Date post: | 03-Dec-2015 |
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i
UNIVERSITE DE LA MANOUBA
INSTITUT SUPERIEUR DE COMPTABILITE ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES
LABORATOIRE INTERDISCIPLINAIRE DE GESTION UNIVERSITE-ENTREPRISE (LIGUE)
LLLEEESSS DDDEEETTTEEERRRMMMIIINNNAAANNNTTTSSS DDDEEE LLLAAA SSSTTTRRRAAATTTEEEGGGIIIEEE DDDEEE
CCCOOOMMMMMMUUUNNNIIICCCAAATTTIIIOOONNN SSSUUURRR LLLEEE CCCAAAPPPIIITTTAAALLL IIIMMMMMMAAATTTEEERRRIIIEEELLL :::
UUUTTTIIILLLIIITTTEEE FFFIIINNNAAANNNCCCIIIEEERRREEE VVVEEERRRSSSUUUSSS LLLEEEGGGIIITTTIIIMMMIIITTTEEE
THÈSE pour l’obtention du titre de
DOCTEUR EN SCIENCES COMPTABLES
Elaborée par
Inès KATEB
JURY
Président : Hassouna FEDHILA
Professeur à l’ISCAE, Université de Manouba
Directeur : Hamadi MATOUSSI
Professeur à l’ISCAE, Université de Manouba
Rapporteurs : Mustapha ZEGHAL
Professeur à l’Université d’Ottawa
Wafa KHLIF
Maître de conférences à l’ISCAE, Université de Manouba
Membre : Chokri SLIM
Maître de conférences à l’ISCAE, Université de Manouba
Année Universitaire : 2011/2012
1
SSOOMMMMAAIIRREE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIERE PARTIE : LA DIVULGATION SUR LE CAPITAL
IMMATERIEL : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA
LITTERATURE
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE : LE CAPITAL IMMATÉRIEL : CLARIFICATION DE
CONCEPTS ET PRATIQUES DE COMMUNICATION
Section 1 : Les immatériels : un débat conceptuel
Section 2 : La divulgation sur les immatériels
CHAPITRE 1 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATÉRIEL ET
L’ARGUMENT DE L’UTILITÉ FINANCIÈRE : UNE APPROCHE ACTIONNARIALE
Section 1 : Capital immatériel et difficultés comptables
Section 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la théorie de
l’agence
Section 3 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la théorie des
signaux
CHAPITRE 2 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATÉRIEL ET
L’ARGUMENT DE LA LÉGITIMITÉ : UNE APPROCHE PARTENARIALE
Section 1 : L’intégration de la responsabilité sociétale à la stratégie de l’entreprise
Section 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la théorie de la
légitimité
Section 3 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la théorie des
parties prenantes
DEUXIEME PARTIE : LA DIVULGATION SUR LE CAPITAL
IMMATERIEL : UNE ETUDE EMPIRIQUE
CHAPITRE 3 : FORMULATION DES HYPOTHÈSES, ÉCHANTILLON ET
MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Section 1 : Objectifs de la recherche
Section 2 : Formulation des hypothèses de la recherche
Section 3 : Echantillon et Méthodologie de la recherche
5
14
15
17
44
51
53
71
84
95
97
107
118
129
131
132
133
149
2
CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION, INTERPRÉTATION ET DISCUSSION DES
RÉSULTATS
Section 1 : L'analyse descriptive/exploratoire
Section 2 : L'analyse multivariée : les déterminants de la divulgation volontaire
sur le capital immatériel
Section 3 : Synthèse et discussion des résultats de l’analyse multivariée
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
LISTE DES FIGURES, SCHÉMAS ET TABLEAUX
TABLE DES MATIÈRES
183
184
208
224
249
262
277
289
291
3
LISTE DES ABREVIATIONS UTILISEES ACVM : Autorités Canadiennes en Valeurs Mobilières AMF : Autorité des Marchés Financiers AICPA: American Institute of Certified Public Accountants CBS : Centraal Bureau voor de Statistiek CCE : Commission des Communautés Européennes CED : Committee for Economic Development CES Conseil Economique et Social CGP : Commissariat général du Plan CNC : Conseil National de la comptabilité CNIS : Conseil National de l’Information Statistique CIGREF : Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises COB: Commission des opérations en bourse DATI: Danish Agency for Trade and Industry DTI: Department of Trade and Industry EBRC: Enhanced Business Reporting Consortium FASB: Financial Accounting Standards Board GRI: Global Reporting Initiative IASB: International Accounting Standards Board ICAEW: Institute of Chartered Accountants in England and Wales ICCA : Institut Canadien des Comptables Agréés ICGN: International Corporate Governance Network IFAC: International Federation of Accountants IFRS : International Financial Reporting Standards INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques NRE : Nouvelles Régulations Economiques OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques ONG : Organisations Non Gouvernementales PCG : Plan Comptable Général RSE : Responsabilité Sociale ou Sociétale de l’Entreprise SCEBR: Special Committee on Enhanced Business Reporting SEC : Securities and Exchange Commission SFAF : Société Française des Analystes Financiers
4
"Intellectual capital has a very strong impact on the drivers of future earnings,
but is largely ignored in financial reporting. A major recommendation for corporations that are
concerned with their relationship with the capital markets is to develop strategic and tactical
initiatives that provide for voluntary disclosure of intellectual capital. These initiatives may
initially be used for internal management purposes only.
However, an external stakeholder focus report will more than likely be the ultimate goal»
(Bontis 2003).
Introduction générale
5
IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN GGÉÉNNÉÉRRAALLEE
Introduction générale
6
ujourd’hui, les entreprises prennent progressivement conscience que la
compétence des hommes et l'organisation du travail sont des facteurs
déterminants de la croissance et la création de valeur. Ces firmes sont
devenues attentives à la nécessité d’investir dans les activités immatérielles
pour améliorer leur performance et rester compétitives. Zéghal et Maaloul (2010)
avancent que « l’OCDE (2007) et le ministère du Commerce et de l’Industrie britannique (DTI,
2004), considèrent aujourd’hui les actifs intangibles comme étant les principales sources de
création de valeur pour les entreprises de la nouvelle économie ».
Les analystes financiers, enquêtés par la SFAF (2000), ont conclu que la part des actifs
immatériels dans la valeur des entreprises constitutives de l’indice SBF 120 était estimée
à 50% au début de l’année 1999 et elle est passée à 75% en 2000 (Matoussi et Zemzem
2004).
Zéghal et Maaloul (2010) confirment que plusieurs auteurs dont Stewart (1997) et
Zéghal (2000) remarquent que la proportion des actifs intangibles dans le capital de
l’entreprise ne cesse d’augmenter, au détriment des actifs tangibles.
Les normes IAS/IFRS, devenues obligatoires depuis le 1er janvier 2005 en France pour
les sociétés cotées, permettent une meilleure intégration des actifs incorporels dans les
cours boursiers en France (Boulerne et Sahut 2010) et exigent des informations plus
détaillées sur les actifs incorporels que le référentiel français. Cependant, ces
informations ne concernent que les catégories d’immobilisations incorporelles c'est-à-dire
les éléments immatériels qui répondent aux conditions d’activation. Par conséquent, la
divulgation sur la plupart des composantes du capital immatériel telles que les
compétences humaines, les relations extérieures de l’entreprise avec ses clients et
fournisseurs ainsi que les systèmes informatiques est essentiellement volontaire donnant
ainsi une grande latitude au dirigeant quant au choix de la stratégie de communication de
l’entreprise.
A
Introduction générale
7
En s’appuyant sur les conclusions de plusieurs auteurs dont Lev et Zarowin (1999),
Upton (2001) et Liang et Yao (2005), Zéghal et Maaloul (2010) affirment que
«l’évaluation des actifs intangibles dans le cadre de la comptabilité soulève plusieurs problèmes liés
à leur identification, à leur mesure et à leur contrôle». Les auteurs ajoutent que «ces problèmes
font que le modèle comptable traditionnel, basé sur les actifs tangibles, le coût historique et la
prudence comptable, serait incapable aujourd’hui d’évaluer les entreprises de la nouvelle
économie».
Holland (2002) affirme que l’évolution des dépenses immatérielles dans le processus de
création de valeur des firmes fait que le rapport annuel réglementé devient insuffisant
pour qu’elle puissent communiquer toute l’information qu’elles possèdent. L’OCDE
(2006) confirme que les états financiers ont perdu une partie de leur valeur aux yeux des
actionnaires suite à des problèmes liés à l’absence de reconnaissance comptable des
éléments immatériels et de leur importance croissante dans le processus de création de
valeur.
La montée des investissements immatériels et l’incapacité de l’outil comptable à fournir
une communication pertinente et fiable sur le capital immatériel ont généré, outre un
élargissement significatif entre la valeur comptable et la valeur de marché des firmes,
l'évolution d'un nouveau besoin d'informations provenant de sources externes aux états
financiers chez les différentes parties prenantes.
Les dirigeants d’entreprises européennes, enquêtés par le cabinet Mazars Guérard, sont
également convaincus de l’importance stratégique de la problématique de l’immatériel :
80% à 90% des dirigeants interrogés estiment qu’une communication externe
d’informations sur le capital immatériel est un facteur permettant d’accroitre la valeur de
l’entreprise (Matoussi et Zemzem 2004) et de combler l’incapacité des chiffres
comptables à représenter sa vraie richesse (Francis et Schipper 1999). Ce phénomène est
particulièrement net pour les entreprises de la Nouvelle Économie (Amir et Lev 1996).
Face aux changements des facteurs de production qui sont devenus de plus en plus
invisibles, et à la perte de pertinence du modèle comptable qui privilégie des actifs
corporels, un nouveau mode de reporting s’est développé à coté du reporting financier.
Zéghal et Maaloul (2010) confirment que récemment, plusieurs efforts ont été pris par
AICPA (1994), ICCA (1995), FASB (2001) et SEC (2003) en vue de faciliter une
divulgation d’informations significatives, qualitatives et prospectives sur les facteurs de
création de valeur de l’entreprise et aider les investisseurs pour une meilleure prise de
décision. Dans ce cadre, deux types de modèles et lignes directrices ont été formulés pour
Introduction générale
8
compléter les états financiers des entreprises : une communication d’informations
descriptives, générales et non financières et une communication d’informations
spécifiques sur les actifs intangibles, souvent à l’aide d’un rapport spécial (OCDE 2006).
L’IASB a lancé une initiative afin de déterminer s’il doit promouvoir un modèle de
communication de «type MD&A», appelé Management Commentary (MC). Le document
relatif au MC, discuté entre octobre 2005 et avril 2006, propose la création d’une norme
fondée sur des principes et destinée à donner des indications facultatives sur la
communication d’informations prospectives et contextuelles aux investisseurs (OCDE
2006). La Commission européenne a mis au point, en 2002, le projet MERITIUM
«Guidelines for Managing and Reporting on Intangibles». L’objectif recherché par ce projet
est d’améliorer la gestion du capital intellectuel et de favoriser la publication
d’informations sur ces actifs. Au niveau des PME, Le même organisme a établi en 2006 le
rapport RICARDIS. Son objet était d’encourager ces entreprises à publier des
informations sur les autres formes du Capital Immatériel.
De même, différentes recommandations dans la littérature appellent au développement de
la communication sur les compétences, le savoir-faire, les clients… (Lev 2002, Eccles et
al. 2001, Garcia-Meca et al. 2005…). Toutefois, jusqu’à présent, il n’y a aucun modèle
consensuel ou institutionnel permettant d’orienter les évolutions.
En France, l’autorité des marchés financiers (AMF), instaurée en 2003 et dont la mission
est d’assurer le bon fonctionnement des marchés et de réglementer les opérations
financières et l'information diffusée par les sociétés cotées, n’a pas émis de
recommandations spécifiques à la divulgation sur le capital immatériel pour les
entreprises laissant ainsi la place à l’autorégulation entre l’offre et la demande de cette
information.
A ce niveau une première question se pose : Pourquoi les entreprises françaises
fournissent-elles des informations non obligatoires sur leur capital immatériel
dans leur rapport annuel ?
Plusieurs études ont été réalisées dans l’objectif d’identifier les facteurs qui motivent les
dirigeants d’aller au-delà du seul respect des obligations légales de diffusion. La revue de
la littérature révèle une abondance des recherches relatives à la diffusion volontaire
d’informations prévisionnelles (Clarkson et al. 1992, Mak 1996), sectorielles (Saada 1995)
et sociétales (Gurthrie et Parker 1989, Patten 1991, Zéghal et Ahmed 1990, Roberts
1992). Toutefois, elle fait remarquer peu de recherches, pour la plupart anglo-saxonnes,
Introduction générale
9
spécifiques à l’information « immatérielle »1. Les premières études étaient exploratoires
et descriptives (Guthrie et Petty 2000, Goh et Lim 2004, April et al. 2003, Olsson 2001,
Brennan 2001, Bontis 2003). Plus récemment, un nouveau courant de recherche a émergé
dont les études adoptaient une démarche hypothético-déductive où la détermination
d’hypothèses est fondamentale pour l’identification des déterminants de la divulgation
volontaire sur le capital immatériels grâce à l’utilisation de modèles de régressions
quantitatifs (Oliveira et al. 2006, White et al. 2007, Guthrie et al. 2006, Petty et
Cuganesan 2005, Kang et Gray 2011).
Dans un contexte français, nous pouvons citer les travaux de Bougacha et Khoufi (2010),
Ding et Stolowy (2002) et Nekhili et al. (2012). Bien que la première étude est réalisée sur
un échantillon de 26 firmes cotées appartenant au secteur des Techniques de
l’Information et de la Communication et au secteur des médias et dans laquelle les
auteurs ont essayé de vérifier l’impact des mécanismes de gouvernance sur l’étendue de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel, les deux dernières se focalisent sur les
déterminants de la divulgation sur les activités de R&D. Cette mesure est réductrice du
capital immatériel car il ne se limite plus à la R&D, aux brevets et aux marques, mais
comprend aujourd’hui les ressources et capacités humaines, les compétences
organisationnelles (bases de données, technologies, routines et culture), les structures, les
processus d’organisation ainsi que les réseaux de clients et fournisseurs.
A notre connaissance, aucune recherche n’a essayé de mobiliser la théorie des coûts
indirects (proprietary costs theory) pour l’examen des déterminants de l’offre volontaire de
ce type d’information. En effet, outre les coûts matériels de production et de diffusion,
une information publiée peut modifier les stratégies des concurrents, encourager l'entrée
de nouvelles firmes sur le marché (Verrechia 1983, Darrough et Stoughton 1990, Gigler
1994) et priver l'entreprise d'un avantage concurrentiel. Ces coûts peuvent inciter le
dirigeant à retenir l’information qu’il détient. L’intérêt de cette théorie est d’autant plus
prononcé qu’il s’agisse d’une externalité liée à une information sur des éléments de
différenciation qui deviennent de plus en plus immatériels (compétences, savoir-faire,
qualifications professionnelles, etc.).
Plusieurs auteurs ont confirmé un lien positif entre la publication d’informations sur les
immatériels et la valeur boursière des firmes (Alcouffe et Louzzani 2003, Gu et Lev 2001
Nekhili et al. (2012). Dans un contexte d’asymétrie d’information, ces informations,
possédant un pouvoir informatif qui peut être supérieur aux variables comptables
1On entend par information « immatérielle », l’information se rapportant sur des éléments immatériels ou relative au capital immatériel.
Introduction générale
10
traditionnelles, permettent aux investisseurs d’améliorer leurs prévisions et valoriser la
face cachée des entreprises. En effet, Gerpott et al. (2008, cité par Zéghal et Maaloul
2010) ont confirmé que la qualité de la divulgation sur les immatériels dans les rapports
annuels et les sites web a un effet significatif et positif sur la valeur du marché des
Opérateurs de Réseaux de Télécommunications mondiaux. De leur coté, Orens et al.
(2009, cité par Zéghal et Maaloul 2010) ont validé ces résultats, dans un contexte
européen, en montrant une relation positive et significative entre la valeur marchande de
la firme et l’ampleur de la divulgation des actifs intangibles sur son site web.
Cependant, le champ de la valeur s’élargit au-delà de la valeur financière. Le concept de
valeur actionnariale apparaît trop restreint. L’intérêt de l’actionnaire n’exprime pas à lui
seul l’intérêt de la société. Le gouvernement des entreprises ne consiste pas à gérer le
profit des actionnaires seulement mais à optimiser en permanence les intérêts des
différentes parties prenantes. Pour assurer sa pérennité et son développement à long
terme, la firme doit tenir compte de l’existence des ces acteurs qui lui fournissent les
ressources nécessaires à sa survie. Elle doit leur montrer son respect des valeurs et règles
reconnues par la société ainsi que son implication dans un comportement de
responsabilité sociétale (Guthrie et Parker 1989). De ce fait, la diffusion d’informations
sur le capital humain, la loyauté des consommateurs et le comportement éthique de
l’entreprise peut être considérée comme un processus de légitimation et un moyen de
gestion des relations avec les parties prenantes (Roberts 1992)2 permettant d’établir et de
maintenir l’image et la réputation de l’entreprise (Abbott et Monsen 1979)3.
Par conséquent, une deuxième question en découle : La diffusion actuelle de ces
informations volontaires répond-elle à des besoins de légitimation dans le but de
créer de la valeur partenariale ou à des motivations d’utilité financière ayant pour
objectif de réduire l’asymétrie informationnelle et accroître la valeur
actionnariale ?
Malgré le lien très étroit entre l’engagement d’un comportement de responsabilité
sociétale et la création d’actifs immatériels, il est très surprenant d’observer la rareté des
recherches qui font de l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel un
processus de légitimation et un moyen pour gérer les attentes des différentes parties
prenantes (Guthrie et al. 2006). En effet, la théorie de la légitimité était toujours la
référence pour nombreux auteurs cherchant à justifier les discours livrés à l’égard de la
2Roberts (1992) a étudié la divulgation d’informations sociétales dans le cadre de la théorie des parties prenantes. 3Abbott et Monsen (1979) ont étudié la divulgation d’informations sociétales.
Introduction générale
11
responsabilité sociale. En outre, les composantes du capital immatériel permettent de
toucher différentes parties prenantes : les salariés et les syndicats (à travers le capital
humain), les clients, les fournisseurs, les pouvoirs publics, les associations (à travers le
capital relationnel)…
A l’exception des recherches qui ont étudié la diffusion d’information sociétale et
environnementale (Guthrie et Parker 1989, Patten 1991, Deegan et Rankin 1996, Zéghal
et Ahmed 1990, Roberts 1992, Tilt 1994, Deegan et Rankin 1997), aucune étude n’a
examiné l’influence de la pression des différentes parties prenantes sur la divulgation
volontaire sur le capital immatériel.
Pour répondre à nos questions nous commençons par explorer, dans un premier temps, les
caractéristiques (volume, la nature et la structure) de la divulgation volontaire sur le
capital immatériel, dans un contexte français. Nous cherchons à identifier, dans un
deuxième temps les déterminants de cette divulgation en nous focalisant sur la relation
entre le volume des informations divulguées et certains facteurs liés à la firme et à
l’environnement dans lequel elle opère. Plus spécifiquement, nous cherchons à vérifier si
les dirigeants des entreprises françaises divulguent volontairement des informations sur
le capital immatériel afin de combler les limites du reporting financier, réduire l’asymétrie
d’information, et par conséquent augmenter la richesse des actionnaires ou bien ils le font
dans le but légitimer leurs actions, satisfaire les attentes des différentes parties prenantes
(clients, fournisseurs, personnel, pouvoirs publiques,…) et assurer le rôle d’un acteur
socialement responsable.
Pour ce faire, nous examinons les rapports annuels d’un échantillon d’entreprises
françaises composant l’indice SBF120. L’étude porte sur l’année 2006. Le choix de mener
l’étude sur une seule année est justifié par la stabilité relative de la politique de
communication des sociétés dans le temps, mise en évidence dans plusieurs recherches
(Gibbins et al. 1990, Healy et al. 1995, Botosan 1997).
La mesure du niveau de l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel appelle
la méthode de l'analyse de contenu, l’une des méthodes de recherche les plus
communément utilisées dans l’examen de la divulgation volontaire d’information sur le
capital immatériel (Guthrie et al. 2004, Guthrie et Petty 2000, Abeysekera et Guthrie
2005, April et al. 2003). Cette méthode implique l’adoption d’une grille d’analyse, le choix
du support de communication et de l’unité de mesure.
Introduction générale
12
Notre variable à expliquer est une variable de comptage discrète. Par conséquent, des
modèles classiques de régression supposant la continuité et la normalité de la variable à
expliquer et pouvant amener à prédire des valeurs négatives ou décimales s’avèrent
inappropriés et peuvent conduire à des estimations inefficientes, inconsistantes et biaisées
(Zéghal et Lahmar 2008, Zéghal et al. 2007, Baccouche et al. 2010). De ce fait, nous avons
eu recours aux modèles spécifiquement conçus pour le traitement des données de
comptage.
Notre thèse est organisée en deux parties consacrées respectivement aux développements
théoriques et empiriques.
La première partie présente le cadre conceptuel de la recherche et une revue de la
littérature. Elle se focalise sur les fondements théoriques des déterminants de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel en les classant suivant deux approches :
Une approche actionnariale selon laquelle la divulgation volontaire est motivée
par l’utilité financière de l’information ayant pour objectif la maximisation de la
richesse des actionnaires
Une approche partenariale où l’offre volontaire est une stratégie pour répondre à
des préoccupations de légitimation afin de satisfaire les attentes des parties
prenantes et créer de la valeur sociétale.
Le chapitre préliminaire propose de définir certains concepts liés aux activités
immatérielles. Il présente également les principaux modèles et lignes directrices en
matière de communication sur les incorporels aussi bien au niveau national (Danemark et
Japon), qu’au niveau international (Union européenne).
Le premier chapitre développe, selon une perspective actionnariale, les fondements
théoriques de l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel en se basant sur la
théorie de l’agence et la théorie des signaux. L’hypothèse de base de ces deux théories est
l’asymétrie d’information entre les parties contractantes. Cette asymétrie, accentuée chez
les entreprises à forte composante immatérielle en raison de l’incapacité du modèle
comptable à traduire l’intégralité des investissements immatériels aux états financiers,
prive l’entreprise des financements avantageux et réduit par conséquent sa valeur
financière. Dans ce cadre, la divulgation sur les incorporels permet au dirigeant de gérer
les conflits d’intérêts à l’intérieur de l’entreprise et d’atténuer l’asymétrie d’information.
En outre, si l’entreprise réalise de bonnes performances, la divulgation volontaire sur le
capital immatériel peut constituer un signal permettant au dirigeant de se différencier des
concurrents les moins performants et d’accaparer des financements plus avantageux.
Introduction générale
13
Le deuxième chapitre développe les soubassements théoriques de l’offre volontaire
d’information sur le capital immatériel selon une perspective partenariale en se référant à
la théorie de la légitimité et des parties prenantes, concepts incontournables de la
responsabilité sociétale. Dans ce cadre, l’entreprise est représentée au centre d’un
ensemble de relations avec des partenaires de nature très diverses (stakeholders) qui sont
susceptibles d’être influencés par son activité ou de l’influencer. Selon cette perspective
socio-politique, le dirigeant serait incité à divulguer volontairement des informations sur
les incorporels dans le but de gérer les différentes attentes des acteurs sociaux et de
légitimer ses actions lorsqu’il observe un décalage entre le comportement de l’entreprise
et les normes établies par la société.
La deuxième partie est consacrée à une étude empirique. Elle a la double ambition :
Explorer les pratiques de la divulgation volontaire sur le capital immatériel au
sein d’un échantillon de firmes françaises
Tester les hypothèses énoncées
Le troisième chapitre représente un pont entre la partie théorique et la validation
empirique. Au niveau de la première section, nous présentons les objectifs de notre
recherche. Un modèle théorique, composé d’un ensemble d’hypothèses susceptibles de
décortiquer en partie le mécanisme de l’offre volontaire d’informations sur le capital
immatériel, est ennoncé dans une deuxième section.
La troisième section identifie l’échantillon et la démarche de la «vérification empirique »
employée en indiquant le mode de collecte des données, la variable à expliquer, les
variables explicatives et leurs indicateurs de mesure ainsi que l’approche d’analyse
statistique retenue.
Le quatrième chapitre présente, dans les deux premières sections, les résultats des
analyses exploratoire et explicative (multivariée). La synthèse et la mise en perspective
de nos résultats par rapport à la littérature antérieure sont abordées dans une troisième
section.
Première Partie : La divulgation sur le capital immatériel : cadre conceptuel et revue de la
littérature
14
PPRREEMMIIEERREE PPAARRTTIIEE ::
LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN SSUURR LLEE CCAAPPIITTAALL
IIMMMMAATTEERRIIEELL :: CCAADDRREE CCOONNCCEEPPTTUUEELL EETT
RREEVVUUEE DDEE LLAA LLIITTTTEERRAATTUURREE
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
15
CCHHAAPPIITTRREE PPRREELLIIMMIINNAAIIRREE ::
LLEE CCAAPPIITTAALL IIMMMMAATTÉÉRRIIEELL :: CCLLAARRIIFFIICCAATTIIOONN DDEE
CCOONNCCEEPPTTSS EETT PPRRAATTIIQQUUEESS DDEE
CCOOMMMMUUNNIICCAATTIIOONN
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
16
a communication est un acte, un processus, l’information est un produit, une
substance, une matière première (Escarpit 1991). Les deux notions se
distinguent par l’objectif poursuivi. Depoers (1999) avance que la firme produit
de l’information financière dans le but de respecter l’ensemble des obligations
légales, auxquelles elle doit se soumettre sous peine de sanction. La communication
financière a pour but de modifier, à partir des données de l’information financière, l’image
de l’entreprise. Elle comprend les informations obligatoires que toutes les firmes cotées
doivent publier d’une part, et les informations volontaires dont le contenu et le calendrier
de publication sont laissés à la discrétion des dirigeants, d’autre part.
Michailesco (2000, cité par Diouani et Khlif 2011) définit la stratégie de communication
comme étant « le résultat de multiples arbitrages et d’objectifs poursuivis à travers la diffusion
d’informations et ce en fonction de l’interprétation des responsables des pressions externes et de
l’ampleur des coûts associés ». Ainsi, le seul respect des entreprises des obligations légales de
divulgation ne permet pas aux dirigeants de satisfaire à leurs objectifs financiers et à
leurs besoins de légitimation.
Actuellement, nous observons l’émergence de nouvelles pratiques de divulgation
volontaire, à travers lesquelles les firmes dépassent la publication des seules informations
comptables obligatoires en choisissant de divulguer sur des thèmes plutôt que d’autres.
En effet, le capital immatériel apparaît comme un nouveau thème de diffusion dans les
rapports annuels en raison des transformations profondes de nos économies et des
entreprises.
L’émergence de l’investissement immatériel est un indicateur important du changement
des systèmes productifs traditionnels vers l’incorporation de plus de connaissances, de
savoirs et d’informations dans les processus de création de valeur. Toutefois, il n’existe
pas une définition précise et communément admise de l’investissement immatériel en
raison de l’hétérogénéité des domaines touchés et de l’absence d’un cadre conceptuel
(références normatives ou techniques) clairement défini concernant cette notion.
L
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
17
Dans ce chapitre, deux points sont abordés. Dans une première section, nous essayons de
définir les différentes appellations relatives aux activités immatérielles (investissements,
dépenses, capital et actifs) ainsi que les principales composantes du capital immatériel :
structurel, relationnel et humain. La deuxième section propose de présenter les
principaux modèles et recommandations en matière de divulgation sur les intangibles.
SSEECCTTIIOONN 11 :: LLEESS IIMMMMAATTEERRIIEELLSS :: UUNN DDEEBBAATT CCOONNCCEEPPTTUUEELL
Les tentatives de la définition du concept « immatériel » se sont heurtées à plusieurs
types de problèmes. D’abord, nous trouvons, dans la littérature, différents thèmes qui
recouvrent souvent les mêmes réalités : immatériel, incorporel et intellectuel.
Avril et Dumont (2006) confirment que le terme incorporel a une filiation comptable,
c'est-à-dire que l’on peut le retrouver dans le bilan de l’entreprise : les immobilisations
incorporelles, qui comprennent généralement les biens immatériels acquis, comme les
brevets, les marques et les logiciels ainsi que certains éléments générés en interne tels que
la R&D (sous certaines conditions). En conséquence, une proportion significative des
éléments immatériels de l’entreprise n’est pas ou peu reconnue dans les états financiers
comme les marques, les titres de journaux et de magazines, les notices, les listes de clients
générés en interne et autres éléments similaires en substance4.
Le qualificatif intellectuel relève davantage d’une approche managériale et sociologique
que comptable et économique. Caspar et Afriat (1988) avancent que l’investissement
intellectuel est la mise en œuvre d’une pensée globale centrée sur l’introduction de
l’intelligence dans les différents processus de l’entreprise. Stewart (1997) définit le capital
intellectuel comme étant la connaissance, l’information, la propriété intellectuelle et
l’expérience dont une entreprise peut se servir pour créer de la valeur ». Selon l’auteur, le
capital intellectuel de l’entreprise se limite aux connaissances et aux compétences des
salariés.
Bounfour (1998) confirme que « les analystes orientés vers l’innovation et plus généralement la
stratégie privilégient les notions d’investissements intellectuels, d’investissements en intelligence
(Afriat 1992) ou d’investissements immatériels ». Savall et Zardet (1988) parlent de « 4I »
(Investissement Immatériel, Intellectuel et Incorporel) et définissent l’investissement
immatériel comme « un ensemble de mini-actions individualisées ou collectives et
synchronisées qui convergent vers la réalisation des objectifs stratégiques de l’entreprise démultipliés
à tous les niveaux ».
4IASB, 2004, IAS 38 §63
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
18
Bien que les trois termes soient souvent employés comme des synonymes, nous
remarquons que le champ de l’« immatériel » est plus large et recouvre celui de
l’incorporel (approche comptable et normative) et de l’intellectuel (approche gestionnaire
fondée sur les connaissances ou la dimension humaine).
Ensuite, nous nous sommes heurtés à la diversité sémantique quant aux appellations
relatives aux activités immatérielles : dépense, investissement, actif et capital.
Pierrat et Marotory (1996) stipulent qu’il n’existe pas, de liaison systématique entre
l’engagement d’une dépense de nature immatérielle et la formation d’un actif lié. En effet,
nous pouvons engager toutes les ressources d’une entreprise dans l’activité de R&D, sans
pour autant que nous soyons assurés d’aboutir à un procédé brevetable par l’entreprise
(Bounfour 1998).
Dans son ouvrage « Le management des ressources immatérielles », Bounfour (1998) a étudié
les relations dépense – investissement immatériel et investissement – actif immatériel.
L’auteur avance que l’analyse de la littérature sur la question de l’immatériel, montre qu’il
y a une liaison forte entre investissement et actif de l’entreprise, c’est à dire avec la
formation du patrimoine. Bounfour (1998) affirme que la difficulté réside lors du passage
de la notion de dépense, associée à un investissement, à la notion d’actif, c'est-à-dire au
moment de l’inscription de la dépense engagée à l’actif du bilan de l’entreprise.
Figure 1 : Les relations causales de la mesure de l’immatériel
Dépenses Investissements Actifs immatériels
Source : Bounfour (1998, p.27)
Dépenses – investissements immatériels
Les dépenses immatérielles sont une évaluation monétaire des coûts de l’investissement
immatériel. Toutes les dépenses immatérielles n'ont pas automatiquement la qualité
d'investissements. En effet, les dépenses qui ont le caractère d'investissement induisent
généralement le développement de l'actif économique, en étant utilisé durablement par
l'entreprise dans son activité, contribuant à produire un avantage spécifique, créateur de
valeur et donc induisant des revenus futurs. Il en découle qu'il existe des dépenses
immatérielles "courantes" et des dépenses d'investissement immatériel, la distinction
entre les deux s'opère en répondant à ces deux questions : est-ce que la dépense aura un
impact au-delà de la période actuelle ? Est-ce que la dépense induira une génération de
revenus ?
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
19
Dans la pratique, la distinction entre investissement et dépense courante peut sembler
facile : une campagne publicitaire pour lancer un nouveau produit, ou la mise au point
d'un nouveau produit en R&D correspondent à une logique d'investissement ; par
opposition, le paiement de frais d'entretien d'un brevet ou les dépenses de publicité
régulières assurées sur un produit existant correspondent plutôt à des dépenses
courantes, c'est-à-dire qui n'ont d'impact que sur les revenus de l'exercice courant. Cette
distinction entre dépenses courantes et investissement n'est évidemment pas propre à
l'immatériel. Toutefois, les dépenses immatérielles présentent la particularité de procéder
par accumulation non-linéaire, c'est-à-dire que la valeur d'une unité monétaire marginale
investie dépend du montant accumulé des dépenses précédentes, et cela en fonction d'une
loi non-linéaire. Cela signifierait donc que la distinction dépenses courantes-
investissement pourrait être trop dichotomique en ce qui concerne l'immatériel : des
dépenses considérées aujourd'hui comme courantes peuvent, par accumulation, s'avérer
être un investissement. Cela explique peut-être l'abus de langage qui consiste à parler
automatiquement d'investissements immatériels quand on souhaite évoquer les dépenses
immatérielles.
Investissements – actifs immatériels
Bounfour (1998) avance que c’est la relation « Investissements – actifs immatériels » qui
doit être examinée du point de vue de la comptabilisation des activités immatérielles.
Selon le référentiel comptable international (IASB), pour qu’un investissement immatériel
figure à l’actif du bilan, il doit satisfaire à la fois à la définition d’une immobilisation
incorporelle et aux critères de comptabilisation. Toutefois, tous les investissements
immatériels ne répondent pas à la définition d’un actif incorporel (immobilisation
incorporelle).
Les normes internationales stipulent que l'actif se caractérise par : l'identifiabilité
(séparabilité), le contrôle et les bénéfices économiques futurs5. Cette caractérisation, tout
particulièrement la notion de contrôle, interdit la prise en compte d'une large part de
l'immatériel dans les comptes de l'entreprise. Par exemple, une entreprise ne contrôle pas
ses ressources humaines au sens comptable, puisque les collaborateurs sont libres de
quitter l'entreprise à tout moment.
La comptabilisation des investissements comme actif selon les IFRS/IASB suppose, outre
l’existence d’avantages économiques futurs (critère de distinction entre dépenses
5Le traitement comptable des dépenses immatérielles sera traité au niveau du chapitre 1
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
20
immatérielles "courantes" et des dépenses d'investissements immatériels), la certitude
quant à leur réalisation et la précision de leur mesure. L’application de ces deux dernières
règles (certitude et mesure fiable) pose problème dès lors qu’il s’agit d’éléments
immatériels, en raison des incertitudes qui enveloppent la valeur de ces éléments et
notamment leur capacité à générer des revenus futurs. Ainsi, les normes comptables
internationales sont contraignantes quant à l’activation des investissements immatériels
où seuls quelques éléments incorporels ont vocation à figurer dans la partie Emplois du
bilan de l’entreprise.
Dans la figure n°2, nous essayons, en identifiant les conditions de passage d’un concept à
un autre, de clarifier les différentes appellations relatives aux activités immatérielles.
Figure 2 : Dépenses - investissements et actifs immatériels
Louzzani (2004) confirme la présence d’un lien entre les deux concepts. L’auteur avance
qu’un investissement immatériel est un moyen permettant de maintenir ou d’améliorer la
production en renouvelant et en développant le capital immatériel, ou plus généralement
le capital technique des organisations productives, au sens de Barre6 (1975) repris
ultérieurement par Boisselier (1993).
6Barre R. (1975, cité par Louzzani, 2004) définit le capital technique comme «l’ensemble des biens matériels, qui sont utilisés dans les détours de production et augmentent la productivité du travail humain».
Dépenses immatérielles
Dépenses immatérielles courantes
Actifs Immatériels
Dépenses d’investissements immatériels
Existence d’avantages économiques futurs
Reconnaissance comptable
Dépenses immatérielles courantes
oui
oui
non
non
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
21
Dans ce qui suit, nous essayons de voir la différence entre les notions d’investissement
immatériel et de capital immatériel.
11.. LLee ccoonncceepptt dd’’«« IInnvveessttiisssseemmeenntt iimmmmaattéérriieell »»
La définition de l’investissement au sens large du terme peut être abordée selon un point
de vue comptable, économique et financier (Margerin et Ausset 1993, cité par Leymarie
2001). L’optique comptable réduit l’investissement à la notion d’immobilisation. Ainsi, est
considéré un investissement tout bien meuble ou immeuble, corporel ou incorporel acquis
ou produit par la firme (Leymarie 2001) et qu’il est probable que les bénéfices
économiques futurs attribuable à ce bien iront à l’entreprise.
La dimension économique propose une définition plus élargie de l’ « investissement ».
Elle le considère, selon Leymarie (2001) comme tout sacrifice de ressources disponibles
aujourd’hui dans l’espoir d’en obtenir, dans le futur, des résultats ou des recettes étalées
dans le temps, d’un montant supérieur à la dépense initiale .
Cette définition se rencontre à peu près dans les mêmes termes chez plusieurs auteurs. En
effet, Pierrat et Martory (1996) définissent l'investissement comme « un engagement actuel
des ressources de l'entreprise qui est effectué dans l'espoir de réaliser un profit futur supérieur ».
Dans toutes ces définitions, nous remarquons la présence du terme « espoir » soulignant
ainsi le caractère incertain et douteux de l’investissement quant à la réalisation des
bénéfices futurs. Ceci amène le comptable à l'écarter du champ des actifs au nom du
principe de prudence (Boisselier 1993) et de comptabiliser sa grande partie dans un
compte de charges alors que l’effet attendu sur la trésorerie de la firme se prolongera sur
plusieurs années.
Enfin, la conception financière de l’investissement est plus extensive que les conceptions
comptable et économique. Selon cette dimension, Leymarie (2001) définit l’investissement
comme étant toute dépense qui générera des revenus (ou des économies) sur une longue
période et qui par conséquent, « se remboursera » sur plusieurs années. L’auteur ajoute
que la notion d’investissement immatériel est encore mal reconnue et elle est sujette à
controverses. En effet, le qualificatif d’ « immatériel » s’applique mal à la notion
d’investissement.
Selon Pierrat et Martory (1996), « la terminologie, investissement immatériel, est un raccourci
de langage pour désigner une dépense dans le domaine de l’immatériel ayant le caractère d’un
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
22
investissement ou s’intégrant à une opération d’investissement ». Les auteurs présentent trois
situations qui peuvent être qualifiées « d’investissements immatériels » :
une dépense immatérielle isolée et présentant par elle-même les caractéristiques
d’une opération d’investissement (par exemple une dépense destinée à financer
l’étude et la réalisation d’une réorganisation d’un service essentiel de l’entreprise);
une dépense immatérielle incluse dans un ensemble de dépenses relatives à une
opération d’investissement plus vaste dont elle n’est qu’un élément (une dépense
de recherche, ou plus exactement un ensemble de dépenses de recherche, destinée
à mettre au point un produit nouveau) ;
une dépense immatérielle spécifiquement orientée vers la constitution ou
l’acquisition d’un actif immatériel (une entreprise industrielle décide de se lancer
dans la mise au point technique d’un produit en vue de le produire puis de le
commercialiser).
La fin des années quatre-vingt et les années quatre-vingt-dix a donné lieu à plusieurs
tentatives de définitions des investissements immatériels. Bien qu’elles constituent des
apports théoriques importants, ces différentes définitions sont souvent trop générales et
peinent à fournir des critères clairs d’identification de l’investissement immatériel.
Goldfinger (1994) confirme que les difficultés de définition reflètent le caractère
foisonnant des immatériels. En effet, les frontières sont mouvantes et le chevauchement
entre les activités est fréquent. L’absence d’une définition universellement reconnue
reflète la diversité des caractéristiques des immatériels et la complexité de leurs effets.
Alcouffe et Louzzani (2003) classent les tentatives de définition de l’investissement
immatériel, soulevées dans la littérature, en fonction des démarches poursuivies :
Explicitation de son contenu
Description des caractéristiques
Expression de « ce qu’il n’est pas »
Enumération et description des composantes (élaboration des typologies)
11..11.. EExxpplliicciittaattiioonn ddee ssoonn ccoonntteennuu
En 1987, un groupe de travail du CNIS définit l’investissement immatériel comme étant
une dépense qui, malgré qu’elle soit inscrite en charge d’exploitation, améliore la capacité
de production et valorise l’entreprise en s’accumulant sous la forme d’un capital
amortissable sur une production future et en constituant une valeur patrimoniale cédable
sur le marché (CNIS 1987, cité par Louzzani 2004).
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
23
Depallens et Jobard (1990, cité par Leymarie 2001) confirment que l’investissement
immatériel est un ensemble des dépenses engagées en vue du développement de
l’entreprise, de l’amélioration de son organisation et de la maitrise de ses coûts dans la
conduite de projets. Ces dépenses peuvent être liées ou non à des investissements
matériels. Lacroix (1997, cité par Alcouffe et Louzzani 2003) définit l’investissement
immatériel comme « un flux virtuel, générateur d'effets complexes allant de la mise sous tension
de connaissances à la naissance de réalisations concrètes7». Dans cette définition, l’auteur
associe la notion d’immatériel à celle des connaissances. De même, Ochs (1995, cité par
Alcouffe et Louzzani 2003) considère l'investissement immatériel comme un
« investissement intangible dynamique qui incorpore de manière durable une part de connaissance
dominante dans le but de contribuer de manière spécifique ou processuelle à la compétitivité et à la
valeur de l'entreprise ».
Epingard (1998) définit l'investissement immatériel comme étant un détour par la
production de connaissances qui s'incorporent durablement dans les objets, les hommes et
l'organisation. Alcouffe et Louzzani (2003) confirment qu’Epingard (1998) relie le concept
de l'investissement immatériel à la montée de l'information et aux mutations importantes
des systèmes productifs. Il considère que l'investissement immatériel permet de
dynamiser la création et la diffusion des connaissances, au sens large8, à l'œuvre dans le
processus productif.
11..22.. EExxpprreessssiioonn ddee «« ccee qquu’’iill nn’’eesstt ppaass mmaattéérriieell»»
Pour définir les investissements immatériels, plusieurs auteurs et organismes adoptent
une approche résiduelle/soustractive qui vise à attribuer le qualificatif « immatériel » à
tout ce qui n’est pas matériel (OCDE 1992, Thibierge 1997). En effet, selon l’OCDE
(1992) l’investissement immatériel « englobe les dépenses à long terme autres que l'achat
d'actifs fixes que les entreprises consentent dans le but d'améliorer leurs résultats ».
Thibierge (1997), définit un investissement immatériel comme étant toute dépense
monétaire ou plus généralement tout engagement de ressource, qui conduit à la création
d’un avantage économique durable pour l’entreprise, sans être matérialisé sous la forme
d’un bien matériel ou financier. Prache (1988, cité par Boisselier 1993) désigne par
investissement immatériel « toute dépense qui a un caractère économique d'investissement sans
7L'auteur ne précise pas ce qu'il entend par "réalisations concrètes", mais on peut raisonnablement penser qu'il s'agit des actifs (ou valeurs) immatériels ou des revenus futurs. 8L'auteur se réfère à P. Baumard (1996) pour définir les connaissances en tant que "continum qui s'étend du non représentable (pressentiment) à l'information interprétée", et qui intègre la dimension tacite des savoirs, individuels et collectifs.
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
24
se traduire par l'acquisition de biens matériels ». L’auteur cite à titre d’exemples les
investissements dans les activités de recherche et développement, la formation,
l’acquisition ou la production de logiciels, etc.
Le PCG français a adopté la même approche en 1982 lorsqu’il définit les immobilisations
incorporelles. Ces dernières représentent les immobilisations autres que les
immobilisations corporelles et financières.
11..33.. DDeessccrriippttiioonn ddeess ccaarraaccttéérriissttiiqquueess
Les investissements immatériels présentent d’importantes différences avec les actifs
corporels du fait qu’ils offrent simultanément plusieurs caractéristiques divergentes :
Incertitude sur les revenus futurs, la non rareté, la séparabilité ou la modularité, La non
répétitivité des phénomènes à l'identique dans le temps…
11..33..11.. IInncceerrttiittuuddee ssuurr lleess rreevveennuuss ffuuttuurrss :: uunn rriissqquuee aaccccrruu
Les projets à forte composante immatérielle sont des projets ayant un niveau de risque
relativement plus élevé et leur rentabilité est plus aléatoire. Les investissements
immatériels comportent, dans leur mise en œuvre, leur durée et leurs revenus futurs, une
grande part d'incertitude. Lorsque nous bâtissons un immeuble, nous sommes sûrs d'en
tirer un bénéfice, même si nous devons patienter pendant une période de crise
économique. Cependant, il faut déployer beaucoup d’efforts afin de générer de la
connaissance, et au bout du compte, cela peut ne pas aboutir à une invention brevetable.
Mouhoud et Plihon (2005) confirment que les investissements immatériels obéissent à
une logique du «tout ou rien». Ils sont entièrement perdus en cas d’échec car ils sont
irrécupérables. Cependant, ils peuvent générer des profits importants en cas de réussite
grâce à un effet de levier élevé. Les auteurs ajoutent que les entreprises de la nouvelle
économie sont confrontées à un défi très important celui de trouver des financements
pour les investissements immatériels dont le rendement potentiel est élevé mais incertain.
Alcouffe et Louzzani (2003) considèrent que le risque inhérent à tout projet
d'investissement immatériel devient de plus en plus important dans une économie qui
connaît un mouvement de complexification de ses processus de création de valeurs.
Kothari et al. (2002) ont montré que les revenus des investissements en R&D sont plus
incertains que les investissements en capital matériel, ce qui justifie le conservatisme du
traitement comptable des coûts de R&D. De son coté, Shi (2003) affirme que les
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
25
investissements en R&D sont plus risqués que d'autres types d'investissements et
augmentent le niveau du risque pour le recouvrement des créanciers de la firme.
Thiberge (1997) propose deux raisons expliquant le risque accru pour les intangibles et la
grande probabilité d’échec : l’absence de matérialité et l’incertitude. Selon Williamson
(1988, cité par Thiberge 1997) « l’absence de matérialité des investissements immatériels,
souvent associée à une absence de marché, implique qu'il n'y a pas vraiment de garantie gagée sur
le bien, et induit donc un risque d'insolvabilité plus fort ».
L’absence de marché pour les élements immatériels a été soulevée aussi par Martory
(1990) qui confirme que dans une économie de marché, les investissements immatériels
rencontrent une difficulté majeure procurée par l'inexistence de marchés organisés et
efficients pour les valeurs immatérielles. Pierrat et Martory (2000), proposent que c'est la
possibilité de revente et le prix potentiel qui sont les déterminants essentiels de la valeur
des immatériels. Par conséquent, les investissements immatériels ont une valeur
marchande incertaine, puisque les revenus qu'ils génèrent ne sont pas prévisibles et
mesurables d'une manière fiable.
11..33..22.. LLaa nnoonn rraarreettéé
La non rareté ou la non rivalité des incorporels constitue leur principal attribut. Alors
qu’un bien matériel (physique, financier ou humain) ne peut être utilisé qu’une seule fois
dans un domaine et pendant un intervalle de temps bien définis, un bien immatériel peut
être impliqué simultanément dans différentes utilisations.
Lev (2001) explique que cette spécificité résulte des coûts marginaux très négligeables
voire nuls des incorporels. Par exemple, doubler le nombre d’unités produites nécessite la
mise en place de nouveaux équipements et matériels industriels qui coûtent chers, alors
qu’augmenter cinq fois le volume des ventes des produits cosmétiques ne nécessite pas
des efforts supplémentaires dans les activités de R&D.
11..33..33.. LLaa ssééppaarraabbiilliittéé oouu mmoodduullaarriittéé
La modularité (ou séparabilité) définit le degré par lequel un actif peut faire l’objet d’une
cession individuelle sur un marché sans subir une dépréciation élevée. Martory (1999)
distingue quatre niveaux de modularité, en rappelant évidemment que les créanciers
privilégieront une plus grande modularité (la protection juridique est naturellement liée
avec le degré de séparabilité des actifs).
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
26
a) Les actifs immatériels séparables : un actif est séparable si une entreprise peut louer,
vendre, échanger ou distribuer les avantages économiques futurs spécifiques résultant de
cet actif sans céder également d’autres avantages économiques futurs découlant d’autres
ressources utilisées dans la même activité génératrice de profits. Si l’immobilisation
incorporelle ne peut être cédée en tant qu’élément d’une activité génératrice de profits à
laquelle elle contribue, elle n’est pas séparable du fonds de commerce attaché à cette
activité. Le critère de valorisation est donc de pouvoir identifier l’actif et conséquemment
de pouvoir l’exploiter isolément. Un droit au bail ou un brevet entrent, par exemple, dans
cette catégorie.
b) Les actifs immatériels attachés à un actif matériel : l’exploitation des deux
éléments doit être simultanée, donc la cession doit être conjointe. C’est le cas par exemple
de savoir faire liés à l’utilisation d’équipements.
c) Les actifs immatériels « englobants » : un actif immatériel englobant est un actif
immatériel qui « concentre » la valeur de plusieurs composantes immatérielles non
séparables. L’archétype de cette catégorie est la marque commerciale qui est le vecteur
représentatif de l’ensemble des attributs attachés par les consommateurs aux produits
correspondants.
d) Les actifs immatériels « non affectables » : nous sommes face à des incorporels à la
fois non repérables et non cessibles séparément. Ils vont apparaître par différence et
figurer comme des éléments constitutifs du “ goodwill ”.
Dans la pratique, il y a très peu d'investissements immatériels purs, clairement identifiés
en tant que tels, et dont les incidences peuvent être appréciées indépendamment des
incidences des dépenses matérielles. À eux seuls, les actifs immatériels ne créent pas de
valeur et ne génèrent pas de croissance. Il faut les conjuguer à d’autres facteurs de
production. Dans ce sens, Pierrat et Martory (2000), affirment que « nous sommes face à un
"mix hétérogène d'actions de capitalisation " liant, dans un système ouvert et complexe, des
investissements matériels et plusieurs types d'investissements immatériels ».
Certains auteurs préfèrent de plus en plus à la notion de « séparabilité » des notions à
connotation plus positives telles que la complémentarité (OCDE 1992) ou la transversalité,
c'est-à-dire la non affectation à une fonction précise (Bounfour 2000).
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
27
11..33..44.. LLaa nnoonn rrééppééttiittiivviittéé ddeess pphhéénnoommèènneess àà ll''iiddeennttiiqquuee ddaannss llee tteemmppss
Les investissements immatériels inscrivent leurs effets dans une durée supérieure à celle
des investissements matériels et ils sont difficilement estimables au début du projet. Par
exemple, la substitution d'un matériel informatique nécessite quelques heures alors que
l'utilisation efficace d'un nouveau logiciel nécessite plusieurs mois, voire plusieurs années.
La valeur des immatériels varie sans logique temporelle car elle dépend de plusieurs
facteurs, alors que les matériels se déprécient jusqu'à devoir être remplacés par des neufs,
ce qui justifie leur amortissement comptable.
L'hypothèse d'une répétition des phénomènes à l'identique au fil des temps et le principe
stipulant que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets ne s'appliquent pas
aux phénomènes immatériels. Les immatériels sont caractérisés par l'intervention des lois
variables de progression ou de régression dans le temps, en effet, toute choses égales par
ailleurs, la même action répétée dans une organisation ne l'est jamais à l'identique, même
lorsque les données de l'environnement sont stables (Pierrat et Martory 2000).
11..44.. EEnnuumméérraattiioonn eett ddeessccrriippttiioonn ddeess ccoommppoossaanntteess ((ééllaabboorraattiioonn ddeess ttyyppoollooggiieess))
Une autre approche de nature analytique consiste à définir l’immatériel à partir de ses
composantes (Bounfour 1998). Cette approche a été adoptée par de nombreuses
institutions qui se sont intéressées à la mesure de l’immatériel et sa contribution à la
compétitivité et la création de valeur pour les entreprises : l’OCDE, l’INSEE, le ministère
de l’industrie et la banque de France, le CBS aux pays Bas, les instituts de statistiques
finlandais, etc. Toutefois, il n’y a pas d’unanimité entre chercheurs et statisticiens-
analystes européens sur la nature des composantes de l’immatériel à intégrer.
Lorsque nous cherchons à les classer, nous sommes rapidement confrontés à leur extrême
diversité. Il existe donc de nombreuses classifications des actifs incorporels en raison du
caractère récent de la réflexion sur le sujet.
Dans ce qui suit, nous présenterons quatre typologies adoptant chacune une approche
différente : selon le type d’activité (l’OCDE 1992), classique (l’INSEE 1995), fonctionnelle
(Bounfour 1998) et selon le degré d’identification (Pierrat 1995).
11..44..11.. TTyyppoollooggiiee ppaarr ttyyppee dd’’aaccttiivviittéé ((OOCCDDEE 11999922))
L’OCDE (1992) confirme que l’origine de l’émergence de l’investissement immatériel est
dans la reconnaissance par le management que la technologie, les qualifications du
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
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personnel et l’organisation des entreprises déterminent leur compétitivité. L’OCDE
(1992) ajoute que ce concept recouvre toutes les dépenses à long terme, autres que l'achat
d'actifs fixes, que les entreprises consentent dans le but d'améliorer leurs résultats.
La définition de l’OCDE suggère une approche large de l’investissement immatériel, avec
les problèmes que soulève la dynamique relationnelle entre les différentes composantes de
l’investissement. Cinq groupes, reposant sur les types d’activités, sont distingués :
a) L’investissement immatériel en technologie : il se trouve en amont du processus
d’innovation. Il développe les connaissances et compétences de base, nécessaires à
l’introduction de nouveaux produits et procédés. Cet investissement comprend : la R&D,
y compris le logiciel de R&D, les acquisitions de technologies via les licences et les
brevets, la conception, l’ingénierie ainsi que les activités d’observation et d’exploration en
vue de renforcer le positionnement compétitif de l’entreprise vis-à-vis de ses concurrents.
b) L’investissement immatériel qualifiant : il inclut les investissements en ressources
humaines, en organisation et structuration de l’information. Ses composantes sont
essentielles à l’exploitation et à la valorisation de l’investissement fixe.
c) L’investissement en ressources informationnelles de marché : il permet de rendre
les utilisateurs finaux plus informés des caractéristiques de l’offre de l’entreprise en
termes de produits et de services
d) Les logiciels
e) Les systèmes d’information : ce groupe inclut les systèmes d’information développés
par l’entreprise pour son usage interne.
11..44..22.. TTyyppoollooggiiee ccllaassssiiqquuee ((IINNSSEEEE 11999955))
L’INSEE (1995) a procédé à un essai de définition de l’investissement immatériel dans un
document de travail préparé pour le compte du Commissariat Général du Plan (CGP)9. Ce
même document discute la définition de l’investissement immatériel. Les composantes
recensées et analysées sont :
- R&D dont achats et brevets,
- Formation professionnelle,
9Le Commissariat général du Plan (CGP) était une institution française qui a existé entre 1946 et 2006 et qui était chargée de définir la planification économique du pays, notamment via des plans quinquennaux. Il s'est transformé en Centre d'analyse stratégique (CAS), créé en 2006.
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
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- Dépenses commerciales (publicité),
- Logiciels,
- Transferts techniques,
- Autres investissements immatériels (droits audiovisuels, etc.).
Les quatre premiers éléments sont communs avec la typologie proposée par la Centrale
de Bilan de la Banque de France (Banque de France 2001, p. 17)
11..44..33.. TTyyppoollooggiiee ffoonnccttiioonnnneellllee ((BBoouunnffoouurr 11999988))
S’appuyant sur l’organisation du processus d’allocation des ressources, Bounfour (1998)
classe les immatériels selon une approche fonctionnelle (figure n°3 et tableau n°1).
Deux types de fonctions sont identifiés au sein de l’entreprise : des fonctions-valeur et des
fonctions-ressource.
Chaque fonction comprend une ou plusieurs composantes de l’immatériel. Les fonctions-
valeur englobent :
- La R&D
- La production
- La logistique au sens large, y compris la logistique informationnelle (traitement,
stockage et transport de l’information),
- La commercialisation-distribution (réseaux, canaux de distribution…),
- La communication, dont l’objet est d’affirmer l’image externe de l’entreprise.
Les fonctions-ressource incluent trois types de ressources : informationnelles, humaines
et financières. L’auteur précise que « l’approche proposée ici consiste donc à considérer les
composantes de l’immatériel soit par rapport à une fonction (cas des services informatiques pour la
logistique informationnelle), soit de manière transfonctionnelle, lorsque celle-ci « traversent »
l’ensemble des fonctions, ou tout au moins ne peuvent être dédiées à l’une d’entre elles (cas du conseil
juridique, des services comptables ou du conseil en management) ».
Figure 3 : La chaîne de valeur : Fonctions valeurs/Fonctions ressources
Fonctions valeurs
R&D Production Logistique Commercialisation
Distribution Communication
Fonctions ressources Ressources
Informationnelles Ressources Humaines
Ressources Financières
Source : Bounfour (1998, p.24)
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
30
Tableau 1 : Investissements immatériels et fonctions
Recherche et développement
-R&D -Brevets, licences -Designs et nom de marque
Production
-Accroissement de la capacité des systèmes de production -Amélioration de la qualité des systèmes de production -Recherche de sources de production externes compétitives
Logistique
-Amélioration des systèmes et capacités d’achat -Accroissement de la capacité des systèmes d’information -Amélioration de la qualité et de la productivité des systèmes d’information
Commercialisation, Distribution et communication
-Recherche de marché -Publicité -Marketing directe -Communication d’entreprise
Ressources humaines, organisation, compétences
-Formation et développement de ressources humaines -Restriction et développement organisationnel -Développement de compétence et de capacité spécifiques
Qualité des outputs
-Qualité des outputs (produits, services) -Différenciation des outputs
Services de soutien transfonctionnels
-Services de soutien transfonctionnels (fusions acquisitions, services juridiques, services de conseil, services comptables, etc.)
Source : Bounfour (1998, p.25)
11..44..44.. TTyyppoollooggiiee sseelloonn llee ddeeggrréé dd’’iiddeennttiiffiiccaattiioonn ((PPiieerrrraatt 11999955))
Pierrat (1995) fournit une classification des actifs incorporels qui correspond à un ordre
décroissant des possibilités d’identification. Elle comporte les catégories suivantes :
a) les droits et les quasi-droits sont des actifs incorporels identifiables qui peuvent
bénéficier d’une protection juridique et faire l’objet d’échange sur un marché et ils sont
valorisables par eux mêmes.
Leur proximité avec les actifs matériels est évidente et leur reconnaissance en tant
qu’actif est très ancienne dans la plupart des pays :
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
31
Droits de propriété : brevets, droits d’auteurs, droits de reproduction, marques,
dessins et modèles… ;
Droits réglementaires ou légaux : quotas d’importation, autorisations,… ;
Droits contractuels : contrats commerciaux, contrats financiers, accords, contrats
de travail, droit au bail… ;
Quasi- droits : savoir-faire, secrets de fabrication, procédés….
b) les actifs incorporels matérialisables sont des actifs qui ne sont pas a priori définis
par un document ayant une force juridique quelconque, mais qui peuvent être protégés et
qu’il est possible de transmettre dans le cadre d’une cession individualisée en tant que
tels.
Les actifs incorporels les plus représentatifs de cette catégorie sont les programmes
informatiques (logiciels et progiciels), bases de données (acquises ou développées)…
c) les actifs incorporels exploitables sont des éléments sur lesquels l’entreprise n’a pas
d’emprise juridique mais qui sont identifiables et dont l’exploitation permet de dégager
des revenus. Ces actifs ne peuvent faire l’objet d’une cession puisqu’ils ne sont pas la
propriété de celui qui les exploite ; mais dans la plupart des cas, il est possible de
transmettre séparément la faculté de les exploiter à des tiers, c’est pourquoi il est devenu
courant de parler de "cession" pour ces actifs, alors qu’un usage plus adéquat du
vocabulaire consisterait à parler de "transmission de la faculté d’exploitation".
Les exemples les plus représentatifs de cette catégorie d’actifs sont : les fichiers clients,
listes d’abonnés, catalogues de produits, réseaux de distribution…
d) les structures se distinguent des actifs incorporels exploitables par le fait qu’elles ne
sont pas identifiables en tant que telles. Ce sont des actifs incorporels liés aux processus
et aux réseaux utilisés par l’entreprise qui ne sont pas identifiables en tant que tels ni
séparables d’autres actifs.
Il est par exemple possible de transmettre un fichier clients à une entreprise cessionnaire
qui pourra l’exploiter indépendamment de l ‘entreprise cédante, il n’est généralement pas
possible de transférer une structure sans les autres actifs qui lui sont rattachés. Font
partie des structures des éléments tels que les structures organisationnelles, le système
d’information, les relations et réseaux de relations.
e) les valeurs incorporelles résiduelles correspondent à la partie du capital immatériel
de l’entreprise qui ne peut être expliquée à partir d’éléments identifiables ; elles sont
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
32
parfois assimilées de façon discutable à la notion de "fonds de commerce" ou à celle de
"goodwill".
f) les révélateurs d’actif incorporels ne sont pas des actifs incorporels mais des
« objets » qui donnent l’impression d’en être, tout simplement parce qu’ils symbolisent
une source de valeur. Exemple : part de marché.
Cette classification des actifs incorporels présente un intérêt pratique puisque la facilité de
procéder à une évaluation de l’un d’eux est directement liée à la catégorie dans laquelle il
se situe.
22.. LLee ccoonncceepptt dduu «« CCaappiittaall iimmmmaattéérriieell »»
Le terme de capital immatériel a été défini pour la première fois en 1992, chez l’assureur
suédois Skandia, par Edvinsson et ce dans le cadre de ses travaux sur l’amélioration des
méthodes de gestion du groupe. En 1997, il publiera le résultat de ses recherches, en
collaboration avec Malone10, dans un ouvrage fondateur «Le capital immatériel de
l’entreprise». Selon Edvinsson et Malone (1997), ce concept « cherche à identifier les
richesses cachées de l’entreprise, soit tout ce qui lui permet de créer de la valeur et que l’on ne peut
déceler à la lecture de son bilan. Le capital immatériel est donc associé par définition à la différence
entre la valeur réelle, ou de marché, de l’entreprise et sa valeur comptable ».
Ouziel (2002) confirme que l’un des points essentiels concerne la distinction entre le
capital immatériel et les actifs immatériels. L’auteur avance que les actifs immatériels
(comme les brevets et logiciels) sont mieux appréhendés au niveau formel au moins, parce
qu’ils sont juridiquement protégés et comptablement reconnus. Toutefois le capital
immatériel est difficilement identifiable, généralement non protégeable, donc peu ou mal
chiffrable pour les différentes parties prenantes notamment les analystes financiers.
Le débat théorique sur le capital immatériel remonte aux années 1990 avec une littérature
à connotation plus managériale que financière, qui considère les ressources immatérielles
le principal moteur de la survie des entreprises et le développement des avantages
compétitifs dans une économie moderne caractérisée par la prolifération d’activités
intégrant une part grandissante de savoirs, connaissances et technologies.
10Edvinsson et Malone sont les auteurs d’un ouvrage fondateur sur le sujet « Intellectual capital, realizing your company’s true value by finding its hidden brain-power ». Cet ouvrage est le résultat de travaux menés à partir de 1992 chez l'assureur suédois SKANDIA. Selon ces auteurs, le capital immatériel peut essentiellement prendre trois formes : le capital humain, le capital structurel interne (regroupe toutes les informations sur l’organisation l’innovation et le savoir faire) et le capital structurel externe (essentiellement porté sur le capital client).
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
33
22..11.. LLee ffoonnddeemmeenntt tthhééoorriiqquuee dduu ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell :: LL’’aapppprroocchhee bbaassééee ssuurr lleess
rreessssoouurrcceess ((rreessoouurrccee--bbaasseedd vviieeww))
22..11..11.. EEnnoonnccéé ddee llaa tthhééoorriiee
La théorie des ressources considère l'entreprise comme un portefeuille de ressources
(Penrose 1959). Elle est fondée sur deux principales hypothèses :
L’hétérogénéité des entreprises quant aux ressources qu'elles détiennent, et
l’imparfaite mobilité des ressources, ce qui rend plus difficile leur acquisition ou
leur transfert d'une firme à l'autre, d'autre part (Barney 1991).
Les travaux de Penrose (1959) marquent les origines de l’approche basée sur les
ressources. L’auteur (1959) considère l’organisation, dans son ouvrage traitant les
facteurs explicatifs de la croissance des firmes, comme «quelque chose de plus qu’une unité
administrative» et la définit comme «un ensemble de ressources à la fois physiques et humaines».
L’auteur focalise son intérêt sur le «pourquoi» et le «comment» de la croissance des
entreprises et affirme que l’objectif de la firme dépasse la seule optimisation de la fonction
du profit. Dans ses travaux, l’auteur se penchait sur l’étude des forces internes de
l’entreprise qui n’ont pas fait l’objet de nombreuses études comme le cas des facteurs
externes alors qu’elles (forces internes) exercent une action marquante dans la
détermination du sens de l’évolution de la firme et « donnent naissance aux possibilités de
croissance, en fournissant les mobiles, et délimitent le degré de croissance qu’une entreprise donnée
peut atteindre, ou souhaite atteindre, pour une période donnée».
Penrose (1959) développe un modèle de croissance dans lequel les ressources occupent
une place importante, dans la mesure où elles déterminent les choix stratégiques de la
firme, incitent sa diversification géographique et la capture de nouveaux marchés.
L’auteur classe les ressources de l’entreprise en deux catégories : d’un côté, les éléments
tangibles (usine, matériel, terrains et ressources naturelles, matières premières, etc.) ; et
de l’autre côté, les facteurs humains (main d’œuvre qualifiée et non qualifiée, personnel
des bureaux, de l’administration et de la comptabilité, des services juridiques et
techniques, etc.). Marchesnay (2002) avance que l’approche penrosienne tente de se
concentrer sur le contenu de la boîte noire, c’est à-dire comment s’agencent les ressources
et comment elles produisent de la croissance au sein de l’organisation.
Depuis les travaux de Penrose de 1959, une littérature abondante s’est développée pour
forger un véritable corpus théorique, celui de l’approche basée sur les ressources (resource-
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
34
based view). Ce n’est que depuis les années quatre-vingt que cette approche prend un vrai
essor à l’occasion des travaux de Wernerfelt (1984) et Barney (1986 et 1991). Ces auteurs
se sont appuyés sur les travaux de Penrose (1959) qui mettent en relief le rôle
déterminant des ressources dans l’explication de la croissance des firmes.
L’approche basée sur les ressources (resource-based view) s’est fondée suite à la volonté de
« corriger » certaines théories existantes, jugées inadéquates, notamment les modèles
issus de l’économie industrielle. En effet, les modèles stratégiques classiques s’intéressent,
en premier lieu, à l’étude de l’environnement.
Dans ce cadre, Grant (1991, cité par Tywoniak 1997) confirme que l’attrait d’une
industrie est la première cause d’une rentabilité supérieure, ce qui implique que l’objectif
principal du management stratégique est de rechercher des environnements favorables,
d’identifier des segments et groupes stratégiques attractifs dans ces secteurs et de réduire
les pressions concurrentielles, en influençant la structure de l’industrie et le
comportement des concurrents. Une telle analyse apparaissait logique dans un
environnement économique relativement stable et favorable mais inadaptée à un
environnement actuel plus turbulent et complexe à gérer. Ces mutations radicales de
l’environnement concurrentiel se sont également accompagnées d’un changement de la
pensée stratégique qui a abouti à la naissance d’une approche alternative qui met en cause
une conception déterministe de la stratégie et favorise la particularité et l’unicité des
entreprises.
Les travaux issus de l’économie industrielle et l’approche basée sur les ressources se
distinguent à plusieurs niveaux.
Premièrement, l’analyse stratégique classique néglige les ressources de l’entreprise qu’elle
considère comme relativement faciles à mobiliser (Arrègle et Quélin 2001) et se concentre
sur la position de la firme dans les couples produits-marchés. L’approche basée sur les
ressources, quant à elle, modifie les conditions d’établissement d’un avantage
concurrentiel (Barney 1991) et donne une importance privilégiée aux ressources. Elle
considère que l’avantage concurrentiel ne réside plus forcément dans l’exploitation d’une
position dominante et protégée sur un marché mais dans la valorisation supérieure de ses
ressources (Tywoniak 1997).
Deuxièmement, la pensée stratégique classique (Porter 1980) se concentre sur l’industrie
et le marché alors que, l’approche basée sur les ressources focalise son analyse sur
l’organisation interne de l’entreprise qu’elle considère comme une variable centrale
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
35
(Conner 1991). Plusieurs auteurs, comme Powell et al. (1996), ont montré que les
caractéristiques de l’industrie n’expliquent que très partiellement la performance des
entreprises. Dans ce cadre, Arrègle et Quélin (2001) avancent que « centrer la réflexion
stratégique principalement sur les caractéristiques de l’industrie reviendrait (…) à ignorer la plus
grande partie de ce qui agit sur la performance des entreprises ».
Troisièmement, l’économie industrielle ne donne aux dirigeants qu’un rôle secondaire,
soulignant la primauté de la structure concurrentielle sur les performances des
entreprises. En effet, selon les travaux de Porter (1980), les caractéristiques de la
concurrence et l’intensité des forces auxquelles les entreprises sont soumises limitent le
choix des décisions stratégiques que les gestionnaires peuvent adopter. Toutefois,
l’approche basée sur les ressources stipule que les dirigeants développent des images de
l’environnement constituant une source de la croissance des firmes. Elle considère
l’environnement comme une réalité fluctuante et qui n’est pas stable. Cette dernière est en
partie déterminée par l’ensemble des actions entrepreneuriales qui découlent des
représentations de la réalité par l’entrepreneur (Penrose 1959).
L’ensemble des critiques et limites formulées à l’égard des travaux issus de l’économie
industrielle a incité un certain nombre d’auteurs (Wernerfelt 1984, Barney 1986) à
proposer une nouvelle approche qui suppose la prépondérance des ressources dans la
formation de la stratégie et à remettre en cause la recherche du seul positionnement
consécutif à une simple adaptation aux forces externes. Ainsi, l’approche basée sur les
ressources s’intéresse aux déterminants internes et organisationnels de la performance et
de la croissance des firmes, et s’écarte des variables structurelles mises en avant par
l’économie industrielle.
Quoique, l’analyse des deux approches révèle des différences, il s’agit moins d’une
opposition que d’une certaine complémentarité (Collis 1991). En effet, les travaux en
économie industrielle, et en particulier ceux de Porter, se concentrent essentiellement sur
la dimension externe (l’industrie, les secteurs, les couples produits/marchés) mais
omettent les facteurs internes de l’adéquation de la firme à son environnement. De son
coté, l’approche basée sur les ressources se focalise particulièrement sur la dimension
interne (en particulier les ressources de l’entreprise) en négligeant la prise en compte
(notamment dans les premiers développements) de l’environnement concurrentiel de la
firme.
L’approche basée sur les ressources s’intéresse à la manière dont les entreprises
réussissent à acquérir et à combiner les ressources nécessaires pour développer et
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
36
conserver un avantage compétitif durable. Ce courant se concentre sur toutes les
ressources de l’entreprise, qu’elles soient matérielles ou immatérielles, à partir desquelles
la firme met en œuvre sa stratégie. Elle considère, en effet, que chaque type de ressource
peut être à la base d’un avantage concurrentiel.
22..11..22.. TTyyppoollooggiiee ddeess rreessssoouurrcceess
Malgré la diversité des auteurs qui ont étudié le concept de « ressources » et son rapport
avec la stratégie de l’entreprise, Bounfour (1998) confirme l’absence d’unanimité sur
l’identité des ressources à considérer. L’auteur avance que « les ressources sont considérées
comme spécifiques à la firme et donc non susceptibles de transfert et de transaction sur le marché.
La stratégie de l’entreprise est contrainte par son stock de ressources à un moment donné de son
histoire ».
Wenerfelt (1984) définit les ressources comme étant « toute chose qui peut être considérée
comme une force ou une faiblesse d’une firme donnée. De manière plus formelle, les ressources d’une
firme à un moment donné peuvent être définies comme ceux des actifs (tangibles et intangibles) qui
sont liés de manière semi permanente à la firme».
Pour Barney (1991), une ressource est stratégique si elle permet l'acquisition d'un
avantage concurrentiel durable, et permet de créer in finé une rente de situation découlant
de son exploitation. Au sens de Barney (1991), une ressource stratégique doit répondre à
quatre caractéristiques fondamentales :
Elle doit présenter une réelle valeur pour les entreprises, par exemple en lui
permettant d'exploiter des opportunités du marché, ou en limitant des menaces.
Elle doit être rare et unique à l’entreprise ou seulement présentes parmi quelques
concurrents, ainsi, sa détention permet de développer et conserver un avantage
concurrentiel unique.
Elle doit être difficilement imitable, les ressources étant le fruit de conditions
historiques uniques à l'entreprise et la relation causale entre la ressource et
l'avantage concurrentiel qu'elle génère est ambiguë.
Elle doit être imparfaitement substituable, ce qui permet d'éviter le contournement
de sa rareté garantissant ainsi son caractère défendable et durable.
L’auteur distingue trois types de ressources détenues par l'entreprise :
Les ressources physiques (technologie, usines et équipements, accès aux matières
premières, localisation…),
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
37
Les ressources humaines (formation du personnel, expériences acquises, relations
sociales...) et
Les ressources organisationnelles de la firme (système de gestion, système
d'information, système de coordination...).
Selon Grant (1991), les ressources sont « les inputs dans le processus de production. Elles sont
les unités de base de l’analyse. Les ressources individuelles de la firme incluent des items
d’équipements, compétences individuelles, brevets, noms de marques, finance, etc. ». L’auteur a
enrichi la classification proposée par Barney (1991) en ajoutant trois autres catégories de
ressources fondamentales : les ressources financières, les ressources technologiques et la
réputation de l'entreprise. Certains auteurs (Amit et Schoemaker 1993, Wernefelt 1984,
cité par Attarça 2001) font la distinction entre les ressources matérielles de l'entreprise,
qui rentrent dans le processus de production (de type "actifs"), et les compétences ou
capacités (savoir-faire des employés, attitudes collectives, culture de l'organisation...) qui
permettent d'exploiter ces ressources.
22..22.. TTaaxxoonnoommiiee ggéénnéérraallee dduu ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell
A l’origine, Edvinsson et Malone (1997) reconnaissent deux formes du capital immatériel:
le capital humain et le capital structurel. Ce dernier comprend le capital structurel interne
ou encore organisationnel (regroupe toutes les informations sur l’organisation,
l’innovation et le savoir faire) et le capital structurel externe (essentiellement porté par le
capital client). La figure n°4 illustre la taxonomie du capital immatériel développée par
Edvinsson et Malone (1997).
Figure 4 : Le modèle d’Edvinsson et Malone (1997)
Valeur marchande de la firme
Valeur comptable des actions Capital Intellectuel
Capital structurel Capital Humain
Capital client Capital Organisationnel
Capital
Innovation
Capital
Processuel
Source : Edvinsson et Malone (1997)
De sa part, Sveiby (1997) a développé un Intangible Assets Monitor où la valeur marchande
de l'entreprise est divisée de la manière suivante :
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
38
Figure 5 : Le modèle de Sveiby (1997)
Valeur marchande de la firme
Valeur comptable des actions Actifs intangibles n'apparaissant pas au bilan
Structure
Externe
Structure
Interne
Compétence des
employés
Source : Sveiby (1997)
La différence entre la valeur comptable et la valeur marchande de la firme est composée
selon Sveiby par trois types d’actifs immatériels : La structure externe qui correspond aux
relations de l’entreprise avec ses clients, partenaires, ses fournisseurs, la communauté
financière ainsi que sa réputation… La structure interne comprend l’ensemble de brevets,
marques, modèles, les systèmes d’information, les processus de management… Certes ces
éléments sont créés par les employés mais sont la propriété de la firme et constituent sa
structure organisationnelle interne. La compétence des employés correspond à leur
formation, leur expérience, leur savoir faire, et leur capacité d’intégration.
Le tableau n°2 récapitule les principaux modèles de structure du capital immatériel, qui
malgré les différences d’appellations distinguent trois principales composantes : un capital
humain, un capital relationnel (appelé également capital client ou capital structurel
externe) et un capital structurel (appelé aussi capital structurel interne).
Tableau 2 : Les principaux modèles de structure du capital immatériel
Brooking (Intellectual Capital Audit, 1996)
Capital humain
Actifs du marché Infra-structure
propriété intellectuelle
Edvinsson et Malone (Skandia Navigator,
1997)
Capital humain
Capital client
Capital structurel
Sveiby (Intangible Assets Monitor, 1997)
Capital humain
Capital structurel externe
Capital structurel externe
Stewart (Calculated Intagible Value, 1997)
Capital humain
Capital client
Capital structurel
Koch et al. (ARCS Intellectual Capital Model
2000)
Capital humain
Capital relationnel
Capital structurel
La figure n°6 présente la classification fournie par l’IFAC (1997). Cette classification fait
la distinction entre le capital structurel, relationnel et humain.
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
39
Figure 6 : Une vision globale de la taxonomie du capital immatériel (IFAC 1997)
Par ailleurs, le CIGREF11 (2006) a publié dans son papier « DSI et capital immatériel », une
taxonomie détaillée du capital immatériel récapitulée dans la figure n°7 :
11Le CIGREF est créé en 1970, il se définit selon ses propres termes comme regroupant « plus de cent très grandes entreprises et organismes français et européens de tous les secteurs d'activité (banque, assurance, énergie, distribution, industrie, services...) ». Le CIGREF est une association indépendante à but non lucratif. Sa finalité est de promouvoir le bon usage des systèmes d'information comme facteur de compétitivité et de création de valeur pour l'entreprise. [...] Chaque année l'association publie des études sur des sujets d'intérêts communs. Le CIGREF a intégré le capital immatériel dès 2000 dans son rapport sur la gestion des connaissances. Il considère que les approches récentes du capital immatériel permettent d’améliorer la prise en compte du système d’information comme un actif de l’entreprise. Plusieurs membres du CIGREF ont lancé une expérimentation pour valoriser le capital immatériel de la DSI en utilisant la méthode IC-dVAL®. Le CIGREF soutient cette initiative et espère qu’elle attirera de plus en plus d’entreprises.
Capital immatériel
Capital structurel
Éléments détenus par
l’entreprise :
- La propriété
intellectuelle
-Les systèmes
-Les processus
-Les bases de données
-La culture….
Capital relationnel Relations externes avec
-Les clients
-Les fournisseurs
-Les partenaires
-Les réseaux
-Les pouvoirs publics
Capital humain
Attributs des personnes
tels que :
-L’intelligence
-Le savoir faire
-La créativité
-La façon de travailler
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de communication
Figure 7 : Les différentes composantes du capital de l’entreprise (Source : CIGREF 2006, Adapté de Roos et al. 1998)
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
41
22..22..11.. LLee ccaappiittaall ssttrruuccttuurreell
Le terme « capital structurel » peut être utilisé au même titre que le terme «capital
structurel interne». Il s’agit des actifs propres à l’entreprise et soumis à son organisation
et à son contrôle. Ils font partie intégrante de l’entité entreprise sans que se pose le
problème des ses frontières.
Selon l’IFAC12 (1997), le capital structurel comprend :
- La propriété intellectuelle, par exemple, les brevets, les droits d’auteur, les droits liés
aux dessins et modèles, les secrets commerciaux, les marques commerciales, les marques
de service et,
- Les actifs d’infrastructure, par exemple, la philosophie de l’équipe dirigeante, la culture
de l’entreprise, les processus de gestion, les systèmes d’information,…
Le capital structurel désigne tout ce qui reste dans l’entreprise «une fois que le personnel
quitte les locaux le soir» (OCDE 2006). Il constitue l’organisation indépendamment des
individus pris isolément. Il exprime « la capacité de l’entreprise à créer de la valeur et à la
pérenniser au travers de son capital processus et de son capital renouvellement et développement du
business » (CIGREF 2006).
Le capital structurel comprend les usages, procédures, systèmes, cultures et bases de
données de l'entreprise. Parmi les exemples figurent la flexibilité structurelle, un service
de documentation, l'existence d'un centre de savoir, l'utilisation générale des technologies
de l'information et les capacités d'apprentissage dans l'entreprise.
Edvinsson et Malone (1997) divisent le capital structurel en capital organisationnel,
capital d'innovation et capital de processus. Le capital organisationnel comprend la
philosophie de l'organisation, les routines, les règles tacites ou explicites de
comportement, le style de management de l’entreprise et sa culture interne. Le capital des
processus comprend les techniques, les procédures et les programmes qui sont mis en
œuvre afin d’améliorer la prestation des biens et services. Le capital innovation inclut les
actifs de la propriété intellectuelle qui sont généralement protégés par les droits
commerciaux tels que les droits d'auteur, les brevets et les marques de commerce.
12Grâce à ses Conseils indépendants chargés de préparer des normes, l’IFAC élabore des normes internationales portant sur la déontologie, l’audit et l’assurance, la formation ainsi que les normes comptables du secteur public. Elle fournit également des conseils destinés à assister les experts-comptables travaillant en entreprise, ou dans des cabinets de petite et moyenne taille et dans les pays en développement. En outre, l'IFAC émet des documents de position politique sur des sujets d'intérêt public.
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
42
22..22..22.. LLee ccaappiittaall rreellaattiioonnnneell
Le terme «capital relationnel» peut être utilisé au même titre que le terme «capital
structurel externe». Il s’agit des actifs/ressources extérieurs aux quatre murs de
l’entreprise. Le capital relationnel regroupe tout ce qui relie l’organisation à son
environnement. Il s’agit de toutes les relations externes à l’entreprise telles que les
relations clients, les relations fournisseurs, les investisseurs, les communautés, les
réseaux, les régulateurs etc. « Globalement, il exprime la capacité de l’entreprise à créer de la
valeur et à la pérenniser dans ses relations avec ses partenaires extérieurs» (CIGREF 2006).
Bontis (1998, cité par Bouteiller et Assens 2004) définit le capital relationnel comme étant
la connaissance associée aux relations de l’entreprise avec son environnement. Il ne
participe pas aux nœuds représentés par le capital humain parce qu’il se situe au-delà des
frontières organisationnelles de la firme. Pour l’IFAC (1997), le capital relationnel
comprend : les marques, la clientèle, la fidélité des clients, les noms d’entreprise, les
carnets de commandes, les canaux de distribution, les partenariats commerciaux, les
contrats de licence, les contrats opportuns, les accords de franchise…
Pour l’OCDE (2006), le capital relationnel désigne les ressources issues des relations
extérieures de l'entreprise avec ses clients, ses fournisseurs et ses partenaires. Il recouvre
également la partie du capital humain et structurel impliquée dans les relations de
l'entreprise avec ces parties prenantes. Parmi les exemples figurent l'image, la fidélité des
clients, la satisfaction de la clientèle, les liens avec les fournisseurs, la puissance
commerciale et la capacité de négociation avec les entités financières (les actifs externes :
les clients, les marques, les relations...).
22..22..33.. LLee ccaappiittaall hhuummaaiinn
Sur le plan individuel, Hudson (1993, cité par Bouteiller et Assens 2004) définit le capital
humain à partir de la « combinaison d’un héritage génétique, d’un niveau de formation et
d’expérience ainsi que d’attitudes envers la vie et le travail ».
Sur un plan organisationnel, Edvinsson et Malone (1997) définissent le capital humain
comme étant « la combinaison des connaissances du personnel, de son talent, de son esprit
d'innovation et de ses capacités». Les auteurs soulignent cependant le caractère volatil du
capital humain, en affirmant qu'il quitte l'entreprise, le soir, en même temps que les
hommes, contrairement au capital structurel, qui lui reste.
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
43
Roos et al. (1998) décrivent le capital humain plus précisément à partir des compétences, de
l’attitude13
et de l’agilité intellectuelle14
des salariés.
Bontis (1998, cité par Bouteiller et Assens 2004) définit le capital humain comme étant «le
rassemblement des ressources intangibles possédées par les membres de l’organisation. Ces ressources
peuvent être de trois types : les compétences (incluant les talents et le savoir-faire), les attitudes
(motivation, qualités de leadership des dirigeants), et l’agilité intellectuelle…».
Guillemin et Moule (1993, cité par Michel 1999) définissent le capital humain comme
étant constitué par l'ensemble des capacités créatrices, productives du travailleur,
capacités prises au sens large puisqu'elles incluent son savoir-faire technique, son
expérience, ses connaissances générales… Le capital humain est donc considéré comme
un stock qu'il convient de constituer, agrandir, utiliser, faire fructifier.
Pour l’OCDE (2006), le capital humain désigne le savoir, les compétences et le savoir-
faire que les employés «emmènent avec eux lorsqu'ils quittent les locaux le soir ». Parmi les
exemples figurent la capacité d'innovation, la créativité, le savoir-faire, l'expérience
professionnelle, la capacité à travailler en équipe, la flexibilité des employés, la tolérance à
l'ambiguïté, la motivation, la satisfaction, la capacité d'apprentissage, la fidélité, la
formation institutionnelle et les études. Le capital humain peut être assimilé aux savoirs
et à routines détenues par les salariés de l’entreprise ou tout ce « qui est dans la tête des
gens». Il exprime notamment la « capacité de l’entreprise à créer de la valeur et à la pérenniser
par la connaissance, les compétences, la motivation et les tâches des employés de l’entreprise »
(CIGREF 2006).
Pour l’IFAC (1997), le capital humain comprend : le savoir-faire, les études, la
qualification professionnelle, les connaissances professionnelles, l’évaluation du travail, les
tests psychométriques, les compétences professionnelles, l’élan entrepreneurial, le talent
innovateur, les capacités de réaction en amont et en aval, l’adaptabilité…
13La « motivation », le « comportement » et la « conduite » sont les 3 attributs de l’attitude. Elle est représentative de la volonté des salariés à se comporter de manière profitable pour l’organisation. 14L’agilité intellectuelle correspond à l’habileté à utiliser, développer et partager les connaissances et expériences dans le travail quotidien.
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
44
SSEECCTTIIOONN 22 :: LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN SSUURR LLEESS IIMMMMAATTÉÉRRIIEELLSS
Une information chiffrée et quantitative parait inappropriée et traduit mal la richesse
intangible d’une firme, d’autant plus qu’elle investit considérablement dans des activités
immatérielles. En effet, la majorité des éléments immatériels ne répondent pas aux
principes de capitalisation et sont de ce fait, exclus de la valeur comptable des firmes.
Pour compléter les états financiers des entreprises, plusieurs normes et recommandations
dans différents pays ont vu le jour et ont participé à la naissance de lignes directrices pour
la gestion et la divulgation d’informations non financières (générales) et d’informations
spécifiques sur les immatériels, souvent à travers un rapport spécial.
Les modèles généraux de communication d’informations non financières et les lignes
directrices spécifiques de la divulgation d’informations sur les actifs intellectuels sont
résumés dans le tableau n°3. L’analyse de ce tableau révèle la présence d’un certain
nombre de différences entre les deux types de communications. En effet, les informations
non financières à caractère général sont souvent obligatoires. Elles ne concernent que les
sociétés cotées et ciblent les actionnaires. Ainsi les avantages attendus de cette
communication sont essentiellement l’amélioration des performances sur le marché
financier (OCDE 2006). Toutefois, les informations spécifiques sur les actifs intellectuels
sont d’application volontaire. Elles visent toutes les sociétés avec une attention
particulière pour les petites entreprises innovantes, par exemple le rapport RICARDIS
(2006) destiné aux PME européennes. De plus, cette communication ne cible pas
forcément les actionnaires, mais elle est considérée comme un outil de gestion (OCDE
2006).
11.. MMooddèèlleess eett lliiggnneess ddiirreeccttrriicceess ppoouurr llaa ddiivvuullggaattiioonn dd’’iinnffoorrmmaattiioonnss nnoonn--ffiinnaanncciièèrreess
La divulgation d’informations non-financières concerne essentiellement la publication
d’informations descriptives et narratives portant sur les principaux facteurs ayant un
impact sur les performances de l’entreprise.
L’OCDE (2006) confirme que les dispositifs d’informations non financières doivent
surtout aider les entreprises à produire et publier des informations à jour, pertinentes et
comparables permettant aux investisseurs d’estimer en connaissance de cause les risques
futurs des possibilités d’investissement
En 2003, aux États-Unis et au Canada, le Securities and Exchange Commission (SEC) et les
Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont obligé les entreprises cotées à fournir
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
45
dans la première partie de leurs rapports annuels des analyses et des rapports de gestion
rédigés par les dirigeants (MD&A – Management’s Discussion and Analysis). Ces rapports
ont pour objectif d’inciter les dirigeants à fournir des informations non-financières plus
descriptives et plus analytiques sur leurs états financiers (Zéghal et Maaloul 2010).
Selon l’OCDE (2006), ces obligations générales concernent la publication :
- des informations sur le contexte qui permettent de mieux comprendre la situation
et les résultats financiers immédiats et futurs de l’entreprise ;
- des informations élargies sur des mesures de performance financière et non
financière ;
- des informations prospectives permettant d’évaluer les performances futures ;
- les risques et incertitudes susceptibles d’affecter la valeur de long terme de
l’entreprise ;
- des informations sur les principaux indicateurs de performance auxquels les
entreprises ont recours pour gérer leurs activités.
L’Enhanced Business Reporting Consortium (EBRC) a diffusé en octobre 2005 un modèle
provisoire de communication destiné à promouvoir une transparence accrue en matière de
stratégie et de performances des entreprises ; ceci est dans le cadre d’un projet lancé
depuis 2004 par le Special Committee on Enhanced Business Reporting de l’AICPA
(OCDE 2006).
L’OCDE (2006) avance que « L’IASB a aussi lancé une initiative afin de déterminer s’il doit
promouvoir un modèle de communication de « type MD&A », appelé Management Commentary
(MC). Le document relatif au MC, discuté entre octobre 2005 et avril 2006, fin de la période de
consultation, propose la création d’une norme fondée sur des principes et destinée à donner des
indications facultatives sur la communication d’informations prospectives et contextuelles aux
investisseurs». Ces initiatives ont été reproduites ensuite par la Commission Européenne
dans ses 4ème et 7ème directives en matière de droit des sociétés. En effet, depuis 2005, les
entreprises de l’Union européenne (à l’exception des petites entreprises) sont tenues de
renforcer leurs normes de communication en matière de gestion afin de se conformer à ces
directives et ce en introduisant dans les rapports élaborés par les dirigeants un examen
des activités de l’entreprise (OCDE 2006).
En France, la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE), entrée en vigueur en
2002, impose aux sociétés cotées la divulgation d’informations environnementales et
sociales dans leurs rapports annuels. Kervinio (2009) confirme que « la divulgation
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
46
d’informations non- financières reste peu encadrée». L’auteur ajoute que certes le
développement des exigences réglementaires s’est accompagné d’un développement des
pratiques de divulgations volontaires comme la prolifération de la divulgation de rapports
RSE en plus des rapports annuels mais cette loi ainsi que son décret15 d’application
n’inscrivent pas ces pratiques dans un cadre normatif garantissant la qualité de
l’information émise.
22.. MMooddèèlleess eett lliiggnneess ddiirreeccttrriicceess ppoouurr llaa ddiivvuullggaattiioonn dd’’iinnffoorrmmaattiioonnss ssppéécciiffiiqquueess ssuurr
lleess iimmmmaattéérriieellss
Bien qu’elle soit non formalisée et de nature managériale, la première génération de
modèles de reporting sur le savoir, l’innovation, les connaissances, les compétences… est
apparue depuis une quinzaine d’années, afin de rendre compte de la gestion des ressources
immatérielles de l’entreprise et de son processus de création de valeur. Le navigateur de
Skandia (Edvinsson et Malone 1997), le « balanced scorecard» (Kaplan et Norton 2001 et
2003) et le moniteur (Sveiby 1997) constituent incontestablement les premières formes en
termes d’outils de pilotage intégrant la problématique de la gestion et la mesure des
immatériels.
Le navigateur de Skandia (Edvinsson et Malone 1997) identifie trois dimensions du
capital immatériel : le capital humain (les compétences, les qualifications des individus) y
figure aux cotés du capital structurel interne (le capital organisationnel : les systèmes
internes, la culture, les réseaux…et donc tous les éléments du capital humain qui restent
lorsque les individus rentrent chez eux) et du capital structurel externe (les actifs
externes : les clients, les marques, les relations...). A chaque dimension est défini un
certain nombre d’indicateurs stratégiques permettant l’évaluation du capital immatériel
de l’entreprise.
Cependant Bessieux-Ollier et al. (2006), trouvent que « l’objectif de ce modèle n’est pas
seulement de mesurer le capital intellectuel mais de «naviguer » à travers ses différents
composants ».
Le «Balanced Scorecard » se présente comme une combinaison de mesures financières et
opérationnelles classées selon quatre axes d’analyse recouvrant respectivement les
résultats financiers, la satisfaction des clients, les processus internes et l’apprentissage
organisationnel. Les ressources humaines ne figurent pas explicitement dans le modèle
15Décret n° 2002-221 du 20 février 2002 pris pour l'application de l'article L. 225-102-1 du code de commerce et modifiant le décret n° 67-236 du 23 mars 1967 sur les sociétés commerciales (loi NRE).
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
47
mais « … jouent un rôle central puisqu’elles vont devoir adopter des comportements et mettre en
place des actions afin de parvenir aux objectifs poursuivis » (Bessieux-Ollier et al. 2006).
Kaplan et Norton (2003) trouvent qu’une telle articulation permet à toute entreprise de
lier ses actions avec sa stratégie et d’apprécier l’évolution des variables de performance en
adoptant une vision « globale et équilibrée » de ses activités.
En 2003, l’Agence Danoise pour le Commerce et l’Industrie (DATI) a mis au point un
modèle pour la divulgation d’informations spécifiques sur les intangibles appelé « État du
capital intellectuel». Cet état assemble des informations quantitatives et narratives ainsi
que des graphiques. Son but est de compléter les comptes annuels et de permettre à
l’entreprise de présenter l’évolution de son capital intellectuel.
De son coté, la commission européenne, a achevé en 2002 le projet MERITUM :
«Guidelines for Managing and Reporting on Intangibles». L’objectif de ce projet est
d’améliorer la gestion du capital intellectuel et de favoriser la publication d’informations
sur les immatériels.
Zéghal et Maaloul (2010) avancent que « plus récemment, le ministère fédéral allemand de
l’Économie et du Travail a fourni en 2004 son modèle d’« État sur le capital intellectuel ». Cette
initiative a été suivie par le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie qui a
publié en 2005 des lignes directrices de divulgation d’une gestion fondée sur les actifs intangibles».
Guthrie et Petty (2000) et Sveiby (2001, cité par Pluchart et Ayoub 2007) confirment que
la divulgation sur le capital immatériel permet d’assurer une meilleure efficience des
marchés financiers et diminue le coût du capital. Elle permet de construire une relation de
confiance entre les dirigeants et les différentes parties prenantes et renseigne sur les
perspectives de création de valeur à long terme. Les auteurs ajoutent que la
communication sur les intangibles permet aussi d’opérer des comparaisons inter-
entreprises sur la richesse immatérielle, suivre l’évolution et le développement du capital
immatériel et renforcer la légitimité de l’entreprise dans un marché hautement
réglementé.
Bessieux-Ollier et al. (2006) avancent qu’il faudrait développer des « modèles qui permettent
de structurer l’information relative aux incorporels et de décrire comment ils interagissent avec les
autres actifs de l’entreprise et permettent de créer de la valeur ». Il ne faudrait pas arriver à une
prolifération de tableaux et de chiffres qui alourdirait les obligations d’information des
sociétés. En effet, la production d’un seul rapport visant les incorporels permettrait de les
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
48
rassembler dans un seul tableau capable de satisfaire les différents besoins d’information
sans engager des coûts additionnels.
Malgré les efforts des institutions et pays en matière de reporting sur les immatériels, nous
remarquons l’absence de modèle institutionnel permettant d’orienter les évolutions.
L’OCDE (2006) confirme qu’il n’y a aucun modèle consensuel. Cet organisme ajoute que
«l’absence de convergence des modèles de communication d’informations non financières dresse un
obstacle clair à la diffusion de bonnes pratiques de déclaration par les entreprises et à la
comparabilité des rapports ». En effet, la qualité et le volume du reporting sur les actifs
intellectuels reste tributaire du jugement et de l’appréciation discrétionnaire des
dirigeants.
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de communication
Tableau 3 : Quelques modèles et lignes directrices en matière de communication d’informations non financières
Type Institution /Pays
Initiative Champ d’application
Caractère An Référence
Communication descriptive/non financière (ex. : informations contextuelles sur les principaux facteurs ayant un impact sur les performances de l’entreprise)
U.E Publique Toutes les sociétés sauf
PME
obligatoire 2003 Business Review- Directive de modernisation (4ème et 7ème directives)
Australie Publique Sociétés cotées obligatoire 2003 Règle de cotation ASX 4.10.17 Canada Publique Sociétés cotées obligatoire 2003 Management’s Discussion and Analysis en vertu du Règlement 51-102
sur les obligations d’information continue, Autorités canadiennes en valeurs mobilières
Allemagne Publique Toutes les sociétés
obligatoire 2004 Rapports de gestion en vertu de la norme comptable allemande GAS 15, DRSC
Royaume-Uni
Publique Sociétés cotées Volontaire 2005 Operating and Financial Review, ministère du Commerce et de l’Industrie
États-Unis Publique Sociétés cotées obligatoire 2003 Management’s Discussion and Analysis, Securities and Exchange Commission
IASB Privée Organismes de normalisation comptable (IFRS)
2005 IASB
Communication d’informations spécifiques sur les actifs intellectuels (ex. : rapports spéciaux sur les actifs intellectuels)
U.E Publique Toutes les sociétés
volontaire 2002 Guidelines for Managing and Reporting on Intangibles, projet MERITUM
U.E Publique PME volontaire 2006 RICARDIS report, DG Research Australie Publique Toutes les
sociétés volontaire 2002 Australian guiding principles on Extended Performance
Management, Society for knowledge economics Autriche Publique Universités
publiques obligatoire 2002 Loi autrichienne sur les universités, Ministère fédéral de
l’Education, des Sciences et de la Culture Danemark Publique Toutes les
sociétés volontaire 2003 État du le capital intellectuel -Nouvelle lignes directrices, ministère
de la Science, de la Technologie et de l’Innovation Allemagne Publique SME volontaire 2004 État sur le capital intellectuel - Made in Germany, ministère fédéral
de l’Économie et du Travail Japon Publique Toutes les
sociétés volontaire 2005 Lignes directrices de divulgation d’une gestion fondée sur les actifs
intellectuels, ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie Source : OCDE (2006, p.13)
Chapitre préliminaire : Le capital immatériel : clarification de concepts et pratiques de
communication
50
CCoonncclluussiioonn
La définition des investissements immatériels n’est pas universelle. Il en existe un grand
nombre lorsque nous passons d’un auteur à un autre et d’un domaine à un autre
(économie, finance et comptabilité). Ceci reflète la difficulté d’identifier des
caractéristiques distinctives des immatériels et la complexité de leurs effets.
Par ailleurs, la corrélation globale entre l’intensité de l’investissement immatériel et la
prospérité économique est avérée. Ce sont des facteurs humains de productivité qui, de
plus en plus, vont assurer la différence entre les entreprises compétitives et les autres.
Cette montée de l’immatériel touche désormais tous les secteurs de l’économie. En
revanche, comme le souligne Escaffre (2002), « le modèle comptable est fondé sur une
modélisation strictement numérique à travers laquelle les éléments du capital intellectuel sont, du
fait de leur ambiguïté, exclus de la représentation comptable ». Cette situation peut engendrer
une asymétrie d’information entre le marché financier disposant d’une information
comptable non exhaustive et les dirigeants des entreprises détenant toute l’information
disponible. Ce déséquilibre informationnel augmente le niveau du risque, le coût du
capital et prive l’entreprise des financements avantageux.
Par conséquent, les investisseurs ont besoin d’une information extra-comptable, complète
et pertinente sur les facteurs de création de valeur afin de mieux évaluer la capacité de la
firme à enregistrer de bonnes performances. Ceci a amené certains pays et institutions à
produire des lignes directrices en matière d’amélioration du reporting sur les actifs
immatériels. Cependant, aucun modèle, jusqu’à nos jours, n’est rendu obligatoire. Les
informations divulguées sur le capital immatériel sont essentiellement volontaires et
facultatives.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
51
CCHHAAPPIITTRREE 11 ::
LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE SSUURR LLEE
CCAAPPIITTAALL IIMMMMAATTÉÉRRIIEELL EETT LL’’AARRGGUUMMEENNTT DDEE
LL’’UUTTIILLIITTÉÉ FFIINNAANNCCIIÈÈRREE :: UUNNEE AAPPPPRROOCCHHEE
AACCTTIIOONNNNAARRIIAALLEE
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
52
elon une approche actionnariale et dans un contexte d’asymétrie d’information,
les dirigeants sont incités à divulguer volontairement des informations sur le
capital immatériel dans le but de maximiser la valeur financière de la firme. Cet
argument de l’utilité financière de l’information trouve ses justifications dans le
cadre des théories économico-contractuelles (la théorie de l’agence) et la théorie des
signaux.
La théorie d’agence appréhende la firme comme un nœud de contrats conclus entre les
managers et les propriétaires. Œuvrant dans un contexte d’asymétrie d’information et
d’opportunisme, ces contrats font naitre des conflits d’agence qui réduisent la valeur de la
firme. La résolution du problème consiste alors à réduire l’avantage informationnel que
détiennent les dirigeants. Par conséquent, ces derniers sont amenés à divulguer une
information supplémentaire attestant de leur bonne foi et rassurant les propriétaires
qu’ils agissent en leur faveur. C’est dans cette perspective que la théorie d’agence
présente la divulgation volontaire sur le capital immatériel comme un mécanisme de
dédouanement et de réduction des conflits d’agence. Dans un même objectif de
maximisation de la valeur financière de la firme, la théorie des signaux postule que les
dirigeants des entreprises les plus performantes vont chercher à émettre un signal aux
investisseurs en divulguant toute l'information privée dont ils disposent sur les
caractéristiques de leur firme permettant ainsi, aux intervenants externes de la distinguer
des firmes les moins performantes et se différencier des concurrents. L’utilisation de cette
information publiée, diminue l'incertitude liée aux cash-flows futurs, améliore la prise de
décision et réduit le coût du financement.
Dans ce premier chapitre, la première section présente le traitement comptable des
dépenses immatérielles dont la plupart sont exclues de la définition d’actif, ce qui diminue
la pertinence du reporting financier et aggrave l’asymétrie d’information. La deuxième
section développe les prévisions de la théorie de l’agence selon lesquelles la divulgation
sur le capital immatériel permet aux dirigeants de réduire certains couts d’agence. La
troisième section considère que l’offre volontaire d’informations sur les incorporels est un
signal à travers lequel les firmes performantes se distinguent des autres.
S
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
53
SSEECCTTIIOONN 11 :: CCAAPPIITTAALL IIMMMMAATTÉÉRRIIEELL EETT DDIIFFFFIICCUULLTTEESS CCOOMMPPTTAABBLLEESS
La comptabilité a pour rôle de produire une image fidèle de la réalité des opérations de
l’entreprise. Pour réaliser cet objectif, elle applique un certain nombre de « principes
comptables » qui ont des conséquences sur cette image. Boussard (1983) confirme que «la
comptabilité, comme tout langage ou tout modèle, est un filtre qui permet l’appréhension d’une
« réalité ». La réalité comptable est avant tout quantitative et « l’imprécision conceptuelle » des
éléments immatériels s’adapte difficilement avec l’exactitude recherchée par la comptabilité… ».
Ainsi, la problématique de l'offre volontaire d'information sur le capital immatériel
repose, comme l’indique Teller (1998), sur la capacité du système comptable à
« représenter le passage de la propriété d'actifs physiques à celui de l'exploitation d'actifs
immatériels ou virtuels car les nouvelles formes d'organisation et la dématérialisation de
l'entreprise limitent la représentation comptable ».
Le principal problème posé par les investissements immatériels, en comptabilité, est celui
de leur inscription en tant qu’actifs incorporels, c’est à dire en tant qu’une partie
intégrante du patrimoine de l’entreprise, et pouvant faire l’objet d’une dépréciation ou
bien leur inscription en tant que charges d’exploitation de l’exercice.
Pour que les états financiers des entreprises traduisent fidèlement l’importance croissante
des investissements immatériels dans les processus de production, l’IASB a engagé fin
1993 un processus de réflexion sur les immobilisations incorporelles. Concernant ce
projet, Gelard (1994) a avancé que l’absence de normes comptables internationales sur les
incorporels est une question d’extrême importance dans la mesure où cette lacune
encourage la comptabilité créative et détériore la fiabilité des comptes et la crédibilité de
la profession.
Après une longue maturation, l’IASB a publié en 1998, la norme comptable
internationale (International Accounting Standard, IAS) 38 sur la comptabilisation des
immobilisations incorporelles. En résumé, cette norme :
donne une définition conceptuelle de l’immobilisation incorporelle ;
fournit des critères opérationnels d’immobilisation des éléments incorporels en
distinguant l’origine externe ou interne des dépenses correspondantes et le
mode d’acquisition : séparée ou dans le cadre d’un regroupement d’entreprises ;
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
54
impose un amortissement systématique sur une durée maximale de vingt ans de
tous les incorporels immobilisés16. En revanche, en 2004, l’IAS 38 a été révisée en
faisant la distinction entre les actifs immatériels à durée d’utilité indéterminée qui
sont non amortissables et ceux à durée d’utilité finie qui sont amortissables.
L'activation des dépenses incorporelles n'est autorisée que si elles répondent à la fois à la
définition d’une immobilisation incorporelle et aux critères de comptabilisation. Le
référentiel comptable international impose pour les immatériels des conditions
restrictives empêchant la majorité des éléments incorporels à figurer à l’actif du bilan
(Bessieux-Ollier et al. 2006).
Aux États-Unis et selon les règles du FASB, pour figurer dans l’actif des bilans, le bien
doit, répondre à la définition d’un actif et offrir des avantages économiques futurs
probables, d’une part et remplir les trois conditions suivantes, d’autre part :
- être mesurable (pouvoir l’être avec un degré suffisant de fiabilité) ;
- être pertinent (pouvoir faire une différence dans la décision de l’utilisateur) ; et
- être fiable (c’est-à-dire donner une image fidèle et être vérifiable et neutre).
De plus, en application des normes comptables américaines, les entreprises doivent
souvent comptabiliser leurs dépenses en investissements immatériels (par exemple la
plupart des frais de R&D) en charges de l’exercice, puisque les avantages économiques
futurs sont incertains.
11.. DDeess rrèègglleess ccoommppttaabblleess rreessttrriiccttiivveess ppoouurr ll’’aaccttiivvaattiioonn ddeess iimmmmaattéérriieellss
La comptabilisation d'un élément en tant qu'immobilisation incorporelle impose qu'une
entité démontre que l'élément satisfait :
à la définition d'une immobilisation incorporelle ; et
aux critères de comptabilisation.
De ce fait, dans ce qui suit, nous allons revenir à la définition d'une immobilisation
incorporelle proposée par le cadre conceptuel de l’IASB (1989), avant d’aborder les
critères de comptabilisation d’un actif incorporel.
16Forum comptable français (2008). Site Web : http://www.acc4arab.com/acc/showthread.php?t=3234
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
55
11..11.. DDééffiinniittiioonn ddeess iimmmmoobbiilliissaattiioonnss iinnccoorrppoorreelllleess
Le champ d’application de l’IAS 38 a été révisée en 200417, couvre l’ensemble des
immobilisations incorporelles à l’exception de celles dont le traitement est prévu par
d’autres normes spécifiques comme par exemple les droits d’exploitation des ressources
naturelles (IAS 6 Prospection et évaluation de ressources minérales), certains droits relevant
des contrats d’assurance (IAS 4 Contrats d'assurance), actifs résultant d'avantages du
personnel (IAS 19 Avantages du personnel) et goodwill acquis lors d'un regroupement
d'entreprises (IAS 3 Regroupements d'entreprises).
L’IAS 38 définit une immobilisation incorporelle comme étant un actif non monétaire
identifiable sans substance physique. Selon ladite norme un actif est une ressource :
contrôlée par une entité du fait d'événements passés et
à partir de laquelle on s'attend à ce que des avantages économiques futurs
reviennent à l'entité.
Le caractère identifiable ne s’applique pas aux acquisitions isolées d’incorporels mais
concerne les regroupements d’entreprises et le traitement de l’écart d’acquisition. Un
actif incorporel est alors identifiable, dès lors qu’il peut être distingué de l’écart
d’acquisition18. Pour avoir la qualité d’immobilisation incorporelle et figurer à l’actif,
l’élément immatériel doit être contrôlé par l’entreprise, c’est-à-dire qu’elle doit avoir la
capacité de restreindre l’accès des tiers aux avantages qu’il procure (ce qui exclut pour
l’IAS 38 les parts de marché et les fichiers clients). Cette qualité résulte généralement de
l’existence d’une protection juridique. Quant aux avantages économiques futurs que doit
procurer l’incorporel, il s’agit en pratique de son action bénéfique sur les flux de
trésorerie de l’entreprise.
En matière d’immobilisations incorporelles, le PCG19 se caractérise par l’absence de
définition explicite et de développements spécifiques. Le référentiel français (1982) les
définissait de manière très succincte, par défaut et de la façon suivante : «Immobilisations
autres que les immobilisations corporelles et financières». L’actuel PCG n’a donc pas
réalisé d’avancées significatives sur cette question, bien qu’elle ait fait l’objet de
nombreux débats au sein du CNC (Stolowy et al. 2001). Il se limite à fournir une liste
17La version révisée doit s’appliquer aux actifs incorporels acquis par des regroupements d’entreprises pour lesquels l’accord a été conclu à compter du 31 mars 2004 et de manière prospective à tous les autres incorporels à compter de la date d’ouverture du premier exercice ouvert à compter du 31 mars 2004. 18IASB 2004, IAS 38 §11. 19Règlement CRC 99-03 du 29 avril 1999.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
56
d’éléments pouvant être immobilisés et des critères d’activation variables selon le type
d’immobilisation.
11..11..11.. IIddeennttiiffiiccaattiioonn
La définition d’une immobilisation incorporelle impose que cette immobilisation soit
identifiable afin de la distinguer du goodwill qui correspondant à l'excédent du coût
d'acquisition, lors d'une prise de participation ou d'une fusion, sur la quote-part de
l'acquéreur dans la juste valeur des actifs et passifs identifiables.
« Un actif satisfait au critère d’identifiabilité dans la définition d’une immobilisation
incorporelle lorsque :
il est séparable, c’est-à-dire qu’il peut être séparé de l’entreprise et être vendu,
transféré, concédé par licence, loué ou échangé, soit de façon individuelle, soit
dans le cadre d’un contrat, avec un actif ou un passif lié ; ou
il résulte de droits contractuels ou autres droits légaux, que ces droits soient
cessibles ou séparables de l’entreprise ou d’autres droits et obligations20».
Le critère de séparabilité revient à savoir si l’entreprise peut louer, vendre, échanger ou
distribuer les bénéfices économiques futurs résultant de l’actif sans nuire aux bénéfices
économiques futurs d’autres ressources utilisées dans la même activité de réalisation de
bénéfice. A ce niveau, Bessieux-Ollier et al. (2006) avancent que « la séparabilité n’est pas
une condition nécessaire pour identifier un actif immatériel car l’identification est possible par
d’autres moyens. C’est toutefois une condition suffisante. La constatation de droits contractuels ou
de droit légaux constituant l’alternative ».
Dans la pratique, il y a très peu d'investissements immatériels purs, clairement identifiés
en tant que tels, et dont les incidences peuvent être appréciées indépendamment des
incidences des dépenses matérielles. Il est souvent difficile d’attribuer directement des
dépenses ultérieures à une immobilisation incorporelle particulière plutôt qu’à l’ensemble
de l’activité. Par conséquent, les dépenses encourues après la comptabilisation initiale
d’une immobilisation incorporelle acquise ou après l’achèvement d’une immobilisation
incorporelle générée en interne ne sont que rarement comptabilisées dans la valeur
comptable de cette immobilisation incorporelle21.
20IASB 2004, IAS 38 §12. 21IASB 2004, IAS 38 §20.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
57
« C’est ainsi que les dépenses ultérieures au titre de marques, notices, titres de journaux
et de magazines, listes de clients et autres éléments similaires en substance (que ceux-ci
soient acquis à l’extérieur ou générés en interne) sont toujours comptabilisées dans le
résultat au fur et à mesure qu’elles sont encourues. Ceci tient au fait que ces dépenses ne
peuvent pas être distinguées de celles encourues pour développer l’entreprise dans son
ensemble22 ».
Les principaux actifs incorporels listés dans le contenu de la norme23 sont :
les marques ;
les notices et les titres de journaux et de magazines ;
les logiciels ;
les licences et franchises ;
les droits de reproduction, les brevets et autres droits de propriété industrielle,
les droits de service et d’exploitation ;
les recettes, les formules, les modèles, les dessins et prototypes ; et
les immobilisations incorporelles en cours de développement.
Par ailleurs, selon le PCG (1982), pour qu’un bien puisse être inscrit à l’actif du bilan il
faut qu’il ait une valeur économique positive pour l'entreprise, doive servir de façon
durable à l'activité de l'entreprise et soit identifiable. Un actif est considéré comme
identifiable lorsque son mode d'évaluation est suffisamment précis et qu'il est possible de
suivre l'évolution de sa valeur dans le temps. Par conséquent, nous remarquons que la
qualité d’identification est recherchée aussi bien par le référentiel international que
national français.
11..11..22.. AAvvaannttaaggeess ééccoonnoommiiqquueess ffuuttuurrss
Le cadre conceptuel international définit l’avantage économique futur comme «le
potentiel qu’a cet actif de contribuer, directement ou indirectement, à des flux positifs de
liquidités ou d’équivalents de liquidités au bénéfice de l’entreprise24». La norme
internationale relative aux immobilisations incorporelles stipule que « les avantages
économiques futurs résultant d’une immobilisation incorporelle peuvent inclure les
produits provenant de la vente de biens ou de services, les économies de coûts ou d’autres
avantages résultant de l’utilisation de l’actif par l’entité. Par exemple, l’utilisation d’une
22IASB 2004, IAS 38 §20. 23IASB 2004, IAS 38 §119. 24IASB 1989, §53.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
58
propriété intellectuelle dans le cadre d’un processus de production peut réduire les coûts
futurs de production plutôt qu’augmenter les produits futurs25».
Selon Bessieux-Ollier et al. (2006) cette définition précise des avantages économiques
futurs proposée par le référentiel international est favorable à une prise en compte du
capital (humain) immatériel puisqu’ un très grand nombre de chercheurs et praticiens ont
montré l’impact bénéfique des incorporels et ont proposé des modèles aptes à prendre en
compte l’effet du capital immatériel sur la performance de l’entreprise. Toutefois, les
auteurs trouvent que c’est la notion de contrôle qui va poser un problème.
11..11..33.. CCoonnttrrôôllee
L’IAS 38 prévoit que « l’entité contrôle l’actif si elle a le pouvoir d’obtenir des avantages
économiques futurs découlant de la ressource sous-jacente et si elle peut également
restreindre l’accès des tiers à ces avantages26». Souvent, la capacité d’une entreprise à
contrôler les avantages économiques futurs découlant d’une immobilisation incorporelle
résulte de droits légaux qu’elle peut faire appliquer par un tribunal. Par conséquent, la
reconnaissance du capital humain, nécessite la démonstration de son contrôle « via un
droit de propriété intellectuel par exemple, à défaut d’avoir un droit de propriété sur le personnel »
(Bessieux-Ollier et al. 2006).
En effet, l’IAS 38 exclut la formation du champ des actifs incorporels en avançant
qu’«une entité peut avoir une équipe de personnes qualifiées et être à même d’identifier
des compétences supplémentaires de ce personnel qui généreront des avantages
économiques futurs à la suite d’une formation. L’entité peut également s’attendre à ce que
le personnel continue à mettre ses compétences au service de l’entité. Toutefois, en règle
générale, une entité a un contrôle insuffisant des avantages économiques futurs attendus
d’une équipe de personnes qualifiées et d’un effort de formation pour que ces éléments
satisfassent à la définition d’une immobilisation incorporelle27». Bessieux-Ollier et al.
(2006) confirment que l’utilisation du terme « en règle générale» rend cette interdiction
très ambigüe. De même, la compétence (même spécifique) a été exclue de la définition
d’une immobilisation incorporelle.
Selon l’IAS 38 «il est peu probable qu’un talent spécifique en matière de direction ou de
technique puisse satisfaire à la définition d’une immobilisation incorporelle, à moins que
ce talent ne soit protégé par des droits permettant son utilisation et l’obtention des
25IASB 2004, IAS 38 §17. 26IASB 2004, IAS 38 §13. 27IASB, 2004, IAS 38 §16.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
59
avantages économiques futurs attendus de ce talent et à moins qu’il ne satisfasse
également aux autres dispositions de la définition28». De ce fait, Bessieux-Ollier et al.
(2006) ont montré que la protection des savoirs et des compétences est la condition de la
reconnaissance du capital humain car elle conditionne sa prise en compte en tant qu’actif.
En effet, il n’est pas étonnant que certains employés compétents, expérimentés et ayant
subis une formation au sein de la firme la quittent pour aller travailler chez un
concurrent ou monter leur propre projet et jouer un rôle dominant dans le même secteur.
Tezenas du Montcel (1994) affirme que la notion d’actif immatériel est insuffisamment
intégrée à l’étude de la firme en raison de la prédominance de la composante des
compétences et du savoir portés par les hommes et non appropriables à l’entreprise. Par
ailleurs, en l’absence de droits légaux, l’entreprise n’a pas généralement un contrôle
suffisant des avantages économiques qui résultent de la fidélité de ses clients et de ses
relations commerciales avec eux pour que des éléments comme le portefeuille de clients,
la part de marché, les relations commerciales avec la clientèle et la fidélité de celle-ci
satisfassent à la définition des immobilisations incorporelles29.
Bessieux-Ollier et al. (2006) avancent que le droit légal ne doit pas être confondu avec la
notion de contrôle. Les auteurs ajoutent que ce droit est suffisant pour affirmer que
l’entreprise dispose d’un contrôle sur les revenus futurs de l’actif mais il n’est pas
nécessaire dans la mesure où la firme peut démontrer l’existence de ce contrôle par
d’autres moyens. En effet, les transactions d’échange portant sur des relations avec la
clientèle (autrement que dans le cadre d’un regroupement d’entreprises) fournissent des
preuves que l’entreprise est en mesure de contrôler les avantages économiques futurs
résultant de ces relations avec la clientèle, même en l’absence de droits légaux permettant
leur protection. Du fait que les transactions d’échange fournissent aussi les preuves que
des relations avec la clientèle sont séparables, ces relations avec la clientèle satisfont à la
définition d’une immobilisation incorporelle30.
Bessieux-Ollier et al. (2006) concluent qu’en l’absence de droit légal, la démonstration du
contrôle devient plus difficile. Les droits légaux sont utiles à la fois en matière
d’identifiabilité et de preuve de contrôle des avantages économiques futurs. De plus,
l’inscription de certains incorporels au bilan nécessite la satisfaction aux critères de
comptabilisation.
28IASB, 2004, IAS 38 §15. 29IASB 2004, IAS 38 §16. 30IASB 2004, IAS 38 §16.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
60
11..22.. LLaa ccoommppttaabbiilliissaattiioonn ddeess iimmmmoobbiilliissaattiioonnss iinnccoorrppoorreelllleess
Selon le référentiel international, une double condition est émise pour la comptabilisation
de certains incorporels à l’actif du bilan : la probabilité que les avantages économiques
futurs spécifiquement attribuables à l’actif incorporel iront à l’entité et que le coût de cet
actif doit pouvoir être mesuré de manière fiable31. Si les conditions ne sont pas remplies,
il s’agit soit d’un actif acquis lors d’un regroupement d’entreprise (et qui tombe dans le
contenu du champ d’IAS 3 « Regroupements d'entreprises »), soit d’une charge. En outre, si
une immobilisation comporte une partie corporelle et une partie incorporelle, il faut
analyser les lots pour savoir quelles normes priment (IAS 38 ou IAS 16 « Immobilisations
corporelles ») ou s’il est possible de les comptabiliser de manière distincte (IAS 39
« Instruments financiers : comptabilisation et évaluation » ou IAS 3).
La probabilité d’avantages économiques futurs : Le concept de probabilité est utilisé par
référence au degré d’incertitude que les avantages économiques iront à l’entreprise.
L’appréciation de la probabilité se fait sur la bade d’«hypothèses raisonnables et
documentées qui représentent la meilleure estimation, par la direction, des conditions
économiques pendant la durée de vie de l’actif32». L’IAS 38 révisée établit que le critère
de probabilité sera toujours supposé satisfait pour les actifs acquis séparément ou par un
regroupement d’entreprises.
La fiabilité de mesure du coût : C’est le critère qui interdit généralement à l’entreprise
d’activer certaines dépenses immatérielles (Bessieux-Ollier et al. 2006)33. L’IAS 38
préconise que la comptabilisation initiale de l’immobilisation incorporelle acquise se fait
sur la base du coût de la transaction qui comprend le prix payé (escomptes et rabais
déduits) auquel s’ajoutent éventuellement les droits de douane, les taxes non
remboursables, les coûts directs destinés à rendre l’immobilisation apte à être utilisée34.
Pour les immobilisations incorporelles produites par l’entreprise, rares sont les cas où les
conditions d’activation sont remplies en raison de la difficulté de déterminer de façon
fiable le coût de l’actif. Ce dernier ne peut pas être distingué du coût pour maintenir ou
accroître le goodwill généré en interne ou du coût de la conduite des affaires quotidiennes
31IASB 2004, IAS 38 §21. 32IASB 2004, IAS 38 § 22. 33« Les dépenses pour générer en interne les marques, les notices, les titres de journaux et de magazines, les listes de clients et autres éléments similaires en substance ne peuvent pas être distinguées du coût de développement de l'activité dans son ensemble. Par conséquent, ces éléments ne sont pas comptabilisés en tant qu'immobilisations incorporelles » (§ 63 de l’IAS 38). 34IASB 2004, IAS 38 §25-32
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
61
de l'entité35. Dans ce cas, le coût d’entrée de l’immobilisation générée en interne
comprend tous les coûts directement attribuables nécessaires pour créer, produire et
préparer l'immobilisation pour qu'elle puisse être exploitée de la manière prévue par la
direction. Nous pouvons citer quelques exemples de coûts directement attribuables :
a) les coûts des matériaux et services utilisés ou consommés pour générer
l'immobilisation incorporelle ;
b) les coûts des avantages du personnel (tels que définis dans IAS 19 « Avantages du
personnel ») résultant de la création de l'immobilisation incorporelle ;
c) les honoraires d'enregistrement d'un droit légal ; et
d) l'amortissement des brevets et licences qui sont utilisés pour générer l'immobilisation
incorporelle36.
L’activation des incorporels générés en interne concerne essentiellement les frais de
recherche et de développement et les logiciels créés.
Pour les frais de recherche et de développement, l’IAS 38 impose de passer en charges les
dépenses de recherche (fondamentale et appliquée) et d’immobiliser les frais de
développement dans la mesure où l’entreprise pourra démontrer le respect des six
conditions strictes suivantes :
1. « la faisabilité technique nécessaire à l'achèvement de l'immobilisation
incorporelle en vue de sa mise en service ou de sa vente ;
2. son intention d'achever l'immobilisation incorporelle et de la mettre en service ou
de la vendre ;
3. sa capacité à mettre en service ou à vendre l'immobilisation incorporelle ;
4. la façon dont l'immobilisation incorporelle générera des avantages économiques
futurs probables. L'entité doit démontrer, entre autres choses, l'existence d'un
marché pour la production issue de l'immobilisation incorporelle ou pour
l'immobilisation incorporelle elle-même ou, si celle-ci doit être utilisée en interne,
son utilité ;
5. la disponibilité de ressources techniques, financières et autres, appropriées pour
achever le développement et mettre en service ou vendre l'immobilisation
incorporelle ;
6. sa capacité à évaluer de façon fiable les dépenses attribuables à l'immobilisation
incorporelle au cours de son développement37».
35IASB 2004, IAS 38 §51 36IASB 2004, IAS 38 §66 37IASB 2004, IAS 38 §57.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
62
L’IAS 38 ne comporte pas de développements particuliers concernant les logiciels créés,
mais leur activation est possible s’ils remplissent les conditions générales
d’immobilisation des dépenses immatérielles, plus les six conditions spécifiques de la
phase de développement des incorporels créés en interne.
L’OCDE (2006) confirme la difficulté de mesurer un élément immatériel parce qu’il est
rarement séparable et identifiable. Il est généralement attaché à un actif matériel (par
exemple, le savoir faire lié à l’utilisation d’équipements) ou englobant, c’est-à-dire qu’il
« concentre » la valeur de plusieurs composantes immatérielles non séparables (par
exemple, la marque commerciale qui englobe toutes les caractéristiques attachées par les
consommateurs aux produits correspondants). En effet, un brevet est souvent
l’aboutissement des efforts dans des activités de recherche et développement (capital
structurel). En outre, il est une protection juridique des qualifications et compétences
professionnelles du personnel – (capital humain). Pour évaluer d’une manière exhaustive
la contribution de tous les actifs immatériels dans la création de valeur, la firme doit tenir
compte de toutes ces interactions et complémentarités.
Pierrat et Martory (2000), proposent que c'est la possibilité de revente et le prix potentiel
qui sont les déterminants essentiels de la valeur des immatériels. D’après les auteurs, les
investissements immatériels ont une valeur marchande incertaine, puisque les revenus
qu'ils génèrent ne sont pas prévisibles et mesurables d'une manière fiable. Dans une
économie de marché, les investissements immatériels rencontrent une difficulté majeure
procurée par l'inexistence de marchés organisés et efficients pour les valeurs immatériels
(Martory 1990).
Il reste cependant la question relative à l'impact du temps sur la valeur des actifs acquis
ou créés à des dates différentes. Pour remédier à ce problème, Bounfour (2000) suggère
que l'entreprise a intérêt à développer une approche d'une valeur dynamique du capital
immatériel.
11..33.. LL’’aammoorrttiisssseemmeenntt ddeess iimmmmoobbiilliissaattiioonnss iinnccoorrppoorreelllleess
Au début, l’IAS 38 publiée en 1998, prévoyait l’amortissement systématique des actifs
incorporels, généralement en mode linéaire, sur leur durée de vie, limitée à vingt ans
(sauf cas dûment justifié par l’entreprise), la valeur résiduelle étant présumée nulle. Giot
(1996) trouvait que ces traitements comptables ne sont pas fondés et arbitraires.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
63
Pour pallier aux limites de la première version de l’IAS 38 (1998) et prendre en compte la
spécificité et la complexité des immatériels, l’IASB a publié en 2002 un projet de révision
de ladite norme dont le principal l’objet était l’abandon de l’amortissement systématique
des immobilisations incorporelles. Plus tard et en harmonie avec les normes américaines,
notamment la FAS 142, l’IAS 38 révisée de 2004 fait la distinction entre les actifs
immatériels à durée d’utilité indéterminée qui sont non amortissables et ceux à durée
d’utilité finie qui sont amortissables. Pour ces derniers, il n’y aura plus de limitation
arbitraire à vingt ans de la durée de vie et, pour les incorporels non amortissables, leur
dépréciation sera faite par voie de provision selon la procédure du test de dépréciation
prévue par la norme IAS 36 révisée.
22.. LLeess ccoonnssééqquueenncceess dd’’uunn ttrraaiitteemmeenntt ccoommppttaabbllee iinnaaddééqquuaatt ddeess iimmmmaattéérriieellss ssuurr llaa
ppeerrttiinneennccee ddee ll’’iinnffoorrmmaattiioonn ccoommppttaabbllee eett llaa pprréésseennccee dd’’uunnee aassyymmééttrriiee
dd’’iinnffoorrmmaattiioonn
Eu égard à leurs caractéristiques (difficultés de contrôle des avantages futurs, risque,
difficultés d’évaluation d’une manière fiable,…), les dépenses immatérielles ne peuvent
pas être admises en tant qu’éléments d’actifs. Leur passation en charges de l’exercice
prive la firme de capitaliser des dépenses susceptibles d’avoir un impact positif sur les
résultats des exercices futurs. De ce fait, la capacité de la firme à générer des flux positifs
de liquidités ne se lit pas uniquement à travers les états financiers.
Vickery (2000) avance que le poids des immatériels dans l’économie et dans les
entreprises croît très rapidement, mais la transparence de l’information les concernant
n’évolue guère. Il y a un décalage important entre les fortes attentes des managers et de
la communauté financière, et les pratiques actuelles des entreprises. Des efforts
importants sont donc nécessaires pour améliorer le reporting et la compréhension de
l’impact des immatériels sur la performance, tant au niveau des firmes qu’au niveau
international.
22..11.. LLee ttrraaiitteemmeenntt ccoommppttaabbllee iinnaaddééqquuaatt ddeess iimmmmaattéérriieellss rréédduuiitt--iill llaa ppeerrttiinneennccee
ddee ll’’iinnffoorrmmaattiioonn ccoommppttaabbllee ??
Depuis les années 60, les recherches sur le contenu informationnel des chiffres
comptables ont été le principal champ d'intérêts des chercheurs (ce courant de recherche
est également nommé value-relevance). En effet, de nombreux travaux ont tenté de mettre
en évidence une relation entre le résultat comptable publié et la valeur boursière de la
firme. La méthodologie de ces travaux consiste à montrer que l’analyse des chiffres
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
64
comptables des entreprises conduit à une valorisation conforme à celle reflétée dans leurs
cours d'actions. Dans ce sens, la première étude ayant marqué la littérature est celle de
Ball et Brown (1968) qui s'est focalisée sur le résultat comptable pour montrer l'impact
informatif de la diffusion des rapports annuels auprès des marchés financiers.
Au cours de ces dernières années, plusieurs chercheurs ont essayé d’examiner
l’association entre l’information comptable contenue dans les états financiers et la valeur
boursière en utilisant différents modèles d’évaluation d’entreprises. Dans ce cadre, Lev et
Amir (1996) ont montré, à l’aide d’un échantillon de 14 sociétés de téléphonie mobile
observées sur la période 1984-1993, que l'information financière (résultats, valeurs
comptables et cash-flows) n'est pas pertinente pour l'évaluation des titres de ce type de
sociétés, alors que les indicateurs non financiers (POPS : Proxy de croissance et la
pénétration au marché) sont très pertinents. Par ailleurs, les auteurs ont montré que,
combinés à des informations non financières, les résultats comptables expliquent le prix
de marché. Par conséquent, Lev et Amir (1996) confirme un effet de complémentarité
entre les données financières et non financières dans leur étude.
Comme l’indique Kothari (2001), Lev est probablement le plus grand défenseur de
l’argument de la déficience de la comptabilité à prédire les rendements boursiers. En
effet, depuis plus qu’une trentaine d’années, Lev a commencé à développer une série
d’articles avec une conviction que la faible corrélation entre les données comptables,
notamment les bénéfices, et les rendements boursiers est due aux Principes Comptables
Généralement Admis (GAAP) déficients.
L'étude de Hoarau (2000), réalisée sur une longue période (1987-1997) et portant sur un
échantillon de 121 groupes français cotés sur la place de Paris, a conclu que la pertinence
des mesures comptables traditionnelles a diminué en raison de la non prise en compte de
ces mesures du capital immatériel des entreprises, notamment sous sa forme
technologique, commerciale ou sociale. L'auteur affirme aussi, que la perte de pertinence
du modèle comptable est particulièrement nette pour les entreprises de haute technologie
ou du secteur du média. A l’inverse, pour les groupes à intensité capitalistique élevée ou
appartenant à des secteurs à croissance faible et à rentabilité peu élevée ou cyclique, le
modèle comptable traditionnel garde en partie sa pertinence.
Sur cette question, Dumontier et Teller (2001) avancent que la perte de pertinence du
modèle comptable est souvent attribuée aux profonds changements de l'économie suite
au développement d'entreprises de service et de hautes technologies dont le principal
actif est le capital humain qu'elles sont pu créer. Selon les auteurs, dans une économie
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
65
actuelle fondée sur le savoir et tournée vers les services, les chiffres comptables sont
devenus de moins en moins pertinents et incapables d’appréhender ou de communiquer la
valeur de la stratégie et des processus, le savoir, l’innovation, les compétences…
Leymarie (2001) affirme qu'il y a un retard dans les pratiques de comptabilisation des
investissements immatériels bien que les entreprises consacrent une part de plus en plus
croissante de leurs investissements à des actifs immatériels, ce qui entraîne plusieurs
effets pervers. En effet, « les bilans financiers sont faussés par les lacunes de comptabilisation
des actifs incorporels, tels que la compétence et l'expérience » (Triolaire 1994, cité par
Leymarie 2001).
Aboody et Lev (1998) ont constaté que la pertinence de la comptabilité a diminué dans le
temps parce qu’elle ne reflète pas une information fiable sur les actifs intangibles qui
jouent un rôle de plus en plus important dans la nouvelle économie.
Dumontier (2004) a affirmé que les chiffres comptables sont d'autant moins aptes à
refléter la valeur de l'entreprise que celle-ci consacre une part très importante de ses
ressources à la R&D.
Aux États-Unis, l’évolution du Price to Book Ratio (PBR) des entreprises américaines est
notamment révélatrice de cette tendance : le rapport de la valeur boursière à la valeur des
actifs s’est accru d’une valeur moyenne de 1,8 en 1992 à une valeur de 6,6 en 2000. Le
phénomène enregistré aux États-Unis est également perceptible en Europe où nous
observons, avec des PBR s’échelonnant de 2 à 10, une certaine disparité entre les secteurs
d’activité, dits "traditionnels" et les secteurs de service ou ceux de la "nouvelle
économie".
Les investisseurs se soucient moins des résultats comptables. En effet, dans un
environnement marqué par des rapides changements technologiques, et dans lequel le
savoir et d’autres éléments intangibles jouent un rôle fondamental dans la création de
valeur, les performances financières futures sont souvent mieux valorisées par des
indicateurs non financiers que par des indicateurs financiers, et qu’il est donc normal de
tenir compte de ces éléments dans les calculs d’évaluation. De ce fait « la plupart des études
sur l'immatériel et les marchés financiers sont parties du constat d'une détérioration de l'utilité des
informations financières » (Cazavan-Jeny 2004).
L’étude de Brown et al. (1999, cité par Zéghal et Maaloul 2010), réalisée sur un
échantillon d’entreprises américaines et observées durant la période allant de 1958 à
1996, a confirmé que la passation en charges d’importantes dépenses associées aux
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
66
investissements immatériels plutôt que leur capitalisation a engendré la perte de
pertinence du bénéfice et de la valeur comptable des fonds propres dans l’explication du
cours boursier.
Dans un même contexte américain, Dantoh et al. (2004, cité par Zéghal et Maaloul 2010)
ont confirmé que le déclin du pouvoir explicatif (R2) de la régression de l’information
comptable sur la valeur de marché était plus significatif chez les entreprises hautement
intensives en investissements intangibles.
En s’appuyant sur un échantillon d’entreprises taïwanaises de l’industrie de la haute
Technologie, Liang et Yao (2005, cité par Zéghal et Maaloul 2010) ont trouvé que les
mesures financières traditionnelles ne produisent aucun pouvoir explicatif significatif en
termes de valeur de l’entreprise. Toutefois, Core et al. (2003, cité par Zéghal et Maaloul
2010) rejettent l’idée qu’une augmentation des intangibles, réduit la pertinence de
l’information comptable. En effet, dans leurs études réalisées sur des grands échantillons
d’entreprises américaines, ces auteurs ont montré que le déclin de la pertinence des
valeurs bilancielles était loin d’être évident et que les variables explicatives
traditionnelles de la valeur de marché demeurent applicables aux sociétés de la nouvelle
économie.
Zéghal et Maaloul (2010) expliquent ces résultats divergents quant à savoir si
l’information comptable a perdu sa pertinence ou non par l’omission d’un facteur de
contrôle important dans les modèles d’évaluation d’entreprises, à savoir l’information
divulguée sur les intangibles. Les auteurs ajoutent que le déclin du pouvoir explicatif (R²)
des variables financières dans l’évaluation de la valeur boursière de la firme au fil du
temps résulte par le fait qu’il y a une grande variation de la valeur de marché est évaluée,
de plus en plus, par les informations divulguées sur le marché concernant les intangibles.
Le tableau n°4 résume les principales recherches qui ont tenté d’examiner l’association
entre l’information comptable contenue dans les états financiers et la valeur de marché au
cours des dernières années.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité financière : une approche actionnariale
Tableau 4 : Les principales recherches sur les immatériels et les marchés financiers
Auteurs Echantillon & période
Question de recherche
Variable à expliquer
Mesure de l’immatériel
R2 Conclusions
Amir et Lev (1996)
14 sociétés de téléphonie mobile 1984-1993
Pertinence pour les investisseurs des informations financières et des informations non financières.
Prix de marché Ratio market -to -book
Résultats valeurs comptables cash-flows POPS (Proxy de croissance)
0.03 à 0.83
0.83 à 0.94
L'information financière n'est pas pertinente pour l'évaluation des titres de ce type de sociétés, alors que les indicateurs non financiers sont très pertinents.
Moussu et Thibierge (1996)
1457 sociétés européennes 1992
Pertinence d'un Proxy comptable Q de Tobin Actifs incorporels 0.0 Il n'existe aucune relation linéaire significative antre le Q de Tobin et les actifs incorporels.
Aboody et Lev (1998)
163 sociétés du secteur informatique, 1987-1995
Pertinence de l'activation des coûts de développement des logiciels
Rendements boursiers Prix de marché Résultats futurs
Logiciels activés Coûts de développement des logiciels en charges
0.24 0.57 0.3
0.15
Les variables liées à l'activation sont significativement associées avec les variables de marché et les résultats futurs.
Lev et Sougiannis (1999)
1200 sociétés 1975-1989
Le capital d'innovation est-il l'actif sous-jacent (hors bilan) expliquant le book -to- market ?
Rendements boursiers
Estimation du capital R&D par régressions Book-to-market ratio
0.039 à 0.054
Le capital de R&D est associé aux rendements futurs, et rend le ratio book-to-market non significatif pour les sociétés à fort capital de R&D.
Lev et Zarowin (1999)
1977-1996
Utilité de l'information financière par rapport à l'ensemble de l'information disponible.
Rendements boursiers Prix de marché
Résultats comptables Cash-flows Résultats et valeurs comptables
0.3 0.16
0.9 à 0.55
L'intensité des R&D (liée aux taux de changement de business) est liée à la baisse d'informativité des bénéfices
Source : Cazavan Jeny (2004)
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
68
22..22.. LLee ttrraaiitteemmeenntt ccoommppttaabbllee iinnaaddééqquuaatt ddeess iimmmmaattéérriieellss eennggeennddrree--tt--iill uunn
pprroobbllèèmmee dd’’aassyymmééttrriiee iinnffoorrmmaattiioonnnneellllee
Aboody et Lev (2000), retiennent essentiellement trois critères justifiant l’asymétrie
informationnelle associée aux investissements en éléments incorporels (dans les activités
de R&D, en particulier) :
La majorité des projets immatériels adoptés par les firmes sont uniques ;
L’inexistence de marché pour des éléments immatériels (R&D, satisfaction de la
clientèle, formation,…) rend l’information non transmissible à travers les prix
Le traitement comptable approprié aux éléments intangibles rend difficilement
observable leur changement de valeur
L’écart croissant entre la valeur comptable et la valeur boursière des firmes suggèrent
que les marchés financiers prennent en compte et valorisent certains éléments
incorporels non identifiables et non comptabilisés de manière séparée (rente abrégée de
goodwill) dans les états financiers. Cet écart s’explique par la capacité de l’entreprise de
générer un bénéfice supérieur au rendement normal (ou sans risque) des capitaux
investis.
Parmi les facteurs qui font accroître la capacité de l’entreprise à générer des bénéfices
meilleurs, nous pouvons citer :
- des ressources humaines qualifiées ;
- une organisation commerciale efficace ;
- la faiblesse de la gestion d’un concurrent ;
- une publicité efficace, un procédé ou une formule secrète ;
- de bonnes relations de travail ;
- une cote de crédit exceptionnelle ;
- un excellent programme de formation ;
- une situation en vue dans la communauté ;
- la découverte de nouveaux talents ou de nouvelles ressources ;
- une association judicieuse avec une autre entreprise ;
- une situation stratégique …
Les managers possèdent une connaissance parfaite des perspectives et bénéfices futurs
reliés aux activités immatérielles, supérieure à celle des parties externes. Ceci peut
amener une entreprise à subir de nombreux effets socio-économiques tels que l’asymétrie
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
69
d’information, l’erreur d’évaluation, le coût de capital excessif, le risque et le manque de
liquidité. Ces effets peuvent conduire à une mauvaise allocation des ressources sur le
marché financier (Zéghal et Maaloul 2010).
Barth et Kasznick (1999, cité par Zéghal et Maaloul 2010) ont montré que les entreprises
fortement intensives en investissements immatériels ont tendance à annoncer de grandes
opérations de rachat d’actions parce que leurs intangibles sont souvent sous-évalués en
raison de la présence d’une asymétrie d’information.
Aboody et Lev (2000, cité par Zéghal et Maaloul 2010) ont confirmé que dans les
entreprises qui investissent fortement dans les activités de R&D, les gains de
transactions d’initiés (insider gains) sont clairement plus importants que dans les
entreprises non intensives en R&D. Cette conclusion montre évidement qu’en présence
d’asymétrie d’information, les initiés de l’entreprise sont favorisés dans les transactions
d’actions par rapport aux outsiders.
L’étude de Seow et al. (2006, cité par Zéghal et Maaloul 2010), réalisée sur un échantillon
d’entreprises américaines, a confirmé un lien positif entre le niveau d’investissement en
R&D et le coût du capital. Les auteurs ont conclu que ces investissements augmentent le
coût de capital puisqu’ils sont plus risqués (Kothari et al. 2002) et engendrent un
problème d’asymétrie d’information. Ils ajoutent que les actions des entreprises
intensives en intangibles sont relativement illiquides parce qu’en présence de cette
asymétrie, l’estimation de leur valeur par les investisseurs est dispersée.
Ainsi, la plupart des chercheurs s’accordent que les spécificités des immatériels et leur
traitement comptable inadéquat conduisent à un dysfonctionnement du marché financier.
A ce niveau, Zéghal et Maaloul (2010) avancent qu’une mauvaise allocation des
ressources sur le marché peut être corrigée par des divulgations abondantes
d’informations financières et extracomptables relatives aux intangibles.
22..33.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr lleess iimmmmaattéérriieellss eesstt--eellllee uunnee ssoolluuttiioonn àà
ll’’iinnssuuffffiissaannccee dduu rreeppoorrttiinngg ffiinnaanncciieerr eett llaa pprréésseennccee ddee ll’’aassyymmééttrriiee
dd’’iinnffoorrmmaattiioonn ??
Lang et Lundholm (1993), Tasker (1998), Lougee et Marquardt (2004, cité par Zéghal et
Maaloul 2010) ont montré que les entreprises ayant une information comptable moins
pertinente fournissent plus de divulgations volontaires.
Dans l’étude menée par Jones (2007, cité par Zéghal et Maaloul 2010) et réalisée sur un
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
70
échantillon d’entreprises intensives en R&D, l’auteur a confirmé que les dirigeants
recourent à la divulgation volontaire d’informations sur ces intangibles dans les rapports
annuels et les conférences téléphoniques lorsque l’information comptable est moins
pertinente dans l’explication de la valeur de marché. Compte tenu de ces résultats,
certains auteurs ont essayé de vérifier si l’introduction de certaines informations non-
financières ou relatives aux immatériels dans des modèles d’évaluation d’entreprises
améliore leur pouvoir explicatif (R2).
Dans ce cadre, Darrough et Ye (2007) et Yu et al. (2009, cité par Zéghal et Maaloul 2010)
ont confirmé l’hypothèse de la pertinence d’informations sur les immatériels pour
l’évaluation des entreprises de la nouvelle économie. De même, Amir et Lev (1996) ont
indiqué un effet de complémentarité entre les données financières et non financières dans
l’explication de la valeur de marché des firmes.
Dans son étude réalisée sur un échantillon d’entreprises américaines, Botosan (1997) a
confirmé un lien négatif entre le volume des informations divulguées dans les rapports
annuels et le coût de capital. Aussi, Healy et al. (1999) ont conclu qu’une importante
divulgation volontaire améliore la liquidité des actions, diminue la dispersion des
prévisions d’analystes, et atténue les erreurs dans l’évaluation de l’entreprise.
Concernant la divulgation volontaire d’informations sur les intangibles dans les rapports
annuels des entreprises européennes, Orens et al. (2009) et Kristandl et Bontis (2007) ont
mis en évidence un lien négatif et significatif entre le niveau de la divulgation d’une part,
le niveau de l’asymétrie d’information, le coût de capital et le coût de la dette, d’autre
part.
SSEECCTTIIOONN 22 :: LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE SSUURR LLEE CCAAPPIITTAALL
IIMMMMAATTEERRIIEELL EETT LLAA TTHHEEOORRIIEE DDEE LL’’AAGGEENNCCEE
La présence d'asymétrie d'information conduit au problème du «risque moral38» ou
encore «Aléa moral (« Moral Hazard »). En effet, dans une relation d'agence («principal»-
« agent ») et après la signature des contrats, l’agent peut prendre des décisions « non
observables ». Ces décisions, du fait de la divergence d’intérêts entre ces deux
protagonistes, peuvent ne pas être dans l’intérêt du principal. De ce fait, dans le cadre de
la théorie d’agence, une divulgation volontaire sur les immatériels peut être un moyen
permettant au principal d’avoir les informations dont il a besoin pour juger la gestion de
38Action cachée.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
71
l’agent et réduire, par conséquent certains coûts (d’agence) résultant de la présence
d’asymétrie informationnelle entre les partie contractantes.
11.. LLaa tthhééoorriiee ddee ll’’aaggeennccee eett llaa ffiirrmmee
Jensen et Meckling (1976) définissent la relation d'agence comme étant « un contrat dans
lequel au moins une personne (principal ou mondant) a recours aux services d'une autre personne
(agent ou mandataire) pour accomplir en son nom une tâche quelconque, ce qui implique une
délégation de nature décisionnelle à l'agent ».
La théorie d'agence stipule que l'entreprise est un "nœud" de contrats formels et
informels, conclus entre les différentes parties prenantes cherchant, chacune de son coté,
à maximiser son bien être d'une façon égoïste. Ces contrats, qui sont nécessairement
incomplets, vont permettre dans un contexte d’asymétrie d’information, des stratégies
d’opportunisme et des transferts de richesse.
La première caractéristique de toute relation contractuelle réside dans le conflit d’intérêt
entre le principal et l’agent. En effet, au sein de la firme, chacun sait que les autres
tenteront de maximiser leur propre utilité et non pas celle des autres, ce qui crée des
conflits d’intérêts. Une solution, pour résoudre ces divergences, est d’établir un contrat
qui incite l’agent à agir conformément aux vœux du principal. D’où l’importance de la
seconde caractéristique qui est l’incertitude qui pèse sur le résultat issu du contrat. En
effet, l’action ou le comportement de l’agent est imparfaitement observable et il est
extrêmement couteux de prévoir toutes les situations envisageables. De plus, il existe,
contrairement aux théories classique et néoclassique où les marchés sont parfaits et les
agents sont rationnels et disposent de toutes les informations pertinentes, une asymétrie
informationnelle au détriment du principal (l’asymétrie d’information est un postulat
principal de la théorie de l’agence).
Dans un tel contexte où les problèmes d’agence existent étant donné qu’il est couteux de
rédiger et de faire respecter les contrats, les acteurs vont chercher à mettre en place des
mécanismes régulateurs qui permettent d’atténuer les défaillances des contrats. Ce
comportement engendre des coûts, appelés coûts d’agence.
Jensen et Meckling (1976) distinguent trois types de coûts d'agence qu'il faut réduire
pour survivre dans un monde concurrentiel :
- Les coûts de surveillance ou de contrôle (monitoring expenditures) : ils sont engagés par le
principal afin de minimiser le comportement opportuniste de l’agent et s’assurer qu’il
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
72
gère conformément ses intérêts. Ils englobent l’ensemble des coûts liés à la gestion de
l’information, la surveillance, l’incitation à la mise en place des systèmes pour garantir
une bonne communication de l’information (honoraires des auditeurs, mise en place des
tableaux de bord,…).
- Les coûts d’obligation ou de dédouanement (bonding costs) : ils sont engagés par les agents
pour rassurer le principal, quant à sa volonté de prendre en compte et agir au mieux de
ses intérêts. En fait, ils sont supportés par l’agent pour signaler son respect des termes
du contrat. A long et moyen terme, l’agent a intérêt à maintenir cette relation
contractuelle (publication d'information non exigée par la loi, rapports par des cabinets
spécialisés de l'évaluation de la valeur boursière…).
- La perte résiduelle (residual loss) : C'est la perte d’utilité subie par le principal suite à la
divergence de son intérêt avec l’agent. Elle représente la diminution de la valeur de la
firme consécutive à l'ouverture du capital par l'entrepreneur (Williamson 1988).
Contrairement aux autres coûts d’agence (coûts de surveillance et coûts de
dédouanement) qui sont des coûts réels, la perte résiduelle est un coût d’opportunité. Elle
est la principale composante des coûts d'agence puisque les deux autres types de coûts ne
seront supportés que dans la mesure où ils permettent de réduire effectivement la perte
résiduelle.
Dans ce qui suit, nous allons analyser le rôle de l’information volontaire dans la gestion
et la résolution des conflits d’agence entre les dirigeants, les actionnaires et les
créanciers.
22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llaa rréédduuccttiioonn ddeess ccooûûttss
dd’’aaggeennccee
La théorie de l’agence offre un cadre d’analyse fertile pour étudier l’offre volontaire
d’informations. Cette dernière est considérée comme un moyen essentiel pour la gestion
des conflits d’agence et un élément régulateur du comportement du dirigeant.
Dans ce cadre théorique, les justifications proposées se fondent sur deux types de
relations contractuelles qui jouent un rôle décisif en matière comptable :
- les relations entre les actionnaires et les dirigeants
- les relations entre les actionnaires et les créanciers
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
73
22..11.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eesstt uunn mmooyyeenn ddee
ddééddoouuaanneemmeenntt
Le développement de l'économie moderne et des marchés financiers s'est traduit par la
séparation entre les détenteurs des capitaux (les actionnaires) et leurs mandataires (les
dirigeants) et, par conséquent, une dissociation entre la propriété et la prise de décisions.
En transférant leur pouvoir décisionnel aux dirigeants, dans le cadre d’une relation
d'agence, les actionnaires n'ont ni un contrôle immédiat sur la gestion de l'entreprise ni
un accès direct à l'information.
Charreaux (1987) considère l’asymétrie d’information une source de conflits d’agence. En
effet, le manque de transparence de l’information permet au dirigeant d’avoir un
comportement opportuniste le favorisant au détriment de l'intérêt des actionnaires. Les
divergences d’intérêts se traduisent par des risques de transferts de richesse des
propriétaires aux gestionnaires.
Dans leur article fondateur de la théorie de l’agence, Jensen et Meckling (1976) ont
avancé que la séparation de la propriété et de la gestion des entreprises, synonyme de
conflits d’intérêts entre actionnaires et dirigeants, donne naissance à des coûts d’agence.
La théorie postule que le dirigeant est incité à maximiser son utilité en adoptant des
stratégies lui permettant de préserver son patrimoine personnel et effectuer le plus de
prélèvements possibles en nature. Toutefois, ce comportement opportuniste engendre des
coûts qui augmentent avec l’importance des conflits d’agence et affecte négativement la
valeur de la firme.
Lorsque le dirigeant est propriétaire d’une partie du capital (actionnaire) ou sa
rémunération actuelle et future39 est fondée sur des indicateurs comptables ou la valeur
de son capital humain est investie dans l’entreprise, sa richesse sera affectée par le
contenu des états financiers. Cette relation est explicitée par Kelly (1983, cité par
Depoers 1999) qui montre que les choix et les réactions des dirigeants sont justifiés par
la relation états financiers/richesse du dirigeant. Par conséquent, le dirigeant a intérêt de
rassurer le propriétaire qu’il agit dans son intérêt afin d’éviter une perte probable
d’emploi et une sous-évaluation de la firme qu’il gère.
39La rémunération salariale comprend différents éléments comme le salaire, les avantages en nature. Certains éléments de la rémunération salariale comme l’intéressement, les stock- options permettent d’indexer la rémunération du dirigeant sur les résultats et sur la valeur de la firme. Ils sont destinés à aligner les intérêts du dirigeant sur ceux des actionnaires. L’amélioration de l’image et de la réputation professionnelle du dirigeant font également partie de son système de rémunération.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
74
La littérature révèle la présence de plusieurs dispositifs permettant une réduction notable
des coûts d’agence liés à la séparation propriété/contrôle de la firme. Ces dispositifs sont
liés à :
des mécanismes de contrôle externes : marché de biens et services, marché du
travail (Fama 1980) et marché financier (Jensen et Smith 1985) ;
des mécanismes de contrôle internes : le droit de vote des actionnaires, les
systèmes de rémunération et d’intéressement des dirigeants qui diminuent les
divergences d’intérêts avec les actionnaires,… ;
certaines politiques financières : financement par dette afin d’éviter les coûts
d’agence liés à une dilution du capital (Jensen et Meckling 1976, Grossman et
Hart 1980).
Si certaines politiques financières, comme le financement par dette, constitue un moyen
efficace pour la résolution des conflits entre actionnaires et dirigeant, il engendre d’autres
conflits avec les créanciers qui génèrent eux même des coûts d’agence. Dans ces
conditions, la structure de capital optimale, selon Ziane (2004) peut être obtenue par
arbitrage entre les avantages de l’endettement (réduction des coûts d’agence entre
actionnaires et dirigeant) et les coûts relatifs aux relations avec les créanciers.
Saada (1994) affirme que la publication volontaire d'information constitue aussi un
moyen efficace susceptible de minimiser les coûts générés par les conflits d'agence et
supportés définitivement par les dirigeants et les actionnaires. De même, Botosan (1997)
démontre que la publication volontaire d’informations peut être un mécanisme de
dédouanement en justifiant qu’une divulgation plus informative réduit l’asymétrie
informationnelle entre le marché financier et la firme, diminue le coût du capital et
augmente par conséquent, la valeur boursière de la firme (Diamond et Verrecchia 1991).
Cette dernière est aussi fonction de la manière dont les investisseurs perçoivent la
capacité des managers à prévoir les changements économiques de leur environnement.
Cette capacité n’est pas observable directement mais, par le moyen de la diffusion
volontaire d’informations, les dirigeants peuvent informer les investisseurs de leur prise
en compte des opportunités ou des menaces liées aux attentes des parties prenantes, aux
futures réglementations et les éclairer sur les risques futurs encourus du fait de leurs
activités et sur leurs impacts financiers.
Depoers (2000) confirme que l'effet positif qu'entraîne la réduction envisagée des coûts
d'agence sur les performances de l'entreprise constituerait un incitatif pour les dirigeants
à publier de l'information. Toutefois, l’auteur ajoute que le dirigeant n’est incité à
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
75
engager des coûts de dédouanement que dans la mesure où ils permettent une
augmentation marginale de la valeur de la firme, suite à la diminution des coûts d’agence
totaux, supérieure aux avantages marginaux en nature perdus. Dans ce sens,
En matière d’investissements immatériels, une asymétrie d’information croissante
entoure ces projets, en raison de leur spécificité, l’inexistence de marché pour des
éléments incorporels (satisfaction de la clientèle, formation…) et de l’incapacité de la
comptabilité- source principale d’informations pour les investisseurs- à refléter une
information fiable sur les intangibles (Aboody et Lev 2000). De ce fait, la publication
volontaire d’informations sur le capital immatériel, peut être un mécanisme de
dédouanement permettant aux dirigeants de réduire l’asymétrie d’information et
l'incertitude du principal à son égard en lui montrant son respect des engagements
contractuels.
Une première hypothèse découlant de la théorie d’agence est que les coûts de
dédouanement, devraient augmenter avec l’importance des conflits d’agence et le niveau
de la séparation propriété/contrôle. Selon Fama et Jensen (1983), la structure de
l’actionnariat détermine l’importance de ces conflits. Par conséquent, la demande
d’information des actionnaires devrait être d’autant plus forte que le capital est dispersé
(Depoers 1999). La théorie stipule que les dirigeants disposant d’une faible proportion
des actions répondent mieux aux besoins d’information des investisseurs que ceux dont la
participation est importante. Cette hypothèse a été testée et confirmée par Gelb40 (2000)
qui a montré que la participation des dirigeants aux capitaux propres est négativement
liée à la qualité de la communication financière dans un contexte américain caractérisé
par un actionnariat dilué. Toutefois, dans un contexte français marqué par une forte
concentration de l’actionnariat où l’actionnaire majoritaire assure un contrôle total du
dirigeant, les conflits d’agence classiques entre dirigeants et actionnaires sont réduits
(voire inexistants) et remplacés par des conflits d’intérêt entre actionnaires majoritaires
et actionnaires minoritaires (Ginglinger 2002). Un actionnariat concentré présente aussi
des coûts qui vont réduire la valeur de la firme. En effet, outre un contrôle intense qui
réduit les initiatives du dirigeant, les actionnaires majoritaires vont chercher à
s’approprier des bénéfices privés au détriment des actionnaires minoritaires (Ho et Wong
2001) qui refuseront d’apporter des fonds. Ainsi, une riche communication permet de
réduire les conflits d’intérêts entre les actionnaires et protéger les minoritaires.
40L’étude de Gelb (2000) a été réalisée aux Etats-Unis, à partir des notes ou scores accordés par les analystes financiers aux entreprises dans le cadre du concours du meilleur rapport annuel organisé par l’Association for Investment Management and Research (AIMR).
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
76
A Singapore, Williams et Firer (2003) ont essayé d’étudier la relation entre la structure
de propriété et l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel dans le cadre de
la théorie de l’agence. Pour appréhender la structure de propriété, les auteurs ont retenu
trois variables : la dispersion du capital, la participation des dirigeants et de l’Etat dans le
capital de la firme. Les auteurs ont trouvé que l’offre volontaire d’information sur le
capital immatériel est plus élevée lorsque la participation des dirigeants au capital est
plus faible et lorsque ce dernier est plus dispersé. De plus, ils ont trouvé que les firmes
dans lesquelles l’Etat détient plus que 10% du capital communiquent plus d’informations
sur les intangibles.
Une deuxième hypothèse découlant de la théorie d’agence est que les coûts de
dédouanement, devraient augmenter avec la taille. Selon Jensen et Meckling (1976), le
contrôle devient plus difficile et couteux dans les grandes firmes.
Une littérature abondante a montré un lien positif entre le volume des informations
volontairement divulguées et la taille de l’entreprise (Chow et Wong-Boren 1987,
Roberts 1992). En Italie, Bozzolan et al. (2003) ont montré que la taille de l’entreprise est
un facteur déterminant de l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel,
relationnel et humain. En revanche, les auteurs n’ont pas trouvé que la taille explique un
effort de communication d’information sur le capital structurel. Williams et Firer (2003)
ont trouvé que le coefficient associé à la variable « taille » est positif et statistiquement
significatif dans l’explication de l’offre d’information sur le capital immatériel au sein des
firmes Singapouriennes. Toutefois, dans une étude longitudinale réalisée par Williams
(2001) sur un échantillon d’entreprises britanniques observées sur 5 ans (1996-2000),
l’auteur a trouvé que la taille n’est pas un facteur déterminant de l’offre volontaire
d’information sur le capital immatériel sur les cinq ans (étudiée année par année).
En résumé, la décision de divulguer volontairement sur les éléments immatériels résulte
d’une gestion opportuniste de la relation d’agence entre contractants. Ce comportement
permet à l’agent de maximiser la valeur de la firme en réduisant les coûts d’agence et par
conséquent maximiser la valeur actionnariale.
La figure n°8 positionne l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel comme
étant un mécanisme de dédouanement dans le cadre de la relation
contractuelle actionnaires-dirigeants (et/ou actionnaires majoritaires-actionnaires
minoritaires).
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité financière : une approche actionnariale
Figure 8 : La divulgation sur le capital immatériel dans le cadre de la relation actionnaires-dirigeants : un mécanisme de dédouanement
+
+
Asymétrie d’information
Relations Contractuelles
Actionnaires-dirigeants
Coûts d’agence
Réduction
L’incapacité de la
comptabilité à refléter une
information fiable sur les
immatériels.
Comportement
Opportuniste du dirigeant
L’évolution des
investissements immatériels
comme nouveaux facteurs
de création de valeur
L’é
con
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Structure
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Taille
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
78
22..22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eesstt uunn mmééccaanniissmmee ddee
ssuurrvveeiillllaannccee
Dans la relation contractuelle opposant les créanciers aux actionnaires, l’endettement et
le recours au financement externe devient une source de conflits générant des coûts
d’agence. En effet, les créanciers mettent à la disposition de l’entreprise des ressources en
contrepartie d'un remboursement à l'échéance et d'une promesse de rémunération. Ils
connaissent à l'avance la rentabilité de leur prêt et les actionnaires sont tenus à respecter
en totalité l'engagement de remboursement. Par conséquent, aucun préteur rationnel
n'irait avancer de l'argent à une entreprise sachant pertinemment qu'il encourt une perte
certaine. Les prêteurs sont conscients que l'entreprise est sujette à un risque
d'exploitation et ils acceptent de partager ce risque. En fonction du niveau du risque
qu'ils anticipent, les créanciers déterminent le rendement de leurs sommes prêtées à
l'entreprise. Une fois, les fonds sont mis à la disposition de l'entreprise, et sous
l'hypothèse sous-jacente que l'entreprise est gérée au mieux des intérêts des actionnaires
à travers les dirigeants, ces derniers ont la possibilité d’opérer des transferts de richesses
des créanciers vers les actionnaires lors des décisions d’investissement et de financement
dans plusieurs cas (Tremblay et al. 1994).
Le premier cas est la substitution d’actifs : les dirigeants peuvent engager les fonds
empruntés dans des activités qui feraient supporter aux créanciers un niveau de risque
supérieur à celui qu'ils avaient anticipé, ce qui réduit la valeur de leurs apports. Les
actionnaires profiteront d'une telle augmentation du risque, suite à l'accroissement de
leur potentiel de gain alors que les créanciers, du fait de la fixité de leur rémunération, ne
profiteront pas de la nouvelle richesse consécutive à un niveau de risque supérieur mais
subiront par contre, l'éventualité d'une diminution de la probabilité de remboursement.
Le second cas est la dilution de créances : les dirigeants peuvent décider d’émettre de
nouvelles obligations du même rang ou d’un rang prioritaire sans que les créanciers et les
obligataires ne l’aient prévu.
Le troisième cas est la politique de dividendes : une augmentation non prévue du
dividende financée soit par réduction des investissements soit par l’émission d’une
nouvelle dette peut réduire la valeur de l’ancienne dette.
Dans les trois cas cités, les créanciers subiront une perte du capital résultant d’un
transfert de richesse au profit des actionnaires. Ceci entraîne des conflits d’intérêts et des
coûts, appelés « coûts d'agence ». Afin de limiter le pouvoir décisionnel des dirigeants, les
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
79
créanciers incluent dans leurs contrats d'endettement des clauses restrictives (Schipper
1981) qui sont définies généralement en termes de ratios comptables afin de restreindre
les politiques de financement, d’investissement et de dividendes. Ce mécanisme de
surveillance engendre des coûts (coûts de rédaction de contrats, le coût de leur
application et la baisse de profitabilité de la firme puisque les clauses contractuelles
limitent l’action optimale du dirigeant).
Outre les clauses restrictives, Depoers (1999) avance que les créanciers et les
investisseurs externes considèrent que l’information, contenue dans des états financiers
bien détaillés, peut être un moyen de surveiller le dirigeant. L’auteur ajoute que le
marché financier joue un rôle ex post important dans la mesure où il incite le dirigeant à
montrer sa révérence en donnant aux créanciers les moyens d’évaluer les conditions des
contrats d’endettement. Dans ce cadre, Jensen et Meckling (1976) confirment que « si le
dirigeant peut lui même produire cette information à un coût plus bas que celui que les obligataires
devraient supporter pour l’obtenir (les données déjà collectées à des fins de gestion interne), il sera
bénéfique de divulguer un rapport annuel certifié par un cabinet indépendant ». Meek et al.
(1995) concluent que les firmes fortement endettées optent pour une politique de
communication extensive afin de réduire les coûts d’agence associés à la dette.
Bien que l’association positive entre le niveau d’endettement et l’offre volontaire
d’information est théoriquement fondée, certains auteurs ont mis en doute la vérifiabilité
de cette hypothèse (Chow et Wong-Boren 1987) alors que d’autres l’ont soutenue
(Salamon et Dhaliwal41 1980, Bradbury42 1992). En effet, dans la relation contractuelle
opposant les dirigeants aux actionnaires, l’endettement de l’entreprise peut être considéré
comme un moyen pour réduire les coûts d’agence puisqu’il favorise la convergence des
intérêts des deux parties contractantes. Ce qui suppose une relation négative entre
l’endettement et la divulgation volontaire.
Diamond (1984) confirme que le remboursement des intérêts de la dette à échéances fixes
réduit la valeur du cash-flow disponible et par conséquent les opportunités de réaliser un
investissement sous optimal de la part du dirigeant. L’auteur ajoute, que dans le cas d’un
financement bancaire, les banques disposent d’autres canaux privés et ont accès à des
sources privilégiées d’informations.
Ainsi, comme le souligne Ziane (2004), une meilleure structure du capital résulte d’un
arbitrage entre les avantages de l’endettement, notamment bancaire (réduction des coûts
41L’étude a été réalisée aux Etats Unis. 42L’étude a été réalisée sur un échantillon de grandes firmes cotées à la bourse de la nouvelle Zélande.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
80
d’agence entre actionnaires et dirigeant) et les coûts liés aux conflits d’agence avec les
créanciers.
La relation négative entre l’endettement et la publication volontaire a été justifiée aussi
par Diamond et Verrecchia (1991). Les auteurs ont confirmé qu’une riche divulgation
réduit le coût du capital, et par conséquent, la proportion des dettes dans la structure du
capital.
S’agissant de la divulgation volontaire d’information sur le capital immatériel, Williams
et Firer (2003) ont trouvé que l’« endettement » n’est pas un facteur explicatif de l’offre
au sein des firmes Singapouriennes. Toutefois, dans l’étude longitudinale réalisée par
Williams (2001) sur un échantillon d’entreprises britanniques observées sur 5 ans (1996-
2000), l’auteur a trouvé que l’endettement n’est pas un facteur déterminant de l’offre
volontaire d’information sur le capital immatériel que pour la première année
d’observation (1996). Garcia-Meca et al. (2005) ont confirmé l’hypothèse de l’endettement
dans un contexte espagnol.
En se limitant aux relations contractuelles opposant les actionnaires aux créanciers, le
financement extérieur fait augmenter les conflits d’agence entre contractants. Dans ce
cadre, la divulgation volontaire sur le capital immatériel réduit les coûts d’agence dans la
mesure où elle met à la disposition des créanciers un moyen de contrôle des transferts de
richesses pouvant s’opérer aux profits des actionnaires.
La figure n°9 situe l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel comme étant
un mécanisme de surveillance dans le cadre de la relation contractuelle actionnaires-
créanciers.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité financière : une approche actionnariale
Figure 9 : La divulgation sur le capital immatériel dans le cadre de la relation actionnaires-créanciers : un mécanisme de surveillance
+
Asymétrie d’information
Relations Contractuelles
Actionnaires-créanciers
Coûts d’agence
Réduction
L’incapacité de la
comptabilité à refléter une
information fiable sur les
immatériels.
Comportement
opportuniste du
dirigeant/actionnaire
L’évolution des
investissements immatériels
comme nouveaux facteurs
de création de valeur
L’é
con
om
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e l’
Imm
até
riel
La d
ivu
lgatio
n v
olo
nta
ire sur les im
matériels :
Méca
nism
e de su
rveilla
nce
Endettement
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
82
En définitive, dans le cadre de la théorie d’agence, dont l’asymétrie d’information est un
concept clé, la divulgation volontaire d’information sur le capital immatériel, est un
mécanisme de dédouanement et de surveillance permettant à l’agent (dirigeant et/ou
actionnaire majoritaire) de réduire les coûts d’agence et par conséquent augmenter la
valeur actionnariale.
La figure n°10 situe l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel comme
étant un mécanisme de dédouanement et de surveillance dans le cadre des relations
d’agence au niveau de la firme.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité financière : une approche actionnariale
Figure 10 : La divulgation sur le capital immatériel et la gestion des relations d’agence
Asymétrie
d’information
Relations
Contractuelles
Actionnaires-
créanciers
Coûts d’agence
Réduction
La d
ivu
lgatio
n v
olo
nta
ire sur les im
ma
tériels
L’incapacité de la comptabilité
à refléter une information
fiable sur les immatériels. Mécanisme de
dédouanement
Mécanisme de
surveillance
Maximiser
la valeur
financière
de la firme
Relations
Contractuelles
Actionnaires-
dirigeants
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
84
SSEECCTTIIOONN 33 :: LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE SSUURR LLEE CCAAPPIITTAALL
IIMMMMAATTEERRIIEELL EETT LLAA TTHHEEOORRIIEE DDEESS SSIIGGNNAAUUXX
La présence d'asymétrie d'information conduit également à un autre type de problème
celui de « sélection adverse43» ou encore «anti-sélection» (en anglais « adverse selection »)
selon lequel la mauvaise qualité chasse la bonne. Les dirigeants possèdent toute
l’information sur la firme qu’ils gèrent. Si cette information n'est pas divulguée, les
investisseurs jugent la qualité des produits financiers (actions, obligations,…) offerts par
cette firme en fonction de la qualité moyenne. La présence d’anti-sélection stimule les
dirigeants à signaler la qualité de leur firme. Par conséquent, le cadre de la théorie des
signaux une publication volontaire d’information sur les incorporels peut être considérée
comme une variable signalétique permettant aux investisseurs de juger convenablement
la valeur des produits proposés.
De nombreuses études ont analysé la gestion de l’information comptable et la divulgation
volontaire comme étant un mécanisme de signalisation. C’est particulièrement, cette voie
de recherche qui sera développée dans la mesure où elle s’apparente plus à la
problématique de la divulgation volontaire d’information sur le capital immatériel.
11.. LLeess ffoonnddeemmeennttss ddee llaa tthhééoorriiee ddeess ssiiggnnaauuxx
Akerlof (1970) et Spence (1973) étaient les premiers auteurs à étudier l’importance de la
signalisation dans la résolution du problème de l’asymétrie d’information au sein d’un
marché. Dans le cadre du marché des voitures d’occasion,
Akerlof (1970) postule que les vendeurs connaissent la qualité réelle du produit et les
acheteurs ne connaissent que la probabilité d’avoir une bonne ou une mauvaise voiture.
Ces derniers n’acceptent de payer qu’un prix moyen pondéré par la probabilité d’acheter
une voiture d’une qualité espérée. Ainsi, les prix s’ajustent sur le marché en fonction de la
qualité moyenne. Les vendeurs d’une voiture de bonne qualité ne peuvent espérer vendre
leur bien à un prix supérieur et auquel ils ont droit. Ils sont donc obligés de quitter le
marché. C’est le phénomène d’anti-sélection, selon lequel la mauvaise qualité chasse la
bonne, et qui aboutit à la disparition du marché. Les vendeurs ont donc intérêt à réduire
l’asymétrie d’information et signaler aux acheteurs la bonne qualité de leurs produits en
adoptant un mécanisme de signalisation qui peut prendre par exemple la forme de
garanties.
43Information cachée
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
85
Spence (1973) modélise de la même manière le fonctionnement du marché du travail où
l’employeur ne connaît pas les compétences et les aptitudes de l’individu avant son
embauche. Il se réfère à un signal facilement observable de la qualité de l’individu qui est
le niveau de ses études et ses diplômes. De plus, dans son étude, l’auteur conditionne le
processus de signalisation avec l’importance du coût supporté par l’individu pour
acquérir le diplôme. Ce coût est plus faible pour les individus de « bonne qualité » qui
sont seuls susceptibles de se signaler. Spence précise que le coût du signal doit être
négativement corrélé avec la valeur réelle du bien signalé.
11..11.. LL’’iinnffoorrmmaattiioonn vvoolloonnttaaiirree eesstt--eellllee uunnee vvaarriiaabbllee ddee ssiiggnnaalliissaattiioonn ??
Les résultats trouvés par Akerlof (1970) sur le marché des voitures d’occasion peuvent
être transposés sur le marché financier où se trouvent des offreurs et des demandeurs de
capitaux opérant dans un contexte d’asymétrie d’information.
La théorie du signal suppose la présence d’une asymétrie d’information. Celle-ci peut
avoir des effets défavorables menant à des sous-évaluations ou à une politique
d’investissement sous-optimale. Deux idées simples sont donc à la base de la théorie des
signaux :
- la même information n’est pas partagée par tous : de ce fait, les managers d’une
firme peuvent avoir de renseignements que n’ont pas les investisseurs ;
- même si elle était partagée par tous, la même information ne serait pas perçue de
la même manière, ce que la vie courante confirme fréquemment.
De nombreux auteurs, ont développé des modèles de signalisation destinés à résoudre le
problème d’anti-sélection. Les premiers modèles privilégient la politique financière (la
politique d'endettement (Ross 1977)), la politique de distribution des dividendes
(Bhattacharya 1979) et le niveau de participation des dirigeants dans le capital de leurs
sociétés de l’entreprise (Leland et Pyle 1977) comme instruments de signalisation. Le
dirigeant révèle au marché la qualité de la firme à travers des variables financières
manipulées qui permettent de différencier les firmes performantes de celles qui le sont
moins.
Les dirigeants possèdent toute l’information sur la firme qu’ils gèrent et si l'information
dont ils disposent n'est pas divulguée, les investisseurs jugent la qualité des produits
financiers (actions, obligations,…) offerts par cette firme en fonction de la qualité
moyenne : phénomène d’anti-sélection. Ce dernier stimule les dirigeants à signaler la
qualité de leur firme aux investisseurs qui cherchent à juger convenablement la valeur
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
86
des produits proposés. La signalisation peut être effectuée aussi bien par le contenu de la
divulgation (Hughes 1986), que par l’acte de publication (Trueman 1986).
Youssef (2007) confirme que les informations financières ne suffisent pas elles seules pour
convaincre les marchés financiers qu’il s’agit d’une bonne décision. En effet, l’auteur
ajoute que les dirigeants ont besoin d’une politique de communication. De ce fait, les
dirigeants des firmes les plus performantes vont chercher à émettre un signal aux
investisseurs en divulguant toute l'information privée dont ils disposent sur les
caractéristiques de leur firmes permettant ainsi, aux intervenants externes de les
distinguer des firmes les moins performantes et se différencier des concurrents.
L’utilisation de cette information volontaire peut aider à une meilleure valorisation des
titres car elle permet, en particulier, de diminuer l'incertitude liée aux cash-flows futurs,
améliorer la décision des investisseurs et de s’accaparer les capitaux disponibles sur le
marché.
11..22.. LLaa ssiiggnnaalliissaattiioonn ppaarr llaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree eett llaa nnaattuurree dduu ccooûûtt aassssoocciiéé
La résolution de l’anti-sélection est dépendante de la qualité (ou la crédibilité) du signal.
Cette qualité est liée au coût de la variable de signalisation. En effet, une firme de bonne
qualité, capable de supporter ce coût, émet le signal, alors que la firme de mauvaise
qualité ne pouvant pas le supporter ne l’émet pas.
Leland et Pyle (1977) ont spécifié les conditions de coût dans leur modèle qui étudie le
niveau de participation des dirigeants dans le capital comme une variable de
signalisation. Hughes (1986) a introduit dans le modèle de Leland et Pyle (1977),
l’information volontaire comme un co-signal avec la participation des dirigeants dans le
capital. L’auteur montre que l’information volontaire qui consiste à communiquer la
valeur future des projets d’investissement de la firme associée à un signal du coût qui est
la participation des dirigeants dans le capital fournit aux investisseurs un signal de
qualité leur permettant de mieux interpréter la valeur communiquée. En effet, les
investisseurs considèrent la publication d’information comme crédible car l'entrepreneur
sera pénalisé à posteriori lorsque la divulgation s’avère frauduleuse (Hugues 1986).
La question que s’est posée Deopers (1999) à ce niveau est de savoir s’il est nécessaire
d’associer à la divulgation volontaire d’information un coût (au sens de Spence 1973)
pour qu’elle soit crédible et un signal de qualité ? L’auteur a confirmé que la distinction
entre entreprises performantes et moins performantes n’est pas fondée nécessairement
sur la qualité du signal mais sur l’existence même de l’information puisque toutes les
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
87
entreprises ne disposent pas de l’information privée qui peut servir de signal (par
exemple : la découverte d’un nouveau procédé de fabrication), alors que la signalisation
par l’endettement résulte d’un processus de comparaison entre les différentes entreprises
du niveau d’endettement.
Depoers (1999) confirme que « l’information facultative possède l’une des caractéristiques
fondamentales du signal qui est sa finalité. Elle est destinée à agir comme un signal parce qu’elle
est manipulée dans cette intention ». En matière d’information facultative, l’existence de
coûts comme condition nécessaire pour la validité et la crédibilité du signal, peut être
substituée par d’autres mécanismes qui assurent la véracité de l’information
communiquée. Par exemple, sur le marché de produits, la véracité de l’information
divulguée sur la qualité du produit peut être induite par l’existence d’une garantie de
remboursement.
Scott (1997) avance que l’émission d’une variable pour des fins de signalisation résulte
d’un choix exécuté par le dirigeant. Par exemple, si une législation prévoit plusieurs
méthodes comptables pour le traitement d’une même nature de dépense, le choix d’une
méthode parmi d’autres peut constituer un signal pour le marché (la capitalisation des
dépenses de R&D au lieu de leur passation en charge par exemple). Alors que si la loi
impose l’application d’une seule méthode, nous ne pouvons pas dire que la firme émet un
signal pour le marché en adoptant la méthode en question.
Selon la même logique, la divulgation d’une information non imposée par la loi, résulte
d’un choix effectué de la part du dirigeant et peut constituer dans ce cas un moyen de
signalisation. Ainsi, l’offre volontaire d’information, considérée comme une variable de
comportement dans la mesure où elle résulte d’un choix, est susceptible de résoudre le
problème d’anti-sélection sans qu’il y ait spécification d’un coût de signalisation. Les
entreprises peuvent se signaler par une stratégie de communication complète et satisfaire
le besoin informationnel des investisseurs en publiant de plus en plus des informations
volontaires, comptables et extracomptables.
La théorie des signaux postule que les dirigeants de l’entreprise disposent d’une
information plus complète et plus proche de la réalité de l’entreprise par rapport aux
autres intervenants. Lorsque le rendement de l’entreprise est bon, les dirigeants ont
intérêt à rendre publiques les informations permettant de la distinguer des firmes ayant
des rendements moins importants. Cette conclusion nous amène à examiner dans ce qui
suit la relation entre le volume de l’information divulguée et la performance de la firme.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
88
22.. LLaa rreellaattiioonn eennttrree llaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree eett llaa ppeerrffoorrmmaannccee ddee ll’’eennttrreepprriissee
22..11.. PPrriinncciippaalleess ééttuuddeess eemmppiirriiqquueess
La relation entre le niveau de la divulgation volontaire d’information et la performance
de l’entreprise a fait l'objet d'une littérature abondante. Verrechia (1983) a montré que les
entreprises publiaient volontairement une bonne information (réalisation des bénéfices
supérieurs à ceux prévus par les investisseurs) dans la mesure où les avantages recueillis
(hausse de la valorisation boursière) couvrent les coûts inhérents à la diffusion de cette
information. Ainsi, la divulgation représente le moyen approprié pour les entreprises
rentables de se distinguer sur le marché financier des autres entreprises les moins
rentables qui se caractérisent généralement par une réticence à diffuser leurs
informations.
Singhvi et Desai (1971) ont trouvé que la publication d'informations supplémentaires est
positivement liée au taux de rendement des actifs. En effet, plus le taux de rendement est
élevé, plus les dirigeants sont incités à diffuser des informations afin de signaler leur
qualité de gestion, soutenir leur position, leur rémunération et rassurer les futurs
investisseurs. Dans le cas contraire, les dirigeants divulgueraient moins d'informations
pour dissimuler les raisons de la perte ou du déclin du profit.
D'autres études ont confirmé qu'il est plus probable qu'une firme relativement rentable
aurait tendance à diffuser plus d'informations dans son rapport annuel et ce, dans le but
de signaler sa performance (Cooke 1989, Wallace et Naser 1995). En effet, Raffournier
(1995) a affirmé que la rentabilité et la propension des firmes suisses à divulguer le
maximum d'informations détaillées évoluent dans le même sens (relation positive).
En matière d’information sociétale, beaucoup d’études ont analysé la relation entre la
performance de l’entreprise et le niveau de la divulgation volontaire. Toutefois, les
résultats de ces études sont peu concluants. Que la mesure de la variable de performance
financière soit fondée sur des données comptables ou boursières.
Roberts (1992) a trouvé que la performance économique des entreprises composant son
échantillon (80 entreprises observées en 1986 parmi 130 entreprises examinées par « The
Concil Economic Priorities » en 1984, 1985 et 1986), mesurée par la moyenne des
changements annuels de la rentabilité des capitaux propres (ROE), explique positivement
et significativement le volume de l’information sociétale divulguée.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
89
La relation positive entre la responsabilité sociétale et la performance économique est
justifiée du fait que l’adoption d’un tel comportement permet à l’entreprise de tirer des
avantages en termes de bien être des salariés et de confiance des clients supérieurs aux
coûts engagés. De plus, la publication d’informations sociétales nécessite l’engagement de
coûts supplémentaires (impression, diffusion). Ces coûts peuvent être réduits mais ne
peuvent pas être évités. Seules les entreprises qui bénéficient d’une bonne performance
financière auront peut être plus de moyens pour le faire, puisqu’en absence de profits, les
entreprises se préoccupent d’autres problèmes. Ainsi, la performance économique
pourrait être un facteur encourageant pour la publication des rapports sociétaux.
Cormier et Magnan (1999), constatent une relation positive et significative entre la
performance économique (mesurée par la rentabilité des actifs (ROA)) des entreprises
canadiennes, faisant l’objet d’une régulation portant sur la pollution de l’eau, et le
volume de la divulgation environnementale.
Cependant, d’autres auteurs ont confirmé une relation négative entre la responsabilité
sociétale et la performance économique (Vance 1975, Damak-Ayadi 2006, Pruitt et
Peterson 1986). En effet, l’engagement dans un comportement socialement responsable
est de nature à exposer l’entreprise à des coûts supplémentaires et la classer dans une
situation défavorable par rapport à celles qui sont moins responsables. En outre, une
entreprise performante ne s’intéresse pas nécessairement à satisfaire les besoins des
parties prenantes, puisqu’un tel engagement pourrait compromettre les résultats futurs
de l’entreprise. Par ailleurs, Ingram et Frazier (1980), Freedman et Jaggi (1982),
Wiseman (1982), Cowen et al. (1987), Oxibar (2003) et Patten (1991) n’ont pas trouvé
une relation significative entre la divulgation sociétale et la performance économique de
l’entreprise.
22..22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llaa ppeerrffoorrmmaannccee ddee
ll’’eennttrreepprriissee
Les difficultés rencontrées par les investisseurs pour évaluer correctement les éléments
immatériels des entreprises en raison d'une information financière souvent inappropriée,
ont poussé certains groupes à élaborer une stratégie de communication extensive et de
produire volontairement des informations qualitatives et non financières analysant leur
capital immatériel.
Certaines études ont montré que les acteurs des marchés financiers anticipent les
investissements en fonction d'autres éléments extra-comptables diffusés avant la
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
90
publication officielle des comptes. Bescos (1990) a évoqué l'évolution d'un nouveau
besoin d'informations chez les investisseurs provenant de sources externes aux états
financiers. Ces informations comportent une analyse du capital immatériel de
l'entreprise qui semble influencer significativement les décisions d'investissement
(Escaffre 2002).
Une étude empirique menée par Lev (2002) aux Etats-Unis a montré que la valorisation
boursière est influencée par la portée et la nature de l’information sur les actifs
immatériels communiquée au public. En effet, dans son étude consacrée à l’industrie
pharmaceutique, l’auteur a montré que l’autorisation de mise sur le marché d’un produit
par la Food and Drug Administration aux États-Unis faisait monter en moyenne le
cours en bourse de 0.5 % lorsqu’aucune autre information n’est diffusée. La hausse passe
à 1.1 % lorsque l’annonce est accompagnée d’informations qualitatives et elle quadruple
pour atteindre 2 % lorsque des informations quantitatives sont également fournies.
Gerpott et al. (2008, cité par Zéghal et Maaloul 2010) montrent également que la qualité
de divulgation globale sur les intangibles dans les rapports annuels et les sites web des
Opérateurs de Réseaux de Télécommunications mondiaux a une influence positive sur la
capitalisation boursière.
De même, dans un contexte européen, Hall et Oriani (2004) ont montré que le cours en
bourse des sociétés cotées (en France, Allemagne et Italie) réagit positivement aux
dépenses de R&D annoncées. Une augmentation d’une unité de R&D se traduit par une
progression légèrement inférieure de la valeur boursière et la réaction du marché est plus
prononcée que pour les investissements matériels.
Alcouffe et Louzzani (2003) ont confirmé que les analystes financiers et les banquiers
estiment que la communication sur le capital immatériel permet d'accroître la valeur des
entreprises. Les analystes, quand à eux, considèrent que la mise en place et la publication
d'indicateurs stables et fiables sur les actifs incorporels permettraient au marché de
valoriser la face cachée des entreprises.
De plus, Gu et Lev (2001) ont montré que les investisseurs accordent une importance
aux redevances acquises pour concessions, brevets, licences, marques, droits et valeurs
similaires supérieure à celle qu’ils l’accordent aux autres composantes du revenu. Les
travaux de Brooking (1996) montrent que communiquer sur les actifs immatériels aide
l’entreprise à augmenter sa valeur aux yeux de ses partenaires et de ses investisseurs et
la pousse à améliorer son efficacité et sa rentabilité.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
91
Au niveau des entreprises européennes, l’enquête réalisée par le cabinet Mazars Guérard,
en collaboration avec la Sofrés44, a montré que 80 à 90 % des dirigeants interrogés sont
persuadés de l’importance stratégique de la problématique de l’immatériel et avancent
qu’une divulgation sur le capital immatériel est susceptible d’accroître la valeur de
l’entreprise.
Dans un contexte américain, Abdolmohammadi (2005, cité par Zéghal et Maaloul 2010) a
confirmé la présence d’une association positive et significative entre la divulgation
volontaire d’informations sur les actifs intangibles dans les rapports annuels des
entreprises et leurs capitalisations boursières
Dans une étude réalisée sur un échantillon d’entreprises espagnoles, Garcia-Meca et al.
(2005) ont trouvé que les firmes les plus performantes (ayant une rentabilité des capitaux
propres plus élevée) offrent volontairement des informations sur le capital immatériel
plus que les autres. Aussi, sur un échantillon d’entreprises européennes, Orens et al.
(2009, cité par Zéghal et Maaloul 2010) ont confirmé un lien positif et significatif entre la
valeur de l’entreprise sur le marché financier et le niveau de divulgation des actifs
intangibles sur son site web.
Williams et Firer (2003) ont trouvé que la performance des firmes appréhendée par la
rentabilité des capitaux propres est un facteur explicatif de l’offre d’information sur le
capital immatériel au sein des firmes Singapouriennes. Toutefois, les auteurs ont trouvé
que le signe du coefficient associé à cette variable est contraire à la théorie.
Healy et al. (1999) ont montré que pour la même industrie, les actions les plus
performantes sont celles des entreprises qui ont amélioré leur niveau de la divulgation.
Ce résultat est confirmé pour l’année en cours et l’année qui suit l’augmentation de la
divulgation.
Lajili et Zéghal (2006, cité par Zéghal et Maaloul 2010) ont confirmé que les entreprises
qui divulguent plus d’informations sur leurs ressources humaines sont plus performantes
que les autres entreprises qui divulguent moins d’informations.
En revanche, dans l’étude longitudinale réalisée par Williams (2001) sur un échantillon
d’entreprises britanniques observées sur 5 ans (1996-2000), l’auteur a trouvé que la
performance des firmes appréhendée par la rentabilité des actifs n’est pas un facteur
44Société française d'études par sondages : est un institut de sondages français, créé en 1963 par Pierre Weill. TNS Sofres est le leader français des études marketing et d'opinion. Il fait partie du groupe international de consulting, étude de marketing et sondage
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
92
déterminant de l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel. Le coefficient
associé à cette variable est positif pour la 2ème, 3ème et 5ème année et négatif pour les
autres années.
En résumé, dans le cadre de la théorie des signaux, les mécanismes du marché sont
suffisamment incitatifs pour amener les dirigeants à divulguer volontairement sur des
éléments incorporels souvent sous évalués par les mesures comptables : la révélation
d’information additionnelle permet au dirigeant de résoudre le phénomène d’anti-
sélection, réduire le niveau du risque et le coût du capital et d'obtenir, par conséquent,
des financements plus avantageux (Barry et Browen 1985, Amihud et Mendelson 1986,
Diamond et Verrechia 1991).
La figure n°11 montre le rôle de la divulgation volontaire sur les immatériels comme
étant un mécanisme de signalisation dans un contexte d’asymétrie d’information.
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité financière : une approche actionnariale
Figure 11 : La divulgation sur le capital immatériel : un mécanisme de signalisation
Asymétrie
d’information Effet d’anti-sélection
Réduction
La d
ivu
lgatio
n v
olo
nta
ire sur les im
ma
tériels
L’incapacité de la comptabilité
à refléter une information
fiable sur les immatériels. Mécanisme de
signalisation
Maximiser
la valeur
financière
de la firme
Relations
Dirigeants-
investisseurs ou
Entreprise-marché
financier
Chapitre 1 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière : une approche actionnariale
94
CCoonncclluussiioonn
Selon une approche actionnariale se limitant à l’examen des relations qu’entretient
l’entreprise avec ses actionnaires, nous avons montré que l’offre volontaire d’information sur
le capital immatériel est justifiée par son utilité financière et sa contribution à la
maximisation de la richesse des propriétaires dans la mesure où elle réduit l’asymétrie
d’information entre les contractants.
Bien que la théorie de signaux et la théorie de l’agence se basent sur l’hypothèse de
l’asymétrie de l’information entre les différentes parties (Raimbourg 1997), elles attribuent à
l’information comptable deux aspects différents. Le premier est contractuel, selon lequel,
l’information sert à contrôler les contrats externes et internes à l’entreprise. Le second est
prédictif, stipulant que l’information permet aux investisseurs d’améliorer leurs prévisions
sur l’avenir de la firme (Dumontier et Raffournier 1989). Dans ce cadre théorie, nous avons
montré que la divulgation volontaire sur le capital immatériel peut être un mécanisme de
dédouanement et de surveillance permettant au dirigeant de réduire les coûts d’agence et par
conséquent augmenter la valeur de la firme qu’il gère. Elle permet également à la firme de se
signaler et réduire les incertitudes relatives aux cash-flows futurs et par conséquent son coût
de financement.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
95
CCHHAAPPIITTRREE 22 ::
LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE SSUURR LLEE
CCAAPPIITTAALL IIMMMMAATTÉÉRRIIEELL EETT LL’’AARRGGUUMMEENNTT DDEE LLAA
LLÉÉGGIITTIIMMIITTÉÉ :: UUNNEE AAPPPPRROOCCHHEE PPAARRTTEENNAARRIIAALLEE
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
96
a performance d’une entreprise ne s’établit plus seulement à partir de ses
résultats financiers, mais en fonction de son comportement global. Les
actionnaires (shareholders) ne sont pas les seuls concernés par les activités de la
firme, mais d’autres acteurs (stakeholders) peuvent subir des préjudices en cas de
mauvais fonctionnement de l’entreprise. La relation d’agence à été élargie à l’ensemble
des parties prenantes (Hill et Jones 1992). La responsabilité de l’entreprise s’analyse
comme celle des dirigeants, qui sont en relations contractuelles explicites ou implicites
avec plusieurs acteurs de la société (approche partenariale). En effet, les salariés, les
clients, les fournisseurs, les donneurs d’ordres, les partenaires bancaires attendent de la
firme qu’elle concilie tout à la fois rentabilité économique, équité sociale et respect de
l’environnement. Ils attendent d’elle qu’elle engage un comportement de responsabilité
sociétale.
La théorie de la légitimité postule qu’il existe un «contrat social» qui contraint
l’entreprise à opérer en accord avec les valeurs et les règles acceptées par la société dans
laquelle elle s’inscrit et donc à «justifier» son action par des «discours» adressés aux
composantes pertinentes de cette société (Preston et Prost 1975, Hogner 1982, Lindblom
1994). Ainsi, les dirigeants doivent mettre en œuvre des stratégies d’image et de
conformité symbolique ou effective avec ces valeurs afin d’assurer la légitimité de
l’entreprise. Dans ce cadre, la diffusion d’informations sur le capital immatériel peut être
un processus de légitimation permettant à la firme de justifier ses actions envers la
société.
Selon la théorie des parties prenantes, l’entreprise est inscrite au cœur d’un ensemble de
relations avec des partenaires qui ne sont plus uniquement les actionnaires, mais des
acteurs de nature très diverse qui sont susceptibles d’être influencés par son activité ou
de l’influencer. Pour assurer sa pérennité, l’organisation doit tenir compte de l’existence
de ces acteurs, les identifier et ajuster ses actions à leurs demandes. L’entreprise doit
montrer à ses parties prenantes qu’elle intègre leurs attentes dans l’élaboration de sa
L
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
97
politique générale en leur communiquant sur ses objectifs, ses actions entreprises et ses
résultats.
Dans la première section de ce chapitre, l’attention sera portée sur l’intégration de la
responsabilité sociétale à la stratégie de l’entreprise. La deuxième section développera les
postulats de la théorie de la légitimité selon lesquels la divulgation sur le capital
immatériel est considérée comme un processus de légitimation. La troisième section sera
vouée à l’exposition de la théorie des parties prenantes, ses caractéristiques ainsi que les
principales recherches qui s’y réfèrent.
SSEECCTTIIOONN 11 :: LL’’IINNTTEEGGRRAATTIIOONN DDEE LLAA RREESSPPOONNSSAABBIILLIITTEE SSOOCCIIEETTAALLEE AA LLAA
SSTTRRAATTEEGGIIEE DDEE LL’’EENNTTRREEPPRRIISSEE
La responsabilité sociétale est l’application aux entreprises du concept de développement
durable. Elle se justifie par les trois dimensions : économique, social et environnemental
du développement durable. Il s’agit, essentiellement, d’intégrer à la stratégie et à la
gestion de l’entreprise des préoccupations sociales et environnementales, en se basant sur
l’idée que les intérêts de l’organisation et la société, à long terme, convergent.
Selon le « livre vert » de la Commission Européenne paru en 2001, l’intégration de la
responsabilité sociétale dans le management des entreprises se fait volontairement.
Toutefois, des réglementations et des pressions économiques, telles que le risque d’image
et la demande de bonne gouvernance de la part des investisseurs, sont de plus en plus
contraignantes et poussent les firmes à adopter un tel comportement. Le même livre
propose que le premier objectif de la gestion socialement responsable est d’améliorer
l’image de la marque-entreprise45 dans un environnement international instable. La
valeur de la marque dépend de plus en plus de la capacité de l’entreprise à satisfaire les
attentes des différents acteurs de la société.
La mise en ouvre d’une démarche de responsabilité sociétale fait clairement apparaître la
superposition des concepts de RSE et du capital immatériel. En effet, la RSE et la gestion
des immatériels considère l’entreprise dans ses relations avec son environnement. Dans
une certaine mesure, le capital immatériel, orienté vers la création de valeur avec les
partenaires de l’entreprise, est la conséquence immédiate de la mise en ouvre d’une
approche de développement durable pour la gestion de l’organisation. L’association entre
45La marque entreprise ou corporate brand correspond au nom de l’entreprise positionné et promu en tant que marque. Loreal, Danone, Nestlé, Renault, Bouygues, Auchan sont par exemple des marques entreprise.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
98
la responsabilité sociétale et la gestion des éléments immatériels est indispensable. Il
serait pertinent d’identifier les contours de superposition de ces deux concepts.
11.. LLee ccoonncceepptt ddee rreessppoonnssaabbiilliittéé ssoocciiééttaallee eett llaa ggeessttiioonn ddeess iimmmmaattéérriieellss
11..11.. DDééffiinniittiioonnss ddee llaa rreessppoonnssaabbiilliittéé ssoocciiééttaallee
Si nous adoptons une définition simple, être responsable, c'est assumer les conséquences
de ses actes et accepter d'en rendre compte et d'en répondre (Capron 2003).
Les définitions de la responsabilité sociétale avancées dans la littérature dépendent de la
représentation de la nature et du rôle de l’entreprise et de sa raison d’être. Les théories de
la RSE s’inscrivent entre deux visions différentes de l’entreprise. D’une part, les théories
néo-classiques, qui reposent sur le postulat de l’efficience des marchés financiers, refusent
toute responsabilité sociétale autre que celle engagée à l’égard des actionnaires, et ayant
comme finalité la maximisation de la richesse des propriétaires de la firme (Friedmann
1970). D’autre part, les théories du courant moraliste éthique (Business Ethics), qui
reposent sur l’existence d’une responsabilité morale de l’entreprise à l’égard de la société
et des générations futures, attribuent à la firme un statut d’agent moral, capable de
distinguer le bien et le mal, et considèrent que la firme a le devoir d’agir de manière
socialement responsable (Bowen 1953).
La plupart des approches théoriques qui cherchent à définir la RSE, à en comprendre les
déterminants et les justifications, se situent dans un continuum entre ces deux extrêmes.
Elles se distinguent par le degré d’intégration de l’entreprise dans la société. Ces
approches s’enracinent dans les théories de la firme et des organisations qui reposent sur
deux paradigmes opposés : l’un issu des théories contractuelles de la firme, fondées sur
une approche économique de l’organisation, « nœuds de contrats » et l’autre utilisant le
prisme des théories néo-institutionnelles et des conventions pour éclairer la recherche de
conformité aux valeurs dominantes de la société et les stratégies de légitimation.
- La RSE et l’approche économique (théories contractuelles) : Friedmann
(1970) signale que si l’entreprise respecte les règles du jeu, à savoir une concurrence libre
et ouverte, elle n’a qu’une seule responsabilité sociétale : combiner ses ressources de
manière à maximiser ses profits pour les actionnaires uniquement (les seuls propriétaires
de l’entreprise). C’est l’efficacité du marché qui assure la meilleure allocation de
ressources, dans le cas contraire, il revient à l’état d’en corriger les effets par des
incitations directes ou indirectes (Capron 2003).
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
99
La primauté de la vision actionnariale est notamment réaffirmée par Jensen (2002) qui
soutient que l’accroissement à long terme de la valeur de marché de la firme devrait, sous
certaines conditions, entrainer celle du bien être collectif. Selon cette approche
économique, pour insérer des objectifs sociétaux dans la stratégie de l’entreprise, il faut
démontrer qu’il ya une corrélation positive entre les performances financières et celles
sociétales. Beaucoup d’études ont cherché à établir ce lien (Orlitsky et al. 2003).
La théorie de la dépendance aux ressources inscrit la RSE dans la vision économique
traditionnelle des finalités de la firme. Cette théorie considère l’organisation comme une
entité rationnelle, plus au moins dépendante de son environnement et affirme que sa
pérennité dépend de son aptitude, à gérer des demandes de groupes différents, en
particulier ceux dont les ressources et le soutien sont déterminants pour sa survie
(Pfeffer et Salancik 1978). La faiblesse d’une entreprise vient de son besoin en ressources
et du fait que ces ressources sont contrôlées par son environnement. Si des groupes de
fournisseurs de ressources critiques se retirent du jeu, ils mettent la survie de
l’organisation en danger. Cette situation implique la mise en œuvre d’une politique qui
reconnaisse et identifie les acteurs sociaux auxquels la firme adapte ses actions, gère les
contrepouvoirs et essaye de les influencer pour réduire les incertitudes (Amara et
Bensebaa 2008).
- La RSE et l’approche socio-institutionnelle : Bowen (1953, cité par Fraisse et
Guerfel-Henda 2005) a écrit, suite aux changements structurels survenus dans les
économies capitalistes, un ouvrage destiné à sensibiliser les hommes d’affaires américains
aux valeurs «considérées comme désirables dans notre société». L’auteur a définit ainsi la
responsabilité sociétale de l’entreprise et du dirigeant comme celle d’«effectuer les
politiques, de prendre les décisions, et de suivre les lignes de conduite répondant aux objectifs et
aux valeurs qui sont considérées comme désirables dans notre société ».
Bowen (1953, cité par Fraisse et Guerfel-Henda 2005) confirme que pour agir en avance
en prenant en compte les différentes pressions sociales, les entreprises devraient intégrer
dans leur processus décisionnels les dimensions sociales. Ces agents économiques ont des
obligations qui dépassent la cadre légal et contractuel envers différentes parties
prenantes autres que les actionnaires. Cette première définition du concept de la
responsabilité sociétale à été reprise par plusieurs chercheurs. Par exemple, Mc Guire
(1963, cité par Bouyoud 2010) confirme que « l’idée de responsabilité sociétale suppose que
l’entreprise n’a pas seulement des obligations légales ou économiques, mais qu’elle a aussi des
responsabilités envers la société qui vont au-delà de ces obligations ».
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
100
En 1971, une définition plus approfondie de la responsabilité sociétale a été proposée par
le CED. Elle fait référence à trois niveaux. Le premier concerne les responsabilités de
bases pour la réalisation des fonctions indispensables de l’entreprise (la production,
l’emploi, la croissance économique…). Le second contenant le premier, renferme une
conception élargie de la responsabilité, avec une sensibilité aux attentes de la société (la
prise en considération des questions de protection de l’environnement, de relations
sociales…). Le troisième tient compte de l’exercice des responsabilités émergentes,
concourant à l’amélioration de l’environnement (la non discrimination, la création
d’emplois en faveur des populations lésées) (Germain et Trébucq 2004).
Carroll (1999), souligne que la signification du concept a sensiblement évolué dans le
temps. La responsabilité sociétale n’est pas nouvelle. Depuis longtemps déjà, les
chercheurs ont considéré le rôle des entreprises, parmi d’autres, comme contribuant au
développement des communautés dans lesquelles elles opèrent. La responsabilité
sociétale telle qu’elle est définie par Carroll (1979) englobe « les attentes économiques,
légales, éthiques et discrétionnaires que peut avoir la société à l’égard d’une entreprise à un
moment donné ».
L’approche de Carroll (1979) concilie alors une analyse économique et une analyse sociale
sans les opposer. Elle a été largement reprise dans la littérature. En effet, l’auteur élabore
un modèle où coexistent plusieurs niveaux de responsabilité :
Une responsabilité économique à travers laquelle l’entreprise est invitée à devenir
une institution économique dont l’objectif est la réalisation de revenu et la
rémunération des actionnaires. Selon cette responsabilité, l’activité managériale
ne peut se justifier que lorsqu’il y a création de valeur économique.
Une responsabilité juridique selon laquelle l’entreprise est tenue de remplir ses
missions économiques dans le cadre du respect des règles et des lois établies par
la société. Cette responsabilité reflète l’idée des codes éthiques dans le sens ou elle
incorpore des notions telle que l’équité, le respect, la justice, la loyauté.
Une responsabilité éthique qui incite l’entreprise à soigner sa réputation en
privilégiant la transparence et le dialogue avec les parties prenantes et en
intégrant dans sa politique des préoccupations sociales à une plus grande justice
sociale, à plus d’équité, de probité et de respect de l’individu qu’il soit salarié,
consommateur, actionnaire ou citoyen.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
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101
Une responsabilité discrétionnaire selon laquelle les actions de l’entreprise sont
volontaires et émanent essentiellement de la discrétion des affaires. Cette
responsabilité implique que le comportement responsable de l’entreprise est guidé
par le seul désir de s’engager dans des activités sociales non imposées ou exigées
par la loi.
Les auteurs qui traitent de la responsabilité sociale considèrent généralement aujourd'hui
que celle-ci va au delà de la satisfaction des obligations réglementaires et contractuelles.
« Etre socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations
juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et “investir” davantage dans le capital humain,
l'environnement et les relations avec les parties prenantes » (CCE 2001).
Mercier (1999) confirme que le concept de responsabilité oscille entre deux extrêmes :
l'un réduit la responsabilité de l'entreprise à l'obtention du profit pour ses actionnaires et
l'autre l’étend à toutes ses parties prenantes. Cette dernière est tenue d’élargir son champ
d’action et d’instaurer ou de renforcer ses relations de confiance avec ses différentes
parties prenantes. En effet, les entreprises font partie intégrante de la société. Elles ne
constituent pas des entités isolées ; elles influencent de nombreux groupes et individus et
en subissent à leur tour l’influence. Cela signifie que la responsabilité d’une entreprise ne
se limite pas à ses actionnaires et à ses administrateurs, mais qu’elle s’étend à d’autres
parties directement ou indirectement associées à l’entreprise, notamment les travailleurs,
les fournisseurs, les clients, les consommateurs, la communauté locale d’entrepreneurs,
les associations environnementales….
Une entreprise ne sera performante aux niveaux économique, social et environnemental
que si elle reconnaît les besoins et les attentes des ses parties prenantes qui l’entourent.
La concertation et le dialogue avec les parties prenantes constituent, dès lors, un élément
essentiel de la définition de la responsabilité sociétale.
11..22.. LLeess ccoonnttoouurrss ddee llaa rreessppoonnssaabbiilliittéé ssoocciiééttaallee eett ddee llaa ggeessttiioonn ddeess aaccttiiffss
iimmmmaattéérriieellss
Les bénéfices d’un comportement socialement responsable pour l’entreprise sont
nombreux : amélioration de la loyauté, plus grande mobilisation du personnel,
fidélisation des clients, implication plus forte des salariés, renforcement de l’ancrage
territorial, réputation et marque, confiance… une meilleure RSE crée de la valeur
immatérielle pour l’entreprise.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
102
La prise en compte de la RSE dans les décisions stratégiques de l’entreprise contribue au
développement du capital humain de la firme par la formation d’un bon climat de travail.
Aussi le capital relationnel en soutenant son image, sa réputation et ses relations avec des
différentes parties prenantes par la contribution financière aux systèmes de solidarité, le
soutien de la vie associative, culturelle ou sportive, la protection de l’environnement.
L’intégration de la RSE dans la stratégie de management de l’organisation améliore
également son capital structurel à travers l’innovation dans des technologies
environnementales et dans la conception des produits qui répondent aux critères de
respect de l’environnement.
La responsabilité sociétale des entreprises est liée au concept du capital immatériel. Elle
détermine la politique générale de l’entreprise. Son application nécessite l’utilisation
d’actifs incorporels. Par ailleurs, une meilleure intégration des immatériels dans la
stratégie, la gestion et la communication est facilitée par l’évolution de la responsabilité
sociétale de l’entreprise. Les actifs immatériels et la démarche socialement responsable
doivent être gérés en synergie. La vraie création de valeur vient de l’imbrication de la
RSE et des actifs immatériels de l’entreprise. Ceci est un préalable pour une croissance à
long terme.
De nos jours, l’une des priorités actuelles est de standardiser l’information sociale et
environnementale pour que la performance sociétale des firmes soit réellement réfléchie
par leur valeur de marché.
22.. LLeess ffoonnddeemmeennttss tthhééoorriiqquueess ddee llaa ddiivvuullggaattiioonn ssoocciiééttaallee
La RSE a des conséquences en termes de reporting. Les entreprises s’engagent dans une
politique de communication sociétale lorsqu’elles perçoivent qu’il a un risque d’atteinte à
leur réputation. La communication d’information sociétale peut être un outil efficace qui
permet à l’entreprise de montrer à différents acteurs, plus ou moins concernés par son
activité, son degré d’implication dans un comportement de responsabilité sociétale, sa
transparence ainsi que sa volonté de « discuter » avec ces acteurs.
Au niveau international, la GRI46, lancé en 1997, essaye de développer un ensemble de
directives harmonisées pour rendre compte des performances économiques,
environnementales et sociales, pour tous types d’organisations. Le GRI a remis en 2002
un document rassemblant plusieurs directives en matière de reporting de la RSE. En
46La Global Reporting Initiative (GRI) a la mission de développer les directives applicables globalement pour rendre compte des performances économique, environnementale, et sociale, initialement pour des sociétés et par la suite pour n'importe quelle organisation gouvernementale, ou non gouvernementale.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
103
2006, elle a abouti à une troisième génération de directives. Cependant, des efforts sont
exigés afin de diffuser ces principes.
En France, la loi NRE47 oblige les sociétés cotées à indiquer, dans leurs rapports annuels,
les conséquences sociales et environnementales de leurs activités à travers des
informations concrètes et quantifiées. En effet, les entreprises peuvent fournir des
objectifs quantitatifs en termes de réduction d’émission de déchets ou d’insertion des
handicapés dans la vie professionnelle. Ces informations seront auditées et vérifiées par
des agences de notations et des cabinets d’audit spécialisés. Cela est de nature à apprécier
la qualité de l’information destinée aux parties prenantes.
Cependant, la non-application de la loi NRE en matière de divulgation n’engagerait pas
la responsabilité juridique des firmes. En absence de sanction pénale, le manquement à la
recommandation de communication sanctionne la réputation de la firme auprès des
marchés. En effet, ces informations sur les conséquences sociales et environnementales
sont des éléments extra financiers recherchés par les investisseurs pour une prise de
décision appropriée. De plus, la mise en évidence du dialogue entre l’entreprise et ses
parties prenantes en ce qui concerne ses engagements sociaux et environnementaux est
susceptible d’améliorer son image de marque.
La communication sur la responsabilité procure à l’entreprise plusieurs avantages. Elle
améliore son image (Jones 1995) et développe le dialogue et la capacité d’écoute de la
firme avec ses parties prenantes afin de mieux cerner leurs attentes et limiter les
pressions contradictoires qui s’exercent à son encontre et menacent sa pérennité
(privation des principales ressources suite à la rupture des contrats avec les principaux
partenaires).
En outre, le reporting sociétal réduit les coûts de financement, puisqu’il reflète la
crédibilité de l’organisation, permet aux investisseurs de se protéger contre les risques
environnementaux et sociaux liés à leurs investissements (Blacconiere et Patten 1994) et
gére l’incertitude liée à la législation (Hackston et Milne 1996).
La revue des travaux antérieurs ayant étudié l’offre volontaire d’information sociale et
environnementale nous a permis de classifier ces travaux selon deux courants différents :
le courant économico-contractuel et le courant socio-politique.
47La loi sur les nouvelles régulations économiques fixe (art.116) l'obligation pour les sociétés française cotées sur un marché réglementé l'obligation de rendre compte dans leur rapport annuel de leur gestion sociale et environnementale au travers de leur activité.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
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22..11.. LLeess ééttuuddeess aappppaarrtteennaanntt aauu ccoouurraanntt ééccoonnoommiiccoo--ccoonnttrraaccttuueell
Les recherches qui s’insèrent dans le cadre de l’approche économico-contractuelle de la
firme ont essentiellement étudié la relation entre la divulgation sociétale des entreprises
et la rentabilité financière de celles-ci. La théorie positive en comptabilité et les théories
contractuelles de la firme (la théorie de l’agence (Jensen et Meckling 1976) et la théorie
instrumentale48 des parties prenantes (Jones 1995)) en constituent les principaux
fondements.
Sous cette approche économique, comme l’indique De Serres et al. (2006), la divulgation
sociétale est un moyen de réduction des coûts de financement dans la mesure où elle
réfléchit la crédibilité de la firme et permet aux investisseurs de se protéger contre les
risques environnementaux et sociaux liés à leurs investissements. Selon cette logique, la
divulgation volontaire d’une information sociétale n’est autre qu’un complément de
l’information financière traditionnelle destinée aux investisseurs (Cormier et Magnan
1999, Oxibar 2003).
Sous son aspect contractuel, la divulgation sociétale peut aussi s’adresser à des parties
prenantes autres que les actionnaires ou investisseurs, à moins qu’elles soient liées à la
firme par une relation contractuelle (stakeholders primaires) (De Serres et al. 2006).
22..22.. LLeess ééttuuddeess aappppaarrtteennaanntt aauu ccoouurraanntt ssoocciioo--iinnssttiittuuttiioonnnneell
De Serres et al. (2006) avancent que « la divulgation sociale, selon les travaux fondés sur cette
perspective, est considérée comme une réponse stratégique de l’organisation soumise à un ou des
processus institutionnels : la législation, les normes sectorielles, les systèmes de valeurs, les pressions
des parties prenantes, les pressions de certains groupes ou analystes d’information, etc ». Nous
retrouvons à la base de ces études, une approche néo-institutionnaliste ou une approche
normative de la théorie des parties prenantes.
Les travaux fondés sur la théorie néo-institutionnaliste définissent la divulgation comme
étant une réponse stratégique aux processus institutionnels pour des fins de légitimation.
Ces travaux examinent surtout le phénomène de mimétisme dans le domaine de la
divulgation d’informations sur la responsabilité sociale. Les recherches de Cowen (1987),
Patten (1990, 1991 et 1992) et Deegan (2002) sont très typiques de cette catégorie. Ils
ont surtout analysé comment les entreprises imitent les leaders de leur industrie
48La théorie instrumentale des parties prenantes a été avancée par T. M. Jones (1995). L’idée principale en est que les entreprises qui pratiquent le management des parties prenantes, toutes choses égales par ailleurs, seront plus performantes en termes de profitabilité, de stabilité, de croissance, etc.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
105
respective dans leur stratégie de divulgation afin de conserver ou protéger leur
légitimité.
De Serres et al. (2006) avancent que « la tendance vers la conformité présuppose ici la recherche
d’un équilibre qui entraînerait les organisations dans un processus d’isomorphisme ». Toutefois,
les travaux fondés sur l’approche normative de la théorie des parties prenantes font de la
divulgation volontaire une reddition de compte aux parties prenantes et à la société.
Ayadi-Dammak (2003) avance que ce type de théorie spécifie les obligations morales que
les dirigeants doivent avoir envers, non seulement les actionnaires, mais aussi toutes les
parties prenantes.
Selon une première représentation de « contrat privé », où l’organisation est insérée au
sein d’un réseau d’accords ou de partenariats caractérisé par un ensemble de processus
relationnels (versus transaction économique seulement), la responsabilité sociale consiste,
selon Brummer (1991), non seulement en la responsabilité fiduciaire (loyauté) envers le
principal, mais aussi en la protection des intérêts de toutes les parties prenantes avec
lesquelles l’organisation a conclu des accords volontaires. Bien que cette représentation
élargisse le concept de parties prenantes à des groupes autres que les mandants
traditionnels (actionnaires), elle limite toutefois celles-ci aux groupes dont l’entente avec
l’organisation est explicite (par exemple, l’Etat, les employés, les clients, les fournisseurs
et les syndicats). Afin d’inclure les groupes dont les liens avec l’organisation est
davantage implicite ou informelle (par exemple, le média, la communauté locale et les
groupes de pression), nous avons fait appel au concept de « contrat social » évoqué par
Gray et al (1995). En effet, considérer l’organisation comme un contrat social revient à
estimer que la légitimité de celle-ci découle, non seulement de l’approbation des parties
prenantes internes ou directes, mais aussi de celles des stakeholders dans la société en
général.
Il est très surprenant d’observer la rareté des recherches approfondissant ces différents
niveaux auxquels les parties prenantes sont impliquées dans la divulgation sociale. Ce fait
est d’autant plus étonnant quand nous nous rendons compte que la plupart des discours
qui sont actuellement livrés à l’égard de la responsabilité sociale et de la divulgation
d’information sociale, dans la pratique des affaires, prétendent se baser sur l’importance
accordée aux stakeholders.
Le tableau n°5 établit une comparaison des courants économico-contractuel et socio-
politique selon plusieurs critères tels que l’objectif de la recherche, la représentation de
l’organisation et les théories dominantes.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
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Tableau 5 : Proposition de synthèse de la littérature sur la divulgation sociétale
Courant Économico-contractuel Socio-politique
Conception de la divulgation sociale
Information, contribution à la rentabilité
Légitimation, gestion des enjeux sociaux
Représentation de l’organisation
Firme (nœud de contrats) Sous-système d’un macro-système
Principales composantes de l’environnement
Marché et parties prenantes (stakeholders) primaires
Parties prenantes (élargies)
Rapport organisation /environnement
Déterminisme Adaptation et interaction
Objectif de la recherche Explication Explication et compréhension Couverture
Essentiellement environnementale
Multiple (environnementale, sociale, gouvernance et éthique)
Théories dominantes
Comptabilité (approches positives), théories financières, théories contractuelles de la firme
Comptabilité (approches socio-politiques), théories institutionnelles des organisations, théories de dépendance des ressources, courant de l’éthique et de la RSE, économie politique
Origine des études ou des organisations étudiées
Canada dont le Québec, États-Unis, France, Royaume-Uni
Australie, Canada, États- Unis, France, Royaume-Uni, quelques pays asiatiques
Focus
Déterminants de la divulgation sociale et de son contenu
États des lieux, motivation, stratégie et résultats
Exemples
Belkaoui 1976, Anderson, et Frankle 1980, Freedman et Jaggi 1988, Patten 1990, Blacconiere et Patten 1994, Cormier et Magnan 1999, Oxibar 2003.
Gray et al. 1988, Patten 1991 et 1992, Roberts 1992, Deegan et Gordon 1996, Gray et al. 1997, Deegan 2002, Milne et Patten 2002, Damak-Ayadi 2004.
Source : De Serres et al. (2006, p. 7)
Selon une perspective partenariale/approche socio-politique, l’offre volontaire
d’information sur la RSE est fondée principalement sur les contributions de la théorie de
la légitimité et des parties prenantes. Le concept de RSE est fortement lié au
développement du capital immatériel. Son intégration (RSE) à la stratégie de la firme
nécessite l’utilisation d’actifs immatériels tels que les relations avec les clients. Par
ailleurs, une meilleure gestion et développement du capital immatériel (humain,
structurel et relationnel) est facilitée par l’évolution de la responsabilité sociétale. Les
actifs immatériels et la démarche socialement responsable doivent être gérés en synergie.
En conséquence, nous avons cherché à vérifier si dans une nouvelle économie caractérisée
par le développement des activités basées sur le savoir et la connaissance, l’information
sociétale a-t-elle cédé la place à l’information sur le capital immatériel pour accomplir son
rôle de légitimation ? Nous allons développer dans ce qui suit les apports de ces deux
théories dans l’explication de l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
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SSEECCTTIIOONN 22 :: LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE SSUURR LLEE CCAAPPIITTAALL
IIMMMMAATTEERRIIEELL EETT LLAA TTHHEEOORRIIEE DDEE LLAA LLEEGGIITTIIMMIITTEE
11.. LLaa tthhééoorriiee ddee llaa llééggiittiimmiittéé eett llaa ppeerrssppeeccttiivvee mmaannaaggéérriiaallee
La question de la légitimité se pose dés lors que l’on s’intéresse à la constitution d’un
ordre social. La conception wébérienne constitue la base théorique de tous les travaux
sur ce thème. Selon Weber (1971), les dominants doivent justifier leur domination s’ils
veulent être reconnus comme des maîtres légitimes. L’auteur distingue trois caractères
de légitimité utilisés pour justifier la domination :
Un caractère rationnel-légal, reposant sur la croyance en la légalité des règlements et
arrêtés et du droit de donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la
domination par ces moyens (domination légale) ;
Un caractère traditionnel, reposant sur la croyance quotidienne en la sainteté de traditions
valables de tout temps et en la légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l’autorité par
ces moyens (domination traditionnelles) ;
Un caractère charismatique reposant sur la soumission extraordinaire au caractère sacré,
à la vertu héroïque, ou à la valeur exemplaire d’une personne, ou encore émanant d’ordres
révélés ou émis par celle-ci (domination charismatique) ».
Dans sa forme moderne, la domination repose sur la légitimation rationnelle-légale qui
repose, à son tour, sur la croyance en la force de la loi et des règlements. Cette forme de
dominance est considérée généralement la plus efficace, indissociable de l’apparition de
l’Etat moderne. En revanche, les deux autres formes de légitimité sont « irrationnelles »,
c'est-à-dire qu’elles ne sont pas fondées sur un système cohérent et formel. En effet, dans
la domination traditionnelle, les dominants doivent leur autorité à la place qu’ils
occupent dans un ordre social sacré. Cette autorité est personnelle, mais quotidienne et
stable : elle ne peut être remise en cause que si tout l’ordre social est critiqué (l’autorité
personnelle dont dispose, le père de famille, par exemple). Dans la domination
charismatique, les dominants doivent leur autorité à leurs qualités personnelles et extra-
quotidiennes. Ainsi leur domination ne peut être qu’instable. C’est le type de légitimité
prétendu par le chef de guerre.
Stryber (2001, cité par Déjean 2006) trouve que la conception wébérienne de la légitimité
a été primordiale pour le développement d’un grand nombre de recherches ultérieures
ayant traité la question de la légitimité dans une perspective managériale, à savoir
l’approche néo-institutionnelle et stratégique de la légitimité.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
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11..11.. LL’’aapppprroocchhee nnééoo--iinnssttiittuuttiioonnnneellllee
L’approche néo-institutionnelle s’insère dans la lignée de la légitimité rationnelle-légale.
Elle souligne l’importance des institutions dans l’explication des faits économiques et
sociaux, tout en se focalisant sur une analyse inter-organisationnelle. En effet, selon cette
approche, l’analyse est menée par rapport à un champ organisationnel et non par rapport
à une organisation isolée. Cette approche est inspirée du néo-institutionnalisme
sociologique de Meyer et Rowan (1977) et s’est enrichie aux travaux de DiMaggio et
Powell (1983). Ces derniers définissent le champ organisationnel comme étant «un groupe
d’organisations constituant une sphère particulière de la sphère institutionnelle. Il rassemble les
fournisseurs, les consommateurs, les autorités de régulation et les organisations qui opèrent dans le
même domaine d’activité ».
L’approche néo-institutionnelle repose sur une représentation de l’organisation
totalement insérée dans la société, ses lois, ses valeurs et sa culture. Elle assure que les
organisations sont contraintes par leur environnement qui agit par le biais des structures
réglementaires, des organismes environnementaux, des groupements d’intérêts ou de
l’opinion publique (Scott 1987). Ces organisations, en s’ajustant aux règles et normes
sociales, vont participer à institutionnaliser le champ organisationnel et à construire un
« isomorphisme » des entités constituantes.
DiMaggio et Powell (1983) prolongent l’analyse de Meyer et Rowan (1977) et identifient
la pression de trois sources de contraintes institutionnelles (coercitives, normatives et
mimétiques) conduisant les managers à se conformer aux règles, normes et valeurs de
leur environnement et aux organisations à être de plus en plus semblables (conformité
organisationnelle/isomorphisme organisationnel), stade préalable à l’acquisition de
légitimité :
- Les contraintes coercitives sont imposées par la loi ou la réglementation. Elles sont
assorties de sanctions qui contraignent le comportement des acteurs et régulent
les actions des groupes qui ne partagent pas les valeurs traduites par la société
dans la loi.
- Les contraintes normatives sont en général édictées par les milieux professionnels ;
les normes ne comportent pas de sanctions mais elles orientent les
comportements dans la mesure où elles définissent des bases cognitives, des
pratiques et des méthodes similaires. La seule sanction possible au sein d’un
processus normatif est le rejet de l’organisation du champ dans lequel elle évolue :
l’environnement peut par exemple manifester son rejet en refusant de fournir à
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
109
l’organisation les ressources dont elle a besoin. Dans ce cas l’adhésion à la norme
peut devenir nécessaire, même s’il n’est pas obligatoire. Plus les normes sont
admises par un grand nombre d’organisations, plus les autres organisations sont
contraintes d’y adhérer. Ainsi, l’isomorphisme normatif est le résultat d’un
phénomène de professionnalisation.
- Les contraintes mimétiques conduisent les organisations à en imiter d’autres,
considérées comme des modèles, et cela d’autant plus que l’environnement est
incertain. De ce fait, elles ont tendance à copier les organisations qui apparaissent
les plus légitimes.
Selon Meyer et Rowan (1977) et DiMaggio et Powell (1983) l’isomorphisme
organisationnel tend à accroitre la légitimité organisationnelle.
L’approche néo-institutionnelle se focalise sur l’importance, pour l’organisation, de se
conformer aux règles et aux valeurs sociales de façon à être considérée comme une entité
légitime. Elle s’intéresse donc à la construction sociale de la légitimité alors que
l’approche stratégique considère la légitimité comme étant une ressource opérationnelle.
11..22.. LL’’aapppprroocchhee ssttrraattééggiiqquuee
L’approche stratégique de la légitimité s’inscrit dans la théorie de la dépendance aux
ressources (Pfeffer et Salancik 1978). Selon cette théorie, l’organisation dépend de
l’environnement dans lequel elle puise des ressources indispensables à sa survie. Par
conséquent, pour acquérir ces ressources, l’entreprise doit interagir avec son
environnement social. Pfeffer et Salancik (1978) postulent que la survie de l’entreprise
résulte de sa capacité à gérer les attentes de son environnement, notamment celles des
groupes qui détiennent les ressources nécessaires à son existence et son évolution. Selon
les auteurs, « l’acceptabilité sociale qui résulte de la légitimité peut être plus importante que la
performance économique ».
La légitimité va donc assurer à la firme l’acceptation de la société et lui accorder la
possibilité d’acquérir les ressources dont elle a besoin. En effet, si des fournisseurs de
ressources critiques refusent de procurer à l’entreprise ce dont elle a besoin pour exercer
son activité, ils mettent sa vie en danger. Ces ressources peuvent être financières,
humaines ou liées aux clients. Ainsi, la légitimité organisationnelle est une ressource
stratégique de laquelle dépend la pérennité de l’entreprise. Elle dépend en partie de la
qualité des réponses apportées aux attentes de l’environnement.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
110
Les travaux de Suchman (1995) synthétise l’approche stratégique et institutionnelle de la
légitimité et met en évidence l’existence de trois formes de légitimité.
11..33.. LLeess ttrraavvaauuxx ddee SSuucchhmmaann ((11999955))
Suchman (1995, p.574) définit la légitimité comme étant « la perception générale que les
actions d’une entité sont désirables, convenables et adéquates par rapport à un système de normes,
de valeurs et de croyances sociales49 ». Selon l’auteur, la légitimité n’est pas une donnée. Elle
résulte de l’interprétation et de l’impression subjective de l’environnement et elle est
socialement construite, c'est-à-dire qu’elle est indépendante des observateurs individuels
mais reste dépendante de l’audience collective.
Qu’elle soit positionnée dans le courant institutionnel ou stratégique, la définition
proposée par Suchman (1995) accepte implicitement la conception wébérienne de la
légitimité qui accorde toute son importance aux croyances sociales. L’auteur définit la
théorie de légitimation à travers une typologie centrée sur trois dynamiques différentes :
pragmatique, morale et cognitive.
- La légitimité pragmatique (Pragmatic legitimacy) se réfère à une recherche
d’adéquation ponctuelle de l’entreprise avec son environnement. En effet, elle est
obtenue par l’intégration de certains acteurs dans les structures de l’organisation.
Concernant la légitimité résultant des échanges, son obtention est subordonnée à
la satisfaction des intérêts des agents impliqués.
- La légitimité morale ou normative (Moral legitimacy), quant à elle, se réfère à la
promotion d’un bien être social défini comme un système de valeur par le public.
En effet, elle repose sur des jugements d’une activité bonne en soi ou non, par la
société à un moment donné. Ces jugements sont généralement fondés sur les
croyances relatives à la capacité d’une activité à promouvoir le bien-être sociétal
en insistant sur des critères de solidarité et de citoyenneté.
- La légitimité cognitive est fondé sur le « taken-for-granted »50, ensemble d’habitudes
de pensées et de raisonnements impliquant certains modes de comportement
(Aldrich et Fiol 1994). Issue des travaux de la théorie néo-institutionnelle (Zucker
1977), cette forme de légitimité est fondée sur la connaissance et non sur l’intérêt
49Legitimacy is a generalized perception or assumption that the actions of an entity are desirable, proper or appropriate within some socially constructed system of norms, values, beliefs and definitions”, 50La traduction littérale de« taken-for-granted » montre que l’existence de l’organisation est considérée comme allant de soi.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
111
ou l’évaluation. Elle nécessite que l’organisation s’adapte aux structures
cognitives solidement établies par l’environnement. Zimmerman et Zeitz (2002)
avancent que « la légitimité cognitive indique quel est le jeu et, ainsi, elle construit
socialement la réalité ». Les auteurs confirment que le nouvel entrant doit adopter
les méthodes, les modèles, les concepts, les pratiques, les croyances et les modes
de pensée largement reconnus et validés par l’environnement.
La classification de Suchman (1995) permet de clarifier les différentes conceptions de la
légitimité. Le type pragmatique se réfère à l’approche stratégique de la légitimité alors
que les deux derniers types sont issus de l’approche néo-institutionnelle. Sa typologie a
été retenue pour deux raisons : elle synthétise les principaux travaux dans le champ de la
légitimité organisationnelle, c’est pour cette raison qu’elle constitue une référence pour
les recherches actuelles dans le courant néo-institutionnel, et elle a un apport
considérable en termes de conceptualisation et de mesure du concept.
22.. LLee pprroocceessssuuss ddee llééggiittiimmaattiioonn eett llaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall
iimmmmaattéérriieell
22..11.. DDééffiinniittiioonnss ddeess pprroocceessssuuss ddee llééggiittiimmaattiioonn
La légitimation indique le processus qui aboutit à la légitimité. Laufer (1993) avance que
la légitimation repose uniquement sur des techniques rationnelles. L’auteur ajoute que,
« dans nos sociétés, on est censé répondre par un discours et non par la violence puisque, selon Max
Weber, l’Etat a le monopole de la violence légitime. Le discours que l’on tient, et qui est censé lever
l’objection, est ce que nous appellerons le système de légitimité de l’acteur considéré ».
Dans ses travaux relatifs à la comptabilité en tant qu’institution légitimante51,
Richardson (1987) définit le processus de légitimation comme « une tentative pour établir
une relation sémiotique entre les actions et les valeurs ». L’utilisation du terme sémiotique52
dans cette définition montre l’importance de la communication pour assurer le succès des
stratégies de légitimation.
Il ressort de ces deux définitions que le processus de légitimation est fortement
dépendant du discours des acteurs.
51Richardson (1987) confirme que l’approche politique de la comptabilité recouvre trois courants : 1) selon le premier courant, la comptabilité est considérée comme un moyen permettant aux firmes d’obtenir une légitimité (Cooper, 1980), 2) le second courant reconnaît que la comptabilité relève d’une idéologie (Tinker et al. 1982), et 3) le dernier courant considère que la comptabilité joue un rôle politique dans les organisations (Waterhouse, 1983) 52C’est la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
112
22..11..11.. LL’’aapppprroocchhee ssttrraattééggiiqquuee ddeess pprroocceessssuuss ddee llééggiittiimmaattiioonn
Dowling et Pfeffer (1975) ont développé une approche stratégique des processus de
légitimation. Cette dernière met en évidence les mécanismes plus ou moins formels dont
disposent les firmes pour s’adapter à leur environnement.
Perrow (1970, cité par Dowling et Pfeffer 1975) stipule qu’une organisation peut assurer
sa légitimité grâce à trois actions :
- se conformer aux définitions générales de la légitimité par l’adaptation de ses objectifs,
ses produits et ses processus ;
- déformer la définition de la légitimité, à travers ses communications, afin de la rendre
en accord avec ses pratiques, ses produits et ses valeurs ;
- tenter d’être identifiée, via la communication à des valeurs, des symboles ou des
institutions représentative de la légitimité sociale.
Partant des travaux de Perrow (1970), Dowling et Pfeffer (1975) identifient trois
processus de légitimation qui permettent aux entreprises d’assurer leur survie :
- « La cooptation : l’intégration d’hommes politique et de chercheurs universitaires dans les
conseils d’administration ;
- La présence d’objectifs en concordance avec les attentes de l’environnement ;
- L’identification des produits ou des processus de production semblables à ceux des firmes
déjà établies et reconnues par l’environnement ».
Lindblom (1994) distingue quatre stratégies que les firmes peuvent adopter si elles
suivent un processus de légitimation :
-- Informer l’environnement au sujet des changements dans leurs performances et
activités ;
-- Changer les perceptions de l’environnement sans modifier le comportement des
firmes ;
-- Manipuler les perceptions de l’environnement en détournant l’attention de ce
dernier par le recours à des symboles ;
-- Changer les attentes de l’environnement quant aux performances des
organisations.
Quoique les travaux de Dowling et Pfeffer (1975) et Lindblom (1994) soulignent la
nécessité de répondre aux attentes de l’environnement pour que la firme requière de la
légitimité, les processus de légitimation qu’ils préconisent différent sur un élément
essentiel : l’attitude de la firme face à son environnement. En effet, Dowling et Pfeffer
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
113
(1975) préfèrent des stratégies de conformité alors que Lindblom (1994) privilégie des
stratégies de manipulation de l’environnement.
22..11..22.. LL’’aapppprroocchhee nnééoo--iinnssttiittuuttiioonnnneellllee ddeess pprroocceessssuuss ddee llééggiittiimmaattiioonn
Dans le cadre de cette approche, les firmes doivent adopter des processus de légitimation
afin d’accroître leur institutionnalisation. Oliver (1991) présente cinq stratégies de
réponses aux contraintes institutionnelles (ou processus de légitimation) : la stratégie
d’adaptation, la stratégie de compromis, la stratégie d’évitement, la stratégie de défi et la
stratégie de manipulation.
- La stratégie d’adaptation : elle permet aux firmes d’adopter les structures déjà
présentes dans l’environnement. Cette stratégie participe à l’institutionnalisation
du champ organisationnel, favorisant ainsi l’isomorphisme au sens de DiMaggio
et Powell (1983).
- La stratégie de compromis : elle est une stratégie de recherche d’équilibre entre les
multiples attentes des acteurs sociaux et les intérêts de la firme.
- La stratégie d’évitement : elle conduit les organisations à élaborer une image
conforme aux attentes de la société sans modifier son comportement.
- La stratégie de défi : elle consiste à résister aux pressions institutionnelles. Les
firmes peuvent choisir, soit d’ignorer les règles, soit de contester leur validité.
Cette stratégie n’est recommandée que lorsque les intérêts de l’entreprise sont
définitivement opposés à son environnement.
-- La stratégie de manipulation : elle relève « d’une tentative d’influencer ou de
contrôler les pressions institutionnelles et les évaluations ». Cette stratégie est
constituée par des actions symboliques destinées à créer une image de
l’organisation, conforme aux valeurs sociales.
Les travaux de Suchman (1995) qui établit une synthétise des stratégies de légitimation
dans le cadre des deux approches stratégique et néo-institutionnelles seront abordés dans
le paragraphe suivant.
22..11..33.. LLaa ssyynntthhèèssee ddee SSuucchhmmaann ((11999955))
Suchman (1995) postule que la diversité des stratégies de légitimité offre aux managers
une large latitude de manœuvre dans leur environnement. Suchman (1995) affirme que
les différents processus de légitimation reposent particulièrement sur une politique de
communication. Dans ses travaux, l’auteur identifie neuf stratégies de légitimation en
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
114
fonction des trois types de légitimité précédemment définis. Ces stratégies sont
récapitulées dans le tableau n°6 :
Tableau 6 : les stratégies de légitimation selon Suchman (1995)
Acquérir Maintenir Rétablir
Pragmatique
Adaptation S’adapter aux demandes
Percevoir les changements
Normaliser
Sélection Sélectionner l’environnement
Sécuriser les échanges
Créer des contrôles
Manipulation Faire de la publicité
Normative
Adaptation S’adapter aux valeurs
Consulter des professionnels
Se justifier
Sélection Définir des objectifs
Protéger l’activité
Reconfigurer l’organisation
Manipulation Persuader
Cognitive
Adaptation S’adapter aux modèles
S’intéresser aux perspectives
Expliquer
Sélection Rechercher les certifications
Communiquer factuellement
Manipulation S’institutionnaliser
Source : Suchman (1995, p 603)
Bien que les catégories de légitimité et les stratégies de légitimation élaborées par
Suchman (1995) aient fait l’objet de modifications, elles restent une référence théorique
systématique pour les travaux relatifs aux processus d’institutionnalisation.
22..22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn ssoocciiééttaallee :: uunn pprroocceessssuuss ddee llééggiittiimmaattiioonn
La théorie de la légitimité postule qu’il existe un «contrat social» qui contraint les
entreprises à opérer en accord avec les attentes de la société dans laquelle elle s’inscrit et
donc à «justifier » son action par des «discours» adressés aux composantes pertinentes de
cette société (Preston et Prost 1975, Lindblom 1994).
Hogner (1982) est le premier à avoir mobilisé la théorie de la légitimité pour l’appliquer à
l’étude de la diffusion volontaire d’informations sociétales. L’auteur a conclut que les
informations publiées constituent une réponse aux attentes de la société sur le
comportement des entreprises. Un courant de recherche est né en partant de cette
conclusion initiale pour développer à la fois la théorie de la légitimation et les
observations qu’elle permettait (Guthrie et Parker 1989, Patten 1991, Neu et al. 1998,
Savage 1998). En effet, Guthrie et Parker (1989) avancent que la théorie de la légitimité
postule que les diffusions d’informations par les entreprises sont des réactions aux
pressions environnementales en vue de légitimer l’existence des firmes. Les auteurs
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
115
ajoutent que «cette théorie suggère que les organisations ont pour but de produire une congruence
entre les valeurs sociales internes (ou induites) de leurs activités et les normes sociétales53».
Dans le même courant de recherche, Savage (1998) arrive à conclure que les stratégies de
communication d’informations sociétales opérées par les firmes leur permettent de
légitimer leur existence au sein de la société tout en respectant leurs objectifs de
rentabilité.
De son coté, Deegan (2002) considèrent que les politiques de communication,
matérialisées par les rapports annuels et autres documents publiés par l’entreprise,
représentent un moyen important permettant aux dirigeants de manipuler les
perceptions externes de leur organisation.
Antheaume (2001) confirme que dans le cadre de la théorie de la légitimité, la divulgation
volontaire d'informations environnementales dans son rapport annuel et/ou dans un
rapport environnement spécifique est une stratégie de légitimation adoptée par
l’organisation afin de s’aligner à des normes et valeurs sociétales identifiables et/ou
répondre à des déficits de légitimité identifiables à partir d'articles de presse hostiles.
Selon Patten (1991) le niveau de la divulgation volontaire d’informations sociétales
résulte surtout de variables mesurant la pression du public que de variables appréhendant
la performance économique de la firme puisque s’agissant de légitimité sociale, le cadre
d’analyse dépasse celui du marché financier pour situer l’entreprise dans un champ socio-
politique plus étendu.
22..33.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell :: uunn pprroocceessssuuss ddee
llééggiittiimmaattiioonn ??
Guthrie et al. (2004) confirment que les entreprises ayant un important capital immatériel
sont plus incitées à s’engager dans une stratégie de communication volontaire sur les
immatériels, car, selon les auteurs, ces firmes ne peuvent pas légitimer leur
comportement via les symboles ou les mesures financières et traditionnelles de la
performance. Sciulli et al. (2002) ajoutent que ces entreprises doivent communiquer sur la
façon avec laquelle elles utilisent les ressources immatérielles pour créer de la valeur.
De par la diversité de ses composantes et les différentes catégories des parties prenantes
(employés, clients, consommateurs, syndicats, fournisseurs,…) qu’il peut atteindre, le
53This theory is largely reactive in that it suggests that organizations aim to produce congruence between the social values inherent (or implied) in their activities and societal norms”
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
116
capital immatériel peut être un thème spécifique d’une divulgation volontaire par laquelle
l’entreprise peut véhiculer des valeurs et symboles qu’elle souhaite voir partager à la fois
par ses collaborateurs et ses parties prenantes extérieures.
De même, la diffusion d’informations sur des éléments intangibles semble être un
instrument de dialogue susceptible d’établir l’équilibre entre le système de valeur de
l’entreprise et celui de l’environnement dans lequel elle évolue.
Une publication volontaire d’informations sur la formation d’un bon climat de travail, la
bonne réputation de la firme et la qualité des relations avec les clients, les fournisseurs et
pouvoirs publics permet à l’entreprise de réduire : les risques de résiliation de contrats
avec les parties prenantes, la perte de marché, la baisse des ventes, le boycottage,
l’engagement d’actions en justice, le payement de pénalités, l’opposition des investisseurs
éthiques, la baisse de productivité, la perte de personnel et l’absence de sa motivation,
l’opposition aux pouvoirs publics, les accidents, les grèves et l’attention des groupes de
pressions tels que les syndicats.
La théorie de la légitimité était toujours la référence pour nombreux auteurs cherchant à
justifier les discours livrés à l’égard de la responsabilité sociétale. Malgré, l’existence d’un
lien très étroit entre l’engagement d’un comportement de RSE et la création d’actifs
immatériels et la richesse de ce cadre théorique, il est très étonnant d’observer la rareté
ou même l’inexistence des recherches qui font de l’offre volontaire d’information sur le
capital immatériel un processus de légitimation.
La figure n°12 permet de visualiser le rôle de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel en tant que processus de légitimation visant la maximisation de la valeur
sociétale de la firme.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité : une approche partenariale
Figure 12 : La divulgation sur le capital immatériel : un processus de légitimation
Responsabilité
sociétale
Décalage entre
les intérêts de
la firme et les
normes sociales L
a d
ivu
lgatio
n v
olo
nta
ire
sur les im
maté
riels
Moyen de
légitimation
Maximiser
la valeur
sociétale de
la firme
Normes et règles
établies par la société
Démonstration
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
118
SSEECCTTIIOONN 33 :: LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE SSUURR LLEE CCAAPPIITTAALL
IIMMMMAATTEERRIIEELL EETT LLAA TTHHEEOORRIIEE DDEESS PPAARRTTIIEESS PPRREENNAANNTTEESS
L’approche Stakeholder54 (partie prenante) est attribuée à Berle et Means (1932), qui
constatent le développement d’une pression sociale s’exerçant sur les dirigeants pour
qu’ils reconnaissent leur responsabilité auprès de tous ceux dont le bien-être peut être
affecté par les décisions de l’entreprise. Selon ces auteurs, « le contrôle des grandes
entreprises devrait conduire à une technocratie neutre équilibrant les intérêts des différents groupes
de la communauté». Cette idée est reprise par Barnard en 1938, qui sans encore employer
le terme de partie prenante a mis l’idée que l’entreprise doit équilibrer les intérêts
concurrents des divers participants, dans le but de maintenir leur nécessaire coopération.
Selon Freeman (1984, cité par Gond et Mercier 2005), le terme de partie prenante
apparaît pour la première fois en 1963 lors d’une réflexion en stratégie menée au sein du
Stanford Research Institute par Ansoff et Stewart. Il parait donc qu’Ansoff (1968) soit le
premier à se référer à la théorie des parties prenantes (Stakeholders theory) dans sa
définition des objectifs organisationnels en avançant que l’entreprise doit ajuster ses
objectifs de manière à donner à chaque groupe une part équitable de satisfactions.
Toutefois, Ansoff (1968, cité par Gond et Mercier 2005) opère une distinction importante
entre les responsabilités qui sont des obligations qui limitent la réalisation des objectifs
et les parties prenantes qui constituent avant tout des contraintes qu’ils convient de
gérer. En France, Martinet introduit cette notion dès 1984.
Depuis les travaux de Freeman (1984), relayés par ceux de Carroll (1989), la théorie des
parties prenantes sert de base à tous les auteurs travaillant sur la «responsabilité sociale
des entreprises». Elle a été utilisée pour définir et donner du sens au concept de
responsabilité sociétale : la responsabilité envers la société devient la responsabilité
envers les parties prenantes (Capron 2003). Diller (1999) confirme que la notion de
« partie prenante » joue un rôle important dans la RSE, sur un plan aussi bien théorique
qu’empirique, puisqu’elle indique vis-à-vis de qui s’exerce cette responsabilité. Mitchell et
al. (1997), et Jones et Wicks (1999) proposent des synthèses et des essais de théorisation
assez ambitieux. En France, la littérature est évidemment beaucoup moins abondante et
plus récente mais des éléments de synthèse et de discussion sont apportés notamment par
Damak-Ayadi et Pesqueux (2003) et Mercier (2001).
54Le terme est traduit le plus souvent par l’expression « partie prenante », mais également par « partie intéressée», ou « ayant droit ».
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
119
11.. LLaa tthhééoorriiee ddeess ppaarrttiieess pprreennaanntteess
La théorie des parties prenantes est aujourd’hui la théorie la plus fréquemment mobilisée,
autant par les chercheurs que par les acteurs dans les entreprises. Elle inscrit l’entreprise
au cœur d’un ensemble de relations avec des partenaires qui ne sont plus uniquement les
actionnaires, mais des acteurs de nature très diverses et qui sont susceptibles d’être
influencés par son activité ou de l’influencer (Capron 2003).
La théorie des parties prenantes a permis d’opérationnaliser les solutions stratégiques en
dénombrant les différents groupes d’acteurs qui composent cet environnement. Les
objectifs et le management stratégique doivent donc identifier et prendre en comptes les
intérêts et les contraintes de ces acteurs. Ces derniers ont des demandes légitimes
auxquelles la firme doit répondre en réconciliant les différents intérêts. Comme le
souligne Capron (2003) Il revient donc à l’entreprise de gérer les diverses attentes de
façon équilibrée, c’est-à-dire de manière qu’aucune partie ne soit tentée de quitter le
système de « coalition », ce qui pourrait nuire à la pérennité de l’entreprise.
11..11.. PPoossttuullaattss eett ddiifffféérreenntteess aapppprroocchheess ddee llaa tthhééoorriiee ddeess ppaarrttiieess pprreennaanntteess
Pfeffer et Salancik (1978) affirment que les entreprises sont dépendantes des parties
prenantes de leur environnement et que leur pérennité dépend de leur aptitude à gérer
des demandes de groupes différents, en particulier, ceux dont les ressources et le soutien
sont déterminants pour leur survie et leur développement. Dans ce cadre, les actions et
les résultats de la firme sont jugées « acceptables » et ses performances sont appréciées à
l’aune des critères posés par des acteurs externes. Ces critères sont différents des critères
internes d’efficience ou de rentabilité (Quairel et Auberger 2005).
Les postulats de la théorie des parties prenantes sont les suivants :
l’organisation a des relations explicites ou implicites avec ses parties prenantes.
Elle est concernée par la nature de ces relations en terme de processus et de
résultat ;
ces parties prenantes peuvent affecter ou être affectées par les décisions prises
dans l’organisation (Freeman 1984) ;
les intérêts de ces parties prenantes ont une valeur intrinsèque et aucun intérêt
n’est sensé dominer les autres (Donaldson et Preston 1995).
La théorie des parties prenantes conçoit la relation organisation - parties prenantes
comme une relation sociale qui implique la genèse d’une responsabilité de l’organisation à
leurs égards. Par ailleurs, cette théorie est construite dans une perspective de prise en
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
120
compte des intérêts des parties prenantes selon leur importance. Ceci rejoigne l’aspect
empirique de la responsabilité sociétale puisqu’il revient à l’entreprise de gérer les
diverses attentes de façon équilibrée (Damak-Ayadi et Pesqueux 2003).
Donaldson et Preston (1995) distinguent trois approches de la théorie des parties
prenantes : une approche descriptive, une approche instrumentale et une approche
normative.
Selon Capron (2003), les approches descriptive et instrumentale (composant l’approche
empirique de la théorie des parties prenantes) reposent sur une représentation
contractualiste de la relation entreprise-parties prenantes. Elles retracent la nature des
relations entre la firme et ses parties prenantes et l’intérêt pour l’entreprise à mettre en
œuvre des réponses adaptées à leurs attentes.
Le rôle de l’approche normative de la théorie est de convertir les observations en
recommandations pour un comportement plus juste. L’auteur ajoute que, selon cette
approche, la théorie des parties prenantes définit les obligations morales de l’organisation
envers ses parties prenantes. En reconnaissant la légitimité de ces derniers, les dirigeants
doivent intégrer leurs attentes dans les valeurs morales suivies par l’entreprise. D’où la
nécessité d’introduire une dimension éthique dans le processus décisionnel de la firme à
coté des dimensions économique et financière.
11..22.. DDééffiinniittiioonnss eett ttyyppoollooggiieess
La notion de «partie prenante» n’a pas le même sens pour tous les auteurs. Les
principales définitions recensées chronologiquement figurent dans le tableau n°7 :
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
121
Tableau 7 : Définitions des parties prenantes
Auteurs Définition proposée
Stanford Research Institute (1963)
«les groupes sans le support desquels l’organisation cesserait d’exister»
Rhenman et Stymne (1965) « groupe qui dépend de l’entreprise pour réaliser ses buts propres et dont cette dernière dépend pour assurer son existence »
Sturdivant (1979) 1 - « individus qui sont affectés par les politiques et pratiques de l’entreprise et qui considèrent avoir un intérêt dans son activité » 2 - « tout groupe dont le comportement collectif peut affecter directement l’avenir de l’organisation, mais qui n’est pas sous le contrôle direct de celle-ci »
Mitroff (1983) « groupes d’intérêt, parties, acteurs, prétendants et institutions (tant internes qu’externes) qui exercent une influence sur l’entreprise. Parties qui affectent ou sont affectés par les actions, comportements et politiques de l’entreprise »
Freeman et Reed (1983) - «groupes qui ont un intérêt dans les actions de l’entreprise»
Freeman (1984) « individu ou groupe d’individus qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs organisationnels »
Martinet (1984) « tous les acteurs capables d’affecter la réalisation des objectifs et des projets de l’entreprise »
Savage et al. (1991) « ont un intérêt dans les actions de l’organisation et… ont la capacité de les influencer »
Hill et Jones (1992) « les participants possédant un droit légitime sur l’entreprise»
Evan et Freeman (1993) « groupes qui ont un intérêt ou un droit sur l’entreprise »
Clarkson (1994) « encourent un risque en ayant investi une forme de capital, humain ou financier dans une firme »
Donaldson et Preston (1995)
« sont définis par leur intérêt légitime dans l'organisation »
Clarkson (1995) « personnes ou groupes qui ont, ou revendiquent, une part de propriété, des droits ou des intérêts dans l’entreprise et dans ses activités »
Mitchell et al. (1997) « possèdent au moins un de ces trois attributs : le pouvoir, la légitimité et l’urgence » « tout groupe ou individu qui peut affecter ou qui est affecté par la réalisation des objectifs de l’organisation »
Charreaux et Desbrières (1998)
« agents dont l’utilité est affectée par les décisions de la firme »
Mercier (1999)
« sont l'ensemble des agents pour lesquels le développement et la bonne santé de l'entreprise constituent des enjeux importants »
Kochan et Rubinstein (2000) «apportent des ressources critiques, placent quelque chose de valeur en jeu et ont suffisamment de pouvoir pour affecter la performance de l’entreprise »
Post et al. (2002) « individus et éléments constitutifs qui contribuent de façon volontaire ou non à la capacité de la firme à créer de la valeur et à ses activités et qui en sont les principaux bénéficiaires et/ou en supportent les risques
Source : Gond et Mercier (2005, p.6)
A la lumière de ces différentes définitions, nous remarquons que le concept de « partie
prenante » est véritablement popularisé par Freeman (1984). Il lui donne une acception
très large. En effet, selon l’auteur, les parties prenantes peuvent être des individus, des
communautés, des groupes sociaux ou des organisations. Toutes ces personnes ou
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
122
organisations, si leurs intérêts envers l’organisation sont légitimes devraient, d’une
manière ou d’une autre, être impliquées dans l’élaboration et la mise en œuvre de toute
politique qui affecte l’entreprise.
Plusieurs chercheurs ont essayé de proposer différentes classifications des parties
prenantes. Carroll (1995) fait la distinction entre les parties prenantes primaires (ou
contractuelles) qui ont une relation formelle, officielle ou contractuelle avec
l’organisation et les parties prenantes secondaires (ou diffuses) qui regroupent les acteurs
situés autour de l’entreprise envers lesquels l’action de cette entreprise se trouve
impactée mais sans pour autant se trouver en lien contractuel. De son coté, Clarkson
(1995, cité par Gond et Mercier 2005) distingue les parties prenantes volontaires (ou
primaires) et involontaires (ou secondaires) selon qu’ils acceptent ou qu’ils soient exposés
à un certain risque en nouant une relation avec l’entreprise.
Mitchell et al. (1997) remettent en cause la typologie qui se base sur une représentation
statique des relations entre les parties prenantes et la firme et introduisent une nouvelle
typologie de parties prenantes basée sur les facteurs qui expliquent l’attention des
managers à certains types de parties prenantes dans un contexte de ressources en temps
limitées :
Leur pouvoir : la capacité d’influencer les décisions actuelles ou futures de la firme. Le
pouvoir des parties prenantes sur l’entreprise a été pris en compte par la théorie de
l’agence (groupes qui ont le pouvoir sur les dirigeants), et par la théorie de la dépendance
aux ressources.
Leur légitimité : la perception des actions d’une entité comme acceptables dans le cadre
d’un système de normes et de valeurs sociétales. Certains groupes sont légitimes mais
n’ont pas le pouvoir (actionnaires minoritaires).
L’urgence : les parties prenantes peuvent demander une attention immédiate ; le délai de
réaction est crucial. La situation est en général critique pour les parties prenantes
notamment en cas d’exposition au risque.
Ces trois critères, caractérisant les relations entre la firme et ses partenaires, sont
évolutifs et peuvent changer d’une relation à une autre. Ils définissent quatre groupes
différents :
- Les parties prenantes critiques et qui font autorité : elles réunissent les trois
critères. Elles sont dotées d’un pouvoir légitime à l’égard de l’entreprise et leurs
demandes présentent un caractère urgent qui ne peut pas être différé. Il est vital
pour l’entreprise de les pendre en compte et satisfaire leurs attentes.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
123
- Les parties prenantes en position d’attentes : elles réunissent deux critères
uniquement. Lorsqu’elles disposent de ressources importantes, ces parties
prenantes sont assez actives à l’égard de l’entreprise, entretiennent des relations
soutenues avec elle et requièrent de sa part un traitement approprié.
- Les parties prenantes latentes : elles n’ont qu’un seul critère. Leur prise en compte
n’est pas prioritaire. Cependant, étant donné l’évolution des attributs dans le
temps, elles constituent un risque (ou une opportunité) potentiel pour l’entreprise.
- Les parties non prenantes : elles sont exclues des parties prenantes puisqu’elles ne
représentent aucun critère.
Pelle-Culpin (1998, cité par Damak-Ayadi et Pesqueux 2003) propose, en se basant sur
les trois dimensions de la responsabilité sociale, la classification suivante :
- Parties prenantes institutionnelles : émanant des lois, réglementations, et
organismes inter organisationnels ou par des organismes professionnels propres à
une industrie ;
- Parties prenantes économiques : les différents types d’acteurs opérant sur les
marchés sur lequel l’entreprise est positionnée ;
- Parties prenantes éthiques : les organismes de pressions éthiques.
Friedman et Miles (2002, cité par Damak-Ayadi 2003) ont identifié quatre groupes de
parties prenantes, ceci en se basant sur la théorie de « différentiation sociale » développée
par Archer (1996). Selon les auteurs, les parties prenantes peuvent avoir des relations
compatibles ou non compatibles avec les intérêts de l’entreprise. De plus, ces dernières
peuvent être nécessaires (internes) ou contingents (externes). Quatre catégories de
parties prenantes apparaissent donc de ce classement :
- Relations nécessaires et compatibles : actionnaires, direction, partenaires ;
- Relations nécessaires mais incompatibles : syndicats, salariés, gouvernement,
clients, fournisseurs, prêteurs, organisations ;
- Relations contingentes et compatibles : public en général, organisations
connectées dans des associations communes ;
- Relations contingentes mais incompatibles : organismes non gouvernementaux.
Pesqueux (2000, cité par Damak-Ayadi 2003) propose une classification proche de celle
de Carroll mais plus claire sur les parties prenantes :
- Les parties prenantes contractuelles : elles concernent les acteurs impliqués
directement dans le processus économique et ayant un contrat explicite avec la
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
124
firme tels que les clients, les fournisseurs, le personnel, les actionnaires et autres
parties prenantes contractuelles.
- Les parties prenantes diffuses : elles concernent les acteurs situés autour de
l’entreprise qui peuvent affecter ou être affectés par l’entreprise sans pour autant
se trouver en lien contractuel tels que les organismes publics, les collectivités
locales, les associations et les organismes non gouvernementaux, l’opinion
publique et autres parties prenantes diffuses.
22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell :: uunnee ssaattiissffaaccttiioonn ddeess
aatttteenntteess ddeess ppaarrttiieess pprreennaanntteess
Les parties prenantes influencent les décisions stratégiques des dirigeants. Ces derniers
doivent leur rendre compte sur la façon dont ils ont intégré leurs attentes. Par
conséquent, plus la pression des parties prenantes est forte, plus les entreprises sont
incitées à divulguer des informations supplémentaires justifiant leur respect des intérêts
et considération de leurs partenaires.
La revue des études antérieures portant sur la divulgation volontaire de l’information
sociétale a montré la pertinence de la théorie des parties prenantes, pour expliquer
l’évolution du volume des informations sociétales publiées dans les rapports annuels
(Roberts 1992, Pellé-Culpin 1998, Deegan et Gordon 1996). Dans la même logique,
Oxibar (2003) confirme que les entreprises diffusent volontairement des informations
dans une perspective de reddition de comptes sociaux à l’intention d’un ensemble
d’individus ou groupes d’individus auxquels elles sont liées via des contrats explicites ou
implicites.
L’étude d’Ullmann (1985, cité par Oxibar 2003) se fonde sur l’idée selon laquelle les
informations sociétales diffusées constituent une base de dialogue avec les différents
partenaires de l’entreprise. L’auteur définit des stratégies de diffusion d’information
sociétale, qui sont fonction, d’une part, du pouvoir des parties prenantes, d’autre part, de
la posture stratégique des dirigeants quant à la gestion des demandes sociales, et enfin,
des performances économiques passées et présentes.
Roberts (1992, cité par Oxibar 2003) se situe dans le prolongement de cette étude et
propose de tester le modèle de diffusion d’information sociétale décrit par Ullmann, en
opérationnalisant les différentes variables du modèle, notamment la pression des parties
prenantes et la comportement stratégique des dirigeants. A l’issue de cette étude, l’auteur
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
125
souligne la capacité de la théorie des parties prenantes à expliquer la divulgation
sociétale des entreprises.
Se situant dans le même cadre théorique, la publication d’informations sur le capital
immatériel semble être un moyen permettant aux managers de répondre aux attentes des
différents groupes de parties prenantes. En effet, la communication sur la maximisation
du rapport rendement-risque pour l’actionnaire, la rémunération équitable et bonnes
conditions de travail pour les employés, la qualité des produits et services pour les
clients, la régularité des commandes pour les fournisseurs, le maintien et le
développement de l'emploi et le respect de l’environnement pour les collectivités
publiques, permet aux dirigeants de montrer à une multitude d’acteurs sociaux leurs
préoccupations constantes du bien-être de la firme qu’il gèrent. Par ailleurs, une gestion
réelle des relations avec les PP contribue à créer, maintenir et développer des richesses
immatérielles (capital humain, capital innovation, capital client, réputation, marque et
éthique, compétences professionnelles…) permettant ainsi à l’entreprise de créer de la
valeur à long terme (Hillman et Keim 2001).
22..11.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall hhuummaaiinn :: uunnee ssaattiissffaaccttiioonn ddeess
aatttteenntteess ddeess ssaallaarriiééss
Les théoriciens des organisations qui se rattachent au Mouvement des Ressources et des
Compétences (MRC) recentrent la réflexion stratégique sur le capital humain, comme
étant une ressource rare de l’entreprise (Wegmann 1999). Les économistes ont reconnu
depuis longtemps l’importance du capital humain (les compétences, la formation,…)
comme source fondamentale de la croissance.
Dans toute l’Europe occidentale et continentale, les instances représentatives du
personnel disposent de moyens légaux d’informations sur les orientations des firmes qui
leur permettraient d’anticiper et de s’adapter à l’évolution de la gestion de l’emploi, de
participer à la mise en place de nouvelles organisations du travail, et même d’intervenir
dans les processus décisionnels de l’entreprise. Il faut rappeler à ce niveau que c’est à
partir de l’année 1977, que le Parlement français a voté pour la loi obligeant les firmes de
plus de 300 salariés de publier un bilan social constitué de sept rubriques différentes
(emploi, rémunération et charges accessoires, conditions d’hygiènes et de sécurités,
autres conditions de travail, formation, relations professionnelles, conditions de vie et de
leur famille).
Une riche communication sur le capital humain traduit l’intégration de la responsabilité
sociétale dans les processus de gestion. Le respect des valeurs et règles acceptées par la
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
126
société amènent les dirigeants à démontrer la qualité des relations de travail au sein de
leurs entreprises et le bien-être des employés, louer les mérites de leur politique de
formation, de promotion, de santé et de sécurité de travail. De ce sens, Aliouat et
Boughanbouz (2009) confirme que « le dialogue social avec les représentants des salariés et leur
consultation à propos de la politique de l’entreprise, ses plans et ses mesures sont fondamentaux, et
surtout créateur de légitimité sociétale». A titre d’illustration, en 1999, le groupe
GrandVision ne diffuse que sur le capital humain. En effet, cet exercice a été marqué par
la mise en place de la réduction du temps de travail.
22..22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall rreellaattiioonnnneell :: uunnee ssaattiissffaaccttiioonn ddeess
aatttteenntteess ddeess cclliieennttss,, aassssoocciiaattiioonnss,, ppoouuvvooiirrss ppuubblliiccss……
La publication des informations sur le capital relationnel telles que la satisfaction des
consommateurs, la réputaion et l’image de la firme, l’évolution des ventes, l’engagement
dans des œuvres caritatives et humanitaires, la congruence avec les normes et les valeurs
sociétales, permet à l’entreprise d’établir des relations durables fondées sur la confiance et
le respect mutuel avec ses clients, ses fournisseurs, les associations et les pouvoirs
publics...
De même, l’opinion publique, les consommateurs, les associations ainsi que d’autres
partenaires sont de plus en plus soucieux de défendre les entreprises qui produisent des
biens selon des procédés respectueux de l’environnement. En effet, un produit non
écologique, pouvant porter atteinte aux milieux naturels, dégrade l’image de l’entreprise
et affecte négativement sa réputation. Ainsi, l’entreprise doit répondre aux attentes des
différents acteurs, non seulement par le lancement sur le marché des produits présentant
certaines caractéristiques pro environnementales, mais aussi en diffusant des
informations sur son comportement éthique envers ses fournisseurs et ses clients ainsi
que son respect de la protection de l’environnement. Cette communication permettra, en
conséquence, à la firme d’améliorer son image et préserver son capital réputation,
d’attirer et fidéliser une clientèle de plus en plus sensible aux problèmes de
l’environnement.
La figure n°13 permet de montrer le rôle de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel en tant que moyen pour satisfaire les attentes des parties prenantes afin de
créer de la valeur partenariale.
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité : une approche partenariale
Figure 13 : La divulgation sur le capital immatériel : un moyen pour répondre aux attentes des parties prenantes
Responsabilité
sociétale
Risque de
rupture des
contrats avec
les PP
L
a d
ivu
lgatio
n v
olo
nta
ire
sur les im
maté
riels
Moyen pour
satisfaire les
attentes des PP
Maximiser
la valeur
sociétale de
la firme
Existence des parties
prenantes (PP)
Démonstration
Chapitre 2 : La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de la légitimité :
une approche partenariale
128
CCoonncclluussiioonn
Sous une optique partenariale, la performance globale d’une firme est la somme des
satisfactions, en termes de résultats financiers et non financiers créés pour les parties
prenantes y compris leur niveau de confiance dans l’aptitude de l’entreprise à produire
ces satisfactions de façon durable. Pinto (2003) avance que les entreprises performantes
ont comme « première caractéristique » d’investir durablement dans leur clients, leurs
hommes, leurs produits, leurs métiers… Elles ont en plus un attachement à des valeurs
fortement protégées. La performance, ne peut donc plus se juger selon la seule
perspective financière. La responsabilité de l’entreprise s’étend au-delà de ses obligations
légales et de ses impératifs purement économiques.
Dans ce chapitre, nous avons montré que l’argument de l’utilité financière de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel s’intégrant dans une logique de
rentabilité à court terme doit être complété par un deuxième argument selon lequel cette
publication volontaire devient un moyen de légitimation55. La publication d’informations
permet à l’entreprise de montrer qu’elle respecte les normes et les valeurs définies par le
système social et qu’elle prend en compte les différentes attentes de ses parties prenantes
afin d’assurer sa rentabilité et survie à long terme.
55La légitimation est la gestion de la légitimité
DDEEUUXXIIEEMMEE PPAARRTTIIEE ::
LLAA DDIIVVUULLGGAATTIIOONN SSUURR LLEE CCAAPPIITTAALL
IIMMMMAATTEERRIIEELL :: UUNNEE EETTUUDDEE EEMMPPIIRRIIQQUUEE
« La phase de la vérification empirique consiste essentiellement à représenter
l'arrangement des variables et des indicateurs que l'on doit construire
pour isoler des équivalents empiriques aux
concepts opératoires de l'hypothèse »
(Mace et Petry 2000).
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
131
CCHHAAPPIITTRREE 33 ::
FFOORRMMUULLAATTIIOONN DDEESS HHYYPPOOTTHHÈÈSSEESS,,
ÉÉCCHHAANNTTIILLLLOONN EETT MMÉÉTTHHOODDOOLLOOGGIIEE DDEE LLAA
RREECCHHEERRCCHHEE
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
132
u vu des développements précédents, ce chapitre sera voué à présenter, dans
une première section, les objectifs de notre recherche. Une deuxième section
présentera un ensemble d’hypothèses susceptibles d’expliquer en partie le
mécanisme de l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel. Une
troisième section identifiera l’échantillon et la méthodologie adoptée afin de parvenir à
vérifier les hypothèses proposées.
SSEECCTTIIOONN 11 :: OOBBJJEECCTTIIFFSS DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE
Les objectifs de notre recherche se sont structurés autour de deux axes. Analyser en
profondeur les caractéristiques des informations divulguées sur le capital immatériel au
sein des entreprises françaises composant notre échantillon, d’une part et identifier les
facteurs explicatifs de cette divulgation, d’autre part.
Un objectif corollaire de l’étude est de vérifier si les dirigeants procèdent à la divulgation
volontaire afin de combler les limites du reporting financier, réduire l’asymétrie
d’information, et par conséquent augmenter la valeur financière ou/et le font dans le but
légitimer leurs actions, répondre aux attentes des différentes parties prenantes et
maximiser la valeur sociétale de la firme.
Compte tenu des objectifs énoncés, nous avons fait appel à deux types d’analyses. La
première s’inscrit dans une démarche exploratoire qui nous a permis de « découvrir » les
caractéristiques des informations volontairement publiées dans les rapports annuels des
firmes sélectionnées en s’appuyant sur la méthode de l’analyse de contenu de type
catégorielle (thématique). Par ailleurs, nous pensons que le positivisme, penché vers la
recherche d’explications et de relations de causalité entre les « lois », représente le
positionnement le plus approprié pour l’identification des déterminants de la divulgation
volontaire sur le capital immatériels. En effet, selon cette posture positiviste, l’intérêt est
porté sur les faits observables afin de valider un raisonnement théorique élaboré. Par
conséquent, l’accent a été mis, en deuxième lieu, sur une démarche hypothético-déductive
où la détermination d’hypothèses est fondamentale, pour qu’ensuite nous puissions les
vérifier grâce à l’utilisation de modèles (généralement) quantitatifs.
A
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
133
SSEECCTTIIOONN 22 :: FFOORRMMUULLAATTIIOONN DDEESS HHYYPPOOTTHHEESSEESS DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE
La recherche des déterminants de la divulgation volontaire sur le capital immatériel
repose sur deux approches différentes.
Selon une première approche actionnariale, qui se résume dans les relations qu’entretient
la firme avec ses actionnaires, les fondements théoriques des facteurs explicatifs de la
divulgation volontaire sont justifiés par la théorie de l’agence et la théorie des signaux.
Sous cette perspective économico-contractuelle, l’information publiée sur le capital
immatériel est considérée comme un mécanisme de dédouanement et de surveillance
permettant aux dirigeants de réduire certains coûts d’agence et une variable de
signalisation à travers laquelle les firmes se distinguent des autres les moins
performantes.
Sous une deuxième approche partenariale, qui fait insérer l’entreprise dans un contexte
environnemental avec lequel elle interagit avec une diversité de parties prenantes autres
que les actionnaires, les déterminants de la politique de communication sont fondés sur la
théorie de la légitimité et la théorie des parties prenantes. Selon cette perspective socio-
politique, le reporting sur les immatériels devient un processus de légitimation et un
moyen pour satisfaire les attentes des différents acteurs sociaux qui fournissent à la firme
les ressources nécessaire à sa survie.
La figure n°14 résume le cadre conceptuel de notre recherche en précisant le rôle de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel selon les deux approches précédemment
citées.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
Figure 14 : Le cadre conceptuel de l’étude
Asymétrie
d’information
Coûts d’agence
Limites du
reporting financier
Ap
pro
che
act
ion
nari
ale
Effet d’anti-
sélection
Mécanisme de
dédouanement et
de surveillance
Mécanisme de
signalisation
Maximiser
La valeur
sociétale de
l’entreprise
Ap
pro
che
part
enari
ale
Responsabilité
sociétale
ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE
MARCHE FINANCIER
ENVIRONNEMENT POLITICO-
SOCIAL
Processus de
Légitimation
Moyen pour
répondre aux
attentes des parties
prenantes La d
ivu
lgati
on
volo
nta
ire
sur
le c
ap
ital
imm
até
riel
Ob
ject
ifs
du
dir
igea
nt
Normes et
règles établies
par la société
Décalage entre les
intérêts de la firme et
les normes sociales
Décalage entre les
intérêts de la firme et
les attentes des Parties
Prenantes
L’existence
de plusieurs
Parties
Prenantes
Maximiser
La valeur
financière et
économique de
l’entreprise
L’é
volu
tion
des
in
ves
tiss
emen
ts i
mm
até
riel
s
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
135
Toutefois, une information supplémentaire sur le capital immatériel peut modifier les
stratégies des concurrents, encourager l'entrée de nouvelles firmes sur le marché
(Verrechia 1983, Darrough et Stoughton 1990, Gigler 1994) et par conséquent, priver
l'entreprise d'un profit escompté. En effet, dans le cadre de la théorie des coûts indirects
(proprietary costs theory), le rôle de la concurrence sur la politique de l’information a fait
l’objet de plusieurs études (Verrecchia 1983, Dye 1986, Darrough et Stoughton 1990,
Prencipe 2001). La majorité de ces travaux a montré que les concurrents utilisent à leur
profit certaines informations publiées par l’entreprise en lui causant ainsi un préjudice.
Ceci implique que l’externalité réelle de l’information liée à la concurrence freine la
divulgation volontaire et peut compenser les incitations à publier.
11.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett ll’’aarrgguummeenntt ddee ll’’uuttiilliittéé
ffiinnaanncciièèrree
11..11.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree dd’’iinnffoorrmmaattiioonnss ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llaa
rréédduuccttiioonn ddeess ccooûûttss dd’’aaggeennccee
Dans le cadre de la théorie de l’agence, l’offre volontaire d’information sur le capital
immatériel peut constituer un moyen de dédouanement et un mécanisme de surveillance
permettant au dirigeant, outre le maintien de son emploi et la préservation de sa
réputation, la réduction des coûts d’agence et par conséquent la maximisation de la
richesse des actionnaires.
11..11..11.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llaa ssttrruuccttuurree ddee
pprroopprriièèttéé
La séparation propriété/contrôle engendre au sein de l’entreprise des conflits d’intérêt
entre les dirigeants et les actionnaires. Fama et Jensen (1983) avancent que la structure
de l’actionnariat détermine l’importance de ces conflits. Les auteurs ont défini deux types
d’entreprises : les firmes managériales caractérisées par une séparation entre la fonction
de propriété et la fonction de décision (contrôle) et les firmes entrepreneuriales
caractérisées par l’absence de séparation entre ces deux fonctions.
Dans le cadre de la théorie d’agence, si le capital est concentré (entreprises de type
entrepreneuriales), les risques de transfert de richesse seraient limités en raison du
caractère managérial moins marqué de l’entreprise et du nombre réduit d’actionnaires.
Toutefois, si le capital est diffus (entreprises de type managériale), les dirigeants sont
amenés à réduire l’asymétrie d’information et à rendre transparente leur action en
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
136
divulguant plus d’informations afin de réduire les conflits d’intérêts actionnaires-
dirigeants qui sont à leur maximum quand le dirigeant ne détient aucune action de la
société (Thibierge 1997). Ainsi, la demande d’information des actionnaires est d’autant
plus forte que le capital est dispersé (Gelb 2000). Par ailleurs, dans des contextes où le
capital est réputé concentré, la divulgation volontaire permet de résoudre un autre type
de conflits d’intérêts entre les actionnaires minoritaires et les actionnaires majoritaires
qui vont essayer de profiter d’une asymétrie d’information pour réaliser des bénéfices
privés et exproprier les actionnaires minoritaires (Ho et Wong 2001).
Dans un contexte européen, Oliveira et al. (2006) et Li et al. (2008) ont montré que plus le
capital est concentré moins les firmes portugaises et britanniques divulguent des
informations sur le capital immatériel. Williams et Firer (2003) ont montré que l’offre
volontaire d’information sur le capital immatériel est plus élevée lorsque la participation
des dirigeants au capital est plus faible.
Cependant, dans un contexte australien, White et al. (2007) et Woodcock et Whiting
(2009) ont trouvé que la structure de propriété n’affecte pas le niveau de la divulgation
sur les incorporels. Aussi, en s’appuyant sur une liste des 200 plus grandes entreprises
des marchés émergents, Kang et Gray (2011) ont trouvé que la structure de propriété
mesurée par le pourcentage du capital détenu par les actionnaires minoritaires n’est pas
un facteur explicatif de la divulgation volontaire sur les actifs immatériels.
Depoers (1999) a trouvé que la structure de propriété des firmes françaises affecte le
comportement de publication des sociétés. L’auteur confirme que plus le capital est
dispersé plus les dirigeants sont incités à communiquer.
L’étude de Bougacha et Khoufi (2010), réalisée sur un échantillon de 26 firmes composant
l’indice SBF120 et appartenant au secteur des Techniques de l’Information et de la
Communication (TIC) et au secteur des médias, a confirmé une relation négative entre la
structure de propriété mesurée par le pourcentage des droits de vote détenus par les
principaux actionnaires et l’étendue de la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
Par conséquent, dans un même contexte français nous proposons de vérifier l’hypothèse
suivante :
Hypothèse 1 : Il y a une association négative entre la proportion du capital détenue
par les dirigeants et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
137
11..11..22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llaa ttaaiillllee ddee llaa
ffiirrmmee
Une deuxième hypothèse découlant de la théorie d’agence est que les coûts de
dédouanement, devraient augmenter avec la taille. En effet, selon Jensen et Meckling
(1976), le contrôle (monitiring) devient plus difficile et couteux dans les grandes firmes ce
qui suppose une relation positive entre la taille et le niveau de la divulgation volontaire.
Cette relation a été largement supporté par plusieurs auteurs (Chow et Wong-Boren
1987, Hossain et al. 1995, Saada 1995).
Watts et Zimmerman (1978) ont montré que les firmes de grande taille sont incitées à
divulguer plus d'informations afin d'éviter au maximum l'intervention et le suivi de l'État
et de signaler à leurs partenaires sociaux qu'elles assument le respect de leur rôle social.
Par ailleurs, le processus de divulgation est une opération coûteuse, ainsi, seules les
grandes firmes ont les moyens de faire de telles dépenses. Dans ce sens, Buzby (1975) a
montré que la diffusion d'informations est moins coûteuse pour les grandes entreprises
réalisant des économies d'échelles. De même, Chavent et al. (2006, cité par Baccouche et
al. 2010) confirment qu’il y a une association négative entre les coûts associés à un niveau
de publication additionnel et la taille des entreprise et ce grâce à un système de reporting
plus développé chez les grandes organisations.
Williams (2001) et Kang et Gray (2011) ont infirmé la présence d’une relation entre la
taille et la politique de communication sur les immatériels respectivement en Royaume-
Uni et chez les plus grandes firmes des marchés émergents. En revanche, en Italie,
Bozzolan et al. (2003) ont montré que la taille de l’entreprise est un déterminant de l’offre
volontaire d’information sur le capital immatériel, relationnel et humain.
Dans leur étude comparative, Guthrie et al. (2005) ont trouvé que la taille est un facteur
explicatif de la stratégie de communication sur le capital immatériel et relationnel chez
les entreprises australiennes et du capital immatériel, structurel, relationnel et humain à
Hong Kong. Williams et Firer (2003) ont trouvé que le coefficient associé à la variable
« taille » est positif et statistiquement significatif dans l’explication de l’offre
d’information sur le capital immatériel au sein des firmes Singapouriennes. Ce résultat a
été confirmé également par Bozzolan et al. (2006) en Royaume-Uni, Bozzolan et al. (2003)
en Italie, Petty et Cuganesan (2005) à Hong Kong, Guthrie et al. (2006) et White et al.
(2007) en Australie et Oliveira et al. (2006) au Portugal.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
138
En définitive, la relation entre la taille de la firme et la divulgation volontaire a été
largement étudiée et souvent confirmé par plusieurs auteurs, dans différents contextes et
pour différents types d'informations (Cooke 1992, Raffournier 1995). Pour ceci, nous
proposons de tester l’hypothèse suivante :
Hypothèse 2 : Il y a une association positive entre la taille de la firme et le niveau
de la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
11..11..33.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett ll’’eennddeetttteemmeenntt
Dans le cadre de la relation actionnaires-dirigeants, l’endettement constitue un moyen
pour résoudre les conflits puisqu’il tend à aligner les intérêts des contractants. Comme le
souligne Diamond (1984), le remboursement des intérêts de la dette à échéances fixes
réduit l’opportunisme du dirigeant. En outre, l’auteur confirme une relation négative
entre l’endettement de type bancaire caractérisant un contexte français dans lequel la
protection des investisseurs minoritaires est relativement faible et le niveau de la
divulgation volontaire. En effet, les banques disposent d’autres canaux privés
d’informations.
Bien que l’endettement réduise les coûts d’agence entre actionnaires et dirigeants, il
accentue l’asymétrie d’information qui peut naitre entre actionnaires et créanciers. Dans
le cadre de ce deuxième type de conflits (actionnaires-créanciers), les coûts d’agence
augmentent en fonction de la part de financement extérieur. De ce fait, les préteurs
engagent des coûts de surveillance afin de s’assurer du respect des contrats
d’endettement. De leur coté, les emprunteurs engagent des coûts de dédouanement pour
révéler aux préteurs leurs qualités de bonne foi.
Jensen et Meckling (1979) stipulent que la divulgation volontaire pourrait réduire les
coûts d’agence en mettant à la disposition des fournisseurs de capitaux l’information
nécessaire pour évaluer la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements. Meek et al.
(1995) avancent que les entreprises fortement endettées divulguent volontairement plus
d’information afin de réduire les coûts d’agence associés à cette dette.
Dans le domaine du reporting sur les immatériels, les résultats des travaux antérieurs
sont divergents. Bien qu’en Australie, Woodcock et Whiting (2009) et White et al. (2007)
ont confirmé une relation positive et significative entre l’endettement et le niveau de la
publication volontaire sur les incorporels, Oliveira et al. (2006) ont trouvé une relation
non significative en analysant un échantillon d’entreprises portugaises.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
139
Dans son étude longitudinale réalisée sur un échantillon d’entreprises britanniques,
Williams (2001) a détecté un impact non significatif entre l’endettement et le niveau de la
divulgation sur le capital immatériel en 1996, alors qu’à partir de l’année 1997 jusqu’à
l’année 2000, cet impact devient positif et significatif.
Kang et Gray (2011) ont confirmé une relation négative entre l’endettement et le niveau
de la divulgation volontaire sur les éléments incorporels, mesurée en utilisant un modèle
nommé Value Chain Scoreboard produit par Lev (2001).
En France, Ding et Stolowy (2002) ont trouvé que l’endettement n’est pas un facteur
explicatif de la divulgation volontaire d’informations sur les activités de R&D.
Compte tenu des résultats non concluants quant à l’impact de l’endettement sur la
divulgation volontaire d’informations sur les immatériels, nous proposons de tester
l’hypothèse suivante :
Hypothèse 3 : Il y a une association entre l’endettement et le niveau de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel.
11..22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llaa ppeerrffoorrmmaannccee ddee llaa
ffiirrmmee
Au delà des conflits d’intérêts, si les dirigeants de la firme veulent attirer et fidéliser les
investisseurs afin de réduire le coût de capital, ils seront incités à divulguer
volontairement des informations afin de signaler au marché la performance de
l’entreprise qu’ils gèrent. Ce mécanisme de signalisation permet au manager d’atténuer
l’effet d’anti-sélection, d’hausser la valeur de la firme et d’obtenir des conditions de
financement plus avantageuses.
Les résultats des recherches ayant étudié la relation entre la performance (économique
ou financière) et le niveau de la divulgation volontaire sont contrastés. Certains auteurs
ont confirmé la présence d’une relation positive entre ces deux variables. En effet,
Singhvi et Desai (1971) ont trouvé que plus les taux de rendement sont élevés, plus les
dirigeants auront tendance à publier plus d’information pour signaler leurs compétences
et leurs qualités de gestionnaires afin d’améliorer leur rémunération. Foster (1986)
affirme également que la communication des informations volontaires peut être une
stratégie adoptée par les entreprises performantes pour se distinguer des autres
entreprises moins performantes afin d’augmenter leur capital à des conditions
avantageuses. L’étude de Garcia-Meca et al. (2005), réalisée sur un échantillon
d’entreprises espagnoles, a montré que les firmes les plus performantes (ayant une
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
140
rentabilité des capitaux propres plus élevée) offrent volontairement plus d’informations
sur le capital immatériel.
D’autres recherches ont confirmé une relation négative (Damak-Ayadi 2006). Nous
pouvons citer à ce niveau l’étude de Williams et Firer (2003) qui ont trouvé que la
performance des firmes (appréhendée par la rentabilité des capitaux propres) est un
facteur explicatif de l’offre d’informations sur le capital immatériel au sein des firmes
Singapouriennes. Le signe du coefficient associé à cette variable s’avère négatif.
De même, en s’appuyant sur un échantillon de 143 firmes américaines opérantes dans
des secteurs de haute technologie et observées en 2000 et 2004, Sonnier et al. (2007) ont
cherché à étudier la relation entre le niveau de la divulgation sur les incorporels et la
rentabilité des entreprises mesurée par le résultat net et l’EBITDA56 (une mesure
proche de l’Excédent Brute d’Exploitation utilisé en France). Les auteurs ont trouvé une
relation négative et significative entre le volume des informations communiquées et
l’EBITDA pour les années 2000 et 2004 et le résultat net pour 2000 uniquement. Les
auteurs ajoutent que les revenus négatifs des sociétés de haute technologie sont dus en
partie, au traitement comptable des investissements immatériels dont la majorité est
comptabilisée dans des comptes de charges. De ce fait, les dirigeants sont incités à
expliquer ces résultats négatifs en élevant le niveau de la divulgation volontaire afin de
compenser les limites du modèle comptable. Sonnier et al. (2007) avancent que si la
société commence à enregistrer de bonnes performances, les dirigeants sont amenés à
réduire le niveau de cette divulgation dans le but de cacher une information stratégique
et maintenir un avantage concurrentiel.
Enfin, d’autres études ne constatent aucun impact significatif de la performance sur le
niveau de la divulgation volontaire (Cowen et al. 1987). En effet, l’étude longitudinale
réalisée par Williams (2001) sur un échantillon d’entreprises britanniques observées sur
5 ans (1996-2000), a montré que la performance des firmes (ayant une rentabilité des
actifs plus élevée) n’est pas un facteur explicatif de l’offre volontaire d’information sur le
capital immatériel.
Par ailleurs, Neu et al. (1998) concluent qu’une entreprise ayant une bonne performance
économique procède à la divulgation volontaire dans le but de rassurer les investisseurs
que cette performance ne se fait pas au détriment de l’environnement et n’engage pas à
56EBITDA est un acronyme anglais qui signifie Earnings before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization (revenus avant intérêts, impôts (taxes), dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations (mais après dotations aux provisions sur stocks et créances clients)
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
141
long terme des coûts additionnels. A l’inverse, une entreprise ayant une faible
performance économique cherche à présenter ses efforts en matière environnementale
comme un avantage compétitif susceptible d’influencer les profits futurs.
Dans notre étude, nous avons envisagé, dans le cadre de la théorie des signaux, de
vérifier si la divulgation volontaire sur le capital immatériel peut constituer un
mécanisme de signalisation à travers lequel les firmes les plus performantes ont tendance
à communiquer plus d’informations afin de se distinguer des concurrents les moins
rentables. De ce fait, nous avons formulé l’hypothèse suivante :
Hypothèse 4 : Il y a une association positive entre la performance de la firme et le
niveau de la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llaa llééggiittiimmaattiioonn
Le deuxième argument selon lequel la publication volontaire d’information sur le capital
immatériel est un moyen de légitimation est fondé sur les apports de la théorie de la
légitimité et des parties prenantes. Quoique différentes, ces deux théories sont le plus
souvent représentées comme complémentaires (Gray et al. 1995) puisqu’elles justifient,
toutes les deux, l’intégration du concept de la responsabilité sociale au sein de la firme.
Par le biais de la communication le dirigeant pourrait montrer à la communauté qu’il
respecte les normes et les valeurs établies.
22..11.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett ll’’ââggee ddee llaa ffiirrmmee
Stinchcombe (1965, cité par Chabaud et al. 2005) a été l’un des premiers à reconnaître le
rôle de la légitimité pour contourner le handicap de la jeunesse ou de la nouveauté qui est
à l’origine de l’important taux d’échec des entreprises en création. L’auteur avance que
les jeunes organisations sont davantage exposées au risque de faillite que les
organisations les plus anciennes et ce parce qu’elles présentent un faible niveau de
légitimité. De sa part, Singh et al. (1986) confirment que le handicap de la jeunesse
résulte de la réunion de deux éléments : la mise en place de nouveaux processus internes
tels que la coordination entre les nouveaux acteurs et l’absence de légitimité externe. Les
jeunes organisations ne possèdent la plupart du temps ni des connaissances, ni une
crédibilité suffisante pour pénétrer sur les marchés financiers ou avoir des aides
gouvernementales. Elles sont plus risquées et ont besoin plus que les autres d’une
légitimité - ressource stratégique et cruciale pour leur survie. Ces jeunes firmes sont
incitées à adopter des stratégies ou des processus de légitimation telle que la divulgation
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
142
volontaire d’informations sur leur capital immatériel (humain, relationnel et structurel)
afin d’acquérir progressivement confiance, image de fiabilité et réputation (Aldrich et
Fiol 1994, cité par Chabaud et al. 2005).
Haniffa et Cooke, (2002, cité par Woodcock et Whiting 2009) confirment que les jeunes
organisations vont essayer d’augmenter le niveau de la communication afin de réduire le
scepticisme et amplifier la confiance des investisseurs qui peuvent les percevoir comme
plus risqués. De même, Li et al. (2008) ont confirmé une relation négative entre l’âge et le
niveau de l’offre volontaire d’information sur les incorporels chez les firmes britannique.
En revanche, en s’appuyant sur un échantillon d’entreprises américaines et Malaisiennes
opérant dans le secteur financier, Roberts (1992) et Zakimi et Hamid (2004, cité par
Baccouche et al. 2010) ont mis en évidence une relation positive entre l’âge et le niveau de
la divulgation d’informations sociétales. En effet, les organisations les plus anciennement
établies arrivent mieux que les autres à établir des relations durables avec d’autres
organisations, de bénéficier du support de réseaux stables et de maintenir une bonne
réputation surtout à travers l’engagement dans un comportement socialement
responsable.
Dans un contexte tunisien, Baccouche et al. (2010) ont confirmé la présence d’une
association positive entre la divulgation volontaire sur les ressources humaines et l’âge
de la firme. Les auteurs confirment que cette divulgation représente un moyen par lequel
les entreprises peuvent montrer que leurs actions sont légitimes auprès des pouvoirs
publics et des groupes d’intérêt et qu’elles se comportent d’une manière responsable.
La relation positive entre l’âge de la firme et le niveau de la divulgation sur le capital
immatériel n’a pas fait l’unanimité des chercheurs. En effet, bien que les deux études aient
été réalisées dans un même contexte australien, White et al. (2007) ont confirmé un
impact positif de l’âge sur le volume des informations publiées alors que Woodcock et
Whiting (2009) sont parvenus à une relation non significative. L’absence d’effet a été
confirmée également par Bukh et al. (2005) au Danemark et par Kang et Gray (2011) au
sein de grandes firmes des marchés émergents.
Compte tenu des recherches antérieures, l’influence de l’âge sur la diffusion volontaire
d’informations sur les intangibles pourrait être positive ou négative. Ceci nous amène à
proposer l’hypothèse suivante :
Hypothèse 5 : Il y a une association entre l’âge de la firme et le niveau de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
143
22..22.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llee ssttaattuutt ddee ccoottaattiioonn
Cette hypothèse trouve généralement ses fondements dans le cadre de la théorie de la
légitimité. Si nous considérons une première approche néo-institutionnelle de la
légitimité qui repose sur une représentation de l’organisation totalement insérée dans la
société, ses lois, ses valeurs et sa culture (DiMaggio et Powell 1983), l’entreprise doit
obéir à de nouvelles obligations qui sont plus contraignantes afin d’acquérir une
légitimité institutionnelle pour pouvoir accéder à un nouveau marché. Un niveau plus
élevé d’information pourrait être attribué à une différence de réglementation qui peut
varier d’un pays à un autre. Par rapport à ceux des pays continentaux, les marchés anglo-
saxons sont plus développés, plus importants et leurs obligations en termes de
communication aux actionnaires y sont plus contraignantes. Dans ce sens, la disponibilité
d’informations comptables est une condition essentielle pour pouvoir accéder aux
marchés de capitaux internationaux. Si nous considérons une deuxième approche
stratégique de la légitimité qui s’inscrit dans la théorie de la dépendance aux ressources
(Pfeffer et Salancik 1978), la survie de l’entreprise résulte de sa capacité à gérer les
attentes des différents acteurs qui détiennent les ressources nécessaires à son existence et
son évolution. Une double cotation sur un marché américain augmente le nombre des
investisseurs –actionnaires. Ces derniers détiennent les ressources financières nécessaires
à la survie de la firme qui doit répondre en permanence à leurs attentes (Friedman et
Miles 2002).
Nombreuses études ont montré que les firmes cotées sur des marchés étrangers
procurent plus d’informations que celles cotées uniquement sur le marché national
(Entwistle 1999, Cooke 1989 et 1992, Wallace et al. 1994).
Shipper (1981) confirme qu’une cotation étrangère peut affecter l’offre volontaire
d’information de deux manières : complémentaire ou substituable. L’effet complémentaire
signifie que les investisseurs étrangers peuvent mieux contrôler leurs intérêts avec une
offre d’informations facultatives et additionnelles, ce qui implique une divulgation plus
intense sur les marchés étrangers. Au contraire, l’effet de substitution implique que la
cotation sur un marché étranger réduit les coûts d’agence en raison d’une meilleure
réputation, ce qui réduit le besoin d’une information supplémentaire à travers laquelle les
dirigeants signalent qu’ils œuvrent dans l’intérêt des propriétaires.
Oliveira et al. (2006) ont montré que la cotation sur des marchés étrangers fait
augmenter le niveau de la divulgation d’information sur le capital immatériel chez les
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
144
firmes portugaises. Les résultats de ces auteurs corroborent ceux trouvés par l’étude
d’Entwistle (1999), réalisée sur un échantillon de 113 entreprises canadiennes cotées sur
le marché de Toronto en 1994.
Toutefois, Williams (2001) a trouvé que cette relation est significative pour les années
1996 et 1997 et pas pour les années 1998, 1999 et 2000. De même, Kang et Gray (2011)
ont conclu que la cotation sur un marché anglo-saxon n’est pas un déterminant de
l’étendue de la divulgation volontaire sur les immatériels, dans leur étude réalisée sur un
échantillon composé des plus grandes firmes des marchés émergents. Ding et Stolowy
(2002) ont prouvé empiriquement que les entreprises françaises cotées sur les marchés
anglo-saxons offrent volontairement plus d’informations sur les activités de R&D que les
autres cotées uniquement sur le marché français. Les entreprises qui font le choix de se
coter sur un marché américain doivent s’aligner aux règles et se conformer aux valeurs
de la société afin de légitimer leurs actions et par conséquent gagner le support financier
des investisseurs américains et étrangers.
S’agissant d’un même contexte français, nous supposons de tester l’hypothèse suivante :
Hypothèse 6 : Les entreprises cotées sur les marchés français et américain publient
plus d’informations sur le capital immatériel que celles cotées sur le marché
français seulement.
Cette hypothèse pourrait aussi s’insérer dans le cadre de la théorie des parties prenantes ;
puisqu’une entreprise cotée sur un marché local et un autre étranger, n’a pas le même
nombre de parties prenantes qu’une entreprise cotée uniquement sur le marché national.
En effet, les groupes de pressions s’amplifient et les pressions se multiplient.
22..33.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett ll’’iinnttéérrêêtt ppoorrttéé aauuxx
pprreessssiioonnss ddeess ppaarrttiieess pprreennaanntteess
Dans le cadre de la théorie des parties prenantes, l’offre d’information sur le capital
immatériel est un moyen par lequel l’entreprise établie le dialogue et cherche à satisfaire
les attentes des différents acteurs sociaux.
Nous nous attendons donc à une relation positive entre le niveau de l’offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel et l’intérêt porté aux pressions des parties
prenantes contractuelles et diffuses (personnel, des clients, fournisseurs, pouvoirs
publics...).
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
145
Hypothèse 7 : Il y a une association positive entre l’intérêt porté aux pressions des
parties prenantes et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel.
33.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett llee sseecctteeuurr dd’’aaccttiivviittéé
La revue de la littérature montre que le secteur d’activité et la nature de l’industrie ont
un impact significatif sur la divulgation volontaire d’information puisque des entreprises
d'un même secteur sont soumises au même environnement et donc aux mêmes pressions
les obligeant à communiquer (Cooke 1992, Raffournier 1995). Wong et Gardner (2005)
affirment que le besoin informationnel des investisseurs varie d’une industrie à une autre.
Les auteurs avancent que la demande d’information supplémentaire sur le capital
immatériel est plus forte pour les firmes qui appartiennent à des industries caractérisées
par une importante variabilité des bénéfices. Whittred et Zimmer (1990) avancent que les
entreprises appartenant au secteur de l’huile et du gaz divulguent plus d’informations que
les autres parce que ces entreprises sont politiquement plus sensibles. Lev (1999) a
montré que les investisseurs financiers considéraient la R&D comme une activité source
de création de valeur et demandaient des informations précises pour pouvoir apprécier la
valeur de l'entreprise, particulièrement quand ces entreprises appartiennent à des
secteurs de haute technologie.
L’étude d'Entwistle (1999), portant sur un échantillon d'entreprises canadiennes, a
confirmé que les firmes appartenant à des secteurs traditionnels publient moins
d'informations sur la R&D que les sociétés informatiques ou biotechnologiques. Cet effet
demeure constant même après avoir contrôlé la taille et l’intensité de R&D. L’auteur
explique ce résultat du fait que les pratiques de divulgation d’une firme donnée sont
influencées par les pratiques des firmes opérant dans le même secteur.
Bounfour (2003) affirme que la divulgation volontaire sur le capital immatériel est en
conformité avec le type d’industrie. L’auteur ajoute que les firmes appartenant à un
secteur riche en intangibles divulguent volontairement plus d’informations que les
autres. De plus, Bounfour (2003) détecte un effet de « first mover » : si une firme
appartenant à une industrie donnée et publiant des informations sur son capital
immatériel, les autres vont la suivre.
Bozzolan et al. (2003, 2006), Williams (2001), Woodcock et Whiting (2009), Oliveira et
al. (2006), Petty et Cuganesan (2005) et Kang et Gray (2011) ont trouvé que les firmes
appartenant à un secteur de haute technologie sont plus aptes à divulguer volontairement
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
146
des informations sur les incorporels en raison de la part importante de leurs activités qui
dépend des investissements immatériels.
En France, Ding et Stolowy (2002) ont confirmé que l’appartenance à un secteur de
haute technologie est un déterminant de l’offre volontaire d’informations sur les activités
de R&D. Les auteurs ont pris comme exemples de secteurs de haute technologie : le
secteur informatique et le secteur pharmaceutique.
Par conséquent, en s’appuyant aussi sur un échantillon d’entreprises françaises, nous
prévoyons, dans notre étude, une relation positive et significative entre le niveau de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’appartenance à un secteur de haute
technologie.
Hypothèse 8 : Les entreprises appartenant à un secteur de haute technologie
publient plus d’informations sur le capital immatériel que les autres.
44.. LLaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell eett lleess ccooûûttss iinnddiirreeccttss
Dans le cadre de la théorie des coûts indirects (proprietary costs theory), le manager est
incité non pas à divulguer de l’information mais à la retenir. La théorie stipule que
l’externalité de l’information et les coûts engendrés par sa diffusion peuvent encourager
sa rétention et compenser, dans une certaine mesure, les incitations à publier.
La notion de «proprietary costs»57 a été introduite pour la première fois dans la littérature
dans l’explication de la stratégie de communication par Verrechia en 1983. Il fut le
premier à modéliser l’influence de ce coût sur la décision du dirigeant de publier ou non
une information volontaire. Ses travaux ont marqué le début d’un courant de recherche
qui modélise le comportement du dirigeant reconnaissant l’existence des coûts indirects
ou induits.
Dye (1985) précise que la divulgation diminue la valeur des cash-flows de l'entreprise
puisqu'elle engendre des coûts indirects, liés à l'utilisation préjudiciable de l'information
privée par les concurrents de l'entreprise. La réticence des dirigeants à communiquer
toute l'information dont ils disposent est alors expliquée par l'importance des coûts de
diffusion susceptibles de surgir au titre de cette publication. La satisfaction du besoin
accru des utilisateurs pour des informations sur le capital immatériel, risque de priver
57Le « proprietary cost » correspond à la baisse des cash flows subie par une entreprise à la suite de la publication d’une information qui a permis de modifier la stratégie de la concurrence ou qui a provoqué une réaction de la part d’autres groupes d’intérêt. L’expression est introduite indifféremment, ici, par coût indirect ou coût induit.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
147
l'entreprise d'un profit escompté en tenant compte de l'état de la concurrence et des coûts
de diffusion de toute information supplémentaire et non obligatoire.
Les décisions de communication d'informations supplémentaires sont en interaction
simultanée avec les investisseurs et les concurrents. En tenant compte, simultanément,
des prévisions des investisseurs et de la pression des concurrents, les entreprises peuvent
adopter soit une stratégie d'information complète afin de maximiser la valeur boursière
de la firme soit une stratégie d'information partielle ou réduite afin d'éviter la réaction
des entreprises concurrentes ou l'entrée de nouvelles firmes sur le marché (Verrechia
1983, Darrough et Stoughton 1990, Gigler 1994).
De nombreuses études ont vérifié l'impact des coûts indirects sur le niveau de
divulgation. Clinch et Verrechia (1997) ont trouvé que la décision de diffusion dépend du
niveau de la concurrence. En effet, selon ces auteurs, plus le secteur d'activité est
concurrentiel, moins les firmes sont incitées à diffuser des informations. Deppe et Omer
(2000) ont confirmé aussi que la diffusion d'information segmentée détériore l'avantage
compétitif de la firme.
Dans son étude, Prencipe (2001) a mis en évidence une relation négative mais pas
significative entre le niveau de la concurrence (mesuré par le taux de croissance) et la
publication d'information segmentée (la marge d'exploitation, le taux de croissance des
différentes lignes de production, ROA,…). L’auteur confirme que la publication
d'informations segmentées informe les concurrents sur les opportunités et les risques du
secteur et leur permet d'exploiter gratuitement ces informations dans leurs intérêts.
Une enquête réalisée par le FASB (2001) a montré que les divulgations d’informations
sur le capital immatériel ne sont pas très répandues parce que les profits générés sont
très faibles58. En effet, les coûts de la divulgation de cette information sont constitués par
des coûts engagés pour résoudre des problèmes de mesure du capital immatériel et des
coûts relatifs à la révélation de ces informations aux concurrents.
Dans un contexte allemand, Leuz (1999) a étudié la relation entre la diffusion
d'informations sectorielles et l'état de la concurrence du secteur mesuré par l'intensité
capitalistique (Proxy des barrières à l'entrée) sur un échantillon d'entreprises opérantes
dans différents secteurs d'activité. L'auteur a conclu que plus la concurrence est intense
moins les firmes allemandes ont tendance à diffuser des informations sectorielles. Ainsi
58The relatively low level of voluntary disclosure in the intangibles area is documented in the recent Steering Committee Report of the Business Reporting Research Project, “Improving Business Reporting Insights into Enhancing Voluntary Disclosures" (FASB 2001b).
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
148
les firmes allemandes adoptent une stratégie d'information complète lorsque les coûts
indirects sont faibles et les barrières à l'entrée sont élevées.
Ceci, nous amène à énoncer notre dernière hypothèse :
Hypothèse 9 : Plus la concurrence est intense, plus le niveau de la divulgation
volontaire sur le capital immatériel est faible.
Le tableau n°8 résume les différentes hypothèses de notre étude.
Tableau 8 : Récapitulation des hypothèses de l’étude
Hypothèses Signe prévu
Hypothèses liées à l’argument de
l’utilité financière de la
divulgation volontaire sur le
capital immatériel
1. Proportion du capital détenue par
les dirigeants
-
2. Taille +
3. Endettement +/-
4. Performance +
Hypothèses liées à l’argument de
la légitimation de la divulgation
volontaire sur le capital
immatériel
5. Age +/-
6. Statut de cotation +
7. L’intérêt porté à la pression des
parties prenantes
+
Hypothèse liée au secteur
d’activité
8. Le secteur d’activité +
Hypothèse liée à la concurrence 9. La concurrence -
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
149
SSEECCTTIIOONN 33 :: EECCHHAANNTTIILLLLOONN EETT MMEETTHHOODDOOLLOOGGIIEE DDEE LLAA RREECCHHEERRCCHHEE
Nous présenterons dans ce développement : l’échantillon étudié, la méthode d’analyse de
contenu opérée, la grille d’analyse conçue pour mesurer le niveau de la divulgation
d’informations sur le capital immatériel ainsi que les différentes mesures retenues des
variables explicatives et la méthodologie statistique employée, à savoir, les différents
tests utilisés et les modèles économétriques retenus.
SSOOUUSS SSEECCTTIIOONN 11 :: CCHHOOIIXX DDEESS EENNTTRREEPPRRIISSEESS EETT DDEESSCCRRIIPPTTIIOONN DDEESS DDOONNNNÉÉEESS
11.. CChhooiixx ddeess eennttrreepprriisseess
Notre échantillon est constitué au départ des 120 entreprises composant l’indice SBF
120. Le choix des entreprises cotées est justifié par nos perspectives d’analyse,
notamment la perspective actionnariale (relation entreprise-actionnaires), qui exclut
toutes firmes non cotées sur un marché financier.
Par ailleurs, le choix des entreprises composant l’indice SBF 120 et ayant la capitalisation
boursière la plus élevée était utile pour plusieurs raisons.
D’abord, la majorité des études traitant l'offre volontaire d'informations sur le capital
immatériel a porté sur des échantillons d’entreprises multinationales cotées et de grande
taille (Sujan et Abeysekera 2007, Oliveira et al. 2006, Guthrie et al. 2006, Bozzolan et al.
2003). Ensuite, ces firmes sont caractérisées par l’importance de leurs éléments
immatériels qui ne figurent pas dans les états financiers mais qui sont valorisés par le
marché financier et incorporés dans la valeur boursière. Enfin, les grandes firmes ont
besoin de publier un grand nombre d’informations volontaires59 afin d'obtenir des
ressources à moindres coûts et de répondre à des demandes d’informations plus
nombreuses puisqu’elles possèdent les ressources financières nécessaires (Bessieux-Ollier
2002).
De cet échantillon, seules les entreprises commerciales, industrielles et de services ont
été retenues, par conséquent, nous avons écarté les banques, les assurances, les sociétés
de crédit, les sociétés de portefeuille en raison des spécificités de fonctionnement.
Afin d’obtenir le maximum de variance dans la distribution des volumes des informations
divulguées par les firmes, nous avons éliminé celles qui ont fourni leurs rapports annuels
59Pour être incluse dans l’échantillon, il faut nécessairement qu’une entreprise évoque le capital immatériel et ses composantes dans son rapport annuel.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
150
sous forme de documents de référence60 (dans ce cas, la firme ne publie pas un rapport
annuel mais un seul « document de référence »). En effet, Bertrand (2000) avance que « ce
document a pour objet d’améliorer la transparence de l’information fournie par les émetteurs. Les
informations qu’il contient, sélectionnées à partir des besoins en informations des investisseurs, sont
imposés par la COB, ce qui à pour effet de réduire considérablement les écarts de contenu ». Ce
qui ramène notre échantillon à 55 entreprises.
Tableau 9 : Construction de l’échantillon final
Echantillon initial avant retraitement (SBF 120) 120
Entreprises du secteur financier (17) Entreprises restantes 103 Rapports annuels non disponibles et données manquantes (48)
Echantillon final après retraitement 55
Le tableau n°10 illustre la répartition des firmes composant notre échantillon entre les
différents secteurs d’activité.
Tableau 10 : La répartition des firmes de l’échantillon entre les différents secteurs
Secteur d’activité Effectifs % dans l’échantillon
Aérospatial et défense 2 3,63% Automobile et équipementiers 5 9,09% Biens de consommation 2 3,63% Chimie, pharmacie et santé 6 10,90% Construction et matériaux de construction 3 5,45% Distribution 2 3,63% Équipements électriques et électroniques 12 21,81% Loisirs et hôtellerie 3 5,45% Médias et divertissements 5 9,09% Energie, pétrole et gaz 5 9,09% Services 6 10,90% Informatique et télécommunications 4 7,27%
Total 55 100%
Les secteurs choisis ont une part importante de leur activité qui dépend des éléments
incorporels. Par exemple, les secteurs de haute technologie (l’industrie pharmaceutique,
60 En France et en parallèle au rapport annuel ou au rapport d’activité, existe le document de référence. La COB encourage depuis 1991 (règlement n°91-02) le développement d’un « document de référence » peu éloigné du « ten K » américain, qui contient l’ensemble des informations juridiques, économiques et comptables de la société concernée pour un exercice donné. Celui-ci doit être enregistré auprès de l’AMF. Pour la réalisation du document de référence, les entreprises ont la possibilité : soit d’élaborer un document spécifique qui présente deux avantages : simplicité et souplesse de calendrier (le document peut être élaboré à tout moment); - soit d’adapter leur rapport annuel aux standards d’informations requis par l’AMF en l’enrichissant de données juridiques, économiques et boursières.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
151
aéronautique, chimique, électronique…) engagent d’importantes dépenses de R&D. Les
marques ont une place importante dans l’industrie de la parfumerie. Les logiciels, achetés
ou développés en interne ont une place importante dans les sociétés de services en
Ingénierie Informatique…
22.. SSoouurrcceess ddee ddoonnnnééeess
Les données ont été collectées à partir des rapports annuels des entreprises sélectionnées.
Pour ceci, nous avons eu recours, via internet, (www.rapports-annuels.latribune.fr ) au
service des rapports annuels qui nous a livré en version papier les rapports annuels que
nous avons demandés et dont il dispose.
Les rapports annuels nécessaires et qui n’ont pas été livrés par ledit service, ont été
obtenus (récoltés manuellement) par téléchargement à partir des sites web des groupes
concernés qui fournissent dans leur session de « relations avec les investisseurs » la
version la plus récente de leurs rapports annuels. Les adresses des sites web des dites
sociétés ont été identifiées suite à l’accès au site officiel de la bourse de Paris
(www.boursorama.com) qui fournit, pour chaque groupe coté, le secteur d’appartenance,
l’adresse du siège social ainsi que l’adresse du site web. Certaines données ne figurent pas
dans les rapports annuels collectés comme l’âge de l’entreprise, l’effectif des employés...
Pour compléter notre base de données, nous avons téléchargé le document de référence
de chaque entreprise à partir du site Web de l’AMF (www.amf-france.org).
33.. PPéérriiooddee ddee ll’’ééttuuddee
La plupart des recherches antérieures qui ont cherché à déterminer les facteurs
explicatifs de la divulgation volontaire sur le capital immatériel ont été menées sur une
seule année (White et al. 2007, Sujan et Abeysekera 2007, Oliveira et al. 2006, Guthrie et
al. 2006, Bozzolan et al. 2003, Goh et Lim 2004). Ce choix est justifié par la stabilité
relative de la politique de communication des sociétés dans le temps, mise en évidence
dans plusieurs recherches (Gibbins et al. 1990, Healy et al. 1995, Botosan 1997, Bertrand
2000). En effet, Healy et al (1995) ont montré que sur les 595 firmes sélectionnées seules
90 ont présenté une augmentation importante et soutenue de leur score de diffusion entre
1980 et 1990.
Aussi, en analysant l’étendue de la divulgation volontaire sur le capital immatériel chez
26 firmes composant l’indice SBF120, Bougacha et Khoufi (2010) ont vérifié
empiriquement que cette divulgation ne varie pas sur les cinq années observées (2004-
2008). Les auteurs ont avancé qu’ « il y a une stabilité dans la politique de communication du
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
152
capital immatériel des entreprises françaises technologiques à travers le temps ». Comme
l’indique Gibbins et al. (1990), cette stabilité dans le temps des scores de diffusion résulte
par le fait que la politique de communication relève, en partie, d’une démarche
structurellement déterminée par la culture, l’historique et l’organisation de la société.
Dans cette étude, nous avons choisi l’exercice 2006 dont les rapports annuels sont les
plus récents au moment de notre analyse. L’année 2006 représente le deuxième exercice
de l’adoption obligatoire du référentiel comptable international par les firmes françaises
cotées.
Le tableau n°11 présente, à titre non exhaustif, les recherches ayant étudié les
déterminants de la divulgation volontaire sur le capital immatériel dans différents pays et
ayant porté sur une seule année d’analyse.
Tableau 11 : Périodes, contextes et échantillons de quelques études antérieures
Auteurs Période Contexte Echantillon
Sujan et Abeysekera (2007) 2004 Australie 20 firmes cotées Oliveira et al (2006) 2003 Portugal 56 firmes cotées Guthrie et al (2006) 2002 Australie 20 firmes cotées Bozzolan et al (2003) 2001 Italie 30 firmes cotées Goh et Lim (2004) 2001 Malaisie 20 firmes cotées
SSOOUUSS SSEECCTTIIOONN 22 :: CCHHOOIIXX DDEESS VVAARRIIAABBLLEESS EETT DDEESS IINNDDIICCAATTEEUURRSS DDEE MMEESSUURREE
Après avoir identifié les hypothèses de l’étude, nous avons élaboré un cadre opératoire
constituant l'étape intermédiaire et essentielle entre les hypothèses et la validation
empirique. Ce cadre opératoire nous permettra de vérifier les hypothèses de la recherche
en fournissant les référents empiriques les plus concrets moyennant la construction des
variables et des indicateurs.
Pour ce faire, nous avons opté pour deux types de variables : une variable dépendante (à
expliquer) et des variables indépendantes (explicatives). Ces variables ont été par la suite
opérationnalisées à l’aide des indicateurs (tirés de la littérature) permettant de faire le
lien entre le concept et l'observation (réalité).
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
153
11.. LLaa vvaarriiaabbllee ddééppeennddaannttee :: llee nniivveeaauu ddee llaa ddiivvuullggaattiioonn vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall
iimmmmaattéérriieell ((ssttrruuccttuurreell,, rreellaattiioonnnneell eett hhuummaaiinn))
La mesure du niveau de l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel repose
sur une analyse de contenu, l’une des méthodes de recherche les plus communément
utilisées dans l’examen de la divulgation volontaire d’information sur le capital
immatériel (Li et al. 2008, White et al. 2007, Guthrie et al. 2006, Oliveira et al. 2006,
Guthrie et Petty 2000, Abeysekera et Guthrie 2005, April et al. 2003, Bozzolan et al.
2003). Guthrie et al. (2006) ont confirmé que c’est une méthode qui a été empiriquement
validée. Par ailleurs, Gray et al. (1995) avancent que les études ayant utilisé cette
méthode supposent qu’il y a une relation positive entre le volume d’informations
divulguées sur un thème donné et son importance pour l’émetteur.
11..11.. LLaa mméétthhooddee ddee ll’’aannaallyyssee ddee ccoonntteennuu
L'analyse de contenu est un moyen efficace et de plus en plus utilisé pour analyser les
données émanant de documents présentant un caractère de communication. Cette
pratique fonctionne depuis trois-quarts de siècle et prend actuellement de plus en plus
d'extension dans le secteur des sciences humaines. Pour Grawitz (2001), «la nouveauté de
l'analyse de contenu a consisté à substituer à l'impressionnisme, dépendant des qualités personnelles
de l'observateur, des procédés plus standardisés, tendant parfois à quantifier, en tout cas à
convertir des matériaux bruts en données pouvant être traitées scientifiquement. Pour cela, le texte
va être découpé, c'est-à-dire étudié en fonction des idées ou des mots qu'il contient, ceux-ci étant
choisis ou recensés en liaison avec l'objectif cherché.».
Bardin (1977) définit l’analyse de contenu comme étant «est un ensemble de techniques
d'analyses des communications visant par des procédures systématiques et objectives de description
des messages, à obtenir des indicateurs permettant l’inférence de connaissances relatives aux
conditions de production /réception de ces messages ».
Abbott et Monsen (1979) définissent l’analyse de contenu comme « une technique de
regroupement d’information qui consiste à codifier une information de forme littérale en catégories
afin de déterminer des échelles quantitatives de différents niveaux de complexité ». Pour
Maingueneau (1991), l’analyse de contenu est une méthode de traitement de
l’information qui «entend normaliser la diversité superficielle d’un ensemble de textes pour les
rendre comparables et ouvrir ainsi la voie à une quantification ».
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
154
Le champ d'application de l'analyse de contenu est donc extrêmement vaste : toute
communication (c'est-à-dire tout message d'un émetteur vers un récepteur) peut être
soumise à la technique de l'analyse de contenu. Berenson et Lazarsfeld (1952, cité par
Bardin 1977) avancent que «l'analyse de contenu est une technique de recherche pour la
description objective61, systématique62 et quantitative63, du contenu manifeste des communications,
ayant pour but de les interpréter».
Bardin (1977) avance que l'analyse de contenu se déroule en 3 phases :
- La pré-analyse qui consiste à : formuler les objectifs et les hypothèses en fonction
de la problématique de l’étude, choisir le document à analyser ainsi que la
technique qui sera mise en œuvre (unité d’analyse, règles de codage…) ;
- L’exploitation du matériel, qui correspond au découpage, regroupement,
comptage…
-- Le traitement et l’interprétation des résultats : analyses statistiques
descriptives simples (tableau de comparaison des fréquences, analyses factorielles,
analyses des correspondances) permettant de tester les hypothèses de départ.
Les principaux types d’analyses de contenu sont : l’analyse syntaxique (structure du
discours, temps et modes des verbes par exemple), l’analyse lexicale (nature et richesse
vocabulaire) et l’analyse thématique (découpage par thème). En sciences de gestion, nous
avons le plus souvent recours à des analyses thématiques. L’analyse de contenu
thématique se distingue de l’analyse de contenu syntaxique ou lexicale en ce sens qu’elle
se fonde sur des unités de sens ou de signification au lieu d’être réalisée à partir de la
construction du discours.
Bardin (1977) considère que l’analyse de contenu thématique consiste à découper et
classer les textes selon ces unités de sens ou thème qui sont ensuite regroupées en
catégories homogènes.
L’analyse de contenu mise en œuvre dans cette étude est une analyse manuelle
catégorielle de type thématique axée sur l’étude du nombre d’apparition de thèmes
61Objective : L'analyse doit procéder selon des règles et obéir à des consignes suffisamment claires et précises pour que des analystes différents, travaillant sur le même contenu, obtiennent les mêmes résultats. Il s'agit de considérer les données comme des objets susceptibles d'être étudiés scientifiquement, décrits, analysés, décomposés de toutes les manières utiles. 62Systématique : Tout le contenu doit être ordonné et intégré dans les catégories choisies, en fonction du but poursuivi. Des éléments d'information ayant trait à l'objectif ne doivent pas être laissés de côté. L'analyse doit être exhaustive, c'est-à-dire n'oubliant rien de son objet après l'avoir défini, et méthodique, c'est-à-dire soumise à des règles strictes, que l'on peut apprendre et transmettre. 63Quantitative : Le plus souvent, il s'agit de dénombrer des éléments significatifs et de calculer leur fréquence. Il s'agit d'aboutir à des évaluations aussi précises que possible.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
155
dans un texte ou ensemble de textes. Pour mesurer, le niveau de la divulgation volontaire
sur le capital immatériel, (structurel, relationnel et humain), nous n’avons considéré que
la forme narrative/texte (quantitative et qualitative). En effet, selon Beattie et al. (2002)
cette forme contient la quasi-totalité des informations volontairement divulguées et non
vérifiées dans les rapports annuels.
Les récits analysés dans notre étude comprennent le message du président directeur
général, le rapport de gestion, le rapport de développement durable (s’il fait partie du
rapport annuel), les sections sur la responsabilité sociétale de la firme, les légendes des
photos, etc. Par conséquent nous avons écarté, outre les autres formes de l’information
(tableaux, graphiques et les photos), les états financiers et le rapport du commissaire aux
comptes. Par conséquent, les informations à fournir, exigées par l’IAS 38 et devant
figurer au niveau des états financiers telles que les durées d’utilité, les taux et les modes
d’amortissement utilisés pour chaque catégorie d’immobilisations incorporelles ainsi que
le montant global des dépenses de recherche et développement comptabilisées en charges
de l’exercice ont été éliminées lors de notre étape de comptage. Par ailleurs, nous avons
analysé les sections exclues, dans le cadre d’une analyse de contrôle, et nous avons vérifié
qu’elles ne contiennent pas, le cas échéant, des informations volontairement divulguées
sur le capital immatériel.
La méthode d’analyse de contenu nécessite des étapes de catégorisation, de choix du
support de communication et de l’unité d’analyse.
11..22.. LLeess ééttaappeess tteecchhnniiqquueess ddee ll''aannaallyyssee ddee ccoonntteennuu
11..22..11.. LLaa ccaattééggoorriissaattiioonn
Une étape essentielle de la méthode d’analyse de contenu thématique est la sélection et le
développement des catégories d’informations dans lesquelles les unités de mesure
pouvant être classées. Grawitz (2001) définit les catégories comme étant « les rubriques
significatives, en fonction desquelles le contenu sera classé et éventuellement quantifié ».
Selon Grawitz (2001), les catégories doivent remplir plusieurs conditions techniques qui
sont :
L’exhaustivité : l'ensemble du contenu doit être classé en entier ;
L’exclusivité : les mêmes éléments ne doivent pas pouvoir appartenir à plusieurs
catégories ;
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
156
L’objectivité : les caractéristiques de la catégorie doivent être suffisamment
claires pour que différents codeurs classent les divers éléments du contenu dans
les mêmes catégories ;
La pertinences, c'est-à-dire en rapport à la fois avec l'objectif poursuivi et le
contenu que l'on traite.
Romelaer (2005, cité par Colle 2006) distingue plusieurs sortes d’analyse de contenu. Elle
peut être :
« formatée », lorsque les thèmes sont fixés avant l’analyse de contenu ;
« semi-formatée », lorsque une partie des thèmes est fixée avant l’analyse de
contenu, mais qu’il est possible d’en découvrir de nouveaux au cours de l’analyse ;
« ad hoc », lorsque les thèmes sont identifiés dans le matériau sans hypothèses
préalables ;
« complète et ad hoc », lorsqu’on identifie les thèmes de façon ad hoc, qu’on les
rassemble dans un dictionnaire de thèmes, puis qu’on effectue à nouveau l’analyse
des textes avec ce dictionnaire comme clé d’analyse.
S’inspirant des travaux de Svieby (1997) qui classe le capital immatériel en trois
catégories (structurel, relationnel et humain), Guthrie et Petty (2000) ont élaboré une
grille composée de 24 thèmes ou sous catégories présentée au niveau du tableau n°12.
Tableau 12 : La grille développée par Guthrie et Petty (2000)
Capital structurel Capital externe Capital humain
1- Brevets d'invention 9 Marques 19- Savoir-faire
2- Droits d’auteurs 10- Clients 20- Formation/éducation 3- Marques de fabrique 11- Fidélité de la clientèle 21-Qualifications professionnelles 4- Philosophie managériale 12- Canaux de distribution 22- Connaissances
professionnelles 5- Culture d'entreprise 13- Noms de compagnies 23- Compétences professionnelles 6- Processus de management
14- Partenariats 24- Esprit d’entreprise
7- Systèmes d'information 15- Contrats de licences 8- Systèmes en réseaux 16- Contrats favorables 17- Contrats de franchise
18- Relations financières
La grille de Guthrie et Petty (2000) a été le point de départ pour plusieurs auteurs
cherchant à classer et quantifier les informations sur le capital immatériel divulguées
dans les rapports annuels des entreprises.
Le tableau n°13 fournit à titre indicatif quelques travaux ayant utilisé cette grille.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
157
Tableau 13 : Les travaux ayant utilisé la grille de Guthrie et Petty (2000)
Auteurs Période Contexte Catégories d’informations
Guthrie et Petty 2000 Australie 24 items Svieby modifié (1997) April et al 2003 Afrique du sud 24 items de Guthrie et Petty (2000)
mais adapté au secteur public Brennan 2001 Irlande 24 items de Guthrie et Petty (2000) Bozzolan et al 2003 Italie 22 items de Guthrie et Petty (2000) Goh et Lim 2004 Malaisie 24 items de Guthrie et Petty (2000) Wong et Gardner
2004 Nouvelle Zélande 24 items de Guthrie et Petty (2000)
Si la revue de la littérature a permis d’identifier la grille de Guthrie et Petty (2000) pour
le classement des informations sur le capital immatériel, nous avons cherché, au cours de
nos premières lectures des rapports annuels à compléter l’apport de la littérature en
explorant de nouveaux thèmes spécifiques au contexte français. Pour cette raison, nous
avons effectué une analyse de contenu de type « semi-formatée » selon laquelle, les
catégories doivent provenir de deux sources : d'une certaine connaissance générale (la
littérature) et du document lui-même.
Dans le but de satisfaire à une condition fondamentale des catégories qui est, leur
exhaustivité, nous avons essayé d’adapter la grille de Guthrie et Petty (2000) au
contexte français. Pour ceci, nous avons intégré les items «innovation» et « R&D » au
niveau du capital structurel.
Toute information imposée par la loi échappe à l’objectif de cette étude. Seules les
informations fournies en excès par rapport aux exigences de la normalisation comptable
et du cadre légal seront codées. En effet, en vertu de la loi NRE, entrée en vigueur en
2002, les entreprises françaises cotées sont obligées, de publier dans leurs rapports
annuels des informations sur les conséquences sociales et environnementales de leurs
activités. Pour les données sociales, la loi NRE a exigé de fournir des informations sur les
ressources humaines telles que les rémunérations et leur évolution et la formation. Pour
ceci, nous avons décidé d’écarter l’item « formation » du capital humain.
Selon Guthrie et al. (2004), le dernier item du capital humain, à savoir, «esprit
d’entreprise » est une aptitude particulière qui permet à une personne d'être innovatrice,
proactive et réactive. De ce fait, nous avons jugé d’intégrer cet item sous les
« qualifications professionnelles » qui est un item plus général décrivant l’ensemble des
aptitudes des employés. De plus, pour mesurer, le niveau de la divulgation volontaire sur
le capital humain, Abeysekera et Guthrie (2004, 2005) ainsi que Firer et Williams (2005)
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
158
ont inclut l’item « satisfaction des employés » dans leur calcul de l’indice de divulgation.
Outre la présence de cet item dans les rapports annuels des entreprises françaises
composant notre échantillon, le respect de la condition d’exhaustivité des catégories
nous a amené à introduire la « satisfaction des employés » au niveau des items relatifs au
capital humain. La grille d’analyse utilisée dans cette étude fait l’objet du tableau n°14.
Tableau 14 : La grille de l’étude64
Capital structurel Capital relationnel Capital humain
1- Brevets d'invention 11- Marques 19- Savoir-faire
2- Droits d’auteurs 12- Clients 20-Qualifications professionnelles 3- Marques de fabrique 13- Fidélité de la clientèle 21- Connaissances professionnelles 4- Innovation 14- Canaux de distribution 22- Compétences professionnelles 5- R&D 15- Relations d’affaires 23- Satisfaction des employés 6- Philosophie managériale 16- Contrats de licences 7- Culture d'entreprise 17- Contrats de franchise 8- Processus de management
18- Relations financières
9- Systèmes d'information 10- Systèmes en réseaux
11..22..22.. LLee cchhooiixx dduu ssuuppppoorrtt ddee ccoommmmuunniiccaattiioonn
La quasi-totalité des travaux traitant la problématique de l’offre volontaire d’information
sur le capital immatériel ont fondé leur analyse sur le rapport annuel et une mesure
quantitative. Les arguments fournis dans la littérature pour justifier l’utilisation
exclusive des rapports annuels pour l’analyse de la divulgation sur le capital immatériel
sont les suivants :
- Un large degré de crédibilité lié à son caractère réglementaire : Neu et al. (1998)
confirment que le rapport annuel est le support de communication qui possède le plus
élevé degré de crédibilité. Nous entendons généralement par rapport annuel ce document
comprenant à la fois, des informations rendues obligatoires par la loi et les informations
que les entreprises ont décidé d’y insérer pour servir leur politique de communication.
Les rapports annuels ne sont pas tous organisés de la même manière. Toutefois, ils
doivent comporter les états financiers annuels consolidés (bilan, état de résultat, état de
flux de trésorerie et les notes annexes), le rapport de gestion émanant des dirigeants et le
rapport de l’auditeur. L’entreprise a la faculté d’ajouter au sein de ce rapport d’autres
éléments d’informations qui concernent notamment sa stratégie et sa gestion des actifs
immatériels.
64Voir annexes 2.1 et 2.2.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
159
- La large diffusion et la facilité d’accessibilité : dans le cas des entreprises françaises,
les rapports annuels sont distribués gratuitement par les grandes entreprises à leurs
actionnaires, aux analystes financiers, aux bibliothèques universitaires et aux tiers qui en
font la demande (Mikol 2000). De plus, ils sont accessibles directement sur le site
internet de chaque grande entreprise. D’après Ernst et Ernst (1978) la large distribution
du rapport annuel fait de celui-ci un forum particulièrement adapté à la diffusion.
- La cohérence du rapport annuel : Lang et Lundholm (1993) ont montré que le niveau
d'informations contenues dans le rapport annuel est significativement corrélé (0,62) avec
celui des autres supports de communication.
- La régularité de sa production : le rapport annuel fournit une information pertinente
sur la situation financière et les résultats de la firme. Cette information est adressée aux
actionnaires et à tous les autres utilisateurs. Elle leur permet de prendre des décisions
économiques et de contrôler le comportement des dirigeants. Ce contrôle est facilité par
la périodicité des rapports annuels. En effet, toute partie intéressée peut s’assurer que
pour chaque année et chaque entreprise, il y aura un rapport annuel fourni régulièrement.
Gray et al. (1995) confirment que le choix du rapport annuel dans la plupart des
recherches portant sur la divulgation sociétale se justifie par le fait qu’«il s’agit non
seulement d’un document réglementaire, diffusé avec régularité mais qui constitue ce que l’on peut
considérer comme le document le plus important en terme de construction par l’organisation de sa
propre représentation sociale».
11..22..33.. DDééffiinniittiioonn ddee ll’’uunniittéé dd’’aannaallyyssee ((uunniittéé ddee ccooddaaggee eett uunniittéé ddee mmeessuurree))
Gray et al. (1995) remarquent que la question de la mesure de l’information diffusée a été
débattue dans la littérature, posant la question de l’unité d’analyse pertinente : mot,
phrase, paragraphe ou portion de page. Les auteurs notent que les mots (Zéghal et
Ahmed 1990, Deegan et Gordon 1996), les phrases (Hackston et Milne 1996, Milne et
Adler 1999, Unerman 2000) et les pages (Gray et al. 1995) sont les unités les plus
utilisées dans l’analyse de la communication écrite. Les recherches théoriques et
empiriques n’ont pas présenté une justification probante du choix de l’une de ces trois
unités d’analyse.
Afin d’identifier l’unité d’analyse la plus fiable, Hackston et Milne (1996) testent trois
mesures différentes du volume d’information (mots, phrases, portions de page) et
obtiennent des résultats similaires. Toutefois, Unerman (2000) contredit les conclusions
de Hackston et Milne (1996) et avance que des techniques de mesure différentes peuvent
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
160
conduire à des impressions différentes quant à l’importance relative de chacune des
catégories. Milne et Adler (1999) et Gray et al. (1995) remarquent qu’il y a une grande
confusion dans la littérature en ce qui concerne l’unité d’analyse. La confusion se
rapporte à ce qui devrait constituer la base de codage (basis for coding) avec ce qui devrait
constituer la base de mesure ou de comptage (basis for measuring or counting) du niveau de
divulgation. Les auteurs remarquent que plusieurs études utilisent des unités de codage
et de mesure différentes sans aucune distinction (Brennan 2001, April et al. 2003).
Holsti (1969) décrit l’unité de mesure comme étant « le segment spécifique de contenu qui est
caractérisé par son affectation à une catégorie donnée »65. Il ajoute qu’il est impossible de
classer l’unité de mesure dans une catégorie, sans se référer au contexte dans lequel elle
apparaît. Par conséquent, l’auteur confirme la nécessité de choisir une unité de
classification ou de codage (context unit). L’auteur décrit l’unité de codage comme étant
« un corps de texte permettant de caractériser une unité de mesure »66. De même, Carney (1972)
pustule que l’unité de codage doit contenir l’unité de mesure et lui donner une
signification. Milne et Adler (1999) constatent que la seule étude qui procure une réelle
distinction est celle de Zéghal et Ahmed (1999). En effet, les auteurs utilisent la phrase
comme unité de codage mais le nombre de mots comme unité de mesure du niveau de
divulgation.
L’unité de codage : la phrase
Dans cette étude, nous avons retenu la phrase67 comme unité de codage. Ceci nous a
permis de découper le rapport annuel en un ensemble d’idées ayant un sens et une
signification précise. Plusieurs études ont utilisé d’autres unités de codage tel que le
paragraphe et le mot (Escaffre 2002). Toutefois, la plupart des chercheurs s’accordent sur
le fait que les phrases sont plus adaptées que les mots pour appréhender la signification
de l’information. Pour Milne et Adler (1999), les mots pris individuellement n’ont aucune
signification sans une ou plusieurs phrases replacées dans un contexte. De plus, la phrase
est plus convenable que le paragraphe qui regroupe plusieurs idées rendant sa
classification contestable.
L’unité de mesure : le mot (ou groupe de mots)
Concernant l’unité de mesure, plusieurs auteurs ont utilisé la phrase pour recenser les
informations divulguées sur les activités de R&D (Ding et Stolowy 2002, Ding et al.
65«The specific segment of content that is characterised by placing it into a given category» (Holsti, 1969). 66«The largest body of context that may be searched to characterise a recording unit» (Holsti, 1969). 67La phrase est définie comme «un groupe de mots formant un message complet» (Larousse, 1993).
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
161
2004, Entwistle 1999). Cependant, lors du déroulement de notre analyse de contenu,
nous avons constaté que ce choix pose des problèmes de classification dans les catégories
définies. En effet, nous avons trouvé que, dans la plupart des rapports annuels analysés,
une seule phrase contient souvent plusieurs mots ou groupes de mots visant
simultanément plusieurs catégories, ce qui rend la tâche de la détermination de la
catégorie appropriée difficile et trop subjective. A titre d’illustration, dans le rapport
annuel d’Accor (2006, p.22) figure la phrase suivante :
« Innovaccor est un programme accessible sur l’intranet Accor qui permet aux collaborateurs de proposer des idées permettant d’améliorer le service au client, l’organisation des équipes…».
Cette phrase peut être classée dans la catégorie capital structurel –systèmes
d’information suite à l’apparition des mots : Innovaccor et intranet et aussi classée dans la
catégorie capital relationnel – clients, en raison de l’utilisation du mot client.
Le rapport annuel de la société Renault (2006, p.16) contient la phrase suivante :
« Avec pour objectif de fidéliser ses actionnaires, Renault a mis en place des outils permanents de communication : rubrique Internet, adresse e-mail dédiée (communication.actionnaires@ renault.com).
Dans cette phrase, le groupe Renault cible le capital relationnel- relations financières en
raison de l’utilisation de l’expression fidéliser ses actionnaires et le capital structurel –
systèmes d’information suite à l’emploi des expressions outils de communication, internet et
adresse e-mail.
De même, l’Oréal (2006, p.50) divulgue la phrase suivante :
« L’intégration de The Body Shop renforce la capacité du groupe à s’adapter aux nouvelles aspirations des consommateurs ».
Il s’agit d’une seule phrase mais qui évoque simultanément deux composantes du capital
immatériel : le capital structurel – systèmes en réseaux (The Body Shop) et le capital
relationnel- clients (aspirations des consommateurs).
Par ailleurs, nous avons trouvé aussi qu’une seule phrase, même si elle concerne une seule
catégorie ou composante du capital immatériel, elle peut contenir plusieurs items de cette
catégorie. Par exemple, la société France télécom (2006, p.68) a publié la phrase
suivante :
« Le Groupe met tout en œuvre... pour permettre à ses salariés de valoriser leur savoir-faire et de développer leurs compétences et leurs qualifications tout au long de leur vie professionnelle».
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
162
Il s’agit d’une seule phrase mais qui évoque trois items du capital humain en même
temps : savoir-faire, les compétences et les qualifications professionnelles.
En conséquence, l’utilisation de la phrase comme unité de mesure fait défaut à une
condition fondamentale des catégories, à savoir leur exclusivité stipulant que les mêmes
phrases ne doivent pas appartenir à plusieurs catégories en même temps.
Le choix de la phrase comme une unité de mesure de la divulgation d’information sur les
activités de R&D opéré par Ding et Stolowy (2002), Ding et al. (2004) et Entwistle
(1999) est dicté par l’objectif de leur analyse. En effet, les auteurs ne visent que
l’information relative à la R&D : une seule composante du capital immatériel ou un seul
thème parmi d’autres, composant notre grille d’analyse. Le recensement d’un seul item
écarte le problème d’appartenance de la phrase à plusieurs catégories. Toutefois, ce
problème s’accentue au niveau de notre recherche en raison de la diversité des items
relevant du champ de l’immatériel utilisés.
De ce fait, nous avons jugé que le mot (ou groupe de mots) placé dans une phrase (idée)
permet de mieux dénombrer l’apparition de chaque item dans le rapport annuel. Le mot
(ou groupe de mots) est l’unité de mesure la plus adaptée à notre objectif du fait qu’elle
réduit au maximum la subjectivité des codeurs (Krippendorff , 1980).
Le nombre de mots a été également retenu par Li et al. (2008), Sonnier et al. (2008) et
Bozzolan et al. (2006) pour mesurer le volume de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel. Li et al. (2008) justifient ce choix en confirmant que l’utilisation d’un score
qui attribue la valeur 1 à l’item s’il est divulgué et 0 sinon est critiquée parce qu'il traite
la divulgation des items de la même manière. Autrement dit, la méthode du score
n'indique pas le degré de l’importance accordée à un item particulier. En effet, l’auteur
adoptant la méthode de score traite une apparition unique ou multiple du thème de la
même manière.
En résumé, nous avons retenu la phrase comme unité de codage mais le mot comme unité
de mesure du niveau de divulgation de l’information sur le capital immatériel. Notre
choix est identique à celui opéré par Zéghal et Ahmed (1999) lorsqu’ils voulaient mesurer
l’ampleur de l’information sociétale divulguée par des firmes canadiennes. Par ailleurs,
pour enrichir notre analyse empirique, nous avons décomposé la variable dépendante
principale qui est le niveau de la divulgation volontaire d’information sur le capital
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
163
immatériel en trois variables secondaires mesurant respectivement le niveau de
divulgation sur le capital structurel, relationnel et humain68.
En définitive, nos variables à expliquer, sont mesurées par le nombre de mots ou groupes
de mots relatifs au capital immatériel, structurel, relationnel et humain. Elles se
définissent alors comme des variables de comptage qui ne peuvent prendre que des
valeurs entières et positives variant entre 0 et N (N étant un entier naturel).
11..22..44.. LLaa ffiiaabbiilliittéé ddee ll’’aannaallyyssee ddee ccoonntteennuu eett llaa pprrooccéédduurree dduu ccooddaaggee
L'analyse de contenu est utile car elle est la technique qui permet de décortiquer et de
comprendre, au-delà de leur signification première, les communications humaines. Selon
Grawitz (2001), «Elle permet, en quantifiant ce matériel symbolique que sont les mots, les
expressions, le langage, de comparer des groupes de fait ».
Cependant, cette analyse peut souffrir de la subjectivité puisqu’elle dépend du jugement
et de l’interprétation des codeurs (Weber 1990). A ce niveau Grawitz (2001) rappelle que
l'analyse de contenu ne vaut que par la valeur des catégories émergentes : «La valeur
d'une analyse de contenu dépend de la qualité de la conceptualisation faite a priori par le
chercheur, de l'exactitude avec laquelle elle se traduira en variables, du schéma d'analyse ou
catégories».
Guthrie et al. (2004) avancent que très peu d’études ont évoqué les limites de l’analyse de
contenu, dont la principale est la subjectivité du codage. Les auteurs ajoutent que les
chercheurs ont besoin de démontrer la fiabilité des données pour pouvoir généraliser les
résultats de leurs études. Pour faire face à cette subjectivité et valider la fiabilité des
résultats issus de l’analyse de contenu, Milne et Adler (1999) suggèrent que le chercheur
ou l’investigateur doive avoir recours à plusieurs codeurs et s’assurer que les
contradictions entre ces codeurs sont minimes.
Krippendorff (1980) distingue trois niveaux de fiabilité : l’exactitude (accuracy), la
reproduction (reproducibility) et la stabilité (stability). Afin de vérifier la fiabilité des
résultats de notre analyse de contenu, nous avons adopté la procédure de Bozzolan et al.
(2003) qui ont fait référence, dans leur étude, aux trois dimensions de la fiabilité évoquées
par Krippendorff (1980).
68La décomposition du capital immatériel en capital structurel, relationnel et humain a été fondée sur une revue de la littérature présentée au niveau du chapitre introductif de la première partie.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
164
En premier lieu, pour assurer l’exactitude de notre analyse, nous avons fait appel à un
deuxième codeur69 (Hackston et Milne 1996, Milne et Adler 1999, Bozzolan et al. 2003,
Guthrie et al. 2004 ; Wong et Gardner 2005, Woodcock et Whiting 2009) et nous avons
défini la procédure de codage suivante :
- Elaboration des notes explicatives sur le contenu de chaque catégorie/item et la
préparation et discussion des mots ou locutions pouvant être codées dans chaque
catégorie/item avant le début de l'analyse.
- Le découpage, par un codeur, de chaque rapport annuel en unités de codage
(phrases).
- L’analyse simultanément de cinq rapports par deux codeurs afin de détecter des
divergences potentielles entre les deux codeurs et standardiser, par conséquent, la
classification dans les catégories appropriées.
En deuxième lieu, pour assurer la reproductibilité, c'est-à-dire la conformité des
résultats de l’analyse de contenu des rapports annuels lorsque plusieurs codeurs
interviennent, chacun des deux codeurs a analysé cinq rapports annuels, en même temps.
Nous avons apprécié la reproductibilité de l’analyse à l’aide de la statistique Krippendorff
alpha70. Cette dernière est la plus défendue dans la littérature pour l’appréciation de la
fiabilité de l’analyse de contenu, notamment pour la mesure de l’ampleur de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel (White et al. 2007, Whiting et Miller
2008, Woodcock et Whiting 2009). Les résultats définitifs de notre analyse de contenu
affichent un coefficient Krippendorff’s alpha égal à 0.83. De ce fait, nous jugeons que la
reproductibilité de notre analyse est bonne. En effet, le coefficient admet une valeur
supérieure au seuil minimum d’acceptation qui est égal à 0.75 (Milne et Adler 1999).
Enfin, pour assurer la stabilité, c'est-à-dire la capacité du codeur à maintenir dans le
temps la même manière d’analyse (Milne et Adler 1999), chaque codeur a analysé les
même cinq rapports annuels après trois semaines. Le degré de la stabilité est également
apprécié par la statistique Krippendorff alpha. Les résultats de notre analyse de contenu
affichent un coefficient Krippendorff’s alpha égal à 0.89. De ce fait nous jugeons que la
stabilité de notre analyse est aussi bonne.
69 Notre choix du deuxième codeur a été guidé par une bonne connaissance du domaine (les immatériels) et la maitrise de la technique et outils utilisés. Outre un niveau de connaissances exigé au début (Avoir le diplôme de mastère), il fallait passer par des séances de formation (expliquer les unités d’analyse, le système des catégories,…), confrontation (confronter les premières analyses et discuter des différences) et d’entraînement (faire des exercices successifs pour augmenter la fidélité, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’ambiguïté, c'est-à-dire que la technique a été bien comprise). 70D’autres tests ont été utilisés dans des études antérieures afin de mesurer la fiabilité des analyses de contenu tels que le test de Holsti, Scott's pi et Cohen's kappa.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
165
22.. LLeess vvaarriiaabblleess iinnddééppeennddaanntteess
22..11.. LLeess vvaarriiaabblleess rreellaattiivveess àà ll’’aarrgguummeenntt ddee ll’’uuttiilliittéé ffiinnaanncciièèrree
22..11..11.. LLeess vvaarriiaabblleess rreellaattiivveess aauuxx ccooûûttss dd’’aaggeennccee
22..11..11..11.. LLaa pprrooppoorrttiioonn dduu ccaappiittaall ddéétteennuuee ppaarr lleess ddiirriiggeeaannttss
Plus le capital est ouvert, plus les conflits d’agence sont élevés. Ainsi, nous retenons la
proportion du capital détenue par les dirigeants comme variable représentant le degré de
la séparation entre la propriété et le contrôle de la firme (Williams et Firer 2003) :
La part du capital détenue par les dirigeants
22..11..11..22.. LLaa ttaaiillllee ddee llaa ffiirrmmee
Une deuxième hypothèse découlant de la théorie d’agence est que les coûts d’agence
augmentent avec la taille. Cette dernière peut révéler le degré d’asymétrie d’information
et d’opacité de la firme (Berger et Udell 2002). En effet, selon Jensen et Meckling (1976),
le contrôle (monitiring) devient plus difficile et couteux dans les grandes firmes.
Pour mesurer cette variable, nous avons utilisé le montant total de l’actif comptable.
Cependant, pour pallier la variabilité des résultats due à la présence d’entreprises dont les
tailles sont largement diverses ; C’est-à-dire pour réduire l’amplitude de la variable taille
pour les grandes entreprises et pour réduire l’hétéroscédasticité et l’étalement qui
pourrait résulter de certains points extrêmes, nous avons lissé l’effet de cette variable en
utilisant son log décimal. Ainsi la taille est mesurée par :
Le logarithme en base 10 de l'actif comptable.
22..11..11..33.. LL’’eennddeetttteemmeenntt
Le niveau d'endettement de l'entreprise peut avoir un impact sur sa stratégie de
communication. Les créanciers ont besoin de toute l'information pour analyser la
situation financière d'une entreprise afin d'apprécier le risque qu'ils prennent lors de
l'octroi d'un crédit ou pour l'accord d'un prêt. Le rôle des dirigeants (agissant pour le
compte des actionnaires) est de rassurer les créanciers en communiquant davantage sur
les opérations susceptibles d'avoir des effets positifs sur la trésorerie future de
l'entreprise. Selon la théorie de l’agence, le recours à l’endettement fait naitre des
conflits d’intérêts entre créanciers et actionnaires et par conséquent les coûts d’agence
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
166
sont plus élevés pour les firmes faisant appel au financement extérieur. Par ailleurs,
l’endettement peut constituer un mécanisme de coutrôle, susceptible de réduire les
conflits d’agence entre actionnaires et dirigeants.
Plusieurs mesures de l’endettement ont été proposées dans la littérature. Rajan et
Zingales (1995) avancent que le choix de mesure de l’endettement dépend de l’objectif de
l’analyse. Deakin (1979), Dhaliwal (1980), Lilien et Pastena (1982), Johnson et Ramanan
(1988) ont utilisé le ratio Dettes totales/Capitaux propres pour mesurer le niveau
d'endettement de l'entreprise. Dumontier et Raffournier (1998) ont utilisé le ratio Dettes
à long terme/Fonds propres et le ratio Dettes à long terme /Actif total. Dans cette étude, le
niveau d’endettement est mesuré par le ratio :
Dettes à long terme/ Capitaux propres
22..11..22.. LLeess vvaarriiaabblleess rreellaattiivveess àà llaa ppeerrffoorrmmaannccee ddee llaa ffiirrmmee
Dans cette étude nous avons utilisé deux dimensions de la performance : comptable (ou
financière) et boursière.
22..11..22..11.. LLaa ppeerrffoorrmmaannccee bboouurrssiièèrree
La notion de performance boursière renvoie à la valeur du marché des titres et à l’écart
entre cette valeur et la valeur comptable de la firme. Plusieurs ratios ont été évoqués
dans la littérature comme mesures du rapport valeur de marché et valeur comptable tels
que le ratio Market-to-book, le Q de Tobin ou encore le ratio de Marris.
Charreaux (1991) précise que ces deux derniers ratios « constituent deux mesures ex-ante de
la performance s’ils sont évalués à partir de la valeur du marché de la firme constatée
actuellement. Cette valeur est fonction des anticipations, notamment de croissance et de rentabilité
et que le Q de Tobin ainsi que le ratio de Marris reflètent une performance attendue ».
Dans cette étude, nous avons retenu le Q de Tobin comme mesure de la performance
boursière et ce pour deux raisons.
La première raison est que l’utilisation du Q de Tobin, comme indicateur de performance
boursière (et des opportunités d’investissement rentables) est très fréquente dans la
littérature (Morck et al. 1988). En effet, Wernerfelt et Montgomery (1988, cité par
Thibierge 1997) postulent que « le q de Tobin, qui rapporte une valeur de marché à une valeur
économique, consiste à mesurer la différence entre la valeur actuelle d'une entreprise (valeur de
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
167
marché, ou output) et la valeur initiale des ressources ayant servi à créer l'entreprise (valeur
comptable, historique, ou input). Selon eux, le q de Tobin est donc une mesure de la performance de
la firme depuis sa création ». La deuxième raison est que le Q de Tobin est souvent utilisé
comme un indicateur du capital immatériel de l'entreprise. En effet, certains auteurs
considèrent que ce ratio indique la présence d'éléments incorporels valorisés par le
marché mais qui ne figurent pas dans les états financiers (Cockburn et Griliches71 1988,
Chung et Pruitt 1996, cité par Thibierge 1997). Cette approche est retenue dans la
plupart des études actuelles qui montrent une corrélation forte entre le Q de Tobin et les
dépenses immatérielles des entreprises, que ce soient les frais de R&D ou les dépenses de
publicité (Hirschey et Weygandt 1985, cité par Thibierge 1997).
Pour notre analyse, nous avons retenu une approximation72 du Q de Tobin, calculée
comme suit (Chung et Pruitt 1994)73:
Q de Tobin = [Capitalisation boursière+ valeur comptable des dettes]/ Actif comptable.
22..11..22..22.. LLaa ppeerrffoorrmmaannccee ccoommppttaabbllee oouu ffiinnaanncciièèrree
Dans les recherches antérieures et afin d’appréhender la performance des entreprises, les
auteurs ont utilisé une panoplie d’indicateurs, basés sur des chiffres comptables. Nous
trouvons par exemple :
- La rentabilité des capitaux propres (ROE) mesurée par le ratio Résultat
net/Capitaux propres (Roberts 1992) ;
- La rentabilité des actifs ou économique (ROA) mesurée par le ratio Résultat
d’exploitation/ Total des actifs (Berman et al. 1999)
Au départ, nous avons retenu les deux mesures de la performance (ROE et ROA).
Cependant une analyse en corrélation a révélé une relation positive et significative entre
ces deux ratios. Cette forte corrélation indique que les deux mesures contiennent la
71Cockburn et Griliches (1988) analysent les variations de valeur des entreprises en fonction de leurs dépenses de R&D actuelles et passées, ainsi que du nombre de brevets déposés. Ils utilisent pour cela le Q de Tobin, qu'ils considèrent comme étant la mesure du capital immatériel d'une entreprise. 72Le Q de Tobin est définit comme le rapport de la valeur de marché d’une firme à la valeur de remplacement de ses actifs, définit comme le rapport de la valeur de marché d’une firme à la valeur de remplacement de ses actifs. La mesure utilisée dans notre étude n’est qu’une approximation du Q de Tobin. En effet, la détermination de la valeur de marché de l’actif suppose la détention d’informations dont nous ne disposons pas. Toutefois, en utilisant la base de données développée par le National Bureau of Economic Research sur les entreprises du secteur industriel aux Etats-Unis sur les années 1978 à 1987, calculant notamment des Q de Tobin, Chung et Pruitt (1994) montrent qu’une telle approximation explique plus de 95% de ceux-ci. Cette approximation est par ailleurs très fréquente dans la littérature empirique en finance. 73La capitalisation boursière d’une société est la valeur de marché de ses capitaux propres. Elle résulte de la multiplication du nombre d’actions composant le capital de la société par le cours de bourse (Pierre Vernimmen "Finance d’Entreprise", pages 354 et 489).
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
168
même information. Afin d’éviter un problème de multicolinéarité nous avons choisi,
comme indicateur de la performance financière, la rentabilité des capitaux propres
mesurée par le ratio :
Résultat net/Capitaux propres
22..22.. LLeess vvaarriiaabblleess rreellaattiivveess àà ll’’aarrgguummeenntt ddee llaa llééggiittiimmaattiioonn
22..22..11.. LL’’ââggee ddee llaa ffiirrmmee
Nous avons montré, au niveau des développements théoriques, qu’une offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel est un moyen permettant aux jeunes
organisations d’acquérir un niveau plus élevé de légitimité en montrant à la communauté
qu’elles respectent les normes et les valeurs établies.
L’âge de la firme est mesuré par :
Le nombre d’années écoulées entre sa date de création et l’année 2006
22..22..22.. LLee ssttaattuutt ddee ccoottaattiioonn
Une entreprise cotée sur un marché étranger n’a pas les mêmes interlocuteurs qu’une
entreprise cotée sur le seul marché local.
Dans notre étude, nous avons retenu comme variable représentative du statut de cotation
(degré d’internationalisation), la cotation sur un marché américain. Comme le souligne
Lev (1999), les Etats-Unis ont la réglementation la plus stricte en matière de
comptabilisation et de communication sur les actifs immatériels (notamment, la R&D).
De même, Ding et Stolowy (2002) avancent que les marchés anglo-saxons sont plus
développés que les marchés continentaux et les obligations en termes de communication
d’information aux actionnaires sont plus contraignantes.
Dans cette étude, le statut de cotation est appréhendé par une variable dichotomique qui :
Prend la valeur 1 si la société est cotée simultanément sur le marché français et sur l’un
des marchés américains suivants : NYSE, AMEX ou NASDAQ et 0 si la société n’est
cotée que sur le marché français.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
169
22..22..33.. LL’’iinnttéérrêêtt ppoorrttéé aauuxx pprreessssiioonnss ddeess ppaarrttiieess pprreennaanntteess
Avant de mesurer l’intérêt porté aux pressions des parties prenantes, nous devons tout
d’abord les identifier. Plusieurs auteurs ont essayé de classifier les parties prenantes
(Carroll 1995, Clarkson 1995, Mitchell et al. 1997, Pelle-Culpin 1998, Friedman et Miles
2002, Pesqueux 2002). Dans le cadre de cette étude, nous avons choisi la classification de
Pesqueux (2002). En effet, cette dernière est l’unique élaborée en France et qui se base
sur la relation contractuelle avec les parties prenantes. Pesqueux (2002) distingue entre :
- Parties prenantes contractuelles : qui concernent les acteurs en relation directe
et déterminée contractuellement, comme son nom l’indique avec l’entreprise :
clients, fournisseurs, personnel, actionnaires et autres (assureurs, collaborateurs,
partenaires commerciaux, etc.) ;
- Parties prenantes diffuses : qui sont les acteurs situés autour de l’entreprise qui
peuvent affecter ou être affectés par l’activité de l’entreprise sans pour autant se
trouver en lien contractuel : autorité publique, collectivité locale, associations et
ONG, opinion publique et autres (riverains, media, acteurs sociaux, chambre de
commerce, autres entreprises, etc.).
Le tableau n°15 présente la classification des PP élaborée par Pesqueux (2002).
Tableau 15 : Les parties prenantes selon la classification de Pesqueux (2002)
Parties prenantes contractuelles Parties prenantes diffuses
1- Clients 2- Fournisseurs 3- Personnel 4- Actionnaires 5-Autres (assureurs, collaborateurs, partenaires commerciaux, etc.)
1- Autorité publique 2- Collectivité locale 3- Associations et ONG 4- Opinion publique 5-Autres (riverains, media, acteurs sociaux, chambre de commerce, etc.).
Pour mesurer l’intérêt porté aux pressions des parties prenantes, nous avons adopté la
méthodologie utilisée par Damak-Ayadi et Pesqueux (2003) dans leur étude portant sur
l’offre volontaire d’information sociétale en France.
Notre méthodologie est fondée sur l'idée de Mitchell et al. (1997), stipulant que
« l’importance des parties prenantes est le degré d’attention que les directeurs accordent aux
réclamations de chaque groupe». Par conséquent, afin de mesurer l’importance des parties
prenantes pour une entreprise, nous avons effectué une analyse approfondie des
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
170
«messages du président »74 dans les rapports annuels. Le choix d’une telle analyse est
justifié du fait que la lettre provenant du Président ou PDG permet d’évaluer l’attention
que portent les directeurs aux différentes parties prenantes.
D'Aveni et Mac Millan (1990, cité par Chekkar 2005) analysent les lettres aux
actionnaires dans les rapports annuels de 114 sociétés pour évaluer l'attention accordée
par les dirigeants des entreprises en faillite à l'environnement interne et externe. Les
auteurs notent que les messages du Président constituent un bon indicateur car ils
reflètent les perceptions des dirigeants.
Fiol (1989, cité par Chekkar 2005) confirme que les «lettres aux actionnaires»
communiquent directement sur les faits d’une entreprise, elles publient aussi
implicitement sur les croyances de l’organisation et ses relations avec l'environnement.
Selon Kohut et Segars (1992, cité par Chekkar 2005), les études antérieures ont montré
que les investisseurs trouvent le mot du Président intéressant et utile. Même si les états
financiers sont les éléments les plus influençables pour la prise de décision
d’investissement, le mot du président constitue la section du rapport annuel la plus
largement lue.
Guimard (1995, cité par Chekkar 2005) confirme que « le message du Président est une
tribune sans pareil pour rappeler les grands axes de la stratégie de l'entreprise. Il y reprend les
principaux évènements qui ont jalonné la vie de la société pendant l'année, en n'omettant pas de les
replacer dans l'environnement économique général ».
Dans notre étude, la variable appréhendant l’intérêt porté aux pressions des parties
prenantes contractuelles :
Prend des valeurs allant de 0 à 5. Pour chaque partie prenante évoquée dans le message de
la direction, la variable augmente d’une unité. Ainsi, le score de cette variable peut être
égal à 0, 1, 2, 3, 4 ou 5.
Nous avons procédé de la même manière pour mesurer l’intérêt porté aux pressions des
parties prenantes diffuses.
22..33.. LLaa vvaarriiaabbllee rreellaattiivvee aauu sseecctteeuurr dd’’aaccttiivviittéé
Le secteur d'activité a été considéré dans la littérature de différentes manières. Certaines
études utilisent une variable dichotomique pour séparer un secteur particulier des autres.
74Certains auteurs l’appellent "lettres aux actionnaires" (D'Aveni et Mac Millan 1990)
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
171
Toutefois, d’autres études analysent un ensemble de secteurs représentés chacun par une
muette (Dummy) (Ding et Stolowy 2002).
Dans notre étude, nous avons opté pour la première mesure. Ainsi, nous avons scindé
notre échantillon en deux groupes : un premier composé de firmes appartenant à un
secteur de haute technologie et un deuxième groupe constitué par des firmes appartenant
à un secteur traditionnel. Pour identifier les secteurs qui appartiennent à la haute
technologie, nous nous sommes basés sur la classification internationale de l’OCDE
remise à jour en 1994 et fondée sur l’intensité des dépenses de recherche et
développement dans le processus de production.
L’OCDE a rassemblé les industries comme suit :
- Industries de haute technologie : industrie aérospatiale, industrie de machines de
bureau et de matériel informatique, industrie des composants électroniques,
industrie pharmaceutique, industrie des instruments médicaux, de précision,
d’optique et d’horlogerie.
- Industries de moyenne-haute technologie : matériel professionnel, véhicule
automobiles, machines électriques (sauf communication), produits chimiques (sauf
pharmacie), autres matériels de transports.
- Industries de moyenne-faible technologie : industries de caoutchouc et du
plastique, construction navale, autres industries manufacturières, métaux non
ferreux, produits minéraux non métalliques, ouvrages en métaux, raffineries de
pétrole, sidérurgie.
- Industries de faible technologie : papier, imprimerie et édition, textiles,
habillement et cuir, alimentation, boisson et tabac, bois et meubles.
Pour notre échantillon et sur la base de la classification de l‘OCDE, les secteurs suivants
sont considérés comme ceux de la haute technologie : aérospatiale, machines de bureau et
matériel informatique, électronique- communication et pharmaceutique.
Le tableau n°16 montre que prés de 44% des firmes de l’échantillon appartiennent à un
secteur de haute technologie contre 56% qui opèrent dans un secteur traditionnel.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
172
Tableau 16 : Classification des firmes selon le critère de haute technologie
Secteur d’activité Nombre de sociétés % dans l’échantillon
Secteur de haute technologie 24 43,63%
Aérospatial et défense 2 3,63% Informatique et télécommunications 4 7,27% Équipements électriques et électroniques 12 21,81% Chimie, pharmacie et santé 6 10,90%
Secteur traditionnel 31 56,36%
Automobile et équipementiers 5 9,09% Biens de consommation 2 3,63% Construction et matériaux de construction 3 5,45% Distribution 2 3,63% Loisirs et hôtellerie 3 5,45% Médias et divertissements 5 9,09% Energie, pétrole et gaz 5 9,09% Services 6 10,90%
Total 55 100%
Ainsi, le secteur d’activité est représenté par une variable dichotomique qui :
Prend la valeur 1 si la société appartient à un secteur de haute technologie et 0 si elle
appartient à un secteur traditionnel
22..44.. LLaa vvaarriiaabbllee rreellaattiivvee aauuxx ccoonnttrraaiinntteess ddee ddiivvuullggaattiioonn :: llaa pprreessssiioonn
ccoonnccuurrrreennttiieellllee
Les coûts indirects supportés par les entreprises sont liés à l’externalité de l’information.
La pression concurrentielle qui s’exerce à l’intérieur d’un secteur peut freiner la
publication de certaines données (Verrechia 1983).
En étudiant la relation entre la diffusion d'informations sectorielles et l'état de la
concurrence du secteur, Leuz (1999) utilise l'intensité capitalistique (mesurée par le ratio
Immobilisations corporelles brutes/Actif total brut) comme proxy des barrières à l'entrée sur
un échantillon d'entreprises allemandes opérant dans des divers secteurs d'activité.
L'auteur confirme que les firmes adoptent une stratégie d'information complète lorsque
les barrières à l'entrée sont élevées.
L’objectif de notre recherche porte sur la divulgation d’information « immatérielle » au
sein d’un échantillon composé, en partie, par des firmes appartenant à des secteurs de
haute technologie qui investissent fortement dans des activités immatérielles, ainsi
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
173
l’utilisation d’un ratio qui n’intègre que les immobilisations corporelles pour approcher la
pression concurrentielle parait critiquable. De ce fait, en se basant sur l’affirmation de
Dietsch (2007) selon laquelle il « associe l’existence du pouvoir économique au nombre de
concurrents», nous avons mesuré la pression concurrentielle par le nombre de concurrents
potentiels75 opérant dans le même secteur d’activité.
En effet, Dietsch (2007) ajoute que plus ce nombre est grand, plus les concurrents sont
petits, plus leur rivalité est forte, et plus la concurrence est vigoureuse. Plusieurs
chercheurs ont mesuré l’intensité concurrentielle par le nombre des concurrents (Baum
et Korn 1996, 1999, Barnett 1993). Jullien (2001) confirme que l'ampleur du pouvoir de
marché des entreprises dépend du nombre de concurrents présents sur le marché.
S’inspirant des travaux de Chen (1996), Muller (2002) confirme que l’intensité
concurrentielle reflète le nombre d’entreprises qui sont en concurrence sur le marché.
S’agissant de concurrents potentiels, nous avons choisi les entreprises appartenant à la
même population (indice SBF120) et nous avons dénombré, pour chaque secteur, les
firmes qui y opèrent. Les entreprises de notre échantillon appartiennent à douze secteurs
d’activité (aérospatial et défense, automobile et équipementiers, chimie, pharmacie et
santé, équipements électriques et électroniques, loisirs et hôtellerie, Energie, pétrole et
gaz, informatique et télécommunications…).. Ainsi, la pression concurrentielle de chaque
firme est mesurée par :
Le nombre de concurrents opérant dans le même secteur d’activité
33.. LLeess vvaarriiaabblleess ddee ccoonnttrrôôllee
Les variables de contrôle sont des variables intermédiaires qu'il faut parfois introduire
dans le cadre opératoire parce qu'elles conditionnent la relation entre les variables
indépendantes et la variable dépendante.
75 Pour mesurer la pression concurrentielle, nous avons considéré au début que le nombre de concurrents est celui de toutes les entreprises du secteur. Mais réellement nous avons trouvé beaucoup de difficultés dans la détermination du nombre des firmes qui opèrent dans le même secteur. Tout d’abord, une difficulté dans la détermination du secteur approprié. En effet, la même firme peut être classée dans plusieurs secteurs si nous changeons de source d’information. De plus, pour un même secteur, le nombre d’entreprise diffère d’une source à une autre. Nous nous sommes trouvés dans l’impossibilité d’attribuer une mesure fiable à cette variable. Pour ceci, nous avons décidé de construire notre propre approche de mesure en nous focalisant sur de critères qui sont le nombre de concurrents et la part du marché. Pour ceci, nous avons pris comme population les entreprises appartenant à l’indice SBF120. Puis nous avons classé les firmes par secteur d’activité. Pour ce faire, nous nous sommes basés sur la classification internationale de l’OCDE remise à jour en 1994 et fondée sur l’intensité des dépenses de R&D dans le processus de production (cette classification est déjà utilisée pour mesurer notre variable relative au secteur d’activité). Cette approche permet de mesurer d’une manière relativement plus fiable et exacte le nombre de concurrents potentiels qui peuvent exercer une influence sur la firme étant donné qu’ils détiennent une grande part du marché.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
174
Dans cette étude, nous avons retenu l’intensité des immatériels activés comme variables
de contrôle. En effet, en se basant sur la théorie des signaux, plus les investissements
immatériels sont importants, plus la firme est incitée à divulguer pour faire valoir ses
efforts dans le développement et l'évolution de son capital immatériel, d’autant plus que
ces investissements sont pour la plus part non reconnus par le référentiel comptable.
L'intensité des investissements immatériels est le facteur à priori le plus étroitement lié
au niveau de la divulgation sur le capital immatériel. Plusieurs auteurs ont mis en
évidence une association positive entre le niveau de la communication sur les intangibles,
d’une part et l’intensité de la R&D (Entwistle 1999, Zéghal et al. 2007), les dépenses en
intangibles (Gelb 2000) et les actifs intangibles (Vergauwen et al. 2007, cité par Zéghal et
Maaloul 2010), d’autre part. Ainsi, plus cette intensité est élevée, plus une information
extra-comptable sur les éléments incorporels constitue une préoccupation croissante des
investisseurs.
Dans cette étude, l’intensité des immatériels activés est mesurée par deux indicateurs qui
sont :
Le poids des actifs immatériels mesuré par le ratio Immobilisations
incorporelles/actif total
Le poids du goodwill activé mesuré par le ratio Ecart d’acquisition/actif total
Le tableau n°17 résume les variables dépendantes et indépendantes de l’étude ainsi que
leurs indicateurs de mesure.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
Tableau 17 : Variables dépendantes et indépendantes de l’étude
Concepts théoriques Concepts opératoires Codage Indicateurs de mesure
Variable dépendante
La divulgation volontaire sur le capital immatériel
Le niveau de la divulgation volontaire sur le capital immatériel
INF_CI Nombre de mots (ou groupes de mots) divulgués sur le capital immatériel
Le niveau de la divulgation volontaire sur le capital structurel
INF_ST Nombre de mots (ou groupes de mots) divulgués sur le capital structurel
Le niveau de la divulgation volontaire sur le capital relationnel
INF_RE Nombre de mots (ou groupes de mots) divulgués sur le capital relationnel
Le niveau de la divulgation volontaire sur le capital humain
INF_HU Nombre de mots (ou groupes de mots) divulgués sur le capital humain
Variables indépendantes
Variables relatives à l’argument de l’utilité financière
Coûts d’agence La structure de propriété P_DIR La part du capital détenue par les dirigeants
Taille de la firme LOG_TA Le log en base 10 de l'actif comptable
L’endettement ENDT Dettes à long terme / Capitaux propres
Performance
La performance boursière Q_TOBIN [Capitalisation boursière+ valeur comptable des dettes]/ Actif comptable.
La performance financière ROE Résultat net/ Capitaux propres
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
Variables relatives à l’argument de la légitimation
Légitimité Age de la firme AGE Nombre d’années écoulées entre la date la création et l’année 2006
Statut de cotation COT_AM Variable dichotomique prend la valeur 1 si la société est cotée simultanément sur les marchés français et américain et 0 sinon.
Pressions des parties prenantes
L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes contractuelles
PPC Le nombre de parties prenantes contractuelles évoquées dans le discours du PDG
L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes diffuses
PPD Le nombre de parties prenantes diffuses évoquées dans le discours du PDG
Secteur d’activité Secteur d’activité HT Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme opère dans un secteur de haute technologie et 0 sinon
Coûts indirects de la divulgation
Pression concurrentielle P_CCE Le nombre de concurrents opérants dans le même secteur d’activité
Variables de contrôle
Intensité des immatériels activés
Le poids des actifs immatériels INC_AT Immobilisations incorporelles/ Actif total
Le poids du goodwill activé GDW_AT Ecart d’acquisition/Actif total
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
177
SSOOUUSS SSEECCTTIIOONN 33 :: MMOODDÈÈLLEESS EETT OOUUTTIILLSS SSTTAATTIISSTTIIQQUUEESS RREETTEENNUUSS
L'objet de la méthodologie statistique est de visualiser à la fois l'ensemble des données et
les relations qui existent entre elles. Bardin (1977) précise que la méthode de l’analyse de
contenu remplit deux fonctions : la première est une fonction heuristique qui enrichit une
approche de découverte exploratoire : c'est l'analyse de contenu «pour voir ou
comprendre». La seconde fonction s’inscrit dans une démarche déductive selon laquelle
l’analyse de contenu fournit des indicateurs quantitatifs et qualitatifs permettant de
valider des hypothèses de recherche.
Rappelons que l’objectif de notre étude est double : explorer, dans un premier temps, le
niveau, la nature et la structure des informations publiées sur le capital immatériel et
identifier, dans un deuxième temps les déterminants de l’offre volontaire d’informations
sur les immatériels en nous focalisant sur la relation entre le volume des informations
divulguées et certains facteurs liés à la firme et à l’environnement dans lequel elle opère.
Pour ce faire, nous avons adopté une méthodologie composée de deux types d'analyse. En
premier lieu, une analyse descriptive/exploratoire qui nous permet de saisir les
caractéristiques de l'échantillon. Les statistiques descriptives diffèrent selon la nature des
variables. Pour les variables qualitatives, nous calculons les fréquences (comptage des
effectifs) de chaque modalité. Pour les variables quantitatives, nous calculons la moyenne
et les indicateurs de dispersion : la variance et l’écart type.
En second lieu, une analyse multivariée qui nous permet d'opérer une analyse causale en
étudiant la relation entre la variable à expliquer et les variables explicatives prises
simultanément dans le cadre d'un modèle économétrique. La problématique de notre
recherche consiste à expliquer la stratégie de communication sur les immatériels par un
certain nombre de déterminants. Pour répondre à cette problématique, l’analyse
multivariée est plus appropriée que l’analyse bivariée (corrélations). En effet, l’existence
d’une corrélation, aussi bonne soit elle, n’est jamais la preuve d’une relation de cause à
effet. Que deux phénomènes soient corrélés n’implique en aucune façon que l’un soit cause
de l’autre.
Cependant, avant de procéder à des régressions, il sera nécessaire de vérifier
l’indépendance des variables explicatives du modèle. D’un point de vue méthodologique,
le choix du modèle de la régression est souvent dicté par la nature de la variable à
expliquer.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
178
Dans cette étude, la variable à expliquer est mesurée par le nombre de mots relatifs au
capital immatériel. Elle se définit alors comme une variable de comptage discrète. Par
conséquent, des modèles classiques de régression supposant la continuité et la normalité
de la variable endogène et pouvant amener à prédire des valeurs négatives ou décimales
s’avèrent inappropriés et peuvent conduire à des estimations inefficientes, inconsistantes
et biaisées (Long et Freese 2003) d’autant plus que les données de comptage ne satisfont
que rarement à la condition de normalité et suivent d’autres distributions de probabilité.
De ce fait, nous avons vérifié que les distributions de nos variables dépendantes ne
suivent pas la loi normale. Ceci à été confirmé par le test Shapiro-Wilk.
Pour pallier aux limites des modèles linéaires, nous avons eu recours aux modèles
spécifiquement conçus pour le traitement des données de comptage.
Le modèle de poisson et le modèle binomial négatif constituent les modèles de comptage
les plus communément utilisés dans la littérature. En s’appuyant sur un échantillon
d’entreprises canadiennes, Zéghal et al. (2007) ont utilisé les modèles poisonnien et
binomial négatif dans le but d’identifier les facteurs explicatifs de l’offre volontaire
d’informations sur les activités de R&D. Pour vérifier l’impact de la privatisation sur la
divulgation volontaire des entreprises tunisiennes, Zéghal et Lahmar (2008) ont eu
recours à ces deux modèles de comptage. En outre, dans leur étude portant sur les
déterminants de la divulgation sociale, Baccouche et al. (2010) ont utilisé les modèles de
comptage pour expliquer leur variable dépendante, mesurée par le nombre de phrases des
pratiques sociales présentes dans les rapports annuels des entreprises tunisiennes cotées.
Le modèle de base pour la représentation et l’analyse des données de comptage est le
modèle de Poisson. Toutefois, son utilisation repose sur l’égalité entre la moyenne
conditionnelle et la variance de la variable dépendante. Ce qui est peu fréquent dans les
échantillons étudiés. En effet, cette condition, très restrictive, est souvent violée dans la
réalité et les tests statistiques montrent, généralement, que la variance dépasse
significativement la moyenne. Nous parlons alors de surdispersion.
En cas de présence d’une surdispersion, mise en évidence à l’aide des tests de Khi deux de
Pearson et la déviance76, l’utilisation du modèle poissonien pourrait poser problème pour
76La statistique de déviance correspond à une mesure de distance entre le modèle estimé et le modèle dit saturé, estimant exactement les données avec autant de paramètres que d’observations. Elle est donnée par: Dev = - 2 (l – lsat). Dans l’exemple poissonien pour un vecteur de n observations indépendantes, la déviance
s’écrit : Dev =2 Σ (yi ln( yi /μi) ( yi μi )). Une approximation quadratique permet d’évaluer rapidement cette
statistique : Dev =9 Σ yi1/3 (yi1/3 - μi1/3) 2
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
179
ce qui est de l’inférence statistique sur les coefficients estimés (par la méthode de
maximum de vraisemblance) (Wooldridge 2002).
La question qui se pose dès lors est de trouver un modèle probabiliste alternatif pour
décrire les variations observées dans les données étudiées et éviter des estimations
fallacieuses suite à une violation des conditions restrictives du modèle de poisson. Les
statisticiens et les économistes proposent l’utilisation du modèle binomial négatif pour le
traitement des données de comptage lorsque le modèle de poisson - un cas particulier du
modèle binomial négatif- s’avère inutilisable à cause d’une surdispersion (Jourdan et
Kokonendji 2002). Toutefois pour pouvoir utiliser la régression binomiale négative, il
faut que les valeurs des variables dépendantes s’ajustent à celle de la loi binomiale
négative. Ceci peut être vérifié à l’aide du test KH2. Les coefficients de la régression
binomiale négative sont également estimés par la méthode de maximum de
vraisemblance.
11.. LLeess mmooddèèlleess ddee ll’’ééttuuddee
LLee mmooddèèllee pprriinncciippaall
Légende : INF_CI : Nombre de mots ou groupes de mots divulgués sur le capital immatériel ; P_DIR: La part du capital détenue par les dirigeants ; LOG_TA : Le log en base 10 de l'actif comptable ; ENDT: Dettes à long terme / Capitaux propres ; Q_TOBIN : [Capitalisation boursière+ valeur comptable des dettes]/ Actif comptable ; ROE: Résultat net / Capitaux propres ; AGE: Age de l’entreprise calculé depuis sa création jusqu’à l’année 2006 ; COT_AM: Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme est cotée simultanément sur les marchés français et américain et 0 sinon ; PPC: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes contractuelles ; PPD: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes diffuses ; HT : Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme opère dans un secteur de haute technologie et 0 sinon ; P_CCE : Le nombre de concurrents opérant dans le même secteur d’activité ; INC_AT : Immobilisations incorporelles
LLeess mmooddèèlleess sseeccoonnddaaiirreess
Pour enrichir notre analyse empirique, nous avons décidé de décortiquer la variable
dépendante en trois variables mesurant respectivement le niveau de la divulgation sur le
capital structurel (INF_ST), relationnel (INF_RE) et humain (INF_HU) et de les
intégrer dans des modèles de comptage « secondaires » qui reprennent les mêmes
variables indépendantes du modèle principal.
Ln [E (INF_CI)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT + 4Q_TOBIN+
5 ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11 P_CCE +
12 INC_AT +13 GDW_AT+
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
180
Modèle 1.1: Ln [E (INF_ST)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT +
4Q_TOBIN+ 5 ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11
P_CCE + 12 INC_AT +13 GDW_AT+
Modèle 1.2 : Ln [E (INF_RE)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT +
4Q_TOBIN+ 5 ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11
P_CCE + 12 INC_AT +13 GDW_AT+
Modèle 1.3 : Ln [E (INF_HU)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT +
4Q_TOBIN+ 5 ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11
P_CCE + 12 INC_AT +13 GDW_AT+
22.. LL’’éévvaalluuaattiioonn ddee llaa qquuaalliittéé ddeess mmooddèèlleess
L'estimation de nos modèles sera réalisée à l’aide de la commande fitstat du logiciel
« STATA ». La qualité des modèles estimés est évaluée de deux manières :
a. La significativité globale, appréciée par le test de Khi deux (χ2)77 pour
l'ajustement des modèles.
b. Le pouvoir explicatif, évaluée par le Pseudo R2 de Cragg et Uhler78
Dans le cas des modèles de comptage, l’interprétation des coefficients n’est pas aussi
directe que dans les modèles de régressions linéaires. Dans ces derniers, le coefficient
peut être interprété comme l’effet marginal de la variation de x sur la probabilité de y.
En revanche, dans les modèles de comptage l’ordre de grandeurs des coefficients, n’a en
lui-même que peu d’importance : seuls les signes et les valeurs relatives des coefficients
sont pris en compte. De ce fait, une analyse supplémentaire doit être effectuée avant de
pouvoir interpréter les coefficients.
Cette dernière nécessite le choix entre différentes méthodes d’interprétation (Long et
Freeze 2003) :
77Le test de Khi deux (χ2) permet de tester si les variables du modèle sont significatives dans leur globalité. Il consiste à tester l'hypothèse nulle selon laquelle tous les coefficients du modèle à l'exception de la constante sont nuls. Si le résultat du test rejette l’hypothèse nulle, nous pourrons conclure que le modèle est statistiquement significatif. C'est l'équivalent de la statistique de Fisher utilisée dans le cadre de la régression linéaire pour apprécier le pouvoir explicatif global du modèle. 78Le coefficient de détermination R2 est généralement utilisé pour évaluer le pouvoir explicatif des modèles linéaires traditionnels. Il représente la part de variance de la variable dépendante expliquée par le modèle. Toutefois, pour les données qui ne sont pas normalement distribuées, ce coefficient s’avère inapproprié pour démontrer la significativité du modèle. Dans le cas des modèles de comptage (où les distributions des données suivent la loi de poisson ou la loi binomiale négative), on se réfère au Pseudo R2 de Cragg et Uhler qui s'apparente au coefficient de détermination R2 de la régression linéaire. Ce coefficient est donné par la formule suivante : Pseudo R2 = (L (MF) 2/N - L (MI) 2/N)/ (L (MF) 2/N { 1 - L (MI) 2/N }). Avec : L (MF) 2/N : vraisemblance du modèle non contraint (full model) ; L (MI) 2/N : vraisemblance du modèle contraint (intercept model) dans le quel tous les paramètres sont égaux à zéro sauf la constante. D’après cette formule, la valeur du Pseudo R2 de Cragg et Uhler est comprise entre 0 et 1. En effet, cette valeur tend vers 0 lorsque la vraisemblance du modèle non contraint tend vers la vraisemblance du modèle contraint. Cependant, elle tend vers 1 lorsque la vraisemblance du modèle contraint tend vers 0 et la vraisemblance du modèle non contraint tend vers 1, c’est le cas ou la contribution des variables explicatives retenues est forte. Une valeur de 0,2 de ce pseudo est considérée comme assez satisfaisante (Poch et Mannering 1996).
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
181
- La variation du facteur ;
- La variation du pourcentage et
- La variation marginale (les effets marginaux)
Dans cette étude, nous avons choisi la méthode des effets marginaux comme méthode
d’interprétation des coefficients estimés. Ils mesurent les effets d’une augmentation d’une
unité d’une variable indépendante donnée sur le niveau d’information sur le capital
immatériel. La taille des effets marginaux dépend de la définition des variables
indépendantes. L’importance de l’effet marginal pour une variable ne peut donc pas être
évaluée en comparant cet effet à celui d’une autre variable.
La commande mfx compute du logiciel STATA permet d’afficher les valeurs des effets
marginaux.
Chapitre 3 : Développement des hypothèses, échantillon et méthodologie de la recherche
182
CCoonncclluussiioonn
Ce chapitre a eu pour objet la présentation d’un ensemble d’hypothèses découlant des
développements théoriques précédents. Au total neuf hypothèses feront l’objet de notre
analyse empirique : quatre se rapportent à l’argument de l’utilité financière de la
divulgation volontaire d’information sur le capital immatériel, trois sont relatives à
l’argument de la légitimation, une hypothèse cherche à vérifier l’influence de
l’appartenance à un secteur de haute technologie sur la stratégie de communication sur
les immatériels et une dernière suppose un lien négatif entre le niveau des informations
publiées et la pression des concurrents.
L’étude porte sur un échantillon de 55 firmes françaises composant l’indice SBF120 et
observées en 2006. Le rapport annuel est la source de publication qui fera l’objet de notre
analyse de contenu manuelle. Cette source de communication a l’avantage à la fois de
regrouper un maximum d’informations et d’être accessible à l’ensemble des parties
prenantes.
La méthodologie utilisée est composée de deux types d’analyse : descriptive/exploratoire
et multivariée. L’ampleur de l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel est
une variable de comptage discrète, mesurée par le nombre de mots (ou groupes de mots)
codés. Par conséquent, nous avons eu recours aux modèles spécifiquement conçus pour le
traitement des données de comptage (le modèle de poisson et binomial négatif).
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
183
CCHHAAPPIITTRREE 44 ::
PPRRÉÉSSEENNTTAATTIIOONN,, IINNTTEERRPPRRÉÉTTAATTIIOONN EETT
DDIISSCCUUSSSSIIOONN DDEESS RRÉÉSSUULLTTAATTSS
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
184
’objectif de ce chapitre est de présenter, interpréter et discuter les résultats issus
de la validation empirique. Pour ce faire, la première section essayera d’apporter
des éclaircissements sur le volume, la nature/forme et la structure des
informations divulguées sur le capital immatériel. Ensuite, la deuxième section
présentera les résultats de l’analyse multivariée et les tests d’hypothèses. Elle cherchera à
identifier les facteurs qui déterminent le comportement des dirigeants, c’est-à-dire les
motivations qui incitent ou les contraintes qui freinent toute offre volontaire
d’informations sur les éléments immatériels à travers l’estimation d’un modèle
économétrique spécifié. Enfin, La dernière section sera vouée à la discussion et le
positionnement des conclusions de notre étude par rapport à la littérature.
SSEECCTTIIOONN 11 :: LL''AANNAALLYYSSEE DDEESSCCRRIIPPTTIIVVEE//EEXXPPLLOORRAATTOOIIRREE
Le travail préalable à la validation des hypothèses consiste en la réalisation des analyses
descriptives/exploratoires afin d'avoir une idée sur les caractéristiques des firmes de
l’échantillon en étudiant la tendance et la dispersion de l’ensemble des variables de
l’étude.
11.. LL’’aannaallyyssee ddeessccrriippttiivvee ddee llaa vvaarriiaabbllee ddééppeennddaannttee :: LLee nniivveeaauu ddee llaa ddiivvuullggaattiioonn
vvoolloonnttaaiirree ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell
Les statistiques descriptives de l’ampleur de la divulgation volontaire d’informations sur
le capital immatériel se focalisent sur le volume (1), la forme (2) et la structure (3).
11..11.. LLee vvoolluummee ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell
Le schéma°1 illustre les niveaux des divulgations sur le capital immatériel, structurel,
relationnel et humain au niveau de notre échantillon.
L
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
Schéma 1 : Les niveaux de la divulgation sur le capital immatériel, structurel, relationnel et humain
0
200
400
600
800
1000
1200A
CC
OR
AD
PA
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Capital structurel
Capital relationnel
Capital humain
Capital immatériel
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
186
Les statistiques descriptives des variables mesurant le niveau de la divulgation sur le
capital immatériel (structurel, relationnel et humain) sont résumées au niveau du tabeau
n°18 :
Tableau 18 : Les statistiques descriptives des variables dépendantes (INF_CI,
INF_ST, INF_RE et INF_HU)
Thèmes Min Max Moyenne Ecart type Variance Médiane
Capital structurel 27 620 232,618 126,466 15993,795 213
1- Brevets d'invention 0 13 1,836 2,954 8,731 1 2- Droits d’auteurs 0 8 0,163 1,084 1,176 0 3- Marque déposée 0 228 30,781 41,382 1712,544 13 4- Innovation 1 86 38,145 20,65 426,422 39 5- R&D 0 150 31,654 30,842 951,267 25 6- Philosophie managériale 5 140 46,49 27,997 783,847 44 7- Culture d'entreprise 0 37 6,854 8,345 69,645 3 8- Processus de management 0 102 20,49 22,195 492,624 13 9- Systèmes d'information 0 117 34,6 36,018 1297,356 20 10- Systèmes en réseaux 0 150 21,636 31,605 998,902 11
Capital relationnel 24 487 183,52 101,536 10309,624 226
11 Marques et réputation 0 83 22,054 19,029 362,126 18 12- Clients 6 210 57,92 41,992 1763,402 48 13- Fidélité des clients 0 11 1,89 2,705 7,321 1 14- Canaux de distribution 0 147 27,454 25,944 673,104 19 15- Partenariats et contrats favorables
2 180 52,563 42,631 1817,472 41
16- Contrats de licences 0 21 1,636 3,503 12,272 0 17- Contrats de franchise 0 21 1,981 5,093 25,944 0 18- Relations financières 0 60 18,018 14,488 209,907 16
Capital humain 0 116 35,472 29,192 852,179 54
19- Savoir-faire 0 20 4,545 4,319 18,659 3 20-Qualifications professionnelles 0 38 9,218 8,552 73,136 6 21- Connaissances professionnelles 0 44 6,654 9,238 85,341 3 22- Compétences professionnelles 0 69 13,145 14,362 206,274 8 23- Satisfaction des employés 0 15 1,909 3,074 9,454 1
Capital immatériel 73 1091 451,618 231,068 53392,833 502
Il ressort du tableau n°18 que le niveau de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel au sein des entreprises françaises varie d’un score minimum de 73 mots à un
score maximun de 1091 mots. Les firmes de l’échantillon publient en moyenne 452 mots
relatifs au capital immatériel dans leurs rapports annuels. Le tableau ci-dessus présente
également les statistiques descriptives de chaque composante du capital immatériél.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
187
Tout d’abord, le niveau de la divulgation volontaire sur le capital structurel varie d’un
score minimum de 27 mots à un score maximun de 620 mots.
Les firmes de l’échantillon publient en moyenne 233 mots relatifs au capital structurel
dans leurs rapports annuels. Dans cette catégorie, 2 items (« Innovation » et
« Philosophie managériale ») sur 10 ont été divulgués dans tous les rapports annuels,
alors que le plus haut niveau de divulgation a été affiché par l’item «marque déposée»
avec 228 mots recencés chez Sanofi-Aventis qui opére dans le secteur pharmaceutique.
Ensuite, le niveau de la divulgation volontaire sur le capital relationnel varie d’un score
minimum de 24 mots à un score maximun de 487 mots. Les entreprises françaises
publient en moyenne 184 mots relatifs au capital relationnel dans leurs rapports annuels.
Dans cette catégorie, 2 items («Clients » et « Partenariats et relations favorables ») sur 8
ont été divulgués dans tous les rapports annuels. De plus, l’item « Clients» a enregistré le
plus haut niveau de divulgation avec 210 mots repérés chez Capgemini, un des leaders
mondiaux du conseil, des services informatiques et de l'infogérance79.
Enfin, pour le capital humain, les résultats montrent que son niveau de divulgation est
plus faible que les autres composantes du capital immatériel. En effet, il varie d’un score
minimum nul à un score maximun de 116 mots.
Les entreprises françaises publient en moyenne 35 mots relatifs au capital humain. Aucun
thème composant le capital humain n’a été divulgué dans tous les rapports annuels. Le
volume le plus élevé concerne l’item « Compétences professionnelles» qui apparaît 69 fois
dans le rapport annuel du groupe M6, l'un des acteurs majeurs du secteur des médias
(audiovisuel, nouvelles technologies).
Le tableau n°19 présente le nombre de mots (par thème) recensés dans tous les rapports
annuels. De plus, il affiche le nombre et la proportion des entreprises qui ont choisi de
communiquer sur chaque thème de la grille.
79L'infogérance (cas particulier d'externalisation) est un service défini comme le résultat d’une intégration d’un ensemble de services élémentaires, visant à confier à un prestataire informatique tout ou partie du système d'information (SI) d’un client, dans le cadre d’un contrat pluriannuel, à base forfaitaire, avec un niveau de services et une durée définis (définition de l'AFNOR). En d’autres termes, c’est l’externalisation de tout ou partie de la gestion et de l’exploitation du SI à un prestataire informatique tiers (SSII). Cette mission doit s’effectuer dans la durée et non de manière ponctuelle (wikipédia, site web http://fr.wikipedia.org/wiki/Infogérance).
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
188
Tableau 19 : L’importance des items dans les rapports annuels
Thèmes
Nombre total des mots
Les sociétés qui divulguent
Nombre Pourcentage
Capital structurel 12794 55 100%
1- Brevets d'invention 101 28 50,91% 2- Droits d’auteurs 9 2 3,64% 3- Marque déposée 1693 50 90,91%
4- Innovation 2098 55 100% 5- R&D 1741 52 94,55%
6- Philosophie managériale 2557 55 100% 7- Culture d'entreprise 377 49 89,09% 8- Processus de management 1127 51 92,73% 9- Systèmes d'information 1903 53 96,36% 10- Systèmes en réseaux 1190 50 90,91%
Capital relationnel 10094 55 100%
11 Marques et réputation 1213 54 98,18%
12- Clients 3186 55 100% 13- Fidélité des clients 104 36 65,45% 14- Canaux de distribution 1510 49 89,09%
15- Partenariats et contrats favorables 2891 55 100% 16- Contrats de licences 90 23 41,82% 17- Contrats de franchise 109 14 25,45% 18- Relations financières 991 53 96,36%
Capital humain 1951 54 98,18%
19- Savoir-faire 250 48 87,27% 20-Qualifications professionnelles 507 53 96,36% 21- Connaissances professionnelles 366 41 74,55% 22- Compétences professionnelles 723 52 94,55% 23- Satisfaction des employés 105 30 54,55%
Capital immatériel 24839 55 100%
Les statistiques descriptives montrent que toutes les entreprises françaises divulguent,
dans leurs rapports annuels, des informations sur le capital immatériel, structurel et
relationnel. Une seule entreprise sur 55 ne communique pas des informations sur son
capital humain. Toutefois, au niveau de chaque composante (structurel, relationnel et
humain), nous remarquons une certaine disparité dans les pourcentages des entreprises
qui divulguent sur les différents items.
Tout d’abord, au niveau du capital structurel, le plus faible pourcentage des firmes
concerne l’item «Droits d’auteurs», puisque seulement 3,64% des firmes communiquent
sur cet item, alors que la totalité de ces firmes publient des informations sur leur
« Innovation » et « Philosophie managériale ».
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
189
Ensuite, au niveau du capital relationnel, les firmes divulguent peu sur les items
« Contrats de franchises » et «Contrats de licences». Ces deux items existent uniquement
dans les rapports annuels de 25,45% et 41,82% des firmes. Cependant, les items
« Clients » et «Partenariats et contrats favorables» ont été communiqués dans
l’intégralité des rapports annuels.
Enfin, contrairement au capital structurel et relationnel, aucun item du capital humain
n’a été diffusé dans tous les rapports annuels. Les thèmes les plus divulgués par les
entreprises sont « Qualifications professionnelles » et «Compétences professionnelles».
Cependant, «Satisfaction des employés», est l’item le moins divulgué où 54,55%
uniquement des firmes l’introduisent dans leurs rapports annuels.
Après avoir présenté les informations divulguées sur le capital immatériel, structurel,
relationnel et humain selon le critère volume (tendance et dispersion), nous présentons
dans le paragraphe suivant ces informations selon le critère forme.
11..22.. LLaa ffoorrmmee ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell
L’analyse de contenu des rapports annuels révèle la présence d’une diversité de formes
des informations divulguées sur le capital immatériel. En effet, cette information peut
être véhiculée par une narration (texte), une photo, un tableau ou un graphique.
Lorsqu’elle est fournie sous forme de narration (ou texte), l’information sur le capital
immatériel peut être qualitative/descriptive : «Safran mène une politique volontariste de
partenariats scientifiques avec de nombreux laboratoires, en France et à l’étranger » (Safran
2006, p.7) ou quantitative/chiffrée.
Est considérée comme information narrative quantitative, toute narration contenant une
valeur monétaire, un pourcentage, un rang ou un nombre. Nous citons, à titre
d’exemples, quelques informations quantitatives, figurant dans les rapports annuels :
Une valeur monétaire : « Entre janvier et octobre 2006, la démarche de tri des déchets
a d’ores et déjà permis de valoriser 1380 tonnes de déchets et d’économiser 36000 euros.. »
(Pierre et Vacances, 2006, p. 32).
Un pourcentage : « 81% des collaborateurs de Accor déclarent que le Groupe se
préoccupe de leur santé et de leur sécurité (enquête d’opinion réalisée auprès de plus de
50000 collaborateurs en 2005-2006) » (Accor, 2006, p.24).
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
190
Un nombre :
- « En 2006, la marque s’appuie sur 40 instituts Clarins, véritables vecteurs du savoir-faire
de la marque dans l’association des soins avec les produits » (Clarins, 2006, p. 26).
- « Avec 3270 nouveaux recrutements annuels en France et en Europe du Nord, le Club
Med est l’un des plus importants recruteurs du marché français, et le premier pour les
contrats saisonniers ». (Club Med, 2006, p. 46).
- « Avec 1800 collaborateurs dans 20 pays et plus de 4600 brevets actifs dans le monde,
Legrand confirme le choix de l’innovation comme moteur de sa croissance. » (Legrand,
2006, p.20)
Un rang : « N°1 mondial de l’appareillage électrique et du cheminement de câbles,
Legrand dispose d’une position clé sur au moins une famille de produits dans plus de 20
pays. » (Legrand, 2006, p.16).
Par ailleurs, lorsqu’elle est divulguée sous forme de tableau ou de graphique,
l’information sur le capital immatériel revêt un caractère quantitatif. Ainsi, la forme
quantitative de l’information sur le capital immatériel est souvent issue de la narraction
(texte) chiffrée, des tableaux ou des graphiques.
Une autre forme d’information qui n’a pas été largement étudiée dans les études portant
sur la divulgation volontaire sur le capital immatériel : c’est la photo. Quelques auteurs
ont examiné l’information sur les intangibles sous cette forme. Dans son étude réalisée en
Nouvelle Zélande, Steenkamp (2005) a trouvé que les informations véhiculées à travers
des photos représentent 35% du total des informations communiquées sur le capital
immatériel, contre 3% sous forme de graphique et 62% sous forme de texte. A titre
d’exemples, nous avons trouvé dans les rapports annuels les photos suivantes :
Photo 1 : Savoir faire (capital humain)
Source : L’OREAL, 2006, p.44
Photo 2 : Savoir R&D (capital interne)
Source : ARKEMA, 2006, p.35
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
191
Le schéma n°2 présente la répartition des informations divulguées par les entreprises de
notre échantillon sur leur capital immatériel selon les différentes formes précédamment
identifiées.
Schéma 2 : La forme des informations divulguées sur le capital immatériel
En terme de forme, l’analyse des informations sur le capital immatériel fait revetir un
caractère qualitatif et descriptif de l’information. Cette forme représente 70% du volume
total de la divulgation immatérielle. Les entreprises emploient peu d’informations
quantitatives dans leur diffusion. En effet, cette forme ne représente que 21% du total des
informations divulguées, répartie en 20% sous forme de narration (texte) quantitative,
1% sous forme de graphique et une proportion négligeable (0%) sous forme de tableau.
Le niveau de diffusion d’information sur le capital immatériel sous forme de photo ne
représente que 9%. C’est la forme relativement la plus faible, si nous considérons que la
forme « graphique » et « tableau » font avec la narration chiffrée une information
quantitative.
Le schéma n°2 montre que les firmes françaises semblent prévilégier la forme qualitative
et descriptive par rapport à la forme quantitative et « photo ». Ces observations sont
conformes à celles des études antérieures qui ont confirmé la prédominance de la forme
qualitative de l’information sur le capital immatériel (Brennan 2001). Guthrie et Petty
(2000) ont trouvé que le capital immatériel est exprimé plutôt sous une forme qualitative
que quantitative80.
80Guthrie and Petty found that ‘nearly every instance of reporting involved the intellectual capital attribute being expressed in discursive rather than numerical terms’ (2000, p. 247)
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
192
11..22..11.. LLaa ffoorrmmee ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall ssttrruuccttuurreell
Le schéma n°3 résume La forme des informations divulguées sur le capital structurel.
Schéma 3 : La forme des informations divulguées sur le capital structurel
L’analyse de la forme des informations sur le capital structurel, montre que le
pourcentage des informations de nature qualitative (68%) est très proche de celui du
capital immatériel (70%). Les entreprises emploient peu d’informations quantitatives
dans leur diffusion sur le capital structurel (22%). En effet, la narration quantitative
représente 21% du volume total. Nous remarquons une absence d’information
quantitative divulguée sous forme de tableau. La proportion des informations diffusées
sur le capital structurel sous forme de photo (10%) est légérement supérieure à celle du
capital immatériel (9%).
De ce fait, pour divulguer des informations sur le capital structurel, les firmes françaises
semblent prévilégier la forme qualitative et descriptive par rapport à la forme
quantitative.
11..22..22.. LLaa ffoorrmmee ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall rreellaattiioonnnneell
Le schéma n°4 présente la distribution des informations publiées sur le capital relationnel
entre les différentes formes.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
193
Schéma 4 : La forme des informations divulguées sur le capital relationnel
La distribution, schématisée ci-dessus, montre que la majorité des informations diffusées
sur leur capital relationnel sont de nature qualitative avec une proportion égale à 60%.
Cette dernière est inférieure à celle du capital immatériel (70%).
Toutefois, les entreprises emploient plus d’informations quantitatives pour communiquer
sur leur capital relationnel. En effet, le volume d’informations de nature quanlitative
eprésente 30% du volume total contre 20% pour le capital immatériel et 21% uniquement
pour le capital structurel. De plus, le volume d’informations quantitatives sur le capital
relationnel sous forme de graphique représente 2% du volume total, contre 1% pour le
capital immatériel et structurel. La proportion de la forme photo de l’information sur le
capital relationnel (7%) est inférieure à celle du capital immatériel (9%) et du capital
structurel (10%).
Ainsi, pour diffuser des informations sur le capital relationnel, les firmes françaises
prévilégient la forme qualitative et descriptive par rapport à la forme quantitative.
Cependant les entreprises de l’échantillon utilisent plus la forme graphique et moins la
photo pour communiquer sur le capital relationnel que sur le capital immatériel et
structurel.
11..22..33.. LLaa ffoorrmmee ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall hhuummaaiinn
La répartition des informations publiées, sur le capital humain, selon leur nature est
illustrée par le schéma n°5 :
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
194
Schéma 5 : La forme des informations divulguées sur le capital humain
Dans cette répartition, outre la légère prédominance de l’information sous sa forme
qualitative, nous remarquons l’importance relative de la proportion des informations
divulguées sur le capital humain sous forme de photo. En effet, cette proportion atteint
45% du volume total. Elle est nettement supérieure à celle du capital immatériel (9%), du
capital structurel (10%) et du capital relationnel (7%). Toutefois, les entreprises
emploient moins d’informations quantitatives pour communiquer sur leur capital humain.
Le volume d’informations sous forme de narration quanlitative ne représente que 6% du
volume total contre 20% pour le capital immatériel, 21% pour le capital structurel et 30%
pour le capital relationnel.
En résumé, pour publier des informations sur le capital humain, les firmes françaises
préfèrent la forme qualitative par rapport à la forme quantitative mais elles utilisent plus
la forme photo alors que le recours à cette forme est moins préférée pour communiquer
des informations sur le capital immatériel, structurel et relationnel.
Après avoir présenté les statistiques relatives à la forme des informations divulguées sur
le capital immatériel (structurel, relationnel et humain), nous présentons dans ce qui suit
leur structure.
11..33.. LLaa ssttrruuccttuurree ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall iimmmmaattéérriieell
En divulguant sur son capital immatériel, l’entreprise communique sur son capital
structurel, relationnel et humain. La question qui se pose, est de savoir si elle le fait
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
195
équitablement ou elle privilégie divulguer sur une composante plus qu’une autre. La
réponse à cette question fera l’objet du schéma n°6 :
Schéma 6 : La structure des informations divulguées sur le capital immatériel
L’analyse de la structure des informations divulguées sur le capital immatériel,
structurel, relationnel et humain concerne la forme narrative (qualitative et quantitative)
uniquement.
Le schéma n°6 montre que le capital structurel et le capital relationnel représentent les
principales catégories de la diffusion d’informations sur le capital immatériel. En effet, les
deux composantes représentent 92% du volume total des informations (avec 51% pour le
capital structurel et 41% pour le capital relationnel).
Cependant le volume d’informations divulguées sur le capital humain ne représente que
8% du volume total de l’information « immatérielle ». Ce résultat est en harmonie avec
les conclusions de Whiting et Miller (2008) qui ont avancé que le capital humain
représente souvent la catégorie la moins communiquée et ce malgré la diversité des
contextes et des méthodologies utilisées.
Le tableau n°20 illustre la structure des informations divulguées sur le capital immatériel
relevé par certaines études antérieures réalisées dans divers contextes.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
196
Tableau 20 : La structure des informations divulguées sur le capital immatériel
dans quelques études antérieures
Etudes Période Contexte Capital structurel
Capital relationnel
Capital humain
Bozzolan et al. 2003 Italie 49% 30% 21%
Goh et Lim 2004 Malaisie 41% 37% 22%
Guthrie et al. 1999 Australie 40% 30% 30%
Oliveras et Kasperskaya 2005 Espagne 51% 28% 21% Sujan et Abeysekera 2007 Australie 48% 31% 21% Source : Abhayawansa et Abeysekera (2008, p.6)
Comme le montre le tableau n°20, la proportion des informations divulguées sur le capital
humain dégagée dans ces études est la plus faible des proportions relatives aux autres
composantes du capital immatériel (structurel et relationnel).
11..33..11.. LLaa ssttrruuccttuurree ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall ssttrruuccttuurreell
Le schéma n°7 illustre la structure des informations divulguées sur le capital structurel.
Schéma 7 : La structure des informations divulguées sur le capital structurel
En se basant sur la classification d’Edvinsson et Malone (1997), le capital structurel
comprend un capital organisationnel, un capital d'innovation et un capital de processus.
Dans notre analyse, le capital organisationnel comprend les informations divulguées sur
les items « Philosophie managériale » et « Culture d’entreprise ». Par ailleurs, le capital
innovation est capté par les items « R&D », «Innovation » et la propriété intellectuelle,
traduite par les items « Brevets d’invention », « Droits d’auteurs » et « Marques
déposées ».
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
197
Les dépenses de R&D ont pour objet d’accroître les ressources cognitives de la firme et
par conséquent sa capacité à innover. Ces dépenses, qui sont la source d’une accumulation
de connaissances, permettent d’envisager des innovations de procédés et de produits
(brevets ou autres propriétés intellectuelles).
Les informations divulguées sur le capital processus comprennent les informations
sur les « Processus de management », « Systèmes d’information » et « Systèmes en
réseaux ».
D’après le schéma n°7, nous remarquons que les firmes divulguent plus sur leur capital
innovation. Il représente 44% des informations divulguées sur le capital structurel. Les
items relatifs à la R&D, l’innovation et la propriété intellectuelle représentent
respectivement 14%, 16% et 14% du volume total. Toutefois, au niveau de la propriété
intellectuelle, nous constatons que l’item « Marques déposées » l’emporte avec un
pourcentage égal à 13%. Ensuite, vient le capital processus avec une proportion égale à
33% des informations communiquées sur le capital structurel, répartie en 15% pour les
« Systèmes d’information » et 9% pour chacun des «Systèmes en réseaux » et « Processus
de management ». Enfin, vient en dernier rang le capital organisationnel avec un
pourcentage égal à 23% du volume total avec une prédominance de la divulgation sur la
« Philosophie managériale » (20% contre 3% pour l’item « Culture d’entreprise »).
11..33..22.. LLaa ssttrruuccttuurree ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall rreellaattiioonnnneell
La visualisation de la répartition des informations publiées sur le capital relationnel entre
les différents items fait l’objet du schéma n°8:
Schéma 8 : La structure des informations divulguées sur le capital relationnel
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
198
L’analyse de la répartion de l’information publiée sur le capital relationnel fait ressortir
que les entreprises françaises prévilégient communiquer sur le capital client.
L’information diffusée relative aux items «Clients» et «Fidélité de la clientèle»
représente 32% du volume total. Suivent les items relatifs aux « Relations d’affaires et
Partenariats», « Canaux de distribution », « Marque et réputation» et « Relations
financières » avec des proportions respectivement de 29%, 15%, 12% et 10% de la
diffusion globale. Viennent en dernier lieu les items « Contrats de franhise» et « Contrats
de licence» qui représentent (chacun) 1% du volume total.
11..33..33.. LLaa ssttrruuccttuurree ddeess iinnffoorrmmaattiioonnss ddiivvuullgguuééeess ssuurr llee ccaappiittaall hhuummaaiinn
La structure des informations publiées sur le capital humain, fait l’objet du schéma n°9 :
Schéma 9 : La structure des informations divulguées sur le capital humain
Le capital humain recouvre des catégories revêtant des enjeux différents pour les firmes
en termes de contrôle. Gibbons et Waldman (2004, cité par Guillard et Roussel 2006)
établissent une typologie composée des catégories suivantes : le capital humain général,
le capital humain spécifique à la tâche et le capital humain spécifique à la firme.
D’après Guillard et Roussel (2006), le capital humain général correspond à des
connaissances qui ne sont ni spécifiques à une entreprise en particulier ni à une fonction
ou une tâche singulière au sein d’une entreprise. Il s’agit de connaissances et de
compétences génériques (intelligence des situations, par exemple) essentiellement
accumulées par les expériences professionnelles et l’éducation. Toutefois, pour le capital
humain spécifique à la tâche, Resche (2007) le fait renvoyer à des compétences
correspondant à un poste de travail ; ces compétences sont acquises par le biais d’une
formation professionnelle ou sont le résultat d’une expérience professionnelle. Le capital
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
199
humain spécifique à la firme fait référence à des compétences très précises acquises au
sein d’une entreprise particulière. L’auteur ajoute que la dernière catégorie se confond
davantage avec le capital organisationnel, de sorte qu’il est plus intéressant et pertinent
pour l’entreprise où il a été acquis que pour une autre. Si un individu doté d’un capital
humain spécifique à la firme quitte l’entreprise au sein de laquelle il a développé
l’essentiel de son capital humain pour une autre société, une grande partie de ce dernier
ne sera pas utilisé.
Resche (2007) confirme que le capital humain général et spécifique à la tâche sont plus
facilement « expropriables». Ils ont presque autant de valeur pour la firme au sein de
laquelle les collaborateurs louent ce type de capital que pour d’autres entreprises.
Toutefois, la dernière catégorie se déprécie en sortant de l’entreprise. C’est la raison pour
laquelle le capital humain spécifique à la firme est plus aisé à contrôler pour l’entreprise
au sein de laquelle il s’est développé. Resche (2007) avance que « cette dernière catégorie qui
peut permettre à une entreprise de préserver son capital humain et c’est dans ce type de formation
qu’il lui appartient alors d’investir».
D’après le schéma n°9, la structure des informations publiées sur le capital humain
montre que le thème « Compétences professionnelles » est le plus diffusé dans les
rapports annuels. En effet, il représente 37% du volume total. Suivent les items relatifs
aux « Qualifications professionnelles», « Connaissances professionnelles » et « Savoir-
faire » avec respectivement 26%, 19% et 13% de la divulgation totale sur le capital
humain. Vient en dernier lieu l’item « Satisfaction du personnel » qui représente 5% du
total des informations publieés.
Pour communiquer sur le capital humain, les firmes françaises prévilégient la publication
sur les compétences, les qualifications et les connaissances professionnelles. Elles
accordent moins d’attention à la publication sur la satisfaction de son personnel. Ce
constat nous parait défendable dans la mesure où dans la littérature la définition du
capital humain fait toujours référence aux compétences et connaissances possédées par
les membres de l’organisation (Bontis 1998, Roos et al. 1998, Michel 1999).
Les ressources humaines ont été également retenues par l’IFAC (1997) lorsqu’il
définissait le capital humain comme étant le savoir-faire, les études, la qualification
professionnelle, les connaissances professionnelles, l’évaluation du travail, les tests
psychométriques, les compétences professionnelles, l’élan entrepreneurial, le talent
innovateur, les capacités de réaction en amont et en aval, l’adaptabilité…
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
200
22.. LL’’aannaallyyssee ddeessccrriippttiivvee ddeess vvaarriiaabblleess iinnddééppeennddaanntteess
Le tableau n°21 rappelle les différentes variables indépendantes, leur nature anisi que
leurs indicateurs de mesure.
Tableau 21 : Résumé des variables indépendantes de l’étude
Var. indépendantes Codage Nature Indicateurs de mesure
La structure de propriété P_DIR Métrique La part du capital détenue par les dirigeants
Taille de la firme LOG_TA Métrique Le log en base 10 de l'actif comptable L’endettement ENDT Métrique Dettes à long terme/ Capitaux propres Le Q de Tobin Q_TOBIN Métrique [Capitalisation boursière+ valeur
comptable des dettes]/ Actif comptable.
La rentabilité financière ROE Métrique Résultat net/Capitaux propres
Age de l’entreprise AGE Métrique Nombre d’années entre la date de la création et l’année 2006
Cotation sur un marché américain
COT_AM Dichotomique Variable dichotomique prend la valeur 1 si la société est cotée sur les marchés français et américain et 0 sinon.
L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes contractuelles
PPC Métrique Le nombre de parties prenantes contractuelles évoquées dans le discours du PDG
L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes diffuses
PPD Métrique Le nombre de parties prenantes diffuses évoquées dans le discours du PDG
Secteur d’activité HT Dichotomique Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme appartient à un secteur de haute technologie et 0 sinon
Pression concurrentielle P_CCE Métrique Le nombre de concurrents opérant dans le même secteur d’activité
Le poids des actifs immatériels
INC_AT Métrique Immobilisations incorporelles/ Actif total
Le poids du goodwill activé
GDW_AT Métrique Ecart d’acquisition/Actif total
22..11.. LL’’aannaallyyssee ddeessccrriippttiivvee ddeess vvaarriiaabblleess iinnddééppeennddaanntteess mmééttrriiqquueess
Le tableau n°22 présente les principales statistiques descriptives des variables
indépendantes métriques :
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
201
Tableau 22 : Statistiques descriptives des variables indépendantes métriques
Variables Minimum Maximum Moyenne Écart-type Variance
P_DIR 0 0,550 0,067 0,115 0,013
LOG_TA 2,645 5,022 3,837 0,688 0,473
ENDT -0,94581 2,755 0,813 0,653 0,426
Q_TOBIN 0,967 8,464 1,772 1,074 1,154
ROE -0,144 0,511 0,140 0,104 0,010
AGE 1 341 64,763 59,018 3483,22
PPC 1 5 3,618 1,062 1,129
PPD 0 5 1,818 1,552 1,267
P_CCE 1 22 3,527 3,326 11,068
INC_AT 0 0,433 0,082 0,095 0,009
GDW_AT 0 0,455 0,150 0,125 0,015
L’examen du tableau n°22 montre que :
La proportion du capital détenue par les dirigeants varie d’un minimum égal à 0 à
un maximum égal à 55%. Au niveau des firmes françaises, composant notre
échantillon, les dirigeants détiennent en moyenne 6,7% du capital.
L’endettement des firmes, mesuré par le rapport dettes à long terme / capitaux
propres, est en moyenne égale à 0, 813. Les dettes à long terme, des entreprises
représentent plus que le 80% des fonds propres.
Le Q de Tobin, mettant en relation la valeur boursière de la firme avec sa valeur
comptable, varie d’un minimum égal à 0,967 à un maximum égal à 8,464. Les
entreprises de l’échantillon ont un Q de Tobin moyen égal à 1,772 >182. Ceci
montre qu’en moyenne les firmes sont performantes et les actifs existants sont
appréciés par le marché.
La rentabilité des capitaux propres, mesurée par le rapport Résultat net/capitaux
propres, varie d’un minimum égal à -0,144 à un maximum égal à 0,511. Les
entreprises de l’échantillon ont en moyenne une rentabilité financière positive et
égale à 0,140.
81Les capitaux propres consolidés négatifs proviennent de la distribution du dividende de 2,5 milliards d’euros en novembre 2006. Les capitaux propres de Pages Jaunes Groupe en social sont positifs de 1,532 milliard d’euros au 31 décembre 2006. En Tunisie, la rubrique « capitaux propres » ne peut être négative que suite à des pertes. Dans d'autres pays, il y a des possibilités de distributions de dividendes prioritaires convenus dans les statuts et indexés sur le capital même en l'absence de bénéfices. 82Par la suite, un q de Tobin supérieur à 1 indique que la rentabilité secrétée par l'ensemble des actifs de la firme et anticipée par le marché est supérieure à la rentabilité requise à l'équilibre par les différents apporteurs de capitaux (qu'on évalue par le coût moyen pondéré). Par conséquent, il est intéressent d'investir.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
202
Le plus vieux groupe de l’échantillon est créé depuis 341 ans (Saint Gobain, 1665)
alors que le plus jeune n’a qu’une seule année (Safran, 2005)83. Ceci implique que
la différence d’âge entre les firmes de l’échantillon est énorme. Cette variable est
très dispersée puisqu’elle possède l’écart type le plus élevé (59,018).
L’intérêt porté à la pression des parties prenantes contractuelles (clients,
fournisseurs, actionnaires, salariés,…) des entreprises est en moyenne égal à
3,618. Nous jugeons que cet intérêt est assez élevé étant donné qu’un intérêt
moyen devrait avoir une valeur égale à 2,5 (la valeur maximale de cette variable
est 5). Cependant, l’intérêt porté à la pression des parties prenantes diffuses
(autorité publique, collectivité locale, associations et ONG, opinion publique et
autres) est en moyenne égal à 1,818. Il est considéré faible puisqu’il est au dessous
de l’intérêt moyen. Ainsi, au niveau de notre échantillon, l’intérêt porté à la
pression des parties prenantes contractuelles est plus important que celui des
parties prenantes diffuses.
La pression concurrentielle de l’échantillon, mesurée par le nombre de
concurrents opérant dans le même secteur, varie d’un minimum égal à 1 à un
maximum égal à 22. Les entreprises de l’échantillon font face en moyenne à 3 ou 4
concurrents.
Pour les variables de contrôle mesurant l’intensité des immatériels activés, les
résultats descriptifs montrent qu’au niveau de l’échantillon les actifs incorporels
et le goodwill activé représente respectivement en moyenne 8,2% et 15% de l’actif
total.
Ce résultat montre la faible proportion :
des immatériels activés par rapport au total des actifs, et
des actifs incorporels c'est-à-dire les éléments immatériels identifiables par
rapport au goodwill. Ainsi, la plupart des immatériels activés sont intégrés
au niveau de l’écart d’acquisition qui représente la valeur de l'entreprise
qui n'est pas reconnue par les principes comptables traditionnels (de
prudence et de coût historique).
22..22.. LL’’aannaallyyssee ddeessccrriippttiivvee ddeess vvaarriiaabblleess iinnddééppeennddaanntteess ddiicchhoottoommiiqquueess
Le tableau n°23 présente les principales statistiques descriptives des variables
indépendantes dichotomiques :
83La société Safran a été fondée le 11 mai 2005 suite à la fusion de Snecma et Sagem.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
203
Tableau 23 : Statistiques descriptives des variables indépendantes dichotomiques
Variables Modalité Fréquence Pourcentage
HT
0 31 56,36% 1 24 43,63%
Total 55 100%
COT_AM
0 43 78,18% 1 12 21,81%
Total 55 100%
Les statistiques descriptives des variables dichotomiques montrent que 56,36% des
entreprises appartiennent à un secteur de haute technologie. Elles indiquent également
que 12 firmes uniquement de l’échantillon sont cotées sur un marché américain.
33.. DDiissccuussssiioonn ddeess rrééssuullttaattss ddee ll’’aannaallyyssee ddeessccrriippttiivvee//eexxpplloorraattooiirree
Le premier objectif que nous avons fixé dans cette recherche est d’explorer la divulgation
volontaire sur le capital immatériel des entreprises françaises. Cette exploration est
rendue possible grâce à la grille d’analyse que nous avons établie. La grille et la méthode
d’analyse de contenu ont permis d’apprécier le volume, la forme ainsi que la structure des
informations divulguées sur le capital immatériel, structurel, relationnel et humain.
33..11.. LLee vvoolluummee :: uunnee ddiissppaarriittéé ddaannss lleess ssttrraattééggiieess ddee ccoommmmuunniiccaattiioonn
L’adoption obligatoire, depuis l’année 2005, des normes comptables internationales
(IFRS) avait comme objectif l’amélioration et standardisation du contenu de l'information
financière chez les entreprises françaises cotées. Toutefois, nous constatons d’après
l’analyse des rapports annuels que toutes les firmes appartenant à l’indice SBF120
diffusent volontairement des informations sur leur capital structurel, relationnel et
humain.
La présence d’une divulgation volontaire sur le capital immatériel indique que les IFRS,
notamment l’IAS 38, ne fournissent qu'une partie des informations nécessaires aux
investisseurs. Les conditions restrictives imposées par le référentiel international pour
l’activation des investissements immatériels font que la majorité de ces dépenses sont
comptabilisées en charges courantes privant ainsi les utilisateurs des états financiers
d’une information pertinente sur la capacité de la firme à générer des avantages
économiques futurs. Ainsi, le normalisateur international semble privilégier la qualité de
fiabilité de l’information comptable au détriment de la pertinence.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
204
Par ailleurs, nous avons constaté que le volume des informations est très variable entre
les entreprises. En effet, certaines firmes optent pour une stratégie de communication
plus complète et « riche » sur les éléments immatériels tel le cas d’Accor, Cap gémini,
Saint Gobain et France Télécom. Cependant, d’autres firmes préfèrent des stratégies de
communication réduite en divulguant « faiblement » sur tous les items de la grille ou en
se limitant à divulguer sur quelques items. Cette dispersion, résultant d’un besoin
informationnel des utilisateurs du reporting comptable non balisé par les instances de
normalisation, nuit à la comparabilité des entreprises.
Quatre thèmes seulement ont été diffusés par toutes les firmes :
- « Innovation »
- « Philosophie managériale »
- « Clients »
- « Partenariat et contrats favorables »
D’autres thèmes n’ont pas été codés dans plusieurs rapports annuels :
- « Brevets d’invention »
- « Droits d’auteurs »
- « Contrats de licences »
- « Contrats de franchise »
De ce fait, nous avons relevé une deuxième disparité au niveau des volumes des
informations divulguées relatives à chaque thème composant la grille de codage. Les
thèmes les plus renseignés par les entreprises sont les suivants (selon un ordre
décroissant) :
- « Clients »
- « Partenariats et contrats favorables »
- « Philosophie managériale »
- « Innovation »
- « Systèmes d'information »
- « R&D »
La prédominance de la diffusion d’informations sur le capital client est expliquée du fait
que ce capital est, sans doute la principale composante du capital relationnel. Edvinsson
et Malone (1997) considèrent que le capital structurel (la deuxième composante du
capital immatériel, à coté du capital humain) est constitué par le capital organisationnel
et le capital client. Selon les auteurs, le capital relationnel se résume uniquement en les
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
205
relations qu’entretient la firme avec ses clients. Ces relations développées avec les clients
principaux sont à l’origine du cash flow et des recettes de l’entreprise.
Bontis (1998) a ouvert le champ du capital client à celui d’un «capital relationnel»
incluant des relations avec d’autres parties prenantes comme les fournisseurs, les
associations, les concurrents, etc. Ce capital relationnel a été élargi ensuite à un «capital
d’influences» représentant les différentes interactions de la firme avec son environnement
et mesurant la capacité de la firme à se nourrir de ses multiples influences.
Les thèmes les moins renseignés par les entreprises sont les suivants (selon un ordre
décroissant) :
- « Contrats de franchise »
- « Satisfaction du personnel »
- « Brevets d'invention »
- « Contrats de licences »
-- « Droits d’auteurs »
33..22.. LLaa ffoorrmmee :: uunnee pprrééddoommiinnaannccee ddee llaa ffoorrmmee qquuaalliittaattiivvee eett ddeessccrriippttiivvee
L’analyse de contenu des rapports annuels montre que les informations divulguées sur le
capital immatériel, structurel, relationnel et humain sont véhiculées à travers une
diversité de formes. En effet, cette information peut prendre la forme d’une narration
qualitative/descriptive et quantitative/chiffrée, une photo, un tableau ou un graphique.
L’analyse exploratoire montre que les firmes françaises prévilégient la forme qualitative
et descriptive (70%) par rapport à la forme quantitative (21%) et « photo » (9%). Ces
observations sont conformes à celles des études antérieures qui ont confirmé la
prédominance de la forme qualitative de l’information sur le capital immatériel (Brennan
2001, Guthrie et al. 2000).
Guthrie et al. (2006) ont trouvé qu’en Australie et Hong kong, le capital immatériel est
exprimé plutôt sous une forme qualitative que quantitative. De même, Oliveira et al.
(2006) ont montré que, chez les firmes portugaises, la forme qualitative représente 81.1%
du volume des informations divulguées sur le capital immatériel. Aussi, en Australie,
Sujan et Abeysekera (2007) ont confirmé que 73 % de l’information « immatérielle » est
divulguée sous une forme qualitative.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
206
Dans un contexte britannique, Toms (2002) avance qu’il est difficile pour les concurrents
d’imiter des informations sociétales quantitatives. Il ajoute que les informations
quantifiées sont plus exactes et reflètent mieux les activités actuelles de la firme.
Dans ce sens, Botosan (1997) stipule que les informations quantitatives sont proxy de la
qualité de la divulgation. En effet, les nombres sont une preuve de la fiabilité et une
garantie des faits alors que les informations qualitatives sont des informations « douces »
qui peuvent être interprétées avec beaucoup moins de rigueur. Pour cette raison,
Bozzolan et al. (2003) ont introduit une pondération dans le calcul de leur indice de
divulgation sur le capital immatériel. En effet, les auteurs ont attribué la valeur 1 pour
toute information qualitative et la valeur 2 pour toute information quantitative. Cette
pratique a été adoptée dans d’autres travaux antérieurs (Buzby 1975, Wiseman 1982,
Bukh et al. 2005). Toutefois, Guthrie et Petty (2000) ont confirmé que le lien entre la
qualité de la diffusion et l’aspect quantitatif de l’information n’est pas approprié dans le
contexte du capital immatériel, en raison de la difficulté d’attribuer une mesure aux
éléments incorporels qui sont pour la plupart des items qualitatifs. Les auteurs suggèrent
que plusieurs entreprises s’intéressent à comprendre le processus de la création de la
vraie valeur de la firme plutôt que de disposer d’informations monétaires. Ceci suppose
qu’en absence d’information quantitative, l’information qualitative aurait le même degré
d’importance quand il s’agit d’information sur le capital immatériel.
Guthrie et Petty (2000) ajoutent que la qualité et la signification des informations
qualitatives sur le capital immatériel n’ont pas été discutées dans les études antérieures.
33..33.. LLaa ssttrruuccttuurree :: uunnee «« ppaauuvvrree »» ddiivvuullggaattiioonn ssuurr lleess rreessssoouurrcceess hhuummaaiinneess
Nos résultats de codage des informations sur le capital immatériel communiquées dans
leurs rapports annuels indiquent que les entreprises françaises divulguent plus sur le
capital structurel et le capital relationnel : ces deux composantes représentent
respectivement 51% et 41% du volume total. Cependant, le capital humain ne représente
que 8% des informations « immatérielles » .
Malgré la diversité des contextes et des unités de mesure utilisées dans les analyses de
contenu, la plupart des études ont montré que le capital le capital humain représente
souvent la catégorie la moins communiquée (Whiting et Miller 2008, Sciulli et al. 2002,
Abhayawansa et Abeysekera 2008).
Cette observation nous amène à poser la question suivante : pourquoi la commuication
sur le capital humain est relativement pauvre ?!
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
207
Les dirigeants n’acceptent pas d’engager des coûts supplémentaires pour la diffusion
d’informations sur les ressources humaines parce que, à notre avis, ces informations
peuvent profiter aux concurrents ayant pour soucis d’attirer un personnel compétent,
qualifié et formé. De plus, ce capital humain n’appartient pas à l’entreprise, dans la
mesure où il est difficilement contrôlé et géré par les dirigeants. Souvent, des employés
expérimentés et ayant subis une formation au sein de l’entreprise la quittent pour aller
travailler chez un concurrent ou monter leur propre projet et jouer un rôle dominant
dans le même secteur. Bhidé (2000) a trouvé que 77% des jeunes firmes entrepreneuriales
(faisant partie de la liste Inc. 50084 ) ont été fondées par des gens portant des idées, déjà
développées avec d’autres personnes dans leurs emplois antérieurs.
Edvinsson et Malone (1997) attribuent un caractère volatil au capital humain en
indiquant qu'il quitte l'entreprise, le soir, en même temps que les hommes, contrairement
au capital structurel, qui lui reste. L’OCDE (2006) retient la même idée de volatilité
lorsqu’il définit le capital humain en précisant qu’il désigne le savoir, les compétences et
le savoir-faire que les employés «emmènent avec eux lorsqu'ils quittent les locaux le soir». Le
capital humain peut être assimilé aux savoirs et aux routines détenues par les salariés de
l’entreprise ou tout ce «qui est dans la tête des gens».
En définitive, les firmes divulguent moins sur des éléments que malgré leur contribution
à la création de valeur, ne sont pas leur « propriété ». Si un individu doté d’un capital
humain quitte l’entreprise au sein de laquelle il a développé l’essentiel de son capital
humain pour une autre société, une grande partie de ce dernier sera facilement
« expropriable».
84Inc. Magazine répertorie à chaque année les 500 nouvelles entreprises les plus performantes aux États-Unis
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
208
SSEECCTTIIOONN 22 :: LL’’AANNAALLYYSSEE MMUULLTTIIVVAARRIIEEEE :: LLEESS DDEETTEERRMMIINNAANNTTSS DDEE LLAA
DDIIVVUULLGGAATTIIOONN VVOOLLOONNTTAAIIRREE SSUURR LLEE CCAAPPIITTAALL IIMMMMAATTEERRIIEELL
La variable dépendante de notre étude est une variable de comptage qui ne peut prendre
que des valeurs entières et positives. Les données de comptage ne satisfont que rarement
à la normalité, condition souvent vérifiée pour l’adoption des modèles linéaires. La
normalité de la distribution des variables peut être vérifiée soit par le test Kolmogorov-
Smirnov85, soit par le test Shapiro-Wilk86. Pour un échantillon de taille moyenne (55
entreprises) le second test est plus adéquat.
Le tableau n°24 présente les résultats du test de Shapiro-Wilk pour les variables
(métriques) dépendantes et indépendantes de l’étude.
Tableau 24 : Test de normalité des variables métriques
Variables Statistique W Valeur de z signification
INF_CI 0.92981 2.527 0.00633
INF_ST 0.94605 2.165 0.01219
INF_RE 0.94626 2.150 0.01577
INF_HU 0.81681 4.780 0.00000
P_DIR 0.62339 6.326 0.00000
LOG_TA 0.95920 1.560 0.05943
ENDT 0.94650 2.141 0.01616
Q_TOBIN 0.53648 6.771 0.00000
ROE 0.94819 2.072 0.01915
AGE 0.82959 4.625 0.00000
PPC 0.95817 1.613 0.05340
PPD 0.93931 2.411 0.00795
P_CCE 0.73947 5.535 0.00000
INC_AT 0.76286 5.297 0.00000
GDW_AT 0.91763 3.032 0.00122
A un seuil de risque égal à 5%, les résultats du test de Shapiro-Wilk, montrent que seules
les variables indépendantes : LOG_TA et PPC suivent une distribution normale. Cette
condition n’est pas vérifiée pour le reste des variables dépendantes et indépendantes. Par
85Ce test non paramétrique consiste à comparer la distribution de fréquences relatives cumulées d'une variable observée avec la distribution théorique que cette variable aurait si elle était distribuée normalement. On superpose les deux distributions, on cherche la classe où l'écart entre la distribution théorique et la distribution observée est le plus grand (en valeur absolue), et on vérifie (dans une table conçue à cet effet ou en calculant directement la valeur critique) si cet écart est significativement grand, c'est-à-dire si l'hypothèse de normalité peut être rejetée au seuil de confiance considéré (selon ce test, l’hypothèse nulle H0 est : la variable suit une loi normale et l'hypothèse alternative H1 est : la variable ne suit pas une loi normale). 86Ce test permet de vérifier si les valeurs d’une variable sont normalement distribuées. Le test pose l’hypothèse nulle H0 que les variables sont distribuées selon la loi normale. L’hypothèse alternative H1 considère que les valeurs ne suivent pas la loi normale. On rejette H0 (et on accepte H1) si la p-value est inférieure à 0,05.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
209
conséquent, le choix doit se faire entre le modèle de poisson et le modèle binomial négatif
(Zéghal et al. 2007, Zéghal et Lahmar 2008, Baccouche et al. 2010).
Cependant avant de passer à cette analyse, il est opportun d’examiner les corrélations des
variables explicatives, afin de détecter une multicolinéarité pouvant biaiser nos résultats.
Ainsi, deux variables significativement corrélées ne doivent pas paraître dans un même
modèle dans la mesure où elles donnent la même information.
11.. LL’’ééttuuddee ddee ccoorrrrééllaattiioonn eennttrree lleess vvaarriiaabblleess iinnddééppeennddaanntteess
L’existence de corrélations extrêmement importantes entre les variables explicatives est
de nature à altérer les estimations des variances des coefficients de la régression
multivariée (Gujarati 1988). Afin de détecter un éventuel problème inhérent à la
multicolinéarité, nous avons eu recours à la matrice de corrélation qui fait l’objet de
tableau n°25.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
Tableau 25 : La matrice de corrélation des variables indépendantes
Variables P_DIR LOG_TA ENDT Q_TOBIN ROE AGE COT_AM PPC PPD HT P_CCE INC_AT GDW_AT
P_DIR 1
LOG_TA -0,270 1
ENDT -0,193 0,455 1
Q_TOBIN 0,098 -0,423 -0,248 1
ROE -0,159 -0,001 -0,023 0,300 1
AGE -0,155 0,060 0,028 -0,100 -0,005 1
COT_AM -0,229 0,516 0,191 -0,216 -0,028 0,100 1
PPC -0,049 0,191 0,258 0,006 -,0203 -0,254 0,066 1
PPD -0,226 0,429 0,281 -0,145 0,039 0,044 0,252 0,299 1
HT -0,035 -0,125 0,042 0,158 -0,195 -0,226 -0,002 0,139 0,018 1
P_CCE -0,055 -0,048 -0,103 -0,126 -0,159 0,149 -0,080 0,126 -0,034 0,079 1
INC_AT 0,005 0,205 -0,179 -0,033 -0,121 0,009 0,263 0,028 -0,005 0,109 0,087 1
GDW_AT 0,001 -0,025 0,249 0,182 -0,044 0,080 0,091 -0,023 -0,018 0,319 0,206 0,141 1
Légende : P_DIR: La part du capital détenue par les dirigeants, LOG_TA : Le log en base 10 de l'actif comptable, ENDT: Dettes à long terme / Capitaux propres, Q_TOBIN : [Capitalisation boursière+ valeur comptable des dettes]/ Actif comptable, ROE: Résultat net / Capitaux propres, AGE: Age de l’entreprise calculé depuis sa création jusqu’à l’année 2006, COT_AM: Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme est cotée simultanément sur les marchés français et américain et 0 sinon, PPC: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes contractuelles, PPD: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes diffuses, HT : Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme opère dans un secteur de haute technologie et 0 sinon, P_CCE : Le nombre de concurrents opérant dans le même secteur d’activité, INC_AT : Immobilisations incorporelles/ Actif total ,GDW_AT : Ecart d’acquisition/Actif total.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
211
Tableau 26 : Les résultats de la méthode VIF
Variables VIF 1/VIF
P_DIR 1.29 0.777502
LOG_TA 2.09 0.477999
ENDT 1.80 0.554176
Q_TOBIN 1.72 0.580176
ROE 1.26 0.790888
AGE 1.28 0.780021
COT_AM 1.57 0.635360
PPC 1.62 0.617249
PPD 1.36 0.737792
HT 1.43 0.697692
P_CCE 1.43 0.698414
INC_AT 1.33 0.751060
GDW_AT 1.52 0.657752
Moyenne VIF =1.52
Les résultats de l’analyse VIF montrent que toutes les valeurs sont au dessous du seuil
critique de 5. Ceci nous amène à confirmer l’absence de tout problème de
multicolinéarité.
22.. LLee cchhooiixx ddeess mmooddèèlleess ddee ccoommppttaaggee aapppprroopprriiééss eett pprréésseennttaattiioonn ddeess rrééssuullttaattss
Certes le modèle de poisson est le cadre probabiliste le plus utilisé pour l’analyse des
données de comptage, mais ce modèle n’est approprié que si la moyenne de la variable de
comptage soit égale à sa variance. Dans le cas où cette égalité n’est pas vérifiée, les
paramètres estimés par la méthode de maximum de vraisemblance seront biaisés. Les
statistiques descriptives de notre variable dépendante (INF_CI) montrent que la variance
de celle-ci excède significativement sa moyenne ce qui nous amène à penser que notre
variable dépendante est caractérisée par une superdispersion. De même cette dernière
semble caractériser aussi les variables représentant le niveau de divulgation sur le capital
structurel, relationnel et humain.
L’existence d’une superdispersion peut être vérifiée en utilisant deux tests très
performants qui sont la déviance et le KHI2 de Pearson. L’hypothèse nulle de ces tests
stipule l’égalité de la moyenne et la variance de la variable dépendante. Son rejet implique
la présence d’une superdispersion et par conséquent, le modèle de poisson ne sera pas le
plus approprié pour le traitement des données.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
212
Les quatre modèles que nous allons estimer sont les suivants :
Modèle 1 :
Ln [E (INF_CI)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT + 4Q_TOBIN+ 5
ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11 P_CCE + 12
INC_AT +13 GDW_AT+
Modèle 1.1:
Ln [E (INF_ST)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT + 4Q_TOBIN+ 5
ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11 P_CCE + 12
INC_AT +13 GDW_AT+
Modèle 1.2 :
Ln [E (INF_RE)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT + 4Q_TOBIN+ 5
ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11 P_CCE + 12
INC_AT +13 GDW_AT+
Modèle 1.3 :
Ln [E (INF_HU)] = 0 + 1 P_DIR + 2 LOG_TA + 3 ENDT + 4Q_TOBIN+ 5
ROE + 6AGE + 7 COT_AM + 8 PPC + 9 PPD +10 HT + 11 P_CCE + 12
INC_AT +13 GDW_AT+
22..11.. EEssttiimmaattiioonn ddeess mmooddèèlleess ssuuiivvaanntt llaa rrééggrreessssiioonn ddee ppooiissssoonn eett vvéérriiffiiccaattiioonn ddee
llaa ssuurrddiissppeerrssiioonn
L’estimation des modèles par la régression de poisson et les tests d’adéquation des
modèles sont résumés dans le tableau n°27 :
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
Tableau 27 : Estimation des modèles par la régression de poisson
Modèle 1 (INF_CI)
Modèle 1.1 (INF_ST)
Modèle 1.2 (INF_RE)
Modèle 1.3 (INF_HU)
Sig. Sig. Sig. Sig.
Constante 4.845 0.000 4.126 0.000 3.662 0.000 3.987 0.000
P_DIR -0.755 0.000 -0.964 0.000 -0.465 0.000 -1.028 0.000
LOG_TA 0.326 0.000 0.332 0.000 0.416 0.000 -0.138 0.008
ENDT -0.237 0.000 -0.304 0.000 -0.126 0.000 -0.407 0.000
Q_TOBIN -0.075 0.000 -0.063 0.000 -0.061 0.000 -0.259 0.000
ROE -0.057 0.438 0.116 0.254 -0.376 0.002 0.388 0.144
AGE 0.001 0.000 0.001 0.000 0.001 0.000 0.003 0.000
COT_AM -0.216 0.000 -0.192 0.000 -0.306 0.000 0.055 0.426
PPC 0.047 0.000 0.039 0.000 0.052 0.000 0.113 0.000
PPD 0.047 0.000 0.051 0.000 0.030 0.000 0.091 0.000
HT -0.043 0.009 0.061 0.009 -0.088 0.001 -0.483 0.000
P_CCE -0.027 0.000 -0.016 0.000 -0.047 0.000 -0.028 0.001
INC_AT 0.062 0.432 0.400 0.000 -0.460 0.000 0.137 0.615
GDW_AT 1.063 0.000 1.033 0.000 0.890 0.000 2.130 0.000
Déviance Signification
3887.034 0.000***
2312.246 0.000***
1813.602 0.000***
748.0759 0.000***
Khi2 de Pearson Signification
4021.327 0.000***
2454.628 0.000***
1777.74 0.000***
796.4906 0.000***
*coefficient significatif au seuil de 10% ; **coefficient significatif au seuil de 5% ; *** coefficient significatif au seuil de 1%
Légende : INF_CI : Nombre de mots divulgués sur le capital immatériel; INF_ST : Nombre de mots divulgués sur le capital structurel; INF_RE : Nombre de mots divulgués sur le capital relationnel; INF_HU : Nombre de mots divulgués sur le capital humain; P_DIR: La part du capital détenue par les dirigeants; LOG_TA : Le log en base 10 de l'actif comptable; ENDT: Dettes à long terme / Capitaux propres; Q_TOBIN : [Capitalisation boursière+ valeur comptable des dettes]/ Actif comptable; ROE: Résultat net / Capitaux propres; AGE: Age de l’entreprise depuis sa création jusqu’à l’année 2006; COT_AM: Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme est cotée simultanément sur les marchés français et américain et 0 sinon; PPC: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes contractuelle ; PPD: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes diffuses; HT : Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme opère dans un secteur de haute technologie et 0 sinon; P_CCE : Le nombre de concurrents opérant dans le même secteur; INC_AT : Immobilisations incorporelles/ Actif total ; GDW_AT : Écart d’acquisition/Actif total.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
214
Les résultats de la régression de poisson montrent que les statistiques retenues pour
tester la surdispersion (la déviance et le KHI2 de Pearson) sont très significatives et
permettent de rejeter l’hypothèse nulle d’égalité de la moyenne et de la variance de la
variable mesurant le niveau de la divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel, structurel, relationnel et humain. Par conséquent, le modèle de poisson n’est
pas approprié pour l’estimation des coefficients des quatre modèles et le recours au
modèle binomial négatif s’impose.
22..22.. EEssttiimmaattiioonn ddeess mmooddèèlleess ssuuiivvaanntt llaa rrééggrreessssiioonn bbiinnoommiiaallee nnééggaattiivvee ::
RRééssuullttaattss ddee ll’’aannaallyyssee mmuullttiivvaarriiééee
Pour pouvoir utiliser la régression binomiale négative, il faut que les valeurs des
variables dépendantes s’ajustent à celle de la loi binomiale négative. Ceci a été vérifié à
l’aide du test KH2 pour les distributions des variables : INF_CI, INF_ST, INF_RE et
INF_HU.
Les résultats de l’estimation des quatre modèles par la régression binomiale négative
sont résumés dans le tableau n°28 :
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
Tableau 28 : Estimation des modèles par la régression binomiale négative : résultats de l’analyse multivariée
Modèle 1 (INF_CI)
Modèle 1.1 (INF_ST)
Modèle 1.2 (INF_RE)
Modèle 1.3 (INF_HU)
Sig. Sig. Sig. Sig.
Constante 4.823 0.000 3.906 0.000 3.792 0.000 4.190 0.000
P_DIR -1.176 0.056* -1.515 0.023** -0.782 0.245 -1.217 0.216
LOG_TA 0.312 0.017** 0.352 0.015** 0.379 0.007*** -0.170 0.421
ENDT -0.258 0.054* -0.321 0.024** -0.155 0.298 -0.325 0.105
Q_TOBIN - 0.092 0.206 -0.077 0.326 -0.068 0.391 -0.272 0.017**
ROE 0.037 0.950 0.222 0.727 -0.359 0.594 0.281 0.751
AGE 0.001 0.184 0.001 0.295 0.001 0.170 0.003 0.080*
COT_AM -0.251 0.172 -0.262 0.189 -0.290 0.148 0.016 0.951
PPC 0.078 0.316 0.077 0.350 0.081 0.340 0.094 0.469
PPD 0.063 0.220 0.067 0.220 0.040 0.479 0.117 0.143
HT -0.091 0.220 0.009 0.952 -0.117 0.466 -0.551 0.022**
P_CCE -0.03 0.142 -0.019 0.423 -0.066 0.011** -0.026 0.524
INC_AT 0.422 0.579 0.904 0.274 -0.319 0.697 0.154 0.901
GDW_AT 1.178938 0.051* 1.168392 0.073 * 0.9838157 0.138 2.05529 0.032**
Test de KHI2
Signification
22.39 0.0496**
22.35 0.05**
22.70 0.045**
17.65 0.1*
Pseudo R2 de Cragg et Uhler
0.355 0.355 0.359 0.293
*coefficient significatif au seuil de 10% ; **coefficient significatif au seuil de 5% ; *** coefficient significatif au seuil de 1%
Légende : INF_CI : Nombre de mots divulgués sur le capital immatériel; INF_ST : Nombre de mots divulgués sur le capital structurel; INF_RE : Nombre de mots divulgués sur le capital relationnel; INF_HU : Nombre de mots divulgués sur le capital humain; P_DIR: La part du capital détenue par les dirigeants; LOG_TA : Le log en base 10 de l'actif comptable; ENDT: Dettes à long terme / Capitaux propres; Q_TOBIN : [Capitalisation boursière+ valeur comptable des dettes]/ Actif comptable; ROE: Résultat net / Capitaux propres; AGE: Age de l’entreprise depuis sa création jusqu’à l’année 2006; COT_AM: Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme est cotée simultanément sur les marchés français et américain et 0 sinon; PPC: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes contractuelle ; PPD: L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes diffuses; HT : Var. dichotomique prend la valeur 1 si la firme opère dans un secteur de haute technologie et 0 sinon; P_CCE : Le nombre de concurrents opérant dans le même secteur; INC_AT : Immobilisations incorporelles/ Actif total ; GDW_AT : Écart d’acquisition/Actif total.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
216
Nous évaluons la significativité globale des modèles à travers le test KHI2. Ce dernier
permet de confirmer que les variables retenues dans les quatre modèles sont
significatives dans leur globalité. Nous pouvons conclure donc que nos variables
indépendantes, prises ensemble, expliquent le niveau de la divulgation volontaire sur le
capital immatériel, structurel, relationnel et humain.
Pour les régressions binomiales négatives, le pseudo R2 de Cragg et Uhler est une des
mesures les plus fréquemment utilisées dans l’évaluation de la qualité du modèle. Un
modèle est de qualité s’il possède un pseudo R2 de Cragg et Uhler supérieur à 0.2 (Poch
et Mannering 1996). Pour les quatre modèles, cette mesure oscille entre 0.293 et 0.359.
Ceci nous permet d’avancer que nos modèles possèdent un bon pouvoir explicatif.
Dans les modèles de comptage, l’interprétation des coefficients estimés ne se fait pas
directement comme dans le cas des modèles de régressions linéaires mais elle nécessite
une analyse supplémentaire. Pour ceci, nous avons choisi la méthode des effets
marginaux qui mesurent les effets d’une augmentation d’une unité d’une variable
indépendante donnée sur le niveau d’information sur le capital immatériel.
Seuls, les effets marginaux des variables significatives issues de la régression binomiale
négative ont été analysés. Les effets sont présentés dans le tableau n°29.
Tableau 29 : Les effets marginaux des variables significatives des modèles
Effets marginaux dy/dx
Modèle 1 (INF_CI)
Modèle 1.1 (INF_ST)
Modèle 1.2 (INF_RE)
Modèle 1.3 (INF_HU)
P_DIR -514.8313 -342.225
LOG_TA 136.8216 79.57262 65.80283
ENDT -112.939 -72.68107
Q_TOBIN -9.13284
ROE
AGE 0.1017762
COT_AM
PPC
PPD
HT -17.61141
P_CCE -11.58917
INC_AT
GDW_AT 516.0564 263.7893 68.82105
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
217
22..22..11.. LLaa ssttrruuccttuurree ddee pprroopprriiééttéé ((PP__DDIIRR))
Pour le capital immatériel (INF_CI), les résultats de la régression binomiale négative du
modèle 1 montrent que le coefficient (β1 = -1.176) associé à la variable P_DIR est négatif
et significatif à un seuil de 10%. Ainsi, nous pouvons conclure que la structure de
propriété est un facteur explicatif de la politique de communication sur le capital
immatériel. Ces résultats nous permettent d’accepter hypothèse 1 selon laquelle il y a
une association négative entre la proportion du capital détenue par les dirigeants et le
niveau de la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
En ce qui concerne le capital structurel (INF_ST), les résultats de la régression
binomiale négative montrent que le coefficient (β1 = -1.515) associé à la variable P_DIR
est négatif et significatif à un seuil de 5%. Par conséquent, nous pouvons conclure qu’il y
a une relation négative entre la proportion du capital détenue par les dirigeants et le
niveau de la divulgation volontaire sur le capital structurel (accepter hypothèse 1).
Pour le capital relationnel (INF_RE), les résultats de la régression binomiale négative
montrent que le coefficient (β1 = -0.782) associé à la variable P_DIR est négatif mais il
n’est pas significatif. Ainsi, nous pouvons conclure qu’il n’y a pas une association négative
entre la proportion du capital détenue par les dirigeants et le niveau de la divulgation
volontaire sur le capital relationnel (rejeter hypothèse 1).
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle 1.3 relatif au capital humain
(INF_HU), montrent que le coefficient (β1 = -1.217) associé à la variable P_DIR est
négatif et non significatif, ce qui nous amène à conclure que la proportion du capital
détenue par les dirigeants n’est pas un déterminant du niveau de la divulgation
volontaire sur le capital humain (rejeter hypothèse 1).
22..22..22.. LLaa ttaaiillllee ddee llaa ffiirrmmee ((LLOOGG__TTAA))
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle principal montrent que le
coefficient (β2 =0.312) associé à la variable LOG_TA est positif et significatif à un seuil
de 5%. Ce qui implique que la taille est un facteur explicatif de l’offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel. Cette conclusion nous permet d’accepter
hypothèse 2 exprimant une association positive entre la taille de la firme et le niveau de
la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
En ce qui concerne le capital structurel (INF_ST), les résultats de la régression
binomiale négative du modèle 1.1 montrent que le coefficient (β2 =0.352) associé à la
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
218
variable LOG_TA est positif et significatif à un seuil de 5%. Par conséquent, nous
pouvons affirmer qu’il y a une relation positive entre la taille de la firme et le niveau de la
divulgation volontaire sur le capital structurel (accepter hypothèse 2).
Pour le capital relationnel (INF_RE), les résultats de la régression du modèle 1.2
montrent que le coefficient (β2 = 0.379) associé à la variable LOG_TA est positif et
significatif à un seuil de 1%. Ceci nous amène à confirmer la présence d’une relation
positive entre la taille de la firme et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital
relationnel (accepter hypothèse 2).
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle relatif au capital humain
(INF_HU) montrent que le coefficient (β2 =-0.170) associé à la variable LOG_TA est
négatif, ce qui est contraire au sens prévu. De plus, ce coefficient n’est pas significatif. Par
conséquent, nous pouvons affirmer que la taille n’a pas d’effet sur l’offre volontaire
d’informations sur le capital humain (rejeter hypothèse 2).
22..22..33.. LL’’eennddeetttteemmeenntt ((EENNDDTT))
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle principal montrent que le
coefficient (β3 =-0.258) associé à la variable ENDT est négatif et significatif au seuil de
10%. Ceci nous permet de confirmer que l’endettement est un déterminant de la stratégie
de communication sur le capital immatériel. Ce résultat nous amène à accepter
hypothèse 3 qui suppose la présence d’une association entre l’endettement et le niveau
de la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
Pour le capital structurel, les résultats de la régression binomiale négative du modèle 1.1
montrent que le coefficient (β3 =-0.321) associé à la variable ENDT est négatif et
significatif à un seuil de 5%. Par conséquent, il y a une relation négative entre
l’endettement et la stratégie de communication sur le capital structurel (accepter
hypothèse 3).
En ce qui concerne le capital relationnel, les résultats de la régression binomiale négative
du modèle 1.2 montrent que le coefficient (β3= -0.155) associé à la variable ENDT est
négatif mais il n’est pas significatif. Ceci nous amène à confirmer que l’endettement n'a
pas d’impact sur la stratégie de communication sur le capital relationnel (rejeter
hypothèse 3).
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
219
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle relatif au capital humain
montrent que le coefficient (β3=-0.325) associé à la variable ENDT est négatif mais il
n’est pas significatif. Par conséquent, nous pouvons conclure que l’endettement n'est pas
un déterminant de la stratégie de communication sur le capital humain (rejeter
hypothèse 3).
22..22..44.. LLaa ppeerrffoorrmmaannccee ddee llaa ffiirrmmee ((QQ__TTOOBBIINN eett RROOEE))
Pour le capital immatériel, les résultats de la régression binomiale négative montrent que
les coefficients (β4 = - 0.092 et β5 = 0.388) associées respectivement aux variables
Q_TOBIN et ROE sont de signes opposés et s’avèrent non significatifs, ce qui nous
amène à rejeter hypothèse 4 qui stipule l’existence d’une relation positive entre la
performance de la firme et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
En ce qui concerne le capital structurel, les résultats de la régression binomiale négative
du modèle 1.1 montrent que les coefficients (β4 = -0.077 et β5 = 0.222) associées
respectivement aux variables Q_TOBIN et ROE sont de signes opposés et non
significatifs. Ces résultats nous amènent à conclure que la performance des firmes n’est
pas un facteur explicatif de la stratégie de communication sur le capital structurel
(rejeter hypothèse 4).
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle relatif au capital relationnel
montrent que les coefficients (β4= -0.068 et β5 =-0.359) associées respectivement aux
variables Q_TOBIN et ROE sont négatifs et non significatifs, ce qui nous amène à
conclure que la performance de l’entreprise n'a pas d’effet sur la divulgation volontaire
sur le capital relationnel (rejeter hypothèse 4).
Pour le capital humain, les résultats de la régression binomiale négative du modèle 1.3
montrent que le coefficient (β4 = -0.272) associé à la variable Q_TOBIN est négatif, ce
qui est contraire au sens attendu. De plus, ce dernier est significatif à un seuil de 5%. Ceci
signifie qu’il y a une relation négative et significative entre la performance de la firme et
le niveau de la divulgation volontaire sur le capital humain (rejeter hypothèse 4).
Par ailleurs, les résultats montrent que le coefficient (β5 = 0.281) associé à la variable
ROE est positif et non significatif, ce qui implique que contrairement à la performance
boursière, la rentabilité financière n’est pas un facteur explicatif de la stratégie de
communication sur les ressources humaines (rejeter hypothèse 4).
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
220
22..22..55.. LL’’ââggee ddee llaa ffiirrmmee ((AAGGEE))
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle principal montrent que le
coefficient (β6 = 0.001) associé à la variable AGE est positif mais il n’est pas significatif.
Ainsi, nous pouvons conclure que l’âge de la firme n’est pas un facteur explicatif de la
politique de communication sur le capital immatériel. Ces résultats nous permettent de
rejeter hypothèse 5 qui propose qu’il y a une relation entre l’âge de la firme et le niveau
de la divulgation volontaire sur le capital immatériel. Les mêmes résultats, à savoir des
coefficients positifs et non significatifs associés à cette variable, sont vérifiés au niveau
des modèles 1.1 et 1.2. Ceci nous amène à conclure que l’âge de la firme n’est pas un
déterminant de la politique de communication sur le capital structurel et relationnel
(rejeter hypothèse 5).
En revanche, en ce qui concerne le capital humain, les résultats de l’analyse multivariée
montrent que le coefficient (β6 = 0.003) associé à la variable AGE est positif et
significatif au seuil de 10%. Ce résultat nous permet de confirmer la présence d’une
relation positive entre l’âge de la firme et le niveau de la divulgation volontaire sur le
capital humain (accepter hypothèse 5).
22..22..66.. LLee ssttaattuutt ddee ccoottaattiioonn ((CCOOTT__AAMM))
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle relatif au capital immatériel
montrent que le coefficient (β7=-0.251) associé à la variable COT_AM est négatif et non
significatif. Ceci nous permet d’avancer que le statut de cotation n’est pas un facteur
explicatif de la stratégie de communication sur le capital immatériel, et par conséquent, à
rejeter hypothèse 6 selon laquelle il y a une association positive entre la cotation
(simultanée) sur les marchés français et américain et le niveau de la divulgation
volontaire sur le capital immatériel. De même, des coefficients négatifs et non significatifs
associés à cette variable, sont observés pour les modèles 1.1 et 1.2. Ceci nous amène à
conclure que la cotation sur un marché anglo-saxon n’est pas un déterminant de l’offre
volontaire d’informations sur le capital structurel et relationnel (rejeter hypothèse 6).
Pour le capital humain, les résultats montrent que le coefficient associé (β7=0.016) à la
variable COT_AM est positif mais il demeure non significatif, ce qui nous permet
d’infirmer la présence de relation entre le statut de cotation et l’offre volontaire
d’informations sur le capital humain (rejeter hypothèse 6).
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
221
22..22..77.. LL’’iinnttéérrêêtt ppoorrttéé aauuxx pprreessssiioonnss ddeess ppaarrttiieess pprreennaanntteess ((PPPPCC eett PPPPDD))
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle principal montrent que les
coefficients (β8=0.078 ; β9 =0.063) associés respectivement aux variables PPC et PPD
sont positifs et non significatifs. Ces résultats nous permettent de rejeter hypothèse 7
stipulant la présence d’une association positive entre l’intérêt porté à la pression des
parties prenantes et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital immatériel. Les
mêmes résultats, à savoir des coefficients positifs et non significatifs associés à ces deux
variables, sont constatés au niveau des modèles 1.1, 1.2 et 1.3. Ceci nous amène à
conclure que l’intérêt porté à la pression des parties prenantes n’a pas d’impact sur la
politique de communication sur le capital structurel, relationnel et humain (rejeter
hypothèse 7).
22..22..88.. LLee sseecctteeuurr dd’’aaccttiivviittéé ((HHTT))
Pour le capital immatériel, les résultats de l’analyse multivariée montrent que le
coefficient (β10=-0.091) associé à la variable HT est négatif et non significatif. Ceci nous
permet de rejeter hypothèse 8 selon laquelle il y a une association positive entre
l’appartenance à un secteur de haute technologie et le niveau de la divulgation volontaire
sur le capital immatériel.
En ce qui concerne le capital structurel, les résultats de la régression binomiale négative
montrent que le coefficient (β10=0.009) associé à la variable HT est positif et non
significatif, ce qui nous permet de conclure que l’appartenance à un secteur de haute
technologie n’est pas un déterminant de l’offre volontaire d’informations sur le capital
structurel (rejeter hypothèse 8).
Les résultats de la régression binomiale négative relative au capital relationnel montrent
que le coefficient (β10=-0.117) associé à la variable HT est négatif et non significatif. De
ce fait, nous pouvons confirmer que le secteur d’activité n’a pas d’effet sur la stratégie de
communication sur le capital relationnel (rejeter hypothèse 8).
En revanche, pour le capital humain, les résultats de l’analyse multivariée montrent que
le coefficient (β10=-0.551) associé à la variable HT est négatif, ce qui est contraire au
sens prévu et implique que l’appartenance à un secteur de haute technologie diminue le
niveau de la divulgation volontaire sur le capital humain. De plus, ce coefficient est
significatif à un seuil de 5%. Cette conclusion nous permet de conclure que les entreprises
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
222
opérantes dans un secteur de haute technologie divulguent moins d’informations sur le
capital humain (rejeter hypothèse 8).
22..22..99.. LLaa pprreessssiioonn ccoonnccuurrrreennttiieellllee ((PP__CCCCEE))
Les résultats de la régression binomiale négative du modèle relatif au capital immatériel
montrent que le coefficient (β11 =-0.033) associé à la variable P_CCE est négatif et non
significatif. Ceci nous permet d’avancer que le niveau de la concurrence n'est pas un
facteur explicatif de la stratégie de communication sur le capital immatériel. Ce résultat
nous permet de rejeter hypothèse 9. De même, des coefficients négatifs et non
significatifs associés à cette variable, sont observés pour les modèles 1.1 et 1.3. Ceci nous
amène à infirmer une association négative entre le niveau de la concurrence et la
divulgation volontaire sur le capital structurel et humain (rejeter hypothèse 9).
Toutefois, en ce qui concerne le capital relationnel, les résultats montrent que le
coefficient (β11=-0.066) associé à la variable P_CCE est négatif. Par conséquent, les
firmes les plus concurrencées divulguent moins d’informations sur leur capital
relationnel. De plus, ce coefficient est significatif à un seuil de 5%. Ceci nous amène à
confirmer les propos de la théorie des coûts induits indiquant la présence d’une relation
négative entre le niveau de la concurrence et la divulgation volontaire sur le capital
relationnel (accepter hypothèse 9).
22..22..1100.. LLee ppooiiddss ddeess iimmmmaattéérriieellss aaccttiivvééss ((IINNCC__AATT eett GGDDWW__AATT))
Pour le capital immatériel, les résultats de l’analyse multivariée montrent que les
coefficients (β12=0.422 et β13=1.178) associés respectivement aux variables INC_AT
GDW_AT sont positifs, ce qui implique que les immatériels activés ont un impact positif
sur le niveau de la divulgation sur le capital immatériel. Cependant, seul le coefficient
associé à la variable appréhendant le poids du goodwill activé est significatif à un seuil de
10%. De même, des coefficients positifs et non significatifs associés à la variable INC_AT
et des coefficients positifs et significatifs au seuil de 10 et 5% associés à la variable
GDW_AT, sont observés pour les modèles 1.1 et 1.3. Ceci nous amène à confirmer que le
poids du goodwill activé a une influence positive et significative sur le niveau de l’offre
volontaire d’informations sur le capital immatériel, structurel et humain.
Par ailleurs, les résultats de la régression binomiale négative du modèle relatif au capital
relationnel montrent que les coefficients (β12=-0.319 et β13=0.983) associés aux
variables INC_AT GDW_AT sont de signes opposés et non significatifs. Ceci nous
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
223
amène à confirmer que le poids des immatériels activés n’est pas un déterminant de la
stratégie de communication sur le capital relationnel.
Le tableau n°30 résume les résultats obtenus des divers modèles estimés :
Tableau 30 : Synthèse des principaux résultats
Facteur/ variable
Capital Immatériel
Capital Structurel
Capital Relationnel
Capital Humain
P_DIR (-)* (-)** (-) (-)
LOG_TA (+)** (+)** (+)*** (-)
ENDT (-)* (-)** (-) (-)
Q_TOBIN (-) (-) (-) (-)**
ROE (+) (+) (-) (+)
AGE (+) (+) (+) (+)*
COT_AM (-) (-) (-) (+)
PPC (+) (+) (+) (+)
PPD (+) (+) (+) (+)
HT (-) (+) (-) (-)**
P_CCE (-) (-) (-)** (-)
INC_AT (+) (+) (-) (+)
GDW_AT (+)* (+)* (+) (+)**
*variable significative au seuil de 10% ; ** variable significative au seuil de 5% ; *** variable significative au seuil de 1%
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
224
SSEECCTTIIOONN 33 :: SSYYNNTTHHÈÈSSEE EETT DDIISSCCUUSSSSIIOONN DDEESS RRÉÉSSUULLTTAATTSS DDEE LL’’AANNAALLYYSSEE
MMUULLTTIIVVAARRIIEEEE
La discusson de nos résultats par rapport aux travaux antérieurs ne pourra se faire que
dans un cadre très restreint puisqu’elle s’inscrit dans un nouveau courant de recherche
qui tend à se focaliser sur l’identification des déterminants de la divulgation volontaire
sur le capital immatériel. En outre, notre étude figure parmi les premières87 réalisées
dans un contexte français caractérisé par un environnement informationnel moins
restrictif, une forte concentration du capital et une faible protection des intérêts des
investisseurs minoritaires par rapport aux pays anglo-saxons.
L’objectif de notre analyse multivariée est de développer un modèle empirique de
détermination des facteurs susceptibles d’expliquer les stratégies de communication sur
le capital immatériel, structurel, relationnel et humain. Suivant nos approches d’analyse
(approche actionnariale versus approche partenariale), ces facteurs ont été regroupés en
deux types d’arguments : utilité financière versus légitimité.
Le tableau n°31 synthétise les résultats des tests d’hypothèses.
87A ce niveau, nous citons l’étude comparative de Vergauwen et Alem (2005), réalisée dans un contexte français (CAC 40), allemand (XETRA-DAX) et néerlandais (AEX). Les auteurs ont trouvé que non seulement le niveau de la divulgation diffère d’une manière significative d’un pays à un autre mais aussi ils expliquent cette différence par la spécificité du système juridique propre à chaque contexte. En outre, nous pouvons citer l’étude de Bougacha et Khoufi (2010), réalisée sur un échantillon de 26 firmes appartenant au secteur des Techniques de l’Information et de la Communication (TIC) et au secteur des médias, observées sur la période 2004-2008. Les auteurs ont essayé de vérifier l’impact des mécanismes de gouvernance tels que la taille, la composition et la structure du conseil d’administration et la structure de propriété sur l’étendue de la divulgation volontaire sur le capital immatériel, relationnel, structurel et humain.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
Tableau 31 : Tests des hypothèses (confirmation88 ou rejet)
Hypothèses Variables explicatives Le capital immatériel Le capital structurel Le capital relationnel Le capital humain
Hypothèse 1 La proportion du capital détenue par les dirigeants
Confirmation
Confirmation
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Hypothèse 2 La taille Confirmation
Confirmation
Confirmation
Rejet -Absence de relation -Signe opposé
Hypothèse 3 L’endettement Confirmation
Confirmation
Rejet - Absence de relation
Rejet - Absence de relation
Hypothèse 4
La performance
La performance boursière
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet -Présence de relation -Signe opposé
La rentabilité financière
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Hypothèse 5 L’âge de la firme
Rejet - Absence de relation
Rejet - Absence de relation
Rejet - Absence de relation
Confirmation
Hypothèse 6 Le statut de cotation
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Hypothèse 7
La pression des parties prenantes
La pression des PPC
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
La pression des PPD
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
88 La confirmation de l’hypothèse doit cumuler les deux conditions suivantes :
la présence de la relation (significativité ou non du facteur) et
la présence du signe prévu par l’hypothèse (négatif ou positif)
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
Hypothèse 8 Le secteur d’activité
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet -Présence de relation -Signe opposé
Hypothèse 9 La pression concurrentielle
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Confirmation
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Variables de contrôle
L’intensité des immatériels activés
Le poids des actifs immatériels
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Rejet - Absence de relation -Signe opposé
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Le poids du goodwill activé
Confirmation
Confirmation
Rejet - Absence de relation -Signe conforme
Confirmation
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
227
11.. FFaacctteeuurrss rreelleevvaanntt ddee ll’’aarrgguummeenntt ddee ll’’uuttiilliittéé ffiinnaanncciièèrree
Selon l’approche actionnariale, la divulgation volontaire est motivée par son utilité
financière, c'est-à-dire la création de la valeur actionariale dans la mesure où elle réduit
l’asymétrie d’information entre les contractants.
Plusieurs chercheurs ont associé un niveau élevé d’asymétrie informationnelle aux
investissements immatériels. Aboody et Lev (2000) confirment que l’unicité de la
majorité des projets immatériels adoptés par les firmes et l’inexistence de marché pour
des éléments immatériels (R&D, satisfaction de la clientèle,…) rend l’information non
transmissible à travers les prix. De plus, le traitement comptable approprié aux éléments
intangibles rend difficilement observable leur changement de valeur.
Notre analyse multivariée a permis de valider trois hypothèses s’inscrivant sous
l’argument de l’utilité financière. Les hypothèses acceptées stipulent une association
significative entre l’importance des coûts d’agence (appréhendés par la structure de
propriété, la taille de la firme et l’endettement) et le niveau de la communication sur le
capital immatériel.
En revanche, la quatrième hypothèse, s’inscrivant sous le même argument de l’utilité
financière, selon laquelle la divulgation sur les incorporels est un mécanisme de
signalisation permettant aux firmes performantes de réduire le coût de financement, n’a
pas été validée.
11..11.. LLaa ssttrruuccttuurree ddee pprroopprriiééttéé
Conformément à ce qui a été prévu, l’hypothèse stipulant la présence d’une relation
négative entre la proportion du capital détenue par les dirigeants et le niveau de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel a été validée.
La théorie de l’agence prévoit que la séparation propriété/gestion, entre actionnaires et
dirigeants, donne naissance à une asymétrie d’information qui va susciter un
comportement opportuniste du dirigeant (Jensen et Meckling 1976) qui sera incité à
divulguer plus d’informations afin de réduire cette asymétrie d’information et les coûts
d’agence qui en découlent. Cette hypothèse a été testée et confirmée par Gelb (2000) qui a
montré que la participation des dirigeants aux capitaux propres est négativement liée à la
qualité de la communication financière dans un contexte américain marqué par un
actionnariat dilué.
Contrairement aux firmes américaines, les firmes françaises sont caractérisées par un
actionnariat concentré. En effet, Faccio et Lang (2002, cité par Ginglinger 2002)
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
228
confirment que 86 % des firmes françaises ont un actionnaire détenant au moins 20 % du
capital. Cette proportion s’élève à 63 % pour la totalité de leur échantillon d’entreprises
européennes, mais à 37 % seulement pour le Royaume-Uni. Les auteurs ajoutent que le
contrôle ultime est détenu par une famille dans plus que 60% des firmes en France. Ainsi,
les entreprises françaises sont caractérisées par un actionnariat familial où les
actionnaires majoritaires sont des groupes familiaux (L’Oréal, Michelin…). Les intérêts
des actionnaires majoritaires s’alignent à ceux des dirigeants qui sont souvent membres
de la famille actionnaire ou très proches d’elle. Par conséquent, les conflits d’intérêts
classiques issus d’une relation opposant les dirigeants aux actionnaires dans un contexte
d’actionnariat dilué sont remplacés par d’autres conflits entre actionnaires majoritaires et
actionnaires minoritaires au niveau de notre contexte français.
La relation négative entre la proportion du capital détenue par les actionnaires
majoritaires (dirigeants) et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel montre que plus le capital est concentré, plus les actionnaires majoritaires
(dirigeants) sont incités à retenir de l’information et la garder en interne. En effet, ces
derniers ont un accès direct à l’information et ils vont essayer de réduire la divulgation
volontaire afin de s'approprier des bénéfices privés et exproprier les actionnaires
minoritaires. Ce résultat s’insère pleinement dans un pays de droit civil comme la France,
caractérisé par une faible protection des investisseurs minoritaires.
Nos résultats sont conformes à ceux trouvés par Bougacha et Khoufi (2010) dans leur
étude réalisée sur un échantillon de 26 firmes françaises cotées appartenant au secteur
des Techniques de l’Information et de la Communication (TIC) et au secteur des médias.
Les auteurs ont trouvé une relation négative et significative entre la structure de
propriété mesurée par le pourcentage des droits de vote détenus par les principaux
actionnaires (avec une propriété ≥ à 5%) et l’étendue de la divulgation volontaire sur le
capital immatériel. De même, nos résultats corroborent ceux trouvés par Williams et
Firer (2003) qui ont confirmé que l’offre volontaire d’informations sur le capital
immatériel est plus élevée lorsque la participation des dirigeants au capital est plus faible.
Aussi, Oliveira et al. (2006), Li et al. (2008) ont affirmé que cette divulgation est d’autant
plus forte que le capital est dispersé.
Toutefois, dans un contexte australien, White et al. (2007) et Woodcock et Whiting
(2009) ont infirmé la présence d’une relation significative entre la structure de propriété
et l’offre volontaire d’information sur le capital immatériel. Ce résultat est en accord avec
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
229
celui trouvé par Kang et Gray (2011) dans leur étude réalisée sur un échantillon composé
des 200 plus grandes entreprises des marchés émergents.
11..22.. LLaa ttaaiillllee ddee llaa ffiirrmmee
Une deuxième hypothèse découlant de la théorie d’agence est que les coûts de
dédouanement, devraient augmenter avec la taille. En effet, selon Jensen et Meckling
(1976), le contrôle (monitiring) devient plus difficile et couteux dans les grandes firmes.
Les résultats de nos régressions confirment notre deuxième hypothèse supposant la
présence d’une association positive et significative entre la taille de la firme, utilisée
comme proxy des coûts d’agence, et sa divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel. Ce résultat nous parait évident dans la mesure où notre échantillon est
composé d’entreprises ayant la capitalisation boursière la plus importante en France et
par conséquent, nous analysons un environnement informationnel relativement riche,
notamment en ce qui concerne la communication sur le capital immatériel. Par ailleurs,
outre la réduction des coûts d’agence, l’hypothèse relative à la taille trouve d’autres
justifications.
La première est que la divulgation a un coût et que plus l’entreprise est grande, plus elle
est capable de supporter ce coût (Raffournier, 1995).
La seconde est que selon Labelle et al. (2007) « les grandes sociétés font généralement l’objet
d’une attention particulière de la part des analystes financiers et que, pour conserver leur
crédibilité, elles ont intérêt à être transparentes et à signaler leur situation de surévaluation
boursière ».
La troisième est que la taille est aussi utilisée comme proxy de la visibilité et des coûts
politiques de la firme. Les grandes entreprises sont plus sujettes aux pressions politiques
que les petites firmes et sont susceptibles d’un grand transfert de richesse. Ainsi, cette
hypothèse pourrait aussi s’insérer dans le cadre de l’argument de la légitimité.
La relation positive entre la taille et le niveau de la divulgation volontaire a été confirmée
dans plusieurs recherches. En effet, en s’appuyant sur un échantillon de firmes françaises
appartenant à l’indice SBF120, Saada (1995) a confirmé un impact significatif de la taille
sur le niveau des informations sectorielles volontairement publiées par l’entreprise.
D’autres auteurs comme Chow et Wong-Boren (1987), Salamon et Dhaliwal (1980) et
Cowen et al. (1987) ont également montré que la taille est un élément déterminant de la
publication volontaire des entreprises.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
230
En ce qui concerne l’information « immatérielle », Williams et Firer (2003), Oliveira et al.
(2006), White et al. (2007), Guthrie et al. (2006) et Petty et Cuganesan (2005) ont trouvé
que le coefficient associé à la variable « taille » est positif et statistiquement significatif
dans l’explication du niveau de la divulgation volontaire. En revanche, Kang et Gray
(2011) ont infirmé la présence d’une relation entre la taille et la politique de
communication sur les immatériels chez les plus grandes firmes des marchés émergents.
Nos résultats confirment également que la taille de la firme est un facteur explicatif de
l’offre volontaire d’informations sur le capital structurel et relationnel. Cependant, cette
variable s’avère non significative pour le capital humain.
En Italie, Bozzolan et al. (2003) ont montré que la taille est un déterminant de l’offre
volontaire d’informations sur le capital immatériel, relationnel et humain. En revanche,
les auteurs n’ont pas trouvé que la taille explique un effort de communication
d’informations sur le capital structurel. Dans une étude longitudinale réalisée par
Williams (2001) sur un échantillon d’entreprises britanniques observées sur 5 ans (1996-
2000), l’auteur a trouvé que la taille n’est pas un déterminant de l’offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel sur les cinq ans (étudiée année par année). Ces
résultats hétérogènes peuvent dépendre de l’interaction de plusieurs caractéristiques et
facteurs spécifiques au contexte de l’étude.
11..33.. LL’’eennddeetttteemmeenntt
L’hypothèse stipulant la présence d’une association entre l’endettement et le niveau de la
divulgation sur le capital immatériel a été validée au niveau de l’analyse multivariée.
Selon la thèorie d’agence, l’offre volontaire d’informations est un mécanisme de
surveillance mis à la disposition des créanciers pour qu’ils puissent contrôler des
transferts de richesses pouvant s’opérer aux profits des actionnaires et réduire certains
conflits d’agence qui naissent suite au recours à l’endettement et le financement externe.
Selon ce cadre théorique, le niveau de la divulgation d’information devrait augmenter
avec le niveau d’endettement. Toutefois, dans la relation contractuelle opposant les
dirigeants aux actionnaires, l’endettement de l’entreprise peut être considéré comme un
moyen pour réduire les coûts d’agence puisqu’il favorise la convergence des intérêts des
deux parties contractantes. Ainsi le niveau de la publication volontaire devrait diminuer
avec l’endettement. Dans la même logique, Diamond (1984) confirme qu’il ya une
relation positive entre la proportion de la dette bancaire et le niveau du contrôle. Ce
dernier s’amplifie suite à l’intervention de la banque dans l’activité managériale du
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
231
mandataire. En outre, l’auteur ajoute que le remboursement des intérêts de la dette à
échéances fixes réduit la valeur du cash-flow disponible et par conséquent les
opportunités de réaliser un investissement sous optimal de la part du dirigeant.
Nos résultats ont montré une relation négative et significative de l’endettement avec le
niveau de la divulgation sur le capital immatériel et structurel. Ce résultat correspond à
la nature de notre contexte de droit civil. En effet, en France où les codes légaux
protègent fortement le droit des créditeurs et faiblement le droit des actionnaires
minoritaires, le système financier est orienté « banques ». Ces dernières disposent
d’autres canaux privés et ont accès à des sources privilégiées d’informations. Les banques
utilisent, moins que les investisseurs, des informations publiques volontairement
diffusées pour se renseigner sur la situation économique des firmes endettées. Dans un tel
contexte, les avantages de l’endettement, comme étant un mécanisme de contrôle qui sert
à aligner les intérêts des actionnaires et des dirigeants, sont supérieurs aux coûts relatifs
aux relations avec les créanciers. La relation négative observée peut s’expliquer par un
effet de substitution entre l’endettement et la divulgation volontaire sur le capital
immatériel. Par conséquent, plus la firme est endettée, moins elle publie sur ses
ressources immatérielles.
Ainsi, en passant des relations d’agence opposant les dirigeants aux actionnaires, à celles
opposant les créanciers aux actionnaires, et d’un contexte où le système financier est
orienté marché (Etats Unis et l’Angleterre) à un contexte caractérisé par une
intermédiation financière (France et Allemagne), la relation entre l’endettement et la
divulgation volontaire change de sens. Ceci explique, en partie, les conclusions disparates
des travaux antérieurs ayant cherché à étudier la relation entre ces deux variables.
Bien que White et al. (2007) et Woodcock et Whiting (2009) ont confirmé une
association positive entre l’endettement et la divulgation volontaire sur le capital
immatériel dans un contexte australien, Williams et Firer (2003) et Oliveira et al. (2006)
ont avancé que l’endettement n’est pas un facteur explicatif de l’offre d’information sur
les incorporels au sein des firmes Singapouriennes et portugaises. De même, Entwistle
(1999) a avancé que l'endettement n'explique pas la publication volontaire sur les
activités de R&D. Même s'ils ne sont pas statistiquement significatifs, l’auteur a trouvé
que les coefficients de régression sont positifs (+9,4) lorsque les niveaux d'endettement
sont relativement faibles alors qu'ils deviennent négatifs (-5,7) pour les niveaux
d'endettement relativement plus élevés.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
232
Par ailleurs, Kang et Gray (2011) ont démontré une relation négative entre
l’endettement et la divulgation volontaire sur les actifs intangibles, en s’appuyant sur un
échantillon de grandes firmes appartenant à des marchés émergents. Les auteurs ont
justifié ce résultat du fait que de telles informations sont beaucoup plus pertinentes pour
les actionnaires et les futurs investisseurs potentiels que pour les créanciers. Autrement
dit, les auteurs s’attendaient à ce que la proportion des capitaux propres (l’endettement)
dans la structure du capital soit positivement (négativement) associée à l’étendue de la
divulgation volontaire sur les incorporels.
Le raisonnement de Kang et Gray (2011) rejoigne les apports de Williamson (1988) qui a
appliqué les concepts de la théorie des transactions aux décisions financières de
l’entreprise. L’auteur a identifié une relation étroite entre les déterminants des choix de
financement et la nature de l’actif à financer. Il considère le financement des actifs comme
une transaction, et identifie des coûts de transaction élevés en cas de non-adéquation
entre l'actif financé et le mode de financement. Le financement par capitaux propres
serait ainsi réservé aux actifs tellement spécifiques qu'aucun prêteur n'accepterait de les
financer.
Pour les actifs immatériels, dont la valeur est très spécifique à l'entreprise qui les possède,
seront pour les prêteurs de faible valeur en raison des coûts élevés de leur redéployabilité
sur le marché. Les créanciers seront moins incités à financer ces actifs. En revanche, les
actionnaires, rémunérés en fonction des résultats dégagés, seront moins inquiets de la
valeur de ces actifs spécifiques mais ils seront plus préoccupés par leur capacité à dégager
des bénéfices. Ceci laisse augurer que les entreprises les moins endettées engagent plus
d’investissements immatériels. Cette relation a été confirmée notamment en matière
d’investissements dans les activités de R&D (Long et Malitz, 1985 Bah et Dumontier,
1996, cité par Thibierge 1997). Ce qui implique la présence d’une association négative
entre la dette et le niveau de la divulgation sur les incorporels.
La relation négative et significative entre l’endettement et le volume des informations
divulguées sur les intangibles peut découler également d’une rétention de la part des
dirigeants de ce type d’informations, en raison du risque d’échec qui enveloppe les projets
d’investissements immatériels. En effet, la communication sur des objectifs de création et
de développement d’actifs incorporels, visés par des entreprises fortement endettées,
risquerait de gêner les créanciers et d’accroitre le coût des dettes futures dans la mesure
où ces derniers estiment que la firme pourra décider d’entreprendre d’autres projets plus
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
233
risqués financés par d’autres dettes, qui viennent encore augmenter la probabilité de
faillite de la firme.
De ce fait, l’endettement freine la divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel afin de réduire le coût d’un financement extérieur. Cette relation confirme le
souci des dirigeants de maximiser la richesse des actionnaires non pas à travers une
publication volontaire mais à travers une rétention des informations qui peuvent léser les
intérêts des créanciers et augmenter leur rémunération. Ce résultat montre également
que les dirigeants se servent de la stratégie de communication sur le capital immatériel
pour gérer les attentes des créanciers afin d’éviter leur «mécontentement» et une rupture
de relations financières déterminantes pour la survie de la firme.
Dans ce cadre, Roberts (1992) interprète l’endettement comme la capacité des détenteurs
de dettes à influencer l’entreprise. En prenant pour base d’analyse la théorie des parties
prenantes, les créanciers contrôlent une partie des ressources financières indispensables
aux entreprises pour continuer à fonctionner. Par conséquent, plus la firme est endettée,
plus les managers sont incités à accorder de l’intérêt aux perceptions des créanciers et à
répondre à leurs attentes en matière de divulgation.
Cormier et Magnan (1999) ont montré que les firmes dont l’endettement est élevé ont
tendance à divulguer moins d’informations environnementales dans la mesure où cette
information risquerait de gêner les créanciers obligataires comme l’investissement en
équipement antipollution.
11..44.. LLaa ppeerrffoorrmmaannccee ddee llaa ffiirrmmee
Les résultats de la plupart des régressions permettent de rejeter la quatrième hypothèse
selon laquelle la performance (boursière et financière) de la firme est un facteur explicatif
de l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel. En effet, non seulement le
signe des coefficients des variables mesurant la performance (rentabilité financière et Q
de Tobin) apparait non stable, mais en plus aucun impact significatif n'a été détecté, à
l’exception d’une relation négative et significative entre la performance boursière et le
niveau de la divulgation d’informations sur la capital humain.
Ces résultats sont en accord avec ceux de Williams (2001) qui a trouvé que la
performance des firmes britanniques n’est pas un facteur déterminant de l’offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel. De même, les études de Miller et Whiting
(2005) et Brennan (2001) ont confirmé l’absence de relation significative entre la «hidden
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
234
value » mesurée par le rapport valeur marchande et valeur comptable89 et le niveau de la
divulgation volontaire sur les intangibles, dans des contextes néo-zélandais et irlandais.
En revanche, nos résultats contredisent ceux trouvés par Garcia Meca et al. (2005) qui
ont confirmé que les firmes espagnoles les plus performantes (ayant une rentabilité des
capitaux propres plus élevée) offrent volontairement des informations sur le capital
immatériel plus que les autres. Ils contredisent également ceux dégagés par Kang et
Gray (2011) qui confirment une association positive entre le « price to book ratio90» et
l’étendue de la divulgation volontaire sur les actifs incorporels au sein des plus grandes
firmes des marchés émergents.
En ce qui concerne la divulgation volontaire d’informations sur le capital humain, nous
avons trouvé que la performance boursière a un impact négatif et significatif sur la
stratégie de communication. Avec un signe contraire à celui prévu, nos conclusions sont
conformes à celles de Williams et Firer91 (2003) qui ont affirmé que les firmes les moins
performantes divulguent plus d’informations sur le capital immatériel. Ainsi, les firmes
les moins valorisées par le marché financier procèdent à une divulgation généreuse sur
ses ressources humaines. Notre résultat peut s’expliquer par deux comportements
différents de la part du dirigeant : un premier à travers lequel le manager cherche à
maximiser la valeur financière de la firme (argument de l’utilité financière de
l’information) et un deuxième de légitimation.
En effet, quoiqu’il joue un rôle déterminant dans le processus de création de valeur, le
référentiel comptable international exclut le capital humain de la définition de l’actif dans la
mesure où il est susceptible de disparaître en cas de départ des personnes concernées (Bessieux-
Ollier et al. 2006). En l’absence d’une telle reconnaissance comptable des connaissances,
des savoirs et des compétences, les états financiers ont perdu une partie de leur valeur
aux yeux des actionnaires (OCDE 2006). Cette situation peut engendrer une asymétrie
d’information entre le marché financier disposant d’une information comptable non
exhaustive et les dirigeants des entreprises détenant toute l’information disponible. Ce
déséquilibre informationnel augmente le niveau du risque et prive l’entreprise des
financements avantageux et réduit par conséquent sa valeur boursière. « Si d'autres
89Ou encore le ratio de Marris qui permet de comparer la valeur boursière à la valeur comptable des actions. Il est mesuré par le rapport : Valeur du marché des actions / Valeur comptable des actions (une mesure proche du q de Tobin). Dans les études de Miller et Whiting (2005) et Brennan (2001) la «hidden value » a été utilisée comme proxy de la valeur du capital immatériel. Brennan (2001) reconnait les limites de l’utilisation de « hidden value » comme mesure du capital immatériel. 90Le price to book ratio mesure le rapport entre la valeur boursière de l'entreprise (capitalisation) et sa valeur nette comptable. 91L’étude a été réalisée dans un contexte singapourien.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
235
informations ne viennent combler ce vide, on pourrait assister à une mauvaise affectation des
ressources sur les marchés financiers » (OCDE 2006).
L'information sur le capital humain n'est donc pas exclusivement une information
comptable. Bessieux-Ollier et al. (2006) avancent que le problème posé prend alors une
tournure de communication financière. C’est pour cette raison que les firmes les moins
valorisées seront incitées à réduire le décalage informationnel et améliorer le reporting
sur les immatériels plus que les autres. En effet, les investisseurs ont besoin d’une
information complète et pertinente sur les facteurs de création de valeur afin de mieux
évaluer la capacité de la firme à enregistrer de bonnes performances. Ils peuvent accéder
à ces informations auprès du marché ou directement dans les rapports publiés par
l’entreprise. A ce niveau, l’OCDE (2006) stipule qu’il est important de «…fournir au
marché des informations suffisantes et pertinentes sur le capital immatériel », afin d’améliorer
les décisions des investisseurs.
Neu et al. (1998, cité par Kervinio 2009) confirment qu’une entreprise peu performante
financièrement cherchera à divulguer des informations volontaires et non financières
dans le but d’influencer les profits futurs.
En outre, la divulgation volontaire d’informations sur le capital humain semble être aussi
un processus permettant aux firmes les moins performantes d’acquérir une légitimité
sociale, tout en cherchant un équilibre entre les attentes des différents acteurs sociaux.
En effet, face à l’insatisfaction de ses actionnaires en raison d’une « faible » performance
financière, la firme essaye via une communication sur les compétences, les qualifications
professionnelles, le savoir-faire, les systèmes de rémunération,…de « plaire » à d’autres
parties prenantes, notamment les salariés, qui détiennent également les ressources
nécessaires à son fonctionnement. Ainsi, une riche communication sur le capital humain
peut véhiculer la volonté de la firme à répondre à un déficit de performance financière en
orientant les attentions de la société à une autre performance de type social. Cette
explication s’introduit pleinement dans un contexte français où la gouvernance est
orientée « réseau » et dont l’objectif est de préserver les intérêts de toutes les parties
prenantes par opposition au contexte anglo-saxon dans lequel la finalité est la
maximisation de la valeur actionnariale.
La performance d’une entreprise ne s’établit pas seulement à partir de ses résultats
financiers, mais en fonction de son comportement global. Les actionnaires (shareholders)
ne sont pas les seuls concernés par les activités de la firme, mais d’autres acteurs
(stakeholders) peuvent subir des préjudices en cas de mauvais fonctionnement de
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
236
l’entreprise. Mc Guire (1963) postule que l’entreprise n’a pas seulement des obligations
légales ou économiques, mais qu’elle a aussi des responsabilités envers la société qui vont
au-delà de ces obligations.
De même, Mercier (1999) confirme que le concept de responsabilité oscille entre deux
extrêmes : une responsabilité réduite à la maximisation de la richesse des seuls
actionnaires et une responsabilité qui s’étend à la satisfaction des attentes de toutes les
parties prenantes. Les entreprises qui intègrent la responsabilité sociétale dans leur
stratégie ne visent pas seulement des fins économiques mais elles prennent en compte des
pressions internes (les salariés de l’entreprise) et externes (les fournisseurs, les pouvoirs
publics, les ONG, etc.).Il s’agit d’un moyen de gestion des relations avec les parties
prenantes (Roberts 1992), d’établir et de protéger la légitimité et la réputation de la
firme. A travers la mise en œuvre de la RSE, l’entreprise cherche principalement à forger
une convenance entre ses actions et les normes sociétales et à répondre à des déficits de
légitimité. L’intégration de cette variable éthique dans les processus de gestion incite la
mobilisation humaine et augmente l'efficacité de l'organisation. En effet, l’instauration
d’un milieu de travail favorable pour les salariés (formation, rémunération, satisfaction,
motivation etc.) améliore leur manière de travailler, élimine les litiges et l'absentéisme et
le risque social. Dans ce contexte, les postulats de la responsabilité sociétale deviennent
de vrais atouts compétitifs parce que non seulement les collaborateurs mais aussi les
propriétaires et les dirigeants seront fiers d’appartenir à une entreprise « responsable ».
Pour évoluer et éviter des actions préjudiciables de la part des syndicats et la
communauté, la fonction « ressources humaines » est amenée dès lors à considérer le
salarié comme un «client interne» dont la satisfaction agit sur les niveaux de
performances de l’entreprise (Peretti 1999). Le dialogue social avec les salariés et leur
participation dans l’élaboration de la stratégie de l’entreprise sont fondamentaux, et
surtout créateur de valeur sociétale.
22.. FFaacctteeuurrss rreelleevvaanntt ddee ll’’aarrgguummeenntt ddee llaa llééggiittiimmiittéé
Dans le cadre de l’approche partenariale selon laquelle la divulgation volontaire sur le
capital immatériel est justifiée par des besoins de légitimation, l’analyse statistique nous a
permis de ne valider aucune des trois hypothèses s’inscrivant sous cet argument (à
l’exception d’une relation significative entre l’âge et le niveau de la divulgation sur le
capital humain). Ainsi, selon nos résultats, la divulgation volontaire d’informations sur
les incorporels ne peut pas s’insérer dans le cadre d’une stratégie de légitimation
recherchée par l’entreprise.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
237
22..11.. LL’’ââggee ddee ll’’eennttrreepprriissee
L’absence de relation significative entre l’âge de la firme et le niveau de la divulgation
volontaire sur le capital immatériel permet de rejeter notre cinquième hypothèse. Ainsi,
la dimension temporelle ne détermine pas la stratégie de communication sur les
incorporels. Ce résultat pourrait trouver des justifications dans le même cadre théorique
(théories de la légitimité et des parties prenantes). En effet quelque soit son âge, sa
maturité et sa stabilité, la firme est amenée à faire face en permanence à l’évolution des
exigences des différents acteurs sociaux en fournissant continuellement des informations
prouvant sa légitimité et son alignement aux règles et valeurs acceptées par la société.
L’absence de relation entre l’âge et la divulgation volontaire a été vérifiée également dans
les travaux de Bukh et al. (2005), Woodcock et Whiting (2009) et Kang et Gray (2011).
Ce résultat soutient également l’hypothèse de la stabilité relative de la politique de
communication des sociétés dans le temps, mise en évidence dans plusieurs recherches
(Gibbins et al. 1990, Healy et al. 1995, Botosan 1997, Bertrand 2000).
Quoique toutes les régressions révèlent un impact non significatif de la variable « âge »,
seule la dernière régression relative au capital humain met en évidence une relation
positive et significative. Ceci, nous amène à conclure que l’âge est un facteur explicatif de
l’offre volontaire d’informations sur le capital humain. Ce résultat est conforme à celui
trouvé par White et al. (2007) qui ont validé un lien positif entre l’âge (âge de cotation) et
le niveau de la divulgation sur le capital humain. En revanche, il contredit celui trouvé
par Li et al. (2008), qui ont confirmé, dans un contexte anglo-saxon, un impact négatif de
l’âge sur l’offre volontaire d’informations sur les incorporels.
Par ailleurs, Roberts (1992) trouve que l’âge a un impact significatif sur la divulgation
des données non-financières. L’auteur justifie l’introduction de l’âge du fait qu’une
entreprise ancienne a de grandes chances d’être plus engagée en matière de responsabilité
sociale. De même pour le capital humain, au fil du temps, l’entreprise accumule des
connaissances, des compétences et un savoir-faire pour développer et entretenir son
capital humain. La compétence92, comme toute aptitude tacite, est développée au fil des
années par des investissements spécifiques et à travers l'accumulation de savoirs issus des
activités quotidiennes des individus.
L’expertise et les compétences ne sont plus octroyées par un certificat ; elles doivent être
développées en permanence dans un environnement interactif : l’apprentissage tout au
92Les compétences occupent le deuxième rang des items diffusés sur le capital humain après la formation.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
238
long de la vie est devenu l’une des caractéristiques fondamentales de notre société. Cet
apprentissage constitue en quelque sorte l'opérateur permettant à l'entreprise d'enrichir
sa base de compétences. Dans cette logique, Moingeon et Métais (1999) avancent qu’« à
long terme, au-delà des différentes activités, l'entreprise est supposée concentrer son énergie sur
quelques compétences clés, pour lesquelles elle capitalise un maximum d'expérience, en vue de les
exploiter au mieux ».
Le capital humain ne se constitue pas du jour au lendemain, au contraire, il s’accumule et
évolue au fil du temps. Les jeunes entreprises n’ont pas encore eu suffisamment le temps
pour capitaliser de l'expérience sur une compétence ou un savoir-faire particulier, ce qui
explique, à notre avis, qu’elles divulguent moins d’informations sur les richesses
humaines que les anciennes.
22..22.. LLee ssttaattuutt ddee ccoottaattiioonn
L'hypothèse stipulant la présence d’une relation positive entre la cotation des firmes
étrangères sur les marchés anglo-saxons et le volume des informations volontairement
divulguées a été largement confirmée par une diversité d’études empiriques (Leuz et
Verrecchia 2001, Cooke 1989 et 1992, Meek et Gray 1989). En effet, à partir d’un
échantillon de 102 firmes allemandes du DAX 100, Leuz et Verrecchia (2001) ont montré
que les firmes choisissant le référentiel international offrent plus d’informations que
celles ayant adopté uniquement des GAAP allemands. Oliveira et al. (2006) ont montré
que la cotation sur des marchés étrangers a un effet positif sur le niveau de la divulgation
d’informations sur le capital immatériel chez les firmes portugaises. Toutefois, Williams
(2001) a trouvé que cette relation n’est significative que pour les années 1996 et 1997 et
pas pour les années 1998, 1999 et 2000. Entwistle (1999) a trouvé que la cotation sur les
marchés financiers américains pousse les firmes canadiennes à offrir davantage
d’informations sur les projets de R&D. Ding et Stolowy (2002) ont aboutit à la même
conclusion à partir d’un échantillon de 76 firmes françaises du SBF 250.
A la différence des études précédemment citées, nos résultats corroborent ceux trouvés
par Kang et Gray (2011) en s’appuyant sur un échantillon de grandes firmes des marchés
émergents. En effet, nous n'avons détecté aucune relation significative entre la cotation
sur les marchés anglo-saxons et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel (structurel, relationnel et humain). Ce résultat peut s’expliquer par l’adoption
obligatoire des normes internationales (IFRS) par les entreprises appartenant à l’indice
SBF120 à partir de l’année 2005. Ces normes visent à standardiser et harmoniser
l’information comptable aux niveaux national et international. Biyamba (2007) avance
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
239
que l'influence non significative du statut de cotation sur le niveau de la divulgation
d’informations sur le capital immatériel peut s’expliquer par les efforts d'harmonisation
des règles comptables et financières entre divers pays. En outre, si les normes
internationales établissent une certaine harmonisation entre les divers pays membres de
l’IASB, il convient de souligner l'influence importante des US GAAP américains sur les
normes IFRS. En effet, l'IASB a été infiltré par les principales institutions comptables
américaines : FASB et l'AICPA.
Depuis l’accord de Norwalk93, de nombreuses réunions communes entre IASB et FASB
ont été organisées et plusieurs projets de convergence (normes nouvelles ou exposés-
sondages publiés) ont été mis en chantier. Pour l’IASB, ces projets ont conduit à ce jour à
la publication en mars 2004 d’IAS 3 «Regroupement d’entreprises », IAS 36 révisée
«Dépréciation d’actifs » et l’IAS 38 révisée «Immobilisations incorporelles», inspirées
fortement par les normes FAS 141 et 142 (abandon de la mise en commun d’intérêts,
application de la méthode d’acquisition, dépréciation du goodwill, lequel ne peut plus être
amorti, et des immobilisations incorporelles). Ainsi, il est possible que la convergence
entre les US GAAP américains et les IFRS fait que, sur le plan de la communication
d'informations privées, il y a de moins en moins de différences entre les firmes françaises
cotées sur les marchés américains et les firmes françaises cotées uniquement sur le
marché local, mais qui adoptent les normes IFRS94 (Biyamba 2007).
Par ailleurs, l’absence de relation entre le statut de cotation et le niveau de la divulgation
sur le capital immatériel peut se justifier par le fait que la plupart des entreprises
constituant notre échantillon ne sont pas cotées sur les marchés anglo-saxons. En effet,
parmi les 55 firmes analysées, seulement 12 sont cotées sur lesdits marchés, soit une
proportion égale à 21,8%. Toutefois, dans les travaux de Ding et Stolowy (2002) et
d'Entwistle (1999), cette proportion s'élève respectivement à 46% et à 34%.
93Le « Norwalk Agreement ». Un programme en quatre points («The Norwalk agreement») avait été arrêté lors de la réunion commune FASB/ IASB du 18 septembre 2002 : il concernait : - un projet à court terme faisant l'inventaire des divergences constatées entre US GAAP et IFRS ; - la présentation de projets mutuels en vue de réduire les divergences constatées ; - la mise en œuvre de projets communs ; - la coordination des comités d'interprétation respectifs (EITF – IFRIC). 94C’est en 1995 que l’Europe a choisi une nouvelle stratégie en matière comptable qui l’a conduite à retenir les normes internationales plutôt que de procéder à une révision des directives. Dans ce cadre, le Règlement (CE) n° 1606/2002 du Parlement européen et du Conseil du 19 juillet 2002 prévoit d’imposer l’utilisation des normes IASB à toutes les entreprises cotées pour la présentation de leurs comptes consolidés à compter de 2005. En outre, les Etats membres peuvent autoriser ou imposer les normes internationales aux autres entreprises (non cotées) pour leurs comptes consolidés et pour leurs comptes individuels. La Commission encourage une application anticipée, ce qui permet aux Etats de devancer l’échéance de 2005.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
240
22..33.. LL’’iinnttéérrêêtt ppoorrttéé aauuxx pprreessssiioonnss ddeess ppaarrttiieess pprreennaanntteess
Contrairement à ce qui a été prévu, l’intérêt porté aux parties prenantes contractuelles et
diffuses ne semble pas affecter la stratégie de communication sur le capital immatériel
(structurel, relationnel et humain). Ce résultat nous amène à rejeter notre septième
hypothèse.
Bien qu’en utilisant la même mesure, notre résultat contredit celui trouvé par Dammak-
Ayadi (2006) qui a confirmé, dans un contexte français, que l’intérêt porté aux pressions
des parties prenantes diffuses a une influence positive sur la publication des rapports
sociétaux pour les années 2000 et 2001. En revanche, l’auteur a montré que pour l’année
2000 uniquement, la variable relative à l’intérêt porté aux parties prenantes
contractuelles est significative au seuil de 10%, mais le sens négatif trouvé ne correspond
pas au sens prévu pour cette relation. Dammak-Ayadi (2006) a interprété ce résultat par
le fait que les entreprises qui accordent plus d’importance aux actionnaires, aux clients,
aux fournisseurs et autres parties contractuelles ne seront pas amenées à publier ce genre
de rapports.
L’absence de relation significative entre l’intérêt porté à la pression des parties prenantes
et le niveau de la divulgation volontaire montre que, contrairement à l’information
sociétale, la communication sur les immatériels n’est pas opérée dans le but de gérer ou
de répondre aux attentes des différents acteurs sociaux, autres que les actionnaires. Ce
résultat nous semble surprenant dans un contexte français relativement actif dans
l’engagement et la promotion de la RSE au niveau national et aussi international. La
France est caractérisée par la présence de plusieurs associations telles que l’Observatoire
sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises crée en 2000, dont l’objectif est nourrir le
débat et diffuser les bonnes pratiques de reporting RSE. Par ailleurs, la France est un
pays innovateur au plan législatif par la promulgation de la loi NRE (2002) obligeant les
entreprises cotées à publier un rapport sur leur manière d’assumer leurs responsabilités
sociales et environnementales. A notre avis, ce résultat peut s’expliquer par une faiblesse
de la concertation avec les parties prenantes en France alors qu’il s’agit d’une voie pour
adapter la stratégie de l’entreprise aux attentes de la société et un moyen pour anticiper
les réflexions en matière de responsabilité sociétale. La concertation est un processus
global qui nécessite la communication (faire passer un message) et l’engagement du
dialogue avec les parties prenantes. Par conséquent, ces derniers ne semblent pas être le
public cible de la divulgation volontaire sur le capital immatériel.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
241
En outre, bien que certains chercheurs ont intégré l’information sociétale à la grille de
Guthrie et Petty (2000), notamment au niveau du capital relationnel (Oliveras et
Kasperskaya 2005), la spécificité de notre contexte dans lequel la divulgation de cette
information est rendue obligatoire, en vertu de la loi NRE, pour les entreprises cotées à
partir de l’année 2002, nous a obligé de ne pas considérer l’information sociétale dans la
mesure du niveau de la divulgation sur le capital immatériel. La non prise en compte de
l’information sociale et environnementale se justifie par l’objectif de notre étude qui
s’articule uniquement autour des informations volontaires et peut expliquer l’absence
d’association significative entre l’intérêt porté à la pression des parties prenantes et notre
variable dépendante.
33.. LLee sseecctteeuurr dd’’aaccttiivviittéé
Les résultats de nos régressions infirment la huitième hypothèse selon laquelle il y a une
relation positive entre l’appartenance à un secteur de haute technologie et le niveau de la
divulgation volontaire sur le capital immatériel. Ces résultats contredisent ceux de
Bozzolan et al. (2003, 2006), Woodcock et Whiting (2009), Oliveira et al. (2006), Petty et
Cuganesan (2005) et Kang et Gray (2011) qui ont confirmé un effet positif et significatif
du secteur d’activité sur le volume des informations publiées.
En revanche, l’absence de relation significative est en harmonie avec l’étude de Guthrie et
al. (2006), réalisée dans un contexte australien. Les auteurs ont trouvé que l’appartenance
à un secteur de haute technologie n’est pas un facteur explicatif de la divulgation
volontaire sur le capital immatériel. De même, dans un contexte néo-zélandais, Wong et
Gardner (2005) ont rejeté toute association entre le secteur d’activité et l’offre volontaire
d’informations sur les incorporels. Les auteurs ont constaté que la première et la
troisième firme, selon un classement décroissant du volume d’informations,
appartiennent à des secteurs traditionnels95 (agroalimentaire et transport). Ils ont
constaté également que les deux firmes, qui ne diffusent aucune information sur leur
capital immatériel, appartiennent à des secteurs de haute technologie96
(télécommunication et pharmaceutique).
95Lion Nathan est une société australo-néo-zélandaise de boissons alcoolisées, formée en 1923 (New Zealand Breweries), devenue Lion Breweries en 1977, et Lion Nathan en 1988. Elle appartient à 46% à la société japonaise Kirin et à 54% par des actionnaires australiens et néo-zélandais. Elle a un affectif de 3,200 employés en Australie et en Nouvelle-Zélande. Mainfreight est une société de service logistique (transport). 96FinMedia, par sa filiale Hemscott plc, possède et exploite des bases de données. La société fournit des solutions en ligne et des services médiatiques aux compagnies inscrites, aux organisations financières, aux conseillers professionnels et aux investisseurs individuels au Royaume-Uni et en Europe. Ryman Healthcare est une société de services médicaux et pharmaceutiques.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
242
Aussi, dans notre étude, la deuxième et la quatrième firme, classées selon un ordre
décroissant du volume des informations divulguées sur le capital immatériel,
appartiennent à des secteurs traditionnels (Saint Gobain, construction et matériaux de
construction ; Accor, loisir et hôtellerie). Néanmoins, l’avant dernière firme appartient à
un secteur de haute technologie (Soitec, équipements électriques/électroniques)
Ces conclusions mitigées résultent du fait que les secteurs qualifiés de haute technologie
changent au fil du temps : si hier l’automobile ou la chimie étaient considérées comme
leaders et de haute technologie, aujourd’hui ces secteurs sont classés par l’OCDE et
certains auteurs comme appartenant à la faible technologie.
Ding et Stolowy (2002) considèrent que les secteurs de haute technologie portent sur des
activités telles que l’aéronautique et la défense, l’automobile, l’industrie, l’ingénierie, les
logiciels, le matériel informatique, la pharmacie et les biotechnologies, les services, alors
que tous les autres types d’activités appartiennent à des secteurs de faible technologie.
Dans sa classification, Entwistle (1999) se montre plus sélectif car il ne considère que
trois types d’activités comme relevant des secteurs de haute technologie : les logiciels, le
matériel informatique, et les biotechnologies ; à l’inverse, toutes les autres activités non
citées relèvent des secteurs traditionnels (ou de faible technologie).
Ainsi, une limite de taille se pose dans ce type d’approche car le contenu des
classifications varie fortement d’un auteur à un autre c’est-à-dire qu’il n’existe aucun
consensus à propos de la distinction secteurs de haute technologie/secteurs de faible
technologie : si tel secteur est dit de haute technologie pour un auteur, il n’en est pas
forcément de même pour un autre auteur. Une deuxième limite réside dans le fait que le
critère retenu par l’OCDE pour la classification des entreprises (faible/haute technologie)
est l'intensité de R&D de l'ensemble des firmes opérantes dans le même secteur et non
pas celle de chaque firme. Par conséquent, il est possible qu'une firme donnée soit
considérée comme une firme de haute technologie alors que son intensité de R&D est
faible, négligeable voire même nulle.
Pour pallier à ces limites nous avons adopté une deuxième approche de l'appartenance
sectorielle. En effet, selon notre objectif qui porte sur l’identification des déterminants de
l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel, nous avons établi une
classification sur la base du niveau des actifs incorporels de chaque firme et non pas de
l'ensemble de l'industrie. Ceci permettra de ranger dans un premier groupe –à forte
intensité immatérielle-, toutes les firmes dont l’importance des actifs immatériels
(mesurée par le ratio Immobilisations incorporelles/Actif total) se situe au-dessus de la
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
243
moyenne et dans un deuxième groupe - à faible intensité immatérielle-, le reste des
entreprises. Toutefois, l’analyse en corrélation et les régressions n’ont relevé aucune
relation significative entre l’appartenance sectorielle, mesurée selon la deuxième
approche, et le niveau de la divulgation sur le capital immatériel.
Certes ce résultat confirme que le secteur d’activité n’est pas un facteur explicatif de la
divulgation sur le capital immatériel, il mérite d’être interprété avec réserve. En effet,
l’appréciation de l’intensité immatérielle des secteurs échappe aux mesures comptables et
dépassent largement le poids des actifs immatériels.
Par ailleurs, une nouvelle économie « immatérielle », basée sur la connaissance et le
savoir favorise la synergie « sectorielle » en affinant les frontières entre les secteurs high-
tech et les secteurs traditionnels. Elle confie à ces derniers une nouvelle dimension et un
nouveau rôle dans les sociétés modernes. En effet, « les productions agricoles, alimentaires ou
non alimentaires, comportent de plus en plus de technologies, de savoir-faire individuels ou
collectifs, les produits agroalimentaires entrent des processus de transformation de plus en plus
complexes, sans oublier la « tertiarisation » des activités agricoles : créations de services,
productions d’aménités97».
Un autre résultat mérite d’être souligné est celui de l’effet négatif de l’appartenance à un
secteur de haute technologie (selon la classification de l’OCDE 1994) sur le niveau de la
divulgation sur le capital humain. La forte intensité technologique conduit les entreprises
à développer des compétences et des connaissances nécessaires pour évoluer. Les
ressources humaines sont au cœur du dispositif de création de valeur et représentent un
avantage compétitif pour les firmes de la haute technologie. Ce résultat peut s’expliquer
par une externalité négative de la divulgation sur des éléments de différenciation
permettant aux concurrentes d'exploiter gratuitement ces informations dans leurs
intérêts. De surcroît, à défaut de contrôle, souvent des employés compétents et ayant
subis une formation au sein de la firme la quittent pour aller travailler chez un
concurrent ou monter leur propre projet et jouer un rôle dominant dans le même secteur.
44.. LLaa pprreessssiioonn ccoonnccuurrrreennttiieellllee
D’après nos résultats, la pression concurrentielle s’avère non déterminante pour la
divulgation sur le capital immatériel, structurel et humain. Cependant, la validation
empirique tend à confirmer que cette pression est un facteur explicatif de l’offre
97Témoignage de Virginie Allaire-Arrivé (2012), conseillère du président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA). Disponible à : http://www.momagri.org/FR/tribunes/Valoriser-et-proteger-le-patrimoine-immateriel-de-l-agriculture_216.html.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
244
volontaire d’informations sur le capital relationnel. En effet, nous avons trouvé que les
entreprises les plus concurrencées divulguent moins d’informations sur leur capital
relationnel. Ceci nous parait défendable dans la mesure où chaque secteur d’activité
possède ses propres parties prenantes : clients, fournisseurs, investisseurs, partenaires…
La firme d’un secteur donné doit nouer des relations avec les acteurs de son
environnement qui lui fournissent des ressources nécessaires à la poursuite de son
activité. Ces relations sont généralement plus importantes en termes de quantité (et/ou
qualité), lorsque cette firme se trouve en situation de monopole ou duopole98. En effet,
plus le nombre de concurrents est élevé plus ces relations sont dispersées et
« partagées », ce qui peut expliquer un faible niveau de la divulgation sur le capital
relationnel en raison d’un réseau relationnel «allégé». Par ailleurs, une pression
concurrentielle élevée incite les dirigeants à ne pas diffuser des informations volontaires
sur les circuits de distribution, les contrats de partenariats, les fournisseurs de capitaux,
etc. De telles informations peuvent modifier les stratégies des concurrents et faire subir à
la firme une baisse de cash-flows (Dye 1985). En effet, les relations de partenariats se
caractérisent le plus souvent par des transferts de compétences au-delà des frontières de
chaque organisation et ce pour la création de compétences communes. Un accord de
partenariat entre un ancien partenaire ou un partenaire potentiel et un concurrent peut
léser les intérêts de la firme et la priver d’un avantage compétitif.
55.. LLee ppooiiddss ddeess iimmmmaattéérriieellss aaccttiivvééss
Sous le référentiel comptable international, l’inscription des éléments immatériels à l’actif
du bilan nécessite la réunion de deux conditions : la satisfaction à la définition d'une
immobilisation incorporelle d’une part, et aux critères de comptabilisation de l’autre part.
Ces conditions sont plus strictes que celles exigées par les normes françaises (Boulerne et
Sahut 2010). Par conséquent, en migrant vers les normes IFRS, la plus part des firmes
françaises cotées ont minimisé la valeur de leurs actifs incorporels (Gatet et Tassin
(1998, cité par Boulerne et Sahut 2010). De plus, Bessieux-Ollier et Walliser (2007)
indiquent l’apparition d’un phénomène de glissement des actifs incorporels qui s’avèrent
non identifiables vers le Goodwill. Ainsi, ce dernier comprend un écart d’acquisition et un
ensemble d’éléments immatériels hétérogènes non identifiables tels que le savoir faire des
employés.
98Structure de marché dans laquelle deux entreprises, les duopoleurs, produisent un même bien dont elles fournissent la totalité de l’offre
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
245
L’analyse multivariée a montré que le poids des actifs incorporels (immobilisations
incorporelles) n’est pas un facteur explicatif de l’offre volontaire d’informations sur le
capital immatériel ainsi que ses composantes. Ce résultat confirme celui trouvé par Kang
et Gray (2011) qui n’ont dégagé aucune association entre le pourcentage des actifs
incorporels reconnus comptablement par rapport au total actif et le niveau de la
divulgation volontaire sur les immatériels chez les grandes firmes des marchés
émergents.
L’absence de relation entre le poids des actifs incorporels et le niveau de la divulgation
sur le capital immatériel peut s’expliquer par la non pertinence de cette composante pour
les investisseurs en France. En effet, en s’appuyant sur un échantillon d’entreprises
composant l’indice SBF 250, Boulerne et Sahut (2010) ont montré que les autres actifs
incorporels (Actifs incorporels total moins goodwill) ne représentent pas une information
pertinente auprès des investisseurs aussi bien sous le référentiel comptable français que
sous les normes internationales. Les auteurs ajoutent qu’en France « les actifs incorporels
individualisés à l’actif du bilan des sociétés ne seraient pas une information plus pertinente pour
les actionnaires, que ne le sont les actifs incorporels non individualisés transférés dans le
goodwill ». Boulerne et Sahut (2010) concluent que les normalisateurs « ne semblent pas
avoir atteint leur objectif par l’application de l’IAS 38, en privilégiant la fiabilité de
l’information par l’interdiction de l’inscription de plusieurs éléments incorporels non
identifiables ».
Par ailleurs, l’IAS 38 présente un niveau élevé de détails et comprend une longue liste
d’obligations d’informations pour les immobilisations incorporelles. Pour chaque
catégorie d’immobilisations incorporelles, en distinguant les immobilisations
incorporelles générées en interne des autres immobilisations incorporelles, les états
financiers doivent indiquer que les durées d’utilité sont indéterminées ou finies et, si elles
sont finies, les durées d’utilité ou les taux d’amortissement utilisés ; les modes
d’amortissement utilisés pour les immobilisations incorporelles à durée d’utilité finie ; la
valeur brute comptable et tout cumul des amortissements (regroupés avec le cumul des
pertes de valeur) à l’ouverture et à la clôture de la période; le(s) poste(s) de l’état du
résultat global dans le(s)quel(s) est incluse la dotation aux amortissements des
immobilisations incorporelles…(IAS 38 §118). De ce fait, outre l’interdiction des
traitements optionnels et des méthodes dérogatoires dans les normes IFRS, ces
informations obligatoires et détaillées sont susceptibles de réduire la pertinence de la
divulgation volontaire. Ce résultat est en harmonie avec celui trouvé par Cormier et
Ledoux (2010). En effet, dans leur étude réalisée sur 71 firmes non financières de l’indice
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
246
SBF 120 pour les années 2002 (normes comptables françaises) et 2010 (IFRS), les auteurs
ont conclu que sous le référentiel français, le reporting obligatoire et le reporting
volontaire sur le capital immatériel codé à partir des sites Web des entreprises sont
complémentaires dans la mesure où ce dernier améliore la capacité des marchés boursiers
à apprécier les actifs incorporels inclus dans les états financiers. En revanche, les auteurs
ont trouvé que l’adoption des normes IFRS réduit l’importance de ce reporting
volontaire dans la valorisation boursière de l’information comptable sur les actifs
incorporels. Cormier et Ledoux (2010) ajoutent que la divulgation volontaire sur le
capital immatériel « perd de sa valeur au fur et à mesure que les normes comptables en la matière
sont plus contraignantes et plus détaillées par rapport à la mesure et la divulgation ».
Contrairement à la variable relative au poids des actifs incorporels, les résultats de notre
analyse statistique ont montré la présence d’une association positive et significative entre
le poids du goodwill activé et le niveau de la divulgation volontaire sur le capital
immatériel, structurel et humain.
Le goodwill acquis lors de la prise de contrôle d'une société par une autre, représente « la
différence entre un paiement effectué par un acquéreur en prévision d’avantages
économiques futurs générés par des actifs qui ne peuvent pas être identifiés
individuellement et comptabilisés séparément. Les avantages économiques futurs
peuvent résulter d’une synergie entre les actifs identifiables acquis ou provenir d’actifs
qui, pris individuellement, ne satisfont pas aux critères de comptabilisation dans les états
financiers mais pour lesquels l’acquéreur est disposé à effectuer un paiement dans le cadre
du regroupement d’entreprises99».
Boulerne et Sahut (2010) ont montré que la mesure comptable du goodwill est une
information pertinente pour les investisseurs sous les référentiels comptables français et
international. En outre, les auteurs ne constatent aucune différence dans la valorisation
boursière entre le goodwill et le total des actifs incorporels selon les deux référentiels.
De même, Cazavan-Jeny (2004) a montré une association positive entre le goodwill et le
ratio book-to-market dans le contexte français. Ces conclusions nous amènent à souligner
la pertinence de cette valeur immatérielle, non reconnue par le référentiel international
en tant qu’actifs incorporels, dans l’évaluation de la firme. Ceci a encouragé les firmes
françaises à fournir des informations volontaires sur des éléments immatériels valorisés
par les investisseurs mais non reconnus par la comptabilité dans le but d’affecter
positivement leur valeur de marché.
99IASB 2004, IAS 38 §11.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
247
En effet, Edvinsson et Malone (1997) considèrent que l’écart d’acquisition correspond à
la présence d’éléments immatériels, non reconnus par la comptabilité en raison de la
difficulté d’évaluer ce type d’actif (image de l’entité achetée, compétences et
connaissances des employés, relations de l’entreprise avec ses clients et ses
fournisseurs…). Martory et Verdier (2000) avancent que le goodwill représente « la
mesure de notre ignorance comptable de la valeur actuelle ou future d’une entreprise par rapport
aux valeurs enregistrées dans les systèmes d’information ».
Escaffre (2002) qui a avancé deux caractéristiques du goodwill qui sont : l’absence
d’identification (« le goodwill regroupe globalement les éléments du capital intellectuel sans
distinction d’origine et d’objectif. Cet ensemble ne permet donc pas d’apprécier la nature des
éléments immatériels contribuant à l’activité économique de l’entreprise ») et la difficulté de
valorisation ou de mesure (« l’exhaustivité de la valorisation des éléments du capital intellectuel
n’est pas prouvée »).
Ainsi, l’effet positif du poids du goodwill, c'est-à-dire des éléments incorporels non
comptabilisés séparément au bilan faute d’identifiabilité et de mesure fiable, sur le niveau
de la divulgation volontaire sur le capital immatériel montre qu’en absence d’une
information comptable obligatoire et standardisée sur une composante pertinente pour la
valorisation de la firme, les dirigeants des entreprises françaises seront incités à publier
des informations extra-comptables et volontaires afin de pallier aux insuffisances du
reporting financier.
Edvinsson et Malone (1997) définissent le capital immatériel comme étant « la différence
entre la valeur réelle, ou de marché, de l’entreprise et sa valeur comptable ». En se basant sur
cette définition, la présence d’une relation positive entre le poids du goodwill et le niveau
de la divulgation volontaire sur les incorporels confirme que cette dernière représente un
mécanisme de signalisation permettant aux firmes qui ne sont pas les plus performantes
(en terme de performance financière (ROE) et boursière (Q de Tobin)) mais dont le
capital immatériel est plus important de se distinguer des autres.
Chapitre 4 : Présentation, interprétation et discussion des résultats
248
CCoonncclluussiioonn
Pour conclure ce chapitre, nous allons présenter une synthèse des résultats de l’étude
empirique menée. Il ressort de nos régressions que la structure de propriété et la taille de
la firme sont des déterminants de l’offre volontaire d’informations sur le capital
immatériel. Nous pouvons conclure alors que la divulgation sur les immatériels est
motivée par la création de valeur actionnariale et ce en réduisant certains coûts d’agence
liés à la présence d’une asymétrie d’information entre les contractants et qui sont
susceptibles de réduire la valeur financière de la firme.
Par ailleurs, l’effet négatif de l’endettement sur le niveau de la divulgation volontaire sur
le capital immatériel peut avoir comme explication la relation négative entre
l’endettement et l’importance des conflits d’agence dans le cadre de la relation
dirigeants/actionnaires. En effet, dans un contexte français marqué par une faible
protection des investisseurs minoritaires et une forte intermédiation financière,
l’endettement s’avère un mécanisme de contrôle et prend le rôle de la divulgation
volontaire dans la réduction des coûts d’agence.
Toutefois, il ressort de nos régressions que les variables relevant de l’argument de la
légitimité et qui sont l’intérêt porté aux pressions des parties prenantes contractuelles et
diffuses, le statut de cotation et l’âge s’avèrent non significatives. Ceci nous permet de
conclure la prédominance de l’approche actionnariale selon laquelle les dirigeants
procédent à la divulgation volontaire sur les immatériels afin de réduire l’asymétrie
d’information et maximiser la valeur financière de la firme pour les actionnaires.
En outre, nous avons trouvé que le poids du goodwill activé qui correspond à l’ensemble
des éléments immatériels exclus de la définition comptable d’« actifs incorporels » a un
effet positif sur le niveau de la divulgation sur le capital immatériel. Ce résultat confirme
que les dirigeants recourent à la divulgation volontaire lorsque l’information comptable
est absente ou incapable à refléter les capacités de l’entreprise à générer des avantages
économiques futurs. Ainsi, cette publication s’avère un signal permettant aux firmes dont
le capital immatériel est plus important de se distinguer des autres.
Conclusion générale
249
CCOONNCCLLUUSSIIOONN GGÉÉNNÉÉRRAALLEE
Conclusion générale
250
ans cette conclusion générale, nous allons synthétiser nos principales
propositions théoriques et méthodologiques ainsi que nos résultats. Ensuite
nous citerons les apports ainsi que les limites de notre travail et fournirons à
la fin quelques pistes de recherche dans le domaine du reporting sur le capital
immatériel.
SSYYNNTTHHÈÈSSEE DDEE LL’’ÉÉTTUUDDEE
Notre recherche a porté sur l’analyse des informations divulguées sur le capital
immatériel. La question centrale à laquelle nous avons cherché à apporter des réponses
est la suivante : Pourquoi les entreprises françaises fournissent-elles des
informations non obligatoires sur leur capital immatériel dans leur rapport
annuel ?
Cette question a été motivée, tout d’abord par les bouleversements économiques de ces
dernières décennies qui se sont traduits par la contribution croissante des
investissements immatériels à la création de valeur. Les systèmes productifs incorporent
de plus en plus de savoir et de connaissances qui deviennent les principaux avantages
compétitifs des firmes. Cependant, les normes comptables ne retiennent à l'actif que
certains éléments incorporels. Cette situation explique selon certains auteurs les
différences significatives entre les capitaux propres des entreprises et leur valeur de
marché (Amir et Lev 1996, Cazavan-Jeny 2004) et implique la présence d’une asymétrie
d’information entre les investisseurs et les dirigeants. Ce déséquilibre informationnel
augmente le niveau du risque et prive l’entreprise des financements avantageux et réduit
par conséquent sa valeur financière.
Ensuite, malgré l’absence d’obligations en matière de reporting sur les immatériels, nous
observons, ces dernières années, l’émergence de nouvelles pratiques et modèles de
D
Conclusion générale
251
divulgation volontaire, à travers lesquelles les firmes communiquent une très grande
variété d’informations liées aux différentes composantes de leur capital immatériel.
Les modèles les plus connus sont Skandia Navigator (Edvinsson et Malone 1997),
Balanced Scorecard (Kaplan et Norton 1992 et 1996) et Intangible Assets Monitor (Sveiby
1997). Ces initiatives ont été incitées par le besoin des investisseurs d’une information
extra-comptable, non financière et pertinente sur les facteurs de création de valeur afin
de mieux évaluer la capacité de la firme à enregistrer de bonnes performances.
Enfin, la revue de la littérature sur la divulgation volontaire (voluntary disclosure) révèle
l’émergence d’un nouveau courant de recherche se focalisant sur l’information. En effet,
les premières études sont pour la plupart exploratoires et descriptives (Guthrie et Petty
2000, Goh et Lim 2004, April et al. 2003, Olsson 2001, Brennan 2001, Bontis 2003).
Rares sont les études qui ont utilisé des régressions afin d’identifier des facteurs
explicatifs de l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel (Williams 2001,
Bozzolan et al. 2003, Williams et Firer 2003, Bukh et al. 2005). D’un manque frappant à
une absence remarquable de ces recherches dans un contexte français, nous avons jugé
qu’il est pertinent d’examiner la divulgation volontaire sur le capital immatériel en
France en adoptant une analyse à la fois exploratoire et explicative.
La première partie de la thèse a présenté le cadre conceptuel de la recherche. Notre
passage en revue de la littérature a montré que toutes les pratiques de communication
sur le capital immatériel émanent essentiellement d’un comportement volontaire de la
part des dirigeants. Par ailleurs, les études antérieures se fondent généralement sur une
seule approche, généralement économico-contractuelle ou un seul cadre théorique. Dans
notre recherche, nous avons essayé de valider l’effet d’un ensemble de variables issues
d’une multitude d’approches (actionnariale et partenariale) et de cadres théoriques
(théorie de l’agence, théorie de signaux, théorie de la légitimité et la théorie des parties
prenantes) sur la stratégie de communication sur le capital immatériel. Nous avons
essayé également de vérifier l’effet du secteur d’activité ainsi que de l’externalité négative
de l’information publiée liée à son utilisation préjudiciable par les concurrents de
l'entreprise sur la divulgation volontaire sur les incorporels. Cette externalité relève du
cadre de la théorie des coûts indirects (proprietary costs theory).
Nous positionnons les déterminants de l’offre volontaire d’informations sur les
immatériels en premier lieu sous une perspective économico-contractuelle. Selon cette
approche qui limite les relations de l’entreprise aux seuls actionnaires et qui réduit la
responsabilité de la firme à une responsabilité économique envers ses propriétaires, la
Conclusion générale
252
divulgation volontaire est motivée par son utilité financière. En effet, elle permet de
réduire l’asymétrie d’information qui enveloppe les investissements immatériels en raison
d’un traitement comptable inapproprié. Dans ce cadre, l’information publiée sur le capital
immatériel est considérée comme un mécanisme de dédouanement et de surveillance
permettant aux agents de réduire certains coûts d’agence et une variable de signalisation
à travers laquelle les firmes les plus performantes se distinguent des autres.
En deuxième lieu, les facteurs explicatifs de la stratégie de communication sur les
intangibles sont situés sous une perspective socio-institutionnelle. Cette approche fait
introduire la firme dans un tissu social où elle doit interagir avec une diversité de parties
prenantes qui détiennent les ressources nécessaires à sa survie. Dans ce cadre, le reporting
sur les immatériels devient un processus de légitimation et un moyen pour satisfaire les
attentes des différents acteurs. A travers ce reporting la firme défend son image et justifie
son engagement dans un comportement de responsabilité sociétale.
Nous souhaitons connaitre les caractéristiques des firmes qui ont choisi de divulguer
volontairement des informations sur leur capital immatériel. Pour ce faire, nous avons
exploré les pratiques de communication des entreprises françaises composant l’indice
SBF120 et étudié la relation entre le niveau de la divulgation sur les incorporels et ses
déterminants en procédant à une analyse de contenu manuelle des rapports annuels de
l’exercice 2006 et en se basant sur une grille de codage, identifiée dans la littérature
(Guthrie et Petty 2000) et adaptée au contexte français. Nous avons choisi d’analyser le
rapport annuel, car il demeure le support de communication privilégié en raison de sa
large diffusion et son haut degré de crédibilité (Neu et al. 1998).
Comme le niveau de la divulgation d’information sur le capital immatériel est une
variable de comptage discrète, mesurée par le nombre de mots (ou groupes de mots), les
modèles classiques de régression supposant la continuité et pouvant amener à prédire des
valeurs négatives ou décimales s’avèrent inappropriés et peuvent conduire à des
estimations biaisées (Zéghal et Lahmar 2008, Zéghal et al. 2007, Baccouche et al. 2010).
Par conséquent, nous avons utilisé des modèles spécifiquement conçus pour le traitement
des données de comptage. Le modèle de poisson et le modèle binomial négatif constituent
les modèles de comptage les plus communément utilisés dans la littérature. Toutefois,
nos tests statistiques ont écarté le modèle de poisson en raison d’un problème de
surdispersion de la variable dépendante (c'est-à-dire la variance dépasse significativement
la moyenne).
Conclusion générale
253
Les principaux résultats de l’analyse exploratoire sont synthétisés dans les points
suivants :
Malgré l’adoption obligatoire des normes internationales (IFRS) qui visent à
améliorer et standardiser le contenu de l'information financière, nous constatons
que toutes les firmes qui appartiennent à l’indice SBF120 publient volontairement
sur le capital immatériel. Ce constat confirme l’importance des investissements
immatériels dans une économie qui repose de plus en plus sur le savoir, d’une part
et les limites des seuls mesures comptables à refléter la capacité des entreprises à
générer des cash-flows futurs, notamment lorsqu’il s’agit de ressources
immatérielles, d’autre part.
Le volume des informations divulguées sur le capital immatériel est très dispersé.
En effet, certains groupes adoptent une stratégie de communication assez riche
alors que d’autres firmes préfèrent limiter le niveau de leur publication. Cette
dispersion qui résulte d’un besoin informationnel non balisé par les instances de
normalisation, nuit à la comparabilité des entreprises et ne favorise pas une
meilleure prise de décision des investisseurs. Des efforts de normalisation sont
donc souhaitables en ce sens.
L’information sur le capital immatériel est véhiculée à travers plusieurs formes.
Nous trouvons la narration (textes) qui peut être déscriptive/qualitative ou bien
chiffrée/quantitative, les graphiques, les tableaux et les photos. Les firmes
françaises prévilégient la forme qualitative en raison de la difficulté d’attribuer
une mesure aux éléments incorporels qui sont pour la plupart des thèmes
qualitatifs tels que les compétences, les systèmes d’information, l’image de
marque, etc.
Les entreprises françaises divulguent plus sur le capital relationnel et le capital
structurel. Le niveau de la divulgation sur le capital humain est relativement
faible. Ceci prouve que les dirigeants ne sont pas motivées à communiquer sur des
éléments qui, malgré leur contribution à la création de valeur, ne sont pas leur
« propriété ». En effet, ce capital humain n’appartient pas à l’entreprise, dans la
mesure où il est difficilement contrôlé et facilement « expropriable ».
A travers l’analyse multivariée, nous avons mis en relation le niveau de la divulgation
volontaire sur le capital immatériel et certaines variables regroupées selon deux types
d’arguments. Le premier est celui de l’utilité financière regroupant les variables
Conclusion générale
254
suivantes : la structure de propriété, la taille, l’endettement et la performance
économique. Le second est celui de la légitimité, à travers lequel nous avons essayé de
tester l’effet de l’âge de la firme, son statut de cotation et l’intérêt qu’elle porte aux
pressions des parties prenantes contractuelles et diffuses sur sa stratégie de
communication sur les intangibles. En outre, nous avons analysé l’influence du secteur
d’activité et la pression concurrentielle.
Nos résultats montrent que la structure de propriété et la taille sont des determinants de
l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel. Ces résultats confirment que la
divulagtion « immatérielle » est motivée par son utilité financière. En effet, elle permet
de réduire certains coûts d’agence liés à la présence d’une asymétrie d’information qui est
susceptible de réduire la valeur de la firme. Cette divulgation est opérée dans une optique
de maximisation de la richesse des actionnaires.
Nous avons pu conclure que l’endettement a un effet négatif sur le niveau de l’offre
volontaire d’informations sur le capital immatériel. Ce résultat peut se justifier du fait
que dans la relation contractuelle opposant les dirigeants aux actionnaires, l’endettement
de l’entreprise peut être considéré comme un moyen pour réduire les coûts d’agence. En
effet, la nécessité de payer des charges financières accrues, et les contraintes de
remboursement en capital permettent de contraindre le dirigeant et offrent une manière
de retourner les liquidités au marché financier (Thibierge1997). Ce résultat s’inscrit
pleinement dans un contexte français marqué par une faible protection des investisseurs
minoritaires et une forte intermédiation financière, l’endettement s’avère un mécanisme
de contrôle se substituant à la divulgation volontaire dans la réduction des coûts
d’agence. Cette relation négative peut découler aussi d’un silence de la part des firmes
fortement endettées dans le but de réduire le coût des capitaux empruntés. En effet, toute
information sur la création ou le développement d’actifs incorporels risquerait de gêner
les créanciers actuels et accroitre le coût des dettes ultérieures en raison de l’engagement
de l’entreprise dans des projets qui feraient supporter aux préteurs un niveau de risque
supérieur et une diminution de la probabilité de remboursement. En résumé, cette
relation négative confirme le souci des dirigeants de maximiser la richesse des
actionnaires.
Dans le cadre de la théorie de signaux, nos conclusions relatives au lien entre la
performance de l’entreprise et le volume des informations « incorporelles » corroborent
celles des études antérieures sur la difficulté d’établir une relation stable entre l’offre
volontaire sur le capital immatériel et la création de valeur financière (Williams 2001).
Conclusion générale
255
Nos résultats montrent qu’aucune variable s’inscrivant sous l’argument de la légitimité
n’apparaît significative. En effet, l’âge de la firme, le statut de cotation et l’intérêt porté
aux pressions des parties prenantes ne sont pas des facteurs explicatifs du niveau de la
divulgation sur les immatériels.
Tout d’abord, indépendamment de son âge, sa maturité et sa stabilité, la firme est amenée
à faire face en permanence à l’évolution de son environnement sociétal en fournissant
continuellement des informations prouvant sa légitimité et son alignement aux règles et
valeurs acceptées par la société. Ensuite, contrairement à l’information sociétale, la
divulgation volontaire sur le capital immatériel n’a pas pour objectif ni d’établir un
dialogue social ni de satisfaire aux attentes des différentes parties prenantes. Enfin, les
efforts d’harmonisation et la convergence entre les US GAAP américains et les IFRS
implique que, sur le plan de la communication d'informations privées, il y a de moins en
moins de différences entre les firmes françaises cotées sur les marchés américains et les
firmes françaises cotées uniquement sur le marché local, mais qui adoptent les normes
IFRS.
Quoique, les résultats afférents aux variables de contrôle indique l’absence d’un lien entre
le poids des actifs incorporels et le volume de la divulgation sur le capital immatériel, ils
mettent en évidence, une association positive entre ce dernier et le poids du goodwill
activé qui correspond aux élements immatériels non comptabilisés séparément au bilan
faute d’identifiabilité et de mesure fiable. Ces résultats confirment que la divulgation
volontaire d’informations extra-comptables et de nature qualitative est une stratégie
adoptée par les dirigeants afin de remédier au traitement comptable inadéquat des
intangibles, compléter les états financiers, évaluer la valeur cachée de la firme et éclairer
les investisseurs dans leur processus de prise de décision. Cette divulgation semble être
un mécanisme de signalisation permettant aux firmes dont le capital immatériel est plus
important de se différencier des autres.
En ce qui concerne la divulgation d’informations sur les composantes du capital
immatériel, les résultats des régressions semblent être hétérogènes. En effet, la structure
de propriété, la taille, l’endettement et le poids du goodwill activé sont les determinants
de l’offre volontaire d’informations sur le capital structurel. Celle du capital relationnel
est expliquée par la taille et la pression concurentielle. La divulgation volontaire sur le
capital humain est determinée par la performance boursière, l’age de la firme, le secteur
d’activité et le poids du goodwill activé. Ainsi, nos résultats montrent que les
determinants les plus importants sont la taille et le poids du goodwill activé du fait qu’ils
Conclusion générale
256
expliquent le niveau de la divulgation sur le capital immatériel et deux de ses trois
composantes (qui sont respectivement le capital structurel et relationnel et le capital
structurel et humain). Viennent ensuite la strucure de propriété et l’endettement qui
s’avèrent non significatives uniquement pour le capital relationnel et humain.
Nous avons essayé de présenter dans cette thèse, une étude des déterminants de l’offre
volontaire d’informations sur le capital immatériel en fonction d’un ensemble de variables
issues des théories contractuelles et des théories socio-politiques. L’analyse des résultats
montre l’interêt de regrouper ces théories selon deux approches : actionnariale versus
partenariale pour monter qu’une stratégie de communication sur le capital immatériel se
justifie essentiellement par l’argument de son utilité financière. En effet, les entreprises
françaises fournissent des informations non obligatoires sur les intangibles dans leur
rapport annuel dans le but de créer de la valeur actionnariale en réduisant l’asymétrie
d’information.
Notre étude confirme que la divulgation volontaire sur le capital immatériel est un
mécanisme de contrôle permettant aux firmes françaises de gérer les conflits d’agence et
réduire les coûts qui en découlent. En outre, elle leur permet de pallier aux insuffisances
du reporting financier en émettant des informations (signaux) pertinents pour l’évaluation
de leur capacité à générer des avantages économiques futurs qui ne se déduit pas par la
simple lecture des états financiers.
Notre étude montre que cette divulgation ne répond pas à des besoins de légitimation.
Elle n’est pas opérée dans le but de répondre aux attentes des parties prenantes et
d’établir le dialogue entre les différentes composantes de la société. Ce résultat nous
semble surprenant dans un contexte français caractérisé par un système de gouvernance
orienté « réseau » dont l’objectif est de préserver les intérêts de toutes les parties
prenantes et créer de la valeur partenariale par opposition à un système anglo-saxon
orienté « marché » dont l'objectif est de maximiser la valeur pour les seuls actionnaires.
De plus, la France se montre ces dernières années, un pays actif dans l’engagement, la
promotion et la difusion sur la RSE au niveau national et international.
Cette conclusion peut s’expliquer par la nature des informations divulguées. En effet, en
vertu de la loi NRE (2002), les entreprises françaises cotées sont obligées, de publier dans
leurs rapports annuels des informations sur les conséquences sociales et
environnementales de leurs activités. De ce fait, nous étions dans l’obligation d’exclure
toute information sociétale qui échappe au cadre volontaire que nous avons visé au
départ.
Conclusion générale
257
De plus, la divulgation sur le capital immatériel porte sur des éléments incorporels (tels
que la satisfaction de la clientèle, les compétences professionnelles….) auxquels plusieurs
auteurs ont associé une forte asymétrie informationnelle (Aboody et Lev 2000) en raison
de leur haute spécificité, absence de marché et un traitement comptable qui privilégie la
fiabilité de l’information au détriment de sa pertinence.
En conclusion, nous pensons que la non prise en compte d’une information sociétale
obligatoire pour mesurer le niveau de la divulgation volontaire sur les incorporels et la
forte asymétrie d’information qui enveloppe les investissements immatériels ont fait
prévaloir une création de la valeur actionnariale, recherchée par la stratégie de
communication sur le capital immatériel.
LLEESS AAPPPPOORRTTSS DDEE LL’’ÉÉTTUUDDEE
Bien que notre thèse soit parmi les premiers travaux de recherche sur les déterminants
de la divulgation volontaire sur le capital immatériel dans un contexte français, elle
apporte par rapport aux autres études, pour la plupart anglo-saxonnes, plusieurs
contributions tant sur le plan théorique que méthodologique et pratique.
Sur le plan théorique, la thèse présente un modèle multi-théorique des déterminants de
l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel. Ce modèle a été élaboré à partir
d’une large revue de la littérature sur la diffusion d’informations « immatérielles » et
sociétales. Dans la quasi-totalité des études portant sur les déterminants de la
communication sur les incorporels, nous constatons la prédominance d’une approche
actionnariale qui fait de la théorie de l’agence et de la théorie des signaux les seuls
fondements des hypothèses avancées par les auteurs. Ainsi, afin d’enrichir les recherches
antérieures et en se basant sur la relation fondamentale entre le comportement de
responsabilité sociétale et la création de richesse immatérielle, nous avons introduit une
approche partenariale dans l’analyse de la divulgation volontaire sur les incorporels qui
se fonde sur la théorie de la légitimité et la théorie des parties prenantes. Cette nouvelle
perspective socio-politique, nous a permis d’envisager d’autres déterminants dont les
conclusions permettent d’enrichir les débats dans le domaine du reporting sur les
incorporels.
Par ailleurs, la thèse mobilise, pour la première fois, la théorie des coûts indirects
(proprietary costs) pour l’examen de la stratégie de communication sur le capital
immatériel. En effet, les coûts liés à l’utilisation préjudiciable de l’information publiée par
la concurrence, peuvent inciter le dirigeant à retenir toutes les informations privées dont
Conclusion générale
258
il dispose. L’intérêt de cette théorie est d’autant plus important qu’il s’agisse d’une
externalité liée à une information sur des éléments de différenciation qui deviennent de
plus en plus immatériels (compétences, savoir-faire, qualifications professionnelles, etc.).
Sur le plan méthodologique, la thèse propose une grille de codage pour mesurer le
volume des informations sur le capital immatériel dans les rapports annuels des
entreprises françaises. Cette grille, bien qu’elle a été adoptée dans plusieurs études
antérieures (Guthrie et Petty 2000, April et al. 2003, Bozzolan et al. 2003) se distingue
par son adaptation au contexte français qui oblige les entreprises françaises cotées de
publier dans les rapports annuels des informations sur les conséquences sociales et
environnementales.
Par ailleurs, la thèse utilise deux approches empiriques à la fois. Une première approche
déductive selon laquelle l’analyse de contenu nous a fourni des indicateurs quantitatifs
permettant de valider nos hypothèses de recherche et une deuxième approche de
découverte exploratoire selon laquelle l'analyse de contenu nous a permis de «voir et
comprendre» les pratiques de communication et d’aller au-delà des données comptables
traditionnelles pour examiner la forme et la structure des informations divulguées sur le
capital immatériel chez les grandes firmes françaises. Par ailleurs, l’analyse exploratoire a
montré que les entreprises font véhiculer des valeurs immatérielles (notamment, le
capital humain) à travers des photos. Cette nouvelle forme n’a pas été largement étudiée
dans les travaux antérieurs.
Enfin, une originalité méthodologique de cette thèse réside dans l’utilsation de modèles
de comptage dans l’explication du niveau de la divulgation sur le capital immatériel,
structurel, relationnel et humain. Nos variables à expliquer sont mesurées par le nombre
de mots ou groupes de mots spécifiques aux immatériels. Elles sont des variables de
comptage qui prennent nécessairement des valeurs entières et positives. De ce fait, des
modèles de régression linéaires classiques pouvant prédire des valeurs négatives et
décimales s’adaptent mal à la nature de nos variables dépendantes et peuvent conduire à
des estimations inefficientes, inconsistantes et biaisées. Pour ceci, nous avons eu recours
aux modèles concus spécialement pour le traitement des données de comptage : modèle
de poisson et binomial négatif (Zéghal et Lahmar 2008, Zéghal et al. 2007).
Sur le plan pratique, l’identification des déterminants de l’offre volontaire d’informations
sur le capital immatériel permet tout d’abord, d’orienter les analystes financiers et les
investisseurs dans leur choix de la politique de cession et d’acquisition des titres. En effet,
la publication volontaire ne résulte pas d’une méconnaissance du dirigeant du cadre légal
Conclusion générale
259
mais, en tant qu’instrument de la politique comptable, elle lui permet d’atteindre certains
objectifs. Notre étude a montré que la divulgation volontaire sur les incorporels permet
de réduire l’asymétrie d’information et gérer de manière opportuniste les conflits
d’intérêt (réduire les couts d’agence) entre les contractants. Par ailleurs, elle représente
un mécanisme de signalisation permettant aux firmes dont le capital immatériel est plus
important de se distinguer des autres. Cependant, nous avons trouvé que le dirigeant ne
publie pas ces informations en vue de régler des déficits de légitimité et satisfaire aux
attentes des différentes parties prenantes.
Ensuite, la communication sur le capital immatériel est opérée par toutes les entreprises
analysées malgré le caractère volontaire de ce type d’information. Ceci reflète l’incapacité
de la comptabilité à refléter une image fiable et exhaustive de la valeur réelle de la firme.
Ceci montre également le besoin des investisseurs d’informations extra-comptables et
descriptives qui dépassent le cadre du reporting légal pour juger la performance et évaluer
la « face cachée » des entreprises (Edvinsson et Malone 1997).
Enfin, la disparité et les divergences entre les firmes en ce qui concerne la nature, la
structure et la forme des informations divulguées sur le capital immatériel, mises en
évidence dans le cadre de notre étude, alourdissent la tâche de la comparabilité de ces
informations non balisées par les instances de normalisation comptables et affectent leur
fiabilité tant qu’elles ne seront pas auditées.
La divulgation sur les incorporels est étroitement liée au problème de la normalisation
comptable. Le travail des normalisateurs devrait s’inspirer de la pratique des entreprises.
Comprendre pourquoi les firmes adoptent des stratégies particulières permettrait
de développer un ensemble cohérent d’éléments à publier obligatoirement (Hossain et al.
1995) et d’améliorer la pertinence des mesures comptables à travers la révision des
normes actuelles ou le développement de nouvelles règles de prise en compte, de
comptabilisation et de présentation des éléments incorporels notamment dans une
économie où les investissements immatériels prennent de plus en plus d’ampleur et
contribuent énormément dans les activités économiques des entreprises.
LLEESS LLIIMMIITTEESS DDEE LL’’ÉÉTTUUDDEE
Malgré les apports indiqués précédemment, notre recherche présente quelques limites
tant au niveau théorique qu’au niveau méthodologique.
Certes notre modèle multi-théorique offre un cadre intéressant pour l’analyse du
comportement des dirigeants dans le domaine de la divulgation sur les incorporels, il
Conclusion générale
260
n’est pas assez complet pour analyser tous les déterminants. En effet, le rôle d’autres
paramètres de gouvernance tels que la taille et la composition du conseil d’administration
(la présence d’administrateurs indépendants) ou encore des augmentations du capital,
peut être analysé. Un important travail théorique reste à mener afin de proposer un cadre
d’analyse plus englobant pour l’étude des facteurs explicatifs de la publication volontaire
sur le capital immatériel.
La deuxième limite de cette recherche est liée à l’utilisation d’un seul support de
communication. En effet, bien que le rapport annuel soit le vecteur de diffusion le plus
utilisé dans l’examen de la divulgation volontaire sur le capital immatériel en raison de sa
large diffusion et son haut degré de crédibilité, d’autres instruments de publication
méritent d’être analysés, notamment les sites internet des entreprises et leurs
communiqués de presse.
Bien que la politique de communication relève, en partie, d’une démarche
structurellement déterminée par la culture, l’historique et l’organisation de la société
(Gibbins et al. 1990) et que sa stabilité dans le temps, a été confirmée dans plusieurs
recherches (Healy et al. 1995, Botosan 1997, Bertrand 2000), l’introduction de la
dimension temporelle pourrait enrichir davantage notre analyse dans la mesure où elle
permet d’étudier le comportement de la firme dans le temps. En effet, les entreprises
peuvent imiter les leaders de leur industrie dans leur stratégie de communication. Plus la
divulgation volontaire sur le capital immatériel est admise par un grand nombre
d’organisations, plus les autres organisations sont contraintes de l’adopter afin de
conserver ou protéger leur légitimité. S’agissant d’une information non obligatoire, la
seule sanction possible est le rejet de l’organisation du champ dans lequel elle évolue :
l’environnement peut par exemple manifester son rejet en refusant de fournir à
l’organisation les ressources dont elle a besoin. Dans ce cas, la divulgation peut devenir
nécessaire, même si elle n’est pas obligatoire. Ainsi, l’isomorphisme normatif est le
résultat d’un phénomène de professionnalisation (DiMaggio et Powell 1983).
LLEESS PPEERRSSPPEECCTTIIVVEESS DDEE RREECCHHEERRCCHHEE
Pallier aux limites de notre étude permet de tracer de nouvelles pistes de recherche dans
le domaine du reporting sur les immatériels.
En effet, à partir de cette recherche, plusieurs études peuvent être entamées dans
plusieurs contextes en examinant d’autres facteurs susceptibles d’influencer le niveau de
la divulgation d’informations sur les intangibles. Ces études peuvent analyser, outre le
Conclusion générale
261
rapport annuel, d’autres supports de communication.
La présente étude a mesuré le volume des informations divulguées sur le capital
immatériel en attribuant à tous les items un même niveau d’importance. Aussi
intéressante soit-elle cette méthode est susceptible d’être améliorée en y associant
l'opinion des destinataires de la communication sur le capital immatériel. Autrement dit,
il s'agira d'apprécier l'importance de chaque item informationnel en s'appuyant sur les
jugements (ou notations) des marchés financiers, représentés notamment par les
analystes financiers, qui procèdent régulièrement à l'évaluation des sociétés.
Le marché incite vivement les entreprises à améliorer leur informations sur les
immatériels, mais les disparités dans ce domaine sont très marquées. Des analyses intra
et intersectorielles en vue d’identifier des besoins spécifiques en matière de gestion et
communication sur les incorporels s’avèrent donc un champ propice pour des recherches
futures. Le développement de normes sectorielles semble être le meilleur moyen de
progresser dans cette voie. En effet, l’OCDE dans son dernier rapport paru en 2006
privilégie le développement de normes sectorielles pour organiser les publications sur le
capital immatériel et offrir au marché financier une information fiable et pertinente.
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Zéghal, D., Maaloul, A. (2010). Le traitement comptable des intangibles, ses conséquences et les solutions envisagées : Une revue de la littérature. Journée « Capital immatériel : état des lieux et perspectives». Montpellier, France. Disponible à : http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/52/58/02/PDF/ZA_ghal_et_Maaloul_2010.pdf
Zéghal, D., Mouelhi, R., Louati, H. (2007). An analysis of the determinants of research and development voluntary disclosure by Canadians firms. The Irish Accounting Review 14 (2): 61-89.
Ziane Y. (2004). La structure d'endettement des petites et moyennes entreprises françaises : une étude sur données de panel. Revue internationale PME 17 (1).
Zimmerman, M. A., Zeitz, G.J. (2002). Beyond Survival: Achieving New Venture Growth By Building Legitimacy. Academy of Management Review 27 (3): 414-432.
Zucker, H.G. (1978). The variable nature of news media influence. Communication Yearbook 2: 225-245.
Annexes
277
ANNEXES
Annexe 1 : Entreprises du SBF 120 concernées par l’étude
Entreprises Secteur d’activité Entreprises Secteur d’activité
ACCOR Loisirs et hôtellerie MICHELIN Automobile et équipementiers
ADP Service NEOPOST Equipements électriques et électroniques
AIR France-KLM Service NEXANS Equipements électriques et électroniques
AIR LIQUIDE Energie, pétrole et gaz NEXITY Construction et matériaux de construction
ALCATEL LUCENT Equipements électriques et électroniques NRJ Media et divertissement
ALSTOM Equipements électriques et électroniques
PAGES JAUNES Service
AREVA Chimie pharmacie et santé PEUGEOT Automobile et équipementiers
ARKEMA Chimie pharmacie et santé
PIERRE ET VACANCES Loisirs et hôtellerie
CAP GEMINI Informatique et télécommunication PUBLICIS
Informatique et télécommunication
CARBONNE LORRAINE
Equipements électriques et électroniques RENAULT Automobile et équipementiers
CARREFOUR Distribution REXEL Equipements électriques et électroniques
CLARINS Chimie pharmacie et santé SAFRAN Aérospatial et défense
CLUB MED Loisirs et hôtellerie SAINT GOBAIN
Construction et matériaux de construction
DASSAULT SYSTEMES
Informatique et télécommunication
SANOFI-AVENTIS Chimie pharmacie et santé
ERAMET
Construction et matériaux de construction SEB
Equipements électriques et électroniques
ESSILOR INTERNATIONAL Biens de consommation SODEXHO Service
FRANCE TELECOM Informatique et télécommunication SOITEC
Equipements électriques et électroniques
GAZ DE FRANCE Energie, pétrole et gaz SUEZ Energie, pétrole et gaz GENERALE DE SANTE
Chimie pharmacie et santé TF1 Media et divertissement
GUYENNE ET GASCOGNE Distribution THOMSON
Equipements électriques et électroniques
HAULOTTE GROUP Automobile et équipementiers TOTAL Energie, pétrola et gaz
HAVAS Media et divertissement UBISOFT Media et divertissement
INGENICO Equipements électriques et électroniques UNIBAIL Service
KLEPIERRE Service VALEO Automobile et équipementiers
LEGRAND Equipements électriques et électroniques VALLOUREC
Equipements électriques et électroniques
L'OREAL Chimie pharmacie et santé VEOLIA Energie, pétrole et gaz
LVMH Biens de consommation ZODIAC Aérospatial et défense
M6 Media et divertissement
Annexes
Annexe 2 : Grille d’analyse et définition des thèmes
Annexe 2.1 : Grille d’analyse de l’étude
Capital structurel Définitions
1- Brevets d'invention Un brevet est un titre de propriété industrielle qui confère à son titulaire non pas un droit d'exploitation, mais un droit d'interdiction de l'exploitation par un tiers de l'invention brevetée.
2- Droits d’auteurs Les droits d'auteur protègent les œuvres de l'esprit que sont en droit français par exemple les œuvres audiovisuelles, chorégraphiques, photographiques, les œuvres littéraires ou musicales, les logiciels... mais également leurs titres, eux-mêmes élevés au rang d'œuvres de l'esprit. L'œuvre, pour bénéficier de cette protection, doit être originale et avoir fait l'objet d'une réalisation concrète.
3- Marques de fabrique La marque commerciale ou marque déposée est un mot, un groupe de mots, ou un signe distinctif permettant au déposant de pouvoir faire connaître, ou reconnaître l'ensemble des caractéristiques propres à leur production.
4- Innovation L'innovation est l'un des principaux moyens pour acquérir un avantage compétitif en répondant aux besoins du marché. Innover, c'est créer de nouveaux produits, développer des produits existants, mais aussi, optimiser son système de production, adopter les dernières technologies issues de la recherche fondamentale comme de son département de recherche et développement
5- R&D Ils englobent les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d'accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l'homme, de la culture et de la société, ainsi que l'utilisation de cette somme de connaissances pour de nouvelles applications. Ils regroupent de façon exclusive les activités suivantes : - la recherche fondamentale - la recherche appliquée (vise à discerner les applications possibles des résultats d'une recherche fondamentale ou à trouver des solutions nouvelles permettant d'atteindre un objectif déterminé choisi à l'avance) ; - le développement expérimental (fondé sur des connaissances obtenues par la recherche ou l'expérience pratique)
6- Philosophie managériale La philosophie managériale d'une organisation se définit comme un ensemble de valeurs et principes de gestion que partagent ses membres. Ces valeurs guident les organisations dans la définition de leurs objectifs
7- Culture d'entreprise La culture d’entreprise est la chose la plus partagée et la moins formalisée. Elle est l'ensemble des règles, des valeurs partagées, la manière commune d'aborder les problèmes, et la manière dont elles doivent être véhiculées. Elles peuvent être inscrites dans une charte. La culture caractérise l'entreprise et la distingue des autres, dans son apparence et, surtout, dans ses façons de réagir aux situations courantes de sa vie de l'entreprise.
8- Processus de management
Ensemble d'activités corrélées ou interactives qui transforme les éléments d'entrée en éléments de sortie. Ces éléments sont soit des objets matériels soit des informations, soit les deux. Les éléments d'entrée d'un processus sont généralement les éléments de sortie d'autres processus.
Annexes
Les processus de management (appelés parfois processus de pilotage) correspondent à la détermination d'une politique et d'une stratégie pour l'organisation et au pilotage des actions mises en œuvre pour atteindre ses objectifs.
9- Systèmes d'information Ensemble des moyens (organisation, acteurs, procédures, systèmes informatiques) nécessaires au traitement et à l’exploitation des informations dans le cadre d’objectifs définis au niveau de la stratégie de l’établissement, des métiers, de la réglementation.
10- Systèmes en réseaux En informatique un système de fichier est appelé en réseau ou distribué lorsque celui-ci stocke des informations sur des machines distantes de manière a ce que, du point de vue de l'utilisateur, tout se passe comme si les données étaient stockées localement.
Capital relationnel
11- Marques L'image de marque d'une entreprise résulte de la perception par le public d'une multitude d'éléments physiques et immatériels. C'est une image perçue, elle peut donc être différente de l'image que l'entreprise a d'elle-même, l'image émise. Elle se forge à travers des composantes d'une extrême diversité dont chacune nécessite autant d'attention de la part de l'entreprise.
12- Clients Le client est l'acheteur d'un bien ou service, de façon occasionnelle ou habituelle. La survie d'une entreprise dépend alors de la satisfaction de ses clients et de sa capacité à traiter leurs réclamations. Les méthodes pour identifier, satisfaire, attirer et conserver les clients relèvent du marketing.
13- Fidélité des clients Fidéliser, c'est créer une relation. la relation entre une entreprise et son client est une relation de confiance qui finit toujours par apporter des avantages non négligeables aux deux parties
14- Canaux de distribution Un canal de distribution est une voie d'acheminement de biens et de services entre le producteur et le consommateur dont les réseaux de magasins ou les méthodes de vente sont d'un même type. Un circuit de distribution est un ensemble de canaux caractérisés par un même trajet suivi entre intervenants de l'activité de distribution pour un bien ou un service qui fait passer un produits de son état de production à son état de consommation.
15- Partenariats/relations d’affaires
Le partenariat s'envisage souvent dans le cadre d'alliances. Il désigne un accord formel entre deux ou plusieurs parties qui ont convenu de travailler en coopération dans la poursuite d’objectifs communs. Les relations d’affaires de la firme s’étendent à ses relations avec ses fournisseurs.
16- Contrats de licences Le contrat de licence en général est un contrat par lequel le titulaire d’un droit de propriété industrielle (brevet, marque, dessin ou modèle) concède à un tiers, en tout ou en partie, la jouissance de son droit d’exploitation, gratuitement ou à titre onéreux, moyennant le paiement de redevances ou royalties.
17- Contrats de franchise Contrat par lequel une société dénommée "franchiseur" concède un droit d’utilisation de son enseigne, de ses marques et de ses procédés commerciaux à un ensemble d’entités juridiquement indépendantes dénommées "franchisés". Cette concession se fait contre le reversement de royalties et est le plus souvent assortie d’un droit d’entrée initial. Les franchisés s’engagent par ailleurs à respecter un cahier des charges précisant les conditions d’utilisation des symboles de la franchise et éventuellement les procédés de délivrance du service (franchise de service).
Annexes
18- Relations financières Elles sont l’ensemble des relations qu’entretient la firme avec les détenteurs de capitaux financiers : actionnaires, investisseurs, banquiers,…
Capital humain
19- Savoir-faire Le savoir-faire est la connaissance des moyens qui permettent l'accomplissement d'une tâche. Le terme équivalent anglais know-how est assez régulièrement utilisé dans la littérature technique et économique.
20-Qualifications professionnelles
La qualification désigne principalement la capacité à exercer un métier ou un poste déterminé. Cette qualification est essentielle pour assurer l'employabilité des personnes actives. Elle est "mesurée" par les diplômes acquis ou l'expérience des personnels.
21- Connaissances professionnelles
Dans les entreprises, la connaissance correspond au capital d'expertise que détiennent les hommes dans les différents domaines (marketing, R&D, achats, commercial, juridique...) qui constituent le cœur de métier de l'entreprise.
22- Compétences professionnelles
Une compétence est une capacité d’action efficace face à une famille de situations, qu’on arrive à maîtriser parce qu’on dispose à la fois des connaissances nécessaires et de la capacité de les mobiliser à bon escient, en temps opportun, pour identifier et résoudre de vrais problèmes
23- Satisfaction du personnel
La satisfaction au travail se définit comme un état affectif résultant de la concordance entre ce qu’un individu s’attend de recevoir de son travail- contenu de la tache, relations de travail, salaire, occasion de promotion et toute autre condition de travail- et l’évaluation de ce qu’il en reçoit effectivement
Annexes
Annexe 2.2 : Exemples d’informations qualitatives et quantitatives codées
Capital structurel Information Exemples de mots ou groupes de mots
1- Brevets d'invention
Qualitative « Arkema a déjà déposé plusieurs brevets sur des réactions utilisant le glycérol comme matière première » (Arkema, 2006, p 34)
« La recherche et développement d’Essilor a une stratégie de rupture technologique accompagnée d’une politique active de dépôts de brevets » (Essilor, 2006, p 37)
Quantitative « Le Groupe SEB s’appuie sur un solide portefeuille de brevets, qu’il enrichit chaque année en moyenne de quelque 85 nouveaux dépôts, ce qui le place en 22e position en France. L’année 2006 a été à ce titre plutôt fertile puisque le nombre de brevets nouvellement déposés a été de 97» (Seb, 2006, p 41)
« En 2006, Alcatel-Lucent a breveté plus de 1 400 innovations. Le portefeuille de brevets du Groupe comprend aujourd’hui 25 000 brevets actifs dans le monde » (Alcatel, 2006, p 20)
« Avec plus de 3700 chercheurs, scientifiques et ingénieurs, elle enregistre chaque année environ 500 inventions brevetées pour plus de 8 300 brevets déposés». (France Télécom, 2006, p 57)
2- Droits d’auteurs Qualitative « …la reconnaissance de contenu permettant d’analyser, filtrer et donc protéger les droits d’auteurs, ou les nouveaux protocoles de distribution favorisant un partage sécurisé et optimisé des contenus » (Thomson, 2006, p 22)
3- Marques de fabrique
Qualitative « Pour répondre à l’évolution des besoins des industriels agroalimentaires, Air Liquide propose, sous la marque Aligal, des solutions adaptées à chaque filière : produits laitiers, carnés, de la mer, pâtisserie, boissons… » (Air liquide, 2006, p 37)
Quantitative « Neopost possède deux marques historiques : Neopost et Satas. Neopost » (Neopost, 2006, p 47)
« Cette offre de haute technologie, qui associe molécules et équipements de mise en œuvre, lancée en 2005 sous la marque ALOHA, a connu en 2006 un vrai décollage des ventes » (Air Liquide, 2006, p53)
4- Innovation Qualitative « Air Liquide Welding a développé une gamme complète de solutions pour les nouvelles conduites cryogéniques servant à transporter le gaz de pétrole liquéfié. Il a aussi lancé des solutions innovantes pour les plates-formes offshore, en particulier pour le soudage d’aciers à haute limite élastique, et à destination de l’industrie nucléaire pour la fabrication des dernières générations de containers de stockage de déchets radioactifs » (Ait liquide, 2006, p 71)
« Plus largement, nos efforts de recherche et développement se traduisent par le perfectionnement de nos processus industriels, avec notamment des innovations très significatives dans l’hydrométallurgie, procédé du futur qui sera dans un premier temps utilisé par Weda Bay, et avec la mise sur le marché de nouvelles nuances d’alliages répondant aux besoins de nos clients » (Eramet, 2006, p 4)
« Un objectif prioritaire : mettre la satisfaction client au cœur de la stratégie d’innovation » (Renault, p36)
Annexes
Quantitative « La liste est bien trop longue pour tous les mentionner mais deux nouvelles innovations majeures sont à signaler pour 2006 : Rêves d’Homme, le premier soin du soir masculin à double action sur la barbe et la peau, et Expertise 3P, un produit élaboré après plusieurs années de recherche ayant démontré que les ondes électromagnétiques ont aussi leur responsabilité dans le vieillissement cutané » (Clarins, 2006, p2)
« Soutenue par une politique d’innovations continue, l’audience a battu de nouveaux records en 2006 » (Pages jaunes, 2006, p 12)
5- R&D Qualitative « Les analyses de risques sont systématisées à toutes les étapes du développement et de la réalisation d’un projet ou de la mise en marché d’un nouveau produit ou service, depuis les travaux de recherche et développement jusqu’à la phase d’exploitation » (Air liquide, 2006, p 26)
« Sécurité sur toute la chaîne gazière, performance économique et création de valeur, mise au point d’avantages compétitifs, anticipation et préparation de l’avenir : la Recherche et Développement de Gaz de France participe pleinement à la réalisation de l’ambition du Groupe et de ses engagements de développement durable » (Gaz de France, 2006, p 52)
Quantitative « Fort de ses 300 ingénieurs en R&D (400 y compris les soustraitants et dont 60 % en logiciel) et d’un budget de 42 millions d’euros en 2006, Neopost a mis en place une organisation par équipe de projet permettant de partager l’expertise de ses centres » (Neopost, 2006, p 25)
« Globalement, les dépenses de Recherche et Développement ont progressé de 26 % sur l’exercice » (Alstom, 2006, p 23)
« Depuis fin 2005, l’intensification des efforts en recherche et développement accompagne le déploiement des grands projets d’Eramet et contribue à l’amélioration des produits, des procédés, de la compétitivité et, plus généralement, des réponses apportées aux clients. En deux ans, l’activité du centre de recherche de Trappes a ainsi augmenté de 50 %, avec des résultats qui confirment la grande capacité d’innovation d’Eramet » (Eramet, 2006, p 37)
6- Philosophie managériale
Qualitative « Cette recherche d’enrichissement mutuel des cultures, des origines et des savoirs s’inscrit dans la politique de diversité que développe le Groupe » (LVMH, 2006, p 59)
« Eramet récolte les fruits de sa stratégie de croissance» (Eramet, 2006, p14)
« Adhérant pleinement à l’adage selon lequel l’union fait la force, Ubisoft place les pratiques de travail collaboratives en tête de liste pour garder une longueur d’avance sur la concurrence. La stratégie R&D de la société étaye cette philosophie en mettant en place les ressources adéquates » (Ubisoft, 2006, 26)
Quantitative « À travers le temps, notre stratégie s’appuie sur deux grands piliers : d’abord, la création de nouveaux produits, avec des améliorations d’une génération de verre à l’autre que chaque consommateur peut mesurer et ressentir. Ensuite, la mise à disposition de nos gammes de verres aux professionnels de l’optique et aux porteurs, partout dans le monde » (Essilor, 2006, p2)
Annexes
7- Culture d'entreprise
Qualitative « C’est une véritable culture fédératrice que le groupe a mis en place et grâce à laquelle il parvient, en se distinguant des autres entreprises, à attirer, former et fidéliser les meilleurs talents » (Neopost, 2006,80).
« Une dynamique renforcée par le lancement récent de Leaders, projet d’entreprise confortant une culture du groupe valorisant notamment l’initiative, le travail d’équipe et la responsabilité » (Eramet, 2006, p 2)
« Et plus que jamais, la diversité constitue un facteur essentiel de progrès. Encouragée et valorisée par la culture d’entreprise, c’est une source formidable de richesse et de créativité qui repose sur le respect des personnes et entre les personnes » (L’oréal, 2006, p 42).
Quantitative « De ce fait, la régie locale du Groupe Régie Networks a déployé une force commerciale importante, avec près de 350 commerciaux répartis dans toute la France, combinée à une gestion dynamique fondée sur la culture de la performance » (NRJ, 2006, p 10)
8- Processus de management
Qualitative « Les gaz spéciaux (silane, arsine…) ou gaz de procédé interviennent à chaque étape du processus de fabrication des plaques de silicium (wafers) en permettant de réaliser des dépôts à l’échelle moléculaire » (Air liquide, 2006, p 77)
« Dans un souci d’optimiser les processus de gestion dans la transparence à l’égard de chaque partenaire, le Conseil d’administration et la Direction générale se sont dotés d’un règlement intérieur ayant pour objectif de préciser le mode de fonctionnement du Groupe en réalisant un juste équilibre entre le Conseil et la Direction générale » (Arcelor, 2006, p 6)
Quantitative « Leurs travaux sont menés selon une méthode qui garantit leur célérité et leur efficacité et qui s’organise en un processus de cinq étapes. D’abord, grâce à une veille technologique et réglementaire, le futur besoin est anticipé et le programme de Recherche et Développement lancé. Ensuite, des essais en laboratoire ou sur le terrain vérifient sa faisabilité avec, le cas échéant, une modélisation. Puis, si la piste est fructueuse, un pilote est réalisé. Vient ensuite la construction sur site d’une unité préindustrielle. Enfin, le relais est passé à l’exploitation » (Véolia, 2006, p 43)
« Cette démarche d’amélioration de nos performances opérationnelles est une priorité du Groupe pour les 3 années à venir » (Air liquide, 2006, p 7)
9- Systèmes d'information
Qualitative « Pour cela, le système d’information en self-service « Alstom People Service » (ALPS) a été considérablement amélioré » (Alstom, 2006, p 63)
« En plus du support papier, ces instructions sont diffusées par les différents départements via le site intranet du groupe Arcelor avec un avis de notification aux différents collaborateurs concernés et ce dans toutes les sociétés du groupe Arcelor » (Arcelor, 2006, p 16)
« Eragreen, nouveau système d’information» (Eramet, 2006, p 30)
Quantitative « Le système d’information Fabnet, mis au point par Air Liquide pour piloter en temps réel la chaîne d’approvisionnement de tous les produits entrant dans la fab*, a été adopté par STMicroelectronics et déployé sur cinq de ses sites mondiaux en 2006 » (Ubisoft, 2006, p 56)
« Depuis 2 ans, 8 000 personnes ont suivi ces sessions de formation interactivités, et près de 20000 personnes ont suivi
Annexes
des programmes d’e-learning disponibles sur l’intranet du Groupe » (Alstom, 2006, p 62)
10- Systèmes en réseaux
Qualitative « VitalWeb, un nouvel outil développé par VitalAire en France à destination des prescripteurs. Il s’agit d’un système informatisé qui leur permet d’accéder aux données techniques de suivi de leurs patients recueillies par Air Liquide : paramètres liés aux équipements, rapports de maintenance, suivi du respect du traitement etc » (Air liquide, 2006, p 65)
« Les cours de formation à distance permettent de faciliter l’introduction rapide et efficace des nouvelles technologies » (Arcelor, 2006, p 50)
Quantitative « Les réseaux d’Eurosport et « The European Sport Network » (opéré par Canal+ et ESPN) se sont rapprochés pour produire et commercialiser une seule chaîne sportive en Europe : Eurosport » (TF1, 2006, p 10)
« Diffusée tous les jours de 6h30 à 20h30, TFOU est reçue par plus de 1,2 million de foyers sur le réseau TPS. Elle est également reprise sur certains réseaux câblés (Noos) et sur les offres de télévision par ADSL (Club Internet, Neuf Telecom, Free…) » (TF1, 2006, p 33)
« La stratégie Internet repose sur le développement des audiences des sites composant le réseau TF1, qui affichent une croissance de plus de 80% sur l’ensemble de l’année 2006 avec 6,7 millions de visiteurs uniques » (TF1, 2006, p 39)
Capital relationnel
11- Marques Qualitative « Et nous venons de réaliser une acquisition majeure avec Kadéos, qui nous positionne comme le leader du marché des cartes et chèques-cadeaux en France » (Accor, 2006, p 6)
« Aréva mène ses activités dans un grand nombre de pays, avec une conscience sociale, favorable à la réputation du groupe, à son image de marque, à sa capacité de recruter …» (Aréva, 2006, p 37)
Quantitative « Avec une présence dans 72 pays, Air Liquide est leader mondial des gaz industriels et médicaux et des services associés » (Air liquide, 2006, p 1)
« Alstom détient une position de leader mondial dans le domaine des îlots conventionnels de centrales nucléaires avec 175 unités en service ou en installation dans une douzaine de pays dans le monde, notamment en France, en Afrique du Sud, en Chine, en Corée du Sud, aux Etats-Unis et en Suède » (Alstom, 2006, p 39)
« Aujourd’hui, Arcelor est le numéro un mondial de la sidérurgie, employant 320 000 personnes dans plus de 60 pays » (Arcelor, 2006, p 1)
12- Clients Qualitative « Et si nous voulons maintenant sortir du peloton et lancer une échappée, nous devons innover, par exemple en enrichissant la façon dont nous gérons nos relations avec nos clients, les grands et les moins grands » (Cap gemeni, 2006, p 11)
« Moderne et performant, l’outil industriel d’Eramet lui permet d’offrir à ses clients des produits de grande qualité à prix compétitifs, mais aussi de répondre à des besoins spécifiques, tel un liant adapté à un outil diamanté particulier élaboré dans l’usine Eurotungstène de Grenoble » (Eramet, 2006, p 21)
Annexes
« …avec le développement de nouvelles capacités pour offrir un plus large éventail de services à une clientèle de plus en plus diversifiée » (Alcatel, 2006, p 26) ;
« Sa relation avec ses clients, ses actionnaires et ses collaborateurs repose sur un mot : la confiance » (Publicis, 2006, p 59)
« C.est avec des clients du monde entier que nous partageons le luxe de nos marques » (LVMH, 2006, p 59)
Quantitative « Fin 2006, 700 entreprises clientes, diffusaient plus de 1,2 million de Ticket CESU » (Accor, 2006, p 80)
« Seul spécialiste mondial sur ses marchés, Legrand accompagne ses clients dans près de 180 pays et propose, avec 130 000 références, des solutions adaptées à tous ses clients » (Legrand, 2006, p1)
13- Fidélité des clients
Qualitative « Cette stratégie est doublement gagnante, puisqu’elle alimente la croissance rentable tout en fidélisant les clients de Renault » (Renault, 2006, p 47)
« Motivés, investis, nous travaillons tous avec un objectif prioritaire : satisfaire, fidéliser tous nos clients et bien sûr, en conquérir de nouveaux. »( M6, 2006, p 32)
Quantitative « Nos collaborateurs en sont les premiers acteurs et je tiens à les en remercier, tout comme je remercie nos clients de leur fidélité et nos actionnaires de leur confiance » (Véolia, 2006, p 5)
« La politique de fidélisation mise en place en 2005 porte pleinement ses fruits en 2006 avec une hausse sensible du panier moyen (+ 3,5%) » (Guyenne et Gascogne, 2006, p 11)
14- Canaux de distribution
Qualitative « Notre connaissance des marchés et notre leadership nous permettent de garder un temps d’avance : en concevant des plans d’actions ciblés avec nos fournisseurs, en adaptant notre réseau d’agences ou en mettant en place les services et les canaux de distribution de demain comme le e-commerce » (Rexel, 2006, p 6).
« La position d’Arcelor dans la distribution mondiale d’acier est unique dans l’industrie sidérurgique. L’entité peut se prévaloir d’un réseau mondial de centres de distribution, de centres de service et d’unités offrant des solutions pour la construction et les fondations dans les projets d’infrastructure » (Arcelor, p36)
Quantitative « Center Parcs Europe a réalisé 22 % de son chiffre d’affaires 2005/2006 via Internet…La montée en puissance de ce canal permet également une segmentation plus fine des clients et une dématérialisation de la gestion de la relation commerciale » (Pierre et vacances, 2006, p 13).
« De plus, le Groupe a poursuivi l’extension de son réseau de vente mondial (plus de 50% de ses ventes se réalisent hors Europe) et a conforté sa place de leader mondial dans certaines spécialités, comme les plaques en acier cryogénique, les nuances spéciales en aciers inoxydables, les tôles hyper-lourdes » (Arcelor, p 39)
15- Partenariats
/relations d’affaires
Qualitative « Preuve de l’engagement du Groupe vis-à-vis de l’expansion des marchés dans les pays en développement, un partenariat stratégique est signé par Arcelor Mittal et SNI (Société Nationale d’Investissement), pour le développement de Sonasid » (Arcelor, 2006, p 19)
« La nouvelle dimension du Groupe conduit à accroître les partenariats de recherche à travers le monde. Les partenariats avec les universités scientifiques et techniques ont été étendus au niveau mondial » (Arcelor, 2006, p 49)
Annexes
« Notre métier d’acheteur d’espace et de temps a évolué vers des partenariats à forte valeur ajoutée avec des entreprises comptant parmi les plus importantes et les plus respectées du monde » (Publicis, 2006, p 22)
« Guyenne et Gascogne s’implante en Espagne, en partenariat avec Carrefour, via la filiale Sogara » (Guyenne et Gascogne, 2006, p 3)
Quantitative « En octobre, TF1 Vision, site de VOD du Groupe TF1, conclut un nouvel accord avec Buena Vista International TV, renforçant ainsi l’attractivité de son offre avec un catalogue comportant près de 100 titres prestigieux » (TF1, 2006, p 13)
« Ce contrat signé en février s’ajoute à deux autres partenariats importants conclus le même mois : avec SKF Aerospace pour la fourniture de barres d’alliages pour la fabrication de rotules, d’actuateurs et de systèmes cinématiques d’avions (environ 250 tonnes par an et plus de 90 articles différents) ; avec Valinox Nucléaire pour l’approvisionnement en demi-produits pour la fabrication de tubes de générateurs de vapeur » (Eramet, 2006, p 7)
« Parallèlement, Publicis Consultants I Worldwide a engagé de nouveaux partenariats avec huit agences extérieures à Publicis Groupe. Désormais doté de 40 agences et de 11 partenaires stratégiques, le réseau s’est largement renforcé et couvre 22 pays » (Publicis, 2006, p 36)
16- Contrats de licences
Qualitative « Clarins USA, filiale du Groupe aux États-Unis, a conclu un accord de licence avec le joaillier David Yurman pour la création et la distribution de produits de beauté et de parfums » (Clarins, 2006, p 5)
Quantitative « Le 31 mars, la Télévision Numérique Terrestre (TNT) arrive en France. Sur ce nouveau réseau, le groupe TF1 dispose de 6 licences : 2 pour l’offre gratuite (TF1 et TMC), et 4 pour la partie payante (LCI, Eurosport, TF6, TPS Star) » (TF1, 2006, p 11)
« Michelin Lifestyle a obtenu en juin 2006 deux nominations aux LIMA* Awards, l’association des fabricants sous licence : meilleur programme global de licence et meilleur programme d’octroi de licences de produits dérivés » (Michelin, 2006, p 63)
« Les revenus des licences sont ressortis en hausse de 33 % à 3,1 millions d'euros, confirmant Smart CutTM en tant que technologie standard de l'industrie pour le SOI » (Soitec, 2006, p 14)
17- Contrats de franchise
Qualitative « La puissance de ses marques hôtelières et son savoir-faire permettent par ailleurs au Groupe de vendre son expertise dans le cadre de contrats de gestion, ainsi que de franchise » (Accor, 2006, p 51)
« Au Royaume-Uni, en Espagne ou en Suisse, le développement de la franchise permettra de donner un nouvel élan à la marque » (Accor, 2006, p 62)
« La société Guyenne et Gascogne signe avec Carrefour un contrat de franchise pour son propre réseau de magasins (hypermarchés et supermarchés) » (Guyenne et Gascogne, 2006, p 3)
Quantitative « Aux États-Unis, le réseau des Motel 6 s’enrichira, de 16 000 chambres en franchise » (Accor, 2006, p53)
« Le plan de développement à l’horizon 2010 est de 200 000 chambres, dont 51 % dans le segment économique et 34% dans le milieu de gamme. Deux tiers de ces ouvertures seront réalisées en contrats de gestion et de franchise » (Accor, 2006, p 99)
Annexes
18- Relations financières
Qualitative « Tous les actionnaires individuels, …bénéficient d’un accueil personnalisé auprès du Service Actionnaires qui répond à leurs questions et demandes d’information » (Seb, 2006, p 66)
« Pour toucher chaque public, le Groupe recourt à des moyens adaptés : rencontres avec les actionnaires individuels en France, réunions avec les investisseurs institutionnels et les analystes financiers en France et à l’étranger, conférences téléphoniques, lettres dédiées, guides, site Internet spécifique » (Veolia, 2006, p 18)
« Le choix de confier au Président les fonctions de Directeur Général a été guidé par le souci de favoriser, dans la tradition d’Air Liquide, une relation étroite de ses dirigeants avec les actionnaires » (Air liquide, 2006, p 8)
« Établir des relations équilibrées et transparentes avec ses actionnaires, annonceurs, téléspectateurs, clients et fournisseurs constitue une des priorités du Groupe M6 » (M6, 2006, p 31)
Quantitative « Renault s’est doté d’un Club des Actionnaires créé en mai 1995, accessible dès la détention d’une action, afin d’entretenir une relation étroite, informative et pédagogique avec ses actionnaires » (Renault, 2006, p 16)
« Le Club de l’Actionnaire compte 25 000 membres. Depuis avril 2003, le Comité consultatif des actionnaires dynamise les relations du Groupe avec ses actionnaires individuels » (Veolia, 2006, p 18)
Capital humain
19- Savoir-faire Qualitative « Développer et transmettre les savoir-faire et compétences nécessaires au fonctionnement des unités : tel est l’objectif du chantier leadership technique » (Eramet, 2006, p 47)
« Nous avons rassemblé un savoir-faire, éprouvé sous la forme de technologies et de bonnes, pratiques au sein de packages personnalisés que les PME peuvent se procurer à un prix abordable » (Dassault système, 2006, p 6)
Quantitative « Ses trois branches, Eramet Nickel, Eramet Manganèse et Eramet Alliages, développent des savoir-faire uniques dans les domaines de la géologie, de la minéralurgie, de la pyrométallurgie, de l’hydrométallurgie et de la conception de nuances d’acier à hautes performances » (Eramet, 2006, p 2)
20-Qualifications professionnelles
Qualitative « Notre capacité d’adaptation reste notre meilleure arme pour pérenniser notre compétitivité dans la durée » (Seb, 2006, p 6)
« Au travers de la formation, le Groupe met tout en œuvre pour permettre à ses salariés de valoriser leur savoir-faire et de développer leurs compétences et leurs qualifications tout au long de leur vie professionnelle » (France Télécom, 2006, p 68)
Quantitative « En 2006, l’entreprise a continué à développer les capacités d’un nouvel atelier mécanique à Shanghai dans le cadre d’un programme d’investissement de 3,5 millions d’euros et y a mis en place de nouvelles capacités de maintenance et de réparation avionique » (Air liquide, 2006, p 39)
21- Connaissances professionnelles
Qualitative « Le Groupe Clarins place l’intégration des collaborateurs et le partage des connaissances au cœur de ses préoccupations » (Clarins, 2006, p 19)
Annexes
Quantitative « Le premier baromètre réalisé, en 2004, avait permis d’identifier plusieurs pistes d’amélioration dans la transmission des informations, la communication, la reconnaissance du travail effectué et le développement des connaissances et des compétences » (Suez, 2006, p 95)
« C’est à cet effet qu’ont été créés il y a près de dix ans les Clubs de Spécialités, dans un esprit de partage etde transmission des connaissances » (Générale de santé, 2006, p 23)
22- Compétences professionnelles
Qualitative « Les équipes Air Liquide sont en phase avec un monde qui bouge. Riches de leur diversité et de leurs compétences, elles s’impliquent au quotidien pour satisfaire les besoins des clients et accompagnent les développements du Groupe sur de nouveaux territoires géographiques ou technologiques » (Air liquide, 2006, p 24)
« La flexibilité de nos ressources, notre compétence en termes de gestion de la facturation et nos capacités technologiques ont fait la différence » (Cap gémeni, 2006, p 50)
« TOTAL permet à chaque salarié de bénéficier d’une formation, adaptée à ses besoins, tout au long de sa vie professionnelle : développement des compétences techniques ou managériales, actualisation des connaissances, échange d’expériences, partage des valeurs du Groupe » (Total, 2006, p 62)
Quantitative « Depuis quinze ans, nous développons une politique ambitieuse de formation à partir du Campus Veolia, plate-forme de développement des compétences commune à toutes les entités du Groupe » (Véolia, 2006, p 5)
« En 2006, le lancement d’une solution « multiple play », préintégrée pour les opérateurs de télécommunications, a illustré la capacité de Thomson à utiliser simultanément les compétences de ses différentes activités » (Thomson, 2006, p 31)
23- Satisfaction du personnel
Qualitative « Michelin vise à positionner et faire évoluer les rémunérations de manière compétitive dans ses pays d’implantation, en cherchant le meilleur équilibre entre satisfaction du personnel et performance économique » (Michelin, 2006, p 56)
« Une stabilité liée à l’intérêt de projets menés sur la durée, à l’accent mis sur la satisfaction et la motivation du personnel, aux efforts fournis en matière de formation » (Klepierre, 2006, p 27)
Liste des figures, schémas et tableaux
289
LISTE DES FIGURES, SCHÉMAS ET TABLEAUX
Liste des figures
Figure 1 : Les relations causales de la mesure de l’immatériel Figure 2 : Dépenses - investissements et actifs immatériels Figure 3 : La chaîne de valeur : Fonctions valeurs/Fonctions ressources Figure 4 : Le modèle d’Edvinsson et Malone (1997) Figure 5 : Le modèle de Sveiby (1997) Figure 6 : Une vision globale de la taxonomie du capital immatériel (IFAC 1997) Figure 7 : Les différentes composantes du capital de l’entreprise Figure 8 : La divulgation sur le capital immatériel dans le cadre de la relation actionnaires-dirigeants : un mécanisme de dédouanement Figure 9 : La divulgation sur le capital immatériel dans le cadre de la relation actionnaires-créanciers : un mécanisme de surveillance Figure 10 : La divulgation sur le capital immatériel et la gestion des relations d’agence Figure 11 : La divulgation sur le capital immatériel : un mécanisme de signalisation Figure 12 : La divulgation sur le capital immatériel : un processus de légitimation Figure 13 : La divulgation sur le capital immatériel : un moyen pour répondre aux attentes des parties prenantes Figure 14 : Le cadre conceptuel de l’étude
Liste des schémas
Schéma 1 : Les niveaux de la divulgation sur le capital immatériel, structurel, relationnel et humain Schéma 2 : La forme des informations divulguées sur le capital immatériel Schéma 3 : La forme des informations divulguées sur le capital structurel Schéma 4 : La forme des informations divulguées sur le capital relationnel Schéma 5 : La forme des informations divulguées sur le capital humain Schéma 6 : La structure des informations divulguées sur le capital immatériel Schéma 7 : La structure des informations divulguées sur le capital structurel Schéma 8 : La structure des informations divulguées sur le capital relationnel Schéma 9 : La structure des informations divulguées sur le capital humain
Liste des tableaux Tableau 1 : Investissements immatériels et fonctions Tableau 2 : Les principaux modèles de structure du capital immatériel Tableau 3 : Quelques modèles et lignes directrices en matière de communication d’informations non financières Tableau 4 : Les principales recherches sur les immatériels et les marchés financiers Tableau 5 : Proposition de synthèse de la littérature sur la divulgation sociétale Tableau 6 : Les stratégies de légitimation selon Suchman (1995) Tableau 7 : Définitions des parties prenantes Tableau 8 : Récapitulation des hypothèses de l’étude Tableau 9 : Construction de l’échantillon final Tableau 10 : La répartition des firmes de l’échantillon entre les différents secteurs Tableau 11 : Périodes, contextes et échantillons de quelques études antérieures Tableau 12 : La grille développée par Guthrie et Petty (2000) Tableau 13 : Les travaux ayant utilisé la grille de Guthrie et Petty (2000) Tableau 14 : La grille de l’étude
18 20 29 37 38 39 40
77
80
83 93
117
127 134
186 191 192 193 194 195 196 197 198
30 38
49 67
106 114 121 148 150 150 152 156 157 158
Liste des figures, schémas et tableaux
290
Tableau 15 : Les parties prenantes selon la classification de Pesqueux (2002) Tableau 16 : Classification des firmes selon le critère de haute technologie. Tableau 17 : Variables dépendantes et indépendantes de l'étude Tableau 18 : Les statistiques descriptives des variables dépendantes Tableau 19 : L’importance des items dans les rapports annuels Tableau 20 : La structure des informations divulguées sur le capital immatériel dans quelques études antérieures Tableau 21 : Résumé des variables indépendantes de l’étude Tableau 22 : Statistiques descriptives des variables indépendantes métriques Tableau 23 : Statistiques descriptives des variables indépendantes dichotomiques Tableau 24 : Test de normalité des variables métriques Tableau 25 : La matrice de corrélation des variables indépendantes Tableau 26 : Les résultats de la méthode VIF Tableau 27 : Estimation des modèles par la régression de poisson Tableau 28 : Estimation des modèles par la régression binomiale négative : résultats de l’analyse multivariée Tableau 29 : Les effets marginaux des variables significatives des modèles Tableau 30 : Synthèse des principaux résultats Tableau 31 : Tests des hypothèses (confirmation ou rejet)
169 172 175 186 188
196 200 201 203 208 210 211 213
215 216 223 225
Table des matières
291
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES ABREVIATIONS UTILISEES INTRODUCTION GÉNÉRALE PREMIERE PARTIE : LA DIVULGATION SUR LE CAPITAL IMMATERIEL : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE CHAPITRE PRELIMINAIRE : LE CAPITAL IMMATÉRIEL : CLARIFICATION DE CONCEPTS ET PRATIQUES DE COMMUNICATION SECTION 1 : LES IMMATERIELS : UN DEBAT CONCEPTUEL
1. Le concept d'« Investissement immatériel » 1.1. Explicitation de son contenu 1.2. Expression de « ce qu’il n’est pas matériel» 1.3. Description des caractéristiques
1.3.1. Incertitude sur les revenus futurs : un risque accru 1.3.2. La non rareté 1.3.3. La séparabilité ou modularité 1.3.4. La non répétitivité des phénomènes à l'identique dans le temps
1.4. Enumération et description des composantes (élaboration des typologies) 1.4.1. Typologie par type d’activité (OCDE 1992) 1.4.2. Typologie classique (INSEE 1995) 1.4.3. Typologie fonctionnelle (Bounfour 1998) 1.4.4. Typologie selon le degré d’identification (Pierrat 1995)
2. Le concept du « Capital immatériel » 2.1. Le fondement théorique du capital immatériel : L’approche basée sur les
ressources (resource-based view) 2.1.1. Enoncé de la théorie 2.1.2. Typologie des ressources
2.2. Taxonomie générale du capital immatériel 2.2.1. Le capital structurel 2.2.2. capital relationnel 2.2.3. Le capital humain
SECTION 2 : LA DIVULGATION SUR LES IMMATÉRIELS 1. Modèles et lignes directrices pour la divulgation d’informations non-financières 2. Modèles et lignes directrices pour la divulgation d’informations spécifiques sur les
immatériels Conclusion
3
5
14
15
17
21 22 23 24 24 25 25 27 27 27 28 29 30 32
33 33 36 37 41 42 42
44
44
46 50
Table des matières
292
CHAPITRE 1 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATÉRIEL ET L’ARGUMENT DE L’UTILITÉ FINANCIÈRE : UNE APPROCHE ACTIONNARIALE SECTION 1 : CAPITAL IMMATÉRIEL ET DIFFICULTES COMPTABLES 1. Des règles comptables restrictives pour l’activation des immatériels
1.1. Définition des immobilisations incorporelles 1.1.1. Identification 1.1.2. Avantages économiques futurs 1.1.3. Contrôle
1.2. La comptabilisation des immobilisations incorporelles 1.3. L’amortissement des immobilisations incorporelles
22.. Les conséquences d’un traitement comptable inadéquat des immatériels sur la pertinence de l’information comptable et la présence d’une asymétrie d’information
22..11.. Le traitement comptable inadéquat des immatériels réduit-il la pertinence de l’information comptable ?
22..22.. Le traitement comptable inadéquat des immatériels engendre-t-il un problème d’asymétrie informationnelle
22..33.. La divulgation volontaire sur les immatériels est-elle une solution à l’insuffisance du reporting financier et la présence de l’asymétrie d’information ?
SECTION 2 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATERIEL ET LA THEORIE DE L’AGENCE 1. La théorie de l’agence et la firme 2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la réduction des coûts
d’agence 2.1. La divulgation volontaire sur le capital immatériel est un moyen de
dédouanement 2.2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel est un mécanisme de
surveillance SECTION 3 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATERIEL ET LA THEORIE DES SIGNAUX 1. Les fondements de la théorie des signaux
1.1. L’information volontaire est-elle une variable de signalisation ? 1.2. La signalisation par la divulgation volontaire et la nature du coût associé
2. La relation entre la divulgation volontaire et la performance de l’entreprise 2.1. Principales études empiriques 2.2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la performance de
l’entreprise Conclusion CHAPITRE 2 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATÉRIEL ET L’ARGUMENT DE LA LÉGITIMITÉ : UNE APPROCHE PARTENARIALE SECTION 1 : L’INTEGRATION DE LA RESPONSABILITE SOCIETALE A LA STRATEGIE DE L’ENTREPRISE 1. Le concept de responsabilité sociétale et la gestion des immatériels
1.1. Définitions de la responsabilité sociétale 1.2. Les contours de la responsabilité sociétale et la gestion des actifs immatériels
2. Les fondements théoriques de la divulgation sociétale
51
53
54 55 56 57 58 60 62
63
63
68
69
70
71
72
73
78
84
84 85 86 88 88
89 94
95
97
98 98
101 102
Table des matières
293
2.1. Les études appartenant au courant économico-contractuel 2.2. Les études appartenant au courant socio-institutionnel
SECTION 2 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATERIEL ET LA THEORIE DE LA LEGITIMITE 1. La théorie de la légitimité et la perspective managériale
1.1. L’approche néo-institutionnelle 1.2. L’approche stratégique 1.3. Les travaux de Suchman (1995)
2. Le processus de légitimation et la divulgation volontaire sur le capital immatériel 2.1. Définitions des processus de légitimation
2.1.1. L’approche stratégique des processus de légitimation 2.1.2. L’approche néo-institutionnelle des processus de légitimation 2.1.3. La synthèse de Suchman (1995)
2.2. La divulgation sociétale : un processus de légitimation 2.3. La divulgation sur le capital immatériel : un processus de légitimation ?
SECTION 3 : LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATERIEL ET LA THEORIE DES PARTIES PRENANTES 1. La théorie des parties prenantes
1.1. Postulats et différentes approches de la théorie des parties prenantes 1.2. Définitions et typologies
2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel : une satisfaction des attentes des parties prenantes 2.1. La divulgation volontaire sur le capital humain : une satisfaction des attentes
des salariés 2.2. La divulgation volontaire sur le capital relationnel : une satisfaction des
attentes des clients, associations, pouvoirs publics… Conclusion DEUXIEME PARTIE : LA DIVULGATION SUR LE CAPITAL IMMATERIEL : UNE ETUDE EMPIRIQUE CHAPITRE 3 : FORMULATION DES HYPOTHÈSES, ÉCHANTILLON ET MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE SECTION 1 : OBJECTIFS DE LA RECHERCHE SECTION 2 : FORMULATION DES HYPOTHESES DE LA RECHERCHE 1. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’argument de l’utilité
financière 1.1. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la réduction des coûts
d’agence 1.1.1. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la structure de
propriété 1.1.2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la taille de la firme 1.1.3. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’endettement
1.2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la performance de la firme
2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et la légitimation 2.1. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’âge de la firme 2.2. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et le statut de cotation 2.3. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et l’intérêt porté aux
pressions des parties prenantes 3. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et le secteur d’activité 4. La divulgation volontaire sur le capital immatériel et les coûts indirects
104 104
107
107 108 109 110 111 111 112 113 113 114 115
118
119 119 120
124
125
126 128
129
131
132
133
135
135
135 137 138
139 141 141 143
144 145 146
Table des matières
294
SECTION 3 : ECHANTILLON ET METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE SOUS SECTION 1 : CHOIX DES ENTREPRISES ET DESCRIPTION DES DONNÉES 1. Choix des entreprises 2. Sources de données 3. Période de l’étude SOUS SECTION 2 : CHOIX DES VARIABLES ET DES INDICATEURS DE MESURE 1. La variable dépendante : le niveau de la divulgation sur le capital immatériel
(structurel, relationnel et humain) 1.1. La méthode de l’analyse de contenu 1.2. Les étapes techniques de l'analyse de contenu
1.2.1. La catégorisation 1.2.2. Le choix du support de communication 1.2.3. Définition de l’unité d’analyse (unité de codage et unité de mesure) 1.2.4. La fiabilité de l’analyse de contenu et la procédure du codage
2. Les variables indépendantes 2.1. Les variables relatives à l’argument de l’utilité financière
2.1.1. Les variables relatives aux coûts d’agence 2.1.1.1. La proportion du capital détenue par les dirigeants 2.1.1.2. La taille de la firme 2.1.1.3. L’endettement
2.1.2. Les variables relatives à la performance de la firme 2.1.2.1. La performance boursière 2.1.2.2. La performance comptable ou financière
2.2. Les variables relatives à l’argument de la légitimation 2.2.1. L’âge de la firme 2.2.2. Le statut de cotation 2.2.3. L’intèrêt porté aux pressions des parties prenantes
2.3. La variable relative au secteur d’activité 2.4. La variable relative aux contraintes de divulgation : la pression
concurrentielle 3. Les variables de contrôle SOUS SECTION 3 : MODÈLES ET OUTILS STATISTIQUES RETENUS 1. Les modèles de l’étude 2. L’évaluation de la qualité des modèles Conclusion CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION, INTERPRÉTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS SECTION 1 : L’ANALYSE DESCRIPTIVE/EXPLORATOIRE 1. L’analyse descriptive de la variable dépendante : Le niveau de la divulgation
volontaire sur le capital immatériel 1.1. Le volume des informations divulguées sur le capital immatériel 1.2. La forme des informations divulguées sur le capital immatériel
1.2.1. La forme des informations divulguées sur le capital structurel 1.2.2. La forme des informations divulguées sur le capital relationnel 1.2.3. La forme des informations divulguées sur le capital humain
1.3. La structure des informations divulguées sur le capital immatériel 1.3.1. La structure des informations divulguées sur le capital structurel 1.3.2. La structure des informations divulguées sur le capital relationnel 1.3.3. La structure des informations divulguées sur le capital humain
2. L’analyse descriptive des variables indépendantes 2.1. L’analyse descriptive des variables indépendantes métriques 2.2. L’analyse descriptive des variables indépendantes dichotomiques
3. Discussion des résultats de l’analyse descriptive/exploratoire 3.1. Le volume : une disparité dans les stratégies de communication 3.2. La forme : une prédominance de la forme qualitative et descriptive
149
149 149 151 151 152
153 153 155 155 158 159 163 165 165 165 165 165 165 166 166 167 168 168 168 169 170
172 173 177 179 180 182
183
184
184 184 189 192 192 193 194 196 197 198 200 200 202 203 203 205
Table des matières
295
3.3. La structure : une « pauvre » divulgation sur les ressources humaines SECTION 2 : L’ANALYSE MULTIVARIEE : LES DETERMINANTS DE LA DIVULGATION VOLONTAIRE SUR LE CAPITAL IMMATERIEL 1. L’étude de corrélation entre les variables indépendantes 2. Le choix des modèles de comptage appropriés et présentation des résultats
2.1. Estimation des modèles suivant la régression de poisson et vérification de la surdispersion
2.2. Estimation des modèles suivant la régression binomiale négative : Les résultats de l’analyse multivariée
2.2.1. La structure de propriété 2.2.2. La taille de la firme 2.2.3. L’endettement 2.2.4. La performance de la firme 2.2.5. L’age de la firme 2.2.6. Le statut de cotation 2.2.7. L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes 2.2.8. Le secteur d’activité 2.2.9. La pression concurrentielle 2.2.10. Le poids des immatériels activés
SECTION 3 : SYNTHÈSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS DE L’ANALYSE MULTIVARIÉE 1. Facteurs relevant de l’argument de l’utilité financière
1.1. La structure de propriété 1.2. La taille de la firme 1.3. L’endettement 1.4. La performance de la firme
2. Facteurs relevant de l’argument de la légitimité 2.1. L’âge de la firme 2.2. Le statut de cotation 2.3. L’intérêt porté aux pressions des parties prenantes
3. Le secteur d’activité 4. La pression concurrentielle 5. Le poids des immatériels activés Conclusion CONCLUSION GÉNÉRALE BIBLIOGRAPHIE ANNEXES LISTE DES FIGURES, SCHÉMAS ET TABLEAUX TABLE DES MATIÈRES
206
208
209 211
212
214 217 217 218 219 220 220 221 221 222 222
224
227 227 229 230 233 236 237 238 240 241 243 244 248
249
262
277
289
291