ENTRE MIRAGE CONCEPTUEL ET RÉALITÉS MANAGÉRIALES :QUAND DES EXIGENCES DE PERFORMANCE ÉCONOMIQUECONDUISENT À DES PRATIQUES DE RESPONSABILITÉ SOCIALE...OU VICE VERSA ? Stéphanie Pougnet-Rozan ESKA | Revue de l'organisation responsable 2006/1 - Vol. 1pages 65 à 81
ISSN 1951-0187Article disponible en ligne à l'adresse:
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Pour citer cet article :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Pougnet-Rozan Stéphanie , « Entre mirage conceptuel et réalités managériales : quand des exigences de performance
économique conduisent à des pratiques de responsabilité sociale... ou vice versa ? » ,
Revue de l'organisation responsable, 2006/1 Vol. 1, p. 65-81. DOI : 10.3917/ror.001.0065
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ENTRE MIRACE CONCEPTUEL ET
REALITES MANACERIALES :
QUAND DES EXIGENCES DE
PERFORMANCE ECONOMIQU E
CONDUISENT À DES PRATIQUESt
DE RESPONSABILITE SOCIALE...OU VICE VERSA ?
Stéphanie POUGNET-ROZAN, DocronaNrr rr ScreNces or CrsrroN, IAE / UNvrnsrÉ LvoN lll, Gnoupr OREM,
Pnoresseun AssocrÉ eN CRH, NEGOCIA,/CCI or Pnnrs
RESUMEllidée de responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) revêt aujourd'hui un enjeu spécifique pour lesemployeurs. Mais qu'est-ce que la RSE ? Dans cet article, nous cherchons d'abord à montrer que la défini-tion, Ia mise en æuvre et la mesure de la RSE sont chacune si diverse qu'elles en nourrissent tout à la fois lemythe et la réalité. Pour attester qu'une entreprise est socialement responsable, on dispose d'un choix deconceptions si hétérogènes et parfois si divergentes, qu'aucun système de mesure consistant, valide et stablede la RSE ne semble faire l'unanimité. C'est pourquoi nous proposons un changement de perspective dansl'étude de la RSE.
En effet, plutôt que de chercher à en définir et à en vérifier l'exercice, ne pourrait-on pas chercher à identi-fier les conditions favorables aux résultats que l'on attend de la mise en ceuvre concrète de la RSE ? Cetteperspective permettrait notamment d'appréhender la situation et l'évolution de nombreuses entreprises qui,bien qu'étant écartées de la RSE par les définitions et les modes de mesure en usage, pourraient pourtant êtrequal ifiées de socialement responsables.La promotion de la RSE repose sur l'espoir d'obtenir, à partir de l'action des entreprises, des résultats socié-taux à l'échelle globale, parmi lesquels des résultats sociaux, relatifs, eux, à la vie des salariés. Or, il noussemble pertinent de porter la recherche sur l'élaboration ou le renforcement de dispositifs dont la mise enceuvre aboutit déjà à de tels résultats, en particulier au plan micro. Cette perspective d'étude conduirait peut-être à mieux intégrer les questions locales et les questions sociales, à replacer les dirigeants d'entreprises detoutes tailles et de tous secteurs dans le débat de la RSE et enfin, à valoriser des dispositifs de gestion quiconcourent notamment au renforcement de l'employabilité des personnes, tels que celui de l'alternance, dontnous avons observé les fruits dans trois entreprises desquelles nous avons étudié les stratégies et les pratiquesde CRH. Et si une entreprise socialement responsable, c'était avant tout, à une échelle locale et sociale, uneentreprise capable d'assurer une employabilité durable en concertation avec ses parties prenantes ?
Mots-clés : responsabilité sociale de l'entreprise, employabilité, formations en alternance.
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Entre mirage conceptuel et réalités managériales...
ABSTRACTNowadays, being socially responsible is a major stake. But what does this corporate social responsibility(CSR) mean? This article aims to demonstrate that the CSR ,s brought into play and then is measured, ratedor certified in so many ways that it all contributes to both its myth and reality. That is why we suggest a newpoint of view.Therefore, instead of running after better definitions or better methods of certification of the phenomenon,why couldn't we try to determine the specific conditions required to obtain those results we expect from theexercise of the CSR? Anybody socially responsible is looking for positive outcomes for both our planet andthe workers. We could focus researches on elaboration or on reinforcement of systems that already succeedin generating such social results. Therefore, we should pay attention to more local and more work-relatedproblematics. We also could involve directors of any kind of company, usually far from CSR, and make themtake part in the debate. At last, we should highlight some singular French managing systems which particu-larly contribute to reinforcing people's employability. By studying three companies' HRM strategies and prac-tices, we especially discovered how the o alternance > / apprenticeship system impacts positively people'semployability.Finally, a socially responsible company is a company essentially capable of ensuring long-lasting employa-bility by negotiating regularly with its stakeholders, both on social and local issues... that is to say an effec-tive and an efficiently HRM-oriented company isn't it?
Key-words: Corporate social responsibility, employability, alternation system / o alternance >.
INTRODUCTION
T Jn nombre croissant d'entreprises se disent
| | aujourd'hui impliquées dans des démarches de
\./ responsabilité sociale (RSE), se réunissant dansdes r&eaux spécialisés sur le sujet aûn d'échangersur leurs expériences (Lépineux, 2003). En 2001,67 groupes du SBF 120 évoquent ainsi leur action en lamatière tandis que Danone, Aventis, Suez, Carrefourou ST Micro font figure de pionnien. Aujourd'hui,selon une étude menée par le cabinet Price \TaterhouseCoopers, la performance sociale d'une entreprisedevrait devenir un critère essentiel de son évaluationaux yelrx des analystes de Vall Street (NoëI, 2004). Enoutre, depuis la Loi N.R.E. sur les nouvelles régulationséconomiques adoptée en 2002, les entreprises fran-
çaises cotées sont désormais tenues de s'exprimer sur laquestion de leur responsabilité sociale dans leur rapportannuel (Igalens etJoras, 2002).la notion de RSE n est-elle que de la o pouàre aux
leux , ouprésage-t-elle d'une o reuolution manageriale >
(Capron & Quairel-Lanoizelée, 2004) ? S'agit-il pourles entreprises d'une < tentatiue oPPz?'tuniste dz susciter
wn capital de ympathi€, servie sur un o mirage corccep-
tue/ > ou d'un ., nouuena paradigme managérial , sus-
ceptible d'o orienter b deuehppement et la stratégie dzs
entrErises à brcg terme, (Igalens, 2003 ; NoëI, 2004) ?
Dans cet article, nous proposerons notre réponse à ces
questions en nous basant notarnment sur trois cas d'en-treprises, dont nous avons analysé les pratiques d'orga-nisation du travail et de GRH selon une approchecontextualiste (Nizet et Pichault, 2000). Notredémarche procédera en deux temps. Nous tenterons
d'abord de proposer une définition de la RSE à partirde l'analyse de ses fondements théoriques, ce qui nousamènera à nous pencher sur la problématique de sa
mise en æuvre. Dans un deuxième temps, nous pré-senterons les trois cas étudiés, ainsi que notre métho-dologie d'enquête. Nous montrerons alors en quoi des
exigences de performance économique ont finalementconduit ces entreprises à exercer une forme de RSE, denature implicite, localisée là où elle n était pas attendue,notarnment en matière d'employabilité. Enfin, nousexposerons les conditions d'émergence d'une telle RSE,dont le maintien dans I'implicite nous est apparu cru-cial (Moon et Matten, 2004). Nous soulignerons alorsI'impact de dispositifs tels que celui des formations enalternance, dont nous montrerons qu ils ont favorisédes comportements implicitement rèsponsables de lapan des entreprises étudiées. En définitive, c'est à par-tir de la gestion des contradictions inhérentes à l'alter-nance, dont la valorisation constitue la finalité de nostravaux de recherche doctorale actuels, que nous envi-sagerons la RSE.
ENTRE MYTHES ET RÉALITÉS,
UNE RSE EN CONSTRUCTION...
Aujourd'hui, être ou faire du n socialement respon-sable u, c'est, au minimum, suivre une mode... Mais,plus encore, n'est-ce pas changer de paradigme ? Qu ils'agisse de citoyenneté, de solidarité, d'éthique, dedéveloppement durable ou d'investissement social, ledébat porte régulièrement sur leur degré de réalité etleur niveau de prégnance (Pailot, 2005). Au cæur du
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propos, les entreprises sont interrogées dans leurs poli-tiques et leurs pratiques de gestion au travers de lanotion de responsabilité sociale. Dans cette premièrepartie, nous cherchons d'abord à montrer que la défi-nition, la mesure et la mise en æuvre de la RSE sontchacune si diverse cu elles en nourrissent tout à la foisle mythe et la réalité. Plutôt que d'entrer dans un débatdialectique, nous proposons alors un renversement deperspective dans l'étude de la RSE, pour mieux envisa-ger certaines conditions favorables à son exercice, enparticulier au niveau micro socio-économique et ausein des PME et TPE.
Origines et fondements conceptuels divers
de la notion de RSE
Aujourd'hui, I'idée de RSE revêt un enjeu spécifiquepour les entreprises. Pour le paronat français, la RSE
.iouerait un rôle majeur sur la réputation d'une entre-prise, qui elle-même resurgirait sur le bonus de ses diri-geants (Igalens, citant Seilliere, 2004 ; Pharoah, 2003).Mais qu est-ce que la RSE ? Pour les expens, qu'ilsappaniennent à des institutions internationales, à des
communautés académiques ou à des agences chargées
de sa notation, le concept de RSE recouvre une tellemultiplicité d'acceptions que son usage semble autori-ser chacun à y voir et à y associer tout ce qui lui sied.Toutefois, l'analyse du contexte de l'émergence de ce
concept dans la sphère académique française aboutitgénéralement à identifier deux courants de pensée ori-ginels (Gond et Mullenbach-Servayre, 2003 ; Capron,2003).La première source d'émergence de la notion de RSEtient à la résurgence de l'éthique dans le monde écono-mique au moment des événements appanrs dans les
années soixante, elle-même ancrée dans une tradidonfrançaise de réflexion sur la place de I'enreprise dans lasociété. Suivant cette approche d'inspiration française,I'entreprise, en tant qtiacteur sociétal, doit s'intéresserau bien-être de la société dans son ensemble. Ayantacquis la capacité de metre en jeu la survie de I'huma-nité, les hommes, et en particulier, ceux qui dirigent les
entreprises, sont enjoints à adopter des comportementséthiques.
" Agis de façon que les tfttt dt tzn actizn soient
czmpatibl€s auec la ?elrna.nence dune uie autbentique-ment humnine sur terre r: iest en ces termes quHans
Jonas détnit le commandement premier du principe deresponsabilité que tout homme devrait respecter dansune démarche éthique (Jonas, 1979).Pour les tenants d'une seconde explication, l'idée deRSE est née arrx États-Unis. berceau-d'une morale ouri-taine dont la vague éthique et religieuse aurait déferlé
dans le monde des affaires. la oaternité du concept dela RSE est alors généralement amribuée à l'économisteBowen, qui en a fait I'un des concepts fondamentauxdes recherches en Bwiness Ethics et en Busiruess andSociety (Caroll, 1999). Pour Bowen, la Corporate Social
Responsibility, CSR, renvoie à l'obligation pour les res-
ponsables d'entreprises de conduire des politiques quirépondent aux objectifs et atrx valeurs que la société
promeut dans son ensemble (1953). Les travaux menés
par différents chercheurs à la suite de Bowen confir-ment que ces obligations dépassent la simple responsa-
bilité économique, contractuelle ou légale habituelle-ment assignée aux entreprises (Davis, 1960 ; McGuire,1963 ;'Walton,1967).Une première difficulté dans l'importation du conceptréside dans sa traduction. Le terme anglais o social ,s'est largement diffirsé outre-Atlantique, alors que dansun souci de fidéliré de sens, le terme français o socié-tal ,, reladf à la société dans son ensemble serait préfé-rable au terme ( social o, reladf, lui, aux seuls tra-vailleurs de l'entreprise. Dans le cadre de notre article,l'acronyme RSE désignera les aspects sociaux et les
dimensions sociétales de la responsabilité des entre-prises. Sans approfondir les débats linguistiques et
sémantiquesl, intéressons-nous toutefois atx défini-tions conceptuelles de la RSE qui en sont issues.
Retenons ainsi que le concept de RSE a connu un pro-cessus de consûuction caractérisé par un élargissement
progressif (Gond et Mullenbach-Servayre, 2003).Lhistoire du concept de RSE révèle d'abord le passage
d'une logique de justification, portant sur les obliga-tions strictes des entreprises, à une réfledon sur les pro-cessus et les comportements volontaires constitutifsd'une stratégie de réponse des entreprises aux pressionssociales, qualifiée de o responsiaeness >. læs premièresdéfinitions de la notion de RSE s'opposent sur l'éten-due et la nature des obligations que les entreprises doi-vent respecter. En efFet, la responsabilité des entreprisess'étend-elle à des dimensions sociétales. relevanr para-
doxalement de leur degré de citoyenneté (Mamèn etCrane, 2005) ? Pour les tenants d'une vision minima-liste de cette RSE, ces obligations se limitent à la maxi-misation du profit pour I'actionnaire. Ainsi, aumoment même de sa diffi-rsion, le concept de RSE faitI'objet de critiques de la part d'économistes qui, en
détnitive, en dénient l'existence (Friedman, 1962). Al'opposé, les panisans d'une approche staheholdersintè-grent à ces obligations la nécessité, pour les entreprises,
de prendre en compte les valeurs promues par noûesociété et de s'engager dans les domaines de l'écologie,de I'aide sociale, de l'intégration socioculturelle, etc. Enréaction à ce débat théorique jugé peu fertile, un cou-rant de recherche s'est ensuite développé, se focalisantsur les manières d'agir des entreprises en matière de
l. Pour de relles clarificarions voir Gond et Mullenbach-Servayre (2003), Tchankam et Estay (2004 b), Noël C. (2004) et Capron et Quairel-l"anoizeléeQ00q.
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RSE et sur les outils et les moyens à mertre en æuvrepour l'exercer concrètement. Ainsi le concept de sensi-bilité sociétale se construira-t-il autour de I'idée d'uneréponse volontaire des entreprises aux attentes de lasociété au travers de politiques et d'actions dépassantleurs strictes obligations légdo.la notion de perFormance sociétale de l'entreprise se
présente alors à la suite de ces développements commeun concept de synthèse, intégrant à la fois la détermi-nation des obligarions que doivent respecter les entre-prises, la prise en compte de leurs polidques de gestionet la mesure des résulaa et conséquences de leursdémarches volontaires. Ainsi, avec l'émergence duconcept de corporate social performanre, la réflexion surla RSE s'oriente-t-elle dans une logique de mesure de lacapacité d'une entreprise à gérer sa responsabilitésociale, en paniculier dans le but de relier sa perÊor-mance sociétale à sa performance financière (Gond,2001). Au moment de l'émergence de ûavaux ponantsur la performance sociétale de l'entreprise, une autreapproche va se développer, pour attirer l'aûention del'entreprise sur la nécessité de se référer à une éthique,à travers le concept de rectitude sociétale. lln recense-
ment des définitions théoriques de la RSE conduirdonc Gond et Mullenbach-Servayre à distinguer aumoins six types d'approches différentes et trois phases
d'élargissement de la nodon (2003). læs praticiensd'entreprise disposent donc d'un large choix de concep-tions sur lesquelles fonder leurs éventuelles mises enæuvre de RSE.Au terme d'une brève revue historique, essendellementbasée sur les travaux de Gond et Mullenbach-Servayre(2003), retenons suftout ce que ces demiers qualifientde o sphères dbmbiguités entourant Ia notion dz RSE >, surle plan sémantique d'abord, du fait de la multiplicité des
appellations utilisées pour réfléchir au phénomène deRSE, au niveau théorique ensuite, le concept restânt en
attente d'un consensus, et enûn d'un point de vue idéo-logique, puisque les objectifs poursuivis par les auteursde même que les sources qu'ils mobilisent pour traiterde la RSE sont ub divers (Pailot,2005).La proliféra-don de conceptions aux frontières poreuses, tantôtsynonymes et tantôt concurrentes, contribue à conftrerau phénomène de la RSE une géométrie singulièrementvariable.
Ambiguités des modèles et des définitions de la RSE
En nous basant sur des articles de recherche d. qfr-thèse, proposant un récapinrlatif des définitions quiexistent en matière de RSE, nous avons relevé prèsd'une rentaine de contributions académiques diffé-rentes. Parmi elles, une des modélisations de la RSE les
plus citées est celle proposée par Canoll (1979), car elleintègre simultanément les différentes définitions duphénomène que nous venons de récapinrler et leurscontradictions. Âinsi, la RSE y est représentée commel'interaction de différentes catégories de responsabilitésavec les divers problèmes qui leur sont inhérents et avec
des philosophies de réponse à ces problèmes renvoyéspar la société. Lintérêt que nous portons à ce modèletient surtout à ce qu il procède d'une segmentation dela RSE en catégories, organisées sous forme de pyra-mide et reprises ensuite par Clarlson (1995), qui cor-respondent à quatre niveaux d'exigence distincts etpourtant poreux: économique, légal, éthique et phi-lanthropique.'Wood (1991), qui critique cette catégo-risation, propose un autre découpage de la RSE, sui-vant trois niveaux : institutionnel, organisationnel etmanagérial. De tels découpages, dont les critères sontdéjà divers entre eux, renvoient en ourre à des niveauxd'analyse diftrents. Or, il semble que les agences de
Champ d'action
Réaction par obligation
Une RSE en voie d'élargissement progressif sur trois dimensions
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notation sociale fondent leur travail sur ce type de seg-
mentations théoriques pour construire les instrumentsde mesure qui leur permettront d'apprécier le degré de
RSE des entreprises dont elles sont amenées à experti-ser les rapports de gestion (Noël, 2004). En somme, si
les origines de l'émergence de la notion de RSE fontdébat, les définitions théoriques qui en découlent abon-dent tout autant qu elles se contredisent ou du moinsqu elles présentent des ambiguités. Or, ces modèles
conceptuels débouchent sur des segmentations de laRSE à visée opérationnelle tout aussi diverses, voiredivergentes. Pour finir, ceux qui sont aujourd'hui res-
ponsables d'évaluer les rapports de RSE des entreprises,
en tous cas en France, basent leurs échelles de mesure
sur ces typologies auxquelles viennent se mêler des
conceptions extra-académiques.Relater la double origine historique de l'émergence de lanotion de RSE dans la sphère académique permet sur-tout de mieux comprendre la diversité des approches
qui en rendent compte, recouwant des représentations
et des râlités d'autant plus marquées par une absence
flagrante de consensus que le concept s'est aussi enrichiau fil des années de définitions et de réflexions issues de
milieu non académiques et d'ancrage internationaldivers (Capron,2003; Tixier, 2002). Si I'idée générale
de l'existence d une RSE apparaît en 1978 dans la loifrançaise sur le bilan social (anicle L. 438 du Code duTi'avail), elle figure formellement dans la Loi NREcoûune une obligation pour les entreprises depuis 2002,à la suite des travaux de la Commission de I'Union euro-péenne. Ainsi, d'après le Livre Vert de l'Union euro-péenne, o lzs enneprises [...] peuuent [...] stimuln lanoissance économique [...] tout [...] m prarnzuuant la
reEonsabilité sociab 12. Cene RSE consiste en o l'inté-graîion uobnaire d"es préoccupations socialzs a écologiques
fus mneprises à burs aaiuités cornmerciales a leurs rela-
tions auec toutes lrurs parti.es prenantes intemes et xternes(actiorcnaires, pmonnels, clients, fournitsears et Parte-naires, collectiaités humaines, etc.) et ce, af.n dz satisfaire
plrinernmt aux obligations juridiquæ applicabbs, et inues-
tir darus le capial hurnain et I'muironnement > (LivreVen, 2001). À ".*. définidon peuvent se cumuler celles
qui proviennent d'institutions variées, telles que le
\Yorld Business Council for Susainnble Deuebpmmt
fVBCSD, 1999), pour qui la RSE renvoie à un com-portement éthique de l'organisation envers la société,
qui consiste à répondre volontairement aux attentes
éthiques, légales et commerciales de ses parties pre-nantes dans le but de ( s*uuer le ntondz, (Stigson,
20AD. Autre exemple, celui de I'Organisation de laCoopération et du Développement Economique(OECD, 2000), selon laquelle o la responsabilite sociale
dzs mneprises est leur engagement à corctribuer au dêue-
bppemmt économique, tzut cn présentant I'enuironne-
ruent, cn trauaillnnt auec les enployés, burfamilb, la com'rnunauté bcale a la société dans son ensemble afnd'améliorer /z qualité dz uie de l'snsemblz dz ces Actears D.
Constatons, à la lecrure de ces trois définitions, que I'ony parle tantôt d'engagement volontaire et tantôt d'obli-gations... restent donc posées la question du degré de
contrôle et d'autonomie laissé atx entreprises pourexercer leur RSE, ainsi que la problématique de la véri-fication voire de la cenification des résultats de I'exer-
cice a posteriori de cette RSE, ce qui suppose qu à
l'entre-deux, soient aussi interrogées les pratiques quirelèvent de la RSE et soient aussi questionnés les
Deux courants de pensée originels
Une éthique à Ia française La vague US de la CSR
Philanthropique
ttnrque
Légal
Économique(Carroll,1979 t
'I 991)
Stakeholders secondaires / diffus(Clarkson, 'l 995 ; Pesqueux, 2002)
Sta kehol der s orimai res / contractuels
Une diversité de champs d'application
Organisationnel
lndiv iduelWood (1991)
[a RSE : une conception à géométrie variable ?
2. Cité par Capron et Quairel-l.anoizelée (2004), page 5.
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moyens de mesure de ces pratiques, ce qui inclut les
acteurs de ces mesures et leurs outils... Par ailleurs, les
publics couvefts par cette RSE sont très variés, présentsà des niveaux d'analyse divers, depuis la famille des
employés jusque la société dans son ensemble, en pas-sant par les actionnaires. l,a question d'une responsabi-lité illimitée, déjà posée en 1977 par Roy et Peretti,nous semble donc toujours d'actualité, certains auteursconsidérant même que toute personne concernée parles agissements d'une entreprise qui se dit socialementresponsable serait fondée à attendre d'elle le même res-pect pour ses intérêts que celui accordé par cette firmeà sa propre sauvegarde (Van der Elst, 2004).Enfin, les définitions ainsi proposées aurorisent un treslarge éventail d'interprétations. Intégrer des préoccupa-tions sociales, répondre aux attentes sociales ou encoretravailler avec des parties prenantes pour améliorer laqualité de vie : pour ce faire, I'entreprise peut ou doit-elle en rester à une attitude ou peut ou doit-elle adop-ter des comportements ou encore peut ou doit-elleobtenir certains résultats concrets pour êrre qualifiée deu socialement responsable, ? Une des limites duconcept de RSE tient donc aussi à un paradoxe relatifà la frontière du pouvoir et du devoir : nous sommesdotés d'une rationalité limitée, si bien que nous ne pou-vons tout prévoir à pardr de nos acres er de leur impact,en particulier à long terme, pourranr, nous devonsquand même assumer la responsabilité d'un éventueleffet imprévu et dommageable de nos actes (Gordon,2001).Dans certe section, nous avons cherché à démontrercombien il est difficile de cerner ce que recouvre lanotion de RSE et de fournir une définition du ohéno-mène auquel elle renvoie, qui puisse être suffisammentstabilisée pour être labellisée. Nous avons pris le partide récapituler les résultats de travaux de chercheurs quiont étudié les fondements théoriques de la RSE et sonprocessus de construction conceptuelle et qui en ontanalysé les diverses définitions académiques.o Foisonnante et snuaent paralpxale, demeure donc lalittérature produite au sujet de la RSE (Gond etMullenbach-Servayre, 2003). En outre, les sources nonacadémiques ayant joué un rôle essentiel dans laconstruction, la diffusion et la formalisation duconcept de RSE, il nous a semblé intéressant de nousréférer aux définitions issues de la Commission del'Union européenne, de la'WBCSD et de |OECD.Au final, il semble que nous disposions d'une diversitéd'approches possibles de la RSE mais qu'aucune réfé-rence théorique ne fasse I'unanimité, laissant aux prad-ciens d'entreprise bien des marges de manæuvre enmatière d'interprétations d'abord, de mise en æuvreensuite et de mesure enfin. Pour répondre aux ques-tions de ce qu'est la RSE, de ce à quoi elle tient et de cequ'est une entreprise socialement responsable, on dis-poserait donc d'un choix de conceptions si diverses etparfois si divergentes, quil ne puisse encore existeraucun système de mesure consistant, valide et stable
auiourd'hui de la RSE. Les méthodes de mesure de laRSE semblent noyer les praticiens dans les mêmes< eaux lourbilbnnnntes, que les approches théoriquesdu phénomène (Carroll, 7991, cité par Gond, 2001).C'est ce que nous chercherons donc à interroger dans lasection suivante.
Mesure de la RSE et de pratiques manifestesd'une RSE
En matière de théorie comme de pratiques, la RSEfrançaise présentait en 2003 < un ?alsage qui est passédu desert à k jungle en I'espace de quane ans > (Capron,2003, p.I22). Malgré les ambiguités des approchesthéoriques et la diversité des conceptions qui rendentcompte du phénomène de la RSE, les praticiens d'en-treprises disposent toutefois de réftrences formelles.Ainsi, I'article 116 de la Loi NRE de mai 2001 et sondécret d'application de ftvrier 2002 imposent atx neufcents sociétés françaises cotées sur un marché financierde fournir des informations sociales et environnemen-tales dans leur rapport annuel de gestion. Pour aurant,o qui ua dire que tel/e enneprise est. socialement respon-sable ?, (Igalens, 2003 a, p. 39) ? À quoi er commenrmesure-t-on cette RSE ?
Nous allons tenter de répondre à ces questions, en nousbasant expressément sur des ûavaux qui ont consisté enl'analyse àes pratiques de mesure et ie notation de laRSE des entreprises. Notre analyse du signal de I'exer-cice de la RSE se situera à trois niveaux : l'exisrenced'un service dédié, la publication d'un rappom de RSE,l'élaboration de codes de conduite consdruenr auranrde signaux à examiner. De ce fait, nous chercherons àmontrer que les modes de mesure et les modalitésd'exercice de la RSE, en plus de présenter des ambigui-tés, écartent de fait des entreprises qui pourraient pour-tant être qualifiées de socialement responsables. Eneffet, la l,oi NRE n exclut-elle pas de la RSE une majo-rité des entreprises, en particulier des PME et TPE quipourtant représentent 95 o/o des entreprises en Franceet où. o se passera le combat dz demain, (Chauveau etRosé,2003, p.348)?
Des seraôces dédiés à In RSE
Quand, dans leurs travar.rx, certains aureurs énumèrentdes pratiques d'entreprises relevant à leurs yeu de laRSE, ils en proposent un panel foisonnant de facettes(par exemple, Tixier, 2002; Tchankam etEstay,2004b ; Boasson et \7ilson, 2002). Quelles seraienr ces
entreprises ainsi considérées comme socialement res-ponsables et commenr se manifesterait leur RSE ?
Parmi les entreprises européennes mentionnées dansces travaux, sont régulièrement citées des sociétés tellesque Basf; BP, Coop ltalia, Danone, Johnson &Johnson, Lafarge, Lloyds TSB, Monoprix, NovoNordisk, Royal Dutch Shell, Storebrand, ST
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Microelectronics, considérées comme des pionnières en
la matière. l,a Société Générale, Sanofi-Synthélabo,Vivendi, PricewaterhouseCoopers, Deloitte, SchneiderElectric, SNCF participations, Danone, Lafarge, de
même que United Technologies, Suez, Vollkswagen, et
ST Microelectronics à nouveau' tgurent au rang des
entreorises dites socialement responsables du faitd'",roir créé, renommé ou élargi un iervice ou un poste
en leur sein oour les dédier à la RSE ou au DD ou dumoins les orienter vers des démarches de ce type(Tchankam et Estay, 2004 b citant Franck, 2002;Tixier, 2002). Ces entreprises semblent donc avoirrépondu positivement à la proposition d'Igalens (2003
b), de promouvoir la fonction de direction de la res-
ponsabilité sociale, si tant est qu'elles eussent définipo.rt l.r postes quelles auraient ainsi créés, des activitéset des responsabilités fidèles à ce que les théoriciens de
la GRH s rggèrent.Aujourd'hui, on est loin de pouvoir affirmer ou même
vérifier que les attributions de ces services ou postes
dédiés, tels qu ils existent dans ces entreprises, corres-
pondent bien à I'idéal-typique du o DR.l, (Igalens,
2003 b). Au moment même oir la GRH se voit mena-
cée d'outsowrcing voire de netsourcing dans la plupartdes grandes entreprises, pour des activités telles que la
formation, dont elles sont, nous semble-t-il, tout parti-culièrement socialement responsables, la création de
postes dédiés à la RSE nous apparaît comme un phé-nomène à interroger. Ce paradoxe mérite notalnmentd'être érudié à l'aune de réfleions telles que celles de
Jones, pour qui I'arbre de la responsabilité sociétale
cacherait la forêt de la responsabilité sociale $ones,1996). D'autres pratiques, qui pourraient conduire les
entreprises qui se disent socialement responsables à être
taxées de o window-dressing,, par I'opinion publique,peuvent être questionnées (Latouche, 2000 ; Capron et
Quairel-Lanoizelée, 2004 ; Chauveau et Rosé, 2003).l,a RSE deviendrait alors un concept utile aux entre-
prises qui cherchent à afficher une fausse vertu, au tra-vers de pratiques de façade leur permettant par ailleursd'endormir la vigilance des organes officiels de régula-
tion et de contrôle économiques.
Des rapports de RSELes entreprises qui auraient publié un rapport de RSE,
pour répondre aux obligations légales relatives à la LoiNRE ou dans le cadre d'une démarche volontaire,bénéficieraient de la qualité d'être socialement resPon-
sables. Or, les modes d'élaboration de ces rapportsainsi que les méthodes d'évaluation semblent être
sujets à caution. A partir de son analyse des rapports
sociétaux publiés par sept entreprises internationales,Persais souligne notalnment que, malgré I'existence de
ce rapport, le degré d'engagement d'une entreprise en
matière de RSE, peut parfois demeurer minimal dans
le discours comme dans les actes. En outre, il montreque le flou entourant l'élaboration de certains rapportsou I'absence de procédures de vériûcation justifient
que I'information issue de ces rapports soit accueillie
avec la plus grande prudence de la part de leurs lec-
teurs (Persais , 2004). Posant également la question de
la qualité de l'évaluation des rapports sociétaux,d'autres travaux aboutissent à la remise en cause des
instruments de mesure de la RSE.
læs procédés de vérification souffrent notarnmentd'une opérationnalisation telle, qu elle s'éloigne parfois
du substrat philosophique qui en a conduit la genèse.
En d'autres termes. on instrumente via des indicateurs,puisqu on veut mesurer la RSE, mais d'un autre côté,
cette instrumentalisation conduit à diluer le sens même
de cette RSE, qui en est réduite à une suite d'indica-teurs-clés. Or, le nombre et le gæe de domaines pris en
compte au travers de ces multiples indicateurs sont sans
limite (Igalens,2004; Jones 1996).Il semble donc queles rapports sociétaux ou de DD souffrent d'uneabsence de normes d'élaboration, de présentadon et
d'évaluation. cette dernière étant loin d'avoir trouvé leconsensus puisque aujourd'hui, alors qtielle en serait
toujours à une phase préliminaire, on pourrait dénom-brer autant de systèmes de notation de la RSE qu ilexiste d'entreorises dites socialement responsables, aux
côtés de systèmes de normes internatiônales diverses
dont chacune voudrait faire l'unanimité: ISAE 100,
ISO 9000, ISO 14000, SA 8000, AA 1000, GRI, SD21000, EMAS, OHSAS 18001, etc. (Igalens, 2004;Capron et Quairel-l,anoizrlée, 2004; Chauveau et
Rosé, 2003). Notons enfin que parmi les indicateurs de
mesure de la RSE, ceux qui ressortent le plus des rap-
ports sont, dans un ordre dégressit les indicateurs rela-
tifs à la santé et la sécuriré au travail (75 o/o), à la discri-mination à I'embauche ou dans I'emploi (65 o/o), au
travail des enfants (45 o/o), au niveau des salaires
(40 o/o), au travail forcé (25 %)... Or, ces questions ne
relèvent-elles pas du respect du droit du travail, qui,pour ce qui concerne la France, dispose déjà d'organes
de contrôle (Diller, 1999, pp. 122-123) ?...En outre, les responsables de l'évaluation des raPporm
de RSE ou de DD sont eux-mêmes interpellés dans
leur légitimité. < Les agencet dr notatiort sociale et enui-
ronnernentale sont loin d'auoir acquis la puissarcce drs
agences dt notation fnancière ,: leurs méthodes et leurs
indicateurs ne sont Das encore établis avec certitude et
leur influence sur les entreprises seraient encore bien
faible (Igalens,2004; Férone, 2003, p. 19). Les diffi-cultés du contrôle de la responsabilité sociale sont sou-vent corrélées à la quesdon de la compétence, sur les
aspects environnementaux et sociaux, des commissaires
aux comptes, qui sont légalement chargés de contrôlerla qualité des informations contenues dans les rapportsde gestion des entreprises. l,a question de la formation,de la compétence et de la qualification en matière de
RSE se pose avec la même vigueur pour les auditeurs,vérificateurs et certificateurs, en particulier quand ils'agit d'analystes financiers et comptables.Enfin, pour en finir avec l'élaboration et l'évaluationdes rapports de RSE ou de DD, notons que d'après
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Entre mirage conceptuel et réalités managériales...
Faucherx et Nicolar, la contribudon des parties pre-nantes constitue un élément clé dans l'élaboration deqystèmes d'indicateurs et de reporting, car les outilsainsi construits sont plus pertinents pour rendrecompte de la RSE des entreprises concernées. laconstruction de modes de mesure et d'indicateurs spé-cifiques performants en marière de RSE suppose laconcertâtion de I'ensemble des parties prenantes. Ils'agit bien de favoriser une élaboration contingented'outils de mesure, plus adaptés à la notation des entre-prises envisagées que ceux proposés par le GRI, parexemple (Faucheux et Nicolar, 2004). Cette idée estsoutenue par Persais, quand il évoque la nécessité d'éla-borer avec les parties prenantes un projet sociétal par-tagé, qui soit un réftrent utile pour guider les modesd'élaboration des rapports et aurres oudls d'exercice oude mesure de la RSE (Persais, 2004). En somme, rere-nons qu'une co-élaboration par l'entreprise et ses par-ties prenantes internes et externes des rapports socié-taux comme des instruments de notation et de mesurede ces mêmes rapports constiruenr des conditions d'eÊûcacité en matière de mise en ceuvre d'une RSE. Or, ces
facteurs-clés de succès semblent rarement réunis pource faire, de même que d'autres processus de vérificationdwraient être envisagés pour préserver le sens de la RSE(Persais, 2004; Igalens, 2A04, pp. 163-164).
Des codes de condu.itelæs codes de conduite, parfois confondus avec les rap-porrc de RSE ou de DD, seraienr également le signal del'exercice d'une RSE par les entreprises. Ayanr mis enplace des codes de conduite pour témoigner de leurRSE, seraient donc socialement responsables des entre-prises telles que Carrefour, CEcA, Reebok, Gap, lævi's,ou encore Auchan, dont nous avons étudié les pratiquesde GRH à partir du cas d'un de ses établissemË.rrc (par-tie 2). Les codes de conduite énoncenr les différentsaxes sur lesquels les entreprises déclarent exercer leurRSE. Or, d'après Igalens et Déhermann-Roy, l'élabora-don de tels codes de conduite s'effecrue généralemenrau niveau des directions d'entreprises, ( sa.w réel/e négo-ci.ation auec les paties prenântes , (2004, p. 33). Il sem-blerait en ouffe que le mode d'élaboration même de ces
codes soient un facteur de renforcement voire de créa-tion de l'isolement de I'entreprise vis-à-vis de la sociétéqui I'environne. Enfin, le contrôle du respect des enga-gements pris par l'entreprise au travers de ces codes deconduite ne paralt guère fiable. En effet, quand I'ap-préciation de ces codes de conduite est effectuée eninterne, elle soufte de ce que la direction de l'entreprises'arroge la maîtrise totale et exclusive du contrôle, ce
qui la met en position de juge er parrie et lui fait courirle risque de discrédit vis-à-vis de ses parties prenanres.Par ailleurs, quand ce contrôle est réalisé par une sociétéexterne spéciaiisée dans I'audit, alors, cerres, il répond àI'impératif de crédibilité de I'evaluation, mais il pâtittoutefois du doute de I'opinion publique qui planedésormais sur la qualité des audits, à cause de I'image
laissée par les diverses expériences malheureuses decontrôle réalisées en matière financière (Igalens etDéhermann-Roy,2AO4, p. 37). Pour ceftains syndicarsfrançais enfin, I'existence de codes de conduite estmême considérée comme une menace pour les acquisdu Code duTlavail (Médina / ORSE, 200r.Qu une entreprise créé une fonction en charge de laRSE ou qu elle élabore des rappons sociétaux et descodes de conduite ne suffirait donc pas à faire d'elle uneentreprise socialement responsable. D'aurres pratiques,que nous énumérerons seulement ici, qui valent à denombreuses entreprises d'être citées au rang decitoyennes, sonr tout aurant sujettes à questionnement.Il en est ainsi du mécénat, en paniculier quand il estorchestré par les fondations d'entreprise (Novartis,Vivendi, Axa, France Télécom, ou Auchan, à nouveau),ou de diftrents partenariats et spansorings d'associa-tions ou d'événements ou encore de projets en direc-tion des jeunes, des handicap&, (France Télécom, BNPParibas, Caisse d'Epargne, Nature et Découvenes) ouencore de l'engagement affiché pour une cause (Axa,PSA, Patagonia)... ParFois, les entreprises sont citéescorrune socialement responsables du simple fait d'avoirconsacré une section de leur site Internet à la RSE,(Auchan encore, Bayer) ou du fait d'afficher la RSEparmi les valeurs de leur culrure (I^a Cami[ Carrefour,Boulanger). Sont aussi considérées comme socialementresponsables les entreprises qui, après enquête faiteauprès de leurs dirigeants, se disent, par exemple,contribuer au développemenr personnel du salarié (for-mation, participation, bénévolat...) et à l'améliorationde sa vie extra-professionnelle (crèche, mass2ges, ser-vices quotidiens rendus sur le lieu de travail, du lavagede voiture à la livraison des courses), erc (Simon-Beaulieu et Yrlès. 2000).De plus, quand une entreprise obtient des récompensesde la part d'ONG de renommée mondiale, on luidécerne aussi le prix de la RSE (Accor)... mais que diredu degré d'indépendance d'ONG ainsi consultées(Igalens, 2004) ? Poussant I'analyse, Igalens erDéhermann-Roy (2004, p. 33) s'interrogenr sur la cré-dibilité à accorder atx partenariars enrre entreprises erONG, ces dernières se substituant de plus .., pl*
".oorganisations syndicales dans des débats et négociationsqui ponent pouftant sur les conditions de travail dessalariés. Ils trouvent alors dangereux que cerrainesentreprises profitent ainsi de I'image d'ONG derenommée mondiale rout en limitant leur panenariat àune caution morale sans véritable engagement niactions de RSE et rour en parvenant à diluer les ques-tions sociales dont la résolution répondrait aux anenresde leurs salariés (Igalens et Déhermann-Roy, 2004).Au terme de cette première partie, force est de consta-ter qu en matière de RSE, mphes et réalités se confon-dent parfois au point que la confiance de I'opinionpublique en sa conceprualisation, en ses pratiques er ensa mesure reste à consrruire (Igalens, 2004). Dans ladeuxième partie de notre anicle, nous proposons un
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changement de perspective dans l'étude de la RSE. Eneffet, plutôt que de chercher à en déûnir et à en vérifierla mise en oeuvre, ne pourrait-on pas chercher à iden-tifier les conditions favorables aux résultats que l'onattend de I'exercice de la RSE ? l,a promotion de laRSE repose en effet sur l'espoir d'obtenir des résultats
sociétaux, parmi lesquels des résultats sociatx, de I'ac-
tion des entreprises. Or, il nous semble intéressant de
pofter la recherche sur l'élaboration ou le renforcement
àe dispositifs dont la mise en æuvre aboutirait à de tels
résultats. Cette proposition fait l'objet de notredeuxième partie.
DES PRATIQUES DE RSE HORS RSE ? ";' ' ' . :' :"""'''';
Éruom DE cAs rÉMotNs
* Malgré les ffirts récents et lr czup de pouce dz I'ar'ticle 116 dz la Loi NRE erc Frdnce, les enneprises [...]rechignmt aujourd'hui à inaestir hurdement sur dzs
chantiers et des misiorcs d.édiées au déueloppement
durable, qdelles considèrent comme un simple effet de
mode (Férone, 2004). lr foisonnement de définitionset de pratiques se réclamant de la RSE nous semble éga-
lement conuibuer à ce que certarnes entreprises soient
exclues des débats, puisque cette mode ne concernerait
que les grandes entreprises implantées à l'internationalet dont lCI filiala auraient maille à pardr avec les prin-cipes de I'OIT et puisque les modalités et les instru-rnents de mesure de la RSE ne pourraient être appliqués à certaines entreprises qu'avec beaucoup de
diffi.nltét et tant d'adaptations nécessaires que I'on ne
mesurerait peut-être plus la même chose ici et là. læs
entreprises dont nous parlons ici, ce sont les PME et
TPE de France, dont les activités ont un impact sur le
bassin de consommation, le bassin d'emploi, le bassin
d'affaires, le bassin politique atxquels elles apparden-
nent. La RSE, parce qu elle serait un concept dont les
enieux se situent à un niveau mondial, ne concerne-t-
elle pas aussi ces entreprises, bien que leur impact socio-
économique reste local ? Mais alors, quels dispositifspermettraient-ils d'obtenir des résultats analogues, en
matière sociétale et sociale, mais locaux, de ce qui est
attendu de l'exercice de la RSE à l'échelle mondiale ?
Proposition de perspectives d'étude
de l'exercice de la RSE
ks tentatives de normalisation de la RSE aboutissent
souvent à la construction de Processus' de méthodes et
d'outils nombretx et généraux majoriairement desti-
nés aux grandes sociétés implantées dans les pays en
voie de dèveloppement. Nous allons d'abord soutenir la
nécessité de préserver la question sociale de sa dissolu-
tion dans des préoccupations sociétales. Puis nous
avancerons l'idée que la RSE ne saurait s'appliquer à un
seul type d'entreprise, dont les frontières sont par
ailleurs poreuses, et donc les responsabilités difficiles à
appréhender. Ensuite, nous défendrons l'intérêt de por-ter l'étude de la RSE sur des pratiques implicites, non
ouveftement déclarées comme relevant de la RSE.
Enfin, nous proposerons un changement de PersPec-tive. focalisé sur l'examen des conditions favorables à
l'exercice d'une RSE.
D'après Dupouey (2002), qui a analysé les rapports
annuels 2001 des sociétés du CAC 40 et qui a constaté
< qu'à une excePtion ?rès, aucun dzs partenaires sociau-x de
ces sociétés n'a été associé [...] à l'élaboratiort dr leurs dncu-
mmts éthiques et dzontobgiques r, 7l semble que o les
reflrxions fu typt sociétal ont permis dz diluer la question
sociale, qui reste la grandz qtæstion dc laplupart des entre-
prises >. Dans le même ordre d'idée, Igalens (2003) notela quasi-absence des syndicats dans le Livret Ven euro-
péen alors même que la Commission qui en est l'âuteuri. propor. d'offrir un modèle européen de la RSE
fondé sur une plus grande cohésion sociale. Pour
Igalens, la question sociale, stricto sensu' ne doit pas
être éludée à la faveur de la question sociétale, bien au
contraire (Igalens, 2003). Dans la même PersPective'nous pensons que la question locale ne doit pas être
évacuée sous prétexte du traitement de la question glo-
bale. Nous soutenons également que ceftaines Pra-tiques explicites de RSE orientées sur la question socié-
tale pourraient être taxées d'être un miroir aux alouettes
permettant aux dirigeants d'entreprises de détournerI'attention de l'opinion publique et de toutes ses parties
prenantes internes et externes de la gestion locale de
problèmes sociaux qui touchent à la vie des salariés, en
pardculier.L.
"on..pt de RSE pose en outre la problématique de
la définition de I'entreprise et de ses frontières (Noël,
2004). Dans la mesure oir une entreprise représente
< une constellation d'interêts cooPératxf et corn?étitif ,r,
on peut difficilement parler d'entreprise socialement
responsable, car elle n'est pas une entité en soi(Maninet et Reynaud, 2001). Il faudrait plutôt parler
d'entrepreneurs socialement responsables, ce qui per-
mettrait par ailleurs de ré-intégrer dans le débat de la
RSE, la situation d'entreprises qui nous en semblent
écartées, pour l'instant, en raison notarnment de leurtaille ou de leur rayonnement. En effet, les 95 o/o d'en-treprises que sont les TPE et PME de France ne sont-
elles pas concernées par ce que la société attend de
I'exercice d une RSE (Chauveau et Rosé, 2003) ?
Dans une optique proche, on pourrait examiner les
entreprises qui exercent concrètement leur RSE sans
forcément le faire savoir, voire même sans le savoir elle-
même. Ainsi, Lépineu a-t-il montré l'intérêt de se pen-
cher sur le cas d'entreprises dont I'engagement sociétal
riapparaît guère ni dans leurs raPPorts annuels ni dans
leuir .om-unications corPurate, alors même que leurs
pratiques sont contributives d'une cohésion sociétale et
iocialè. Il souligne ainsi, à propos de la Caisse des
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Entre mirage conceptuel et réalités managériales...
Dépôts et Consignations : o alors que tant d'enneprisesdisent beaucoup mais ne font que pea, elle faisait beau-coup mais ne le disait pas,. (Lépineux,2003, p. 89).Dans cette optique, que nous chercherons à creuserdans nore étude empirique, la distinction opérée parMatten et Moon mérite une artention particulière(2004). En effet, ces derniers distinguent àe manièregénérale l'exercice n explicite , de la RSE, qu opèrent lesentreprises ouffe-adandque dans leur gestion du social,et d'autre part une uadition européenne de prise encharge institutionnelle des problèmes sociaux, qui ren-voie à I'exercice d'une RSE o implicire, par les enrre-prises. Nous proposons d'illustrer, en quelque sorre,n I'implicitation , par les trois entreprises que nousavons étudiées, de leur RSE.Etudiant le lien existanr enrre RSE et performance éco-nomique de I'entreprise, Gond propose que larecherche en la matière se donne plurôt pour objectif demietx saisir les condirions favorables à une ootendelleconvergence plutôt que de chercher des loii généralesou des modèles reliant l'éthique au profit (Gond,200I)3. C'est à une perspective similaire que noussouscrivons, afin d'intégrer la situation d'entreprisesque les tentatives de normalisation conceptuelle etempirique de la RSE écanaient jusqu ici, éranr essen-tiellement effecruées à desdnation de grandes entre-prises cotées implantées à I'international er ayanrnotarnment maille à partir avec les activités qu ellesmènent dans les pays en voie de développement.En somme, il nous semble pertinent de changer deperspective dans l'éude de I'exercice de la RSE, pourmoins se focaliser sur la définition et l'évaluation decet exercice et plus se cenrrer sur les conditions et lesmodalités d'un tel exercice, en prenanr, comme pointde départ, les résultats que I'on attendrait de cet exer-cice de la RSE. Plutôt que de chercher à en définir età en vérifier la mise en oeuvre, ne pourrair-on pas
chercher à identifier les conditions'favorables âuxrésultats que I'on attend de l'exercice de la RSE ?
Cette perspective de recherche conduirair peut-être àmieux intégrer les questions locales et les questionssociales, au sens français du terme, er à replacer lesdirigeants d'entreprises de toutes tailles et de tous sec-teurs dans le débat de la RSE, qui sera alors devenueun enjeu pour chacun, à un niveau micro, avant d'êtreun enjeu pour tous, au niveau macro. En ef[èt, il estdes pratiques qui concourent au renforcement del'employabilité des hommes, de leur épanouissemenrpersonnel et professionnel et de leur participation auxdécisions prises par leurs dirigeanrs, ou qui contri-buent à l'amélioration de leurs conditions de vie autravail, voire hors travail. Ces résultats font oartie de
3. Si, à I'instar deTchankam et Es^tay (2004-a), différena chercheurs démontrent l'impact positifque peut avoir I'exercice de la RSE sur les fonctions
t.t.1.,.:oto:' et donc, sur sa performance' la méta-analyse proposée parAllouche., Lto.h" (zod:) àtrre une vision panoramique de cette influencePotentlelle plus subtlle. La relatron entre pertormance économique de.l'entreprise et RSE n'est pæ au cceur de notre propàs. Notons toutefoisqu Allouche et l-aroche démontrent entre auires que les indices de réputation de RSE ont un impact ielativement fort sur la perfôrmance financière desentreprises, ce qui n'est pas le cas des questions sociales.
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ceux que l'on attend de l'exercice d'une RSE, er pour-tant, ils n'ont pas forcément été le fruit de pratiquesde RSE.Ces résultats ont été obtenus localement dans troisentreprises dont nous avons étudié les stratégies et lespratiques de GRH, Ojava, Pressind et Yperauàhan, nonpas à travers l'exercice d'une quelconque RSE mais autravers de la mise en æuwe de politiques dont le voletéconomique consdtuait pourranr la primauté, dans lesdiscours comme dans les actes.Et si une entreprise socialement responsable, c'étaitavant tout, à une échelle locale et sociale, une entreprisecapable d'assurer l'employabilité en amont de ses iala-riés et pas seulemenr au moment où il faut gérer unplan social (Bartoli in Igalens, 2003 a) ? Selon IORSE,Observatoire de la Responsabiliré Sociétale desEntreprises (cité par Tch"ttk"- er Bray, 2004 a) : o leserlneprises dniuent assumer leur part de respznsabilité afnde garantir la capacité d'insertion professionnelb de leurssalariés r. Or, bien que cerre responsabilité socio-socié-tale nous semble incomber à tout entrepreneur de touteeltreprise, elle ne paraît pourtant guère diffirsée auprèsde ceux qui constituent la majorité du tissu écono-mique français.Longtemps, I'employabilité a semblé incomber à I'en-treprise, coffespondanr en quelque sorte à sa capacité àemployer son personnel et sa force de travail à li bonneplace, suivant les préceptes myloriens. Aujourd'hui,pour beaucoup, l'employabilité se définit comme l'en-semble des préalables qu'une personne doit posséder àun niveau minimal afin de chercher. d'obtenir et deconserver un emploi dans sa fonction ou dans une autrefonction, à son niveau hiérarchique ou à un autreniveau (Mahé de Boislandelle, 1998). l.a responsabilitéde I'employabilité n incomberair plus alors qu'aux seulssalariés, supposés valoriser les acquis de leur expérience,gérer leurs portefeuilles de compétences et élaborerleurs proj ets professionnels. Notre perspective d'analysede la RSE s'accorde davantage avec la définition deI'employabilité que propose Saint-Germes (2004) àpanir de diftrents rravaux originels (Finot, 2000;Hategekimana er Roger, 2002). Ilemployabilité estainsi envisagée comme o I'ensemble dcs compétences et des
conditions dz ge*ion des ressources humaines nécessaires etsffisantes pour pennettre au salarié dz retrouuer à toutmoment un ernploi, à /'interieur ou à I'exterieur dt l'en-treprise, dans dzs dzlais et dzs conditions raisonnables,(Saint-Germes,2004, p. 3). À nos yeux, d'après cettedéfinition, l'employabilité procède d'une co-responsa-bilité individuelle, renvoyanr au salarié conceiné, etorganisationnelle, correspondant à I'entreprise, dépas-sant le débat des frontières internes des organisations et
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Stéohanie POU C N ET-ROZAN
impliquant l'étude des contradictions inhérentes aux
relations entre individu et organisation. Ceci corres-
pond à la perspective d'étude que nous envisageons
pour étudier les conditions favorables aux résultats
atendus de l'exercice de la RSE. Iiemployabilité repré-
sentera dans notre étude, un de ces résultats cruciaux.
Enûn, dans le cadre de notre changement de perspec-
tive d'érude de la RSE, nous souscrivons également aux
idées de Capron, pour qui les valeurs économiques, les
valeurs sociales, les valeurs environnementales et les
valeurs culturelles, censées converger dans le modèle
idéal de la RSE, ne sont guère réconciliables car contra-
dictoires, voire opposées, enjoignant donc à laconstruction d'un modèle de RSE qui puisse rendre
compte de telles tensions (Capron, 2003).À l'instard'Etchegoyen (2003), il préêre utiliser la nodon de
développement durable qui lève les ambiguïtés de lanotionde RSE, pour I'envisager comme ûn < cdtallseur
de recbnche dz compromis instables et précaires car tou-jourc prêts à êne remis en caase par les résubats dz négo-
ciations laborieuses, fruits dz raPPorts dr force à un
moment d.onné ,. Nous partageons cette vision, quiapporte une dimension dynamique et qystémique au
phénomène auxquels la RSE et le DD renvoient. C'est
donc dans cette perspective que noûe réflexion s'inscrit,
dans I'objectif d'appréhender la RSE à partir des résul-
tats attendus de son exercice rendu implicite sur unplan local et social, au sens de Matten et Moon (2004),
èt d'identifier les conditions favorables à un tel exercice,
plutôt que d'en rechercher les lois générales et les
modèles les plus unanimes, comme le suggère Gond(2001) au sujet du lien entre éthique et proût et plutôtque de chercher à concevoir un idéal-type universel
reposant sur une convergence de valeurs économiques
et sociales qui nous apparaissent justement irréconci-liables et dont les contradictions demandent à être
gérées au travers de compromis provisoires (Capron,
2003i'.
Des résultats de RSE hors champ de la RSE ?
Trois études de cas
Parmi les innombrables indicateurs de la RSE, le critère
d'employabilité apparaît comme I'un des plus p-erti-
n.ntJ pout apprécier la situation d'entreprises fran-
çaises dont I'activité connaît un rayonnement local en
France, mais dont I'impact demeure toutefois considé-
rable pour les bassins d'emploi auxquels elles appar-
tiennent. En effet, si I'on parle de respect des droits des
travailleurs dans les pays en voie de d&eloppementdans lesquels les grandes multinationales interviennent,qu en est-il de la responsabilité des entreprises fran-
çaises en matière de gestion de l'emploi alors même que
I'on déplore aujourd'hui la croissance du nombre d'ex-
clus, dè marginaux, de jeunes, de seniors, de femmes
dont les qualifications ne suffisent pas à assurer la sur-
vie professionnelle et de salariés considérés comme
nouveaux pauwes ou jugés en situation de burnout,
s'estimant ôubliés de la croissance économique et dontles attentes ne seraient plus entendues dans un contexte
d'individualisation de la relation salariale... ? Cette
grandiloquente question oratoire rappelle I'urgence _et
fi-pottatt.. de ce qui relève de l'action concertée des
panies prenantes de la relation formation/emploi, dans
un objèctif d'employabilité et de professionnalisation
durables des personnesa.
Aussi, dans cette section, avons-nous pris le pani d'étu-dier trois cas d'entreprises dont les stratégies et pra-
dques de gestion auront conduit à améliorer I'em-plôyabilité de leurs personnels, sans s'être formellementàng"gé.r dans des démarches de RSE. À I'instar des
conceptions et pratiques de RSE telles que nous les
avons rapidement présentées dans une première partie,
il est des dispositifs de gestion dont la mise en æuvre
suppose, dans certaines conditions de réalisation, que
les entreprises, aux diftrents niveaux de leur sommet
stratégique, de leur ligne hiérarchique, de leur base opé-
rationnelle. comme de leur technostructure ou de leur
support logistique, pour reprendre la segmentadon de
Mintzberg, prennent en compte les attentes de leurs
parties prenantes internes et externes, en matière d'em-
ployabilité. Parmi ces dispositifs, nous souhaitons, dans
le cadre de cet article, évoquer le système de I'alter-nance. Lanalyse des trois cas d'entreprises que nous
avons étudiés sera donc destinée à démontrer en quoi lesystème de I'alternance a Pu représenter un moyen
d'obtenir un des résultats que l'on attend généralement
de I'exercice de la RSE, soit l'amélioration de I'em-ployabilité durable des personnes, alors même que des
logiques économiques avaient prioritairement conduitleurs stratégies et pratiques de CRH.Dans les trois cas étudiés, nous avions avant tout cher-
ché à saisir la variété et la richesse des stratégies et des
pratiques de GRH telles qu elles sont vécues et Perçuespar leurs panies prenantes' en vue de déterminer I'im-pact du dispositif de I'alternance sur leur &olution.Po,rt ". faire, nous avions mobilisé un cadre d'analyse
contextualiste (Pettigrew, 1985), à l'instar de ladémarche défendue par Nizet et Pichault (2000), dans
l'optique de conjuguer une approche contingente, rela-
tive aux diven facteurs contextuels et environnemen-
taux agissant sur les entreprises, parmi lesquels la confi-guration organisationnelle (Minzberg, 7982), et une
àpproche politique (Crozier et Friedberg, \977), focali-sée sur les stratégies des adeurs impliqués dans I'alter-
nance. Cette double approche nous a conduit à étudier
la manière dont les acteurs se saisissaient des éléments de
leurs contextes organisationnels et environnementaux
4. Voir Saint-Germes (2004), déjà cirée, dont la définition de I'employabilité, envisagée dans une approche systémique et dynamique, conespond à notre
perspective d'étude.
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m irage réa I ités ériales
pour défendre leurs logiques stratégiques en matière deg_estion de l'apprentissage et à construire une rypologiede situations de gestion des apprentis à I'aune de la typo-logie de prariques de GRH élaborée par Nizei etPichault (Pougnet-Rozan, 2005). Nous avons alorsidendfié des processus de construction de I'employabi-lité, se manifestant cofiune le résultat souvenr imorevud'interactions enffe acteurs et donc de mobilisations,par ces acteu$ de facteurs contextuels spécifiques. Cesrésultats d'étude représentent une paftie de l'aboutisse-ment de nos travaux doctoraux en cours. C'est pourquoinous n'en pr&enterons qdun échantillon dans cetartrde.Après avoir mené une enquête exploratoire auprès de38 acteurs socio-économiques et politiques apparre-nant au bassin d'activité de ces rrois enrreorises(membres de branches professionnelles, de conseilsrégionatx, de directions du travail, de directions de laformation, d'associations patronales et d'organismesqyndicaux, etc.), nous avions mené des entretiàs semi-directifs à visée d'investigation, d'une durée moyennede 2 heures, enregisrrés puis retranscrits, auprès de cha-cun des acteurs concernâ, parties prenantes internes etexternes des trois entreprises étudiées, que nous avionscomplétés d'enrretiens dits o dz contrôle, efFectués avecles mêmes personnes, à une distance de 2 à 3 ans.Dans ces trois enmeprises, nous avions donc rencontrédes personnes de tout type d'emploi, depuis le stagiairesous convention scolaire le plus récemment recruté ius-qu'au responsable RH .,
"r, dirig.*r, en passanr p"i 1.,
différents salariés en conrra$ à durée déterminée, parmilesquels des apprentis, et en passanr par les personnelsd'encadrement constituant le noyau dur Dermanent defentreprise, parmi lesquels des maîmes d'àpprentissage.Par ailleurs, nous avions interviewé des parties pie-nantes externes, telles que des tuteurs école, des ensei-gnan6 et responsables pédagogiques, mais aussi desmembres de I'entourage des apprentis alors employés.Enfin, nous avions procédé à des observations panici-pantes au sein de chacune de ces entreprises, afin deprendre la mesure de ce qui avut été obtenu via nosentretiens.Ojava, adhocratie qui comprend 9 personnes, donr2 apprentis et 2 stagiaires provenanr d'écoles de com-merce formant à bac + 5 telles que NEGOCIA et1 apprenti préparant un Bac Pro de secrétariat, esr unejeune SSII implantée à Paris et spécialisée dans la four-niture d'expertise en langages informatiques dont les
clients sont des enreprises de nature et de secteurs trèsvariés. Pressind, entreprise d'entretien et de nettoyagetextile de type discounr, de narure adhocratique et d'uneffectif d'une cinquantaine de salariés, parmi lesquelsune dizaine d'apprentis préparant un CAP d'employéde pressing, eux-mêmes tutorés par des maîtres d'ap-prentissage composés de seniors et de femmes, compreune dizaine de boudques implantées en Rhône-Alpesdepuis trente ans. Enfin, Yperauchan, de configurationmissionnaire, implantée en Provence, qui appartient ausecteur de la grande distribudon et qui constirue l'undes 120 établissemenrs d'un groupe mondial depuis sareprise.suite à une OPA il y a 10 ans, comprend plus de450 salariés, dont les trois quans sont des employés etouvriers, parmi lesquels une vingtaine d'apprentis detous nivearx et de toutes formations, du C,AP boulan-gerie au master d'école supérieure de commerce en pas-sant par des licences Distech. Ce qui réunit ces entre-prises est leur souci de disposer d'un personnel qualifiéen vue de maintenir leur activité mais aussi de la déve-lopper dans une perspective de performance écono-mique rès fortement affichée et mise en oeuvre. Danscet article, nous reprenons certaines des phrasestémoins dont nous avons fait la synthèse dans notrerecherche doctorale.Manifestement, les discours comme les moyens mobi-lisés par les trois entreprises étudiées en matière d'al-ternance avant et au début du processus, témoignaientd'une logique marchande, suivant la segmentationproposée par Sauvage (2000), dont l'objectif étaitprincipalement de < disposn d'une main d'æuure quali-fée à moindre coût , (Pressind / Ojaua), jugée * mal-hable et coruéable , (Pressind), ou dumoins o adaptable
lt flryible , (Ojaua / Yperauchan), qtiil s'agisse de pal-Iier des manques de personnel circonstanciels ou de,, faire tourner drs corcnats précaires swr un même poste >
(Præsind / Ojaua / Yperauchan) de manière perma-nente. Confrontées à une insuffisance de polwalencede sa main d'æuvre pour Pressind, qui fobiigeait àtrouver un personnel de complément à moindre coûr,à une pénurie de moyens, dirons-nous pour Ojava, quiI'empêchait de recruter des commerciaux déià diplô-més < au tarif en uigueur r, et à des conrraintes d. fl.*l-bilisation du personnel pour Yperauchan, qui l'incitaità recourir à des contrats temporaires, les entreprisesdont nous avons suivi l'évolution ont, à rravers lTter-nance, pallié à des lacunes de court terme, certes, maisont aussi réussi à développer une gestion partagée et
\ lnttewés
Entreprises\
Apprentis/stagiaires Parents et amis
des apprentisCollègum/Maîtresd'apprentissage/
tuteurs
Responsables RH/DRH/DG
Enseignants /tuteurs/Cadrespédagogiques
Ojava 2 z I
Pressind 7 5 10 Iz L
Yperauchan ? 9 3 6
llinvestigation : nombre d'interviewés
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Stéphanie POUC N ET-ROZAN
dynamique de leurs compétences. Entrées dans l'alter-nance dans une logique économique marchande, ces
entreprises, dont les acteurs internes ont été amenés à
rencontrer des parties prenantes externes puis à se
côtoyer entre eux, mais sur des registres différents de
leurs relations professionnelles habituelles, ont peu à
peu glissé vers une logique sociale.
Lalternance, telle qu elle a pu se pratiquer dans ces
entreprises, de manière inégale suivant les personnes
mais selon une tendance positive sur le plan social
général, exigeait que soient régulièrement négociées les
o incentiaes , cheL Ojava ou læ o récompenses datres
qu'en rérnunhation) pour Pressind, ou encore des
7 manifestations dt reconnaissance pour le panainage dis-
pensé >, se traduisant par exemple par du o degagernmt
de ternps, (Ojaua / Ypnauchan), ou par o une rttu en
rernerciement, Auec urt caleau symbolique, (Pressind),
que les dirigeants devaient envisager pour intéresser les
tuteurs effectifs de leurs apprentis à leur rôle et donc àun travail parfois jugé comme o cbronophage > et < sup-
plementaire r. Ces négociations, initiées dans le cadre
âe l'alternance, en débordaient régulièrement et rapide-
ment le cadre, pour s'étendre à la problématique géné-
rale de la rétribution des salariés pour leur prise en
charge d'un rôle jugé plus omanagérial )' conçuco-À. une forme acquise et donc, monnayable, de
k prumotion ,, (Presind.)-ou o d'euolution dans le nauail ,(Ojna) ou encore de o création d'un échel.on hihar-chique ircterrnédiaire, (Ypaauchan). En tous cas, les
-"îtr.t d'apprentissage interviewés, mais aussi les colla-
borateurs non officiellement tuteurs mais pourtant for-tement impliqués sur le terrain auprès des apprentis,
ont clairement invoqué I'alternance comme une oppor-tunité pour eux de manifester leurs aspirations' soute-
nus par ailleurs par les échanges qu ils pouvaient avoiravec les nrteurs école ou les tuteurs d'autres apprentis
dans d'autres entreprises' rencontrés au cours de
réunions à l'école. Ces occasions de concertation leur
permettaient en outre d'initier une veille sur le marché
de l'emploi relatif à leur secteur d'activité ou à leurméder.Bien que considérés comme une charge dont ils
aurarent souhaité disposer de plus de moyens pour I'as-
surner, les tuteurs nous ont bien expliqué que leuro rnission rr, leur o rôle ,, leurs o rcouuelles responsabili-
tés ,, leur permettaient par ailleurs de " deueloppn dzs
coru?étences managêriabs, (Ypnauchart), de o metne àjoui les connaissances , (Pressind), de o dlcouurir dzs nou-
aea.utés sur le rnétier , (Pressind'), d'o apprendre à
apprmdre, (Ypnauchan), de o deuenir czm?ne "" fof*ot*r, (Ojaua), pour les asPects relatifs à leur qualifi-cation, mais aussi d'o endnssn une position dz chef ,(Ypaaucban), d'r. dssttmer dz n'ouuelles responsabilités ,(Ôjaua, Yperawcharc, Pressind), de < sortir d'une fonctionoi drne- afectation babituellr, (Yperauchan) ou de
o s'échapper du trauail quotidien, (Prexinà), de o ren'contrer d'autres gens, hors dr l'entreprise mais qui connais-
sent un Peu k boîte ,' (Presind, Ojaua), pour les asPects
relatifs à I'enrichissement ou à l'élargissement de leurs
positions, responsabilités et horizons professionnels, et
ènfin, de o prendre conscience dz ce que lbn sait et sait
fai.re, (Pressind / Yperauchan), de ,. rercouer auec bs
éndns , (Prexind), de o reprendre corcfiance en soi ,(Yperaachan), de ,. rester dans le coup , (Ojaua),
d'r, muisager une recoruuersion , (Ojaaa), pour les aspects
de développement personnel... Voici donc énumérés
quelques témoignages de maîtres d'apprentissagc, .oqlborri.rtt .t tutènrJ d'apprentis, qui évoquent bien diÊférentes formes d épanouissement personnel et ce,
malgré de nombreuses situations d'échec de I'appren-
tissage. En effet, sur les 21 personnes interrogées dans
cette etégorie, seules 6 d'entre elles estimaient que
I'apprendssage avait positivement aboud pour leurs
apprentis. Leurs perceptions de ces échecs, relatifs à
lbbtention du diplôme, à I'embauche définitive de
l'apprenti ou à son choix du métier ou du secteur d ac-
tivité pour lequel I'apprentissage avait été initié, ne per-
turbaient pourtant en rien leurs perceptions de déve-
loppement personnel. Bien qu ayant un . caractère
aneidotique tels que présentés dans cet article, l'étudesystématique de ces témoignages montre combien les
échanges interpersonnels, puis les concenations collec-
tives, et enfin, les négociations individuelles rendues
collectives, générés par le dispositif de l'alrernance, ontpu contribuer à l'information de ces salariés, qui consi-
àéraient avoir < acquis une meillzure uisibilité dr [rnes]cornpétences , (Ypnauchan, Ojaua) ou < idzntif'é certains
Atouts ù (Ojna) qu'ils ne se souPçonnaient pas ou
encore o plus dinforrnations sur le métier, lz possibili.té
d'eaoluer ailleurs , (Pressind) / o d'es cznnaissances sur les
opporamités professionnellts, (Ojaua) / o des billes pour6àogtr , - o des contacts aa€c drs emqlqteurs ,,
(Yperauchan / Ojaua) pour ne retenir que les témoi-
gnages les plus représentatifs.
Amenés à parler de leurs activités et de leurs resPonsa-
bilités, pour pouvoir les transmettre à leurs apprentis' et
donc à les comparer ensemble, collectivement, alors
qu habituellement, leurs échanges restaient uès indivi-dualisés, les tuteurs officiels comme les tuteurs impro-visés de ces entreprises étaient entrés dans une
démarche de concenation collecdve telle que la plupand'entre eux, lors des entretiens de contrôle, avaient
exprimé une satisfaction paniculière à l'égard de leur
expérience qui, à leurs yeux, avait contribué à les main-tenir dans leur emploi, notalnment cetx qui se sen-
taient en situation précaire, ou à leur donner le déclic
nécessaire pour envisager une mobilité, interne pour laplupan d'entre eux, ou encore, dans le cas d'Ojava quiorésentait une structure très réduite, à les faire entrer
à"ns det processus de formation complémentaire, sous
des formes plus ou moins formalisées et sur des aspects
de GRH en particulier.Concernant les apprentis' qui bénéficiaient avant leur
arrivée d'une image plutôt favorable, en tant que maind'æuvre nécessaire et en tant que Personnel qui serait
amené à être relativement plus vite opérationnel qu un
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E"lry 1nirage conceptuel et réalités managériales ...
autre, ils savaient quelle économie ils représentaientpour I'entreprise. La plupan visaient aussi les avanragesfinanciers que leur octroyait leur statut d'appreniis.Mais ils ont aussi pu construire leur employabilité au Êlde leur alternance, dont les conditions de mise enæuvre étaient telles qu elles leur permettaient de régu-lièrement idendfier, expérimenter, valider les compé-tences qu il leur fallait acquérir pour maîtriser leurposte puis assumer leur métier. Outre l'habituelle prisede conscience de ce que le monde de l'entreprise éom-portait, ces apprentis se félicitaient d'avoir < réussi ànouer des relations aaec, des acteurs internes de I'entre-prise mais aussi des prestataires, clients, fournisseursexternes qui étaient susceptibles d'être leurs employeursde demain. Pour la plupart, ils s'étaient égalementrendu compte du chemin qu'ils voulaient pariourir etdes étapes qu il leur fallait alors franchir pour ce faire :
en d'autres termes, leur alternance leur avait permis demieux se projeter dans leur avenir personnel it profes-sionnel, voire de s'y projeter tout simplement et deo deumir mtrepreneur de ma uie )), pour reprendre I'ex-pression d'un apprenti de C,AP des métiers de bouche,qui s'était découvert un goût paniculier pour... I'ensei-gnement, ayânt éré tutoré par un professionnel qu ilavait trouvé particulièrement pédagogue et un ensei-gnant jugé < très entrErise ) er ayanr lui-même pris encharge un stagiaire de lycée durant l'été, commeemploye libre-service...Du côté de l'école et de l'entourage des apprends aussi,nous avons pu norer une acuité particulière en matièrede connaissance du marché de l'emploi, de ses
contraintes et de ses opportunités. Notie expérienced'enseignant nous permet régulièrement de comparerles perceptions d'apprenants vivanr une formation-clas-sique et d'apprenants vivant leur formation en appren-gissage. Elle nous amène aussi régulièremenr à côtoyerles enseignanrs et formateurs et à rencontrer les entou-rages respectifs de ces apprenanB. En l'occurrence, dansles trois cas étudiés, I'employabilité des apprentis reve-nait comme un leitmotiv dans les discours de ces dift-rentes parties prenantes.A I'issue de ce bref exposé d'un échantillon des résultatsde nos travaux, on peur avancer, à partir des différentesdimensions de l'employabilité définies par Saint-Germes (2004), que les informadons sur le marché deI'emploi, les réseaux professionnels, les ressources maré-rielles et intellectuelles et les démarches formativesgénérés par l'apprentissage en direction de ses diftrentsacteurs, pour ne retenir que ceux-là, ont pu contribuerà améliorer I'employabilité de ces aceurs. Lalternanceaurait donc conduit à favoriser une culture de I'em-ployabilité chez ses acteurs, elle-même pouvanr êûeconsidérée comme une forme implicite d'èxercice de laRSE, dans laquelle enrreprise et parties prenanres sonrco-responsabilisées.Ainsi, le mérite de la réussite d'initiatives volonairesfavorables aux résultats que l'on attend habituellementde l'exercice de la RSE ou du DD ne revient oas au'aux
seules entreprises, mais aussi à leurs diftrentes partiesprenantes, comme ce fut le cas pour les mois entrËprisesque nous avons étudiées (Gordon, 2001). Il est des dis-positifs favorables à des pratiques de gestion concerréeentre acteurs de la direction des entreprises et parriesprenantes: dans certaines condidons, I'alternance se
présente comme telle. Elle peur êrre conçue comme unoutil de gestion des contradictions du social et de l'éco-nomique, dans la mesure où, dans certaines conditions,elle est propice à la concertation des parties prenanresinternes et externes des entreprises, constellations d'in-térêts et de smatégies aux logiques parÊois divergenrescar portées par des acteurs tantôt sociaux, tantôt éco-nomiques, tantôt politiques...Dans cette deuxième panie, nous avons proposé unenouvelle perspective d'appréhension du phénomène dela RSE, pour l'envisager au rravers du dispositif de I'al-ternance, dont la mise en æuvre aboutit parFois au déve-loppement de I'employabilité dCI p.rror,.,.r, telle qu elleest aftendue de I'exercice de la RSE. Nous avonJ alorsprésenté des résultats paniculièrement favorables de l'al-ternance sur l'employabilité des personnes, résultatsobservés au travers de trois cas d'entreprises. Cette issuenous confofte dans I'idée d'un changement de perspec-tive d'érude de la RSE. Avant de conclure, nous vou-drions apporter un dernier argument en la matière. Eneffet, si I'on fait la synthèse de diftrentes qypologiesexistant sur la RSE, on peur identifier 4 niveaux de ÈSEcorrespondant chacun à un type de pratiques (Johnsonet Scholes, 2000 ; Igalens er Joras, 2002 ; Norat, 2003 ;Ti"iomphe 2003). Mais, oir placerait-on donc Ojava,Pressind et Yperauchan dans cette rypologie ?
læ ler niveau caractérise I'attitude réactionnaire d'en-trep{ses qui considèrenr que leur seule responsabilitéest de garantir l'intérêt des actionnaires à court rerme.Le 2e niveau correspond arx entreprises à I'attirude pré-vertive, qui considèrent qu'une gestion intelligente desrelations avec leurs pâfties prenanres peut âvoir unimpact favorable sur I'intérêt à long terme des acrion-naires et s'invesrissenr donc dans le social via des ora-tiques de mécénat ou de don à des æuvres dans unsouci d'image czrporate sociétalement correcte... Lesentreprises du 3e niveau, accommodantes, intègrent lesintérêts de leurs parties prenanres dans leurs srrarégies,en allant au-delà des obligations légales pour se meftreà I'abri des risques sociaux er environnementaux erpour protéger leur réputation : elles développent descodes de bonne conduite, des chartes, dès labelssociaux. Enfin, sont pro-acrives les entreprises du4e degré, car elles cherchent à contribuer à transformerla société dans son ensemble, considérant les dimen-sions financières comme des moyens au service d'unefinalité sociétale. Où placerait-on O.iava, Pressind,Yperauchan dans certe rypologie ? Les brefs résultatsd'études de cas que nous avons présentés conduisent àenvisager Ojava, Pressind et Yperauchan comme desentreprises implicitement socialement responsables.Peut-être pourrait-on même avancer que le passage de
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I'implicite à l'explicite serait susceptible de menacer la
qualité du comportement responsable d'une organisa-
tion donnée... Une culture de l'employabilité semble
s'être dweloppée dans les trois cas d'entreprises étudiés,
ce qui témoigne bien de l'exercice d'une RSE. Pourtant,
les responsables et dirigeants de ces entreprises s'étaient
formellement déclarés à I'encontre de tout principecitoyen, arguant même que là n'était pas leur rôle et que
leur tnalité résidait d'abord dans la rentabilité écono-
mique de leurs entreprises. læ dispositif de l'alternance,
supponé par un cadre institutionnel, a généré un exer-
cice implicite de la RSE, illustrant la proposition de
Manen et Moon (2004).
coNctusloN
læs entreprises sont de plus en plus dépendantes de leurenvironnement et leur enç$trement dans la société est
plus prégnant. Pour Igalens (2003)' la gestion de leurs
stakeholders devrait encourager les dirigeants d'entre-prise dans des démarchCI de RSE. Comme nous avons
tenté de le démontrer dans une première partie, cette
RSE, dont la conceptualisation, les pratiques et l'éva-
luation souffient d'une confusion généralisée qui lafont osciller alternativement du mythe à la réalité'
pourrait être considérée suivant un angle nouYeau.
En effet, il s'agirait de s'intéresser aux dispositifs de ges-
tion susceptibles de faire aboutir les entreprises aux
résultats que l'on attend de I'exercice de la RSE, ce quip.rmettr"it de prendre en compte des entreprises que la
mode de la RSE n a guère touchées, de raviver des ques-
tions d'ordre social, à maiter à un niveau micro et local,
et de reconnaître le rôle des acteurs micro-individuels et
locaux que la RSE, telle qu elle est débamre aujour-d'hui, semblait exclure de son modèle. Dans ce cadre,
les trois cas d'entreprises que nous avons étudiés se pré-
sentent comme les témoins, certes très circonscrits et
trop brièvement décrits ici, de l'aboutissement de situa-
tions d'alternance, qui, bien que guère planifiées dans
un but de RSE, débouchent sur une culture de l'em-ployabilité pour le moins fenile. Malgré la faiblesse de
notre étude empirique et, consécutivement' de notre
argumentation, le changement de perspective que nous
proposons dans l'érude de I'exercice de la RSE mérite
d'être approfondi... ne serait-ce que Pour mieux envi-
sager les réalités que recouvre le mythe de la RSE ?
Pour Capron (2003), la régulation des pratiques de
RSE suppose des concenations entre les diftrentescatégories d'acteurs concernés, qdil s'agit d'expérimen-
ter au travers de nouvelles formes de confrontation et
de négociation et au travers de la création ou du ren-
forcement de nouvelles formes d'organisations et d'ins-titutions. Capron enjoint ainsi les chercheurs à soutenirles o acteurs qui expriment actael/€merzt une fortedemandz sociale, notdmment en ma.tière de prodaction
d'insTvavnents, de méthodzs, dinnouations darus les sys-
ùrues de mnnagement, (Capron, 2003, p. I24). Or,notre visée dans cet anicle est bien de promouvoir un
rype de dispositif qui, de par sa mise en æuvre, amène
certains acteurs de l'entreprise à interagir avec les
acteurs institutionnels, civils, économiques qui parta-
gent le même bassin d'activité pour contribuer à l'em-
ployabilité des personnes. La finalité humaine n'est-elle
pas' l'essentiel? o I^a perforznance sociale, et dnnc laGRH, ne mhitnait-ellz pas d?tre gérée pour ellr-mème,
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