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Vipassana Livre de 322pages

Date post: 21-Nov-2015
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méditation
322
AIGUISER LES FACULTES DE CONTRÔLE par Mahasi Nayaka Agga Mahā Kammāthānācariya Sayādaw Ashin U Kundalābhivamsa Traduit de l’anglais par Marie-Cécile FORGET [email protected] http://www.dhammagroupbrussels.be Titre original : SHARPENING THE CONTROLLING FACULTIES Translated by Daw Khemanandi Buddha Sāsana Yeiktha – Canada Edited by the Editorial Board of Saddhammaramsi Meditation Centre
Transcript
  • AIGUISER LES FACULTES DE CONTRLE

    par

    Mahasi Nayaka

    Agga Mah Kammthncariya Saydaw

    Ashin U Kundalbhivamsa

    Traduit de langlais par

    Marie-Ccile FORGET

    [email protected]

    http://www.dhammagroupbrussels.be

    Titre original :

    SHARPENING THE CONTROLLING FACULTIES

    Translated by Daw Khemanandi

    Buddha Ssana Yeiktha Canada

    Edited by the Editorial Board of

    Saddhammaramsi Meditation Centre

  • Manuscript Permission n (605/2001)(9)

    Cover Permission n (141/2002)(3)

    First Edition 1.000 Copies

    NOVEMBER 2003

    Cover Print Thirinandar

    Published by Lt. Col. Tin Aung (Air)(Retd)(03366) Saddhammaramsi Sapai

    N7, Zeiyarkhemar St. Mayangone Township,

    Yangon, Myanmar

    Phone N - 661597

    * Printed by U Nanada (03597)

    Thirinandar Press

    N.215,32nd St,

    Pabedan Township,

    Yangon Myanmar

    Permission to translate Saddhammaramsi

    Saydaws book Has been obtained

    By Mrs. M.C. FORGET

    Translated in French Novembre 2005

  • Aiguiser les Facults de Contrle

    Est sponsoris par

    DHAMMAGROUP BRUXELLES

    http://dhammagroupbrussels.be

    Sabbadnam Dhammadnam jinti

    Le Don de la Vrit Surpasse Tous les Dons

  • NOTE DE LA TRADUCTRICE

    Nous tenons exprimer notre profonde gratitude envers le Vnrable Saydaw U Kundalbhivamsa pour la confiance quil nous a accorde en nous donnant lautorisation de traduire son ouvrage en franais et de le diffuser, pour le plus grand bien de tous les

    mditants.

    Ce livre rassemble les enseignements relatifs aux neuf

    facteurs qui renforcent les facults de contrle du

    mditant vipassan, donns en 1992 par le Vnrable Saydaw lors dune retraite de dix jours au centre Saddhammaramsi de Yangon. Le texte birman a t traduit en anglais et cest la version anglaise qui a t traduite en franais. Viviane Andr a patiemment relu

    et corrig la rdaction finale. Nous lui en sommes trs

    reconnaissants.

    Mme si nous nous sommes efforce de rester

    scrupuleusement fidle loriginal, sans rien adapter ni omettre, cette traduction contient sans doute des

    erreurs et des lacunes; nous en assumons lentire responsabilit et nous en excusons.

    Le lecteur doit galement savoir quil sagit ici de la retranscription intgrale dun enseignement oral, avec toutes les rptitions et formules traditionnelles que le

    Vnrable Saydaw a juges indispensables la bonne comprhension; figurent galement dans le texte, les questions du Vnrable aux yogis qui rpondent en

    chur, avec ferveur et enthousiasme, exprimant ainsi leur confiance et leur foi dans le Matre et dans le

    Dhamma.

  • Dautre part, le lecteur trouvera ci-dessous, la liste des diffrents choix formels qui ont t dtermins lors de

    la rdaction :

    1. Les mots en pali sont crits en italique

    minuscule et ne prennent pas la marque du

    pluriel.

    2. Le mot Dhamma prend une majuscule lorsquil rfre lIllumination.

    Marie-Ccile FORGET

    La traductrice

  • CEREMONIE DINAUGURATION

    Ce 10 avril 1992, souvre la retraite de dix jours qui se tiendra ici, au Centre Saddhammaramsi. Jaimerais linaugurer par la prire (gatha) destine protger les yogis et les librer de tout danger.

    Bhavatu sabbamangalam, rakkhantu sabbadevat, Sabba-Buddhnubhvena, sad sukh bhavantu te.

    Bhavatu sabbamangalam, rakkhantu sabbadevat, Sabba-Dhammnubhvena, sad sukh bhavantu te.

    Bhavatu sabbamangalam, rakkhantu sabbadevat, Sabba-Sanghnubhvena, sad sukh bhavantu te.

    Te tumhkam : Vous tous qui tes rassembls ici pour couter

    le Noble Dhamma

    Sabbamangalam-sabbamangalm : que toutes les bndictions, mondaines (lokiya)

    et supra-mondaines (lokuttara)

    Bhavatu bhavantu : soient avec vous

    Sabbadevat : que tous les tres clestes, bons et nobles

    Rakkhantu-anurakkhantu :

    vous gardent et vous protgent tout jamais

    Sabba-buddhnubhvena : par la puissance et le metta de tous les

    Bouddha qui sont apparus et dont le nombre

    dpasse les grains de sable du Gange

    Te tumhkam : Puissent tous ceux qui se sont rassembls ici pour couter le Noble Dhamma

    Sad : en toutes occasions

  • Sukh : tre libres du danger, tre heureux et en paix,

    mentalement et physiquement

    Bhavantu : quil en soit ainsi

    Sabba-Dhammnubhvena : par la puissance des dix Nobles Dhamma : les

    quatre magga, les quatre phala, nibbna et le Noble Dhamma

    Te tumhkam : Puissent tous ceux qui se sont rassembls ici pour couter le Noble Dhamma

    Sad : en toutes occasions

    Sukh : tre libres du danger, heureux et en paix, mentalement et physiquement

    Bhavantu :

    quil en soit ainsi

    Sabba-Sanghnubhvena : par la puissance et le metta du Sangh tout entier : les quatre paires dariy (tres Nobles) ceux qui ont ralis lun ou lautre des quatre magga et des quatre phala - ainsi que le noble

    sammuti sangh (le sangh conventionnel) Te tumhkam :

    Que tous ceux qui se sont rassembls ici pour couter le Noble Dhamma

    Sad : en toutes occasions

    Sukh : soient libres du danger, heureux et en paix, mentalement et physiquement

    Bhavantu :

    quil en soit ainsi

    Sdhu ! Sdhu ! Sdhu !

  • Aiguiser les Facults de Contrle 9

    PRELIMINAIRES

    Lenseignement daujourdhui portera sur les bnfices quamne la mditation vipassan, sur la difficult se trouver dans les conditions voulues pour la pratiquer et

    sur le premier des neuf facteurs de renforcement des

    facults de contrle (indriya).

    (a) Les bnfices quamne la mditation vipassan Les bnfices de la mditation vipassan ne vont pas se manifester trs clairement au dbut. Mais lorsque le

    mditant sera arriv la moiti du parcours, de mme

    que dans les stades plus avancs, ils deviendront trs

    vidents.

    Ds que sa concentration (samdhi) et ses connaissances (na) auront atteint un certain niveau, le mditant obtiendra les bnfices suivants : un esprit clair et

    calme, un esprit fort et dtermin, la gurison des

    maladies, le renforcement de sa facult de comprhension et enfin, le bnfice le plus lev, la

    ralisation du Noble Dhamma, commencer par la

    fermeture des portes des quatre mondes infrieurs, les

    apya, ce que tout mditant espre et sefforce de raliser. Calme et clart de lesprit

    La pratique de vipassan va rendre lesprit calme et clair. Pourquoi lesprit nest-il ni calme, ni clair ? A cause de la convoitise et du dsir, autrement dit, cause de lobha,

    lavidit; cause de la haine et de la colre, dosa; cause de lignorance et de lillusion, moha. Tout cela rend lesprit agit et confus. Lorsque vipassan est pratiqu, lesprit contemple et observe dinstant en instant et connat donc une libration momentane (tadanga-

  • 10 Aiguiser les Facults de Contrle

    tadanga) de lobha. Il est impossible que lavidit pntre dans lesprit du mditant sil observe et note avec srieux. Cest de cette faon quil se libre de lobha. Lorsque vipassan est pratiqu, lesprit du mditant est galement libre de la colre; chaque instant, il connat

    une libration momentane (tadanga-tadanga) de dosa

    car il est inconcevable que cet tat mental pntre dans

    lesprit au moment o vipassan est pratiqu. Lorsque vipassan est pratiqu, lesprit du mditant est galement libre de moha car il est impossible dtre distrait ou confus au moment o vipassan est pratiqu.

    Si donc vous dsirez obtenir un esprit calme, paisible et

    heureux, et connatre la libert momentane (tadanga)

    par rapport lobha, dosa et moha, il faut que vous pratiquiez la mditation vipassan. Mais cette clart et ce calme de lesprit ne deviendront trs manifestes que dans les stades avancs de la pratique; au dbut, ce ne

    sera pas le cas.

    Un esprit fort et stable

    Lesprit va devenir fort et stable. Pourquoi lesprit nest-il ni fort, ni stable ? Ce qui rend lesprit faible, cest lavidit, lobha. Imaginons une personne au temprament glouton qui entre en contact avec un objet

    dsirable. Elle va prouver un violent dsir et perdra le

    contrle delle-mme. Le dsir et lattachement vont faire vaciller son esprit. Le corps aussi sera dstabilis et le comportement physique dsquilibr sera clairement

    visible.

    Imaginons maintenant quelquun au temprament colrique qui entre en contact avec un objet gnrateur de colre. Cette personne va perdre le contrle delle-mme. La colre va dstabiliser son esprit qui va sagiter et vaciller.

  • Aiguiser les Facults de Contrle 11

    Les objets attirants font donc surgir un intense dsir; les

    objets dplaisants font surgir la colre. Lesprit est chaque fois dbord et vacille. On peut dire quil est nest pas fort. Si on veut acqurir un esprit fort, il faut pratiquer la mditation vipassan. Lorsquon pratique vipassan, chaque fois que lon prend conscience et que lon note, lesprit est libre de lobha, cause pour lagitation et la faiblesse. Chaque fois que lon prend conscience et que lon note, lesprit est libre de dosa, cause pour lagitation et la faiblesse. Mme sil lui arrive dentrer en contact avec un objet, quil soit dsirable ou indsirable, lesprit du mditant ne sagite pas, il nest pas perturb, il ne vacille pas.

    Lesprit du mditant est plus fort et plus stable. Cest la mditation vipassan qui la renforc. Est-ce bon davoir un esprit faible et vulnrable ? (Non, Vnrable, ce nest pas bon). Si une personne au temprament colrique

    entre en contact par quelle que porte sensorielle que ce

    soit, avec un objet qui ne correspond pas ses gots, la colre va le submerger; son esprit ne sera pas ferme.

    Cette personne sera amene faire des actes ngatifs et

    accumuler ainsi des akusala, des actions

    kammiquement ngatives. Si vous dsirez avoir un esprit

    fort et stable, vous devez donc pratiquer la mditation vipassan. Gurison des maladies

    Lorsque vous atteindrez udayabbaya na, le stade des apparitions et disparitions, vous pourrez constater trs

    clairement que les maladies et les souffrances bnignes

    disparaissent. Vous qui tes ici et les yogis en gnral en

    ont peut-tre dj fait lexprience dans une certaine mesure. Lorsquils sont confronts aux douleurs et aux malaises bnins, les mditants qui observent et notent

    correctement renoncent volontiers aux mdicaments, car

    ils les trouvent lents agir. Ils se dbarrassent plus

    rapidement des douleurs en les observant et en les

  • 12 Aiguiser les Facults de Contrle

    notant. Les mditants qui observent et notent

    correctement et fortiori, ceux qui ont atteint

    udayabbaya na nont donc pas besoin de mdicaments pour ces malaises bnins - maux de tte, maux de nuque, crampes destomac. Le simple fait de les observer et de les noter les fait disparatre.

    En gnral, les mditants qui souffrent de malaises

    lgers douleurs musculaires, maux de tte etc. constatent que tout cela disparat au moment o ils

    atteignent udayabbaya na. Ces mditants ont obtenu le bnfice qui consiste se gurir des maladies.

    Il y a galement eu des cas de personnes souffrant de

    maladies dites incurables, quaucun mdecin ni aucun traitement nont pu aider, qui se sont guries par le simple fait davoir persvr dans leur mditation et davoir atteint sankhrupekkha na, la connaissance vipassan rsultant de lquanimit. Il est certain que ces maladies peuvent tre guries, pourvu quelles naient pas atteint un stade terminal. Si le mditant se montre

    patient, quil persvre dans la pratique et atteint le stade de sankhrupekkha na, il est possible quil sen gurisse. Ceux qui se sont ainsi dbarrasss de maladies

    quaucun mdecin, mme les meilleurs et quaucun traitement nont pu faire disparatre, dveloppent une foi (saddh) et une confiance inbranlables dans le dhamma. Cette foi inbranlable et trs profonde dans le

    dhamma est une trs bonne chose pour le ssana. Il est parfaitement possible dobtenir ce troisime bnfice.

    Mais si le mditant ne fournit pas un effort tout

    particulier, sa mditation ne lui permettra pas de se

    gurir de ses maladies. Les personnes gravement

    malades devront mditer avec beaucoup de

    persvrance et de patience; elles devront mditer jusquau moment o elles auront atteint sankhrupekkha na. Dans la plupart des cas, la maladie disparat ce stade.

  • Aiguiser les Facults de Contrle 13

    Dveloppement de la facult de comprhension.

    Lintelligence saffine. Ce bnfice sobtient lorsque le mditant atteint les stades relativement avancs de

    connaissance vipassan. Certains yogis qui taient incapables de comprendre les critures bouddhiques

    sophistiques ont constat quaprs avoir atteint sankhrupekkha na et tre rentrs chez eux, ils pouvaient non seulement lire les critures, mais

    galement les comprendre, les apprcier et aller jusquau bout de leur lecture.

    Nest-ce pas vident que lintelligence saffine par la pratique de vipassan ? (Oui, Vnrable, cest sr). Les tudiants qui pratiquent vipassan et qui atteignent les stades avancs de connaissance, ont galement constat

    quils comprenaient beaucoup plus facilement les cours et russissaient souvent leurs examens avec distinction.

    Cest pour cette raison quactuellement beaucoup de jeunes sefforcent de pratiquer vipassan lorsquils ont le temps. Cest trs bnfique pour eux. Le bnfice ultime.

    Quel que soit le but pour lequel on pratique vipassan, nest-il pas certain que lon obtiendra des bnfices ? (Oui, Vnrable, cest certain). Nous avons parl jusqu prsent des bienfaits ordinaires. Le vritable bnfice, le bnfice le plus fondamental quamne la pratique de la mditation vipassan, ne sera clairement ralis quaprs avoir pass progressivement par toutes les tapes de

    connaissance vipassan et avoir atteint sotpatti magga na, la connaissance de lentre dans le Chemin.

    Toutes les actions ngatives (kamma) dues la

    mchancet que le mditant a accumules au cours de

    ses innombrables vies antrieures (anamatagga

    samsra) et qui pourraient lentraner dans les mondes de souffrance, sont annihiles au moment o il ralise

  • 14 Aiguiser les Facults de Contrle

    sotpatti magga na. Cette connaissance annihile ces actions ngatives. Si au cours de cette existence

    prsente, cause de son ignorance et de sa btise, le

    mditant a commis quelque mauvaise action susceptible de lentraner dans les quatre mondes infrieurs (apya), elle sera efface. Sotpatti magga na va lanantir. Ces actions ngatives ne pourront plus en aucun cas

    provoquer une renaissance dans un monde infrieur du

    samsra. Sotpatti magga na les annihile tout jamais. Les mditants qui ont atteint ce stade ne doivent

    donc plus craindre la ronde des renaissances, le

    samsra.

    Lorsquils mourront, ils auront la certitude quils ne renatront pas dans les enfers; ils seront certains de ne pas reprendre naissance dans ce plan.

    Lorsquils mourront, ils ne seront pas harcels par la crainte de renatre dans le plan animal, ils seront certains

    de ne pas reprendre naissance dans ce plan. Il ny aura aucun doute dans leur esprit propos dune renaissance ventuelle sous forme de pet, un fantme affam. Ils ne reprendront pas naissance dans ce plan.

    Lorsquils mourront, ils ne seront pas inquits par le fait de reprendre ventuellement naissance sous forme dun vilain et terrifiant dmon, un asur. Ils se sentiront rassurs ce propos, sachant quils ne seront pas amens reprendre naissance dans ces plans. Le cycle

    des renaissances dans le samsra ne sera plus une source dinquitude pour eux.

    Sotpatti magga na annihile galement les formes les plus grossires davidit (lobha), de colre (dosa) et dignorance (moha) qui peuvent provoquer une renaissance dans les apya : lavidit la plus grossire qui pousse tuer; la colre la plus grossire qui pousse

    tuer; lignorance la plus grossire ou folie, moha, qui peut amener tuer; tout cela est annihil par sotpatti

  • Aiguiser les Facults de Contrle 15

    magga. Comme les formes extrmes de lobha, dosa et

    moha, celles qui peuvent amener quelquun tuer ou transgresser les cinq prceptes moraux, ont t

    radiques, la moralit est maintenue parfaitement pure, elle est protge. Sil ny a pas dcart, que les cinq prceptes moraux sont maintenus purs, est-il possible de

    reprendre naissance dans les mondes infrieurs ? (Non,

    Vnrable, cest impossible). Lobservance des prceptes

    Vous qui tes ici et tous les kalyna puthujjana, les tres ordinaires de bonne volont, vous observez galement les cinq prceptes moraux. Mais il y a une diffrence

    dans la faon dobserver les prceptes entre le sotpanna et ltre ordinaire, le puthujjana.

    Les tres qui ne sont pas encore des tres nobles, les

    puthujjana, devront faire un effort pour ne pas transgresser leurs prceptes moraux. Pour viter de tuer,

    ils doivent faire un effort de rflexion et se dire par

    exemple, que ce nest pas digne de leur ge ou de leur ducation, quils ont maintenu leur sla pur depuis leur jeunesse, etc. Ils devront faire un srieux effort de rflexion pour ne pas tuer.

    Si cette personne se trouve sur le point de voler, elle

    devra se raisonner de la mme faon : A mon ge, ce

    nest pas juste de voler les biens dautrui. Ce nest pas juste tant donn mon ducation et ainsi de suite... En

    rflchissant ainsi, cette personne va dvelopper la honte

    et la crainte, hiri, ottappa. Et lorsque cette personne sera

    amene faire du tort aux femmes ou aux enfants

    dautrui, elle devra se raisonner de la mme faon : A mon ge, ce nest pas juste de me mconduire sexuellement. Ce nest pas juste de me mconduire sexuellement tant donn mon ducation et ainsi de

    suite... Cette personne va dvelopper hiri, ottappa en

    elle. Ce nest quen procdant de cette faon, en

  • 16 Aiguiser les Facults de Contrle

    rflchissant ainsi que son sla, sa moralit, pourra tre maintenue.

    Et cest galement de cette faon que ces gens doivent procder lorsquils se trouvent sur le point de mentir ou de prendre des produits toxiques (surmeraya). Ce nest quen rflchissant ainsi que leur sla sera protg. Les personnes qui ne sont pas encore des tres nobles, les

    puthujjana, devront donc faire un srieux effort dattention et de rflexion avant dagir si elles dsirent garder leur sla intact.

    Mais pour les sotpanna, ce nest pas la mme chose. Leurs prceptes seront automatiquement maintenus

    parce que lintention de tuer napparat plus dans leur esprit; lintention de prendre les biens dautrui napparat plus dans leur esprit; lintention de se mconduire sexuellement napparat plus dans leur esprit; lintention de mentir napparat plus dans leur esprit et lintention de prendre des produits toxiques napparat plus dans leur esprit. Ils vont sabstenir spontanment de ces actions nuisibles. Ce ne sera donc pas difficile pour eux de

    maintenir leur sla intact. Leur moralit tant intacte, leur est-il encore possible de renatre dans les plans

    infrieurs ? (Non, Vnrable, cest impossible). Ces gens ne pourront plus reprendre naissance que dans des plans

    suprieurs celui quils connaissent dans cette vie prsente. Et dans leur nouvelle existence, ils auront

    lesprit plus noble, auront plus de biens matriels et de richesses, leur famille occupera un rang social plus lev, ils seront plus beaux physiquement etc.

    Les gens ordinaires sefforcent galement damliorer la qualit de leur vie. Tout le monde sefforce damliorer son statut. Il y en a mme qui vont jusqu risquer leur vie pour cela.

    Mais pour ceux qui sont devenus sotpanna par la pratique de satipatthna vipassan, cet effort nest plus

  • Aiguiser les Facults de Contrle 17

    ncessaire. Ils ne doivent plus lutter comme les tres

    ordinaires pour amliorer la qualit de leur vie, car le

    dhamma ennoblit leur vie. Leurs existences futures

    seront automatiquement meilleures que leur existence actuelle : ils seront plus nobles, dun rang social plus lev, plus riches, plus beaux physiquement.

    Il est impossible quun tre noble comme un sotpanna reprenne naissance dans un plan infrieur celui quil connat actuellement. Ses existences futures seront

    toujours meilleures. Tel est le bnfice de la pratique de

    vipassan. Et mme si ces tres nobles abandonnent la pratique pendant un certain temps parce quils se plaisent dans ces existences de plus en plus agrables,

    ils ne pourront le faire que pendant sept vies au maximum. Au cours de la septime existence, samvega,

    lurgence spirituelle va se manifester en eux; ils regretteront leur ngligence, se remettront la pratique

    de la mditation vipassan, raliseront le stade de arahatta magga et deviendront des arahanta, des personnes qui ont atteint le stade final du Chemin, o

    toutes les kilesa (impurets) et toutes les sava (purulences) auront t assches et dtruites. Ils

    atteindront nibbna, le bnfice le plus lev et le plus noble de la mditation vipassan.

    Les personnes qui sont entres dans le courant, qui sont

    donc des sotpanna, connatront des existences paisibles et heureuses tout au long de leur sjour dans le samsra (bhava samsra). Mais il ne s'agira pas tellement d'un bonheur mondain (lokiya), un bonheur qui leur viendrait

    des plaisirs sensoriels (kma-guna). Elles ne prendront pas particulirement plaisir regarder des objets

    agrables, couter des sons harmonieux; elles ne

    rechercheront pas les parfums, les saveurs ou les

    sensations tactiles agrables. Elles ne seront pas trs attaches leur belle maison, ni leur belle voiture, ni

    leur vie de famille heureuse. Ce n'est pas dans les

  • 18 Aiguiser les Facults de Contrle

    plaisirs mondains lis aux cinq sens (lokiya kma-guna) que ces tres trouveront leur bonheur.

    Quest-ce qui va les rendre heureux ? Cest surtout la pratique de dna. Ils pratiqueront la gnrosit. Ils dpenseront leur argent en dons. Ces personnes vont

    galement trouver leur bonheur dans la pratique de la

    moralit; observer les prceptes va les rendre

    heureuses. Elles seront galement heureuses de pratiquer les formes particulires de sla comme par exemple uposatha sla, les huit prceptes. Elles seront heureuses de pratiquer samatha, la mditation de la

    tranquillit; elles pratiqueront ce type de mditation,

    atteindront les tats extatiques, les jhna et s'en trouveront parfaitement heureuses. Elles aimeront pratiquer veyyvacca, le service rendu aux centres de mditation, aux pagodes et aux monastres.

    Se sentant parfaitement heureuses, il se peut quelles oublient de pratiquer la mditation vipassan. Mais pendant combien d'existences est-il possible doublier ? (Pendant sept existences, Vnrable). Oui, pendant sept

    existences au maximum et, au cours de la septime et

    dernire existence, elles seront pleines de remords, elles

    pratiqueront la mditation vipassan, raliseront arahatta magga, deviendront des arahanta. Elles seront

    libres des impurets (kiles) et des purulences (sava), et atteindront nibbna.

    N'ayant d'intrt que pour sla, la moralit, pour dna, la gnrosit et pour samatha, la concentration, est-il

    possible que de telles personnes reprennent naissance

    dans des plans infrieurs, dans les apya ? (Non, c'est impossible, Vnrable). Non, cest impossible. C'est cela qui constitue le bnfice ultime de la pratique de

    vipassan : limpossibilit de renaissance dans les plans infrieurs. Et bien sr, ces tres obtiendront galement

    les sept bnfices de la pratique de satipatthna vipassan annoncs par le Bouddha.

  • Aiguiser les Facults de Contrle 19

    Vous qui tes ici, si vous pratiquez vipassan, ne pourrez-vous pas, vous aussi, obtenir le bnfice

    suprme, celui auquel vous aspirez ? (Oui, nous pourrons

    lobtenir, Vnrable). Si vous pratiquez vipassan, vous lobtiendrez. Cest prcisment cela qui constitue le vritable bnfice de la pratique de vipassan.

    (b) De la difficult se trouver dans les circonstances voulues pour pratiquer la mditation vipassan.

    Le plan humain est le seul qui permette la pratique de

    satipatthna vipassan. Cest dans ce plan que vous vous trouvez actuellement. Les apya

    Il est impossible de pratiquer cette mditation dans les quatre mondes infrieurs, les apya: les enfers, le monde animal, le monde des pet, les esprits affams et le monde des asur, les dmons. Dans ces plans, l'nergie ncessaire pour pratiquer vipassan fera dfaut. Le dsir mme de pratiquer sera manquant. Ces existences sont les plus pnibles qui soient. Elles sont

    pleines de dukkha; les tres qui sy trouvent sont submergs par anittharammana (objets et visions dsagrables). Il est impossible de pratiquer vipassan, il n'y a pas d'nergie pour cela. Ces tats sont appels apya : apa+aya. Aya veut dire actions positives (kusala); apa veut dire vide de . Dans ces tats, il est

    impossible de produire des kusala, et donc de pratiquer

    la mditation.

    Cattro apya sakageha sadis Cattro apya = les quatre existences infrieures

    Sakageha sadis = demeures permanentes des puthujjana

  • 20 Aiguiser les Facults de Contrle

    Les quatre plans dexistences infrieurs (apya) sont les tats que connaissent habituellement les puthujjana.

    Cela veut dire que les puthujjana passent la plus grande

    partie de leurs existences dans les quatre apya o ils nont aucune chance de pouvoir pratiquer. Quant aux plans clestes et humain, ils ne sont pas ternels, on ne

    fait quy passer; de plus, ce nest que dans le plan humain quil est possible de pratiquer. Le plan cleste

    Si nous nous trouvons dans le plan cleste, nous ne

    pourrons pas non plus pratiquer vipassan. Il est impossible de pratiquer dans ce plan. Pourquoi ? Parce

    que nous serons submergs par ittharammana (les objets et visions agrables) et par sukha (bonheur). Vous

    savez probablement que dans le plan cleste il ne faut

    pas passer neuf longs mois dans la matrice maternelle

    pour prendre naissance. Dans ces mondes clestes, la naissance est instantane. Elle est comparable un objet

    qui tomberait du ciel. Ce sont des existences

    apparitionnelles, upapatti bhva. S'il s'agit d'un deva masculin, sa naissance est instantane et il apparat sous

    la forme d'un jeune homme de vingt ans muni de ses accessoires de deva. S'il s'agit d'un deva fminin, elle va

    se manifester sous la forme d'une jeune fille de seize ans

    galement munie de ses accessoires de deva. Ces tres

    apparaissent instantanment, sans aucune souffrance.

    Ils ne connatront pas les dsagrments d'un climat extrme comme c'est le cas dans le plan humain. Les

    tempratures seront toujours agrables. Il leur suffira de

    diriger leurs penses vers la nourriture et les vtements

    qu'ils dsirent pour que ceux-ci apparaissent

    spontanment devant eux. S'ils souhaitent se rendre dans un endroit quelconque, ils nauront qu orienter leur esprit vers cet endroit. Disposant de l'oreille (dibba-

    sota) et de l'il divins (dibba-cakkhu), il leur suffira dincliner leur esprit vers les sons et les visions, mme

  • Aiguiser les Facults de Contrle 21

    trs loigns, pour les entendre et les voir. Leur

    existence sera rellement trs agrable.

    Ces gens ne verront pas de choses dsagrables (anittha-ramanna): ni maladie, ni vieillesse, ni mort; les tres clestes ne vieillissant pas, ils ne devront jamais

    s'aider d'une canne pour marcher. Dans ces plans,

    personne n'a le dos courb, personne n'est dur d'oreille,

    personne n'a de cheveux blancs. Les tres clestes ntant pas malades, il ny a pas dhospitalisation. Il n'y a pas de service funraire, car pas de cadavre incinrer.

    Lorsqu'ils meurent, les deva disparaissent exactement

    comme la flamme d'une bougie qui s'teint. Le spectacle

    rpugnant de la mort n'est donc pas craindre. Ces

    tres clestes mneront une existence paradisiaque. Le moindre contact, la moindre sensation sera agrable. Ils

    ne connatront jamais de situation malheureuse comme

    la vieillesse, la maladie ou la mort. Ils n'prouveront ni

    remords, ni urgence religieuse (samvega na). Ils passeront leur temps jouir de la vie. Par quoi sont-ils submergs ? (Par ittha-ramanna, les objets agrables, Vnrable). Ils oublient tout le reste parce quils se sentent heureux et combls. Tant qu'ils renatront dans

    ces plans, ils seront dans l'impossibilit de pratiquer la

    mditation vipassan. Le plan humain

    Quel est le seul plan qui permette la pratique de vipassan ? (Le plan humain, Vnrable). Ce n'est que dans le plan humain que la mditation vipassan peut tre pratique; c'est le plan dans lequel vous vous

    trouvez actuellement. Mais suffit-il d'tre n dans le plan

    humain pour pouvoir pratiquer vipassan ? Non. Nous verrons que dans la plupart de ces existences humaines,

    ce n'est pas possible.

    Si vous avez la possibilit de pratiquer vipassan, vous qui tes ici, c'est parce que vous vous trouvez dans le

  • 22 Aiguiser les Facults de Contrle

    plan humain, parce que vous tes vivant et en bonne

    sant; parce que l'poque actuelle permet

    l'panouissement du Noble Dhamma et de satipatthna-vipassan, la vision pntrante. Parce que vous tes entrs en contact avec les enseignements du Bouddha

    (buddha ssana). Ces conditions sont-elles faciles runir ? (Non, Vnrable, elles ne sont pas faciles

    runir). C'est rare, extrmement rare qu'elles le soient. Il

    nest possible de pratiquer la mditation vipassan ni dans les quatre plans infrieurs, ni dans les plans divins.

    Ce n'est possible que pour les humains mais dans un

    nombre trs limit de cas. Le plus souvent, cest impossible.

    Vous qui tes ici, vous tes en mesure de pratiquer la mditation vipassan parce que les circonstances ont voulu que vos pramit, les qualits morales que vous avez accumules au cours de vos existences

    prcdentes, portent leurs fruits actuellement. Il faut

    tre n dans le plan humain, tre en vie, se trouver une poque o le Noble Dhamma est florissant et avoir

    accs aux enseignements du Bouddha. C'est trs difficile,

    extrmement difficile. Vous vous trouvez actuellement

    dans les circonstances voulues pour pratiquer la

    mditation vipassan. Vous devriez donc vous en rjouir. Vous ne pouvez donc pas vous permettre de mditer

    superficiellement; vous devez le faire respectueusement

    comme le demande le Bouddha.

    Na yidam sithila mrabbha, na yidam appenathmas. Nibbnam adhigantabbam, sabbadukhappamocanam

    Vous qui tes ici, vous pratiquez la mditation satipatthna vipassan parce que vous voulez atteindre nibbna qui est libre de toute souffrance. La tche n'est donc pas facile. Le rsultat que vous tes en droit

    d'esprer, c'est la dlivrance de toute forme de

    souffrance, non pas une dlivrance temporaire mais une

  • Aiguiser les Facults de Contrle 23

    dlivrance dfinitive. Cette dlivrance dfinitive de la

    souffrance, c'est nibbna. Si vous pratiquez la mditation dans le but d'atteindre le noble nibbna, la dlivrance de toute souffrance, vous devez le faire trs srieusement.

    Dans le cas d'activits mondaines, il est possible

    d'atteindre certains rsultats sans pour autant y consacrer le meilleur de son nergie physique et

    mentale, sans faire un effort particulirement intense.

    Est-ce possible en mditation ? Non, ce n'est pas

    possible. Le Bouddha a prcis que si on veut atteindre

    l'tat de nibbna et se librer de toute forme de souffrance, il faudra consacrer le meilleur de son nergie

    physique et mentale la pratique. Ne devez-vous pas

    fournir un gros effort ? (Oui, Vnrable).

    Le bonheur que nous recherchons, le bonheur de

    nibbna, n'est pas un bonheur ordinaire. C'est le bonheur permanent, ternel, celui qui va nous dlivrer tout

    jamais de la souffrance. Si notre effort est mdiocre, nous natteindrons pas le but. Il faudra donc mditer sans aucun attachement ni pour le corps ni pour la vie,

    expression que les commentateurs ont souvent explique

    et quils ont directement puise dans lenseignement du Bouddha.

    (c) Les Cinq Indriya (Facults de contrle)

    Lenseignement qui portait sur la difficult se trouver dans les circonstances voulues pour pratiquer vipassan est suffisamment complet. Je vais vous parler

    maintenant du premier facteur de renforcement des

    indriya.

    Les neuf facteurs de renforcement des indriya ont t

    expliqus par les commentateurs.

    Navhkrehi indriyni tikkhni bhavanti

  • 24 Aiguiser les Facults de Contrle

    Lorsque les neuf causes ou facteurs sont prsents, les

    cinq indriya se renforcent. Les commentateurs ont

    expliqu que si l'on veut renforcer les indriya et

    progresser dans la mditation, il faudra cultiver les neuf causes et les introduire dans la pratique. Afin de

    permettre lauditoire et aux gnrations futures de comprendre facilement de quoi il s'agit, notre bienfaiteur

    feu le Vnrable Mahsi Saydaw a compos la maxime suivante:

    Maxime : Pour renforcer les indriya au nombre de cinq, il existe des facteurs au nombre de neuf.

    Il y a donc cinq facults de contrle et neuf facteurs qui vont les renforcer. Les cinq indriya sont

    automatiquement prsentes pendant la mditation au

    moment prcis o lon note. Ce sont les cinq composantes de la pratique. Elles devront tre

    dveloppes et maintenues en quilibre pour que ceux qui n'ont pas encore obtenu de rsultats dans leur

    pratique, en obtiennent, pour que ceux qui ont dj

    obtenu certains rsultats, progressent encore et pour que

    ceux qui sont mrs pour les rsultats remarquables et

    l'atteinte du noble but, y arrivent. Voil pourquoi vous

    devez renforcer vos facults de contrle et apprendre les maintenir en quilibre.

    Les cinq facults de contrle ou indriya sont :

    1. saddhindriya, la forte facult de foi,

    2. viriyindriya, la forte facult deffort, 3. satindriya, la forte facult dattention, 4. samdhindriya, la forte facult de concentration, 5. paindriya, la forte facult de sagesse.

    Ces cinq facults sont interdpendantes.

  • Aiguiser les Facults de Contrle 25

    1. La facult de confiance, saddhindriya

    La forte confiance, saddhindriya, est la plus fondamentale des facults. Ce mot se compose de deux

    parties : saddh et indriya. Saddh veut dire foi et indriya veut dire puissant . Il est indispensable de

    disposer de saddhindriya, la foi forte et puissante.

    Les saydaws rudits du Myanmar ont donn deux interprtations au mot saddh : croyance ou foi et esprit clair et calme . Au Myanmar, le mot saddh a donc deux significations: croyance ou foi dune part ; esprit clair et calme dautre part. La plupart dentre vous ont souvent entendu cet enseignement. En quoi avons-nous foi ? Nous avons foi ou confiance dans

    le Bouddha, dans le dhamma, dans le sangha, dans la loi

    du kamma et ses effets. Saddh, c'est croire ces cinq choses.

    Pourquoi lesprit est-il clair et calme ? Parce que nous avons foi et confiance. Nous avons foi dans le Bouddha :

    au moment o nous prenons refuge en lui, o nous lui

    rendons hommage, notre esprit devient calme et clair.

    Nous croyons que cet tre que nous vnrons est le Bouddha qui dtient arahatta magga na. Arahatta magga na est la connaissance qui radique compltement les kiles (impurets) et les corruptions mentales que sont lobha, l'avidit, dosa, la colre et

    moha, l'ignorance.

    Vous qui tes ici, tenez-vous pour vrai quil ny a plus aucune pense ni corruption mentale telles que lavidit, la colre ou l'ignorance dans le santna (continuit de conscience) du Bouddha ? (Oui, nous le croyons, Vnrable). Cette croyance, cette foi, c'est saddh.

    Nous croyons galement que le Bouddha possde

    sabbannuta na, le na (connaissance) de tout ce qui doit tre connu : la connaissance mondaine (loka) et la

  • 26 Aiguiser les Facults de Contrle

    connaissance du dhamma; quil les a acquises par sa propre sagesse intuitive, sans laide daucun professeur. Vous qui tes ici, tenez-vous cela pour vrai ? (Oui,

    Vnrable, nous le croyons). Cette croyance, cette foi, c'est saddh.

    Croire que le Bouddha a atteint l'tape ultime du chemin,

    l'tape la plus leve, arahatta magga na et croire en son omniscience revient en fait croire l'ensemble de ces neuf qualits et toutes celles quil dtient, innombrables et infinies. Cette foi va rendre votre esprit

    clair et lucide. N'avez-vous pas l'impression que votre

    esprit se clarifie lorsque vous offrez des fleurs, de l'eau

    ou des bougies au Bouddha ? Lorsque vous prenez

    refuge en lui ? (Oui, Vnrable). Votre esprit devient clair et lucide parce que vous vous sentez confiants.

    Nous avons galement confiance dans le dhamma : nous

    prenons refuge dans le dhamma, nous le chantons, nous

    pratiquons la mditation. Tout cela va rendre lesprit clair et lucide. Votre esprit ne devient-il pas calme et clair

    lorsque vous chantez le dhamma ? (Oui, Vnrable, il le

    devient). Cest la foi, la confiance qui rend lesprit clair et lucide.

    Nous lisons les critures bouddhiques et notre esprit se

    calme; il est calme parce que nous avons foi et surtout

    parce que nous pratiquons la mditation vipassan et atteignons les stades avancs de connaissance. Le calme

    et la clart seront alors encore plus manifestes. Ce ne sera pas vident au dbut de la pratique. Au stade de

    nma-rpa pariccheda na, la connaissance qui permet de faire la diffrence entre nma et rpa, l'esprit et la matire, vous devrez encore vous efforcer de contrler

    votre esprit qui est distrait. Vous devrez galement

    fournir un effort pour matriser votre corps. Vous devrez rester immobiles, le dos bien droit. Il n'est donc pas

    possible qu' ce stade l'esprit soit clair car vous devez

  • Aiguiser les Facults de Contrle 27

    fournir un effort pour contrler et votre corps et votre

    esprit.

    Au deuxime stade de paccaya pariggaha na, la connaissance des causes et des effets, vous devrez encore vous efforcer de contrler votre esprit pour qu'il

    ne vagabonde pas et votre corps pour qu'il reste

    immobile et bien droit. A ce stade, l'esprit n'est donc pas

    encore trs clair.

    Au troisime stade de sammasana na, la connaissance des trois caractristiques de l'existence, l'esprit ne sera

    pas calme. En plus de la confusion, il y aura de la

    dpression et de l'inquitude. A ce stade vous pourrez

    facilement constater par vous-mmes que votre esprit

    n'est pas clair. Vous qui tes ici, de mme que les yogis expriments se seront souvent entendus dire que

    sammasana na n'est pas un bon stade. Lorsque vous atteignez le stade de connaissance des trois

    caractristiques de l'existence, les douleurs, les malaises,

    les sensations de vertige, les dmangeaisons, les nauses, le dsquilibre du corps vous feront souffrir. Il y

    aura non seulement confusion mais galement dsarroi :

    vous serez nervs, malheureux, dprims, peu enclins

    pratiquer. Il se peut mme que vous ayez envie de

    quitter le centre de mditation et de rentrer chez vous. Le matre de mditation devra vous encourager et vous

    dire que tout cela est normal ce stade, que lorsque

    vous atteindrez le stade suivant, udayabbaya na, la connaissance de l'apparition et de la disparition de tous

    les phnomnes, vous pourrez exprimenter la paix et la joie vipassan. Le mditant se sent parfois rassur par ces encouragements mais ce nest pas toujours le cas. Il peut parfois devenir irritable et malheureux. A

    l'entretien, lorsqu'il est question de toute cette

    souffrance, c'est bien souvent la mme remarque que les

    mditants formulent : "Mme si vous, Saydaw, vous me dites que ma mditation a progress, moi je me sens

    mourir".

  • 28 Aiguiser les Facults de Contrle

    A ce stade donc, le calme et la lucidit de lesprit ne sont pas vidents. S'il poursuit sa pratique avec srieux,

    courage et constance, en suivant les instructions du

    professeur, le mditant va atteindre le stade de udayabbaya na, la connaissance de l'apparition et de la disparition de tous les phnomnes. Son corps et son

    esprit seront devenus lgers (kya lahut, citta lahut); souples (kya mudut, citta mudut); mallables (kya kammanat, citta kammanat) et parfaitement matriss (kya pguat, citta pguat). La mditation sera devenue automatique : la prise de conscience suivra

    spontanment lobjet. Le yogi exprimentera galement kya sukha, le bonheur physique et cetasika sukha, le bonheur mental. Vipassan pti, la joie vipassan et sukha vont se manifester, entranant un grand calme physique et mental. Il y a cinq sortes de pti qui sont alors susceptibles de se manifester, entranant calme et

    tranquillit dans le corps et dans lesprit. A ce stade, la clart d'esprit devient trs manifeste.

    Sunagaram pavithassa, santacittassa bikkhuno,

    Amnusrati hoti, samm dhammam vipassato

    Le yogi qui a atteint udayabbaya na et qui voit les apparitions et disparitions des phnomnes, se rend dans un monastre isol pour mditer sur la nature transitoire

    des phnomnes physiques et mentaux. Ce yogi

    connatra vipassan pti (la joie) et sukha (le bonheur). Cette joie et ce bonheur, qui amnent calme et clart

    dans lesprit, ne sont pas comparer avec le bonheur que connaissent les tres ordinaires ni mme les tres

    clestes. Ce sont les paroles du Bouddha.

    Si le mditant a atteint le calme et la clart desprit, c'est parce que la confiance quil a dans le dhamma lui a donn le courage de fournir un gros effort dans sa mditation. Son esprit nest-il pas devenu clair et calme ? (Oui Vnrable). Le yogi a obtenu un calme et une clart

    desprit inconnus des tres ordinaires et mme des tres

  • Aiguiser les Facults de Contrle 29

    clestes. Il est donc certain que le fait de pratiquer avec

    foi et confiance amne le calme et la clart dans l'esprit.

    Lorsquon prend refuge dans le sangha et quon lui rend hommage parce quon a foi en lui, lesprit devient clair et calme. Ce sangha dans lequel vous prenez refuge

    aujourd'hui, est l'hritier du noble sangha, lariy sangha, la communaut des moines contemporains du

    Bouddha. Cest le sangha qui pratique le noble chemin, qui pratique les vertus, qui sefforce datteindre nibbna. Ces tres agissent par compassion, sefforant de devenir pour lhumanit un champ de mrites insurpassable. Si vous croyez que telles sont les vertus du sangha, si vous

    prenez refuge en lui, votre esprit ne va-t-il pas se calmer

    et se clarifier ? (Oui, Vnrable, il va se calmer).

    Votre esprit nest-il pas clair et calme lorsque vous faites des offrandes au sangha ? (Oui, Vnrable, lesprit devient clair et calme). Pourquoi ? Parce que vous avez

    confiance, vous avez la foi. Sans confiance, on ne se sent

    ni calme, ni clair. Lorsque quelqu'un dont on se mfie se prsente chez soi ou au bureau, on est troubl. On a

    peur d'avoir des ennuis. Il n'est pas possible, dans ces

    conditions, davoir lesprit clair. Si on na pas confiance, on ne se sent pas calme.

    Vous croyez galement la loi du kamma. Lorsque vous

    faites des kusala kamma (actes positifs), votre esprit est

    clair et calme. Kusala kamma ne peut tre ni vu ni

    touch, mais ses effets restent prsents dans votre

    santna (continuit de conscience); kusala kamma contient en lui-mme la potentialit de produire ses

    effets jusqu'au moment o lon atteint nibban. En tes-vous convaincus ? (Oui, Vnrable, nous en sommes

    convaincus).

    Cette conviction, c'est saddh. Les kusala kamma (actions positives) deviennent toujours des nma dhamma (phnomnes mentaux) : les offrandes (dna) que vous faites aux moines, comme les robes, les abris,

  • 30 Aiguiser les Facults de Contrle

    la nourriture, les mdicaments ou largent, ne sont, au dpart, que des objets matriels, ils peuvent tre vus et

    manipuls. En tant quobjets de nature matrielle, ils peuvent tre dtruits par l'inondation, par le feu, par les gouvernants malhonntes, par les voleurs ou par les

    mauvais hritiers.

    Mme si, en les offrant, vous les abandonnez, ces biens

    matriels restent dans votre santna sous forme de kusala cetana kamma (rsultat dun acte positif); kusala cetana kamma est un arpa dhtu (lment immatriel), ce nest plus un rpa dhtu (lment matriel). Que deviennent les rpa dhamma ? (Des nma dhamma, Vnrable). Les objets matriels sont devenus nma dhamma, des phnomnes mentaux qui ne peuvent tre ni vus ni touchs. Vous qui tes ici, vous croyez que ce

    kusala kamma que vous avez produit et qui ne peut tre

    ni touch ni manipul, reste en votre possession dans

    votre santna (continuit de conscience). En tes-vous convaincus ? (Oui, Vnrable, nous en sommes convaincus). Cette conviction, cette croyance, c'est

    saddh.

    Vous tes srs que les effets des kusala kamma que vous

    avez produits et qui nont pas encore port leurs fruits, resteront en votre possession jusqu'au moment o vous

    aurez atteint nibbna. Ne pensez-vous pas que votre esprit sera clair et calme lorsque vous ferez une bonne

    action? (Oui, Vnrable, l'esprit sera calme). Si l'esprit

    est clair et calme, c'est parce que vous avez la foi.

    Le simple fait de rflchir aux effets de kusala kamma

    rend lesprit clair et paisible : si vous tes persuads que les effets de kusala kamma se manifesteront un jour,

    que ce soit dans cette existence-ci ou dans une existence

    future, et cela tant que vous n'aurez pas atteint nibban, votre esprit sera calme et clair chaque fois que vous y

    penserez. C'est parce que vous croyez, que vous tes

    calme. Il est donc fondamental de croire tout cela. Des

  • Aiguiser les Facults de Contrle 31

    cinq indriya, saddh, la confiance est la base; cest le meilleur fondement pour la pratique.

    2. Viriyindriya, la facult deffort

    Inspir par saddhindriya, le mditant aura le courage de

    fournir un effort puissant, cest viriya. Si saddhindriya est forte, viriyindriya, leffort, le sera galement. Il est trs important de garder confiance tout au long du trajet

    vipassan. Vous qui tes ici, vous croyez fermement que lorsque la pratique aura atteint sa maturit, ce dhamma

    que vous dveloppez peut fermer dfinitivement les

    portes des apya (mondes de souffrance) et ouvrir celles de nibban. Vous le croyez vraiment.

    Lorsque vos annotations auront atteint un niveau parfait

    et que vous noterez sans interruption tous les

    mouvements comme par exemple soulvement,

    abaissement, assis, toucher, lever, avancer, presser, se pencher, s'tirer, prendre, tenir etc, il deviendra

    possible pour vous de fermer dfinitivement les portes

    des mondes de souffrance, de raliser nibban, de devenir un sotpanna. Vous y croyez et cette croyance, c'est saddh. Cette foi dans le dhamma est fondamentale. Si vous croyez fermement qu'il est

    possible de fermer dfinitivement les portes des mondes

    infrieurs et d'ouvrir celles de nibban, viriya, l'effort va se renforcer. Soutenus par cette foi, naurez-vous pas la motivation pour mditer sans vous reposer et sans vous assoupir ? (Oui, Vnrable, cest certain). Le mditant srieux, qui croit en la possibilit de fermer

    dfinitivement les portes des mondes infrieurs et

    d'ouvrir celles de nibban, trouvera lnergie pour mditer sans prendre de repos.

    Mais si vous pratiquez superficiellement, sans vraiment y

    croire, si vous mditez simplement par identification aux

    autres, votre effort sera faible et probablement

    insuffisant. Si vous mditez avec saddh, que vous tes

  • 32 Aiguiser les Facults de Contrle

    convaincus qu'il est possible de fermer les portes des

    apya, les mondes infrieurs, que nibban peut tre expriment dans cette vie-mme, vous aurez la force

    de noter de faon ininterrompue, sans vous reposer, vous serez capables d'un effort soutenu. Viriya va

    progressivement se renforcer et devenir puissante par le

    simple fait dobserver et noter. 3. Satindriya (la facult dattention)

    Plus viriya se renforce, plus vous fournissez deffort; vous mditez sans prendre de repos et la facult

    d'attention, satindriya se dveloppe. Lorsque leffort (viriya) devient puissant, lattention le devient galement : le mditant est capable dobserver et de noter tous les objets qui se manifestent chaque instant,

    cest ce que lon appelle sati, lattention. Pour que sati, lattention, puisse observer et noter de faon prcise, il faut que viriya soit forte. 4. Samdhindriya (la facult de concentration)

    Si satindriya, la facult d'attention, se renforce et devient

    puissante, elle fait natre samdhindriya, le calme et la concentration de lesprit. La forte attention conditionne la forte concentration. Lorsque l'observation des diffrents

    objets devient prcise, l'esprit qui note est capable de se

    maintenir sur le processus du dbut la fin. Cest khanika samdhi, la concentration momentane. 5. Paindriya ( la facult de sagesse)

    Plus samdhindriya sapprofondit, plus la facult de sagesse, paindriya, se renforce faisant surgir les

    connaissances vipassan. Vipassan na ne peut en effet surgir que si samdhi, la concentration est fermement tablie. Vous devez tre bien conscients de cela. Lorsque vous commencez mditer, il faudra dans

    un premier temps, installer samdhi, la concentration. Si

  • Aiguiser les Facults de Contrle 33

    vous mditez dans le but de dvelopper vipassan na sans avoir install au pralable samdhi, les progrs seront lents se manifester. Lorsque vous pratiquez

    vipassan, si au lieu de noter, vous rflchissez et vous vous dites par exemple: Ceci est un rpa dhamma, ceci est un nma dhamma, votre exprience du dhamma sera-t-elle lente ou rapide ? (Lente, Vnrable).

    Oui, elle sera lente se manifester. Il faut donc faire trs attention cela. Lorsqu'on pratique la mditation, il faut

    dabord tablir la concentration, samdhi. Lorsquelle sera solidement installe, la sagesse, vipassan na va automatiquement se manifester. Il est donc trs

    important au dbut, de construire samdhi. Saddhindriya est le fondement. Si saddhindriya est forte,

    viriyindriya le devient galement. Lorsque le mditant a

    confiance, il est capable de fournir un effort diligent et

    ardent, ce qui va renforcer sa facult deffort, viriyindriya. Si viriyindriya est dveloppe, satindriya, la facult dattention devient pntrante et continue. Plus satindriya est puissante, plus samdhindriya, la facult de concentration se renforce. Lorsque la concentration ou

    calme de lesprit devient profonde, paindriya, la sagesse apparat et vipassan na se manifeste. Lorsque vipassan na arrivera son point culminant, le mditant va obtenir ce quil a espr : le Noble Dhamma, commencer par la fermeture dfinitive des

    portes des mondes de souffrance.

    Les explications propos des cinq facults de contrle

    sont suffisamment compltes

  • Aiguiser les Facults de Contrle 35

    PREMIER FACTEUR DE

    RENFORCEMENT DES INDRIYA - LES FACULTS DE CONTRLE

    Je vais vous expliquer maintenant en quoi consiste le

    premier des neuf facteurs de renforcement des indriya ou facults de contrle.

    Diriger lattention vers la cessation

    Uppannuppnnam sankhrnam khayameva passati

    On peut dire de faon trs rsume, que dans le santna de cet auditoire, il ny a quun continuum de phnomnes physiques et mentaux apparaissant et disparaissant

    trs grande vitesse. Il ny a en vous que nma dhamma et rpa dhamma, rien dautre. Une des causes pour le renforcement des facults de contrle et donc de progrs

    dans le dhamma consiste diriger son attention pendant

    la mditation vers la cessation de ces phnomnes.

    Rptons, sil vous plat, la maxime suivante :

    Maxime : De nam et de rpa, notons les disparitions.

    Lorsquon demande de diriger lattention vers la disparition extrmement rapide de nma et de rpa qui se manifeste chaque instant en soi, il ne sagit pas de noter de faon abstraite en imaginant ou en visualisant la

    cessation sans lavoir vraiment exprimente. Ce nest pas la faon correcte de procder; cela n'aura pour effet que de retarder vos progrs. Vous devez noter comme

    vous avez lhabitude de le faire: soulvement, abaissement, assis, toucher, lever, avancer, abaisser le

    pied etc. et en mme temps, vous dirigez votre

    attention vers la disparition de ces phnomnes : vous observez et notez que le soulvement disparat juste

  • 36 Aiguiser les Facults de Contrle

    aprs son apparition; vous notez ensuite

    abaissement ; est-ce le prolongement du mouvement

    prcdent ou est-ce un nouveau phnomne ? (Cest un nouveau phnomne, Vnrable). Vous notez de nouveau soulvement ; est-ce le prolongement du

    mouvement prcdent ou est-ce un nouveau

    phnomne ? (Cest un nouveau phnomne, Vnrable). Oui, cest chaque fois un nouveau phnomne, spar du prcdent. Vous notez ensuite abaissement , et dirigez votre attention vers le fait

    que ce phnomne disparat juste aprs avoir t

    observ et not. C'est de cette faon que lon dirige lesprit vers l'aspect cessation des phnomnes .

    Si vous prenez lhabitude de diriger votre esprit vers la cessation des phnomnes au moment o vous

    pratiquez, votre concentration va devenir trs forte. Il y

    a une diffrence entre une mditation ordinaire et une

    mditation qui saccompagne de cet effort particulier. Vous devez en effet maintenir votre esprit sur cet unique objet de faon trs pntrante et pendant un certain

    temps de faon accumuler suffisamment de

    concentration; petit petit, samdhi (concentration) et na (connaissance) se renforcent et sapprofondissent au point de rendre possible la vision directe de la dissolution.

    En ralit, le mditant ne peut raliser la dissolution des

    phnomnes qu bhanga na, le stade de la dissolution. Mais le fait de diriger frquemment l'esprit vers la cessation des phnomnes aura pour effet

    dquilibrer les cinq facults et de les renforcer au point de rendre possible la ralisation de la dissolution avant

    d'avoir atteint le stade de bhanga na. Certains yogis y arrivent ds le stade de sammasana na mme si ce nest pas encore trs clair. A lentretien, ils expliquent quau moment o ils observent le soulvement de l'abdomen, ils ont limpression dabandonner le mouvement la fin; ils voient que ce mouvement de

  • Aiguiser les Facults de Contrle 37

    soulvement ne se fond pas dans le mouvement

    d'abaissement; que le mouvement d'abaissement ne se

    fond pas non plus dans le mouvement de soulvement

    suivant. Certains yogis voient un petit temps d'arrt entre ces deux processus, entre la disparition et

    l'apparition du phnomne suivant. Ils demandent

    parfois si cet arrt se produit vraiment. Mais en fait il est

    inutile de poser cette question puisqu'ils ont vu de leurs

    propres yeux.

    Lorsque la concentration (samdhi) et la vision pntrante (na) atteignent un niveau relativement profond, le mditant est en mesure de voir qu'il n'y a pas

    de continuit entre le soulvement et l'abaissement. Il

    est capable de sentir l'espace entre ces deux processus. Le mouvement de soulvement est interrompu, il ne se

    fond pas dans le mouvement d'abaissement. Le

    mouvement d'abaissement est interrompu, il ne se fond

    pas dans le mouvement de soulvement suivant. Le

    mditant est capable de voir l'espace. Il peut voir que le mouvement de soulvement semble interrompu lorsqu'il

    arrive sa fin, qu'il n'est pas immdiatement suivi par le

    mouvement d'abaissement. Il voit qu sa fin, le mouvement d'abaissement semble galement

    interrompu, qu'il ne se prolonge pas par le mouvement de soulvement. Mais cette ralisation est assez floue

    tant donn que na n'est pas encore mre.

    Lorsquil pratique la marche et quil note lever, avancer, abaisser , le mditant peut galement constater que le mouvement d'lvation du pied ne se

    fond pas dans le mouvement d'avancement du pied. Ce

    mouvement d'lvation reste l'arrire comme une

    ombre. De mme, le mouvement d'avancement du pied

    ne se fond pas dans le mouvement d'abaissement. Il

    reste l'arrire comme une ombre. Le mouvement d'abaissement du pied ne se fond pas non plus dans le

    mouvement d'lvation suivant. Le mditant explique

    que tous ces mouvements se retrouvent chaque fois

  • 38 Aiguiser les Facults de Contrle

    derrire lui comme une ombre. En ralit, il commence

    entrevoir la cessation mme sil n'est pas encore en mesure de la percevoir de faon continue. Ce ne sera

    possible que lorsque ses cinq facults seront devenues puissantes et quelles se seront mises en quilibre. Pendant les intervalles o il ne peroit pas la cessation,

    ce mditant doit continuer noter de la faon habituelle.

    Comme il ne peroit pas clairement les cessations et que de plus il ne les voit pas toutes, le yogi pourrait penser

    que les phnomnes ne sarrtent pas vraiment, que tout cela est le fruit de son imagination et il se laisse

    reprendre par lillusion de continuit. Ce n'est pas la bonne attitude. Il doit se dire qu'il a commenc voir la

    cessation mme si cette ralisation est modeste; il doit continuer diriger son attention vers la cessation des

    phnomnes dans le but de la percevoir plus clairement.

    Exprimenter la cessation

    A force dobserver et de noter ainsi, samdhi (concentration) et na (vision pntrante) deviennent fortes et pntrantes et le mditant va bientt atteindre

    bhanga na, le stade de la dissolution; il assistera alors au spectacle de la dissolution, comme s'il le voyait de ses

    propres yeux. Lorsqu'il observera et notera

    soulvement , il verra ce mouvement de soulvement disparatre furtivement. Lorsqu'il observera et notera

    abaissement , il sera en mesure de percevoir la

    disparition furtive de ce mouvement.

    Au moment o il ralise le stade de connaissance appel bhanga na, le yogi dtient ce que lon appelle balavant vipassan, un vipassan fort et puissant. Les formes extrieures auront disparu. La forme extrieure de

    l'abdomen sera devenue floue. Seuls les mouvements

    seront clairs et distincts; le yogi ne voit que la nature des phnomnes. Lorsqu'il notera le soulvement de

  • Aiguiser les Facults de Contrle 39

    l'abdomen, le mditant assistera la disparition furtive

    des multiples sensations d'expansion et de pression;

    lorsqu'il notera l'abaissement de l'abdomen, il

    exprimentera des petits mouvements dabaissement et des vibrations quil verra disparatre furtivement. Tout cela sera trs clair.

    Lorsqu'il notera le mouvement d'lvation du pied

    pendant la marche, il verra trs clairement disparatre une succession de petits mouvements vers le haut.

    Lorsqu'il notera le mouvement d'avancement, il verra

    trs clairement les disparitions successives des petits

    mouvements vers lavant et lorsqu'il notera le mouvement vers le bas, il verra trs clairement

    disparatre successivement les petits mouvements d'abaissement du pied. Il verra tout cela trs clairement,

    comme sil le voyait de ses propres yeux.

    S'il poursuit sa pratique et qu'il continue observer et

    noter, samdhi et na vont encore se dvelopper, devenir forts et pntrants et il pourra voir que c'est non

    seulement l'objet matriel qui disparat instantanment,

    mais galement la conscience de cet objet. Lorsqu'il

    notera le mouvement de soulvement, il verra que la

    disparition furtive de ce mouvement est immdiatement suivie de la disparition furtive de la conscience de ce

    mouvement. Lorsqu'il notera le mouvement

    d'abaissement de l'abdomen, il verra que la disparition

    furtive de ce mouvement est immdiatement suivie de la

    disparition furtive de la conscience de ce mouvement.

    Vous voyez clairement que ces deux phnomnes sont

    impermanents : le phnomne matriel, rpa dhamma, c'est--dire les mouvements de soulvement et

    d'abaissement et nma dhamma, le phnomne mental, c'est--dire lesprit qui observe et note. Oui, vous voyez cela, vous en tes conscients. Impermanence est un

    mot franais; que dit-on en pli ? (Anicca, Vnrable). Oui, cest anicca. Depuis votre enfance, vous entendez

  • 40 Aiguiser les Facults de Contrle

    parler de anicca par vos parents, par vos professeurs;

    vous tes maintenant en mesure de l'exprimenter dans

    vos propres khandha. Nest-ce pas merveilleux ? Vous avez ralis anicca au sens le plus profond. Si vous avez pu le faire, c'est parce que vous avez dirig votre esprit

    vers l'aspect cessation de la matire et de l'esprit. Si

    vous n'aviez pas mdit de cette faon, cette ralisation

    vous aurait pris beaucoup de temps; le seul rsultat

    auquel vous seriez arrivs, c'est de noter correctement. Certains mditants n'arrivent pas exprimenter la

    dissolution. C'est tout simplement parce qu'ils ne dirigent

    pas leur esprit vers la cessation des phnomnes

    physiques et mentaux. Voil pourquoi les commentateurs

    recommandent aux mditants de diriger leur esprit vers

    la dissolution des phnomnes.

    Les commentateurs comprennent mieux que quiconque

    ce que veut le Bouddha. Les explications qu'ils donnent

    sont bases sur les critures pli. Leurs paroles tant exactement celles du Bouddha, ne devrions-nous pas les couter ? (Oui, Vnrable, nous devons les couter).

    Et cest la mme chose pour la marche lorsquon observe et note lever, avancer, abaisser . Au moment o il

    note le mouvement d'lvation, le mditant pourra voir non seulement la disparition du mouvement, mais

    galement la disparition de la conscience de ce

    mouvement. Lorsqu'il notera le mouvement

    d'avancement du pied, il verra la disparition du

    mouvement et galement la disparition de la conscience du mouvement. Et lorsqu'il notera le mouvement

    d'abaissement du pied, il verra non seulement la

    disparition du mouvement, mais galement la disparition

    de la conscience de ce mouvement.

    A voir toutes ces cessations, naurez-vous pas la certitude que ces mouvements dlvation, davancement et dabaissement du pied, tous ces rpa dhamma sont impermanents ? Que lesprit qui observe et note lest

  • Aiguiser les Facults de Contrle 41

    galement ? (Oui, Vnrable). Vous aurez ralis par

    vous-mmes l'impermanence. Impermanence est le

    mot franais. Que dit-on en pli ? ( Anicca , Vnrable).

    Exprimenter dukkha

    La rapide succession des disparitions est ressentie

    comme une vritable torture. A lentretien, les yogis se disent souvent puiss par le fait de devoir noter sans

    interruption ces rapides disparitions. Nest-ce pas pnible de devoir suivre et noter toutes ces disparitions si

    rapides ? (Oui, cest pnible, Vnrable). Souffrance est le mot franais. Que dit-on en pli ? ( Dukkha , Vnrable).

    Exprimenter anatta Cette rapide disparition des phnomnes est

    oppressante. Comment pourrait-on y chapper ?

    Comment serait-il possible d'chapper cette

    souffrance? C'est impossible, il n'y a aucune

    chappatoire possible. Il est impossible de matriser ces choses, elles sont hors de contrle. Incontrlable est

    un mot franais; que dit-on en pli ? (Anatta, Vnrable). Oui, cest anatta.

    Nous avons vu anicca, dukkha et anatta dont nous entendons parler depuis notre enfance. Et o avons-nous

    vu ces choses ? Nous les avons vues et exprimentes

    dans notre propre corps, dans nos khandha. Le mditant

    qui exprimente anatta de faon claire, directe, limpide

    et concluante, se dirige vers la paix de nibbna. La ralisation directe, parfaite, claire et concluante de

    anicca, dukkha et anatta mne la ralisation de

    nibbna, ce nibbna auquel vous aspirez chaque fois que vous faites une action mritoire, une kusala.

  • 42 Aiguiser les Facults de Contrle

    Raliser anicca (limpermanence) est donc fondamental. A quelqu'un qui vous demanderait comment il faut

    observer et noter pour y arriver, que devez-vous

    rpondre ? (Nous devons rpondre que cest en dirigeant lesprit vers la cessation des phnomnes, Vnrable). Oui. S'il ne le fait pas et quil se contente dobserver et de noter, sans plus, il lui faudra sans doute beaucoup de

    temps pour raliser anicca. Ce nest quen dirigeant lesprit vers la cessation des phnomnes que vous pourrez percevoir la disparition des mouvements de

    soulvement et dabaissement de labdomen, ainsi que de la conscience qui y est associe; sera-t-il encore

    possible de croire leur permanence ? (Non, Vnrable,

    ces choses sont impermanentes). Oui, elles sont

    impermanentes.

    Lorsque vous mditez en dirigeant votre attention vers

    l'aspect cessation des phnomnes et que vous

    exprimentez anicca de faon authentique, par voie de

    consquence les deux autres caractristiques, dukkha, la souffrance et anatta, l'absence d'un ego permanent, vont

    se manifester spontanment. Rcitons la maxime :

    Maxime: Percevoir en profondeur l'une des

    caractristiques, c'est les percevoir toutes les trois

    Lauditoire devrait se rjouir davoir la possibilit dexprimenter anicca, dukkha et anatta. Mais dans les autres religions, on naccorde pas toujours foi ceci. Dans les temps anciens, les gens se dplaaient souvent ltranger pour leurs tudes ou pour toute autre raison et entraient ainsi en contact avec dautres religions. Lorsqu'ils entendaient les Bouddhistes parler de anicca,

    dukkha et anatta, l'impermanence, la souffrance et

    l'absence d'un ego permanent, la raction tait invariablement la mme : la doctrine du Bouddha est

    pessimiste ! Les bouddhistes napprciaient pas beaucoup cette raction. Sentendre dire que la religion

  • Aiguiser les Facults de Contrle 43

    laquelle on appartient et que lon vnre tant est pessimiste nest pas agrable.

    Mais vous qui tes ici, vous devriez vous rjouir de vous entendre dire que votre religion est pessimiste. Tout est

    anicca : les phnomnes physiques (rpa dhamma) et les phnomnes mentaux (nma dhamma) qui composent nos khandha sont tous impermanents. Rien

    nest permanent. Est-ce optimiste ou pessimiste de tout percevoir comme anicca ? (Cest pessimiste, Vnrable). Voir que rpa dhamma et nma dhamma qui composent nos khandha sont tous dukkha, insatisfaisants;

    comprendre que rien nest dsirable, que tout est dukkha, que le corps nest quun monceau de souffrances, cette vision des choses est-elle optimiste ou pessimiste ? (Pessimiste, Vnrable). Cest pessimiste en effet. Est-ce optimiste ou pessimiste de voir anatta, le

    caractre incontrlable du corps et de tous les

    phnomnes ? (Cest pessimiste, Vnrable). Ne faut-il donc pas admettre que notre doctrine est

    pessimiste ? (Oui, Vnrable, il faut le reconnatre). Mais

    ne faut-il pas ajouter que si lon veut aller plus loin et atteindre la vrit, raliser ces choses est un passage

    oblig ? (Oui, Vnrable). Si nous percevions nos khandha comme nicca (permanents), sukha (dsirables)

    et atta (contrlables), nous nous y attacherions. Si nous

    y sommes attachs, nous ne raliserons pas nibbna, le bien suprme. Voil pourquoi nous devons pratiquer de

    faon raliser laspect pessimiste des choses. Cest la meilleure rponse apporter ces gens.

    Ici se termine lenseignement; il est suffisamment complet. Vous qui avez entendu cet expos qui portait

    sur les bnfices de la pratique de vipassan, sur la difficult se trouver dans les conditions favorables et sur le premier facteur de renforcement des facults de

    contrle, les indriya, puissiez-vous mditer

    conformment ces instructions et dvelopper votre

  • 44 Aiguiser les Facults de Contrle

    pratique; puissiez-vous atteindre rapidement et

    facilement ce quoi vous aspirez : le Noble Dhamma, la

    paix de nibbna, la cessation de toute souffrance.

    Sdhu ! Sdhu ! Sdhu !

  • Aiguiser les Facults de Contrle 45

    DEUXIME FACTEUR DE

    RENFORCEMENT DES INDRIYA LES FACULTS DE CONTRLE

    Ce 11 avril 1992, deuxime jour de la retraite

    Saddhammaramsi Yeiktha, mon enseignement portera sur le deuxime des neuf facteurs de renforcement des

    facults de contrle.

    Tatth ca sakkaca kariyya sampdeti Le premier facteur de renforcement des indriya consiste

    diriger son attention pendant la mditation vers

    laspect cessation des phnomnes. Le deuxime facteur de renforcement des facults de contrle

    consiste diriger son attention pendant la mditation vers laspect cessation des phnomnes et observer et noter de faon respectueuse, pntrante et

    ininterrompue, afin de percevoir rellement cette

    cessation.

    Maxime : Observer et noter de faon respectueuse.

    Il faudra donc observer et noter avec respect, prcision et de faon pntrante. Noter de faon respectueuse

    veut dire que tous les mouvements corporels devront

    tre excuts de faon lente et compose : sasseoir, se mettre debout, se pencher, stirer, prendre quelque chose, sabaisser, bouger ne ft-ce que trs lgrement, manger, boire, etc. tout doit tre fait

    calmement et dlicatement.

    Il faudra galement observer et noter avec prcision et

    de faon pntrante. Noter avec prcision et de faon pntrante veut dire que lobservation doit se faire dans linstant prsent (paccuppanna) et porter sur paramattha, la ralit ultime ou vritable nature. Dans

  • 46 Aiguiser les Facults de Contrle

    la pratique de la mditation vipassan, ces deux points sont trs importants.

    Noter de faon respectueuse Observer et noter de faon respectueuse veut dire que

    tous les mouvements devront tre effectus

    dlicatement et de faon compose. Si vous vous

    comportez comme vous avez lhabitude de le faire dans la vie de tous les jours, vos mouvements seront trop

    rapides pour que vous puissiez les suivre car samdhi (concentration) et na (vision pntrante) sont encore faibles. Si lesprit qui observe et note nest pas en mesure de le faire linstant mme o le mouvement a lieu (paccuppanna), il ne sera pas dans linstant prsent. Si lobservation ne se fait pas dans linstant prsent, le yogi nexprimentera pas le dhamma.

    En ralit les phnomnes physiques (rpa dhamma) et les phnomnes mentaux (nma dhamma) qui se manifestent dans le courant de conscience (santna) des yogis et de vous tous qui coutez cet

    enseignement, nexistent que dans linstant prsent. Il faudra donc noter dans linstant prsent car sil y a un dcalage, ne ft-ce que dune fraction de seconde, ces phnomnes physiques et mentaux auront disparu.

    Vous observerez et noterez des phnomnes qui ne sont pas l; en consquence, ni samdhi (concentration), ni na (vision pntrante) ne pourront se dvelopper. Noter des phnomnes qui ne

    sont pas l est vain; cela ne vous mnera pas au

    dhamma. Il faut absolument le savoir.

    Cest pour cette raison que lorsque vous pratiquez et que vous vous efforcez de noter les diffrents objets

    linstant mme o ils se manifestent, il vous sera demand dexcuter tous vos mouvements de faon lente et compose comme si vous tiez malades. Notre

  • Aiguiser les Facults de Contrle 47

    bienfaiteur, le Trs Vnrable Mahsi Saydaw recommande aux mditants de se comporter comme

    sils avaient mal au dos. Quelquun qui a mal au dos dispose encore de son nergie. Mais lorsquil sassied, par exemple, il le fait lentement et en douceur de

    crainte de se faire mal. Lorsquil se lve, il le fait lentement et en douceur. Lorsquil prend quelque chose, quil manipule un objet, il le fait lentement et en douceur. Pourquoi ? Parce quil a peur de se faire mal au dos. Essayons donc de nous conformer aux

    recommandations de notre bienfaiteur le Trs

    Vnrable Mahsi Saydaw et ralentissons nos mouvements comme si nous avions mal au dos.

    Les yogis devraient tous sobserver et voir sils se comportent comme des personnes qui ont mal au dos.

    Si ce nest pas le cas, ils doivent se dire quil y a l une possibilit tonnante de progresser. Il faut prendre cela

    trs au srieux. Plus tard, lorsque samdhi (concentration) et na (vision pntrante) seront devenues fortes, que lesprit qui observe et note pourra se maintenir sur les diffrents objets dattention, quil sera devenu capable de suivre tous les mouvements, le

    corps va automatiquement se dplacer dlicatement et

    en douceur. Il ne sera plus possible de se dplacer rapidement et de faon incontrle car lesprit qui note se sera synchronis avec les mouvements du corps.

    Mais tant que ce nest pas le cas, il faut mettre un soin tout particulier se dplacer de faon respectueuse,

    cest--dire lentement, dlicatement et en douceur comme si lon avait mal au dos. Ceci est trs important. Il faut y apporter une attention toute particulire. Si

    lon dsire pratiquer srieusement et que lon a la ferme intention de raliser le Noble Dhamma, il faudra

    garder tout ceci en mmoire.

  • 48 Aiguiser les Facults de Contrle

    Observer de faon prcise et attentive

    Noter avec prcision et de faon attentive veut dire que

    lobservation doit se faire dans linstant prsent (paccuppanna) et porter sur la ralit ultime paramattha. Ces deux points sont trs importants. Si

    lon veut rellement pratiquer le pur vipassan, avec lintention de raliser le dhamma, commencer par rpa dhamma et nma dhamma, il faut absolument respecter ces deux points. Les yogis qui dsirent

    pratiquer vipassan de faon srieuse, choisissent leur centre avec prudence. Ils recherchent un centre o

    senseigne le pur vipassan, dirig par un saydaw qui enseigne le pur vipassan, tout simplement parce quils veulent pratiquer le pur vipassan. Je suis sr que vous qui tes ici, vous dsirez

    galement pratiquer le pur vipassan. Aimeriez-vous pratiquer un vipassan ml de samatha ? (Non, Vnrable). Vous ne voulez pas de samatha. Vous tes

    venus ici pour vipassan, pas pour samatha. Si vous deviez pratiquer un vipassan entach de samatha, il vous faudrait beaucoup de temps pour exprimenter le

    dhamma. Vous qui tes ici, vous savez que par la

    pratique de samatha vous pouvez atteindre la paix et le

    calme mais quil vous faudra beaucoup de temps pour raliser le Noble Dhamma auquel vous aspirez. Cest pour cette raison que vous avez opt pour vipassan.

    Comment faut-il pratiquer pour que ce soit du pur

    vipassan ? Les deux points que jai expliqus plus haut sont de toute premire importance dans le pur vipassan : noter avec prcision et de faon pntrante pour tre dans linstant prsent et percevoir la vritable nature des phnomnes, paramattha. Pourquoi faut-il

    observer de faon prcise et pntrante et rester dans

    linstant prsent ? Parce que les phnomnes physiques (rpa dhamma) et les phnomnes mentaux (nma

  • Aiguiser les Facults de Contrle 49

    dhamma) qui se manifestent dans le courant de

    conscience (santna) des yogis, nexistent que dans linstant prsent. Sil y a un dcalage ne ft-ce que dun cheveu ou dune fraction de seconde, ces phnomnes physiques et mentaux auront disparu. Le cheveu ou la

    fraction de seconde ne sont que des indications; en fait,

    il faudra tre encore beaucoup plus rapide si lon veut attraper les phnomnes linstant prcis o ils apparaissent (paccuppanna)

    Noter linstant prcis o le phnomne a lieu

    Les phnomnes physiques et mentaux, rpa dhamma et nma dhamma apparaissent et disparaissent trs rapidement. Dans sa sagesse, le Bouddha a vu qu chaque claquement de doigt ou en un clair de lumire,

    rpa dhamma et nma dhamma apparaissent et disparaissent un billion de fois. Cest incroyablement rapide. Ne pensez-vous pas quil est crucial dapprendre observer et noter dans linstant prsent ? (Oui, Vnrable, cest trs important). Oui, cest crucial. Il est crucial de noter dans linstant prsent.

    Adassanato yanti bhang gacchanti dassanan. Vijjupdova kse Uppajanti vayanti ca

    (Maha niddesa-33)

    Les phnomnes physiques, rpa dhamma et les phnomnes mentaux, nma dhamma quil faut observer et noter lorsquon pratique vipassan et qui se manifestent dans le courant de conscience, santna, des yogis ici prsents, nexistent qu linstant de leur apparition; il nest pas possible de trouver quelque part un endroit o les phnomnes physiques et mentaux

    qui ne se sont pas encore manifests dans les khandha,

    seraient stocks. Ils apparaissent, existent pendant un

    moment et disparaissent. Lorsquils cessent dexister, il

  • 50 Aiguiser les Facults de Contrle

    nen reste aucune trace dans les khandha. Ces phnomnes nexistent plus. Lorsque les conditions pour leur apparition sont runies, ces phnomnes

    surgissent de nulle part, de linvisible, et existent; mais ils ne durent pas, ils cessent instantanment; il nen reste aucune trace dans les khandha; ils nexistent quau moment prcis de leur apparition. Ce nest quen observant et en notant linstant mme o le phnomne apparat que vous pourrez exprimenter la nature du dhamma.

    Lapparition des phnomnes physiques (rpa dhamma) et des phnomnes mentaux (nma-dhamma) peut tre compare deux masses de

    nuages qui entreraient en collision dans le ciel au dbut de la saison des pluies et qui provoqueraient un clair

    lumineux du fait de la dcharge lectrique. Cette

    lumire nexiste quau moment de lclair. Serait-il possible de la voir quelque part dans les nuages avant

    que la collision ne se produise ? (Non, Vnrable). Et si la collision a dj eu lieu, il est inutile dobserver les nuages, car il ne reste plus rien de cette lumire. Pour

    voir cet clair de lumire, il faut quau moment prcis de son apparition, nous ayons le regard dirig vers cet

    endroit du ciel.

    De la mme faon, il nest pas possible de trouver quelque part dans les khandha un endroit o les

    phnomnes physiques et mentaux qui nont pas encore eu lieu seraient stocks. Cet endroit nexiste pas. Lorsque les conditions pour leur apparition sont

    runies, ces phnomnes apparaissent, mais ils ne

    durent pas, ils disparaissent instantanment. Il est

    inutile de chercher savoir o ils sont partis; ils

    nexistent plus nulle part dans les khandha. Ces phnomnes nexistent qu linstant prcis o ils se manifestent. Tout comme la lumire nexiste quau moment de lclair, nma dhamma et rpa dhamma

  • Aiguiser les Facults de Contrle 51

    nexistent dans le santna des yogis ici prsents quau moment prcis de leur apparition.

    Ne pensez-vous pas quil est crucial dapprendre observer et noter au moment prcis o les

    phnomnes apparaissent ? (Oui, Vnrable, cest crucial). Il est de toute premire importance de

    connatre la mthode qui permet dobserver et de noter dans linstant prsent.

    Maxime : De nulle part ils apparaissent pour

    disparatre nulle part.

    Cette maxime est conforme aux textes en pli. Lorsque les conditions le permettent, de nulle part les

    phnomnes apparaissent, existent un instant et

    disparaissent. Lorsquils ont disparu, ils disparaissent dans le vide; ils nexistent plus nulle part dans les khandha. Rpa dhamma et nma dhamma nexistent qu linstant prcis o ils se manifestent. Cest pourquoi nous devons observer et noter au moment

    prcis de lapparition (paccuppanna). Ce nest quen observant et en notant de cette faon que nous

    pourrons exprimenter le dhamma.

    Maxime : Tels des clairs de lumire, rpa et nma

    apparaissent et cessent dexister.

    Rpa et nma peuvent tre compars des clairs de lumire. La lumire nexiste quau moment de lclair. Nous ne la voyons nulle part dans les nuages avant

    lclair. Elle ny est pas. Et aprs lclair, il devient inutile de regarder les nuages, la lumire a disparu. De

    la mme faon, rpa dhamma et nma dhamma qui se manifestent dans le santna des yogis ici prsents, nexistent quau moment prcis de leur apparition; on ne peut exprimenter le dhamma que si lobservation et lannotation se font linstant prcis de lapparition du phnomne. Sachant cela, ne pensez-vous pas quil est

  • 52 Aiguiser les Facults de Contrle

    crucial dapprendre observer et noter linstant mme de lapparition ? (Oui, Vnrable, cest trs important). Cest crucial. Si nous voulons pratiquer le pur vipassan et dvelopper vipassan na, nous devons observer et noter dans linstant prsent.

    Vous me demanderez alors : comment faire pour

    observer et noter rpa dhamma et nma dhamma que nous voyons dans nos khandha ? Les commentateurs illustrent cela par deux exemples :

    Dipajl viya ca, nadi soto viy ca dathabb

    Rpa dhamma et nma dhamma que les yogis ici prsents voient dans leurs khandha peuvent tre compars la flamme dune lampe huile ou au flux dune rivire. Dans les temps anciens, on utilisait des lampes huile. De nos jours, nous nous servons plutt

    de bougies. Lorsquon observe la flamme dune bougie pendant cinq minutes, on pourrait croire premire vue, quil sagit toujours de la mme flamme. Aprs dix minutes, cest toujours la mme flamme qui brle. La bougie rapetisse de plus en plus mais la flamme semble

    toujours la mme. Nest-ce pas ce que lon pense ? (Oui, Vnrable). Mais est-ce la ralit ? (Non, Vnrable, ce nest pas la ralit). Non, ce nest pas ce qui se passe rellement.

    Une premire flamme apparat pour disparatre trs

    rapidement; la deuxime suit instantanment; les apparitions et disparitions sont si rapides que la flamme

    semble continue; on croit quil sagit toujours de la mme flamme. Cest la mme chose pour nos khandha. La rapide disparition dun premier rpa ou nma est immdiatement suivie de la rapide apparition dun autre rpa ou dun autre nma. Dans sa sagesse, le Bouddha a vu que rpa et nma apparaissent et disparaissent au rythme dun billion par claquement de doigts ou clair de lumire. Ne pensez-vous pas qu

  • Aiguiser les Facults de Contrle 53

    une telle vitesse cette succession de phnomnes nous

    apparat comme un mouvement continu ? (Oui,

    Vnrable, cest sr). Est-ce toujours le mme rpa ou nma que nous observons ? (Non, Vnrable, ce nest pas le mme). Les rpa et les nma de notre enfance ne sont plus l. Cest la rapidit du changement, la vitesse laquelle les phnomnes disparaissent qui

    donne limpression de continuit, qui fait croire que cest toujours le mme rpa ou le mme nma.

    Cest la mme chose pour la rivire de montagne : la voir dvaler pendant cinq ou dix minutes, on croit que

    cest la mme eau qui coule sans arrt. Cest ainsi que lon raisonne, nest-ce pas ? (Oui, Vnrable, cest bien cela). En ralit, la disparition extrmement furtive dun premier flux est immdiatement suivie de lapparition dun deuxime et comme cette succession des apparitions et disparitions se rpte de faon

    continue et trs rapide, on croit quil sagit de la mme eau. De la mme faon, les yogis ici prsents pourraient croire que les rpa dhamma et les nma dhamma de leur enfance sont les mmes que ceux de

    ladulte quils sont devenus. Cest ce que lon pense mais la ralit est diffrente.

    Nous devons garder cela en mmoire lorsque nous

    observons et notons rpa et nma: il faut voir le changement qui a lieu chaque instant. Ces

    phnomnes se succdent si rapidement quils semblent continus. Cest pour cette raison que vous devez vous efforcer dobserver et de noter linstant prcis o le phnomne apparat; il faut observer et

    noter de faon respectueuse et pntrante pour tre

    dans linstant prsent et exprimenter la vritable nature, paramattha.

    Lorsque nous observons et notons soulvement,

    abaissement , il faut le faire au moment mme o le

    mouvement a lieu. A linspiration, labdomen se soulve

  • 54 Aiguiser les Facults de Contrle

    progressivement, tape par tape. Nous devons nous

    aligner sur cette succession de petits mouvements de

    dilatation de faon pouvoir suivre toutes les tapes du

    mouvement au fur et mesure quelles se prsentent, sans interruption. Lorsque nous observons et notons

    abaissement , nous voyons labdomen qui bouge, sabaisse et se dgonfle par tapes successives au fur et mesure que lair sen chappe. La continuit du mouvement est appele santati paccuppanna. Nous devons observer et noter en suivant sans interruption

    toutes les tapes de labaissement; nous devons nous aligner sur la continuit du mouvement, santati

    paccuppanna.

    Observer pour raliser Paramattha Nous devons observer et noter de faon raliser

    paramattha, la nature vritable. La forme extrieure de

    labdomen est un concept, cest paatti. Les caractristiques de tension, de rigidit, de pression que

    lon peut ressentir lintrieur de labdomen au moment o lon observe et note soulvement sont paramattha, la nature vritable. En gnral, paatti

    recouvre paramattha. Il faut bien faire la diffrence

    entre ces deux ralits. Le corps physique, visible

    lil nu, est appel santna paatti. Ce nest pas ce que lon observe dans vipassan. La forme extrieure de labdomen est santna paatti; ce nest pas ce que lon observe dans vipassan.

    Lorsque donc nous observons et notons

    soulvement , au moment de linspiration, les sensations de tension, de rigidit, de pression ressentie

    lintrieur de labdomen sont paramattha, la nature vritable. La forme extrieure, cest paatti. Mais ces deux ralits ne sont pas spares; elles coexistent.

    Paramattha est lintrieur de paatti. Paatti, la forme extrieure, peut tre vue lil nu, elle peut tre

  • Aiguiser les Facults de Contrle 55

    touche et manipule. Mais la nature vritable,

    paramattha, ne peut tre vue par lil ordinaire, elle ne peut tre ni touche, ni manipule. Lorsque nous

    observons et notons soulvement , la nature de la tension et de la pression que nous ressentons

    lintrieur de labdomen sont paramattha. Lorsque nous observons et notons abaissement , la forme

    extrieure de labdomen est paatti, le concept. Il faut sen dtacher le plus possible. A lexpiration, la nature du mouvement descendant tel quil se produit par tapes successives, est paramattha. Nous devons

    essayer de ressentir paramattha; cest paramattha que nous devons observer.

    Pression, tension, abaissement, relchement , sont les caractristiques de vyo-dhtu. Lorsque nous observons et notons soulvement , les sensations de

    pression, de tension ne sont-elles pas videntes ? (Oui,

    Vnrable, elles sont videntes). Lorsque nous

    observons et notons abaissement , la sensation de mouvement descendant, de relchement, les vibrations

    ne sont-elles pas videntes ? (Oui, Vnrable, elles le

    sont). Nous devons nous concentrer de faon

    pntrante sur ces caractristiques de vibration et de

    mouvement vers le bas. Il faut observer et noter de faon prcise et pntrante pour voir paramattha. Cest vyo-paramattha que nous observons ici. On utilise indiffremment les termes paramattha et nature . Y

    a-t-il une diffrence entre observer et noter pour

    raliser paramattha et observer et noter pour raliser la nature ? (Non, Vnrable, cest la mme chose). Oui, cest la mme chose.

    Pour votre information, je vous signale que les

    kammatthna saydaws (matres de mditation) et les saydaws qui enseignent le dhamma utilisent parfois lexpression paramattha, et parfois, ils diront : Concentrez-vous pour exprimenter la nature . Dans

    la littrature bouddhiste galement, cest parfois le

  • 56 Aiguiser les Facults de Contrle

    terme paramattha qui est utilis, parfois le terme

    nature . Ne vous po


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