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Singapour

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Le Magazine 100% Red Dot du Petitjournal.com de Singapour
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Le Magazine 100% Red Dot du Petitjournal.com SINGAP ur o o Avril Mai Juin 2014 Dossier Culture Singapour, cité de la renaissance ?
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Le Magazine 100% Red Dot du Petitjournal.com SINGAP uroo

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Dossier CultureSingapour, cité de la renaissance ?

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C H O O S I N G O N E O F O U R 5 2 0 R E L A I S & C H Â T E A U X I S T H E F I R S T

S T E P T O D I S C O V E R I N G E X C E P T I O N A L S E T T I N G S B U T A L S O , P E R H A P S

M O R E I M P O R T A N T L Y , T O M E E T I N G M E N A N D W O M E N W H O A R E

P A S S I O N A T E A B O U T W H A T T H E Y D O B E S T : L I S T E N I N G T O Y O U R E V E R Y

W I S H A N D P A Y I N G A T T E N T I O N T O T H E S L I G H T E S T D E T A I L T O E N S U R E

T H A T E A C H M O M E N T I S T R U L Y U N I Q U E .

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AVRIL MAI JUIN 2014 | 3SINGAP uroo

Edito

C’est encore un petit enfant qui apprend à mar-cher. Quelle joie d’en ouvrir avec vous le premier

numéro. Le magazine SINGAPOUR est né de l’expé-rience du petitjournal.com à Singapour et du plaisir, re-nouvelé chaque matin, de rendre compte de l’actualité de la cité-Etat dans ce qu’elle a d’attrayant mais aussi de surprenant et complexe. Pour les francophones, Sin-gapour est passionnante pour ce qu’elle est, et pour ce qu’elle projette de nous-mêmes, comme un miroir de nos valeurs, de nos réussites et de nos excès. L’édition numérique offrait le plaisir d’un rendez-vous quotidien, il manquait la possibilité de prolonger l’échange dans la durée et sur le papier.

Il était naturel que le premier numéro de ce maga-zine s’ouvre avec un dossier consacré à la culture. Jadis étiquetée « ville confortable où l’on s’ennuie », Singa-pour connaît aujourd’hui une véritable effervescence culturelle. La Culture n’est-elle pas ce qui nous frappe, nous inquiète et nous attire en premier lieu quand on vit à l’étranger, culture fondatrice d’une identité ou des identités du pays, culture au travers de ses artefacts – Lit-

térature, Arts et Spectacles ?Avec la publication en 2000 d’un rapport intitulé Re-

naissance city, Singapour s’inscrivait dans l’héritage de la cité idéale, rêve d’un urbanisme ordonné abritant une activité intellectuelle et culturelle qui attirerait l’attention du monde entier.

Dans l’environnement très planifié de Singapour, la cul-ture a changé de statut, et de nature, quand s’est imposé à partir de 1985 son potentiel économique. La culture, conçue dans une perspective patrimoniale, morale et d’intégration interethnique, a potentiellement cédé la place à une ambition de culture globale, capable d’attirer les talents et les capitaux étrangers, et de retenir à Sin-gapour les talents du pays. La réussite dans le domaine culturel passe aussi par d’autres voies que celles de la planification méthodique, fut-elle géniale. L’avenir dira si Singapour est capable d’exceller sur ce terrain là. n

L’équipe du petitjournal.comwww.lepetitjournal.com/singapour

Singapour,cité de la Renaissance ?

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AVRIL MAI JUIN 2014 | 5SINGAP uroo

Sommaire Numéro 1 Avril | Mai | Juin 2014

2 Edito

6 Fil RougeLes évènements marquants des derniers mois dans le petitjournal.com de Singapour

8 Dossier La Culture à Singapour

22 Atelier DécouvertesLa culture à Singapour en mode alternatif

26 Focus Emploi FormationLes industries de la création à Singapour : un gise-ment d’opportunités

30 AgendaEvènements à ne pas manquer les prochains mois

32 Escapade GourmandeLa folie des brunches

MCI (P) 120/04/2014

Editeur Fil Rouge Pte. LtdDirecteurs de la publication Bertrand Fouquoire, Elodie Imbert, Christine LeleuxRédacteur en chef Bertrand FouquoireRédaction Raphaëlle Choël, Bertrand Fouquoire, Anne Garrigue, Marien Guillé, Agnès Noël, Nathalie SwyngedauwAgenda Nathalie Swyngedauw Conception Elodie Imbert Illustrations non créditées Carole CalimanPublicité Elodie Imbert, Christine Leleux Impression Xpress Print Pte Ltd

8 / Singapour, cité de la Renaissance ?

Photos couverture : Carole Caliman. Graffitis art/cul-ture, sculpture d’un bébé géant de Marc Quinn “Planet”

SINGAP urooFor many years, we concentrated on the economic side. But if you want the economic side to flourish, you need more entrepreneurs, you need more creativity. So, you must also look at the arts. The two must go together.

Former Prime minister Goh Chok Tong - AsiaNews network, 2002

24 / Focus Emploi Formation

20 / Atelier découvertes (Home Club ft Goldie)

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6 | AVRIL MAI JUIN 2014SINGAP uroo

Fil Rouge

Le 8 décembre 2013, le quartier de Little India s’enflamme. L’émeute – du jamais vu à Singapour depuis 1969 – marque les esprits. Le gouvernement réagit sévèrement. Les responsables sont jugés. 53 travailleurs étrangers qui ont participé à l’émeute sont expulsés. Little India, zone spéciale, est momen-tanément fermée puis réouverte de

manière contrôlée. Accusé principal : l’alcool. Dans un pays qui s’enorgueil-lit de sa capacité à faire vivre les com-munautés en harmonie, Little India, les étrangers, et le regard des Singapou-riens sur les étrangers font débat. Une commission d’enquête est constituée dont les auditions publiques se sont achevées fin mars.

Little India, émeutes et réactions

Chaque année, le même scénario se déroule. La situation n’a pas changé, les acteurs sont les mêmes et les gouver-nements des pays concernés se trans-mettent la patate chaude. Dans le rôle des méchants, les feux de forêts en Indonésie,

moyen illégal mais tentant pour déboiser à petit prix. Les fumées forment des nua-ges de pollution parfois très denses qui circulent dans la région. Valse des mises en garde et propos rassurants nourris par un PSI difficile à saisir.

Un certain mal’Haze

Cité-Etat à forte densité de million- naires, élue cette année la ville la plus chère du monde (devant Paris), Singapour a pourtant aussi ses pauvres. L’association Caritas tente d’attirer l’at-

tention sur cette tranche importante de la population à Singapour qui, après le paiement des transports, du logement, et de l’électricité, ne dispose que de 5 SGD par jour pour (sur)vivre.

Pauvres au pays des millionnaires

Sujet chaud et permanent à Singapour, Internet déclenche les passions et fait descendre le gouvernement dans la cyber arène. C’est Ashley Madison, site de rencontres réservé aux personnes mariées, qui met à mal les valeurs de la famille. Ce sont les situations récur-rentes de cyberharcèlement et, plus

largement, les mauvaises manières des internautes, qui portent atteinte à l’idéal de civilité dans les interactions entre les Singapouriens eux-mêmes ou vis-à-vis des étrangers. Ce sont enfin les attaques d’Anonymous, piratant les sites publics pour faire valoir ses argu-ments.

Internet et ses démons

La cité-Etat au régime secSingapour connaît en début d’année la période la plus sèche depuis 150 ans. La végétation résiste bien mais l’herbe roussit. Singapour compte sur ses usines de désalinisation, qui tournent

à plein régime, pour éviter de mettre en place des mesures de rationnement. Mais la vigilance est à l’ordre du jour. Les institutionnels comme le grand pu-blic sont invités à économiser l’eau.©

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Jack Lang raconte Mitterrand et l’IMAJack Lang, ancien ministre de la Culture et actuel président de l’IMA (Institut du Monde Arabe) était à Singapour au mois de janvier. L’occasion d’un débat public sur l’engagement de l’Etat dans la Culture avec son homologue Lawrence Wong, ministre de la Culture à Singa-pour, impressionné par la part (1 %) consacrée en France à la Culture, quand celle de Singapour, pourtant en forte progression, n’en est qu’à 0,4 %. L’op-portunité aussi de préparer l’organi-

sation d’une exposition à Singapour consacrée aux Arabes et la mer, qui retient d’autant plus l’attention de Singapour qu’elle est, au travers de sa commu-nauté malaise, très sensible à son héri-tage musulman. L’idée encore, soutenue par le conseiller de Jack Lang, Claude Mollard, de favoriser le tissage d’un ré-seau d’arbres de la terre qui seraient, à Paris, à Pékin, à Singapour et ailleurs, autant de plateformes, de témoignages et d’échanges sur l’art et la culture.

Serene Chen récompenséeLa comédienne singapourienne a été primée aux Life Theatre Awards, l’équivalent à Singapour des Molières français, pour le rôle de « la sœur aigrie » qu’elle incarnait dans 8 Women, produite par la compagnie Sing’theatre.

Une récompense de poids pour la comédienne, et pour la compagnie dirigée par Nathalie Ribette, qui voit là la reconnaissance d’un travail exigeant et une pleine intégration sur la scène singapourienne.

Art Stage, impériale !Créée à l’initiative du Suisse Lorenzo Rudolf, l’exposition Art Stage a fêté en janvier 2014 son quatrième anniversaire à Singapour. 600 artistes, 130 galeries, 8 pavillons pays, 45 700 visiteurs… Art Stage est un salon au cœur de la mondialisation de l’art contemporain, qui renforce l’importance de Singapour comme plateforme régionale pour le marché de l’Art, et souligne incidemment le

potentiel créatif de la cité-Etat dans le berceau d’influences qu’elle partage avec les autres pays de l’ASEAN. L’opportunité de saluer les créations de Jean-Michel Othoniel, l’ouvrage Art Plural : Voices of Contemporary Art dirigé par Michael Peppiatt, les peintures de la Singapourienne Jane Lee et les photographies de la jeune Sarah Choo, lauréate du prix Icon Martell Cordon Bleu en 2013.

Kri Usman HarunLe choix de l’Indonésie de donner à l’une de ses frégates le nom de deux marines considérés comme des héros à Jakarta, mais comme des terroristes à Singapour, fait violemment réagir Singapour, où le souvenir de l’attentat du Mac Donald building en 1968 reste vif. Concours de mécompréhension

entre les 2 pays, sur fond de Je t’aime, moi non plus. L’Indonésie se veut sou-veraine dans ses choix d’honorer ses héros. Singapour accuse l’autre d’in-sensibilité. L’affaire se tasse, mais on ne verra sans doute jamais la frégate susnommée mouiller dans le port de Singapour.

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8 | AVRIL MAI JUIN 2014SINGAP uroo

Cité de la renaissance ?Des community centres à l’ambition d’une cité globale pour les

Arts. Les grandes étapes de la politique culturelle à Singapour.

Dossier

La Culture

Ministère de la Culture

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Passionnant modèle que celui de Singapour ! Il donne à voir un pays dont l’histoire, depuis l’indépen-dance du pays, est celle de la cons-truction rapide et intelligemment planifiée d’une nation, avec d’im-pressionnantes réussites : crois-sance et coexistence harmonieuse des différentes communautés.

Le champ de la culture n’ échappe pas à la fascination. Il y a ce que l’on voit : la multiplication des lieux de culture, des spectacles, expositions et festivals. Il y a, en fond, une ré-flexion continue sur les ambitions de la culture, qui intègre les préoc-cupations éducatives, industrielles,

touristiques et urbanistiques.

Quand Singapour accède à l’in-dépendance et s’attache à construire une société fondée sur la diversité et l’harmonie, la culture est chargée des missions du moment : « La création d’un sens d’identité natio-nale, l’élimination des divisions et attitudes communautaires, la pro-pagation des valeurs démocratiques conduisant à une société juste. L’ac-ceptation large d’une langue natio-nale. » (Rapport sur la situation de Singapour en 1959.)

En 1965, la priorité n’est pas à la culture mais à la survie et au développement économique. Cependant, les premières années, marquées par les tensions inter-ethniques entre les trois princi-pales communautés – chinoise, malaise et indienne –, se chargent de rappeler qu’il faut aussi trouver le moyen de créer du lien entre les communautés. Les community cen-tres, creusets emblèmatiques d’une société multiculturelle, naissent de ce besoin, et la culture, sous la forme d’activités organisées dans les centres, y trouve son premier emploi.

à Singapour

En 1965, la priorité est à la survie

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Vient la crise asiatique qui marque un tournant dans la manière dont la culture est perçue. En 1985, un certain Lee Hsien Loong, à l’époque ministre adjoint en charge des finances, coordonne les travaux de l’ERC (Econo- mic Review Committee), dont le rapport, pour la première fois, présente la culture comme un secteur clé de croissance.

Quatre ans plus tard, un rapport de l’Advisory Council on Culture and the Arts, prolongeant l’ana-lyse, préconise la mise en place d’une institu-tion publique culturelle (ce sera le NAC – National Arts Council) et la création d’un cen-tre national pour les arts (ce sera l’Esplanade). Le rapport réduit au passage l’importance des as-pects économiques de la cul-ture pour souligner sa fonction d’enrichissement personnel : « La culture, dit le rapport, qui élargit notre esprit et approfondit notre sensibilité… qui améliore la qualité de vie et renforce les liens

sociaux… tout en contribuant à nos secteurs du tourisme et du divertissement. »

En 1992, un nouveau rapport – Singapore as a Global City for The Arts – décrit l’ambition de Singa-pour comme centre d’arts et de culture dans un monde globalisé. Les objectifs sont clairs : favori-

ser la construction identitaire de la nation singapourienne et faire de Singapour – cité-Etat à l’écono-mie florissante, mais où l’on s’en-nuierait – une place séduisante et « fun », capable d’attirer les talents étrangers et de retenir sur place les jeunes élites. La politique culturelle s’attache dès lors à pro-mouvoir des créations artistiques susceptibles d’intéresser un pu-blic qui n’est plus seulement sin-

gapourien, mais global ; des créa-tions capables de rayonner au-delà des frontières de la cité-Etat et de divertir une population composée d’expatriés et de Singapouriens ayant reçu une éducation de haut niveau, parfois à l’étranger.

En 1999, le Premier ministre de Singapour, Goh Chok Tong, à l’occasion du National Day Rally, prévenait les critiques :

« Les gens s’amusent de nous voir promouvoir le “fun” si sérieusement. Mais “having fun” est impor-tant. Si Singapour est un endroit terne et ennuyeux, non seulement les talents ne voudront pas venir,

mais même les Singapouriens vont commencer à vouloir partir. »

L’ambition d’une culture globale implique une adaptation de la règlementation pour que les ar-tistes et les autres acteurs de la culture se sentent suffisam-ment libres de produire et créer. Contraignante exigence pour Singapour, prise entre ses reflexes

En 2000, le Renaissance city report se traduit par l’investissement de 50 mil-lions de SGD dans les arts locaux et les industries culturelles.

Les festivals se développent dans la cité-Etat à l’instar de Mosaic, festival musical organisé par l’Esplanade.

La création de Community Centres permet de créer des liens entre les différentes commu-nautés ethniques.Vue de l’Esplanade Community Centre

1985 : Culture et croissance

S’amuser, une affaire sérieuse

Quel avenir pour la censure ?

Dossier

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de contrôle et la nécessité de laisser davan-tage de liberté d’expression. La censure fait l’objet de certains allègements dans les années 90. Un comité de révision de la censure est instauré, qui remet son rapport en 1992.

Dans un souci d’ouverture, un système de classification des spectacles au théâtre se substitue au système binaire en vigueur – permis/interdit –, sur le même modèle que le cinéma. En 2002, le contrôle des contenus qui était jusque là assuré par un département – PELU (Public Entertainment Licensing Unit) –, dépendant des Singapore Police Force, est transféré au Films and Publications Unit du ministère de l’Information, de la Communi-cation et des Arts (MITA). Tout un symbole !

Le choix de promouvoir une culture globale implique aussi le risque que la spécificité culturelle de Singapour se dissolve dans une culture globale. Sur le plan linguistique, l’anglais s’impose au détriment des autres langues : singlish, mandarin ou malais. Les grandes productions sont favorisées. De nouveaux lieux ouvrent dont la programma-tion est largement importée. Il manque sur place un écosystème favorisant la création lo-cale… On est dans ce que d’aucuns décrivent comme la « home plus experience » : offrir à un public, dont les goûts sont largement uni-formisés, une programmation qui leur offre une expérience confortable, avec seulement un soupçon d’exotisme, comme un supplé-ment d’âme, qui lui donne une forme de si-gnature locale. En 2000, le Renaissance City Report se traduit

par l’investissement de 50 millions de SGD dans les arts locaux et les industries cul-turelles. La culture se voit assignée deux ob-jectifs : positionner Singapour comme un centre culturel dans un monde globalisé ; assurer un ballast culturel dans les efforts de construction de la nation.

En 2002, le MICA’s Renaissance city report 2.0 marque un tournant en intégrant les fine arts à un ensemble, baptisé Industries de la création, qui comprend les media, l’audiovisuel et le de-sign. Pour autant, Singapour reconnaît le rôle hautement moral des arts, qui développent les valeurs humanistes. Dans le rapport de l’Ad-visory Council on Culture and the Art de 1989, le président Ong Teng Cheong écrivait ainsi : « Si nous ne voulons pas durcir la texture de notre société, nous devons améliorer les opportunités de se cultiver et de se distraire, encourager l’appréciation des arts et de la mu-sique et créer un environnement agréable qui stimulera les gens à progresser dans la recher-che de la perfection. » n

Bertrand Fouquoire

Les grands moyensLa création d’un centre national pour les arts verra le jour en 1985 : l’Espla-nade.

Culture globale vs culture locale

Sculptures de Fernando Botero / l’Esplanade

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Jackie Yoong – Pour comprendre la créa-tion du musée Peranakan, il faut remon-ter à la création du musée des Civilisations asiatiques dont il est une émanation.

Dans les années 80, l’économie sin-gapourienne avait commencé à devenir florissante, mais la presse internationale critiquait Singapour pour être un désert culturel. En 1989, un fameux rapport a été publié qui déclarait que Singapour avait maintenant suffisamment d’ar-gent pour se préoccuper de questions de culture et d’identité. Par ailleurs, le gou-vernement avait compris que le tourisme pouvait générer des revenus. La première idée avait été de créer un musée consacré à l’Asie du Sud-Est mais un homme poli-tique, George Yeo, a alors souligné que Singapour ne faisait pas seulement partie de l’Asie du Sud-Est mais que ses habi-tants étaient les descendants d’immigrants chinois et indiens. De là est née l’idée de faire un musée consacré aux civilisations asiatiques.

Par la suite, les autorités ont cherché ce qui pouvait résonner auprès de la po-pulation singapourienne tout en sédui-sant les visiteurs et ils ont pensé aux Pe-ranakans car l’art peranakan est un art hybride, à la fois enraciné à Singapour et en Asie du Sud-Est. C’était un bon moyen de rappeler aux Singapouriens d’où ils viennent. Ils ont souhaité que le musée ne soit pas au service d’une commu-nauté mais traite d’une culture hybride, un phénomène qui se développe dans le monde en général.

Il s’agit d’une communauté dont les an-cêtres sont venus d’outre-mer, surtout de Chine et d’Inde, ont épousé des femmes

Jackie Yoong “ L’art peranakan est un art hybride ”

le gouvernement. Le bâtiment qui nous abrite était, avant la guerre, une école, ouverte en 1910 par un Peranakan pour les enfants peranakans et hok-kiens (ethnie chinoise). »

« Le musée Peranakan a été ouvert en 2008 mais la col-lection datait d’avant et était présentée au musée des Ci-vilisations asiatiques. Nous sommes un musée financé par

Jackie Yoong est conservatrice en chef du musée Peranakan de Singapour.

Elle nous parle de ce musée qu’elle anime et revient sur l’histoire de sa création et sur le sens du mot peranakan.

Shophouse style peranakan - Baba House

Anne Garrigue – Comment est venue l’idée de construire ce musée ?

Pourriez-vous nous définir ce que sont les Peranakans ?

Dossier

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locales et se sont installés en Asie du Sud-Est, en donnant naissance à une culture hybride. Aujourd’hui, si vous interviewez des Singa-pouriens, vous verrez qu’ils se sentent singapouriens et non chi-nois et se disent déconnectés des Chinois continentaux, mais les premières générations avaient gardé plus de liens.

Elle est peu nombreuse mais le musée ne traite pas seulement de cette communauté. Il traite d’un style de vie en Asie du Sud-Est qui reflète aussi bien l’enracinement local des intéressés que leurs origines, chinoises ou indiennes.

Le concept de peranakan est devenu populaire à Singapour après la diffusion d’un feuilleton, en 2008, The Little Nyonya, sur une chaîne chinoise à une heure de grande écoute. Nous avons eu la chance d’ouvrir le musée juste à ce moment-là. Les gens se sont précipités pour en savoir plus sur les vêtements, les meubles, la nourriture, les coutumes… A peu près en même temps, dans les ventes Christie’s, les objets peranakans ont commencé à valoir très cher. Pourtant, pendant longtemps, être peranakan n’était pas populaire. Beaucoup d’entre eux avaient fait partie de l’élite de la société et on leur re-prochait d’avoir collaboré avec les Anglais colonisateurs. Quand les Anglais sont arrivés en 1819, ils ont cherché des partenaires locaux et ils ont travaillé avec les Peranakans qui se sont ainsi enrichis, se

sont mis à vivre un style de vie bourgeois occidentalisé, en envoyant leurs enfants dans les écoles missionnaires, en fondant des hôpitaux, des églises, des banques (OECB). Même s’ils ont collaboré avec les Anglais, les Peranakans chinois malais se sont toujours sentis ethniquement chi-nois. D’ailleurs, en chinois, ils s’appellent eux-mêmes les « Tucheng Huaren », ce qui se traduit littéralement par « les Chi-nois nés localement ».

Nous avons fait réaliser des portraits de Peranakans chinois et indiens et nous leur avons demandé de se définir en une phrase en répondant à la question « qu’est-ce qui fait de vous des Peranakans ? ». Nous nous sommes rendu compte que la façon dont ils se voient dépend beaucoup de leur génération. Les jeunes ne se voient pas comme peranakans parce qu’ils ne parlent pas le « baba malais », la langue commune de ce groupe.

Pourtant, aujourd’hui, j’observe que c’est devenu à la mode d’être peranakan. Beaucoup de gens développent des affaires (mode, décoration, beauté, cuisine…) au-tour de ce concept, qui a un côté à la fois cosmopolite, singapourien et sud-est asia-tique, puisqu’on retrouve des Peranakans en Malaisie ou en Indonésie. n

Propos recueillis par Anne Garrigue

Avant la guerre, le bâtiment était une école, ouverte en 1910. Le musée Peranakan ouvre ses portes en 2008.

Musée Peranakan - Sculpture d’un père et de sa fille

Comment les Peranakans se voient-ils eux-mêmes et comment les Singapouriens les voient-ils aujourd’hui ?

Comment a évolué le regard sur les Peranakans à Singapour ?

Que représente aujourd’hui la communauté peranakane à Singapour ?

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Comment définir la vraie culture singapourienne ? Pour Cheryl

Koh, directrice de la communication du National Heritage Board (NHB), « c’est une question compliquée : nous sommes une jeune nation, nous allons célébrer nos cin-quante ans en 2015. Nous sommes

donc toujours en train d’explo-rer, de chercher comment définir la culture singapourienne. Il y a différents aspects de l’héritage de l’île, par exemple, la nourriture ou le multiculturalisme, qui peuvent être considérés comme partie inté-grante de notre culture ».

L’âme de la ville tient à son héritage multiculturel, chinois, indien et ma-lais. Les migrants ont amené avec eux leurs coutumes, leurs fêtes, leurs religions, leurs langues. Au fil

Dossier

Quelques marqueurs forts : l’héritage multiculturel, les lieux, les religions, les langues

La Culture Populaire fait de la Résistance

Singapour n’offre pas que des « grand-messes » culturelles interna-tionales. La cité-Etat possède aussi une culture spécifique, populaire, éminemment singapourienne.

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des années, il s’est aussi crée une culture commune, conjonction de toutes ces diversités. La nourriture en est une expression manifeste. « Etre Singapourien c’est peut-être prendre son petit déjeuner avec des raviolis chinois, déjeuner indien et dîner d’un chicken rice », suggère Maxime Pilon, co-auteur du livre Les Français de Singapour. Les plats emblématiques de l’île sont le chi-cken rice, le chili crab, le fish head curry, des spécialités chinoises ou indiennes, souvent revisitées voire métissées. On retrouve un sem-blable métissage dans « la langue » locale, le singlish, un anglais em-pruntant sa grammaire et sa syntaxe au chinois et mâtiné de mots hok-kiens, malais et tamouls.

La culture populaire singapou-rienne passe encore par les lieux : l’habitat traditionnel des quar-tiers ethniques, les shophouses, mais aussi les HDB, les Community Centres ou les Hawker Centres avec leurs figures traditionnelles, haw-kers, barbiers… D’ailleurs, quand on demande aux habitants, comme l’a fait le Straits Times en novembre dernier, quels sont les objets qui définissent le mieux Singapour, ce sont ces repères qui remportent la palme. On retrouve ce concen-tré de l’identité singapourienne au cinéma. En témoignent les films du réalisateur Jack Neo, auteur d’Ah Boys To Men, et surtout ceux de Chee Kong Cheah dans Chicken Rice War, avec ses personnages gouailleurs, qui rivalisent d’interjections en sin-glish et n’interrompent la dégusta-tion d’un chicken rice dans un food court que pour s’enfiler un kopi. L’attitude du gouvernement vis à vis de cette culture locale reste am-

bigüe. Depuis les années 2000, plu-sieurs campagnes contre le singlish ont été lancées (Speak Good English movement), afin d’inciter les gens à parler un anglais parfait.

La démarche n’a guère été concluante, les habitants procla-mant leur attachement à leur dia-lecte local. Le Dr Ooi Can Seng, du

centre de recherche sur les indus-tries créatives, à Copenhague, invité lors d’un séminaire sur la politique culturelle de Singapour en 2010,

soulignait ainsi : « On a aboli le sin-glish en faveur de l’anglais afin de s’opposer à un mode de vie popu-laire. Les cultures traditionnelles, populaires, ont été tuées sélective-ment : on a gardé le hokkien mee mais on a tué le dialecte hokkien, on a gardé le hainanese chicken rice mais on a tué le dialecte hainanais. Une telle sélectivité est un obstacle à la vitalité culturelle. »

La culture traditionnelle est re-mise à l’honneur depuis quelques années. D’une part, le gouverne-ment souhaite que les Singapou-riens n’oublient pas leurs origines. D’où la multiplication des actions du National Board Heritage, créé en 1993, pour remettre en valeur ce patrimoine, notamment par la réali-sation de la série Heritage in Episodes, sur les métiers traditionnels singa-pouriens. Différentes manifesta-tions sont organisées dans les quar-

Chicken rice, plat incoutournable à Singapour, est indisociable de l’identité multiculturelle de la cité-Etat.

Valoriser le patrimoine culturel traditionnel

Le système ERP (Electronic Road Pricing) est un des éléments représentant Singapour le plus cité par les Singapouriens.

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16 | AVRIL MAI JUIN 2014SINGAP uroo

tiers, afin de valoriser la mémoire propre de la ville et de ses secteurs. C’est encore sans compter le Malay Heritage Centre, l’Indian Heritage Centre (qui va ouvrir ses portes en 2015), le Sun Yat Sen Nanyang Memorial Hall et le Heritage Grant Scheme, crée par le NHB en 2013, qui vise à impliquer le public dans la promotion et la préservation du patrimoine local. Fait déterminant dans ce renouveau de la culture populaire, les Singapouriens eux-mêmes ne se reconnaissent pas dans le visage qu’offre la ville au-jourd’hui, avec ses grands malls, et ses immenses réalisations comme le Marina Bay Sands.

« Il s’agit de lieux pour les riches Singapouriens et les expatriés », souligne Maxime Pilon. Les Sin-gapouriens ne s’y reconnaissent pas nécessairement. Ils l’ont mani-festé clairement dans Our Singapore

Conversation, la grande consultation publique lancée en 2012, deman-dant à conserver le langage familier, les sites anciens, et l’art local. La mobilisa-tion récente autour du cimetière de Bukit Brown, qui allait être démoli pour construire une autoroute, en est une illus-tration. Quant au singlish, il suffit de voir le succès de Dr Jiajia, jeune garçon donnant des leçons de singlish sur Internet, qui cumule plus de 13 millions de vues depuis 2010 sur You Tube, pour se rendre compte que la langue a encore de beaux jours devant elle.

De jeunes artistes s’amusent même à réinterpréter cette culture populaire. Royston Tan, dont l’oeuvre a été exposée à la Biennale 2013, s’est intéressé aux lieux qui disparaissent dans la ville, mettant en scène, dans son film Ghost of Capitol Theatre 2013, des

danseurs qui évoluent, tels de gra-cieux fantômes, dans le Capitol, le plus ancien théâtre de la ville, en cours de transformation en complexe de divertissement et de shopping. Dans Conducting Memo-ries, d’Angie Seah, il a enregistré

les bruits de Singapour provenant à la fois des archives historiques de la ville, de la culture populaire ou des bruits du quotidien. Il propose au public de recombiner ces sons à sa guise, afin d’obtenir sa propre partition de Singapour. Enfin, cette culture populaire évolue et s’enri-chit. Ainsi, dans la fameuse liste d’objets qui font Singapour, les Singapouriens, en plus du chicken rice, citent aussi l’EZ Link Card et L’ERP. n

Agnès Noël

Les HDB, autre icone de Singapour, succèdent aux Shophouses et Kampongs dans les années 60. Très intelligemment conçus, ils offrent un logement à une majorité des

communauté similaire à celui de la population singapourienne. Ces deux aspects expliquent-ils l’envie qu’ils suscitent auprès d’autres nations comme la France ?

Singapouriens et symbolisent la “renaissance” d’une nation meurtrie par la guerre. A l’inverse des HLM, le HDB n’est pas loué, mais vendu. Il suit un quota d’occupation par

Appartements HDB

Qui va à l’Esplanade ? Certainement pas Uncle ou Auntie !

Qui va à l’Esplanade ? Certaine-ment pas Uncle ou Auntie !

Dossier

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18 | AVRIL MAI JUIN 2014SINGAP uroo

Marina Bay Sands

Scènes ordinaires de l’effervescence culturelle à Singapour

Marina Bay Sands accueille de grands shows musicaux comme Le Roi Lion, Notre Dame de Paris ou The Whitney Houston Show.

Dossier

La scène culturelle à Singa-pour voit se succéder les

spectacles et les évènements. Le plus étonnant est que la plupart des lieux n’ont pas 10 ans.

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L’Esplanade, inaugurée en 2002, est le nouveau carrefour de la créa-tion artistique dans la cité-Etat. Elle donne l’élan d’une programmation ambitieuse, éclectique et s’adressant à tous les publics. Les festivals s’y succèdent, faisant écho aux fêtes tra-ditionnelles des différentes commu-nautés présentes à Singapour, avec des spectacles gratuits, des ateliers pour les enfants et les familles, des concerts, l’accueil de compagnies de danse internationales et des specta-cles de théâtre.

Autre lieu clé : le Goodman Arts Centre, qui réunit ateliers d’artistes, studios de danse et de musique, salles de spectacles et galeries.

Depuis son ouverture en 2010, le grand théâtre de Marina Bay Sands accueille de grands shows musicaux comme Le Roi lion, Notre Dame de Paris ou the Whitney Houston show.

The Substation, lieu éclectique et indépendant depuis 1990, accueille des créations contemporaines comme le Maya Dance Theatre en mars der-nier.

Le Victoria Theatre et le Concert Hall réouvriront leurs portes au mois d’octobre 2014.

Installé depuis 2004 dans les bâti-ments de Old Parliament House, The Arts House est un centre dédié à « l’écriture, aux écrivains et aux idées ». Il promeut les échan-ges interculturels avec un focus sur l’Asie, particulièrement l’Asie du Sud-Est.

Les festivals sont partout et de

toutes les saisons dans la cité-Etat. Grand Prix de Formule 1 en septembre avec de nombreux concerts – Rihanna, Justin Bieber, Tom Jones… Dan:s Festival en octobre. Festival du Film Fran-çais en novembre. Zoukout en décembre. Art Stage Singapore en janvier. Mosaic, Festival de la Francophonie et Fringe Fes-tival (art contemporain) en mars. Singapore International Film Festival en avril. Affordable Art Fair et European Festival en mai. Dragon Boat festival en juin…

Les grandes écoles d’art bénéfi-cient d’un soutien public impor-tant qui permet d’offrir à leurs étudiants des conditions d’ensei-gnement particulièrement privilé-giées.

La SOTA, School Of The Arts, est la benjamine des écoles d’art à Singapour. Créée en 2004, elle s’adresse aux jeunes de 13 à 18 ans et abrite, dans son écrin d’Orchard road, conçu par les architectes Wong Mun Summ et Richard Hassell, une salle de concert et deux salles de théâtre.

Le Lasalle College of the Arts est depuis sa création en 1984 un haut lieu de la formation aux arts. Son plan stratégique 2009-2014 insiste sur « l’évolution d’un curriculum fondé essentiellement sur l’esthétique européenne et occidentale vers un programme promouvant le débat et les intérac-tions entre les diverses traditions artistiques de la région ».

La Nanyang Academy of Fine Arts, vénérable institution de 75 ans, forme de jeunes talents dans

SPECTACLES VIVANTS

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MUSÉES

LITTERATURE

FOIRES ET FESTIVALS

ÉCOLES

les domaines du design 3D, la ges-tion et l’enseignement de l’art, le design et les média, les beaux-arts, la mode, la danse, la musique et le théâtre.

Le National Museum (NMS), qui raconte l’histoire de Singa-pour, a revu sa scénographie (très high tech) et accordé plus de place à la culture contemporaine. Quatre galeries vivantes sont consacrées respectivement à la mode, à la gas-tronomie, au cinéma et à la pho-tographie.

Le Singapore Art Museum (SAM), organise la Singapore Biennale et décerne un prix aux jeunes artistes (President’s Young Talents). Ses expositions se con-centrent sur la création artistique asiatique, toutes disciplines con-fondues. Il propose une intéres-sante « learning gallery » axée sur l’approche pédagogique de la créa-tion contemporaine.

C’est le gigantesque lapin blanc en structure gonflable, conçu par le Singapourien Dawn Ng, qui a longtemps gardé l’entrée du SAM. Une manière de changer le regard des visiteurs du musée sur leur environnement quotidien.

Qui est Walter ?

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L’ArtScience Museum, abrité dans un bâtiment en forme de lo-tus, création de l’architecte Moshe Safdie, s’intéresse aux rapports en-tre l’art et la science, avec des ex-positions récentes telles que Dali, Titanic, Charles & Ray Eames.

La National Art Gallery (NAGA), dédiée à l’art asiatique, moderne et contemporain, rou-vrira ses portes à l’occasion des 50 ans de Singapour, avec une sur-face de 12 000 m2. Une rénovation signée Studio Milou, dirigée par l’architecte français Jean-François Milou. A terme, un voile d’acier et de verre reliera la cour suprême de justice à l’hôtel de ville, formant un énorme atrium.

La Pinacothèque de Paris, musée privé, ouvrira ses portes début 2015 à Fort Canning. En at-tendant, une exposition temporai-re dévoile 20 tableaux de la collec-tion permanente à Paris : Pollock, Ernst, Warhol, Modigliani…

Le nombre de galeries d’art ne cesse d’augmenter, parmi lesquelles la galerie Art Plural, ou-verte en 2011 à Armenian Street.

Inauguré en septembre 2012, Gilman Barracks est le dernier lieu à la mode. Constitué d’anciens baraquements militaires rénovés sous la direction d’Eugene Tan, il a vocation à accueillir une quinzaine de galeries d’art internationales, le Centre for Contemporary Art (CCA), et un centre en recherche d’art contemporain, combiné à une rési-dence d’artistes et un espace d’ex-position. n

Bertrand Fouquoire

Dossier

Avec 13 nouvelles galeries d’art, Gilman Barracks contribue à l’effer-vescence artistique de la région.

GALERIES D’ART

La fréquentation des musées a été multipliée par 4 en 8 ans. Dans le cœur des visiteurs, c’est le National Museum of Singapore, avec 885 000 entrées, qui domine. Suivent de près le Singapore Art Museum (656 000), et le Asian Civilisa-tions Museum (526 000), devant le Peranakan Museum (270 000), le Malay Heritage Centre (185 000), le Singapore Philatelic Museum (123 000) et le Sun Yat Sen Nanyang Memorial Hall (100 000).

Les musées les plus visités

Malay Heritage Centre

Gilman Barracks

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22 | AVRIL MAI JUIN 2014SINGAP uroo

La Culture à Singapouren mode alternatif

21h00. La rumeur de la ville inonde les bords de la Singapore River. La lune se reflète sur les ondulations de l’eau. Les buildings du CBD rayonnent de leurs mille lumières. Nous sommes à Clarke Quay. Nous nous dirigeons vers le Home Club, un bar/night club très en vue

Atelier

Home Club - La culture underground de Singapour offre une alternative, dont les nuances éclectiques font vibrer les nom-breux adeptes dans la little red dot.

Soirée Spoken Word au Home ClubLa culture alternative est

bien présente à Singapour. On assiste à l’émergence d’une commu-nauté « underground », des publics et des artistes qui revendiquent de nouvelles formes d’expression, de rencontres et de création.

Des jeunes et des moins jeunes qui veulent expéri-menter l’art et la culture au-trement. Atelier découverte de deux grands lieux de la scène alternative, dans les pas de Marien Guillé, notre poète de proximité.

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pour sa programmation nocturne : groupes de rock, poésie, musique électronique, comedy club…

Ce soir, c’est Spoken Word : scène ouverte, poésie, slam, parfois un peu de musique. L’am-biance est électrique. La musique forte. Des dizaines de projecteurs et de lumières cligno-tantes éclairent la salle. Quelques tables, des canapés, des chaises hautes. Une scène surélevée avec micros, bat-terie, clavier, table de mixage. Le matériel de base pour la construc-tion créative.

Ici, on ne croise pas que des stars, comme Hossan Leong ou Kumar, mais de parfaits inconnus qui vien-nent se livrer devant les autres. Une autre face de la population singa-pourienne se dévoile. La soirée est prise en main par deux animatrices aux longs cheveux colorés, chapeau et costume noirs, d’énormes boucles d’oreilles, des tatouages sur le bras.

On a laissé tomber la cravate. On s’invente un style, on se colore. Les marques d’affection se multiplient. On est venu pour s’écouter, s’en-courager, s’applaudir, se serrer la main, se prendre dans les bras, car tout le monde se connaît. On se livre, on se surprend, on s’amuse. Les poèmes sont écrits sur I-phone ou I-pad et chacun lit son texte sur sa machine. On rigole, on se lâche. L’alternative, c’est pour se libérer. On vient ici exprimer ce qu’on retient au fond de soi. On vient montrer sa différence, sa valeur d’être humain, car chacun a une histoire à raconter. Cette chanson à propos d’une fille rencontrée sur Internet, ce poème

qui raconte la longue agonie du télé-phone quand peu à peu la batterie se vide, ce rap improvisé en l’honneur

du pickpocket qui a volé le sac de Deborah… On entend des mots comme « myself », « revolution », « I love ».

L’alternative, c’est une façon d’être. Des codes. Des individus liés entre eux par des envies communes de vivre différemment la culture à Singapour. C’est l’émergence d’une communauté qui se crée au fur et à mesure de tous ces ren-dez-vous. Chacun est venu comme il est. Avec ses tatouages, ses jeans déchirés, ses longues robes noires. Nous sommes dans le monde des loups garous, des chauves-souris, des hiboux. Les yeux sont grand ouverts sur la nuit. L’existence de lieux comme celui-ci encourage la créativité et offre à la communauté des quartiers généraux éphémères pour se réunir et montrer qu’elle existe.

Les bars/night clubs sont les lieux où l’alternative peut essentiellement trouver refuge. Des dizaines d’en-droits sur toute l’île, plus ou moins renommés, ouvrent leurs portes à des programmations très variées, à de jeunes artistes et à des groupes : musique, stand-up et poésie no-tamment. Ce sont aussi des lieux qui ont un rôle social important et

favorisent des rencontres. Parfois cela laisse des traces, comme ce message posté sur Facebook suite à

la soirée : I met a girl at the club. A girl with porcelain skin, angel wings tattooed on her back. We talked a bit. She came to support a friend. But she left early. I didn’t get her number. Damn. Now she flies through my dreams. A porcelain angel with tat-tooed wings on her back.

Changement de décor, nous som-mes à Bugis, à l’Artistry Cafe, au bord de Victoria Street. Artistry, c’est un café-restaurant-librai-rie-galerie d’art installé dans une shophouse.

Ouvert le jour, Artistry accueille le soir des évènements artistiques et culturels. Le lieu soutient active-ment l’art et les démarches créa-tives. Il offre aux artistes émergents

L’alternative, c’est pour se libérer. On vient ici exprimer ce qu’on retient au fond de soi. On vient montrer sa différence, sa valeur d’être humain, car chacun a une histoire à raconter.

Home Club - http://homeclub.com.sg - 20 Upper

Circular Road, #B 01-06 The Riverwalk,

Singapore 058416, HP 6538 2928 - Soirées

Speak-Spoken Word, One Mic Stand, Live…

S’pore Art Salon, une fois par mois, à l’Artistry Cafe

Artistry Cafe - Modèle “Life drawing” Nina Chabra

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une plateforme pour se produire. C’est dans ce lieu surprenant, en plein cœur du Kampong Glam, que se déroule une fois par mois la soirée S’pore Art Salon, un collectif qui encourage le croisement des différentes disciplines artistiques.

A l’origine de ce projet, il y a Olivia Kwok, une jeune photo-graphe freelance singapourienne. C’est elle qui porte à bout de bras l’organisation de ces soirées et cette part d’utopie qui réunit cha-que mois des jeunes artistes, des passionnés, des curieux, des amis. On retrouve des personnes déjà croisées au Home Club la semaine précédente. On se reconnaît. D’où l’idée d’une communauté sans cesse grandissante. Les personnes qui viennent pour la première fois sont tout de suite intégrées au mou-vement. Car ici, les soirées sont participatives. Chacune compose son lot d’activités qui sollicitent la participation du public. C’est Peter, le Joy Officer, qui propose à chacun de dessiner un chat sur une petite toile afin de co-créer une mosaïque

féline. C’est un modèle qui vient poser entre chaque session musi-cale pour que le public la dessine. C’est une danseuse Bollywood qui invite le public à l’accompagner. La programmation s’équilibre entre danse, musique, poésie, art visuel… C’est l’interdisciplinarité qui prime : regrouper des artistes de différents domaines afin de créer des rencon-tres et des mélanges.

L’histoire de S’pore Art Salon a commencé il y a trois ans lorsque Brian, un danseur/chorégraphe de New York, est venu se produire pendant un an à Singapour, au Sen-tosa Resort. Il souhaitait rencon-trer des artistes locaux et trouver un autre public en dehors du resort. Avec Olivia, qui venait tout juste de finir ses études aux beaux-arts de Lasalle College of the Arts, et 4 autres personnes, il fonde le col-lectif S’pore Art Salon. Aujourd’hui, Olivia est toute seule. Les au-tres sont partis aux quatre coins du monde. Mais elle ne baisse pas les bras : « J’ai besoin de le faire parce que je peux le faire. »

L’interdisciplinarité n’est pas encore une évidence à Singapour et, dans ce tout nouveau laboratoire, des essais ont lieu : danse et poésie, musique et peinture ; des formes nouvelles sur- gissent aux yeux d’un public curieux.

Les artistes aussi profitent de ces rencontres pour tenter de nou-velles expériences. Olivia leur pro-pose toujours d’innover afin de les pousser vers ce qu’ils n’osent pas encore. Elle tient à ce que l’am-biance soit détendue, agréable, propice à la prise de risque. « Le public, souligne-telle, ne comprend pas toujours ce qui se passe sur scène, mais il vit l’expérience avec l’esprit ouvert. »

La soirée continue dehors, au Coffee Shop, avec Fabien, un jeune musicien français de passa-ge dans la région. Il se met à enton-ner du Brassens, en français, pour son public singapourien d’un soir. Les sourires se dessinent. Les rires fusent. La langue française chantée et les ruptures régulières dans la rythmique créent une hilarité chez les personnes attablées autour de Fabien. On sort les smartphones et on le filme. A peine une heure plus tard, ces vidéos auront fait le buzz sur Internet. n

Marien Guillé

Artistry cafe - [email protected] - www.

artistryspace.com - 17 Jalan Pinang Singapore

199149, HP 6298 2420. S’pore Art Salon -

http://sporeartsalon.blogspot.sg - y présente sa soirée

pluridisciplinaire tous les derniers mardis du mois.

Au Coffee Shop

Atelier

Home Club

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Le regard d’Olivia Kwok, fondatrice du collectif S’pore Art Salon

« Petit à petit la communauté grandit »

Olivia Kwok

« Ces dernières années, le gou-vernement a donné davantage de moyens pour ouvrir des lieux et mettre en place plus d’évènements, comme des festivals. Singapore Art Fair par exemple. Ou bien encore Music Matters, qui a beaucoup aidé les jeunes artistes. Singapour est un pays naissant, il n’y a qu’une poi-gnée de musiciens qui bénéficient d’une reconnaissance internatio-nale. La plupart des autres restent ici et ne peuvent pas vivre de leur art. Lors de Music Matters, on a ap-pris aux musiciens à parler de leur travail, à devenir professionnels. On a évoqué ce que voulait réelle-ment dire “faire carrière”. Artist-ry adopte aussi cette démarche en essayant d’être une plateforme où de jeunes artistes rencontrent des artistes confirmés, et ainsi, un pro-cessus de dialogue, de transmission, s’active. Si nous pouvons aider les jeunes artistes à montrer leur travail et à se professionnaliser, on réus-

sit quelque chose. La communauté underground de Singapour existe bel et bien, mais par définition, elle n’est que très peu visible. Nous en sommes un exemple. S’pore Art Salon, demandez dans la rue… qui nous connaît ? Mais je crois qu’à chaque fois que nous organisons un évènement, nous faisons un pas. Et à chaque pas, nous avançons. Il faut continuer, pour attirer de nou-velles personnes. Pour que chacun en parle autour de soi. Et petit à petit, la communauté grandit. C’est une véritable communauté. Nous sommes très liés. L’an dernier, nous étions 29 artistes singapouriens à partir en voyage à KL, comme ça, juste entre amis. Sans ce lien artis-tique, on ne se connaîtrait pas. Et on crée plus de choses ensemble. Un musicien vient me voir avec sa guitare. Il cherche un groupe. Il se produit un soir à Artistry et il a trouvé ! » n

Propos recueillis par Marien Guillé

Quelques scènes de la vie nocturne au Home Club

Rootz Resurrection Portraiture ProjectRootz Resurrection

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Focus Emploi Formation

Ce n’est pas encore un poids lourd, mais il pèse déjà à hauteur de 2 % du PIB de Singapour. Avec un chif-fre d’affaires global de 6 milliards de SGD en 2011, le secteur des arts et de la culture – comprendre le patrimoine culturel, le Livre, les spectacles vivants et les arts visuels – a contribué à la création de 1,3 milliards de SGD de valeur ajoutée. (Source : Singapore Department of Statistics.)

Dans l’annuaire de la FCCS, la catégorie Arts et Loisirs compte 15 entreprises : Activate Asia, Ars-media, Chic Maison, French Stage, Galeries Bartoux, Imagination Sin-gapore, In Events, Intersections, Maja Design Group, Partex In-ternational, Sing’theatre, Survival Chic, T&C Art (Yellow Korner), Quest Interactive.

Le secteur des arts et de la culture compte à Singapour deux types d’acteurs : les Arts Companies (créa-tion et distribution de contenu, édition, vente d’équipement, ma-nagement d’artistes ou formation) et les Art Societies, qui produisent des spectacles vivants et exposi-tions. En 2012, il y avait 1260 Arts Companies et 386 Art Societies. Les financements publics à la création ont atteint 478,8 millions (+ 10 %

Les industries de la création à Singapour, un gisement d’opportunités

La culture, et de manière extensive les industries de la création, constituent à Singapour un secteur

économique à part entière, attirant des investisseurs de renom comme Universal, les studios Georges Lucas ou Ubisoft, multipliant les évènements et offrant de nom-breuses opportunités d’initiation, de formation, d’em-ploi ou de création d’entreprises.

Dans l’annuaire de la French Chamber of Commerce in Singapore (FCCS), la catégorie Arts et Loisirs compte 15 entreprises.

« Osez ! Le progrès est à ce prix » – Victor Hugo

Le poids économique et la croissance du secteur

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par rapport à l’année précédente et deux fois plus qu’en 2005), se répartissant entre les arts (164,2), le patrimoine (109,7) et les biblio-thèques (204,9).

Il y a la possibilité de jouer la comédie et de faire de la mise en scène. Le charme de Singapour est que la zone grise qui sépare l’amateur averti du professionnel est moins marquée, permettant aux premiers de travailler souvent avec les seconds, même si c’est pour ne pas toujours gagner beau-coup. Dans la troupe The Theatre Factory, deux jeunes comédiens, Stéphane et Chloé, qui jouaient dans le spectacle Séduction ont été repérés pour tourner un spot pour l’Open de Tennis. On peut aussi créer sa propre compagnie, pro-duire des spectacles, travailler dans la communication. On peut ensei-gner le théâtre. On peut se lancer dans la formation, voire dans le coaching. On peut encore être cos-tumier, décorateur…

Là encore, la frontière est ténue entre amateurs et professionnels. Métiers de passion, la reconnais-sance et la possibilité de gagner sa vie de son art est affaire de circons-tances, de contacts et, disent les in-téressés, d’énormément de travail. Les opportunités de valoriser ses

talents sont multiples. Cela peut-être au travers d’expositions ou de publications. Mais on peut aussi gagner sa vie en enseignant son art, en montant une galerie qui peut être nomade, à l’instar de Clémen-tine de Forton – Artemiss Contem-porary – ou de Marie-Pierre Mol et

Louise Martin – Intersections.

Pour les passionnés de culture qui avaient rêvé de suivre l’Ecole du Louvre à Paris et se retrouvent avec du temps disponible à Singa-

Passionnée de culture mais ayant fait l’essentiel de sa carrière jusqu’ici dans le domaine high

tech, Sophie Bessin s’est précipitée, « les yeux plein d’étoiles », lorsqu’on lui a offert l’opportunité de rejoindre l’équipe de la compagnie Sing’theatre, de Nathalie Ribette, comme Media Manager. « Mon travail est de promouvoir

les spectacles et les acteurs auprès de la presse. Je m’éclate littéralement. Travailler dans ce secteur est aussi une opportunité formidable pour découvrir Singapour. Si on a envie de faire le saut d’une carrière classique vers le domaine culturel, l’expatriation est souvent le bon moment pour le faire. Dans ces cas là, il faut éviter de se poser trop de questions et se lancer. »

Témoignage de Sophie Bessin - Sing’theatre

A Singaporean in Paris, Cyrano de Bergerac, 8 Women, Moulin Rouge, Jean et Béatrice, Ma vie avec Mozart, Ubu Roi…Autant de spectacles professionnels et amateurs qui ont activement contribué à l’effervescence théâtrale à Singapour. Leur point commun ? Ils ont tous été produits par des compagnies francophones : Sing’theatre (Nathalie Ribette)Belle Epoque (Sabrina Candeloro Zuber)French Stage -The Theatre Factory (Sophie Bendel)Quest Interactive (Quentin Bernard)Les deux dernières ont développé

également une activité de formation et des opportunités de développement personnel par le théâtre.Le décor ne serait pas complet sans Le lycée Français, dont l’option théâtre, animée cette année par Sophie Colombet, a suscité, depuis qu’elle existe, de nombreuses vocations. De même, faudrait-il encore signaler les très nombreux artistes francophones et francophiles qui, dans le cadre de ces compagnies ou de manière indépendante, cultivent leurs talents et se produisent devant le public dans des situations variées, relevant parfois du café théâtre, d’autres fois plus proches du spectacle de rue.

Les Compagnies Francophones de Théâtre à Singapour

Les pistes d’initiation, formation, emploi et création d’entreprises dans le secteur culturel à Singapour

Peinture – Illustration Photographie – Cinéma

Arts vivants – Théâtre – Musique

Musées

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pour, l’occasion est belle de devenir guide de musée.

L’association Friends of the Mu-seums (FOM) forme des guides bénévoles. Elle permet ainsi aux

quatre grands musées de Singapour, le musée National, le musée des Arts, le musée des Civilisations asiatiques et le musée Peranakan, de proposer à leurs visiteurs des parcours guidés de qualité. En con-trepartie, elle offre aux intéressés un parcours de formation riche et bien construit, et l’opportunité de pratiquer régulièrement.

L’activité est bénévole mais elle permet de mettre le pied à l’étrier et, à Singapour ou de retour en France, de capitaliser sur ses connaissances en histoire et en art pour travailler dans un spectre large d’emplois.

Guides, romans, nouvelles, ga-leries de portraits, ouvrages his-toriques, histoires pour enfants… Il suffit (presque) d’un crayon et d’une page blanche. Si la feuille blanche ne le reste pas, com-me dirait le poète, c’est signe que le travail avance. On peut commencer par un blog, puis se mettre à écrire. Maxime Pi-lon et Emmanuelle Weiler ont écrit une histoire des Français à Singapour, Anne Garrigue a pro-duit plusieurs livres dont certains sur la Chine et le Japon et un re- cueil de 50 portraits d’entrepre-neurs en Asie. Raphaëlle Choël a écrit Tokyo Sisters et So Londres. Laure de Charette et Marion Zipfel ont rédigé ensemble un ouvrage sur Les Nouveaux Milliar-daires Rouges en Chine et un guide sur Bali. La seconde vient de pub-lier Portraits de Singapour.

On peut encore être lecteur et poète comme Marien Guillé, et si on aime simplement les livres, ouvrir une librairie (The French Bookshop), gérer le rayon livres français d’une librairie interna-tionale (Kinokunya) ou animer la

bibliothèque d’une structure comme l’Alliance Française. n

Bertrand Fouquoire

Livres (écriture – édition – librairie – bibliothèque)

Friends of the Museums, 61 Stamford Rd. #02-06

Stamford Court, Singapore 178892 – HP 6337

3685 - www.fom.sg

Focus Emploi Formation

Musée des Civilisations Asiatiques

Musée des Arts Musée National

Arrivée à Singapour en 1995, Andrée Weschler avait fait des études

de Lettres et était professeur de Français Langue Etrangère. A Singapour, elle reprend des études artistiques à la Nanyang Academy of Fine Arts. Artiste désormais reconnue, elle multiplie les performances et est régulièrement sélectionnée pour représenter Singapour dans des expositions internationales. Au quotidien, elle est aussi, à Tiong Bahru, l’âme de The French Bookshop, la librairie d’Emmanuel Brouillet, autre amoureux de la littérature contemporaine. « Chaque mois, la librairie invite un artiste et est ainsi devenue une vitrine pour de jeunes artistes qui font découvrir leur art. Nous organisons également des séances de présentations, de dédicaces de livres par leurs auteurs. Ces évènements ajoutent une dimention d’animation culturelle à la librairie. »

Témoignage d’Andrée Weschler

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Agenda

16 au 27 Happy ever laughterDream Academy avec Hossan Leong, Selena Tan, Kumar…• Esplanade Theatre

Costumes délirants, décors fantastiques, acteurs talentueux et irrésistibles à l’humour décapant, Selena Tan et sa Dream Academy nous offrent des spectacles hauts en couleur, drôles, voir caustiques. L’humour singapou-rien est à apprécier sans modération !

24 au 27 How to catch a starMusique, marionnettes, contes pour les 3/7 ans et les grands astronomes.• SOTA Drama Theatre

27 Discovering music !Concert interactif du Singapore Symphony Orchestra, pour un jeune public, dès l’âge de 5ans.• SOTA Concert Hall, 16h00

16 André Rieu & son orchestre Johan StraussSpectacle grandiose sur fond de musique classique et populaire.• Singapore Indoor Stadium, 20h00

3 au 27 If there’re seasonsLe charme d’une comédie roman-tique typiquement asiatique et les voix sublimes de Céline Rosa Tan, George Chan, et bien d’autres (en mandarin sous-titré en anglais).Produit par The Theatre Practice.• Drama Centre Theatre

Des films en français tous les mardis à l’Alliance Française, 20h00

15 La famille Wolberg22 Demain dès l’aube29 Pièce montée

25 avril au 11 mai GreaseProduction australienne avec Rob Mills et Gretel scarlett.Comédie musicale rythmée sur fond de chansons inoubliables, blousons de cuir et cheveux gominés.• Grand Theatre à Marina Bay Sands

11 Classics in the parkSingapore Symphony Orchestra, concert gratuit de la fête des mères.• Botanic Gardens, 18h00

A l’occasion de certains jours fériés, le palais présidentiel ouvre ses portes au public. Goûter dans le parc, visite des salons de réception, et peut être croiser le président Tony Tan…

1er Open House Istana8h30 à 18h00 Un dimanche après-midi par mois, un

concert gratuit à l’Esplanade Concert Hall. Premier arrivé, premier assis !

11 Specially for you mother !Les grands classiques chinois à ap-précier en famille.• Esplanade Concert Hall, 17h30

15 avril au 30 avril

1er mai au 14 mai

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| La sélection de la rédaction

9 Beethoven’s fifth symphonySingapore Symphony Orchestra, sous la direction de Gunther Herbig.• Esplanade Concert Hall, 19h30

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14 au 25 Festival du film européenCulture européenne, diversité et créativi-té, à travers la projection de films récents. • Shaw Lido

28 au 31 Les liaisons dange-reusesProduit par French Stage. Mise en scène d’Emilie Borrel et Olivier Jean.• Théâtre de l’Alliance Française

Les bénéfices de la soirée du 31 mai des Liaisons dangereuses seront reversés à l’association « les enfants du Mékong »

28 Our People, Our MusicSingapore Chinese Orchestra. 4 500 musiciens sur scène interprèteront un répertoire classique et contemporain.• Singapore Indoor Stadium

5 au 7 septembreSingapore Swim StarsA l’initiative de Stéphane Caron, un show aquatique d’une nouvelle dimen-sion, avec la participation des meilleurs nageurs internationaux.• Sports Hub

19, 20, 21 septembre Grand prix de formule 1Et de nombreux spectacles et concerts en marge de l’évènement sportif.• Marina Bay Street Circuit

31 Come meet MozartConcert interactif du Singapore Sympho-ny Orchestra pour les jeunes mélomanes.• University Cultural Centre Hall

12 au 15 BeerfestLe festival international de la bière.• Marina Promenade

17 et 18 DBS Marina RegattaCompétitions de «Dragon boats» et de percussions. • Marina Bay

27 au 1er juin Tap DogsSpectaculaire, cocktail explosif de ta-lent, humour et énergie communicative.• Marina Bay Sands Theatre

3 Les fils du vent 10 Les parapluies de Cherbourg17 Le concert24 Aïda

31 octobre MusicFest@SGHSing’theatre organise une journée d’évènements musicaux à l’hôpital avec la présence de nombreux artistes et comédiens.• Singapore General Hospital

23 au 25 Affordable Art FairL’art contemporain accessible à tous…Organisation de programmes et ateliers pour les enfants.• F1 Pit Building

15 mai au 31 mai

Du 1er juin à fin octobre

31 B.A.P Live on EarthBoys band sud-coréen au succès inter-national incontestable : 100 000 fans sur 20 concerts dans leur dernière tournée.• Star Theatre

Des films en français tous les mardis à l’Alliance Française, 20h00

7 au 22 juin Le NoirMusique, acrobaties, cascades de cirque…Un show incroyable !• Marina Bay Sands Theatre

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La folie des brunchesRaffles Hotel

Un cadre somptueux marqué par l’histoire pour ce brunch domini-cal d’excellence. Ici, on flirte avec la perfection : de l’assortiment de jambons rares (Bellota, Parme, Iberico, Serrano), d’huîtres de pro-venances variées (Irlande, France, Australie) à l’hallucinant buffet de fromages (assortiment extraordinaire de dizaines de pâtes affinées divinement présentées). La sélection de desserts est, elle aussi, su-blime (mention spéciale pour les truffes et la mousse intense au cho-colat). Le tout arrosé d’un Singapore Sling – boisson symbole de la ville éponyme créée dans ce même hôtel – ou d’une coupe de Champagne Billecart-Salmon.

Ici, bruncher est un art ; compter entre 158 et 198 SGD par per-sonne pour cette mémorable petite folie selon que l’on choisit l’op-tion Champagne à discrétion.

Si votre trip est plutôt d’aller déjeuner en famille, alors ce brunch est fait pour vous ! Les parents se délectent de sushis, sashimis, foie gras, plats chauds (indiens, thaïs, européens), de viande à la découpe, sans oublier les fruits de mer, les pâtes et les desserts (goûter le cheesecake à la rose et la glace au caramel).

Pendant ce temps-là, dans une pièce séparée, les chérubins sont divertis par des nannies qui leur proposent des spécialités internatio-nales mais surtout des bonbons, des chocolats, popcorns et friandises en tout genre ! Vos enfants attablés devant un dessin animé, deux glaces à la main. Ne soyez pas étonnés d’avoir du mal à décoller !

A partir de 108 SGD sans boisson, 158 SGD avec un free flow Veuve-Cliquot et Mojito, les enfants de moins de 7 ans ne payent pas. La ter-rasse est également très agréable et permet de sortir de la clim’ tout en étant rafraîchi par les fans extérieurs. On y trouve là également une sélection d’items cuits au barbecue !

Autre lieu qui accueille et distrait les enfants, le Mezza9. Chaque dimanche, selon la program-mation, un atelier est proposé à nos charman-tes têtes blondes : pâte à modeler, création de paysages de sable, puzzles, peinture de visage etc., sans oublier les tours de magie d’un

professionnel qui passe à chaque table. Ici, on se régale tout en se distrayant. Au menu : un buf-fet japonais fourni en tempuras, sashimis variés et fruits de mer (homards, huîtres, crevettes), un coin salade et fromage, un autre proposant des mini-burgers et foie gras poêlé, et un buffet de desserts particulièrement bien achalandé (on n’oublie surtout pas la tarte au chocolat, la fon-taine de chocolat et les glaces au cheesecake, au yaourt ou à la crème fraîche).

Tarifs : de 69 à 138 SGD avec Champagne Perrier Jouet, vin et bières, soft drinks à gogo, gratuit pour les enfants de moins de 7 ans.

Autre option familiale très détendue, ce buffet au sous-sol de Raffles City qui semble conquérir les Singapouriens chaque jour de la semaine et du week-end.

Une formule imbattable à partir de 25,80 SGD (30,80 SGD le week-end) pour les adultes,

L’activité principale du week-end de tout Singa-pourien de naissance ou d’adoption qui se res-

pecte ? Le brunch bien sûr ! Chic ou décontracté, chacun a son endroit fétiche. Embarquement immédiat pour notre petite sélection gourmande.

RAFFLES – Brunch historique unique

Bruncher chic en famille chez MELT

Brunch classieux kids friendly au HYATT

BUFFET TOWN – Décontraction absolue pour les familles

Hyatt Mezza9

Escapade Gourmande

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W Singapore

qui donne accès à un buffet géant de crustacés, pizzas, su-shis, sashimis, pâtes, plats indiens, japonais et malais, sans oublier les desserts, dont la fameuse fontaine de chocolat, qui fait fureur auprès des enfants, qui ne se lassent pas d’y tremper leur marshmallow en forme de cœur.

Le lieu est également pourvu en fontaines de boissons gazeuses et bar à thé/café (tout est compris dans le prix) et met aussi à disposition une spacieuse aire de jeu équipée d’un écran de télévision et des jeux d’agilité manuelle.

Bruncher à la carte au bord d’une piscine, voici une autre formule sympathique et plus raisonnable si l’on veut évi-ter les excès. On s’installe sur de confortables banquettes molletonnées et on déguste une omelette au chili crab (Spicy Kick, 20 SGD), un délice d’onctuosité et de saveurs épicées locales, et des pancakes aux myrtilles (Morning Blueber-ry 16 SGD), généreux et fon-dants. On complète par un jus de fruits pressés préparé à la mi-nute. Le mélange céleri, orange, pomme verte (14 SGD) est par-ticulièrement désaltérant. Les becs sucrés tenteront à raison le dessert Antoine (5,5 SGD) qui est particulièrement réussi.

Les petits pourront opter pour deux mini-burgers servis avec des frites et du coleslaw (10,95 SGD) ou choisir dans la sélec-tion du menu enfant.

Autre lieu de totale perdition, le brunch de l’hôtel W et son enfilade de buffets les plus gourmands. Un coin sushis, sashimis et fruits de mer ul-trafrais, un espace indien (tester le chou-fleur aux épices), un espace singapourien avec ses spécialités locales (pepper crab et laksa), des grillades et plats cuisinés avec soin (men-tion spéciale pour le pad thaï parfumé, les Saint-Jacques dodues et fondantes relevées d’une petite sauce délicieuse, et le bœuf tendre et savoureux). Une fois attablés, on savoure gambas, pizzas fines, cocktails et autres spéciali-tés qui nous sont proposés sur un chariot ambulant. On garde bien entendu une place pour les desserts, qui va-

lent vraiment le coup : financier au chocolat, cheesecake déstructuré, superbe tarte fine aux poires, et brownies à peine cuits. Chaque dimanche, 10 cocktails sont proposés, afin de donner un peu de couleur à ces saveurs du monde.

Compter 108 ou 148 SGD pour la version Bubbly Re-mix (vin, champagne et accès à la piscine au rythme en-diablé de la musique). Un plongeon tonique avant de dé-guster une coupette devant la marina et ses yachts luxueux. Que rêver de mieux après cette parenthèse épicurienne ?

Bienvenue aux amateurs d’huîtres, et de poissons divine-ment cuisinés, et mention particulière pour ce brunch qui, outre sa sélection de hors d’œuvres, plats chauds, et des-serts proposés en buffet, sert en prime ses plats du jour à la carte, une bonne façon d’être assuré de la parfaite

cuisson des aliments. Au menu, un superbe cod fish aussi dodu que fondant, un Wagyu beef archi-tendre, des Saint-Jacques saisies à la poêle et des huîtres en provenance de France, Nou-velle-Zélande et Irlande. On ose aussi arrêter la table roulante et se laisser tenter par la bisque de homard, servie aux convives qui le souhaitent. On termine par les divins petits chocolats qui ac-compagnent à merveille le café ou par le dessert pralin-chocolat qui fait la réputation d’Oscar’s. Mais la gourmande forêt noire est aussi un excellent choix !Tarif : 78 ou 158 SGD (si l’on

choisit le free-flow de Cham-pagne).

Décontraction assurée pour ce brunch dominical dans une ambiance de café-bistrot. Au menu, un œuf poché servi dans un bouillon japonais et quelques algues (9 SGD), une croustillante foccaccia à l’ail (12 SGD), un hamburger d’ag-neau au tzatziki (20 SGD), et notre coup de cœur : le soufflé à l’œuf et aux champignons (13 SGD), ultra-aérien, un pur délice ! On accompagne cela d’un Katong Jelly (8 SGD), la boisson locale citronnée à l’agar-agar, et d’un dessert, car

Brunch branché et festif du W

Brunch – Piscine au MARRIOTT L’ « Amazing Sunday Brunch » d’OSCAR’S

NINETHIRTY by Awfully Chocolate – Détente & gourmandise font bon ménage

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on est tout de même ici au temple du chocolat : tarte au chocolat (6,80 SGD), pavé chocolat butterscotch salé (7 SGD), gâteau au citron et yaourt (9 SGD). Autres options délicieuses : le croustillant et fondant cinnamon roll (13 SGD), qui ne peut que ravir les amateurs de cannelle, la tarte au Pandan (8 SGD), pour la jouer local, ou une boule de glace au chocolat et quelques truffes au Kahlua (15,5 SGD les 100 gr.), pour accompagner son café.

Brunch avec vue imprenable sur Marina Bay Sands et sur le virage de la formule 1. Ce brunch est proposé à 88 SGD par personne et propose une mini-sélection d’entrées, de pâtes, de plats et de desserts que l’on peut recommander à discrétion. Une formule originale qui permet de goûter à tout et de reprendre ce que l’on préfère. Le menu change chaque semaine, mais voici quelques exemples en guise de mise en bouche : quiche courgette-lardon, couscous au saumon, velouté de poireaux, pâtes aux crevettes, lasagnes de la mer, bar grillé, émincé de bœuf, pannacotta et mousse au chocolat. On peut agrémenter ce brunch de Prosecco à volonté (supplément de 25 SGD). On se délecte de la vue en dégustant ces mets variés dans un décor soigné aux notes baroques.

Envie de saveurs italiennes pour un repas copieux et de standing, mais sans le chichi des grands hôtels ? Alors La Brezza est un bon choix. Au menu de ce brunch ambiance trattoria : un buffet d’antipasti dont une « burrata station » et un assortiment de pains gourmands, prosciutto & excel-lent foie gras, légumes à profusion cuisinés à merveille (mention spéciale pour les portobello mushrooms), et de délicieuses salades (notamment celle au homard !). On

poursuit avec un plat chaud à la carte parmi une large sélec-tion (pizzas, pâtes, filet de bœuf, bar grillé ou calamars & crevettes au charbon). Enfin, on commande son dessert (tiramisu, croustillant cannoli à la Sicilienne et superbe gla-ce à la pistache et sorbet citron accompagnés de fruits des bois).Plats et desserts sont préparés à la minute, donc archi-frais, et l’on peut les commander à discrétion. Un excellent rap-port qualité-prix pour ce brunch à 68 SGD par personne, ou 98 SGD si on s’offre le supplément Prosecco à gogo ! n

Raphaëlle Choël

Raffles 1 Beach Road HP. 6337 1886

Melt ~ The World Cafe

Mandarin Oriental, 5 Raffles Avenue Marina Square

HP. 6885 3500

Hyatt Mezza9 10 Scotts Road HP. 6738 1234

Buffet Town Raffles City #B1-44E, 252 North Bridge Road

HP. 6837 3793

W Singapore Sentosa Cove, 21 Ocean Way

HP. 6808 7278

Oscar’s 2 Temasek Boulevard HP. 6334 8888

Marriott 320 Orchard Road HP. 6735 5800

Ninethirty 131 East Coast Road HP. 6345 2190

Forlino 1 Fullerton Road HP. 6690 7564

La Brezza St. Regis, 29 Tanglin Road

HP. 6506 6888

Les Adresses

Brunch with a view chez FORLINO

Forlino MELT~The World Cafe

Brunch italien LA BREZZA

Escapade Gourmande

Page 35: Singapour

MAISON DE QUALITÉFONDÉE EN 1889

Page 36: Singapour

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