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Semiotic constructionist reading of cults and sects

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Etude sémiotique d’une communication fondée sur la contextualisation et les processus : du rôle des représentations symboliques et pratiques rituelles de la franc-maçonnerie Nouveaux Actes Sémiotiques Retour à la page d'accueil Publications : NAS NAS hors-série AS Bulletins AS Documents Visible Comptes rendus Recherches sémiotiques Analyses sémiotiques Actes de colloques Prépublications Thèses de sémiotique Bibliothèque : Pulim-sémiotique Bibliographie thématique Rechercher : Index par auteurs Index par auteurs cités Index par mots clés A propos : Annuaire de sites Politique éditoriale Comité éditorial Université de Limoges Accueil > Recherches sémiotiques
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Etude sémiotique d’une communication fondée sur la contextualisation etles processus : du rôle des représentations symboliques et pratiquesrituelles de la franc-maçonnerie

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Céline Bryon-Portet :

Articles du même auteur

Auteurs cités :

Palo Alto John Austin Gregory Bateson Jean Baudrillard Daniel Beresniak Ray Birdwhistell Pierre Bourdieu Gilbert Durand Bruno Etienne Jacques Fontanille Gilbert Garibal Ernst Von Glasersfeld Erving Goffman Dell Hymes Bernard Lamizet Pascal Lardellier Claude Lévi-Strauss Jean-Louis Le Moigne Irène Mainguy Marshall McLuhan Edgar Morin Charles Morris Alex Mucchielli Alain Pozarnik Arnold Van Gennep

Presses Universitaires de Limoges39C, rue Camille Guérin87031 LIMOGES cedextél : 05 55 01 95 35fax : 05 55 43 56 29mél : [email protected] : www.pulim.unilim.fr

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Nouveaux Actes SémiotiquesISSN - 1961-8999

Céline Bryon-Portet Directrice de la communication à l’INP-ENSIACET

Chercheur au CRISES

Etude sémiotique d’une communication fondée sur la contextualisation etles processus : du rôle des représentations symboliques et pratiquesrituelles de la franc-maçonnerie

Publié en ligne le 8 février 2010

Sommaire :

Cadrage et recadrage par le contexte

Le cadrage spatio-temporel de la sacralité

Changement de degrés, changement de grades et rotativité des rôles maçonniques : deséléments de re-modalisation

Les divers niveaux de l’interprétation symbolique : une communication « feuilletée »

Une dynamique communicationnelle

Pratique rituelle et démarche initiatique : une conversion progressive par des processuscommunicationnels

Constructivisme de la réalité et des relations humaines

Texte intégral :

Depuis les études menées par le folkloriste Arnold Van Gennep1 ou encore parl’anthropologue Victor Turner2, l’on sait que la plupart des rites fonctionnent selon unschéma séquentiel et interviennent à des moments disruptifs et transitoires de l’existence(naissance, puberté, mariage, mort…), raison pour laquelle les notions de seuil, depassage et de liminalité y sont essentielles. Ils réalisent de manière symbolique un« avant » et un « après », ou bien préfèrent consacrer la séparation entre ceux qui ontvécu le rituel, et ceux qui ne le vivront jamais, comme l’a montré Pierre Bourdieu dansson article intitulé « Les rites comme actes d’institution »3.

Cependant, rares sont les pratiques rituelles qui ont élaboré un degré de complexité aussiimportant que celui conçu par la franc-maçonnerie, au point d’intégrer dans un système

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symbolique évolutif, où chaque nouvelle phase re-modalise la phase précédente enrequalifiant le contexte dramaturgique de l’adepte et les éléments signifiants qui lestructurent. Dans le rituel maçonnique, en effet, tout est volontairement agencé pour fairesens, mais aussi pour faire évoluer ce sens, en l’inscrivant dans un dispositifreprésentationnel et communicationnel de nature processuelle, ainsi que nous allons lemontrer. A travers ce travail, nous espérons ainsi contribuer à enrichir l’étude sémiotiquedes pratiques (et plus précisément la sémiotique des pratiques de médiations), que deschercheurs comme Jacques Fontanille4 ou François Rastier ont développée.

Cadrage et recadrage par le contexteLe cadrage spatio-temporel de la sacralité

Née en plein siècle des Lumières, la Franc-maçonnerie met la communication – comprisedans toutes ses acceptions, c’est-à-dire à la fois comme moyen de diffusiond’informations et de transmission de valeurs, mais aussi comme procédé d’échangesinterpersonnels et vecteur d’image institutionnelle, forgeant des médiations symboliqueset structurant les relations sociales – au centre de ses préoccupations. Cettecommunication, comme nous le verrons, privilégie tout particulièrement la dimensionnon-verbale et l’aspect symbolique. Son approche est aussi fortement marquée par lacontextualisation. Le sens des paroles et des postures corporelles des adeptes, en effet,varie en fonction de la situation. S’il est vrai que la compréhension de tout acte de la viequotidienne est inséparable des conditions de sa réalisation, cela est encore plusperceptible au cours des cérémonies maçonniques, car le principe même de leurfonctionnement repose sur la notion de cadrage / recadrage.

Rappelons-le, le cadrage – concept largement développé par les membres de l’école dePalo Alto, Gregory Bateson et Paul Watzlawick notamment –, est l’ensemble desinteractions qui structurent et constituent un contexte de référence global (ce derniercomprenant les relations entre les acteurs en présence et la ponctuation des séquencesqu’ils établissent entre eux, les codes sociaux utilisés, l’environnement spécifique danslequel s’inscrit un événement, etc.). De cette trame découle une situation decommunication, qui s’accompagne d’un certain nombre d’interprétations, dereprésentations et de conduites humaines. Tous ces paramètres forment des schèmes, àpartir desquels les éléments, insignifiants lorsqu’ils sont considérés isolément, prennentun sens. Le terme de cadrage n’est d’ailleurs pas sans rappeler la terminologiephotographique et cinématographique, et indique clairement que ces schèmes équivalentà des angles de vue particuliers, dont la nature a des implications sur perception que l’ona d’une scène, d’un sujet ou d’un objet. Erving Goffman, l’un des pères fondateurs del’interactionnisme symbolique, étudia lui aussi ces « cadres » dans lesquels se dérouletoute expérience5, et qui peuvent se superposer à d’autres cadres, créant ainsi différentsdegrés de cadrage. Dans Frame analysis, il distingue entre les « cadres primaires »(« naturels » ou « sociaux ») et « les cadres transformés » (par « modalisation » ou par« fabrication »). A savoir que les cadres transformés par modalisation, c’est-à-dire par unprocessus de transcription qui change l’interprétation d’une situation, ou plutôt le sensque celle-ci avait dans un cadre primaire, sont limités par des indices spatiaux et

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temporels. La cérémonie, par exemple, qui peut être de nature rituelle6, est l’une des cinqcatégories de modalisation recensées par Goffman.

Or, l’activité maçonnique s’ouvre officiellement sur une série de cadrages, et plusprécisément de cadres transformés par modalisation. Les marques indicielles les plusévidentes de ce cadrage sont relatives à l’espace et au temps. Avant de démarrer lacérémonie, le Vénérable Maître, qui dirige la loge, commence par demander au SecondSurveillant quel est le premier devoir d’un Surveillant en Loge, ainsi que le veut le Ritueldu Rite Ecossais Ancien et Accepté. Et celui-ci de répondre qu’il convient de s’assurerque le Temple est « couvert » - c’est-à-dire clos, tenu à l’abri des regards indiscrets –,puis de quitter provisoirement la loge afin de vérifier que la porte des locaux est fermée.Après une série de questions-réponses composant diverses séquences, le VénérableMaître demande l’heure au Second Surveillant. Il lui est alors répondu « Il est midi »7, etce quelle que soit l’indication que donnent les montres des participants. La raison en estsimple. Les francs maçons ne se réfèrent pas au temps "réel", à la donnée objectivementmesurable des scientifiques ou même du commun des mortels, mais à un temps sacré, ouà tout le moins rituel. La réponse est donc symbolique et il convient d’en interpréter lasignification.

Ces échanges verbaux ont donc pour objectif de poser le contexte, de faire prendreconscience aux adeptes qu’ils doivent progressivement abandonner les us et coutumes duquotidien pour adopter un comportement différent, proprement maçonnique et rituel. Lecadrage qu’ils mettent en place établit une limite stricte entre Espace-Temps profane etEspace-Temps sacré, étant entendu que la voie initiatique consiste à quitter les premierspour s’engager dans les seconds. Cette limitation, inhérente au principe de cadrage, estégalement cohérente avec la logique de sacralisation que revendique la franc maçonnerie,si l’on veut bien se souvenir que le terme « sacré », issu du latin sacer, signifie« séparé ». La loge ou le temple (selon les rites), au sein duquel œuvrent les adeptes,matérialise cet espace et ce temps sacrés. Les paroles du vénérable Maître aident à cetteinstitution du temple comme lieu privilégié, car elles ont une dimension performative, enadéquation avec la pragmatique anglo-saxonne, et plus précisément celle que John Austindéfinit dans son ouvrage intitulé How to do things with words8. Ainsi en est-il lorsque leVénérable maître annonce : « Nous ne sommes plus dans le monde profane »9. La formedéclaratoire (à la fois déclarative et déclamatoire) de la phrase accomplit la rupture, elleconsacre le "fait" maçonnique. Alors, et alors seulement, les francs maçons commencentleurs travaux.

Un recadrage inverse est effectué à la fin de la cérémonie, à l’heure symbolique de« minuit », qui clôt les activités sacrées et réintègre les maçons dans le monde profane.Enfin, au cours même de la cérémonie, de nombreux signaux interviennent pour exprimerle passage d’un cadre à un autre, ou encore d’une séquence à une autre. Les coups demaillet du Vénérable Maître, qui rythment le déroulement de la tenue, invitent lesparticipants à se lever et à s’asseoir tour à tour (à « entrer dans l’orchestre », selonl’heureuse métaphore de Gregory Bateson), accompagnent l’ouverture et la fermeture destravaux, font partie de ces « conventions de phasage »10 décrites par Goffman. Le franc-maçon Gilbert Garibal exprime très clairement cette idée : « Pour quelle raison cette suite

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de déplacements à pas comptés dans la loge, de séquences alternées, "debout-assis",imposés aux assistants et qui rythment la tenue ? D’abord pour provoquer une scission,une cassure avec l’extérieur, pour s’isoler du "monde profane" d’où chacun arrive encoreimprégné de l’agitation. Puis, du fait même de cette séparation, et par opposition, poursacraliser enfin le lieu et réunir les frères dans un semblable état d’âme, une unitéspirituelle ». Un peu plus loin dans le texte, l’auteur précise que le caractère répétitif etrassurant du rituel « favorise le "lâcher prise" des participants », et ce « jusqu’à les faire"changer de plan" et entrer dans un "ici et maintenant" spécifique ».11

Changement de degrés, changement de grades et rotativité des rôles maçonniques : deséléments de re-modalisation

Si l’aspect spatio-temporel du contexte est déterminant, d’autres aspects contextuelsparticipent également de ce cadrage. Le professeur Alex Mucchielli comptabilise septtypes de contextes, parmi lesquels « le contexte physique et sensoriel », « le contexte despositions respectives des acteurs », et « le contexte de référence aux normes et règlescollectivement partagées », en plus des deux contextes précédemment cités12. Or, tousces aspects sont manifestes durant les cérémonies maçonniques. Concernant le contextephysique et sensoriel et le contexte de référence aux normes, on peut citer la tenuevestimentaire et les accessoires des francs maçons (gants, tabliers, vêtements sobres,etc.), par exemple, qui rappellent la situation extraordinaire dans laquelle se trouvent lesadeptes lorsqu’ils communiquent – et communient – dans le temple. Notons d’ailleursque ces indices vestimentaires font partie des « médiats de la personne » décrits parBernard Lamizet13, c’est-à-dire des formes relatives à une image sociale de la personneet à sa représentation dans l’espace public, traduisant son appartenance à unecommunauté.14

Le décorum, lui aussi, évoque le caractère exceptionnel de cet événement bimensuel etcontribue à sa « mise en scène » – terme éminemment goffmanien – : deux colonnesconnues sous le nom de « Jachin » et « Boaz » encadrent le plus souvent l’entrée dutemple, trois piliers baptisés « Sagesse », « Force » et « Beauté » supportent des « petiteslumières » au centre de la loge, un tapis, un pavé mosaïque15 et des outils (maillet,ciseau, règle, équerre, compas, niveau…) jonchent le sol et l’autel, le soleil, la lune etl’étoile éclairent l’Orient et l’Occident. La position des francs maçons, enfin (lesquels ontles bras, les mains et les pieds mis « en équerre », c’est-à-dire formant des angles droits),ainsi que les règles qui encadrent la prise de parole et exigent des postures corporellesspécifiques, ajoutent au procédé de contextualisation. Avant l’ouverture des travaux, lerituel invite d’ailleurs le Vénérable Maître à effectuer la vérification de ces normes.Parmi les « devoirs » qui incombent aux officiants figure celui qui consiste à « s’assurerque tous les assistants sont francs maçons ». Ces derniers doivent alors se mettre « àl’ordre » et faire « le signe ». Ces postures et gestes particuliers manifestent (au sensphénoménologique du terme) la culture maçonnique, la différencient et la rendent doncreconnaissable. Mais il y a plus : ces éléments de cadrage conditionnent les adeptes. Ilssuscitent, tout du moins, un comportement particulier. Le corps, contraint par un maintienexigeant et inconfortable dont les modèles sont la verticale et l’équerre, affiche une tenueexemplaire. En ce sens, il est un signe de rigueur de la réflexion et de rectitude morale, et

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la favorise également en l’inscrivant dans un cercle vertueux, à la façon d’un tuteur quiredresse un végétal.

Le contexte des positions respectives, quant à lui, se révèle extrêmement complexe etsubtil. Le cérémonial maçonnique, en effet, inscrit dans la prévisibilité et la régularité durituel16, fonctionne comme un jeu de rôles. Chaque officier occupe une place particulièredans la loge, et à cette place correspondent des fonctions précises et des conduitesassociées (le Vénérable Maître, par exemple, siège à l’ « Orient » de la loge et « oriente »l’assemblée des francs maçons, puisqu’il dirige les tenues…). Cependant, il convient desouligner que ces rôles et conduites ne sont guère figés, car au sein même du cadremaçonnique existent des contextes différents, des opérations de recadrage successives,tant sur le court terme (au sein d’une même cérémonie), que sur le moyen terme (lors deschangements de grade des francs maçons) et le plus long terme (lors des changements defonctions du collège des officiers, notamment). Ces changements s’appuient sur des re-modalisations, dont nous allons livrer quelques exemples concrets.

Lorsqu’une personne s’engage dans la maçonnerie, elle participe à une cérémonied’intronisation que l’on peut ranger dans la catégorie des rites de passage tels que définispar Arnold Van Gennep, durant laquelle elle est initiée. Elle découvre alors les objets etsymboles maçonniques, ainsi que les codes verbaux et non-verbaux qui régissentl’institution. Mais le rituel d’initiation se veut avant tout une action de modalisation. Lefutur adepte doit oublier les réflexes relevant du monde profane (il doit « laisser lesmétaux à la porte du temple », ainsi que le dit métaphoriquement une expressionconsacrée par le Rite Ecossais Ancien et Accepté) et se familiariser avec son nouvelenvironnement. Ce cadrage est tellement fort et singulier, il implique tellement demodifications comportementales, qu’il est représenté comme une mort, suivie d’unerenaissance17. La mort symbolique, évoquée par le crâne qui se trouve dans le « cabinetde réflexion », traduit l’abandon de l’ancien cadre qui était celui du profane, et larenaissance exprime son insertion dans un nouveau cadre de vie (cette mort-renaissancede l’initié sera d’ailleurs répétée et véritablement actualisée lors du passage au 3ème grade,à travers le mythe d’Hiram, personnage auquel le futur Maître s’identifie). Mais leparcours du franc maçon ne fait que commencer, ainsi que le rappelle le mot« initiation », venant du latin « initium », qui signifie « commencement ». Un cheminlong et difficile – semé d’efforts, de remises en question, parfois de doutes – s’ouvre àlui.

Au cours de ce cheminement, il est amené à gravir différents degrés au sein desquels luisont conférés différents grades. Ceux-ci sont sanctionnés par des cérémonies quiintroduisent, chaque fois, une re-modalisation, ou tout au moins des variantes par rapportà la modalisation précédente. C’est ainsi qu’au cours des phases transitoires quiaccompagnent l’accession aux trois principaux grades (à savoir le grade d’Apprenti,correspondant au 1er degré, le grade de Compagnon, correspondant au 2ème degré, et legrade de Maître, correspondant au 3ème degré), le franc maçon découvre de nouveauxsymboles, mais aussi de nouvelles règles, de nouveaux « mots, signes et attouchements »,et de nouveaux objets. Si l’Apprenti apprend à manier le ciseau et le maillet pourdégrossir sa pierre brute, le Compagnon, quant à lui, ajoute dans sa besace règle, levier,

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niveau et perpendiculaire… Bien plus que des outils, ces derniers, investis d’unimaginaire proprement maçonnique, ne sont plus de simples objets de la société deconsommation, mais sont dès lors soumis à une sémiotique, en accord avec la thèse deJean Baudrillard18, et deviennent des symboles à part entière. Autre exemple, l’Apprentiest tenu au silence, exercice difficile qui l’oblige à apprendre l’écoute de l’autre, lapatience et l’introspection, tandis que le Compagnon recouvre une partie de l’usage de laparole, et le Maître la totalité de cet usage. Autant de paramètres qui traduisent une re-modalisation manifeste.

En outre, à chaque degré est associée une distribution particulière de l’espace et dutemps. Par exemple, au Rite Ecossais Ancien et Accepté, les coups de maillet duVénérable Maître et des deux Surveillants sont au nombre de trois au 1er grade, aunombre de cinq au 2ème degré, et au nombre de sept au degré supérieur. Le nombre varieselon les rites, mais le principe demeure similaire, puisque le rythme diffère d’un degré àl’autre. Loin de représenter de simples détails, ces éléments ont pour but de transformerla représentation, la réflexion et la conduite des adeptes. Ils sont porteurs d’un certain étatd’esprit. Cela participe en fait d’un phénomène de progression sur lequel nousreviendrons lorsque nous analyserons l’aspect processuel de la communicationmaçonnique. Il faut enfin préciser que des passages d’un degré à un autre degré peuvents’effectuer au cours d’une même cérémonie, qui se trouve alors macro-séquencée. Desindices tangibles marquent alors le changement de cadre opéré. Le décorum, lui aussi, estmodifié en conséquence. Par exemple, lorsque les adeptes passent du 1er degré au 2nd

degré au cours d’une tenue, le décorum se métamorphose : certains objets disparaissentde la scène, d’autres apparaissent19. La gestuelle des francs maçons change également :la position des bras et des mains, ainsi que les pas rituels, ne sont pas les mêmes. IrèneMainguy, responsable de la bibliothèque maçonnique du Grand Orient de France, résumeparfaitement cela : « Le chemin de la Connaissance est parsemé de repères hiérarchiquesqui sont autant de changements d’état, de nouveaux regards, de transformationsintérieures »20. Quant à Alain Pozarnik, ancien Grand Maître de la Grande Loge deFrance, il déclare que « toutes paroles et toutes actions prennent un sens différent selonl’angle sous lequel nous les considérons ».21

Sur le plus long terme, la franc-maçonnerie se caractérise par la rotativité des rôlessociaux tenus par ceux qui constituent le Collège des officiers, et de l’inscription de cesrôles dans l’espace sacré. L’exemple le plus frappant est celui du Vénérable Maître qui,après avoir dirigé la loge à l’Orient pendant deux ou trois ans, prend la place duCouvreur, à l’Occident, lorsque le temps de son Vénéralat est écoulé. Il passe ainsi de lalumière à l’ombre, de l’autel surélevé du temple à la porte qui se situe en contrebas, d’unposte dominant à un poste d’exécution22. Il en va de même pour l’Orateur et leSecrétaire, qui échangent leurs positions à droite et à gauche du temple, mais aussi leurfonction, orale pour l’un, et scripturaire pour l’autre. Cette rotation permet aux adeptesd’entretenir des relations à la fois complémentaires et symétriques entre eux23, au sein dela communauté maçonnique. Complémentaires, car les membres se voient distribuerfonctions prescriptives ou fonctions exécutoires, et symétriques, car cette distribution sefait sur fond d’égalité (le « niveau », l’un des outils du franc-maçon, prend alors tout sonsens), et est amenée à faire alterner les rôles (en empêchant un éclatement du système

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auquel des escalades symétriques finiraient par être fatales, cette alternance s’apparented’ailleurs fortement au principe d’équilibrage par autocorrections successives queNorbert Wiener décrit à travers le « feedback négatif »).

Il va de soi que chaque rôle nouvellement endossé entraîne un recadrage. L’on perçoit làl’un des traits essentiels de la spécificité du rituel maçonnique, qui effectue une re-modalisation par rapport aux cérémonies rituelles antérieures, à la façon d’une histoirecomportant plusieurs chapitres liés entre eux. Tel n’est pas le cas, par exemple, du rite depassage lié aux funérailles dans la religion chrétienne, ou encore d’un rite d’institutiontelle qu’une cérémonie de remise de diplômes universitaires. En effet, si ceux-cieffectuent une opération de cadrage par rapport à un « avant » cérémonial, ils recadrentrarement le contexte et les éléments d’un rite antérieur (le rite des funérailles n’effectuepas un recadrage du rite de mariage ou de baptême, la remise des diplômes ne recadre pasle bizutage qui l’a précédé quelques années auparavant). La perception de chaquecérémonial maçonnique est différente pour cette simple raison que le point de vue adopté(« la ponctuation », selon le mot de Gregory Bateson), est, lui aussi, différent desprécédents. La signification attribuée à un fait est inséparable de l’angle de vision, à sontour partiellement déterminée par l’organisation du groupe, comme l’ont montré deschercheurs du MIT, Harold Leavitt notamment24. Le modèle de communication induitpar l’organisation matérielle du groupe fait varier, en effet, le mode de transmission et decompréhension de l’information.

Les divers niveaux de l’interprétation symbolique : une communication « feuilletée »

Tout système symbolique implique un recadrage par rapport à la réalité et au sensoriginel que les objets possèdent dans la vie quotidienne. Mais si cette règle n’est pasl’apanage de la franc-maçonnerie, cette dernière y souscrit, plus que toute autreinstitution peut-être, dans la mesure où le mode symbolique est son mode d’expressionprivilégié (« Ici, tout est symbole », est-il dit au futur franc maçon lors de sa cérémonied’initiation au Rite Ecossais Ancien et Accepté, dans certains ateliers). Ainsi un trianglen’est-il pas une simple figure géométrique, en franc-maçonnerie, mais représente-t-il uneconception ternaire de l’homme (esprit-âme-corps) et de l’univers, un principe équilibrantdépassant le dualisme primaire en vue de l’unité, assimilable au divin, en accord avec lesthéories qui mettent en exergue la motivation unissant le signifiant et les signifiés dusymbole25, par opposition à l’arbitraire de ces deux faces du signe linguistique, tels queFerdinand de Saussure l’a révélé. De la même manière, le soleil placé à l’Orient dutemple n’est pas seulement l’astre du jour, il représente également la connaissance, lavérité… Il en va de même pour la lune, les colonnes surmontées de grenades, les équerreset les compas qui ornent la loge. Le franc-maçon perçoit donc des triangles et des étoilesdans le monde profane, mais voit autre chose que des figures à trois côtés et desluminaires célestes lorsqu’il se trouve dans le temple, grâce au cadrage qui est effectuéavant toute cérémonie, mais aussi au principe de codage / décodage qui sous-tend tout letravail maçonnique. Les symboles maçonniques mobilisent simultanément les troisdimensions du signe distinguées par Charles Morris26. Le soleil, par exemple, seraconsidéré par le franc-maçon dans sa dimension sémantique, mais aussi syntaxique (par

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rapport à la lune, notamment) et pragmatique, puisqu’il invite l’adepte à rechercher lalumière de la connaissance.

Mais si cette approche symbolique est déjà, en elle-même, un recadrage par rapport auréel, notamment en ce qu’elle introduit une dimension imaginaire dans le travail desadeptes27, elle est aussi marquée par une série d’opérations de recadrage internes tout aulong du parcours maçonnique. Semblable à une lettre ou à un mot n’acquérant son sensque dans la phrase ou le texte au sein duquel ils s’insèrent, l’interprétation du sens dechaque symbole, en effet, dépend du contexte dans lequel il s’inscrit, accréditant ainsil’une des thèses communicationnelles fondamentales du groupe Watzlawick, Beavin etJackson, sur la coexistence de l’aspect « relation » du message, aux côtés de l’aspect« contenu »28. Ainsi l’étoile sur laquelle est inscrite la lettre « G », n’a-t-elle pas lamême signification pour le franc maçon lorsqu’il est Apprenti, puis lorsqu’il estCompagnon et enfin lorsqu’il est Maître. Car au cours de la cérémonie dite« d’augmentation de salaire », durant laquelle l’initié passe au grade supérieur, certainssymboles reçoivent un nouvel éclairage. Des éléments de compréhension supplémentairessont livrés à l’adepte. La lettre « G », jusqu’alors mystérieuse, devient moins sibyllinelorsque l’on sait qu’elle évoque la Géométrie (cet art si cher aux grecs que le fronton del’Académie de Platon pouvait annoncer la fameuse phrase « que nul n’entre ici s’il n’estGéomètre », et que les francs maçons continuent d’honorer à travers le « GrandArchitecte de l’Univers »), ou encore « God », mot anglais qui désigne Dieu et rappelleles origines anglo-saxonnes de la franc maçonnerie.

Les recadrages successifs inhérents au chemin maçonnique correspondent donc àd’incessants changements des éléments de référence (les éléments de référence del’Apprenti sont le chiffre trois, le travail d’apprentissage et le silence, ceux ducompagnon au 2ème degré sont le chiffre cinq, le voyage et la parole partiellementrecouvrée). Or, ces changements de références viennent s’ajouter à la polysémie naturellede toute approche symbolique, nécessairement marquée par une herméneutique, ainsi quel’a longuement relevé Paul Ricœur dans Le Conflit des interprétations. Telle estd’ailleurs la ligne de démarcation majeure entre une approche conceptuelle, fondée surune logique diaïrétique, une rationalité binaire, un principe de contradiction hérité del’axiomatique aristotélicienne et favorisant la production de messages univoques ; et uneapproche symbolique, qui intègre l’implicite, la connotation, se définit par une densité etune profusion de sens possibles, et donc par une certaine plurivocité29. Lesaugmentations de références qui viennent se greffer à différentes étapes du parcours del’adepte accroissent la subtilité de toute situation maçonnique, déjà complexifiée par lapluralité de niveaux d’interprétations (et de significations) que recouvre, en soi, chaquesymbole.

La communication maçonnique a ceci de particulier qu’elle additionne les significationsliées aux divers contextes que crée le rituel, au lieu de les séparer ou de les faire évincerles unes après les autres, selon la vision linéaire habituelle du récit. Dans la même veine,il convient de souligner que si les mythes maçonniques possèdent bien une dimensiondiachronique en ce qu’ils déroulent une histoire, la dimension synchronique prévautcependant, dans la mesure où plusieurs mythes coexistent, se faisant écho les uns aux

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autres et se complétant mutuellement, comme l’a noté Gilbert Durand30. En outre, lasynchronie est d’autant plus grande que ces mythes sont marqués par la répétition,formant ainsi des « mythèmes », soit des groupes de mythes traitant de thèmes parents etconstituant des invariants (ce sont d’ailleurs ces invariants qui maintiennent une certainecohérence symbolique, évitant à la polysémie de se transformer en discordance). Cela seconçoit aisément lorsqu’on prend en compte la prétention à l’universalité et àl’intemporalité qui anime la Franc-maçonnerie, éprise d’idées archétypales. Redondantsles uns avec les autres, les mythes maçonniques reposent sur le concept de variation, ausens musical du terme. La méthode mythodologique, conçue par Gilbert Durand31,consiste précisément à repérer les répétitions, les jeux synecdotiques et les confluencesmorphologiques des mythes. Dans son ouvrage intitulé Les Grands mythes fondateurs dela franc-maçonnerie, il remarque ainsi le système mythique formé notamment par lemythe d’Hiram, le mythe chevaleresque (haut grade de « Grand Elu ChevalierKadosch…) et le mythe des templiers, mettant en scène le paradigme du Juste persécuté,puisqu’on retrouve l’idée d’un meurtre crapuleux perpétré par trois scélérats, et d’unappel à la vengeance. Il s’agit donc bien d’une sorte de métaphore obsédante, au sens oùl’entend Charles Mauron, témoignant d’un « processus mythogénique ».32

La définition que les théoriciens de la communication donnent généralement du contextedoit être par conséquent infléchie lorsqu’on considère cette notion à la lumière de laspécificité maçonnique. Yves Winkin déclare avec raison que pour Gregory Bateson, « le"contexte" pourrait être défini comme l’ensemble des informations permettant derestreindre le nombre de significations possibles d’un mot, d’un acte, d’unévénement »33. Mais il semble que cette définition ne soit que partiellement vraie au seinde l’institution que nous étudions. Car si le contexte maçonnique permet d’écartercertaines significations (le sens littéral que prend un mot ou un objet dans la vie profane,par exemple), il faut se souvenir que chaque contexte renvoie également à d’autrescontextes, toujours prégnants dans l’esprit du maçon, de même que chaque significationrenvoie à d’autres significations, parallèlement et simultanément, grossissant ainsi lechamp sémantique au lieu de le réduire. L’image que Claude Lévi-Strauss utilise à proposdu mythe en général, lorsqu’il affirme que la forme de ce dernier est « feuilletée »34,s’applique parfaitement à la franc-maçonnerie et à ses rites de passage, qui requalifientles éléments du réel. Composée de strates superposées les unes aux autres, mieux,imbriquées entre elles et en interaction permanente, la maçonnerie forme un système à lafois stable et évolutif, qui n’est pas sans rappeler la régulation artificielle des homéostatsde William Ross Ashby.

Une dynamique communicationnellePratique rituelle et démarche initiatique : une conversion progressive par des processuscommunicationnels

Ce qu’il est important de saisir, c’est que l’opération de recadrage, dont nous avons vuqu’elle était prégnante en franc maçonnerie, s’inscrit dans une problématique duchangement. A ce propos, Alex Mucchielli, spécialiste des approches constructivistes,précise : « Recadrer, pour Watzlawick, c’est donc redéfinir la situation ou passer à uneméta-vue de la situation dans le but de changer le sens des rapports entre les acteurs. La

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notion de "recadrage" est ainsi fondamentale pour toutes les études sur le changement decomportement. Pour modifier une conduite il s’agit essentiellement de modifier lesystème dans lequel la conduite est mise en œuvre car, dans le contexte modifié, laconduite en question prend un autre sens qui n’apparaît plus alors comme pertinent àl’acteur »35. La manipulation des contextes change donc la perception des acteurs et lesreprésentations qu’ils se forgent de la réalité. Partant, c’est la façon d’agir des sujets quis’en trouve modifiée.

Si les notions de cadrage / recadrage sont essentielles à la communication maçonnique,ainsi que nous nous sommes efforcé de le démontrer, il en est une autre qui n’est pasmoins importante et qui demeure étroitement liée à la première : à savoir la notion deprocessus. Alex Mucchielli déclare qu’ « un processus est une transformation qui ajoutede la valeur ». S’appuyant sur les recherches de Jean-Louis Le Moigne, il rappelleégalement qu’un processus « est toujours défini par son exercice et son résultat. Il y aprocessus lorsqu’il y a, au fil du temps, modification de la position et de la forme d’unphénomène dans un référentiel. ». Et de conclure : « S’interroger sur les "processus de lacommunication", c’est ce demander ce qui se transforme – pour que le sens prenne corpsou évolue – lorsqu’une communication a lieu ».36

Dans la vie profane, chaque situation de communication, certes, est singulière. Mais leschangements de cadre se font naturellement et inconsciemment. A l’inverse, la franc-maçonnerie opère une rupture volontaire et manifeste entre différents cadres del’expérience. Elle met en scène, au sens dramaturgique du terme, des épisodes différents,caractérisés par des cadrages spécifiques. Les recadrages maçonniques ne sont ni dus auhasard, ni gratuits. Ils poursuivent un objectif déterminé et engendrent une dynamique.Mieux, une progressivité, caractéristique de toute démarche initiatique et procédant pargradation. Cette approche processuelle a déjà été relevée lorsque nous avons mentionnéles passages de degrés de l’adepte. Au début de cette étude, dans un but de simplification,nous nous sommes contenté de citer les trois grades principaux constituant les loges dites« bleues » (Apprenti, Compagnon et Maître). A présent, notre analyse des processus nousamène à préciser que ceux-ci sont suivis de « hauts grades ». Pour être facultatifs, ces« ateliers supérieurs » n’en sont pas moins étonnants par la richesse des symboles qu’ilsconstruisent, étape par étape. Le Rite Ecossais Ancien et Accepté, connu sous l’acronymeR.E.A.A, ne compte pas moins de 33 grades. Il va de soi que le dernier de ces degrés nepeut s’atteindre qu’après plusieurs décennies de labeur, et que la plupart des francsmaçons ne l’atteigne jamais…

Le rituel maçonnique constitue la base de cette communication processuelle. Les degrésqu’il comporte, et qui sont comme autant de marches que l’adepte gravit lentement, au fildes ans, n’ont pas seulement pour but de faire progresser le franc maçon dans saconnaissance des symboles, et dans l’approfondissement des significations qu’il construitautour de ces derniers. Ils visent, avant tout, à réaliser un perfectionnement moral etspirituel de l’adepte, lequel, en tant que pierre d’un édifice social qui le dépasse, participeainsi du perfectionnement global de l’humanité. La « métanoïa », cette conversion duregard et de l’être que l’ethnologue et franc-maçon Bruno Etienne considère comme lafinalité de toute voie initiatique37, est l’effet escompté à travers cette « approche par les

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processus », pour reprendre le titre d’un ouvrage d’Alex Mucchielli. La conversion del’être est en grande partie rendue possible par l’incorporation (au sens étymologique) quesuppose toute pratique rituelle, au sein de laquelle une information n’est pas une simpledonnée objective mais un élément subjectivé, grâce au vécu de l’expérience38. Notonsd’ailleurs que le passage au grade de Compagnon fait intervenir les cinq sens del’adepte : celui-ci voit, touche, écoute, sent et goûte même une pomme.

Par ce procédé, le corps s’approprie une réalité extérieure, une vérité d’abordsuperficielle et abstraite, pour la faire sienne. Il devient non seulement un vecteur decommunication, mais aussi le creuset matriciel d’une transmutation radicale, prouvantainsi l’efficacité de la communication processuelle, et plus précisément de lacommunication par le rituel, dont Pascal Lardellier a analysé les effets performatifs39.C’est à la lumière de ce catalyseur corporel indispensable à toute métanoïa ou conversionpsychique, qu’il faut comprendre la déroutante des règle des « B », selon laquelle il nefaut être ni bègue, borgne, boiteux ou bossu pour être accepté en franc-maçonnerie40.Cette conception maçonnique rejoint à bien des égards les thèses de nombreux chercheurscontemporains, à commencer par Edgar Morin et Francisco Varela, co-auteurs d’unouvrage intitulé L’Inscription corporelle de l’esprit. Le port des accessoires maçonniquesdoit aussi se comprendre dans ce sens. Comme le déclare Daniel Beresniak dans sonouvrage Rites et Symboles de la franc-maçonnerie, « porter un tablier comme l’artisan,c’est se définir comme un artisan. C’est donc intégrer son état d’esprit, son approche dela réalité ».

Mais si le corps peut jouer ce rôle catalytique, c’est bien parce que le décorum crée lesconditions psychosomatiques indispensables à toute modification profonde. Dans saThéorie du lien rituel, Pascal Lardellier s’attarde sur ces « shifters » ou « embrayeurs »que « constituent les éléments tangibles du dispositif ». Et il remarque avec raison que« le décorum rituel est plus qu’un simple décor : de sa matérialité perceptible, de sonorganisation spatiale, découlera l’instauration d’un contexte, qui va agir pour produire dusymbolique et opérer des transformations sociales et institutionnelles »41. Cetteopérativité du rituel, que Claude Lévi-Strauss fut l’un des premiers à mettre en exerguedans son Anthropologie structurale, fait dire à de nombreux adeptes que la franc-maçonnerie actuelle ne saurait être seulement spéculative, contrairement à ce qu’il estsouvent affirmé lorsqu’on la compare à celle que pratiquaient les bâtisseurs decathédrales. Et l’on peut ainsi mesurer l’écart qui sépare la voie maçonnique de celle queproposent certaines religions révélées, dans lesquelles la vérité se reçoit au lieu de seconstruire.

A travers son rituel, la franc-maçonnerie accorde une place extrêmement importante à lacommunication non-verbale, notamment kinésique et proxémique. Pour autant, cettecommunication non lexicalisée ne s’inscrit pas totalement dans la catégorie de lacommunication analogique, telle que Paul Watzlawick l’a définie42, ce paralangagesouvent inconscient qui accompagne tout langage. Malgré sa nature analogique (pieds,bras et mains formant une équerre), la gestuelle maçonnique, en effet, se rapprochedavantage de la communication digitale en ce qu’elle représente un code pré-déterminé,une langue conventionnelle, et cela même si elle ne possède pas toutes les nuances et les

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possibilités qu’offre l’oralité (c’est d’ailleurs à cause de cet aspect lacunaire que chaquenouveau signe maçonnique appris par l’adepte est suivi d’une explication verbale). Bienplus que de gestes, il s’agit donc bien de signes. Leur dimension volontariste,intentionnellement signifiante, est indéniable, comme c’est le cas avec le langage dessignes utilisé par les sourds-muets43. Précisons cependant que l’intentionnalité de cesmessages gestuels n’implique pas une conscience totale, de la part de l’adepte, de tout ceque ceux-ci peuvent recouvrir en termes de représentations. Car lorsque l’adepteprononce des phrases dictées par le rituel, il n’en comprend pas toujours le sens dèsl’abord, tenu qu’il est d’interpréter et de forger progressivement le sens du monde quil’entoure via un processus de réflexivité, d’acquérir, enfin, cette « compétencecommunicative » décrite par Dell Hymes, soit l’ensemble des connaissances que toutindividu doit posséder lorsqu’il devient membre d’une communauté. D’autre part,l’efficacité du rituel n’intervient que progressivement, par sa répétition dans le temps.

Constructivisme de la réalité et des relations humaines

Le processus communicationnel par lequel la franc-maçonnerie s’efforce de transformer la vision et lecomportement de l’initié s’effectue, ainsi que nous l’avons vu,par le biais d’interprétations successives. Cette herméneutiquepermanente s’inscrit dans une approche constructiviste, etœuvre dans deux domaines : celui d’une construction de typeépistémologique, ayant trait à la représentation de la réalité, etcelui d’une construction du lien social, axé sur les relationshumaines. Cette double orientation, épistémologique et sociale, rappelle d’ailleurs labipolarité de la Franc maçonnerie, qui se présente elle-même comme une « institutionphilosophique et philanthropique ».

Les images et outils ayant trait au métier de la construction, qui abondent dans le templeet le rituel maçonniques, prennent dès lors une valeur toute particulière et s’insèrent dansune métaphore englobante. Ciseau, maillet, équerre, compas, règle, niveau, fil à plomb,règle, perpendiculaire, pierre brute et pierre cubique, références au mythe d’Hiram et àl’édification du temple de Salomon, participent de la construction intérieure – spirituelleet morale – de l’initié, lui-même reproduction miniature du macrocosme, et dont lesfrancs maçons louent le « Grand Architecte ». Le nom que s’est donné l’institution n’estpas fortuit, et ce n’est pas par hasard que la maçonnerie spéculative a forgé ses symboleset son rituel en s’inspirant des principes traditionnels de la maçonnerie opérative, que lesbâtisseurs de cathédrales se transmettaient de générations en générations pendant lapériode médiévale, sur une base métaphorique, en accord avec la thèse que JeanBaudrillard développe dans Le Système des objets. Mais la portée de ces élémentsarchitecturaux n’est pas seulement métaphorique. Elle traduit une véritable volontéconstructiviste et s’efforce de créer les conditions d’ouverture de l’esprit de l’adepte pourque ce dernier s’engage dans la voie de la transformation, ainsi que le souligne Irène

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Mainguy dans un ouvrage intitulé Symbolique des outils et glorification du métier. AussiGilbert Garibal a-t-il raison de faire remarquer que « le cadre de la construction » est lecadre qui « sert de conducteur » à toute la démarche maçonnique44, et ceci même s’ilpossède de multiples variations, propres à proposer différents angles de vues.

Si la franc-maçonnerie a choisi une approche symbolique, c’estprécisément parce que le symbolisme permet, par sa dimensionpolysémique et le travail d’interprétation qu’il implique, unereconstruction progressive de la réalité. Les thèses développées parl’école de Palo Alto se révèlent très éclairantes lorsqu’on étudie le constructivismemaçonnique. Dans l’ouvrage collectif dirigé par Paul Watzlawick, intitulé L’Invention dela réalité. Contributions au constructivisme45, Ernst Von Glasersfeld soutient l’idée quele monde n’est pas une entité que l’homme se contenterait de lire et d’interpréter, mais unensemble de représentations que l’individu élabore patiemment. Il s’appuie notammentsur les écrits de Gianbattista Vico, l’un des premiers penseurs constructivistes quiaffirmait dans De Antiquissima Italorum Sapientia, au 18ème siècle, que « la véritéhumaine est ce que l’homme connaît en le construisant, en le formant par ses actions ».Lorsqu’il soutient que « la connaissance devient alors quelque chose que l’organismeconstruit dans le but de créer un ordre dans le flux de l’expérience – en tant que tel,informe – », ou encore évoque « une conscience capable d’assimilation peut construiredes régularités et établir un ordre même dans un monde complètement chaotique »46,Ernst Von Glasersfeld n’est pas éloigné du franc-maçon, soucieux de faire advenir « ordoab chao » et qui, pour ce faire, commence par se mettre lui-même « à l’ordre ».47

Il est d’ailleurs significatif de constater qu’Ernst Von Glasersfeld utilise lui-même unemétaphore relevant de la construction matérielle, très proche des images franc-maçonniques, pour souligner l’analogie existant entre le travail physique d’un artisanmaçon et le travail cognitif d’un sujet pensant, et ce afin de faire comprendre au lecteurque la connaissance humaine, la représentation que l’individu a de son environnement,est partiellement déterminée par le "matériau" utilisé : « un maçon qui construitexclusivement avec des briques arrive tôt ou tard à la conclusion que, là où sont prévuesdes ouvertures pour des fenêtres et des portes, il doit faire des cintres qui soutiennent lemur au-dessus de ces ouvertures. Et, si le maçon croit alors avoir découvert une loirégissant un monde absolu, il fait exactement la même erreur que Kant qui pensait quetoute géométrie doit être euclidienne. Quels que soient les éléments de construction quenous choisissons, qu’il s’agisse de briques ou d’éléments d’Euclide, ils déterminenttoujours des contraintes et des limites »48.

De la même manière, la série de cadrages et de recadrages que l’institution maçonniquemet en place, et que nous avons précédemment étudiée, entre dans cette perspective. Lathéorie des constructivistes radicaux possède cependant l’inconvénient de réduire laconnaissance de l’individu à une expérience purement subjective, et en faisant fi del’impact que le milieu dans lequel celui-ci évolue peut avoir sur la formation de sa penséeet de son être, ce qui peut aboutir à un relativisme stérile, où tout vaut et s’équivaut. Or,la franc-maçonnerie semble vouloir éviter cet écueil. Ainsi Alain Pozarnik s’interroge-t-

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il : « Chaque conscience fragmentée reflète un ordre fragmenté du monde ; autant d’êtrehumains, autant de critères de compréhension et de valeurs. Comment dans cesconditions trouver l’unité universelle ? »49. Trouver cette unité universelle reviendrait àéviter un vain relativisme. Or, la franc-maçonnerie s’efforce de contourner cet obstacle enrassemblant l’ensemble des adeptes autour d’un rituel et de symboles communs, créateursde lien, mais aussi en ancrant leur expérience et par conséquent leur point de vue à uncontexte particulier (lequel les détermine en partie50). Le concept d’ « énaction »développé par Francisco Varela est peut-être plus pertinent encore que les théoriesavancées par les constructivistes radicaux pour éclairer les enjeux et la conception quisont ceux de la franc-maçonnerie, dans la mesure où il tente de concilier expériencesubjective et influence environnementale. Le franc-maçon, en effet, fait reposer sa quêteinitiatique sur une « cognition incarnée » et une action adaptative de l’esprit et du corpsau milieu que l’institution construit dans l’enceinte sacrée du temple, en accord avec lesvues du biologiste et philosophe chilien (à cette différence près, toutefois, que l’initiés’adapte à un environnement artificiel, volontairement créé pour favoriser son évolution).En ce sens, le processus maçonnique se définit bien comme une « autopoïèse ».

Au plan relationnel, l’action structurante qui opère sur les sujets en présence est tout aussicruciale. La franc-maçonnerie, en effet, s’efforce d’améliorer les échangesinterpersonnels à l’intérieur du temple, afin d’instaurer un vivre-ensemble pacifié au seinde la société. Les travaux en loge sont donc l’occasion, pour les adeptes, de renforcer ce« Fœdus » ou « représentation symbolique du lien social » longuement étudié par BernardLamizet51, spécialiste des médiations en tous genres. La relation des membres del’atelier se construisent progressivement, autour de symboles tels que « les lacsd’amour » qui ornent les murs du temple pratiquant le Rite Ecossais Ancien et Accepté,mais également autour d’actions fédératrices comme la « chaîne d’union », durantlaquelle les maçons se recueillent tout en se tenant la main et en formant un cercle, ouencore les « agapes », moment de partage et de convivialité. De cette communion estcensé résulter l’« égrégore », ou « esprit de groupe ». Plus concrètement encore, le Fœdusmaçonnique se traduit par la forte solidarité dont témoignent les adeptes de la confrérie,et qu’ont en partage la plupart des institutions fermées, au rang desquelles on peut citerl’armée. Cette entraide fraternelle fait d’ailleurs partie du serment que chaque nouvelinitié prononce. Elle est aussi à l’origine de nombreuses critiques, car l’entraide des« frères » et « sœurs », selon la terminologie consacrée, se noue autour d’un véritableréseau et peut parfois engendrer des appuis dans le domaine professionnel.

« La communication succède donc en quelque sorte à la communion. Là où l’échangeentre les hommes n’est plus spontanément réglé par un consensus informel, il fautproduire un dispositif formel, un artefact collectif qui assure la circulation du sens »,affirme très justement Jean Baudrillard52, dont la thèse est d’ailleurs assez proche decelle développée par Lucien Sfez dans sa Critique de la Communication. Cette phrasenous semble résumer parfaitement le projet de la Franc-maçonnerie. Mais à l’inverse desTIC, la communication maçonnique n’enferme pas les individus dans la sphère privée,dans une communication technologique où tout se ferait à distance. Au contraire, elleentreprend de ré-humaniser les rapports interpersonnels, de rétablir un lien social en voiede désagrégation53. Chez elle, la communication se doit de rétablir la communion. Pour

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ce faire, elle privilégie le médium le plus « froid » qui soit – selon la distinction établiepar Marshall McLuhan54 –, à savoir le spectacle direct que constitue la cérémonie, etdans lequel les spectateurs sont aussi des acteurs. Cette participation maximale descommunicants explique en partie l’efficacité des pratiques rituelles maçonniques (que nepermet pas, par exemple, les media « chauds »), et corrobore l’analyse goffmanienne, quia mis en évidence l’importance de la dimension théâtrale des rites, c’est-à-dire la mise enspectacle qui accompagne leur déroulement.

La communication maçonnique s’inscrit dans une perspective éminemmentconstructiviste et systémique. Ses messages jouent sur une incessante polyphonie. Ils sontverbaux, posturaux, matériels, contextuels, et chacun d’eux complète et précise le sensdes autres, en accord avec la définition d’une communication élargie, telle que la donnePaul Watzlawick, par exemple, dans Une Logique de la communication55. La franc-maçonnerie confère ainsi une extension maximale au concept de communication. Lapratique communicationnelle ne saurait avoir seulement une dimension lexicale, au seinde cette institution. Les gestes des adeptes et les objets du temple eux-mêmes sontintégrés dans le système communicationnel, puisqu’ils recouvrent une fonction desémiotisation56. Cette approche rejoint à bien des égards la conception de RayBirdwhistell et d’autres chercheurs du Collège invisible vis-à-vis d’une « communicationintégrative », qui ne se limiterait pas à un simple moyen, mais formerait un véritablesystème culturel. Plus récemment, des chercheurs tels que Pierre de Saint Georges ontpoursuivi le développement de cette conception élargie de la communication. Ainsi cetauteur soutient-il l’idée que toute entreprise « "se communique" par l’organisation etl’utilisation de l’espace, la gestion du temps, les symboles d’appartenance, les échangesverbaux et non-verbaux, les accessoires professionnels, la couleur des murs, ladisposition interne et externe des bâtiments, la profondeur des moquettes, les bruits, lesodeurs, les toilettes, la cantine ou le restaurant… »57. Ce contexte culturel del’organisation est tout particulièrement prégnant et significatif au sein de l’institutionmaçonnique, car il a été délibérément pensé et instauré dans une optiquecommunicationnelle, ainsi que nous avons tenté de le démontrer.

Notes :

1 Arnold Van Gennep, Les Rites de passage. Etude systématique des rites, Paris, A et J.Picard, 1992.2 Victor Turner, Le Phénomène rituel. Structure et contre-structure, Paris, PUF, 1990.3 Pierre Bourdieu, « Les Rites comme actes d’institution », in Actes de la recherche ensciences sociales, n° 43, juin 1982 (pp. 58-63).4 Jacques Fontanille, Pratiques sémiotiques, Paris, PUF, 2008.5 Erving Goffman, Les Cadres de l’expérience, Paris, éditions de Minuit, 1974.6 Pour nombres de folkloristes et d’anthropologues (Arnold Van Gennep en fait partie),cérémonie et rite ont pratiquement le même sens, et les deux termes sont utilisés demanière interchangeable (à ce sujet, voir Martine Segalen, Rites et rituels contemporains,Paris, Nathan, 1998, p. 8).7 Référence est encore faite, ici, au Rite Ecossais Ancien et Accepté.8 Traduit en français par Quand dire, c’est faire, Paris, Seuil, 1970.

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9 Toujours au Rite Ecossais Ancien et Accepté.10 Gregory Bateson, Les Cadres de l’expérience, Paris, éditions de Minuit, 1974 (p. 246).11 Gilbert Garibal, Devenir franc-maçon. L’initiation, le symbolisme et les valeursmaçonniques, Paris, éditions de Vecchi, 2005, pp.125-126.12 Alex Mucchielli, Etude des communications : Approche par les processus, Paris,Armand Colin, 2004 (p. 21).13 Dans Bernard Lamizet, La Médiation politique, Paris, L’Harmattan, 1998 (pp. 18-20).14 Plus largement, Bernard Lamizet définit la médiation comme « l’ensemble de formeset de moyens par lesquels les acteurs individuels s’approprient dans leurs pratiquessociales et par la mise en œuvre d’un certain nombre de rites et de formes les structurescollectives caractéristiques et fondatrices de la sociabilité » (La Médiation politique,Paris, L’Harmattan, 1998 (p. 37)).15 Le sol de la loge est composé de carreaux blancs et noirs, disposés à la façon d’undamier, et appelé « pavé mosaïque ».16 La célèbre phrase de Ray Birdwhistell, « être membre, c’est être prévisible »,s’applique parfaitement au rituel maçonnique.17 Sur la notion d’initiation, on se reportera avec profit à l’ouvrage de Bruno Etienne,professeur des universités spécialiste des religions, grand islamologue et également francmaçon : L’Initiation, Paris, Dervy, 2002.18 Jean Baudrillard, Le Système des objets, Paris, Gallimard, 1968.19 Le tapis de loge change, l’étoile flamboyante et la lettre G apparaissent, par exemple.20 Irène Mainguy, Les Initiations et l’initiation maçonnique, Paris, Editionsmaçonniques de France, 2001.21 Alain Pozarnik, A la lumière de l’acacia. Du profane à la maîtrise, Paris, Dervy, 2000(p. 20).22 Information recueillie dans un atelier du sud-est de la France, appartenant à laFédération Mixte Internationale Le Droit Humain.23 Sur ces notions de rapports symétriques / complémentaires, cf. Yves Winkin (sous ladirection de), La Nouvelle communication, Paris, Seuil, 1984.24 Harold J. Leavitt, « Some effects of certain communication patterns on GroupPerformance”, Journal of Abnormal and Social Psychology, 46, 1951 (pp. 38-50).Cité par Yves Winkin, Anthropologie de la communication. De la théorie au terrain,Paris, éditions du Seuil, 2001 (pp. 38-39).25 Sur ce point, voir Tvetan Todorov, Théories du symbole, Paris, éditions du Seuil,1977 (p. 195 notamment).26 Sur les dimensions sémantique, syntaxique et pragmatique telles que définies parCharles Morris, on pourra se reporter à Umberto Eco, Le Signe, Bruxelles, éditionsLabor, 1988 (p. 41).27 Gilbert Durand, L’Imagination symbolique, Paris, PUF, Quadrige, 2004, et Les Mythesde la franc-maçonnerie, Paris, Dervy, 2002.28 Cf. Une Logique de la communication, Paris, Seuil, Points essais, 1979.29 A ce propos, Gilbert Durand précise : « Ne pouvant figurer l’infigurabletranscendance, l’image symbolique est transfiguration d’une représentation concrète parun sens à jamais abstrait. Le symbole est donc une représentation qui fait apparaître unsens secret » (L’Imagination symbolique, Paris, PUF, Quadrige, 1964 (p.18 et p.10).

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30 Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris, Dunod, 1992(pp. 417-418).31 Gilbert Durand, Introduction à la mythodologie. Mythes et sociétés, Paris, AlbinMichel, 1996.32 Charles Mauron, Les Grands mythes fondateurs de la franc-maçonnerie, Paris, Dervy,2005 (p. 101 et suivantes, puis p. 54).33 Cité par Yves Winkin, Anthropologie de la communication. De la théorie au terrain,Paris, éditions du Seuil, 2001 (p. 68)34 Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958 (« Structure desmythes », p. 254).35 Alex Mucchielli, Etude des communications : Approche par les processus, Paris,Armand Colin, 2004 (p.17).36 Jean-Louis Le Moigne, Etude des communications : Approche par les processus,Paris, Armand Colin, 2004 (p. 23).37 Bruno Etienne, L’Initiation, Paris, Dervy, 2002.38 Ainsi que le fait remarquer Jean Cazeneuve, « ce qui est communiqué n’est pasnécessairement intégré à la personnalité » (Les Communications de masse, Paris, Denoël-Gonthier, 1976 (pp. 92-101). Or, les pratiques rituelles ont précisément pour butd’intégrer ce qui est communiqué à la personnalité…39 Pascal Lardellier, Théorie du lien rituel. Anthropologie et communication, Paris,L’Harmattan, 2003.Cf. également François-André Isambert, Rite et Efficacité symbolique, Le Cerf, 1979.40 Sur cette règle des « B », cf. René Guénon, Aperçus sur l’initiation, Paris, éditionsTraditionnelles, 2004 (6ème édition corrigée).41 Pascal Lardellier, Théorie du lien rituel. Anthropologie et communication, idem, p. 83.42 Paul Watzlawick, Une Logique de la communication, Paris, Seuil, 1972.43 Sur cette question de l’intentionnalité des formes communicationnelles, essentielle ausein des problématiques formulées par le Collège invisible, et surtout de Ray Birdwhistellet de Dell Hymes, cf. Yves Winkin, Anthropologie de la communication. De la théorie auterrain, Paris, Seuil, 2001 (pp.105-106).44 Gilbert Garibal, Devenir franc-maçon. L’initiation, le symbolisme et les valeursmaçonniques, Paris, éditions de Vecchi, 2005, p.121.45 L’Invention de la réalité. Contributions au constructivisme, dirigé par PaulWatzlawick, Paris, éditions du Seuil, 1988 (pp. 19-43).46 Dans L’Invention de la réalité. Contributions au constructivisme, dirigé par PaulWatzlawick, Paris, éditions du Seuil, 1988 (p.41, pp. 38-39).47 La mise à l’ordre est une posture corporelle particulière, qui exprime une granderectitude : le corps est droit, les pieds, les bras et les mains y sont en équerre.48 Ernst Von Glasersfeld, L’Invention de la réalité. Contributions au constructivisme,dirigé par Paul Watzlawick, Paris, éditions du Seuil, 1988 (p. 39).49 Alain Pozarnik, A la lumière de l’acacia. Du profane à la maîtrise, Paris, Dervy,2000 (p. 21).50 En partie seulement, dans la mesure où la part d’interprétation qui l’accompagne peutfaire légèrement varier les point de vues entre les individus.51 Bernard Lamizet, La Médiation politique, Paris, L’Harmattan, 1998 (p. 29 et p. 119).

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52 Jean Baudrillard, La Communication, mythe et circularité, intervention au Colloquedu CNCA (Conseil National de la Communication Audiovisuelle), 1986.53 Cf. Philippe Breton, Le Culte de l’Internet. Une menace pour le lien social ?, Paris, laDécouverte, 2000.54 Marshall McLuhan, Pour Comprendre les média. Les Prolongements technologiquesde l’homme, Paris, Mame / Seuil, 1968.55 Paul Watzlawick, Une Logique de la communication, idem, pp.47-48 notamment.56 Sur cette insertion des objets « sémiotisants » dans le système communicationnel, cf.Yves Winkin, Anthropologie de la communication. De la théorie au terrain, Paris,éditions du Seuil, 2001 (p.102).57 Dans Pierre de Saint Georges, Communication & Organisations, n° 4, 1993 (p. 70-93).

Pour citer cet article :

Céline Bryon-Portet. Etude sémiotique d’une communication fondée sur lacontextualisation et les processus : du rôle des représentations symboliques et pratiquesrituelles de la franc-maçonnerie. Nouveaux Actes Sémiotiques [ en ligne ]. Recherchessémiotiques.Disponible sur : <http://revues.unilim.fr/nas/document.php?id=3296>(consulté le 28/04/2012)

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