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ÉVALUATION DU BIEN-ÊTRE DES ÉTUDIANTS · 2019-04-29 · 40 ° 1805 19 2019 U ne thèse...

Date post: 07-Jul-2020
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38 ° 1805 19 2019 ÉVALUATION DU BIEN-ÊTRE DES ÉTUDIANTS VÉTÉRINAIRES EN EUROPE Une thèse soutenue en novembre dernier par une élève de l’ENVA compare le niveau de stress des étudiants de 18 écoles vétérinaires européennes. Bonne nouvelle : le bien-être est relativement élevé dans les établissements français. Toutefois, cela ne doit pas faire oublier que chaque école abrite une frange d’élèves plus fragiles. L’apprentissage de la gestion du stress a encore du chemin à faire. Responsables d’écoles, anciens élèves et étudiants avancent des pistes. ©
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ÉVALUATIONDU BIEN-ÊTREDES ÉTUDIANTS

VÉTÉRINAIRES EN EUROPE

Une thèse soutenue en novembre dernier par une élève de l’ENVAcompare le niveau de stress des étudiants de 18 écoles vétérinaireseuropéennes. Bonne nouvelle : le bien-être est relativement élevé

dans les établissements français. Toutefois, cela ne doit pas faire oublierque chaque école abrite une frange d’élèves plus fragiles.

L’apprentissage de la gestion du stress a encore du chemin à faire.Responsables d’écoles, anciens élèves et étudiants avancent des pistes.

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Une thèse intitulée « Bien-être des étudiantsvété rinaires : réalisation d’une enquête euro-péenne et évaluation de la situation del’ENVA »1 a été publiée en novembre der-nier. Son auteure, Juliette Chauvet, estaujour d’hui praticienne à Meslay-du-Maine (Mayenne). Quand l’étudiante àMaisons-Alfort qu’elle était alors a-t-elle

eu l’idée de cette thé matique ? « Lors d’un congrès d’étéde l’ISVA2 en Roumanie, répond-elle. C’est une associationd’étudiants vétérinaires qui cherche à améliorer la formationdans le monde. Donc, au cours d’une rencontre internationale,j’ai été très surprise d’entendre des étudiants vétérinaires

originaires d’autres pays européens exprimer un mal-êtretrès important. Je ne ressentais pas cela du tout au sein denotre école. Et donc, j’ai souhaité creuser la question. »

Des entretiens à Maisons-AlfortLa voilà donc lancée dans la première grande enquêteà l’échelle européenne jamais menée sur ce sujet. Elleréalise notamment des entretiens avec six étudiantsde l’ENVA de 2e année et six autres de 5e année, qui sesont portés volontaires, et elle note les résultats ainsi :« Les étudiants de 2e année perçoivent la période des exa-mens comme très stressante » (due à la quantité de travailà fournir et à des évaluations pas toujours comprises3).

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Pour les “première année”, la semaine d’accueilest très importante pour créer un esprit decorps, un peu comme si l’on rentrait dans unegrande famille. L’étudiant plus âgé qui parraineun “première année” joue aussi parfois un rôleclé. Car ce peut-être quelqu’un qui va très vitedevenir un bon ami, qui peut nous aider etauquel on peut se référer. Par ailleurs, lapratique d’activités variées (dont le sport, laparticipation à des associations, etc.), le faitd’avoir une cafétéria ouverte tous les midis etles soirs permettent aussi de rencontrerbeaucoup de monde, de s’amuser pour lâcher lapression. Du stress perdure cependant quand lemétier ne colle pas à l’imaginaire de l’étudiant,

quand on ne sait pas que choisir comme spécialisation, quand il faut apprendreà gérer durant les cliniques son propre stress, plus celui du propriétaire et celuide l’animal ! Enfin, il m’apparaît fondamental qu’un psychologue soit présent àtemps partiel sur les campus, comme cela se fait déjà à Maisons-Alfort.

Quels sont les outils et les solutions à envisager pour réduire le stress en école vétérinaire ?

« Divers outils sont déjà mis en œuvre »

Je pense que la gestion de notre proprestress devrait être enseignée à l’école.Notre formation devrait aussi mieuxnous préparer à la dimension humaine dela relation client. Je trouvequ’actuellement nous ne maîtrisons passuffisamment l’empathie, nous ne savonspas annoncer de mauvaises nouvelles, nigagner la confiance des propriétaires,afin d’en obtenir des informations clairesou pour les fidéliser… Je m’intéresse aussià la gestion du stress de l’animal. Lesconnaissances croissantes dans ledomaine du pet friendly (commentaborder un animal, organiser les salles

d’attente, prémédiquer les animaux anxieux, le medical training, etc.)devraient nous être enseignées et surtout être mises en pratique lors denotre apprentissage durant les périodes cliniques.

CHLOÉ CHAUVEL Étudiante à l’ENVT.

« On peut être un bon vétérinairetout en étant serein ! »

JULIETTE CHAUVET Ancienne étudiante à l’ENVA.

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De plus, écrit-elle, « les étudiants ont parfois du mal àcomprendre l’importance de certaines matières et perçoiventun décalage entre l’enseignement et les connaissances qu’illeur faudra mobiliser plus tard. Tout particulièrement, ilsont expliqué être inquiets face à leur incapacité à répondreaux questions de leur entourage sur leurs animaux. D’autrepart, ils rapportent un manque d’encadrement dans la re-cherche de stage ou dans les choix d’orientation ». Par ail-leurs, ils auraient aussi « une difficulté à trouver un équi-libre entre les études, la vie étudiante, un travail effectué enparallèle à leurs études4 et une bonne hygiène de vie ».Enfin, pour les élèves de 5e année, la formation cliniqueau centre hospitalier universitaire vétérinaire d’Alfort

(Chuva), ainsi que l’échéance de la thèse sont dessources de stress importantes5.

Le vécu personnel de l’auteureComment Juliette Chauvet ressent-elle subjectivementces marqueurs de stress ainsi mis en avant ? « Globale-ment, l’ambiance est bonne à l’école ! Ceci dit, on ne peutnier que les études vétérinaires sont plutôt longues et diffi-ciles. Jusqu’à la 5e année, il y a énormément de connaissancesà emmagasiner, sans pouvoir choisir les espèces… Et les étu-diants qui doivent passer des séances de rattrapage en sep-tembre ont peu de vacances. En revanche, je pense que lesétudiants sont motivés par l’approche des animaux

« Sans être laxistes, nous essayons d’avoir des étudiants heureux ! »

Comment faites-vous pour repérer un étudiant en souffrance ?Sur le campus vétérinaire de Lyon, différentsmoyens sont mis en œuvre pour identifier,écouter et référer auprès de spécialistes – sibesoin est – les étudiants les plus à risque. Laplupart du temps, le mal-être remonte à nosoreilles, soit par l’étudiant lui-même, soit parun autre élève, soit via le responsable depromotion, ou grâce aux réunions régulièresorganisées au titre de la vie étudiante. Lessituations de décrochage scolaire nous mettentaussi parfois en alerte… De plus, chaque élèvebénéficie d’un enseignant référent et chaque“ancien” de 3e année veille sur un “premièreannée”. L’école vétérinaire est donc bien moinsanonyme qu’une grande université. Même siles effectifs sont en augmentation, nousformons tout de même un peu une grandefamille…

Quel est le rôle et quelles sont aussi les limites d’une école en la matière ?Certains de nos enseignants ont par le passéété formés pour apprendre à mieux identifieret à mieux écouter les étudiants qui seraient

en situation de mal-être. Mais ce n’est pas ànous de poser un diagnostic médical. C’estpourquoi, à chaque rentrée, nous distribuonsun livret d’accueil avec une liste de contactsutiles, dont celui d’une association depsychologues qui peut recevoir des étudiantssur Lyon (Rhône). Nous sommes aussi en trainde réfléchir à la façon d’organiser la venue

régulière d’une psychologue sur le campus,sans doute dès la rentrée prochaine. Enfin, quelque 70 étudiants ont déjà participéà des ateliers de gestion du stress et dusommeil, avec l’université de Lyon. C’est uneopération qui pourrait être renouvelée oureconduite autour d’autres grandesthématiques de la santé.

Vous menez aussi, tous les deux ans, une enquête sur la vie étudiante ? C’est exact, nous en avons une qui est en coursactuellement. Elle concerne notamment lasanté, la nutrition, la sexualité, les conduitesaddictives, les besoins matériels oupsychiques…

Quelles solutions développez-vous pouraméliorer le bien-être des étudiants ?La promotion du bien-être passe aussi par ungrand nombre de sports ou d’activités qui sontproposés sur le campus. La direction soutientégalement, en les subventionnant, certainesinitiatives étudiantes. Enfin, nos étudiantsviennent souvent promener leurs chiens sur lecampus de Lyon. Et au Crous1, ils ont toutessortes d’autres animaux… Oui, franchement,pour conclure, nous pensons que les étudiantsactuels sont mieux encadrés, mieux écoutésqu’autrefois. Jadis, en qualité d’étudiantes,nous ne savions même pas où était situé lebureau des enseignants ! Il existait alors unvéritable fossé. Aujourd’hui, sans être laxistes,nous souhaitons que nos étudiants acquièrentdes connaissances à l’école, mais avec le moinsde stress possible.

1 Centre régional des œuvres universitaires etscolaires de Paris.

Q U E S T I O N À J E A N N E - M A R I E B O N N E T E T H É L È N E A G U E S S E

Jeanne-Marie Bonnet Directrice générale adjointe de VetAgro Sup.

Hélène Aguesse Directrice de l’enseignement et de la vieétudiante de VetAgro Sup.

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PROPOS RECUEILLIS PAR CHANTAL BERAUD

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vivants. C’est pourquoi avoir des travaux dirigés (TD)les concernant dès la 1re ou la 2e année, tels que sont désor-mais conçus les nouveaux programmes, à la suite d’une ré-forme récente, c’est vraiment bien ». Peut-elle faire un com-mentaire sur la période des cliniques ? « Lorsqu’elle estréalisée dans de bonnes conditions, il s’agit d’un excellentapprentissage pratique. Du stress peut en revanche appa-raître s’il y a trop d’étudiants par cas ou s’il faut aller tropvite, car les élèves sont débordés par le nombre d’animauxà soigner… Certains ont aussi peur de ne pas être à la hau-teur quand ils travaillent avec un grand spécialiste. Enfin,avoir le temps de rentrer manger à midi semble importantpour le bien-être des étudiants. »

Quel palmarès pour les écoles européennes ? Un questionnaire a aussi été envoyé à des étudiants eu-ropéens de 1re et 4e années. Avec, à la clé, des résultats si-gnificatifs exploitables recueillis auprès de 1 361 étudiantsoriginaires de 18 écoles vétérinaires, localisées dans12 pays européens (Allemagne, Angleterre, Danemark, Es-pagne, Finlande, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne,Suède et Suisse). « Pour être pertinente, j’ai rédigé ce ques-tionnaire avec l’aide de Marine Jouvet, psychologue clinicienneà l’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne et à l’ENVA », pré-cise Juliette Chauvet. Il en ressort notamment que « lesétudiants européens de 4e année ont un niveau de bien-être éva-

lué plus faible que ceux de 1re année, avec un niveau d’expres-sion de symptômes dépressifs plus important, une perceptiondu stress en école vété rinaire plus élevée et une hygiène de viemoins bonne (…). Car c’est une année plus chargée, avec plusde responsabilités et elle correspond notamment, dans de nom-breuses écoles, au début des rotations cliniques en hôpitaluniver sitaire ». Un stress qui serait par ailleurs d’originemultifactorielle… La bonne surprise de la thèse, conclut Juliette Chauvet,c’est que « le niveau moyen de bien-être des étudiants àMaisons-Alfort est globalement élevé ». Et, de façon générale,d’après les élèves eux-mêmes, il est relativement hautdans les écoles françaises comme dans celles des paysnordiques. Cependant, « une hétérogénéité intra-école a étédémontrée dans les 18 écoles de l’étude, prouvant que mêmesi la majorité des étudiants se portaient bien, une proportionnon négligeable ne mène pas un quotidien facile, quelle quesoit l’école d’origine ». •

1 Lien vers la thèse : www.bit.ly/2IpHJLo.2 Association internationale des étudiants en médecine vétérinaire.3 Lire page 34 de la thèse.4 Sur le stress lié aux problèmes financiers, lire le dossier « Originesociale et économique : quelles influences sur les étudiants ? »,publié dans La Semaine Vétérinaire n° 1685 du 2/9/2016, pages 40 à 45.5 Lire page 35 de la thèse.

Sortie de l’école vétérinaire de Nantes en 2016, actuellement praticienne mixte à Varades(Loire-Atlantique), Fanny Garcia publie, aux Éditions du Point Vétérinaire, un livre intitulé Au boulot ! - Du diplôme à la retraite, les clés pour exercer sereinement1, ou tout ce qu’il fautsavoir pour mener sa vie de vétérinaire praticien. Le sujet du stress à l’école ne fait pas partiede cet ouvrage, mais elle a accepté de donner son point de vue sur la question.

LE POINT DE VUE DE FANNY GARCIA, ANCIENNE ÉLÈVE À ONIRIS

Les élèves vétérinairessont-ils suffisammentsensibilisés à la gestiondu stress en coursd’étude ?Personnellement, je ne

trouve pas. À Nantes, il y a déjà eu desconférences sur les risques physiques,mais, durant mes études, on ne m’ajamais parlé des phénomènes de burn-out, du syndrome de détressecompassionnelle, etc. Sans doute parceque ce sont des sujets encore un peutrop tabous ? Du coup, j’ai l’impressionque chaque élève en fait sa propreexpérience, parfois un peu à ses dépens !Personnellement, j’ai, par exemple, euquelques cas cliniques qui m’onthantée, faute de pouvoir en parler àquiconque. C’est pourquoi je pense quedurant nos rotations cliniques, il seraitbien de faire des réunions calquées surles revues de morbidité et de mortalité,comme cela est déjà pratiqué enmédecine humaine : les soignants seréunissent tous ensemble, afin dediscuter des cas de la semaine qui sesont mal déroulés, du point de vuemédical ou de la communication.Apprendre comment mieux ressentirpuis gérer les “échecs” devrait également

faire partie de notre formation. L’aspectcommunication et gestion du stress duclient n’y est pas non plus suffisammentdéveloppé. C’est pourquoi je donne des“trucs et astuces” sur ce thème dansmon livre, à l’intention notamment desjeunes vétérinaires débutants.

Qu’avez-vous aimé lors de vos six moisd’école au Canada ?Au Canada, il n’existe pas un systèmehiérarchique comme en France. Durantles cliniques, l’élève ose davantages’adresser au spécialiste pour discuterdes cas avec lui. On avait aussi la chanced’être moins nombreux. Du coup, peut-être qu’en France il faudrait réorganiserles choses avec moins d’étudiantsprésents ensemble aux centreshospitaliers universitaires vétérinaires(CHUV), pour qu’ils y bénéficient d’unapprentissage certes plus court, maisplus intensif ? Au Canada, par exemple,je me sentais davantage en autonomie,en étant nommée responsable de l’étatde l’animal durant toute la semaine. Et sil’on a moins de temps d’apprentissagedans les CHUV des écoles, peut-être quece “manque” pourrait être compensé enparticipant à davantage de stages àl’extérieur ?

Pourquoi l’orientation est-elle source destress pour beaucoup d’étudiants ?Parce que la réalité de notre métier estcomplexe. Par exemple, on ne nous ditpas assez que faire de la canine en ville,ce n’est pas comme faire de la canine enmilieu rural ! De même, travailler avecdes vaches à viande, ce n’est pas lamême chose qu’auprès de bovinsallaitants… Du coup, un bon choix destage est fondamental pour biens’orienter. Les élèves qui privilégientpeut-être une sorte de facilité, enchoisissant notamment un stage quiserait proche du domicile de leursparents, mais qui ne leur correspond pasvraiment, pourraient en payer lesconséquences après… D’ailleurs pourmieux nous conseiller dans ce genre dechoix, je pense qu’il serait formidableque chaque élève puisse avoir commeréférent un vétérinaire praticien (jeune,de préférence). Car certains desenseignants qui sont désignés commeles référents des étudiants dans lesécoles sont parfois très éloignés dumonde du vétérinaire libéral praticien, etils ont alors bien du mal à nous guider !

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1803 du 5/4/2019,page 18.

FANNY GARCIA Praticienne mixteà Varades(Loire-Atlantique).

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métier. Un métier de services, fatigant, où il faut être dis-ponible, en faisant face à des responsabilités ».

Une future antenne junior de Vétos-entraide« Pour beaucoup d’étudiants, la vie à l’école se passe bien »,juge Chloé Chauvel, élève à l’ENVT, avant d’ajouterqu’« ayant cependant aussi reçu des SOS d’étudiants quiallaient moins bien, j’ai lancé un premier sondage sur lebien-être/mal-être, qui a reçu 196 réponses. Parmi ces ré-pondants, un nombre a priori important (et non marginal)d’étudiants de l’ENVT a déclaré avoir déjà vécu une périodede dépression (et non de simple déprime) ». Du coup, avec d’autres élèves, Chloé Chauvel acontacté l’association nationale Vétos-entraide, pourcréer une antenne junior à l’ENVT. Quels thèmes pour-raient y être abordés ? Ses idées fusent : « Avoir unepériode plus longue d’évaluation continue des études ?Faire la promotion d’un esprit davantage bienveillant ?Car, face à une hiérarchie trop forte, certains élèves n’osentplus poser de questions et perdent confiance en eux. »

Mieux communiquer sur les rotations cliniques ?Selon Chloé Chauvel, il faudrait également réfléchirà « comment mieux informer les étudiants quant à l’or-ganisation des rotations cliniques ». Pour Coline Mé-chin, présidente de l’Amicale des élèves de l’ENVT, ilest effectivement important de promouvoir un espritd’entraide entre les étudiants, notamment durantcette période. Et de relater son expérience person-nelle : « Durant ma première rotation de février, heu-reusement qu’un groupe de 4e année nous a proposé defaire un petit tour des cliniques et nous a expliqué la ro-tation avant l’horaire prévu, car je ne savais pas com-ment ça marchait ! Toutes les rotations sont censées êtreorganisées avec un syllabus, mais parfois celui-ci n’estpas à jour ou est inexistant. Du coup, il est vrai qu’onne sait pas toujours comment va s’organiser sa semaine.Peut-être qu’on pourrait un peu améliorer la communi-cation à ce niveau-là ? » Cependant, elle pense aussiqu’il est normal d’apprendre en clinique à gérer unecertaine dose de stress – par exemple, lié aux ho-raires – « puisque l’on nous prépare ici au monde du tra-vail et à l’exercice d’un métier de fait stressant, celui dupraticien vétérinaire libéral ! », dit-elle.Pour conclure, veillons bien ici à ne pas “stigmatiser”l’école de Toulouse, en rappelant que, pour les étu-diants des 18 écoles vétérinaires d’Europe interrogésdans la thèse de Juliette Chauvet, c’est bien cette pé-riode des cliniques aux centres hospitaliers universi-taires vétérinaires qui est, partout, jugée à la foiscomme fondamentale, mais aussi comme la plus gé-nératrice de stress ! Cependant, cette concordance devue mériterait certainement d’être davantage étudiée,établissement par établissement… •1 www.ove-national.education.fr.

Via la procédure de détection et d’accompagnementdes étudiants en difficulté, adoptée fin 2018 par leconseil d’administration, nous avons formalisé desprocédures informelles qui existaient déjà », indi-

quent Isabelle Chmitelin et Caroline Lacroux, respec-tivement directrice et directrice de l’enseignement etde la vie étudiante de l’ENVT. « Nous apportons aux étu-diants, selon leurs besoins, une aide pédagogique (sousforme d’aménagements de cursus, d’interruption tempo-raire d’études, etc.), une aide sociale (mise en relation avecune assistante sociale), une aide financière et une aidemédicale (via la rencontre avec des médecins ou des psy-chiatres du Service interuniversitaire de médecine pré-ventive et de promotion de la santé). » L’Observatoire na-tional de la vie étudiante1 a en effet alerté sur lenombre croissant d’étudiants en difficulté dans lesgrandes écoles et les universités. Pour mieux évaluerce bien-être/mal-être, la direction de l’ENVT lanceraprochainement une enquête (obligatoire à renseigner),qui sera reconduite, sur plusieurs années, auprès detous les étudiants.

« Il leur faut apprendre à anticiper »Concernant les études, Isabelle Chmitelin note cepen-dant que « parfois, la transition avec le système desclasses préparatoires n’est pas évidente. Les étudiants yétaient en effet pris dans une sorte de “tunnel”, avectoutes les semaines des interrogations qui succédaientaux enseignements. En école vétérinaire, certains étudiantspeuvent donc se sentir dépassés s’ils n’apprennent pas às’organiser pour faire face à tous les examens réunis enfin de semestre ». Elle reconnaît aussi qu’en rotationscliniques, « les étudiants sont jetés dans le grand bain,confrontés aux réalités et aux contraintes de leur futur

Une antenne junior de Vétos-entraide en cours de création

D’après la dernière enquête publiée par l’Observatoire national de la vie étudiante, le nombre d’étudiants en difficulté dansles grandes écoles et les universités est en augmentation. Résultat : c’est sur la demande du ministère de l’Agriculture et de

l’Alimentation que l’ENVT vient d’adopter une nouvelle procédure.

Caroline Lacroux, directricede l’enseignement et de lavie étudiante à l’Écolenationale vétérinaire deToulouse, aux côtésd’Isabelle Chmitelin,directrice de l’école.

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