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TIKOUN OLAM

La RépaRation du

Monde


Photo couverture :© Claudine Wahl et Floryann Saraël.

© AUTeUrs DU MONDe et Institut ramhal, 2016

Tous droits de reproduction, de traduction ou

d’adaptation réservés pour tous pays.

ISBN : 979-10-91301-40-4www.auteursdumonde.fr

[email protected]


MorDékhAï ChrIQuI

A u t e u r s

D u M o n D e

TIKOUN OLAM

La RépaRation du

Monde


Du MêMe Auteur

essais• le Flambeau de la Cabale - rabbi Moshé hayim luzzatto, Éd. Ramhal, Montréal, 1991.• le Maguid et les écrits zohariques de rabbi Moshé hayim luzzatto,Éd. Ramhal, Montréal, 1992 ; Thèse de maîtrise sous la direction deIra robinson soutenue à l’EhESS [Concordia University (Montréal)].• rekhev Yisraël - Qabbalat ha-ramhal (en hébreu), Éd. Ramhal, Jérusalem, 1995.• lʼEssence de la Torah : la Torah éclairée par la Cabale, Éd. Ramhal,Jérusalem, 2005.• Mélekh ha’olam (en hébreu), Institut Ramhal, Jérusalem, 2007.• le roi du Monde - le règne de lʼUnité, Éd. Ramhal, Jérusalem, 2008.• la Métaphysique de l’Unité chez le ramḥal, Éditions Auteursdu Monde, Créteil, 2016.

[Une vingtaine dʼouvrages en hébreu sur lʼœuvre du RAMḥAl (1986-2015).]

traductions• Idra zouta kadicha - la révélation du Tout-Puissant, Éd. Otsar,Paris, 1984.• la Voie des Justes - Messilat Yésharim, Éd. Ramhal, Jérusalem,1996 et 2011.• les Voies de la Direction divine - Da’at Tévounot, Éd. Ramhal, Jérusalem, 2002.• la Voie de Dieu - Dérekh hashem, Éd. Ramhal, Jérusalem, 2001et 2010.• Kalah Pithé hokhma - les 138 Portes de la Sagesse, Éd. Ramhal,Jérusalem, 2011.• le Discours de la Délivrance - Ma’amar ha-Guéoula, Éd. Ramhal, Jérusalem, 2013.


À la mémoire de mon père, haïm ChrIQUI,

qui m’a ouvert les portes du Zohar.



Préface

De lA MétAPhysIQue De lA réPArAtIon

« Ce quʼun homme peut expérimenter de plus beau et deplus profond, cʼest le sens du mystère. Cʼest le principequi sous-tend la religion et toute entreprise artistique etscientifique sérieuse. Celui qui nʼa pas expérimenté cela,sʼil nʼest pas mort est au moins aveugle. Saisir que derrière chaque expérience de la vie il y a quelque chosequi échappe à notre entendement, dont la beauté et lesublime ne nous atteignent quʼindirectement, c'est ça la religiosité. Dans ce sens, je suis religieux. Pour moi,il suffit de s’émerveiller devant ces secrets et de tenterhumblement de saisir par lʼesprit ne serait-ce quelʼimage de la structure grandiose de tout ce qui est. »

Albert EInstEIn

Dernièrement (mai 2015), le Président de la prestigieuseUniversité Yale dans le Connecticut (UsA), le professeurPeter salovey, a invité les jeunes diplômés à sʼengager dansle Tikoun Olam1 – la réparation du Monde. Il est vraiquʼaux États-Unis, le concept de “Tikkun Olam” est assezrépandu.

Reuven Rivlin, le président de lʼÉtat dʼIsraël, au coursdʼune oraison funèbre le 13 janvier 2015, a mentionné leTikoun Olam lors de lʼenterrement des quatre victimes

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1. Voir : http://www.tabletmag.com/scroll/191120/yale-president-peter-salovey-calls-on-graduates-to-commit-to-tikkun-olam.


juives françaises, tuées dans le supermarché casher de laPorte de Vincennes à Paris2.

En 2013, à quelques mois dʼintervalle, Barack Obama etshimon Peres ont, tous deux, incité le plus grand nombre àrejoindre le programme de la paix et… du Tikoun Olam – laréparation du Monde –, un discours très plébiscité, au Palaisdes Congrès de Jérusalem. Bien entendu, chacun entend parTikoun Olam ce qu’il veut bien entendre. Je ne doute pas uninstant que ces honorables présidents recherchent tous unesolution aux nombreux problèmes que pose notre société.

Aussi, ai-je constaté quʼaux États-Unis, il existait ungrand nombre dʼassociations philanthropiques, depuis déjàplusieurs années, portant le nom de Tikoun Olam (ou TikkunOlam, ou encore Tiqqȗn ʼOlam). Il sʼagit de nombreuses organisations et entreprises qui menèrent une action socialedans les années 1970-1980, dans le but de promouvoir lesvaleurs familiales, sauver la jeunesse de la délinquance, accomplir des actes de bienfaisance (charité) pour les communautés et les pays sous-développés. Ces dernièresannées, nous avons constaté que des organisations écolo-gistes3 ainsi que des organisations politiques de gauche4

pointaient les dérapages de lʼarmée israélienne au liban ouà Gaza. Enfin, il existe une association israélienne qui porte

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2. En savoir plus sur : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/01/13/a-jerusalem-une-ceremonie-emouvante-et-politique-pour-les-quatre-juifs-francais-tues_4555512_3218.html#0wasPVtxJe44tgfe.993. Voir lʼarticle de lawrence tROstER, “Tikkun Olam and EnvironmentalRestoration: A Jewish Eco-theology of Redemption”, in Jewish EducationNews, Fall, 2008 ; voir aussi lʼarticle du Dr Yehudah MIRskY, “tikkunOlam’s Practical Meaning and Potential significance”, Ideals - Institutefor Jewish Ideas and Ideals, January 2009.4. Voir Tikun Olam, de Richard sIlVERstEIn, Promoting Israeli democracy,exposing secrets of the national security state; sur le net : http://www.richard-silverstein.com/


également ce titre estimable de “Tikkun Olam”, laquellepromeut le « cannabis médical » pour permettre aux malades en tout genre de supporter et d’amoindrir leursouffrance5. Une autre organisation, présidée par AlmaZohar, défend, elle, les intérêts des refugiés africains et desdemandeurs dʼasile en terre sainte6.

si la majorité des associations philanthropiques qui utilisent ce concept de Tikoun Olam sont essentiellementd’origine anglo-saxonne, nous trouvons cependant une exception dans le territoire de lʼHexagone où un groupede jeunes intellectuels avait fondé en 1999 une revue philosophico-métaphysique, Tiqqun7, à tendance radicalesituationniste, voire anarchiste. Ce groupe, qui avait pourbut de « recréer les conditions d’une autre communauté »,ainsi que sa revue, ont complètement implosé après lesévènements malheureux du 11 septembre 20018.

De part et dʼautre, nous constatons que le concept de Tikoun Olam a été utilisé par un large panel de la société,générant ainsi un grand éventail de sens, exprimant surtoutle désir de justice sociale.

Mais que signifie au juste Tikoun Olam ?Dans lʼAntiquité, les auteurs du Talmud ont initialement

conçu le principe de Tikoun Olam surtout dans les situations

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5. Voir : http://www.tikun-olam.co.il/6. Voir les actes du colloque : “Tikkun Olam: A passing trend or a newJudaism?”. Moderator : Gary ROsEnBlAtt, Tomorrow - The Israeli Presidential Conference, June 19, 2013. sur le net : http://2013.presidentconf.org.il/en/panel/tikkun-olam-a-passing-trend-or-a-new-judaism/ 7. Voir Julien BOUDARt, Fulvia CARnAVAlE, Julien COUPAt…, Revue Tiqqun - Organe conscient du Parti Imaginaire, n° 1, 160 pages, Paris,février 1999. nous retrouvons des notions de Tikoun selon la kabbalelurianique : les qlipot (les écorces) ; Malkhout, la Royauté.8. Voir Entretien avec Mehdi Belhaj Kacem, « tiqqun et la mort dʼEvidenZ », Ironie, n° 80, novembre 2002.


de litiges pour assurer les droits des femmes en cas de divorceet les protéger des maris peu scrupuleux et intraitables9. Cesnouveaux amendements dans le domaine du divorce, et dansdʼautres domaines, tels que : la collecte de fonds pour laveuve10, la libération des esclaves11, la demande de payer unerançon pour un prisonnier12, le prouzboul13 – protection duprêteur après lʼannée sabbatique –, etc., ont tous pour but« lʼamélioration des problèmes de la société », causés parfois,par la loi.

En effet, le principe de Tikoun Olam, dans le Talmud,est invoqué en réponse à des situations dans lesquelles undétail juridique particulier menace de remettre en cause toutle système. Prétextant le concept de Tikoun Olam, les sagesveulent nous mettre en garde du danger de lʼapplication dela loi telle quelle, et donc attirer l’attention sur la nécessitéde rechercher « lʼintérêt général ».

Dans la liturgie juive, lʼexpression « Tikoun Olam »est incluse dans la dernière partie de la prière ʼalénouléshabéaʼh – À nous le devoir de louer le Maître de lʼunivers –, qui est traditionnellement récitée trois fois parjour. Cette portion de la prière, attribuée à Josué, exprimeles louanges à Dieu par Israël, ainsi que lʼespoir de voir unjour les hommes du monde entier abandonner lʼidolâtrie, lepaganisme, et reconnaître lʼÉternel-Dieu Unique et souverain.

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9. Voir Talmud de Babylone (plus loin cité t.B.), Guittin 3b, 32a, 33a, 34b,36a ; voir Gilbert s. ROsEntHAl, “tikkun ha-Olam: the Metamorphosisof a Concept”, The Journal of Religion, 85/2, April 2005, p. 217.10. Voir t.B., Guittin 4, 3. 11. Voir t.B., Guittin 4, 6.12. Voir t.B., Ketoubot 52b.13. le prouzboul stipule une modification du statut des prêts privés indivi-duels dans lʼadministration publique, permettant, dʼune part, aux pauvresde contracter des prêts sans intérêt avant lʼannée sabbatique, et dʼautre part,de protéger les investissements des bailleurs de fonds (car lʼannée sabbatiqueannule a priori les prêts) ; voir Talmud Yérushalmi (t.Y.), Guittin 21b.


lʼexpression qui est utilisée dans ʼalénou est : « létaqènʼolam bémalkhout Sha-dday », « pour parfaire le mondesous la Souveraineté de Dieu ». En dʼautres termes, lorsquetous les peuples du monde abandonneront les faux dieux etreconnaîtront le Dieu Un, le monde sera donc réparé. Bienque le passage de ʼalénou stipule la Réparation du Mondepar Dieu lui-même, quand la part des hommes réside dansun espoir et une prière ; cependant, la tradition kabbalistiqueentend donner la charge à lʼhomme dʼutiliser ses compétencespour réparer la désolation du monde.

En effet, la kabbale en général, et celle de Rabbi Isaacluria (1534-1572) en particulier, expose une doctrine complète du Tikoun Olam. Pour autant, son discours restehermétique même pour les plus avertis. Dans la kabbale lurianique, le Tikoun Olam représente le fondement et lapartie centrale de sa doctrine. Des centaines de pages ontété consacrées pour expliquer le tikoun (ou : tiqqȗn) en tantquʼunion des flux divins (masculins et féminins). Cette unification des degrés de lʼémanation divine14 a pour butdʼengendrer lʼharmonie et lʼabondance pour toute lʼhumanité.néanmoins, cet enseignement est resté lʼapanage d’espritstrès pointus ; et pour dʼautres, il ne s’agit encore que de formules, très techniques, lors des méditations.

Cʼest alors que de nombreux écrivains, puis des prédica-teurs, utilisèrent les termes du Tikoun Olam dʼune manière trèsgalvaudée, mélangeant mystique et genre apocalyptique. Onpeut se demander toutefois, si leur discours est authentique,puisque lʼaspect métaphysique y est absent. Ce serait uneprétention de dire que je vais présenter une théorie complètesur la Réparation du Monde. Aussi, dès à présent, dois-je en avertir ; il s’agit d’un kabbaliste italien, ayant souci à lafois de métaphysique et de logique, Rabbi Moshé Hayim

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14. nous traiterons dans notre IVe chapitre les détails de cet enseignement.


luzzatto, autrement appelé Ramhal15 (1707-1746), qui mʼainspiré sur le sens ultime de la Réparation du Monde.

En étudiant la kabbale depuis une trentaine dʼannées, je mesuis posé la question : que veut cette sagesse nous enseigner ?

Au cours des années, jʼai compris qu’il s’agissait dʼabordd’une mystique, une théosophie, une herméneutique (inter-prétation ésotérique) des versets bibliques ; ensuite d’unecosmogonie – une théorie sur lʼémanation et la Création dumonde ; et après d’une historiosophie – donner un sens àlʼHistoire à partir de la Direction divine du monde.

En somme, toutes ces conceptions se retrouvent quelquepart dans la kabbale ainsi que dans plusieurs traditions ésotériques. Cependant, le but ultime de toute science – etsurtout la métaphysique – est la recherche de lʼOrigine desorigines : lʼUnité primordiale. Il existerait un « Un absolu »,insondable ; et un « Un contigu » qui se relie avec ce quʼIl a créé et fait. Mais voilà, ce qui a été créé et fait nʼest pas complet, il doit se parfaire jusquʼà atteindre la complétude.

• Dans la Création :lʼunivers fut détruit avant dʼêtre totalement arrangé : à

lʼinstar dʼun grain qui doit pourrir sous la terre en hiver pourensuite se régénérer au printemps. De plus, les accidents etla dégradation de la nature montrent que le monde est loinde sa plénitude.

• Dans lʼhistoire : les discordes, les guerres, bien quʼelles soient souvent

nécessaires pour ré-établir une harmonie ; les séquellesquʼelles laissent sont désastreuses et épouvantables.

• Chez lʼhomme : la gestation, la difficile enfance, les difficultés de la vie,

les maladies, sont aussi des désordres ; et bien quʼelles

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15. Voir une biographie sommaire de cet auteur en annexe a de cet ouvrage, p. 101.


permettent de dévoiler les lacunes, avant dʼêtre réparées,elles entraînent généralement bien des calamités.

Cʼest dans le mal ontologique quʼil faudrait rechercher le manque de la complétude. nous y reviendrons plus loin (chapitre III) ; pour le moment contentons-nous de dire que :le mal exprime la brisure dʼune harmonie, mais ce faisant, ils’agit de permettre un dévoilement, un re-commencement quifera subsister une nouvelle réalité. Cʼest bien du désordre, letohou primordial, quʼest né lʼordre – la lumière.

Mais ce qui est formidable, dans la nature, ainsi quechez lʼhomme, cʼest cette volonté de réparer, dʼarranger, detransformer, dʼaméliorer. Dʼoù nous vient cette volonté dutikoun ?

En somme, il existe une tendance inhérente, un genrede « souffle », dans cette même nature, chez tous les existants, à vouloir réparer, restaurer, arranger les lacunes,les problèmes. Bien que le mal soit aussi présent dans la réalité, et que sa raison dʼêtre ne soit, apparemment, que destruction. Cependant, le bien et la réparation le surpassent.toujours est-il que ce désir de réparation reste souvent àcourt terme. Aussi, une solution à la va-vite ressemble à lʼextinction partielle dʼun incendie qui laisse des tracesde feu non éteintes. Ou bien, peut-on le comparer à un pauvre malade auquel on donne un calmant ou des anti-inflammatoires pour étouffer les vrais problèmes. la médecine, comme la justice ou la politique, proposent dessolutions, mais très peu sont dʼun caractère fiable à longterme. Car la préoccupation de ces professionnels nʼest pasde chercher à déraciner réellement le problème, ou à le réparer définitivement, mais plutôt à calmer le patient oule peuple.

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si à lʼépoque on disait : « la religion est lʼopium du peuple », alors aujourdʼhui, quel serait le véritable opium ?

les anti-inflammatoires, les antidépresseurs, les antihistaminiques ; les droits de lʼhomme, la démocratie,la liberté dʼexpression, la paix ? Des solutions à courteéchéance et qui ne font que maintenir les problèmes.

la médecine moderne ne traitera pas, en général, lacause efficiente de la maladie, mais elle examinera plutôtsa conséquence : les symptômes. la vision holistique de lamaladie a totalement disparu au profit d’une vision étriquée,centrée sur le problème en question. Un patient a mal augenou, on lui donnera des médicaments antidouleur. Unautre a une grippe chaque année, on va lui donner des antibiotiques ; vous avez très mal au dos, on vous prescrirades anesthésiques, etc. Mais qui s’interrogera sur la causevéritable de la maladie : la nutrition, lʼenvironnement, lemode de vie ? Bien entendu, il existe de plus en plus deprofessionnels de bonne foi, mais on les assimile souventà des charlatans.

Que l’on ne se trompe pas, la médecine a apporté le salutà des millions de personnes, mais elle a aussi engendré lamort prématurée de quelques millions dʼhommes.

tout comme en médecine, en politique ou en économie –cʼest-à-dire dans toutes les catégories des sciences humainesou sociales –, on ne recherche que la cause proche ; la causeefficiente échappe à la majorité des chercheurs. Même s’ilest vrai que les physiciens, les astrophysiciens nous offrentune conception de lʼunivers de plus en plus riche et de plusen plus cohérente.

Depuis plusieurs décennies notre conception de lʼunivers a complètement changé, la connaissance de lamatière subtile nous rapproche de son origine. Maislʼhomme doté dʼun cerveau, certes avec 170 milliards

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de cellules dont 90 milliards de neurones, peut-il vraimentsaisir toutes les structures et systèmes de galaxies autourde lui ? Retrouver lʼOrigine nécessite de connaître chaquesystème et comment il s’enchaîne avec celui qui le précèdejusquʼà 15 milliards dʼannées, et peut-être plus.

Dans la kabbale, comme dans toute tradition authentique,il nous a été enseigné que lʼhomme – le microcosme –contient tout ce qui est existe dans lʼunivers – le macrocosme.Donc, il y a un espoir de connaître l’hyperstructure, jusquʼàlʼOrigine des origines, la Cause des causes, si l’on veut bien scruter lʼhomme. Or lʼhomme dont nous parlons estlʼhomme primordial.

Pratiquement toutes les traditions ésotériques font mention de cet Homme ancestral, qui a servi, selon la tradition hébraïque, au prototype de tous les systèmes et organisations cosmiques ou biologiques. Ce qui revient àdire que nous pouvons saisir la structure universelle, et ainsila Cause des causes, qui nous permettra de comprendre, oudu moins, de nous rapprocher de la conscience cosmique.

Or, cette conscience cosmique, bien que son essencenous échappe, nous pouvons lʼaborder par la voie métaphysique, et cʼest ce que nous allons essayer de fairedans notre prochain chapitre.

les croyances scientifiques – qui ont remplacé lescroyances religieuses et spirituelles – ont enfermélʼhomme dans un monde de causes apparentes : les causessuperficielles. Pour reprendre une formule de René Guénon, l’Unité, figée dans le règne du multiple, setrouve occultée. Même si la science a fait progresser prodigieusement lʼhumanité sous plusieurs aspects, ellea quand même enfermé les hommes dans un nouveau déterminisme (de la nature) qui ne leur laisse pas tropdʼespoir.

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la perception dualiste, ou plutôt pluraliste, du monde, a créé des catégories et des sous-catégories dans tous les domaines. le propre de lʼintelligence étant justement le discernement, il ne nous permet néanmoins uniquement de comprendre lʼextériorité des choses. À lʼexception dequelques conceptions scientifiques – dans lesquelles lʼuniverset lʼhomme sont perçus comme une totalité et un ensemblehomogène ; la philosophie comme la science appréhendentaujourdʼhui lʼidée de lʼUnité.

Pourtant, un grand nombre de penseurs, philosophes etphysiciens ont contribué, au fil des âges, à cette conceptionde lʼUnité : Héraclite, thalès, Pythagore, Parménide, Anaximène, Platon, etc. ; et pour les plus récents : kepler,Galilée, Descartes. Avec newton commence vraiment lʼunification, la chute des corps et les orbites astronomiques.Avec Einstein (la relativité restreinte), la matière et lʼénergiedeviennent une, lʼespace et le temps se réunissent en un seulconcept.

la mécanique quantique a révolutionné dans ce sens laconception du monde : elle unifie ondes et particules au seinde la lumière. les théories quantiques essaient de relier etde réconcilier les différentes interactions ; mais ce nʼest pasencore fini, car elles nʼintègrent toujours pas la gravitationni la dynamique de lʼespace et du temps.

Cependant, cette « théorie du tout », susceptible dʼexpliquer dʼune manière cohérente lʼensemble des interactions fondamentales, nʼest pas encore actuelle. Quece soit la théorie des cordes, la supersymétrie, la théorie de la superforce, ou bien encore la force électronucléaire, aucune n’est suffisamment achevée pour étancher notre soif de connaissance.

Bien que la recherche du physicien, en général, ne soitpas au niveau de lʼunité réelle du monde, et comme le disait

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Auguste Comte, « elle se limite à diminuer le nombre des lois distinctes et indépendantes, en étendant sans cesseles liaisons » ; néanmoins, cette condensation de laconnaissance réduit la complexité des lois et vise à suppléerla métaphysique. tout le monde tombe dʼaccord – la métaphysique, la physique, et la cosmologie – sur le faitque tout dans lʼunivers interagit avec tout, et cʼest pourquoitous les éléments contenus dans cet univers forment untout.

Au demeurant, la science ne se préoccupe pas vraimentde lʼunité du monde mais plutôt de lʼunité de la connaissanceexpérimentale ; lʼunité du monde – quʼon appellera : lʼunitude – est une quête métaphysique.

Mais avant dʼaller à la recherche de cette unitude delʼunivers et sa corrélation avec lʼhomme, il nous faut remonter tout dʼabord à cette Origine, le Principe premier.en effet, il nous faut remonter à la connaissance de lʼunitéabsolue si nous voulons comprendre le fonctionnement duMonde, ses manques, et sa réparation. On ne comprendrajamais la position et la fonction dʼune pièce dʼune machineque si lʼon connaît le rôle et le but que lui a assignés leconstructeur. Ou encore, on ne pourra saisir la pièce du jeudʼéchecs que si lʼon en connaît les règles du jeu.

tant que les hommes ne seront pas conscients de la manière dont le monde fonctionne ni du but vers lequel iltend (et paradoxalement, de la façon dont ils lʼutilisent : àsavoir, satisfaire leurs envies et dominer lʼautre), il y a peude chance que nous puissions réparer quoi que ce soit.

En revanche, en recherchant le Principe (vraiment) premier dont émergent le plan et le rôle de chaque-un (bienque dans un premier stade, cela se limite à une prise deconscience de lʼUnité primordiale qui régit le monde et lʼhistoire), nous pourrons ensuite avancer vers lʼunité et

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lʼharmonie de lʼhumanité, qui est en adéquation avec toutesles pièces de lʼexistence.

Cet enseignement du Tikoun Olam permettra, jʼen suisconvaincu, aux hommes : scientifiques, économistes ainsique politiciens (?!), de re-considérer leur perception dumonde sur la base de lʼunité universelle qui harmonisetoutes les facettes de la réalité.

Mordékhaï CHRIQUI

Tikoun Olam

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Avertissement

Cher ami lecteur,

notre livre est composé de cinq chapitres. les trois premiers chapitres – lʼUnité primordiale, lʼunitude dumonde, lʼunité de lʼhomme et de lʼhumanité – forment un long Préambule, qui nous permettra de saisir « la réparation du Monde par lʼunité et sa révélation » (IVe

chapitre), qui est à nos yeux lʼessentiel de cet ouvrage. le dernier chapitre (Ve) qui traite de « la Dialectique de lʼhistoire », a pour trame Israël et les Nations – ilnous servira dʼépilogue, de dénouement à ce phénomènecomplexe quʼest la Réparation universelle.

nous voulons préciser au lecteur novice que si notrePréambule est fondé sur la métaphysique en général et surla kabbale en particulier, nous avons essayé néanmoinsd’en faciliter la lecture en lʼagrémentant d’exemples tirésde la science et de lʼhistoire contemporaine.

Bien que certaines notions ésotériques ne soient pas expliquées en détail, cela ne dérange en rien la compréhensiondes deux derniers chapitres sur la réparation universelle.

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Chapitre IlʼunIté PrIMorDIAle

Le Un primordial, lʼUnité de lʼInfini, la Complétude

« […] Je suis le premier et Je suis le dernier, en dehors de Moi point de dieu. »

[IsAïE, 44, 6]

« Tu es Un avant la Création du monde, et Unaprès la Création du monde. »

sêDêR HA-YôM

« […] avant lʼUnité duquel il nʼy a pas dʼantérieur,si ce nʼest lui qui est ce Premier ; après la Singularité duquel il nʼy a aucun après, si ce nʼestlui qui est ce Suivant. À propos de lui, il nʼy a niavant, ni après, ni haut, ni bas […]. »

lE tRAItÉ DE lʼUnItÉ1

Il nʼy a pas très longtemps, on pensait que lʼatome étaitla particule fondamentale de toute chose ; ensuite on a appris quʼil était constitué de protons et de neutrons, etd’électrons qui gravitent autour. Mais grâce aux accélérateurs

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1. le Traité de l’Unité, attribué à IBn ’ARABî (lʼauteur de ce traité serait :Awḥad al-dîn BAlYÀnî), traduction par ABDUl-ḥâDI, 1911 ; sur le net :https://fr.wikisource.org/wiki/le_trait%C3%A9_de_l%E2%80%99Unit%C3%A9


tAble Des MAtIères

PréfACe : De la métaphysique de la réparation . . . . .9AvertIsseMent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Chapitre IlʼunIté PrIMorDIAle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23

Le Un primordial, lʼUnité de lʼInfini, la Complétude

Chapitre II lʼunItuDe Du MonDe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31

Adam qadmȏn – lʼHomme primordial : macrocosme, microcosme

Chapitre IIIlʼunIté De lʼhoMMe et De lʼhuMAnIté . . . .37

Lʼimage de lʼhomme, le Bienfait, la révélation de lʼUnité

Chapitre IVlA réPArAtIon Du MonDe . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45

La répartition des tâches, lʼIntelligence universelle, les deux voies vers le tikoun, la liberté humaine, le mal, la révélation de lʼUnité, lʼunification, les Palais, le Souffle universel

Chapitre VIsrAël et les nAtIons : lA DIAleCtIQue De lʼhIstoIre . . . . . . . . . . . . . .71

Lʼhistoire universelle, la dichotomie entre Israël et les Nations, Y.H.V.H. et ELO-HIM, lʼunion ou le secret du Cantique des Cantiques, le « vêtement primordial » et les âmes de lʼhumanité

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ConClusIon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .99• Annexe A

Biographie sommaire du Ramhal . . . . . . . . . . . .101

• Annexe bIntroduction à lʼœuvre du Ramhal . . . . . . . . . . .109

reMerCIeMents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .113bIblIogrAPhIe générAle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115

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