le magazine opérationnel des acteurs du développement et du renouvellement urbains
traits urbains Nantes Métropole: au centre coule la_Loire Est mosellan : le bassin houiller en voie de réparation ? Lisbonne pioche dans l'énergie citoye~ne
Aménagement durable : · .. passages à l'acte
VILLENEUVE-SAINT-GEORGES SORT DE L'ORNIÈRE_REGARDS &: ÉVALUATIONS
l'habitat, du logement et du cadre de vie (e lle
a succédé à Cécile Duflot après son entrée
au gouvernement), et par ailleurs conseil
lè re générale du Val-de-Marne. Depuis 1983,
chaque élection a vu changer l'équipe muni
cipale, sans qu'aucune ne lance de stratégie
d'envergure. Inertie pol itique, défaut d'en
tretien, choix du moins disant et nuisances
en tous genres aggravées par l' inconstruc
tibilité liée au PEB, tout ceci a accéléré les
dysfonctionnements immobiliers, certains
propriétaires en profitant pour découper les
immeubles en logements de plus en plus
petits, de plus en plus insalubres.
En 2008, la nouvelle équipe (Front de gauche/
PS) menée par Sylvie Altman (PCF), par
ailleurs conseillère régionale, s'est retrouvée
à la tête d'une mairie exsangue financière
ment et surtout ((sans perspectives d'avenir 11.
Résolue à inverser le cours des choses, et
profitant de ce que la commune soit située
dans le périmètre de I'OIN Seine Amont, elle
s'est appuyée sur I'EPA Orsa (Etablissement
public d'aménagement Orly Rungis Seine
Amont) '' qui a ouvert de nouvelles perspec
tives à la ville en l'inscrivant dans un territoire
plus vaste et en l'aidant à prendre conscience
de ses potentialités 11, commente Makan
Rafatdjou, urbaniste missionné sur la ville,
à l'époque sur le centre ancien, aujourd'hui
sur la révision du PLU. C'est ainsi qu'en 2011
la ville a signé l'une des premières conven
tions du programme national de rénovation
des quartiers anciens dégradés (PNROAD).
Engagé sous maîtrise d'ouvrage de I'EPA
Orsa, ce programme vise à démolir 130 loge
ments et à en reconstruire 470 autres.
Dès lors, la ville a embauché trois cadres A
pour repenser son développement, consti
tuer des dossiers de demandes de subven
tions et appuyer les services juridique et
d'hygiène. (( Alors qu'auparavant la mairie
tenait un discours cache-misère, elle reven
dique aujourd'hui sa situation pour faire appel
à la solidarité nationale 11, explique Julien
Zoughebi, directeur du cabinet de la maire.
Embauches en interne donc, mais aussi et
surtout appui sur des compétences exté
rieures, aussi bien institutionnelles (EPA Orsa,
conseil général du Val-de-Marne, conseil
région al d'Ile-de-France, Etat, Anru, Anah,
Action logement, Stif, RFF, SNCF, et Europe),
que conceptuelles (Urbanis, agences Makan
Rafatdjou, GoBe architecture, atelier Pranlas
Descours, etc). Les promoteurs étant eux aussi
fortement encouragés à apporter leur pierre à
l'édifice .. . Aujourd'hui, pour Nathalie Dinner," la
priorité est à la résorption de l'habitat indigne,
à l'amélioration des conditions de vie dans les
quartiers, au droit au logement pour tous et au
développement de la mixité sociale. Le projet
phare, c'est le PROAD, mais on a ouvert bien
d'autres chantiers pour que les gens ne croient
pas qu'on ne s'occupe que du centre-ville 11 .
Des atouts incontestables Malgré toutes ses contraintes, Villeneuve-Saint
Georges bénéficie de multiples atouts liés à sa
géographie ; à ses emplois publics (2 300 pour
l'hôpital intercommunal, et d'ici fin 2013 un
millier de militaires dans le centre de formation
des pompiers, en cours de réalisation) ; et à sa
bonne desserte en transports en commun. Avec
trois gares de RER D, la ville est à 12 minutes
de Paris Gare de Lyon. D'ici décembre 2013,
le trafic sera passé à 16 trains par heure aux
périodes de pointe au lieu de 12. Douze lignes
de bus irriguent le territoire. La desserte vers
l'aéroport d'Orly et ses 27 000 emplois et le
MIN de Rungis reste cependant problématique
du fait d'un seul pont très engorgé qui traverse
la Seine à cet endroit. Mais un projet de tram
train envisage de relier d'ici 2020 Orly à Ville
neuve-Saint-Georges puis à Sucy-en-Brie en
2025, ce qui permettrait d'interconnecter les
RER D, C et A, sous réserve de construire un
nouveau pont pour enjamber la Seine et les
voies ferrées. Autre projet de transports en
commun, le Téléval, un téléphérique urbain de
4,4 kilomètres qu i reliera notamment Le Bois
Matar au métro Pointe-du-Lac à Créteil (ligne 8)
et à sept lignes de bus.
- traits urbains no 63 septembre/octobre 2013
Des infrastructures prégnantes (ici: voie ferrée et RN6).
Ces projets de transports sont d'autant plus
importants pour la ville qu'elle doitfaire un choix
en matière d'intercommunalité. Va-t-elle se
(( marier 11 avec le territoire du Grand Orly, qui
compte Rungis, Chevilly-Larue, et dans laquelle
elle est engagée via un contrat de développe
ment territorial ? Ou avec la communauté d'ag
glomération Plaine centrale du Val-de-Marne,
qui rassemble ses partenaires historiques,
Valenton, Limeil et Créteil ?
Pour l'urbaniste Makan Rafatdjou, qui a
travaillé auparavant sur les berges de Seine,
d'Ablon à Charenton, " Villeneuve-Saint
Georges est un des territoires métropoli
tains européens les plus contraints, mais
aussi une porte fluviale pour la métropole.
Tous les ingrédients sont là. C'est une des
villes qui a la plus longue façade mais aussi
la plus longue coupure le long de la Seine 11.
Et aujourd'hui son travail consiste à recons
tituer cette façade fluviale. Ce qui n'est pas
gagné. Il suffit de se camper sur le quai de
la gare pour apercevoir en contrebas, entre
les voies et la berge, un belvédère sublime
sur le grand paysage ... qui sert de parking
pour les usagers du train. " Nous menons une
réflexion sur les terrains du quartier de Triage,
aujourd'hui très enclavé entre Seine et voies,
mais qui pourrait accuei llir un programme
mixte offrant de l'espace et de la vue, ainsi
qu'une petite plate-forme logistique de proxi
mité profitant du tram-train 11. Cette vision
stratégique a nourri l'appel à idées lancé au
mois de juin sur l' (( élaboration d'une vision
architecturale et urbaine dont l'objectif est
la définition d'un projet architectural 11 -7
53
REGARDS & ÉVALUATIONS
-7 pour Villeneuve-Triage, autour des objectifs suivants : l'attention au contexte, la revalorisation de l'identité historique du site, la recherche d'un processus vertueux de combinaison des échelles et des fonctions, l'inscription dans la transition écologique, le désenclavement, la
sécurisation, l'animation, la revitalisation, le renouvellement urbain et la réconciliation du
site avec le fleuve. Les idées qui en émergeront sont appelées à s'intégrer dans les orientations du PADD que l'agence Rafatdjou devrait rendre cet automne.
Quartier du Triage : atouts et handicaps selon le diagnostic de Makan Rafatdjou .
COEURS CE PARC B. lES [T CO{UflS Rt:QUAUFICA'OON GlOBALE DE LA RD138 - <.UN II'IIUIIl: UMSNNI: A l HUI.MJt
D'I..OTS VERTS Il PRESERVER ET VALORISER Avt:NUCOCCI IOISY ·lrnpl.int•tit·n ~ fl!Wl tfot.Ok.H~ - EltwENT'S PATRIMONIAUX A PRl.SERVER 'VALORISER
~ PERSPf.CTMSvt:R'> LA "fiNe~ VAlOitlsat s&:urts•tlon PI.AC[ HAUTE A OOAUF•EA ICONSTl\.UI/VAWfliSER · Jtiliont'lftfltnt f.c:IKtf
~ t~Et-'U:Il.IC MA.JWRAVAW:aSLH · 'litem~flll:
lroUoiurN if'<lnilOIJ"'5 PERSI'ECTMVLSUEILE SUfl U GR"NO~)'SAGE JAROrtS OJYRilHS A YRfSI:RV\.1\ 1 - revlül!si!lc>ndeJ ROC : <omm~es / s.tviCts • KrivitH PIORENNlSER/VAJ..ORISER . JIWNI Of't l cm tntitt
R{QI!Al.I~ ICAllON Gl06ALE OE 1 0tJT LE UNr;AIRE - ENSEMBLE HOMQC;E.'-E A PRB:EAVER 1 REQUALIFIER /VALORISER DES BERGES DE SCINE (projtt C'-S41 S(QIJEN([ nD118 EN PlATEAU
:8:.:3 II.IRESO'ACllYitts lull;ter a ~urb~r iM tr~.,.~~s er rlk!uire la v!tm<: m.. EMPRI5b POllNTIElUS DEAE.OVAUfiCAliON IAENOWEl .... :.MENT
· vaiOI'Isatlorr ·anracm•.té- ....... I '~TERCONNEXlONTAAM-TRAIN/ Rf li: 0 NO\NfAil Q!JART!nllJ~BAIN · VIl 1 FNf UVF lF ROI · foncdonn@m~l'll ·mutabilitl! 0(1-piK('1!l('ntfÙ> Iii Q•n!l • ii(CHSibllltt!
.-·-
1
La vil le compte 40 % de logements sociaux, concentrés dans le quartier Nord et au Bois Matar. Plus gros bailleur de la ville avec 2 700 logements, l'Office public de l'habitat (OPH)
est indigent. << Longtemps, son financement n'était assuré que par les loyers ll , précise
* NO.Mli:OIJIPEA'IEHT ~RT MUTUAIJSt tl!lr~ln dt boU~ : l)it,)nQUe / plnqpana_
* BASE NAlln®E A QUALFIER
* PORT De MRIS A CONFORTER 1 OPTIMlSUI / LIB(RI::R
* POJil DE WtSIRS/, CONFORl EI\ . Otvt:LDPPUI
NOJVEUES IWlANrATIONS FlVYII\LES A ENVISAGER ~tpt!mMI -/ lei'IJU!S / Ioisrn-
·{,) · HVPOTl-IE SI: TRACE TJIA 'il ï!AIN· STATION>;
<>- RERD · G.lredrVUIM~tuvcfriaQ9
il If
R01l8 • A.'JENOE DE CHOISY · circulbllon dlmclle · nulsances {bwll) • probl~rN~t.ttil>lr l'lotm~·ut
· vitMwo exu~nlw
·p.t~cWfeu, de lignaGwti<m · tro!.lolrs ~Oitl
TROTTOIRS PR06l~Ail0l!ES 1 SAfi..JR~S; OBSTRUI:S 1 EXIGOS
PROBLEMES DE STATIONNEWENTS Sl•l ~trott ol r,voi !UI'I'SV~I OUJ.tS -
- hEMENTS PAJRjY.ONIAUX A ~SERVEJI/VI\LORISER
54
""\.../'\(:> ACCROCHE AVEC lA GARE rT ~NUE DE CI<OISY ATHA'INLlEM
- f:QUIPE.MENT5
- HABITATl r BA Tl O~GRAD~ OU EN O~GRA~'OON I A REQUAliFIER
D PPRI : lom,rougl'e!Of3n91' fonc:il! o/lfosforrttr!htôrr
septembre/octobre 2013 traits urbains no 63 -
VILLENEUVE-SAINT-GEORGES SORT DE L'ORNIÈRE_REGARDS & ÉVALUATIONS
Nathalie Dinner. << Depuis 2012, la municipa
lité l'abonde de 5,7 M€, et a décidé d'aug
menter les loyers, qui étaient les plus bas du Neutraliser le territoire des marchands de sommeil département ll .
Un quart ier Nord candidat à I'Anru 2 Alexandre Jonvel, architecte urbaniste de
l'agence CoBe, a été mission né pour élaborer
un schéma de principe sur le renouvel lement
urbain du quartier Nord: 26 hectares en PP RI,
2 050 logements détenus par différents ba il
leurs, un centre commercial déserté ... Un
quartier << en déshérence ll résume l'urba
niste, qui constate << qu' ici le décrochage
social est beaucoup plus fort qu'ailleurs,
même si les résultats scolaires au brevet sont
plutôt bons ll. Une des résidences, autrefois
propriété de la SNI, a été vendue à la découpe
à des propriétaires, devenus insolvables.
Mais c'est surtout la cité Sel lier qui plombe
le quartier. Cité d'urgence depuis les années
1950, ses logements minuscules n'ont jamais
été réhabilités . << Aujourd'hui , quand il faut
reloger des squatteurs, on les installe là l> ,
précise Alexandre Jonvel. Une étude a évalué
la remise en état à 65 000 € par logement.
On va donc vers une logique de démolition
reconstruct ion >l. Une convention a été signée
entre I'OPH et la Caisse de garantie du loge
ment locatif social (CGLLS) pour investir
entre 2013 et 2015 près de 10 M€ sur le quar
tier Nord . La ville est également candidate au
PNRU 2.
Sur le plateau, au Bois-Matar, le travail s'est
focalisé sur la précarité énergétique; faute de
réussir à obtenir des fonds Feder, ce sont des
crédits dans le cadre des << opérations iso lées
Anru ll qui ont permis d'améliorer le bâti et
l' isolation intérieure et extérieure. Le Bois
Matar étant au cœur du cône de bru it, les
fenêtres à double vitrage de 500 logements
ont été financées par Aéroports de Paris.
Quelques chantiers ont été engagés sur l'en
semble de la commune, mais les gros travaux
ne commenceront qu'au second semestre.
L'équipe actuelle, qui affirme n'avoir << pas
peur de se retrousser les manches l> , est
fermement déc idée à contrer le FN, qui a
réalisé ici son meilleur score du Val-de-Marne
aux dernières cantonales avec 40,6 % au
deuxième tour ...
Agnès Fernandez -
Point de logements sociaux dans
le centre-ville de Villeneuve-Saint
Georges, mais beaucoup de petits
propriétaires occupants en difficulté
et quelques marchands de sommeil
florissants ... Curieusement, ce centre
a vu sa population augmenter alors
qu'aucun logement neuf n'y était créé.
Les cinq Opah réalisées au cours des
dernières années n'ont pas réussi à enrayer la dégringolade sociale, elles
l'ont même parfois encouragée (bien
malgré elles) du fait de propriétaires
peu scrupuleux qui, après avoir encais
sé les aides, ont fortement réévalué
les loyers, condamnant ainsi la mairie
à reloger les familles impécunieuses.
« Soutenue par I'EPA Orsa, la mairie
s'est portée candidate au PNROAD et Programme de requalification du centre-ville. a réalisé un diagnostic approfondi »,
indique Odile Dubois-Joye, chef de projet à I'EPA Orsa. Cinquante-neuf millions d'euros sont mobilisés pour la première tranche
(2011 -2017). Le quartier est protégé par une Aire de mise en valeur de l'architecture et du
patrimoine (Avap, ex-ZPPAUP) qui vise à révéler la richesse patrimoniale de la rue de Paris,
ancienne route royale bordée de ruelles tortueuses et pittoresques. Ce partenariat avec
I'EPA permet de bénéficier du dispositif coordonné d'intervention immobilière (DCII), uti
lisé pour des immeubles particulièrement dégradés mais à forte valeur patrimoniale. Sept
adresses, soit 70 logements, sont concernées. « Ce recyclage immobilier permettra de
remettre sur le marché des logements de qualité à loyers maîtrisés », prévoit Odile Dubois
Joye. Côté accompagnement social, une procédure de Mous (maîtrise d'œuvre urbaine et sociale) a été lancée.
Aujourd'hui, une Zac multisites (maîtrise d'ouvrage : EPA Orsa) couvre cinq secteurs du
centre-ville, de l'avenue Carnot au pont de l'Yerres. Au programme: 130 logements démo
lis ; 470 logements neufs (50 % sociaux ; 50 % en accession dont 10 % en accession
sociale) ; et une Opah-RU pour 300 logements. « L:opération est assez complexe car de
nombreux dispositifs se croisent et se complètent », précise Odile Dubois-Joye. « Ce parc
insalubre doit être rendu attractif pour les investisseurs "normaux". Il faut reconquérir le
secteur en neutralisant le territoire des marchands de sommeil ll. Pour ce faire, la ville pré
empte des locaux en pied d'immeuble pour dynamiser commerces et activités en créant
des équipements publics : médiathèque, point accueil pour la police municipale et maison
des projets. Ces îlots bâtis peu denses, ces impasses bordées de boxes abandonnés re
cèlent quelques intéressantes parcelles de foncier mutable. Notamment le foyer Cocteau,
vaste enclave mal exploitée, qui pourrait accueillir des logements neufs, protégés des
nuisances ferroviaires et routières par une offre d'activités en face de la RN6, au pied du RER, entre la mairie et la rue Carnot.
Quant au secteur du pont de l'Yerres et son quartier Belleplace-Biandin, il est aujourd'hui
très déqualifié. La rue de Crosne forme un goulot d'étranglement routier, et la confluence
de l'Yerres et de la Seine est bien peu mise en valeur. Zone inondable classée dangereuse,
ce secteur est cependant (très) habité : cabanes de pêcheurs « consolidées », construc
tions sans permis de construire et quelque 500 caravanes se dissimulent dans une végéta
tion laissée à l'abandon. Le conseil général a entériné la décision de classer 5 hectares de
berges de l'Yerres en espace naturel sensible pour en faire le poumon vert du centre-ville.
- traits urbains n• 63 septembre/octobre 2013 55