales.

A la société civile :

Continuer son implication dans la crédibilisation du processus électoral malien à

travers la participation dans l’observation des élections et la sensibilisation des

citoyens à une plus grande participation aux différents scrutins.

Rapport de la Mission d’Observation de L’Union Africaine : Mali 2013

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Au peuple malien :

Continuer à s’engager à toutes les phases du processus électoral de manière

paisible et responsable; et

Se mobiliser d’avantage à l’occasion de tous les scrutins.


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