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WALLACE BERMAN, COSIMA VON BONIN, BRIAN … · pathetic sympathy seekers, manfred pernice, stephen...

Date post: 17-Sep-2018
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WALLACE BERMAN, COSIMA VON BONIN, BRIAN CALVIN, TONY CARTER, MARC CAMILLE CHAIMOWICZ, PETER COFFIN, SIMON DENNY, ANDREAS DOBLER, ROE ETHRIDGE, KEITH FARQUHAR, HANS-PETER FELDMANN, AURÉLIEN FROMENT, CYPRIEN GAILLARD, ISA GENZKEN, DAN GRAHAM, ROBERT GROSVENOR, SEBASTIAN HAMMWÖHNER, ROGER HIORNS, ULL HOHN, DES HUGHES, PETER HUTCHINSON, SERGEJ JENSEN, ON KAWARA, MICHAEL KREBBER, JESÚS MARI LAZKANO, RITA MCBRIDE, JOHN MILLER, PATHETIC SYMPATHY SEEKERS, MANFRED PERNICE, STEPHEN G. RHODES, GLEN RUBSAMEN, STERLING RUBY, JULIA SCHER, FRANCES SCHOLZ, MICHAEL SCOTT, MARKUS SELG, REENA SPAULINGS, MICHAEL STEVENSON, TOMMY STØCKEL, JOSEF STRAU, BLAIR THURMAN, MATHIEU TONETTI, OSCAR TUAZON, FRANZ WEST, JORDAN WOLFSON CATASTROPHE EUGÈNE ISABEY CURATEUR ALEXIS VAILLANT Le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux présente une exposition collective consacrée aux dystopies contemporaines. Alexis Vaillant, responsable du Département des projets a proposé au théoricien d’art et écrivain de Science-fiction Mark von Schlegell*, d’en écrire le scénario, trame narrative ayant présidé à l’élaboration de l’exposition. De cette collaboration entre un écrivain et un curateur émane la prochaine publication de Mark von Schlegell, New Dystopia, roman catalogue de l’exposition. A partir de ce synopsis, Alexis Vaillant et Mark von Schlegell ont choisi ensemble des œuvres exploitant cette conception résolument critique et subjective d’un présent sombre et traumatique reconsidéré sous l’angle de l’anticipation. Car la dystopie, ou utopie inversée, se conçoit à l’aune du présent et d’une contemporanéité si floue et déstabilisante qu’ils plongent l’humanité dans une temporalité incertaine où présent, passé et futur se confondent. Dystopia est ainsi une exposition à appréhender comme une œuvre de fiction structurée autour de deux axes de lecture. Le décor sépulcral de la nef accueille les visiteurs dans un paysage dystopique nimbé d’une aura rouge en référence aux films de John Carpenter et à la luminosité orangée propre à la ville de Los Angeles à la tombée du jour. Quant aux œuvres présentées dans la galerie du rez-de-chaussée, elles se perçoivent comme des visions apocalyptiques et hantées, comme des spéculations abstraites adressées au présent. Afin de correspondre fidèlement à l’esprit de cette exposition volontairement scénarisée, ce document rassemble des extraits du roman-catalogue de Mark von Schlegell ayant valeur de commentaires d’une sélection d’œuvres marquantes dévoilées dans cette cartographie de la dystopie. *Américain installé à Cologne, Mark von Schlegell est l’auteur de deux œuvres majeures de Science-fiction, Venusia (2005) et Mercury Station (2009) publiées chez Semiotexte à New-York. « Dystopia est une fable philosophique composée d’œuvres d’art, à partir de spéculations futuristes. Cette exposition propose d’envisager la dystopie non comme une fin mais comme un commencement. Face au crépuscule des derniers beaux jours de l’ère industrielle et à la conscience de ses ravages généralisés, l’art peut, au mieux, affirmer l’absolue ironie de sa posture. Au pire, l’art peut au moins témoigner d’une attitude qui, de l’avis de tous, est véritablement apocalyptique. Dans ces conditions, seule la dystopie libère l’art de l’ironie collective, de la répétition lugubre d’un futur toujours plus menaçant et du fardeau d’un passé bancal au plus haut point. La capacité de l’art à dramatiser son impuissance face à un dispositif culturel monolithique et complexe offre un début de narration dont les possibilités ne reposent pas uniquement sur le silence, l’exil ou la ruse, ni entièrement sur la subversion, la collaboration, l’improvisation ou le courage. Le Yi Jing, dans l’hexagramme 30 du Livre des Mutations, avertit ainsi le héros du catalogue-fiction Dystopia : « On peut frapper un chaudron et chanter, ou se lamenter sur l’approche de la mort, des deux viendra toujours l’infortune. » Sous l’immense nef postindustrielle du CAPC, obscurcie par les voûtes aux lueurs rouges, New Dystopia se découvre comme une fiction d’horreur, dans une tradition à rattacher paradoxalement à celle de la littérature utopique. Ce processus est comparable à celui qui, dans la théorie des trous noirs, donne naissance à de nouveaux univers à partir de leur singularité gravitationnelle. « Depuis Thomas More, c’est seulement au cœur des pires dystopies que surgissent les utopies, réelles ou fictives. Dans la fiction s’élèvent les voix partout ailleurs réduites au silence. » L’exposition présente des sculptures, des performances, des peintures, des films et des publications et doit se lire comme une œuvre de fiction. » Mark von Schlegell, 2011 CAPC musée d’art contemporain Entrepôt Lainé. 7, rue Ferrère F-33000 Bordeaux Tél. +33(0)5 56 00 81 50 Fax. +33(0)5 56 44 12 07 [email protected] www.capc-bordeaux.fr Accès Tram : Ligne B, arrêt CAPC, Ligne C, arrêt Jardin Public. Horaires : 11:00 - 18:00 / 20:00 les mercredis. Fermé les lundis et jours fériés. Visites guidées : 16:00 les samedis et dimanches, sur rdv pour les groupes. Tél. +33(0)5 56 00 81 78 Le Salon : 11:00 - 18:00 / 20:00 les mercredis. La Bibliothèque : 14:00 - 18:00 du mardi au vendredi. Sur RDV en juillet et août. Tél. +33(0)5 56 00 81 59 arc en rêve centre d’architecture : Tél. +33(0)5 56 56 78 36 [email protected] Partenaires du CAPC : Air France Seg Fayat Lacoste Traiteur Lyonnaise des Eaux 20 minutes Château Chasse-Spleen La Nature des choses Les paniers primeurs Ikea Volcom Catalogue : new Dystopia Livre d'exposition illustré, 272 pages, dont 96 pages en couleur, Français, Anglais, 13x19cm, co-édition avec Sternberg Press, (Berlin, New York) Le Café Andrée Putman : 11:00 - 18:00 du mardi au dimanche. Fermé les lundis et jours fériés. Partenaires de l'exposition Dystopia : Mouvement Actusf
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Page 1: WALLACE BERMAN, COSIMA VON BONIN, BRIAN … · pathetic sympathy seekers, manfred pernice, stephen g. rhodes, glen rubsamen, sterling ruby, julia scher, frances scholz, michael scott,

WALLACE BERMAN, COSIMA VON BONIN, BRIAN CALVIN, TONY CARTER, MARC CAMILLE CHAIMOWICZ, PETER COFFIN, SIMON DENNY, ANDREAS DOBLER, ROE ETHRIDGE, KEITH FARQUHAR, HANS-PETER FELDMANN, AURÉLIEN FROMENT, CYPRIEN GAILLARD, ISA GENZKEN, DAN GRAHAM, ROBERT GROSVENOR, SEBASTIAN HAMMWÖHNER, ROGER HIORNS, ULL HOHN, DES HUGHES, PETER HUTCHINSON, SERGEJ JENSEN, ON KAWARA, MICHAEL KREBBER, JESÚS MARI LAZKANO, RITA MCBRIDE, JOHN MILLER, PATHETIC SYMPATHY SEEKERS, MANFRED PERNICE, STEPHEN G. RHODES, GLEN RUBSAMEN, STERLING RUBY, JULIA SCHER, FRANCES SCHOLZ, MICHAEL SCOTT, MARKUS SELG, REENA SPAULINGS, MICHAEL STEVENSON, TOMMY STØCKEL, JOSEF STRAU, BLAIR THURMAN, MATHIEU TONETTI, OSCAR TUAZON, FRANZ WEST, JORDAN WOLFSON

CATASTROPHE EUGÈNE ISABEY

CURATEUR ALEXIS VAILLANT

Le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux présente une exposition collective consacrée aux dystopies contemporaines. Alexis Vaillant, responsable du Département des projets a proposé au théoricien d’art et écrivain de Science-fiction Mark von Schlegell*, d’en écrire le scénario, trame narrative ayant présidé à l’élaboration de l’exposition. De cette collaboration entre un écrivain et un curateur émane la prochaine publication de Mark von Schlegell, New Dystopia, roman catalogue de l’exposition.

A partir de ce synopsis, Alexis Vaillant et Mark von Schlegell ont choisi ensemble des œuvres exploitant cette conception résolument critique et subjective d’un présent sombre et traumatique reconsidéré sous l’angle de l’anticipation. Car la dystopie, ou utopie inversée, se conçoit à l’aune du présent et d’une contemporanéité si floue et déstabilisante qu’ils plongent l’humanité dans une temporalité incertaine où présent, passé et futur se confondent.

Dystopia est ainsi une exposition à appréhender comme une œuvre de fiction structurée autour de deux axes de lecture. Le décor sépulcral de la nef accueille les visiteurs dans un paysage dystopique nimbé d’une aura rouge en référence aux films de John Carpenter et à la luminosité orangée propre à la ville de Los Angeles à la tombée du jour. Quant aux œuvres présentées dans la galerie du rez-de-chaussée, elles se perçoivent comme des visions apocalyptiques et hantées, comme des spéculations abstraites adressées au présent.

Afin de correspondre fidèlement à l’esprit de cette exposition volontairement scénarisée, ce document rassemble des extraits du roman-catalogue de Mark von Schlegell ayant valeur de commentaires d’une sélection d’œuvres marquantes dévoilées dans cette cartographie de la dystopie.

*Américain installé à Cologne, Mark von Schlegell est l’auteur de deux œuvres

majeures de Science-fiction, Venusia (2005) et Mercury Station (2009) publiées

chez Semiotexte à New-York.

« Dystopia est une fable philosophique composée d’œuvres d’art, à partir de spéculations futuristes. Cette exposition propose d’envisager la dystopie non comme une fin mais comme un commencement.

Face au crépuscule des derniers beaux jours de l’ère industrielle et à la conscience de ses ravages généralisés, l’art peut, au mieux, affirmer l’absolue ironie de sa posture. Au pire, l’art peut au moins témoigner d’une attitude qui, de l’avis de tous, est véritablement apocalyptique. Dans ces conditions, seule la dystopie libère l’art de l’ironie collective, de la répétition lugubre d’un futur toujours plus menaçant et du fardeau d’un passé bancal au plus haut point. La capacité de l’art à dramatiser son impuissance face à un dispositif culturel monolithique et complexe offre un début de narration dont les possibilités ne reposent pas uniquement sur le silence, l’exil ou la ruse, ni entièrement sur la subversion, la collaboration, l’improvisation ou le courage. Le Yi Jing, dans l’hexagramme 30 du Livre des Mutations, avertit ainsi le héros du catalogue-fiction Dystopia : « On peut frapper un chaudron et chanter, ou se lamenter sur l’approche de la mort, des deux viendra toujours l’infortune. » Sous l’immense nef postindustrielle du CAPC, obscurcie par les voûtes aux lueurs rouges, New Dystopia se découvre comme une fiction d’horreur, dans une tradition à rattacher paradoxalement à celle de la littérature utopique. Ce processus est comparable à celui qui, dans la théorie des trous noirs, donne naissance à de nouveaux univers à partir de leur singularité gravitationnelle. « Depuis Thomas More, c’est seulement au cœur des pires dystopies que surgissent les utopies, réelles ou fictives. Dans la fiction s’élèvent les voix partout ailleurs réduites au silence. »

L’exposition présente des sculptures, des performances, des peintures, des films et des publications et doit se lire comme une œuvre de fiction. »

Mark von Schlegell, 2011

CAPCmusée d’art contemporainEntrepôt Lainé. 7, rue Ferrère

F-33000 Bordeaux

Tél. +33(0)5 56 00 81 50

Fax. +33(0)5 56 44 12 07

[email protected]

www.capc-bordeaux.fr

Accès Tram :

Ligne B, arrêt CAPC,

Ligne C, arrêt Jardin Public.

Horaires :

11:00 - 18:00 / 20:00 les mercredis.

Fermé les lundis et jours fériés.

Visites guidées :

16:00 les samedis et dimanches, sur rdv

pour les groupes. Tél. +33(0)5 56 00 81 78

Le Salon :

11:00 - 18:00 / 20:00 les mercredis.

La Bibliothèque :

14:00 - 18:00 du mardi au vendredi.

Sur RDV en juillet et août.

Tél. +33(0)5 56 00 81 59

arc en rêve centre d’architecture :

Tél. +33(0)5 56 56 78 36

[email protected]

Partenaires du CAPC :

Air France

Seg Fayat

Lacoste Traiteur

Lyonnaise des Eaux

20 minutes

Château Chasse-Spleen

La Nature des choses

Les paniers primeurs

Ikea

Volcom

Catalogue : new Dystopia

Livre d'exposition illustré,

272 pages, dont 96 pages en couleur,

Français, Anglais, 13x19cm,

co-édition avec Sternberg Press,

(Berlin, New York)

Le Café Andrée Putman :

11:00 - 18:00 du mardi au dimanche.

Fermé les lundis et jours fériés.

Partenaires de l'exposition Dystopia :

Mouvement

Actusf

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Pour un environnement noir : Du Noir, du noir, et avant le noir un bleu. Pour autant que le bleu puisse exister rétrospectivement sans le noir. Impossible. Idem pour les esquisses colorées précédentes, les représentations confuses et n’importe quelle pièce de l'Artiste Abstrait. Le noir était tout pour lui. C'était uniquement dans le noir que l'Artiste se trouvait "libéré des passions, de la rancune et des illusions".

Notre Nouvelle Dystopie a atteint son acmé. Si l'obscurité totale met encore un siècle à s'installer, la lumière par laquelle nous percevons ce jour semble, dès cet instant, commencer à se délaver. > 1. John Miller, Sans titre, 1994-2011

La Comtesse lui fait signe à l'ombre du bosquet ... Il est toujours resté Bonaparte pour moi ... Même après Waterloo ... Ses robes pouvaient être remontées d'une telle façon ... Avec pour effet de dévoiler sa jarretière ... Tout est calme ... Les parasites couvent sous la cendre ... Le souffle des obus prussiens qui, dans une autre réalité, bombardèrent ce lieu ... En quittant le Musée et son mobilier minable à l’image des petits rois, Monsieur ... le son d'une explosion résonne ... > 2. Frances Scholz, Panorama, 2007

« Sur la foi d’une simple conjecture, j’ai entrepris un dangereux voyage, et déjà j’aperçois les avancées de terres nouvelles ! » Emmanuel Kant, Histoire naturelle générale et théorie du ciel, 1755. > 3. Frances Scholz, Courage meine Herren, ich sehe Land, 2006

Du moins, c'est ce que racontait le livre. Un livre qui n’avait absolument pas surpris Standish. A présent confronté directement au paradoxe statique de sa nouvelle existence mentale, Standish montra toute sa résilience naturelle. L’Artiste Abstrait, c’était vraiment lui. Un Artiste, peut être le premier à ne pas faire d’art, un rôle impossible qui lui plaisait. > 4. Josef Strau, Sans titre, 2009

Réactionnaire ? Le pop art et l'art conceptuel ne bénéficiaient pas encore d'une position centrale. Standish les voyait comme des blagues jouées sur le dos de l'institution par des hippies bien habillés. Ils faisaient les clowns dans une farce à laquelle sa génération n'avait pas été conviée. L'influence de ces mouvements avait pourtant été ressentie. A cette époque (1992) les écoles d'art gagnaient en influence mais restaient encore relativement marginales. L'Europe oscillait sur sa base. Étant Américain, Standish comprit qu'on venait à New Dystopia City dans le seul but de devenir artiste. C'était le seul endroit au monde où être artiste pouvait être un style de vie. > 5. Reena Spaulings, Enigma (Flag), 2008

« Lorsque l’on aborde Dystopia par l’intérieur de son cerveau, il ne s’agit jamais d’un choix entre pouvoir et faiblesse absolus. Ce n’est pas un simple conte en deux temps». Et il leva quatre doigts. > 6. Sergej Jensen, Sans titre, 2010

Il réalisa qu'en Occident, nous sommes hantés par la nécessité d'une prédestination et que nous avançons continuellement dans sa direction. Ce courant nous porte, tout s'en nourrit et nourrit ce que Joralsky appelle « le calamar. » > 7. Aurélien Froment, Pulmo Marina, 2010

Voici maintenant le Solstice d'été de notre Dystopia. Nous célébrons notre faiblesse à l'intérieur des murs et ici notre faiblesse devient une force. Et nous avons ainsi survécu, dans l'illusion que nos pouvoirs traditionnels étaient restés intacts. > 8. Cosima von Bonin, SIGHS TRAPPED BY LIARS, 2008

Qu'était-il alors ? Des bannières rouges, d'immenses bannières rouges ondulant dans le ciel, déclarant la guerre ouverte à l'Autorité Globale. Avançant seul dans la foule. Qu’il s’agisse de la violence des autres ou de la bestialité du marché, tout s'accélérait normalement vers la destruction. Avaient-ils osé s'emparer de la lune ? Il se rappelait ces moments, avant qu'une solution sordide et extatique ne soit prise, lorsque sa présence divine avait été perçue, goûtée sur une brise issue d'un futur déjà fou. > 9. Dan Graham, Minor Threat, 1983

Pour garantir la sécurité du spectateur, nos collections ne comportent que des œuvres "d'art" qui se présentent comme incomplètes, par définition, et éternelles. Ce sont ces œuvres "inachevées" qui sont entrées en contact avec notre perception, dans le temps et l'espace. > 10. Isa Genzken, Nofretete, 2010

Les Pathetic Sympathy Seekers auront provoqué la catastrophe qui fut à l'origine du grand scénario dystopique de nos futurs.

Le droit à l’abandon possible, condition nécessaire à toute utopie, est respecté sur Onze. À tout moment, quiconque peut quitter l’île sur un radeau. Mais il est stipulé que, si l’on part par l’ouest (dénommé dans notre jargon local X > 0), il faut achever la circumnavigation du globe et revenir par X < 0. Celle que je poursuis a pris une autre route dans ses pérégrinations. > 11. Michael Stevenson, Landscape with the Beginning of Civilization, 2010

Ses maigres talents figuratifs étaient évidents. Ce tuyau de poêle particulièrement réussi ? Il était censé représenter un buste de Lincoln. Ce remorqueur au petit matin ? Une banane. Dans le faux jour du sous-sol, l’abstraction passait pour de la figuration. Et comme il lui fallait enjamber la toile pour nettoyer les pinceaux, ouvrir les pots ou jeter la térébenthine, elle se retrouvait tachée par des coulures et gouttes, qui apparaissaient aussitôt comme voulues. > 12. Keith Farquhar, KEITH, 2007

Il la regarda à nouveau, tout en évitant ses yeux. Derrière le personnage féminin, un paysage de tours et d’arbres qui rappelait les alentours du dôme, inachevé au sens propre, laissait voir la trame de la toile. Il essaya de tirer un certain plaisir de la contemplation de la vérité de la surface sous-jacente, des coups de crayon qui démontraient la réalité armée des idées éternelles impliquées par l’illusion. > 13. Ull Hohn, Sans titre, 1988

Alors que la culture dont la portée n’était après tout pas d’étendue universelle dans laquelle baignait Dystopia avait évolué vers le simplisme, – le triomphe de l’idéologie y était total –, Dystopia elle-même, dans ses fondements, avait renouvelé sa complexité. Elle avait soumis à analyse chaque utopie singulière, avant de se les approprier toutes pour finir. Tout autour de lui, il voyait les firmes tourner en dérision l’utopie. > 14. Blair Thurman, Dirty Martini, 2009

Loi d’Orrel : Par définition, aucune espèce de vie appartenant à un système ne peut se développer hors du champ gravitationnel de son soleil d’origine – ce qui signifie que le projet spatial humain est voué à l’échec. > 15. Andreas Dobler, Memory cave, 2002

En dépit de sa stature totalitaire, cette construction ne correspondait pas à ce que Clave aurait pu attendre comme ornement-phare pour une New Dystopia guidée par les lumières de ce maître artisan. Elle avait un caractère géométrique qui renvoyait à la révolution d’Octobre et aux Grecs, mais aussi une spontanéité paillarde quelque peu décadente. Son apparence exprimait un tel paradoxe d’ingénierie technique – ses arêtes avaient une dynamique si curieuse –, qu’elle ne pouvait pas correspondre à la maîtrise de la mise en scène imaginée par Joralsky. Elle ne convenait tout simplement pas à la dystopie actuelle et n’exprimait en rien des possibilités de Type I. > 16. Robert Grosvenor, Sans titre, 1977

L’érection évidente d’un idéal interplanétaire, considéra Clave, tel qu’il n’existait pas et ne devait jamais avoir existé. > 17. Peter Coffin, Sans titre (line), 2010

Il n’y a pas de meilleur exemple de la faculté insidieuse qu’exerce l’illusion temporelle pour charmer les sens humains que l’art de l’ancienne Terre. Les artisans prétendaient alors créer des objets « d’art » de valeur intrinsèque, complets et achevés en eux-mêmes. Ils les disaient « intemporels » et leur consacraient une histoire distincte de celle de toutes les autres choses du monde. > 18. Des Hughes, Timeless, Time, 2011

Merci de rejoindre Kilométrage plus. > 19. Roe Ethridge, 10th Street Bridge, Atlanta, 2003

Les lignes épurées, les arêtes suivant une courbe parabolique, la flèche colossale s’enfonçait dans la stratosphère, posée comme à cheval sur un énorme triangle rectangle. L’hypoténuse de ce dernier se prolongeait le long de la traverse piétonnière de Broadway. Le triangle lui-même impliquait un volontarisme d’échelle scalaire supérieur à celui de toutes les autres constructions de la ville, qui se révélait dans son architecture gigantesque défiant les catastrophes, les ruines en puissance. Ce bâtiment devait résister aux déluges les plus terribles. > 20. Sterling Ruby, Headless Dick/Mapplethorpe, 2009

Une quantité infinie de machines dystopiennes l’entouraient, tous azimuts, reliant des distances aussi éloignées que celles que parcourt aujourd’hui le vaisseau spatial Voyager quand il décolle. Lui-même se tenait là, minuscule, perdu dans ce labyrinthe à la surface du globe, sans défense, soumis à la gravitation, sans rien à manger. > 21. Roger Hiorns, Sans titre, 2008


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