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8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
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/';-=09 )(8*
=-0/']
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
2/170
VIVARIUM
AN INTERNATIONALJOURNALFOR THE PHILOSOPHY
AND
INTELLECTUAL LIFE OF THE
MIDDLE
AGES AND
RENAISSANCE
vivarium
s devoted
n
particular
o he
rofane
ide f
mediaeval
hilosophy
and he ntellectualife f
heMiddle
ges
nd
Renaissance.
EDITORS
L.M. de
Rijk,
Leiden)
H.A.G.
Braakhuis,
Nijmegen)
C.H.
Kneepkens,
(Groningen)WJ.
Courtenay,Madison)
E.P.
Bos,
Leiden)
D.
Perler,
(Basel)
M.G.M. an
er
oel,
Nijmegen).
Secretary
f he ditorial
oard: rof. .H.
Kneepkens.
All
ommunications,
xcept
hose f
business
ature,
houlde
addressed
toC.H.
Kneepkens,ijksuniversiteit
roningen,
aculteiter
etteren,
akgroep
Mediaevistiek,.O. Box716, 700ASGroningen,heNetherlands.
ADVISORY Tullio
regory,
Rome)
Albert
immermann,
Cologne)-J.E.
urdoch,
COMMITTEE
(Cambridge,
A).
PUBLISHERS
Brill,eiden,
he
Netherlands.
PUBLISHED
Twice
early.
SUBSCRIPTION olume
LII
2004)320
p.):
UR
138
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172)
or
nstitutions,
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67
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ordirectothe
ublisher.
OFFICES
North
merica The
etherlands
Brill
cademicublishers
Brill
cademic
ublishers
112
Water
treet,
te. 01 P.O. Box 000
Boston,
A
02109
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A
Leiden
Tel.1-617-263-2323 Tel.+31-71-53.53.566
Fax
1-617-263-2324
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EU-countries
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not
pplicable
utsidehe
U).
Now
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ree nline ccess
to
this
ournal
with our rintubscription.isitheBrill-Website
at http:/ ww.brill.nlnd
enter
he
nline
ournals
ection.
BRILL
LEIDEN
BOSTON
ISSN
0042-7543.
Printersion);
SSN 1568-5349Online
ersion)
Printed
n
The Netherlands
Printedn
acid-free
aper
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
3/170
Abélard t lesgrammairiens
sur e verbe
ubstantif
t la
prédication
IRENE ROSIER-GATACH
0. Introduction
Abélard
est en constant
ialogue
avec les
grammairiens,
omme
en attes-
tent es nombreuses
éférences
Priscien t aux
grammatici.
e
dialogue
joue
un rôle
majeur
dans l'élaboration
de sa
pensée logico-linguistique
t
constitue
n facteur
mportant
ans son évolution.
a
question
du verbe
substantif
t de
la
prédication
st tout
à fait
aractéristique
e ces échan-
ges,
comme
l'ont bien montré es
études de R. Hunt
et L.M. de
Rijk,
puis
de
M.
Fredborg,
C.H.
Kneepkens
et
C. Mews1. C'est
dans cette
mêmeperspective ue nous nous proposonsde la reprendreci, en met-
tant n
parallèle
es
analyses u'Abélard
développe
ur es différents
sages
du verbe
substantifvec celles
proposées
dans les
Glosulae t en
montrant
l'importance
ans ce débat
de certains
assages
de
Boèce,
deux
éclairages
qui peuvent
ontribuer
mieuxfaire
omprendre
'évolution
e sa
pensée2.
*
Nous
vions
réparé
a
présente
tude
our
e
colloque
0 Years
ogica
odernorum
organiséar
a
Koninklijke
ederlandsekademie
an
Wetenschappen
The
Royal
NetherlandscademyfArts ndSciences),n 1997,nhommageuPr.deRijk,maisavons téempêchée,ourdesraisonsersonnelles,'yassister.ousremercions.H.
Kneepkens
e l'offre
u'il
nous
faite e
la
publier
ans
Vivariumoù elle
mieux a
place
n raison e sa
longueur
t de l'édition
ui 'accompagne,
t sommes
eureusee
la dédieru Pr.de
Rijk,
ont estravauxnt
té
pour
ous n
point
e référenceons-
tant,
otammentur
ette
ériode
ntérieure
l'apparition
e la
Logica
odernorumdont
il a si bienmontré
quelpoint
lle
préparait
es
développements
ltérieurs.
e travail
fait
'objet
'un éminaire
l'Ecole
ratique
es
Hautes tudes
Section
es ciences
eli-
gieuses,
orbonne),
n
1999-2000
t
2000-2001,
t
d'une
résentation
une able-ronde
organiséear
John
Marenbon
Cambridge,
n
mars
00
Je
remercie
ohn
Marenbon,
Margaretaredborg
t Constant ews
our
eurs
emarques
ur e
présent
ravail.e
travailtait chevé
orsqu'estaru
e
monumental
uvrage
e L.M. de
Rijk
ur
Aristote
(De Rijk 002) la contributione cettetude l'histoireesproblèmesuenous vons
discutés
ans e
par.
3 n'est
u'imparfaitement
endue
ans es notes
ue
nous vons
insérées.
1
Hunt1941-43
De
Rijk
1967,
01
sq.
Fredborg
977
Kneepkens
978 Mews
1987,
1
sq.
2
De nombreuses
t
importantes
tudes
nt été consacrées
l'analyse
u verbe
©
Koninklijke
rill
V,Leiden,
003
Vivarium
1,2
Also vailable
nline www.brill.nl
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4/170
176
IRENE
ROSIER-CATACH
Les Glosulaen Priscianumont un
texte
n
constante
volution,
ttestant
de
générations
ifférentese
rédacteurs/compilateurs.
a
première éné-
ration
des Glosulae
orrespond
u commentaire ur les Institutiones
-XVI
(Priscien
majeur)
conservé
par
les ms.
K
3
et
M4
l'écriture e
K l'a
fait
identifieromme étant
des
années 10805.
Nous
appelons
«seconde
géné-
ration
des Glosulae
n ensemblede textes d'une
part,
es versions xtra-
polées
des
premières
Glosulaeur
Priscien
majeur,que
l'on retrouve ans
le ms. C6
notamment,
'autre
part
les
Glosulae
ur les InstitutionesVII-
XVIII
(Priscienmineur),
ue
l'on trouve n au moins deux versions7. n
disposede deux témoins upplémentaires,e ms. F qui est une version
abrégée
des Glosulae ur Priscien
Majeur,
mais
qui
faisait
originellement
partie
d'un des manuscrits
omportant
es Glosulaeur
PriscienMineur8
pour
la
section
que
nous avons
étudiée,
F
semble
copié
sur C
plutôtque
sur les
premières
ersions,
mais ce serait
confirmer
voir nfra).
e
ms.
V9
comporte
des
extrapolations
certaines ections
ont différenteses
substantif
ar
Abélard.oir e
Rijk
967,
ol
/l,183sq
t
203
q.,
1970, l-xlvii, 981a,
1981b, 986, 9-103 t 108 q.,Tweedale976, 95-8,23-34t285-97, alcolm979,
Kretzmann
982,
acobi
980 t
1986,
olivet
991,
41
sq.,
Pinzani
992,
54
sq.,
Marenbon999.
3
Ms. K
=
Cologne
om .
201,
fin
1e
iècle,
.
lra-74rbsur a tradition
anuscrite
et
mprimée
oirHunt 941-43t Gibson 979 sur a diffusion
esGlosulaeoirGibson
1979,
41-6.
4
Ms.M
-
Metz,
ibl.Mun.
224,
. ra- 1
rb,
2e
iècle.
5
Le terminus
quo
stde
1050,
n
raison 'unementione Lanfredus'
ui peut
en-
voyer
Lanfrancu Bec.
6
Ms. C
-
Chartres. Mun.
09
248),
.
-86v ce manuscritétédétruit
endant
a
dernière
uerre,
ais ne
opie
nest eureusementl'Institute
Recherches
t
d'Histoire
desTextes Paris.
Malheureusement,
a
copie
'est
ascomplète,
uisqu'elle
e
comporte
que esf°s -13 t 34-68rcorrespondantux nstitutionesn,5,GLKII, 579 29) nous
avons n outree dernier :
86v,
ui
comporte
'excursus
jouté
la
fin
u
commen-
taire ur
e livre VI des nstitutiones
rammaticaei
dité
ar
Hunt
941-43,24,
savoir
les
«
Opiniones
wersorumeSsumverboubstantivo.
7
Une
première
ersion,
ui
a
été ttribuéemaître uido
Guy
'Etampes
),
stdis-
persée
ans roisms.
ms.
=
LondresBM
Burney
38
L
=
Londres
BM
Harley
713
et
0
=
Orléans,
iblMun.
0)
voirG.H.
Kneepkens
978.Une
seconde
ersion,
=
ms.
Paris,
rsenal10 f.
133ra-140vb,
n est
proche,
ais 'arrête
près
a
glose
ur nstit.
XVII,
32
voir e
Rijk
1967,
19
Margaretaredborg
répare
'éditione
ce dernier
commentaire,
t
e
la
remerciee m'avoir
ermis
'étudiera
transcription.
8
Ms.
F
=
Paris, nF,
ouv.
cq.
at.
1623,
.
1-56,
2e
iècle. e
manuscrit,
ui ppar-
tenaitu
monastèreénédictine
Fleury,
aisaitnitialement
artie
u ms.d'Orléans
0,quicontientnepartie 'un ommentaireur es nstitutionesVII-XVIIIvoir . 8) il
correspondait
ux
pp.
247-358
ums.
'Orléans,
ui
vaientté olées
ar
Libri n
1841
voirGibson
979, 37-8,
neepkens
978,
15.
9
Ms.
V
Tractatus
losarum
risciani)
Rome,
at.
at.
1486,
. ra-90vbvoir
redborg
1977,
Gibson
979,
52-4.
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5/170
ABÉLARDT LES
GRAMMAIRIENS 177
leçonscontenuesdans les manuscrits nciens des Glosulaeavec des expli-
cations
upplémentaires,
andis
que
d'autres ont ittéralement
dentiques.
On
y
trouvedeux sections u sententiae
l'une inséréedans le
chapitre
ur
le
verbe,
'autre à la
fin
du Tractatus
qui
donnentdes
opinions
de
maî-
tres
connus,
a
première
nous intéressant
articulièrement
ci,
puisqu'on
trouve a mentionde maîtreW. dans
une discussion ur le verbe et le
verbe substantif.
ous
disposons
d'une édition
ncunable,
rès
fautive,
t
copiée
manifestementur différents anuscrits
voir
nfra),
ù les
Glosulae
constituent ne
glose marginale
au texte des Institutionescontrairement
aux autresmanuscrits,ui présententn commentaireemmatique10.ar
ailleurs,
es
Notae
Dunelmenses11un ensemble de notes sur les Institutiones
sont un témoin essentiel
pour comprendre
es
débats de
l'époque
entre
grammairiens
t
logiciens,
t contiennent e très nombreusesmentions
de maîtres dentifiés
ar
leurs nitiales.
Nous
résumerons 'abord brièvement es conclusions
uxquelles
nous
sommes
parvenue,
au terme d'une confrontation ntre Abélard et les
Glosulae
sur trois
questions
la définition u verbe
et
la
notion d'inhé-
rence
(qui
constitue e
premier
volet de la
présente
tude),
a
significa-
tion des parties« consignificatives, la théorie de la proposition t la
notion de
«
dictum 12.
Ces conclusions onstituent es
hypothèses,
ui
restent
aturellement vérifier. es Glosulaen Priscianum
onstituent
ien
la
source d'Abélard.
En
comparant
1)
les
opinions
citées
par
Abélard et
attribuées
ar
lui à
G.,
V. ou
W.13,
2)
les
passages
lus dans les textes
apparentés
la
seconde
génération
es Glosulae
(3)
les
opinions
ttribuées
10
dition
ar
Benedictasrunuluse
Vérone,
éalisée
arGeorgius
rrivabenus,
enise
1488.VoirGibson977, 979. ur amentionohanniseAingreque 'on rouveans e
colophon,
oir
'hypothèse
e Mews
992,
elon
equelle
lle enverraitun
ertain
ohannis
qui
avait
nseignéue
a
dialectique
tait n ars ocalis.ibson 979
ignale
n
outre
n
manuscrite
Bruxelles,
ragmentaire,
t un
manuscrit
opié
ur 'éditionncunable.
1
Les
Notae
unelmensesdatant
galement
u début u
1
e
iècle,
ont
ontenues
ans
le ms.
D
=
Durham,
athedral
ibrary
. IV.
29,
f.
2ra-215va;
oirHunt
941-43,
ibson
1979,
42-3.
M.
Fredborg
montré
ue
esnotesur
e
De
nventionetaient
dentiques
u
commentaire
n
primisu'elle
ttribueGuillaumee
Champeaux
voir
redborg
976.
12
Rosier-Catach
003a,
003b
t
à
paraître).
f.
ussi,
our
a sectionur a voxles
passages
es
Glosulae
dités ansRosier 993 t discutésansRosier
003c,
comparer
avec eux e Guillaumee
Champeaux
tudiést
édités
ar
wakuma
003.
13
ette ypothèse'impliqueas quetous esmaîtresésignésarces nitialesoientla mêmeersonne.n sait n effetuesous hacuneecelles-cie cachentesmaîtres
différents,
ommen attesten
particulier
e ms.Orléans
66
voir
neepkens
993,
4-
5)
aussi ien
ue
es
Notae
unelmenses.es mentions
u'Abélard
ait maître
./W./G.,
sont
eprises
t
discutéesans wakuma999 t wakuma
003,
partir
es tudes
nté-
rieuresur e
sujet.
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6/170
178
IRENE
RO
IER- AT
CH
à
Guillaume de
Champeaux (ou
à
W./V.)
dans d'autres textes ontem-
porains
(le
Tractatus
losarum
risciani t les
Notae
Dunelmenses
ssentielle-
ment),
nous
avons
proposé l'hypothèse ue
Guillaume
de
Champeaux
était associé
à la
seconde
énération
es Glosulae.
n
plus
de ces
parallè-
les,
on notera
que
le ms.
de
l'Arsenal
A,
qui préserve
une des versions
des
Glosulae ur Priscien
mineur,
e trouva à Saint-
ictor,
où
enseigna
Guillaume e
Champeaux,
t
qu'on peuty
lireune mention e
iWillelmusm,
à la
première ersonne,
n un endroit ù l'autre versiondu même
com-
mentaire ubstitue
Fulcovel
Herberte'15.
uoiqu'il
en soit de ces difficiles
questionsd'attribution16,ous verrons ue les développements 'Abélard,
ses
prises
de
positions hangeantes
ur la
prédication,
vec les théories
dites de l'identité
t
de
l'inhérence,
ont
éclairées d'un
jour
nouveau si
on les confronte vec les Glosulaen Priscianum.
1. Problèmese transmission
e texte
ans
es
Glosulae
in
Priscianum
R.W. Hunt
puis
L.M. de
Rijk
ont attiré 'attention ur les
développe-
ments
mportants ue
l'on
pouvait
lire
dans les
Glosulae t
textes
ppa-
rentés ur le verbesubstantif,t sur leur influence ur les grammairiens
et les
logicienspostérieurs.
n sait
que
des listes
d'opinions
ur le
verbe
substantif
ccompagnent
d'ailleurs ces
textes,
pinions parfois
ndiquées
par
les initiales de ceux
qui
les
professent
Lanfrancus,
Garmundus,
Durandus de
Anglia
etc.),
et
qu'il
serait ntéressant
e
pouvoir
dentifier17.
14
Voir
redborg
988,
.
6.
15nstit.d XVII, 10,ms.A,f. 135ra:Quandoenim udio Willeime'ntelligox
naturaocativiveni' el audi' el
lliquid
uiusmodi.
; ß,
f.9rb
«
Quando
nim udio
'Fulco
elHerberte'
llud
ntelligo
Fulco eni'
el
audi'.
lb
La
possibilitéue
Guillaumeoit uteur es Glosulaeemble
écarter,
ar a
pre-
mière ersionst
rop
ncienne.
ucune
ypothèse
éfinitive
ur
'auteur
ou
es
uteurs)
de ce commentaire
'a
été
proposée.
oir esdiscussionse Mews
992
cf.
upra
n.
10),
Fredborg
988,
eilly
993,
ol.
1, 22-6,
osier
003a.
ur
Guillaume
e
Champeaux,
logicien,
hétoricient
grammairien,
oir
olivet
991,
t
à
présent
'articlee C.
Mews,
en
préparation
Mews,
paraître),ui
fait ne utile t
complète
ynthèse
es
travaux
concernantet uteur. uillaumest
probablement
é dans es années 060
1070?)
t
mort n
1122.
17
eux istesont ditées
ar
Hunt
941-43,
'une e trouvantla fin u
ms.
C
des
Glosulae,. 86v éd. bid.,1-2),'autre ans esNotaeunelmensesI (éd. bid.,5-6). ne
troisième
iste,
ignalée
ar
M.
Fredborg,
e trouvela fin u
ms.
M
desGlosulaef.
1
Ova-
vb,
vec
n
partie
esmêmes
pinions.
ertaines
pinions
e
trouvent
ans a
section
1]
des Glosulae
ue
nous
ditons
n
annexe. es istesont
eprises
la
génération
uivante
par
Guillaumee
Conches,
uis
ierre élie
voirnfra
n.
29).
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
7/170
ABÉLARDT LES
GRAMMAIRIENS
179
Avant toute
chose,
il
importe
d'éclaircir
a
situation
ompliquéeque
présente
a traditionmanuscrite es Glosulaece
qui
montrera ien
l'impor-
tance des
remaniements uccessifs ubis
par
le texte
original.
Le
long
extrait es Glosulae
adis
édité
par
R.W.
Hunt
comme un
passage
unique,
à
partir
du
ms. de Chartres
C)18 correspond
n fait
à
l'amalgame
de
deux
passages
[1]
et
[2]
distincts
ans
les
premiers
manuscrits,
et M.
Le
passage
[1]
19
se trouvait
riginellement
ans
le
chapitre
ur le
verbe,
juste
avant nstit.
III, 38,
le
chapitre
ur e
temps.
Le
passage
[2]
20
était
situé,
dans
Ķ
M,
mais aussi dans
V,
dans
le
chapitre
ur le
pronom,
et
a été accolé à [1] par C. Nous n'avons donc pas originellementn texte
continu
comportant
1]
+
[2],
comme le donne à
penser
'extrait e
C
édité
par
R.W. Hunt et
[2]
ne constitue
as
exactement ne
extrapo-
lation de
C
par rapport
u manuscrit
lus
ancien
Ķ
comme le
proposait
L.M.
de
Rijk,
qui
a
repris
une
partie
du même
passage
à
partir
du
ms.
K2'
mais le
déplacement
'un
passage
contenu ailleurs22.
i
on lit atten-
tivementes deux
passages,
on voit
que
[1],
dans le
chapitre
ur e
verbe,
présente
une série
d'opinions
sur le verbe
substantif,
t
que
la
dernière
(numérotéeA§6
dans notre
édition)
est donnée comme
l'opinion
soute-
nue par « la plupart (jblerique)de faitc'est elle qui va êtredéveloppée
dans le
chapitre
ur e
pronom
en [2],
à
partir
de
C§2),
ce
qui
a
poussé
le
rédacteur
e C a accoler ce
passage
au
précédent,
ans le
chapitre
ur
le verbe
après
nstit.
III,
37).
La
présence
d'un
développement
ur le verbe
substantif,
savoir
[2],
dans le
chapitre
ur le
pronom
des Institutiones
s'explique
aisément.
En
Instit.
III,
19,
Priscien
'intéressait
la
personne
t la
catégorie
des ter-
mes construits vec les
verbes,
opposant
ceux
de
première
t deuxième
personnes, ui requièrent
n
pronom,
la
troisième,
ui requiert
n
nom,
sauf s'il s'agitd'effectuerne désignation. n XIII, 20, il aborde ensuite
le
cas,
fort
différent,
es verbes substantifs
t
vocatifs,
ui peuvent
se
construire vec des
noms au nominatif la
première
et seconde
per-
sonne,
en
raison de leur
«
valeur démonstrative23. Pour
expliquer
cette
18
Hunt
941-43,
25:
9-226:21.
19
Correspondant
l'édition
unt,
25 9-226 21.
20
Correspondant
l'édition
unt,
26
22-228
7.
21De Rijk, 962-67,ol. I/ ,102-4.
22
Cf.
Fredborg
977, 3,
n. 5.
23
nstit.
III,20,
GLK
II,
p.
13 7-1
«
Substantivisutemtvocativisolisdeo
diun-
guntur
erbist
primae
t secundae
ersonae
ominativi
ominum,
uod
videntur
psa
haec erba im emonstratīvam
abere. stenduntnim
ubstantiam
psarumersonarum
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
8/170
180 IRENE
ROSIER-CATACH
particularité,
e
glosateur
éfinites
propriétés aractéristiques
es
parties
du discours. l
donne d'abord celle du
nom,
puis
celle du verbe substan-
tif,
t insère à ce
propos
un
long développement
ur les verbes
substan-
tifs t vocatifs.
Reprenons
en
détail,
car la
situation st
plus complexe.
Nous avons
divisé e contenudu
passage
sur le verbe
substantif,
ue
nous
éditons n
annexe,
en différents
locs,
dentifiés
ar
des lettres
(A)-(F),
pour
mieux
faire
apparaître
es variations.
Nous résumonscette situation n
deux
tableaux,
que
nous aillons nsuitecommenter.
Sections
A) (B)
(C) (D1)
j
D2) (E) (F)
_Q]
P]
ĶM,V
avant
III,
38 ad
XIII,
20
apr.
B)
apr.
C)
apr.
D1)
apr.
E)
C avant
III,
38
[-]
apr.
A)
apr.
G)
Folios
anquants
our
XIII,
20
F
[-]
ad
XIII,
20
[-]
apr.
B)
apr.
E)
I la avant III,38 [-] apr.A) apr. C)
Ib ad
XIII,
20
apr.
B)
apr.
C)
apr.
D1)
apr.
E)
Instit.vant
III,
38
Instit.
III,
20
ĶM,V
~
(A) (B)
+
(C)
+
(D1)
+
(E)
+
(F)
C
(A)
+
(C)
+
(D2)
Folios
anquants
F
H (B)
+
(E)
+
(F)
/ (A)+ (C) + (D2)= la (B)+ (C) + (D1) (E) + (F)= Ib
Tous les manuscrits
sauf
F,
nous
y
reviendrons)
omportent 1]
=
(A),
dans le
chapitre
ur e
verbe,
vant
VIII,
38. Mais la
place
et
le contenu
de
[2]
est
variable selon les manuscrits.
ans
Ķ
M
et
V,
es
sections
B-
F)
de
[2]
se trouvent ans le
chapitre
ur le
pronom,
en
XIII,
20.
Par
contre,
C
accole
[2]
à
[1]
dans la
section sur le
verbe,
mais
avec des
modifications. 'une
part,
C
omet la section
nitialede ce
long
passage,
à
savoir
B), qui
constituaita
glose
nitiale ur
XIII, 20, laquelle
n'a
natu-
vel
nominationem,
n
qua
similiterubstantia
emonstratur,
ec
gent ronominibus,
uae
demonstrationem
ubstantiae
ignificant.
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
9/170
ABÉLARDT LES GRAMMAIRIENS 181
Tellement
lus
de raisond'être u milieud'un
développementui
se trouve
maintenant ans le
chapitre
ur le verbe. D'autre
part,
C raccourcit a
fin
de
la
section
2]
telle
qu'elle
figurait
ans le
chapitre
ur le
pronom
dans
Ķ
M
et
V,
puisqu'il
substitue
(D1)
une sectionde
quelques
lignes
(D2).
Cette section
2]
s'arrête
à
dans
C,
puisque
nous ne trouvons
as
la
sectionfinale
E-F),
qui poursuivait,
ans
Ķ
M
et V,
la
comparaison
entre erbes ubstantifst vocatifs
éjà
commencée n
(D).
Malheureusement,
la
seule
copie
conservéeen microfiches u ms.
C,
aujourd'hui
disparu,
ne
possède pas
les folios
orrespondant
ux Institutiones
III,
20,
et
il
n'est
donc pas possiblede savoir ce que C avait en cet endroit.Nous pouvons
penser
à
deux
hypothèses,a)
Soit C
a
déplacé
le bloc
[2](C-D2)
dans le
chapitre
du
verbe,
en laissantune
partie
du
développement
ur
le verbe
substantif,
eut-être
eulement a dernière
partie
E-F),
dans le
chapitre
sur e
pronom, b)
Soit
il
a
recopié
e bloc
[2](C-D2)
dans le
chapitre
ur
le
verbe,
outen laissant
a
section
2]=(B-F)
dans
son
entier ans le cha-
pitre
sur le
pronom
où elle était
originellement.
L'édition
ncunable et le ms.
F
peuvent
nous aider à réfléchirur ces
deux
hypothèses.
n
effet,
'incunable
présente
e
passage
sur le verbe
substantifn deux endroits une premièrefois la) dans le chapitre ur
le
verbe,
n suivant e
rattachementu bloc
[2](C-D2)
au
précédent,
péré
par
C,
avec exactement es mêmes
modifications
ar rapport
ux
premiè-
res
versionsdes Glosulae ommissionde
(B),
substitution
e
(D2)
à
(D1)
une seconde fois
Ib)
dans le
chapitre
ur le
pronom
or en cet
endroit,
nous
trouvons 'ensemble
omplet
B-F),
tel
qu'il
était
originellement
ans
K
et
M,
et tel
qu'il
se trouve
ncore dans V.
En
outre,
a et
/¿,
pour
la
section
C)
qu'ils
ont
en
commun,
n'ont
pas
les mêmes
leçons
la
suit
manifestement
,
et Ib est
proche
de
M-V,
et souvent
davantage
de V
que de M (voir 'apparat). Si l'on considère e regroupementes passa-
ges,
la
situation e doublet
que présente
'incunable fait
plutôtpencher
en faveurde
l'hypothèse b).
Mais si l'on
considère es
leçons
différentes
retenuesdans
la
et dans
Ib
on a deux
possibilités
soit l'incunable sui-
vait es
manuscritses
plus
anciens
qui
donnaient a section
B-F)
dans le
chapitre
ur
le
pronom,
et
a
simplement
opié
C
pour
la section
dépla-
cée dans le
chapitre
ur
le
verbe
-
ce
qui
ne nous dit rien sur ce
que
C
avait
gardé
dans le
chapitre
ur le
pronom
soit l'incunable a suivi es
manuscrits nciens
dans
le
chapitre
ur le
pronom,
et non
pas
C,
parce
que
C n'avait
plus
en cet endroit es
développements
ur le verbe sub-
stantif n leur
totalité u
fait
qu'il
les avait
déplacés
dans le
chapitre
ur
le
verbe,
ce
qui
nous donne
l'hypothèsea). Quoiqu'il
en
soit,
e fait
que
l'incunable ait ici et
passim
uivi
plusieurs
manuscrits
u un manuscrit
contaminé end
l'interprétation
e son
témoignage roblématique.
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
10/170
182
IRENEROSIER-GATAGH
Une indication
upplémentaire
ur ces remaniements ous est
fournie
par
le ms. F. En
effet,
(f.
3
vb)
omet tout
simplement
'excursus
A)
sur es différentes
pinions
données à
propos
du verbe
substantif,
nchaî-
nant directement
a fin
du
passage
VIII,
37
sur le
passage
VIII,
38 : De
tempore.
ar
ailleurs,
dans le
chapitre
ur le
pronom,
l
donne
la
glose
initiale ur
XIII,
20
=
[2](B),
mais la fait uivredirectement
es sections
(E-F),
en modifiant t
abrégeant
e texte.
F
omet donc en fait 'ensem-
ble de la section
regroupéepar
C,
à savoir
A)
+
(C-D),
ce
qui
incite
à
penser qu'il
a travaillé
partir
de C.
En
outre,
a
présence
de
la
glose
sur XIII, 20 suivie mmédiatementar la section E) peut fairepenser
que
C
avait
déplacé
la
section
C-D)
du
chapitre
ur le
pronom
dans le
chapitre
du
verbe,
sans
la
laisserdans le
chapitre
du
pronom,
où
il
avait
gardé simplement
B)
-I-
E-F)
ce
qui correspond
notre
hypothèse a).
Ceci
expliquerait
ussi
que
I
(=Ib)
ait
recopié
ces sections ur es manus-
crits es
plus
anciens,
qui
l'avaientdans
le
chapitre
ur e
pronom,
t non
sur
C,
qui
l'avait
déplacée.
2.
La
definition
u verbe
ubstantif
2.1.
Les
propriétés
ssentiellesu verbe
ubstantif
ehn es Glosulae etAbélard
Les Glosulae
'interrogent,
ans leur commentaire ur le
chapitre
consa-
cré
au
verbe
des
Institutions,
ur la manière dont
la
définition u verbe
pourrait
convenir u verbe
substantif,
ui
ne semble
pas signifier
ne
actionet une
passion
définie,
omme es autres erbes
cf.
exte
n
annexe
[1]=(A)).
Après
avoir
mentionné
lusieurs pinions
ce
sujet
A§2-5),
u'il
serait ntéressant e
pouvoir
dentifier,
lles
rapportent,
la fin
de cette
section,une positionsoutenuepar un grand nombre de grammairiens
( plerìque,
qui
leur
semble
pertinente
A§6).
Celle-ci
va
être
reprise
dans
le
chapitre
sur le
pronom
[2]
C§2),
ce
qui
a certainement onstitué a
raison
pour laquelle
le ms.
C l'a
accolée au dernier
aragraphe
de la sec-
tion
[1]
dans le
chapitre
ur e verbe. Une foisétablie a
signification
u
verbe
substantif,
'auteur va décrire es fonctions
u'il peut occuper
et
détailler
es
différentesonstructions
C§3
sq.).
Selon la
position
etenue,
e
verbe
esť
possède
une double
nature,
ue
dénote son
appellation
même de
«
verbumubstantivum:
une nature ou
propriété ui vientde ce qu'il est verbumune autrequi vientde ce qu'il
est substantivum.
(a)
En
tant
que
verbe
il
signifie
'action et
la
passion
comme
inhéren-
tes
opinionqui
est décrite omme
«
rare
).
'Esť
est dit
signifier
'action,
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
11/170
ABELARDT LES GRAMMAIRIENS 183
au sens où
il
signifie
outes
es
actions
qui peuvent
être
signifiées ar
les
autres
verbes,
a
lecture,
a course etc. en tant
qu'elles
sontdans des
sujets
(A§6,
C§2, C§324).
(b)
En
tant
que
substantifs
l
signifie
toutes es choses
en leur
essence,
c'est-à-dire
n tant
qu'elles
existent ou
«
toutes es dix essences
en tant
qu'elles
existent
(ibid.).
Une
conséquence mportante
e cette
conception
st
que
le verbe sub-
stantif st considéré comme
équivoque,
et ce à double titre,
a)
Tout
d'abord,
en tant
que
verbe
il
signifie quivoquement
outes es actions et
passions qui peuventêtre signifiées ar les verbes (b) ensuite, n tant
que
substantif,
l
signifie quivoquement
outes es
essences,
outes es
cho-
ses en tant
qu'elles
existent, ubstances,
ualités
etc.,
cette seconde
équi-
vocité
étant
evée dans le cas où
il
est utilisé n tertiumdiacens
puisque
la naturede l'attribut st alors manifeste
C§2
et
5)25.
Cette seconde
équi-
vocité
b)
est
analogue
à celle du nom
çens'
qui
renvoie
équivoquement
à toutes es essences
C§2
;
cf.
A§2).
On notera
que
le
glosateur,
nnon-
çant
par anticipation, lus
haut dans le
chapitre,
e
développement ue
l'on trouvedans notre
passage
en
(A),
avait
plutôt
mis 'accent sur
a
pre-
mièreéquivocité a) :
De substantivisutemtvocativiserbisestât
uaestio,uid
nam
ignificent
de
ui-
bus arias
agistrorum
ententiasn
equenti
onemus26.
ufficiatutem
d
praesens
uod
dicimussubstantivumerbum
idest
dd.
M)
non sse icendumnum
erbum,
ed
multa,
um
on nam t
eandemctionemnesse
ignificet
est nim
equivocum
sedmultast varias ctiones
K
f.
28rb,
M f.5
va)
Il
est ntéressant e
remarquer ue
cettedouble
équivocité, ue
l'on ren-
contre ci dans
la
première
ersion es Glosulaeest ensuite
ignalée
omme
une
opinion
soutenue
par Magister
W27,
e
qui
confirme
ue
l'on met
sous le nom de Guillaume de Champeauxdes thèses u'il a certainement
24
Voir
nfra
.
62
et 63.
25
Voir ussi ententia
,
une
opinionapportée
ans e Tractatus
losarum
risciani
ms.
F),
cit.
arFredborg
977,
7
21-6.
our
'équivocité
u
premierype
actions
t
pas-
sions),
oir
otae
unelmenses
I,
ms.
D,
f.
35r, remièrepinion
itée.
26
Comme'avait otéR. Hunt
1941-43,
96,
n.
2),
cettemention
e trouveans
(f. 9ra),
ui pourtant
laissé e côté oute
passage
la
fin
e
VIII,
37,
ce
qui
mon-
tre
ue
c'est ien neversion
brégée.
27
ententia
rapportée
ans
V,
d.
Fredborg977,
7 3-8 «Vel secundum
agistrůmW. sum' equivocumst d omnesctionestpassionestad omnesssentias.tquex
eo,
quod
verbum
st,
olum
abet
opulare
ctionemel
passionem,
icut etera
erba
solumuas ctionest
passiones
opulant
ebus
ubiectis,
t
legit'opulat
ectionem
olum.
Ex
eo
vero,
uod
erbumubstantivum
st,
opulat
ssentiam
ssentiarum,
tpote
Socrates
est nimal'.
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
12/170
184
IRENEROSIER-GATACH
professées
t contribué
populariser,
ans
qu'il
en soit
nécessairement
l'auteur28. a double
signification
u verbe substantif
e voit
parfois xpli-
quée
de manière
génétique
les verbes
ont d'abord été
inventés
pour
signifier
es actions et les
passions
comme
adjacentes,
et l'on a ensuite
jugé
nécessaire
d'inventer n vocabulum
opulatwumui puisse signifier,
t
donc
coupler,
toutes
es essences en tant
qu'essences29.
ertains
en ont
tiré
argument our assigner
u
verbe
substantif n autre
type d'équivo-
cité,
venantde sa double
signification,
es actionset
passions
d'une
part,
des essences
d'autre
part.
Selon le
témoignage
es
Notae
unelmensesmaî-
treG. aurait ejeté e type 'équivocité,n arguant ue les deuxsignifications
sont
hiérarchisées,
n tant
que significationrincipale
t
signification
cci-
dentelle
ou secondaire
respectivement30,
ne distinction
mportante u'il
utilise n d'autres occasions31.
Les deux
significations
u
«
natures du verbe
'être' éfinissent eux
fonctions.
a natureverbale
a)
lui confère
ne valeur de
couplage
C§3),
sa nature de substantif
b)
le rend
apte
à
coupler
es
essences,
rendre
«
cohérentes celle
que signifie
e
sujet
et celle
que signifie
e
prédicat
(C§4
: nam x hoc
quod
omnes
es n essentia
ignificai,
ptum
st
d hocut
quas-
libet es ibi coherentesopulareossit). es fonctions e réalisent iversement
selon ses différents
ontextes
'emploi.
Dans ces
textes,
es
grammairiens
distinguent
ien
entred'un côté
la
significatio,
atura
proprietas
u
verbe,
et
d'un autre
côté la fonction xercée dans
une construction
officium).
e
termevisest souvent
quivalent
ux
premières,
omme dans
l'importante
28
Pour 'autres
xemples,
oirRosier-Catach
003a.
29
Notae
unelmenses
I,
cité
ar
Hunt
941-43,
28-9
septièmepinion
itée)
Guillaume
de
Conches,
losaen
Priscianum,
s.
aris,
nF at.
15130,
.
27va
cf.
ierre
élie,
umma
superriscianuméd.Reilly,97 77-19882) « (1)Dicuntamenuidam uodhocverbo
in
prima
nventione
ignificaverunt
ctionem
uamdam,
alem
sum'
dest
inter
es ocum
obtineo'seddeinde ranslatum
st d substantiam
ignificandam.rgo
naturaliter,
dest
ex
prima
nventione
ignificat
ctionem,
ed ex translationeubstantiam.ndedicit
Priscianusomne erbum
aturaliterst n actione el
n
passione.
2)
Alii
dicunt
uod
'sum'
ignificat
mnia,
rgo
t
actionem.
3)
Et dicunt
uod
sum'
ignificat
ctionemt
passionem,
ednon
er
e
mmo
x adiuncto
articipii,
t sum
egens',
ie
ignificat
ctio-
nem,
sum
ectus',
ie
ignificatassionem.
4)
Alii icunt
uod
sum'
ignificat
ctionem
idest
nherentiam
redicati
t
ubiecti,
bi st ertiumdiacenst Socratesst omo'..
».
30
Notae
unelmenses
D,
f. bisva
«
Cum
utem
curritur'cursusit'
ntelligitur,ignificatio
est busiva t ex accidentii data.Undenec
propter
anc
ignificationemequivocum
iudicatur,
icet iversait b
alia,
umnon x
principali
am nventioneabeat edex
accidentitc. adem nim atio st uaM.G.vult efendereubstantivumbaequivoca-
tione,
uod principaliterignificat
ctionem
t
nhaerentem
tc.et
postea
uxta anc
sig/9bisvb/nificationem
x
accidenti
ignificat
ubstantiamnde
ppellatur
ubstantivum
verbum,
t est ubstantivumerbum
uasi pecies
erbi tc.
31
VoirRosier-Catach
003a.
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
13/170
ABÉLARD
T LES GRAMMAIRIENS
185
affirmationuivante
«
secundumim
erbi est> habet
opulare(C§3),
mais
il
est
parfois
tilisé omme
synonyme
officium32,
e double
usage
rendant
parfois
'exposé imprécis.
l
y
a
en tout cas une
relationtrès
explicite
entre
a
nature
t la fonction.
n
retrouvera
ette dée chez
Abélard,
qui
va
également
ier les
propriétés ntrinsèques épendant
de
l'imposition
(
mpositioinventio)
la fonction
ue
le
terme
occupe
dans une
proposition
(officium).
e même
que, pour
les
Glosulaeles
propriétés
ntrinsèques
u
terme
peuvent
e maintenir l'état
atent,
ans nécessairement
ntervenir
dans
une
construction
onnée
(c'est
le
cas,
comme
nous le
verrons,
e
la vis verbi ans les constructionsù le verbe estest suivi d'un attribut),
de
même,
pour
Abélard,
'institution éfinit ne
aptitude,par exemple
l'aptitude
«
coupler
,
qui
n'est
pas
nécessairement n acte dans une
construction
onnée33.
Abélard mentionne
'opinion
de ceux
qui
«
suivent
Priscien
(< uidam
Priscianodhaerntes
,
et accordent u verbe substantif ne
double
valeur,
verbale et
substantive,
n des termes xactement
dentiques
ceux
des
Glosulae
et, d'ailleurs,
dans
la Dialécticaavec la formule
u'il
utilise
fré-
quemment our renvoyer l'enseignement
e son maître
«
memini. . »34.
Il garde l'idée d'une double valeurpour le verbe substantif,ne valeur
substantive t une valeur
verbale,
mais avec des modifications
mportan-
tes
pour
la
seconde.
l
accepte
donc
la vis ubstantivies
grammairiens
b),
selon
aquelle
e verbe être
a
été
mposé
toutes
es
choses n
tant
u'essen-
ces35,
mais
rejette
vec virulence a
vis
verbi elle
que
la définissentes
32
Gbsulae,
nnexe
C§4)
«... sed aliud est>
agere
e vocibus
er
e
consideratis,
aliud e eisdemd
vim
tofficium
uod
habent
n
oratione
osite
elatis.
L'usage
médié-
valde cestermesstmarquéar epassage es nstitutionesI, 19 GLK I, 55 20-21)
«
Non nim
eclinado,
edvis t
ignificationiuscuiusqueartis
st
ontemplanda
,
pas-
sage
ur
equel
e commentairees
Glosulae'est
as
très
iche cet ndroit.urd'autres
contextes
ertinentsuant
cette
otion,
'histoireestermes
fficium
t
visainsi
ue
es
commentaireses
Glosaee Guillaumee Conchest de
la Summa
e
Pierre
élie,
oir
Fredborg973b,
2-7.
33
Dial.
,
1
9
25-6
«
Quod taque
ixit
erbum
emper
ssenotam orum
ue
de
altero
redicantur,
mne erbum onstravitabere fficium
opulandi
redicatum
ub-
iecto ec llud
emper
d
temporum,
mmo d verborum
omprehensionem
eferendum
est.Potestnim
erbum
er
e
proferri
ec
aliquid opularesemper
arnenecundum
inventionem
uam
opulativum
st.
34
Dial. , 133 5-7, iténfra
n. 66
Sup. er.,
46
13-24.35Dial. , 1 1 4-9 «... ut est' uod ubstantivumerbumicitur,o videlicetuod
omnibusecundumssentiam
uam it
mpositum,
on ecundum
licuiusdiacentiam.
Unde tiam
uaslibet
erumssentias
que
ecundumnherentiam
opulare
otest,uod
etiam e
nuncupativo
oncedunt.icut nimsum etrus'
icimus,
taetiam
ego
nuncu-
por
Petrus'
roferimus.
.. ».
Sup.
er.
47
32-7
cité
nfra
.
37).
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
14/170
186 IRENE
ROSIER-CATACH
Glosulae
a),
à savoir
que
le
verbe être
ignifierait
outes es actions
et
pas-sions et la
repense
comme une valeur de
couplage
(vis
copulandi
.
Alors
que
dans la Dial,
il
s'était
vivement
pposé
à
Aristote,
efusant
'intégra-
tion de
la
consignification
emporelle
dans la définition
u
verbe36,
l
remetcelle-ci au
premier
plan
dans
Sup.
Per.
et l'associe à la
valeur de
couplage
comme
caractéristique
e tout verbe37. e verbe
substantife
voit
attribuer ne double fonction. a
première
st donc cette valeur
de
couplage
vis opulandi,
qui
lui
permet
e
«
coupler
le
prédicat
u
sujet
nous verronsultérieurementelon
quelles
modalités.
La
seconde est ce
qu'Abélard nomme la valeurpredicativevispraedicandi, qui lui permet
de
«
poser
la
chose
qu'il
prédique
et
qu'il
signifie,
savoir
'existence,
de
même
qu'un
verbe
comme
curriť
couple
et
pose
la
chose
qu'il signifie,
la
course.
Enfin,
Abélard mentionne a thèse de la
double
équivocité,
équivocité
elon
a vis
verbiet selon a vis
ubstantivy
our
a
rejeter.
omme
nous le verrons
l
la
critique
dans la Dial, mais
plus
encore
dans le
Sup.
Per.,
n commentant n
passage
essentiel e
Boèce,
sur
equel
nous revien-
dronsde
façon
approfondie
«
nous voulons
que
le verbe
substantif,
elon
une seule et même
signification,
savoir en tant
qu'il signifie
outes es
choses en leur essence,soitsubstantif,t verbe . . »38.
36
Dialéctica
,
éd. t
, 123,
-5
voir e
Rijk 986,
9-91.
37
Sup.
er.,
47
32-7
«
Ita edam
ens',
um dem
emper
icat
t de
praedicamentis
aequivoce
iciturt
n
eadem
ignificatione
imult substantivumst
t
verbum,
ubstan-
tivum
uidem
n
eo
quodpersonas
uas n
essentiaontinett
non
x adiacenti
ignificai
(ex
ccidentali
ignificatione),
verbumutemn eo
quod
vel
empusignificat
el
opu-
lare
abet,
er uod ropositionemperfectionem
rationis
,
perfectionem
a.c.)
eddit.
Ibid
,
361
21
Sup. op.,
74:
36-7.Une
opinion
ssez
roche
st
itée,
ans
ttribution,
dans esNotaeunelmensesI,ms.D, f.35r, it. arHunt 941-43,5 adVIII, 51,GLK
II,
414
8
sq.):
Alii utem
icunt ocverbumon sse nventumd
significandas
ctio-
nesvel
passiones
t
adiacentes,
ed d
significandasuaslibet
es
n
essentiat substantia
sua,
nde t ubstantivumllud
uncupaverunt,
erbumutem
ppellaverunt
ropteruas-
dam
roprietatesue
olis erbisonveniunt
uas
habet,
t
propter
eclinationem
er
er-
bales
modos,
ropter
istinctionem
ersonarum,ropterignificationem
emporis
ecun-
dum
discretionemerbalium
ocum,
d ultimumdam
propter
im
opulandi,
n
quo
maximeuit ecessarium..
». Le
grammairienejette
a
signification
action t de
pas-
sion n
s'appuyant
ur riscienui-même
«
Nec huic ententiebest
uod
quibusdam
dicituron
posse
ocmodo
sseverbumum
uod
st
principale
erbi
on
habeat,
d
est
ignificationem
ctionisel
passionis.pse
uctor nim
n
sequenti,
d est n
tractatu
de
cognatìoneemporum,xcipiet
communi
ignificatione
eterorumerborumt sub-
stantivatvocativaerba. ndemanifesteemonstratb hac tiam iffinitionexcipienda
esse,
ecundum
uod
ctionist
passionis
entionem
acit t ab omnibusliis
receptis
in
quibus
e
significatone
c>tionist
passionisgitur
tc.
38
Sup.
er.,
47
23-325
t 34-35
«
Volumus
taque
erbumubstantivum
n
eadem
significatione
etentum,
cilicet
uod
mnia
ignificat
n
essentia,
t substantivum
sse,
t
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
15/170
ABÉLARDT LES
GRAMMAIRIENS
187
2.2.
La vis
copulandi
Cette valeur de
couplage,
vis
copulandi
u vis
copulationisdépend
à la fois
d'un
passage
du PeriHermeneias
16b7),
où Aristote éfinite
verbe comme
«
marque
de ce
qui
est
affirmé e l'autre
[terme]) (est emper
orum
uae
de altero
raedicantur
ota
AL
7,
2-3),
et
d'un
autre
passage
sur le verbe
substantif
16b 22-25),
dont
nous montrerons
lus
bas
l'importance.
'est
en discutant e dernier
ue
Boèce introduite verbe
copulareque repren-
dront es Glosulae n en tirant e
néologisme opula
9
dont le mérite
ne
revient onc
pas
à
Abélard,
contrairement
l'opinion
reçue40.
Abélard mentionne es opinionsdivergentesur l'interprétatione la
définition u
verbe,
dont
certaines envoientmanifestement celles des
grammairiens.
ur le
plan chronologique,
l
semble
que
la vis
copulandi
it
été d'abord introduite
ar
les Glosulae ans leurs discussions ur les ver-
bes
substantif
t
vocatif41.
n
effet,
es
développements
ur
la
définition
du verbe
en
général
se concentrent ans un
premier
emps
essentielle-
ment sur les difficultés
osées par
la notion ď inhérencet sur la distinc-
tion des verbes
par rapport
ux noms
dérivés
nominaumpta).
ar
contre,
dans les textesde la seconde
génération
des Glosulae
et
avec des men-
tions
xplicites
maître
W.),
cettevis
opulandi
st
ntégrée
ans la définition
du verbe en
général,
omme une de ses trois
propriétés42.
C'est donc dans les
passages
sur e verbe substantif
ue
s'introduithez
les
grammairiens
ette
valeur de
couplage,
même si
l'expression
is
copu-
landi
n'y
apparaît pas
encore. Elle est clairement iée
à la
valeur
ver-
bale
(secundum
im erbi abet
opulareC§3)).
Et elle intervient un double
titre,
uisque,
en raison de sa
double
signification,
e
verbe
'être*
eut
verbum,
t dem
emper
otāri
n
pso
.. et
n
eadem
ignificatone
imul t substanti-
vum st tverbum. Voir
nfrapar.
.2.
39
Voir
nfrapar.3,
et es
passages
ités ote 0.
40
Cf.Kahn
1972,
42,
Kretzmann
982,
92,
n.
18,
Kahn
1986,
(Abelard
is the
inventorrat east he odifier
f
he lassical
heory
f he
opula»),
uchelmans
992,
14-6,
tc. ur 'absencee a notion e
copule
hez
Aristote,
oir e
Rijk
002,
2
sq
247.
Sur e rôle 'Ammoniusans 'élaboratione cette
otion,
oir
bid
,
235.
l est
noter
cf.
bid.,
37)
ue
e terme
opula
st ffectivementtiliséans
a
Dialécticae Garlandus
Compotista
éd.
De
Rijk,
7 31-59
37).
Mais
a
datationt 'attribution
e
'ouvrage
nt
étéremisn cause
ar
Y. Iwakuma
1992, 7-54),
t unedatation
lus
ardive
été
pro-
posée, ostérieure
ux
écrits e
logique
Abélard
cf. nfra).41Unautre ontextest elui uparticipe,eproblèmetant e savoir e qui e dis-
tingue
u
verbe,
lors
u'il
en commun
a
signification
e l'inhérence'un
ccident.
Des
positionspposées
ont éfendues
ar
maître
.,
qui
suit
'opinion
es Glosulae
et
maître . voirRosier-Catach
003a.
42
VoirRosier-Catach
003a.
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
16/170
188
IRENEROSIER-GATAGH
réaliser
la
fois
e
couplage
de l'action et de
la
passion (ex
hoc
quod
st
verbum,
opulare
i actionemoncedamus
ibid.),
t le
couplage
de toutes es
essences
en tant
qu'essences
(cf. passage
cit.
supra),
insi
que l'explique
bien maître
G.43.C'est donc
par
croisement 'une
propriété
énérale
vec
ces deux
significations,ue
cettedouble
aptitude
u
couplage
va êtreren-
due
possible,
bien
que,
nous le
verrons,
lle ne soit
pas toujours
ctuali-
sée.
On
comprend
insi,
d'une
part
que
la vis
copulandi
a être
dégagée
comme
propriétégénérale
du verbe et
intégrée
sa
définition,
t ainsi
dissociée
de la
signification
'actionet de
passion,
d'autre
part qu'Abélard,
une foisqu'il a ôté de la vis verbi ettesignification'action et de pas-
sion,
va identifier
ette vis
copulandi
la vis verbi.
Avec
la seconde
génération
es Glosulae
t textes
pparentés,
a
vis
opu-
landi st en
effet
apatriée
dans la définition u
verbe en
général,
t lui
est
assignée
comme
une troisième
ropriété,
côté de la
signification
e
l'action
et de la
passion
en tant
qu'inhérentes,
t de
la
signification
e
la
personne
n
laquelle
inhère 'action et
la
passion.
On trouve
plusieurs
témoins e cette
ntégration
e la vis
opulandi
ans
la définition u
verbe,
que
ce
soit dans le ms.
C des Glosulae ur
Priscien
majeur44,
ans les
Glosulaeur Priscienmineur45,ans lesNotae unelmenses6, t cette dée est
nommément
ttribuée
Magister
W. dans
une
extrapolation
es Glosulae
contenue dans
le ms. V
47. Cette vis
copulandiprésente
dans les
verbes à
43
Maître ,
ms.
O,
p.
386b,
d.
Kneepkens
978, 20,
n. 36: «Verba ub-
stantivaxhoc
uod
unt erba abent
opulare,
t xhoc
uod
unt
ubstantiva,
ignificant
res uas
n
essentia.
t
propter
oc duo habent
nam ssentiam
lii
copulare.
x hoc
autem
uod
unam ssentiam
dii
opulant,
abent unc
ensum
uod
dicunt
'Ista es st
ilia'.
44LepassageetrouveansC f.34ra t dans 'incunableilest bsent esms.Ķ M
et V.
45
Ms.
A,
f. 137ra
ad
XVII,
17),
it. ansRosier
003a,
.
24.
46
Notae
unelmenses
,
ms.
D
ad
VIII, 1,
f.
34vb,
it. ansRosier
003a,
.
24.
47
ententia
,
extrapolation
es
Glosulae
V,
f.
42rb-43va,
d.
par
Fredborg
977,
5 3-
37
14
«
M
haec ententia
omne erbum
rincipaliter
ctionem
ignificat
vel
passionem
ecundum
uod
nhaeret,
on
ecundum
uod
nhaeretecundum
unc
modum
Est t alior erborummnium
ecundaria
ignificatiouod
cilicet
ersonam
significet
ecundum
uod
ctio el
passio
nest
lli,
i Habet utem erbum
t tertiam
significations
non
x hoc
quod
st
erbum,
uia
llud mne erbumonhabet secun-
dum
uam ompositum
abetntellectumut
lego'
antumalet ecundum
riscianum
XVII,
17,
GLK
III, 118) uantumego ego'
nec
liquo
modo ddendumst
ego'
nisi ausa
discretionis.uod ero ristotelesnCategoriiscf. a10-1),incomplexanon> ignificant
verumelfalsumt
homo,
album>, urriť,
ntelligendum
stde currit'
ecundumoc
quod
st
verbum,
on ecundum
oc
quod
ale erbumst.
Hanc utem
ignificationem
habent mnia
mpersonalia
t
quaedam
im]
ersonalia
t
legitur'.
nfinitivus
llud
on
habet.
ecdico mnia uiusmodierum
alsumve
ignificare,
ed
ompositum
ntellectum,
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
17/170
ABELARD
T LES
GRAMMAIRIENS
189
l'indicatif,sttoujours ssociée à l'idée que le
verbe
produit
une intellec-
tion
composée
{compositum
ntellectum).
e
passage
de Priscien ur la com-
plétude
des verbes de
premièrepersonne
XVII,
17)
fournit
e contexte
de la
discussion,
uisqu'effectivement
lego'
résente
lui seul l'intellection
d'une
proposition
ntière. 'est en
renvoyant
ce même
passagequ'Abélard
critique
ette
conception48,
t cette
critique oue
un rôle
important
ans
l'élaboration
de sa théoriedu dictum
roposition:
s49. e
parallèle
confirme
bien
la
relation ntre
a
seconde
génération
es
Glosulae t Guillaume de
Champeaux,
et met à nouveau en évidence 'influence
ue
ces textes
nt
eu sur Abélard. Or cette discussion ntervient,hez Abélard,à propos
d'un
passage
du PeriHermeneias
qui, par
l'intermédiaire es commentai-
res de
Boèce,
s'avère
ouer
un rôle
capital
dans les discussions ur
le
verbe
substantif,
t dans l'élaborationde deux théories e
la
prédication,
que
nous étudierons ltérieurement.
3.
Porphyre
t
Boèce ur
e
verbe
ubstantif
3.1. Les
difficultés
e Peri Hermeneias
16b20-25
La
traduction
de
Boèce du
passage
sur le verbe
substantif,
ue
nous
reproduisons
i-dessous elle
que
nous le lisonsdans l'édition
ritique,
st
en fait
usceptible, our
la
clause en
italique
x),
de deux
lectures,
elon
qu'on comprend
1)
qu'il
s'agit
à des verbes esse' t 'non sse
{être
t
n'être
pas
ne sont
pas signes
d'une
chose),
comme
l'éditeur,
ou
(2)
que
l'on
considère
ue
le
verbe,
ujet
de la
phrase
w),
'est
encore
dans
(x), 'exposé
sur le verbe substantif e
commençant
ue
dans la clause suivante
y)50
ut
legere
aleo',
rgo
***>
egere
on arnenerum el
falsum,
.e. nec fuit oc ex
prima ositione
nditum
erbo,
ed x usuhominum
ostea.
48
Sup.
er
,
357-9.
49
Sup.
er.,
58:
32
sq.
Voir
acobi
al.
1995,
osier-Catach
à
paraître).
Je
remercie
onathan
arnes t
Barbara
assin 'avoir
ttiré on ttentionur
a
difficultée
ce
passage.
ur
esdifférentes
eçons
ossibles
u texte
rec,
a
position
ete-
nue
par
es commentateurs
recs
Alexandre,
mmonius
ui
retienta
leçon
orrespon-
dant
1
avec a lecture
étalinguistique
e
(x),
Porphyre
ui,
elon
Ammonius,
etient
la
leçon
),
et
par
Boèce,
oir
Wagner
971,
Weidemann
994,
81-7
quiopte
our
a
lecture
orrespondant
(2),
ontre ckrillt a
majorité
esmodernes
ui
choisissent
1))
t
l'extensiveiscussionritiquee De Rijk 002 215-48)tDe Rijk 003 210-227),uidécritn outre e manièreétailléeeschoix t hésitationseBoèce, insi ue e déve-
loppement
e Thomas
'Aquin,ui ustapose
es deux ectures.
l
opte our
2),
d'où a
traduction
«
For t
[i.e.
heverb aken
y
tself]
s not
sign
fthe
hing'si.e.
he
semanticalue
ignifiedy
t]
being
the ase),
r
not
eing
the ase).
heword
be-ing',
if
t s used
arely,
s not uch
sign
ither.
or
by
tselft s
nothing,
ut t
helps
ignify
8/9/2019 Vivarium - Vol Xli, No 2, 2003
18/170
190
IRENE
ROSIER-GAT
CH
(v)
psaquidem
ecundume dicta erba omina
unt,
t
significant
liquid
cons-
titué nim uidicitntellectum,tquiaudit uiescit (w) edsi estvel non st,
nondum
ignificai,
x)Meque
nimesse
signum
st ei el non
sse',
y)
nec i hoc
psum
'est'
est]
nsRe
Jz)purum
ixeris.
z)
psum uidem
ihil
st,
onsignificat
utem
quandam
ompositionem,uam
ine
ompositis
on st
ntelligere
Peň
ermeneias
,
16b20-25,
d.
Minio-Paluello,
L
I/
1-2,
14-19).
La
première
ecture
1)
serait
uelque
chose comme
«
(v)
En
eux-mêmes
et
par
eux-mêmes
es verbes sont des
noms,
et
signifientuelque
chose.
Celui
qui
les
prononce
constitue
ne
intellection,
t
l'esprit
de celui
qui
l'entend se
trouve u
repos,
w)
mais
il
ne
signifie as
encore ce
qui
est
ou n'estpas. (x) Et *êtreou Vêtepas n'est as lesigne 'une hose(y)et pas
non
plus
si 'être' est
prononcé
seul
par
lui-même .
Il
est induit
par
la
typographie
e l'édition
critique, ue
nous avons
reproduite,
ui
d'une
part
insère es
guillemets
utour de
'
esse et
'non
sse'
d'autre
part
ratta-
che le
membre de
phrase
en
italiques
non à
la
clause
qui précède
(w)
(qui
porte
sur
le verbe en
général),
mais
à celle
qui
suit
portant
lle sur
'esť),
formant
insi un bloc
(x-y).
Boèce,
en
un court
passage
introductif
de In
PH2
semble
comprendre
e textede cette
façon,
puisqu'il
e
glose
clairement n disant
ue
«
'être'
qui
est un
verbe,
t n'être
pas'
qui
estun
verbe ndéfini, e sontpas signesd'une chose et donc ne signifientien :
ñeque
nimignum
st rei essevel non
sse,
aie
uiddam
st
'esse',
uod
ver-
bum
st,
el non
sse',
uod
nfinitumerbum
st,
on st
ignum
ei d estnihil
per
e
significat.
esse' nim isi
n
aliqua ompositione
on
onitur
De
Rijk
002,
220,
n. 110
propose
juste
itre e ire 'esse' nim
nihil
ignificat>
isi n
aliqua
compositione
non]
onitur
(In
PH2
76
10-5
je
restituees
guillemets).
(2)
La seconde lecture st
fort
ifférente,
t
implique
à la fois
de
ne
pas
avoir
une lecture
métalinguistique
es verbes
dans
(x)
et donc de ne
pas
mettre es verbes entre
guillemets,
mais aussi de
ponctuer
utrement
e
texte,
n rattachanta
proposition
n
italiques
x)
à celle
qui
la
précède
comme
formant n bloc
(w-x),
ecture
qui
semble
plus plausible
en rai-
son du '¿mm'
u'elle comporte.
Le
sens est alors le suivant
correspon-
dant à une
ponctuation
ifférente
e
celle de
l'édition)
«...
(w)
mais
il
ne
signifie as
encore ce
qui
est ou n'est
pas
;
(x)
il
(=
le
verbe)
ne
signifie
en
effet
as qu'une
chose est ou n'est
pas.
(y)
Et
il
en va de même de
'être9
rononcé par
lui-même
(z)
en lui-même
l
n'est rien .. ». Cette
some ort f
omposition,
hichannot e
thought
f
without
hats
composed
(248).
Nous
envoyons
ces tudes
our
out e
qui
concernea tradition
recque,
ous oncen-
trantci sur
Boèce
t son nfluence.
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19/170
ABÉLARDT LES
GRAMMAIRIENS 191
seconde lecture
correspond
exactement u
découpage
du
passage quedonne Boèce dans son
premier
ommentaire,
t à la
glose
qu'il
en
pro-
pose.
En
effet,
l
glose
d'abord le bloc
(w-x)
In
PHI
,
64
:
13-4),
compre-
nantdonc
que
la
phrase
en
italiques
x)
parle toujours
u verbeen
général,
et
ne sert
qu'à
renforcer e
qui
est dit dans
la
phrase précédente
w),
que
le
verbe
ne
signifie as
l'existence u
la
non existence
Cum nim ico curriť oc
psum
curriť
ignificaiuidemliquid,
ed si est aut
NON
ST
NONDUMIGNIFICAT
NEQUE
NIM
SSE IGNUMSTREIAUT ON SSE.
uod
tantumalet
amquam
i dicam id
quod
dico curriť on
ignificai
sse
psum
ur-
sum utnon sse. i
enim
ignificare^
ta dicereur 'currerest'vel currereon
est'.Nunc utemcurriť ondésignâtsse psam em el non sse.Diciturnim
solumt st ntellectus
uidam,
ed
ñeque
dfirmationem
ignificat
eque
egationem,
idcirco
uod
ñeque onit
em
sse
nec
arn nterimit..
(In
PHI
64
22-65
4).
Puis Boèce
propose
en
un
second bloc
(y-z)
a
suite du texte
«
Nec
si
hoc
ipsum st
purum ixeris. Ipsum
uidem
nihil est
. . .»
(65
:
9-12),
où
il
est
question,
lors et alors
eulementdu verbe
substantifcf. nfra
n.
52).
Dans son
deuxième
ommentaire,
oèce
propose, près
a
justification
e
la
première
ecture
du
passage rapportée
i-dessus,
ne
ustification
e la
seconde,qu'il préfèreIn
PH2
76 :
26-7),
ntroduite
ar
un
'
veV
ui
mar-
que
bien
qu'il s'agit
d'une lecture lternativeil
comprend
lors
x)
comme
appuyant
w),
et comme
parlant
du verbe en
général,
et non
du
verbe
substantif,
la
différence e
la
première
glose
d'abord
proposée
(suite
mmédiateu
passage
ité
lus
haut)
el certe mne erbum
ictum
er
e
significatuidem
liquid,
ed i estvelnon
st,
ondum
ignificat.
on nim um
aliquid
ictum
uerit,
dcirco
ut
esse
ut non sse
ignificat.
tque
oc est
quod
ait
ñeque
nim
ignumst rei essevel non
sse. tenim
uam
em erbumési-
gnât,
sse ius elnon ssenon
st
ignumpsum
erbum,
uod
de illare
dicitur,
ac si sicdiceret
neque
nim
ignum
stverbum
uod
diciturei sse el
non
sse,
hoc stdequadiciture,ut dquoddico ei sse elnon sse ale it, amquamidicam em
psam ignificare
sse elnon sse ..
(In
PH2,
76
15-26).
La lecture
1)
sépare
donc
(v-w)
de
(x-y-z)
aisant ommencer
'exposé
sur
le verbe
substantifn
(x)
la lecture
2)
sépare
(v-w-x),
ui porte
sur
le
verbe,
de
(y-z)
qui porte
sur
'esť. Notons
qu'Abélard
semble choisir
a
seconde
lecture,
ans
s'y
étendre
particulièrement
il
glose
d'abord
(v-w)
(Sup.
Per.,
357
:
16-35),
puis
(x)
en le
comprenant
omme rattaché ce
qui précède
ibid.,
57 : 35-6
«
Vere non
significat
ensum
affirmationis
vel
negationis,
uia
non est
signum
rei esse
vel
non esse.
A
descriptione
significandiuod est signum sse» ; cf. Ed. Sup.Per.,83 : 41-2), et enfin
(y-z) Sup.
Per.,
57 : 36
sq.),
en
prêtant,
ous allons e
voir,
une attention
particulière
(z).
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20/170
192
IRENEROSIER-CATACH
Pour
la tradition
grecque,
se
pose
la difficulté
upplémentaire, uiconcerneen fait es deux
nterprétations,
e la lecturealternative 'un
participeplutôt
que
d'une formeverbale
dans
(y),
et de déterminer 'ils
doivent
tre
pris
comme
autonymes
u non. Les
conséquences
ont
mpor-
tantes,
ur le
plan
doctrinal.
Or
cette
difficulté e
se
présente
pas pour
Boèce,
parce
qu'il
choisit
a
lecture
autonymique
t lit
majoritairement
'est'
le considérant
quivalent
'ens'
par
ex.
In
PH2
78 :
19-20)51.
our
cette
raison,
a
discussion, a,
chez
lui,
se focaliser ur e
verbe esf
pour
déterminer
a manièredont
on
peut
dire
«
qu'il
n'est rien
,
et
si
(et
com-
ment)cette affirmationaut selon qu'il est utilisé seul (purum) u non,
polarisant
insi l'attention ur
la
signification
t
la
(ou les)
valeur(s)
du
verbe est
Cette attention
articulière
a avoir
des
répercussions
ssen-
tielles
ur les
développements
u
xie
et
du
xne
iècles.
3.2.
«
eEsť
n'est ien»
S'interrogeant
ur
'affirmation
'Aristote,
elon
aquelle
«
'est' n'est rien
,
Boèce
explique
que
celui-cine
veut
pas
dire
qu'il
n'a
pas
de
signification
(ce qui
contredirait
a
nature de
verbe),
mais
seulement
u'il
ne
signifie
pas
encore le vrai et le faux
quand
il est utilisé eul
(simpliciter
ictum)52.
Boèce se
pose
ensuite
a
question
de savoir
pourquoi,
selon
Aristote
cf.
(z)),
il ne
constituerait
on intellection
u'en
jonction
avec autre chose.
Pour
répondre,
l
va
passer
en
revue es différents
ypes
'emploi
du verbe
substantif,
n
distinguant
e cas où
il
est
utilisé eul
(1),
de celui où
il
est
utilisé n
composition
vec un
prédicat
2).
Dans In
PHI
,
il
prend
'exem-
ple
d'un
prédicat
substantiel
2.1),
dans
In
PH2
celui d'un
prédicat
non
substantiel
2.2).
Nous avons
ainsi
(1) Homo st In PHI), Socratesst In PH2)
(2.1)
Homo nimal
st
In PHI)
(2.2)
Socrates
hilosophus
st
In PH2)
51
Voir es référencesitées
.
précédentes;
e
Rijk
002,
19
sq.
et
244
sq.
et De
Rijk
003,
15
q.
cf.
espectivement
002, 21,
n.
12
et
2003, 14,
n.
20
pour
esréfé-
rences
Boèce).
e
Rijk
2002,
38-41
2003,
23-6)
montre
galement
ommenthomas
d'Aquin,
râce
sa connaissanceouvelle
ucommentaire
'Ammonius,
eut
u contraire
voir es
mplicationsmportantes
es olutionscette
ifficulté.
52 n PHI 65 17-24«Nec si hoc psumst purumixeris sse liquidutnon sse
significai,
d est utaffirmat
ut
negat,
dcirco
uod psum
st
impliciter
ictum
ihil
est,
non
uod
omnino
ihil
ignificet,
ed
quod
nihil
eque
eritatis
abeat
eque
alsi-
tatis,
d estnon
nihil
st
d
significationem,
edad veritatis
alsitatisqueignificationem,
de
qua
nunc ractabitur.
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21/170
ABÉLARD
T
LES GRAMMAIRIENS
193
Dans son second
commentaire,
l
nous
précise
a
source
de ces distinc-
tions,
savoir
Porphyre, ui
discute
'interprétation
onnée
par
Alexandre
de
ce même
passage.
Dans In
PHI
,
Boèce
explique que lorsque
être*st
«
composé
à un
sujet,
omme
dans homo si
(1),
il
a alors une valeur
existentielle,
u
plus
précisément,
ans les termesde
l'auteur,
«
il
constitue
'être du
sujet
;
lorsqu'il
st utilisé
vec un
prédicat,
l
sert
«
composer
ou
coupler
deux
choses
,
et
l'exemple
donné
4
homo nimal sf
comporte
un
prédicat
ub-
stantiel
2.1).
QEsť
ne
prend
donc sa
valeur,
oit
d'existence,
oitde
couplage
des choses,que lorsqu'ilest actuellementomposé avec, respectivement,
un
sujet
1),
ou un
sujet
et un attribut
2.1),
ce
qui justifie
'affirmation
ď Aristote c'est
toujours uand
il
est
pris
dans
une certaine
omposition
que
est
ignifie uelque
chose53. elevons cet
usage
du verbe
copulareour
indiquer
a
composition
u
conjonction
e
deux
choses
duas
es
opulai tque
componit).
Dans In
PH2
l'analyse
des deux contextes
d'emploi
fait
suite
à une
opposition
entre Alexandre
et
Porphyre, ue
Boèce
rapporte,
uant
à
cette
ffirmation
ue
«
'est' n'est rien . Selon
Alexandre,
esť
ou
4
ens'est
équivoque,puisquetoutes es catégories ontéquivoques,ne sontpas sous
un
genreunique
et
peuvent
tre
prédiquées
de
toutechose. Or tout erme
équivoque, employé
eul,
ne
signifie
ien,
à moins
qu'il
ne soit volontai-
rement tilisé
our signifier
'une des
choses
qu'il
signifie.
n
conclusion,
'esť ne
signifie
ien,
du
fait
u'il signifie lusieurs
hoses,
d'où l'affirmation
ď Aristote54.'est certainement
e
passage
d'Alexandre,
ur
l'équivocité
53n PHI 65 24-66 25 (suitee la n.précédente)«Cur utem ihil eri alsique
monstraret,
stendit.
st
enim uobusmodis
icitur,
t verum
alsumqueesignet
aut
cum
nam em
uamlibetropria
ompositione
onstituit,
t um i