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tat des lieux et perspectives du march des semences ... · Conclusion partielle ... L’Altiplano...

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Andrea BAUDOIN FARAH Encadrement: Thierry WINKEL, Coordinateur du programme ANR "EQUECO : Emergence du quinoa dans le commerce mondial", IRD Richard JOFFRE, Equipe DREAM - Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive , UMR 5175 CNRS Marianne LE BAIL, Enseignant-chercheur à AgroParisTech, UFR Décision, Exploitations, Filières (SIAFEE) Manuela VIEIRA PAK, doctorante, CIRAD, UR GREEN, membre permanent de l’équipe Equeco JuinJuillet 2009 État des lieux et perspectives du marché des semences certifiées de quinoa dans les régions environnant le Salar d’Uyuni, Altiplano Sud de Bolivie
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Andrea BAUDOIN FARAH  

Encadrement:  

Thierry WINKEL,  Coordinateur du programme ANR "EQUECO : Emergence du quinoa dans le commerce mondial", IRD

Richard JOFFRE, Equipe DREAM - Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive , UMR 5175 CNRS

Marianne LE BAIL, Enseignant-chercheur à AgroParisTech, UFR Décision, Exploitations, Filières (SIAFEE)

Manuela VIEIRA PAK, doctorante, CIRAD, UR GREEN, membre permanent de l’équipe Equeco

 

Juin‐Juillet 2009 

État des lieux et perspectives du marché des semences certifiées de quinoa dans les régions environnant le Salar d’Uyuni,

Altiplano Sud de Bolivie

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Sommaire Sommaire ....................................................................................................................... 2 Table des illustrations ..................................................................................................... 2 Tableaux......................................................................................................................... 2 Introduction..................................................................................................................... 3 I) Le contexte de l’étude............................................................................................. 3

A) L’ Altiplano Sud bolivien........................................................................................ 4 B) Les conséquences de la transformation rapide de la production de quinoa en culture de rente et d’exportation................................................................................... 5 C) Le projet Equeco............................................................................................... 6

II) Méthodologie utilisée pour l’étude .......................................................................... 7 III) Les critères de sélection de variétés et semences de quinoa ............................ 8 Remarques préliminaires................................................................................................ 8

A) Les banques de semence et leurs rôles dans la sélection de variétés................ 8 B) Les critères de sélection et les variétés recherchées ....................................... 10 C) Le lien entre la recherche et les parcelles cultivées........................................ 12

Conclusion partielle ...................................................................................................... 13 IV) Les producteurs et la production de semences certifiées de quinoa sur l’Altiplano Sud............................................................................................................... 14 Remarques préliminaires.............................................................................................. 14

A) Des semenciers organisés en associations ...................................................... 14 B) Une production délicate.................................................................................. 16 C) Un seul processus de certification des semences de quinoa........................... 16 D) Les objectifs et les effets de la production de semences certifiées de quinoa 18

Conclusion partielle ...................................................................................................... 19 V) Le marché des semences certifiées et non certifiées ........................................... 20

A) Le marché des semences certifiées de quinoa aujourd’hui............................. 20 B) La gestion des semences par les agriculteurs ................................................. 23 C) Perspectives du marché des semences certifiées de quinoa sur l’Altiplano Sud bolivien ....................................................................................................................... 24

Conclusion.................................................................................................................... 26 Annexes........................................................................................................................ 27 Sigles et institutions ...................................................................................................... 30 Lexique ......................................................................................................................... 32 Sources......................................................................................................................... 33 Table des illustrations Illustration 1: Localisation de la zone d’étude…………………………………………...4 Illustration 2: Processus d’obtention de variétés et de semences……………………..…9 Illustration 3: Processus de certification……………………………………….……….20 Illustration 4: Fonctionnement su marché des semences……………………………….24 Tableaux Tableau 1: Les banques de semences et leurs rôles ……………………………………..9 Tableau 2: Variétés les plus largement cultivées ………………………………………12 Tableau 3: Caractéristiques des associations de semenciers.…………………………..14

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Introduction L’Altiplano Sud est depuis une vingtaine d’années le scénario de l’émergence d’une nouvelle culture d’exportation pour la Bolivie. En effet, le quinoa cultivé depuis des millénaires connaît depuis les années 1980 un essor dans le marché international. Ce nouvel engouement pour le quinoa n’est pas sans conséquences pour la région. De nombreuses institutions travaillent donc sur cette zone pour essayer de comprendre les nouvelles dynamiques territoriales et essayer de proposer des alternatives de développement durable dans le contexte de la mondialisation. C’est le cas de l’IRD avec le projet Equeco. Entre autres phénomènes on assiste à une baisse progressive des rendements au fur et à mesure que les sols s’appauvrissent et que la fréquence des années de sécheresse semble augmenter. Dans ce contexte, la question des semences apparaît comme fondamentale, puisque ce sont les semences qui sont à la base des choix des agriculteurs sur les variétés qui vont être cultivées. Les stratégies des agriculteurs pour la campagne agricole en cours et celles à venir, commencent par la gestion des semences. Il est intéressant d’étudier cette question sous différents angles pour avoir une vision complète de tous les niveaux d’action qui concernent l’obtention, la production et l’utilisation des semences ainsi que les effets éventuels de ces processus. En ce qui concerne l’obtention de semences, il faut s’interroger sur le rôle des institutions de recherche, leurs critères de sélection et le lien qui existe entre elles et la chaîne productive. D’autre part, depuis quelques années, on observe l’apparition de semences certifiées de quinoa sur le marché. Il semble dès lors essentiel d’étudier de près cette production pour comprendre ses éventuels bénéfices et risques ainsi que son articulation réelle avec le marché. Finalement, il faut essayer de comprendre quelle est la réalité de la gestion des semences par les producteurs, que celles si soient certifiées ou pas, et s’appuyer sur cette analyse pour émettre des hypothèses sur l’avenir du marché des semences certifiées sur l’Altiplano Sud bolivien.

I) Le contexte de l’étude Avant de présenter des résultats il est essentiel de faire une description précise du contexte physique et institutionnel du projet dans le cadre duquel cette étude a été réalisée. Les caractéristiques de l’Altiplano Sud en font une région très particulière du fait de la dureté des conditions de vie, et des nombreux obstacles que l’agriculture doit surmonter pour garantir la production. Aujourd’hui de nouveaux phénomènes transforment les dynamqiues et les écosystèmes de cette région du fait de l’expansion très rapide de la frontière agricole et de la monoculture de quinoa. Toute étude sur cette région doit être analysée à la lumière de ce contexte.

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A) L’ Altiplano Sud bolivien L’Altiplano est une vaste étendue relativement plane entre les deux cordillères des Andes (la cordillère Occidentale et la cordillère Orientale ou Royale), située à une altitude moyenne de 3700 mètres. C’est un ensemble hétérogène en termes de pluviométrie, de climat et de types de sol.

Illustration 1: Localisation de la zone d'étude

On s’intéresse dans cette étude à la partie Sud de l’Altiplano, où l’on trouve une série de lacs, notamment des lacs de sel dits « salares » faisant partie du bassin endoréique de l’Altiplano. Cette zone est caractérisée par les conditions très dures du millieu. En effet, la moyenne des précipitations varie entre 150mm/an et 350 mm/an. De plus, 85% de ces pluies sont concentrées entre les mois d’octobre et mars (notamment autour du mois de janvier). Les pluies sont imprévisibles et peuvent même être très violentes. La pluviométrie est le facteur limitant principal de la culture du quinoa dans la région même si cette plante est particulièrement bien adaptée à la sécheresse. En ce qui concerne les températures, se sont surtout les moyennes mensuelles des températures minimales qui font la différence entre les saisons. De façon générale on n’observe pas des différences supérieures à 5ºC entre les moyennes des températures mensuelles, qui restent positives toute l’année et tournent autour de 2 à 3ºC. Le gel est un risque important puisque l’on peut compter jusqu’à 270 jours de gel par an, voire plus certaines années. Les sols sont sableux et présentent une salinité très élevée. D’autre part, du fait des faibles températures, la matière organique se minéralise très lentement. Presque toute cette zone est recouverte par une végétation de « puna » sèche, qui se caractérise par une forte aridité et par un nombre d’espèces réduit. L’espéce emblématique de cet écosystème particulier est la « thola » ( Lepidophyllum quadrangulare). On retrouve

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également des cactus (Opuntia flocossa) et de la « yareta », plante appréciée par son utilisation comme combustible (Azorella yareta). L’élevage concerne presque exclusivement les camélidés (lamas et alpagas) du fait de leur adaptation à ce climat extrême. Cette zone de l’Altiplano, notamment autour des lacs de sel, est considérée la plus aride de cet ensemble géographique du fait de la sécheresse, le gel, le vent et le faible couvert végétal. Néanmoins, c’est dans cette même région que la plus grande partie de la production de quinoa est réalisée. Les conditions défavorables au développement de maladies font que la culture de quinoa n’est pas concernée par le mildiou dans cette zone, et que d’autre part, la taille des graines est supérieure à celle que l’on observe sur l’Altiplano Nord.

B) Les conséquences de la transformation rapide de la production de quinoa en culture de rente et d’exportation

Depuis une vingtaine d’années, le marché insternational s’est intéressé au quinoa du fait de ces caractéristiques nutritionnelles et culinaires. Les prix elevés et stables de cette nouvelle production d’exportation ont entrainé progressivement des bouleversements importants de la chaîne productive et de toutes les dynamiques des communautés de la zone. Sans rentrer ici dans les détails des évolutions qui ont eu lieu au cours des deux dernières décennies, on peut lister les effets majeurs qui peuvent s’observer aujourd’hui sur ce territoire et qui ont été le sujet d’un certain nombre d’études.

Tout d’abord, on ne peux pas négliger l’effet bénéfique de cette ouverture au marché international en termes démographiques car l’attrait des prix élevés non seulement diminue l’éxode rural mais est même en train de provoquer le retour à la campagne d’anciens migrants.

Mais, d’autre part, on peut aussi observer des effets négatifs. Une des

modifications principales est la mécanisation de l’itinéraire technique. Cette pratique se généralise rapidement car elle permet d’augmenter de façon considérable la surface cultivée par actif. La mécanisation du labour, du semis et de la récolte ont pour conséquence le déplacement des surfaces cultivées, traditionnelement situées sur les pentes, vers les plaines. L’activité d’élevage est de ce fait perturbée car les aires de pâturage ne cessent de diminuer.

Ceci entraîne une diminution de la taille des troupeaux, voire leur

dispparition, et une accentuation du problème de rétablissement de la fertilité du sol, conséquence du passage à la monoculture de quinoa (avant, plusieurs espèces rentraient dans la rotation ainsi qu’un certain nombre d’années de repos selon le type de sol).

L’érosion éolienne est aussi un problème grave, accentué par l’utilisation des tracteurs et par la diminution du couvert végétal, notamment sur les plaines.

La mécanisation entraine également des phénomènes de différenciation sociale parmi les agriculteurs, selon qu’ils possèdent ou pas un tracteur. Les entreprises de travaux agricoles se développent également (les producteurs qui possèdent des tracteurs vendent leurs services aux autres) et changent les rapports traditionnels d’entraide et de solidarité au sein des communautés.

Le prix élevé du quinoa pour la vente incite les agriculteurs à vendre toute leur

production et de ce fait on observe une diminution importante de l’autoconsommation de quinoa, qui s’accompagne de l’augmentation de la

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consommation de produits importés d’autres régions voire d’autres pays (notamment du riz).

Ces conclusions sont en partie les résultats des études réalisées sur le terrain par différentes organisations ou institutions, dont le projet Equeco.

C) Le projet Equeco Le projet Equeco s’intéresse à l’étude de la durabilité des territoires et des sociétés rurales de l’Altiplano Sud bolivien dans un contexte d’essor commercial du quinoa, d’intensification de la production agricole et d’ouverture aux échanges. Il s’agit d’un projet de recherche pluridisciplinaire orienté vers l’action. Le projet essaie de montrer comment la notion de développement durable permet de trouver des nouvelles voies de gestion pour une agriculture résolument intégrée dans la mondialisation. Le projet regroupe plusieurs institutions françaises et boliviennes et chacune d’entre elles a un domaine de recherche précis :

UMSA : Erosion des sols et climat UTO : Productions végétales EHESS : Histoire et sociologie INRA : Politique, sociologie et économie UM3 : Géographie et sociologie CNRS : Écologie végétale et sols IRD : Écologie agricole CIRAD : Modélisation de l’accompagnement AVSF : Interaction chercheurs/ producteurs

Ainsi, toutes ces institutions travaillent autour de cinq axes thématiques de façon tranversale (plus un groupe de coordiantion et un groupe de synthèse) :

Vulnérabilité écologique Viabilité des systèmes de production Expansion agricole, variabilité de la production et du climat Organisation, gestion et utilisation des espaces et des ressources naturelles Viabilité de la chaîne productive dans le contexte international

La durée du projet est de trois ans, entre 2007 et 2009. Il est aujourd’hui dans sa phase finale. Le projet Equeco a produit une étude globale plurisdisciplinaire de la situation agronomique, écologique et socio-économique de l’Altiplano Sud. Il a aboutit en effet l’établissement d’un diagnostique (dont les grandes lignes ont été présentées au paragraphe précédent) et l’élaboration d’un agenda de recherche avec la collaboration d’autres institutions comme le PIEB. La phase suivante sera de suivre les axes issus de ce nouvel agenda de recherche pour proposer des projets plus précis. Cet agenda est structuré autour de quatre grands axes de recherche :

Capacité de l’écosystème en relation avec les dynamiques territoriales (avancée de la frontière agricole, conflits potentiels autour de la terre,...).

Modèles durables pour la production de quinoa (gestion intégrale, valorisation des savoirs locaux, effets du changement climatique, conservation et récupération des sols dégradés, ...).

Technologies durables pour améliorer la production, la post-récolte et la transformation des graines.

Commercialisation et sécurité alimentaire (réponses au fonctionnement du marché, sécurité alimentaire, production avec une valeur ajoutée,...).

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L’étude des semences pourrait être un projet intéressant dans le cadre de cet agenda de recherche. D’où l’intérêt d’en avoir une vision synthétique et de soulever les questions et les problématiques liées à l’état de ce marché aujourd’hui. L’étude du marché des semences certifiées de quinoa intervient dans la phase finale du projet Equeco comme une étude complémentaire et une alternative éventuelle de sujet de recherche plus précis.

II) Méthodologie utilisée pour l’étude Toute cette étude sur le marché des semences certifiées de quinoa s’est réalisée sur la base d’entretiens auprès des institutions et des personnes liées à ce marché à différents niveaux. Il faut distinguer parmi ces acteurs, différents types d’institutions :

Les institutions de recherche comme les Universités (UMSA, UTO, UATF,...) et PROINPA

Les organisations de producteurs (comme la CADEQUIR) Les institutions administratives (INIAF, les Préfectures,...) Les institutions qui fournissent de l’assistence technique ou du financement

(FAUTAPO, INIAF,...) Les semenciers et producteurs

Tous les entretiens ont été réalisés sur la ville de La Paz ou lors des déplacements sur le terrain (cf. Liste des entretiens, Sources). Différents thèmes ont été abordés lors de chaque entretien de façon transversale :

Banques de semences et amélioration variétale Le rôle et les actions de chaque organisme rencontré en relation au sujet des

semences certifiées de quinoa Le marché des semences certifiées de quinoa Les pratiques et la gestion des semences par les producteurs Le marché des semences « non certifiées » Les processus de certification : les normes, les garanties, les contrôles et les

exigences Les variétés les plus cultivées et leurs caractéristiques

Les informations ont ensuite été confrontées par thèmes suivant trois grands axes :

La recherche, ses résultats et le lien de celle-ci avec la chaine productive La production et les producteurs de semences certifiées Le marché des semences certifiées et la réalité des pratiques des producteurs

de quinoa dans la région

Quelques supports documentaires, publiés par les institutions rencontrées ont été également utilisés pour éclaircir des doutes ou compléter les informations obtenues lors des entretiens. Les résultats de cette étude sont présentés dans les parties III), IV) et V), chacune correspondant à l’un des axes évoqués précédement.

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III) Les critères de sélection de variétés et semences de quinoa

Remarques préliminaires Tous les lieux cités dans ce document sont localisés sur la carte de l’ANNEXE 1. Il est important avant d’aborder le sujet des actions des institutions de recherche sur le sujet des ressources génétiques, biodiversité et sélection de variétés, d’éclaircir quelques points de vocabulaire. Les chercheurs, techniciens, producteurs et les institutions en général utilisent le terme variété uniquement pour celles qui sont issues d’un travail de caractérisation, sélection, éventuellement de processus d’amélioration et finalement de registre sur le « Registre National des Variétés » (« Registro Nacional De Variedades »). La variété a donc un nom d’usage attitré et officiel. Dans le cas où il s’agit de variétés locales qui n’ont pas subi ces processus, ou qui peuvent avoir des noms différents selon la région, on parle d’écotype et, on observe qu’en règle générale on associe variété à l’Altiplano Nord ou Central, et écotype à l’Altiplano Sud.

Pour parler des différents types de quinoa cultivés dans l’Altiplano Sud, on parle d’écotypes de la variété ou même de la « race » Quinoa Real (« Quinoa Royale »), alors que Quinoa Real veut juste dire « graine de grande taille, cultivée dans l’Altiplano Sud ». C’est donc un mélange d’un caractère phénotypique et d’une origine géographique.

Dans ce document, on utilisera le terme variété pour parler d’un groupe taxonomique inférieur à l’espèce partageant des caractères héritables, que celle-ci soit issue d’un processus d’amélioration et registre ou pas. On utilisera le terme écotype seulement en citation ou référence.

Finalement, on utilisera le terme d’amélioration variétale pour se référer au processus de sélection, accompagnée ou non de croisements, pour retrouver des caractères désirés et héritables sur une lignée d’individus. Ceci ne veut pas dire, que la plante obtenue est nécessairement « meilleure » puisque ces performances dépendront des conditions du milieu, et la notion de meilleur dépend des paramètres que l’on considère pour juger de ces performances. On cherche ici à savoir quelle est la relation entre les banques de semences de quinoa (« bancos de germoplasma »), la recherche en amélioration variétale et la production de quinoa, notamment de semences.

A) Les banques de semence et leurs rôles dans la sélection de variétés

Les banques de semences sont d’abord une collection de la grande diversité des variétés de quinoa qui existent sur l’Altiplano bolivien et ailleurs en Amérique Latine. Mais, ils peuvent aussi avoir un rôle actif en recherche. On compte quatre banques de semences de quinoa dans l’Altiplano dont trois (la Banque Nationale BNGGA-PROINPA, la banque de l’UTO et le CIPOCROMI) qui collectent des semences provenant de notre zone d’étude (la quatrième, celle de l’UMSA, ne contient que des

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échantillons poussant sur l’Altiplano Nord et Central). Par ailluers, il existe deux projets pour créer des nouvelles banques. On peut diviser les banques en deux catégories : actives ou passives selon qu’elles aient un rôle exclusif de conservation ou qu’elles participent activement à la recherche de nouvelles variétés ou tout au moins à la purification et multiplication de certains échantillons pour faire la promotion de leur utilisation.

BANQUES ACTIVES BANQUES PASSIVES BNGGA-PROINPA

Cette banque est celle qui a récupéré les travaux et les collections de l’ancien IBTA fermé en 1998 (géré par la fondation PROINPA depuis 2001). Elle contient 3121 échantillons différents, dont 9 d’espèces sauvages apparentées et 250 échantillons correspondant à l’Altiplano Sud. C’est le siège le plus significatif de la recherche en amélioration variétale, mais les variétés produites sont destinées à l’Altiplano Nord à l’exception de deux. Ils ont également travaillé dans la constitution de ce qu’on appelle un « noyau d’échantillons » (267 échantillons, soit 8,5% du total) qui est censé représenter 95% de la diversité des semences, basés sur des empreintes génétiques et des marqueurs, pour constituer un pool de caractères particuliers utilisé de façon privilégiée pour les croisements et la recherche en amélioration variétale.

Banque de l’UMSA Ils travaillent dans la zone de l’Altiplano Nord et Central et sur cette région ils ont été actifs dans la sélection et distribution de variétés améliorées (obtention de 6 variétés).

Banque de l’UTO

Ils conservent 1700 échantillons dont 450 partagés avec la BNGGA parmi lesquels presque la totalité de ceux de l’Altiplano Sud. Ils ont fait quelques travaux avec des doctorants sur la résistance au gel et à la salinité de quelques variétés sans pour autant avoir purifié et multiplié ces variétés. Ils travaillent dans l’établissement d’un protocole de multiplication in-vitro qui leur permettrait d’être une banque active et diffuser des semences.

Projet de la Préfecture d’Oruro Faire une banque à San Pedro de Totora, avec l’objectif de faire de l’amélioration variétale pour exporter des semences (projet à l’état d’élaboration)

Projet de l’UATF Faire une banque au Sud-ouest de Potosí (Mañica ou Llica) avec l’objectif de constituer une réserve de semences pour les producteurs, des variétés qu’ils utilisent pour leurs cultures. Le projet se détache de l’idée de collectionner le plus grand nombre possible de variétés, et préconise aussi l’idée d’avoir des quantités beaucoup plus grandes, capables de garantir un approvisionnement (projet en recherche de financement).

CIPOCROMI

Le centre se dédie presque exclusivement à la récollection d’échantillons. Ils en ont plus de 262 dont on n’a pas fait de comparaison avec les autres banques pour déterminer quel pourcentage de la collection elles possèdent en commun. Ils ont par contre travaillé avec la Fondation AUTAPO et quelques semenciers dans l’évaluation participative de quelques variétés.

Tableau 1: Les banques de semences et leurs rôles

Il y a un grand nombre d’institutions qui travaillent pour faire de la caractérisation des ces « écotypes » ou variétés de Quinoa Real, parmi lesquelles PROINPA, l’UTO, l’UATF, le CENTRO INTI et l’INIAF. Mais il n’existe aucune mise en commun des résultats et le même travail a été fait nombre de fois, vu qu’il s’agit en général des variétés les plus cultivées et recherchées par le marché international qui sont étudiées (en dehors des caractérisations systématiques des banques de semences sur presque tous leurs échantillons). Ces études de caractérisation reflètent l’intérêt que les institutions portent sur les variétés de Quinoa Real recherchées par le marché international et cette idée est appuyée par les critères

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que ces institutions utilisent pour sélectionner des variétés ou pour faire de l’amélioration génétique.

B) Les critères de sélection et les variétés recherchées

Il existe une très grande différence dans l’approche de la sélection variétale et la promotion d’utilisation des variétés de la part des institutions de recherche entre l’Altiplano Nord-Central et l’Altiplano Sud. Sur l’Altiplano Nord et Central, les institutions travaillent dans une optique d’incitation à la consommation de quinoa, et à la conservation de cette plante dans les rotations des agriculteurs. La problématique est complètement différente de celle qui se pose au Sud où l’on a une monoculture de quinoa destiné à l’exportation. On observe donc dans l’Altiplano Nord des initiatives de récupération de variétés locales d’utilisation traditionnelle, des expériences de conservation in-situ de ces variétés, et aussi une recherche orientée vers la sélection de variétés avec des caractéristiques nutritionnelles intéressantes, résistantes au mildiou (problème qui se pose uniquement dans cette zone) et si possible avec des graines de grande taille. Sur l’Altiplano Sud par contre, la question semble être celle de satisfaire le marché et donc produire des variétés qui répondent à ses exigences. En effet, parmi les institutions qui font de la sélection et/ou amélioration variétale (PROINPA, UMSA, le Programme de Semences de la Préfecture de Oruro, INIAF d’Oruro, etc.) on observe une priorisation des caractères recherchés très semblable. Une « bonne variété » doit avoir les caractéristiques suivantes :

• Graine de grande taille • Couleur uniforme, très majoritairement blanche • Rendement élevé • Cycle court dans la mesure du possible • Résistance au gel, à la sécheresse et à la salinité

Les critères essentiels recherchés concernent les caractéristiques des graines (grande taille, couleur uniforme et généralement blanche) et de façon secondaire les rendements et la longueur du cycle. Peu de travaux ont été faits en ce qui concerne les différents types de résistances aux stress du milieu, et aucun n’a aboutit à l’obtention de variétés améliorés qui puissent être cultivées sur l’Altiplano Sud (PROINPA a obtenu une variété résistante au gel pour l’Altiplano Nord, la « Chucapaca »). Le budget consacré à ces recherches est largement insuffisant et en fait, la recherche dans ces domaines se fait souvent dans le cadre de thèses et n’ont pas de continuité dans les programmes de recherche et de sélection des institutions. On remarque juste que, dans certaines des caractérisations réalisées sur les variétés commerciales la mention « moyennement tolérante au gel » apparaît ou pas parmi les caractéristiques. Il semble que la recherche de variétés précoces se soit accélérée ces dernières années avec l’incidence de plus en plus fréquente d’années très sèches et les prévisions de changement climatique qui accentuent cette tendance. L’idée serait d’obtenir des variétés (qui par ailleurs possèdent les caractéristiques de graine déjà mentionnées) qui puissent atteindre la maturité en 90 à 120 jours, ce qu’on appelle les « noventonas » *. Le cycle du quinoa dans cette région est généralement de 6 à 7 mois. Il n’existe pas de variété qui ait un cycle de 3 mois. Par contre, il semble qu’il y ait des agriculteurs qui ont déjà sélectionné et identifié des plants qui atteignent la maturité en 135 à 150 jours. Certaines institutions sont déjà en train de faire des travaux pour obtenir ou purifier des variétés à cycle court et les multiplier pour faire des semences. Par exemple, PROINPA veut obtenir une variété précoce, à graine de grande taille et blanche à partir de ségrégations naturelles de la variété « Canchis », qui possède en général des graines roses ou rouges. Ils on aussi déjà 1kg

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de « Lipeña » de 135 jours, pour faire des essais de stabilisation, purification et multiplication. De même, le Programme de Semences de la Préfecture de Oruro à déjà récupéré des graines d’une variété avec ces caractéristiques de la part d’un producteur à Salinas de Garci Mendoza. Néanmoins, il n’y a pas encore de semences à cycle court certifiées sur le marché. D’autre part, se pose la question de la qualité nutritionnelle des graines issues de ces plantes. Certains producteurs ne considèrent pas que ce soit un caractère à rechercher parce que le marché international risque de devenir de plus en plus exigent vis-à-vis du taux de protéines, d’acides aminés, etc., et à leur avis il y a incompatibilité entre qualité nutritionnelle et cycle court. Il n’y a pas d’étude faite sur ce sujet. Néanmoins, quelques initiatives se détachent de cette tendance générale. Les préoccupations sur la perte de biodiversité et la très grande diminution de la consommation de quinoa par les familles productrices et le reste de la population sur l’Altiplano Sud, sont à la base de quelques propositions différentes.

• Par exemple, la PROINPA a lancé une variété hybride (obtenue par croisement entre une variété de Quinoa Real à graines de grande taille et une variété sucrée de l’Altiplano Nord), la « K’osuña », qui a des graines de grande taille et un gout sucré, considéré favorable pour promouvoir l’autoconsommation (car le travail de scarification est moindre). Or son implantation n’a réussi que sur l’Altiplano central, et les agriculteurs qui l’utilisent ont quelques problèmes de prédation par des oiseaux (appétence des graines sucrées).

• L’INIAF de Oruro oriente aussi une partie de ses recherches vers la récupération de variétés locales, traditionnellement associées à un microclimat et un type de sol des versants. Cette gestion de précision est en train de se perdre et ils comptent mener des recherches pour essayer de récupérer ces connaissances.

• La Fondation AUTAPO, qui travaille avec des associations de semenciers (cf. § II.A) envisage l’idée d’implanter des variétés qui ont été délaissées par les agriculteurs et qui pourraient être utilisées pour diversifier les produits dérivés du quinoa. Il s’agit de la « Chillpi » qui possède des petites graines riches en gluten, la « Wallata » qui présente deux couleurs de graines, la « Koito» qui possède des graines marron rougeâtre, entre autres. Néanmoins, il semble difficile d’implanter de façon durable des variétés non recherchés par le marché international. Il semble que, dans ces cas, il faudrait assurer l’écoulement de la production dans le marché interne avec des produits transformés, comme des pâtes, de la farine ou du « pop corn ». Dans ce sens les institutions organisent aussi des foires et des expositions, en essayant de promouvoir les différents usages culinaires du quinoa.

Ces phénomènes restent cependant marginaux et ne suffisent pas à changer la tendance à axer la production autour de quelques variétés. On peut donc dire que les institutions recherchent des variétés avec les caractéristiques propres à satisfaire le marché international, qui exige des produits standardisés et uniformes dans leurs caractéristiques et leur qualité.

• Il faut néanmoins se demander quelle est l’importance des recherches de ces institutions dans la détermination des variétés de quinoa cultivées réellement, et quels sont les avantages ou les risques de cette approche de choix des variétés. Il est important de se demander également s’il y a une continuité entre les processus de promotion de certaines variétés et la production de semences, et quelles sont les méthodes de diffusion de ces variétés choisies auprès des producteurs.

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C) Le lien entre la recherche et les parcelles cultivées Toutes les institutions et les producteurs sont d’accord pour dire que le nombre de variétés ou « écotypes » différents cultivés dans la région à diminué et ne cesse de diminuer au cours des années. Une évaluation quantitative de cette perte de biodiversité est difficile car la distinction entre deux variétés est souvent subtile, parce que le quinoa présente des taux de ségrégation élevés et qu’aucun recensement ou catalogue de variétés ne remonte à l’époque antérieure à l’essor du quinoa. Il n’y a pas eu non plus de mise en commun de l’information détenue par les banques de semences (sauf entre la BNGGA et la Banque de l’UTO) pour savoir le nombre exact d’échantillons différents qui existent pour l’Altiplano Sud au niveau national. Or, on sait qu’il y a au moins 250 types différents de quinoa qui puisse être cultivée dans la région, et une quarantaine d’ « écotypes » de Quinoa Real. Chaque producteur gère un certain nombre de variétés, en général entre 5 et 8, dont certaines sont vouées à la vente et d’autres à leur consommation personnelle. Ces dernières sont de moins en moins cultivées puisque l’autoconsommation diminue progressivement. La très grosse majorité sinon la totalité des variétés cultivées sont du type « Quinoa Real ». Et, on peut citer celles qui sont le plus largement cultivées (on peut retrouver leurs caractéristiques principales sur l’ANNEXE 2):

Real Blanche « amarantiforme *» ou « Chojllo »

Real Blanche « glomerulada* » ou « Challa M’oko » Pandela Rosada (graines roses avant scarification)

Utusaya Toledo Puñete

Negra (graines noires) Rosa Blanca Pisankalla

Tableau 2: Variétés les plus largement cultivées

On a remarqué une soudaine hausse de la demande de la variété Negra il y a quelques années. Cet engouement aurait été liée à la fabrication de boissons. Cependant le phénomène ne semble pas s’être installée de façon durable (on assiste aujourd’hui à une baisse de la demande). Ce phénomène peut servir d’exemple pour montrer la relation qui existe entre la demande du marché (notamment international) et la réponse massive de culture des variétés capables de répondre à ses exigences. Il semblerait logique que les résultats de sélection, avec l’obtention éventuelle de variétés présentant des caractéristiques recherchées se reflètent par une augmentation de la part de ces variétés parmi celles qui sont cultivées dans la région. Or, la réalité semble être toute autre. Dans l’Altiplano Sud il n’y a pratiquement pas eu de variétés améliorées, les Universités, l’INIAF et PROINPA ont plus travaillé dans la purification et la multiplication d’ « écotypes » répondant à leurs critères pour créer du matériel à « haut potentiel génétique » (certifié ou pas) et promouvoir leur utilisation. La diffusion de leur matériel se fait souvent dans le cadre d’évaluations participatives, où, autour de 8 variétés qui ont été choisies, purifiées, multipliées sont cultivées dans des parcelles témoin en même temps qu’une ou deux variétés locales de la communauté où ils font l’évaluation. Les agriculteurs choisissent celles qui leur conviennent le plus de part leurs caractéristiques et la semence est alors distribuée. Les agriculteurs sont incités aussi à diffuser le matériel parmi les autres membres de la communauté ou des communautés voisines. Un des problèmes de cette démarche est qu’il y a rarement de retour sur les expériences des producteurs et les institutions ne font pratiquement aucun suivi de la gestion des semences. Les quantités distribuées sont faibles et les agriculteurs les mélangent avec d’autres semences. Certaines initiatives comme celle de FAUTAPO, d’intégrer de nouvelles variétés dans la production des semenciers retrouvent l’obstacle de l’approvisionnement initial en semences. Les banques possèdent en général que 60g par échantillon et ne peuvent pas fournir suffisamment de matériel. Une solution alternative envisagée par FAUTAPO est de négocier

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Note
ERRATUM - lire : "Or, on sait qu'il y a dans la région une quarantaine de variétés locales de quinoa du type Quinoa Real." (250 est le nombre d'échantillons, ou accessions, de quinoas de l'Altiplano Sud dans la banque de germoplasme BNGGA-PROINPA, cf. page 9).
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directement avec des agriculteurs pour leur acheter des semences des espèces qu’ils cherchent. On n’observe donc pas sur le terrain, au moins en ce qui concerne l’Altiplano Sud, l’utilisation de matériel issu des laboratoires de recherche ou des banques de semences à une échelle significative. Conclusion partielle On peut donc conclure que la recherche est orientée vers l’obtention de variétés et semences qui puissent satisfaire les demandes du marché international, en termes de produit. C'est-à-dire, des plantes qui produisent des graines de grande taille, de couleur uniforme, le plus souvent blanche. Les critères agronomiques les plus importants sont le rendement et la longueur du cycle de développement. Les résistances aux stress du milieu entrent de façon secondaire dans la liste des priorités, même si quelques institutions sont en train de leur accorder une importance accrue, comme l’INIAF d’Oruro. Il est compréhensible que ce soit une priorité d’assurer la vente de la production, et ceci notamment car les prix sont rémunérateurs à l’heure actuelle. Néanmoins, on ne peut pas négliger les risques liés à cette homogénéisation croissante. Non seulement on assiste à une perte de biodiversité (ce qui empêche la diversification des produits dérivés), des utilisations traditionnelles pour la consommation alimentaire et médicale, ainsi que des connaissances empiriques sur la correspondance entre un « écotype» et un microclimat des versants (« laderas »). L’homogénéisation des cultures entraîne aussi des risques liés au climat. Mais, il semblerait que cette homogénéisation croissante soit plus le fait de la sélection que les agriculteurs font au sein de leurs parcelles pour choisir leur semence, que l’influence réelle des recherches et de la sélection réalisée en laboratoire. En effet, la promotion des variétés sélectionnées ou améliorées et ses effets sont faibles, et on ne voit pas ces variétés représentées parmi celles cultivées par la majorité des agriculteurs.

Les semences proviennent donc dans leur grande majorité d’une source autre que la distribution faite par les centres de recherche. Reste à s’interroger sur la production de semences, qu’elle soit certifiée ou non certifiée. De même, il est essentiel de se pencher sur l’utilisation et la gestion que font les agriculteurs de leurs semences.

Pas de suivi de la part des institutions

Faibles quantités distribuées Mélange de semences

Culture et augmentation de la part de la variété sur le total des surfaces

X

StabilisationMultiplication

Variété purifiée ou améliorée

Purification Promotion

Évaluations participatives

Banque de semences

Croisements Hybridation

Illustration 2: Processus d'obtention de variétés et de semences

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IV) Les producteurs et la production de semences certifiées de quinoa sur l’Altiplano Sud

La production de semences de quinoa a commencé il y a environ 6 ans sur l’Altiplano Sud. C’est une activité récente. Pour d’autres cultures comme la pomme de terre, le maïs ou le soja, ces filières existent depuis plus longtemps et sont déjà consolidées. Il faut s’interroger sur l’organisation de cette filière d’un point de vue technique, mais aussi prêter une attention particulière aux causes et conséquences de sa mise en place, ainsi que des perspectives envisageables. Remarques préliminaires Par souci de clarté on utilisera le terme quinoa commercial pour se référer au quinoa produit pour être vendu sous forme de grains dans le marché interne ou international. On appellera semenciers les producteurs de semence dont la production vise à approvisionner les producteurs de quinoa commercial. On les distingue des institutions comme PROINPA qui produisent des semences dans un objectif de diffusion, mais pas d’approvisionnement (et qui se situent plutôt au niveau d’approvisionnement des semenciers et non pas des producteurs de quinoa commercial).

A) Des semenciers organisés en associations La production de semences certifiées de quinoa est réalisée dans sa presque totalité par des associations de producteurs. On compte trois associations principales de semenciers dont les caractéristiques peuvent être regroupées sur le tableau suivant :

LOCALISATION * NOMBRE DE SEMENCIERS

NOMBRE DE SEMENCIERS AYANT CERTIFIE LEUR PRODUCTION

PENDANT LA CAMPAGNE 2008-2009

Association de Producteurs de Semences Biologiques de Quinoa Real – Salinas de Garci Mendoza « Suma Jatha Juira » (APSQUIOSA)

Salinas de Garci Mendoza, Ladislao Cabrera, ORURO

10 dont 5 sur la

communauté de Lia

5

Association de Producteurs de Semences Biologiques de Quinoa Real- Uyuni K (APSOCQUIRU)

Uyuni K, POTOSÍ 22 18

Association Communale de producteurs de Quinoa real – Copacabana (ACOPROQUIRCO)

Copacabana, POTOSÍ 18 5

Tableau 3: Caractéristiques des associations de semenciers

Chaque semencier possède entre 4 et 20 ha dont seulement entre 0,20 et 1 ha (souvent 0,25 ou 0,5 ha) sont dédiées à la production de semences. Le reste est dédié à la culture de quinoa commercial. Ils produisent tous des semences dites biologiques («orgánicas »). On obtient à peu près 10 quintaux de semence par ha.

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Texte surligné
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Toutes ces associations reçoivent de l’assistance technique et financière pour la production de leurs semences, de la part de FAUTAPO et de l’INIAF. D’après les semenciers rencontrés pour les trois associations, ce sont les institutions qui les ont incités à s’organiser et produire des semences. Et, le choix des communautés n’a pas été aléatoire.

• APSQUIOSA est l’association la plus ancienne, ils ont travaillé préalablement avec l’UTO et leur localisation est stratégique car Salinas de Garci Mendoza est la zone où est produite la plus grande quantité de quinoa. Le désavantage de leur production par rapport à celle des autres associations est que les graines sont plus petites.

• L’association de producteurs de Copacabana fut crée car leurs semences ont des avantages comparatifs par rapport aux autres. En effet, les précipitations sont très rares dans cette zone et leurs semences résistent relativement bien à la sécheresse bien qu’elles n’aient pas été sélectionnées pour ce caractère.

• Et à Uyuni K, on trouve des sols particulièrement limoneux pour la région qui permettent d’avoir des bons résultats dans la production de semences en termes de rendement et uniformité des graines

L’assistance technique fournie commence avec la préparation du sol et se termine avec la commercialisation. Comme on le verra au paragraphe II)B) la production de semences requiert un itinéraire technique différent et le rôle des techniciens est de former les producteurs à le suivre précisément. D’autre part un des objectifs de FAUTAPO est de financer la certification les premières années, jusqu’à ce que les associations soient consolidées et la production stabilisée (aujourd’hui ils financent encore la certification pour toutes les associations). FAUTAPO aide également les producteurs en ce qui concerne la commercialisation. Pour ce faire, ils financent leur participation à certaines foires et marchés, et les forment à vendre leurs produits. Par ailleurs, ils les ont équipés avec des tamis pour trier les semences. L’INIAF essaie aussi d’aider à renforcer la structure des associations. D’autre part, les préfectures d’Oruro et de Potosí ont des projets de production de semences. Pour la préfecture d’Oruro il s’agirait de travailler avec 25 nouveaux semenciers. Ils possèdent déjà suffisamment de semences pour cultiver 50 ha (ils l’ont notamment achetée aux associations citées ci-dessus). Pour la préfecture de Potosí, il s’agit d’un projet qui voudrait installer suffisamment de semenciers pour couvrir toute la surface cultivée de quinoa commercial. Il s’agirait selon leurs calculs en 2005, de 685 ha dédiées à la production de semences si tous les agriculteurs devaient acheter leurs semences tous les ans (ils considèrent dans la définition de leur projet un taux de renouvellement des semences qui diminuerait cette surface mais qui n’est pas détaillé). Ce projet est en attente de financement depuis 2005. On peut aussi remarquer l’existence de quelques producteurs qui travaillent individuellement. Ils ne sont pas nombreux et ceci peut être expliqué du fait que :

• La formation d’associations de semenciers c’est faite par incitation des institutions et la même incitation ne s’est pas faite pour des producteurs individuels.

• L’assistance technique est moindre du fait de la grande distance qui sépare les communautés dans cette région (les assistants se déplacent plus facilement pour une dizaine de producteurs que pour un seul).

A Llavica, il existait aussi une association de producteurs qui a cessé de travailler car ils ont eu du mal à s’organiser et à obtenir la certification. Néanmoins, quelques producteurs continuent à y travailler de façon indépendante. Pour l’instant il n’existe pas d’entreprises privées dans ce domaine.

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B) Une production délicate L’itinéraire technique pour la production de semences est plus compliqué que celui du quinoa commercial. Sans rentrer dans les détails, il y a des étapes clés à considérer pour comprendre la difficulté de cette production :

• Semis : on ne peut semer que des graines sélectionnées, de grande taille (>2,5mm de diamètre).

Les semences utilisées par les semenciers ne proviennent pas des institutions de recherche comme PROINPA ou les Universités (on a vu au chapitre I le manque de continuité entre la production de semences au niveau recherche et leur culture en plein champ). Elles proviennent d’un processus de sélection à partir de la propre production des agriculteurs selon les critères de taille, uniformité en couleur et en temps de maturation ainsi qu’en vigueur des plantes. Ce processus met en général 3 ou 4 ans, après lesquels les producteurs peuvent accéder à la certification de leurs semences (détaillée au § II.C.). Ce qui veut dire en fait que si la production de semences a commencé il y a six ans environ, on trouve des semences certifiées à la vente sur le marché que depuis deux ou trois ans. Les variétés ou « écotypes » cultivés sont les mêmes que ceux pour la vente de quinoa commercial (ce qui semble logique puisque l’objectif des semenciers et d’approvisionner les producteurs de quinoa commercial avec les variétés qu’ils souhaitent cultiver).

• Désherbage : les normes de certification sont très strictes en ce qui concerne les mauvaises herbes. Le désherbage est manuel (il s’agit d’une production biologique)

Il faut rajouter au désherbage l’élimination des plantes dites « atypiques » que l’on trouve en quantité assez importante du fait du haut taux de ségrégation du quinoa. Ces plantes sont celles qui ont des graines de couleurs autres que celle recherchée, ou une forme d’épi différente.

• Sélection des meilleures plantes : se fait selon le critère de maturité physiologique. Lorsque l’on récolte du quinoa commercial, on ne fait pas cette distinction.

• Post-récolte : c’est l’étape la plus délicate. Il faut s’assurer de garder uniquement des graines de grande taille, et de couleur uniforme.

La petite taille des graines fait qu’un tri manuel soit impossible. Il faut donc faire particulièrement attention à ne pas mélanger les différentes variétés car les producteurs utilisent souvent les mêmes sacs, et les mêmes machines pour battre le grain (« venteadoras *»). De plus, il faut trier les semences avec des tamis qui laissent passer uniquement les graines inférieures à 2mm de diamètre. Cette étape est souvent celle qui fait défaut pour l’acquisition de la certification, et en plus, si tel est le cas, les semences sont rejetées alors que les inspections de champs ont déjà été payées. Le fait que la production soit biologique pose le problème de la lutte contre les ravageurs et les maladies (qui se fait en théorie sans recours à des produits phytosanitaires mais à l’aide de mélanges de plantes ou de pièges). Ce problème se pose également pour la production de quinoa commercial, mais les exigences des certificateurs font que cette étape soit également plus compliquée dans le cas de la production de semences.

C) Un seul processus de certification des semences de quinoa

La certification de semences est prise en charge par une unique institution publique. Jusqu’il y a un an c’était l’ORS, présente dans chaque département du pays. Depuis janvier 2009, les ORS n’existent plus et c’est l’INIAF qui est compétent pour registrer les producteurs et les variétés ( Registres Nationaux) ainsi que pour certifier les semences.

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On ne rentrera pas ici dans le détail des dispositions juridiques qui réglementent la certification mais il est important de comprendre les exigences à satisfaire pour pouvoir accéder à la certification, ainsi que les garanties pour le consommateur que celle-ci implique.

• Il faut qu’il existe une Norme Spécifique de Certification pour l’espèce considérée. C’est le cas pour le quinoa (cf. ANNEXE 3)

• Il faut que le lot certifié corresponde à une seule variété, et que celle-ci soit inscrite sur le Registre National de Variétés (qui existe pour chaque espèce cultivée possédant une Norme Spécifique de Certification).

• Il faut que le producteur en question soit registré en tant que semencier sur le Registre National.

• Il faut payer et passer deux inspections en plein champs où l’on vérifie : Uniformité en couleur et forme des épis Uniformité en temps de maturation et taille des plants Vigueur Absence de ravageurs

• Il faut payer et passer une analyse d’échantillon en laboratoire : Uniformité en couleur et taille (>2mm de diamètre) des graines (pureté) Taux de germination supérieur à 80% Humidité inférieure ou égale à 13%

La garantie pour le consommateur concerne les caractéristiques des graines (taille et uniformité) et le taux de germination, mais avec les conditions climatiques imprévisibles et souvent extrêmes de cette région la germination est souvent une étape difficile qui ne dépend pas uniquement de la qualité des semences (il faut notamment prendre en compte l’érosion éolienne qui peut recouvrir les semences). Si l’on compare le nombre de producteurs membres de chaque association et le nombre de producteurs qui réussissent à avoir la certification de leur production, on observe qu’il y a presque la moitié des producteurs qui n’obtient pas la certification (en ce qui concerne les chiffres pour la campagne 2008-2009). Ceci peut être expliqué par plusieurs raisons :

• Chaque association décide au début de la campagne agricole, quels seront les producteurs qui vont demander la certification et quelles variétés seront cultivées sur chaque parcelle. Ainsi, toutes ou presque toutes les variétés sont cultivées chaque année (cf. Tableau 2). Certains producteurs ne sollicitent pas la certification pour une campagne donnée possiblement car ils considèrent ne pas être en mesure de passer les contrôles (notamment par des problèmes de ravageurs).

• Quelques producteurs sont encore à l’étape de transition, de sélection d’année en année pour purifier les semences et pouvoir certifier leur production. Souvent ils demandent la certification sans succès car les graines ne sont pas uniformes en taille et couleur.

• Selon les institutions comme l’INIAF et FAUTAPO qui se chargent de l’assistance technique et des contrôles en plein champs, les agriculteurs ne font souvent pas les efforts nécessaires pour éliminer les plantes atypiques de leurs parcelles et pour séparer les variétés. En effet, la norme prévoit en général une distance de 2 mètres entre deux variétés pour éviter des contaminations possibles ou des mélanges lors de la récolte. De même, ils conseillent aux semenciers de ne pas gérer plus de trois variétés sur leurs parcelles. La post-récolte est aussi une étape pendant laquelle beaucoup de producteurs ayant passé les premiers contrôles perdent la certification du fait de mélanges (cf. § II.B.).

Apparemment, les techniciens et les certificateurs ont été flexibles avec les exigences ces dernières années (notamment en termes de taux de germination et pureté) car les producteurs sont en formation et n’ont pas encore la technicité nécessaire pour mener leurs semences jusqu’à la certification à chaque campagne. Mais ils comptent devenir de plus en plus stricts vis-à-vis du respect des normes au fur et à mesure que les associations et la production se consolident.

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Un problème qui reste à résoudre est la question de la certification biologique des semences. Une grande partie de la production de quinoa commercial de la région est certifiée biologique, et donc théoriquement les producteurs ont besoin de semences garanties biologiques. Or, la certification des semences par l’INIAF se veut une certification uniquement de qualité et n’inclut pas dans ses normes, des normes spécifiques pour la production biologique. Ceci fait que les producteurs se voient obligés de produire des semences biologiques pour assurer leur vente, mais sous des normes de contrôle non nécessairement adaptées. FAUTAPO est en train de demander à l’INIAF, la création de ces normes et d’une certification spécifique de « semences certifiées biologiques » pour la campagne 2009-2010. D’autre part, il existe plusieurs types de semences certifiées avec différents rangs dépendant de l’espèce et de ses caractéristiques de reproduction. Ces rangs sont déterminés par l’INIAF dans les Normes Spécifiques de Certification pour chaque espèce. A chaque génération une semence diminue son rang d’une unité, et le nombre de générations possibles en partant du plus haut rang, avant la « dégénération » de la semence, détermine le taux de renouvellement minimal des semences (c’est à dire les nombre maximal d’années où l’on peut réensemencer les parcelles avec la récolte précédente sans perdre toutes les caractéristiques des semences). Pour le quinoa on peu avoir jusqu’à 4 générations en partant des semences dites « Basiques », (première génération après l’obtention de semences en laboratoire ou équivalentes en qualité, dites « Génétiques », cf. ANNEXE 3). L’approvisionnement des semenciers en semence « Basique » est normalement à charge de ce qu’on appelle des « mainteneurs » (« mantenedores *») de variétés. Pour l’instant il n’y en a pas, il y a uniquement des producteurs présélectionnés par l’INIAF et FAUTAPO pour le devenir. La mise en place d’un certain nombre de mainteneurs dans les régions semencières est un problème à résoudre par les institutions qui souhaitent mettre en place des grands projets de production de semence (comme les préfectures d’Oruro et de Potosí), pour garantir l’approvisionnement des semenciers en semences uniformes et de qualité.

D) Les objectifs et les effets de la production de semences certifiées de quinoa

Les institutions qui ont incité les producteurs à s’organiser pour produire des semences et toutes celles qui ont des projets de production de semence s’inscrivent dans la logique de satisfaire le marché international, qui recherche un produit avec des caractéristiques précises et uniformes. Leurs objectifs sont :

• Augmenter les rendements par l’utilisation de semences de qualité, suite au constat de la diminution des rendements des dernières années.

• Assurer l’accès au marché d’exportation par la production de graines homogènes et répondant aux caractéristiques requises par ce marché.

• Augmenter les revenus des familles productrices (directement pour les semenciers, indirectement pour les producteurs de quinoa commercial au travers de l’augmentation des rendements).

Puisqu’il s’agit d’une filière récente il résulte difficile d’évaluer les résultats et de savoir si les objectifs de ces projets seront atteints. Et, ceci pour les trois objectifs car :

• L’augmentation des rendements ne dépend pas que de la qualité et des caractéristiques des semences.

• Les exigences du marché peuvent évoluer et il faudrait alors prévoir des adaptations possibles, notamment en ce qui concerne les variétés et donc résoudre le problème d’approvisionnement et de lien avec la recherche.

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• Les revenus des familles de semenciers dépendent de l’existence d’une demande stable, la consolidation d’un marché de semences certifiées et le maintien de prix rémunérateurs pour les semences. D’après l’INIAF de Potosí, le coût de production d’un quintal de semences s’élève à 800 Bs, contre 550bs pour un quintal de quinoa commercial. D’où le besoin de maintenir des prix élevés (un quintal se vend aujourd’hui entre 1100 et 1250 Bs, presque le double d’un quintal de Quinoa Real commercial).

En ce qui concerne les effets, il y a très peu de recul pour pouvoir les observer effectivement. On peut par contre envisager des effets possibles, notamment grâce aux quelques expériences qui existent déjà :

• La production de semences ne concerne que quelques variétés, celles qui sont le plus cultivées. De plus, les critères pour juger de ce qu’est une « bonne semence » se basent sur l’uniformité. On peut donc entrevoir que si la production de semences devenait massive et, l’achat de semences généralisé, ceci contribuerai à la perte de biodiversité qui existe déjà dans la région.

• À Challavinto, pour la campagne 2007-2008 toute la récolte fut perdue à cause de la sécheresse. Ils avaient semé des semences certifiées et considèrent que s’ils avaient fait un mélange, peut être qu’une partie de la récolte aurait pu être sauvée.

Ceci illustre les risques de l’homogénéisation lorsque les critères de sélection n’ont pas pris en compte une adaptation à des conditions pédoclimatiques particulières (il pourrait en être de même en ce qui concerne les ravageurs et les maladies). Les conditions climatiques (notamment la pluviométrie) sont très variables dans cette région et il semblerait logique dans ce contexte de relier type de semence et emplacement géographique.

• Par contre, il y a eu d’autres expériences positives (en termes de taille et couleur des graines, ainsi qu’en temps de maturation mais pas vraiment en rendement) de la part de producteurs qui achètent des semences tous les ans (ils sont très peu nombreux).

• Il semblerait que pour l’instant les familles de semenciers soient satisfaites puisque le prix de vente est largement supérieur à celui du quinoa commercial, mais puisqu’ils ne payent pas encore la certification ni les déplacements nécessaires pour la promotion et commercialisation de leur produit il résulte difficile de conclure sur ce point.

• On peut considérer également que le développement de la filière serait générateur d’emploi en certification et plus tard éventuellement en emballage, distribution, commercialisation, etc. Pour les producteurs il s’agit d’une diversification de la production et pas d’une création d’emploi, puisqu’il n’existe pas pour l’instant de semenciers dédiés exclusivement à cette activité.

• Certains considèrent que la mise en place d’une filière de semences de quinoa accélère l’avancée de la frontière agricole (même si elle n’est pas nécessaire pour que cette frontière avance). Cette considération vient du fait que la filière des semences permet d’approvisionner des nouveaux agriculteurs.

Conclusion partielle La production de semences certifiées de quinoa est très récente, elle ne concerne aujourd’hui pas beaucoup plus de 50 familles. Mais avec les projets menés par les institutions et les gouvernements locaux, il est probable que ce nombre s’accroisse dans les années à venir. La production de semences rencontre un certain nombre de difficultés techniques qui ne permettent pas à tous les semenciers de certifier leur production tous les ans. Il semble qu’il y a des problèmes à résoudre surtout en ce qui concerne la post-récolte et le tri des semences. Il est important aussi de signaler que pour l’instant il n’y pas de semences certifiées biologiques, même si toutes les semences produites, le sont pour le marché de production biologique de quinoa commercial. D’autre part, il est encore tôt pour évaluer les résultats et les effets de cette production.

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IRD Quinoa
Note
Quintal de quinoa = 46,7 kg !!!
IRD Quinoa
Note
840 Bs le quintal de quinoa conventionnel fin 2008 (J. Bourliaud in O. Puschiasis)
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Texte surligné
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Texte surligné
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Il est indéniable que la production de semences peut être une source intéressante de revenus pour les familles (même si pour l’instant ils ne sont pas confrontés aux dépenses liées à la certification), mais l’orientation de cette production risque d’aggraver la perte de variétés locales de quinoa et entraîne une série de risques pour la production liés à l’homogénéisation des plantes (et donc de leurs réponses aux stress du milieu, aux ravageurs et aux maladies). Le lien qui pourrait exister entre la mise en place d’une filière de semences de quinoa et l’accélération de l’avancée de la frontière agricole n’est pas encore établi, mais il ne faut pas négliger cette hypothèse.

?

Registre du producteur en

tant que semencier

Contrôle Contrôle Contrôle

laboratoireparcelles 1 parcelles 2

Il reste à s’interroger sur les acheteurs de ces semences, le marché et ses perspectives. De même, il est important de se demander si toutes les semences commercialisées sont certifiées. Il existe d’autres voies d’utilisation et gestion des semences, traditionnelles ou pas, qu’il est essentiel de connaître.

V) Le marché des semences certifiées et non certifiées

A) Le marché des semences certifiées de quinoa aujourd’hui Il est indispensable de s’interroger sur la demande de semences certifiées de quinoa, d’autant plus que les institutions semblent être convaincues de l’intérêt et l’importance de développer cette filière. Qui sont les acheteurs de semences certifiées de quinoa ? On peut distinguer plusieurs catégories d’acheteurs principaux :

• Les institutions elles mêmes (comme les Préfectures, les Universités, la Fondation Altiplano…) et les ONG qui travaillent sur le terrain. Leurs objectifs sont divers: la recherche, des projets propres de production de semences (c’est le cas de la Préfecture d’Oruro), une volonté d’incitation à l’utilisation par distribution dans une communauté ou un groupe de producteurs, entre autres. Ce sont ces institutions et les ONG qui sont les acheteurs principaux de semences certifiées. Dans cette même optique de promotion de l’utilisation de semences certifiées, ANAPQUI achète aussi régulièrement des semences.

Quel marché?

Demande de certification

Post-récolte

(battue, tri)

Élimination de plantes atypiques, contrôle des

ravageurs

Campagne agricole

Récolte(meilleurs

plants)

Refus de la certification

Acquisition de la certification

3 ou 4 ans de sélection à partir de ses propres

semences, d’une variété registrée

Semis (graines

sélectionnées)

Commercialisation

Illustration 3: Processus de certification

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• Les nouveaux producteurs, souvent d’autres départements qu’Oruro et Potosí, par exemple La Paz, Tarija ou Chuquisaca (qui ont aussi une partie d’Altiplano où l’on peut potentiellement cultiver du quinoa). Apparemment, il y aurait des nouvelles régions dans ces départements où l’on essaie de produire du quinoa et pour ce faire les producteurs sont en train de tester les variétés de Quinoa Real produites sur l’Altiplano Sud. D’après certains semenciers, ces expériences n’auraient pas été satisfaisantes à cause de la différence des conditions climatiques et les maladies. Il existe aussi des nouveaux producteurs qui s’installent sur l’Altiplano Sud et qui achètent des semences certifiées.

• Des producteurs individuels achètent des semences mais en très faible quantité. En général 2 ou 4 kg (c’est-à-dire 1 ou 2 sacs de semences), et ils mélangent ces semences aux autres qu’ils utilisent pour ensemencer leurs parcelles. Quelques rares producteurs achètent de quoi ensemencer toute une parcelle, mais pas nécessairement tous les ans car ils considèrent que la qualité des semences se conserve pendant plusieurs campagnes. le prix des semences empêche également les agriculteurs d’en acheter systématiquement.

• Pour l’instant il n’y a pas vraiment d’entreprises privées qui achètent des semences certifiées.

Les quantités certifiées sont relativement faibles. D’après le rapport d’activité de 2007 de l’INIAF (le rapport 2008 n’a pas encore été publié), il n’y a pas eu de certification pour l’Altiplano Sud (1,58 tonnes pour l’Altiplano Nord), à part quelques tonnes de Quinoa Real « Certifiée B » (cf. ANNEXE 3, fin du document). On peut évaluer les quantités certifiées en 2008 à environ 1,5 tonnes de la façon suivante :

Les semenciers des trois associations que l’on a présentées au § II.A ont produit l’équivalent de 12 ha de semences certifiées (on considère des rendements moyens de production de semences de 10 quintaux par ha, chiffre de FAUTAPO). (12 ha des associations de semenciers + 3 ha de producteurs individuels, chiffre arbitraire) x 10 quintaux/ha = 150 quintaux.

La totalité de la production des associations de semenciers à été écoulée en 2008. Il faut néanmoins considérer deux facteurs importants :

• D’un côté, le rôle que FAUTAPO joue dans l’aide à la commercialisation est clé pour écouler la production sur des foires ou en faisant le lien avec des institutions telles que les Universités. Tous les coûts de déplacement des producteurs pour la promotion de leur production sont pris en charge pour l’instant. Il est pertinent de se demander si lorsque les agriculteurs devront se déplacer par leurs propres moyens, ils seront aussi présents dans ce type d’évènements ou sur les marchés. Les distances entre certaines des communautés productrices de semences (par exemple Copacabana) et les centres de commercialisation (comme Challapata) sont grandes et les moyens de transport sont rares.

• Les quantités de semences certifiées qui sont mises sur le marché ne reflètent pas forcément la quantité de semences produites. Un producteur inscrit une parcelle pour la certification et non pas un volume, il paye la certification à l’hectare avec des limitations de taille par parcelle (cf. ANNEXE 3). Une fois qu’il a obtenu la certification il fait certifier le volume qu’il souhaite provenant de cette parcelle. Entre la demande et l’obtention de la certification, il y a un certain temps d’attente, et il coïncide pour certains semenciers avec le moment où il faut payer la récolte au « tractorista ». Donc, il arrive qu’ils vendent une partie de leurs semences comme quinoa commercial pour avoir la liquidité nécessaire pour payer le service. Il faut rajouter à ça une partie des semences qui sont vendues sans être certifiées. A l’intérieur des communautés et entre communautés voisines, les semenciers vendent

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des semences par poignées, en très petites quantités (ils les vendent à 5 ou 10 bs*). Les volumes impliqués ne sont pas importants, pour l’instant les agriculteurs sont en train de tester ces semences.

Il faut donc se demander si toutes les semences seraient vendues si elles étaient certifiées sachant qu’un effort particulier de la part des institutions est fait pour les commercialiser.

Par ailleurs, toutes les communautés où il y a des associations de producteurs ne vendent pas la même quantité de semences. À Copacabana et Uyuni K, la vente de semences se fait plus facilement malgré la distance qui sépare ces dernières des marchés car les graines qu’ils proposent sont plus grandes et puisqu’elles ont poussé dans des conditions de sécheresse et de froid extrême elles sont considérées plus résistantes. À Salinas de Garci Mendoza ils ont un peu plus du mal à vendre les semences du fait de leur relative petite taille. Par conséquent, les phénomènes de vente sans certification et comme quinoa commercial semblent être plus importants.

Le marché des semences certifiées de quinoa apparaît pour l’instant faible et artificiel sachant que des organisations comme ANAPQUI ou les Préfectures se chargent de générer la demande, et d’autres comme FAUTAPO se chargent de la commercialisation et du financement. Il est aujourd’hui dur de dire si sans la présence de ces institutions la filière continuerait d’exister ou pas. Reste à s’interroger sur les raisons pour lesquelles le marché des semences certifiées est si réduit. Une des raisons importantes à prendre en compte est la faible quantité de semences requise pour ensemencer un hectare. D’après les sources les chiffres varient, mais on peut considérer qu’il faut entre 6 et 8 kg pour un semis manuel et jusqu’à 3 ou 4 kg pour un semis mécanisé (chiffres de PROINPA pour le semis mécanisé). Donc, il n’est pas indispensable pour les producteurs d’acheter des semences pour ensemencer leurs parcelles, même s’ils élargissent leurs surfaces d’une campagne à la suivante. La très grande majorité des semences qui ont servi pendant les vingt dernières années à soutenir l’avancée de la frontière agricole ne proviennent pas d’un processus de production de semences certifiées (leur provenance sera détaillée au § III.B). Ce facteur est même pris en compte par les institutions dans leurs prévisions et ils considèrent que les trois communautés productrices de semences sont suffisantes pour approvisionner toute la région, et c’est pour ça que le choix des communautés doit être justifié et raisonné. À l’intérieur de ces communautés de nouveaux membres semblent vouloir s’ajouter aux associations, car le prix de vente des semences permet d’avoir une source de revenus intéressante. Ceci pourrait aller dans le sens d’un développement de la filière, à condition de retrouver la demande nécessaire. D’après les institutions comme FAUTAPO ou l’INIAF, plusieurs raisons, autres que la faible quantité de semences requise pour ensemencer un hectare, peuvent expliquer la faiblesse de ce marché :

D’abord le fait qu’il soit récent, et en comparant avec celui des semences de pomme de terre il faudrait attendre une dizaine d’années pour voir les résultats.

Il y aurait aussi un problème lié au fait que les semences ne sont pas certifiées biologiques. Ceci entrainerait une certaine méfiance des producteurs vis-à-vis des semences.

Des résultats sur l’efficacité de ces semences ne sont pas encore connus

du fait du mélange de semences réalisé souvent par les agriculteurs et des faibles quantités utilisées. Donc, au vu du prix des semences certifiées, les producteurs ne prennent pas de risques.

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Texte surligné
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B) La gestion des semences par les agriculteurs Jusqu’il y a quelques années, presque aucune des semences utilisées par les agriculteurs ne provenait d’une production spécifique, ni subissait un processus de certification. Comme on l’a signalé au paragraphe précédent, l’avancée de la frontière agricole ne requiert pas une telle filière du fait de la faible quantité de semences nécessaire pour le semis. Les agriculteurs ont toujours eu des méthodes de gestion de leurs semences, même si certaines institutions semblent affirmer le contraire. On entend souvent dire qu’une production de semences certifiées est nécessaire parce que les agriculteurs ne savent pas sélectionner leurs semences ou qu’ils ne les sélectionnent pas. Il est possible que ces méthodes soient en train de se perdre avec l’uniformisation des cultures et les changements dans la structure sociale qui rendraient plus difficile la transmission des connaissances. Mais, même si la situation était telle, on ne peut pas négliger les phénomènes de sélection et de gestion qui existent depuis très longtemps. La plupart des semenciers eux-mêmes, utilisent des semences issues de leurs parcelles commerciales et non pas leurs semences certifiées. L’information sur ce sujet n’est pas facile à trouver, et certaines institutions comme l’INIAF d’Oruro et AVSF ont décidé de travailler sur ce thème et retracer « le chemin des semences ». L’idée serait de déterminer le cycle de vie des semences et leur gestion. Déjà, il est important de signaler que les semences de quinoa peuvent se conserver pendant très longtemps en restant viables. D’après les entretiens réalisés, si les conditions de stockage sont appropriées (milieu sec et froid) les semences peuvent se garder jusqu’à 15 ans sans problème. De même, il semblerait qu’une assez grande proportion des producteurs garde une quantité de semences suffisante pour assurer les semis de plusieurs campagnes. Ces semences proviennent d’un processus de sélection qui commence par un marquage des plantes les plus vigoureuses (on prend en compte la longueur et le diamètre des tiges) et libres de maladies et ravageurs. Les critères de sélection des producteurs varient certainement avec le temps et aujourd’hui la satisfaction du marché international en termes de caractéristiques des graines joue un rôle majeur (graines de grande taille, rondes et de couleur uniforme, souvent blanche). De même, la mécanisation de la production et notamment de la récolte impose des nouveaux critères à prendre en compte (comme un faible nombre de ramifications pour rendre la récolte au sécateur plus facile). Une fois les graines sélectionnées, elles peuvent être semées à la campagne suivante, stockées pour des campagnes postérieures ou être échangées ou vendues. L’échange et le don de semences semblent être des processus fréquents mais qui diminuent avec le temps. Par exemple, lors des fêtes ou événements importants tels que des mariages ou des naissances, il est fréquent d’offrir des semences comme cadeau. La vente est aussi relativement fréquente entre régions où la récolte à été bonne et d’autres où elle a été mauvaise. Les types d’échange et la circulation des semences semblent être des phénomènes assez divers et relativement complexes à étudier. D’autre part, contrairement à ce qu’on pourrait croire lorsqu’il s’agit de communautés andines où le collectif joue un rôle souvent très important, il n’y a pas de gestion collective des semences, mais une sélection au niveau de l’unité de production uniquement. Par contre, la solidarité entre membres d’une communauté s’applique aussi aux semences en cas de récolte catastrophique pour une famille. Il semblerait aussi que de nouveaux phénomènes accompagnent l’essor du quinoa, en ce qui concerne la circulation des semences. D’après un doctorant de l’UTO, les tractoristes seraient un vecteur de transport et vente de semences entre des « anciens » et des nouveaux producteurs qui auraient besoin de semences. Un point très important à signaler est celui de la lutte contre les risques. Dans un climat extrême et imprévisible comme celui de l’Altiplano Sud, la lutte contre les risques climatiques est essentielle. Traditionnellement, ceci se faisait en partie par le contrôle vertical de plusieurs étages écologiques et par la diversification de la production. Aujourd’hui avec la monoculture de quinoa et l’uniformisation des cultures, les risques pour l’unité de production sont très

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importants. Le mélange de variétés tant critiqué par les institutions et les assistants techniques est aussi une forme de lutte contre les risques, puisque les différentes variétés de quinoa ont des niveaux différents de résistance aux stress du milieu (de même en ce qui concerne les maladies et les ravageurs). Ce mélange est pour l’instant possible car le marché n’exige que des caractéristiques morphologiques des graines et non pas une pureté variétale.

Nouveaux producteurs de

quinoa

On peut donc dire que la plupart des agriculteurs continue à sélectionner des semences à partir de leurs propres parcelles par différentes méthodes, et avec des critères qui évoluent au cours du temps. Il existe également des phénomènes d’échange, vente et plus généralement des flux de semences assez complexes, qui s’accompagnent souvent d’un stockage qui peut durer très longtemps. Dans ce contexte, quelles sont les perspectives envisageables pour le marché des semences certifiées de quinoa ?

C) Perspectives du marché des semences certifiées de quinoa sur l’Altiplano Sud bolivien

Il semble logique que pour que le marché des semences certifiées de quinoa puisse se développer de façon indépendante (c’est-à-dire sans le soutien financier et technique des institutions qui jusqu’aujourd’hui organisent la filière), il faudrait que la demande se consolide. C’est-à-dire que les acheteurs soient des agriculteurs ou des groupements de producteurs et non pas les institutions mêmes qui essaient de mettre en place la filière. Quelles sont les conditions nécessaires pour que ceci puisse se produire ?

• Il faudrait que le marché évolue de telle sorte que les mélanges de variétés ne soient pas acceptés, ou que les caractéristiques nutritionnelles et/ou variétales se superposent aux caractéristiques morphologiques des graines parmi les exigences des acheteurs de quinoa commercial. Selon certains techniciens, les différentes utilisations industrielles et culinaires qui peuvent être faites du quinoa vont amener à des changements suivant cette ligne directrice. D’autre part, ils considèrent aussi que le classement des graines par taille est une des exigences qui risquent de s’accentuer avec le temps (c’est ce qui s’est produit pour d’autres filières comme le maïs ou les fèves).

Producteurs d’autres départements du pays

VenteFinancement,

assistance technique,

Semenciers

Institutions (FAUTAPO, Préfectures, …)

Semencescertifiées

Vente

Producteurs individuels de l’Altiplano Sud

Semences issues des parcelles :

Sélection Stockage

Échange

Utilisation

Diffusion et incitation à l’utilisation de semences

certifiées

Vente

Illustration 4: Fonctionnement du marché des semences

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Dans ce cas, l’achat de semences pourrait devenir nécessaire (même si pas nécessairement tous les ans) pour les producteurs. La condition serait aussi que les réponses à ces nouvelles exigences ne puissent pas se faire par une sélection plus stricte de la part des agriculteurs, ou que celle-ci soit si compliquée (ou qu’elle demande tellement de temps) que l’achat de semences soit la solution la plus efficace.

• On pourrait aussi imaginer une obligation d’utilisation de semences certifiées organiques pour la production d’exportation.

Dans le contexte actuel, il apparaît que les conditions nécessaires pour la consolidation de la demande en semences certifiées de quinoa de la part des producteurs sont directement reliées aux normes et exigences du marché. Se pose donc la question de savoir s’il serait souhaitable que ces conditions soient réunies. Pour l’instant néanmoins, il semblerait que sans l’aide des institutions, et surtout sans leur incitation à la production de semences, le marché ne croitrait pas de façon autonome puisqu’il n’y a pas une demande suffisante pour propulser l’offre. Il est alors intéressant pour les semenciers de produire dans de telles conditions d’encadrement et de financement puisqu’ils ont des frais réduits pour un prix au kilogramme très élevé, mais continueraient-ils à produire sans subventions ? L’orientation de la production et l’avenir du marché de semences certifiées semblent être étroitement liés à l’évolution des exigences du marché international et des consommateurs, exactement comme pour la production de quinoa commercial. Les institutions qui incitent à la production de semences certifiées affirment prévoir une évolution qui rendrait leur utilisation indispensable dans les années à venir. Néanmoins, il semblerait que si l’utilisation de semences certifiées ne devient pas une condition nécessaire pour assurer l’écoulement de la production de quinoa commercial à l’échelle de la zone d’étude, le marché des semences certifiées de quinoa restera dépendant d’un entretien artificiel de la demande et donc marginal par rapport à la totalité de semences utilisées.

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Conclusion L’idée d’augmenter les rendements de la production de quinoa commercial, notamment par l’utilisation de semences sélectionnées de qualité, alors que la frontière agricole ne cesse de s’étendre est très intéressante. Mais, la recherche en amélioration variétale semble s’orienter en priorité vers la satisfaction des demandes du marché international et non pas vers des critères agronomiques qui pourraient diminuer les risques de perte des récoltes. D’autre part, ces critères de sélection accompagnent le processus de perte de biodiversité entamé depuis plusieurs années du fait de l’uniformisation des graines et des plantes en taille, couleur et durée des processus de développement et maturation. De même, la production de semences certifiées qui commence à se développer dans la région, ne concerne que quelques variétés et vise à satisfaire les exigences croissantes du marché international. L’uniformisation a des avantages pratiques pour la récolte et peut garantir un écoulement facile de la production. Mais, en dehors de la perte de biodiversité, il ne faut pas négliger les risques qui y sont liés, puisque l’Altiplano Sud est une région soumise de façon régulière à des catastrophes climatiques. Le marché des semences certifiées de quinoa n’a que quelques années, et les producteurs restent très dépendants du financement et de l’assistance technique, ainsi que de l’aide à la commercialisation. Aujourd’hui, la demande de la part des producteurs est très faible. La très grande majorité des semences utilisées pour la production de quinoa commercial, et même pour l’expansion rapide de la frontière agricole, proviennent d’un processus complexe de sélection, stockage, échange et même vente des semences issues de la récolte des agriculteurs. Ces flux de semences ne sont pas connus avec précision dans leur complexité. Leur étude pourrait permettre de comprendre la gestion que font les agriculteurs de leurs semences sur plusieurs campagnes et ainsi envisager des alternatives adaptées pour augmenter les rendements, en tenant compte des risques climatiques, le maintien voire la récupération d’une certaine biodiversité, peut être en lien avec une orientation non exclusive de vente et d’exportation.

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Annexes Annexe 1 Carte de la Bolivie avec les lieux cités dans le document indiqués par des points de couleur

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Annexe 2 Exemples de caractérisation et indicateurs phénotypiques pour les variétés les plus cultivées Longueur

du cycle Diamètre

tige principale

Taille plante

Forme épi

Diamètre graines

Poids de 100 graines

Couleur graine

Real Blanche « amarantiforme *»

ou « Chojllo » 184 jours 1.7 cm 119.5 cm A 3.1 mm 0.41 g Blanc

Real Blanche « glomerulada* » ou

« Challa M’oko » 184 jours 1.9 cm 112.0 cm G 2.43 mm 0.48 g Blanc

Pandela Rosada (graines roses avant

scarification) 189 jours 1.0 cm 122.0 cm G 2.21 mm 0.41 g Rose foncé

Utusaya 161 jours Toledo 184 jours 1.6 cm 100.0 cm A 2.43 mm 0.42 g Jaune doré Puñete 2.0 cm 127.0 cm A 2.34 mm 0.42 g Blanc

Negra (graines noires) 1.8 cm 106.0 cm A 2.32 mm 0.42 g Marron

foncé Rosa Blanca 181 jours

Pisankalla 186 jours 1.2 cm 99.5 cm A 2.38 mm 0.43 g Marron rougeâtre

A : Amarantiforme* G : Glomerulada* Case vide : information non disponible sur les sources consultées.

Annexe 3 Norme Spécifique pour la certification de semences de quinoa, traduction du document originel en espagnol

NORME SPÉCIFIQUE POUR LA CERTIFICATION DE SEMENCES DE QUINOA

(Chenopodium quinoa WILLD.)

Remarque : la norme qui suit à l’objectif de vérifier la qualité des semences pour leur utilisation, et elle a été formulée pour être compatible avec tout système de production de quinoa, qu’il soit biologique ou conventionnel. Il est considéré que ce système de production est librement choisi par le producteur. ARTICLE 1 : Isolement Toute parcelle semencière doit constituer une unité clairement définie, et entre parcelle semencières de variétés distinctes, il devra exister une séparation d’au moins 2 mètres dans toutes les directions, ou une barrière temporelle de 15 jours. Pour la catégorie « Basique » pendant la récolte, on ne prendra pas en compte comme semences tout matériel se situant jusqu’à un mètre du bord. ARTICLE 2 : Exigences en plein champs La parcelle semencière doit être établie sur un terrain où l’on n’ait pas eu la même espèce l’année précédente.

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La parcelle semencière devra recevoir une inspection au moins une fois au cours de la floraison. Pendant les inspections en plein champs seront évalués, l’état général de la culture, les mauvaises herbes et un développement insuffisant ou inapproprié des plantes pourra être la cause d’un refus de certification. Le tableau ci-dessous détermine les rangs de tolérance qui devront être appliqués :

CATÉGORIES FACTEUR BASIQUE RÉGISTRÉE CERTIFIÉE

Surface maximale par parcelle (ha) 0.1 0.25 0.5 Nombre minimal de sous-échantillons

5 5 5

Nombre de plantes examinées par sous-échantillon

250 200 150

Plantes atypiques et/ou plantes d’autres variétés ( 1) (% maximal)

1 :1000 10 :1000 20 :1000

Variétés interdites (2) (% maximal) 0 0 0 Mauvaise herbes courantes Ne doivent pas concurrencer significativement avec la culture et

ne doivent pas causer des problèmes au moment de la récolte Ravageurs et maladies Dépend du critère du contrôleur, en tenant en compte

particulièrement la présence de lépidoptères (1) Sont considérées plantes atypiques les plantes présentant des ségrégations sur le type d’épi, la

couleur de la plante et des graines, et pouvant être clairement identifiées comme distinctes de la plante principale.

(2) Sont considérées comme mauvaises herbes, les espèces sauvages de quinoa, dites « ajaras ».

ARTICLE 3 : Exigences au laboratoire Les échantillons envoyés au laboratoire pour les analyses seront d’un minimum de 250g pour avoir accès à la certification, les échantillons devront être dans les cadres de tolérance suivants :

CATÉGORIES FACTEUR BASIQUE RÉGISTRÉE CERTIFIÉE

Volume maximal par lot de semences (kg) 10.000 10.000 10.000 Nombre minimal de sous-échantillons (pour chaque unité de 100kg d’échantillon) (1)

5 5 5

Quantité minimale obtenue dans chaque échantillon (g)

3 3 3

Pureté physique (% minimum) 98 95 95 Matière inerte (% maximum) 2 5 5 Semences d’autres variétés et/ou atypiques 1 :1000 10 :1000 20 :1000 Semences de mauvaises herbes courantes (nombre maximal/ kg)

4 8 12

Semences de mauvaises herbes nuisibles (nombre maximal/ kg)

0 0 0

Humidité (% maximum) 13 13 13 Taux de germination (% minimum) ---- 80 80*

(1) Les emballages ne doivent pas contenir plus de 100kg maximum ---- On n’établit pas un minimum de germination car il s’agit d’une catégorie pour multiplication postérieure *On reconnaît la catégorie, Certifiée Premium, si le taux de germination est supérieur à 95%.

Les analyses sont valables pendant 120 jours. ARTICLE 4 : Générations On établit le nombre suivant de générations :

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Génétique Basique 1 Registrée Certifiée 1

La catégorie Basique peut se maintenir sous la responsabilité du mainteneur de la variété.

Basique 2 Certifiée 2

La séquence entre catégories et générations établie par les flèches est obligatoire. Basique 1 : Pour produire cette génération et cette catégorie il faut semer des semences de la catégorie Génétique uniquement. Basique 2 : Pour produire cette génération et cette catégorie il faut semer des semences de la catégorie Basique 1 uniquement. Registrée : Pour produire cette génération et cette catégorie il faut semer des semences de la catégorie Basique 1ou Basique 2 uniquement. Certifiée 1 : Pour produire cette génération et cette catégorie il faut semer des semences de la catégorie Registrée uniquement. Certifiée 2 : Pour produire cette génération et cette catégorie il faut semer des semences de la catégorie Certifiée 1 uniquement. Au moment de l’inscription des parcelles semencières, le producteur de semences devra expliciter la génération qu’il souhaite produire. La génération ne pourra pas être modifiée après la première inspection des parcelles. Certifiée B : Provient de semences dont on n’a pas nécessairement fait d’analyses de laboratoire et qui peuvent ne pas être certifiées comme décrit précédemment, pour répondre à une situation de désapprovisionnement.

[Fin du document] Sigles et institutions ACOPROQUIRCO Association Communale de producteurs de Quinoa Real de Copacabana (« Asociación Comunal de Productores de Quinua Real – Copacabana ») ANAPQUI Association Nationale de Producteurs de Quinoa (« Asociación Nacional de Productores de Quinua ») AOPEB Association d’Organisations de Producteurs Biologiques de Bolivie (« Asociación de Organizaciones de Productores Ecológicos de Bolivia») APSOCQUIRU Association de Producteurs de Semences Biologiques de Quinoa Real d’ Uyuni K (« Asociación de Productores de Semilla Orgánica Certificada de Quinua Real – Uyuni K ») APSQUIOSA Association de Producteurs de Semences Biologiques de Quinoa Real de Salinas de Garci Mendoza (« Asociación de Productores de Semilla de Quinua real Orgánica- Salinas de Garci Mendoza »)

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AVSF Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières BNGGA-PROINPA Banque Nationale de Génétique de Graines des Hautes Andes, gérée par PROINPA, cf. PROINPA (« Banco Nacional de Germoplasma de Granos Altoandinos ») CADEQUIR Chambre Départementale de Quinoa « Real » du Département de Potosí («Cámara Departamental de la Quinua Real del Departamento de Potosí») CENTRO INTI Centre de Services et d’Études Pluridisciplainaires INTI (« Centro de Servicios y Estudios Multidisciplinarios INTI ») CIPOCROMI Centre de Recherche et production Communale d’Irpani, géré par le bureau de PROINPA situé à Salinas de Garci Mendoza (« Centro de Investigación y Producción Comunal Irpani ») CIRAD Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement CNRS Centre National de la Recherche Scientifique CONACOPROQ Conseil National des Commerçants et Producteurs de Quinoa (« Consejo Nacional de Comercializadores y Productores de Quinua ») EHESS École des Hautes Études en Sciences Sociales Equeco Vient de l’aymara, Dieu de l’abondance, repris par l’IRD pour nommer leur projet «Émergence du Quinoa dans le Commerce Mondial » (« Emergencia de la Quinua en el Comercio mundial ») Fondation Altiplano Fondation pour le Développement Technologique Agricole et d’Élevage de l’Altiplano (« Fundación Para el Desarrollo Tecnológico Agropecuario del Altiplano ») Fondation AUTAPO Fondation Éducation pour le Développement AUTAPO (« Fundación Educación para el Desarrollo AUTAPO ») IBTA Institut Bolivien de Technologie Agricole et d’Élevage (« Instituto Boliviano de Tecnología Agropecuaria ») INIAF Institut National d’Innovation Agricole, d’Élevage et des Forêts (« Instituto Nacional de Innovación Agropecuaria y Forestal ») INRA Institut National de Recherche Agronomique IRD Institut de Recherche pour le Développement ORS Bureau Régional des Semences (« Oficina Regional de Semillas ») PIEB Programme de Recherche Stratégique de Bolivie (« Programa de Investigación Estratégica de Bolivia ») PROGRANO Programme de Graines Andines de l’UMSA (« Programa de Granos Andinos de la UMSA ») PROINPA Promotion et Recherche des Produits Andins (« Promoción e Investigación de Productos Andinos ») QUINAGUA Vient de Quinoa-Eau (« QuinAGua »), programme de recherche sur la question de l’eau pour la culture du quinoa

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UATF Université Autonome « Tomás Frías », Potosí (« Universidad Autónoma Tomás Frías ») UM3 Université Paul Valéry, Montpellier 3 UMSA Université « Mayor de San Andrés », La Paz (« Universidad Mayor de San Andrés ») UTO Université Technique d’Oruro (« Universidad Técnica de Oruro ») Lexique Amarantiforme: Se dit d’un épi ayant la même forme qu’un épi d’amarante, c’est-à-dire dans le cas où les glomérules ont insérés directement sur l’axe secondaire et présentent une forme alongée.

Boliviano, Bs : Monnaie de la Bolivie, pour les taux de change de juillet 2009, 1 boliviano équivaut à environ 0.10 euros. Glomerulada: Se dit d’un épi dont les glomérules sont insérés directement sur les axes glomérulaires et présentent une forme arrondie.

Localisation: La division politique de la Bolivie est organisée de la façon suivante (de l’ensemble le plus large au plus petit): Pays- Départements(9)- Provinces(112)- Municipalités (327) Mantenedores de variedades: Personnes chargées d’assurer par des moyens de sélection très stricte, une production de semences de rang « Basique » pour approvisionner les semenciers. Les semenciers ne sont pas obligés d’utiliser de la semence de ce rang, elle peut être « Registrée » ou « Certifiée ». Par contre, les semenciers ont théoriquement l’obligation de renouveler leurs semences une fois qu’elles ont atteint la catégorie la plus basse pouvant être certifiée. Noventonas: Se dit des variétés à cycle court, théoriquement de 90 jours. Dans la pratique le terme s’applique aux variétés présentant des cycles de 145 jours et moins. Tractorista : Se dit de la personne qui possède l’équipement nécessaire pour retourner la terre, semer ou récolter de façon mécanisée. Cette personne loue ses services aux producteurs ne possédant pas cet équipement (vient du mot tractor = tracteur). Venteadoras : Machines permettant de battre le grain de façon rapide. Elles peuvent avoir un moteur ou fonctionner à l’aide d’une manivelle que l’on tourne.

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Sources Liste des entretiens :

Prénom NOM Institution Date Lieux (ville, département)

1 Alejandro BONIFACIO PROINPA 03/06 Quipaquipani, Viacha, LA PAZ

2 Felix MAMANI PROGRANO – UMSA, Enseignant-chercheur 05/06

3 Melquiades VELIZ CONACOPROQ - Président

4 Cristian ALIAGA INIAF, administratif direction semences

09/06

5 Cristal TABOADA QUINAGUA – UMSA

6 AOPEB, ancienne employée de BIOCERT

12/06

7 Jesús CÁRDENAS UTO, Enseignant-chercheur 17/06

La Paz, LA PAZ

8 Ruth ESPINOZA UTO – Banque de germoplasme 9 Ermindio BARRIENTOS UTO, Doyen Faculté d’agronomie

10 Irene CALAHUARA PROQUIOR

11 Ramiro CACERES Programa de Semillas, Prefectura de Oruro

18/06

12 Gladys VASQUEZ

FAUTAPO, Technicienne composante « durabilité de la production biologique » du programme

« Fortalecimiento al complejo de la quinua »

19/06

Oruro, ORURO

13 Mario ARCE UATF, Enseignant-chercheur 14 Edgar LLANOS INIAF Potosí

15 Hector RIOS Prefectura de Potosí, Desarrollo Productivo

24/06 Potosí, POTOSÍ

16 Sandro LOPEZ Gerente de CADEQUIR 17 Luz TICONA Administration

18 Edgar TICONA

Responsable Composante « Ressources

Naturelles et Sécurité Alimentaire »

CENTRO INTI

19 Genaro ARONI PROINPA

25/06 Uyuni, POTOSÍ

20 Cleto VILLCA MAMANI Semencier, communauté Lia

21 Margarita CRUZ Semencière, communauté Copacabana

22 Alicia LUCAS COPA Semencière, communauté Uyuni K

26/06 Salinas de Garci Mendoza, ORURO

23 Raúl SARAVIA PROINPA 24 José MALDONADO INIAF Oruro 25 Fredy RAMOS A. INIAF Potosí 30/06 Cochabamba,

COCHABAMBA

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Images : Couverture : http://ccbolgroup.com/comp/quinoa/quinua7.jpgIllustration 1: Réalisée à partir de http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nasa_anden_altiplano.jpg Amarantiforme: http://www.bioversityinternational.org/publications/Web_version/203/p12b.gifGlomerulada: http://www.bioversityinternational.org/publications/Web_version/203/p12a.gifAnnexe 1: Réalisée à partir de http://bolivia.gotolatin.com/img/icon/mapa-bolivia.jpg Bibliographiques et documentaires : « Caracterización del Germoplasma de Quinua (Chenopodium quinoa, W.) de ecotipos utilizados por productores del Sudoeste de Potosí », M.Sc.Ing. Mario Arce, 2008 « Catálogo de Quinua y Cañahua de la Colección de Trabajo de la Universidad Técnica de Oruro », Ing. Ruth Espinoza et Ing. Luis Gonzalo Cabita, 2007 « Proyecto: Producción y Certificación de Semilla Orgánica de Quinua Real en el Altiplano Sur de Bolivia », Mario Delgado Flores et David Soraide Lozano, 2005 « Módulo 2: Manejo agronómico de la quinua », Jaime Cossio, Juan Carlos Aroni, Genaro Aroni, Raúl Saravia, Reinaldo Quispe - Fundación PROINPA « Informe Anual 2007, Programa Nacional de Semillas INIAF », 2007 « Quinua y Territorio », VSF-CICDA et Communautés de l’Intersalar, 2009 www.infoquinua.bo

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