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Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Date post: 23-Jul-2016
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36
RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE Février 2014 | Numéro 2 Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich Production végétale Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique Page 44 Production animale Valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures Page 52 Eclairage Série ProfiCrops: Agriculture urbaine: le projet FUI Page 60
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Page 1: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

F é v r i e r 2 0 1 4 | N u m é r o 2

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Production végétale Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique Page 44

Production animale Valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures Page 52

Eclairage Série ProfiCrops: Agriculture urbaine: le projet FUI Page 60

Page 2: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

La santé des abeilles est au coeur des préoccupations des chercheurs du Centre de recherche apicole (CRA). Un groupe d’experts, dont fait partie Peter Gallmann (voir portrait, p. 71), ancien responsable du CRA, est en train d’élaborer un catalogue de mesures destinées à protéger la santé des abeilles dans notre pays. (Photo: BGD/SSA)

ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

EditeurAgroscope

Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;

Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch

b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,

Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch

Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: [email protected]

Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich).

AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00

Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse

© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

43 Editorial

Production végétale

44 Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique Adrian Honegger et al.

Production animale

52 Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures Yves Arrigo

Eclairage – Série ProfiCrops

60 Agriculture urbaine: le projet FUI Katja Heitkämper et al.

Eclairage– Série ProfiCrops

64 Win4 dans l'agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques

Otto Daniel et al.

Eclairage

68 Femmes et hommes dans l’agriculture

Hermine Hascher et Esther Thalmann

71 Portrait

72 Actualités

75 Manifestations

Listes variétales

Encarts Liste recommandée des variétés de soja pour la récolte 2014

Raphaël Charles et Jürg Hiltbrunner

Liste recommandée des variétés de maïs pour la récolte 2014 Jürg Hiltbrunner, Ulrich Buchmann, Alice Baux,

Jean-François Collaud, Pierre Pignon et

Mario Bertossa

SommaireFévrier 2014 | Numéro 2

Page 3: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Editorial

43Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 43, 2014

Chère lectrice, cher lecteur,

Quels éléments clés permettent à un sujet, une question ou à de nouveaux

acquis d’attirer l’attention et d’être traité dans un intérêt pratique? Des

personnes très engagées, des conseillères et des conseillers expérimentés,

un réseau de partenaires performant ou simplement des moyens financiers

suffisants? Deux conditions sont essentielles: la volonté de tous les partici-

pantes et participants de faire évoluer la situation, ainsi que la mise à dispo-

sition de ressources.

Échanger, comprendre, progresser

La centrale de vulgarisation agricole AGRIDEA favorise l’échange de connais-

sances et d’expériences entre représentantes et représentants de la vulgari-

sation, de la recherche, du terrain, de l’administration et de la politique.

Parmi les tâches majeures, il faut citer la mise en contact des acteurs du sys-

tème de connaissances agricoles et donc la création et l’appui de réseaux.

D’entente avec leurs partenaires, les collaboratrices et collaborateurs

d’AGRIDEA fixent des objectifs et aident à les atteindre. Si les résultats sont

très divers, tous contribuent d’une manière ou d’une autre à assurer aux

zones rurales un avenir plein de promesses.

Effort en faveur de la cause des femmes

L’article sur la campagne nationale «Femmes et hommes dans l’agriculture,

pour un véritable partenariat» (p. 64) décrit comment l’Union suisse des

paysannes et des femmes rurales, l’Union suisse des paysans, le Forum la

Vulg Suisse et AGRIDEA ont abordé ensemble ce projet concret. Leur colla-

boration, soutenue par l’Office fédéral de l’agriculture, est venue donner un

nouvel élan à la thématique.

Le mot d’ordre de la campagne est «Ensemble»: organiser ensemble

l’entreprise constituée de la ferme et de la vie commune, agir ensemble

pour soutenir les femmes dans leurs revendications.

Informer pour induire un changement des mentalités

Les exploitations familiales ont besoin des femmes et les femmes ont besoin

d’un soutien à leur cause. Si l’on évoque les «femmes dans l’agriculture»,

c’est souvent pour souligner l’insuffisance de leur couverture sociale et juri-

dique ou pour mettre en évidence leur manque de visibilité et leur faible

contribution au succès de l’exploitation. Pour provoquer une évolution posi-

tive et favoriser cette visibilité, il faut par exemple fournir des statistiques sur

les femmes vivant dans des exploitations. Leur contribution au revenu agri-

cole est reconnue. Elles participent activement aux réflexions engageant

l’avenir de l’exploitation. Leur droit d’être associées à la décision en matière

d’investissements va de soi.

Je souhaite plein succès à cette campagne et me réjouis de perspectives

plus riantes pour les femmes et les hommes vivant en milieu rural!

Ulrich Ryser, directeur AGRIDEA

Appliquer concrètement les acquis communs

Page 4: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

44 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

ments pourraient-ils fléchir, par exemple à cause d’une

moins bonne fertilité du sol? La pression des adventices

pourrait-elle être accentuée par les pratiques bio? Une

enquête récente révèle que de nombreux exploitants en

mode conventionnel renoncent à se convertir au bio,

craignant les problèmes de mauvaises herbes (Ferjani et

al. 2010). Par ailleurs, on ne sait pas, faute de recherches

approfondies, si l’agriculture biologique favorise et aug-

mente la biodiversité sur le long terme, notamment

parce que l’utilisation de pesticides y est prohibée.

I n t r o d u c t i o n

En Suisse, l’agriculture biologique prend une place tou-

jours plus importante (Bio Suisse 2013). Les conditions

actuelles du marché entraînent des marges brutes par

hectare plus élevées pour un grand nombre de cultures

conduites selon les techniques biologiques (Zihlmann et

al. 2010), ce qui peut inciter à la conversion. Cependant,

la question de l’évolution à long terme des rendements

et des facteurs de rendement reste ouverte. Les rende-

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologiqueAdrian Honegger, Raphaël Wittwer, Django Hegglin, Hans-Rudolf Oberholzer, Anne de Ferron,

Philippe Jeanneret et Marcel van der Heijden

Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse

Renseignements: Marcel van der Heijden, e-mail: [email protected]

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

Figure 1 | Une des parcelles étudiées. (Photo: Raphaël Wittwer, Agroscope)

Page 5: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

45

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

Toujours plus d'exploitations agricoles

conventionnelles (PER) étudient la possibilité

d'une conversion à la production biologique.

Se pose alors la question de l'évolution des

rendements et des prestations écologiques.

Les effets d'une longue pratique des tech-

niques biologiques sur l'évolution des

rendements, de la flore adventice, de la

biodiversité et de la fertilité des sols ont été

peu étudiés jusqu'ici. Afin de répondre à ces

questions, 34 parcelles ont été choisies,

réparties en quatre groupes d'exploitations:

conventionnelles (PER), converties récem-

ment au mode de production biologique,

«jeunes» et «anciennes» exploitations

biologiques.

Cette étude montre que la pratique des

techniques biologiques à long terme fournit

des rendements en blé d'automne plus

faibles qu'en exploitation PER; les rende-

ments n'ont toutefois pas fléchi au cours des

années. La pression des mauvaises herbes n'a

pas systématiquement augmenté, même

après plus de 15 ans d’agriculture biologique.

Cependant, la situation malherbologique

varie beaucoup d'une parcelle à l'autre et, sur

certaines parcelles, des mauvaises herbes

particulièrement résistantes posent problème.

L'étude montre qu’après une conversion,

dans les conditions suisses, les pratiques

biologiques de longue durée dans des

exploitations mixtes n'ont pas d'effets

négatifs ni sur les rendements ni sur la

fertilité des sols.

Pour répondre à ces questions, l’évolution des rende-

ments du maïs d’ensilage et du blé d’automne ainsi

que des facteurs de rendement a été étudiée durant

deux ans (2011 et 2012) dans 34 exploitations. Les

effets à long terme d’une agriculture biologique sur la

fertilité des sols, la microflore du sol, la pression et la

diversité des adventices ainsi que les populations

d’araignées dans les cultures de maïs ont également

été examinés (fig. 2).

M a t é r i e l e t m é t h o d e s

Pendant deux ans, Agroscope a conduit des investiga-

tions dans 34 exploitations des cantons d’Argovie, de

Zurich et de Thurgovie sur des parcelles de grandes

cultures (fig. 3). Les exploitations ont été réparties en

quatre groupes, dont trois en fonction du nombre d’an-

nées depuis leur conversion à l’agriculture biologique

(tabl. 1). Les exploitations étudiées étaient de type mixte,

les grandes cultures occupant une part importante.

Echantillonnage dans les champs et questionnaires

Dans chaque exploitation et pour chacune des deux

années, tous les relevés ont été effectués sur la même

parcelle et au même endroit de celle-ci. La plupart des

parcelles se trouvaient sur des sols mi-lourds, profonds,

de type sol brun, le plus répandu sur le Plateau suisse.

Dans la plupart des cas, la rotation des cultures était la

suivante: 1) prairie temporaire, 2) maïs, 3) blé d’automne

(fig. 2). Les prises d’échantillons et les observations

étaient concentrées dans un cercle d’un rayon de 10 m

repéré par GPS. Parallèlement, toutes les informations

concernant l’exploitation, la rotation des cultures ainsi

que l’itinéraire technique des parcelles concernées ont

été relevées grâce à un questionnaire. Les calculs sur les

apports d’éléments nutritifs (genre d’engrais et quanti-

tés) ont été effectués d’après les informations fournies

par les exploitants. Les teneurs en éléments nutritifs

GroupeNombre

d'exploitations2011

Nombre d'exploitations

2012Description des groupes

Année de conversion au bio

Durée de l'exploitation bio au

31.12.2012

PER 9 7 groupe témoin (conventionnel) – –

Co 9 8 conversion BIO récente 2009 – 2011 2 – 4 ans

BIO1 7 6 exploitations BIO «jeunes» 1999 – 2003 10 – 14 ans

BIO2 9 8 exploitations BIO «anciennes» 1980 – 1997 16 – 33 ans

Tableau 1 | Description des groupes étudiés

Page 6: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique

46 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

dans les engrais organiques ont été calculées sur la base

des Données de base pour la fumure des grandes cultures

et des herbages 2009 (DBF, Flisch et al. 2009).

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Aucune baisse des rendements

Le rendement est un des éléments clés de la production

agricole et constitue un facteur de décision déterminant

pour les chefs d’exploitation. Différentes études

montrent qu’en agriculture biologique, les rendements

sont plus faibles (Seufert et al. 2012). Cependant, leur

évolution sur la durée est encore incertaine. Aucune dif-

férence de rendement du maïs n’a été constatée entre

exploitations BIO et exploitations conventionnelles

(tabl. 2). En revanche, les rendements du blé d’automne

dans les parcelles PER dépassaient de 15 dt/ha en

moyenne ceux des parcelles BIO, soit 20 % de moins en

parcelles BIO par rapport aux parcelles PER. Ces résultats

concordent avec ceux de deux autres expériences suisses,

soit l’essai de systèmes DOK dans le canton de Bâle (Jossi

et al. 2009) et l’essai de systèmes culturaux de Burgrain

dans le canton de Lucerne (Zihlmann et al. 2010).

Outre le niveau des rendements, leur stabilité sur la

durée est aussi un élément déterminant. Dans cette

étude, aucun fléchissement des rendements de maïs et

de blé d’automne n’a été constaté en relation avec la

durée des pratiques biologiques. Ceci démontre qu’avec

Rota

tion

des

cul

ture

s

Précédent cultural 2010: Prairie temporaire

Culture principale examinée en 2012: blé d'automne

Culture principale examinée en 2011: maïs d'ensilage

Rendement

Population d'araignées

Pression des mauvaises herbes / Espèces de mauvaises herbes

Champignons du sol (mycorhyzes)

Biomasse microbienne

Disponibilité des éléments nutritifs

Figure 2 | Rotation des cultures et paramètres étudiés à l'exemple de la culture du maïs d'ensilage de 2011.

Groupe Maïs d'ensilage 2011 Blé d'automne 2012

MS (dt/ha) (%) (dt/ha) (%)

PER 209 100 74,9 100

Co 207 99 58,5 78,1

BIO1 201 96,2 58,7 78,4

BIO2 208 99,5 61,5 82,1

Tableau 2 | Rendements moyens* de maïs d'ensilage (MS) et de blé d'automne (PER = 100 %)

*Les échantillons de maïs d’ensilage et de blé d’automne ont été récoltés à la main sur de petites parcelles (rectangle de 60×40 cm). Les rendements en matière sèche (MS) ont ensuite été calculés par parcelle puis extrapolés pour obtenir un rendement à l’hectare. On estime que dans la pratique, les rendements effectifs sont inférieurs d’environ 10 à 25 % (dus principalement aux pertes lors de la récolte, des passages de tracteur ou des bords de champs).

Page 7: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

47Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

de production. Si les exploitations PER disposent d’herbi-

cides de synthèse efficaces applicables en post-levée, ces

produits sont évidemment interdits en culture biolo-

gique, pour lesquelles on ne peut recourir qu’au désher-

bage mécanique ou manuel.

Comme on pouvait s’y attendre, la pression des

adventices augmente rapidement dès que l’on doit

renoncer aux herbicides lors de la conversion à l’agricul-

ture biologique (fig. 4). Cependant, les exploitations du

groupe BIO2 («anciens» BIO) n’ont pas plus de problèmes

une fumure minérale réduite et une utilisation ration-

nelle des engrais de ferme, la fertilité du sol n’est pas

altérée, ce qui permet de maintenir durablement un

bon niveau de rendement (tabl. 2).

La pression des adventices reste stable

Bien que de nouvelles méthodes de régulation de la

flore adventice soient continuellement développées

pour l’agriculture biologique, les mauvaises herbes

restent un des problèmes majeurs inhérents à ce système

Figure 3 | Situation des parcelles étudiées (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1).

Figure 4 | Couverture moyenne du sol par les adventices, en pourcents (avec erreur-type) dans les cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne pour chacun des quatre groupes d'exploita-tions (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

PER

Co

BIO1

BIO2

a

b b

b

a b b b

0,0

5,0

10,0

15,0

20,0

25,0

30,0

35,0

40,0

45,0

50,0

PER Co BIO1 BIO2 PER Co BIO1 BIO2

Maïs d‘ensilage 2011 Blé d‘automne 2012

Couv

ertu

re d

u so

l par

les

adve

ntic

es [%

]

Page 8: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique

48 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

de mauvaises herbes que les exploitations récemment

converties (Co). En 2011, une légère augmentation, tou-

tefois non significative, de la couverture par les adven-

tices a été observée au fil des années après une conver-

sion (fig. 4). Cette tendance ne s’est toutefois pas

confirmée en 2012. Cependant, les erreurs-types calcu-

lées révèlent des différences importantes de la couver-

ture du sol par les adventices sur les parcelles BIO (Co,

BIO1, BIO2). Ainsi, dans les parcelles du groupe BIO2, le

taux de couverture se situait entre 9 et 73 % dans les

cultures de maïs et entre 4 et 60 % dans les cultures de

blé d’automne. Certaines parcelles BIO rencontrent des

problèmes importants avec des mauvaises herbes

vivaces ou des graminées. Mais il existe aussi des exploi-

tants BIO qui ont plus de 15 ans de pratique et qui

contrôlent très bien la pression des mauvaises herbes sur

la durée.

La régulation manuelle des vivaces dans les cultures

biologiques de blé d’automne ne requiert qu’à peine

deux heures par hectare en moyenne, principalement

lorsqu’on a affaire à des rumex ou à des chardons. En cas

de forte présence, cela peut toutefois nécessiter jusqu’à

5½ heures par hectare. Il faut considérer que la situation

malherbologique varie fortement d’une parcelle à

l’autre selon les particularités du site, mais aussi en fonc-

tion de la stratégie de désherbage appliquée par l’ex-

ploitant ainsi que sa tolérance vis-à-vis des mauvaises

herbes. L’enquête montre d’ailleurs que la tolérance des

exploitants augmente avec les années de pratiques BIO.

Fumure élevée et disponibilité des éléments nutritifs

Le maintien de la fertilité des sols est un principe de base

en production végétale. En agriculture biologique, le

maintien des réserves d’éléments nutritifs à long terme

est une question très controversée, particulièrement

pour les exploitations qui disposent de peu d’engrais de

ferme, voire pas du tout. Quelques études montrent que

la réduction des fumures, et surtout le renoncement aux

engrais minéraux dans les parcelles BIO, peuvent entraî-

ner une réduction des disponibilités en éléments nutri-

tifs comme le phosphore et le potassium (Gosling et She-

pherd 2005).

La fumure azotée, calculée en azote disponible

(Ndisp)1, était généralement plus élevée dans les cultures

conventionnelles (PER) de maïs et de blé d’automne que

dans les mêmes cultures BIO (tabl. 3). En revanche, les

Maïs d'ensilage 2011 Blé d'automne 2012

Ndisp (kg/ha) P2O5 (kg/ha) K2O (kg/ha) Ndisp (kg/ha) P2O5 (kg/ha) K2O (kg/ha)

Normes selon DBF 110 80 220 140 60 100

PER 152a 102 226 118a 27a 58a

Co 115ab 124 286 87ab 75b 157b

BIO1 91ab 107 289 62b 61ab 187b

BIO2 85b 103 216 60b 67ab 210b

Tableau 3 | Quantités d'éléments nutritifs (moyennes) apportées aux cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne. Des lettres diffé-rentes dans la même colonne signalent des différences significatives entre les moyennes (p < 0,05) selon le test de Tukey

pH P Classe K Classe Mg Classe

(mg P2O5/kg) (Nombre) (mg K2O/kg) (Nombre) (mg Mg/kg) (Nombre)

A B C D E A B C D E A B C D E

PER 6,7 3,9 0 0 4 2 1 27ab 0 0 6 1 0 139 0 2 2 1 2

Co 6,5 2,7 0 1 5 1 1 20a 0 4 3 0 1 152 0 0 3 3 2

BIO1 6,5 3,5 0 0 4 2 0 18a 0 2 2 2 0 186 0 1 3 0 2

BIO2 6,8 4,3 0 0 5 0 3 52b 0 0 1 5 2 175 0 1 2 3 2

Minimum 5,6 0,9 8 57

Maximum 7,9 8,8 103 469

Les classes de fertilité (A=pauvre, B=médiocre, C=satisfaisant, D=riche, E=très riche) correspondent aux disponibilités en éléments nutritifs dans le sol.

Des lettres différentes dans la même colonne signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

Tableau 4 | pH du sol, teneurs moyennes en éléments nutritifs et nombre d'exploitations par classe de fertilité selon DBF (Flisch et al. 2009)

1constituée d'ammonium et partiellement de nitrate.

Page 9: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

49Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

Une microflore du sol riche

Les microorganismes du sol jouent un rôle important

dans la libération des éléments nutritifs, fournissant ainsi

une importante contribution à la fertilité du sol. Pour

cette raison, leur abondance et leur activité sont de bons

indicateurs du niveau de fertilité du sol (Oehl et al. 2011).

La biomasse microbienne (mesurée selon la méthode

SIR) fait bonne figure par rapport à la moyenne suisse,

tous groupes confondus. La plupart des parcelles attei-

gnaient des valeurs supérieures à la moyenne, quelques-

unes atteignaient même des valeurs très élevées.

Aucune différence significative n’a été constatée entre

les groupes d’exploitations (fig. 5a), ni une quelconque

tendance en relation avec une augmentation de la

durée de l’exploitation biologique.

Ces résultats contredisent partiellement les expé-

riences acquises à l’étranger. Ils confirment cependant les

résultats de comparaisons par paires effectuées dans des

parcelles suisses (Oberholzer et Mäder 2003) ainsi que les

résultats des essais de longue durée DOK et Burgrain

(Oberholzer et Zihlmann 2011), dans lesquels aucune dif-

férence n’a été observée entre systèmes culturaux pour

les valeurs clés concernant la microbiologie. Ces diffé-

rences par rapport aux données étrangères s’expliquent

principalement par le fait qu’en Suisse, les exploitations

PER entretiennent une rotation des cultures diversifiée et

elles valorisent bien les engrais de ferme, ce qui n’est pas

forcément le cas dans d’autres pays.

Les champignons du genre mycorhizes arbusculaires

(champignons MA) sont des champignons du sol qui

peuvent coloniser les racines de la plupart plantes culti-

vées et y vivre en symbiose, reprenant en partie la fonc-

tion des poils absorbants. Les champignons MA sou-

tiennent l’absorption des éléments nutritifs par les

cultures BIO ont reçu en général plus de phosphore et

de potassium. L’apport de phosphore était particulière-

ment important sur les parcelles recevant des engrais de

déchets provenant d’une installation de méthanisation,

du fumier de volaille, du fumier de bovins ou du lisier de

porcs. Dans la plupart des exploitations BIO, la norme de

fumure a été clairement dépassée au cours des deux

années considérées, tant pour le phosphore que pour le

potassium (Flisch et al. 2009).

On constate que les quantités d’éléments nutritifs

épandus varient beaucoup d’une exploitation à l’autre,

ainsi qu’au sein d’un même groupe. Ainsi, en 2011, la

fumure des parcelles de maïs d’ensilage variait entre 32

et 239 kg Ndisp/ha, entre 36 et 228 kg de P2O5/ha et entre

69 et 445 kg de K2O/ha. Les grandes différences dans le

nombre d’unités de gros bétail par hectare entre les

exploitations expliquent en partie ces écarts.

Les disponibilités en éléments nutritifs dans le sol

(phosphore, potassium et magnésium) ne présentent

des différences significatives entre les groupes que pour

le potassium (tabl. 4). Le groupe BIO2 présente des

valeurs nettement plus élevées que celles des autres

groupes. Cette différence se reflète dans les classes de

fertilité définies dans les DBF (Flisch et al. 2009; tabl. 4).

Aucune des parcelles en production biologique ne se

situe dans la classe de fertilité A (pauvre), indépendam-

ment de la durée après une conversion à ce type d’ex-

ploitation. Le bon niveau de fertilité de ces sols est à

mettre en relation avec les apports d’engrais organiques

riches en éléments nutritifs (fumier de bovins, purin de

bovins et lisier de porcs, fumier de volailles et boues rési-

duelles de méthanisation). Ainsi, aucune valeur limi-

tante dans le sol, tant pour P, K que Mg, n’a été consta-

tée même après plus de 25 ans d’exploitation biologique.

Maïs d'ensilage 2011 Blé d'automne 2012

Ndisp (kg/ha) P2O5 (kg/ha) K2O (kg/ha) Ndisp (kg/ha) P2O5 (kg/ha) K2O (kg/ha)

Normes selon DBF 110 80 220 140 60 100

PER 152a 102 226 118a 27a 58a

Co 115ab 124 286 87ab 75b 157b

BIO1 91ab 107 289 62b 61ab 187b

BIO2 85b 103 216 60b 67ab 210b

Figure 5a | Biomasse microbienne moyenne des mycorhizes (avec erreur-type) dans les quatre groupes d'exploitations (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des diffé-rences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

Figure 5b | Colonisation moyenne par les mycorhizes en pourcents (avec erreur-type) dans les cultures de maïs d'ensilage et de blé d'automne pour chacun des quatre groupes d'exploitations (PER, Co, BIO1 et BIO2 selon tabl. 1). Des lettres différentes signalent des différences significatives (p<0,05) selon le test de Tukey.

a a a a

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

1000

PER Co BIO1 BIO2

Biom

asse

mic

robi

enne

[mg

C/kg

Bod

en]

a

b b ab

0

10

20

30

40

50

60

PER Co BIO1 BIO2 Blé d‘automne 2012

Colo

nisa

tion

par l

es m

ycor

hize

s [%

]

Page 10: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

50

Production végétale | Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

plantes, surtout le P, mais aussi N, K et Zn. Une étude

hollandaise a montré qu’à la longue, l’exploitation bio-

logique favorisait le développement et la diversité de

ces champignons du sol très utiles (Verbruggen et al.

2010). Ce phénomène est probablement à mettre en

relation avec des rotations de cultures longues et diver-

sifiées, une fumure réduite reposant principalement sur

les engrais organiques, le renoncement aux herbicides

de synthèse et une densité de mauvaises herbes plus éle-

vée en culture biologique.

Les examens des racines des cultures ont mis en évi-

dence la présence de champignons MA utiles dans toutes

les parcelles (fig. 6). L’effet positif de l’agriculture biolo-

gique a été particulièrement marqué en 2012 où les

racines des céréales en parcelles PER présentaient moins

de mycorhizes que dans les parcelles Co et BIO1 (fig. 5b).

Diversité des adventices et araignées

Les données de la littérature montrent que, d’une

manière générale, l’agriculture biologique exerce un

effet positif sur la biodiversité (Bengtsson et al. 2005). La

présente étude le confirme en ce qui concerne le nombre

d’espèces d’adventices. Dans les parcelles BIO et pour les

deux années d’observations (nombres d’espèces cumu-

lés), on comptait en moyenne trois fois plus d’espèces

d’adventices que dans les parcelles PER (fig. 7). La diver-

sité des adventices se corrèle positivement avec la cou-

verture du sol, la différence entre BIO et PER étant inhé-

rente à l’utilisation d’herbicides dans les parcelles PER.

Cependant, le nombre moyen d’espèces d’adventices

dans les parcelles BIO ne tend pas à augmenter avec les

années d’exploitation (fig. 7).

Les araignées sont des prédatrices des ravageurs bien

connues. Leur nombre et leur diversité dépendent avant

tout de la structure de leur habitat (Samu et Szinetar

2002). En 2011, 72 espèces et 981 individus ont été captu-

rés à l’aide d’un système d’aspiration dans les 31 parcelles

de maïs d’ensilage des quatre groupes d’exploitations. La

couverture du sol par les adventices et le nombre d’es-

pèces exerçaient un effet positif significatif sur le nombre

d’araignées dans tous les groupes d’exploitations (P<0,05).

En revanche, aucune différence significative n’a été rele-

vée entre cultures BIO et cultures PER tant au niveau du

nombre d’espèces que du nombre d’individus.

C o n c l u s i o n s

L’exploitation biologique se différencie de l’exploitation

PER surtout par une plus forte pression des adventices, et

par une plus grande diversité de celles-ci; on observe éga-

lement dans l’exploitation BIO une plus grande stimula-

tion des champignons utiles du sol. Ces deux facteurs

entraînent une biodiversité plus élevée. L’étude montre

qu’avec de bonnes stratégies de conduite des cultures, il

est possible de maîtriser les mauvaises herbes même

après de nombreuses années d’agriculture biologique.

Quant au niveau des éléments nutritifs dans les sols et à

la microbiologie des sols, les différences entre exploita-

tions biologiques et exploitations PER sont généralement

non significatives. De plus, l’étude démontre qu’un mode

d’exploitation biologique qui ménage les ressources est

praticable sur la durée. Il est vrai que le niveau des rende-

ments des parcelles BIO est plus faible que celui des par-

celles PER. Cependant, les rendements des parcelles BIO

n’ont pas fléchi sur le long terme. Les indices de fertilité

P et K des sols n’ont pas baissé non plus. n

Remerciements

Nos vifs remerciements vont à tous les exploitants qui ont participé à l'étude, à Philipp Weber pour sa collaboration aux travaux de terrain, ainsi qu'à Fredi Strasser et Franz Bender pour les discussions et leurs remarques. L'étude sur l'importance des organismes utiles du sol est poursuivie dans le cadre du Programme national de recherche «Utilisation durable des ressources du sol» (PNR 68).

Figure 7 | Nombre moyen d'espèces d'adventices (avec l'erreur- type) sur les deux ans pour chaque groupe d'exploitations. Des lett-res différentes signalent des différences significatives (p<0,05) se-lon le test de Tukey.

Figure 6 | Racine sous le microscope (agrandissement de 150 fois) avec des mycorhizes (colorés en bleu).

a

b b b

0

5

10

15

20

25

PER Co BIO1 BIO2

Nom

bre

d'es

pèce

s d'

adve

ntic

es

Page 11: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

51

Effets à long terme d’une conversion à l’agriculture biologique | Production végétale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 44–51, 2014

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Effetti dell'agricoltura biologica praticata a

lungo termine

Un numero sempre maggiore di aziende

agricole decide di passare dalla produzione

convenzionale a quella biologica. Quali

cambiamenti subiscono le prestazioni dal

profilo della resa e dell'ambiente? Ancora

poco studiato, in particolare, è l'effetto della

gestione biologica a lungo termine sulle

rese, sulle popolazioni di malerbe, sulla

biodiversità e sulla fertilità del suolo. Per

approfondire questo aspetto sono state

messe a confronto 34 particelle ripartite tra

quattro gruppi di aziende (aziende conven-

zionali, aziende appena riconvertite e

aziende biologiche «giovani» e «vecchie»).

Lo studio mostra che le rese e la fertilità del

suolo sono rimaste costanti con il protrarsi

della gestione biologica. Nemmeno l'inva-

sione di malerbe è aumentata. Tuttavia la

situazione relativa alle malerbe variava

sensibilmente da particella a particella e in

alcune l'invasione raggiungeva livelli

problematici. Dallo studio emerge che la

durata della gestione biologica non incide

negativamente sulle rese e sulla fertilità del

suolo nelle aziende miste a condizioni

svizzere.

Effects of many years of organic agriculture

More and more farmers consider to switch

from conventional to organic production.

What effect, then, does this have on yield

and environmental performance? In particu-

lar, the question of how the duration of

organic management affects plant yield,

weed populations, biodiversity and soil

fertility has rarely been investigated. To

investigate this question, we compared

34 plots distributed over four farm catego-

ries – conventional, recently converted, and

«new» and «old» organic farms. Our study

shows that crop yield and soil fertility

remain constant as length of time under

organic management increases. Similarly,

weed pressure has not increased along with

duration of organic management. Weed

abundance did, however, vary strongly

among fields, with problematic weeds being

highly abundant at specific field sites. This

study demonstrates that duration of organic

management does not have a negative

impact on either plant yield or soil fertility

on mixed-economy farms under Swiss

conditions.

Key words: Organic agriculture, time since

conversion, yield, soil quality, weed cover.

Page 12: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

52 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

triticale, avec son apport énergétique relativement

bon, est la céréale incontournable comme plante-

tuteur pour les protéagineuses. L’avoine est citée pour

son appétence et, comme protéagineux, le pois four-

rager est censé combler l’apport en matière azotée.

L’utilisation de la vesce est déconseillée, car elle

hiverne mal dans nos contrées et sa semence est oné-

reuse.

Que valent ces fourrages et comment en estimer la

valeur nutritive à partir d’éléments simples et abor-

dables? Pour y répondre, Agroscope Posieux a déter-

miné la digestibilité in vivo des nutriments et la dégra-

dabilité in sacco de la matière azotée (deMA) pour en

calculer la valeur nutritive. A partir de la composition

botanique à la récolte et des teneurs en nutriments

analysées dans les ensilages, différentes approches ont

été abordées pour estimer la valeur nutritive. Ce travail

compare les résultats estimés avec les valeurs détermi-

nées par expérimentation animale.

I n t r o d u c t i o n

Utilisés il y a une cinquantaine d’années déjà, les

mélanges protéagineux et céréales immatures (MPCI) ont

été délaissés au fil du temps au profit de cultures plus

énergétiques comme celle du maïs. Sous la dénomination

de méteil, ces mélanges ont persisté en agriculture biolo-

gique, car ils nécessitent peu d’intrants, peu de fumure

(30 à 70 unités d’azote) et pas de traitements phytosani-

taires. Non seulement ils tirent profit de la fixation sym-

biotique de l’azote par les légumineuses, mais s’affran-

chissent en plus des sécheresses estivales, car ils sont

semés en automne et récoltés sous forme d’ensilage au

début de l’été. Cet atout engendre un regain d’intérêt

pour les MPCI pour sécuriser le système fourrager en

assurant un stock de fourrage en cas de pénurie.

Les mélanges avec trois à quatre composants sont

les plus recommandés en raison de leur simplicité de

mise en œuvre et leur faible coût (Herman 2007). Le

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immaturesYves Arrigo, Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse

Renseignements: Yves Arrigo, e-mail: [email protected]

Culture de protéagineux et céréales immatures au moment de la récolte. (Photo: Agroscope)

P r o d u c t i o n a n i m a l e

Page 13: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

53

Rés

um

é

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

Trois mélanges protéagineux/céréales

immatures composés de triticale (90 kg/ha),

d’avoine (40, 30 et 20 kg/ha) et de pois

fourragers (20, 30 40 kg/ha) ont été semés à

Agroscope Posieux (FR) en octobre 2011 et

ensilés fin juin 2012. La dégradabilité in

sacco a été déterminée avec des vaches

fistulées et la digestibilité in vivo des

nutriments avec des béliers castrés. Les

compositions botaniques à la récolte

n’étaient pas celles souhaitées au semis, les

parts escomptées en pois (20, 25 et 30 %)

n’ont pas été atteintes (9,3, 9,5 et 14 %). La

digestibilité de la matière organique (dMO)

in vivo était faible (63,6 ± 1,8 %) et ne se

distinguait pas entre les mélanges (p=0,5).

L’estimation de la dMO par la méthode in

vitro était très bonne pour deux ensilages

(<1 point), mais a obtenu également le plus

grand écart -4,8 points de l’essai. A l’aide de

l’analyse botanique à la récolte, la pondéra-

tion des dMO des composants des mélanges

éditées dans la base suisse de données des

aliments pour animaux a permis une bonne

approche. La dégradabilité de la matière

azotée moyenne était faible avec 61,2 ± 1,5 %.

La valeur nutritive moyenne des ensilages se

situe au niveau d’un ensilage d’herbe issue

d’une prairie riche en graminées au stade

tardif. Ce type de fourrage offre, en cas de

pénurie, un apport aux animaux moins

exigeants permettant de réserver les four-

rages de haute valeur à ceux en production.

A n i m a u x , m a t é r i e l e t m é t h o d e

Fin octobre 2011, trois mélanges (tabl. 1) composés de

triticale, d’avoine et de pois ont été semés à Posieux

(alt. 660 m).

A fin mars, les cultures ont reçu 55 unités d’azote par

hectare sous forme de nitrate d’ammoniac. Aucun autre

apport ou traitement n’a eu lieu par la suite. Le fourrage

a été ensilé le 28 juin 2012 dans des cuves de 700 litres

fermées par un film plastique lesté de sable. Pour les

essais d’alimentation, nous avons utilisé les trois

mélanges ensilés avec un agent de conservation (Kofasil

BALE à raison de 4,7 l/1000 kg matière fraîche) et le pre-

mier mélange A/90/40/30 sans agent d’ensilage. Les

essais de dégradabilité ont été réalisés selon la méthode

in sacco avec un taux de passage de 6 % (Dohme et al.

2007) avec trois vaches taries fistulées de la race Holstein

(719 ± 60 kg) recevant une ration expérimentale compo-

sée de 35 % de foin, 35 % d’ensilage de maïs et 30 % de

concentré. Les ensilages incubés dans la panse ont été

prélevés par sondage à l’ouverture des cuves, puis

lyophilisés et moulus à 3 mm. Les essais de digestibilité

MélangeTriticaleTriamant

AvoineWiland

Pois Arkta

Agent de conservation

A /90/40/30 90 40 30 avec

B /90/30/40 90 30 40 avec

C /90/20/50 90 20 50 avec

D /90/40/30 90 40 30 sans

Tableau 1 | Composition des mélanges et quantités semées, en kg/ha

dMO digestibilité de la matière organique

dCB digestibilité de la cellulose brute

dADF digestibilité de la lignocellulose

dNDF digestibilité des parois

dEB digestibilité de l’énergie brute

deMA dégradabilité de la matière azotée

PAIE protéines absorbables dans l’intestin

synthétisées à partir de l’énergie

disponible

PAIN protéines absorbables dans l’intestin

synthétisées à partir de la matière

azotée dégradée

NEL énergie nette pour la production

laitière

Page 14: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Production animale | Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures

54 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

in vivo ont été conduits avec des béliers de la race

Oxford (n: 4/traitement; 4,3 ± 0,8 ans; 83,4 ± 8,8 kg). Les

animaux ont été rationnés selon l’usage, soit 0,380 MJ

énergie métabolisable par kg métabolique, majoré de

10 %. Pour comparaison, la digestibilité de la matière

organique des ensilages a fait l’objet d’une détermina-

tion in vitro (incubation avec jus de panse, Tilley et

Terry 1963).

La dMO a été estimée au travers de différentes

démarches: détermination in vitro; pondération avec la

composition botanique à la récolte des dMO disponibles

dans la base suisse de données des aliments pour ani-

maux pour les ensilages de triticale, d’avoine et des pois

fourragers (Agroscope [a] 2013); prédiction avec les

équations de la dMO basées sur la cellulose brute pour

les ensilages d’herbe riche en graminées et pour

mélanges indéterminés, éditées dans les apports et

recommandations pour les ruminants (Agroscope [b]

2013, voir encadré).

R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Les mélanges ont atteint des rendements en matière

sèche (MS) de 9000 kg MS/ha pour le mélange A/90/40/30,

de 9905 kg pour le B/90/30/40 et de 8790 kg pour le

C/90/20/50. Les proportions en protéagineux à la récolte

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

A/90/40/30

semé récolté

B/90/30/40

semé récolté

C/90/20/50

semé récolté

en %

MF

Triticale

Avoine

Pois

Figure 1 | Composition botanique estimée au semis et à la récolte en % de matière fraîche (MF).

Equations de prédiction de la digestibilité de

la matière organique (dMO) avec la cellulose

brute ou avec la lignocellulose

Ensilage type G: prairies riches en graminées

dMO = 26,3 + 0,1653 MAMO + 0,2041 CBMO –

0,000241 MA2MO – 0,000419 CB2

MO

dMO = 10,8 + 0,1652 MAMO + 0,2793 ADFMO –

0,000240 MA2MO – 0,000484 ADF2

MO

Ensilage type I: prairies dont la composition

botanique est indéterminée

dMO = 51,8 + 0,1275 MAMO + 0,1116 CBMO –

0,000219 MA2MO – 0,000333 CB2

MO

dMO = 45,7 + 0,1145 MAMO + 0,1661 ADFMO –

0,000199 MA2MO – 0,000390 ADF2

MO

MA matière azotée; CB cellulose brute; ADF lignocellulose.

MAMO; CBMO; ADFMO nutriments exprimés dans la matière

organique.

Page 15: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

55Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

Dégradabilité

La dégradabilité de la matière azotée moyenne était de

61,2 ± 1,5 %, ce qui est assez faible et la situe au niveau

d’un ensilage de ray-grass au stade tardif (tabl. 3). En

pondérant les deMA données dans la base suisse de don-

nées des aliments pour animaux (Agroscope [a] 2013)

des constituants du mélange, on obtient une valeur plus

élevée de 13,5 points. Cette différence a pour consé-

quence une sous-évaluation des protéines absorbables

dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie dispo-

nible (PAIE) de 11 % et des protéines absorbables dans

l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée

dégradée (PAIN) de 4 %.

Digestibilité

Les digestibilités de la matière organique (dMO) obte-

nues sont faibles (tabl. 4) et correspondent à celles des

ensilages d’herbe aux stades tardifs. Au vu des composi-

tions chimiques proches, les digestibilités in vivo des

nutriments ne se distinguent pas entre les mélanges (p =

0,5). Par ailleurs, l’ajout d’agent de conservation n’a eu

aucune influence sur la digestibilité (p = 0,9).

ne correspondaient pas aux attentes faites au semis

(fig.  1), les parts croissantes en pois prévues dans les

mélanges n’ayant pas été atteintes (9,3, 9,5 et 14 %).

Selon Coutard (2010), «Avec les associations, on sait ce

que l’on sème et on constate ce que l’on récolte». Tou-

jours selon lui, pour réaliser une augmentation de la

densité en protéagineux récoltés, il faudrait semer plus

de 20 grains/m². Dans notre essai, même avec 45 grains/

m², la part en pois est restée modeste. A souligner l’ab-

sence d’autres plantes dans les cultures.

La composition chimique des ensilages figure dans le

tableau 2. De par leur similitude botanique, les valeurs

varient peu entre les mélanges. Le faible taux en protéa-

gineux des mélanges n’a pas influencé les teneurs en MA

qui sont basses. Le mélange C, qui comprend le plus de

pois, a des teneurs en constituants pariétaux légère-

ment inférieures aux autres.

Les teneurs des ensilages issus du même mélange

(90/40/30) conservé avec ou sans agent de conservation

sont identiques - exception faite des sucres, l’ensilage

traité avec l’agent de conservation ayant des teneurs

légèrement supérieures à celui conservé sans agent.

Figure 2 | Analyse botanique d’un m2 avec une part de pois nettement inférieure à celle souhaitée. (Photo: Agroscope)

Page 16: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Production animale | Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures

56 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

Ensilages

A/90/40/30 B/90/30/40 C/90/20/50 D/90/40/30

Matière sèche (MS), % g/kg MS 35,3 35,4 34,5 35,0

Matière azotée (MA) 87 92 83 87

Cellulose brute (CB) 293 296 276 290

Lignocellulose (ADF) 328 327 309 329

Parois (NDF) 518 517 486 520

Cendres (CE) 47 49 76 46

Sucres WSC (hydrosolubles) 111 110 103 96

Sucres ESC (solubles à l’éthanol) 92 83 73 76

Amidon 116 113 129 120

Graisse 16 15 15 18

Energie brute (EB) 18,2 18,2 17,6 18,4

Calcium (Ca) 3,5 3,4 3,3 3,4

Phosphore (P) 3,0 3,2 3,4 3,2

Magnésium (Mg) 1,4 1,4 1,5 1,4

Potassium (K) 8,1 8,6 8,7 8,5

Acides aminés totaux 68 67 66 69

Lysine 3,6 3,4 3,5 3,3

Méthionine 1,2 1,2 1,1 1,3Mélanges semés/triticale/avoine/pois: A/90/40/30; B/90/30/40; C/90/20/50; D/90/40/30 sans agent de conservation.

Tableau 2 | Composition chimique des ensilages

Tableau 3 | Coefficients de dégradabilité (en %)

Tableau 4 | Coefficients de digestibilité déterminés in vivo et estimés (en %)

A/90/40/30 B/90/30/40 C/90/20/50 D/90/40/30 p S X

dMOin vivo 65,1 ± 1,3 61,7 ± 2,0 62,4 ± 2,7 65,1 ± 5,6 0,5 2,0

dMOin vitro 60,3 62,4 65,2 64,6 – –

dMOpondérée 64,1 63,9 64,3 64,1 – –

dMOens équ. G 62,6 63,0 62,8 62,7 – –

dMOens équ. Ind. 64,5 64,6 65,2 64,7 – –

dMA 49,6 ± 4,2 47,5 ± 5,5 47,9 ± 1,1 51,1 ± 3,0 0,6 2,1

dCB 60,3 ± 4,5 54,8 ± 3,2 51,0 ± 4,2 59,2 ± 8,2 0,2 3,2

dADF 53,4 ± 5,0 49,7 ± 1,9 51,2 ± 7,4 53,8 ± 8,9 0,8 3,7

dNDF 57,6 ± 5,4 50,6 ± 3,2 49,6 ± 4,3 54,9 ± 9,2 0,4 3,6

dEB 62,2 ± 1,2 59,5 ± 1,8 59,6 ± 2,1 62,4 ± 5,4 0,6 1,9

p = seuil de signification; SX =erreur standard de la moyenne.

dMOin vivo: digestibilité de la matière organique déterminée in vivo;

dMOin vitro selon Tilley et Terry;

dMOpondérée: obtenue par pondération des dMO éditées pour les ensilages de triticale, d’avoine ou de pois;

dMOens. équ. G: selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe type graminées;

dMOens équ. Ind.: selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe indéterminé.

dMA: digestibilité de la matière azotée; dCB: digestibilité de la cellulose brute;

dADF: digestibilité de la lignocellulose; dNDF: digestibilité des parois; dEB: digestibilité de l’énergie brute.

A/90/40/30 B/90/30/40 C/90/20/50 D/90/40/30 p SX

deMA in sacco 60,6b 62,9a 60,1b – < 0,01 0,4

deMA pondérée 74,8 74,6 74,7 – – –

Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes.

p = seuil de signification; SX = erreur standard de la moyenne.

deMA = dégradabilité de la matière azotée; deMA pondérée obtenue par pondération des deMA éditées pour les ensilages de triticales, d’avoine ou de pois.

Page 17: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

57Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

Tableau 5 | Valeurs nutritives déterminées vs estimées, dans la matière sèche

A/90/40/30 B/90/30/40 C/90/20/50 D/90/40/30

calcul avecNELMJ

PAIE/PAINg

NELMJ

PAIE/PAINg

NELMJ

PAIE/PAINg

NELMJ

PAIE/PAINg

dMOin vivo et deMA in sacco 5,3 77/57 5,0 74/60 4,9 70/54 5,3 75/56

dMOin vitro deMAin sacco 4,9 72/57 5,0 74/60 5,2 72/54 5,3 75/56

dMO édit. pondérées 5,2 67/54 5,2 68/58 5,1 63/52 5,2 66/54

Pondération des valeurs NEL, PAIE éditées 5,1 56/52 5,1 55/50 5,1 56/52 5,1 56/52

dMO et deMA équation ensilage herbe G 5,1 67/55 5,1 68/58 4,9 63/52 5,1 68/55

dMO et deMA équation ensilage herbe ind. 5,3 69/55 5,3 70/58 5,2 65/52 5,3 69/55

NEL = énergie nette lactation; PAIE = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible; PAIN = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à

partir de la matière azotée dégradée.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

57

58

59

60

61

62

63

64

65

66

A/90/40/30 ens. avecconservateur

B/90/30/40 ens. avecconservateur

C/90/20/50 ens. avecconservateur

D/90/40/30 ens. sansconservateur

com

p. b

otan

ique

, % d

ans

la M

F

dMO

, %

dMO in vivo

dMO in vitro

dMO pondérée

dMO ens. équ. G

dMO ens. équ. Ind.

Triticale

Avoine

Pois

Figure 3 | Digestibilité de la matière organique déterminée in vivo vs estimée par méthode in vitro, par pondération ou par équations de prédiction pour ensilage d’herbe.

dMO in vivo: digestibilité de la matière organique déterminée in vivo; dMO in vitro déterminée par la méthode Tilley et Terry; dMOpondérée obtenue par pondération des dMO éditées pour les ensilages de triticale, d’avoine ou de pois; dMOens. équ. G selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe type graminées; dMOens équ. Ind. selon équation de prédiction pour ensilage d’herbe indéterminé.

Valeurs nutritives

Les valeurs nutritives des mélanges protéagineux/

céréales immatures étudiés offrent des valeurs énergé-

tiques et azotées modestes, les situant au stade tardif

des ensilages d’herbe issus de prairies riches en grami-

nées. Dans le tableau 5, les valeurs énergétiques NEL et

azotée PAIE et PAIN obtenues avec les digestibilités in

vivo et les dégradabilités in sacco sont comparées à celles

obtenues:

•• avec la dMO in vitro et la deMA in sacco,

•• par pondération des dMO et deMA des composants

du mélange éditées dans la base suisse des aliments

pour animaux,

Les estimations obtenues approchent les valeurs dMO in

vivo entre 4,8 et −0,4 points. Les dMO des ensilages

A/90/40/30 et D/90/40/30 ont été sous-estimées par les

quatre méthodes alors que celles des traitements

B/90/30/40 et C/90/20/50 ont été surestimées. Au vu des

résultats, il est difficile de prétendre qu’une méthode est

meilleure qu’une autre (fig. 2). En effet, si les valeurs

obtenues avec la méthode microbiologique sont proches

dans deux cas de la valeur in vivo, c’est aussi par celle-ci

que l’on a obtenu la plus grande différence de l’essai. De

même, si l’estimation avec l’équation pour l’ensilage

d’herbe de mélanges indéterminés offre deux bonnes

approches (A/90/40/30 et D/90/40/30), elle est moyenne

pour les deux autres ensilages.

Page 18: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

58

Production animale | Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

•• par pondération des valeurs NEL et PAIE, PAIN des

trois composants des mélanges, valeurs issues de la

base suisse (sans tenir compte des teneurs analysées),

•• avec les valeurs analysées et les dMO et deMA prédites

pour l’ensilage d’herbe de prairie type G et indétermi-

née.

Les valeurs estimées avec la dMO in vitro obtiennent le

plus grand écart (−8,7 %) pour les NEL au traitement

A/90/40/30, alors qu’elles s’approchent des valeurs

obtenues expérimentalement pour le même fourrage

sans agent de conservation. Selon les ensilages, les

autres prédictions s’écartent différemment pour l’éner-

gie ou la valeur azotée. De manière globale, l’estima-

tion de la dMO a engendré des variations de −0,04 à +

0,47 MJ NEL.

Les ensilages obtiennent des rapports MA/NEL de

17 g/MJ, ce qui les situe en-dessous des recommanda-

tions pour vaches taries (18 g MA/NEL). Ces valeurs sont

au niveau d’un ensilage de ray-grass au stade tardif.

C o n c l u s i o n s

•• La valeur nutritive obtenue uniquement par une

analyse chimique n’en garantit pas la justesse: en effet,

la digestibilité de la matière organique (dMO) prise en

considération ne sera pas forcément ciblée au four-

rage.

•• A l’aide de la composition chimiques et de la composi-

tion botanique à la récolte, qui permet de pondérer

les dMO publiées dans la bases suisse de données des

aliments pour animaux, il est possible d’obtenir des

valeurs nutritives proches des valeurs déterminées

expérimentalement.

•• Les écarts relevés, dont le plus grand est inférieur à

7 %, sont tolérables pour des fourrages dont la valeur

nutritive est faible. Ces fourrages sont plutôt destinés

aux animaux à l’entretien (vaches taries, génisses). n

Page 19: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

59

Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures | Production animale

Ria

ssu

nto

Sum

mar

y

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 52–59, 2014

▪ Dohme F., Graf C. M., Arrigo Y., Wyss U. & Kreuzer M., 2007. Effect of botanical characteristics, growth stage and method of conservation on factors related to the physical structure of forage – An attempt toward a better understanding of the effectiveness of fiber in ruminants, Feed Science and Technology 138, 205–227.

▪ Herman A., 2007, Observatoire méteil Calvados et essai inter-culture. Accès:http://www.webagri14.com/iso_album/rapport_unip_2006.pdf, Chambre d’Agriculture, F14500 Vire, [email protected]

▪ Tilley M. & Terry R., 1963. A two stage technique for the in vitro digesti-on of forage crops. Journal of British Grassland Society 18, 104–111.

Bibliographie ▪ Agroscope (a), 2013. Base suisse de données des aliments pour animaux.Accès: www.feedbase.ch

▪ Agroscope (b), 2013. Daccord R., Chapitre 15: Formules et équations de prédiction. In: Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive pour les ruminants (Livre vert). Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermitteldatenbank/04834/index.html?lang=fr

▪ Coutard J. P., 2010, Valeur nutritive des associations céréales – protéagi-neux cultivées en agriculture biologique et utilisées pour la complémen-tation des ruminants, 17e Renc. Rech. Ruminants, 285–288

Stima del valore nutritivo degli insilati di

miscele di piante proteiche e cereali

immaturi

Presso Agroscope Posieux sono state

seminate nell’ottobre 2011 e insilate a fine

giugno 2012 tre miscele di piante protei-

che e cereali immaturi composte da

triticale (90 kg/ha), avena (40, 30 e 20 kg/

ha) e piselli da foraggio (20, 30 40 kg/ha).

La loro digeribilità in vivo è stata determi-

nata su montoni castrati, mentre la

degradabilità in sacco su vacche fistulate.

Le composizioni botaniche alla raccolta

non hanno soddisfatto quanto previsto

alla semina , in quanto le parti previste in

pisello (20 %; 25 %; 30 %) non sono state

raggiunte (9,3 %; 9,5 %; 14 %). La digeribi-

lità della sostanza organica (DSO) in vivo

è risultata mediamente debole ovvero

63,6 ± 1,8 % e non si distingueva tra le

miscele (p=0,5). La stima della DSO con il

metodo in vitro è risultata molto buona

per i due insilati (<1 punto), ottenendo,

però, lo scarto maggiore della prova (-4,8

punti). Con l'ausilio dell'analisi botanica al

momento della raccolta, la ponderazione

delle DSO delle componenti delle miscele

pubblicate nella banca dati svizzera degli

alimenti per animali ha permesso un buon

approccio. La degradabilità media della

sostanza azotata era debole, ovvero

61,2 ± 1,5%.

Il valore nutritivo medio degli insilati si

situa al livello di un insilato d'erba

pro veniente da un prato ricco in gramina-

cee allo stadio tardivo. In caso di penuria,

questo tipo di foraggio offre un apporto

agli animali meno esigenti, consentendo di

preservare i foraggi a elevato valore per

quelli in produzione.

Estimating the nutritional value of silages

composed of protein plant and immature

cereal mixtures

Three immature whole plant pea-cereal

mixtures composed of triticale (90 kg/ha),

oats (40, 30 and 20 kg/ha) and field peas

(20, 30 and 40 kg/ha) were sown at

Agroscope Posieux in October 2011 and

ensiled in late June 2012. In vivo digest-

ibility was determined with wethers, and

in sacco degradability with rumen

fistulated cows. Botanical compositions

at harvest were not as hoped for at the

time of sowing: the shares of peas

(9.3, 9.5, 14 %) fell short of the intended

(20, 25, 30 %). At 61.2 ± 1.5 %, average

degradability of crude protein was low.

At 63.6 ±1.8 %, in vivo digestibility of

organic matter (DOM) was low, and

scarcely differed between the mixtures

(p=0.5). Estimation of the DOM via the in

vitro method was very good in two cases

(<1 %point), but also produced the

highest discrepancy of the test (4.8 %

points). Using the botanical analysis at

the time of the harvest, the weighting of

the DOM of the components of the

mixtures published in the Swiss animal-

feed database allowed a good approach.

The average nutritional value of the

silages stands at the level of a grass

silage from a meadow rich in later-stage

grasses. In the case of shortages, this

type of forage offers a contribution for

the less-demanding animals, allowing the

high-value forages to be reserved for

those in production.

Key words: digestibility, degrability,

immature cereals, peas.

Page 20: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

60 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 60–63, 2014

Au cours des dernières années, on constate un intérêt

général grandissant pour l’agriculture urbaine. Le projet

«Food Urbanism Initiative» (FUI) – un des éléments du

Programme national de recherche «Nouvelle qualité

urbaine» (PNR 65) – a étudié les possibilités et limites de

la production urbaine de denrées alimentaires en pre-

nant la ville de Lausanne comme exemple.

La «Food Urbanism Initiative» (FUI) se base sur l’idée

d’une production de certaines denrées alimentaires en

milieu urbain qui pourrait contribuer à améliorer la qua-

lité de vie en ville ainsi que le développement durable de

celle-ci. Ainsi, le projet FUI se positionne dans la ten-

dance au développement de l’agriculture urbaine que

l’on peut observer dans différentes villes du monde et

aussi en Suisse (fig. 1). Ce projet a duré trois ans et s’est

terminé fin 2013.

FUI (www.foodurbanism.org) est un projet interdis-

ciplinaire dans lequel collaboraient des architectes, des

urbanistes, des designers en informatique, des spécia-

listes en économie agraire ainsi que des agronomes. Le

projet FUI était piloté par le bureau d’architectes privés

Verzone Woods Architects (VWA) à Rougemont, avec la

participation de l’équipe de recherche du programme

ProfiCrops d’Agroscope (voir encadré), de l’Institut pour

les décisions environnementales de l’EPF de Zurich,

d’Agridea à Lausanne et du Laboratoire de Design et

Media (LDM) de l’EPF de Lausanne.

Nouvelle qualité urbaine

FUI est l’un des cinq projets du Programme national de

recherche «Nouvelle qualité urbaine» (PNR 65). Le des-

criptif fourni par le Fonds national suisse précise le but

du projet comme suit: «Etablir et développer des

concepts et des stratégies pour une nouvelle qualité

urbaine et en vérifier la faisabilité. Ils doivent tracer des

pistes novatrices et réalisables à long terme pour le

développement et la transformation des villes de Suisse.

Le projet FUI examine le construit urbain suisse actuel et

ses potentialités dans la perspective de l’intégration

d’une production de denrées alimentaires. Il doit en

résulter des concepts stratégiques à plusieurs niveaux

(bâtiments, voisinage, ville) et des directives pour la pla-

nification urbaine dans la perspective d’une combinai-

son heureuse de la qualité de vie avec la production de

denrées alimentaires par des solutions acceptables tant

sur le plan économique que sur le plan écologique»

(www.pnr65.ch).

Katja Heitkämper1, Anna Crole-Rees1, Therese Haller2, Michel Dumondel3 et Lukas Bertschinger1

1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse3Agri-food & Agri-environmental Economics Group AFEE, Institute for Environmental Decisions IED,

ETHZ, 8092 Zurich, Suisse

Renseignements: Anna Crole-Rees, e-mail: [email protected]

Agriculture urbaine: le projet FUI

E c l a i r a g e

Figure 1 | Agriculture urbaine: production de légumes livrés à domicile à Lausanne. (Source: Therese Haller, HAFL)

Série ProfiCrops

Page 21: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Agriculture urbaine: le projet FUI | Eclairage

61Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 60–63, 2014

Deux questions essentielles étaient à la base des objec-

tifs du projet FUI: une agriculture urbaine peut-elle

contribuer à la qualité de la vie en ville et si oui, de

quelle manière? Comment peut-on planifier l’agricul-

ture urbaine pour qu’elle contribue à une nouvelle qua-

lité du construit urbain? Les réponses à ces questions ont

été élaborées par différents groupes de travail. Les

concepts et stratégies pour une nouvelle qualité urbaine

doivent si possible être définis sur la base de structures

urbaines existant en Suisse et dans le cadre d’études de

cas exemplaires et vérifiables.

Pour l’étude de cas dans le projet FUI, la ville de Lau-

sanne a été choisie. Les récents développements urbains,

particulièrement orientés sur les aspects de la qualité

de vie, ainsi que, pour des raisons pratiques, les facilités

d’accès et la langue, prédestinaient cette aggloméra-

tion à une étude de cas. A Lausanne, il existe des projets

de jardins urbains qui fournissent déjà une amorce à

cette étude. Depuis 1996, la commune exploite des «jar-

dins communaux», soit des surfaces situées à l’intérieur

du périmètre de la ville sur lesquelles les voisins proches

peuvent louer des lopins de 20 – 30 m2 pour y cultiver

des légumes, des fruits et des herbes aromatiques. Les

autorités municipales se sont montrées intéressées et

disposées à coopérer en matière d’agriculture urbaine.

Les méthodes et stratégies élaborées ont tout d’abord

été appliquées sous forme de modèles, à différents

petits sites à Lausanne, mais aussi à un site de plusieurs

hectares.

Typologies de culture: qui cultive quoi, où et comment?

Une équipe de projet ProfiCrops s’est chargée de deux

tâches dans le cadre du projet FUI. D’une part, elle a

développé des «typologies FUI» en fonction de critères

agronomiques (fig. 2), c’est-à-dire des types culturaux

avec des critères définis et décrits, ainsi que des recom-

mandations pour une mise en culture durable d’espèces

maraîchères et fruitières adaptées. Dans le contexte FUI,

les grandes cultures et le bétail n’ont pas été pris en

considération; en effet, ces branches de production ne

correspondent pas aux conditions-cadre d’une zone

urbaine. Les typologies ont été caractérisées notamment

d’après les cultivateurs potentiels (p. ex. jardiniers ama-

teurs, collectifs de jardiniers, jardiniers professionnels,

etc.), d’après les sites possibles (jardins en toiture,

jachères industrielles, bordures végétalisées dans les

rues, etc.) et d’après le modèle de gestion (privée, collec-

tive ou publique) (Crole-Rees et al. 2012). L’objet de la

seconde tâche assumée par ProfiCrops concernait les

bases légales régissant la production, la transformation

et la commercialisation de denrées alimentaires en zones

urbaines. En complément des aspects urbanistiques et

Le programme de recherche Agroscope Profi-

Crops (www.proficrops.ch) a pour objectif de

contribuer à garantir la compétitivité de la pro-

duction végétale suisse dans un cadre de plus

en plus libéralisé, et de renforcer la confiance

des consommateurs envers les produits suisses.

Les hypothèses posées en début de programme

stipulaient que l’efficience de la production

devait être améliorée, l’innovation et la valeur

ajoutée augmentées, la confiance des consom-

mateurs renforcée et les conditions-cadres mo-

difiées. Ces quatre aspects ont fait l’objet de re-

cherches interdisciplinaires, sous forme de mo-

dules: Efficience, Innovation, Consommateurs

et Conditions cadres, et de projets intégrés et

associés: Feu Bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse

CH, Coopération d’assolement, ProfiViti, WIN4

et FUI.

La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans

Recherche Agronomique Suisse permet de

diffuser une sélection de résultats et de solu-

tions pour le maintien de la compétitivité de la

production végétale en Suisse. Ces résultats et

solutions sont exemplaires. Un rapport de syn-

thèse sera disponible en avril 2014.

En considérant l'intérêt du public et le ques-

tionnement de ProfiCrops quant aux pers-

pectives de la production végétale, en tenant

compte des conditions-cadres actuelles, il était

logique d'associer FUI à ProfiCrops. L'article

«Agriculture urbaine: le projet FUI» donne un

aperçu du projet dans lequel différents types

d'agriculture urbaine ont été définis et les dis-

positions légales actuelles analysées.

Page 22: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Eclairage | Agriculture urbaine: le projet FUI

62 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 60–63, 2014

géographiques, ces bases légales constituaient le fonde-

ment d’une simulation et d’une évaluation de scénarios

et la mise en évidence de types de cultivateurs, de sites

potentiels et d’unités de productions en vue d’initiatives

de production alimentaire urbaine.

L’analyse du potentiel urbain dans le cas de Lausanne

a révélé de nombreux sites possibles en vue d’une pro-

duction alimentaire. La plupart d’entre eux sont de

petites surfaces appartenant à des privés. Dans les zones

urbaines, l’installation d’une agriculture professionnelle

traditionnelle rencontre de nombreuses restrictions,

tant sur les aspects économiques que sur les techniques

de production. Ces restrictions font que la production

de denrées alimentaires en milieu urbain ne permet

potentiellement qu’une production essentiellement à

but non lucratif. L’application modélisée des typologies

à de petites villes comme Lausanne ainsi que les expé-

riences acquises dans d’autres projets d’agriculture

urbaine montrent qu’il y a d’autres possibilités de

concrétisation en matière d’agriculture urbaine, mais il

faut encore les étudier de manière approfondie.

Cadre légal

Une recherche étendue a permis une analyse approfon-

die et documentée des bases légales régissant la produc-

tion de produits alimentaires en ville. Si l’on fait excep-

tion des fermes en zone urbaine qui sont exploitées par

des professionnels, ainsi que des unités de production

intensive que sont les fermes verticales, les fermes

d’aquaponie et d’hydroponie sous serre, les typologies

FUI ne sont pas des unités de production qui tombent

sous le sens de la loi sur l’agriculture. Hormis les lois et

ordonnances régissant notamment l’aménagement du

territoire et la protection de l’environnement, qui

concernent tous les citoyens, toutes les administrations

et toutes les entreprises, il n’existe aucune disposition

Figure 2 | La typologie FUI «ferme en toiture»: exemple d’une stratégie d’intervention en vue d’une nouvelle qualité urbaine dans un petit site de Lausanne. (Graphique: VWA)

Voie publique

Accès à la rue

Couvert végétal intégral

Machine agricole

Voies ferrées

Chemin de service périphérique

Semis de printemps

Parking aux étages inférieurs

Page 23: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Agriculture urbaine: le projet FUI | Eclairage

63Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 60–63, 2014

Le projet a aussi montré que la collaboration de spécia-

listes venant de domaines de recherche très différents

pose des exigences très élevées. Une démarche interdis-

ciplinaire méthodique avec une mise en valeur systéma-

tique des résultats obtenus est une formule à recomman-

der. Fin 2013, une équipe de l’Université de Lausanne a

créé le réseau Swiss Urban Agriculture Network (SUAN)

dont le but est de relier les activités de recherche des

différents organismes actifs dans le domaine de l’agri-

culture urbaine en Suisse.

Un résumé des résultats du Programme de recherche

national «Nouvelle qualité urbaine» sera publié par le

Fonds national suisse sur la page web www.pnr65.ch n

légales précise qui concerne l’agriculture urbaine. Ce

vide légal est partiellement compensé par la mise au

point de chartes (p. ex. à Bâle et à Lausanne). Toutefois,

la multiplication des projets de production alimentaire

en zone urbaine poussera à l’élaboration de dispositions

légales adéquates. Les dispositions actuelles reposent

implicitement sur les bases de la production intégrée et

celles de la production biologique.

C o n c l u s i o n s

FUI a permis le développement de méthodes et d’instru-

ments de travail systématiques, à même d’étayer les tra-

vaux de divers milieux intéressés aux possibilités de mise

en œuvre et à la planification de l’agriculture urbaine,

en vue d’améliorer la qualité de vie en ville. Cela peut

concerner les milieux de la politique, de l’administration

communale, de l’aménagement du territoire, ainsi que

les professionnels de l’agriculture, qu’elle soit urbaine

ou non. La modélisation des nombreuses typologies dis-

ponibles montre que la production urbaine de denrées

alimentaires peut avoir un effet positif sur la qualité

sociale et écologique d’une ville. Indépendamment de la

production alimentaire, cette évaluation peut inclure

des effets sur des aspects sociaux, par exemple des fonc-

tions pédagogiques et intégratives. Des milieux de l’agri-

culture professionnelle se sont aussi montrés intéressés à

certaines formes d’agriculture urbaine dans la mesure

où il existe un marché potentiel.

Bibliographie ▪ Crole-Rees A., Heitkämper K., Bertschinger L., Dumondel M., Haller

Th. & Verzone C., 2012. Urban agriculture: an opportunity for farmers? A Swiss case study. Paper presented at the SHE conference, Angers, July 2012.

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Page 24: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

64

 

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 64–67, 2014

Win4 dans l'agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques

Série ProfiCrops

E c l a i r a g e

si l’on veut préserver la compétitivité de l’agriculture

suisse dans un environnement international toujours

plus sélectif. Un des facteurs prépondérants de cette

évolution, dans un marché national caractérisé par

un pouvoir d’achat élevé, sera le maintien et le ren-

forcement de la confiance des consommateurs suisses

dans la production locale. Win4 a pour but de déve-

lopper une production agricole profitable et compa-

tible avec les objectifs de la protection de l’environ-

nement.

Le concept Win4 est destiné à promouvoir des syner-

gies par l’optimisation de toutes les dimensions de la

durabilité: écologique (flux de substances et biodi-

versité), économique et sociale. Win4 part de l’hypo-

thèse que l’agriculture suisse dispose d’un potentiel

considérable d’optimisation dans l’utilisation des

multiples synergies. Ces dernières permettent d’aug-

menter considérablement et à peu de frais l’efficience

des ressources et la rentabilité de la production agri-

cole. La réalisation de ce potentiel est indispensable

La réduction des flux de substances en provenance du système agro-écologique permet d'optimiser l'utilisation du sol agricole et d'augmenter la biodiversité.

Otto Daniel1, Anna Crole-Rees1, Lukas Bühler1, Flavia Geiger1, Hans-Ulrich Gujer2 et Lukas Bertschinger1

1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8020 Wädenswil, Suisse2Office fédéral de l'environnement, Berne, Suisse

Renseignements: Otto Daniel, e-mail: [email protected]

Exploitation B Érosion,

phosphore

Nitrate, produits phytosanitaires

Utilisation optimale du sol

Flux de substancesBiodiversité

Exploitation A

Page 25: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

65

 

Win4 dans l'agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques | Eclairage

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 64–67, 2014

Win4 en tant que projet de recherche

Destiné à définir des objectifs réalisables par les exploita-

tions agricoles, un projet de recherche a été lancé dans le

cadre de ProfiCrops et financé par l’Office fédéral de l’en-

vironnement OFEV. Il s’est d’abord focalisé sur le rôle des

«surfaces contributrices» dans le cadre de la diffusion des

produits phytosanitaires (PPS) dans les eaux de surface, en

raison de son importance relative parmi les objectifs du

projet. Les questions suivantes ont été abordées:

1. La coopération entre entreprises agricoles peut-elle

amener une meilleure exploitation des «surfaces

contributrices»? Cette question a fait l’objet d’une

analyse bibliographique et d’interviews.

2. Comment déterminer les «surfaces contributrices», et

comment diminuer concrètement les flux de PPS? Il

conviendra de développer des outils et des procédures

à cet effet.

Situations win-win par la coopération interentreprise

En agriculture, les formes d’organisation interentre-

prises peuvent catalyser des optimisations pluridimen-

sionnelles (Geiger et al. 2011). Diverses formes de coopé-

ration interentreprises sont susceptibles de réduire les

frais fixes et variables, et d’améliorer la productivité du

travail: par exemple, les associations d’exploitations ou

secteurs d’exploitation, ou l’utilisation partagée de

machines (Mann et Muziol 2001). Une conséquence

sociale importante peut être la diminution des risques et

de la charge de travail. Une réduction du temps de tra-

vail entraîne une augmentation du temps libre et des

moments disponibles pour la vie familiale (Pavillard

2005). Cependant, la coopération augmente la dépen-

dance réciproque des chefs d’exploitation, la nécessité

de négociations et le risque de conflits.

Il existe peu d’études scientifiques approfondies

portant sur l’effet de l’organisation interentreprises sur

la durabilité écologique des exploitations. Dans le passé,

l’agrandissement des exploitations et surtout des par-

celles a souvent entraîné une diminution de la biodiver-

sité dans les exploitations agricoles (Belfrage et al. 2005).

Cependant, il faut aussi considérer le facteur important

des flux de substances en provenance des parcelles.

Dans cette optique, on constate l’influence souvent

importante des «surfaces contributrices», c’est-à-dire

des surfaces contribuant de manière plus que propor-

tionnelle aux pertes de substances d’une parcelle (Frey et al. 2011). En principe, l’utilisation du sol dans le cadre

d’une association des terres permet d’utiliser de

manière mieux adaptée les «surfaces contributrices»,

car l’on dispose alors d’une meilleure flexibilité dans le

choix du mode d’utilisation que dans une exploitation

gérée isolément.

ProfiCrops

Le programme de recherche Agroscope Profi-

Crops (www.proficrops.ch) a pour objectif

de contribuer à garantir la compétitivité de la

production végétale suisse dans un cadre de

plus en plus libéralisé, et de renforcer la

confiance des consommateurs envers les pro-

duits suisses. Les hypothèses posées en début

de programme stipulaient que l’efficience de

la production devait être améliorée, l’innova-

tion et la valeur ajoutée augmentées, la

confiance des consommateurs renforcée et

les  conditions-cadres modifiées. Ces quatre

aspects ont fait l’objet de recherches interdisci-

plinaires, sous forme de modules: Efficience,

Innovation, Consommateurs et Conditions

cadres, et de projets intégrés et associés: Feu

bactérien, ProfiVar, ProfiGemüse CH, Coopéra-

tion d’assolement, ProfiViti, WIN4 et Agricul-

ture urbaine FUI.

La série d’articles «ProfiCrops» publiée dans

Recherche Agronomique Suisse permet de dif-

fuser une sélection de résultats et de solutions

pour le maintien de la compétitivité de la pro-

duction végétale en Suisse. Ces résultats et

solutions sont exemplaires. Un rapport de syn-

thèse sera disponible en avril 2014.

L'article «Win4 en agriculture: améliorations

écologiques, sociales et économiques» pré-

sente le projet Win4 qui vise à optimiser ces

dimensions de la durabilité. L'article fait le

point sur le manque actuel de connaissances

et d'outils, et décrit les premiers résultats du

projet concernant les flux de substances

contenues dans les produits phytosanitaires.

Page 26: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

66

Eclairage | Win4 dans l'agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 64–67, 2014

Mis à part les engrais, les produits phytosanitaires (PPS)

sont les facteurs de production les plus susceptibles de

causer des dommages à la flore et à la faune aquatiques

lorsqu’ils parviennent dans les eaux de surface, sous

forme d’un flux de substances, en provenance d’une

parcelle agricole (Schäfer et al. 2007). Les consomma-

teurs sont très sensibles aux informations fréquemment

diffusées concernant la présence de PPS dans les eaux

souterraines et potables. Il pourrait en résulter une

perte durable de confiance dans l’agriculture suisse. La

réduction des apports de PPS dans les eaux de surface

pourrait être une des principales exigences posées à

l’agriculture suisse dans les prochaines années.

Ce projet a pour objectif d’apporter une contribu-

tion pratique à la réduction de PPS dans les eaux de

surface, en montrant comment les «surfaces contri-

butrices» peuvent être détectées et en déterminant si

ces apports peuvent être réduits de manière ciblée, par

exemple par la délimitation de surfaces écologiques de

compensation.

Situations win-win par détection des «surfaces contri-

butrices»

Des essais de procédures de détection des «surfaces

contributrices» permettant de réduire les apports de PPS

dans les eaux de surface ont été conduits sur différentes

exploitations pilotes (Daniel et Bühler 2013). Il est

apparu qu’une bonne appréciation des conditions

locales et de la situation sur une exploitation dépendait

de l’utilisation efficace des sources d’informations dispo-

nibles telles les cartes de risques d’érosion, les cartes

pédologiques, les plans de drainage, etc. (fig. 1). On a

constaté également l’importance d’un entretien avec le

chef d’exploitation et de la visite des lieux (fig. 2). Ces

démarches étaient indispensables à la prise en compte

de l’utilisation des parcelles et à l’évaluation globale du

potentiel d’apports de PPS dans les eaux de surface en

provenance des différentes parcelles. Des mesures sus-

ceptibles de réduire les apports de PPS dans les eaux de

surface ont été proposées pour les parcelles critiques.

Parmi ces mesures, le choix d’une rotation appropriée, le

placement adéquat de surfaces écologiques de compen-

sation et de bandes tampons ainsi que le choix de

méthodes idoines de travail du sol.

Les études menées sur les exploitations pilotes ont

montré que les outils et procédures développés dans le

projet constituent une bonne base d’optimisation de la

gestion des exploitations agricoles dans l’optique d’une

réduction des apports de PPS dans les eaux de surface.

Les chefs des exploitations pilotes avaient déjà pris

d’eux-mêmes des mesures propres à minimiser les

apports de PPS dans les eaux de surface. Les outils et

Figure 1 | Raccordements possibles des parcelles du domaine expérimental de Tänikon aux eaux de surface voisines. L'eau de pluie peut parvenir aux eaux de surfaces voisines par les drainages, ou en surface par les lignes d'écoulement, les puits et les rigoles d'évacuation d'eau des routes. (Carte © swisstopo)

Lützelmurg

Dorfbach

Löhrenbach

0 400200 m

Légendes:

Surface de compensation écologique

Ligne d'écoulement

Prairie ou pâturage permanents

Surface drainée

Route avec évacuation des eaux

Eaux

Puits collecteur

Page 27: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

67

Win4 dans l'agriculture: améliorations écologiques, sociales et économiques | Eclairage

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 64–67, 2014

dimensions de ce projet doivent être capitalisées en

concepts applicables, qui puissent être développés en pro-

jets «on-farm» sous forme d’atelier permanent. Actuelle-

ment, les connaissances et méthodes acquises sont mises à

profit et développées dans deux projets consécutifs.

Le projet «Win4: mise en œuvre dans des exploitations

pilotes», conduit par Agrofutura et Agridea, vise à élimi-

ner les points faibles des mesures actuelles d’écologisa-

tion prescrites par la politique agricole. En effet, celles-ci

sont basées sur des mesures prises isolément et il s’agit de

prendre en compte l’ensemble de l’exploitation. La

démarche est centrée sur un processus de consultation au

cours duquel est analysé le potentiel concret d’optimisa-

tion des prestations de l’exploitation en faveur de l’envi-

ronnement. Des mesures appropriées à la réalisation du

potentiel sont alors validées. Le deuxième projet pilote,

qui concerne des surfaces étendues, est implanté à Alber-

swil-Mauensee aux confins de la plaine de Wauwil (LU).

Conduit par l’entreprise Ö+L GmbH, il est accompagné

par la fondation Agrovision et le canton de Lucerne. Son

objectif est d’appliquer à des exploitations individuelles

les méthodes développées pour la détection et la gestion

de surfaces contributrices, ainsi que de développer les

bases d’une mise en œuvre à l’échelle régionale.

Le projet Win4 a permis de mettre à disposition les

premières bases d’application pratique dans le cadre de

ProfiCrops, et de donner une impulsion forte à la mise

en place de projets tels la recherche on-farm et la mise

en œuvre dans la pratique. n

procédures fournis par le projet permettent d’évaluer

d’autres exploitations et de proposer des mesures adap-

tées spécifiquement aux parcelles dont il s’agit de

réduire les apports de PPS aux eaux de surface.

Il est apparu qu’une grande partie des mesures pos-

sibles sont de la compétence décisionnelle d’un exploi-

tant agricole, à l’échelle de son exploitation. Cependant,

les outils proposés s’appliquent au niveau de la parcelle.

Si l’on veut améliorer la qualité des eaux de surface, il

sera nécessaire de vérifier l’adéquation des mesures

sous leurs aspects sociaux et économiques afin de les

intégrer dans la stratégie d’une exploitation ou d’une

organisation interentreprises, et de les coordonner dans

le cadre de projets régionaux de mise en réseaux.

Win4 dans le contexte global de l’exploitation

Win4 se propose de soutenir la viabilité à long terme de

l’agriculture suisse par des projets interdisciplinaires «on-

farm». Les connaissances actuelles dans les différentes

Bibliographie ▪ Anonyme, 2005. Millenium Ecosystem Assessment. Accès: http://www.maweb.org/en/index.aspx. [Novembre, 2011].

▪ Belfrage K., Björklund J. & Salomonsson L., 2005: The effects of farm size and organic farming on di-versity of birds, pollinators, and plants in a Swedish landscape. Ambio 34, 582–588.

▪ BLW, 2011. Klimastrategie Landwirtschaft. Klimaschutz und Anpassung an den Klimawandel für eine nachhaltige Schweizer Land- und Ernäh-rungswirtschaft. 46 p.

▪ Daniel O. & Bühler L., 2013. Pflanzenschutzmitteleintrag aus ackerbaulich genutzten Parzellen in Oberflächengewässer: Analyse und Reduktions-massnahmen auf Ebene Betrieb. Studie im Auftrag des BAFU. 51 p.

▪ Frey M., Konz N., Stamm C. & Prasuhn V., 2011. Machbarkeitsstudie. Kartierung beitragender Flächen. Studie im Auftrag des BAFU. 91 p.

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Figure 2 | Visite de terrain visant à vérifier et à compléter les cartes de sol et de risques d’érosion, les plans de drainage, etc. (Photo © Lukas Bühler, Agroscope)

▪ Geiger F., Crole-Rees A. & Daniel O., 2011. Zwischenbericht Vorprojekt Win4. Studie im Auftrag des BAFU. Wädenswil. 27 p.

▪ Mann K. H. & Muziol O., 2001. Darstellung erfolgreicher Kooperationen und Analyse der Erfolgsfaktoren. Betriebsgesellschaften in der Landwirtschaft – Chancen und Grenzen im Strukturwandel. Frankfurt/M., Rentenbank.

▪ Pavillard N., 2005. Innovative Bewirtschaftungsformen und Strukturan-passungen in der Schweizer Landwirtschaft. Institut für Agrarwirtschaft. Zürich, Eidgenössische Technische Hochschule Zürich.

▪ Schäfer R. B., Caquet T., Siimes K., Mueller R., Lagadic L. & Liess M., 2007. Effects of pesticides on community structure and ecosystem func-tions in agricultural streams of three biogeographical regions in Europe. Science of The Total Environment 382, 272–285.

Page 28: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

68 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 68–70, 2014

coles. Les organisations impliquées ouvrent de nouvelles

pistes en coordonnant et en regroupant leurs activités;

elles visent aussi bien les femmes que les hommes.

La cohabitation sur l’exploitation, en particulier le rôle

et la position de la femme, sont depuis longtemps un

thème très débattu au sein des organisations profession-

Des organisations agricoles se sont associées pour réaliser

la campagne «Femmes et hommes dans l’agriculture, pour

un véritable partenariat» et par là donner plus de visibilité

à ce sujet. Il faut en effet mettre en pratique les connais-

sances concernant les femmes dans l’agriculture, citées

dans le rapport agricole 2012 de l’Office fédéral de l’agri-

culture et les besoins des membres des organisations agri-

Femmes et hommes dans l’agriculture

Hermine Hascher et Esther Thalmann

AGRIDEA, 8315 Lindau, Suisse

Renseignements: Hermine Hascher, e-mail: [email protected]

Esther Thalmann, e-mail: [email protected]

La campagne s’adresse aux femmes et aux hommes, dans les champs d'action «qualité de vie et vivre ensemble», «droit et couverture sociale», ainsi que «défense professionnelle».

E c l a i r a g e

Page 29: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Femmes et hommes dans l’agriculture | Eclairage

69Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 68–70, 2014

nelles, de la formation et de la vulgarisation, ainsi qu’en

politique. Depuis le postulat de Maya Graf du 15 juin

2011, ce sujet a également gagné la scène publique.

L’Office fédéral de l’agriculture OFAG a publié dans le

rapport agricole 2012 d’intéressants résultats d’une

étude de Ruth Rossier (Agroscope):

Toujours plus nombreuses à exercer une activité lucrative

Depuis dix ans, les activités rétribuées des femmes dans

l’exploitation augmentent. Lorsqu’elles exercent une

activité indépendante, elles sont par exemple respon-

sables d’une branche d’exploitation, telle la vente

directe ou l’agritourisme, et contribuent pour une part

notable au revenu total de l’exploitation.

Près de la moitié des femmes ont une activité lucra-

tive en dehors de l’exploitation et 28 % des femmes

interrogées contribuent pour plus d’un quart au revenu

total grâce à leur activité extra-agricole.

Peu conscientes de leur statut juridique

Peu de femmes gèrent une exploitation agricole à titre

indépendant. La plupart d’entre elles ont épousé un

exploitant. En règle générale, il n’y a aucune inscription

au registre foncier faisant état d’une copropriété avec

l’épouse. Pourtant, la plupart des femmes se disent

copropriétaires ou co-exploitantes.

Peu préoccupées par leur faible couverture sociale

Près de 80 % des femmes constituent leur couverture

sociale. Comme elles ont généralement une activité

lucrative à temps partiel, leur couverture est souvent

modeste. Pourtant, la plupart de ces femmes, générale-

ment mariées, se préoccupent peu de leur couverture

sociale.

Une initiative commune

«Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un véri-

table partenariat» est une campagne commune de

l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales USPF,

de l’Union suisse des paysans USP, du Forum la Vulg

Suisse FVS et d’AGRIDEA. La campagne, lancée le 15 mai

2013, se base sur les questions et les attentes de ses

membres tout en se référant au chapitre «Les femmes

dans l’agriculture» du rapport agricole 2012.

Ces quatre organisations travaillent depuis long-

temps sur le sujet. Depuis mai 2013, elles ont uni leurs

forces et bénéficient d’un soutien financier et des

conseils de l’OFAG. Elles ont pour objectif de mettre en

évidence les acquis et de combler les lacunes constatées.

Elles ont pour priorité de coordonner leurs activités,

d’exploiter les synergies et d’organiser des activités

communes.

Gestion de l’exploitation en partenariat

«Ensemble»: c’est le mot d’ordre que s’est donné la cam-

pagne «Femmes et hommes dans l’agriculture, pour un

véritable partenariat».

Gérer l’exploitation et vivre ensemble: aménager

ensemble l’entreprise «ferme et vie commune» – travail-

ler ensemble, vivre ensemble, cohabiter, c’est ce que

veut favoriser la campagne. Il s’agit donc de concilier les

intérêts et les défis de l’entreprise, ainsi que les besoins,

les souhaits et les talents des personnes qui la com-

posent. Cela n’est pas toujours évident. Cet équilibre est

toutefois essentiel pour la satisfaction à long terme des

protagonistes, pour leur qualité de vie et pour un déve-

loppement durable de l’entreprise agricole, et prend

toute son importance lorsque les temps sont durs.

Les organisations qui ont lancé la campagne esti-

ment que focaliser leur action sur les femmes ne peut

engendrer que des changements modestes. Vivre et tra-

vailler ensemble implique que toutes les personnes

concernées connaissent leur rôle respectif et leur statut,

sont informées de leurs droits et de leurs devoirs. Au

plan juridique, les possibilités ne sont pas toujours

exploitées au mieux, ce sont souvent les normes sociales

et la tradition qui l’emportent. Ainsi, un nombre bien

plus élevé d’exploitations sont remises aux fils plutôt

qu’aux filles, alors que les hommes et les femmes dis-

posent des mêmes possibilités au niveau de la formation

et du droit.

Le sujet intéresse aussi les pays voisins. Le colloque

«Frauen am Land – Potenziale und Perspektiven», qui

s’est tenu du 7 au 9 février 2013 à Vienne (Autriche), a

réuni des représentantes venues d’Allemagne, d’Au-

triche, de Haut-Adige et de Suisse. Lors du débat final, le

vœu a été exprimé d’intégrer davantage les hommes

lors d’une éventuelle prochaine réunion. Dans l’Arc

jurassien, les participantes du projet FARAH (Femmes en

Agriculture: Responsables et Autonomes en complé-

mentarité avec les Hommes) sont parvenues aux mêmes

conclusions. La «gestion en partenariat» est de plus en

plus d’actualité.

Agir ensembleLes organisations qui ont lancé la campagne veulent à

l’avenir encore mieux coordonner leurs efforts et donner

plus d’importance aux questions concernant les femmes et

les hommes dans l’agriculture. Leur but: entrer dans

chaque domaine agricole, sensibiliser la vulgarisation et la

formation, les prestataires de services et les organisations

à l’importance de cette question. La mise en réseau de

l’ensemble des acteurs et le regroupement des ressources

sont la force de cette campagne. Cette collaboration fruc-

tueuse a déjà permis de mener à bien divers projets:

Page 30: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Eclairage | Femmes et hommes dans l’agriculture

70 Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 68–70, 2014

•• Atelier national «Femmes dans l’agriculture»,

décembre 2012: durant la période précédant le

lancement de la campagne, on y a jeté les bases d’un

consensus sur les besoins et les questions à résoudre;

plus de 50 personnes représentant diverses organisa-

tions et le monde politique ont participé à cet atelier.

•• Publication du flyer «Femmes et hommes de la

campagne – des clés pour vivre en harmonie», avril

2013: ce document renvoie au site Internet de l’USFP,

où l’on peut trouver une liste de documents et de

liens intéressants.

•• Publication en collaboration avec la revue UFA d’un

numéro spécial «Les paysannes ont des droits»,

septembre 2013 (tirage: 74 600 exemplaires, 12 950

en français et 61 650 en allemand). Des webinares

avec des personnes expertes ont été proposés pour

approfondir des sujets tels que le droit matrimonial,

le droit successoral et le droit foncier rural, ainsi que

la couverture sociale des paysannes.

Trois champs d’action prioritaires

La campagne veut poser des jalons pour l’avenir et pour-

suivre ses travaux dans trois domaines.

Champs d'action l – Qualité de vie et vivre ensemble

La campagne s’adresse aux exploitantes et exploitants

ainsi qu’aux responsables de la formation et de la vul-

garisation. Les offres de formation/perfectionnement

doivent accorder l’importance qui lui est due au thème

femme et homme dans l’agriculture. Un des principaux

objectifs est d’approfondir systématiquement certains

sujets (comme celui des investissements) et d’analyser

leur influence sur la qualité de vie de la famille. Ces

questions ne concernent pas la production animale ou

végétale, mais ont un impact considérable sur la marche

de l’exploitation. La prise de conscience doit se faire à

tous les niveaux, de la formation initiale au perfection-

nement et à la vulgarisation.

Champs d'action ll – Droit et couverture sociale

Un inventaire des documents existants a été établi. Son

analyse a mis en évidence des lacunes dans certains

domaines:

•• Lors de la remise de l’exploitation, le régime matrimo-

nial des parents doit être étudié. Il faut, par exemple,

déterminer le capital investi dans l’exploitation par

chacun des parents et définir les possibilités de

compensation.

•• Les décisions engageant l’exploitation doivent être

prises en commun et, par exemple, l’état des fonds

propres doit être transparent dans la comptabilité.

•• Les femmes qui épousent un exploitant devraient

disposer des informations indispensables les concer-

nant.

Par ailleurs, de nouveaux sujets à étudier ont été identifiés:

•• Le revenu souvent insuffisant dans l’agriculture et ses

conséquences.

•• L’homme et la femme dans les rapports de coopéra-

tion inter-exploitations.

De nouvelles fiches techniques d’AGRIDEA et d’agriex-

pert sont prévues, ainsi que des articles dans la presse

professionnelle. Un portail thématique sur Internet per-

mettant d’accéder facilement au thème et aux informa-

tions correspondantes est souhaité.

Champs d'action lll – Défense professionnelle

La campagne n’oublie pas non plus de s’adresser aux

associations et aux interprofessions. Comment inciter

les femmes à s’engager dans ces structures? La sensibi-

lisation à ces questions doit être poursuivie, même

si elles intéressent aujourd’hui plus qu’il y a quelques

années. Un exemple réjouissant est l’élection de Christine

Bühler, présidente de l’USPF, à la vice-présidence de l’USP.

Elle est la première femme nommée à ce poste exigeant.

Ancrer durablement les acquis dans les milieux concer-

nés sera le défi futur. Il s’agira de continuer à dévelop-

per et à promouvoir les activités en cours et déjà esquis-

sées au-delà de la campagne, dont la fin est prévue en

mai 2014. Les bases de la collaboration future étant

posées, les organisations initiatrices continueront à

s’impliquer ensemble pour les femmes et les hommes

dans l’agriculture. n

Page 31: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

71Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 71, 2014

P o r t r a i t

Chercheur de profession et apiculteur par passion – la vie

de Peter Gallmann suit depuis de nombreuses années le

sillage des abeilles. Fin février 2014, celui qui dirige le

Centre de recherche apicole d’Agroscope à Liebefeld BE

depuis 2004 partira à la retraite. Mais avant, flashback!

Né en 1952 et originaire de Sils GR, Peter Gallmann a

«sévi» comme enseignant primaire à Safien avant de se

lancer dans des études d’agronomie, puis de sciences ali-

mentaires à l’ETH de Zurich. Sa thèse a porté sur les pro-

cessus biochimiques dans la maturation du fromage. En

1987, il prend la direction de la section Produits laitiers à

la station fédérale de recherches laitières FAM à Liebe-

feld, dont faisait partie la section de recherche apicole.

La recherche apicole débute en Suisse au début du

20e siècle avec une épidémie de loque américaine, la

découverte par des chercheurs du secteur agricole de la

bactérie à l’origine de la maladie et la création en 1907

de la section apicole. La méthode d’estimation de la

force des colonies de Liebefeld ou le diffuseur d’acide

formique de la FAM sont deux inventions de la recherche

apicole suisse. Bien que celle-ci ait toujours joui d'une

excellente réputation à l'étranger et soit connue pour sa

proximité avec la pratique, elle a été négligée sur le plan

politique dans les années 1990.

En 2004, c’est le tournant: la conseillère nationale

grisonne Brigitta Gadient – que Peter Gallmann connaît

depuis son enfance – dépose la motion «Promouvoir

l’apiculture en Suisse», qui va ouvrir la voie à la revalori-

sation de l’abeille mellifère. Le règlement pour le

contrôle du miel en 2005, le centenaire de la recherche

apicole et l’ancrage de l’abeille dans la Loi sur l’agricul-

ture en 2007, le lancement du projet de portée mondiale

Coloss en 2008, la tomographie assistée par ordinateur

de colonies entières ainsi que les programmes de

recherche européens Beedoc et Step sur la mortalité des

abeilles en 2009, la création d’une chaire de santé des

abeilles en 2012, sans oublier la mise en place du service

apicole sanitaire en 2013 font partie des moments forts

de la carrière de Peter Gallmann. «Je suis heureux d’avoir

atterri chez les abeilles. J’ai pu faire bouger les choses.»

Et Peter Gallmann d’ajouter: «Ce que j’ai fait n’a été pos-

sible qu’avec la collaboration engagée des principales

sociétés d’apiculture.»

Peter Gallmann a déjà remis les rênes du Centre de

recherche apicole à son successeur (Jean-Daniel Char-

rière) pour se consacrer à son dernier grand mandat:

l’élaboration d’un catalogue de mesures par un groupe

d’experts pour protéger la santé des abeilles. Il se réjouit

de cette fin de carrière en beauté. «C’est une chance

immense de pouvoir œuvrer en faveur des abeilles, de

tous les insectes pollinisateurs et de l’agriculture.»Débordé de travail, Peter Gallmann aimerait parfois

avoir davantage de temps pour lui, pour aller en mon-

tagne, pour ses 20 colonies et ses deux ruchers dont il

s’occupe depuis 2004 par passion de l’apiculture, pour

la formation continue et pour ses nombreuses visites

de l’étranger. Sa retraite commence officiellement en

mars 2014. Du repos? Sûrement pas! Il y a deux ans, ce

père de deux garçons adultes a fondé en Ethiopie une

société locale d’apiculture. Une miellerie pour 40 api-

culteurs est déjà en construction. La fondation Lear-

ning for Life, dont il est membre du conseil de fonda-

tion, soutient le projet. Il est prévu d’y produire du miel

pour l’exportation et des produits apicoles destinés à la

médecine locale.

Christine Caron-Wickli, Agroscope

«Chez les abeilles, j’ai réussi à faire bouger les choses»

Peter Gallmann. (Photo: Agroscope)

Page 32: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

72

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 72–75, 2014

Actualités

Cérémonie de clôture ProfiCropsle 9 avril 2014

Le programme de recherche ProfiCrops d’Agroscope

touche à sa fin. L’objectif de ce programme de recherche

était l’élaboration, la mise en oeuvre, l’évaluation et le

transfert des connaissances, afin d’assurer un avenir

pour la production végétale en Suisse dans un marché

largement libéralisé. Il s’agissait également de renforcer

la confiance des consommatrices et des consommateurs

envers les produits indigènes.

Un comité de rédaction, composé des coordinateurs

de ProfiCrops, a rédigé un rapport de synthèse, qui met

en évidence les expériences réalisées et les conclusions

du programme. Ce rapport sera présenté et publié au

cours de la cérémonie de clôture, qui se tiendra dans la

région de Berne le 9 avril prochain. Des thèmes tels que

l’efficience, l’innovation et la différenciation des pro-

duits y seront abordés, ainsi qu’une liste de solutions

possibles pour renforcer la compétitivité.

Des représentantes et représentants du secteur de la

production végétale suisse, les membres du forum Profi-

Crops, les coordinatrices et coordinateurs de ProfiCrops

et les médias seront invités à participer à cette cérémo-

nie de clôture.

Le rapport de synthèse sera disponible après l’événe-

ment à l’adresse suivante:

Agroscope, «ProfiCrops»,

Schloss 1, Postfach, 8820 Wädenswil

ou www.agroscope.admin.ch.

Voir aussi www.proficrops.ch

ProfiCropsProgrammes de recherche Agroscope

Page 33: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

73

A c t u a l i t é s

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 72–75, 2014

N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s

tion durable de l’eau» (PNR 61), était donc d’élaborer

des recommandations en faveur d’une gestion optimale

de l’eau qui préserve à la fois la rentabilité et l’environ-

nement dans différents scénarios climatiques, financiers

et politiques. Un deuxième objectif était l’identification

de moyens pour réglementer la mise en oeuvre des

mesures à prendre. Deux niveaux de décision ont été

considérés: le niveau régional, qui nécessite des straté-

gies de planification de l’utilisation du sol et des eaux, et

le niveau de l’exploitation, dont la gestion doit être

adaptée. Les recherches ont été menées dans la vallée de

la Broye et dans le bassin-versant du Greifensee, deux

régions différentes au niveau du climat et de l’utilisation

du sol.

En conclusion, augmenter l’irrigation pour une pro-

duction maximale alors que l’eau est de plus en plus limi-

tée a des effets négatifs sur l’environnement dans cer-

taines régions sensibles et met sous pression les réserves

naturelles telles que les lacs et les rivières. Les résultats

du projet AGWAM montrent des stratégies d’adaptation

possibles, qui soient robustes et durables; ils présentent

aussi des variantes purement techniques, comme la

construction de réservoirs ou de grosses conduites per-

mettant d’augmenter l’alimentation en eau sous l’effet

du changement climatique.

Cette publication est disponible en anglais uniquement.

Jürg Fuhrer et al., Agroscope

Water Demand in Swiss Agriculture –

Sustainable AdaptiveOptions for Land and WaterManagement to MitigateImpacts of Climate Change

Authors:

Jürg Fuhrer, Danielle Tendall, Tommy Klein, Niklaus Lehmann, and

Annelie Holzkämper

ART-Schriftenreihe 19 | December 2013

Water demand in Swiss agriculture – sustainable adaptive options for land and water management to mitigate impacts of climate change

Cahiers d’ART 19

L’augmentation des températures et la diminution des

précipitations en été, telles que prévues par les modèles

climatiques pour ces prochaines décennies, vont accroître

le besoin en eau des cultures et réduire les réserves d’eau

disponible. Il faudra donc davantage irriguer afin de

garantir un rendement stable des cultures agricoles de

grande valeur. Cependant, la disponibilité en eau sera

plus fortement limitée là où les débits sont faibles; dans

de telles situations, des stratégies sont nécessaires afin

de réduire le besoin impératif d’eau supplémentaire

pour la production agricole. L’objectif du projet

AGWAM*, du Programme national de recherche «Ges-

*Water demand in Swiss agriculture – sustainable adaptive options for land and water management to

mitigate impacts of climate change («Demande d’eau dans l’agriculture suisse et options adaptatives

durables pour la gestion du territoire et de l’eau, dans le but d’atténuer les effets du changement clima-

tique»)

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www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 72–75, 2014

C o m m u n i q u é s d e p r e s s e

27.01.2014 Conférence de presse Agroscope Le regroupement de tous les sites d'Agroscope sous une

seule et même enseigne, depuis le début de 2014, ren-

forcera la recherche agronomique et alimentaire. En

novembre 2013, le Conseil fédéral a approuvé le mandat

de prestations d‘Agroscope pour les années 2014 à 2017.

Six pôles thématiques y sont définis, selon lesquels

Agroscope organisera ses recherches de manière straté-

gique. Le but de cette nouvelle orientation est d'obtenir

un profit maximum pour la Suisse. Le nouveau slogan

«une bonne alimentation, un environnement sain»

résume cet objectif en quelques mots.

07.01.2014 Réduire les besoins en eau, maintenir la productivité En raison du réchauffement climatique, nombre d’ex-

ploitations agricoles en Suisse seront contraintes d’irri-

guer davantage leurs cultures à l’avenir, alors même que

de nombreuses rivières verront leur débit diminuer. La

production agricole ne connaîtra toutefois pas de baisse

sensible si l’augmentation des besoins en eau parvient à

être contenue, comme le démontrent des modélisations

effectuées dans le cadre du Programme national de

recherche «Gestion durable de l’eau» (PNR 61).

06.01.2014Agroscope surveille le ravageur Drosophila suzukii La drosophile du cerisier, ou drosophile à ailes tachetées

(Drosophila suzukii), a été signalée en Suisse pour la pre-

mière fois en 2011. La dangerosité de ce ravageur est

désormais avérée et menace aussi bien les jardiniers

amateurs que les professionnels. Les petits fruits sont

particulièrement touchés. Fonctionnel, le réseau natio-

nal de surveillance par piégeage mis en place par

Agroscope permet de suivre semaine par semaine l’évo-

lution du ravageur et de réagir en conséquence. Les

mesures préventives d’hygiène dans les cultures et le

piégeage de masse permettent de réduire ou de retar-

der efficacement les attaques du ravageur.

23.12.2013 Le nombre de chevaux continue de croître en Suisse Le nombre de chevaux, poneys et ânes continue d'aug-

menter en Suisse. Fin 2012, on y comptait un total de

103 010 équidés, dont 75 % détenus dans des exploita-

tions agricoles. Les activités de l’ensemble de la filière

équine regroupent près de 12 900 emplois et ont généré

un chiffre d’affaire de 15 % supérieur à celui de 2010.

Ces chiffres sont révélés aujourd’hui dans une étude

publiée par le Haras national suisse d’Agroscope.

10.12.2013Peu de soucis avec la tordeuse orientale du pêcher en 2013 Présente en Suisse depuis plusieurs décennies, la tor-

deuse orientale du pêcher a été à l’origine de dégâts

importants dans les pêchers et poiriers de Romandie en

2012. Cette année par contre, la pression du ravageur a

été plus faible, grâce notamment à la stratégie de lutte

proposée par Agroscope. Il est cependant recommandé

aux producteurs de rester vigilants et de privilégier

les  mesures de lutte durables, telles que la confusion

sexuelle et les traitements biologiques à base de virus.

www.agroscope.admin.ch/communiques

Page 35: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

75

Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

Actualités

Recherche Agronomique Suisse 5 (2): 72–75, 2014

M a n i f e s t a t i o n s

Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations

L i e n s i n t e r n e t

Emprunter des livres numériques (e-books) par voie électronique est désormais possible!

www.library.ethz.ch/de/Dienstleistungen/ Ressourcen-nutzen-bestellen/Pilotversuch- E-Lending-Wissenschaftliche-E-Books- elektronisch-ausleihen

Dans le cas d’un essai pilote, il est pour la première pos-

sible d’emprunter par voie électronique une sélection de

livres numériques scientifiques du fonds de la biblio-

thèque de l’ETH de Zurich. Elle est ainsi la première

bibliothèque scientifique de Suisse à offrir ce service.

Les pages Internet de la bibliothèque de l’ETH sont en

allemand et en anglais.

Février 2014

06.02.20141ère Journée Nationale Grandes culturesAgroscope, le Forum Ackerbau, swissgranum, Agridea et PAG-CHInforama Rütti, 3052 Zollikofen

Avril 2014

10.04.2014Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en SuisseHaras nationalAvenches

Mai 2014

06.05.2014Brauchen Nutztiere Antibiotika?FachtagungETH Zürich, Vetsuisse Zürich et Bern, AgroscopeETH Zentrum, Zurich

06. – 07.05.2014Landtechnik im AlpenraumAgroscope et BLT WieselburgFeldkirch, Österreich

21.05.2014AgriMontana – Zukünftige Perspektiven der BerglandwirtschaftAgriMontana / AgroscopeLandquart

Juillet 2014

06. – 10.07.2014AgEng 2014 ZurichInternational Conference of Agricultural EngineeringAgroscope, ETH ZürichZurich

V o r s c h a u

Mars 2014 / Numéro 3

Les méligèthes du colza peuvent occasionner de gros dégâts aux cultures de colza. Les cultures bio et extenso sont particulièrement menacées, car les insecticides y sont interdits. Agroscope a procé-dé à des essais en plein champ et testé l’efficacité de nombreuses substances naturelles dans la lutte contre les méligèthes. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)

D a n s l e p r o c h e i n n u m é r o

•• Lutte contre le méligèthe du colza avec le produit

naturel Surround, Werner Jossi et al., Agroscope et

ETH Zurich

•• Sensibilité au champ de la pomme de terre à la

maladie de la jambe noire provoquée par Dickeya spp.,

Brice Dupuis et al., Agroscope et Université de Haute

Alsace

•• Quel est l’effet des nouvelles contributions d‘alpage?

Gabriele Mack et Christian Flury, Agroscope

•• Série Proficrops: Caractérisation des innovations en

production végétale: l’exemple du colza HOLL,

Camille Aouinaït et al., Agroscope et HES-SO Sierre

•• Série Proficrops: Le point sur l’efficience, l’efficacité

et la valeur-ajoutée, Anna Crole-Rees et Lukas

Bertschinger, Agroscope

•• Comme le millet réagit-il à l’azote?

Samuel Knapp et al., Agroscope

Page 36: Recherche Agronomique Suisse, numéro 2, février 2014

Informations actuelles de la recherche

pour le conseil et la pratique:

Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois

par année et informe sur les avancées en

production végétale, production animale,

économie agraire, techniques agricoles,

denrées alimentaires, environnement et

société. Recherche Agronomique Suisse

est également disponible on-line sous

www.rechercheagronomiquesuisse.ch

Commandez un numéro gratuit!

AgRARfoRSchungSchweiz

RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe

Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-PosieuxALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21,fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch

Nom/Société

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Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-

tion des stations de recherche agronomique

Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-

naires sont l’office fédéral de l’agriculture

ofAg, la haute école des sciences agrono-

miques, forestières et alimentaires hAfL,

AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole

polytechnique fédérale de zurich eTh zürich,

Département des Sciences des Systèmes de

l’environnement. Agroscope est l’éditeur.

cette publication paraît en allemand et en

français. elle s’adresse aux scientifiques,

spécialistes de la recherche et de l’industrie,

enseignants, organisations de conseil et de

vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,

praticiens, politiciens et autres personnes

intéressées.

Donnerstag bis Sonntag, 20. – 23. Februar 2014

Energiesparen in der LandwirtschaftTier&Technik, St. Gallen

Am Stand des Schweizerischen Verbands fürLandtechnik (SVLT) informieren Sie Fachleute vonAgroscope und SVLT über• Methoden zur Erzeugung und zur Einsparung vonEnergie auf Landwirtschaftsbetrieben

• Methoden zur Wärmerückgewinnung• Energieeffiziente Heutrocknung• Energieeffiziente Traktoren

Ort:

Besuchen Sie uns am Stand des SVLT in der Halle 1.1,Standnummer 1.1.11

www.agroscope.ch


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