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La Rectification
Auteurs : Adrien Christan et Thierry de Roche
Sous la responsabilité de : Jacques Jacot, Jean-Daniel Lüthi et Alain
Dufaux
Section : Microtechnique
Cours : Méthodes de Production
Date : 25.11.2011
-1-
Table des matières
1. Introduction ____________________________________________________________ 2
2. Bases & Usinage ________________________________________________________ 2
2.1. Définitions _______________________________________________________________ 2
2.2. Usinage par abrasion ______________________________________________________ 3
2.3. Pourquoi rectifier _________________________________________________________ 4
3. Machines et outils _______________________________________________________ 4
3.1. Rectifieuses ______________________________________________________________ 4
3.2. Meules __________________________________________________________________ 5
3.3. Liquides de coupe _________________________________________________________ 7
3.4. Dressage des meules_______________________________________________________ 9
4. Classification (vitesse et profondeur de passe) _______________________________ 10
4.1. Rectification conventionnelle _______________________________________________ 10
4.2. Rectification en passe profonde à avance lente (creep feed grinding) _______________ 10
4.3. Rectification très grande vitesse (RTGV) ______________________________________ 10
5. Méthodes de rectification ________________________________________________ 11
5.1. Rectification plane (ou planage) ____________________________________________ 11
5.2. Rectification cylindrique extérieure __________________________________________ 12
5.3. Rectification cylindrique intérieure __________________________________________ 13
5.4. Rectification centerless ____________________________________________________ 13
5.5. « Rectifications spéciales » _________________________________________________ 14
6. Etude de Coût __________________________________________________________ 15
7. Conclusion ____________________________________________________________ 17
8. Remerciements ________________________________________________________ 17
9. Bibliographie __________________________________________________________ 18
-2-
1. Introduction
Bien que le principe de la rectification fût déjà connu, il est industrialisé avec l’apparition de
l’automobile motorisée de Ford au début du 20ème siècle. C’est grâce à une forte demande de cette
voiture que la production de masse s’est développée. L’idée de la production de masse est de
produire les composants séparément et en grand nombre pour un coût le plus bas possible et de les
assembler ultérieurement. Pour qu’on puisse assembler les pièces sans les adapter les unes par
rapport aux autres, il faut qu’elles aient toutes les mêmes dimensions, la même forme et le même
état de surface. Etant donné que physiquement, cela n’est pas possible, il faut trouver un espacement
des cotes dans lequel l’assemblage se fait sans problèmes. C’est le concept des tolérances. Les
méthodes, à l’époque, n’arrivaient pas à fournir ces tolérances ou en tout cas pas pour des coûts
raisonnables. La rectification, qui permet d’usiner plus précisément en un temps plus court est alors
sollicitée.
2. Bases & Usinage
2.1. Définitions
Rectification :
Usinage réalisé par une meule abrasive qui tourne à grande vitesse pour enlever de la matière à un
corps moins dur. La rectification fait partie des méthodes de production qui utilisent le principe de
l'usinage par abrasion dont on peut également citer :
Le rodage et la superfinition par le procédé de pierrage
L'affûtage
Le tronçonnage
Le polissage
L'ébavurage
Ce sont, à part le tronçonnage, des procédés de finition. On essaie de s'approcher d'une forme
géométrique parfaite, d'une dimension bien définie, d'enlever des imperfections superficielles ou
d'obtenir un bon état de surface ou des propriétés optiques recherchées. Le tronçonnage consiste à
séparer un objet en deux avec une meule en forme de disque.
Usinage par abrasion :
Enlèvement de matière en faisant de très petits copeaux ou limailles (chips) produit par les arêtes
coupantes des grains abrasifs.
Abrasif :
Un abrasif est un corps cristallisé, susceptible par une
action mécanique, de découper des copeaux dans un
corps moins dur que lui (Fig. 1). Il est caractérisé par ses
propriétés mécaniques (dureté, résistance à la fracture
principalement), sa stabilité physico-chimique, sa forme et
ses dimensions. Lorsqu’il pénètre dans la pièce qu’il usine,
le grain subit certaines contraintes mécaniques (choc,
Figure 1 : Abrasif
-3-
effort) et physiques (choc thermique : les températures peuvent atteindre localement 800°C) qui
tendent à provoquer sa rupture. La résistance à la fracture détermine la capacité de renouvellement
des arêtes vives d’un grain. Si, pour une application donnée, la résistance à la fracture de l’abrasif est
trop élevée, le grain s’use, ses arêtes s’émoussent, son pouvoir de coupe diminue et la chaleur
produite augmente. À l’inverse, si sa résistance à la fracture est insuffisante, le grain se fragmente
trop facilement et disparaît rapidement (l’outil s’use plus vite).
Meule :
La meule est l’outil de coupe de la rectification. Elle est composée de grains abrasifs entourés d’une
matrice d’agglomérant.
Agglomérant :
L’agglomérant est l’agent qui maintient les grains abrasifs dans la meule et qui lui donne sa forme.
Dureté :
C’est la résistance qu’oppose la surface d’un matériau à la pénétration d’un corps plus dur.
2.2. Usinage par abrasion
On distingue trois types d’enlèvement de matière par abrasion:
1) micro-plowing
Le grain abrasif déforme la matière élastiquement et plastiquement. Il la pousse vers les bords de la
zone de contact avec un enlèvement de matière négligeable. C'est un mécanisme qu'on rencontre
surtout lors de l'usinage de matériaux ductiles.
2) micro-chipping
C'est le mécanisme qu'on cherche à réaliser. Les grains abrasifs pénètrent dans la pièce à usiner et
enlèvent la matière en formant de petits copeaux. Au cas idéal le volume du copeau s’égalise avec
celui de la trace formée par le grain abrasif. Dans la zone de contact la température et la pression
sont localement très hauts. Ceci conduit à la liquéfaction du copeau qui, dû à la tension de surface,
forme une goutte sphérique. Après resolidification, la taille du copeau est de quelques micromètres.
3) Micro-breaking
Ce mécanisme se produit quand des fissures se forment et se propagent. Le volume du copeau
enlevé peut être supérieur de plusieurs fois au volume de la trace. Il se produit souvent lors de
l'usinage de matériaux durs et cassants comme le verre ou la céramique.
-4-
Figure 3 : Différents montages de meules entre des flasques
La Figure 2 montre ces trois mécanismes. Les mécanismes 1) et 3) ne sont pas souhaités car ils
conduisent à des états de surface moins poussés.
2.3. Pourquoi rectifier
S’il s’agit d’usiner des matériaux durs comme de l’acier trempé ou des céramiques, la rectification
s’impose comme méthode car c’est la seule qui produit un bon résultat dans un temps acceptable. De
plus c’est une méthode très précise et qui donne de bons états de surface. On obtient par exemple
des tolérances de l’ordre du micromètre et une rugosité de Ra = 0,3μm (Chez Jesa SA).La rectification
peut atteindre des tolérances au niveau du nanomètre (en laboratoire).
3. Machines et outils
3.1. Rectifieuses
Les rectifieuses sont des machines-outils qui peuvent être comparées à des tours (rectifieuses
cylindriques) ou à des fraiseuses (rectifieuses planes) dans la conception (bâti, fixation des pièces à
usiner, axes de travail,…).Le bâti est fabriqué selon les mêmes concepts que les autres machines-
outils de manière à obtenir les références les plus précises possibles et en limitant les vibrations et les
résonnances parasites. La table assure la fixation de la pièce. Elle doit aussi gérer son déplacement
avec la meilleure résolution possible. Le porte-meule permet la fixation de la meule. Elle y est fixée
en plusieurs étapes. On commence par effectuer un test de « son creux » pour s’assurer que la meule
est en bon état. Pour cela, on suspend la meule en son centre à une barre d’acier et on la frappe
doucement avec un marteau non métallique. Le bruit doit être clair et continu.
1) 2) 3)
Figure 2 : Les mécanismes d’enlèvement de matière
-5-
On utilise ensuite des mâchoires, appelées flasques (Fig. 3), pour serrer la meule. Sur les rectifieuses
plus anciennes, il faut effectuer l’équilibrage manuel de la meule grâce à des petits poids coulissant
dans une rainure circulaire. L’équilibrage sur les rectifieuses plus récentes se fait principalement par
des systèmes automatiques qui prennent en compte l’usure de la meule. Enfin, on peut monter la
meule sur la broche de la rectifieuse.
Les rectifieuses sont développées selon leur application. On peut citer les rectifieuses universelles,
qui peuvent s’adapter à une gamme large de pièces à rectifier. Le plus souvent par contre, les
rectifieuses sont spécialisées pour une application. Par exemple, il existe des rectifieuses cylindriques,
à outils, à engrenages ou des rectifieuses spécialisées dans la production en grande série comme les
centerless. Les rectifieuses peuvent être équipées d’une commande numérique (CNC). Les systèmes
de fixation varient aussi selon les applications. Des rectifieuses de production permettent d’aller
chercher automatiquement des pièces sur des plateaux sans l’intervention de l’humain.
3.2. Meules
La meule est l’outil de coupe de la rectification. Elle est composée de grains abrasifs entourés d’une
matrice d’agglomérants, qui lui donne sa forme et ses propriétés mécaniques. Une meule
conventionnelle est faite de cette manière
en entier. A cause du prix élevé des
superabrasifs (superabrasif : voir 3.2.1),
on utilise des meules qui ont un cœur en
métal. La partie active de la meule se
limite alors à une couche constituée de la
paire grain/agglomérant située à la
périphérie de la meule. Elle peut être
déposée par électrolyse (Fig. 5).
Figure 4 : Meule de CBN haute vitesse
Figure 5 : Désignation standard de meules
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Il existe plusieurs systèmes de marquage standardisés pour identifier les caractéristiques d’une
meule. C’est une suite de caractères et chiffres, qu’on peut lire sur cette dernière. On voit sur le
tableau (Fig. 4) deux standards qui caractérisent les meules selon leur grain, la taille de leur grain, leur
dureté, leur porosité et leur type d’agglomérant.
3.2.1. Les abrasifs
Il existe des abrasifs naturels comme le diamant naturel et le corindon et des abrasifs synthétiques.
On se concentrera sur les abrasifs synthétiques, les naturels étant remplacés presque totalement par
les synthétiques, à cause de leurs performances moins bonnes et moins reproductibles.
On distingue aujourd’hui deux types d’abrasifs synthétiques :
Les abrasifs dits conventionnels à base de carbures de silicium (SiC) ou d’oxydes d’aluminium
(Alox)
Les superabrasifs à base de diamants ou de nitrides cubiques de bore (CBN, Cubic Boron
Nitride)
La distinction se fait pour deux raisons. D’une part elle se fait à cause de la différence majeure de
dureté des grains abrasifs, ce qui conduit à des propriétés d’usure et, avec ça, à des stratégies de
rectification différentes. D’autre part, la distinction se justifie par le coût. Les meules superabrasives
sont typiquement 10 à 100 fois plus chères que les conventionnelles. La table montrée dans la Figure
6nous indique, entre autre, la dureté, les mécanismes principaux d’usure et des applications
avantageuses pour les abrasifs synthétiques les plus importants.
3.2.2. Les agglomérants
L’agglomérant tient les abrasifs à leur place et fait la forme de la meule. C’est de lui que va dépendre
les propriétés mécaniques finales de la meule. En effet, un abrasif aussi excellent soit-il, ne peut
usiner quoi que ce soit, s’il s’arrache trop facilement. Le choix de la paire agglomérant-abrasif est
donc primordial. Le tableau (Fig. 4) nous indique qu’il existe quatre classes d’agglomérants
standardisés. Les liants vitrifiés (désignation standard V), résinoïdes (B), silicatés (S), caoutchouc (R) et
métalliques (M).
Figure 6: Abrasifs synthétiques : Propriétés
-7-
Les liants vitrifiés (V) représentent une grande majorité du marché. C’est un liant plutôt dur qui est
chimiquement et thermiquement résistant. Il est beaucoup utilisé dans la production de masse de
pièces de haute précision. Un problème, lorsque la dureté de l’agglomérant est comparable ou
supérieure à celle de la pièce à usiner, est l’apparition d’égratignures sur la surface d’usinage.
On peut subdiviser les résinoïdes (R) en trois catégories :
Les résines plastiques
Les liants plastiques forment des meules molles et élastiques. Elles sont donc résistantes aux
vibrations qui peuvent apparaitre durant l’usinage et qui seront destructives pour des meules
plus dures. Elles sont alors utilisées pour des travaux de coupe comme le tronçonnage qui est un
travail exécuté à la main. Leur élasticité permet d’atteindre des états de surface plus poussés. Le
prix à payer est une durée de vie plus restreinte de la meule.
Les résines phénoliques
Les résines phénoliques étaient connues sous le nom « Bakélite » d’où aussi la désignation du
standard « B ». Dans les meules superabrasives, les agglomérants phénoliques furent les premiers
à être utilisés. La combinaison CBN/résine phénolique est notamment très utilisée dans la
fabrication d’outils.
Les résines polyamides
Ces résines présentent de meilleures propriétés thermiques et mécaniques que les résines
phénoliques, mais sont aussi plus chères et pour cela, réservées aux superabrasifs.
Les liants silicatés (S) sont surtout utilisés pour former de grandes meules et se font aujourd’hui
encore dans certaines parties du monde à cause de leur faible cout et facilité de fabrication. Ils sont
constitués de verre liquide et se caractérisent par un échauffement faible et une usure rapide en
comparaison aux autres meules conventionnelles.
Les liants caoutchoucs (R pour Rubber) forment des meules très élastiques qui sont utilisées pour les
roues de contrôle des rectifieuses centerless ou pour des disques de découpe. Vu qu’ils permettent
des vitesses périphériques et des durées de vie encore supérieures aux résinoïdes on peut les utiliser
pour former des outils de polissage.
Les liants métalliques (M) sont les agglomérants les plus durs et les plus résistants à l’usure. On les
utilise presque exclusivement avec des superabrasifs. Les liants métalliques forment les meules qui
s’usent et qui se déforment le moins. Ils présentent cependant les forces d’usinages et les problèmes
liés au dressage les plus importants. Pour les meules de CBN, ils sont remplacés, malgré leur durée de
vie inférieure, par des liants vitrifiés afin de rendre le dressage plus aisé.
3.3. Liquides de coupe
On applique un liquide de coupe à la zone de contact entre la pièce à usiner et la meule. La raison
principale est de minimiser les efforts mécaniques, thermiques et chimiques entre les agents du
procédé abrasif. Un effet lubrifiant réduit la friction entre la pièce à usiner et les grains abrasifs mais
aussi entre la pièce à usiner et l'agglomérant. Le liquide refroidit directement la zone de contact par
l’absorption et le transport de la chaleur produite. D'autres fonctions sont l'évacuation des copeaux,
spécialement ceux incrustés dans la meule, car ils réduisent la capacité de coupe de la meule et la
-8-
protection contre la corrosion. Il existe une grande variété de liquides de coupe et de systèmes
d’arrosage. Leur choix dépend de l’application donnée. Les lubrifiants sont soit à base d’huile (bon
lubrifiant--> améliore l’état de surface) soit à base d’eau (bon conducteur de chaleur) et sont
mélangés avec des additifs. (Fig. 8)
Il faut bien entendu aussi l’appliquer au bon endroit
et avec la bonne pression. On veut amener le liquide
à la zone de contact. La méthode conventionnelle est
d’arroser la meule juste avant zone de contact (Fig. 7
gauche). Cette méthode a pour inconvénient de ne
pas enlever les copeaux incrustés. On peut enlever
ces copeaux en dressant régulièrement, voire en
continu ou en changeant le système d’arrosage. Une
autre méthode est d’utiliser des buses adaptées
combinées avec des pressions élevées (Fig.7 droite).
Pour distribuer uniformément le liquide de coupe sur
la zone de travail, on utilise une buse spéciale (voir
Fig. 9).Elle élimine en même temps la fine couche
d’air sur la surface de meule ce qui permet de lubrifier
correctement pour des grandes vitesses
périphériques.
Figure 8: Liquides de coupe
Figure 7: Arrosage (1)
Figure 9: Arrosage (2)
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Figure 10: Modes de dressage. (a) Dressage en simple pointe, (b) Crush Dressing, (c) Dressage par molettes
Une autre méthode d’arrosage utilise la porosité de la meule et la force centrifuge. On injecte le
lubrifiant au milieu de la meule et par la force centrifuge le liquide est amené à travers la meule dans
la zone de travail.
3.4. Dressage des meules
Le dressage des meules est une étape obligatoire
avant de commencer une rectification. Il sert à
donner à la meule sa forme voulue, donc
d’éliminer les variations de rayon par rapport à
l’axe de rotation. Le dressage permet également
d’enlever les copeaux incrustés dans la meule.
Enfin, si l’application le demande, on peut donner
un profil à la meule. Le dressage s’effectue en
enlevant la couche superficielle de la meule en
affûtant les grains usés et en retirant les copeaux
incrustés dans la matrice.
3.4.1. Dressage en simple pointe
On utilise une pointe de diamant qui a une dureté
très élevée par rapport à la meule pour couper ou
casser partiellement les grains abrasifs afin de les
rendre plus coupants. Le dressage permet
également une meilleure précision de rectification
grâce à la pointe de diamant qui fournit à la meule
un repère très précis.
3.4.2. Crush dressing
On peut grâce à cette méthode donner à la meule un profil spécial. Le profil de la pièce qu’on usinera
correspondra donc au profil du rouleau dresseur. Ce rouleau peut être fait en acier durci ou en
carbure de tungstène. Le rouleau est pressé avec une grande force (ce qui peut exiger le
renforcement de la structure de la rectifieuse) contre la meule en rotation lente (0,5 à 1,5 m/s). Le
temps de dressage est plus court que pour le dressage en simple pointe car on n’a pas besoin de
balayer la largeur de la meule.
3.4.3. Dressage par molettes diamantées ou en CBN
La molette diamantée (ou en CBN) est en fait une meule à liants métalliques et dont les grains sont
en diamants (ou en CBN). Grâce à cette méthode, on peut faire un dressage continu des meules lors
de l’usinage des pièces. On élimine donc le temps perdu pour dresser les meules. Les molettes
possèdent le même profil que les pièces à usiner. Elles vont transmettre le négatif de ce profil aux
meules en les usinant par abrasion. Il est donc très important que les molettes soient beaucoup plus
dures que les meules (d’où l’utilisation de grains en diamant et du CBN pour les meules moins dures).
Cette méthode de dressage est plus chère que les autres, mais peut se justifier pour les grandes
séries.
-10-
Figure 11: Différents types de rectification
4. Classification (vitesse et profondeur de passe)
Selon la profondeur de passe (paramètre ae voir Fig. 12) ainsi que la vitesse de rotation de la pièce, on
peut distinguer plusieurs types de rectification. On montre cela pour l’exemple de la rectification
cylindrique. Pour la rectification plane, le paramètre de vitesse de rotation de la pièce sera remplacé
par la vitesse d’avance.
4.1. Rectification conventionnelle
La rectification conventionnelle utilise des vitesses de rotation de la pièce et des profondeurs de
passe faibles (valeurs voir Fig. 11). Le volume de matière enlevée varie de 0,1 à 10 [mm3/(mm * s)].
4.2. Rectification en passe profonde à avance lente
(creepfeedgrinding)
Cette technique consiste à enlever beaucoup de matière en effectuant une profondeur de passe
allant jusqu’à 50mm tout en gardant une vitesse de rotation de la pièce faible de manière à ne pas
avoir l’effet de brûlures. Le volume de matière enlevé va jusqu’à 30 [mm3/ (mm * s)].
Les avantages sont :
permet des taux d’enlèvement de matière plus
élevés à basse vitesse de coupe
peut économiser l’achat d’une fraiseuse ou
d’un tour
Les inconvénients sont :
les meules sont vite encrassées car on enlève
beaucoup de matière
le fraisage est dans la plupart des cas plus
rapide
4.3. Rectification très grande vitesse (RTGV)
La rectification très grande vitesse a pu être développée grâce aux progrès technologique dans
différents domaines (augmentation de la puissance, de la rigidité du bâti, commandes numériques,…)
(voir exposé UGV). Le progrès dans la conception des meules est aussi un facteur déterminant dans le
développement de la RTGV. On utilisera en principe des meules en CBN.
Afin d’éviter les risques de brûlure de la matière à usiner, la rectification très grande vitesse utilise des
vitesses de rotation de la meule allant de 60 à 250 m/s. La profondeur de passe varie de 0,1 à 50 mm.
On obtient ainsi un débit de matière très élevé (de 102 à 104 mm3/ (mm * s)).
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Ses avantages sont:
L’enlèvement de matière est plus élevé par unité de temps.
Les vitesses de coupe et d’avance plus élevées permettent de plus faibles forces de coupe,
une usure plus faible de la meule et un meilleur état de surface pour la pièce usinée.
Les températures dans la pièce à usiner sont plus faibles.
Ses inconvénients sont :
C’est un procédé de pointe. Il y a encore beaucoup de défauts techniques.
L’investissement est très important.
5. Méthodes de rectification
5.1. Rectification plane (ou planage)
Figure 12: Types de rectification plane (ou planage)
-12-
La rectification plane désigne toutes sortes de rectifications cherchant à obtenir des surfaces planes.
Dans l’industrie en Suisse romande, on appellera ce procédé planage. On peut distinguer plusieurs
rectifications planes différentes. Le schéma (Fig. 12) indique les manières les plus courantes
d’effectuer une rectification plane. On voit que la meule peut, soit rectifier la pièce par sa face (face
grinding), soit par sa périphérie (peripheral grinding).
La rectification par la face est moins précise. Elle
possède quand même quelques avantages pour
certaines applications. On peut, par exemple, utiliser
une rectifieuse à double-meules afin de garantir que
les 2 surfaces d’une pièce sont parfaitement parallèles.
La méthode à double-meules a l’avantage d’être très
rapide. Dans une chaîne de production, on peut
rectifier beaucoup de pièces à la minute (environ une
seconde par pièce pour des roulements chez Jesa). Le
planage est utilisé pour rectifier des aubes de turbines,
faces de roulements, pinces pour tour, crémaillères, ...
5.2. Rectification cylindrique extérieure
Cette méthode consiste à rectifier
la surface d’une pièce de
révolution tenue par un système
de centrage autour d’un axe de
rotation. Il existe plusieurs
systèmes pour tenir la pièce. On
peut, par exemple, tenir la pièce
avec une pointe et une contre-
pointe (Fig. 14). Le driver dog gère
la vitesse de rotation de la pièce à
usiner. La pièce peut aussi être
tenue par un mandrin.
En ajoutant un ou plusieurs axes de travail (en principe
commandés numériquement) sur la table ou sur la meule,
on peut usiner des pièces plus complexes (cônes,
ellipse,…).
La rectification d’arbres à cames nécessite un mouvement
de rectification particulier car on ne peut pas faire tourner
la pièce autour de son axe de révolution. Il faut
synchroniser un mouvement d’avance et de recul radial
avec la rotation de la pièce. On peut utiliser un système
Figure 15: Rectification cylindrique extérieure
Figure 13: Rectification à double-meules
Figure 14: Rectification de cames
-13-
Figure 17: Rectification centerless
mécanique (la came à rectifier suit le mouvement d’une came « maître » (Fig. 15) ou utiliser une
machine CNC.
5.3. Rectification cylindrique intérieure
La rectification cylindrique intérieure fonctionne sur le même
principe que la rectification extérieure sauf qu’on utilise une
petite meule qui rectifie la surface intérieure d’un cylindre. Le
diamètre de la meule est naturellement plus petit que l’alésage,
typiquement entre 2/3 et 3/4 du diamètre intérieur à rectifier.
Etant donné la petite taille de la meule, celle-ci s’use très vite. Il
est donc préférable d’utiliser un matériau dur (par exemple : CBN)
pour ce type de rectification. Pour fixer la pièce, on ne peut pas
utiliser la pointe et la contre-pointe. De plus, les pièces creuses se
déforment plus facilement. On utilisera donc des mandrins
adaptés à la forme extérieure de la pièce afin de bien la serrer
sans l’abimer ou la déformer. Il faut également faire attention à ce que la broche ait une rigidité
suffisante car elle longue par rapport à son diamètre, ce qui facilite la flexion. Tous ces facteurs font
que la rectification intérieure est une opération plus compliquée, plus lente et donc plus coûteuse
qu’une simple rectification extérieure.
5.4. Rectification centerless
La rectification centerless s’est développée à
cause aux besoins de l’industrie d’augmenter
les vitesses de production. La pièce de
révolution est entraînée par une roue de
contrôle et est usinée par la meule. Le
positionnement est assuré par le reposoir et
la roue de contrôle. Grâce à cette technique,
il n’y a aucun effort axial, ce qui permet de
rectifier des pièces longues et fragiles. On
utilise la rectification centerless pour usiner
des tubes et cylindres métalliques, aiguilles,
bouchons en liège, roulements, … On
distingue plusieurs types de rectifications
centerless.
Figure 16 : Rectification intérieure
-14-
Figure 20: Rectification de filets
5.4.1. Rectification centerless en enfilade
Grâce à cette disposition, on n’a plus besoin
de fixer les pièces ; il faut juste les déposer
entre les cylindres. La roue de contrôle est
légèrement inclinée, ce qui fait avancer la
pièce automatiquement. Elle est en principe
aussi légèrement conique, afin de faciliter
l’engagement des pièces. Dans une
production en série, les pièces se poussent
les unes contre les autres. Cela permet une
rectification continue, donc des temps de
rectification très courts. On peut rectifier des
diamètres cylindriques ou certains profils
simples et périodiques (filets sur l’entier de la
pièce).
5.4.2. Rectification centerless en plongée
Si l’on veut faire une rectification centerless sans déplacer la pièce axialement, on va utiliser une
rectification en plongée. Cette fois, il n’y a pas d’inclinaison de la roue de contrôle. La ou les roues de
contrôle sont mobiles radialement et poussent la pièce contre la ou les meules de travail.
5.4.3. Shoecenterlessgrinding
Le « shoe centerless grinding » est une variante de
rectification cylindrique extérieure. La seule
différence est le système de fixation qui n’utilise pas
de centre mais un plateau magnétique. On utilisera
donc cette méthode pour des pièces qui ont un
rapport diamètre/largeur élevé.
5.5. « Rectifications spéciales »
5.5.1. Rectification de filets
La rectification est très utilisée pour l’usinage en
haute précision de filets en matériau dur ou très
mou (moins que 17 HRC ou plus que 36 HRC). On
peut rectifier avec une meule dressée en profil
unique (Fig. 20, (a)) ou en multiprofil ((b), (c) et
(d)). On peut également utiliser une rectification
centerless afin d’augmenter la productivité pour
les pièces dont la géométrie le permet.
Figure 18: Rectification centerless en enfilade
Figure 19:Shoecenterlessgrinding
-15-
5.5.2. Rectification d’outils de coupe
Les outils de coupe (mèches, tarauds, fraises,..) doivent être affûtés après la trempe. Pour rectifier le
profil hélicoïdal de l’outil, on fait tourner l’outil et on avance soit la meule, soit la pièce. Aujourd’hui,
ce processus est automatisé sur des machines CNC qui sont généralement développées
exclusivement pour la rectification d’outils.
5.5.3. Rectification d’engrainage
Pour obtenir une meilleure précision dans les cotes
on choisit parfois de rectifier des engrenages
(opération coûteuse donc seulement pour les pièces
qui le demandent). On effectue ce procédé après les
traitements de durcissement du matériau. Le
procédé MAAG s’effectue à partir d’une crémaillère
génératrice qui est matérialisée par les arêtes actives
de deux meules (Fig. 22). Le procédé Reishauser
s’effectue à partir d’une meule en forme de vis
tangente.
La rectification par meule de forme se fait par une
meule-disque dont le profil correspond à l’entre-
denture de l’engrenage à rectifier. Il n’y a pas de
mouvement de génération. Il faut à chaque fois
retirer la meule et la replacer pour rectifier la
prochaine dent.
6. Etude de coût
Nous voulons calculer le coût de rectification d’une bague extérieure de roulement (Fig. 23). L’étude
ne prend en compte que les quatre étapes de rectification effectuées, c'est-à-dire le planage des
faces, la rectification centerless de l’extérieur, la rectification intérieure et la rectification du profil
extérieur. La série compte 15000 pièces.
Figure 22: Procédé MAAG
Figure 21:Quelques outils de coupe rectifiés
-16-
Ce tableau résume les données nécessaires au calcul de coût pour les 4 étapes de rectification :
Opération Planage Centerless Intérieur Profil
Type de machine Diskus Monza Voumard Meccanodora
Puissance machine [kW] 32 55 24 38
Temps de réglage [h] 1 1.5 3 3
Temps de cycle [s] 1.5 1.5 16 13
Prix de la machine [CHF] 1'000'000 500'000 500'000 600'000
Personnes utilisées 1 1
Prix des meules [CHF] 500 1800 0.8 80
Durée de vie meules 3 mois 5 mois 2h 5 jours
Prix dresseur meule [CHF] 150 300 3000 3000
Durée de vie dresseur 3 mois 5 mois 5 ans 5 ans
Les paramètres à prendre en compte pour le calcul de coût sont :
- Production 5 jours sur 7 (donc environ 260 jours par année), 20 heures sur 24
- Les temps de réglages des machines sont de 1 à 3 heures selon l’étape. Pour une série de
15'000 pièces, les coûts liés aux réglages sont totalement négligeables.
- L’operateur coûte 60 [CHF/h].
- Pour le liquide de coupe, on a trouvé que le bidon de 5 litres d’huile se vendait à 50 francs
environ et se diluait à 3%. Les circuits des machines contiennent en tout 17'000 litres de liquide
de coupe. Ce qui nous fait au total 5100 francs pour faire la vidange complète. Elle se fait tous
les 3 ans.
- Le coût de l’électricité est de 0.2 [CHF/kWh].
- Les puissances de pointe des machines sont divisées par deux pour approximer la puissance
moyenne.
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Les coûts horaires sont résumés par le tableau suivant :
Opération Planage Centerless Intérieur Profil
Amortissement [CHF/h] 38.5 19.2 19.2 23
Operateur [CHF/h] 30
Electricité [CHF/h] 3.2 5.5 2.4 3.8
Meule [CHF/h] 0.4 0.9 0.4 0.8
Dresseur [CHF/h] 0.13 0.15 0.12 0.12
Liquide de coupe [CHF/h] 0.35
Total [CHF/h] 72.6 56.1 52.5 58.1
Total [CHF/pièce] 0.03 0.02 0.23 0.21
Le coût total pour la rectification complète est donc de 0.49 CHF / pièce.
D’après le tableau des coûts par heure on peut remarquer que l’amortissement des machines et le
coût des opérateurs se divisent les coûts les plus importants. Le coût des consommables et de
l’électricité sont négligeables.
7. Conclusion
La rectification est un procédé de finition qui coûte beaucoup par rapport au fraisage ou tournage.
On ne va donc l’utiliser que quand elle est nécessaire, c'est-à-dire pour les matériaux trop durs pour
être usinés autrement et pour obtenir une précision (de l’ordre du micromètre) et un état de surface
(Ra de l’ordre du dixième de micromètre) recherché.
Souvent la rectification est complémentaire à certaines autres méthodes (tournage, fraisage, rôdage,
superfinition, polissage,…). Typiquement, après avoir fraisé ou tourné une pièce, on passe aux
processus de finition, si cela est nécessaire. On commence par la rectification afin d’obtenir les cotes
avec les tolérances voulues. Les autres procédés de finition (superfinition, polissage et rôdage) sont
destinés à obtenir un meilleur état de surface.
Le nombre de paramètres à gérer pour obtenir une bonne rectification est très élevé. La rectification
demande donc un grand savoir-faire que soit au niveau de la conception des rectifieuses, le réglage
par les techniciens mais aussi par le choix de la bonne technique de rectification adaptée à la
production de la pièce.
8. Remerciements
Nous remercions l’entreprise Jesa à Villars-sur-Glâne pour la visite et particulièrement M. Stéphane
Blanc et M. Samuel Morgado pour leur accueil, la mise à disposition de pièces et leurs réponses à nos
questions.
Nous remercions également M. Jacot et M. Lüthi pour leur disponibilité et leur aide à la préparation
de notre séminaire.
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9. Bibliographie
Handbook of Machining with Grinding Wheels
Ioan D . Marinescu , Mike Hitchiner , Eckart Uhlmann , W . Brian Roweand Ichiro Inasaki
CRC Press 2007
Modern Grinding Process Technology
Stuart C. Salmon
McGraw Hill Inc 1992
Uses of Abrasives and abrasive Tools
Józef Borkowski and Andrzej Szymanski
Ellis Horwood Limited 1992
Livret Rectification Cylindrique
Walter Graf
Wintherthur Technology Group 2009
Machining Technology: Machine Tools &Operations
Helmi A. Youssef and Hassan El-Hofy
CRC Press 2008
Les liens suivants ont été consultés en novembre 2011:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rectifieuse
http://en.wikipedia.org/wiki/Surface_grinding
http://en.wikipedia.org/wiki/Grinding_(abrasive_cutting)
http://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/mecanique-th7/travail-des-materiaux-
assemblage-ti153/rectification-tres-grande-vitesse-bm7220/
http://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/mecanique-th7/procedes-d-usinage-
42190210/taillage-et-rectification-des-engrenages-procedes-bm7155/rectification-d-engrenages-
cylindriques-bm7155niv10004.html
http://www.grinding.com/pages_blocks_v3/images/links/Walter_Helitronic_Vision_Power_Mini_Basi
c_catalog.pdf
Séminaire de méthodes de production: La rectification
Würsch Alain et Merminod Baptiste ; 1997
Séminaire de méthodes de production: Usinage de matériaux durs
Steven Briquez et Olivier Wenger ; 2010