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YI KING [Yijing, I Ching]
traduit par
Paul-Louis-Flix PHILASTRE
Yi king
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partir de :
YI KING
Traduit par Paul-Louis-Flix PHILASTRE (1837-1902)
Premire dition :
Annales du Muse Guimet, tomes VIII et XXIII.
Ernest Leroux, Paris, grand in-8. Premire partie, 1885, 489 pages. Deuxime partie,
1893, 608 pages.
dition en mode texte par
Pierre Palpant
www.chineancienne.fr
mars 2015
Yi king
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TABLE DES MATIRES
Introduction Conclusion Formules annexes (1 - 2) Postface
Koua : Dfinitions Ordre Oppositions Table Table analytique
1. Khien, activit
2. Khouen, passivit
3. Tshouen, naissance des tres
4. Mong, dvelopp. de l'intelligence
5. Su, l'attente
6. Song, le doute
7. Shi, le groupement de la foule
8. Pi, l'association
9. Siao tshou, petit arrt
10. Li, les rgles rituelles
11. Thae, prosprit
12. P'i, dcadence
13. Thong jen, identit des hommes
14. Tae yeou, grand avoir
15. Khien, modestie
16. Yu, satisfaction
17. Souei, entranement et action de suivre
18. Kou, les causes
19. Lin, troubles et surveillance
20. Kouan, l'objet de l'observation
21. She ho, couper court l'erreur
22. Pi, orner et rgulariser
23. Po, user peu peu, dclin
24. Fou, retour en sens oppos
25. Wou wang, absence d'irrgularit
26. Tae tsou, grand arrt
27. Yi, la nourriture
28. Tae kuo, ce qui est grand traverse
29. Khan, chute dans l'abme
30. Li, jonction et sparation
31. Hien, l'influence
32. Heng, perptuit
33. Thouen, se retirer en arrire
34. Ta tshang, parfait panouissement
35. Tsin, progression en avant
36. Ming yi, blessure
37. Kia jen, hommes de la famille
38. Khouei, opposition
39. Kien, difficult
40. Kiae, dlivrance
41. Souen, dcroissance
42. Yi, croissance
43. Kouae, dtermination
44. Keou, rencontre (conjonction)
45. Tsouei, rassemblement, runion
46. Sheng, naissance, lvation
47. Khouen, misre
48. Tsing, le puits
49. Ko, modifier, changer
50. Ting, trpied
51. Tshen, l'objet, l'ustensile
52. Ken, l'arrt
53. Tsien, progression en avant
54. Kouei mei, mariage
55. Fong, grandeur
56. Lou, voyageur, tranger
57. Souen, entrer
58. Touei, plaire
59. Hoan, sparation
60. Tsie, dfinir, rgler
61. Tshong fou, confiance, certitude
62. Siao kuo, petit excs
63. Ki tsi, dj tabli
64. Vi tsi, pas encore tabli
Yi king
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TABLE DES KOUA
Khouen Po Pi Kouan Yu Tsin Tsouei P'i
2 13 8 20 16 35 45 12
Khien Ken Kien Tsien Siao kuo Lou Hien Thouen
15 52 39 53 62 56 31 33
Shi Mong Khan Hoan Kiae Vi tsi Khouen Song
7 4 29 59 40 64 47 6
Sheng Kou Tsing Souen Heng Ting Tae kuo Keou
46 18 48 57 32 50 28 44
Fou Yi Tshouen Yi Tshen She ho Souei W.wang
24 27 3 42 51 21 17 25
Ming yi Pi Ki tsi Kia jen Fong Li Ko Thong jen
36 22 63 37 55 30 49 13
Lin Souen Tsie Tshong fou Kouei mei Khouei Touei Li
19 41 60 61 54 38 58 10
Thae Tae tshou Su Siao tshou Ta tshang Tae yeou Kouae Khien
11 26 5 9 34 14 43 1
Yi king
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INTRODUCTION
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Le Yi king est considr par les Chinois comme le plus antique monument de leur
littrature ; toutes les coles sont d'accord sur ce point.
D'aprs un passage des Rites de Tsheou, le magistrat charg de la surintendance de
la divination avait dans ses attributions la surveillance des rgles poses par les trois
livres appels Yi, ou des Changements. Le premier de ces trois livres tait intitul Lien
shan, Chane des montagnes, c'est--dire succession ininterrompue de montagnes. Ce
titre provenait de la classification adopte des hexagrammes, dont le premier figurait
la montagne sur la montagne ; le symbole adopt tait les nuages manant des
montagnes. Le second tait intitul Kouei mang, Retour et Conclement, parce qu'il
n'tait aucune question qui ne pt y tre ramene et que toutes s'y trouvaient caches et
contenues. Le dernier avait pour titre Tsheou 1 yi, Changements dans la rvolution
circulaire, ce qui exprimait que la doctrine du livre des changements s'tend tout et
embrasse toutes choses dans son orbe. Cette explication des titres de ces trois ouvrages
est personnelle son auteur et n'est appuye sur aucun texte faisant autorit ; elle n'est
plus admise par personne ; je la crois cependant plus prs de la vrit que les autres, qui
vont suivre.
On remarque, d'autre part, que Shen Nong, hros ant-historique, est quelquefois
appel Lien Shan Shi, ou Li Shan Shi ; de mme aussi, Hoang Ti, autre hros, est aussi
appel Kouei Tsang Shi ; ces deux expressions Lien shan et Kouei tsang tant donc
galement des vocables de rgnes, on en dduit que ce titre de Tsheou yi vient aussi du
vocable de la maison de Tsheou. Cette dernire supposition est officiellement et
universellement admise aujourd'hui.
Mais quelques critiques font ce sujet des objections trs plausibles ; il rsulte du
texte de quelques formules, ou sentences du Yi king, attribues Wen Wang, fondateur
de la dynastie de Tsheou, que ces sentences auraient forcment d tre crites
postrieurement la mort de Wen Wang. On en a conclu qu'une partie des formules
seulement devait tre attribue Wen Wang et le reste Tsheou Kong, son fils.
Du passage des Rites de Tsheou, cit plus haut, on conclut encore que le Lien shan
tait le livre des Changements, ou Yi king, de la premire dynastie (Hia) ; que le Kouei
tsang tait celui de la seconde dynastie (Sheang), et que le Tsheou yi fut celui de la
troisime dynastie (Tsheou). On admet que le fond du livre tait le mme et que la
forme seule diffrait quelque peu. Les deux premiers ont disparu sans laisser d'autre
trace que celle de leurs titres mentionns dans les Rites de Tsheou.
Le Yi king, tel qu'il nous est parvenu, est l'uvre de plusieurs personnes.
La substance primitive est une srie de soixante-quatre hexagrammes ; ces
hexagrammes sont forms avec deux sortes de traits : un trait plein et un trait
bris . La tradition rapporte que Fou Hi contemplant le ciel, puis baissant les
yeux vers la terre et en observant les particularits, considrant l'apparence des oiseaux
et les productions de la terre, les caractres du corps humain et ceux des tres et des
choses extrieures, commena par tracer huit koua, ou trigrammes, avec les deux lignes
1 Tsheou, mouvement circulaire, rvolution embrassant tout l'univers. Et aussi, nom d'un fief dont le prince feudataire fonda la troisime dynastie impriale de la Chine.
Yi king
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en question ; ensuite, combinant ces huit premiers koua simples deux deux, il en
forma soixante-quatre hexagrammes ; c'est l son uvre et la trame du Yi king.
Wen Wang, prince feudataire, sujet du dernier empereur de la dynastie des Sheang,
exil et intern comme suspect, rdigea, pendant son bannissement, pour chacun de ces
soixante-quatre signes, une formule de quelques mots, en exprimant la valeur gnrale.
Son fils Tsheou Kong composa son tour une formule pour chaque trait de chaque
hexagramme. Plus tard, Khong Tse, reprenant leur uvre, composa plusieurs
commentaires particuliers qu'on dsigne ensemble, et assez arbitrairement, sous la
rubrique de Dix coups d'aile ; ce sont :
1. Les formules dterminatives , commentaires ou gloses des formules attribues
Wen Wang ;
2. Les formules symboliques , commentaires des formules attribues Tsheou
Kong ;
3. L' expression parle de la reprsentation graphique de la forme, ou expressions
des reprsentations , commentaire spcial aux deux premiers koua ;
4. Les formules annexes , qu'on dsigne gnralement sous la rubrique de
Grand Commentaire et qui embrassent tout l'ouvrage un point de vue gnral en
rsumant la doctrine de Khong Tse sur cette question ;
5. La dfinition des koua ;
6. L' ordre des koua expliquant l'ordre de classification des hexagrammes ;
7. Les oppositions des koua autre vue sur leur ordre de classification.
Les Chinois attachent une haute importance tablir que la tradition orale de
l'enseignement de la doctrine contenue dans le Yi king n'a jamais t interrompue ; ils
citent les matres et leurs disciples et continuateurs depuis Khong Tse jusqu'aux
philosophes de la renaissance des lettres, sous la dynastie des Song.
Le Yi king ne fut point condamn par l'Empereur Shi Hoang Ti ; ce prince n'y vit
qu'un livre de divination dont la destruction semblait inutile au plan qu'il poursuivait.
Ce rsum trs succinct est tir des premires lignes de l'introduction de l'dition
officielle de la dynastie rgnante 1. Nous allons la complter de quelques
renseignements moins orthodoxes.
Fou Hi est un mythe ; la tradition le reprsente avec de lgres protubrances en
forme de cornes sur le front. Pour tre moins gracieux, le symbole n'en est pas moins le
mme que le croissant lunaire que Diane porte sur le front. Selon moi, Fou Hi
symbolise les phases de la lune, rsultant du mouvement apparent du soleil et de la lune
autour de la terre considre comme centre.
Fou Hi assistant la sparation du Chaos d'o naissaient le Ciel et la Terre en
comprit la gense ; plus tard il vit un cheval-dragon sortant d'un fleuve et prit pour
rgle les figures apparentes sur son dos. Ces figures, qu'on appelle le Tableau du
fleuve , sont formes de points ronds, noirs ou blancs, groups dans un certain ordre,
et ce fut, dit la tradition, d'aprs ces signes que Fou Hi traa les huit premiers koua
simples (trigrammes). J'avance encore que le dragon symbolise le lever du soleil et le
cheval, trs probablement, son coucher ; que les figures qui forment ce tableau
reprsentent des astres et des constellations ; qu'enfin les deux traits et ,
premiers lments des koua, reprsentent ou symbolisent deux grands moments dans la
1 Un magnifique exemplaire de cette dition est conserv la bibliothque de Lyon.
Yi king
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marche combine et apparente du soleil et de la lune et que la base fondamentale du Yi
king est essentiellement une observation astronomique. Les koua, ou diagrammes,
reprsentent tous galement la srie des phases de la lune.
Aprs Fou Hi, le premier commentateur est Wen Wang. Pour les Chinois ce
personnage est indiscutablement historique. Je suis certainement seul contre tous en
avanant qu'il est permis de douter. Le brevet d'authenticit historique est dlivr
par le Shou king ; or, je considre cette autorit comme suspecte et essentiellement
sujette discussion. Trs certainement, il a d exister un personnage appel Wen
Wang ; je n'en doute pas ; mais entre le rle que le Shou king lui attribue et la ralit
il peut y avoir une distance considrable. Tous les peuples qui ont une antiquit
attribuent les grandes inventions du gnie humain, les grands faits mmorables, tel
ou tel de leurs grands hommes ; le fait rappel est souvent dfigur mais il a
toujours un fond de vrit ; le personnage a presque toujours exist, mais il peut
souvent n'y avoir rien de commun entre le hros et l'uvre qu'on lui attribue. Il est
mme trs probable que souvent, aprs un certain laps de temps, la tradition
transpose le mrite de l'acte sur la tte d'un autre personnage dont la gloire plus
rcente fait oublier le hros prcdent. Je souponne que tel est le cas pour Wen
Wang ; mais qu'il soit ou non l'auteur de la premire glose, je ne crois pas que le
titre Tsheou Yi vienne du vocable de la dynastie de Tsheou.
Aprs Wen Wang et son fils Tsheou Kong, le premier commentateur rellement
historique est Khong Tse. premire vue, son uvre n'est gure moins obscure que
celle de ses devanciers.
La perscution des lettrs par Shi Hoang Ti plongea dans un dsarroi complet et
pour plusieurs sicles toutes les traditions littraires ; sous les Han il s'agit plus de
reconstituer les textes et de les collationner que de les claircir. Bien que le Yi king
n'et pas t proscrit, son tude resta stationnaire et il faut franchir d'un bond une
priode de quinze sicles pour passer de Khong Tse une cole nouvelle qui, sous la
dynastie des Song, releva un moment la gloire des lettres chinoises. Tsheou Tse, le
premier dans les temps modernes, reprit d'une faon originale l'tude du Yi king et en
dduisit un systme cosmogonique qui, sans tre neuf, rsume sous une forme brve et
nette les conceptions et la doctrine de tous ses devanciers. Tsheng Tse, son disciple,
crivit un commentaire traditionnel complet du Yi king ; selon moi, c'est le plus
remarquable, bien que l'cole chinoise moderne donne la prfrence celui de Tshou
Hi, un peu postrieur, et intitul Sens Primitif.
Depuis Tshou Hi, on a encore dlay beaucoup d'encre et noirci normment de
papier, mais on n'a plus rien crit d'original sur le Yi king ; les taostes ont, il est vrai,
compos un pastiche intitul Thai huien king qui n'a aucune valeur relle. La mine
semble puise, mais, en ralit, c'est le gnie d'un peuple qui est engourdi. Les Chinois
ne cherchent plus, ils conservent ; ils se cramponnent la tradition admise et leur
unique souci est de se maintenir toujours d'accord avec elle.
Cependant, la vrit ne perd jamais compltement ses droits, mme en Chine.
On trouvera dans un ouvrage du pre de Prmare, publi en 1878 par MM. A.
Bonnetty et P. Perny, de nombreuses citations d'auteurs chinois d'o rsulte que bon
nombre des meilleurs esprits qu'ait produit la Chine considrent que la vritable
interprtation du Yi king s'est perdue la mort de Khong Tse et qu'on n'en connat
plus le vrai sens. Le livre que je cite ici, Vestiges des principaux dogmes chrtiens
tirs des anciens livres de la Chine, est une uvre trs remarquable et trs digne
d'tude, non pour y suivre la pense et les vues exclusives de l'auteur, dont la grande
rudition et le haut sens critique taient enchans par la foi, mais pour y trouver,
Yi king
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runis et groups, un nombre trs considrable d'indices prcieux sur la vritable
valeur des livres classiques de la Chine. De tels travaux ont certainement d ne pas
tre trangers aux perscutions diriges un peu plus tard contre les jsuites, en
Chine, par les catholiques plus orthodoxes ; si la face de la mdaille considre par
le pre de Prmare tait sduisante pour des hommes d'une foi inbranle, le revers
pouvait bon droit alarmer des esprits plus froids et plus clairvoyants. Pour ce qui
nous importe en ce moment, il suffit de citer le Ve point discut p. 30 et
suivantes ; la thse du pre de Prmare, la Connaissance de la vritable doctrine
des King est entirement perdue chez les Chinois, s 'y trouve surabondamment
prouve, exclusivement par des tmoignages chinois. Considr par les Chinois, le
Yi king est avant tout un livre de divination ; telle est sa forme, tel est son usage, et
c'est dans ce sens qu'il est comment et expliqu. Ce n'est ni le lieu ni le moment de
rechercher pourquoi cette forme a t choisie par les auteurs du livre ; il suffit de
justifier en quelques mots l'utilit de cette tradition et son intrt. Or :
1. En chinois, le mot n'a presque jamais de sens absolument dfini et limit ;
le sens rsulte trs gnralement de la position dans la phrase, mais avant tout de
son emploi dans tel ou tel livre plus ancien et de l 'interprtation admise dans ce cas.
Ici, point de racines au-del desquelles on n'atteint plus et qui justifient le sens
des drivs dans les divers idiomes ou dialectes d'une mme famille ; le mot n'a de
valeur que par ses acceptions traditionnelles. On n'a pas, ma connaissance, tir
tout le parti possible de cette particularit de la langue chinoise, au point de vue de
l'tude et de la recherche de la nature relle du langage humain. Le mot chinois nous
apparat comme si , expression naturelle et spontane d'une pense abstraite
trangre aux circonstances et aux conditions de la vie animale de l 'homme, celui-
ci, saisissant dans cette pense un rapport avec les circonstances et les conditions de
sa vie, avait emprunt le son de cette expression pour crer sa parole raisonne.
De l, ncessit absolue, pour l'tude de la langue chinoise, de connatre les sources
originales de la littrature, et, entre ces sources, la plus antique et la plus importante est
incontestablement le Yi king.
2. Si on ne considrait que les diagrammes, il serait absolument impossible d'y
dcouvrir aucune ide intelligible ; les formules de Wen Wang, de Tsheou Kong, et
mme celles de Khong Tse ne seraient gure plus comprhensibles sans la Tradition,
c'est--dire sans les commentaires de Tsheng Tse et de Tshou Tse, qui la rsument. Il
est donc indispensable de traduire en entier ces deux commentaires qui contiennent,
d'une faon complte, toutes les notions des Chinois en fait de naturalisme, de morale
et de philosophie. De plus, ces deux commentaires sont des modles excellents du
meilleur style chinois, clair et simple, encore prserv du got amphigourique des
modernes 1.
Donc, le Yi king, considr dans son ensemble, est encore indispensable tous ceux
qui, dans un but quelconque, veulent connatre les ides chinoises sur toutes ces
questions.
3. Je ne mentionne provisoirement que pour mmoire le ct le plus srieux et le
plus intressant, mon point de vue, de l'tude de ce livre ; j'en ai parl ailleurs, et je
laisse ceux qui auront la patience d'en lire la traduction, juger du bien fond des
hypothses et des opinions que j'ai mises en commenant sur la vraie origine du Yi
king.
1 Cette apprciation du style ne peut naturellement pas s'tendre la mthode d'exposition et aux longueurs qui en rsultent.
Yi king
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Enfin, j'ajouterai encore que cette traduction franaise aura au moins le mrite de la
nouveaut. Je n'ai trouv dans les renseignements bibliographiques dont je dispose, que
la mention d'une seule traduction de ce livre : y King antiquissimus sinarum liber quem
ex latina interpretatione P. Regis aliorumque ex Soc. Jesu PP., edidit Julius Mohl, 1834.
Stuttgarti et Tubing, 2 vol. 1.
Beaujeu, le 21 mars 1881.
P.- L.- F. PHILASTRE
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1 A. Wylie, Notes on chinese literature, p. XIV.
https://archive.org/stream/notesonchineseli00wyliuoft#page/xiv/mode/2upYi king
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NOTE
On trouvera reproduite ci-dessous la prsentation uniforme de chaque koua, avec :
Le numro d'ordre et le nom du koua ;
Le nom du koua simple suprieur ;
Le dessin du koua ;
Le nom du koua simple infrieur ;
La formule initiale, en italique bleue, sur le koua, attribue Wen Wang ;
Six formules, en italique bleue, attribues Tsheou Kong, sur les six traits du koua ;
Un clic sur l'une des formules conduit la sous-section o, aprs son rappel, la formule
est commente. Un clic sur l'hexagramme repris en tte de chaque sous-section permet
de revenir la section.
Deux symboles rouges pour faciliter la comparaison de la traduction de Philastre avec
des traductions ayant accd au Domaine Public : < et >.
Un clic sur le < permet d'accder l'hexagramme correspondant tudi sur le
site d'expression anglaise : http ://www.sacred-texts.com/ich/index.htm, traduction de
James Legge.
Un clic sur le > permet d'accder l'hexagramme correspondant tudi sur le site
wengu.tartarie.com (traduction allemande de Richard Wilhelm, adaptation franaise
d'tienne Perrot).
Dans la section explicative du koua, les formules en italique noire sont attribues
Confucius, les commentaires en normal noir sont, comme indiqu, attribus Tsheng
Tse et Tchou Hi.
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http://www.sacred-texts.com/ich/index.htmhttp://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&lang=frYi king
11
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TSHOU HI. Tsheou, nom d'une dynastie ; yi 1, titre du livre. Les koua, ou
diagrammes, qui constituent la substance premire de ce livre, furent primitivement
tracs par Fou Hi ; ils expriment le changement par jonction et le changement par
modifications progressives, d'o le titre de livre des changements. Les formules y ont
t adjointes par Wen Wang et par Tsheou Kong 2, d'o le nom de Tsheou joint au titre.
Comme le volume des lames de bambou, sur lesquelles il tait crit, tait gros et lourd,
on le divisa en deux livres : premire et seconde parties 3. Le King, ou texte, comprend
les traits tracs par Fou Hi, les formules de Wen Wang et Tsheou Kong, et galement
les dix livres de Commentaires, uvre de Khong Tse, en tout douze livres. Le dsordre
fut, d'ailleurs, mis dans ces textes par les divers philosophes confucens 4. Dans les
temps modernes, Tshiao Shi, le premier commena corriger ces erreurs, mais il ne put
cependant pas encore reconstituer compltement l'ancienne forme du texte. Lu Shi,
son tour, rtablit la distinction entre les deux volumes de texte et les dix volumes de
commentaires, en revenant ainsi l'ancienne distribution de Khong Tse.
1 Yi, les Chinois disent que le caractre qui reprsente ce mot est compos de deux autres caractres reprsentant l'un le soleil et l'autre la lune. Ce mot symbolise la loi fondamentale d'volution qui est le fond de la doctrine admise du
livre. M'appuyant sur le Shuo wen (le plus ancien dictionnaire chinois), je nie cette origine : le caractre yi, dans sa
forme antique est compos du caractre , soleil, et du caractre wou, qui exprime la ngation
imprative. Si Shan Tshen Shi dit : Le soleil disparat, la lune surgit ; le froid cesse et est remplac par la chaleur ; le
jour et la nuit, l'obscurit et la clart se succdent sans fin ; tel est le cours ordinaire de la marche (tao) des phnomnes clestes. Les hommes saints, en l'observant pour faire le livre des changements, ne firent que mettre en
lumire la loi immuable (li) de croissance et de dcroissance de la ngativit et de la positivit. Si la positivit crot,
la ngativit diminue ; si la ngativit grandit, la positivit se dissipe ; une priode de croissance et une priode de
dcroissance, telle est la loi (tao) du ciel. L'homme qui tudie le livre des changements connatra la raison d'tre (li) du bonheur et du malheur, de la dcadence et de l'lvation, et la voie rationnelle (tao) selon laquelle il convient
d'avancer ou de reculer, de laquelle enfin rsulte le salut ou la perte. Lin Tshouen Wou Shi dit que de ce temps
(poque o vivait Fou Hi) le caractre yi n'existait pas encore ; il y avait des figures et pas de texte. Plus tard,
lorsqu'on inventa les caractres, on commena runir les deux caractres jie (soleil) et yue (lune) pour former le caractre yi. 2 Wen Wang, pre du fondateur de la dynastie des Tsheou, composa ses formules pendant son internement, vers 1150 a. c. ; Tsheou Kong aurait rdig les siennes vers 1100 (?). 3 Cette opinion est combattue par Shouang Hou Hou Shi avec ses raisons assez probantes tires de l'ordre suivant lequel les koua, ou diagrammes, sont rangs et de l'ingalit des deux parties. Cette ingalit semble plutt tre une consquence d'un
plan adopt par Wen Wang. Il fait remarquer que la premire partie dbute par les koua khien et khouen qui expriment le commencement de la transformation de l'ther et que la seconde partie dbute par les koua hieng et heng qui expriment le
commencement de la forme. 4 J'emploie ce terme doublement inexact faute d'en trouver un autre suffisamment appropri. Le terme chinois pour dsigner la doctrine en question est Jou ; les adhrents sont appels Jou shi ou docteurs de la reprsentation graphique de
l'image (Wen sha). C'est donc d'une doctrine plus antique qu'il s'agit et non pas d'une doctrine particulire Khong Tse.
Yi king
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PREMIRE PARTIE
Yi king
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1. Khien
Khien en haut
Khien en bas
1. Khien : Cause initiale, libert, bien, perfection
@
8. Premier trait nonaire : dragon cach ; ne pas agir.
*
10. Deuxime trait nonaire : dragon visible dans la rizire ; avantage voir un grand
homme.
*
12.Troisime trait nonaire : l'activit de l'homme dou dure tout le jour ; le soir, il est
encore comme proccup. Danger ; pas de culpabilit.
*
14. Quatrime trait nonaire : parfois il saute dans les abmes ; pas de culpabilit.
*
16. Cinquime trait nonaire : dragon volant dans le ciel ; avantage voir un grand
homme.
*
18. Trait suprieur nonaire : dragon lev ; il y a regret.
*
20. Emploi des traits nonaires : dans la troupe des dragons visibles,
aucun ne prcde les autres ; bonheur.
< >
http://www.sacred-texts.com/ich/ic01.htmhttp://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&no=1&lang=frYi king
14
1. Khien.
1.
Khien : Cause initiale, libert, bien, perfection 1.
TSHENG TSE. Dans la plus haute antiquit, l'homme saint commena par tracer les
huit koua 2 : la voie rationnelle (tao) des trois causes actives 3 tait ds lors complte. Il se
servit ensuite de cette base en combinant ces huit koua simples deux deux par
superposition, pour embrasser la totalit des modifications dans l'univers, et c'est ainsi qu'il
obtint les koua parfaits de six traits. Le koua simple khien, rpt sur lui-mme constitue le
koua parfait khien. Khien exprime le ciel, thien. Thien, le ciel, c'est la substance et la
forme du ciel ; khien, c'est la nature et le sentiment du ciel 4. Khien quivaut force
d'action ou activit kien 5 ; l'activit sans repos est appele khien.
Or, lorsqu'il s'agit du ciel (thien), si on en parle d'une faon absolue, c'est la voie
rationnelle ou morale (tao) ; c'est prcisment : le ciel qui, d'ailleurs, ne s'oppose
point 6. Si on en parle en distinguant, alors, au point de vue de la forme et de la
substance, on dit le ciel (thien) ; au point de vue de la puissance qui rgit, on dit le
pouvoir suprme ti ; au point de vue de l'action et des effets 7, on dit esprits et
gnies ; au point de vue des effets transcendantaux, on dit l'esprit 8 ; au point de
vue de la nature et du sentiment, on dit khien, ou activit .
Cette activit, exprime par le mot khien, est l'origine et le commencement de tous
les tres et de toutes choses 9 ; c'est pour cela que le koua reprsente le ciel, la
positivit, le pre, le prince.
Cause initiale, libert, bien, perfection, sont ce qu'on appelle les quatre vertus 10 . La
premire exprime par le mot yuan , c'est le commencement de tous les tres et de
toutes choses. La seconde, exprime par le caractre heng , c'est la croissance de
toutes choses ; la troisime, exprime par le caractre li , c'est la facult de
1 Les feuilles de l'arbre commenant pousser, c'est l'action de la cause initiale ; les fleurs s'ouvrant, c'est la libert d'expansion ; les fruits qui se nouent, c'est le bien ; ces fruits se dveloppent et mrissent, c'est la puret ou perfection
(Tshou Hi). 2 Les huit koua primitifs de trois traits. 3 San tsae. Essentiellement, le caractre tsae reprsente un germe vgtal perant la terre. De l, est-il dit, par extension, le
sens de force, capacit productive et causative, et enfin l'emploi de ce mot pour dsigner les qualits et les talents. Dans le cas actuel, ce mot sert former une expression technique qui dsigne le ciel, la terre et l'homme, considrs comme les trois
causes des lois physiques, intellectuelles et morales. 4 C'est seulement par figure que ces termes sont employs en parlant du ciel. La nature, c'est le naturel particulier de l'tre
considr ; le sentiment est l'effet manifest du naturel. Tsheng Tse dit : La substance ou essence de l'activit, c'est sa
nature ; les effets de cette activit sont ce qu'on appelle le sentiment. 5 Le vritable sens du mot tsin est haut, lev . 6 Citation d'un passage ultrieur. 7 Les phnomnes naturels tels que la pluie, la foudre, etc. 8 Les esprits et gnies ne sont rien que l'action et la raction, la contraction et la dilatation (de l'ther) ; l'action et les effets en sont les manifestations visibles. Quant l'esprit, c'est une expression pour dsigner la cause mystrieuse de toutes choses. Cette cause mystrieuse et transcendante rside prcisment dans l'esprit ; lorsqu'elle se manifeste et qu'on la voit
dans son action et ses effets on dsigne cette action et ces effets par les termes esprits et gnies. Mais quant ce qui ne peut
tre atteint, on l'appelle l'esprit (Tsheng Tse). 9 Tsheng Tse n'est pas fort loign du taosme ; ici, ses paroles se rapportent au moins autant au livre de Lao Tse qu'aux paroles de Wen Wang. 10 Vertus attributives.
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satisfaction des besoins, tels qu'ils rsultent de la condition de chaque tre ; la
quatrime, exprime par le caractre tsheng , c'est le dveloppement normal et parfait
de toutes choses.
Les koua khien et khouen, seuls 1 ont ces quatre vertus ; dans les autres koua, elles
se modifient selon le sujet, de sorte que la premire exprime spcialement et
exclusivement le bien et la grandeur ; la troisime consiste surtout dans la droiture et la
fermet, et les substances de la seconde et de la quatrime correspondent dans chaque
cas la nature spciale du sujet. Le sens de ces quatre vertus est large et tendu.
TSHOU HI. Ces six traits sont le koua trac par Fou Hi.
Le trait plein est appel ki, ou unit ; c'est le nombre de la positivit. Khien,
c'est la force d'action, ou activit, exprime par le mot kien ; c'est la nature de la
positivit. Dans les annotations 2, le caractre khien est le nom du koua de trois traits ;
celui d'en bas est le koua intrieur ; celui d'en haut est le koua extrieur 3. Dans le texte,
le caractre khien est le nom du koua de six traits.
Fou Hi leva les yeux et regarda ; il les baissa et examina. Il vit que la ngativit et la
positivit ont la dualit et l'unit pour nombres. Il traa donc un trait simple pour
symboliser la positivit et un trait double pour symboliser la ngativit. Il vit qu'une
ngativit et une positivit ont chacune l'apparence d'engendrer une ngativit ou une
positivit ; aussi, partir d'en haut et en montant, il traa encore un second, puis un
troisime trait, pour achever les huit koua simples primitifs. Il vit que la nature de la
positivit est l'activit et que la plus grande de ses formes ralises est le ciel ; c'est
pour cela que le koua compos de trois traits simples fut nomm khien et qu'il l'attribua
la reprsentation du ciel. Les trois traits complts, les huit koua achevs, il augmenta
encore trois fois d'un trait, pour en porter le nombre six, c'est--dire qu'au-dessus de
chacun des huit koua simples, il ajouta successivement chacun de ces mmes signes,
pour former les soixante-quatre koua parfaits.
Dans ce koua, les six traits sont tous des traits simples ; le koua simple infrieur et
le koua simple suprieur sont tous les deux le koua simple khien de sorte qu'il exprime
la puret de substance de la positivit et l'extrme activit, et c'est pour cela que le nom,
khien, et la reprsentation symbolique, le ciel, ne changent ni l'un ni l'autre.
Les mots yuan, heng, li, tsheng, sont la formule attache ce diagramme par Wen
Wang, pour dfinir les prsages fastes ou nfastes du koua entier ; c'est ce qu'on appelle
thouan, ou formule dterminative d'un koua. Le mot yuan exprime la grandeur 4 ; le
mot heng, l'intelligence ; le mot li, l'utilit ; le mot tsheng, la droiture et la fermet. Wen
Wang considra la voie rationnelle de l'activit comme exprimant la grandeur de
l'intelligence et l'extrme droiture. Aussi lorsqu'en consultant le sort, on obtient ce
koua, et qu'aucun des six traits ne se modifie 5, le sens divinatoire exprim est qu'il faut
possder une grande intelligence et qu'alors il y aura certainement avantage par la
droiture et la fermet ; ces conditions remplies, il est possible de garantir le succs final
1 Selon Tsheng Tse les deux caractres khien et khouen n'existaient point antrieurement et ils ont t imagins pour exprimer des ides difficiles rendre clairement . 2 Le terme que je traduis par Commentaire traditionnel exprime plus spcialement la transmission d'une doctrine. Celui qui est traduit par annotations signifierait aussi bien commentaire, mais il a le sens d'expliquer, prciser le sens des mots.
3 Parce que lorsque les koua sont rangs sur une circonfrence l'un se trouve en dedans et l'autre en dehors par rapport au centre. 4 Tshou Hi adopte une lecture que je n'ai pas suivie dans la traduction du texte, aussi il est indispensable de prciser en rptant le terme chinois du texte. 5 Expressions techniques, termes de divination qui seront expliqus plus tard.
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de l'entreprise. C'est ainsi que les hommes saints, en faisant le livre des changements,
ont appris aux hommes consulter le sort par le moyen de l'caille de la tortue ou par
celui des brins de paille et qu'il est possible, par ces moyens, d'atteindre l'ide pure et
exacte au sujet de l'entreprise et de l'accomplissement d'une chose ou d'une affaire. Ceci
est applicable tous les autres koua.
DFINITIONS DIVERSES. Khong Shi Ying Ta dit : Koua signifie mettre part ;
cela veut dire suspendre part, en le mettant en vidence, le symbole d'une chose, pour
servir d'avis aux hommes ; c'est pour cela que ces signes sont appels koua. Ce koua khien
symbolise essentiellement le ciel. Le ciel est form par l'accumulation de tout l'ther positif,
c'est pourquoi les six traits de ce koua sont tous positifs. Une fois qu'il est trac, on ne le
nomme pas thien, ciel, mais khien. Le mot ciel est le nom de la substance dtermine ;
khien est l'expression qui dsigne l'effet de cette mme substance. Aussi, les Dfinitions
des koua disent : khien, activit ; cela exprime que la substance du ciel a l'activit
pour effet. Les hommes saints qui firent le livre des changements eurent essentiellement en
vue l'instruction des hommes : ils voulurent que ceux-ci prissent les effets du ciel pour
modle et non pas qu'ils se rglassent sur sa substance, aussi appelrent-ils ce koua khien et
non pas thien, ciel 1. Tshou Tse dit encore : Les quatre caractres yuan, heng, li, tsheng,
n'taient essentiellement, dans l'ide de Wen Wang, rien autre chose dans le cas des deux
koua khien et khouen que lorsqu'il s'agit de tout autre koua. Ce ne fut qu' l'poque o
Khong Tse fit le Commentaire des Formules dterminatives et l'Expression des
reprsentations que, lui, le premier, les considra comme dsignant les quatre vertus des
deux premiers diagrammes, tandis que, dans les autres koua, il leur laissait leur ancienne
valeur. Ce n'est pas que l'ide de chacun de ces deux hommes saints soit diffrente, mais
chacun met en lumire un point de vue distinct. Aujourd'hui ceux qui tudient ce livre
doivent d'ailleurs se pntrer de son esprit, sans se laisser influencer par les prventions et
s'en assimiler la substance, dans chaque cas, selon l'ide contenue dans les textes
primitifs 2. Les passages dissemblables ne sont d'ailleurs pas mutuellement en dsaccord et
personne ne doit s'en rapporter son propre jugement et se permettre mal propos de
nouvelles interprtations 3. Hou Shi Ping Wen dit : Tous les commentateurs expliquent ces
quatre caractres comme exprimant quatre vertus ; le Sens primitif seul, les considre
comme une simple formule divinatoire 4.
2.
LE COMMENTAIRE TRADITIONNEL DE LA FORMULE DTERMINATIVE dit : Qu'elle est
grande la cause initiale de l'activit (khien) ! Toutes choses lui doivent leur
commencement 5 ; c'est le ciel tout entier !
TSHOU HI. La formule dterminative, ou thouan, c'est prcisment la formule
attache au koua par Wen Wang (...) 1. Le commentaire, c'est l'explication de la formule
1 La pense du commentateur est difficile saisir. S'agit-il de vouloir que les hommes se rglent sur les saisons, sur les lois de la nature, pour pourvoir aux soins de leur existence matrielle, comme sur les lois morales qu'on prtend dduire de
l'action des phnomnes naturels, pour rgler leur conduite et leurs murs, dans tous les cas, sans entrer dans aucune spculation inutile sur la nature elle-mme du principe premier dont rsultent ces lois et cette action ? 2 Sous cette ambigut, Tshou Hi laisse voir que, selon lui, on doit surtout s'en rapporter l'ide qu'il attribue Wen Wang. 3 C'est l tout l'esprit de l'enseignement chinois depuis Khong Tse. L'axiome : Magister dixit n'a jamais eu nulle part autant de valeur qu'en Chine. 4 Sens primitif , titre du commentaire de Tshou Hi. Les Jugements , titre des gloses impriales dans l'dition de la dynastie des Ming intitule grande dition complte , reviennent sur l'opinion de Tshou Hi et se donnent une certaine
peine pour prouver que, tout en disant le contraire, Khong Tse tait justement de l'avis de Wen Wang. 5 Devoir le commencement, littralement : tre dou de commencement, c'est tre redevable de la cration de l'ther constitutif. tre dou de la vie, c'est acqurir et raliser la forme. (Tshou Hi).
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du texte, ou king, donne par Khong Tse ; ceci s'applique tout ce qui, dans la suite, est
appel commentaire traditionnel (tshouan).
JUGEMENTS. Le commentaire traditionnel de la formule dterminative, c'est
l'explication de l'ide de Wen Wang donne par Khong Tse. D'abord il explique le nom ;
ensuite il explique la formule. Dans l'explication du nom, il se sert indiffremment du
symbole, des proprits des deux koua simples et de la substance du koua parfait lui-mme.
Quelquefois il tient compte de tous ces lments simultanment ; d'autres fois il n'en
emploie qu'un ou deux ; c'est toujours l'ide expose dans la premire phrase du
commentaire qu'on doit considrer comme la plus importante.
TSHOU HI. Ce commentaire claire le sens du mot khien, simplement au moyen
de la voie immuable (tao) du ciel. De plus il nonce sparment les quatre caractres de
la formule, qu'il considre comme exprimant quatre vertus ou proprits, afin d'en faire
ressortir clairement la valeur. Ce premier paragraphe explique d'abord le sens du premier,
yuan. Qu'elle est grande , exclamation admirative ; yuan, grandeur, commencement.
Le mot yuan, ici appliqu au caractre khien, c'est le grand principe d'o procde la vertu
du ciel ; la naissance de tous les tres est due cette grandeur et c'est cette grandeur qui
constitue leur commencement. De plus il est encore considr comme exprimant la
premire entre les quatre vertus attributives et comme s'tendant du principe au rsultat
de la vertu du ciel, c'est pourquoi le texte dit : C'est le ciel tout entier 2.
DFINITIONS DIVERSES. Les neuf commentaires du livre des changements 3
disent : Khien, puret de la substance de la positivit ; symbole du ciel, (...) yuan,
commencement de l'ther. Les Sujets de dissertations 4 de Tshou Hi disent encore :
Yuan, c'est le point de dpart de l'effet, et la raison d'tre des trois termes suivants : libert,
bien et perfection, y est virtuellement contenue, au point que ce qui est l'intelligence (heng),
ce qui est le bien (li), ce qui est la perfection (tsheng), c'est toujours l'action de ce qui est
exprim par le mot yuan ; c'est ainsi que ce mot yuan implique en lui-mme les quatre
vertus. Si on en parle en distinguant, alors, la grandeur et la libert (yuan et heng) sont la
libre expansion du vrai ; le bien et la perfection (li et tsheng) sont la consquence du vrai ;
la substance et l'effet s'y trouvent certainement. En en parlant au point de vue de l'effet,
c'est la grandeur, yuan, qui prdomine ; en en parlant au point de vue de la substance, c'est
la puret qui prdomine. Ils disent encore : Le mot yuan exprime le principe en vertu
duquel le ciel et la terre engendrent les tres et les choses ; c'est l'ide de la vie. Dans le mot
heng, libert, c'est la continuit de l'ide de la vie qui se trouve exprime. Dans le mot li,
bien, c'est la possibilit de satisfaction aux conditions de la vie. Dans le mot tsheng,
perfection, c'est la ralisation de l'ide de la vie. Lorsqu'on nomme l'humanit 5, c'est
prcisment de cette pense qu'il s'agit ; l'humanit, c'est essentiellement l'ide de la vie.
C'est par l'ide de la vie que la piti germe dans le cur ; si on provoque cette ide, le
germe de la piti se manifeste immdiatement ; s'il s'agit de la rpulsion qu'inspire le vice,
c'est que l'humanit s'efface et que le devoir s'lve et se montre ; s'il s'agit de la modestie et
de l'humilit, c'est l'humanit qui disparat et fait place la biensance ; s'il s'agit du vrai et
du faux, du pour et du contre, l'humanit fait place la raison. Quant l'homme dpourvu
1 Le passage saut explique les mots premire partie . Dans certaines ditions, au lieu de suivre la formule du diagramme, le commentaire forme un livre spar, divis comme le texte en premire et seconde partie. 2 C'est le ciel tout entier ! en effet le mot thien, ciel, s'emploie seulement pour exprimer la forme et la substance ; khien yuan, la grandeur de l'activit, c'est ce qui fait que le ciel est le ciel. (Tshou Hi). 3 Titre d'un recueil de commentaires. 4 Titre d'un ouvrage contenant un recueil des opinions mises sur toutes sortes de sujets par Tshou Hi ; ne l'ayant point lu, je ne puis rpondre de l'exactitude de la traduction du titre. 5 Le commentateur prend les cinq vertus comme objet d'application de l'explication qui prcde ; l'humanit, jen, est le pivot de ces cinq vertus.
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d'humanit, comment donc pourrait-il encore avoir le sentiment du devoir et des
convenances ou de la raison ?
3.
Les nuages marchent, la pluie tend son effet ; les genres des tres se perptuent dans
la forme 1.
TSHOU HI. C'est l'explication du mot heng, ou libert, dans l'activit (khien).
DFINITIONS DIVERSES. Yu Shi Yen dit : Plus haut le Commentaire
traditionnel emploie l'expression tous les tres ; ici il est question des genres des
tres . Tous , ou totalit, et genres ont des valeurs communes et d'autres qui
sont diffrentes. Le mot yuan, cause initiale, exprime l'origine du don de l'ther 2 ; il
n'est pas encore possible de faire de distinction, aussi on dit, en gnralisant, tous,
totalit. Mais quand il s'agit de la libert, heng, alors le courant branle la molcule du
fluide 3 ; la forme se manifeste, et dans chaque cas il y a lieu de distinguer d'aprs
l'ampleur ou l'exigut, entre ce qui est lev ou bas, aussi le commentaire spcialise en
employant le mot genres .
4.
La fin et le commencement sont clairs d'une grande lumire ; les six situations se prsentent
avec le temps. Suivant le temps aussi, monter les six dragons pour parcourir le ciel 4.
TSHOU HI. Le commencement, c'est la grandeur, yuan 5 ; la fin dsigne la
perfection. Ce qui est sans fin n'a pas de commencement ; sans perfection rien ne
constituerait la grandeur (yuan). Ceci exprime que, l'homme saint projetant une grande
clart sur la fin et le commencement de la voie rationnelle de l'activit (khien), on voit
les six situations du koua 6 se prsenter chacune avec le temps, et qu'employer le
moyen de ces six positivits pour parcourir la voie rationnelle trace par le ciel, c'est
vritablement l la grandeur (yuan) et l'intelligence (heng) de l'homme saint.
DFINITIONS DIVERSES. Tshou Hi dit : se prsentent avec le temps : c'est--
dire que chacune survient en son temps ; ainsi, selon qu'il (le dragon) est plong ou
visible, qu'il vole ou qu'il bondit, c'est toujours dans le temps opportun.
5.
1 Littralement : s'coulent dans le courant de la forme. 2 C'est par cette cause cratrice que la chose et doue de l'ther dont elle est forme. 3 Courant de l'eau au moment o le liquide s'branle et commence couler. 4 Ce n'est pas sans hsitation et sans crainte de subir l'influence du commentaire troit de Tshou Hi, que ce sens est adopt. 5 Le sens donn au mme mot variant avec le commentateur, il en rsulte pour le traducteur l'obligation d'intercaler souvent le terme chinois dans le texte franais. 6 Situation, terme technique pour dsigner certaines situations symbolises par chacun des six traits.
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La voie de l'activit 1, c'est la modification et la transformation. Chaque chose se
conformant exactement sa nature et sa destine, maintenant, en s'y accordant,
l'extrme harmonie ; c'est l le bien et la perfection.
TSHOU HI. La modification, c'est la transformation progressive ; la
transformation c'est l'accomplissement parfait de la modification. Ce que reoivent les
tres, c'est leur nature ; ce que le ciel leur confre, c'est la destine 2. L'extrme
harmonie, c'est l'assemblage et la runion de la ngativit et de la positivit, l'ther
harmoniquement coagul. Chaque chose se conformant exactement, c'est--dire se
conformant son tat originel au moment o elle vient la vie. Maintenir en s'y
accordant, c'est--dire conserver l'intgralit de cet tat aprs la naissance. Ceci
exprime que les modifications et les transformations de la voie rationnelle de l'activit
ne sont jamais autre chose que le bien, et que tous les tres ont chacun leur nature et
leur destine, afin de se perptuer sans dgnrescence. Ce passage a pour objet
l'explication du sens des termes bien (li) et perfection (tsheng) 3.
DFINITIONS DIVERSES. Tshou Tse dans les Sujets de dissertations dit :
Maintenir en s'y conformant l'extrme harmonie, c'est prcisment entretenir cette
raison d'tre de la vie et s'y conformer. La runion 4 des deux thers du ciel et de la
terre, c'est le ciel et la terre maintenant en s'y conformant cette raison d'tre de la
cration des tres ; l'uvre de cration et de transformation est incessante, et aprs que
les tres ont t transforms et sont venus la vie, chacun de ces tres maintient dans sa
sphre cette raison d'tre de la vie, et il s'y conforme. S'il ne la maintenait pas en s'y
conformant, alors il n'y aurait plus d'tres. Hou Shi Ping Wen dit : En en parlant d'aprs
la distinction entre les deux thers, alors, la modification est le mcanisme qui produit
tous les tres ; c'est la cause initiale et la libert (yuan, heng) ; la transformation est le
mcanisme dans lequel s'absorbent les tres : c'est le bien et la perfection (li, tsheng). Si
on en parle au point de vue de la circulation d'un seul ther, la modification est le
progrs, la transformation est l'achvement.
6.
Elle prcde tous les tres 5 ; tous les tats sont galement en paix.
TSHOU HI. L'homme saint est au-dessus de tout ; il dpasse tous les tres en
lvation et il agit lui-mme comme la modification et la transformation de la voie
rationnelle de l'activit. Chaque tat possde ce qu'il lui faut, et tous sont en paix. C'est
encore chaque chose se conformant exactement sa nature et sa destine et
maintenant, en s'y accordant, l'extrme harmonie. Il s'agit ici du bien et de la perfection
(li et tsheng) chez l'homme saint. En effet, quand il en a t parl d'une faon gnrale,
il a t dit que yuan, la grandeur, exprime le commencement de la naissance des tres ;
que heng, libert, exprime leur multiplication florissante ; que li, le bien, est leur
1 Khien, ciel, activit. Voir la formule n 1 ; tao, voie logique, rationnelle, morale ; la morale consquence naturelle de la loi cleste, ou raison d'tre, li. 2 Mme ide envisage successivement au point de vue de celui qui reoit et de la puissance qui impose ou confre. 3 Dans les sujets de dissertations , Tshou Hi donne comme exemple de cette puissance de conservation du genre, qui rside dans chaque tre, le grain qui devient germe, puis fleur, puis grain, et qui se reproduit sans varier dans ses
transformations. 4 Les deux mots yin yun, qu'on explique par l'expression runion des thers du ciel et de la terre sont peu ou point compris. Ils paraissent signifier rellement cause et effet. 5 Selon l'explication donne par Tshou Hi, il faudrait lire : Il prcde, au lieu de : Elle prcde. Je rapporte l'action de prcder la voie de l'activit, voir la formule n 2.
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tendance la reproduction de l'espce 1 et que tsheng, la perfection, consiste dans
l'achvement rgulier de cette reproduction. Du moment o la semence est parfaite, la
radicule s'en chappe, elle peut tre plante et vivre. C'est ainsi que les quatre vertus se
suivent en cercle, sans point de dpart. Mais toutefois, dans le cycle de ces quatre
conditions, le souffle de la vie circule et agit sans qu' l'origine il y ait intermittence ou
point de dpart ; c'est par l que la grandeur, yuan, contient implicitement l'essence des
quatre vertus et rsume le ciel tout entier 2. Ce qui fait que j'en parle au point de vue de
l'homme saint, c'est que telle est l'ide de Khong Tse. Effectivement, il considre ce
koua comme reprsentant l'homme saint 3, occupant la situation du ciel 4, pratiquant la
loi morale du ciel, de sorte qu'il en rsulte un sens divinatoire exprimant l'extrme
pacification. Bien que les expressions qu'il emploie et le sens qu'il donne aux caractres
aient quelque chose d'tranger l'ancien texte de Wen Wang, cependant, le lecteur doit
chercher dans chaque texte l'ide qui y est contenue, de telle sorte que ces ides
diverses soient galement admissibles et sans contradiction entre elles. Ceci est encore
applicable dans le cas du koua khouen.
TSHENG TSE 5. La formule place au-dessous du koua, ou diagramme, est ce
qu'on appelle thouan, ou formule dterminative. Fou Tse 6 la suit et l'explique, et son
propre commentaire est couramment appel du mme nom de formule
dterminative . La formule appele thouan traite du sens d'un koua pris dans son
ensemble et sans avoir gard au sens particulier de chaque trait ; aussi, ceux qui le
savent, en examinant la formule dterminative, embrassent dans leur pense plus de la
moiti de ce qu'il y a en dire. Qu'elle est grande la cause initiale de l'activit !
exclamation admirative sur la grandeur de la voie suivant laquelle la cause initiale de
l'activit est l'origine de toutes choses. Entre les quatre vertus attributives, yuan, la
cause initiale, ou facult causative, est comme l'humanit entre les cinq vertus
ordinaires 7. un point de vue particulier c'est une chose distincte ; en parlant au point
de vue absolu, elle implique toutes les quatre vertus. Toutes choses lui doivent leur
commencement, c'est le ciel tout entier ; il s'agit de la cause initiale ; la cause initiale de
l'activit exprime d'une faon gnrale et complte la voie rationnelle du ciel. La voie
de l'action du ciel commence 8 tous les tres ; tous doivent leur origine au ciel.
Les nuages marchent ; la pluie tend son effet ; les genres des tres se perptuent
dans la forme. Il s'agit de la libert (heng). La voie immuable du ciel agit par un
mouvement sans fin ; elle engendre tous les tres.
La fin et le commencement de la voie du ciel sont clairs d'une grande lumire, de
sorte qu'on voit les six situations du koua se prsenter chacune avec le temps. Le
1 Littralement : tendre la semence et achvement de la semence. 2 Tshou Hi ne voit dans la formule du koua qu'une simple formule divinatoire que Khong Tse aurait, plus ou moins propos, interprte au point de vue de la loi immuable qui rgit le monde. Quant ce qu'il avance plus bas que Khong Tse,
en crivant ces quelques phrases, avait en vue de peindre la voie morale et rationnelle de l'homme saint , c'est peut-tre
exact, mais il faudrait tre bien sr de s'entendre sur ce que Khong Tse entendait alors par cette expression. Exotriquement
il pouvait tre question de l'homme suprieur, du prince modle qui gouverne les hommes comme le ciel gouverne le monde, mais il me semble qu'en ralit il s'agit du soleil, gnrateur et cause physique de la vie sur la terre et qu'enfin les
royaumes ne sont que les divisions du zodiaque, dtermines par les douze conjonctions annuelles. 3 Cette expression, qui souvent dans ces commentaires dsigne Fou Hi, Wen Wang, Tsheou Kong ou Khong Tse est employe ici d'une faon gnrale, l'homme parfait. 4 Le rang suprme ; le rang souverain de l'empereur, pontife et reprsentant la providence et la justice divine sur la terre. 5 Lorsque, comme dans le cas actuel, le commentaire de Tsheng s'applique en un seul paragraphe plusieurs propositions commentes sparment par Tshou Hi, il a fallu intervertir l'ordre chronologique et placer le commentaire de Tshou le
premier. 6 Une des appellations qui dsignent Khong Tse. 7 Humanit, devoir, biensance, raison et foi. 8 Elle les cre.
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premier et le dernier traits du koua sont le commencement et la fin de la voie
rationnelle du ciel ; profiter 1 de l'instant de chacun de ces traits, tel est le mouvement
du ciel. Pour parcourir, c'est--dire pour correspondre au mouvement du ciel.
La voie rationnelle de l'activit, c'est la modification et la transformation ; elle
engendre tous les tres ; immenses ou minimes, levs ou bas, chacun selon sa propre
espce se conforme exactement sa nature et sa destine. Ce que le ciel confre, c'est
la destine ; ce que les tres reoivent, c'est leur nature. Maintenir en s'y accordant
l'extrme harmonie, c'est le bien et la perfection. Maintenir, veut dire faire subsister
d'une faon permanente ; s'accorder, veut dire que l'harmonie est continue. Maintenir,
en s'y accordant, l'extrme harmonie, c'est suivre le bien et la perfection ; la voie
rationnelle du ciel et de la terre est permanente et ternelle ; elle maintient, en s'y
accordant, l'extrme harmonie.
Le ciel est l'anctre de tous les tres ; le roi est la souche laquelle se rattachent
tous les tats. La voie de l'activit prcde la foule des tres et les mille varits se
dveloppent librement. La voie rationnelle du prince consiste surveiller, du haut de
son rang prminent, le plan de la providence, tandis que tout entre les quatre mers 2
suit son gouvernement et s'y soumet ; si le prince ralise et met en action la voie
rationnelle du ciel, alors tous les tats jouissent galement de la paix 3.
7.
LE COMMENTAIRE TRADITIONNEL DE LA FORMULE SYMBOLIQUE dit : L'action du
ciel, c'est l'activit ; l'homme dou 4, limite, en s'efforant sans cesse.
TSHENG TSE. La formule symbolique place la suite d'un koua explique
l'image symbolique de ce koua ; la formule symbolique place la suite de la formule
d'un trait explique l'image symbolique de ce trait particulier. Chaque koua, ou
diagramme, prend une valeur symbolique qui sert constituer une rgle. Le sens
symbolique de recouvrir en abritant et d'engendrer, attribu la voie rationnelle du
koua khien est le plus tendu et le plus important ; tout autre qu'un homme saint est
incapable de le raliser en le mettant en pratique. Aussi, dans le dessein que tous les
hommes indistinctement puissent y trouver une rgle la porte de chacun, le
commentaire ne relve rien que la pratique de l'activit. L'extrme activit suffit
certainement pour illustrer la voie immuable du ciel ; l'homme dou l'imite en
s'efforant sans cesse, il se rgle sur l'activit de l'action du ciel.
TSHOU HI. Les symboles, ce sont les deux symboles des koua simples infrieur
et suprieur, ainsi que ceux des six traits de ces deux koua simples ; ce sont les
formules annexes par Tsheou Kong. Le ciel est l'image symbolique du koua khien.
Toutes les fois qu'un hexagramme est form par la rptition du mme trigramme, le
sens attribu ce koua simple est toujours rpt ; dans le cas actuel seulement, il n'en
est point ainsi ; le ciel est un et unique. Mais du moment o il est question de l'action
du ciel, on voit qu'il s'agit de sa rvolution diurne, suivie de nouvelles rvolutions
identiques. C'est encore l'image symbolique d'une rptition continue ; sans une
extrme activit, cette action serait impossible. L'homme dou en fait sa rgle pour ne
1 C'est le mme mot traduit par monter dans la formule n 4. 2 L'univers. 3 Le prince, c'est l'empereur ; les (tats) sont les tats feudataires relevant du pontife suprme. 4 Terme scolastique qui dsigne un tat de perfectionnement infrieur la saintet et suprieur la simple sagesse.
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pas laisser altrer l'nergie de la vertu du ciel 1 par les dsirs humains, de sorte qu'il ne
cesse pas ses propres efforts.
1 L'homme sa naissance est dou du principe de toutes les vertus, lois du ciel.
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1. Khien.
8.
Premier trait nonaire : dragon cach 1 ; ne pas agir.
TSHENG TSE. Le trait infrieur est considr comme le premier ; le chiffre
neuf est la perfection dans les nombres positifs, aussi on l'emploie pour dsigner les
traits positifs.
La raison d'tre 2 n'a pas de forme visible, aussi on emploie une image symbolique
pour clairer le sens. Dans le koua khien, c'est le dragon qui est pris comme image
symbolique 3. Le dragon, considr comme tre, c'est une intelligence 4 dont les
modifications sont illimites, aussi on le choisit comme symbole des modifications et
transformations de la voie rationnelle de l'activit exprime par le mot khien. L'ther de
la positivit diminue ou crot, l'homme saint avance ou recule ; le premier trait nonaire
est en bas du koua, il est considr comme constituant le point de dpart du
commencement des tres. Au moment o l'ther positif vient germer, l'homme saint
est encore au berceau 5 ; il est comme le dragon encore cach, et il ne peut pas encore
agir de lui-mme ; il convient qu'il se dveloppe dans l'ombre en attendant le moment
opportun.
TSHOU HI. Premier trait nonaire, c'est la dsignation du trait positif, plac as du
koua. Toutes les fois qu'on trace un koua, c'est en commenant partir d'en bas et en
montant, aussi c'est le trait infrieur qui est considr comme le premier. Dans les
nombres positifs, le chiffre neuf exprime la vieillesse et le chiffre sept, la jeunesse 6 ; ce
qui est vieux se modifie, ce qui est jeune ne se modifie pas, et c'est pour cela que les
traits positifs sont appels traits nonaires.
Dragon cach ; ne pas agir : c'est la formule attache par Tsheou Kong pour dterminer la valeur faste ou nfaste d'un trait, et ce qu'on appelle aussi formule d'un
trait. Cach, invisible ; dragon, tre positif. Le premier trait positif est en bas du koua, il
ne peut pas encore tendre son effet et le dvelopper, aussi l'image symbolique est celle
du dragon cach et le sens divinatoire dit : Ne pas agir. Toutes les fois qu'on rencontre
le koua khien 7 et que ce trait se transforme 8, il convient de considrer cette image
symbolique et d'en mditer le sens divinatoire. Ceci est applicable au sujet de tous les
autres traits.
DFINITIONS DIVERSES. Tshen Shi Lin Shi dit : Employer l'appellation
dragon, c'est emprunter une image symbolique ; les thers du ciel et de la terre montent
1 Cach : plong, immerg, invisible. 2 La raison d'tre d'une chose, li, c'est la cause ; tao, la voie rationnelle, est l'effet de cette raison d'tre et la loi qui en dcoule. 3 Cette formule est la premire de celles qu'on nomme formules symboliques ; c'est l'uvre de Tsheou Kong. 4 Esprit, ling (), intelligence immatrielle, sans corps. 5 Littralement : inclin et minime ; ces deux termes du texte sont ceux qu'on emploie en parlant des astres leur lever et leur coucher. 6 La positivit dj vieille est sur le point de se transformer en ngativit jeune, et inversement. Ces termes et plusieurs qui suivent sont techniques et employs dans la divination ; on en trouvera plus tard l'explication. 7 Terme de divination ; on recherche d'abord le koua, puis le trait particulier correspondant la question pose. 8 Autre terme technique pour la divination.
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et descendent ; la voie logique (tao) de l'homme dou comporte l'action et la retraite. Le
dragon, considr comme tre, peut voler comme il peut plonger dans les eaux ; c'est
pour cela qu'on emprunte son image pour servir de terme de comparaison avec les
facults de l'homme dou. Le premier trait nonaire se rapportant l'tat du dragon
encore cach et invisible, la formule dit : Ne pas agir 1.
9.
Dragon cach ; ne pas agir : la positivit est en dessous 2.
TSHENG TSE. L'ther positif est en dessous ; l'homme dou est plac dans une
position infime, il ne doit pas encore agir.
TSHOU HI. Positivit, dsigne le trait nonaire ; en dessous, c'est--dire cach.
1 Tshou Hi dit que la raison ou pense morale contenue dans les formules est infinie dans ses applications, et que, pour ce motif, Tsheng Tse peut en faire des dductions sans fin. Mais, ajoute-t-il, ce n'est pas l le sens primitif du Yi king . Selon
lui, ce sens primitif se rduit une simple formule divinatoire : la positivit tant cache ne peut produire son effet ; c'est le
dragon cach, donc on ne doit pas agir. Il faut s'en tenir l, mditer le sens et ensuite on en dduit naturellement les attributions et les applications toutes les circonstances. Si, au contraire, on prend comme Tsheng Tse, les applications
possibles pour des dfinitions, on perd de vue ce que montre essentiellement le Yi king (c'est--dire la matire agissant par
une loi ou force qui en est insparable). Tsheng Tse a rpondu d'avance cette critique en s'adressant un prcurseur de
Tshou, qui avait soutenu que chaque trait ne comportait que la seule ide exprime dans la formule correspondante, en disant que ce serait rduire la morale et la philosophie trois cent quatre-vingt quatre axiomes, c'est--dire les circonstances
dans lesquelles l'homme peut se trouver, trois cent quatre-vingt-quatre cas. 2 Shouang Hou Hou Shi avance que c'est ici qu'on rencontre pour la premire fois le terme, positivit ; le terme oppos, ngativit, se rencontre pour la premire fois dans la formule correspondante du second diagramme. Cette remarque a son
importance.
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1. Khien.
10.
Deuxime trait nonaire : dragon visible dans la rizire ; avantage
voir un grand homme.
TSHENG TSE. La rizire, c'est la surface de la terre. Il est sorti et visible sur la
terre ; sa vertu est dj manifeste. Si on en parle au point de vue de l'homme saint,
c'est le temps o Shouen cultivait la terre et se livrait la pche 1. Avantage voir un
prince dou d'une grande vertu 2 poursuivre et pratiquer sa morale ; de mme, le prince
a avantage voir le sujet dou d'une grande vertu 3 pour s'en faire aider dans
l'achvement de son uvre 4. L'univers a avantage voir l'homme dou d'une grande
vertu, afin d'tre imprgn de son influence bienfaisante. Le prince dou d'une grande
vertu, c'est le cinquime trait nonaire. La substance de chacun des deux koua khien et
khouen est immlange ; elle ne se partage pas en duret nergique et mallabilit ;
aussi, dans ces deux koua, c'est l'identit de qualits qui est considre comme
constituant la correspondance sympathique 5.
TSHOU HI. Deuxime, c'est--dire le second en montant partir du trait
infrieur ; dans la suite, observer cette manire de compter. Le second trait nonaire
possde la duret nergique, l'activit, la justice et la droiture 6 ; il merge et cesse
d'tre cach ; son influence bienfaisante atteint les tres : c'est ce que ceux-ci ont
avantage voir, aussi son image symbolique est un dragon visible dans la rizire, et le
sens divinatoire est : avantage voir un grand homme.
Bien que le second trait nonaire n'occupe pas encore une situation dfinie 7,
cependant sa vertu, qui est celle d'un grand homme, est dj vidente ; un homme
ordinaire serait incapable de rpondre ces indications, aussi lorsqu'on rencontre ce
trait 8 se modifiant, il exprime uniquement qu'il y a avantage voir cet homme et non
pas un autre. En effet, ce terme dsigne encore le grand homme plac dans une
situation infrieure et reprsent par le second trait ; de cette faon, ce trait et la
personne qui consulte le sort sont considrs respectivement comme un hte et son
1 Dtail de la vie de Shouen, alors qu'il n'avait pas encore t appel au pouvoir par Yao et qu'il menait la vie agricole, dans
l'obscurit. 2 Yao. 3 Shouen. 4 En l'associant son rgne. 5 Termes techniques. Les traits qui occupent le mme rang dans chacun des deux koua simples superposs passent pour se
correspondre sympathiquement. En gnral, il n'y a correspondance qu'autant qu'un trait reprsente l'unit et l'autre la dualit. Ici, le cinquime et le second trait font exception et s'ils se correspondent sympathiquement, c'est cause de leurs
vertus communes. 6 Positivit, duret nergique et activit ; ngativit, douceur et mallabilit. Le deuxime trait et le cinquime sont, chacun, au rang intermdiaire d'un des koua simples, de l la condition de milieu et de justice . En gnral la droiture consiste
ce que le trait soit positif s'il occupe un rang impair et ngatif s'il occupe un rang pair ; cependant, suivant le cas, les commentateurs ne sont jamais embarrasss pour trouver une raison concluante lorsque ces conditions ne sont pas remplies
et que le sens admis, qu'il faut toujours justifier, rclame l'ide de droiture. 7 C'est partir du troisime rang que le trait indique une situation ; le troisime rang est la situation du sujet ; le quatrime indique la situation du grand dignitaire, du ministre ou conseiller du prince ; le cinquime rang indique la situation du
prince. 8 En consultant le sort.
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hte 1 et la rgle laquelle chacun est soumis est la mme ; si celui-ci possde les
vertus du dragon visible, il aura avantage voir le grand homme qui occupe un rang
suprieur et qui est reprsent par le cinquime trait nonaire.
11.
Dragon visible dans la rizire : l'effet de sa vertu se rpand universellement.
TSHENG TSE. Visible sur la terre, sa vertu et son action transformatrice
atteignent les tres par une extension universelle 2.
1 Expression trs usite pour exprimer que deux personnes, ou mme deux choses, occupent des positions respectivement analogues l'une par rapport l'autre. C'est aussi une allusion aux rgles rituelles de la biensance. 2 Comme le soleil commenant s'lever ; bien qu'il ne soit pas encore au mridien, cependant sa clart s'tend dj sur toutes choses (Pan kien tong sha). Lou Shi Hi Sheng dit : L'ther positif visible dans la rizire engendre les vgtaux pour
l'usage des hommes ; l'homme saint visible au monde amliore peu peu les tres par son enseignement.
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1. Khien.
12.
Troisime trait nonaire : l'activit de l'homme dou dure tout le jour ;
le soir, il est encore comme proccup. Danger ; pas de culpabilit.
TSHENG TSE. Bien que le troisime rang reprsente la situation de l'homme, ce
trait est en mme temps le trait suprieur dans la substance du koua simple infrieur ; il
reprsente celui qui n'a pas encore quitt les rangs infrieurs et qui est dj distingu
par son illustration ; c'est le moment o la renomme de la vertu transcendante de
Shouen 1 se rpandait. Jour et nuit, sans se laisser aller la ngligence, il est
essentiellement proccup par la crainte, de sorte que, bien que plac sur un terrain
prilleux, il ne commet cependant point d'erreurs 2. Lorsqu'il s'agit d'un homme plac
dans une condition infrieure et chez qui les vertus du prince sont dj manifestes 3,
l'univers tend venir lui ; le pril et les motifs de crainte sont vidents. Bien qu'il soit
question de ce qui est relatif l'homme saint, si la formule ne comportait pas un
avertissement, comment pourrait-elle tre considre comme constituant un
enseignement pour les hommes ? C'est l l'esprit dans lequel le Yi king a t rdig.
TSHOU HI. Nonaire, trait positif ; troisime rang, situation positive : rptition
de duret nergique sans justice 4. Il occupe le rang suprieur du koua simple infrieur,
c'est l un terrain prilleux. Mais sa nature et sa substance 5 sont la duret nergique et
l'activit, c'est donc l'image symbolique de l'activit incessante, de la crainte et du
danger, ce qui fait que tel est le sens divinatoire 6. L'expression (l'homme dou) dsigne
celui qui consulte le sort ; la formule exprime que s'il peut avoir cette sollicitude
tranquille et cette circonspection, bien que plac sur un terrain prilleux, il ne commet
point de fautes 7.
13.
Activit qui dure tout le jour ; retourner et revenir dans la mme voie (tao).
1 Qui devint le second empereur des temps historiques, selon Khong Tse. 2 Le mme mot a le sens de faute, erreur, culpabilit ; le choix du sens de ce mot dpend de celui de la phrase. 3 Allusion l'histoire de Wen Wang, alors que simple feudataire, sa vertu lui attirait les sympathies de l'empire et, en mme temps, les perscutions jalouses du dernier empereur de la dynastie des Sheang. 4 Les rangs impairs sont positifs ; un trait positif plac un rang positif indique la rptition de la qualit de duret
nergique. Il est sans justice parce qu'il n'occupe pas le milieu d'un koua simple. 5 Sa nature, c'est sa qualit de trait positif ; sa substance, c'est--dire le koua simple dont il fait partie, et, dans ce cas, c'est le koua simple khien, activit. Toutes ces expressions sont des termes techniques qui se prsentent continuellement au sujet de
chaque trait ; pnibles saisir, d'abord, on s'y habitue facilement ensuite et leur nombre est en somme trs limit. 6 Dans les formules symboliques annexes chaque trait par Tsheou Kong, le premier membre de phrase indique l'image symbolique attribue ce trait et le second est une formule divinatoire qui donne la clef de la rponse la question pose
par celui qui consulte le sort. 7 Tshou Hi dit : Ce trait est nonaire, c'est--dire positif, il occupe un rang positif (impair) : donc c'est un excs de positivit
ou nergie. N'tant pas au milieu, il manque de justice. Il occupe le rang suprieur dans sa sphre, ce qui constitue un pril. Il doit donc sans cesse dvelopper son activit tout le jour et tre encore sur ses gardes le soir, bien que ce soit l le temps
ordinairement consacr au repos. Alors, malgr le pril, il ne commettra point de fautes. Telle est exactement l'ide de
l'homme saint qui a crit la formule.
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TSHENG TSE. Qu'il avance ou se recule, qu'il se meuve ou demeure en repos, il
faut toujours que ce soit d'aprs la voie morale (tao).
TSHOU HI. Retourner et revenir, ide qui exprime la rptition de l'aller et du
retour en marchant dans la mme voie.
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14.
Quatrime trait nonaire : parfois il saute dans les abmes 1 ; pas de culpabilit 2.
TSHENG TSE. L'abme est le lieu de repos du dragon ; parfois, expression qui
marque l'incertitude, elle marque que ce n'est point absolu. Il saute ou ne saute pas ; s'il
saute, c'est seulement au moment opportun et pour chercher le repos. Le mouvement
chez l'homme saint n'est jamais sans rapport avec le moment o il a lieu. C'est le temps
o Shouen faisait ses expriences pour tablir le calendrier 3.
TSHOU HI..- Parfois, expression de doute et d'indtermination. Sauter, parvenir
brusquement dans un milieu sans avoir aucun accs pour y atteindre 4, spcialement
sans voler. Abme, le vide des espaces suprieurs o les profondeurs des gouffres
marins, lieux profondment obscurs et insondables, sjour des dragons. Comme
lorsque, tant descendu dans la rizire, il arrive qu'il saute et s'lve, par consquent en
se dirigeant vers le ciel. Il est nonaire, c'est--dire positif ; le quatrime rang est une
position ngative ; il occupe le rang infrieur du koua simple suprieur : donc c'est une
circonstance qui implique le changement et la rforme, un moment o il y a
indtermination sur l'opportunit d'avancer ou de reculer, et c'est pourquoi telle est
l'image symbolique. Le sens divinatoire est que, si on peut avancer ou reculer suivant
l'opportunit et la convenance du moment, il n'y aura point d'erreur ni de culpabilit.
15.
Parfois il saute dans les abmes ; en avanant, pas de culpabilit.
TSHENG TSE. Apprcier qu'il y a possibilit et avancer, prcisment dans le
moment opportun, de sorte qu'il n'y a pas de culpabilit.
TSHOU HI. Il est possible d'avancer, sans qu'il y ait obligation d'avancer.
1 Il passe du troisime rang au quatrime, c'est--dire d'un koua simple dans l'autre ; il franchit la distance et saute pour aller occuper le rang infrieur dans le koua simple suprieur, le fond. 2 Expression qui indique un danger, un inconvnient inhrent la voie suivie, mais qui sera compens par les avantages qui rsultent moralement de cette voie. 3 Allusion l'histoire de Shouen, dans le Shou king. 4 Comme le poisson qui bondit hors de l'eau.
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1. Khien.
16.
Cinquime trait nonaire : dragon volant dans le ciel ; avantage voir
un grand homme.
TSHENG TSE. Il avance siger dans la situation du ciel 1. Du moment o
l'homme saint possde la situation du ciel, l'avantage, pour lui, consiste voir l'homme
de grande vertu qui est en bas, au-dessous de lui 2, pour achever ensemble de rgler les
affaires de l'univers 3. D'un autre ct, l'univers a videmment avantage voir le prince
dou de grandes vertus.
TSHOU HI. Duret nergique, activit, justice et droiture ; avec cela il occupe la
situation prminente, comme celui qui avec la vertu de l'homme saint occupe la
situation qui revient un homme saint. C'est pour cela que telle qu'elle est l'image
symbolique et la rgle d'interprtation divinatoire est la mme que dans le cas du
second trait nonaire. Seulement, celui qui a avantage voir, c'est le grand homme plac
dans la situation suprieure. Si celui qui consulte le sort possde cette situation, cela
exprime qu'il aura avantage voir le grand homme plac dans un rang infrieur et
reprsent par le second trait nonaire.
17.
Dragon volant dans le ciel : le grand homme agit.
TSHENG TSE. L'action du grand homme, le fait de l'homme saint.
TSHOU HI. Agir, faire.
1 Le rang suprme ; le prince ralise sur la terre le plan de la providence ; il reprsente le ciel et maintient sa loi parmi les hommes. 2 Le second trait. 3 Nouvelle allusion l'association de Shouen l'empire.
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18.
Trait suprieur nonaire : dragon lev ; il y a regret.
TSHENG TSE. Le cinquime trait nonaire, la plus haute de toutes les situations ;
justice et droiture, indication de la limite extrme du moment opportun ; ce niveau
dpass, c'est l'excs d'lvation 1.
Aussi il y a des regrets. Lorsqu'il y a excs 2, il y a regret. L'homme saint, seul, sait
avancer et reculer, demeurer ou disparatre, sans jamais commettre d'excs dans son
action, de sorte qu'il n'en arrive point aux regrets.
TSHOU HI. Suprieur est la dsignation particulire du trait le plus lev dans
un koua. Le caractre kang exprime l'ide que la hauteur convenable est dpasse et
qu'il n'y a plus possibilit de descendre. La positivit tant parvenue l'extrme limite
de l'lvation, si elle se meut, elle doit ncessairement avoir des regrets, c 'est pourquoi
tels sont l'image symbolique et le sens divinatoire.
19.
Le dragon lev a des regrets ; ce qui est compltement achev ne peut durer
longtemps 3.
TSHENG TSE. Ce qui est compltement achev doit se modifier ; il y a regret.
1 Le texte chinois du commentaire emploie le mme mot traduit dans la formule par le mot lev . Pour justifier un sens admis, les commentateurs lui attribuent la valeur de excs d'lvation , qu'il n'a rellement point. 2 Le mme mot signifie : trop, excs, faute et erreur. 3 Le terme chinois traduit par compltement achev , signifie plein et s'applique, par exemple, la pleine lune.
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20.
Emploi des traits nonaires : dans la troupe des dragons visibles,
aucun ne prcde les autres ; bonheur.
TSHENG TSE. Employer les traits nonaires 1, c'est se placer dans la voie de la
duret nergique et de l'activit. Puisque la positivit considre 2 fait partie de la
substance du koua khien, c'est donc la puret immlange dans la duret nergique. La
duret 3 et la mallabilit 4 se corrigeant mutuellement constituent la justice, tandis
qu'ici, cause de l'unit de substance de la duret nergique, il y a excs dans cette
nergie. Voir 5 la troupe des dragons, c'est--dire regarder le sens des divers traits
positifs de ce koua ; aucun ne prenant le pas sur les autres, c'est un prsage heureux.
Considrer la duret nergique, comme tant la premire condition raliser dans
l'univers, c'est une voie logique de malheur.
TSHOU HI. Employer les traits nonaires 6, signifie que toutes les fois qu'on
consulte le sort et qu'on rencontre des traits positifs, on les considre toujours
comme ayant les qualits du nombre neuf et on ne leur suppose jamais celles du
nombre sept ; c'est, en effet, la rgle commune pour les cent quatre-vingt-douze
traits positifs des divers koua. Cette rgle est pose ici, parce que, dans ce koua, la
positivit est immlange, et parce qu'il est prsent le premier. De plus, la formule
donne par l'homme saint enseigne que, lorsqu'on rencontre ce koua et que tous les
traits se modifient, c'est prcisment ce sens divinatoire qu'il faut appliquer.
Effectivement, si les six positivits se modifient toutes, il s'agit de la duret
nergique susceptible de douceur ; c'est une voie logique de bonheur, c'est pour cela
que cette formule exprime l'image symbolique d'une troupe de dragons dont aucun
ne prend le pas sur les autres, et que, si celui qui consulte le sort est dans ces mmes
conditions, ce sera un prsage heureux. Le commentaire traditionnel du Tshouen
tsieou 7 dit : La transformation du koua khien en koua khouen dit 8 : Dans la troupe
des dragons visibles, aucun ne prcde les autres ; prsage heureux. En effet, c'est
prcisment l'ide contenue dans la formule du koua khouen, dont la substance est
galement immlange : perfection de la jument , etc. 9
1 Le gnie de la langue chinoise permet de lire : emploi de la nonarit en forgeant un substantif qui exprime l'tat ou la qualit de ce qui est nonaire ou plus correctement de ce qui tient la nature du nombre neuf. 2 Les traits nonaires considrs. 3 Exprime par les traits positifs. 4 Exprime par les traits ngatifs. 5 C'est le mot traduit par visible , dans la formule. Selon qu'on le lit kien ou hien, le mme caractre a l'un ou l'autre de ces deux sens. Tsheng Tse en adopte un, Tshou Hi l'autre. 6 C'est encore une autre lecture des mmes mots de la formule. 7 Commentaire d'un des cinq King. 8 Titre d'un livre. Si tous les traits de l'un de ces deux diagrammes se transforment la fois, le rsultat de cette transformation est videmment l'autre diagramme. 9 Voir la formule n 58.
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21.
Emploi des traits nonaires : La vertu du ciel ne doit pas tre estime au-dessus des
autres.
TSHENG TSE. L'emploi des traits nonaires, c'est la vertu du ciel. La vertu du
ciel est la positivit et la duret nergique ; employer la duret nergique d'une faon
rpte, et l'estimer comme primant les autres, serait commettre un excs.
TSHOU HI. Exprime que la duret nergique et la positivit ne doivent pas tre
les qualits prdominantes des tres ; c'est pour cela que les six positivits se modifient
toutes. Le prsage est heureux. Depuis les mots : L'action du ciel... jusqu' la fin de la
formule (n 7), c'est ce que les anciens philosophes 1 appelaient la grande formule
symbolique ; depuis les mots : Dragon cach... et en continuant (n 9), c'est ce qu'ils
appelaient les petites formules symboliques. Dans les autres koua, cette mme
remarque est encore applicable.
COMMENTAIRE SUR L'EXPRESSION DES REPRSENTATIONS 2
TSHOU HI. Ce livre revient sur les ides dj mises dans le commentaire de la
formule dterminative (du n 2 au n 6) et les commentaires des formules symboliques
(n 7, 9, 11, 13, 15, 17 et 19), afin d'puiser le sens abstrait du sujet dans les deux koua
khien et khouen. Quant aux dfinitions relatives aux autres diagrammes, on peut
prendre ce commentaire pour rgle et procder par analogie et dduction.
22.
La cause initiale, c'est ce qu'il y a de plus primordial dans le bien 3 ; la libert, c'est
la runion de toutes les beauts ; le bien 4, c'est l'harmonie des devoirs ; la perfection,
c'est la tige qui supporte toutes choses.
TSHENG TSE. Les autres koua n'ont que la formule dterminative et les
formules symboliques ; pour les deux koua khien et khouen, seuls, a t fait le
commentaire sur l'expression des reprsentations, afin d'en claircir le sens. Ce
commentaire analyse la voie rationnelle de l'activit (khien), et il en dduit l'application
aux choses humaines. La cause initiale, la libert, le bien, la perfection, sont les quatre
vertus de koua khien ; chez l'homme, la cause initiale sera la cause de toute bont ; la
libert sera la runion de toutes les beauts ; le bien sera l'accord harmonique aux
devoirs ; la perfection sera l'effet de cette cause considre comme tuteur ou base de
toutes choses.
TSHOU HI. Le mot yuan exprime la puissance capable de commencer (crer), la
vie des tres ; c'est la vertu du ciel et de la terre et aucune ne prcde celle-ci. Aussi,
dans les saisons, c'est le printemps ; dans l'homme, ce sera l'humanit et ce qu'il y a de
plus lev dans la bont sous tous les rapports. La libert, c'est la libre expansion des
1 Les disciples de la doctrine de la reprsentation graphique de l'image. 2 L'un des commentaires de Khong Tse ; reprsentation graphique de l'image dans les caractres. Sens des mots reprsents par les caractres. 3 Shien, bont, bien ; ce n'est plus le mot li du texte. 4 Li, le caractre de la formule n 1.
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tres vivants. Parvenus ce point, les tres ne sont jamais sans beaut, aussi, dans les
saisons, c'est l't ; dans l'homme ce sera la biensance et la runion de toutes les
beauts. Le bien, c'est le dveloppement des tres vivants selon leurs aptitudes et les
conditions particulires de leur nature ; ils ont chacun ce qui leur convient et ne se
nuisent pas entre eux. Aussi, dans les saisons, c'est l'automne ; dans l'homme, ce sera le
devoir et la possession de l'harmonie des lois de sa condition. La perfection, c'est le
dveloppement parfait des tres vivants ; la raison d'tre de leur reproduction est
complte et entire, suffisante dans chaque cas selon le lieu de leur habitation. Aussi,
dans les saisons, c'est l'hiver ; dans l'homme ce sera l'intelligence et cela constituera le
point d'appui (tronc, tuteur) de toutes choses. Le tronc 1, c'est le corps de l'arbre et ce
qui supporte les rameaux et les feuilles, en leur donnant un point d'appui.
DFINITIONS DIVERSES. Heang Shi Ngan She dit : La bont, la beaut, le
devoir sont autant de noms diffrents du bien. Dans le dbut de toutes choses, c'est le
bien ; toutes les perfections du bien constituent le beau ; la possession par chacun de ce
qui lui est d constitue le devoir ; ce que le devoir tablit constitue le fait. Il ne s'agit
que d'une seule et mme raison d'tre sous quatre noms diffrents..., le mot tronc
dsigne ce qui peu